The best and most beautiful things in the world cannot be seen or even touched. They must be felt with the heart
18 juin 2021
C'est vendredi soir et j'ai fini les cours. Je fais le point avec Rowan sur les nouveaux élèves que nous avons reçu par le dernier bateau. L'école prend de l’essor depuis son ouverture. De plus en plus de parents sont inquiets pour leurs enfants et nous confis leur éducation, car souvent, certains ont dérapé, et les parents ont peur que leur manque de discipline ou de contrôle les conduisent droit sur vers la Silver Line ou les Purificateurs. Alors ils viennent chez nous, un peu perdus. Mais rapidement nous réalisons qu'ils se sentent apaisés, compris. Ils retrouvent un cadre rassurant. Une paix promise. Ils comprennent vite les règles et savent qu'ils peuvent être eux même. Ils ont confiance, même si l'enfermement sur l'île est la chose la plus dure à accepter. Certains n'ont pas connu l'internat d'une école comme Poudlard. Il leur faut un temps d'adaptation avant de parvenir à se sentir à l'aise. Et c'est plus difficile pour les plus jeunes. Alors ça nous est arrivé avec Reagan de devoir en consoler certains et de rester au pied du lit des plus petits qui n'ont jamais vécu sans leurs parents. Des liens se créent. Des gamins s'attachent à nous. On s'attache à eux.
C'est ce qu'on voulait avec Reagan, offrir un havre de paix, la sécurité, l'éducation. Et tous ces jeunes compte sur nous. Tous ces gosses nous ont adopté, et bientôt, à notre tour, nous allons devenir parent. Mo barion est enceinte de quatre mois. Son ventre ne laisse aucun doute. Elle porte la vie en elle. Mais je sais aussi que dans cette joie d'être mère, il y a de l’incertitude en elle. Il y a une phrase qui revient beaucoup dans les livres sur la grossesse : "Le plus difficile dans la maternité, c'est cette inquiétude intérieure que l'on ne doit pas montrer." Et même si la vie est là, le risque n'est jamais loin, et on le savait.
Je vois combien elle fait d'effort pour "ne rien faire", pour éviter ce risque. Et combien ça lui coute de se limiter dans ses activités. Plus de cours, plus d'entrainements avec moi ou Rowan. J'essaye de la rassurer, mais c'est une demi-louve, c'est une guerrière, une ancienne Tireuse d’Élite. Elle aurait besoin de se dépenser, mais le risque est trop grand, et nous le savons tous les deux.
Je m'apprête à sortir de château, pour faire un tour du domaine quand je la croise dans le couloir. Je trottine jusqu'à elle et dépose un baiser rapide sur ses lèvres. Je souris et caresse doucement son ventre. Elle tourne encore en rond c'est ça ? C'est vrai qu'elle cherche par tous les moyens à s'occuper, mais à s'occuper sagement. Elle fait beaucoup de papiers, tout ce qu'on aimait pas quand on était au Ministère. Elle ne se sent pas utile, alors que bien au contraire, moi ça me permet d'être plus détendu, de ne pas m'inquiéter pour elle. On a vécu bien des choses elle et moi. Et la dernière en date, c'est le coma de ma sœur. Cela fait déjà trois mois, mais j'ai encore ces affreux souvenirs. Et même si avec le don de Jaya on a pu éviter le pire, j'ai du mal à chasser les images.
"Encore une longue journée ?"
J'enroule mon bras autour de ses épaules pour la rapprocher de moi, et l'embrasse sur le front, une main toujours sur mon ventre.
"Tu fais le travail le plus important, crois moi, tu fabriques trois bébés. Qu'est-ce que tu dis d'un bon bain ce soir, et d'un massage des pieds ?"
Je frotte mon nez contre son cou. Je n'aime pas la voir comme ça, j'aime quand son sourire revient. Alors qu'elle s'apprête à dire oui, on voit passer ma sœur un peu plus loin, elle passe la grande porte et sort à l'extérieur. Reagan dresse son menton vers elle, et me dit que je devrai la rejoindre et parler avec elle.
C'est vrai que ça fait un moment que nous ne l'avons pas fait. J'ai accepté "d'aider" Seth, disons que je l'ai empêché d'aller à la mort en sortant du Speluncae. J'ai ouïe dire qu'il se faisait malmener pas les gars là bas. Forcément, il passe d'ennemi à allier, ça fait beaucoup à encaisser. Mais si Liam a pu faire confiance à Avery, je me dis que je peux essayer de faire confiance à Seth. Ce n'est pas tellement ça le problème, c'est surtout que c'est l'homme que ma sœur aime et... clairement, j'ai un problème avec mon côté protecteur. Mais si cela avait été différent, si j'étais Saoirse et qu'elle était moi. Comment je le vivrai ? Je serai dingue, je m'en rend compte. J'étais déjà dingue à l'idée de pas pouvoir être avec Reagan, parce qu'il y avait Liam, sa meute...
"Ok je vais lui parler, le massage sera pour demain ?"
Elle caresse ma joue, et je ferme mes yeux un instant au creux de sa main. Je soupire doucement. Elle a raison. J'ouvre de nouveau mes yeux et pose ma main sur la sienne contre ma mâchoire.
"Je t'aime."
Je l'embrasse et me dirige alors vers la sortie. Sur le pas de la porte, je hume l'air pour repérer l'odeur de ma sœur. La piste conduit à l'autre bout de l'île, au bord d'une falaise. Saoirse est assise, ses pieds pendent dans le vide. Je viens à ses côtés et derrière son dos je lance une phrase pour m'annoncer, même si je sais qu'elle m'a déjà senti. Elle ne se tourne pas.
"Tu sais que si tu sautes, je vais devoir sauter."
Je souris tout en prenant place à sa droite, de la même manière qu'elle. Mes pieds caressent le vide et je me penche un peu pour admirer la hauteur. Puis je balaye l'horizon. Le vent souffle pas mal, et même si on est au mois de juin, l'air reste frais alors que la nuit tombe. Les vagues sont agitées, elles se soulèvent à plus de trois mètres de haut et viennent s'écraser contre la paroi de la falaise. Le bruit est hypnotique. Il y a des Fulmar Boréal qui volent un dernier instant autour de l'île, ce sont de grand oiseau qui ressemble à des goélands. Ces oiseaux peuvent vivre entre vingt et trente ans. Le mois de Juin est pour eu la saison de nidification. Il niche toujours contre un endroit en hauteur, ici c'est contre la roche de cette falaise inaccessible.
On reste un long moment sans se parler, à fixer le lointain. Je tourne finalement ma tête vers elle, posant une de mes mains sur la sienne. Et je refixe l'océan. Je sens que ses doigts se referment sur les miens, comme si elle s'accrochait à moi, à ce contact, comme si... elle voulait une connexion. Depuis quand est-ce devenu difficile de se parler ? On s'aime, plus que tout, on ne se fait pas la gueule, on se parle normalement, mais, les derniers évènements nous ont rendu pudique. J'ai toujours su être là pour elle, devenir parfois un confident. Mais clairement depuis la mort de notre mère, elle a grandi, plus vite que ce que j'aurai cru. J'ai toujours joué les gros bras, notamment avec ses copains. Je sais que je me suis mal comporté quand j'ai appris pour Rowan et elle. Et à l'évidence, quand on connait Rowan, je me dis qu'elle a eu de la chance de le connaître. Donc, peut-être que je me trompe pour Seth, et il faut que je répare ça. Il faut que je répare ma relation avec ma sœur.
"J'ai eu des nouvelles de Steh. Il parait qu'il s'en sort plutôt bien au Centre. Même si les gars sont pas évident avec lui, il montre de la résistance. Et je sais qu'il le fait pour toi..."
Je tourne de nouveau ma tête pour la regarder.
C'est vendredi soir et j'ai fini les cours. Je fais le point avec Rowan sur les nouveaux élèves que nous avons reçu par le dernier bateau. L'école prend de l’essor depuis son ouverture. De plus en plus de parents sont inquiets pour leurs enfants et nous confis leur éducation, car souvent, certains ont dérapé, et les parents ont peur que leur manque de discipline ou de contrôle les conduisent droit sur vers la Silver Line ou les Purificateurs. Alors ils viennent chez nous, un peu perdus. Mais rapidement nous réalisons qu'ils se sentent apaisés, compris. Ils retrouvent un cadre rassurant. Une paix promise. Ils comprennent vite les règles et savent qu'ils peuvent être eux même. Ils ont confiance, même si l'enfermement sur l'île est la chose la plus dure à accepter. Certains n'ont pas connu l'internat d'une école comme Poudlard. Il leur faut un temps d'adaptation avant de parvenir à se sentir à l'aise. Et c'est plus difficile pour les plus jeunes. Alors ça nous est arrivé avec Reagan de devoir en consoler certains et de rester au pied du lit des plus petits qui n'ont jamais vécu sans leurs parents. Des liens se créent. Des gamins s'attachent à nous. On s'attache à eux.
C'est ce qu'on voulait avec Reagan, offrir un havre de paix, la sécurité, l'éducation. Et tous ces jeunes compte sur nous. Tous ces gosses nous ont adopté, et bientôt, à notre tour, nous allons devenir parent. Mo barion est enceinte de quatre mois. Son ventre ne laisse aucun doute. Elle porte la vie en elle. Mais je sais aussi que dans cette joie d'être mère, il y a de l’incertitude en elle. Il y a une phrase qui revient beaucoup dans les livres sur la grossesse : "Le plus difficile dans la maternité, c'est cette inquiétude intérieure que l'on ne doit pas montrer." Et même si la vie est là, le risque n'est jamais loin, et on le savait.
Je vois combien elle fait d'effort pour "ne rien faire", pour éviter ce risque. Et combien ça lui coute de se limiter dans ses activités. Plus de cours, plus d'entrainements avec moi ou Rowan. J'essaye de la rassurer, mais c'est une demi-louve, c'est une guerrière, une ancienne Tireuse d’Élite. Elle aurait besoin de se dépenser, mais le risque est trop grand, et nous le savons tous les deux.
Je m'apprête à sortir de château, pour faire un tour du domaine quand je la croise dans le couloir. Je trottine jusqu'à elle et dépose un baiser rapide sur ses lèvres. Je souris et caresse doucement son ventre. Elle tourne encore en rond c'est ça ? C'est vrai qu'elle cherche par tous les moyens à s'occuper, mais à s'occuper sagement. Elle fait beaucoup de papiers, tout ce qu'on aimait pas quand on était au Ministère. Elle ne se sent pas utile, alors que bien au contraire, moi ça me permet d'être plus détendu, de ne pas m'inquiéter pour elle. On a vécu bien des choses elle et moi. Et la dernière en date, c'est le coma de ma sœur. Cela fait déjà trois mois, mais j'ai encore ces affreux souvenirs. Et même si avec le don de Jaya on a pu éviter le pire, j'ai du mal à chasser les images.
"Encore une longue journée ?"
J'enroule mon bras autour de ses épaules pour la rapprocher de moi, et l'embrasse sur le front, une main toujours sur mon ventre.
"Tu fais le travail le plus important, crois moi, tu fabriques trois bébés. Qu'est-ce que tu dis d'un bon bain ce soir, et d'un massage des pieds ?"
Je frotte mon nez contre son cou. Je n'aime pas la voir comme ça, j'aime quand son sourire revient. Alors qu'elle s'apprête à dire oui, on voit passer ma sœur un peu plus loin, elle passe la grande porte et sort à l'extérieur. Reagan dresse son menton vers elle, et me dit que je devrai la rejoindre et parler avec elle.
C'est vrai que ça fait un moment que nous ne l'avons pas fait. J'ai accepté "d'aider" Seth, disons que je l'ai empêché d'aller à la mort en sortant du Speluncae. J'ai ouïe dire qu'il se faisait malmener pas les gars là bas. Forcément, il passe d'ennemi à allier, ça fait beaucoup à encaisser. Mais si Liam a pu faire confiance à Avery, je me dis que je peux essayer de faire confiance à Seth. Ce n'est pas tellement ça le problème, c'est surtout que c'est l'homme que ma sœur aime et... clairement, j'ai un problème avec mon côté protecteur. Mais si cela avait été différent, si j'étais Saoirse et qu'elle était moi. Comment je le vivrai ? Je serai dingue, je m'en rend compte. J'étais déjà dingue à l'idée de pas pouvoir être avec Reagan, parce qu'il y avait Liam, sa meute...
"Ok je vais lui parler, le massage sera pour demain ?"
Elle caresse ma joue, et je ferme mes yeux un instant au creux de sa main. Je soupire doucement. Elle a raison. J'ouvre de nouveau mes yeux et pose ma main sur la sienne contre ma mâchoire.
"Je t'aime."
Je l'embrasse et me dirige alors vers la sortie. Sur le pas de la porte, je hume l'air pour repérer l'odeur de ma sœur. La piste conduit à l'autre bout de l'île, au bord d'une falaise. Saoirse est assise, ses pieds pendent dans le vide. Je viens à ses côtés et derrière son dos je lance une phrase pour m'annoncer, même si je sais qu'elle m'a déjà senti. Elle ne se tourne pas.
"Tu sais que si tu sautes, je vais devoir sauter."
Je souris tout en prenant place à sa droite, de la même manière qu'elle. Mes pieds caressent le vide et je me penche un peu pour admirer la hauteur. Puis je balaye l'horizon. Le vent souffle pas mal, et même si on est au mois de juin, l'air reste frais alors que la nuit tombe. Les vagues sont agitées, elles se soulèvent à plus de trois mètres de haut et viennent s'écraser contre la paroi de la falaise. Le bruit est hypnotique. Il y a des Fulmar Boréal qui volent un dernier instant autour de l'île, ce sont de grand oiseau qui ressemble à des goélands. Ces oiseaux peuvent vivre entre vingt et trente ans. Le mois de Juin est pour eu la saison de nidification. Il niche toujours contre un endroit en hauteur, ici c'est contre la roche de cette falaise inaccessible.
On reste un long moment sans se parler, à fixer le lointain. Je tourne finalement ma tête vers elle, posant une de mes mains sur la sienne. Et je refixe l'océan. Je sens que ses doigts se referment sur les miens, comme si elle s'accrochait à moi, à ce contact, comme si... elle voulait une connexion. Depuis quand est-ce devenu difficile de se parler ? On s'aime, plus que tout, on ne se fait pas la gueule, on se parle normalement, mais, les derniers évènements nous ont rendu pudique. J'ai toujours su être là pour elle, devenir parfois un confident. Mais clairement depuis la mort de notre mère, elle a grandi, plus vite que ce que j'aurai cru. J'ai toujours joué les gros bras, notamment avec ses copains. Je sais que je me suis mal comporté quand j'ai appris pour Rowan et elle. Et à l'évidence, quand on connait Rowan, je me dis qu'elle a eu de la chance de le connaître. Donc, peut-être que je me trompe pour Seth, et il faut que je répare ça. Il faut que je répare ma relation avec ma sœur.
"J'ai eu des nouvelles de Steh. Il parait qu'il s'en sort plutôt bien au Centre. Même si les gars sont pas évident avec lui, il montre de la résistance. Et je sais qu'il le fait pour toi..."
Je tourne de nouveau ma tête pour la regarder.
Codage par Libella sur Graphiorum


"A présent, il y avait entre eux comme une évidence, un élan, une alchimie. Un sentiment primitif qui remontait aux peurs et aux espoirs de l'enfance. La certitude vertigineuse d'être enfin face à la personne capable de combler leur vide, de faire taire leurs peurs et de guérir les blessures du passé."