Faire les rondes avec Alkanor était un plaisir. La préfète de Serdaigle était douce, gentille, et toujours très réfléchie sur n'importe quel sujet. J'aimais bien parler avec elle de lecture, parce qu'elle avait toujours des commentaires intéressants à faire. Encore plus depuis qu'elle avait été adoptée par le professeur Clever, qui était, comme tout le monde le savait, un fanatique de livres. Quand nous bavardions, les rondes passaient plus vite. Mais, également, quand nous le faisions en silence, cela n'était pas gênant. Alkanor était quelqu'un de calme, et je n'essayais plus de forcer la conversation, comme je pouvais le faire à ses débuts, parce que j'avais compris que le silence ne la dérangeait pas, bien au contraire. Il nous arrivait alors de marcher en silence, plongé dans nos pensées. Et c'était, au final, assez reposant.
D'ailleurs, c'était le cas, aujourd'hui. Quand on se retrouva et qu'on commença notre petite marche dans le château, je lui posais les questions banals habituelles, si elle avait passé une bonne journée, de bonnes vacances, et comment se déroulait son début d'année. Très rapidement, le silence s'était installé. Je ne sais pas à quoi songeait Alkanor, mais moi, mes pensées étaient tournées vers Sara. Je me demandais comment s'était passé le début de son année, cela ne devait pas être simple de commencer dans une nouvelle école en pleine scolarité. Mais surtout, je me demandais comment elle allait. Surmonter le décès d'un parent n'était pas facile, même après cinq ans. « Alkanor ? Tu vois qui est Sara Horiuchi ? La métisse japonaise arrivée en quatrième année à Serdaigle. Tu sais si elle s'intègre bien ? » Je sais que Sara passait son temps à se moquer de moi, alors, si elle avait eu des difficultés, peut-être qu'elle serait allée se confier à l'autre préfète ?
« Je sais qu'elle a commencé à se faire des amis, mais… Est-ce qu'elle s'intègre bien ? Est-ce qu'elle ne se semble pas triste ? » Apparemment, elle avait déjà une amie dans la Maison, et dans la même année, et elle s'entendait bien avec celle qu'on surnommait la Princesse de Gryffondor, Accalia Iceni, aussi en quatrième année. J'adressais un sourire contrit à Alkanor, face à toutes mes questions. « Désolée. C'est juste que je la connais… Depuis petite. Mais comme je ne l'ai pas vu depuis trois ans, j'ai peur qu'elle n'ose pas venir me voir si elle a un problème. »