Check my flow !

« Premier cours de l’année : fait, » se fit Ulysses comme réflexion mentale en sortant de la classe de Défense Contre les Forces du Mal. Ce n’était que le premier cours de l’année, donc il n’en faisait pas plus de conclusion. Enfin, si, qu’il avait hâte que ça commence vraiment, parce que bon, la théorie, c’est sympa, mais la pratique, c’est quand même plus fun. Si on peut appeler « apprendre à se défendre contre une menace qui était très très réelle il n’y a pas si longtemps », « fun ».

Et en parlant de fun et d’absence de fun… la camarade de classe qui marchait à côté d’Ulysses se tourna vers lui et lui dit :

« On est d'accord que descendre les marches normalement, c'est super ennuyeux ? »

Ulysses releva la tête pour voir qu’effectivement, elle avait bien dit ça en sa direction. Morris-Clever… C’était quoi déjà son prénom ? Ulysses était persuadé de devoir le savoir. Boh, ça lui reviendrait plus tard.

« Jusque là, on est d’accord. Tu as quelque chose de mieux à proposer ? »

Ni une ni deux, Morris-Clever cria à Arsène devant de se pousser avant de se mettre sur les mains. Ulysses observa la manœuvre avec des étoiles dans les yeux. Cette fille était un génie. La définition du fun personnifiée. Il se pourrait que le mot génie soit passé par les lèvres d’Ulysses, qui avait tendance à réfléchir à voix haute sans s’en rendre compte. Par contre, est-ce qu’Ulysses saurait la suivre dans ce fun… Rien n’était moins sûr, il n’était pas un habitué de marcher sur les mains, encore moins dans un escalier. Et puis, avec le sac sur l’épaule ? Non, vraiment, il devait y avoir des années d’expérience, là. Ulysses descendit les premières marches de manière normale pour voir comment Morris-Clever s’en sortait avant de se joindre à l’exercice.

« Ça ne peut pas être plus ennuyeux ! »

Bon, sur les mains, c’est bien, mais ensuite ? Non mais, c’est comme le vélo, tant que tu bouges, tu ne tombes pas ! Le problème, c’est quand tu veux t’arrêter, c’est tout… Faut juste que les mains descendent les escaliers plus vite que le corps en équilibre précaire au-dessus ! C’est pour ça qu’Ulysses descendit les dernières marches de cet escalier avec un brio incertain avant de s’écraser aussitôt arriver à l’étage du dessous.

« … Outch, » marmonna-t-il en roulant sur lui-même pour se retourner vers les escaliers, et vers Spencer qui n’avait visiblement pas eu bien plus de succès. Oh! Spencer ! Il se rappelait du prénom de Spencer ! Peut-être que la chute avait fait du bien, remis les neurones en place ? « Il faut de l’entraînement. 6 étages à descendre, on va bien devenir des pros avant d’atteindre la grande salle, non ? » lança-t-il vers sa camarade de folies avec un grand sourire.

Sur mon dos sur le sol de Poudlard, je laisse mon corps se remettre de sa chute. Nos autres camarades finissent de descendre les escaliers. Arsène passe à côté de nous avec un sourcil haussé, une sorte d'intérêt. Je hausse un sourcil en retour, une invitation. Oseras-tu être un gamin avec nous ?

De l'autre côté, Spencer se défend face à son amie. Je me laisse rire. On doit avoir l'air fin, tiens. Spencer s'inquiète ensuite de mon état. Je me relève et balaie l'air de la main.

« C'est rien, je peux prendre plus que ça. Et toi ? »

J'enchaîne ensuite avec un encouragement.

« Il faut de l’entraînement. 6 étages à descendre, on va bien devenir des pros avant d’atteindre la grande salle, non ? »

Spencer me fait un clin d'oeil, qui me fait sourire.

« Je dirais même, soyons intelligents plus que nous le sommes maintenant ! » me dit-elle avant de prendre mon sac, qu'elle passe à Indiana, sans laisser de choix ni à l'un ni à l'autre. Son sac, elle le passe à son amie précedemment mentionnée. Un jour, j'aurai une bonne mémoire des prénoms. Mais Spencer a raison : débarassés de nos sacs, nous aurons meilleur équilibre.
Spencer explicite le plan, en pointant du doigt qu'Indiana pourra bien me rendre mon sac plus tard puisque nous sommes de la même maison. Je ne peux qu'acquiescer. Je demanderai pardon à mon camarade plus tard en bonne et dûe forme, me contentant de m'excuser silencieusement pur le moment.

« Maggie, je compte sur toi pour rien dire à mes parents la prochaine fois que tu viens à la maison ! » Spencer adresse-t-elle à son amie (Maggie ! Un prénom !).

Je retiens un rire, par politesse. Je n'ai pas ce problème avec mes parents. Quoique... Enfin, encore faudrait-il qu'ils en entendent parler, et je pense être plutôt safe. Non mais après, on va me parler de savoir me tenir en public... J'ai toute une vie pour ça.

Un coup de coude me sort de mes pensées. « C'est parti ! » et la voilà déjà qui s'élance à toute allure. OK, let's go. On part en poirrier, on maintient 0,2 seconde et on avance. Et on avance. Et on prit en des dieux dont on ignore l'existence ; Poséidon, Zeus, coucou, on est de la famille, non ? Attends, Ulysses, c'est romain... Bon, bref, on va s'arranger. Athéna c'est bien la fille de Zeus, et c'est aussi ma mère, hein ? Bref, donc, on adresse des prières, et...
Et malgré nos prières, et peut-être à cause de ces tergiversions importunes, on finit quand même sur le cul en espérant a) que Spencer ne soit pas sur mon chemin et b) éventuellement qu'elle soit déjà tombée et donc en sécurité.

« Aaaaaaaah ! » je m'exclame dans ma chute, à moitié dans un espoir de prévenir quiconque est sur mon chemin, à moitié parce que je ne maîtrise plus rien, pas même mes cordes vocales. Sinon, j'aurais pu faire un choix plus évolué, de type « Attention ! », « Poussez vous ! », « Chaud devant ! » ou encore « A l'aide ! », on ne sait pas. On ne le saura jamais, puisque je n'ai su que produire la première voyelle de l'alphabet.

Non mais, quelle idée d'adresser une prière à Poséidon quand on s'appelle Ulysses, déjà ? Sans parler du fait qu'Ulysses est romain, parce qu'en anglais il y a une différence entre Ulysses et Odysseus, alors qu'en français, on s'en fiche, c'est Ulysse dans les deux cas*... J'aurais pu me rappeler qu'Ulysse a aveuglé (éborgné ?) le cyclope, Polyphème, fils de Poséidon. C'est une scène phare de l'Odyssée, suite à laquelle Poséidon devient un ennemi d'Ulysse. Forcément, ça n'allait pas fonctionner.
Plus qu'à devenir naturellement doué, du coup.