Cela faisait deux semaines que nous étions retournés en Irlande. Nous avons pris le temps de prendre nos marques dans notre nouveau manoir, et d'installer nos meubles. Mes parents ont commencé à travailler très rapidement, et nous ont très rapidement, mon frère, ma sœur et moi, ramené à la cour pour le travail de parade noblier. Malgré cela, j'étais assez heureuse de retourner en Irlande. Après tout, c'était sur ces terres que j'avais passé toute mon enfance. Grâce au temps principalement nuageux et pluvieux sur l'année, je pouvais aller dehors autant que je voulais sans écoper un mal de crâne, dû à la moitié de mon être vampirique.
Mais deux semaines après notre emménagement, voilà que nous quittons l'Irlande, pour gagner l'Angleterre le temps d'une journée. Mon père a reprit contact avec son cousin. Il estime qu'après des années sans nouvelles, les deux peuvent essayer d'enterrer la hache de guerre. Ils ont donc décidé de se retrouver aux alentours de quatres heures. En effet, le cousin de mon père craignait qu'un déjeuner ne soit trop long et fastidieux pour sa femme. Ma mère et moi sommes convaincues de son hypocondrie. Mais passons. Le seul point positif de cette funeste journée sera les retrouvailles avec mon cousin Eoin. Cousin au second degré, certes. Mais je le considère comme tel. Cela fait des années que nous nous sommes pas vus. Nous n'avons pas perdu contact, bien au contraire. Nous nous sommes écrit, toutes ces années durant, de longues lettres.
C'est alors avec un certain frisson de joie, que j'enfile enfin mon manteau. Il est temps pour nous de partir retrouver cette famille désunie, et assez pathétique, mais dont un seul membre en vaut la peine. C'est uniquement pour Eoin que je revêt mon masque de politesse, pour ne pas attirer les foudre de son père. Une fois que ma mère a parvenu à convaincre Rós Deag de porter un pull un peu moins bariolé, nous avons transplané, et toqué à la porte de leur lugubre manoir. On nous a ouvert, et mené au salon où le goûter serait prit. Il y avait bien évidemment les parents d'Eoin, mais aussi son grand-père, ce qui fut une assez désagréable surprise… Surtout pour papa, que je sentis frissonner. Il le haïssait. Il le hait toujours. Heureusement, Eoin, planté droit comme un i, était là. Légèrement à l'écart dans un costume strict, mon regard s'illumina quand je le vis.
Une fois les longues salutations faites, mon père commença à prendre commande. « Nous prendrons deux cafés noirs, un pour Darach, un pour Mióróis. Un chocolat chaud pour Rós Daeg. Je suppose que vous n'avez pas prit la peine de commander un peu de sang animal…? Ma femme ne prendra donc rien. Et un thé pour moi, merci. » Il s'assit dans le fauteuil, pendant que mon frère et moi, nous nous partagions un long canapé. Heureusement, Eoin s'assit près de nous. J'en fus ravie. J'attendais même patiemment nos boissons, parce que je savais ce que papa allait dire quand nous serions servi : « Et si nous laissions les… Enfants, se retrouver ? Après tout, ils doivent avoir tellement de choses à se dire… » « Libre à toi de considérer tes enfants comme tel, mais Eoin n'en est plus un. D'enfant, je veux dire. » « Sache que je retravaille, ainsi que ma femme, à la cour d'Irlande, et il y a des choses dont il faut que nous discutions. Et je suppose que tu n'as pas envie que j'aborde certains sujets devant… Ton fils. »
Le regard de mon père était éloquent, et heureusement, le père d'Eoin nous autorisa à sortir du salon. J'attrapais ma tasse et je suivis, enfin, mon cousin dans sa chambre. « Je suis sincèrement heureuse de te revoir, Eoin. » J'étais honnête, vraiment. Bien que mon sourire n'était pas aussi éloquent que celui de ma sœur. « Oui, moi aussi, je suis trooop heureuse de te revoir ! C'est fou ce que tu as grandis ! Par contre, tu fais comme Darach. Tu ne t'habilles qu'en noir. Heureusement que Mióróis porte de la couleur de temps en temps ! » On rentra dans sa chambre. Je ne fis aucun commentaire sur le fait qu'elle n'avait pas changé depuis ma dernière visite, qui remontait tout de même à quelques années. Elle était toujours aussi froide et impersonnelle. « Holly shit, Eoin ! Tu dors encore avec une peluche ? » Je me tournais vers Rós qui tenait le nounours que je lui avais offert quand il était petit. Le cœur battant, je m'en approchais. « C'est incroyable que tu l'ais gardé toutes ces années… »