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Hello toi !
Mercredi 5 septembre 2001

Je suis dégoûtée, je n'ai pas pu parler avec Sal au banquet de rentrée samedi et voilà qu'on est déjà mercredi ! J'avais pourtant cours avec lui lundi en potions, mais comme c'est toujours le prof qui me place on a pas eut l'occasion de parler. Mais je compte bien me rattraper aujourd'hui ! J'espère qu'on pourra s'assoir côte à côte pour le cours de magie sans baguette. J'ai d'ailleurs vraiment hâte de commencer ! J'arrive même un peu en avance pour qu'on puisse parler avant d'entrer en classe, je crois me souvenir qu'on a choisi la même option.

La touffe bleue de mon ami m’interpelle directement. Ce n'est comme-ci il ne se faisait pas remarquer, même malgré lui. Je m'approche donc de Sal pour lui faire une accolade tout en finesse et douceur. "Salut Sal ! Je suis trop contente que tu sois là. C'est trop cool qu'on ait une option en commun." Je bavasse sans faire attention au fait que un je suis trop naturellement tactile avec les autres. Et deux, j'ignore complètement le pourquoi de son absence. Je ne vais pas lui poser la question de but en blanc de toute façon, je préfère largement lui dire que je suis très heureuse de le revoir.

Le fait que nous n'étions pas si proche, enfin on était de bon camarades on va dire. Pour moi, il fait partie de mes amis. Mais comme j'ai tendance à mettre beaucoup de monde dans cette case sans leur demander leur avis, la réciproque peut être autre chose. Bref, je détaille mon ami que j'ai bien sûr relâché. Il a l'air plus fatigué et éteint que dans mon souvenir. J'imagine sans mal qu'il doit souffrir du départ de son meilleur ami ? Je ne sais pas vraiment ce qu'il y avait entre eux pour tout dire.

"Comment ça va ?" Je demande tout de même dans un chuchotement assez inhabituel de ma part. Non pas que je passe mon temps à gueuler ou parler fort, ou peut-être que si ? Enfin bref, ce que je veux dire c'est que je m'inquiète sincèrement pour lui, je ne compte pas le laisser dépérir dans son coin maintenant qu'il est de retour !

Mercredi 14 novembre 2001

Déjà un mois depuis la rentrée, un mois où je n'ai pas eut vraiment l'occasion de discuter plus que ça avec Sal. On a bien plusieurs cours en commun, mais comme la plupart du temps c'est les profs qui me place... Je ne suis presque jamais avec mes amis. Ce qui ne m'empêche pas de parler d'ailleurs, mais bon ça leur fait plaisir de croire que je suis plus calme. Espoir vain si vous voulez mon avis sur la question. Je suis une indécrottable bavarde. On ne se refait pas ! Surtout quand on voit ce que ça donne quand on me met pourtant avec quelqu'un qui semble à l'opposé de moi comme Fowl... Résultat un défi et des heures de colles à la pelle. Papa m'a passé un savon pour ne pas savoir me tenir tranquille ne serait-ce qu'un mois. Oupsi ? Oui je n'ai aucune repentance et alors ?

Bref, revenons à nos hippogriffes, avec tout ça je n'ai pas vraiment pu parler avec Sal à part quelques jours après la rentrée. Et hasard du destin aujourd'hui on se retrouve enfin en binôme en cours de magie sans baguette ! Il faudra que je pense à remercier Merlin pour ça ! Je m'assoie donc toute guillerette à côté de mon ami. Moi qui voulait m'assurer que tout aille bien en étant assez présente à ces côtés, c'est quand même assez râpé cette histoire. Mais enfin bon, on arrive quand même à parler régulièrement de choses et d'autres sans grandes questions existentielles... Mais on discute c'est déjà pas si mal !

"Hello toi ! Comment ça va aujourd'hui ?" Je demande joyeusement en m'installant sans grande discrétion. Ce n'est pas comme-ci c'était indispensable. Et pour être honnête, faire du bruit m'aide un peu à atténuer celui des autres. Je vous assure qu'avec une ouïe comme la mienne vous trouveriez des stratagèmes. Parce qu'entendre les chaises racler sur le sol en pierre, les masticateurs de chewing-gum, les frottements divers et varié qu'engendre une salle de classe... Vous aussi vous souhaiteriez réduire l'arrivée des infos ! C'est cool d'être une demi-louve mais ça a aussi de gros inconvénients auxquels on ne penserait pas au premier abord.

"J'ai encore une heure de colle avec Fowl. Ce gars est une vraie diva et le pire c'est qu'il croit être un grand garçon." Je lève les yeux au ciel, voilà plusieurs semaines déjà que Fowl et moi sommes en retenue pour avoir fait exploser un pétard en cours. Un stupide paris, mais le résultat était amusant. A part la partie sermon et la mauvaise humeur de Fowl évidement. Ce gars qui se targue d'être intelligent m'a tout l'air d'être un peu naïf. Il crois toujours que j'ai saboté le pétard alors même que ce n'est pas vrai. Je crois qu'il m'en veux terriblement pour ça. "Il est vraiment irritant, et plus il essaie de me faire des coups à l'envers... Plus on dirait un gros gamin. C'est assez drôle parce qu'avec son air de péteux, on pourrait croire qu'il est plus mature. Mais il est pas mieux, pas pire que moi !" Je m'exclame en sortant mes affaires de classes. Comme souvent j'ai encore fais un roman alors que Sal n'a fait que me renvoyer la question. Mah c'est pas si grave, il a l'habitude que je parle pour deux.

"Et toi, quoi de neuf ?" Même-ci j'essaie de passer du temps avec Sal, à vrai dire nos emplois du temps ne sont pas ce qu'il y a de plus compatibles. Heureusement, nous avons des cours en commun pour discuter un peu. Oui je sais... On est pas censé se servir du cours pour papoter, mais hé je fais comme j'ai envie.

ϟ ϟ ϟ

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Hello toi !
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| Mercredi 5 septembre 2001 |

Je dois m’admettre bien soulagé que les jours passent. La rentrée ça n’a jamais été vraiment mon fort émotionnellement. Au banquet j’ai croisé des regards mais en soi je suis resté seul la plupart du temps. Je l’ai cherché et je ne me plains pas ; je préfère être seul. C’est une nouvelle année qui débute et déjà je veux qu’elle se termine. Qu’est-ce qui m’a prit de décider de me remettre aussi vite des événements de l’année précédente? J’aurais pu continuer à traîner dans mon lit et attendre de disparaître un jour. Mais non, il faut que je choisisse de faire des efforts.

Bon, je plaisante en partie. La facilité serait certes de retourner me cacher dans ma couverture et de grogner sur quiconque essaie de m’approcher. Mais la facilité n’est pas la meilleure option. La facilité est même plutôt douloureuse à vivre dans mon cas. Ça ne m’a jamais fait du bien de traverser un deuil.. Et c’est normal. Mais il est temps pour moi de me ressaisir si je ne veux pas me transformer en l’ombre de ma propre personne. Je dois continuer à trouver des raisons d’être. Je dois parce que ma mère aurait voulu. Parce que Larry aurait voulu. Parce que mon père et Lisa l’espèrent. J’ai des gens qui veulent me voir heureux et, pour eux, je suis prêt à tenter le coup. Si les choses se cassent la gueule ben, au moins, je pourrais dire que j’ai essayé et je pourrais abandonner sans remords. Ou plutôt… Avec le moins de regrets possible.  

Les choses ne sont pas plus simples parce que j’ai dis que je ferais l’effort mais elles ne me semblent pas impossibles. Lorsque je pensais au cours de Magie sans baguette ce matin, je me disais “et à quoi bon?”, “pourquoi ai-je choisi cette option…” et encore “de toute façon j’ai une baguette, c’est pour ça non?”. Le truc c’est que je n’arrive plus à me rappeler pourquoi j’ai choisi ça.. Mais je l’ai fait alors autant y mettre du mien.

J’arrive un peu avant l’heure en cours. Surtout parce que j’ai rien de mieux à faire, honnêtement. Autant se poser et respirer un moment avant le commencement officiel des exercices. En arrivant, cela dit, je ne m’attendais pas particulièrement à être accueilli par une brune enthousiaste.

"Salut Sal ! Je suis trop contente que tu sois là. C'est trop cool qu'on ait une option en commun."

Shanna me prend dans ses bras. Ca aurait pu me déranger mais je vois qu’elle reste douce dans ses mouvements et une partie de moi est très reconnaissante juste parce qu’elle fait attention, du coup ça passe mieux.

Salut à toi aussi, Shanna.

Notez que j’ai choisi “salut” et non pas “bonjour”. Je suis un peu moins formel avec Shanna qu’avec les autres en général. Elle est… Une amie, je crois. Du moins, je crois qu’elle me voit comme ça. Pour ma part? Je l’apprécie, je dois l’avouer. Sa présence a quelque chose de réconfortant. Même dans son enthousiasme que je ne suis pas en mesure de suivre. Je l’ai déjà dit et je le remarque de plus en plus chaque fois que j’ai l’occasion de lui parler à nouveau ; cette fille est une version féminine et plus innocente de Larry, c’est dingue. Il y a quelque chose dans son caractère, dans son physique… J’espère qu’elle ne cache pas de secret sombre comme c’était le cas pour Larry, cela dit…
Des fois j’hésite à lui demander si son bonheur est réel ou si c’est une façade mais je crois que ça n’est pas ma place. Je crois… Que nous ne sommes pas assez proches pour me permettre.

J’aime l’idée qu’on aie une option en commun, moi aussi.

Et s’il y avait de ça dans mon choix d’option? Être un peu avec quelqu’un dont la compagnie m’aide? Je ne suis pas soudainement ravi d’être là aujourd’hui mais j’admet qu’un poids est tombé de mes épaules lorsque j’ai aperçu Shanna. Peut-être était-ce celui de la solitude? Peut-être suis-je heureux d’avoir quelqu’un qui n’a pas peur d’être sociable à côté de moi, ne sait-on jamais? Quoi que ce soit, c’est rassurant alors je ne vais pas m’en plaindre.

"Comment ça va ?"

Elle baisse un peu le ton et je sens que sa question est sincère. En soi, ce n’est pas une formule de politesse comme habituellement. Je ne lui en aurais pas voulu si c’était le cas… Je ne sais pas où je me trouve actuellement.  

Eh bien...

On fait aller, j’ai envie de dire.
Je ne suis pas vraiment bien actuellement. C’est vrai, l’envie de retourner me cacher dans mon lit, l’envie que l’année soit terminée, celle d’avoir Larry avec moi… Tout ce genre de détails me font savoir que, non, je ne vais pas bien. Mais d’un côté… C’est normal, non? Tout ça, ça prouve au pire que j’ai des sentiments, des vrais.

Parfois les autres se demandent si je ressens des choses. Comme si le fait d’être timide, silencieux, pas très sociable vous rendait imperméable à toute émotion. Ou alors c’est ma prothèse. Je crois que ça doit être ça… Le visage d’une personne c’est son identité ; son regard, son sourire, ses expressions, tout ça t’aident à connaître, à comprendre une personne. Moi j’ai ce genre de masque d’Halloween qui cache tout ça.. Alors peut-être, comme il ne peuvent pas voir mes émotions sur mon visages, les autres pensent automatiquement qu’il n’y a rien derrière le masque.

Ça n'est pas grave.
Je ne peux en vouloir à personne. C’est difficile de savoir comment agir avec moi. Même moi j'ai longtemps eu du mal avec ma propre identité… Les autres peuvent très bien s’y perdre. Ça devient problématique quand je m’en prend plein la gueule pour ça.

D’ailleurs, ça n’aide certainement pas à “aller mieux” quand on vous rappelle constamment que vous êtes une anomalie. L’une de ces personnes qui survivent à l’improbable mais qui n’auraient pas dû. A ce jour, si ma mère avait pu être celle qui s’en était tirée--- si Larry avait pu ne pas être celui qui s’est suicidé… Je ne sais pas, j’ai souvent l'impression que la Terre tournerait un peu mieux. Parfois, avant, je me disais que mon père m’en voulait d’avoir survécu alors que sa femme non. C’est faux, je le sais, mais mon esprit est doué quand il s’agit de se montrer tortionnaire. Et puis, à Poudlard en général, j’ai l’impression que l’on regarderait moins Larry de travers si c’était moi qui m'étais suicidé.  Il était gentil et aimé et --- on l’aurait soutenu, on lui aurait prêté main forte, on lui aurait parlé. Moi j’ai l’impression qu’une partie des autres me voient comme celui qui a tué Larry, une autre partie me plaint dans le silence sans oser m’approcher par peur d’un détail ou d’un autre et que la dernière partie s’en branle.

Puis il y a Shanna. Il n’y a pas que elle. J’ai eu de vrais messages bienveillants d’autres personnes qui me connaissaient un peu, ou qui connaissaient bien Larry ou qui étaient juste purement gentils. Mais je n’ai jamais été aussi proche d’eux que de Shanna. Je dis ça comme si Shanna et moi étions super proches… C’est pas le cas. Mais je me questionne à l’idée qu’elle puisse réellement être une amie à mes yeux et ça veut déjà dire beaucoup.

Alors… Peut-être que tout ne va pas bien. Mais tout ne va pas mal non plus. Mon travail est de me concentrer et de m’accrocher à ces choses, à ces détails qui ne sont pas si mauvais. Aux personnes comme Shanna.

Tu sais, c’est de moins en moins horrible.

Je hoche la tête. Je me sentirais comme un menteur si je prétendais que ça allait mais je refuse de chouiner. J’ai dit que j’allais faire des efforts et tout commence par la façon de voir les choses, de les dire. Je pourrais dire que c’est difficile, que ça ne va pas encore. Et je peux dire que les choses ont été pires, que ça ne va pas vraiment mais que, malgré tout, c’est moins lourd que ça l’a été.

Et puis ta bonne humeur est contagieuse, je le crains

Je plaisante légèrement mais je le pense en partie. Je n’ai pas envie de sauter partout en couinant de joie mais j’ai un peu moins envie de me cacher dans ma chambre à l’appart pour l’éternité et c’est loin d’être négligeable.

Mais dis moi, tu dois avoir des choses à raconter depuis…

Depuis quand?
Quand était la dernière fois que l’on a vraiment parlé?
Avant la mort de Larry, en Mars 2001, c’est ça?

... l’année dernière…?

Je crois que c’est ça. Merlin… Ça commence à faire énorme, j’ai l’impression que les mois de mars à septembre se sont éternisés quand j’y étais mais qu’ils sont passés en un éclair maintenant que j’y repense.

Que deviens-tu?

On n’est obligés de penser et de parler que de moi… Au contraire, ça me ferait plaisir que l’on passe à d’autres choses.


| Mercredi 14 Novembre 2001 |


Le temps qui passe, encore et toujours. Des victoires, comme celle de tenir encore bon, de ne pas laisser le poids de la déprime me gagner. Je devrais être fier, je crois. En tout cas je le suis secrètement, au fond. J’essaie de ne pas trop y penser ou je trouverais bien des raisons d’arrêter de l’être. Mais aussi, être fier de moi est une autre victoire. C’est peut-être que je gagne en confiance en moi…? Je veux dire, au cours sur les Licornes du professeur Hastings j’ai même osé prendre la parole avant que quelqu’un d’autre ne le fasse d'abord. J'aimerais que ce soit ça. Le temps le dira bien, n’est-ce pas?

Mais le cours de SACM n’est pas ma seule option ; je n’oublie jamais le tant redouté cours de Magie sans baguette. Enfin… Tant redouté, j’admet y aller un peu fort. La vérité c’est que, depuis le début de l'année, quand j’ai vu que Shanna suivait aussi ce cours et qu’on serait ensemble les Mercredi, j’ai un peu moins mal vu l’idée d’y aller. Au mieux j’apprendrais des trucs les jours où je serais motivé, au pire j’aurais l’occasion de parler avec une amie. Parce que, je pense pouvoir l’affirmer maintenant, elle m’est aussi chère qu’une amie.

Shanna vient s'asseoir à mes côtés alors que le cours débute. Il est inutile de préciser que, la connaissant un minimum, je suis loin d’imaginer qu’il soit possible qu’elle se pose et qu’elle commence le cours toute sagement.

"Hello toi ! Comment ça va aujourd'hui ?"

Pas bien discrète, je peux voir les regards d’autres élèves se tourner vers Shanna. Certains sont simplement curieux, d’autres ont l’air presque saoulés de l’entendre piailler. Je dois admettre que cette idée m’amuse.

Salut. Je vais bien aujourd’hui, et toi?

C’est vrai, je me porte plutôt bien à dire vrai. Je me suis réveillé avec la tête vide ce qui ne peut qu’être de bon présage. Tant que je ne me réveille pas avec trop de choses dans la tête je peux essayer de trouver une raison de ne pas me sentir mal.

"J'ai encore une heure de colle avec Fowl. Ce gars est une vraie diva et le pire c'est qu'il croit être un grand garçon."

Je dois admettre laisser échapper un souffle amusé. Il ne doit pas être remarqué au milieu de tous les sons qui se mélangent dans la classe. Heureusement que j’ai dormi ce soir ; le pire c’est lorsque je manque de sommeil et que tous les sons semblent dix fois plus forts qu’ils ne le sont réellement.

Shanna.. Tu es une cause perdue.

Bien sûr je la taquine au sujet du fait qu’elle aie encore une heure de colle. C’est une remarque gentille, je n’essaie pas de la faire culpabiliser et, pour le coup, même si mon ton est monotone comme bien souvent, elle doit s’en douter ; il n’est pas dans mon habitude d’être juste méchant. Et puis elle me parle depuis assez longtemps pour savoir que mon ton neutre ne veut pas dire que je ne peux pas faire de blagues ou de remarques légères… Du moins j’espère qu’elle le sait.

J’ai bien peur qu’il y aie trop de “Fowl” sur cette Terre pour que tu ne sois jamais en paix.

Après tout, des gamins qui se pensent bien grands et qui agissent comme des divas, j’en ai croisé une myriade et je sais qu’il y en a bien plus que ce que je connais. Je n’aime pas du tout ce genre de personnes surtout qu’elles ont tendance à faire partie de ceux qui me cherchent des problèmes juste pour “le fun”. En l'occurrence, Fowl n’est pas un garçon que je fréquente mais je ne crois pas avoir déjà entendu du bien de lui. Les rumeurs c’est pas trop mon truc, du coup je n’en fait pas grand chose… Si un jour on se parle, nous verrons bien.

"Il est vraiment irritant, et plus il essaie de me faire des coups à l'envers... Plus on dirait un gros gamin. C'est assez drôle parce qu'avec son air de péteux, on pourrait croire qu'il est plus mature. Mais il est pas mieux, pas pire que moi !"
Son air de “péteux”, tu dis?

Le terme me fait à nouveau souffler du nez, amusé.
Voilà, quand je vous dit qu’elle me fait penser à Larry, parfois c’est dans ce genre de détail. Je l’aurais imaginé utiliser ce terme sans aucun doute. Il utilisait toujours des mots qui m’amusaient, souvent même improbables ou qu’il inventait. Pour la dernière option, je le suspectais d’utiliser des mots qu’il pensait réels puis affirmer qu’il les inventait pour se rattraper. Ou juste parce que, s’ils n’existaient pas, c’était qu’il fallait les inventer.

C’est mon avis, mais je crois quand même qu’il est un peu pire que toi.

Encore une fois , je ne me soucie pas trop des rumeurs et tout ça mais la façon dont on peint ce garçon me laisse à penser que, au moins à mes yeux, il est loin de valoir le caractère de Shanna. Elle, elle sait être une bonne amie. Lui… Je ne trouve pas trop les mots pour expliquer à quel point je n’ai pas envie d’avoir à le supporter personnellement un jour.
Ou peut-être que les choses feront leur chemin et que je le rencontrerai et qu’on s’entendra. Dans un drôle de monde , sûrement, mais rien n’est impossible. Surtout puisque je n’ai pas de quoi m’en faire un vrai avis personnel. Je ne veux pas risquer d’être mauvaise langue.

"Et toi, quoi de neuf ?"

J’essaie de réfléchir à la question. Quoi de neuf ce mercredi? Comme je l’ai dit plus tôt, mon esprit est “vide”, donc il me faut un moment pour me resituer dans mon contexte.

Alors…

Je prends un air pensif. J’aime ça que de raconter ma vie à Shanna n’est pas difficile. Enfin, outre quand les sujets sont durs à aborder en eux-même… Mais autrement ça va tout seul. Moi qui ne suis pas trop bavard, je ne me transforme pas en moulin à paroles mais j’arrive à parler de moi sans craindre d’être ennuyant, sans trop peser les termes que j’utilise. Je réfléchis toujours avant de parler, c'est ma façon d’être, mais de façon plutôt libérée et raisonnable surtout.

Rien de dingue. Je fais pas mal de progrès en Occlumancie et avec ma psy, cela dit. Et puis j’ai de moins en moins de mal à me lever pour les cours.

J’ai déjà parlé à Shanna du fait que je voyais un psychomage, et je crois que le reste est bien évident. J’ai déjà dû mentionner que, parfois, je n’avais pas envie de me lever pour “vivre”. Je ne l’ai peut-être pas dit comme ça. Peut-être que j’ai plutôt dit “aujourd’hui, j’avais envie de retourner me coucher”. Mais, en tout cas, rien là-dedans ne devrait être une révélation.

J’aide aussi une fille en soutien scolaire. Elle s’appelle Skye Blain. Au début j’avais peur qu’on ne s’entende pas, elle a un caractère…

Je réfléchis à comment formuler cela.

Haut en couleur. Elle est très énergique, quoi. Mais au final, on aime tous les deux beaucoup la musique et on a trouvé un terrain d’entente.

Je ne peux m’empêcher d’être fier de ça aussi. Moi, avoir trouvé un terrain d’entente avec une autre personne… Sans aide, comme ça… Je devrais noter ça dans mes victoires que je suis censées raconter à ma psychomage.

Tu vois, je crois que mes efforts paient, en fait, cette année… Et c’est soulageant.

J’ai encore un bon chemin à parcourir, c’est vrai. Tout est loin d’être réglé, j’ai encore beaucoup de mal avec beaucoup de choses… Mais j’arrive à entrevoir une possibilité de, un jour, m’en sortir. Je ne sais pas si quoi que ce soit me guérira entièrement mais peut-être qu’un jour mes soucis seront assez insignifiants ou silencieux pour que je puisse vivre normalement avec tout ça. Peut-être qu’un jour je serais le genre de personne que je vois quand je vois le professeur Hastings.
Parlant de lui…

Oh, et l’autre jour j’ai eu l’occasion de discuter avec le professeur Hastings! Il promenait son niffleur… Frétillant, qu’il s’appelle. Il m’a invité à me balader avec eux et… C’était vraiment cool. C’est tellement intéressant de discuter avec ce prof…

Une chose visible sont les paillettes qui s’installent dans mon regard alors que je mentionne la promenade avec le niffleur et la discussion avec le professeur Hastings. C’était un imprévu qui m’a beaucoup plu , et ça doit se voir.
Codage par Libella sur Graphiorum

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Hello toi !
Mercredi 5 septembre 2001

J'espère ne pas avoir été trop directe, mais bon je ne sais pas vraiment faire dans la finesse. Ce n'est pas moi sinon. Je sais que ça peut paraitre un peu cavalier d'agir comme je le fais toujours. Mais que voulez vous, on ne se refait pas. Je suis un peu hyperactive, les autres finissent par s'y faire... ou pas. Ceci dit ça ne m'émeut pas plus que ça, on ne peut pas aimer tout le monde. Ce n'est qu'en prenant un peu de plomb dans la tête que j'arriverais à être moins impulsive dans quelques années, enfin peut-être. Mais pour le moment ça me parait bien loin tout ça.

"J’aime l’idée qu’on aie une option en commun, moi aussi." Je souris rassérénée de ne pas avoir été trop envahissante quelque part. Ça me fait vraiment plaisir surtout venant de quelqu'un comme Sal qui est plutôt mesuré dans ces propos en toutes circonstances. Tout mon contraire de ce point de vu là. J'ai tendance à m'emporter facilement, parler fort, rire sans discrétion. Bref des émotions, et des mots brut de pomme. On est comme on est après tout ! Et c'est pour ça que j'adore être avec lui aussi, il est complètement différent des gens avec qui je suis d'habitude. Enfin surtout quand on voit ma meilleure amie quoi. Je veux dire le contraste est saisissant. Il ne faut pas croire, moi aussi j'aime avoir des moments de calme de temps à autre !

Je l'écoute me répondre sérieusement, je suis presque surprise qu'il soit si honnête. Non pas que je doute de sa franchise, là n'est pas le problème. Mais j'imagine à quel point ça ne doit pas être évident d'en parler, même-ci ça me parait à des années lumières. Ce qui est arrivé n'est pas si vieux, et pour quelqu'un d'aussi proche de Larry ça doit terriblement dur. J'apprécie donc d'autant plus à sa juste valeur la confiance que m'accorde Sal à cet instant.

"C'est bon de l'entendre." Je lui souris posément. Il ne dit pas qu'il va bien mais ce que j'entends c'est que ça va un peu mieux. Et c'est une petite victoire qu'il est bon de célébrer je crois. Parce que chaque petit pas est important. Je n'arrive même pas à imaginer ma vie sans Vicky et à quel point se serait douloureux de la perdre. "Et puis ta bonne humeur est contagieuse, je le crains." Mes lèvres se soulèvent en un sourire qui prend toute la place. Je suis heureuse qu'il arrive même à plaisanter, si mes facéties lui donnent un peu de baume au cœur c'est tout bénef ! Je n'aime pas vraiment voir les autres tristes, mais je suis bien consciente que tout ne peut pas se régler avec des conneries. Je sais que je passe mon temps en gamineries si j'en crois certaines personnes, mais d'un autre côté je sais quand le sujet est sérieux.

"Oh et bien... Je ne sais pas trop à vrai dire, il s'est passé tellement de choses. Rien de bien important, des retenues, des conneries avec Vicky... La routine en quelque sorte, tu vois ?" Je parle à toute vitesse comme à mon habitude, je pourrais presque concurrencer le Poudlard Express. Je ne m'attarde pas vraiment d'ailleurs, parce que c'est vrai ce que je dis. C'est la routine pour moi tout ça. Aucun événements bizarre n'est venu perturber ma vie pendant cette période. "Et cet été, j'ai vu un peu Vicky. On est un peu comme les deux doigts d'une main." Je pouffe de rire, parce que c'est vrai nous voir l'une sans l'autre c'est même bizarre. Quand l'une est là, l'autre n'est jamais bien loin en général. "Mon frère est toujours un grognon soupe au lait, je crois que je t'en ai déjà parlé. Il ne s'arrange pas avec l'âge si tu veux mon avis. Je l'adore, mais tu sais c'est le genre à me couver. Comme-ci j'avais besoin qu'il le fasse. J'crois qu'il me voit toujours comme la mioche qui courrait partout et se faisait des bleus." Je lève les yeux au ciel, un sourire au coin des lèvres. Mon grand-frère est surprotecteur, mais ça ne m'empêche pas de l'aimer. C'est juste relou quand il se met à jouer les frérot protecteur. Je n'ai pas besoin de protection, je sais plutôt bien me défendre moi-même.

"Ça n'a pas été trop galère pour rattraper les cours ?" La question peut paraitre étrange venant de moi quand on ne me connais pas bien. Je donne souvent l'impression de ne pas en branler une, mais c'est faux je travaille. Pas beaucoup, et à ma manière. C'est à dire en désordre et quand j'ai envie sans me forcer. Mais j'ai des résultats honorables malgré tout, donc la question est pour moi importante. Et puis, je sais que Sal est du genre assez studieux. En même temps, c'ets un serdaigle. Donc les études sont importantes.

Mercredi 14 novembre 2001

"Salut. Je vais bien aujourd’hui, et toi?" J'aime cet état d'esprit, la voix de Sal est clair. Je peux sans peine comprendre que ce n'est pas des paroles en l'air. Je note aussi qu'il a parlé du jour et non globalement. Mais je pense que c'est positif que ça aille bien aujourd'hui. Plus il y aura de jour où ça va, mieux se sera pour lui. Et ça me réjouie vraiment. "Moi, plutôt bien écoute. Juste soulée..." J'explicite ensuite ma retenue avec Fowl. Au début vraiment je le trouvais drôle ce gars, mais il est du genre chiant. Mais vous savez le genre de chiant que t'as envie d'emmerder quand même ? Je sais pas comment l'expliquer, mais j'ai juste envie de l'asticoter pour le voir péter un cognard. Purée, ce genre de pensées je suis sûre que c'est typiquement ce que penserait Papa. Sous ses airs impassible, c'est une vraie teigne.

"Shanna.. Tu es une cause perdue." Je me tourne outrée vers mon camarade. Mais avant que j'ai pu laisser sortir quoi que se soit je réfléchis, et merde Sal a raison en fait.  "Touché." Je mets théâtralement une main sur mon cœur en pouffant de rire. Je ne peux même pas nier, parce que dans le fond il y a du vrai dans cette remarque. Je sais que Sal plaisante, mais c'est la vérité. Et puis bon il ne se moque pas, il en rit plutôt si je me fis à son ton.  "Plus de gens comme Fowl ? Merlin me préserve de les rencontrer eux aussi !" Je m'exclame m'attirant quelques regards réprobateurs. Je leur fait un magnifique sourire innocent. Le garçon qui s'est retourné, un serpentard je crois pique un fard. Je cligne des yeux, ben c'était bien la peine de me faire des yeux furieux pour se défiler comme ça ! Pff même pas drôle.

"Son air de “péteux”, tu dis?" J'hoche la tête avec véhémence avant de faire un peu de théâtre. J'abandonne mon sempiternel sourire pour une moue mi-dégoûtée mi-méprisante. "Précisément mon cher, une vraie diva." Je croise les bras pour faire bonne mesure. Je ne tiens pas très longtemps dans le rôle et je finis par pouffer de rire. Je ne sais même pas si j'ai bien joué le rôle de la pimbêche. Mais bon je m'en fiche, je pense que Sal comprend l'idée. Je lui accorde un sourire fier quand il ajoute que je vaut mieux que Fowl, ça fait toujours plaisir de le savoir.

"Rien de dingue. Je fais pas mal de progrès en Occlumancie et avec ma psy, cela dit. Et puis j’ai de moins en moins de mal à me lever pour les cours." J'écoute attentivement, plus sérieusement qu'à mon habitude. Parce que ma question était réelle, ce n'était pas juste de la politesse. J'apprécie d'ailleurs qu'il me fasse suffisamment confiance pour se montrer cette part de lui. On a assez régulièrement discuté de sa psy et de ses difficultés depuis la mort de Larry. Et je suis heureuse de pouvoir lui être d'une quelconque aide. Même-ci c'est juste être là. C'est déjà bien je suppose.  "C'est bien ça, ça doit être plus facile pour faire face à tes difficultés. De plutôt bonnes nouvelles en somme ! C'est encourageant." Je suis vraiment contente pour lui, que ce travail avec la psychomage l'aide. J'aimerais avoir la patience d'apprendre une magie comme l'occlumancie, ça m'aiderait sans doute avec mon double lupin.

"Skye ? Je la connais ! Haha, je vois ce que tu veux dire. Elle est adorable, encore plus énergique que moi. Mais c'est vrai que c'est difficile d'imaginer que vous puissiez bien vous entendre, vous êtes tellement différents." Skye est du genre pile électrique, pourtant je suis pas calme. Mais j'arrive un peu à m'adapter, et puis ça fait du bien de se poser de temps à autre.

"Tu vois, je crois que mes efforts paient, en fait, cette année… Et c’est soulageant. " Je lui fait un sourire ravi, je suis vraiment contente que ça aille mieux pour lui. Sal le mérite amplement. "Tu peux être fier de toi, moi je le suis en tout cas !" Et je le pense sincèrement, il a fait beaucoup de progrès surtout avec tout ce qui s'est passé. Je ris un peu quand il me parle du niffleur et du professeur Hastings, il s'anime presque automatiquement. Je me sens véritablement heureuse de l'entendre parler avec autant de bonne humeur. Je ne suis pas sûre qu'il s'en rende compte, mais c'est cool.

"Je savais pas qu'il avait un niffleur et ce nom c'est trop drôle. C'est vrai qu'il est sympa ce prof, en plus tu aime plutôt bien sa matière je crois ? Moi j'avoue que les créatures magiques et moi ça fait deux ! J'les aime bien pourtant !" TGV en route... Cela dit je sais pourquoi les créatures magiques ne m'aiment pas beaucoup. C'est dû à ma nature de demi-louve, quelle tristesse ! M'enfin, je me réjoui que mon ami puisse trouver des moments de joie sur des petites choses comme ça.

ϟ ϟ ϟ

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Hello toi !
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| Mercredi 5 septembre 2001 |

"C'est bon de l'entendre."

Parmi les choses que j’apprécie chez Shanna, il y a son cœur sincère. Étrangement, quand elle me dit quelque chose, je ne doute pas. Pas un instant. Comme, en l'occurrence, lorsqu’elle m’affirme qu’elle est heureuse d’entendre que les choses vont mieux. Je ne me dis pas une seconde qu’elle dit ça juste par politesse ou parce qu’il faut le dire. J’entends qu’elle le dit parce qu’elle le pense. Et ça me touche profondément. De la façon dont je vois les choses, Shanna doit laisser son coeur la guider et c’est qualité que j’envie parfois un peu, moi qui obéit plutôt à mon cerveau. Je pense que, du coup, on est complémentaires. C’est peut-être pour ça qu’on s’entends. Enfin, entre autres.

Je suis ravi de la voir sourire lorsque je lui glisse que sa bonne humeur me touche également. Je ne ment pas ; sa sincérité et sa légèreté m’influencent un peu. C’est pour cela que je suis moins de mauvaise humeur que je l’étais en me levant ce matin. Tout est un peu moins lourd. Ça fait du bien. Ça me manque un peu d’avoir une présence, comme ça, qui fait tomber la tension rien qu’en étant . Peut-être qu’il faudrait que je traîne plus avec Shanna? Ah, je l’aurais sûrement fait si elle n’avait pas d’autres amis qui me rendent bien moins à l’aise. Non pas qu’ils soient mauvais, mais c’est comme ça- je n’ai jamais été très sociable. Je me demande encore comment j’ai fait pour tant accepter qu’une fille comme Shanna prenne une place comme ça dans ma vie. Son énergie pourrait m’épuiser mais elle fait tout le contraire. Est-ce que ce serait redondant de dire que c’est très à l’image de Larry avant elle? Peut-être, mais je n’y peux rien si je le vois partout. Et puis ça n’est pas exactement pareil… J’aimais Larry différemment. Shanna est une amie, rien de plus.

Après avoir parlé de moi, je passe un peu le micro à Shanna. J’ai envie d’entendre ce qu’elle a à raconter. Déjà parce que ça m'intéresse, et puis je n’aime pas trop parler longtemps. Encore moins de moi.

"Oh et bien... Je ne sais pas trop à vrai dire, il s'est passé tellement de choses. Rien de bien important, des retenues, des conneries avec Vicky... La routine en quelque sorte, tu vois ? Et cet été, j'ai vu un peu Vicky. On est un peu comme les deux doigts d'une main."

Shanna rit en posant une conclusion à son récit. Enfin, pour l’instant. Je compte sur elle pour reprendre de plus belle, vu comme elle est lancée. J’écoute cependant tout ce qu’elle me raconte avec attention. Les retenues, les conneries… Oui, oui c’est bien son genre de routine de ce que j’ai compris.

J’ai bien vu ça ; jamais l’une sans l’autre.

C’est cool comme amitié. Ca n’est pas parce que moi je ne m’entends pas particulièrement avec Vicky que ça fait de cette dernière une mauvaise amie et encore moins une mauvaise personne. Si Shanna s’entends avec, en plus, c’est qu’elle doit avoir un bon fond. Juste, je ne lui parle pas assez pour le voir. Surtout parce que je n’en aie pas envie. J’ignore qui est vraiment Victoria Prewett et ça me va très bien comme ça. J’ai accepté cette fatalité, hélas.

"Mon frère est toujours un grognon soupe au lait, je crois que je t'en ai déjà parlé. Il ne s'arrange pas avec l'âge si tu veux mon avis. Je l'adore, mais tu sais c'est le genre à me couver. Comme-ci j'avais besoin qu'il le fasse. J'crois qu'il me voit toujours comme la mioche qui courrait partout et se faisait des bleus."

Je hoche doucement la tête, plus signe que je comprends ce qu’elle raconte que… je comprend ce qu’elle raconte. Les mots viennent et passent et je comprends leur sens mais je ne peux pas particulièrement dire que je m’identifie à ce cas. Je n’ai ni grand, ni petit, ni frère, ni soeur et je n’ai pas particulièrement envie d’en avoir. Parfois je me demande ce que ça ferait mais, en vrai, je suis bien comme enfant unique. Vu comme j’ai besoin de mon espace, tout ça---
Ce que je comprend, en revanche, c’est le fait d’être vu comme un gamin. D’une façon étrange, mon père me voit encore un peu comme un gosse. Un gosse qui gère des histoires d'adultes, mais un gosse. Je crois que c’est un peu comme ça pour tout le monde. Enfin, je n’en suis pas certain non plus.

J’aurais tendance à dire que c’est bon signe. Même si c’est lourd, au moins tu sais qu’il tient à toi.

Pendant que mon père faisait le deuil de ma mère, il est passé par toutes sortes d’émotions; tristesse, colère, livide etc., j’en aurais vu de toutes les couleurs. En tout cas, la plupart du temps, il faisait quand même un minimum attention à ma présence, que ce soit pour demander que je lui passe un truc, pour me pleurer dans les bras, pour me raconter des trucs qui n’avaient aucun sens mais qu’il semblait tenir à me dire… Mais des fois il était comme une coquille vide. Un vrai zombie qui restait affalé dans son lit, sur le canapé, sur une chaise de la cuisine. Il grognait de temps à autre, il avait le regard absent, comme si tout était éteint à l’intérieur de lui. Et dans ces moments je n’existais plus ; je pouvais venir lui parler, le déplacer… Rien. Pas même un regard. Merde, j’aurais pu pleurer devant lui qu’il n’aurait sûrement pas bronché. En général, dans ce genre de périodes je m’enfermais jusqu’à ce qu’il se “réveille” ou que Lisa fasse quelque chose. Et, sincèrement, j’en venais à regretter quand il s'affalait sur moi pour pleurer.

Je ne vais pas mentionner tout ça, je ne tiens pas à bousiller l’ambiance, mais en tout cas je sais ce que je dis; mieux vaut qu’il la couve trop qu’il se mette à s’en foutre. Bien sûr, je sais que Shanna n’est pas en train de geindre non plus , mais je trouvais important de dire ça.

"Ça n'a pas été trop galère pour rattraper les cours ?"
Ah ça…

On en revient à moi mais ça n’est pas si grave parce que j’ai eu une petite pause et que, en plus, la question est pertinente. Est-ce que j’ai galéré à rattraper les cours? Je dirais oui. Je dirais même qu'au-delà de ça…

Je rattrape encore à ce jour.

J’ai un souffle légèrement amusé. Vu que je continue, en plus, à fréquenter ma psychomage… Je vais rater des cours dans le futur aussi. Ca, si on ne compte pas les jours et semaines où je vais être trop mal pour suivre correctement les cours et que je vais devoir rattraper. Je suis déjà blasé par moi-même, rien qu’à y penser. Je sais que je n’y couperais pas; chaque fois je dis que je vais ne plus me laisser aller mais plus je lutte et plus je me laisse aller en fin de compte.

Je crois que je ne vais jamais finir de rattraper. Quand j’aurais fini ces cours-ci, il s’agira d’autres que j’aurais raté à cause d’un rendez-vous ou un autre… Enfin, je suis condamné à être à la traîne.

Je me laisse même rire légèrement en affirmant cela. Ma cause est perdue mais je ne panique pas trop ; j’ai la chance d’être assez futé pour m’en sortir néanmoins.

Je ne te dis pas à quel point je redoute les examens.

C’est pour eux que je me suis repris. Enfin, entre autres, mais je me suis secoué parce que je n’ai pas envie de redoubler ; moi qui avait la capacité de sauter une classe. C’est dingue comme les évènements, quand ils décident de te freiner, peuvent tout changer et réduire de telles qualités à néant. Dites moi à quoi ça m’avance, aujourd’hui, d’être intelligent? Si ça n’est pour réussir à suivre des cours qui , eux non plus, n’ont pas trop d’intérêt à mes yeux depuis un moment.

Comment te sens-tu cette année, toi? Tu penses que tu vas assurer?

Niveau cours surtout, mais bien sûr je me demande également pour le reste. Mais le truc c’est que je ne vois pas en quoi elle pourrait ramer autrement. Elle est gentille, aimée, bien entourée, sociable… Enfin, voilà quoi, je la vois mal se caler dans un coin du château toute seule et à broyer du noir. Peut-être que je me trompe… J’espère que je ne me trompe pas.

N’oublie pas que si tu as besoin d’un coup de main, tu peux toujours me faire signe.

Je parle d’abord des cours, encore une fois. Je préfère le lui rappeler après, bien sûr, elle fait ce qu’elle veut de cette proposition. En ce qui me concerne, elle peut venir me voir même si elle a besoin d’aide dans un domaine différent mais je ne suis pas toujours sûr de pouvoir l’aider. Je ferais tout de même toujours de mon mieux, c’est certain.


| Mercredi 14 Novembre 2001 |

Je ne pensais pas que de parler d’un garçon comme Fowl pouvait être amusant mais il faut croire que toute folie est possible lorsque l’on fréquente une fille comme Shanna Green. Que ce soit la façon dont elle s’exclame après que j’aie souligné qu’il existerait sûrement une myriade de petits Fowl en puissance sur Terre;

"Plus de gens comme Fowl ? Merlin me préserve de les rencontrer eux aussi !"

Ou ensuite quand elle le qualifie de “péteux” et que je relève, la façon dont elle soutient en prenant de grands airs;

"Précisément mon cher, une vraie diva."

Je ris un peu malgré moi. Elle arrive souvent à m’arracher un rictus quand il prend ses airs théâtraux. Elle est vraiment la version plus jeune et féminine d’un garçon que j’ai connu avant elle et que je ne nommerais pas à nouveau, je crois que vous avez compris la chanson. Moi je réalise chaque fois qu’elle fait quelque chose à quel point c’est vrai. Peut-être est-ce pour cela que je m’attache si facilement à Shanna? J’espère que ça n’est pas l’unique raison. Je n’ai pas envie de projeter l’image de Larry sur elle, elle mérite qu’on l’apprécie pour bien d’autres choses. Mais, au fond, si j’ai conscience de toutes ses autres qualités, c’est sûrement que je l’apprécie surtout pour ces raisons, non? Je vais considérer que c’est le cas, je n’ai pas besoin de devenir le mauvais gars dans cette histoire.

Et puisque Fowl est une diva insupportable et que Shanna n’est qu’une jeune fille qui aime jouer la comédie, alors je laisse entendre que, à mon humble avis, mon amie est tout de même moins mauvaise que le jeune homme qui l’embête tant. Elle a l’air fière, ça me fait plaisir.

On discute un peu encore une fois de mon état, comme c’est souvent l’impératif. Mais ça va si c’est de la part d’une Shanna qui s’inquiète réellement de voir si les choses évoluent bien pour moi. Comme je lui fais confiance et que je me sens à l’aise lorsque je lui parle, je lui donne même quelques détails plutôt que de m’arrêter à un “ouais, ça va.”. Je me risque à laisser entendre des choses en en affirmant d’autres ; par exemple quand j’affirme que j’ai de moins en moins de mal à me lever pour les cours, je sous-entends que c’était difficile avant. Ce sont des choses qui se devinent mais qui, une fois dites, ont un tout autre impact bien réel. C’est pour ça que j’évite de les dire. Même là, je ne le dis pas mot pour mot. Peut-être qu’un jour j’y arriverai. Ma psy me dit souvent qu’il faut que je prenne le temps mais qu’il est important d’y penser. Que pour guérir il faut commencer par accepter le problème. Que, alors, le commencement de ma guérison commencerait par un “Voilà, je m’appelle Sal, je suis souffre de dépression et d’anxiété généralisée.”

Autant dire que je ne suis pas encore prêt pour ça. Mais j’imagine qu’il faut du temps, je ne devrais pas trop m’inquiéter, si j’en crois la psy encore une fois.

"C'est bien ça, ça doit être plus facile pour faire face à tes difficultés. De plutôt bonnes nouvelles en somme ! C'est encourageant."

Je ne peux qu’acquiescer, esquissant un sourire derrière ma prothèse. Je sais que je pourrais toujours compter sur cette fille-là pour m’encourager, même quand je fais des tout petits progrès insignifiants. Ça fait plaisir, ça rassure un peu. Et, surtout, ça motive d’une façon. Alors j’aime toujours lui raconter quand j’avance. Je crois que j’ai même plus de facilité avec elle qu’avec ma psy- mais bien sûr le travail à Shanna que de m’aider psychologiquement alors j’essaie toujours de ne pas trop décharger sur ses épaules quand je me confie, ou du moins que je tente de le faire.

"Skye ? Je la connais ! Haha, je vois ce que tu veux dire. Elle est adorable, encore plus énergique que moi. Mais c'est vrai que c'est difficile d'imaginer que vous puissiez bien vous entendre, vous êtes tellement différents."

Je hausse un peu les idées lorsque Shanna affirme qu’elle voit en quoi Skye et moi pourrions avoir du mal à nous entendre.

On ne sait jamais, parfois les contraires s’attirent. Et puis, je m’entends bien avec toi.

Bien sûr, je parle tout à fait platoniquement. Je ne le précise pas tant c’est logique pour moi.

"Tu peux être fier de toi, moi je le suis en tout cas !"

Encore une fois, alors que je me permet de me “féliciter” pour la façon dont les choses tournent, Shanna me soutient avec joie. Fière de moi? Oh c’est trop. Je me sens rougir, remerciant bien la prothèse qui me cache pour le coup. Je crois que je ne suis pas censé prendre cela si à coeur, et pourtant…
Comme je suis de bonne humeur, j’arrive même à parler de choses qui m’ont rendu heureux dernièrement, comme ma balade avec le professeur Hastings. En le mentionnant à Shanna, je m’attends à ce qu’elle commente sur le nom du niffleur et c’est d’ailleurs pour ça que je le mentionne-

"Je savais pas qu'il avait un niffleur et ce nom c'est trop drôle. C'est vrai qu'il est sympa ce prof, en plus tu aime plutôt bien sa matière je crois ? Moi j'avoue que les créatures magiques et moi ça fait deux ! J'les aime bien pourtant !"

Et bingo.
Bon, il y a un tas de trucs autour de l’histoire du niffleur mais ça ne me dérange pas du tout que Shanna papote comme ça. Ça me fait une pause, c’est jamais de refus. Et puis l’écouter n’est jamais fatigant.

Je suis sûr qu’avec la bonne approche tu pourrais te faire des amis parmi les créatures magiques. Et puis, il y en a tant de toutes les tailles, couleurs et de tous tempérament qu’il est certain que tu plaise à l’une d’entre elles.

Mon regard s’est à nouveau allumé. Naturellement, puisque je parle de quelque chose que j’aime sincèrement.

J’ai toujours voulu adopter un animal à moi mais avec les cours et tout ça…

Et puis si je veux m’occuper d’une créature, j’ai bien mon père à la maison. J’y pense fort mais, pas certain que la vanne soit appropriée, je me la garde.

Enfin, oui, tu l’auras compris; j’aime bien les animaux et tout ça. Tout ce que je peux apprendre de plus sur eux m’intéresse, alors les cours de Soins Aux Créatures Magiques c’est super passionnant pour moi. Surtout avec le bon prof.

Je sais très bien qu’un mauvais prof peut vous dégoûter de votre sujet favoris.

Ma mère m’a transmis son amour des plantes et des animaux quand j’étais tout gamin et plus je grandis plus j’ai l’impression de réussir à.. Je sais pas… Ressentir une connexion avec eux? C’est peut-être bizarre.

C’est le genre de choses que je ne confie que rarement. J’ai toujours l’impression que l’image est un peu étrange. Le garçon qui se balade pieds nus dans les prairies avec ses amis les plantes et les animaux. Mon image est très lointaine de celle-ci pourtant. Je ne suis pas du tout de ce genre et je ne veux pas qu’on m’imagine un peu fou, comme ça, sur les bords. Même si j’imagine que tout ne tourne pas rond dans ma tête tout le temps…

Je crois que je m’entends mieux avec les plantes et les animaux que les gens. Je sais pas, eux ils ne jugent personne, ils sont sincères, ils sont purs et une fois que tu les connais, eux et leurs instincts ou leur façon de vivre, tu ne seras jamais trahis.

Je parle aussi bien des plantes que des animaux, oui. Parce qu’ils sont tous deux des êtres vivants.

Enfin, je m’entends quand même bien avec certaines personnes qui ne sont pas des animaux ou des plantes.

Je gratte ma nuque, un peu embarrassé de m’être allé à parler de choses qui me sont si personnelles. C’est bizarre, pour moi, de raconter à quelqu’un que je sais mieux parler aux plantes et aux créatures qu’à mes pairs tout en espérant ne pas paraître totalement paumé, comme gars.

Y a Lisa… Ou le professeur Hastings… Ou toi…

Puis il y avait ma mère et Larry, ça doit compter non? M’enfin, j’espère qu’il est clair, en tout cas, que je ne suis pas en train de confier que je déteste lui parler à elle ou aux autres..
Codage par Libella sur Graphiorum

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Hello toi !
Mercredi 5 septembre 2001

Il y a des choses qui sont difficiles à comprendre, certaines émotions que je ne comprends pas. Peut-être parce que je ne les ai jamais vu ou vécue. Ou simplement parce que j'ai une façon un peu naive de voir la vie. C'est assez paradoxal quand grâce à mes sens de loup le moindre changement d'intonation, de souffle ou d'expression m'échappent rarement. Mais ce n'est pas parce que je vois ou ressens le malaise ou l'émotion que je la reconnais. Par contre quand il est question de mes proches, c'est beaucoup plus facile. Je les connais après tout, bref. Ce que je voulais dire c'est que je sens que Sal est attentif et que mon babillage intempestif ne l'ennui pas. Et c'est agréable aussi de ne pas souler les autres. C'est un peu le sentiment que je peux provoquer parfois. Parler à tort et à travers n'est pas toujours aussi bien toléré. Non pas que je m'en inquiètes plus que ça, on ne peut pas plaire à tout le monde après tout.

"J’ai bien vu ça ; jamais l’une sans l’autre." De fait quand je l'entends confirmer mes propos, je sais qu'il le dit en toute bienveillance. Je sais que notre duo de merdeuses n'est pas toujours très bien perçu. Vicky et moi, on s'en fout très honnêtement. Mais ça n'en reste pas moins que ce n'est pas toujours agréable à entendre. J'hoche simplement la tête, oui c'est complètement ça. Nous deux, c'est une amitié très spéciale. Et je sais que Sal n'apprécie pas plus que ça Vicky, mais il n'a jamais eut de mauvaises paroles. D'ailleurs, je ne crois pas l'avoir jamais entendu dire de mauvaises choses. Et c'est une grande qualité, je m'en fiche que ça fasse naif. Je continue donc de bavasser sur mon frère ensuite, Sirius je m'inquiètes pour ce crétin. Mais l'avoir sur le dos peut être très agaçant. Disons le franchement, c'est un putain de casse couilles. Ceci dit, j'ai beau ne pas être à cheval sur le vocabulaire, j'évite de dire ça à voix haute.

"J’aurais tendance à dire que c’est bon signe. Même si c’est lourd, au moins tu sais qu’il tient à toi." Je souris, Sal la voix de la sagesse. Il n'a pas tort de le souligner et il a raison, même-ci l'admettre m'emmerde un peu je dois bien l'avouer. Parce que je sais que mon grognon de grand-frère m'aime, il est peut-être un peu obtus dans les coins mais c'est quelqu'un de bien. Et je l'aime vraiment aussi.

"Tu as raison autant pour la lourdeur que pour le reste." Je confirme en pouffant légèrement. J'imagine la tête de Sirius si il entendait comment je parle de lui aux autres. Il serait sans doute indigné. C'est le jeu ma pauvre Lucette et puis bon ça lui fera les pieds à ce grand dadais. Qui aime bien, châtie bien il parait. Je pense que c'est vrai. Notre conversation dévie sur le rattrapage des cours. J'imagine même pas la masse de travail que ça doit ajouter. L'angoisse si vous voulez mon avis. D'ailleurs je vous le donne que vous le vouliez ou pas, je trouve ça hyper courageux de ne pas avoir simplement redoublé son année. Je pense que c'est ce que j'aurais fais personnellement. Rattraper tout ça, la barbe ! Après, je sais que Sal est un bon élève, bien plus assidu que je ne le serais jamais. Je suis tellement je m'en foutiste à ce sujet.  Enfin, c'est pas tout à fait vrai. Je peux être studieuse ou en tout cas je me débrouille pour ne pas être à la traine c'est déjà bien, non ?

"Merlin, tu es vraiment courageux ou maso. Rien que d'y penser ça me file la chair de poule." Je lui montre mon bras comme pour assoir mon propos alors que clairement pas un seul poil dressé sur ma peau. Mais bon, l'image est là. "Je crois que je ne vais jamais finir de rattraper. [...] Je ne te dis pas à quel point je redoute les examens." J'hoche la tête parce que j'imagine que ça doit être un peu flippant de penser à ça quand on a loupé une bonne partie de l'année de cours. Surtout qu'il a effectivement encore pas mal d'absences. C'est pour son bien, mais ça ne doit pas être évident à gérer. C'est pour ça que j'aurais choisi de retaper mon année. "Je suis sûre que tu t'en sortiras, si ça avait été moi j'aurais redoublé. Rien que de t'entendre ça me file le tournis. Mais tu es un gars sérieux, tu auras peut-être pas les meilleures notes, mais je suis sûre que tu vas t'en sortir." Je lui fais un grand sourire confiant, je le pense vraiment. J'ai aucun doute sur ses facultés, c'est clair qu'il aura sans doute pas les résultats escomptés mais il se débrouillera.

"Je saurais avoir la moyenne, je pense. Je sais déjà lesquelles je ne veux pas l'année prochaine. Genre Histoire, Astronomie ou Botanique... Pour les autres, je vais essayer de les valider même-ci je sais pas encore quoi faire." J'ai un mouvement d'épaules un peu désinvolte. A vrai dire, je devrais sans doute m'inquiéter un peu plus sur mon avenir. Mais ça ne me fais pas vraiment soucis.

"N’oublie pas que si tu as besoin d’un coup de main, tu peux toujours me faire signe." Je ne peux pas m'empêcher de sourire, c'est tellement adorable de sa part. Et je sais qu'il le pense vraiment. Sal n'est pas du genre à dire des choses en l'air. Autant ça pourrait être mon cas selon les sujets, mais pas lui. Qu'il offre son aide comme ça, c'est réconfortant et je sais que je pourrais compter sur lui si j'ai besoin. "T'es adorable, tu sais ça ? Je tâcherais de m'en souvenir si je commence à paniquer. Pour l'instant je la joue cool mais c'est dans longtemps. Bon pas tant que ça, mais tu sais comment je suis." Je sais qu'il voit ce que je veux dire, ma notion du temps est un peu relative. Je suis le genre de personne à tout faire à la dernière minute. C'est un fait bien connu de mes proches, me voir travailler sur mes devoirs la veille de les rendre... C'est même une sorte de sujet de plaisanterie, et je ne peux que rire avec eux. Heureusement, je le fais pas à chaque devoir parce que sinon je ne m'en sortirais pas.

Mercredi 14 novembre 2001

Je ne peux m'empêcher un sourire ravie de traverser mon visage au rire de mon ami. Je fais le pitre pour le faire rire et parce que il faut être honnête ça me fait rire moi aussi. Jouer la comédie aussi exagérément, je sais que ça me fait souvent passer pour une gamine. Cependant, je crois qu'il est essentiel de profiter tant que je le peux. Je pourrais pas être autant fofolle quand je serais adulte. Je serais sans doute toujours excentrique mais à un moment je vais bien devenir une grande fille. Bon c'est vrai quand on voit mon comportement on pourrait en douter. Mais un jour... je serais une vraie adulte !

"On ne sait jamais, parfois les contraires s’attirent. Et puis, je m’entends bien avec toi." C'est pas faux. Parfois, je me demande comment il fait pour supporter mon énergie débordante. Je suppose que ça fait partie des privilèges d'être amis. Tout comme il est sans doute surprenant de me voir discuter avec un garçon aussi calme et réservé. Non pas que je m'en plaigne, loin de là. C'est ce que j'apprécie dans notre relation aussi, c'est différent et agréable. J'ai vraiment beaucoup d'affection pour Sal. "Touché. Haha, tu as complètement raison." Je lui souris pour montrer que je ne me moque pas, juste que c'est la vérité. En plus, si Skye est énergique c'est aussi quelqu'un qui a le cœur sur la main. Le sujet dévie ensuite sur le professeur Hastings.

"Je suis sûr qu’avec la bonne approche tu pourrais te faire des amis parmi les créatures magiques. Et puis, il y en a tant de toutes les tailles, couleurs et de tous tempérament qu’il est certain que tu plaise à l’une d’entre elles." Je suis un peu mal à l'aise avec cette affirmation, c'est vrai que si je ne m'en cache pas vraiment. Je ne cris pas sous tout les toits que je suis ce que je suis. Une demi-louve. Je pense que Sal ne le sait pas et c'est pas comme-ci c'était un truc que je pouvais balancer comme ça au milieu de la conversation. Je veux dire c'est quand même une chose importante. Et j'ai appris malgré moi à me méfier d'à qui je le dis. Le souvenir de ma première année à Poudlard me fais me sentir inconfortable. Je ne sais pas si c'est visible, sans doute un peu. "J'aimerais que tu es raison, mais elles ont pour la plupart naturellement peur de moi." C'est une façon très édulcoré d'expliquer le problème. Mais, si je suis tête brûlée, je ne pense pas que ce genre de conversation est à avoir en plein cours. Pas quand ça me touche si intimement. Pour la première fois avec Sal, je suis sûre que j'ai l'air un peu distante. Comme-ci j'avais un truc à dire mais que je pouvais pas vraiment et en fait c'est un peu ça au fond. Du coup, je me saisi de sa prochaine affirmation.

"Oh et tu aimerais adopter quel genre d'animal ? Moi j'aime les loups, mais c'est pas vraiment un animal de compagnie." Je réalise après coup que même-ci s'est vrai, ma fascination pour les loups à une origine particulière. Ou comment semer des indices sans le vouloir. Non pas que je pense que Sal fera le rapprochement. Je veux dire il faudrait connaitre ce que je suis pour capter à mon avis. "C'est vrai que le professeur Hastings connait bien son sujet, j'aime bien l'écouter en cours !" Alors qu'on sait tout les deux à quel point je peux être indiscipliné.

"Oh mais c'est cool ça, tu penses travailler avec des créatures magiques ou autres animaux plus tard ? Si tu as ce genre de faculté ça peut être qu'un plus. Je trouve ça trop chouette que tu puisses établir une sorte de lien." Je sais de quoi je parle, en tant que demi-louve. Je connais en partie cette connexion relative à la meute et juste à ma nature. Mais avoir ce genre de don avec tout un tas d'animaux ça doit être vraiment hyper cool.

"Je crois que je m’entends mieux avec les plantes et les animaux que les gens. Je sais pas, eux ils ne jugent personne, ils sont sincères, ils sont purs et une fois que tu les connais, eux et leurs instincts ou leur façon de vivre, tu ne seras jamais trahis. " Je suis d'accord avec Sal mais pour une raison étrange je me sens mal à l'aise. Peut-être que je devrais lui parler de ce que je suis de manière à éviter qu'il se sente trahi ? Je ne sais pas, j'ai l'impression de mentir. Je me sens vraiment inconfortable là. C'est pas vraiment un sentiment que j'ai l'habitude d'éprouver. "Tu as raison, ils ne peuvent pas trahir et ça ne leur servirait pas à grand chose." J'hésite un instant, mais je ne sais vraiment pas comment aborder le sujet. C'est pas comme-ci je pouvais balancer ma nature comme ça. Au fait tu savais que j'suis une demie-louve ? Argh rien que d'y penser c'est ridicule.

"C'est plus facile de s'entendre avec les animaux, je crois que c'est parce qu'ils sont juste eux-même. Ils ne trichent pas. " Mon regard va se plonger dans celui de Sal, je ne sais si il peut voir mon tourment intérieur et je n'espère pas. Je déteste avoir l'impression de mentir. Ceci dit je sais que ce n'est pas tout à fait ça, c'est juste que l'occasion ne s'est jamais présentée. Le fait que ma mère est un loup-garou est surtout connu dans la communauté sang-pur. J'espère qu'il n'interprétera pas mal mon attitude. Mais je ne sais vraiment pas quoi dire d'autre, tellement le sentiment de culpabilité me ronge l'estomac.


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Hello toi !
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| Mercredi 5 septembre 2001 |

"Merlin, tu es vraiment courageux ou maso. Rien que d'y penser ça me file la chair de poule."

Un léger rire m’échappe alors que Shanna me tend son bras, censé sûrement prouver qu’elle est toute retournée. Certes, on pourrait débattre là-dessus. Courageux ou maso, après tout pourquoi pas. Je ne me considère aucun des deux mais comme c’est une vanne je ne vais pas jouer aux premiers degrés.
J’ajoute tout de même que je ne vois pas la fin du tunnel après tous mes efforts. C’est normal ; chaque fois que je rattrape un chapitre j’en ai deux autres à étudier ! C’est pas évident de suivre une scolarité comme ça. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais mis tout en pause d’un côté pour m’occuper de l’autre. Genre j’aurais arrêté de me soigner pour suivre les cours, ou j’aurais arrêté les cours pour me soigner et j’aurais reprit ce que j’ai arrêté plus tard, quand j’aurais le temps. Mais c’est pas comme ça que ça marche… Je ne sais pas si je peux vraiment arrêter les cours et reprendre plus tard mais ce qui est certain c’est que je ne le ferais pas si je le pouvais. J’ai envie que tout ça s’arrête le plus tôt possible, alors retarder la fin des cours? Sûrement pas. C’est pour ça que je n’ai pas envie de rater mes examens et de redoubler.

"Je suis sûre que tu t'en sortiras, si ça avait été moi j'aurais redoublé. Rien que de t'entendre ça me file le tournis. Mais tu es un gars sérieux, tu auras peut-être pas les meilleures notes, mais je suis sûre que tu vas t'en sortir."

D’ailleurs, voilà que Shanna mentionne l’idée de redoubler. Je crois qu’elle a compris qu’il n’était pas question de cela me concernant puisqu’elle m’encourage plutôt sur l’idée que je peux y arriver et ne me pousse pas vers l’option de recommencer l’année.

Merci Shanna, ça me touche que tu crois en moi.

Si j’offre un léger sourire à mon amie, celui-ci disparaît très vite. Un peu parce que je sais qu’on ne peut voir mon sourire qu’à la façon dont mes yeux se plissent légèrement mais surtout parce que, de toute manière, je ne suis pas du genre à sourire longtemps. Pendant un bon bout de temps, sourire me faisait mal. En fait, bouger mon visage était super douloureux. Du coup, depuis, je ne réagis pas trop physiquement. Mais, qu’importe, j’ai un faux visage qui cacherait tout le spectacle en dessous même si j’étais super expressif.

Finalement je demande à Shanna si elle pense qu’elle va s’en sortir, elle. Mon amie ne semble pas particulièrement inquiète à ce sujet, du moins elle ne le montre pas si c’est le cas. J’espère qu’elle ne se fait pas trop de mauvais sang ; ça m'embêterait pour elle.

"Je saurais avoir la moyenne, je pense. Je sais déjà lesquelles je ne veux pas l'année prochaine. Genre Histoire, Astronomie ou Botanique... Pour les autres, je vais essayer de les valider même-ci je sais pas encore quoi faire."

Eh.
Je ne peux pas commenter sur le fait qu’elle ne sait pas ce qu’elle va faire. Je ne sais pas clairement non plus. Après j’ai quelques rêves mais je n’ose pas tant que ça les étudier… Faut dire que je suis pas un garçon à qui la vie a fait beaucoup de cadeaux et du coup j’ai toujours peur de commencer à réellement espérer quelque chose--- c’est bête, je devrais m’accrocher plus à mes ambitions, du moins c’est ce que dit mon psychomage, comme quoi ça m’aiderait à être moins morose et défaitiste. Mais c’est difficile, ça me fait presque mal de me projeter dans un futur heureux alors que je suis convaincu que je ne l'atteindrais pas.

En tout cas, je sais ce que je peux faire dans le présent et c’est déjà pas mal. Me concernant, j’essaie de valider mon année. Concernant mon amie? Elle semble ne pas trop s’inquiéter pour les examens mais je pense bon de proposer mon aide, au cas où un jour elle penserait avoir besoin d’un coup de pouce pour les révisions ou les devoirs… Ou qu’importe d'autres, vraiment.

"T'es adorable, tu sais ça ? Je tâcherais de m'en souvenir si je commence à paniquer. Pour l'instant je la joue cool mais c'est dans longtemps. Bon pas tant que ça, mais tu sais comment je suis."

Je roule des yeux, amusé par sa réponse. Très Shanna, tout ça. Classique. Je n’attendais pas de réponse plus sérieuse que celle-ci.

Je commence à comprendre comment tu fonctionne, en effet.

Je plaisante légèrement surtout parce que je considère que je connais pas mal Shanna, aujourd’hui et ce depuis un petit moment quand même.

Par contre je n’ai rien d’adorable. C’est normal que je te propose mon aide.

On est amis et c’est ce que font les amis, s’entraider. Et puis, sérieusement? Shanna serait bien la seule à penser que je suis adorable de quelque façon que ce soit. On ne m’avait plus sorti quelque chose de pareil depuis mon enfance. Ou depuis Larry Johnson en fait, mais lui il avait des goûts franchement bizarres alors je n’ai jamais trop questionné son point de vue. Je veux dire, hey-- il m’a demandé de sortir avec lui quoi. Faut avoir un grain pour vouloir sortir avec moi.

Tu sais quoi Shanna? Je viens de penser à un truc.

Je redresse un peu ma posture. Ça n’a rien à voir avec tout ce que j’ai dis précédemment mais le petit instant de silence m’a fait penser à ça. En temps normal j’aurais ignoré la petite idée qui vient de germer dans mon esprit mais, hey, je suis avec Shanna. Une vraie amie. Je peux proposer, après tout.

On devrait sortir un de ces quatre.

Je tourne le visage vers elle.
Ok, j’avoue, l’idée c’est pas moi qui l’ai sortie en premier. Il y a trois jours, pendant le cours de SACM, Vicky Prewett a affirmé qu’on devrait sortir, Shanna et moi, à Pré-au-Lard ou un truc du style. Bien sûr, Prewett parlait de rendez-vous amoureux, et ça m’a blasé plus qu’autre chose, mais une sortie comme ça entre amis? Pourquoi pas, après tout…

C’est cool de se voir en cours et tout mais on serait mieux ailleurs, non? Et puis on a du temps à rattraper.

Je suis un peu nerveux quand même, parce que c’est toujours le cas quand je propose quelque chose à quelqu’un. C’est un peu sortir de ma zone de confort parce que je risque toujours que ce soit une idée pourrie. J’y crois pas vraiment mais une partie de moi refuse de lâcher l’idée que ce soit possible qu’on me rie au nez. C’est de l'anxiété pure et dure, je le sais. Ça craint un peu, mais j’y travaille ; preuve en est.


| Mercredi 14 Novembre 2001 |

"J'aimerais que tu es raison, mais elles ont pour la plupart naturellement peur de moi."

Je lève un sourcil lorsque Shanna réagit à mon affirmation, comme quoi elle pourrait sûrement trouver une créature magique ou un animal qui l'apprécie. Je ne suis pas un pro mais j’ai presque l’impression qu’elle n’est pas super à l’aise lorsqu’elle insiste sur le fait que cela est très peu probable. Peut-être que je me trompe après ; je ne suis pas doué pour lire entre les lignes. Mais quelque chose en moi me dit qu’il y a quelque chose.
J’hésite un peu à creuser dans cette direction, par peur de réellement mettre Shanna mal à l’aise ou de, au contraire, passer à côté d’un vrai problème en ne disant rien. Depuis le suicide de Larry je dois admettre que je suis un peu parano et que le moindre petit signe met tout mon système en alerte rouge.. Du coup j’ai peur de m’inquiéter pour rien. D’abuser. Mais je crains encore plus de ne pas assez m’inquiéter.

"Oh et tu aimerais adopter quel genre d'animal ? Moi j'aime les loups, mais c'est pas vraiment un animal de compagnie."

Je grimace un peu lorsque Shanna mentionne aimer les loups. Mais je ne dis rien. Je ne suis pas du genre à juger les goûts des autres et encore moins à penser à détenir la seule et unique vérité. J’ai peur des loups, je sais pourquoi, et ça ne fait pas d’eux de mauvais animaux pour autant. Alors je ne préfère pas trop en parler.

Je n’ai jamais vraiment choisi quel animal j’aurais si je pouvais. Comme je peux pas, j’y pense pas trop.

Inutile de nourrir un désir comme ça. On verra dans le futur, lorsque je pourrais me le permettre. Parce que, c’est sûr, je le pourrais à un moment ou un autre. Il s’agit simplement d’être patient et, coup de bol, je suis un gars plutôt patient.

"Oh mais c'est cool ça, tu penses travailler avec des créatures magiques ou autres animaux plus tard ? Si tu as ce genre de faculté ça peut être qu'un plus. Je trouve ça trop chouette que tu puisses établir une sorte de lien."

La discussion va et je laisse échapper que j’ai une certaine connexion avec les créatures. Je ne suis pas tout de suite sûr que j’aurais dû dire ça, par crainte de passer pour un fou, mais Shanna semble comprendre. Quand elle parle, je me demande pourquoi même je m’inquiétait ; c’est Shanna.
Pour ce qui est de la question du travail, j’ai déjà bien assez développé mon avis sur l’idée de penser aux projets de mon futur alors je ne remettrais pas une couche mais je me contente de répondre à mon amie que j’y penserais peut-être.

Comme je suis plutôt confiant cette fois, j'ajoute tout de même la raison pour laquelle je pense m’entendre mieux avec les plantes et les animaux qu’avec mes pairs.

"Tu as raison, ils ne peuvent pas trahir et ça ne leur servirait pas à grand chose."

Encore une fois, je crois remarquer que Shanna n’est pas vraiment en forme. Je me demande si c’est lié à ce que j’ai dis… Est-ce qu’elle aussi aurait vécu une mauvaise expérience avec un animal et aurait du mal à entendre que ceux-ci sont purement bons, du coup? J’hésite à demander mais elle reprend la parole avant que je fasse mon choix.

"C'est plus facile de s'entendre avec les animaux, je crois que c'est parce qu'ils sont juste eux-même. Ils ne trichent pas. "

Shanna me regarde dans les yeux et cette fois ma crainte se confirme. C’est dingue… Elle n'a vraiment pas l’air à l’aise. Je ne sais pas trop comment réagir. J’hésite à lui poser des questions à ce sujet mais alors que je m’apprête à le faire, il me semble que la voix du prof en arrière plan porte davantage. Comme si mon inconscient essayait de me faire savoir que ça n’était pas le moment. Je lâche l’affaire pour l’instant et glisse à mon amie que, peut-être, on devrait suivre le cours pour le moment.

Je dois admettre que, toute la durée du cours, tout cela me trotte dans la tête. Je ne le laisse pas transparaître alors que, de temps en temps, je parle un peu à Shanna. On partage des commentaires, tout ce qu’il y a de plus normal. J’essaie d’éviter le sujet des créatures et animaux, juste au cas où, espérant la remettre à son aise et je crois que ça fait l'affaire jusqu’à la fin du cours.

Le temps de ranger mes affaires et j’attends que Shanna termine pour sortir de la classe. Seulement voilà, même à ce moment-là j’y pense encore. Pourquoi semblait-elle si… Bizarre? Je n’y tiens plus. Mon cerveau s’amuse à inventer milles scénarios terribles et je suis certain que la majorité d’entre eux sont bien pires que la vraie histoire alors, ne serait-ce que pour arrêter de me torturer l’esprit, je décide d’interpeller mon amie par son nom.

Dis, Shanna?

je marque une petite pause, hésitant à lui demander de laisser tomber. Mais non, je prends une inspiration et je me lance.

Tu as le droit de ne pas répondre si tu n’en as pas envie ou quoi ---- et peut-être même que j’ai mal vu mais… Tu avais l’air pas bien tout à l’heure quand on parlait des animaux…

Je la regarde en cherchant une réaction de sa part, quelque chose qui me dirait “tais toi maintenant” ou alors “continue, tu es sur la bonne route”. Mais j’ai dû oublier que je ne suis pas doué pour interpréter les réactions parce que ça ne m’aide pas vraiment.

Ça m’inquiète un peu et --- peut-être que c’est bête? En tout cas, tu sais que tu peux tout me dire au cas où, n’est-ce pas?

Mes doigts viennent frôler machinalement ceux de Shanna. Comme si pendant un instant, mon langage corporel s’est voulu rassurant et chaleureux mais aurait oublié de me consulter avant. Je ne suis pas très fan de contact physique alors je ramène ma main à moi à nouveau. Non pas que de toucher Shanna me dérangerait mais je crois que je ne sais pas trop si ce que je fais est bon ou pas alors je préfère me raviser.
Codage par Libella sur Graphiorum

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Hello toi !
Mercredi 5 septembre 2001

Bien sur que je crois en lui Sal est vraiment quelqu'un d'intelligent. Plus que je ne le suis moi-même, je ne suis pas bête pour autant. Mais l'intelligence que possède Sal n'est pas la mienne, ça ne me rend pas mal à l'aise, on à tous des forces et des faiblesses. Je ne suis pas quiche non plus ! Ceci, il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'il est plus intelligent que moi. Bref, je sais qu'il peut s'en sortir, j'ai toute confiance en ses capacités.

En plus de ça, il est bien moins distrait que je ne le suis. Moi qui ai toujours la bougeotte et envie de parler pour tout et rien chaque minutes. C'est très certainement exaspérant pour nombre de mes camarades de classe.

"Je commence à comprendre comment tu fonctionne, en effet." Je pouffe de rire, je ne sens aucune moquerie dans le ton. Il me taquine, si je ne peux pas voir son visage, l'intonation fait le job. Et puis, la réciproque est vrai du coup. Je le connais bien aussi maintenant, je peux savoir quand il plaisante.

"Par contre je n’ai rien d’adorable. C’est normal que je te propose mon aide." Je souris, ça c'est Sal tout craché. Je ne sais pas pourquoi, mais il ne se voit vraiment pas tel qu'il est. Je ne vais pas me battre avec lui à ce sujet, mais peut-être qu'à force de lui répéter il va y croire ? C'est vraiment un gars en or et non tout le monde ne filerait pas volontiers son aide à ses amis. Surtout pour les devoirs quand on doit aider quelqu'un comme moi. Il faut avoir de la patience et une bonne dose de self control !

"Normal, je sais pas. Tu sais que tu es sans doute un des seuls à t'infliger ça ? Ce n'est pas comme-ci je pouvais travailler avec Vicky, quand on est ensemble on ne bosse pas. Et je suis un peu trop épuisante pour la plupart des gens." J'hausse les épaules, c'est une réalité et je n'en suis ni blessée, ni vexée. On ne se refait pas après tout !  Je comprends parfaitement que travailler avec moi n'est pas simple, je suis souvent trop. Trop tout.

Je me redresse sur ma chaise quand je le vois me proposer quelque chose. Je suis curieuse parce que c'est vrai que c'est plutôt moi qui ai tendance à l'entrainer dans mon sillage. Parfois, je me dis que peut-être il aimerait que je lui lâche la grappe. Mais je pense vraiment qu'il me le dirait si j'étais trop insupportable pour lui. En plus de ça, je sais être calme aussi. Même-ci c'est pas souvent, je le reconnais. A mille lieu de repenser aux taquineries de ma meilleure amie, je l'écoute attentivement.

"C’est cool de se voir en cours et tout mais on serait mieux ailleurs, non? Et puis on a du temps à rattraper." Je me tourne vers Sal avec un grand sourire. "Bien sûr ! Ça me ferais vraiment plaisir ! On pourra parler plus confortablement en plus ! Tu avais déjà une idée ? Je sais que tu n'aime pas trop les endroits trop agité, et ça ne m'ennuie pas d'aller dans un endroit calme." Je suis assez excitée par la proposition de mon ami. C'est vrai qu'on ne se voit qu'entre deux portes depuis la rentrée. J'entends d'ici Vicky parler de rendez-vous, mais ça n'a vraiment rien à voir. J'apprécie juste énormément Sal, c'est sans doute un de mes meilleurs amis. "Tu es dispo ce weekend ?" Je demande un peu impatiente comme toujours. Je sens le regard du professeur sur moi, je me ratatine sur ma chaise. Oups.

Mercredi 14 novembre 2001

Je me sens mal à l'aise, je suis très, trop franche parfois. Et l'impression de mentir, même par omission je déteste ça. Je ne suis pas du genre à cacher mes intentions ou ce genre de choses. Je veux dire quel intérêt ? Mais ce que je suis vraiment est assez, non pas que je m'en soucis, mais j'ai appris à mes dépens à ne pas le crier sous tout les toits quoi. Je frissonne légèrement, quelques souvenirs de ma première année à Poudlard remontant désagréablement à la surface.

"Et pourquoi tu ne peux pas ? T'es pas obligé de répondre si c'est trop perso !" Je rajoute un peu précipitamment en réalisant mon ton un peu péremptoire. On a tous des choses qu'on ne veut pas aborder. En plus, c'est peut-être juste lié à sa famille ou une quelconque allergie. Aussi bien je mets les pieds dans le plats comme une idiote. Notre conversation finie par s'arrêter pour suivre un peu le cours. Je crois que malgré moi j'ai transmis mon malaise sur le sujet de discussion. Je suis quelqu'un de tellement honnête que mentir ne m'est pas familier. Enfin pas sur des choses importantes, quand je fais des blagues c'est une autre histoire. Mais je ne suis pas une menteuse sur les choses importantes.

Le cours se déroulent normalement, je me fais reprendre quelques fois par le prof. Pour changer. Et Sal et moi on continue d'échanger quelques remarques ou commentaires sur le cours cette fois-ci. J'en ai presque oublié ma sensation de malaise de plus tôt. Quand la cloche sonne, je remballe mes affaires. Un peu distraite tout de même, habituellement je suis la première dehors. Mais mon esprit est ailleurs, comment on est censé dire à ses amis qu'on est pas tout à fait humain ? Je veux dire, souvent j'ai même pas eut à le dire. Mais Sal n'a jamais assisté à une de mes crises, il sait ou pas d'ailleurs puisque ma magie instable c'est surtout aggravée ces derniers mois. Et il n'était pas là. Ce genre de difficultés me donne mal à la tête. Alors que je sors perdue dans mes pensées, la voix de Sal m’interromps.

"Dis, Shanna? [...] Tu avais l’air pas bien tout à l’heure quand on parlait des animaux…" Ah... il a bien remarqué donc. Je ne sais même pas quelle tête j'affiche actuellement, surement du malaise et de la surprise. Sal n'a pas vraiment l'habitude d'être aussi frontal. Mais et bien je ne peux pas lui en vouloir, c'est surtout moi que le sujet mets mal à l'aise. En soi, il n'y a rien de mal avec son interrogation. Je veux dire j'aurais sans doute insisté aussi pour savoir à sa place, parce que j'étais sans doute très bizarre.

"Ça m’inquiète un peu et --- peut-être que c’est bête? En tout cas, tu sais que tu peux tout me dire au cas où, n’est-ce pas?" Et après il dit qu'il n'est pas adorable ? Il se fait du soucis pour moi et quelque part ça me fait sentir un peu coupable de l'avoir inquiété pour pas grand chose. Je veux dire ce n'est pas comme-ci c'était dramatique. Pour autant, je jette un œil autour de nous rapidement, nerveuse tout de même. Je ne veux pas lui cacher parce que vraiment c'est mon ami mais en parler au milieu du couloir. Je ne suis pas discrète d'habitude mais avouer de but en blanc que je suis demi-louve.

"Je... J'étais bien mal à l'aise, tu as raison. J'aurais dû me douter que je serais pas capable de cacher quoi que se soit. J'ai zéro Poker Face, hein ?" Je rigole un peu, même-ci ce n'est pas aussi sincère que d'habitude. J'attrape son bras en lançant derrière mon épaule. "Suis moi !" Je l'entraine à l'écart dans une autre salle de classe. De toute façon je n'ai pas cours après et c'est la récrée donc. Je relâche le bras de Sal en entrant dans la salle.

"Désolé, je ne me voyais pas parler de ça au milieu du couloir. Ce n'est pas grave, c'est juste que... Je crois que c'est la première fois que je l'annonce comme ça, je veux dire sans qu'il y ai une raison évidente." Parce que je crois que tout ceux à qui je l'ai dis et bien il y avait eut soit une explosion de magie et encore je n'ai pas dit la vérité à tout le monde. Ou dans un contexte très précis, par exemple Vicky. "Pour être complètement honnête avec toi, avant la première année ici. Je l'aurais sans doute dis sans y penser. Sauf que, la guerre." Je frotte une main sur mon visage nerveusement, et je commence à faire des allers retours dans la pièce. Pourquoi c'est si dur à dire ? Je n'avais jamais réalisé que les fois précédentes, les choses avaient juste tellement dérapé que je l'avais juste balancé face à l'évidence. C'est vraiment différent cette fois. Est ce que c'est ce que ressent constamment Sirius ?

"Ma mère est un loup-garou et elle m'a transmis une partie de ses gènes. Je ne sais pas si tu as déjà remarqué mais parfois je disparais d'un cours ou même quand je traine avec les autres. En ce moment ma magie est particulièrement instable. L'adolescence tout ça, c'est le pire moment pour les demi-loups comme moi. C'est pour ça que j'étais mal à l'aise, j'avais l'impression de mentir et je n'aime pas ça. Ce n'est pas moi. Et ce n'est pas comme-ci je pouvais juste le dire en plein cours comme ça. C'est pour ça que je disais que malgré mes efforts les autres créatures magiques ne m'apprécient pas beaucoup. Elles ont peur de moi, parce qu'elle ressente ce que je suis. Si... si tu as des questions... Tu peux me demander." J'ai parler d'une traite, à toute vitesse sans cesser de m'agiter. Je suis essoufflée, j'ai l'impression d'avoir couru un marathon. Et encore, je suis sûre que ça me fatiguerait bien moins !

Je lève enfin mon regard vers Sal, après ce long monologue. Je pense que mon malaise est assez évident. Je n'avais pas conscience d'avoir eut de la chance jusqu'à maintenant. Entre ceux qui connaissaient déjà le dossier, et ceux qui l'ont juste découvert parce ma magie à péter un câble et surtout que mes yeux changeaient de couleur. Il n'y a pas beaucoup de raison pour que les yeux changent de couleur dans le monde magique, surtout pas avec cette couleur ambrée très caractéristique des demi-loups.

Bref, je suis plus inquiète que je ne l'aurais imaginé. Entre créature ce n'est pas un problème, mais avec des sorciers... Je ne pense pas que Sal m'en voudra de ne pas en avoir parlé. Mais ça doit faire une sorte de choc non ? D'apprendre ça après un certain temps. Je ne pense même pas qu'il le verra d'un mauvais œil, je veux dire il a une affinité avec les créatures et les animaux. C'est peut-être une des raison qui font que je suis si à l'aise en sa présence et qu'il est l'un des seuls à m'apaiser. Je repense à ce qu'il a dit plus tôt sur son lien avec les créatures et ça ferait un certain sens du coup.

"Est ce que... est ce que tu m'en veux de ne pas t'en avoir parlé ? Ce n'est pas que je n'avais pas confiance en toi, oui quoi que ce soit. C'est juste que j'ai appris malgré moi à ne pas vraiment en parler." Il semble réfléchir et il doit être carrément choqué, il devait s'attendre à un tas de trucs mais sans doute pas à quelque chose comme ça.

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Hello toi !
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| Mercredi 5 septembre 2001 |

"Normal, je sais pas. Tu sais que tu es sans doute un des seuls à t'infliger ça ? Ce n'est pas comme-ci je pouvais travailler avec Vicky, quand on est ensemble on ne bosse pas. Et je suis un peu trop épuisante pour la plupart des gens."

Shanna insiste sur le fait que ce soit au moins gentil que je lui propose mon aide pour les révisions et les cours, par rapport aux examens en fin d’année. Bon, elle ne répète pas que c’est “adorable” et on est d’accord sur le fait que mon geste est motivé par la gentillesse alors je ne vais pas nier. Je roule des yeux et décide de lui laisser cette victoire : Shanna vise juste et j’ai comme l’impression que je n’obtiendrais pas moins élogieux de sa part.

En tout cas, c’est normal à mes yeux.

Shanna pourra répéter autant qu’elle veut que c’est trop gentil ou adorable, elle ne peut pas nier mon opinion comme je ne pourrais pas nier la sienne. Alors soit, elle trouvera le geste adorable et moi tout à fait naturel. Et comme ça nous sommes tous les deux très contents. Que demander de mieux?

Au lieu d’insister avec ça, je propose à Shanna, simplement, qu’on sorte, un de ces quatre. Je rajoute que ça pourrait être cool au lieu de papoter en classe constamment et de se prendre des regards noirs des gens qui veulent écouter. C’est le comble puisque, moi aussi, je veux écouter. Mais je veux tout autant écouter Shanna. Ou non : je préfère écouter Shanna, dans les faits. J’ai juste conscience que de bavarder avec Shanna ne va pas m’aider à décrocher de bonnes notes concernant les BUSES.

Même si je n’écoutais pas réellement la voix dans ma tête qui craignait que mon invitation soit prise de la mauvaise manière ou qu’elle soit ridicule, le sourire de Shanna fait tomber un poids considérable de mes épaules. Anxiété, quand tu nous tiens….

"Bien sûr ! Ça me ferais vraiment plaisir ! On pourra parler plus confortablement en plus ! Tu avais déjà une idée ? Je sais que tu n'aime pas trop les endroits trop agité, et ça ne m'ennuie pas d'aller dans un endroit calme."

Comme de coutume, Shanna s’agite et se montre déjà enthousiaste à l’idée de planifier cette sortie.

J’avoue que je n’ai pas réfléchi à un plan précis, encore.

Mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas y réfléchir. Je commence d’ailleurs à essayer de voir ce qu’il y a à faire à Pré-au-Lard, de mémoire, quand Shanna pense, elle, a une date. J’admet que c’est quand même important de se mettre d’accord sur le weekend concerné.

"Tu es dispo ce weekend ?"

Je mets “pause” sur les autres pensées un instant pour essayer de me concentrer sur ce weekend. Mh…

Je ne peux pas garantir d’être libre Samedi. Alors je dirais soit Dimanche, soit le weekend de la semaine prochaine.

En général, je bosse beaucoup le samedi. Les devoirs, les rattrapages… Enfin, tout ça quoi. Si je m’y prend à l’avance, je peux en faire un peu tous les soirs pour libérer mon samedi mais, cette semaine, nous sommes déjà mercredi. Ça risque d’être difficile pour moi de m’arranger pour sortir le samedi sans passer tout le temps dehors à paniquer à l’idée de ne pas réussir à tout gérer le soir en rentrant sans me bouffer tout mon dimanche avec. J’ai besoin d’un jour sans bosser. Au début je pensais que j’étais juste une feignasse mais mon père a confirmé que c’était important et mon psychomage aussi, alors c’est que ça doit être important.

J’attends un instant avant de répondre lorsque je remarque le regard du professeur sur Shanna et moi. Enfin, plus sur Shanna que sur moi, elle n’est pas très discrète. Mais j’ai l’habitude, depuis. Et puis, que les yeux du prof soient posés sur moi ou sur mon amie, il le remarquera si je discute à ce moment-là.

On pourrait passer se prendre des bonbons à Honeydukes et traîner un peu… Se balader, ou un truc du genre? Voire improviser là-bas si quelque chose nous tente. Ça te dis?

S’il y a bien une chose que l’on peut faire sans que j’aie besoin de tout planifier d’avance à la seconde près, c’est ce genre de sorties… Non?


| Mercredi 14 Novembre 2001 |

"Et pourquoi tu ne peux pas ? T'es pas obligé de répondre si c'est trop perso !"

C’est vrai, “pourquoi”? Je ne crois pas l’avoir précisé. J’ai dis quelque chose du genre “les cours, tout ça…” mais ça n’est pas ça. Pas que ça. Pas précisément ça. Du coup, je réponds sur un ton posé et calme. Nul besoin d’en faire tout un plat.

Je suis trop occupé avec les cours… Et j’ai assez à faire en m’occupant de moi-même et de mon père, en vrai. J’aurai un animal à moi quand je serai adulte.

Je dis ça comme ça, mais je ne le pense pas vraiment. Enfin si. C’est plutôt que je n’y pense pas vraiment. Vous connaissez la chanson depuis… Ne pas trop penser à mon futur. Dans l’idéal, je serais un adulte guéri, mon père aura terminé aussi de se reprendre, et j’aurais un animal. C’est déjà pas mal, non ? C’est si peu mais ce serait déjà énorme si ça pouvait juste se réaliser…

Je n’y pense pas, ai-je dit. Pas vraiment.

En tout cas, le sujet ne s’étend pas. Les choses deviennent un peu bizarres et, Shanna et moi, on se concentre sur les cours. J’y pense beaucoup, à ce qu’il vient de se passer (si réellement quelque chose s'est passé..?) mais je trouve plus sage de garder ça pour après les cours.

Le moment arrive assez rapidement. Enfin, pendant les cours, j’ai l’impression que ça n’en finit pas… Et puis, finalement, ça arrive trop rapidement. D’un côté j’étais aussi impatient de poser la question clairement à Shanna que j’appréhendais de le faire.

Shanna regarde autour d’elle, l’air inquiète, après que je lui aie avoué m'inquiéter un peu parce qu’elle n’a pas l’air dans son assiette depuis que l’on a commencé à parler des animaux. Pendant un instant, je me dis qu’il est possible qu’elle refuse de m’expliquer. Et, si c’est le cas, je ne pourrais ni la forcer, ni lui en vouloir ! On a tous notre petit jardin secret, je le sais bien.

"Je... J'étais bien mal à l'aise, tu as raison. J'aurais dû me douter que je serais pas capable de cacher quoi que se soit. J'ai zéro Poker Face, hein ?"

Shanna rit un peu malgré la situation. Même si je remarque que son rire n’est pas exactement authentique, je ne relève pas. Si je ne suis pas à même de rire avec elle (même pour de faux), ça ne veut pas dire que je suis obligé de casser sa tentative d'alléger un peu l'atmosphère.

"Suis moi !"

Je n’ai pas le temps de réagir : Shanna attrape mon bras et m’entraîne avec elle jusque dans une salle de classe vide. Elle me relâche lorsqu’on entre et, alors, c’est moi qui commence à me tenir le bras. Le contact physique à été inattendu et prolongé alors, même si c’est Shanna qui m’a tenu pour une bonne raison et que, donc, ça ne m’embête pas… J’ai toujours l’impression qu’on serre mon bras. Je ne m’inquiète pas pour autant ; je ne vais pas tarder à être concentré sur ce qu’elle va me raconter, j’en suis sûr.

"Désolé, je ne me voyais pas parler de ça au milieu du couloir. Ce n'est pas grave, c'est juste que... Je crois que c'est la première fois que je l'annonce comme ça, je veux dire sans qu'il y ai une raison évidente."

Je fronce un peu les sourcils. D’un coup, ça m’inquiète un peu. Enfin… J’étais inquiet avant, déjà. Mais là je le suis encore plus. Shanna a dit que c’était pas grave mais… Je crois que le fait que je n’arrive pas à me faire une idée de ce que ça pourrait être rend le truc plus stressant encore. Les trucs que j’ai en tête sont soit trop graves, soit pas assez pour que Shanna agisse comme elle le fait.

Je t’écoute.

J’imagine que, outre les sourcils froncés, il est difficile de deviner ce qui me passe par la tête. Je ne suis pas du genre à m’agiter sur place, à changer drastiquement de ton, ou quoi que ce soit… D’un côté, je préfère qu’il en soit ainsi. Tout est déjà assez stressant comme ça sans que j’en rajoute.

"Pour être complètement honnête avec toi, avant la première année ici. Je l'aurais sans doute dis sans y penser. Sauf que, la guerre."

La guerre..?
Encore une fois, mes pensées s’emportent. Mais, à nouveau, tout ce à quoi je pense est bien trop important et gros pour que ce soit ça. Shanna a bien dit que ça n’est rien de grave… Et pourtant, merlin, ce qu’elle a l’air nerveuse…

"Ma mère est un loup-garou et elle m'a transmis une partie de ses gènes. Je ne sais pas si tu as déjà remarqué mais parfois je disparais d'un cours ou même quand je traine avec les autres. En ce moment ma magie est particulièrement instable. L'adolescence tout ça, c'est le pire moment pour les demi-loups comme moi. C'est pour ça que j'étais mal à l'aise, j'avais l'impression de mentir et je n'aime pas ça. Ce n'est pas moi. Et ce n'est pas comme-ci je pouvais juste le dire en plein cours comme ça. C'est pour ça que je disais que malgré mes efforts les autres créatures magiques ne m'apprécient pas beaucoup. Elles ont peur de moi, parce qu'elle ressente ce que je suis. Si... si tu as des questions... Tu peux me demander."

Oh.
Si j’entends tout ce que Shanna me raconte, j’admet que je n’écoute pas vraiment tout. Mon cerveau a arrêté de suivre consciencieusement au mot “loup-garou”. La mère de Shanna est un loup-garou… Donc Shanna a du sang de loup-garou.

Non. Non… J’ai beau essayer, je n’arrive pas à associer les deux. Je n’arrive pas à prendre Shanna, la douce, gentille, heureuse Shanna. Mon amie Shanna. Shanna Green. Je n’arrive pas à la prendre elle, ou son image, à la mettre à côté de l’image des loup-garou, mon pire cauchemar, et de me dire “ils partagent le même sang”. Je n’arrive pas. Je ne veux pas y arriver.

Je crois avoir un mouvement de recul. Je sens mon cœur s’emballer et je crois que je transpire soudainement. J’ai sûrement pali derrière ma prothèse. Qui dit “loup-garou”, dit souvenirs de ce jour-là. De mon onzième anniversaire. Le matin tout allait bien. A midi c'était le paradis. L'après-midi a été chaotique et puis je suis resté partiellement conscient jusqu'au soir.

Je me revois, enthousiaste, aller “caresser le grand chien” et, lui, me sauter au visage. Puis je ne vois puis rien. Et puis je me réveille le lendemain après-midi, et on m’explique tout. Pour ma mère. Pour mon visage. Comme quoi j’aurais perdu les deux. Puis il y a mon père. Il n’arrête pas de s’excuser en boucle. De se répéter. Comme un disque rayé.  “Désolé”. “Désolé”, “Pardon”, “J'aurais dû être là”. J’ai cette envie de hurler. De lui ordonner de se taire, parce que ses excuses sont inutiles, mais je n’en fais rien. D'abord parce que je n’y arrive pas, mais aussi parce qu’il appelle un prénom, également.

“Diane”.

Ça, c’est
(c’était)
ma mère.

Je ne peux pas en vouloir à mon père. Parce que, moi aussi, j’appelle “maman”, dès que j'ai la force de parler. Chaque fois qu’on me parle, je réponds par elle : “maman”. Comme si on allait me la ramener et que, alors, tout irait mieux. Et puis je me revois, plusieurs autres jours, dans mon lit d'hôpital, à pleurer toutes les larmes de mon corps jusqu’à ne plus y arriver. Et quand je n’y arrive plus… Je ne réagis plus à rien. J’ai mal partout. Physiquement et psychologiquement. Et puis je dors. Je dors toute la journée parce que je suis épuisé et que c’est mieux que d’être réveillé. Parfois, on vient me parler… Mais je refuse d'écouter. Je ne veux pas qu'on me parle de ma mère ou de ce qui est arrivé. Je suis aussi en colère, parce qu’on ne me dit pas ce que je suis censé faire, maintenant. Comment on vit sans sa maman.


Hello toi !  B6dN9H6


Tout passe vite, ensuite. Comme un flash devant mes yeux. Les jours passés à l'hôpital. La prothèse, lourde et laide, que j’aurais à porter toute ma vie. Mon père dans ses pires états et moi qui essaie de m’occuper de nous deux. Lisa qui passe m’aider, qui me sourit, qui me réconforte parfois. Larry. Poudlard. Mes cheveux bleus, mes piercings. “Sally Face”. La mort de Larry. Les séances chez le psychomage…

Et puis soudainement, je reviens au présent. A Shanna. Au sang de loup-garou qui coule dans ses veines. A mon cœur qui bat. A l’angoisse qui me saisit.

Shanna me regarde. Elle n’a pas l’air à l’aise… Et pour cause. J’imagine que j’ai dû décrocher une seconde tout au plus mais, pour moi, tout à duré une éternité. Comme si j’avais tout revécu d’un trait.

J’ai envie de fuir.

"Est ce que... est ce que tu m'en veux de ne pas t'en avoir parlé ? Ce n'est pas que je n'avais pas confiance en toi, oui quoi que ce soit. C'est juste que j'ai appris malgré moi à ne pas vraiment en parler."

J’imagine que répondre par le silence ne doit pas aider. Surtout que là, prothèse au visage ou pas, il est évident que je ne suis pas bien. Je me suis tendu, mon souffle s’est fait plus irrégulier, j’ai les yeux grands ouverts… Et Shanna, dans toute sa gentillesse, elle a peur que je lui en veuille alors que c’est elle qui vient de m’avouer quelque chose de lourd à partager, je l’ai compris, pour elle.

Une partie de moi lui en veut indéniablement, c’est vrai. Celle qui est terrifiée et qui est convaincue que Shanna et moi on ne pourra plus jamais être amis maintenant que je sais pas. Si seulement elle n’avait pas parlé de loup-garou…, elle se dit. C’est de sa faute si tout est gâché. J’ai une fâcheuse tendance à écouter cette voix quand elle se manifeste, en temps normal.

Mais cette fois, je n’en fais rien.

Hors de question de fuir. Shanna s’est confiée à moi et je ne vais pas le lui faire regretter. Je ne vais pas briser notre amitié. Je ne peux pas tout gâcher comme ça. Shanna a du sang de loup-garou… Et alors? Elle n’en est pas un… Et, quand bien même, c’est Shanna, avant tout. Ça n’est pas parce qu’elle m’a avoué ça que, soudainement, tout doit changer. Elle restera fidèle à elle-même, c’est sûr.

Shanna...

Je mentirais si je prétendais que je crois à tout ce que je viens de dire. Pour l’instant, je n’arrive qu’à me dire que rien n’ira jamais plus entre nous deux, que je n’arriverais qu’à voir Shanna comme un loup-garou pour le restant de mes jours. Mais je sais, aussi, que c’est faux. Que, si j’y mets du mien, je peux surpasser ça. Et s’il y a bien un moment dans ma vie où j’ai envie de me battre pour que les choses se passent au mieux? C’est maintenant.

Pour Shanna.

Excuse moi, il me fallait un moment. Je...

Je souffle un coup et inspire longuement. Je ferme même les yeux un instant pour me recentrer. Pour me rappeler que je ne suis plus le Sal Denvers de onze ans. Pour faire un peu le vide, là-haut. Ça ne fonctionne pas entièrement, je suis toujours tendu, mais je crois que je vais pouvoir rationaliser un minimum et.. Parler. Posément. Un minimum.

Je crois qu’il faut que je te raconte quelque chose, moi aussi.

Je ne suis pas sûr que j’en ai envie… Mais je pense que je n’aurais jamais envie de raconter cette histoire. Ni maintenant, ni dans quelques mois, ni dans quelques années… Ni dans une éternité. Et là? Il le faut. Pour qu’elle comprenne. Et puis, Shanna vient d’ouvrir son cœur… Je peux en faire autant.

Je ne sais pas si je t’ai déjà parlé de ma mère, mais tu dois savoir qu’elle est morte.

Je crois que c’est quelque chose que je n’ai jamais a dire clairement et que, pourtant, tout le monde comprend. Parce que je ne parle que de mon père, parce que ça se ressent quand un sujet soulève la question, ou qu’en sais-je encore. Ou alors on se dit simplement que ma mère est absente ou que c’est une connasse et que, du coup, j’en parle pas. Ou peut-être qu’on pense que mes parents sont divorcés et que je vois rarement ma mère.

Qu’importe. Là, en tout cas, c’est clair.

C’était le jour de mon anniversaire, j’avais onze ans. J’adorais les animaux.. Enfin, comme aujourd’hui, tu vois. J’ai voulu jouer avec un gros chien… Mais il m’a attaqué. Ma mère s’est interposée pour me protéger… Puis, le lendemain, on m’a annoncé qu’elle était morte.

Je fixe le sol quand je raconte tout ça. Je me suis appuyé contre le bureau, à moitié assis dessus. Bien que j’aie parlé calmement et doucement, j’ai essayé de tout dire sans marquer de pause. Si je m’étais arrêté, j’aurais eu du mal à reprendre.

J’hésite un peu quant au prochain geste que tout ça me mène à faire. Mais, doucement, j’amène ma main à ma prothèse. J’attrape cette dernière par le menton et la relève doucement. Ma main tremble un peu parce qu’il est toujours flippant de montrer mon visage aux autres. Je me dis que si j’ai réussi à ne pas fuir devant l’idée que Shanna soit une demi-louve, peut-être qu’elle arrivera à ne pas fuir devant le visage en-dessous de ma prothèse.


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Grossièrement, si je devais décrire mon vrai visage, je dirais… Ravagé. J’ai cette large cicatrice qui traverse en diagonale le côté droit de ma bouche, qui fend mes lèvres et expose ses dents et ma gencive. J’ai une autre longue cicatrice à la joue gauche, ainsi que plusieurs autres cicatrices plus petites éparpillées sur le reste de mon visage. Une bosse trône sur le côté droit de ma mâchoire inférieure et le cartilage de mon nez est complètement absent. Je n’ai pas enlevé mon œil de verre, lequel est d’un bleu plus clair que mon véritable œil. Il y a aussi les piercings, pour la déco. Un jour, Larry m’a sorti qu’on aurait dit un bout de viande fraîche percée. C’était marrant quand il l’a dit, ça l’est moins quand j’y repense alors que je m’expose à ma seule vraie amie ici.

Je ne laisse pas longtemps le loisir à Shanna d’admirer le spectacle avant de rabattre ma prothèse bien sagement, à sa place, devant le visage plus laid et détruit qu’elle est censée cacher. Ou protéger. Ou les deux, je ne sais plus. En tout cas, ma prothèse a beau être pas très belle et très cheap, elle reste plus agréable à voir que mon vrai visage. Pour cause…

La bestiole. C’est elle qui a fait ça. C’est à cause d’elle que j’ai plus de mère ou de visage.

Je soupire. Je ne suis toujours pas exactement à l’aise, mais je suis déjà mieux d’avoir remis ma prothèse en place. Peut-être qu’il me fallait ça, me mettre très mal à l’aise un bon coup pour me remettre .

Si je te raconte ça, Shanna, c’est parce que… La bestiole… Le gros chien… Je ne suis pas sûr que c’était un chien. J’ai cru ça un moment et puis, pendant mon hospitalisation, j’ai eu le temps d’y réfléchir, crois moi. Et puis… J’ai commencé à me dire que ça pouvait tout aussi bien être un loup. Ou … Un loup-garou.

Je marque une pause, levant les yeux vers Shanna pour voir sa réaction. Elle doit avoir compris où tout cela mène mais je vais tout de même au bout de ma pensée.

Depuis, les chiens, les loups et tout ce qui y ressemble, ça me terrifie, Shanna.

Je me mord les lèvres en-dessous de ma prothèse. Je me sens presque débile de l’admettre. “J’ai peur des chiens”. Je ne sais pourquoi mais ça sonne ridicule.

Il va me falloir un moment pour… Intégrer que ta mère soit un loup. J’en suis désolé mais…

Encore une fois, je m’arrête pour souffler et inspirer. J’ai recommencé à sentir mon cœur s’emballer, alors je me reprends.

... Tu es mon amie, Shanna… Ma meilleure amie, même. Rien ne changera ça et encore moins le fait que tu sois une demi-louve.

Le fait de le dire à haute voix m’aide un peu plus à croire. Je ne suis pas encore rassuré ni vraiment prêt à passer à autre chose… Mais, maintenant que j’en ai clairement parlé, ça me semble moins impossible. Les choses vont bien se passer. Il faudra juste être un peu patient.

Viens là.

Je me redresse, décollant mes fesses du bureau pour tendre la main à Shanna.

J’offre pas des câlins à n’importe qui n’importe quand, alors profite.

Mon ton est plus posé et, même si ça ne se voit pas, j’offre un sourire à mon amie. Un vrai, qui plus est. De toute manière, je ne crois pas être capable de sourire pour de faux.
Codage par Libella sur Graphiorum

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Flash-back entre deux amis. Entretenir une amitié est plus important qu'on le pense. Et Shanna y tient beaucoup, elle apprécie Sal Denvers qui est l'un de ses plus proches amis depuis peu.




Hello toi !
05.09.2001

Je souris à Sal, on est deux têtes de mule. Ça pourrait paraître surprenant pour pas mal de gens. Mais ce garçon est têtu, le problème c'est qu'on est tout les deux très obstiné quand on veut. On fait donc mine de tomber d'accord sur la réponse de Sal qui nous satisfait tout les deux. En tout cas à peu près. Je comprends pas qu'il n'arrive pas à voir ce que je vois en lui, mais je préfère ne pas insister. Déjà parce que se serait ridicule, et se disputer pour une divergence d'opinion aussi petite se serait stupide de ma part. D'autant que ça n'a aucun intérêt !

"Je ne peux pas garantir d’être libre Samedi. Alors je dirais soit Dimanche, soit le weekend de la semaine prochaine." Je penche la tête sur le côté en réfléchissant, peut-être que c'est trop précipité ? A vrai dire que ce soit ce week-end ou celui d'après je m'en fiche. Le tour c'est que je passe du temps avec mon ami. Les modalités ne sont pas vraiment importantes pour moi. "La semaine prochaine alors ? Ça nous laisse plus de temps pour réfléchir si on pense à quelque chose qu'on aurait envie de faire !" Je lui fait un grand sourire, vraiment très excitée par tout ça. C'est vrai qu'on a jamais trop eut l'occasion de sortir juste tout les deux. Je sais que Vicky va en faire tout un plat mais honnêtement je m'en fout. Tout le monde sait que ce genre de choses ne m'intéressent pas.

"On pourrait passer se prendre des bonbons à Honeydukes et traîner un peu… Se balader, ou un truc du genre? Voire improviser là-bas si quelque chose nous tente. Ça te dis?" J'hoche la tête, complètement d'accord avec l'idée. De toute façon, on pourrait faire n'importe quoi tant qu'on le fait ensemble. Je suis pas trop chiante.

"Bonne idée ! J'aime avoir ma petite réserve ! Ça va être trop cool ! " Je m'exclame un peu trop fort. Le regard du professeur me fait me ratatiner sur place, je fais un sourire innocent.

"Mademoiselle Green, plus un mot jusqu'à la fin du cours à moins que je ne vous interroge." L'éclat menaçant dans le regard du prof me convint de simplement hocher la tête. Le reste du cours passe dans un silence relatif, chacun s'entrainant à maitriser la magie sans sa baguette magique sous les indications du professeur. Dommage, j'aurais bien discuter encore avec Sal. Mais là, je vais juste me ramasser une heure de colle si j'insiste. Mais bon c'est pas si grave on a prévu une sortie après tout ! Rien ne pourra entamer ma bonne humeur.






14.11.2001

Ma curiosité insatiable me perdra un jour. Ou pas. C'est une qualité indispensable.

"Je suis trop occupé avec les cours… Et j’ai assez à faire en m’occupant de moi-même et de mon père, en vrai. J’aurai un animal à moi quand je serai adulte." J'écoute attentivement, c'est bien plus raisonnable que je pensais comme raison. Je n'aurais pas réfléchi si loin, je me connais. Je ne suis pas stupide, mais réfléchir au delà de l'instant présent n'est pas un exercice facile avec mon impulsivité.  "Oh je vois. C'est très adulte de ta part. Je n'y aurais même pas pensé." J'avoue sans aucune honte, parce que c'est juste la vérité.

Je suis nerveuse, et je le suis tellement que je ne me rends pas compte que je suis en train de transmettre ma nervosité. Je tourne un peu comme un lion en cage, j'ai du mal à ne pas bouger dans tout les sens. Je finis par tout balancer d'une traite prenant à peine le temps de respirer. Et je ressens un pincement au cœur quand je vois Sal avoir un mouvement de recul involontaire. Il a vraiment l'air secoué. Je ne sais pas pourquoi, mais vu son lien avec les créatures magiques je doute que se soit aussi simple que je déteste les loup-garou. Je lui fait suffisamment confiance pour savoir qu'il n'est pas ce genre de personne. Mais ça doit faire un choc, peut-être ? J'en sais rien. Je serais sans doute choquée si Vicky m'annonçait être un vampire. Même-ci on est d'accord que je l'aurais senti avant qu'elle le dise. Mais c'est pas le sujet.

Je reste à bonne distance de Sal, j'ai envie de me rassurer et de le prendre dans mes bras. Genre une étreinte d'ours là. Mais je me retiens, parce que ça pourrait lui faire peur. Je peux sentir la peur qui émane de lui. Les émotions ont un impact sur notre odeur et nous ne sommes que deux ici. C'est d'autant plus facile pour moi de comprendre ce qu'il ressens même si il ne parle pas. J'essaie de parler d'une voix calme, de m'assurer qu'il ne m'en veut pas. Surtout quand je reçois par vague des informations pas très positives de mon ami. Son cœur s'est accéléré, sa respiration aussi. Il transpire de manière tout sauf naturelle. Et moi je suis là, j'attends la sentence. Je ne peux pas dire que je ne suis pas inquiète, se serait un énorme mensonge. Je me ronge les sangs actuellement, mais je ne fais pas un geste vers Sal.

Je ne sais pas pourquoi, appelez ça l'instinct ou je sais pas. Mais je sens que si j'approche maintenant il va s'enfuir. Je suis inquiète pour moi, mais surtout pour lui. Il a l'air d'avoir vu un fantôme. Je ne sais pas si c'est réellement ce que je viens de dire qui en est la cause ou autre chose. Ça malgré mes sens plus affutés je ne peux pas le savoir. Je suis tendue, plus que je ne le pensais.

"Excuse moi, il me fallait un moment. Je... Je crois qu’il faut que je te raconte quelque chose, moi aussi." J'hoche la tête compréhensive, la nouvelle est en même temps assez grande. Enfin je suppose. Je penche la tête sur le côté comme le ferait un animal, particulièrement un canidé. Je comprends que mon intuition était sans doute exacte, quelque chose se cache derrière sa réaction aussi vive.

"Je ne sais pas si je t’ai déjà parlé de ma mère, mais tu dois savoir qu’elle est morte." Il l'a déjà évoqué sans jamais s’appesantir dessus, j'ai pensé qu'elle pouvait être morte ou qu'elle ne faisait plus partie de sa vie. "Pas vraiment, même-ci je me doutais que le sujet semblait sensible." Et je comprends parfaitement pourquoi, parler d'un membre de famille décédé, et pire encore de quelqu'un de si proche ça devait faire si mal. Je ne peux que l'imaginer moi qui ait la chance d'avoir une famille en bonne santé.

Mes yeux s'écarquillent à mesure que Sal explique ce qui est arrivée. Je suis horrifiée bien sûr. Quel horrible souvenir ce doit être. Je me dis qu'il reste vraiment fort pour quelqu'un qui a vécu autant de mauvaises choses au vu de son âge. Je ne suis pas sûre que je serais capable de parler avec autant de calme de quelqu'un que j'ai perdu. En tout cas, pas actuellement ça c'est sûr. Et je comprends surtout beaucoup mieux les émotions que j'ai ressentis à travers mes sens de louve. La peur s'explique. Je le regarde enlever sa prothèse et son visage est sévèrement abimé. Ça me rend triste pour lui, pas que son visage soit dans cet état. Et bien je ne vais pas mentir, ce n'est pas beau. Mais ça fait partie de lui, et je me fiche un peu de l'aspect de son visage. Il est seulement un de mes amis les plus cher. La seule chose à laquelle je pense c'est : est ce que c'est douloureux ? Encore aujourd'hui, ou la douleur est principalement dans son esprit ? Je m'inquiète sincèrement de ce qu'il ressent.

Je ne veux pas pleurer, mais malgré moi une larme puis deux roulent sur mes joues. Je ne peux pas dire précisément ce qui les déclenchent. Sans doute un tas de chose, mon instabilité magique et émotionnelle. Les émotions que je ressens par vague ou que je devine clairement avec les signaux envoyés par le corps de mon ami que ma partie louve ne peux pas manquer. Et ça me fait vraiment mal au cœur pour lui. Ce n'est pas de la pitié, je ne pense pas : oh le pauvre. Mais bien : c'est injuste qu'il doive souffrir ainsi.

"Si je te raconte ça, Shanna, c’est parce que… La bestiole… Le gros chien… Je ne suis pas sûr que c’était un chien. J’ai cru ça un moment et puis, pendant mon hospitalisation, j’ai eu le temps d’y réfléchir, crois moi. Et puis… J’ai commencé à me dire que ça pouvait tout aussi bien être un loup. Ou … Un loup-garou." Je comprends pourquoi il le pense, après tout un loup-garou ne transforme pas systématiquement sa victime en loup. Certains restent seulement marqué à vie. Et c'est tellement vrai. Et ce qui est plus triste encore, c'est que pour attaquer comme ça l'animal avait soit peur, soit aucun contrôle de lui même, soit il protégeait lui aussi quelque chose ou pire encore c'était volontaire. Je ferme les yeux, soupirant doucement.

"Les deux alternatives sont en effet possible. Il est rare que les chiens attaquent ainsi. Est ce que c'est encore douloureux ?" Je demande en faisant un vague signe de main en direction de mon propre visage. Je parle bien sur de ses cicatrises. Je lui dirais bien que je suis désolé pour sa mère, mais ça ne changera rien à ce qu'il s'est passé. Et ça a déjà dû être très dur à partager pour lui. Le souvenir de cette attaque doit être mortifiant. "Il n'y a rien de mal a être terrifié par ce qui ressemble à ce qui t'as attaqué toi et ta mère ce jour là. En plus de ça, un loup adulte est vraiment immense. La première fois que maman s'est transformé devant moi j'avais peur. Et c'est pourtant ma mère et je ne craignais rien parce que je suis sa meute. " C'est difficile d'expliquer ce lien qu'il y a entre loup. Il est juste là. Il n'y a pas de logique à ça. "Mais toi... C'est... Comment tu pourrais ne pas être traumatisé en fait, ça n'aurait aucun putain de sens." Je me passe la main sur mon visage, ouais comment un ? C'est impossible, à moins d'être un être sans cœur.

"Il va me falloir un moment pour… Intégrer que ta mère soit un loup. J’en suis désolé mais…" Je ne peux pas lui en vouloir, même-ci je ne peux pas nier que j'ai un pincement au cœur. Parce que tous les loups ne sont pas à mettre dans le même sac. Si c'était l'un des nôtres j'espère qu'il a été puni. Peu importe les raison, rien ne peut justifier pareille barbarie.  "Je comprends, je le fais vraiment." Je lui fais un petit sourire, triste tout de même. Il ne peut pas juste balayer je ne sais pas combien d'année de terreur.

"Tu es mon amie, Shanna… Ma meilleure amie, même. Rien ne changera ça et encore moins le fait que tu sois une demi-louve." Les larmes reviennent, je ne m'étais pas rendue compte à quel point j'étais moi même effrayé que cela change notre relation. Je suis soulagée, même-ci ce ne sera pas forcément facile. Je me rends compte qu'il va quand même falloir que je fasse attention à ne pas le surprendre, je ne peux pas faire comme-ci je ne savais pas. Lui sait aussi pour moi et ça pourrait déclencher de mauvaises réactions si je ne fais pas attention. Ceci étant, je suis terriblement soulagée et heureuse. Malgré mes larmes je souris. Je ne suis pas triste, pas du tout.

J'hésite une seconde quand il me demande de venir vers lui, les bras ouverts. J'ai bien envie de le serrer contre moi à l'étouffer. Vraiment. Mais je ne veux pas le rendre inconfortable. J'avance doucement pour autant parce qu'il ne me viendrait même pas à l'esprit de refuser un câlin gratuit.

"J’offre pas des câlins à n’importe qui n’importe quand, alors profite." Je pouffe de rire avant de réduire les derniers mètres qui nous séparent. Je réalise que Sal est vraiment plus petit que moi en fait. Se faire un câlin donne sans doute une scène un peu étrange de l'extérieur. Mais ce n'est pas vraiment le genre de chose qui m'arrête de toute façon. Les gens se méprennent souvent sur ma taille de loin parce que je suis menue donc je parais plus petite que je ne lui en réalité.

J'enserre doucement les épaules de mon meilleur ami tandis qu'il passe ses bras autour de moi. Je me sens vraiment géante. Je commence à rire sans pouvoir m'arrêter, soufflant dans les cheveux de Sal.

"Désolé mais, je suis vraiment géante et toi pas bien grand. J'étais juste en train de penser à ça d'un coup." Je ris encore, relâchant aussi la pression. Tout ce stress c'est pas bon du tout pour mon petit cœur d'artichaut. "Merci aussi, parce que c'est la première fois que je le dis à quelqu'un qui ne connait pas ma famille. Ou qui n'est pas un professeur. Tu es un de mes meilleurs amis et j'aurais vraiment détesté te perdre parce que je n'ai pas dis la vérité." Je chuchote dans ses cheveux avant de le relâcher délicatement. Ce qui est assez surprenant quand on me connait. Mais je sais aussi faire preuve de délicatesse, si si !  

On s'éloigne un peu gêné par ce câlin qu'on avait pas prévu, ni même par cette séance révélation. On reste silencieux un long moment réfléchissant chacun de notre côté à tout ce qui a été dit. En tout cas, moi j'ai besoin de me poser un peu pour reprendre mes esprits. Ces dernières minutes ont été riches en émotions.






08.12.2001

Après avoir harcelé Sal toute la semaine pour venir avec moi ce samedi pour choisir le cadeau de Vicky... Je le rejoins près du point de départ pour Préaulard. C'est pas la première fois qu'on va au village que tout les deux, et comme je veux faire une surprise. Vicky ne pouvait pas être là et à vrai dire, il n'y a pas tant de gens avec qui j'ai envie de passer du temps. Vicky et Sal sont mes meilleurs amis, j'ai déjà trouvé le cadeau de Sal la semaine dernière. Parce que oui étonnamment, je m'y prends tôt... Mais ça compte vraiment pour moi ce genre d'attention.

"Coucou Sal ! Prêt pour me suivre partout ? Tu as le droit de te plaindre, mais tu reste avec moi." Je chantonne en accourant vers lui. Je fais bien attention de ne pas le toucher de manière intempestive sans qu'il m'ait vu venir ou sans lui demander. Même-ci parfois il y a des loupés comme à l'instant ou je viens de crocheter mon bras autour du sien pour l'entrainer avec moi. Certains étudiants nous jettent un regard étrange, c'est vrai qu'on fait une drôle de paire. Mais j'en ai rien à faire. Je tire même la langue à un gars qui nous regarde avec un air bovin. Tête de nœud.

"Tu as des trucs à acheter au fait ? Comme je te l'ai déjà dis, moi là il faut que je trouve LE cadeau de Vicky. Je sais pas encore quoi, mais je suis sure que je le saurais quand je tomberais dessus ! " J'ai bien sûr plusieurs idées, mais justement trop. Je fais confiance à mon ressenti sur le moment pour choisir ce qu'il faut. J'aime vraiment offrir des cadeaux à mes proches, et le plus amusant est vraiment de se triturer les méninges pour trouver quelque chose qui leur fera plaisir ! "On passe chez Honeydukes d'abord et au magasin de farce et attrapes, d'accord ?" Je suis surexcitée comme bien souvent.

Cet enthousiasme devrait diminuer un peu dans quelques heures. Ou pas. Je bavarde comme une pie, prenant à peine le temps de respirer. Soulant sans doute un peu Sal, mais il ne le dira pas comme ça. Parfois, je le vois même sourire amusé. Tant pis si il se paie un peu ma tête, après tout j'ai décidé de le trainer avec moi aujourd'hui. Depuis cette fameuse conversation en novembre on s'est rapproché. J'ai même évoqué quelques unes de mes crises magiques avec Sal. Parce que ça arrive de plus en plus souvent. Je crois qu'à part lui et Vicky peu savent vraiment à quel point ça me fait peur de perdre le contrôle de moi même comme ça.

Mais j'ai besoin d'en parler pour évacuer mes inquiétudes. Je sais que ce n'est pas fondé et que c'est juste un passage obligé dans la vie d'un demi-loup peu importe à quel point celui-ci s’accepte. C'est même carrément moins violent pour moi que pour mon frère il parait. La différence, je l'accepte, pas mon frangin.



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Hello toi !
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| Mercredi 5 septembre 2001 |

"Les deux alternatives sont en effet possible. Il est rare que les chiens attaquent ainsi. Est ce que c'est encore douloureux ?"

Ça me rassure, dans une certaine mesure, que Shanna confirme que ma théorie comme quoi un loup-garou aurait pu être à l’origine de mes blessures et du décès de ma mère est plausible. Jusque-là, personne n’a vraiment voulu l'écouter. Mon père ne veut pas qu’on en parle, Lisa dit gentiment que j’étais jeune et qu’on ne peut en être sûr, ma psychomage tient à peu près le même discours… Je sais que ni Lisa ni ma psychomage ne sous-entend que je mens, mais même. C’est bon, pour une fois, d’entendre juste “oui, c’est possible” sans qu’on tente de me faire rationaliser ou que sais-je encore.

"Il n'y a rien de mal a être terrifié par ce qui ressemble à ce qui t'as attaqué toi et ta mère ce jour là. En plus de ça, un loup adulte est vraiment immense. La première fois que maman s'est transformé devant moi j'avais peur. Et c'est pourtant ma mère et je ne craignais rien parce que je suis sa meute. "

Pareil pour ça. Je le sais. Je sais que c’est normal que j’ai peur. On me l’a répété et maintenant je n’en doute plus vraiment. Mais ça fait du bien, toujours, de se l’entendre dire. Quant au fait que Shanna aie eu peur de sa mère la première fois qu’elle l’a vue en louve ? C’est une anecdote qui me réconforte aussi un peu. Qui confirme que c’est pas moi qui flippe pour rien. Même si, je le répète, j’en avais déjà conscience.

"Mais toi... C'est... Comment tu pourrais ne pas être traumatisé en fait, ça n'aurait aucun putain de sens."

J’ai un moment de silence et je crois que mon cœur sursaute à l’entente de l’injure. Entendre Shanna jurer, c’est vraiment bizarre. C’est comme allumer sa télé sur la chaîne pour enfant et voir un personnage tout mignon tout rose parler de génocide. Y a un truc presque dérangeant là-dedans. Je ne saurais l’expliquer mieux que ça.

N’empêche que je ne relève pas à voix haute. Je me contente d’expliquer à Shanna que je vais avoir un peu de mal à intégrer l’idée qu’elle aie du sang de loup-garou dans les veines avant de lui garantir que, malgré tout, elle reste indéniablement mon amie. Ma meilleure amie. Je ne sais pas trop quoi faire quand je remarque que les larmes montent à nouveau aux yeux de Shanna. Je me demande, un instant, ce que j’ai pu dire de travers avant de penser que, peut-être, elle ne pleure pas parce qu’elle est blessée. Surtout parce qu’un sourire se dessine sur ses lèvres malgré tout, en fait.

Un peu paumé, je fais la première chose qu’il me semble juste à faire et faisable. J’ouvre mes bras et j'invite Shanna à m’enlacer. Je crois que je peux supporter le contact physique pour cette fois. Je crois surtout que je le peux parce que c’est Shanna, en plus du contexte. Mon amie avance doucement d’abord et, quand je lui fais remarquer qu’elle est privilégiée et qu’elle devrait en profiter, elle rit légèrement et vient me serrer contre elle. Un instant, le silence s’installe… Et puis Shanna se met à rire.

"Désolé mais, je suis vraiment géante et toi pas bien grand. J'étais juste en train de penser à ça d'un coup."

Elle n’a pas tort. Moi-même, je me surprends à souffler du nez, amusé par la scène. J’ai pas de regard extérieur pour voir ce que ça donne mais je peux m’en faire une idée et elle est ridicule. Au moins ça a le mérite de faire tomber la pression.

Chut, c’est faux. J’suis grand.

Inutile de préciser que je ne suis pas du tout blessé par la remarque de Shanna. Je ne me sens pas mal à l’aise qu’elle soit plus grande que moi. Je suis bien trop amusé pour être complexé, là de suite. Et puis j’ai besoin de légèreté, surtout. Je préfère bien mieux rire.

"Merci aussi, parce que c'est la première fois que je le dis à quelqu'un qui ne connait pas ma famille. Ou qui n'est pas un professeur. Tu es un de mes meilleurs amis et j'aurais vraiment détesté te perdre parce que je n'ai pas dis la vérité."

Shanna chuchote avant de me lâcher doucement. Je lève les yeux vers elle quand l’étreinte prend fin. J’ai retrouvé mes esprits mais il y a de ça deux minutes à peine j’aurais pu me remettre à pleurer.

Regarde-moi bien. Rien ne brisera notre amitié. Je te le jure.

Et croyez qu’il ne s’agit pas là de paroles en l’air. Déjà, quand je dis un truc, je le pense. Alors, quand le jure? C’est que ma parole est sacrée. J’y crois sincèrement, à cette promesse. Je n’arrive pas à imaginer une réalité ou quelque chose brise mon amitié avec Shanna. Je refuse de l’imaginer, je pense, surtout. Et j’espère que je ne regretterais jamais mes paroles.


| Samedi 8 Décembre 2001 |


J’ai accepté d’accompagner Shanna pour qu’elle puisse acheter un cadeau pour Vicky. Pour Noël, je crois… Enfin, ça me parait logique. Shanna m’a bien secoué pour que j’accepte mais, honnêtement, j’étais déjà d'accord quand elle a commencé à m’en parler. Passer du temps avec Shanna ? C’est oui. Oui, chaque fois que je le peux.

"Coucou Sal ! Prêt pour me suivre partout ? Tu as le droit de te plaindre, mais tu reste avec moi."

Shanna est toute joyeuse. Elle chantonne en me rejoignant et mes yeux se plissent légèrement tandis que je souris subtilement.

Je me suis préparé mentalement et physiquement toute la semaine. Je crois que je suis prêt.

Je plaisante, bien évidemment. Hey, je sais abuser aussi pour rire, je ne suis pas toujours un gars tout sérieux. Shanna est bien placée pour le savoir : je suis bien moins souvent sérieux avec mes amis qu’avec le reste du monde.

Et puis te suivre partout… Je fais ça bien, askip.

Je plaisante, encore une fois. Quoi que, je sais bien le faire, ça, suivre Shanna un peu partout, quand il le faut ou quand on a décidé de traîner ensemble.

Je ferais un effort pour me plaindre comme il se doit.

Depuis le début de l’année scolaire, ça n'est pas la première fois que Shanna et moi sortons à Pré-au-Lard et, chaque fois, les choses se déroulent plutôt bien… Alors je ne crains pas cette fois-ci. J’espère juste qu'il n'y a pas trop de monde dehors. Surtout avec le marché de Noël, tout ça tout ça…

Shanna attrape mon bras et, si je sursaute au contact physique, je me détends à nouveau très rapidement, suivant le mouvement de mon amie qui me tire avec elle pour m’emmener Merlin sait où. Je remarque tout autant que Shanna les regards sur nous et, là où la brune tire la langue et se moque un peu, je ne peux m’empêcher de sentir mes joues se réchauffer subtilement. Il est évident que la plupart de ces personnes pensent qu’on forme un couple et, j’ignore pourquoi, mais ça me fait rougir. Moi qui, d’habitude, n’en ai rien à foutre… Ce n'est pas de la honte ! Ça, je le sais. J’en suis sûr. Mais qu’est-ce que c’est ? Ça m'échappe.

"Tu as des trucs à acheter au fait ? Comme je te l'ai déjà dis, moi là il faut que je trouve LE cadeau de Vicky. Je sais pas encore quoi, mais je suis sure que je le saurais quand je tomberais dessus ! "
Je suis sûr que tu trouveras le cadeau parfait.

Après tout, si Shanna Green ne trouve pas le cadeau parfait pour Vicky Prewett… Qui le trouvera ?

Je marque tout de même un instant pour sa première question à mon égard.

Si je trouve un truc pour mon père ou pour Lisa, pourquoi pas…

Disons qu’on va y aller au feeling. Si quelque chose m’inspire, je l’achèterais. Autrement je ne cherche pas particulièrement le cadeau, moi, contrairement à Shanna.

J’ai déjà parlé de Lisabelle Johnson à Shanna. Logique, cette femme a longtemps été comme une mère pour moi. La mère de Larry, la meilleure amie de mon père, la femme qui s’est occupé de nous quand mon père était en dépression morbide… Bref, mon héroïne et la femme que je respecte le plus sur terre. Forcément que j’en ai plusieurs fois parlé à Shanna. Donc elle devrait voir de qui je cause.

"On passe chez Honeydukes d'abord et au magasin de farce et attrapes, d'accord ?"

Shanna s’exclame, toute excitée.

Ok. Je te suis.

J’acquiesce.
Et pourquoi pas ? J’aime bien l’odeur qui émane de chez Honeydukes. Pour ce qui est de chez Zonko, je n'ai jamais rien acheté là-bas mais ça m’amuse bien de regarder ce qu’ils ont en rayon. J’y suis déjà allé avec Larry dans le passé parce qu’il adorait l’endroit. Il disait, parfois, qu’il travaillerait là-bas quand il serait adulte.

Tandis que je suis Shanna, celle-ci bavarde, s’exclame, s’agite, s’illumine. Moi je suis sacrément silencieux et posé à côté d’elle mais je l’observe avec intérêt, légèrement amusé. J’aime beaucoup voir Shanna comme ça. Déjà en classe sa bonne humeur est contagieuse mais alors quand elle est totalement libre de laisser ses émotions exploser, elle est absolument radieuse. J’ai pas besoin de parler ou de faire quoi-que-ce soit de plus que de la regarder pour me sentir bien.

On arrive bientôt à Honeydukes et, en entrant, j’inspire un coup. Il y a un doux goût de sucre qui flotte dans l’air. J’aime beaucoup.

Bon choisis vite, j’ai pas ton temps.

Je plaisante, bien évidemment. C’est par rapport au fait que j’ai dit que j’allais m’appliquer à me plaindre. Mais mon ton n’est même pas sérieux, je ne peux m’empêcher de rire légèrement en faisant le mec impatient. En réalité, je suis loin de me presser. Je suis même plutôt à l’aise, ici.

Alors que Shanna fait ses choix de sucreries, j'observe un peu le monde qui évolue dans le magasin. Il y a un groupe de filles qui gloussent entre elles. Elles semblent raconter des ragots en choisissant leurs sucreries. Il y a deux garçons qui se chamaillent pour de faux. Je vois aussi un mec qui semble trop âgé pour être à Poudlard qui tient la main d’une gamine qui pourrait être en 1ère année. Et puis j’aperçois un couple. Deux adolescents qui se tiennent la main et qui se dévorent des yeux plus qu’ils ne se concentrent sur les sucreries du magasin. Machinalement, je jette un regard vers Shanna qui semble concentrée sur son choix de bonbons. Je baisse le regard vers sa main. Je rougis et détourne le regard. Merlin… Mais qu’est-ce que —

J’essaie de passer à autre chose et, pour ça, je me rapproche un peu de mon amie.

T’as besoin d’aide pour faire ton choix ? T’as l’air vraiment de prendre ça au sérieux.

Je la taquine gentiment. J’ai encore les joues un  peu chaudes mais je me dis que ça va passer si j’arrête d’y penser. Je n’aime pas trop ça. Je n’aime pas le fait que je ne comprenne pas ce que mon cerveau est en train de foutre.

Laisse moi voir, j’suis un vrai pro.

C’est pas vrai. Mais ce n'est pas grave. Y a pas besoin d’être un professionnel pour choisir des sucreries. Et puis, ça au moins, ça m'occupera l’esprit.
Codage par Libella sur Graphiorum


Dernière édition par Sal Denvers le Mar 19 Sep - 18:47, édité 1 fois

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Flash-back entre deux amis. Entretenir une amitié est plus important qu'on le pense. Et Shanna y tient beaucoup, elle apprécie Sal Denvers qui est l'un de ses plus proches amis depuis peu.





08.12.2001

Je dois bien avouer que l'assurance que Sal ne s'enfuira pas en découvrant la vérité m'a enlevé un poids que je n'avais pas conscience de porter. Je suis quelqu'un de profondément honnête vous savez et cacher des choses c'est pas vraiment dans ma nature. Le fait que Sal accepte malgré ce qu'il a vécu en plus de ça me touche énormément. Hors de question que je laisse filer un ami aussi précieux. Il va m'avoir sur le dos jusqu'à sa mort ! Au même titre que Vicky d'ailleurs. Héhé, ils sont pas prêts, je les plaindrais presque !

"Je me suis préparé mentalement et physiquement toute la semaine. Je crois que je suis prêt." J'éclate de rire, parce que je sais bien que c'est une plaisanterie. Même-ci je suis sûre qu'il y a une part de vérité... Connaissant Sal, il a dû s'organiser dans ses devoirs et autres pour venir tranquillement avec moi aujourd'hui. Il est bien plus précautionneux que moi ! Ce qui n'est pas si difficile vu que je m'organise toujours à la dernière minute. "Voilà un bon état d'esprit !" J'acquiesce finalement, une fois mon rire calmé.

"Et puis te suivre partout… Je fais ça bien, askip." Je ne trouve rien à répondre à ça, donc je lui tire la langue avec beaucoup de maturité. Évidemment. On commence à avancer quand il m'affirme avec bonne humeur qu'il va prendre grand soin de se plaindre. Je pouffe de rire. A force de trainer avec moi, il se laisse aller à plus de plaisanteries. J'adore vraiment de plus en plus Sal. Je me demande comment ça se fait que nous n'étions pas plus proche avant ça. Mais je chasse bien vite ces pensées. Après tout, le passé c'est passé ! Seul le présent compte actuellement, même-ci notre histoire à de l'importance sur qui nous sommes.

"J'y compte bien. Il faut bien quelqu'un pour se plaindre de moi de temps en temps ! Sinon quel ennui !" Je suis sincèrement amusé de plaisanter si facilement de choses sans importances comme celle là. J'entraine donc Sal dans mon sillage joyeusement.

"Je suis sûr que tu trouveras le cadeau parfait." J'hoche simplement la tête, je suis certaine de trouver. Ce n'est pas vraiment un soucis pour moi. Ma meilleure amie et moi on se connait depuis des années maintenant. Et on est comme les deux faces d'une pièce. Je souris, on a déjà eu discuté de sa famille. Je savais que sa mère était morte puisqu'on en a parlé lors de ma révélation sur ma nature. Mais de fil en aiguille cela nous a amené à parler plus ouvertement de certains sujets. Lisa est un peu comme une seconde mère pour lui, la mère de Larry aussi. Je comprends qu'il puisse vouloir lui trouver un cadeau. Je lui ai déjà parlé un peu de mon frère et de ses difficultés avec sa nature. C'est un sujet qui m'inquiètes énormément donc forcément, il est au courant. J'aime bien l'idée qu'on se connaisse suffisamment pour ne pas à avoir à expliquer qui est qui.

J'adore Honeydukes, pas tellement pour les sucreries en elle même. Je n'ai pas vraiment la dent sucré, je suis plutôt du genre à bouloter les bonbons acides. Et plus globalement, on me fera plus plaisir avec un plat de viande qu'avec des bonbons. Mais l'ambiance qui règne dans la boutique et l'odeur des sucreries est une chose que j'aime beaucoup. Toutes ces couleurs chatoyantes, et les créateurs de bonbons ont des idées tout simplement géniales. Tous le monde connait les chocogrenouilles par exemple, j'adore la magie ! Pouvoir animer même ce qui va finir dans notre estomac, c'est amusant !

"Bon choisis vite, j’ai pas ton temps." Je pouffe de rire une nouvelle fois. Sal malgré son tempérament doux et discret ne peut pas être aussi sérieux. Ce n'est tellement pas le genre de choses qu'il dirait en temps normal. Lui qui est toujours si mesuré. Mais bon je rentre dans son jeu quand même, parce que j'aime bien faire le show. "Tu blesses mon petit cœur ! Tu es si méchant avec moi." Je le dis avec emphase, pour le style vous savez. J'essuie une larme imaginaire, jouant la dramaqueen. Sauf que être sérieuse plus de deux minutes relèvent de l'exploit. Un sourire envahi bientôt mon visage avant que je file fureter entre les clients pour choisir plusieurs sucreries.

Il y a telllllllement de choix. Argh c'est si compliqué ! Je me fixe toujours un objectif. Mais à chaque fois que je mets les pieds ici c'est si difficile de faire un choix. J'ai envie de tout tester parce que je suis trop curieuse et j'aime bien en prendre pour mes amis. Il y a bien sûr les indémodables comme les dragées de Bertie Crochue qui laisse place à des soirées où on se paye des barres de rires. Mais y'a des nouveautés tout le temps ! Du coup, je suis là à hésiter sur quoi prendre. Ultra concentré comme-ci c'était la décision de l'année !

"T’as besoin d’aide pour faire ton choix ? T’as l’air vraiment de prendre ça au sérieux." Je ne sursaute pas parce que je l'ai sentie arriver, on traine suffisamment ensemble pour que je sache quand c'est lui et pas quelqu'un d'autre. C'est un mélange d'odeurs, de sons, d'aura aussi qui fait que je ne peux pas me tromper. C'est clairement un truc de loup, enfin j'imagine. Surtout dans un magasin aussi bondé. Enfin bref, je me tourne vers Sal le visage absolument sérieux. "Bien sûr que c'est sérieux ! Il faut que se soit cool et bon à manger. Je ne peux pas faire ce choix à la légère." J'assure avec un air raisonnable qui pourrait sans doute convaincre le monde entier si je ne parlais pas de bonbons. "J'accepte l'aide de l'expert alors !" Mes épaules tressautent et mes yeux doivent clairement refléter mon amusement.

"Regarde ceux là ! Ce sont comme des moulins à vent et ils bougent vraiment ! C'est pas trop cool ? Comment tu veux faire pour choisir dans toutes ces possibilités." C'est que je me plaindrais presque. Même-ci là c'est plus pour appuyer mon propos précédent. "Alors dis moi qu'est ce que tu penses que je dois prendre." Je me suis rapproché de lui enserrant légèrement les manches de son manteau.






On a passé plus de temps que prévu à Honeydukes du coup. J'ai déjà la dalle pourtant il est pas encore onze heure. Mais voir tout ce sucre m'a ouvert l'appétit. "J'ai faiiiiiiim ! Regarde je tremble, je suis en hypoglycémie." J'éclate de rire devant le regard incrédule de Sal qui même-ci il est habitué à mes frasques... je lui en fait toujours de nouvelles. "Viens il doit y avoir un vendeur ambulant dans cette rue là bas. Il y a toujours de quoi manger. Tu as faim toi ? Je vais me prendre un sandwich !" Il est de notoriété public parmi mes camarades Poufsouffle que je suis littéralement un gouffre sur pattes. Et bien je ne peux pas le nier, j'ai métabolisme rapide. J'ai toujours faim, ou presque. Du coup, vous pouvez être sûr qu'une fois sur deux quand vous me voyez, je suis en train de manger.

On arrive devant le stand, il n'y a pas encore trop de monde à cette heure. Bien qu'il vende aussi du sucré, les gens restent principalement au chaud. "Salut Robin ! Vous allez bien ? Je viens encore vous acheter un de vos merveilleux sandwichs !" Je lui fais mes yeux de chiots en priant avec mes mains. Le brave marchand me souris chaleureusement, après tout je viens le voir assez souvent. "Si ce n'est pas ma petite Shanna ! Tu n'es pas venu la semaine dernière, je commençais à m'inquiéter." Il me fait un clin d’œil et on éclate de rire tout les deux. Il va bien donc, enfin je suppose il ne plaisanterait pas avec autant de bonne humeur sinon.

"Ma meilleure cliente, comme d'hab je suppose ? Et ce sera quoi pour le jeune homme ?" J'hoche la tête et je me tourne vers Sal en même temps que le vendeur. "Tu veux un truc ? C'est moi qui offre, pour te remercier de m'assister dans ma recherche de cadeau. " Je mets une main sur son épaule, c'est encore un peu compliqué pour moi de ne pas être tactile avec tout le monde. Robin hausse un sourcil et nous regarde tout les deux, il a ce sourire espiègle que je peux moi-même avoir avant de faire une bêtise. "C'est ton petit-ami ?" Je le regarde bouche ouverte comme une carpe. Avant de piquer un fard monumental.

"Mais non ! C'est mon deuxième meilleur ami. je ne crois pas que je sois déjà venu te voir avec Sal. Mais c'est pas gentil de te moquer de moi comme ça." Je fais la moue en croisant les bras. Je suis gênée, ça me met toujours un peu mal à l'aise ce genre de blague. Je ne saurais pas dire précisément pourquoi. Peut-être parce que je n'ai jamais pensé à ce genre de choses. "Il arrive cet encas ?" Je demande en tirant la langue, toujours autant de maturité qu'au début de la journée. J'espère que ça ne mettra pas Sal trop mal à l'aise. En plus, on a encore plein de choses à faire ! Je dois absolument trouver le cadeau de Vicky. C'est THE mission du jour !



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| Samedi 8 Décembre 2001 |

"Tu blesses mon petit cœur ! Tu es si méchant avec moi."

Shanna fait toute une scène pour me suivre dans mon délire après que je l'ai sommée de se dépêcher de choisir ses sucreries. Il est évident que je plaisante et la façon dont elle y répond m’arrache un sourire.

C’est la but. Allez, zou !

Je fais un geste vague de la main pour la chasser et, lorsqu’elle y répond par un sourire amusé, je ne peux m’empêcher de souffler du nez. On parle beaucoup du côté théâtral de Shanna mais, là de suite, je crois que je ne vaut pas mieux qu’elle dans le genre “gamin”.

Mon amie file choisir ses sucreries, moi je m’en retourne à mon état naturel, soit celui du garçon silencieux qui observe son entourage avec attention. Seulement, ce jeu-là devient vite un peu bizarre. Il se passe ce moment étrange que je ne comprends pas trop et qui me met mal à l’aise, alors je décide de m’activer pour ne plus y penser. Je rejoins Shanna et lui propose mon aide pour choisir ses fameuses sucreries.

"Bien sûr que c'est sérieux ! Il faut que se soit cool et bon à manger. Je ne peux pas faire ce choix à la légère."

Je roule des yeux, prenant volontairement un faux air blasé.

Fais un effort, tu connais les goûts de ta meilleure amie quand même.

Je regarde un peu les choix de bonbons qu’offre la boutique tout en avançant que je suis un professionnel en la matière et que je peux lui filer un coup de main si elle n’y arrive pas toute seule comme une grande.

"J'accepte l'aide de l'expert alors ! Regarde ceux là ! Ce sont comme des moulins à vent et ils bougent vraiment ! C'est pas trop cool ? Comment tu veux faire pour choisir dans toutes ces possibilités."

Je souffle du nez à nouveau. C’est un peu le maximum de ma capacité à rire. Enfin, pas réellement. Je sais rire plus fort que ça, j’ai déjà explosé de rire dans le passé, mais il faut quand même y aller pour que j’arrive à ce stade-là. C’est déjà énorme que je souffle autant du nez par amusement et non pas par dépit en un laps de temps si court. Certains diront “miracle”, je répondrais “Shanna Green”.

Shanna. Si tu flashe sur tous les petits machins colorés qui bougent, on n’a pas fini.

Je sais bien que le concept du bonbon qu’elle me présente est bien plus cool que je le dépeint, mais quand j’ai dis que j’allais faire semblant d’être nihiliste, je ne mentais pas. Surtout parce que c’est comme ça que je suis, mon humour tourne essentiellement autour de ce genre d’attitude et de faux grands airs.

Non, plus sérieusement, j’adore.

J’admet tout de même. Pas que je pense que Shanna n’a pas compris la subtilité de mon faux air plus mature qu’elle — au fond je suis certain que je ne le suis pas qu’importe ce qu’un regard extérieur pourrait penser —, mais je trouve les petits moulins à vent vraiment chouettes alors j’ai envie de le dire. C’est aussi simple que ça.

"Alors dis moi qu'est ce que tu penses que je dois prendre."

Shanna se rapproche et, à nouveau, je sens une chaleur étrange me monter aux joues. Je crois même que mon cœur rate un battement et il me faut vite passer à autre chose. Je racle ma gorge et me redresse un peu.

Tu veux mon avis sincère ? Achète directement toute la boutique. Imagine la tête que ferait Vicky si tu lui offrait Honeydukes pour Noël.

Rien de mieux qu’une dose d’humour pour faire passer le malaise quand il nous tombe dessus. C’est avec plus de facilité que je conseille sincèrement mon amie après avoir ajouté ce trait de légèreté. J’en oublie même ce sentiment étrange jusqu’à ce qu’on sorte du magasin de sucreries plus tard.

"J'ai faiiiiiiim ! Regarde je tremble, je suis en hypoglycémie."

Shanna éclate de rire et je croise mes bras sur mon buste, claquant la langue.

Mais oui. Un pas de plus et tu t'effondres, c’est évident. Gourmande, va.

Encore un de ces traits que Shanna partage avec Larry : le fait d’avoir tout le temps faim et d’en faire des caisses. Bien évidemment, ça m’amuse. Et puis en l'occurrence, Shanna peut bien avoir la dalle. Midi approche doucement et puis on vient de baigner dans les sucreries, ça ouvre l’appétit malgré tout.

"Viens il doit y avoir un vendeur ambulant dans cette rue là bas. Il y a toujours de quoi manger. Tu as faim toi ? Je vais me prendre un sandwich !"
Je te suis.

Je ne réponds pas encore à sa question. Je crois que je verrais une fois devant le vendeur si oui ou non j’ai vraiment envie de manger quoique ce soit. Je n’ai pas particulièrement faim et quelque chose me dit que je ne vais rien prendre mais on ne sait jamais que mon estomac me fasse une farce.

"Salut Robin ! Vous allez bien ? Je viens encore vous acheter un de vos merveilleux sandwichs !"

Shanna prend son air de chiot battu et je roule des yeux nonchalamment, bien qu’amusé. Apparemment, elle connaît bien le vendeur. Moi, je décide de les laisser papoter et de m’effacer un peu. Je ne suis pas de nature bavarde, surtout pas devant les gens que je ne connais pas. Ça m'arrange que Shanna soit du genre exactement contraire. Je peux mieux disparaître et me faire discret quand elle est là et qu’elle attire les regards sur elle automatiquement.

"Si ce n'est pas ma petite Shanna ! Tu n'es pas venu la semaine dernière, je commençais à m'inquiéter. Ma meilleure cliente, comme d'hab je suppose ? Et ce sera quoi pour le jeune homme ?"

Je sursaute subtilement alors que, bien trop vite, l’attention se dirige sur moi. J’aurais très bien pu rester encore un moment muet à les observer discuter et plaisanter, vraiment. J’étais pas prêt à ce qu’on se rappelle de moi si rapidement.

"Tu veux un truc ? C'est moi qui offre, pour te remercier de m'assister dans ma recherche de cadeau. "

Je secoue la tête doucement, plus détendu comme, cette fois, c’est Shanna qui me pose la question.

C’est gentil mais ça va.

Il y a un instant durant lequel Shanna me regarde et je me demande si elle va insister ou non. Au cas où, je décide de lui économiser de la salive et de lui faire comprendre que, vraiment, je n’ai pas envie de manger.

Je t’assure, l’odeur du sucre m’a saturé l’estomac.

Il y a de ça, du fait que je ne suis pas du tout un grand mangeur tout à l’inverse de Shanna et surtout du fait que, si je peux éviter d’avoir à déplacer ma prothèse, je le fais. Si j’avais vraiment faim j’aurais pris quelque chose, je ne vais pas me laisser crever la dalle, mais là j’ai clairement pas l’appétit. J’ai jamais eu un grand estomac mais je sais que la longue période durant laquelle manger était douloureux n’a pas aidé. Après, moi, ça ne me dérange pas tous les jours ; je coûte moins cher en bouffe.

"C'est ton petit-ami ?"

J’ai avalé ma salive de travers.
Je me mets à tousser un peu le temps que ça passe, la main posée sur le cœur. Bon je ne tousse pas non plus comme un bœuf, c’est plus discret, mais, là, ça ne m’a pas loupé. Je sais que le vendeur se permet la remarque parce qu’il est ami avec Shanna mais tout de même… Ils ont quoi tous avec ça !? On croirait entendre Vicky Prewett…

"Mais non ! C'est mon deuxième meilleur ami. je ne crois pas que je sois déjà venu te voir avec Sal. Mais c'est pas gentil de te moquer de moi comme ça."

Alors que Shanna fait la moue, je me reprend doucement. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai un léger pincement au cœur soudainement. Evidemment, je ne pense pas un instant que ça puisse être lié à la réponse de Shanna. En fait, je crois que je suis juste saoulé que tout le monde fasse cette blague. J’aime pas ça, je n’aimerai jamais ça, et ce même si j’étais réellement le petit ami de Shanna.

"Il arrive cet encas ?"

Shanna plaisante mais moi j’ai bien envie de presser le vendeur pour de vrai. Si c’est pour en ressortir de pareilles, ça ira… Surtout que, ça y est, le malaise est revenu. J’imagine que ni Shanna ni le vendeur ne captent grand chose. Je ne suis pas plus silencieux que je l’étais quand on est arrivé ici… Et, en même temps, c’est pas vraiment possible d’être plus silencieux que muet.

J’attends, en soufflant un coup pour me détendre, que le sandwich de Shanna arrive. Encore une fois, je m’efface et je laisse les deux discuter à leur bon vouloir jusqu’à ce que, enfin, on puisse s’éloigner du vendeur. Je suis déjà moins tendu mais pas entièrement. J’ai eu le temps de bien penser et une question me brûle les lèvres, à présent.

Dis Shanna ?

Je fais une pause parce que j’hésite à poser ma question. Elle me paraît bizarre mais je me dis très bientôt que c’est très en accord avec ce qu’il vient de se passer avec le vendeur et que, étant donné qu’on se dit tout, Shanna et moi, il est légitime que je me pose la question. Après tout, pleins d’amis se questionnent à ce sujet…. N’est-ce pas ? Je ne suis pas expert en amitié mais j’en suis certain.

Je crois ne t’avoir jamais entendu parler de ça, mais tu es déjà tombée amoureuse?

Je regarde Shanna, silencieux un petit instant avant de me sentir obligé de me justifier.

Je me demandais, juste comme ça. Parce que moi, tu le sais, c’est arrivé une fois avec Larry. Mais toi je n’en ai aucune idée.

D’ailleurs, est-ce qu’elle savait pour Larry et moi ? Comme ça, je ne me souviens pas lui avoir déjà clairement dit que Larry et moi sortions ensemble. Je suis juste parti sur l’idée qu’elle le sait parce qu’on ne le cachait pas à Poudlard… Mais, d’un côté, j’étais pas du genre démonstratif en public…

Enfin, maintenant que j’y pense, j’espère que je ne t’apprend rien, pour Larry et moi.

Je ris un peu. Bon “j’espère”, c’est vite dit. Je ne ferais pas un grand cas du fait qu’elle l’apprenne seulement maintenant. Finalement, il est possible qu’elle pensait qu’on était juste de très proches amis. Il est aussi probable que je lui aie déjà dit et que j’ai oublié. Ma mémoire n’est plus ce qu’elle était maintenant qu’elle est encombrée de cours et de révisions pour les examens de fin d’année…
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Flash-back entre deux amis. Entretenir une amitié est plus important qu'on le pense. Et Shanna y tient beaucoup, elle apprécie Sal Denvers qui est l'un de ses plus proches amis depuis peu.





08.12.2001

Je m'amuse beaucoup à jouer la comédie avec Sal, il est l'un des seuls avec Vicky à me suivre dans ce genre de délire. Et c'est pour ça que je l'adore et qu'il est aussi mon meilleur ami. On s'est aussi beaucoup rapproché depuis qu'on a parlé après ce fameux cours. Pouvoir avouer à quelqu'un ce que je suis sans que ce soit dans le feu de l'action a été libérateur et j'ai été très touché par ses propres confidences.

"Fais un effort, tu connais les goûts de ta meilleure amie quand même." Je pouffe de rire face à son air blasé. Il n'a d'ailleurs pas tout à fait tort. Mais à vrai dire je suis toujours extrêmement enthousiaste pour tout, ce qui rend parfois difficile de choisir pour moi. C'est un peu soit tout, soit rien. La demi-mesure ne me correspond pas vraiment.

"Y'a trop de choix !" Je me plains avec une moue boudeuse. Avant de lui demander son aide pour choisir. C'est une façon de l'impliquer et de vraiment m'aider. Parce qu'avec toutes ces couleurs et ces gadgets j'ai toujours du mal à faire un choix ici. Tout attire mon regard. Le pire c'est que moi-même je ne mange pas tant de sucrerie que ça.

"Shanna. Si tu flashe sur tous les petits machins colorés qui bougent, on n’a pas fini. " Je fais la moue, avec une bouille triste et des yeux de boursouflet abandonné. J'entends tout de même son souffle de rire très caractéristique de mon ami. "Maiiiiiis..." Je lie mes mains en mode prière. "s'il te plais ! C'est si difficile pour moi." Je joue les drama queen encore, mais ça m'amuse de jouer la gamine. J'ai pas autant l'occasion d'être aussi insouciante ses derniers temps. Pour tout un tas de raisons, la principale mon inquiétude pour mon frère et pour mes pouvoirs instables. J'ai vraiment peur de finir par blesser quelqu'un. Alors des jours comme aujourd'hui sont un vrai bonheur pour moi.  

"Tu veux mon avis sincère ? Achète directement toute la boutique. Imagine la tête que ferait Vicky si tu lui offrait Honeydukes pour Noël. " Je prends le temps de réellement réfléchir à la proposition et surtout d'imaginer la tronche de ma meilleure amie devant un tel cadeau. Je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire. "Elle serait tellement choquée ! Mais elle serait capable de me faire la morale pour ne pas prendre soin de sa ligne." Un nouveau rire me secoue. Vicky était de ce genre de personne à se soucier beaucoup de son apparence, je ne la juge nullement d'ailleurs. C'est son truc, là où moi je ressemble plus à une sauvageonne toujours fringuée n'importe comment. Si ce n'était pas pour ma meilleure amie, je ferais des fautes de goût évidente. Elle qui prend toujours grand soin de ses tenues. Elle a bien plus de style et de classe que moi. Moi je suis plus brute de décoffrage on va dire autant dans mon apparence que dans mon attitude.

On décide d'aller manger après que j'en ai fait un fromage. Et bien je ne nie pas être un vrai ventre sur pattes. Je passe mon temps à manger sans prendre un gramme. Je me dépense aussi énormément. Je cours tous les matin quand tout le monde dors après tout. C'est le minimum si je ne veux pas littéralement sauter de ma chaise en classe. Pour un demi-loup c'est compliqué de rester assis, mais alors un avec un caractère survolté comme le mien... C'est quasi mission impossible.

Mais pourquoi tout le monde nous fait cette putain de blague ? Ça m'énerve et me met mal à l'aise. Sal est mon meilleur ami, je n'ai jamais imaginé autre chose. Et très honnêtement, j'ai presque l'impression qu'on me demande si je suis en couple avec quelqu'un de ma famille. C'est très bizarre. Je pense que ma louve intérieur le considère comme un élément de sa meute, au même titre que Vicky. Je récupère mon sandwich un peu perdue dans mes pensées. C'est pas la première fois qu'on se moque de nous à ce sujet, je me demande si on ressemble tant que ça à un couple ? Ou c'est parce qu'à notre âge on devrait être intéressé par ce genre de choses ? Je sais que je suis en retard à ce sujet, les garçons ne m'intéresse pas vraiment. Je chasse le visage d'Oscar de mon esprit. Il est bien trop vieux pour moi de toute façon, il ne s'intéressera jamais à une gamine. J'ai juste une sorte de crush pour lui, mais ça s'arrête là. Je n'ai pas vraiment envie de sortir avec lui ou avec personne d'ailleurs.

"Dis Shanna ? " Alors que je mords dans mon sandwich, la voix de Sal m'interromps. Je lève la tête vers lui en penchant la tête sur le côté attentive. Une attitude plus lupine qu'humaine, mais ça je n'en ai pas vraiment conscience.

"Je crois ne t’avoir jamais entendu parler de ça, mais tu es déjà tombée amoureuse? " Je suis surprise, mais la question ne me gêne pas. C'est compréhensible qu'il me pose la question. C'est de notre âge, enfin je crois. Je souris quand il parle de Larry, oui je sais bien sûr. Même-ci je n'en étais pas sûr au début, au fil des conversations et à la manière dont il en parlait Larry ne pouvait pas être juste un simple ami. Les gens ont une sorte d'étincelle particulière quand il parle de la personne qu'ils aiment, ou ont aimé. Quelque chose dans le ton de leur voix, dans l'atmosphère qui se dégage d'eux. Je ne saurais pas vraiment l'expliquer, mais c'est quelque chose que je ressens facilement.

"Pour Larry, tu ne l'as jamais dis clairement c'est vrai. Mais tu as une façon de parler de lui... Je ne sais pas comment l'expliquer. Peut-être que c'est un mélange de ce que je peux capter avec ma nature et de ce que tu as dis. Mais d'une certaine manière, je savais que ça avait été plus qu'un ami pour toi." Je souris avec douceur, une manière de le rassurer en même temps, je ne le juge pas. C'est vrai que l'homosexualité est plus tolérée aujourd'hui mais ça reste une chose pas toujours évidente à dire. De fait, je ne veux pas qu'il doute de mon affection à son égard. Pour moi son orientation sexuelle n'a aucune importance, c'est mon ami, c'est aussi simple que ça.

"Et pour te répondre, non. Je n'ai jamais été amoureuse. Je ne suis même jamais sortie avec qui que ce soit contrairement à Vicky. Celle-ci c'est un vrai coeur d'artichaut." Je ris légèrement en pensant à la blonde. "Même-ci..." j'hésite un peu, mais je sais que contrairement à Vicky il ne va pas se moquer de moi. Enfin moquer est pas le bon mot, mais Vicky ne se rend pas compte qu'elle peut être un peu lourde avec son obsession du couple. "J'ai des sentiments un peu bizarre pour un garçon plus âgé, plus vieux que mon frère. Mais bon c'est pas comme-ci je voulais qu'il se passe quelque chose. La différence d'âge est importante, et je ne sais pas si c'est de l'admiration ou autre chose. Je me sens un peu bête d'en parler, parce que vraiment il n'y a rien. Je suis sûre qu'il me voit juste comme une gamine." Mon cœur se sert un peu à cette pensée. Parce que ce n'est pas rien, je peux le sentir de manière confuse. Ce n'est pas juste rien. Mais ça m'a l'air trop complexe et liée à ma nature de demi-louve. Je ne comprends pas ce que c'est et ça me met vraiment mal à l'aise. Peut-être que je n'aurais pas du en parler.

"Oublie ça. De toute façon, ça n'a pas d'importance. Je ne veux sortir avec personne. Je ne sais pas si tu le sais, mais les demi-loup ont une paire destinée, il parait. Si j'en crois ma mère, je le saurais quand je rencontrerais cette personne. A cause de ça, je ne veux m'engager avec personne. Parce que t'imagines si je me construis quelque chose avec quelqu'un et que du jour au lendemain tout vol en éclat. Je sais que je pourrais combattre mes instincts. Mais ce n'est pas ce que je veux. Se serait une situation douloureuse pour tout le monde." J'ai un sourire un peu triste. Je ne sais pas pourquoi j'explique avec autant de détail le fond de ma pensée. Peut-être parce que je sais qu'il peut l'entendre. Vicky ne comprend pas vraiment que je ne veuille pas m'amuser avant ça. Mais le problème c'est moi, je m'attache facilement aux gens. Je ne veux pas me retrouver dans une telle situation un jour. Ça me fais trop peur et tout le monde souffrira.

Je ne suis pas capable de ne pas m'attacher ou de ne pas prendre une relation avec sérieux. Il n'y a qu'à voir à quel point mes amitiés sont solides. Je sais que cela ne pourra pas être différent avec quelqu'un. Se serait horrible de ma part de faire souffrir la personne qui partagera ma vie. Je sais pourtant que je pourrais bien ne pas rencontrer cette personne qui m'est destiné. Mais et si c'était le cas ? Je ne veux pas avoir à gérer ça. Jamais. Je me sentirais trop coupable.






12.12.2001

Un jour après l'attaque des détraqueurs. J'ai du mal à réaliser que cela fait à peine quelques jours depuis ma sortie si joyeuse avec Sal. La veille on a eut le droit à cette putain d'attaque. J'ai cru y perdre des amis et ça m'a fait très peur. Au delà de ma magie qui n'en fait qu'à sa tête. L'infirmière à insister pour que je reste jusqu'à demain. Vicky est passé me voir, puis il y a eut Skye.

Je pense que dés qu'il le pourra Sal passera aussi. Je suppose. J'ai besoin de m'assurer que tous mes amis vont bien. Le fait d'être bloqué au lit à ne rien faire est une torture. Je m'ennuie. Quand des pas résonnent dans l'infirmerie, je me redresse dans mon lit. Un grand sourire mange mon visage, le soulagement m'envahit tout de même quand je réalise que Sal et là et qu'il va bien.

"Heureuse de voir que tu vas bien ! Même-ci l'infirmière a dit qu'il n'y avait pas de grands blessés. Je suis rassurée de te voir en un sol morceau. Comment est ce que ça va ?" Je demande avec ma verbe habituelle, prenant à peine le temps de respirer. Et bien je suis excitée et il va bien au moins physiquement. Il est vivant et en apparente bonne santé et c'est vraiment tout ce qui compte à mes yeux. J'étais terriblement inquiète. Sur le moment, je n'ai pas eut le temps de penser à autre chose que les personnes qui étaient près de moi. Mais quand je me suis réveillée ici, le visage de mes amis tournaient en boucle.

"Moi ça va, épuisement magique ! T'y crois toi ? C'est surtout ma magie qui n'en fait qu'à sa tête, si tu veux mon avis ! " On en a déjà discuté de mes difficultés à contrôler ma magie avec l'adolescence et les changements que ça amenaient. Ce n'est pas une surprise. Rien que pour ça, je suis soulagée d'avoir crevé l'abcès au sujet de ma nature. Quand je vois la tête qu'on tiré Skye et Oscar quand j'ai vrillé pendant l'attaque. Je n'ai même pas expliqué, juste balancé comme ça que je n'étais pas totalement humaine.



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Hello toi !
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| Samedi 8 Décembre 2001 |

"Pour Larry, tu ne l'as jamais dis clairement c'est vrai. Mais tu as une façon de parler de lui... Je ne sais pas comment l'expliquer. Peut-être que c'est un mélange de ce que je peux capter avec ma nature et de ce que tu as dis. Mais d'une certaine manière, je savais que ça avait été plus qu'un ami pour toi."

Le sourire de Shanna est doux. Pour ma part, je suis un peu rassuré d’entendre de telles paroles. J’ai envie qu’on sache que Larry était ma moitié. Je n’ai pas forcément envie de le hurler sur tous les toits, c’était plus son style que le mien de parler de vie sentimentale, mais j’ai toujours peur de tant me détacher de ce que Larry et moi étions que cette… chose... qui faisait ce que nous étions (l’amour ?) ne transparaît plus. Que tout cela ne devienne plus qu’un souvenir lointain. Un fragment de rien. Larry était ce que la vie m’avait offert de plus beau et je suis soulagé que, quelque part, ça se ressente encore quand je parle de lui. Quand bien même ça ne serait que l’instinct de louve de Shanna à l'œuvre.

"Et pour te répondre, non. Je n'ai jamais été amoureuse. Je ne suis même jamais sortie avec qui que ce soit contrairement à Vicky. Celle-ci c'est un vrai coeur d'artichaut."

Shanna rit légèrement en évoquant le bourreau des cœurs que serait sa meilleure amie.

Il me semble avoir compris cela, oui.

Je plaisante doucement concernant le cas de Vicky Prewett. Je ne m’intéresse pas vraiment au cas de Miss Prewett (même pas du tout, en fait), mais à traîner avec Shanna je finis forcément par savoir des trucs. Et puis les couples à Poudlard sont plus ou moins connus au bout d’un moment, quoi. Outre ceux qui se cachent. Pas Vicky, donc.

"Même-ci..."

Cette fois, mon amie a un moment d’hésitation. Je ne suis pas encore certain de comment je vis l’idée qu'elle n’ait jamais été amoureuse — même si c’est au moins certain que je ne la jugerais pas là-dessus quoi qu’il en soit —  et je suis curieux d’entendre ce qu’elle aurait à ajouter à cette affirmation. Elle avait l’air plutôt sûre de sa réponse, mais qui sait ?

"J'ai des sentiments un peu bizarre pour un garçon plus âgé, plus vieux que mon frère. Mais bon c'est pas comme-ci je voulais qu'il se passe quelque chose. La différence d'âge est importante, et je ne sais pas si c'est de l'admiration ou autre chose. Je me sens un peu bête d'en parler, parce que vraiment il n'y a rien. Je suis sûre qu'il me voit juste comme une gamine."

Je mentirai si je disais que mon cœur ne se serre pas à ces mots. Ainsi donc Shanna ressent quelque chose pour un garçon ? Un garçon plus âgé, qu’elle a dit.

Mh.

Un court instant, mon esprit se remplit de pensées diverses toutes aussi lourdes l’une que l'autre. Je me demande qui est ce garçon, quel est son caractère, à quoi il ressemble. Il doit être grand et fort… C’est sûrement ce que les filles préfèrent. Elles aiment rarement les garçons de mon style. Je le sais et, d’habitude, je m’en fiche. Là, par contre…

C’est quand je commence à me demander “pourquoi” ou qu’est-ce qu’il peut bien avoir que je n’ai pas (outre le physique, de la façon dont je me l’imagine), que je comprend que je commence à abuser. Je chasse ces vilaines pensées de ma tête immédiatement. Ça ne me ressemble pas d’être jaloux ni de m’imaginer que Shanna est une fille superficielle qui bave devant les grands musclés sans cervelle. D’ailleurs ce gars, quel qu’il soit, il ne mérite sûrement pas que je l’imagine comme un grand débile qui n’a que ses muscles pour se faire valoir. Pas sans l’avoir connu, du moins.

"Oublie ça. De toute façon, ça n'a pas d'importance. Je ne veux sortir avec personne. Je ne sais pas si tu le sais, mais les demi-loup ont une paire destinée, il parait. Si j'en crois ma mère, je le saurais quand je rencontrerais cette personne. A cause de ça, je ne veux m'engager avec personne. Parce que t'imagines si je me construis quelque chose avec quelqu'un et que du jour au lendemain tout vol en éclat. Je sais que je pourrais combattre mes instincts. Mais ce n'est pas ce que je veux. Se serait une situation douloureuse pour tout le monde."

Voilà qui me serre encore plus le cœur. Mine de rien, le bonheur de Shanna est plus important que ces stupides idées qui me trottent dans la tête depuis peu à son égard. Et entendre qu’elle se résigne comme ça ? Ça me touche, voilà.

Moi, Shanna, je ne trouve pas stupide que tu en parle.

Je me concentre sur l’important. Shanna s’est confiée à moi. Il me revient de faire preuve d’assez de maturité et de bienveillance et de lui montrer qu’elle a bien fait de s’exprimer. Parce que, avant tout, Shanna et moi sommes amis. Et les amis sont là pour écouter les confidences sans jugement ou jalousie mal placée. Le pire serait que ce point noir dans mon cœur gâche ce qu’on a, aujourd’hui, Shanna et moi.

Je pense que si tu en parles c’est que c’est important pour toi, dans une certaine mesure. Je ne peux, évidemment, pas parler à sa place mais, moi, je pense que tu es une fille géniale et beaucoup moins “gamine” qu’il n’y paraît.

J’espère que mes paroles ne sont pas déplacées. En fait, j’espère qu’elle ne pense pas que je viens d’insinuer qu’elle fait gamine. C’est juste qu’elle fait souvent l’enfant mais ça n’est pas mauvais — je ne dis pas qu’elle est puérile… Enfin, je ne suis pas le plus doué pour m’exprimer, ça n’est pas nouveau, et Shanna a plutôt tendance à me comprendre alors j’essaie de ne pas trop flipper.

Je ne suis pas expert non plus concernant les histoires de loups garous...

Évidemment.

... Ni question amour en règle générale…

Bien sûr.

... Mais je pense que, dans tous les cas, les choses sont plus complexes que simplement comprendre quand tu es tombé sur la bonne personne. Parfois c’est évident, d’autres fois ça prend du temps, d’autres encore ça paraît évident mais le temps prouve que c’était une erreur… C’est un peu le loto de la vie et je comprends que, dans ton cas, avec ces histoires de, euh, âme sœur...? Enfin, je comprends que tu préfères attendre cette personne qui serait destinée à être ta moitié. Alors je n’essaie pas particulièrement de te faire changer d’avis mais je dirais juste que… Si Larry m’a appris une chose c’est que, ce foutu loto de la vie… Parfois c’est cool d’y jouer, même si on doit y perdre.

Je marque un silence. J’ai beaucoup parlé. Beaucoup trop, pour mon habitude. Et pourtant je n’ai pas tout à fait terminé de m’exprimer. J’inspire un coup et laisse un instant le silence régner, juste pour souffler et pour laisser à Shanna le temps de réfléchir. Et puis, finalement, j’ouvre à nouveau la bouche.

Quoi qu’il en soit, et qu’il y ait “quelque chose” entre vous deux ou non, il a plutôt intérêt à être bon envers toi.

Je plonge mon regard dans celui de Shanna. Je pense sincèrement ce que je dis. Si Shanna s’attache à quelqu’un, que ce soit amoureusement ou non, je ne peux que lui souhaiter le bonheur avec cette personne. Je saurais mettre ce goût amer de côté et être l’ami dont Shanna a besoin.

... Autrement, je lui envoie un sortilège dont il se souviendra longtemps.

Je donne un coup d’épaule joueur à Shanna, rendant mon ton plus léger en m’exprimant, cette fois. Il est évident que je n’irais provoquer personne en duel, je suis un garçon pacifiste. N’empêche que je ne souhaiterai pas que du bien à celui qui brisera le cœur de Shanna Green.


| Mercredi 12 Décembre 2001 |


L’attaque des détraqueurs m’a fait comprendre quelque chose sur moi, et cette vérité me fait un peu peur.

J’ai été effrayé durant cette attaque, c’est vrai. Je mentirais de dire que je suis resté de marbre et que j’étais prêt à me jeter dans les bras des détraqueurs… Mais une partie de moi était résolue. Une petite voix m’a chuchoté “c’est ici que ça se termine Sally Face”, voilà tout. Et même si le baiser de la mort me terrifiait, j'étais plus ou moins prêt à l’accueillir ? Comme si je n’avais pas le choix. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Je crois que je devrais en parler à ma psychomage.

Outre cela, je me suis inquiété pour certaines personnes, évidemment. Parmi elles ? Shanna Green. Elle en première, même. Sans surprise : elle est ma meilleure amie. Je me suis vite renseigné à son sujet et aie appris que la jeune fille s’en est sortie mais a atterri à l’infirmerie. J’ai donc vite fait de passer la visiter, dès que l’occasion s’est présentée à moi. J’admet que j’ai évité de me mêler lorsque d’autres personnes étaient déjà là pour la voir. Je me demande si c’est mal, mais je me voyais très mal la visiter et m’effacer parmi ses autres amis. Si je viens la voir je ne veux pas que ce soit pour me tenir dans un coin silencieusement, comme un meuble.

Salut, Shanna.

Je suis soulagé de la voir assise sur son lit, le sourire aux lèvres. Elle n’a pas l’air au meilleur de sa forme mais elle n’est pas non plus en si terrible état. Mon esprit avait imaginé des choses bien plus graves. L’anxiété, que voulez-vous.

Tu as l’air en forme.

Je fais remarquer parce que c’est vrai. Si on fait remarquer aux personnes à chaque fois qu’elles ont petite mine, je ne vois pas pourquoi on ne relèverait pas lorsqu’elles ont l’air plutôt en forme alors qu’elles devraient être absolument épuisées.

"Heureuse de voir que tu vas bien ! Même-ci l'infirmière a dit qu'il n'y avait pas de grands blessés. Je suis rassurée de te voir en un sol morceau. Comment est ce que ça va ?"

Shanna est toujours aussi bavarde. C’est bon signe. Elle s’enquit même de mon état alors que c’est elle qui se trouve à l’infirmerie, aujourd’hui.

Bien sûr, je vais bien. Il en faut bien plus pour me toucher.

Je plaisante à moitié parce que, finalement, l’attaque des détraqueurs n’est pas la première menace qui a manqué de m’arracher la vie depuis le commencement de mon histoire. D’une certaine façon, je tiens le coup. Peut-être que c’est pour cela que j’ai accepté mon destin quand je pensais que les détraqueurs auraient raison de moi ; j’ai eu tant de “chance” jusqu'à aujourd'hui que c’est presque injuste. Il y a une sorte de déséquilibre. Je me demande souvent, sans le remarquer, quand est-ce que ce dernier me rattrapera…

Mais je ne suis pas ici avec Shanna pour parler de ça. Je ne suis certainement pas venu pour parler de choses aussi amères. Encore moins me concernant. Si Shanna a besoin de parler de son ressenti et qu’il est triste, j’écouterai. Mais on ne parlera pas de moi ; je vais bien.

Alors, comment tu te portes, toi ?
"Moi ça va, épuisement magique ! T'y crois toi ? C'est surtout ma magie qui n'en fait qu'à sa tête, si tu veux mon avis ! "

Je ris très légèrement en me rapprochant du lit de Shanna. Instinctivement, je prend la main de mon amie dans la mienne. Je ne réfléchis pas à mon acte, ni au fait que j’engage un contact physique. J’ai été inquiet à son sujet, je la retrouve vivante, je suis bien trop soulagé pour me questionner sur mes gestes.

Je n’aurais pas pu supporter le fait de perdre à nouveau quelqu’un de si important…

Je savais que tu étais une battante, de toute manière.

J’affirme avec toute la douceur du monde dans ma voix. Je caresse le dos de la main de Shanna du bout de mon pouce un peu froid en cette période de l’année.

Je suis désolé d’avoir pris si longtemps à venir. Il y avait souvent des personnes ici et…

Je ne termine pas ma phrase quand bien même je souhaitais sincèrement me justifier. Je crois que je n’ai pas besoin de conclure, de toute manière, pour que Shanna comprenne. Elle me connaît. Elle me connait beaucoup trop bien pour ne pas faire le lien : il y avait du monde alors j’ai fuis. Je trouve cela un peu stupide, maintenant que j’y pense, mais je sais que je ne devrais pas : ma psychomage le dit souvent.

Je ne sais pas si c’est autorisé, mais…

Je baisse le ton en me penchant vers mon amie pour lui murmurer comme si j’étais dans l’illégalité. Bientôt, je saisis mieux la main de Shanna pour tourner sa paume vers le haut et y déposer une petite sacoche.

... Je suis passé chez Honeydukes te prendre un petit remontant.

Je me redresse une fois le cadeau offert et adresse un clin d'œil complice à mon amie. Je voulais lui ramener quelque chose et je me suis dit que les sucreries étaient “valeur sûre”.
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Flash-back entre deux amis. Entretenir une amitié est plus important qu'on le pense. Et Shanna y tient beaucoup, elle apprécie Sal Denvers qui est l'un de ses plus proches amis depuis peu.





08.12.2001

"Il me semble avoir compris cela, oui." On se moque tous les deux gentiment de Vicky, c'est un fait assez connu chez les Poufsouffle. Elle tombe amoureuse plus vite que son ombre. Elle rêve du prince charmant et idéalise sans doute un peu trop l'amour. Mais c'est ce qui fait son charme aussi. Je ne suis pas aussi romantique qu'elle. Je sais que peut-être un jour je tomberais amoureuse. Mais je n'idéalise pas l'amour, je sais qu'on peut en souffrir autant que ça peut rendre heureux. Ma mère ne nous a jamais caché à quel point leur histoire à elle et mon père avait été chaotique. Même si mes parents s'aiment, je sais que ce n'est pas tout rose. A vrai dire l'amour quel que soit sa forme reste difficile, que se soit l'amour entre amant, ami ou membre de la même famille.

J'ai une pensée pour Siri et sa relation désastreuse avec Papa et Maman. Alors que lui et moi on est très proche. Je n'ai aucun doute que mon frère m'aime beaucoup et c'est évidemment réciproque. Mais ça peut être douloureux. D'une manière ou d'une autre, je suis suffisamment à l'aise avec Sal pour discuter de mes sentiments et de ce qu'implique être un demi-loup. Certains ont des instincts moins forts... Mais au vu de mes traits plutôt prononcés, je souffrirais immanquablement si je devais les combattre comme le fait mon frère. Et je ne veux pas avoir mal inutilement, je ne suis pas masochiste.

"Moi, Shanna, je ne trouve pas stupide que tu en parle." Je souris à Sal simplement contente d'avoir un ami aussi adorable. Il se sous estime beaucoup, mais il est un ami vraiment très important pour moi. Il sait toujours trouver les mots pour me réchauffer le cœur. Il n'a pas l'exubérance de Vicky mais il tient la même place dans ma meute. J'apprécie sincèrement ses paroles pleine de sagesse et de bienveillance. Il n'y a pas vraiment avec un grand nombre de personne avec qui je peux être aussi honnête. Bien sûr je ne mens pas souvent, mais je suis loin de tout dire malgré mon caractère qui peut paraitre un peu bruyant et très ouvert. Je suis bien plus réservée que mon attitude le laisse penser quand il est question de mes sentiments véritables sauf envers mes proches.

J'écoute donc avec attention et plaisir les paroles de mon ami. Parce que je sais qu'il est sérieux et qu'il prend le temps de réfléchir avant de répondre à mon fil de pensées. Et il me connait bien aussi, c'est vrai que je surjoue un peu ce côté enfantin parfois. C'est sans doute une façon de me protéger, et ça peut donner une fausse impression d'immaturité alors que je ne suis pas si immature que ça. Un peu inconsciente et téméraire oui par contre. "[...] Enfin, je comprends que tu préfères attendre cette personne qui serait destinée à être ta moitié. Alors je n’essaie pas particulièrement de te faire changer d’avis mais je dirais juste que… Si Larry m’a appris une chose c’est que, ce foutu loto de la vie… Parfois c’est cool d’y jouer, même si on doit y perdre. " Je crois que je comprends ce que Sal essaie de me dire, mais je ne pense pas qu'il puisse réellement comprendre à quel point ce truc de partenaire est viscéral pour un loup. Il y a presque une sorte d'enchainement magique et émotionnel, dans le sens positif du terme quand cela est accepté des deux côtés.

"Je crois comprendre où tu veux en venir. Si ça peut te rassurer, je ne compte pas attendre toute ma vie après quelque chose qui pourrait ne jamais arriver. A vrai dire, j'ai peut-être ce discours aussi parce que je n'ai jamais recherché ce genre d'affection. Pour le moment, ma famille et mes amis me suffisent largement. " Je souris, quand bien même j'ai un coup de cœur pour Oscar. Je ne pense pas que se soit sérieux. Et je n'ai pas vraiment envie d'être en couple actuellement, je ne me sens pas prête pour ce genre de choses. Et ça ne m'intéresse même pas d'ailleurs.

"Quoi qu’il en soit, et qu’il y ait “quelque chose” entre vous deux ou non, il a plutôt intérêt à être bon envers toi. " Je souris avec affection parce que je sais qu'il est sérieux, et à sa place je lui aurais sans doute dis quelque chose de similaire. "... Autrement, je lui envoie un sortilège dont il se souviendra longtemps. " Cette fois j'éclate de rire, quand j'imagine la scène. Parce qu'Oscar est assez grand et se serait vraiment très drôle de le voir se prendre un sort de la part de Sal qui est à côté de lui vraiment petit.

"Ton amitié me va droit au cœur." Je ris un peu avant de reprendre mon sérieux. "Merci Sal, c'est important pour moi de pouvoir partager ce genre de choses avec mes amis." Lui et Vicky en fait, je n'aurais jamais parlé de ça avec quelqu'un d'autre. Je sais qu'il saura ce que je veux dire par là. Je ne parle pas de ce genre de sujet avec n'importe qui. Nous le savons tous les deux. On continue de discuter plus légèrement en rentrant au château.  






12.12.2001

Je suis heureuse de pouvoir passer du temps avec Sal, d'autant plus quand je suis bloquée au lit. L'infirmière est une vraie tortionnaire ! J'exagère à peine... "Bien sûr, je vais bien. Il en faut bien plus pour me toucher." Je ris à cette réponse pince sans rire de mon ami. Il a vraiment un humour très anglais. Et j'aime vraiment ça, même si j'ai un humour plus rustre que le sien. Je serre sa main dans la mienne, pour la rassurer. J'imagine que malgré son ton humoristique il était inquiet lui aussi. "Je suis rassurée tout de même, c'était tellement le bazar. Je ne vous ai pas vu, ni toi, ni Vicky pendant l'attaque." Pour Vicky, je ne sais même pas à quel moment on a été séparé. Mais c'était dés le début de l'attaque. Et dans le bordel j'aurais eu bien du mal à les repérer. Sur le moment, il fallait surtout que chacun se concentre sur soi.

"Je savais que tu étais une battante, de toute manière." Je m'amuse de cette réponse, parce que si on tient compte de ce qui s'est passé... C'est effectivement le cas au sens littéral. Je pense que je me ferais engueuler d'ailleurs si il connaissait tous les détails de ce qui s'est passé de mon côté. "Tu as raison, je ne me laisserais pas abattre sans combattre. Même si je dois bien avouer que ces détraqueurs c'était vachement flippant." A bien des égards, autant par leur aspect répugnant que par les émotions négatives qu'ils véhiculent.

"Je suis désolé d’avoir pris si longtemps à venir. Il y avait souvent des personnes ici et…  Je ne sais pas si c’est autorisé, mais… Je suis passé chez Honeydukes te prendre un petit remontant." Je comprends pourquoi il n'est pas passé plus tôt, il est vrai qu'il y a eu pas mal de monde autour de moi ces dernières heures. Je ne suis pourtant pas mourante, d'ailleurs si l'infirmière n'était pas si inflexible je pourrais rejoindre ma salle commune. Je me penche vers mon ami quand il se met à chuchoter avec un air conspirateur. Mes yeux doivent clairement exprimer ma propre malice.

"Cher ami, je vous remercie solennellement pour ce merveilleux présent. " Je déclare avec un sérieux peu crédible me connaissant, d'autant que je chuchote ma réponse comme une conspiratrice. J'éclate finalement de rire. J'avoue que cela fait du bien de rire après les évènements. C'était assez horrible, bien que sur le moment je n'ai pas pris le temps de réellement penser à ce qui se passait. J'ai juste agi.  

"Tu veux partager avec moi ?" Je demande naturellement en commençant à piocher moi même dans le paquet si adorablement offert. "Et t'inquiètes pas, je sais que t'es pas à l'aise quand il y a du monde. Et c'est pas plus mal que je puisse aussi profiter d'un moment de calme. Je reste fatiguée malgré le fait que je déteste être obligée de rester au lit." Je pouffe de rire, ce n'est une surprise pour personne que je n'aime pas rester en place. Et ce qui compte au bout du compte, c'est qu'il soit là. Le reste ça n'a pas beaucoup d'importance !  






05.02.2002

Après les détraqueurs, voilà que je me suis retrouvée au cœur d'un incendie pendant les vacances de Noël... Suite à ça j'ai fait la une de la Gazette, tout comme Oscar et mon frère. Heureusement, on a pas affiché nos têtes. C'est déjà ça, je me serais bien passé de cette célébrité non désirée. Surtout au vu de ce qui s'est passé, je ne suis pas tellement impacté par les évènements. Enfin ce n'est pas tout à fait vrai. Je dors assez mal depuis, parfois je fais des cauchemars dans lesquels on meurt tous les trois. Fun, vraiment !

Et ensuite Vicky a été mordue par un loup-garou et en est devenu un. En soi, peu importe ce qu'elle est. Mais les évènements dangereux semblent s'enchainer ces derniers temps. Je passe mon temps à me ronger les sangs. J'ai renforcé mes séances de sport et de méditation. Il est plus que nécessaire que je stabilise ma magie. J'en suis consciente plus que jamais. Il se passe trop de choses depuis le début de l'année scolaire. On essaie tous de conserver une scolarité à peu près normale mais... ce n'est pas aussi simple. J'arrive devant la salle de magie sans baguette, au moins je vais pouvoir passer du temps avec Sal et ne pas penser à tout ça pendant le cours.

"Salut Sal, c'est un de mes cours préférés. Mais aujourd'hui, j'ai qu'une envie s'est de courir dehors." Je pousse un soupir à fendre l'âme. Ouais cette énergie débordante qui demande qu'à sortir c'est de pire en pire. Et je doute que ça s'arrange tant que je ne suis pas majeure. Ça va être long jusqu'à mes dix sept ans, j'vous le dis ! Et même là, ça va pas juste s'arrêter. Un demi-loup reste un demi-humain, j'aurais toujours des réactions et une énergie différentes des autres humains. Ni vraiment un loup, ni vraiment un humain. Même si le côté loup est très présent chez moi, et c'est de plus en plus évident que le temps passe. Je ne serais jamais un loup à part entière.

C'est pas que ça me peine, mais je comprends un peu mieux ce que Siri à pu ressentir. D'autant plus, quand il se considère comme une sorte de bête de foire. Je m'en veux un peu d'avoir essayé de le rassurer alors que je ne pouvais pas comprendre ce que je n'avais pas encore vécu. L'adolescence chez nous change beaucoup de chose, l'expression de notre nature est assez instable et violent. Et c'est seulement à cet âge qu'on peut commencer à entrevoir réellement l'importance que prendra notre loup dans notre vie.

"Je me suis entrainée pour le sort que le prof nous a appris dernièrement. Même si ça me vient plus naturellement, la fluctuation de ma magie rend tout si compliqué. " Je râle un peu, mais ce n'est pas vraiment grave en soi. Je suis juste un peu ronchon. "Tu as le bonjour de Vicky, ceci dit tu l'as peut être croisé ce matin ?" Je bavarde de tout et de rien avec bonne humeur malgré mon air grognon de tout à l'heure. A croire que mon humeur change aussi vite que mes sujets de conversations. En réalité, ce n'est pas si loin de la vérité.






02.03.2002

Malgré le climat tendu des dernières semaines suite à l'attaque du 11 février... On est samedi et j'ai prévu de faire plein de choses aujourd'hui ! M'amuser et pourquoi pas profiter du parc cet après midi. On ne peut pas dire qu'il fasse réellement très chaud... Mais ce n'est pas comme si je craignais le froid de toute façon. Sauf que ce matin les choses ne se déroulent pas comme prévu... Habituellement, je cours tous les matin. Sauf le samedi justement, donc je me suis levée plus tard comme à mon habitude. Et j'ai loupé le petit déjeuner. Se sont les discussions animés dans la salle commune qui m'interpelle. Il y a l'air d'avoir du monde.

Je prends le temps de me débarbouiller un peu le visage avant de descendre. "Qu'est ce qui se passe ce matin ?" Je demande à une camarde de maison que je croise. "Shanna ? Tu viens de te lever ?" Me demande l'élève plus âgée, j'hoche la tête. Plutôt que parler elle me tend un épisode de la Gazette du jour. Mes yeux balayent rapidement la première page et mon sang se glace dans mes veines... Une attaque ? Mais qu'est ce que ? Siri va bien ? Je parcours rapidement l'article mais il n'y a aucune putain d'informations sur le noms des blessés ou des morts. Je sens ma détresse monter en flèche. Et Oscar ? Faite qu'ils ne leur soit rien arriver putain. "Shanna, tu vas bien ? Tu es pâle comme un linge ?" La voix me ramène à la réalité. "Mon frère est là bas ! Et l'article ne donne aucune information sur les blessés ou... ou les morts." Je, j'ai envie de pleurer. Je suis terrifiée. "Je dois envoyer une lettre." Je marmonne alors que Jenny pose une main sur mon épaule un peu désemparée sans doute. Mais je ne dois pas être la seule à avoir de la famille là bas. Je comprends mieux l'effervescence qui règne ici.

Je me précipite dans mon dortoir pour récupérer de quoi écrire et je sors à toute allure. Sur le trajet, je croise plusieurs personnes mais je ne m'arrête pas. La seule pensée qu'il ai pu arriver quelque chose d'horrible à mon frère me retourne l'estomac. Et Oscar ? Je ne sais même pas si il était à Poudlard ou à l'UMS hier. J'ai envie de vomir. Dans la précipitation, je rentre dans quelqu'un. Je rattrape la personne par réflexe. "Sal ? Je ne regardais pas où j'allais désolé. Je suis pressée..." Je marmonne dans ma barbe, sans m'en rendre compte je l'entraine avec moi jusqu'à la volière. Parce que sa présence me rassure. Je n'ai pas croisé Vicky, mais je suppose qu'elle aussi a dû envoyer un message à sa famille. Peut-être qu'elle est dans les quartiers des profs avec son père ? Sans doute sinon, elle m'aurait réveillé pour une chose pareille. Une fois sur place je relâche Sal que je n'avais même pas eu conscience de tenir par la main. Et je m'empresse d'envoyer plusieurs lettres, à mes parents, mon frère et Oscar. Je suis complètement hagarde et je ne suis pas vraiment la seule. La volière est pleine de gens, et plusieurs ont l'air particulièrement inquiet.

Soudain une voix douce me tire de mes pensées. Je cligne des yeux avant de me fixer sur mon meilleur ami, prenant conscience qu'il a attendu patiemment jusque là.

"Je t'ai trainé avec moi ?" Je demande clairement perdue, n'ayant pas eut conscience de mes propres actions. "Et si mon frère était blessé ?" Je ne peux pas envisager qu'il soit mort, c'est juste trop difficile à imaginer. Mais je suppose que la détresse se voit sur mon visage. Je pense aussi à Oscar, mais je ne verbalise pas mon inquiétude pour lui. Pour tout un tas de raisons. Peut-être pour de mauvaises raisons, mais tant pis. Actuellement, je suis juste une enfant terrifiée. Je ne sais même pas si Sal a vu la Gazette, sans doute que si. Il devait même être dans la Grande Salle quand la Gazette est arrivée. Je suis presque certaine qu'il sait déjà. J'espère sinon, il risque de ne rien comprendre.



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