22 Décembre 2001
Il est tendu comme je vois rarement des gens au lendemain d'une soirée, bien que j'en fasse peu, en particulier lorsque la soirée s'est terminée de cette manière. Ça m'ennuie, parce que quoi que je fasse ou que je dise, rien ne semble l'aider à se calmer et je sens que, pour ne pas changer, je m'y prends mal parce que je ne comprends rien à ce qu'il se passe dans la tête des humains. Tout me semble si compliqué en ce qui les concerne. D'un autre côté c'est bien ma veine, là où n'importe quelle autre personne serait juste ravie que je n'ai pas de problèmes à en rester là, Frost semble carrément détester l'idée même de s'être réveillé à mes côtés. Il était plus sympa hier soir, et le fait que je sois un vampire n'a pas semblé le déranger un seul instant depuis la seconde où il l'a su. Je veux bien que l'alcool influe sur les comportements, mais les humains sont-ils si faibles d'esprit qu'ils deviendraient leur propre opposé radical en tombant sous son joug ? Je lève les yeux au ciel, à présent franchement agacée de ce réveil désagréable.
"Je n’aime pas l’idée que quelqu’un ait bu mon sang, je ne suis pas une tarte à la citrouille, je suis un être humain…" Je plisse les yeux. Une tarte à la citrouille ?
"C'est toi qui l'a voulu, et je n'aurais pas accepté si je n'avais pas été aussi saoul que toi." je réplique parce qu'il est hors de question que je prenne la responsabilité de cet acte seule. Frost est aussi fautif que moi en l'occurrence, et je ne ferais pas les frais de sa colère gratuitement. A quoi pouvait-il bien s'attendre d'autre à discuter avec une vampire jusqu'à lui demander de le mordre pour essayer ? Et même après cela, c'est bien lui qui m'a embrassé et lancé les hostilités. On ne va pas se mentir, il est beau, charismatique, et son sang à un goût unique, je n'allais pas l'envoyer balader.
"Par ailleurs, je ne mange pas de tartes à la citrouille." je précise en serrant les dents. Sous-entendu, je ne mange pas de nourriture humaine tout court. Du sang seulement. De toute manière la nourriture solide me dégoûte, je ne sais comment ils en consomment trois fois par jour, voir plus, aussi sereinement. La plupart de leurs mets sont gras, chimiques, et puent à trois kilomètres à la ronde. Je suis sûre que ça les rends faibles et malades plus qu'autre chose.
Je tente à nouveau de détendre un peu l'atmosphère, parce que la tension est actuellement à couper au couteau et cela commence à réellement m'oppresser. Mais à nouveau je me heurte à un mur et ne parvient qu'à récolter un regard noir de la part du jeune homme. Bon, comme ça au moins c'est clair, on ne m'y reprendra clairement pas. Je n'arrive pas à comprendre comment on peut avoir une personnalité si...changeante ? Ambivalente ? Contradictoire ? Mais je ne compte pas tenter d'essayer de trouver réponse à cette question, parce que j'ai surtout envie de me libérer des ondes si négatives que je reçois présentement.
"Pour répondre à ta question, je n’ai effectivement aucun souvenir de la soirée après que Zabini ait décidé de nous saouler à mort, j’imagine qu’être un vampire à ses avantages dans ces cas là" J'ai un petit rire de dédain et le fixe bien en face en croisant les bras sur ma poitrine.
Dans ces cas là ? je me répète en plissant les yeux. Être un vampire est un avantage considérable dans absolument tous les cas. Pourquoi fait-il sonner ça comme si il n'avait pas conscience que mes capacités ne se limitaient pas à mieux tenir l'alcool et éviter la gueule de bois ? Ne se rends t-il pas compte que je pourrais écraser son crâne dans ma petite main avant même qu'il n'ait le temps de réaliser que j'ai bougé en premier lieu ? Surtout qu'il est en train de commencer à m'énerver vraiment, et malheureusement pour lui, j'ai tendance à m'aider de mes poings plutôt que ma tête dans ces cas là. Quoi qu'un coup de boule n'est pas exclu ceci étant dit.
"Quoi qu’il en soit, je n’aurais jamais couché avec toi en pleine possession de mes moyens, je n’ai rien contre toi mais j’évite de fricoter avec les créatures capables de me réduire en bouillie…En espérant que je te laisse un bon souvenir malgré l’ivresse. Bonne journée" Il n'a rien contre moi hormis le fait que je sois un vampire ? Je n'en reviens pas de l'audace dont il fait preuve. Et le pire c'est qu'il est tout à fait lucide sur ma nature, ce qui commence à me faire penser qu'il ne tient probablement pas tant que ça à sa vie. Merde, les humains sont si frustrants. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour retrouver un monde plus vampirique...Et par dessus tout il pense me laisser un bon souvenir malgré tout ? Ça aurait pu oui, ça a faillit même, mais il a fallut qu'il ouvre sa jolie bouche pour s'énerver sans raison valable à mes yeux, cette même bouche qui parcourait mon corps de baisers brûlants il y a encore quelques heures. Hé je vais m'en remettre, c'est pas tellement le problème. Le soucis c'est plutôt que, étonnamment, je n'aime pas tant que ça me faire agresser dès le matin de manière totalement arbitraire. Est-ce que ce serait ce truc que font les humains quand ils s'énervent pour quelque chose alors qu'en réalité c'est un autre truc qui les tracasses ? Non, probablement pas. C'était bien moi qui lui pose problème, ma nature en tous les cas et c'est pas si simple de m'en dissocier.
"Là y a peu de chances." je réponds mais il est déjà en train de refermer la porte derrière lui. Je ne sais pas si il m'a entendu, et peu m'importe, je suis soulagée qu'il se soit éclipsé. Quoi ? Je n'allais pas lui dire le contraire alors que je n'en pensais pas un mot ? Je ne donne pas dans l'hypocrisie, ni dans le mensonge sous toutes ses formes d'ailleurs.
C'est dingue. Je n'en reviens pas. J'ai pourtant eu l'impression d'être gentille. Je ne sais pas quel est son problème à lui, mais il faut vraiment qu'il se détende. Parce que je ne suis déjà pas très patiente, il ne m'en aurait pas fallut tellement plus pour que je perde mon calme, mais il pourrait tomber sur bien pire que moi à l'avenir et froisser la mauvaise personne.
Bon, allez, peu importe, ce type sera oublié en un claquement de doigt alors ça ne vaut clairement pas la peine de me prendre la tête à propos de son comportement plus longtemps. Je termine de me rhabiller tranquillement, ramassant les boutons de ma chemise qui ont roulés aux quatre coins de la pièce, effaçant les derniers vestiges de cette nuit agitée pour ne pas laisser une chambre en bordel derrière moi. En y repensant je me suis bien amusée à cette soirée, et je n'ai pas envie de laisser l'expérience de ce réveil avec Frost gâcher ce souvenir. Je ne crois pas que Sam soit encore là, il a dû rentrer dormir dans son appartement à Druid's Oak et à la réflexion, j'aurais dû faire de même. Le traître, il est partit sans moi, m'abandonnant dans ce manoir inconnu. J'ai un petit sourire, non, je crois me rappeler qu'il a quitté les lieux en charmante compagnie et m'a demandé si cela me convenait et je lui ai donné ma bénédiction.
A mon tour, je sors de la chambre pour rejoindre la porte d'entrée. Je ne croise personne, mais j'entends que plusieurs autres chambres sont encore occupées. Peut être n'est-il pas si tard que ça si la plupart de mes camarades dorment encore ? Sans trop de mal, je retrouve mon chemin jusqu'à la sortie de cette gigantesque maison en évitant soigneusement la pièce à vivre où je sens l'odeur du propriétaire des lieux de manière bien plus vivante que dans le reste de la bâtisse, me laissant penser qu'il s'y est certainement installé. Dans un silence religieux, je me glisse à l'extérieur et sors de la propriété pour transplaner jusque chez moi. J'y constate que la matinée est tout de même déjà bien avancée, aussi je file sous la douche pour me débarrasser des derniers vestiges de la veille, et laisser tout cela derrière moi. Oncle Adrián doit déjà m'attendre à L'Arène, il m'a demandé de l'épauler lors d'un cours de groupe pour créatures. Je ne suis pas encore en retard mais je n'ai pas non plus de temps à perdre.
12 Janvier 2022Les vacances de Noël, bien que mouvementées, sont passées beaucoup trop vite à mes yeux et le retour à Poudlard m'a semblé tout aussi précipité. Mais je me rassure en me disant que plus vite je retourne en cours, plus vite les examens finaux vont arriver et j'en aurais fini avec cette scolarité compliquée. Et puis je tiens parce que je retrouve mes amis malgré tout, et c'est toujours plaisant de rejoindre la tour Gryffondor et la vie au château aux côtés de Zia, Billy, Esteban et les autres. Je ne sais pas à quoi va ressembler la suite de ma vie post-poudlard mais j'ai hâte de le découvrir. Mon Oncle m'a promit qu'il ne m'obligerait pas à aller à l'université après cela, et que je serais libre de faire ce qui me plaît. De toute manière j'ai l'éternité devant moi, rien ne m'empêchera de m'essayer aux joies de la vie étudiante plus tard, quand j'y trouverais quelque chose d'intéressant à mes yeux.
En attendant, je dois rester concentrée sur le présent, et il n'est pas si agréable que je ne l'aurais souhaité en l'occurence aujourd'hui. Et je peux remercier mon caractère et Tom Bellamy qui a parfaitement compris sur quels boutons appuyer pour me faire péter les plombs. J'ai essayé de me contenir, vraiment, mais ce petit con a pris un malin plaisir à mettre ma patience à l'épreuve et j'ai échoué au test en lui collant mon poing dans la figure en plein cours sur la Tentacula Vénéneuse. Heureusement pour lui, je ne tenais pas particulièrement à le tuer, je me suis donc contentée de lui casser le nez, suffisamment fort pour l'envoyer quelques jours à l'infirmerie aux petits soins de Madame Pomfresh. Je n'ai pas été désolée pour être honnête, pas même le temps d'une seule seconde. Il l'avait cherché, tout le monde dans la pièce savait que j'étais un vampire, venir me provoquer délibérément juste pour s'amuser était idiot de sa part et complètement inconscient. Quelque part, il devait le vouloir ce nez tordu, non ?
Toujours est-il que Madame Chourave n'avait pas forcément apprécié mon intervention pendant son cours. Et si elle admettait que Tom devrait être puni, je n'allais pas y échapper non plus. Ceci dit, je n'ai écopé que d'un samedi après-midi d'esclavagisme dans la serre alors je me dis qu'elle me donnait quand même un peu raison, et que ça aurait pu être bien pire. Elle ne m'avait même pas demandé d'aller m'excuser auprès du garçon. Tant mieux parce que je ne l'aurais jamais fait, même pour tout l'or du monde.
"Nous attendons votre camarade, elle ne devrait plus tarder…" J'entends la voix de la professeur avant même de pousser la porte de la serre numéro deux. J'y entre en songeant que j'ai déjà hâte d'en finir avec cette journée. Ce n'est pas tant de passer 4 heures à rempoter des plantes diverses et variées qui me dérange. Non, ce qui change totalement ma perspective de l'après-midi à venir, c'est le Serpentard qui me tourne le dos mais dont je reconnais l'odeur immédiatement. Frost Rosier sera donc mon compagnon de cellule. Cette constatation ne m'enchante guère.
Jusqu'ici je l'ai très peu croisé au château, et jamais dans une situation nécessitant la moindre interaction avec le garçon. Ça m'allait très bien de pouvoir l'ignorer à loisir. De toute manière, qu'avait-il dit déjà ? "
Je n’aurais jamais couché avec toi en pleine possession de mes moyens, je n’ai rien contre toi mais j’évite de fricoter avec les créatures capables de me réduire en bouillie…" Ou quelque chose dans ce goût là. Du coup ça ne devait pas l'avoir chagriné tant que ça au final.
Mon seul regret vient du goût que son sang a laissé dans ma mémoire. J'ai eu l'occasion, au cours de mes 18 années d'existence vampirique sur terre, de me délecter de beaucoup de différents type de sang pour me nourrir. Jamais personne ne m'avait laissé cette impression délicieuse. Dommage qu'il soit si fermé sur la question des créatures et des morsures...Vu comme il a réagit quand il a détecté la marque que je lui avais laissé, à sa demande je le répète, peu de chances qu'il soit ravi de savoir que j'ai tant aimé le mordre.
"Livia..." me lance Frost non sans avoir levé les yeux au ciel et soupiré en me découvrant derrière lui. Charmant vraiment. Je hausse les sourcils.
"Tu t'es souvenu de mon nom ? Y a du progrès." je réponds en levant les yeux à mon tour, lui passant devant pour rejoindre la professeur. Je n'ai pas envie de jouer à ce petit jeu avec lui. De toute manière j'ai bien compris le topo il y a trois semaines chez Zabini, il regrette, ne veut rien avoir à faire avec un vampire, bla bla bla. La piqûre de rappel n'est pas plus plaisante qu'elle n'est nécessaire. C'est dommage cela dit, j'ai vraiment passé un bon moment avec lui à la base. Mais j'ai noté, les humains ne valent pas le coup d'être considérés lorsqu'ils sont alcoolisés et se réveilleront probablement le lendemain en vous accablant de tous les maux. Quelle perte de temps.
Je me concentre sur Madame Chourave qui nous explique que notre tâche du jour sera de rempoter les Géraniums Dentus. Nous l'avons déjà vu en cours l'année précédente à la même époque, et ce sera un jeu d'enfant même s'il y a bien une cinquantaine de plantes disposées sur la grande table en bois de la serre. La professeure nous indique où trouver le matériel nécessaire dans cette serre et répète à nouveau ce qu'elle attend de nous à la fin de la journée.
"Je vous laisse maintenant, tâchez d’avoir terminé d’ici 21h." Je baisse les yeux sur ma montre, 16h54, j'espère sincèrement que l'on aura achevé ce travail bien avant que sonne 21h. Je la regarde passer la porte de la serre, et croise le regard de Frost ce faisant.
"Bon, je compte pas y passer vingt ans." je le préviens en tournant les talons, entreprenant de récupérer les sacs de terreau sur les étagères et de les poser sur le plan de travail près des nouveaux pots encore vide.
Quand j'estime que j'ai apporté assez de terreau, j'attrape une paire de gants de protection dans mon sac que j'ai laissé près de la table et m'installe sur l'un des tabourets hauts qui entourent la table de travail.
"Si on veut aller plus vite, il vaut mieux que l'un vide les pots, et l'autre remplisse les nouveaux, ça te va ?" je demande en attrapant le premier Géranium dentus qui me semble, en effet, bien à l'étroit dans son petit pot en terre cuite. Tu penserais qu'avec leur magie si indispensable, les sorciers auraient inventés un sort pour agrandir les pots sans blesser la plante à l'intérieur. Mais non ! Ils ont pensé à comment faire vomir des limaces à leurs ennemis, mais ça non.
"Tu m'écoutes ?" j'insiste en lançant un regard à Frost qui ne m'a pas répondu. Je soupire, excédée par la lenteur humaine dans son ensemble. Ou alors juste excédée par la présence de Frost.
L'un ou l'autre, le résultat est le même, quand ce genre de frustration me prends, j'ai tendance à perdre mes moyens ou à m'énerver encore plus. Là cette fois, on dirait que c'est les deux à la fois. Sans y prendre garde, attendant la réponse du jeune homme à ma proposition, je laisse ma main retomber suffisamment proche de la plante pour que sa gueule se referme sur l'un de mes doigts.
"Ah putain !" je m'exclame davantage sous le coup de la surprise que de la douleur réellement. Je sens a peine la morsure à travers le gant, et quand bien même, je résiste étonnamment bien à la douleur de manière générale. Énervée par toute la situation, mon premier réflexe est de relever le bras, entraînant la plante avec, laissant son pot s'éclater au sol. Le Géranium ne m'a pas lâché, cette saleté de plante a une puissance étonnante avec ses petites dents, je lui reconnais au moins ça. Une grande inspiration pour contenir l'agacement qui monte de plus en plus, menaçant de révéler une véritable colère, et je force le végétale à rouvrir la bouche, à l'aide de mon autre main, le laissant retomber dans un pot vide. Je souffle, faisant vraiment mon maximum pour me calmer. C'est de ma faute, j'aurais dû faire attention à ce truc apparemment carnivore dont je suis resté bien trop proche.
"Ça va, c'est rien." je dis, autant pour en informer Frost, autant pour me convaincre moi même.
Je m'accroupis pour nettoyer les restes du pot qui s'est brisé en tombant, frustrée de ma propre maladresse, frustrée de me retrouver dans cette situation. Je suis dans cette serre aux côtés de Frost depuis à peine une demi-heure et j'étouffe déjà. Tout est fait pour me perturber. Et je me rends compte qu'il n'a pas tout à fait tort de ne vouloir se mêler aux créatures. Les vampires sont des prédateurs naturels, dont les humains sont les proies de prédilection. Et là, tout ce sur quoi je suis capable de me concentrer, c'est le battement de son coeur, envoyant le sang circuler paisiblement jusqu'à la moindre extrémité de son corps, l'odeur enivrante de ce même sang, la couleur bleutée dont il teinte les veines épaisses de son cou et à quel point j'ai envie d'y planter mes crocs. Par Odin, Madame Chourave ne sait pas à quel point nous coller ensemble est devenu dangereux tout d'un coup. Je pourrais le tuer si facilement que c'en est dérangeant rien que d'y songer. je pourrais le tuer si facilement, et assouvir mon désir grandissant de le goûter à nouveau.
Je me redresse, une fois ma bêtise réparée, et passe une main sur mon visage. Concentre toi Livia. Il faut que je reprenne contenance, je ne peux absolument pas me permettre de déraper. Mais à l'avenir, je dois rester loin de cet homme. C'est impératif.
Je prends une seconde pour enlever ma veste et l'accrocher soigneusement au porte manteau derrière la porte de la serre, avec toutes ces conneries je commence à avoir chaud.
"Je vais chercher d'autre pots vides." j'annonce en me dirigeant vers le fond de la serre, à l'opposé de là où nous nous sommes établis pour le moment. Je dois m'éloigner, juste le temps de reprendre le dessus sur mes instincts de vampire. Si il savait ce qui est en train de me traverser l'esprit...
(c) crackle bones