10 Janvier 2002 - Jeudi
Une semaine est passée depuis la fameuse réunion de crise des clubs étudiants du campus. L'agitation est quelques peu retombée, le choc a laissé place à un élan de solidarité notable et sans précédent autour des quatre clubs. Tout le monde semble déterminé à trouver des moyens de récolter des fonds et redonner un foyer aux Pendragons. C'est plutôt cool de voir tout le monde se sentir aussi concerné et impliqué. Pleins de choses ont déjà été organisées, les cuisiniers et pâtissiers de nos rangs ont lancé des ventes de bouffe à la fac, les artistes des performances au chapeau dans les rues de Londres et de Druid's Oak, certains étudiant en licence de Quidditch ont parlé d'organiser un cross sponsorisé, d'autres ont commencé à préparer la grande soirée de récolte que Noun a suggéré pendant la réunion.
Si j'ai suivit un peu tout ça de loin cette dernière semaine, profitant du calme bienvenu de la fin de mes vacances, j'ai repris les cours et il est temps pour moi d'ajouter à mon tour ma pierre à l'édifice.
La reprise des cours est synonyme de reprise de mon stage au Ministère également, et c'est d'ailleurs par là que Noun et moi avons décidé de commencer dans notre petite quête de récolte de fonds. Comme je l'ai déjà dit, je ne connais pas beaucoup la jeune femme et je n'aurais pas forcément parier sur notre duo au premier abord mais les choses se sont faites naturellement et on a décidé de s'y mettre à deux. A la pizzeria elle a mentionné n'être disponible que le jeudi, ce qui tombe parfaitement bien puisque je suis justement au Ministère ce jour là.
Le plan est bien ficelé, elle doit me rejoindre à l'heure où je termine le travail et mentionner la récolte devant mon maître de stage, l'air de rien. Ensuite on ira voir son oncle, pour le coup elle a l'air de penser qu'il faudra lui forcer un peu la main mais finira par accepter. Et après...bon on a pas planifier aussi loin, juste ces deux là, après on va sûrement improviser.
Quand l'heure de la débauche sonne, j'attends patiemment que Mr.Scott me libère pour la journée, ce qu'il ne manque pas de faire, réglé comme une montre suisse. J'hoche la tête et commence à enfiler ma veste quand, une seconde plus tard, on frappe à la porte. Excellent timing.
"Bonjour ! Je m'appelle Noun Wordsworth, et je suis la Présidente du Bodicae Pateare. Je viens récupérer Clémence pour notre récolte de dons." Rien à dire, la perche a été parfaitement lancée, en espérant que l'avocat la saisisse. J'échange un regard innocent avec l'homme et confirme d'un petit sourire les propos de la demoiselle.
"Une récolte de dons ?" Il a mordu à l'hameçon, jusqu'ici, 10/10.
"Oui, nous allons faire le tour du Ministère de la Magie pour récolter de l'argent pour le club de Clémence, les Pendragons. Vous savez, le club qui a brûlé ?" Elle est forte je ne peux que l'admettre. A ce stade de la conversation je n'imagine pas Mr.Scott se défiler sans rien donner, surtout que Noun lui explique la raison de sa présence mais ne lui demande absolument rien en soit.
"Oui, je vois très bien, moi aussi je suis l'actualité. Si je vous donne 70 Gallions, est-ce que ça vous va ?" Si la mâchoire de ma camarade manque de se décrocher, je n'en attendais pas tellement moins de l'avocat. Déjà, il est blindé, 70 Gallions, c'est une broutille pour lui. Mais surtout c'est vraiment quelqu'un de bon, et, il vient de le prouver, de généreux. Je le remercie en lui adressant un grand sourire au moment où il nous congédie toutes les deux, précisant au passage à Noun, qu'elle n'avait pas besoin d'utiliser ses oreilles magiques avant de toquer. Je lui lance un regard, je n'avais même pas remarqué qu'elle avait fait ça. Cela dit il n'a pas tort, la discrétion et la confidentialité sont deux points très important du métier, elle aurait pu entendre des données sensibles ou privées concernant des clients. Je dis pas que ça aurait posé problème, parce qu'à mon avis elle n'en aurait rien eu à faire, mais dans l'idée de manière générale, c'est clairement un problème.
Enfin bon, il l'a dit, je vais pas en rajouter une couche, en plus je trouve ça assez marrant qu'elle ait fait ça pour être honnête.
"Mais attends, il est trop sympa ton boss ! Ça doit être trop cool de bosser avec lui. J'aurais dû faire ça au lieu de me lancer dans la couture !" s'exclame Noun. J'ai un petit rire amusé. Je sais qu'elle plaisante, nos deux vocations n'ont absolument rien à voir et je suis sûre que sur le négatif comme le positif, elles n'ont rien à s'envier non plus.
"J'ai beaucoup de chance d'avoir décroché un stage avec Andrew Scott, je pouvais pas rêver mieux." C'est vrai que c'est un très bon maître de stage, très intimidant par sa prestance et tout ce qu'il représente, mais surtout très intelligent et bien plus pédagogue que ce a quoi je m'attendais. Et puis ce stage aura une place particulière sur mon cv, lui donnant une crédibilité particulière et j'en suis ravie. Surtout que j'y suis arrivée par moi même, sans aide aucune de mon père ce qui est une fierté personnelle supplémentaire.
"Tu as un stage toi dans ta licence ?" je demande à Noun. Je n'ai aucune idée de comment s'organise les cursus artistiques, après tout je ne connais qu'Aku qui en suit un et on parle pas tellement étude quand on est tous les deux. J'ai beau me creuser la mémoire, je n'ai aucun souvenir qu'il ait mentionné un quelconque stage d'application.
Je nous guide jusqu'à la sortie du département de la justice magique et laisse Noun prendre le relais quand on arrive au niveau de celui des Aurors avec pour objectif de soutirer une donation a son oncle.
"Bon, tu verras, mon oncle est un peu bourru, et à cran à cause de cette histoire de jeu, mais franchement, si tu oublies sa mauvaise humeur, sa mauvaise fois, et sa façon de dire "merde" et "putain" à tout bout de chamos, il est super sympa." Je pousse un petit soupire amusé.
"Tu me vends du rêve là." je commente alors qu'on arrive au bureau de l'auror en question. Elle pousse la porte.
"Salut, tonton Shay !". Elle n'a pas menti, l'homme a l'air épuisé, et s'il a un air agacé à première vue, ça ne s'arrange pas d'une once quand il réalise que sa nièce vient le déranger.
"Putain, Noun. Qu'est-ce que tu fais là ? Tu sais bien que je ne payerai pas ton amende pour état d'ébriété sur la voie publique, même si tu rentrais de soirée." Je pince les lèvres pour ne pas éclater de rire, déjà à cause de cet accueil très chaleureux - c'est faux - et ensuite pour le commentaire sur l'amende. Je m'attends à ce qu'elle proteste, parce que je pense qu'il se fout de sa gueule mais c'est pas du tout ce qu'il se passe.
"Je l'ai déjà payée !" Ho. Donc elle s'est vraiment pris une amende pour état d'ébriété sur la voie publique, même à moi ça ne m'est jamais arrivé, et je trouve ça d'autant plus hilarant.
"Et puis, c'est pas comme ça qu'on salue sa nièce adorée. Je te présente Clémence, on fait le tour du Ministère pour son club." On dirait que c'est à mon tour de plaider notre cause.
J'adresse un sourire polie à l'oncle de Noun.
"Vous avez dû en entendre parler, des gosses du clubs qui jouaient à ce jeu dont tout le monde parle et on mis le feu au club des Pendragons au nouvel an ?" je lance innocemment en me disant que si ce jeu lui prend tellement la tête, déjà il est forcément au courant de cet incident et en plus sa titillera sa curiosité.
"On récolte des fonds pour la reconstruction du club, tout a été détruit dans l'incendie." Mon attention est détournée par Noun qui vient de s'affaler dans un fauteuil avec une boîte de biscuits et m'en propose un, à la grand contrariété de son oncle. A nouveau je pince les lèvres pour masquer mon hilarité. D'un geste de la tête je refuse le gâteau qu'elle me tend, décidant de ne pas provoquer davantage son oncle à qui on essaie de gratter de l'argent.
Un nouvel échange s'en suit, il consent à nous donner deux gallions mais Noun proteste immédiatement en le traitant de radin, arguant que Andrew Scott a été bien plus généreux dans sa donation. Il râle, mais elle le connait suffisamment pour savoir parfaitement quels boutons pousser et, très clairement, elle gagne la partie. Je crois qu'il a vraiment pas la force et qu'il veut juste se débarrasser de nous pour pouvoir reprendre son travail. Hé c'est une technique comme une autre hein : avoir les gens à l'usure. J'ai comme l'impression que c'est pas la première qu'il se fait avoir par sa nièce de cette manière. En tout cas de là où je suis, ce fut très divertissant à observer.
Son voeu finalement exaucé, on s'éclipse en le remerciant, le laissant retourner l'air dépité à ses préoccupations.
"Miss Wordsworth, vous avez un réel talent pour soutirer de l'argent." je plaisante alors qu'on se remet en route dans le couloir.
"Ok j'ai fait le tour de mes connaissances ici ! Il y a des gens que tu connais qu'on peut aller extorquer ?" Je réfléchis un instant.
"Je suppose qu'on pourrait aller voir mon père mais...Je peux aussi le racketter tranquillement à la maison, surtout que si je me pointe pour un repas en famille, il sera tellement content qu'il sera plus disposé à faire un gros don..." Je m'arrête pour fouiller dans mon sac une seconde.
"Tiens regarde j'ai trouvé ça hier dans un magasin de bazar au Chemin de Traverse, je me suis dit que ça pourrait nous servir." Je finis par mettre la main sur l'objet en question et la lui tend d'un air satisfait.
"C'est une mini boîte à don, quand les gens mettent une pièce, y a un mini feu d'artifice qui éclate. Marketing à mort mais bon les gens sont des pigeons et adorent ce genre de truc, on pourrait la laisser à l'accueil si ils nous autorisent et revenir la récupérer dans une ou deux semaines ? Qu'est-ce que t'en penses ?" Je l'observe en attendant sa réaction, autant elle va trouver mon idée super nulle.
"Enfin on peut aussi aller voir mon père tout de suite si tu préfères." C'est juste qu'il est pas super fun, en plus il sera sûrement super occupé et aura pas trop de temps à nous accorder.
(c) crackle bones