Le mutisme est la vérité
Feat Judas Arcangeli
Samedi 12 janvier 2002 – 19h56
« Un Whisky pur feu ! » A peine prononcé que la boisson fut envoyée, glissant parfaitement jusqu’au client. Un petit échauffement des poignées avant chaque entrée en poste et le tour était joué ! Le Lussuria était un endroit animé et plus luxueux qu’à une certaine époque. Néanmoins, son emplacement témoignait encore de ses mal fréquentations et c’était ce qui plaisait à Angelo. Entre magouilles dissimulées et alcools de débauchés, l’animation ne tarissait pas.
Du coin de l’œil, il surveillait Judas, attablé à son piano et déjà enivré par sa mélodie. Il se souvenait encore de leur première rencontre. Angelo assurait alors le service du samedi soir, en plein mois d’octobre, il était encore en période d’essai. Les bruits lui permettaient de taire ses pensées et tous ces chuchotements imitant les détraqueurs. C’était la parfaite distraction à ces tourments, sorti depuis mai d’Azkaban, il apprenait encore à vivre en toute liberté et sans torture donnée. Le Lussuria était l’endroit parfait pour ça et pour retrouver son univers de magouilles, commencer à tendre l’oreille et créer des liens avec des sorciers croyant encore à la quête de la pureté dans ce monde de fou. Jouant de ses charmes et de son bagout, il avait vite convaincu le patron de le prendre à l’essai à la rentrée de septembre, suivant en parallèle des cours d’Arts Visuels, histoire de se garder bien occupé. D’ici la fin octobre, il serait engagé à temps partiel et pourrait assurer pleinement son recrutement.
Judas avait alors apparu, marchant vers le piano en place à quelques mètres du comptoir. Angelo avait observé ce gamin jouant de ses doigts sur le clavier impeccable. Curieux et en recherche de distraction, il alla se placer à côté de lui, abandonnant quelques secondes le comptoir pas très rempli. « Salut gamin !» Le concerné ne se laissa pas distraire et termina sa balade avant de se tourner vers Angelo. « Tu t’es perdu ? Ce n’est pas vraiment un endroit pour les enfants ici. » Il lui adressa un sourire amusé, attendant la répartie de son nouveau jouet. Mais rien ne vint. Le gamin resta silencieux, le fixant avec des yeux de merlan fris, puis il se remit à jouer un autre morceau et Angelo retourna au comptoir puisque certains le hélaient, impatients de se rafraichir le gosier. Scott garda un œil sur le pianiste, attendant que l’affluence au bar finisse par se calmer. « Tu n’es pas très bavard dis donc ! » Le jeune garçon venait d’apposer sa dernière note du bout du doigt quand il releva la tête vers l’homme aux cheveux bleus désordonnés. Cette fois-ci, il n’enchaina pas sur un autre morceau et se saisit d’un morceau de papier sur le pupitre et écrit trois mots avant de le tendre au demi-dieu. « Je suis muet » Ah. Ceci expliquait cela. Angelo ricana dans sa barbe, amusé par sa propre maladresse.
Mais cela ne l’empêcha de continuer de converser avec le jeune Judas. Il n’hésitait pas à se lancer dans de longs monologues, à s’inventer des réponses sous le regard innocent du légume. En effet, Angelo avait rapidement découvert le surnom qui lui était donné pour une raison qu’il ignorait encore : Citrouille. Alors pour lui, ce serait un petit légume. Il découvrit qu’il était le fils adoptif des gérants, il jouait d’ailleurs régulièrement avec sa mère Pénélope. Scott se perfectionna à l’art de signer, Winifred lui avait appris quelques bases lors de ses étés à Polperro et cela faisait bien longtemps qu’il n’avait eu l’occasion de renouer avec ces souvenirs heureux.
« Tiens bois ! Ça te décoincera un peu ! » Il posa, à côté du pupitre, une Bièraubeurre toute fraiche. Judas lui fit de gros yeux, surpris sans doute. « Ta mère n’est pas là ce soir, tu peux te lâcher je ne dirais rien ! » Il lui adressa un clin d’œil, signant maladroitement certains mots. « Regarde là ! » Il désigna d’un mouvement de tête, une femme d’âge mûr, se déhanchant grossièrement tout en buvant son breuvage. « Il va bien falloir tremper ta baguette, légume ! » Il lui tapota l’épaule. « Ne fais pas le difficile, les puceaux comme toi ce n’est pas évident à caser tu sais. » Angelo retourna quelques minutes au comptoir pour servir quelques verres, il se rapprocha, d’ailleurs de la femme qu’ils observaient plus tôt et entama un collé-serré avec elle, collant son torse à son dos. Il adressa quelques sourires coquins à Judas alors que la concerné éclatait de rire, emballée par ce rapprochement soudain. Il fallait dire qu’Angelo était du goût de tout le monde.
Puis il revint vers le muet. « Qui sont tes parents biologiques, citrouille ? » La mine plus sérieuse, il s’assit d’une fesse sur le piano, tout en sirotant un whisky pur feu. Pas de patron à proximité, il pouvait se lâcher. « Tu me diras, j’aurais peut-être dû me trouver une famille adoptive aussi vu comment la mienne craint ! » Il fit quelques grimaces. « Ils croient que je suis fou ! » Il leva les yeux au ciel, c’était totalement absurde !
Lilith
"I prepare for the noble war. I'm calm, I know the secret. I know whats coming and I know no one can stop me not even myself."