Jeudi 14 février 2002

La tête lui tournait déjà. Angelo était passé par quelques bars avant de se rendre à l’ouverture du 7ème Ciel, club de sa sœur. Il longea le tunnel d’entrée, laissant ses yeux absorbaient chaque couleur présente sur les murs. L’intérieur était fluorescent, Angelo reconnaissait bien là les goûts d’Alice. A son bras gauche, une jeune demoiselle en robe courte et à son bras droit, un jeune damoiseau, torse nu. Il appréciait être bien entouré. « Artémis chérie ! ». Il hélait déjà sa sœur derrière le comptoir, interrompant sans doute une conversation avec un autre client.





Il commanda sans attendre alors que sa sœur se frayait un chemin pour le rejoindre. « Deux vodka et deux whisky ! » Il tendit les breuvages à ses conquêtes avant de donner le dernier à Alice. Il l’embrassa sur la joue. « Comment va ma sœur préférée ? Tu es superbe ma chérie !» En même temps la première s’était fait la malle depuis un bon bout de temps, il ne lui restait qu’Alice. Bien qu’elle fût liée à ses manigances, elle n’en restait pas moins un moyen de parvenir à ses fins. Il ne fallait pas tout mélanger. « Sympa cet endroit ! Où sont les chambres ? Et les hôtesses ? » Il bougea la tête dans tous les sens, à la recherche d’une pancarte indiquant les lieux de plaisir. « J’ai ramené les miennes au cas où les tiennes ne soient pas à mon goût ! » Il tapota les fesses des deux jeunes qui l’avaient accompagné. Depuis plusieurs jours, il avait redécouvert les plaisirs de la chair, bien trop longtemps tombés aux tréfonds de son esprit. Et malgré les avertissement d’Alice, il fit l’autruche. Ces règles ne pouvaient pas s’appliquer à lui.

Angelo remarqua Andrew assit un peu plus loin, déjà désintéressé par sa sœur qui ne tarda pas à trouver quelqu’un d’autre avec qui discuter. Lorsque son regard croisa celui de son frère il ne manqua pas de lui adressait un signe de tête provocant. Puis il aperçut Karoline Barjow à ses côtés, la petite amie de Calvin, alias le frère le plus chiant de l’histoire. Sans doute celui qu’il appréciait le moins, après Andrew car avec ce dernier il pouvait encore se moquer de ses attitudes maniérées. Il leva son verre à la jeune femme, pas des plus désagréables à regarder. Il gardait son habituel sourire charmeur aux lèvres, se pencha à l’oreille de sa cavalière et lui murmura quelques mots en retenant ses rires. Elle suivit ses instructions et se pointa à la table de ce cher Andrew, lui proposant ses services. « Je suis votre obligée Monsieur Scott, mon maître m’a demandé quelle prestations vous ferait plaisir ? A moins que vous préfériez les hommes ? » Il éclata totalement de rire au visage embarrassé d’Andrew. Quel coincé celui-là ! Qu’il le secoue son avocat !

La jeune femme revint vers lui, bredouille. Il lui lécha la joue pour la réconforter avant d’apercevoir une petite tête blonde asiatique vers le fond. Il embrassa son cavalier torse nu à pleine bouche avant de filer à la rencontre du sorcier métamorphomage. « Shin’ichi Sasaki. » Angelo avait demandé à Anthony de se renseigner sur le petit voleur, découvrant alors son nom de famille.

« J’ai appris que ce lieu ne proposait pas de services coquins. J’ai apporté avec moi un peu de réconfort. » Il désigna les deux jeunes gens un peu plus loin avec qui il était venu. « Je suis partageur si tu as besoin. » Il s’assit à la table avec lui. « Tu n’as pas dû avoir le temps de passer me voir. Même pas pour faire un autre karaoké ? » Il afficha des yeux attristés puis fit quelques signes à ce qui devait être une hôtesse pour quémander des boissons, il avait bu d’un trait le whisky de tout à l’heure. « Quoi de neuf dans la rue ? » Que faisait-il ici d’ailleurs ? « Tu es bien luxueux ce soir ! » Comment le pouvait-il ? Avec quel argent ? « Mais oui ! » Il sa tapota la tempe comme ayant été frappé d’un éclair de génie. « L’entrée est gratuite ce soir ! » Il se moquait à moitié de lui-même et de son interlocuteur. Il n’était pas méchant, seulement réaliste.

       

shin'ichi & angelo

7e Ciel : Soirée d'Ouverture.

Je suis venu parce que je me faisais chier.

J’ai entendu parler de ce fameux bar sans savoir si j’allais vraiment assister à son ouverture. Enfin, c’est surtout le mec avec qui j’ai repris le sport qui m’en a parlé. Un gars qui est assez riche pour avoir une salle de sport chez lui. Il m’a proposé de venir chez lui pour qu’il aie un pote avec qui faire du sport, que ça le motiverait. J’allais certainement pas refuser ; j’ai bien besoin de reprendre un peu. L’expérience “SDF” ça aide pas à garder la forme, croyez-moi.

Et bon, comme j’ai dis, finalement… J’avais rien à foutre ce soir. Entrée gratuite et tout.. J’avais rien à perdre. Au pire je serais ressorti rapidos, mais il fallait que j’essaie comme ma soirée était totalement libre.

Et vous savez quoi? Je ne regrette pas. C’est plutôt pas mal, par là. L’ambiance, la musique, les gens autour… Je me sens plutôt bien. J’en oublie un peu que c’est un bar à hôtesses quand je me surprends à penser qu’il faudrait que je revienne. Bon, tant pis. Autant profiter à fond ce soir, n’est-ce pas?

« Shin’ichi Sasaki. »

Ça ne fait pas si longtemps que je suis là que , déjà, quelqu’un me reconnait. Je me suis fait tant d’amis en Angleterre? Je me tourne vers la voix masculine (légèrement familière) qui m’interpelle et… Quelle n’est pas ma surprise quand mon regard croise celui de Arès. Ma surprise ne dure pas… Après tout, il est assez excentrique pour que je l’imagine kiffer cet endroit.

Arès.

J’en connais pas plus sur son identité, moi. Et, sincèrement, je m’en branle complètement. Alors que Arès arrive à mon niveau, je me rappelle rapidement notre dernière conversation, au bar. Je le revois tout content et tout agité d’essayer de me rallier à sa cause. Quand j’ai demandé plus de détails, il m’a sorti que la curiosité pouvait tuer et je lui ai répondu que  je ne craignais pas la mort. Et c’est vrai, je n’ai pas peur de mourir. Pour ça, il faudrait que je tienne à la vie. Je ne veux pas avoir l’air dark ou quoi-que-ce soit, c’est juste ma façon de voir les choses. Les autres ont le droit de vouloir vivre ou mourir s’ils veulent. Moi je laisse les choses se faire. Advienne que pourra.

« J’ai appris que ce lieu ne proposait pas de services coquins. J’ai apporté avec moi un peu de réconfort. »

Je dirige mon regard à l’endroit que m’indique Arès. Je ne suis pas sûr de qui il essaie de me montrer parmi tout le monde mais, à l'instinct, je dirais que c’est la meuf en mini-jupe. Ou le gars torse-nu. Ou les deux, tiens, soyons fou.

Dingue. Tu t’amuse bien, on dirait.

Mon “dingue” a sonné un peu comme un “je m’en fous”. C’était pas forcément volontaire, mais je ne vais pas le nier ; je m’en fous.

« Je suis partageur si tu as besoin. »
Quelle générosité.

Arès s’assit à ma table et j’ai un petit rire malgré tout.

Ça ira. Je ne suis pas en manque.

Sous-entendu j’ai pas besoin de payer pour avoir de la compagnie. Surtout pas ce genre de compagnie. Sous-entendu je me débrouille bien. Pas sous-entendu du tout mais très clairement dit : ça ira, merci. Arès fait bien ce qu’il veut de ses sous et de sa teub, je juge pas. Mais moi je vais devoir refuser l’offre.

« Tu n’as pas dû avoir le temps de passer me voir. Même pas pour faire un autre karaoké ? »

Arès fait mine qu’il est triste. Là encore, il m’arrache un rire amusé.

Pauvre chou...

Arès fait un signe à une serveuse qui passe pour qu’elle lui serve des boissons. Il peut en profiter, lui. C’est gratos pour lui. Chose que j’ignore, bien sûr. Il faudrait que j’ai l’idée de son lien de parenté avec la gérante de l’endroit pour m’en douter.

Je t’ai mis un lapin, désolé.

Pas vraiment désolé. Mais j’admet que j’ai eu du temps libre et que j’y ai juste pas pensé. Ou j’avais la flemme. Surtout j’avais la flemme.

Mais je suis là, maintenant.

J’offre un sourire innocent à mon interlocuteur, un peu joueur. Arès a cette aura qui me donne un peu envie de me marrer un bon coup. C’est pas mauvais du tout, ça donne le moral, même si j’étais pas forcément de mauvaise humeur.

« Quoi de neuf dans la rue ? »

Marrante, comme formulation.
J’ai pas de vanne à faire, je trouve juste que c’est amusant.

Rien de dingue, je fais du sport.

Je hausse un peu nonchalamment les épaules. En vrai, quand on vit dans la rue, on en voit de toutes les couleurs très régulièrement. Mais rien qui ne vaille particulièrement le coup d’être raconté.

« Tu es bien luxueux ce soir ! »

Pendant un instant, je bugue. Je baisse les yeux sur ma tenue pas ouf. Ah bon? Luxueux, moi?

« Mais oui ! »

Facepalm de la part d’Arès. Je relève les yeux vers lui, toujours confus.

« L’entrée est gratuite ce soir ! »
Oh, ça.

Je roule des yeux, amusé par la bêtise de mon interlocuteur. Il en trouve toujours de bien bonnes à sortir, celui-là.

Ouais, je serais pas là, sinon.

J’affirme simplement. Enfin, je ne serais peut-être pas là non plus si j’avais été obligé de me prendre une hôtesse. Quoi que… Rien ne m’obligerait à faire quoi que ce soit d’autre que d’être accompagné, en vrai. Donc , ouais, y a que le prix qui gène.

T’as des plans, ce soir?

Je me demande juste comme ça s’il est venu sans trop de plans comme moi ou s’il sait exactement comment il va profiter de cette soirée. Venant de Arès, aucune des deux options ne me surprendrait.

A part celui-là.

Je désigne la demoiselle en mini-jupe et le gars torse-nu d’un mouvement vague, toujours pas certain que ce soit d’eux qu’il me parlait bien plus tôt. Mais je suis certain qu’il me parlait d’un des deux au moins. Et j’imagine qu’il les a pas ramené pour rien… Ce qu’il fait avec eux le regarde totalement. J’ai comme l’impression qu’on est pas là pour s’envoyer en l’air mais qu’est-ce que j’en sais et surtout qu’est-ce que je m’en fous. J’aurais pu en avoir une idée si je savais lire, par rapport au règlement à l’entrée.

Jeudi 14 février 2002

La musique envahissait chaque recoin du 7ème Ciel telle une aura qui affectait les individus présents. Tous sauf Shin’ichi qui ne semblait guère impressionné par l’ambiance environnante. Il gardait un ton monocorde, pas plus enthousiasmé à l’idée de pouvoir profiter de la compagnie des deux soumis d’Angelo. Il ne démontra pas davantage d’émotion ensuite. "Pauvre chou...Je t’ai mis un lapin, désolé. Mais je suis là, maintenant." Le demi-dieu commençait à comprendre le personnage. Maître mot : nonchalance. "Rien de dingue, je fais du sport."

Bien qu’Angelo se sentait davantage obligé de le booster. « Du sport de chambre rassure-moi ? Il ne faudrait pas que tu te froisse un muscle ! » Répondit-il du tac au tac. "Entre autres. Mais je fais attention" Répliqua Shin’ichi avec un léger sourire amusé. "T’as des plans, ce soir ? A part celui-là." Shin'ichi désigna ses deux amis, semblant perdus au milieu de la piste de danse. « Tout ce qui se présentera à moi sera mon plan de ce soir ! J'aime qu'on me surprenne. » Il lui adressa un clin d'œil. « Mais toi, dis-moi, qu'est-ce qui t'amène véritablement ici ? » Il ramena le verre à ses lèvres pour boire une gorgée. "Bah, je me fais chier alors je viens jeter un coup d'œil... pareil, j'attends la surprise." Angelo saisit la perche sans hésiter. "J'ai peut-être quelque chose qui pourrait t'occuper ... Pas aussi fun que du karaoké mais..." Le jeune Scott fit mine d'hésiter. "Certainement que ça t'ennuierait également !" Il balaya l'idée d'un geste de la main.

Shin'ichi leva un sourcil, enfin intrigué. "Dis toujours, tu peux être surpris." Angelo poursuivit en faisant glisser son doigt sur le cerceau du verre. « J'ai un emploi du temps assez chargé et j'aurais besoin de quelqu'un qui se faufile partout comme moi... Du genre métamorphomage tu vois ? Pour chercher des sorciers aux talents rares. » Shin’ichi s’empressa d’affirmer. "Marrant. Je suis métamorphomage. J'aime bien me faufiler" Le demi-dieu força un rire. « Marrant en effet ! J'ai l'impression que je n'ai même pas besoin de te convaincre Sasaki. Il semblerait que la seule contrepartie de t'occuper te suffit ?! » Sa nonchalance avait enfin des avantages. "Je t'ai dit... je m'ennuie. Je fais des trucs bizarres pour m'occuper depuis longtemps. Ca me manque un peu.Tu disais ça la dernière fois. Le service que tu voulais me demander." Il faisait référence à leur conversation lors de leur première rencontre.

« Génial ! » Angelo applaudit soudainement. « Tu n'as pas besoin d'en savoir plus de toute façon. Dis-toi qu'il s'agit seulement de recrutement pour quelques maisons closes... Rien de bien méchant en soi ! » Il n’avait pas à se répéter, l’affaire semblait déjà acquise. « C'est ok. Je veux pas une routine encore alors... compte sur moi. » Le demi-dieu avait envie de se frotter les mains pour démontrer son enthousiasme mais il se retint. « Tu as la carte que je t'ai donné la dernière fois ? » Il n'attendit pas sa réponse et poursuivit. « Tu peux me contacter et m'envoyer tes trouvailles à l'adresse indiquée ». Une dernière petite précision s’imposait néanmoins. « Bien évidemment je n'ai pas à te répéter que tout ceci doit rester entre nous. A l'occasion, on pourra se trouver un moment pour un autre karaoké. Ta voix est faite pour pousser la chansonnette Shin'ichi ! » Finir sur une note positive. Jolie jeu de mot !

"Ouais, juste, oublie pas de me dire quoi fouiller. » Angelo enchaina à sa suite sans reprendre son souffle. "Je veux que tu me trouves des sorciers talentueux, peu importe leur pureté, peu importe leur lignée, je recherche des légilimens, des animagus, des métamorphomages..." Il mima de gestes rapides le etc. "Tu me les envois, et je ferais le tri !" Angelo ne s’attarda pas sur les compliments du karaoké, dans le fond cela ne l’intéressait pas vraiment. Il voulait que cette affaire soit conclue. Shin’ichi hocha la tête. « C’est tout ? » Angelo tapota la main du sorcier sur la table. « C'est tout. Alors on marche ? » Il lui tendit une main pour qu'il la serre.

"On marche." Il lui rendit sa poigne. "Parfait !" Le jeune Scott se leva. "On se voit bientôt pour un karaoké alors !" Et il repartit tout joyeux vers ses deux compères, prêt à profiter de la soirée entre leur deux corps.