J'ignore pourquoi j'ai décidé de transplaner ici, dans mon manoir familial. Chez les Scott Rosier. J'ai senti qu'elle serait le plus en sécurité ici. Dans le manoir de Mangemorts. Je lâche son poignet et enlève mon masque et ma capuche en me retournant vers elle.
« Comment tu vas ? Je suis désolé, j'ai... j'ai l'impression que je ne fais que te dire ça aujourd'hui. Je n'avais pas d'autre solution, il fallait que ce soit crédible.»
Je viens la serrer dans mes bras, peut-être un peu trop fort, mais cela fait moment que j'en ai envie.
« J'ai eu tellement peur pour toi. Je ne sais pas ce que j'aurai fais, ce que j'aurai pu faire s'il t'était arrivé quelque chose.»
Je me décale pour poser mon front contre le sien. Tout ceci doit être épouvantable pour elle. Elle subit épreuve après épreuve, et j'ai été le début de toutes ses peines. Je me sens tellement mal, j'ai tellement peur qu'elle me repousse, qu'elle en ait assez de moi, de tous les ennuis que je lui attire. Je voudrai tout recommencer à zéro, retrouver un retourneur de temps et parler à mon moi de 11 ans, quand j'ai commencé à la persécuter. Je lui dirai que plus tard, bien plus tard, je vais aimer cette fille, je vais l'aimer si fort que je vais renier tout ce que j'ai toujours connu. Je me dirai qu'elle est si forte, qu'elle ne mérite pas d'être brisée comme elle l'est un peu plus chaque jour.
« Je suis amoureux de toi Emily, c'est vrai. Complètement amoureux de toi.»
Si je le dis, si je le pense aussi fort, est-ce que ça pourrait changer les choses ? Est-ce que ça peut l’immuniser contre toutes mes erreurs ?
« J'ai besoin de toi, j'ai besoin de toi comme je n'ai jamais eu besoin de personne. Tu dois m'aider, je suis totalement perdu, la seule chose dont je sois sûr, c'est combien je suis amoureux de toi.»
Mes lèvres viennent chercher les siennes, et je suis profondément soulagé quand elle répond à mon baiser. Je l'embrasse comme si je ne pouvais respirer qu'à travers elle. Mes bras viennent l'attirer et la blottir contre moi. Je ne sais pas si elle m'aime comme je l'aime, mais en cet instant j'ai envie de le croire pour ne pas m'effondrer. Je détache mes lèvres des siennes.
« Monsieur ?»
Je sursaute devant la voix de l'elfe de maison. Il n'est pas censé être avec mes parents ?
« Sarcasm ? Que fais-tu ici ?»
« Les maîtres n'ont pas convié Sarcasm, ils ont dit qu'ils n'avaient pas besoin de Sarcasm pour ce week-end, alors je suis là Monsieur. Vous ou votre amie avez besoin de quelque chose ?»
Je me détache d'Emily pour venir vers l'elfe de maison.
« On est pas ici Sarcasm, tu comprends ? Tu ne pourras pas dire que tu nous as vu. Je ne suis pas censé être là, ni elle. Tu ne diras jamais que je suis venue avec elle, et tu ne parleras jamais d'elle à personne, pas même à mes parents. Tu ne dois pas quitter le manoir non plus. Est-ce que c'est bien compris ?!»
« Sarcasm est là pour servir le maître. Sarcasm n'ira jamais trahir le maître, je serai un tombe monsieur.»
Il me fait une révérence. Je me retourne vers Emily qui a du comprendre où nous sommes.
« May et Evan, mes parents ne sont pas là. Ils sont partis pour le week end. Je me suis dit que personne viendrait te trouver ici, chez des Mangemorts.»
Elle me demande si j'ai un hibou, mais je l'arrête de suite. Je viens attraper ses mains trahissant sa nervosité et les serre doucement.
« Emily tu ne peux pas, pas pour le moment. Je sais que tu veux rassurer tout le monde, mais ils vont surveiller les hiboux ou tous les autres moyens de communication, et si le hibou part du manoir Scott-Rosier, c'est trop dangereux. Tu ne peux pas non plus faire de Patronus, ils s'attendent à ce que tu sois morte, tu comprends ? Ils ont tué des nés moldus. Il faut attendre que les Aurors maîtrisent la situation, on va rester là ce week end, caché tous les deux et quand ils auront tout balisé on reviendra, tu iras voir tes amis.»
Je viens embrasser son front et garde une de ses main dans la mienne pour l'attirer avec moi.
« Viens suis-moi.» J’interpelle Sarcasm qui arrive aussitôt. « Tu peux nous préparer quelque chose à manger ?»
« C'est comme si c'était fait Monsieur.» L'elfe de maison claque des doigts et transplane vers la cuisine j'imagine.
Je vois qu'Emily regarder dans tous les sens le manoir, aussi je nous dirige vers ma chambre en montant des escaliers. Cela me semble tellement irréaliste qu'elle soit ici avec moi. Même si je sais que mes parents ne sont pas là, je ne me sens pas vraiment à l'aise. J'ai toujours peur pour elle et cette maison ne m'est pas vraiment agréable. Je pousse la porte de ma chambre, cela fait des semaines que je ne suis pas venu ici, mais tout est toujours bien rangé et propre, les draps sont changés régulièrement par l'elfe de maison par exemple. Le manoir est toujours bien entretenu. Je lui lâche la main pour aller vers de grosses armoires en bois, où je sors de mon dressing un peu de linge pour elle, un bas de survêtement et un t-shirt, ainsi qu'un pull. L'ironie du sort veut que le pull le plus petit que je trouve soit à l’effigie des Serpentard, je le jette en boule dans l'armoire avant d'en reprendre un plus grand, mais plus neutre. Je pose tout sur mon avant bras et me tourne vers elle. Elle étudie les moindre détails de ma chambre. Et s'intéresse à la bibliothèque. Je viens poser les affaires sur mon lit.
« Tu n'y trouveras aucun de te livres là dedans.»
Je lui souris timidement. Rien que des livres de magie noire, de magie du sang, tout ce qui a un lien avec mes études, ma famille, l'histoire de la magie. Aucun livre de littérature sorcière ou moldu. Non ici mes parents ne l'auraient pas voulu. Ma chambre, qui fait le double de son studio étudiant, est minimaliste, je n'ai pas le droit aux distractions diraient mes parents. Seulement à un piano à queue dans un coin. Pas de photos, pas de cadre ou d'affiche de Quidditch. Pas même un de mes tableaux de peinture. Cette chambre pourrait aussi bien être une chambre d'ami si les armoires ne contenaient pas mes vêtements et les étagères mes collections. Tous mes trophées ou récompenses, mes tableaux sont dans une autre salle, affichées à la vue de tous les invités. Par exemple quand j'avais gagné un concours de potion en 3ème année avec un club.
« Je n'ai trouvé que ça. La salle de bain est derrière cette porte. Je vais essayer de trouver de quoi nettoyer la plaie en attendant que tu te laves.»
Je la laisse se familiariser avec les lieux et s'installer dans la salle de bain avant de descendre pour trouver la pharmacie. Il n'y a rien ici qui pourrait réduire sa plaie de Feudeymon, j'ai par contre de quoi lui faire un cataplasme comme... comme la dernière fois sur ses gravures après son agression devant chez moi. Je remonte tout dans la chambre et entend l'eau couler. Sur mon bureau je sors les herbes qu'il faut et avec quelque tour de baguette je mets la pommade dans un flacon, je sors les compresses et les bandes quand j'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir, elle sort avec seulement une serviette autour de la taille, mes pupilles se dilatent instantanément à cette vue. Ses jambes nues, ce regard qu'elle me lance, elle est si belle. Elle a seulement oublié les affaires sur le lit, elle les récupère et s'enferme à nouveau. Je souffle doucement. Je dois vraiment garder mon sang froid, je ne peux pas avoir de telles idées, pas dans un moment pareil, ce n'est pas possible.
Quand elle a terminé, je regarde par la fenêtre de ma chambre, la nuit est tombée totalement. Il doit être 19 heure ou 20 heure, je ne sais pas vraiment, je n'ai pas regardé. J'ai enlevé ma cape et j'ai essayé d'essuyer mon maquillage avec les manches. Elle me rejoint et je frissonne de la sentir à côté de moi. Je tourne ma tête vers elle. Toute cette situation est déstabilisante. Mon regard est attiré par sa brûlure.
« Il faut qu'on nettoie ton bras. Viens.»
Je la fais s’asseoir sur mon lit et attrape de quoi nettoyer et panser. Elle sourit. Pourquoi elle me sourit ? Moi je ne fais que penser à la fois où j'ai du lui faire aussi les premiers soins, dans mon appartement, après son agression, je n'ai pas du tout envie de rire.
« Qu'est-ce qui te fais sourire ?»
Je relève un sourcil tout en continuant de la soigner.
« Je n'ai rien à voir avec Jared, vraiment rien, on est les parfait opposés. Je suis un sorcier et c'est une créatur......»
Je m'arrête car elle me coupe, d'accord, le ton de sa voix est tranchant. Le début de mon discours ne lui plaît pas du tout. Mais là n'est pas le véritable problème. Elle s'inquiète pour ses amis, même si ses amitiés laissent à désirer.
« Je suis sûr qu'il va bien, il est costaud, crois-moi.» Disé-je sans la regarder dans les yeux. Je le sais, car il est passé un sacré bon nombre de fois sous ma baguette magique. Je suis sûr qu'il n'est pas mort. Mais c'est difficile de l'en convaincre.
« La Gazette arrive tous les matins au Manoir, je suis sûr qu'ils auront fait la liste des blessés, et je suis sûr qu'il n'y aura pas le nom de Jared.»
Je finis de mettre la bande après avoir appliqué la pommade et posé une compresse sur la blessure. Je me redresse et vais dans mon armoire pour me sortir des affaires.
« Je prends ma douche et te rejoins en bas si tu veux. Essaye de trouver la cuisine, Sarcasm a du déjà préparer quelque chose. Ne lui dis rien sur toi, il ne me trahira pas, mais ne prenons pas de risques.»
Je la laisse pour passer dans la salle de bain. Mes idées fusent dans tous les sens alors que je me lave, je ne suis pas totalement rassuré, pour ce soir oui, mais pas pour la suite. Deux Blue Dragons m'ont vu ce soir avec Emily, et elle ne sera pas sur la liste des victimes, et elle reviendra forcément à l'UMS, donc je ne pourrai pas dire que je l'ai enterré ailleurs par exemple. Je vais devoir rendre des comptes à l'organisation. A Arès. Je les ai trahi, et j'imagine déjà la sentence pour les traîtres. Voldemort était dur, mais Arès le sera sans doute encore plus. Est-ce que je pourrai dire qu'elle est sous Imperium ? Mais pourquoi aurais-je fait cela ? Le but était d'en éliminer plusieurs, de créer la peur et le chaos. Pourquoi je l'aurai gardé ? Comme un jouet ? Vont-ils y croire ? Quoi qu'il en soit je ne dois pas affoler Emily avec ça ce soir, je dois lui changer les idées, elle doit se sentir en sécurité à mes côtés. Je dois retrouver sa confiance.
Quand je la retrouve, elle est bord de la piscine dans le jardin, elle a ouvert la baie vitrée qui donne vers le jardin. Je me rapproche d'elle et vient l'enlacer, plaquant son dos contre mon torse, mes bras croisés devant sur sa poitrine. Je lui donne un rapide baiser dans son cou.
« Tu es en sécurité ici, ils ne viendront pas. Tu peux essayer de te détendre, sinon...»
Je n'attends même pas la fin de sa phrase que je la pousse jusqu'au rebord de la piscine et saute dans l'eau avec elle dans mes bras. L'eau est glacée et quand on sort la tête de l'eau en même temps j'éclate de rire, mais mes dents claquent. Évidemment elle m'invective, mais je m'en fiche, ce n'est que de l'eau fraîche et elle est en vie. Elle est en vie ce soir.
« Ok Ok, je vais arranger ça !»
Je sors la baguette de ma poche et vient lancer un sortilège pour réchauffer l'eau. Je la pose ensuite sur la margelle et revient vers Emily tout sourire, fier comme un Hippogriffe de ma bêtise. La température de la piscine augmente et devient rapidement très agréable, faisant contraste avec la température de l'air.
Ses habits pèsent lourd alors je l'aide à défaire des couches. D'abord son pull, puis son t-shirt, elle garde son soutien gorge et je l'aide à retirer le jogging en plongeant sous l'eau. Et ensuite vient mon tour, mon pull et mon pantalon. Je garde le t-shirt, c'est une habitude. Je garde toujours mon t-shirt en toute circonstance, je me baigne seul habituellement pour être torse nu, où si mes parents sont à la maison, mais jamais quand il y a du monde. Je ne montre jamais mon dos balafré. Et encore moins à Emily. Elle trouve cela un peu bizarre, mais pour éviter ses questions, je viens l'embrasser.
Rapidement son dos cogne le bord de la piscine et ses jambes viennent s'enrouler autour de ma taille et ses bras autour de mon cou. D'une main je tiens de rebord de la piscine, de l'autre je la tiens elle. Ce baiser vient enflammer tout mon corps. Elle est si belle, si douce. A quel moment est-elle devenue aussi vitale que mon oxygène ? Comment peut-on passer à ce point de la haine à l'amour ? Comment a-t-elle fait pour que je m'attache aussi rapidement à elle ? Je ne l'aurai fait pour personne d'autre, sans elle je ne suis qu'un homme égoïste et ambitieux. Je n'aurai pas risqué ma vie pour une seule autre de mes anciennes conquêtes.
Mes miens viennent découvrir sa peau nue, sa taille, son dos, ses jambes. Mon cœur s'accélère pour la énième fois aujourd'hui, mais différemment de toute la soirée, cette fois ci c'est agréable. Je sens le désir monter en moi, mais il ne faut pas, j'ai l'impression d'en profiter, de la trahir un peu plus. Heureusement mon salut arrive avec sa petite voix peu assurée.
« Monsieur et son amie, le repas est servi. »
Sarcasme fait une révérence, sur ses bras tiennent des serviettes de bain, il ne nous regarde pas, comme pour s'assurer de notre pudeur. Je me détache d'Emily et appuis mes avants bras sur la margelle pour sortir de l'eau, puis je me retourne pour lui tendre ma main et l'aider à sortir de la piscine à son tour. J'enroule une serviette autour d'elle et frotte pour la réchauffer. On rentre dans le manoir et je l'installe sur un tabouret devant le bar en marbre où l'elfe de maison a réalisé plusieurs plats. Je transplane quelques secondes pour changer de vêtement et revenir avec de nouveaux habits pour Emily. Sarcasm s'est déjà occupé de récupérer les affaires mouillés au bord de la piscine et celles dans la chambre.
« Tu devrai mangé un petit peu, pour ce soir on ne peut plus rien faire, on aura des nouvelles demain. Tes parents vont s'inquiéter, je suis désolé que tu ne puisses pas les rassurer, mais c'est trop dangereux, tu comprends j'espère ?»
Il est tard quand on part se coucher. Je lui ai fais visiter la maison, sauf la cave évidemment. On y a accès par la cuisine, elle est verrouillée et Emily n'a pas trop insisté. J'ai encore bien des secrets pour elle, mais c'est de ceux que je ne veux pas partager. Je suis loin d'être prêt à le faire, et peut-être que ce moment n'arrivera jamais. Il n'y a rien de plus humiliant, et elle ne pourrait pas comprendre, c'est l'éducation de mes parents.
On s'allonge dans mon lit et rapidement on se rapproche. A chaque fois que ma peau la touche, je me sens plus proche d'elle. Je l'embrasse tendrement puis avec plus de passion. De nouveau le désir et l'envie m'enrobent instantanément. Mes doigts viennent à nouveau à la rencontre de sa peau. Mon cœur s'emballe et je sais qu'il pourrait se passer plus, beaucoup plus que de douces caresses et de baisers passionnés, j'en ai envie et je crois qu'elle aussi. Mais j'ai en tête une centaine de raisons pour ne pas le faire, pour ne pas céder.
Quand je sens ses mains passer sous mon t-shirt, venant effleurer le bas de mon dos je me raidis, je ne veux pas qu'elle sente les cicatrices. J’appuie alors sur mes mains pour me redresser pour me détacher d'elle alors que j'étais penché au dessus d'elle.
« Je... je pense qu'on ne devrait pas, pas ce soir, j'ai l'impression de profiter de toi. Tu mérites mieux que ça. Tu mérites tellement mieux que ça. On devrait simplement dormir, après tous les événements, on a vraiment besoin de repos.»
Mon cœur tambourine, je me sens mal de la repousser, mais j'espère qu'elle comprend. Je ne suis pas sûr qu'on devrait le faire après un tel événement dramatique, c'est comme boire de l'alcool pour oublier. Je ne veux pas que notre première fois soit après que j'ai été l'investigateur d'un attentat envers les sorciers de son sang. Elle vaut mieux que ça. Mieux que du sexe pour se consoler ou se rassurer.
Je la cale tendrement dans mes bras, la serrant toute la nuit. Je mets du temps à m'endormir, me disant que demain je serai peut-être à Azkaban ou mort pour ce que j'ai fait, ce à quoi j'ai participé. Mais elle sera en vie et c'était ma seule mission, ma seule promesse.
Samedi 2 mars 2002
« Monsieur, Madame ! Réveillez-vous ! »
Je sursaute et attrape ma baguette magique sur la table de chevet. Je la pointe sur mon elfe de maison qui est au bord du lit de mon coté. Son visage est crispé par une grimace et il parle très vite.
« Monsieur, vous avez dit à Sarcasm que personne devait vous savoir ici et voir Madame, mais ils sont là Monsieur. Ils sont rentrés plus tôt, ils disent qu'ils ont quelque chose à fêter, que la Relève est en marche. Ils ont invité du monde pour dîner Monsieur. Votre mère arrive dans votre chambre, elle sait que vous êtes rentré, elle a vu les vêtements que Sarcasm a lavé pour vous. »