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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti🙚 Lundi 13 mai 2002

Je n'étais pas bien sûre de ce que faisait Lorenzo dans la vie, mais il n'était pas si souvent dans ce lieu. Le lundi, par exemple, il était rarement là. En me réveillant, je me rendis compte que la porte de ma chambre était ouverte. Ça voulait dire que j'avais le droit de me mouvoir dans ma chambre. Je l'ouvris doucement, sans oser sortir de la pièce. Je restais là, sur le pallier, à écouter. La maison était silencieuse. Je retournais alors au fond de ma chambre, en me dirigeant vers le lit de Nina. Ma petite fille de 1 an se réveillait doucement et commençait à gigoter. Je la pris doucement dans mes bras pour aller à la cuisine. La maison avait beau être vide, je n'osais parler. Je n'osais pas briser le silence. Je me contentais d'écouter les sons que faisait ma fille. Je l'installais doucement dans la chaise haute, et je sortais une compote pour elle, quand un bruit attira mon attention. Un bruit que je n'avais pas entendu depuis plus d'un an. Le bruit du vent.

Pas le bruit du vent à travers la fenêtre. Non. Le bruit du vent qui s'engouffre dans la maison. Jamais les portes et les fenêtres étaient ouvertes en ma présence. Je tournais les talons pour chercher la source du bruit, sur la pointe des pieds. Pour me guider à l'oreille. Mes pas m'emmenèrent vers l'entrée. La porte tapait doucement contre le battant au gré du vent, et je sentis mon cœur s'accélérer. Ouverte. Elle était ouverte. Et Lorenzo n'était pas là. Aux débuts de ma captivité, j'avais déjà essayé de partir. J'avais réussi, jusqu'à ce qu'il me rattrape. J'avais été sévèrement punie. Est-ce que ça allait recommencer ? Cette fois, j'avais Nina à mes côtés. Si il m'attrapait, combien de temps allait-il la retirer de ma chambre ? Allait-il seulement me la rendre ? Mais en même temps, il n'était pas à la maison de la journée…. N'était-ce pas le signe que ça y est, je pouvais partir ?

Je retournais dans la cuisine en courant, et je pris ma fille dans mes bras. « On s'en va, Nina, d'accord ? Je vais te montrer le soleil, le ciel, les oiseaux et tout ce que tu n'as jamais vu. » On allait enfin pouvoir partir. Retrouver notre liberté. Je ne savais pas encore où j'allais aller, mais j'étais sûre des lieux à éviter. Je ne pouvais pas retourner chez ma famille. Je savais que Lorenzo connaissait leurs visages, leurs adresses. Je ne voulais pas les mettre en danger. Je ne voulais pas prendre de risques. Il fallait que je parte dans un pays étranger. Loin, très loin. Le Québec, peut-être ? Quand je posais le pied sur le perron, mon cœur explosa. Je n'étais pas sûre de réaliser ce qu'il se passait actuellement. Je n'étais pas sûre d'être réellement à ma place. J'étais… comme dans un rêve éveillé. Ne me sentant pas totalement dans mon droit, je m'avançais lentement. Et c'est seulement dans la rue que j'accélérais le pas.

« Nous sommes libres, Nina. » Je lui chuchotais en français, puis j'embrassais son front. Il était chaud. Je posais ma main dessus, en fronçant les sourcils. Elle avait… elle avait de la fièvre. Et je ne pouvais décemment pas commencer une nouvelle vie dans un autre pays sans rien préparer. Je devais me cacher quelque temps pour avoir le temps de réunir mon argent à Gringotts, de changer de nom. Mais je ne pouvais pas me permettre de faire ça avec une enfant malade… Mais jamais je n'avais eu ce genre de cas. Si elle était malade, c'est Lorenzo qui s'en occupait, ne me laissant pas sortir de la maison. Il me fallait des potions pour calmer sa fièvre, et ensuite, je chercherai un endroit pour dormir.

Je transplanais près de Sainte-Mangouste. Je fus assez surprise de me rendre compte que cette sensation m'avait manqué. La sensation de pouvoir aller où je voulais. Je m'avançais doucement vers l'accueil. « Bonjour, euh… je voudrai…. Je voudrai une potion contre la fièvre. Pour ma fille. » La sorcière à l'accueil leva le regard sur moi. « Il faut qu'un Médicomage ausculte votre fille. Est-ce qu'elle a des allergies ? » Je pris peur quand elle me posait des questions. Je ne savais pas quoi répondre ! Est-ce qu'elle allait me prendre ma fille, parce que je ne savais pas répondre à ses questions ? Est-ce qu'elle allait m'isoler ? J'ouvris grands les yeux, et je sentis mes lèvres devenir sèches. Je passais nerveusement ma langue dans l'espoir de les réhumidifier. Pourquoi j'étais venue ici ? Alors qu'il y avait foule de monde. Nina avait toujours vécu à l'écart, comment cela se passerait avec d'autres personnes ? Mais surtout, est-ce que je pouvais me permettre de faire confiance à d'autres personnes ? « Madame ? A quel nom je dois l'enregistrer ? »  Son nom ? Je devais dire son nom ?  Je ne devais pas rester là. Et si Lorenzo me retrouvait grâce à ça ? « Je… Pardon, c'était une erreur, je n'aurai pas dû venir… »

Je commençais à tourner les talons, quand je sentis un bras m'agripper. Je sursautais et je commençais à serrer Nina contre moi, avant de me rendre compte que c'était l'infirmière de l'accueil qui m'avait rattrapée. Elle me sourit. « Pardon, je ne voulais pas vous faire peur. Écoutez, je vais vous donnez une potion contre la fièvre, mais il faut simplement me suivre. Promis, je ne vous emmènerai pas ailleurs. » J'hésitais un instant, mais un simple regard sur ma fille me fit décider. Après tout, sa santé comptait plus que tout, non ? D'un pas peu assuré, je finis par la suivre dans un bureau. Les chaises étaient en tissu un peu plus confortables que ce qu'il y avait dans la salle d'attente. La sorcière-infirmière me laissa un instant seule avec ma fille. Elle ne faisait pas de bruit. Elle n'avait jamais fait beaucoup de bruits, et je ne savais pas si c'était normal. Il y avait plein de choses que je ne savais pas. J'aurai aimé avoir ma mère à mes côtés pour me guider… Alors que je pensais à tout ça, la gorge serrée, la porte s'ouvrit, pour laisser place à deux hommes. Je me levais brusquement, en reculant. « Qui êtes-vous ? Où est le médecin pour ma fille ? » Rapidement, ils se présentèrent comme un Auror et un Médicomage. Apparemment, je n'avais pas un comportement normal, mais un comportement de personne en danger, et ils voulaient m'aider. S'assurer que tout allait bien. Ils me demandèrent en premier lieu mon nom, et leurs visages changèrent quand je leur donnais.

Très rapidement, ils me mirent en chambre, avec un Auror posté devant, comme pour me protéger. On commença à me faire divers examens, pour vérifier que j'étais en bonne santé, en m'expliquant que j'avais disparu pendant dix-huit mois. Et que même si les recherches piétinaient, elles n'avaient jamais réellement cessés, financées en partie grâce à un ambassadeur, qui avait prit mon cas au sérieux. Je n'écoutais que d'une oreille, vérifiant que les soins portés à ma fille se trouvaient toujours dans ma chambre, et jamais ailleurs. Je ne voulais pas la perdre de vu. Vers midi, trois heures après ma libération, mes parents entrèrent enfin dans ma chambre. Plus d'un an sans les voir. Ma mère me prit immédiatement dans ses bras. Et je voyais mon père pleurer. Je ne l'avais jamais vu comme ça, avant. « Ma chérie, tu nous as tellement manquée ! » Ma mère prit mon visage entre ses mains, comme pour l'examiner en détail. Elle ne ressemblait pas à mes souvenirs. Elle semblait plus âgée. Plus usée. « Et qui est ce bébé ? » « Le mien… Elle s'appelle Nina. » Mes parents s'échangèrent un regard. Je sentais bien qu'ils mourraient d'envie de me poser des questions, mais je tournais la tête pour les en empêcher.

Une infirmière rentra alors dans la chambre. « Mademoiselle Fontanges, les Aurors sont là. Ils aimeraient vous poser quelques questions, pour commencer à comprendre ce qu'il s'est passé. » « Faites-les entrer. » Mon père commençait à prendre les choses en main, en me regardant. « Plus vite on arrête ce salaud, plus vite on pourra tourner la page. » Je ne répondis rien. J'avais l'impression de n'avoir rien à dire sur ce choix. Je n'arrivais pas à faire le choix de dire non à mon père ou non. Suite à mon silence, l'infirmière fit rentrer l'Auror de tout à l'heure, et… Lorenzo. Je sentis mon cœur s'arrêter d'un seul coup en croisant son regard. « Mademoiselle, je vous présente Lorenzo Peretti. Il a été d'un grand soutien durant nos recherches. » Sans que je ne puisse réagir, ma mère se leva de mon lit pour lui serrer la main. « Je vous remercie d'être venu aussi vite, Mr. Peretti. » Face à ce spectacle, je sentis des bouffées de chaleur commencer à monter, et je détournais le regard. Un poids se trouvait sur ma poitrine, que je n'arrivais pas à enlever. Je n'arrivais pas non plus à respirer. Tout mon corps fut prit de frissons, alors que mon ventre se creusait. « Tout va bien, mademoiselle ? » « Je… Je n'arrive pas à respirer… » Mes doigts se plantèrent dans ma gorge, comme pour essayer de la libérer, et ma tête tournait de plus en plus. Je fermais les yeux pour essayer d'ignorer ce vertige que je ressentais, quand j'entendis une voix :  « Tout le monde dehors, maintenant ! » Des pas précipités vers la porte qui se ferme, avant que je ne sente qu'on me fit boire une potion.

Je n'avais pas manger le déjeuner qu'on m'avait apporté, et le dîner traînait encore sur la table à côté de mon lit. Suite à la prise de potion, seuls mes parents étaient restés à mes côtés, le temps que ça me, je cite, "décontracte". J'avais passé l'après-midi à fixer le plafond, perdue dans mes pensées. Je n'écoutais pas leur conversation chuchotée. Qu'est-ce que je devais faire ? J'étais décidé de partir. Maintenant que j'étais officiellement une personne retrouvée, je m'étais dit que j'aurais pu le dénoncer. Mais si il avait les Aurors dans la poche, et mes parents, est-ce que ça n'allait pas se retourner contre moi ? « Aliénor ? » Je me redressais quand j'entendis mon père s'adresser directement à moi. « Oui ? » « Est-ce que tu peux rester seule une petite heure ? Ta mère est allée chercher le dîner, et le médecin m'attend. » Je regardais distraitement autour de moi, un peu perdue. « Où est Nina ? » « A la nurserie. Il te faut une nuit tranquille, l'infirmière va t'apporter une potion de sommeil. Elle est entre de bonnes mains. Est-ce que je peux te laisser seule ? » « Oui. » Je soufflais ce simple mot. Mon père se pencha pour embrasser mon front, avant de sortir de la pièce.

Une fois seule, je rejetais les couvertures et posait les pieds à terre. Je sortis lentement de la pièce, et je me mis à la recherche de la nurserie. De quel droit ils m'avaient retiré ma fille ?! Elle était mon roc, mon soutien depuis sa naissance. Jamais je n'avais été séparée d'elle, sauf quand… Je secouais la tête pour ne pas y penser. Je ne tenais pas à me rappeler ces souvenirs. Ma fille, je devais me concentrer sur ma fille.

Quand j'arrivais à la nurserie, un poids tomba dans mon estomac. Il était là, lui aussi, à plaisanter avec les infirmières. Est-ce qu'il venait pour prendre Nina ? « Mademoiselle Fontanges ! Qu'est-ce que vous faites là ? Vous êtes censée être dans votre chambre ! » « Je… je venais voir Nina… » Je détournais le regard pour regarder à travers la vitre. Pour voir ma fille. Sauf que je voyais Lorenzo à côté du berceau, à lui parler. Je n'arrivais pas à détacher mon regard. « Vous ne trouvez pas que l'ambassadeur est vraiment beau gosse ? Il est vraiment dévoué à son travail. Vous êtes tombé sur un ange gardien, il a veillé votre fille, vraiment on a jamais vu de politicien comme ça. Vous croyez qu'il est célibataire ? » Je sentis Mon cœur craquer sous ces déclarations. Comment elle pouvait dire ça sans le connaître ? Est-ce que je devais lui dire que c'était lui, la raison de ma présence dans cet hôpital ? Je répondis un peu sèchement : « Comment pourrais-je le savoir ? J'ai été coupée du monde pendant 18 mois. » Je la sentis un peu mal à l'aise, et elle changea très vite de sujet alors que Lorenzo s'approcha. « Oh, monsieur l'ambassadeur ! Regardez-la, elle est sortie de son lit alors qu'elle doit dormir. Accepteriez-vous de la ramener dans sa chambre ? » Non, non ! Pourquoi ? Alors que je voulais rester là, avec ma fille, pour la voir, pour pouvoir lui parler. Pour la rassurer, pour lui dire que même si on n'était pas totalement libérées, ça allait arriver. « Tenez, mademoiselle, avant de retourner dans votre chambre, buvez ça. »

🙚 Vendredi 13 octobre 2000

… et c'est pour toutes ces raisons qu'il faut que j'arrête de sortir avec toi. Bien sûr, j'aurais pû rajouter celle où je te compare l'envie d'aller aux dates que tu prépares à l'envie de croiser des lutins de Cornouailles, mais ça aurait été trop méchant.

J'étais furieuse. Jordan m'avait avoué qu'il m'avait encore trompé. On s'était disputé une nouvelle fois, et je l'avais planté sur place, avant de me rendre dans un de mes bars étudiants préférés. Sous l'impulsion du second verre et de la rage, j'étais en train de lui rédiger une lettre de rupture bien salée, après avoir pleuré tout le long du premier verre. Pourquoi je continuais de sortir avec ce mec ? Ok, la réponse était que c'était facile, et que j'étais sûre de l'avoir sincèrement aimé, à une époque. Mais sinon… Je crois que je n'avais pas vraiment envie de me retrouver face à un vrai chagrin d'amour. C'était bien plus simple que de lui pardonner. Alors que je décrivais à quel point il sera malheureux avec sa pouffiasse pendant que je vivrai ma meilleure vie sur la Côte d'Azur, le barman posa un troisième verre devant moi. « Je n'ai pas commandé ça. » « Vous, non. Mais lui, oui. » Je tournais alors la tête, et mon regard tomba sur un homme loin d'être dégueu, qui me fit un signe de la main. Serait-il le moyen pour moi d'oublier Jordan ?
:copyright:️ Justayne


Dernière édition par Aliénor M. Fontanges le Ven 22 Déc - 23:16, édité 1 fois

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~ I feel you holding me ~

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges🙚 Lundi 13 mai 2002

Aujourd'hui c'est les 23 ans d'Aliénor, et Nina vient d'avoir 13 mois. Après des semaines de réflexion et de prières pascales, dans ma grande mansuétude j'ai pris le soins de combler ma chère et tendre en lui offrant le plus beau et le plus surprenant cadeau d'anniversaire qu'elle peut souhaiter. L'espoir.

L'espoir d'une vie plus évoluée qu'entre les quatre murs de cette villa. Je sais qu'elle désespère de pouvoir sortir, voir sa famille, ses amis, reprendre les études. Je ne compte pas le nombre de fois où elle a suggéré que Nina profite d'autres conditions de vie, qu'elle appréhende le monde, qu'elle rencontre d'autres enfants, qu'elle puisse aller à l'école, avoir une baguette. Mais ne voit-elle pas qu'elles ne sont en sécurité qu'à mes côtés ? Je suis le seul à pouvoir les protéger, à les aimer autant que je les aime. Je suis le seul être capable sur terre à les comprendre et les combler. Elles ne sont à l'abri nul par ailleurs sur terre. Le monde tourne à nouveau à la catastrophe, il est a nouveau d'une affliction sans borgne pour les créatures magiques. La Relève, le Blues Dragons s'en prennent à nouveau aux nés-moldu et aux créatures magiques. Et s'ils s'en prenaient à Nina ? Est-ce qu'Aliénor le réalise ? Lit-elle seulement les articles que je lui laisse en sa possession ?

Malheureusement parfois je n'arrive à rien avec Aliénor, son opiniâtreté sur ce sujet a eu raison de toutes mes peurs. Aussi j'ai décidé qu'aujourd'hui, jour où l'éphéméride coïncide avec sa date de naissance, serait le premier jour de son espoir, et le premier jour de mon employabilité à gérer mes plus grandes peurs. Les perdre, me retrouver seul. J'ai prévu toutes les éventualités. D'abord la porte laissée ouverte, ensuite mon jour prévu chômé au Ministère, pour pouvoir épier chacun de ses mouvements. Je suis peut-être dans un quart d'heure de folie de les laisser partir de ce doux cocon, mais je ne suis pas entièrement aliéné de les laisser sans protection. Aliénor porte une bague autour de son doigt, qui agit comme la Trace. Je suis capable de la retrouver n'importe où sur cette planète avec ce petit anneau.

Je regarde ma douce et notre progéniture, embusqué derrière un arbre. Je dois faire taire mes instincts afin de lui permettre de partir à sa guise. Mais une partie de moi refuse la voir franchir le seuil de la maison. Un partie de moi espère qu'elle fera le choix de la raison et restera à l'intérieur. Pourtant, elle sort, elle quitte les lieux avec une maigre hésitation. Je suis perdu et déçu. Mais j'ai promis, j'ai prié pour elles.

« On s'en va, Nina, d'accord ? Je vais te montrer le soleil, le ciel, les oiseaux et tout ce que tu n'as jamais vu. »

Je ne les quitte pas du regard, les suivant à distance raisonnable, aussi silencieusement que mes dons de vampire me le permettent. Mon ouïe fine perçoit les propos français qu'elle dicte à notre Nina. « Libres. » Ce mot résonne particulièrement creux en moi. Libres de quoi ? Libre d'être à nouveau blessée par le monde qui les entoure ? Blessées par l'injustice, par la perfidie des Hommes ? Libre de subir à nouveau les mensonges, la tromperie ? Libre de subir les pensées étriquées des Blues Dragons ?

Aliénor ne me semble pas encore prête pour ce nouveau monde. Elle commet déjà bien des erreurs. C'est pour cela que je ne peux pas la laisser livrée à elle même dehors. Elle a encore besoin de moi, bien présent dans sa vie, il faut que je continue encore à l'entourer malgré l'absence de mur autour d'elle. Elle finira par discerner ce que je m'obstine à lui éduquer depuis plus d'un an et demi. Elle a besoin de moi. Elle aura toujours besoin de moi.

L'anneau de laurier à son doigt m'indique à quel endroit elle a transplané. A Londres, près de Purge & Pionce Ltd, un ancien magasin de vêtements du centre. Son allure abandonné renferme en réalité l'établissement Sainte Mangouste. Pourquoi va-t-elle à l'hôpital ? Se sent-elle mal ? Nina a-t-elle un problème ? Je transplane sans plus attendre. Me dissimulant une nouvelle fois derrière des meubles et des portes.

« Bonjour, euh… je voudrai…. Je voudrai une potion contre la fièvre. Pour ma fille. »

Je m'apprête à intervenir car ces propos m'inquiètent, mais je serre ma croix autour de mon cou et me rappelle une lecture. « È più difficile seguire la speranza che lasciarsi sopraffare dalla disperazione dei limiti di questo mondo.»1 Murmuré-je en italien pour moi même.

Une fois que je sais mes deux princesses en sécurité et prises en soin, je décide de rejoindre le Ministère de la Magie Italienne. Il faudra peu de temps à présent pour que les Aurors anglais soient prévenus et qu'ils me préviennent en retour. Une fois au bureau, les agents ne s'étonnent pas de me voir, même si j'avais posé ma journée. Ils ont l’habitude de me voir ici à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Je leur rends un sourire de circonstance, celui que j'offre en public, celui qui rassure, celui des convenances parfaites. Personne ne me fait de réflexion. Je m'installe sur mon fauteuil et signe quelques documents en attendant que les minutes s'égrainent. Le temps me semble longs trop longs. Les anglais sont-il aussi incapables que cela ? Pourquoi le déclenchement du dispositif des disparitions inquiétantes n'est pas encore lancé ? Et c'est en pensant cela qu'une note volante apparaît enfin dans mon bureau. Je l'attrape au vol et y lit qu'ils sont enfin retrouvé Aliénor Fontanges et qu'ils vont l'interroger sous peu et que je suis invité à être présent. Étant sur l'affaire depuis des mois, je suis l'interlocuteur privilégié, j'ai fourni les Gallions pour que l'affaire d'enlèvement ne soit jamais entériné.

Je ne tarde pas à transplaner au Ministère de la Magie Anglaise, dans le bureau des Aurors. Ils m'expliquent la situation et le contexte de ces retrouvailles. Tout cela je le sais déjà, mais mon visage traduit la surprise et le soulagement. Je sais mimer parfaitement la réaction que devrait avoir tout agent qui s'est investit dans cette recherche. J'arrive donc avec eux à Sainte Mangouste. Chacun de mes pas vers la chambre de mes amours fait battre mon cœur un peu plus vite. Est-ce que j'ai peur ? Non. Je suis juste empressé de les revoir.

« Mademoiselle Fontanges, les Aurors sont là. Ils aimeraient vous poser quelques questions, pour commencer à comprendre ce qu'il s'est passé. » « Faites-les entrer. Plus vite on arrête ce salaud, plus vite on pourra tourner la page.»

Je reconnais la voix du père d'Ali. Cet homme, je l'ai côtoyé régulièrement avec sa femme au cours de ces derniers mois. Je connais aussi bien leur vie que celle de leur fille et de leur petite fille. Je ne suis nullement touché par ses propos. Il pense que je suis un salaud, mais je ne suis qu'un sauveur. Il n'est pas assez ouvert pour comprendre toute la valeur de mon travail auprès de sa fille. Je n'ai fait que la protéger d'un monde qui n'est pas sûr, pas digne d'elle.

J'entre dans la chambre d'hôpital à la suite d'un Auror, mon regard se pose instantanément sur elle, ma douce et belle Aliénor. Puis sur ma si tendre Nina. Dire que les voir ici ne me fait rien ressentir serait un mensonge. Cette chambre est austère et inconfortable, pourtant, je ne souhaite que le meilleur pour elles. C'est là mon seul regret. N'étaient-elles pas mieux dans la douceur de la villa, à mes côtés ?

« Mademoiselle, je vous présente Lorenzo Peretti. Il a été d'un grand soutien durant nos recherches. »

Beate Fontanges se lève et arrive droit sur moi pour me serrer la main. C'est d'un sourire charmant et mesuré que je lui serre en retour.

« Je vous remercie d'être venu aussi vite, Mr. Peretti. »
« Vous savez que je serai toujours là pour votre famille Beate, c'est tout à fait normal. »

Voilà quelques mois qu'ils avaient insisté pour que je les appelle par leur prénom elle et son mari. Mes yeux se posent à nouveau sur Ali, mais son regard est rivé sur les monstrueux draps dans lesquels elle repose. Je me concentre assez pour entendre son cœur battre la chamade. J'ai l'impression de revenir quelques mois en arrière, ces mois où elle n'arrivait pas à garder son calme en ma présence. Ces mois où ma simple présence lui faisait peur.

« Tout va bien, mademoiselle ? » « Je… Je n'arrive pas à respirer… »

Alors que ses doigts se cramponnent à sa gorge, je sens une vive douleur dans ma poitrine. La voir ainsi m'est insupportable, je voudrai pouvoir la prendre dans mes bras, la bercer tendrement, caresser ses doux cheveux ensoleillés. Je voudrai lui murmurer que je suis là pour elle, pour son bien. Que mon amour déborde et qu'elle ne doit pas s'inquiéter. Mais ce n'est pas moi qui chasse les gens présents dans la chambre. L'infirmière nous ordonne de partir, et je le fais, je dois me conformer aux apparences pour ne pas trahir ma couverture. Personne ne doit savoir.

Je tourne en rond comme un dragon en cage. Les minutes défilent depuis que j'ai quitté leur chambrée, la seule chose de positif, c'est que je ne suis toujours inquiété de rien. Je sais maintenant qu'elle ne parlera pas, mais je m'en assurerai tout de même. Des Aurors se relayent à sa porte, j'en avais donné l'ordre. Ils me font un rapport à chaque fois que quelqu'un rentre ou sort de leur chambre. Quels soins leur sont prodigués, quelles potions leur sont administrées. Je voulais tout savoir de leur dossier et des soins apportés à ma dulcinée et ma descendance. C'est comme cela que j'ai su qu'ils ont fait monter Nina dans la nurserie. Aussi je pris la décision d'aller voir ma fille. Mon titre d'Ambassadeur m'ouvre beaucoup de portes y compris celle de l'espace de la maternité.

En arrivant, les infirmières tombent irrémédiablement sous mon charme. J'arrive avec une boite de chocolat et deux bouteilles de citrouille cannelée. Conquises par ma galanterie et mes manières, elles m'ouvrent l'accès au berceau de Nina. Je leur raconte des galéjades qui les font rire et les empêche de réfléchir sur le pourquoi je serai aussi présent pour cet enfant. Elles pensent que ma dévotion pour le dossier d’Aliénor est une récurrence pour moi. Le politicien dévoué à tous ses dossiers, toutes ses missions. Elles sont loin de s'imaginer que ma vie toute entière tourne autour de ces deux êtres purs et innocents qui sont nécessaire à ma survie. Les infirmières me demandent de leur parler italien, car elles ne parlent pas cette langue, leurs yeux pétillent, comme les miens le font quand je regarde ma fille ou Aliénor. Les gens sont si naïfs, je n'arrive pas à croire qu'il est aussi facile de tromper son monde, et pour autant, je ne suis pas vraiment surpris. Cela me conforte dans l'idée qu'elles ne sont en sécurité qu'à mes côtés.

Je me penche sur le berceau de Nina et lui fredonne une comptine italienne. La Befana vien di notte.
« La Befana vien di notte
Con le scarpe tutte rotte
Col vestito da romana
Viva viva la Befana! »2

Je n'ai pas ma guitare pour rythmer la berceuse comme j'ai l'habitude de le faire. Mais Nina me regarde tendrement, c'est une chance qu'elle ne sache pas encore m'appeler papa. Je me délecte de son joli minois, ses petites lèvres, son nez retroussé, ses yeux brillants. Elle a la beauté de sa mère, bien qu'elle soit brune comme moi. Tout en elle me fait penser à sa mère. Je ne m'imagine plus ma vie sans elle, sans elles. Je donnerai tout pour protéger cet amour éternellement.

« Comment pourrais-je le savoir ? J'ai été coupée du monde pendant 18 mois. »

Cette voix si familière à mes oreilles me fait tourner la tête. La vision de ma ravissante femme embaume mon cœur de douceur. Alors que les infirmières sont tournées vers Aliénor, j’appose un tendre baiser sur le front de ma fille, puis vais à leur encontre. Que fait-elle là ? Elle devait recevoir une potion de sommeil.

« Oh, monsieur l'ambassadeur ! Regardez-la, elle est sortie de son lit alors qu'elle doit dormir. Accepteriez-vous de la ramener dans sa chambre ? »
« J'accepte volontiers cette requête. Il est vrai que ce n'est pas raisonnable dans votre état Mademoiselle Fontanges. »
« Tenez, mademoiselle, avant de retourner dans votre chambre, buvez ça. »
« Si vous permettez... »  Je tends ma main vers l'infirmière. « Je m'assurerai qu'elle la prenne en quittant sa chambre. Je ne voudrai pas qu'elle chute sur le trajet en la buvant trop tôt. »

Mon regard intense et profond se fixe sur celui d'Aliénor.

« Si vous voulez bien regagner votre chambre en ma compagnie, vous devez vous reposer. Après vous...»

C'est plus un ordre qu'une suggestion, et elle le sait à mon regard, elle me connaît. Je sens qu'elle hésite, elle regarde les infirmières, mais ces dernières sont nullement inquiètent, au contraire, elles insistent pour qu'elle m'écoute. Pensant sans doute qu'elle est chanceuse qu'un homme comme moi prenne le temps de raccompagner un dossier dans sa chambre d'hôpital plutôt que de rentrer chez lui. Mais chez moi c'est là où se trouve Aliénor et Nina.

Un dernier regard à sa fille et Aliénor avance enfin dans le couloir, moi dans son dos, je me retiens de lui donner le bras ou la main. Je sais que cela va au delà de mes compétences d'Ambassadeur. Je ne décroche pas un mot, ni elle, tout le trajet jusqu'à la chambre. Dès qu'elle entre, je fais signe à l'Auror que je prends la prochaine heure de garde. Il est surpris, mais il nous laisse, bien trop heureux d'aller se substanter à la cafétéria de l'hôpital. Je ferme la porte doucement puis me retourne.

« Joyeux anniversaire darling. Mon cadeau te plait-il ? »  Je lui adresse un ravissant sourire.

Son air surpris me décroche un nouveau sourire. Sa naïveté me réchauffe le cœur. Elle pensait avoir réussi à s'échapper sans ma participation ? Ma pauvre princesse, elle a encore tellement à apprendre.

« Tu as 23 ans aujourd'hui et j'ai pensé que ta liberté serait un présent apprécié. »

Je découvre son environnement et m’aperçois des plateaux encore plein sur l'adaptable qu'elle n'a pas touché. Mon regard s’assombrit quelques secondes avant de reprendre de sa douceur.

« Tu n'as pas touché à ta nourriture. Il faut que tu manges Aliénor. Si tu veux qu'ils te rendent Nina, il faut que tu es assez de force pour la cajoler. »

J’appuie sur la sonnette et une infirmière se présente rapidement.

« Est-il possible qu'un plat plus appétissant lui soit apporté ? J'ai bien peur que la nourriture de l’hôpital ne l'attire. Des lasagnes de chez Noci me semblent de circonstance, si je vous donne ces pièces, vous serez-t-il possible de quérir quelqu'un pour lui en apporter ? J'imagine mademoiselle qu'il est possible de faire une exception dans ce contexte si particulier ? Vous seriez adorable et je vous en serai reconnaissant.»

Je lui offre mon sourire et mon regard le plus charmeur et quelques Gallions. Évidemment elle s'empresse de répondre à ma demande. Qui peut me dire non ? Je me retourne à nouveau vers Aliénor.

« Beate et Jean sont ravis de te retrouver. J'espère qu'il en est de même pour toi ? Nous nous sommes entretenus, tu rentreras rapidement chez eux à la sortie de l'hôpital. Ils souhaitent que je sois présent pour ton installation. Ils sont si chaleureux que je les ai accompagné tous ces mois pendant ta disparition. »

On toque à la porte. L'infirmière me donne une poche de plat à emporter. Quand elle part, je déballe une barquette des meilleures lasagnes de Londres sur la tablette de sa chambre et je dispose des couverts minutieusement de chaque côté. Avançant l'adaptable vers ma douce aux cheveux d'or.

« Mange Aliénor. S'il te plaît. »

Là aussi il s'agit d'une injonction dans le ton de ma voix.

« Il faudra ensuite que tu boives ceci. Il faut que tu dormes. Je veillerai sur Nina, tu peux me faire confiance. Ils vont bientôt comprendre que c'est une demi-vampire. Je serai là pour leur dire quoi faire.»

Nina a besoin de biberons de sang. Je m'assurerai à ce qu'elle ait un sang de qualité et pas de ceux bas de gamme que fournissent les hôpitaux. En parlant de sang, je perçois ma propre soif. C'est comme des épines au fond de ma gorge. Je m'approche d'Aliénor et vient m’asseoir au bord de son lit, prenant dans ma main une mèche de ses cheveux. Je me penche pour humer doucement mais profondément ses cheveux, puis mon nez vient se caler à quelques millimètres de la peau de son épaule. J'ai envie d'y planter mes crocs, de boire son délicat et parfumé sang.

« J'ai tellement envie de toi darling. Tu m'as tellement manqué. Cela m'a rendu déséquilibré de te suivre toute la journée sans pouvoir te parler ou te toucher. »

Je me redresse non sans lui avoir déposé un baiser chaste sur son épaule.

« Mange et je leur demanderai d'apporter Nina à tes côtés dès ce soir. »

🙚 Vendredi 13 octobre 2000

C'est aujourd'hui, je le sais, c'est le bon moment. Elle s'est encore gourmandée avec ce Jordan, un pitoyable sorcier qui ne connait pas la valeur de cette exquise femme. Voilà des années que je suis une ombre dans son sillage, ayant un besoin vital de la voir, de l'entendre. J'occupe mes temps libres à la regarder vivre, à la voir déambuler dans ce monde que je trouve trop cruel pour elle. Elle me semble si fragile, si candide. Depuis la remise des récompenses à Beauxbâton, je ne rêve que d'elle, je ne veux qu'elle. La vie me paraît plus fade sans la magnificence de son sourire, et la beauté de ses yeux océan. Elle me captive, m’honore de son existence. Je veux tout savoir d'elle, tout apprendre d'elle. Je la veux tout entière. Je veux pouvoir la toucher à présent, goûter ses lèvres, déguster son sang. Je veux pouvoir la faire mienne, pour toujours.

Voilà bientôt trois ans que je me retiens d'aller à sa rencontre. Mais cette fois ci, de grâce, c'est la bonne, c'est mon anniversaire, et je sens que la destinée est de mon côté. Je rejoins son bar favoris et commande sa boisson préféré. Je mandate le serveur pour lui apporter.

« Je n'ai pas commandé ça. » « Vous, non. Mais lui, oui. »

Ses yeux se posent sur moi pour la première fois depuis 3 ans. Mon cœur chavire, mes veines se gonflent d'un désir puissant. C'est la première fois qu'elle s'aperçoit de ma présence, 3 ans que je n'ai pas à me dissimuler de son regard. Je suis pleinement là, face à elle, un sourire tendre et avenant, un regard chaleureux et presque amoureux et un délicat geste de la main pour la saluer.

« Puis-je ? »

Je demande son autorisation à venir m’asseoir à ses côtés. Elle réfléchit pendant une courte seconde avant d'accepter. Je me lève avec mon verre et vient sur le siège à côté du sien. Mon cœur s'emballe et mes narines hument subtilement son parfum. C'est la première fois que sa peau exhale aussi prêt de moi. Ma gorge me brûle immédiatement. Mes crocs percent mes gencives et je dois me contrôler pour canaliser ma soif. Je sens d'ici qu'elle est divine.

« Enzo, ravi de faire votre connaissance. »

Aliénor, je sais comment tu t'appelles, je sais quel âge tu as, où tu vis, qui tu fréquentes, quelles études tu fais, quelles sont tes notes. Mais malgré cela, je veux l'entendre me le dire, me compter sa vie, ses rêves, ses désirs. Je veux tout savoir.

« Vous m'avez l'air préoccupé ma douce. Qu'est-ce qui vous tourmente ? »

Elle m'explique qu'elle n'est pas venue ici pour s'amuser, mais plutôt pour se changer les idées. Qu'on l'a encore déçue, malgré les dernières chances qu'elle donne. Oh cela je suis bien au courant. Voilà plusieurs mois que ce Jordan la souille en se montrant infidèle. Comme est-ce possible de ne pas être entièrement satisfait par elle ? Elle est si intelligente, pétillante, si charmante. Cela me semble impossible, moi je saurai prendre soin d'elle, la faire se sentir comme la reine qu'elle est. Je saurai la choyer, l'aimer à sa juste valeur. Je saurai tout lui donner, jusqu'à mon âme, à supposer que j'en possède encore une depuis ma transformation.

« J'espère que ce n'est pas une raison du cœur ? Vous semblez quelqu'un d'altruiste pour donner des secondes chances. Cela semble impensable que quelqu'un puisse vous mettre dans un tel état, cela en serait honteux de sa part. »

Je bois une gorgée de mon verre pour faire taire ma soif de sang, ma soif d'elle. Je la regarde avec un sourire mutin.

« Si vous souhaitez que j'aille exprimer mon ressentiment à cette personne face à la manière dont il se conduit à votre égard, je suis votre homme pour la soirée. Ou si vous voulez simplement passer un agréable moment à discuter avec un simple sorcier bien chanceux de partager votre présence, j'en serai tout aussi ravi.»

Ses yeux aspirent toutes pensées désagréables. J'attends ce moment depuis si longtemps que mon cœur est lourd de passion.

« J'ai lu un livre français récemment, une sorte de théorie sentimentale qui disait que quelque soit la raison de la perte ou de l'absence, nous ressentons tous un vide. On ne sait plus vraiment qui nous sommes. Et parfois on n'envisage plus rien, pas même la possibilité d'un nouvel amour. Nous n'avons plus la force, encore moins l'envie de se lier à nouveau. Qu'au delà du regret douloureux du passé, des bons moments vécus, il y a l'angoisse de l'avenir qui est plus forte. Pire que le manque de l'être aimé, il y a la peur de ne plus aimer et de ne plus être aimé. Alors il serait admirable de votre part de laisser une chance à votre destiné. Elle mettra sur votre chemin quelqu'un qui vous soit digne. »

Elle ne le sait pas encore, mais je suis cette personne. Après cette nuit, elle en sera aussi persuadée. Je compte bien lui montrer tout l'amour qu'elle mérite, tout le respect. Pendant des années, j'ai cru que je ne pourrai plus aimer comme j'ai aimé Lucie. A sa mort, je ne me suis lié à personne, j'étais un vampire solitaire et paranoïque. Mais quand Aliénor est apparue dans ma vie, elle n'a plus quitté mes songes, tel l'ange de mon destin. Elle a exhaussé toutes mes prières, même les plus secrètes, celles qu'on ne murmure pas dans une église. Pas même celles qu'on se murmure au pied du lit. Dieu l'a mise sur ma route, et je ne changerai plus jamais de chemin.

1 - « Il est plus dur de suivre l'espoir que de se laisser envahir par le désespoir des limites de ce monde » – En Italien
2 - « La Befana vient la nuit,
Les chaussures tout abîmées,
Le chapeau à la romaine,
Vive, vive la Befana. » – En Italien

:copyright:️ Justayne

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Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti🙚 Lundi 13 mai 2002

Je ne pensais pas que l'hôpital me retirerait Nina. Ne comprenaient-ils pas qu'elle était mon roc ? Ma raison de vivre ? Sans elle, je ne vaux plus rien. Je ne comptais pas devenir mère dans ces conditions, mais maintenant, je ne vois plus ma vie sans elle. C'est pour ça que je me suis levée, pour aller la voir. Et c'est aussi pour ça que je me retrouve d'infirmières inquiètes, qui me poussent à aller me recoucher, accompagnée de Lorenzo. « Si vous voulez bien regagner votre chambre en ma compagnie, vous devez vous reposer. Après vous… » Je connais ce ton. C'est le ton qu'il utilisait dans la villa, quand je devais faire quelque chose, sans refuser. Et je le faisais, de peur d'être punie. Mais là, je ne suis pas seule, n'est-ce pas ? Je jette un regard implorant aux infirmières, mais elles ne semblent pas comprendre. Au contraire, elles me sourient, comme pour me signifier que j'ai de la chance. Mais non, je n'ai pas de chance. Je ne veux pas retourner dans ma chambre seule avec lui, sans Nina. Pourtant, je suis obligée. Alors, je regarde Nina, comme pour qu'elle puisse me donner du courage, et je finis par tourner les talons, pour commencer à partir.

J'entends Lorenzo me suivre. Même si je suis crispée, j'essaie de le cacher. Je ne veux pas lui donner cette impression. Je sais, au fond de moi, qu'il ne me veut pas de mal. Je sais qu'i fait tout ça pour moi, il me l'a dit et redit. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne veux pas le blesser en lui montrant que j'ai peur de lui. Alors, je marche, en essayant de ne pas serrer mes poings, et je retourne dans ma chambre. Je sursaute quand la porte claque. Un bruit trop familier. « Joyeux anniversaire darling. Mon cadeau te plait-il ? » Je me retourne d'un seul coup pour le regarder, les yeux grands ouverts. « Tu… C'est toi qui… » Mes poumons se sont vidés de tout air quand j'ai compris de quoi il se retournait. Je n'étais pas partie seule. Je n'avais pas pris la décision, comme je le pensais. C'est lui qui m'avait fait prendre la décision.

J'avais beau être libre, j'étais toujours sous son emprise.

Je finis par joindre mes deux mains devant moi, en le regardant. « Pourquoi…? Pourquoi tu as fais ça ? » Après des mois et des mois de supplications sans rien obtenir, voilà qu'il nous laisse partir, Nina et moi, sans rien en retour ? « Tu as 23 ans aujourd'hui et j'ai pensé que ta liberté serait un présent apprécié. » Je ne réponds rien. Qu'est-ce que je peux répondre ? Je viens de découvrir que ma liberté n'est pas totale. Je ne sais pas quoi penser de cette révélation. Je ne suis même pas sûre de savoir quoi ressentir.

Lorenzo regarde autour de lui, comme pour voir l'état de ma chambre. Comme pour l'évaluer. Son regard devient sombre quand il tombe sur mon plateau intact, et je sens un frisson me parcourir le dos. « Tu n'as pas touché à ta nourriture. Il faut que tu manges Aliénor. Si tu veux qu'ils te rendent Nina, il faut que tu es assez de force pour la cajoler. » « Je suis assez forte… Pour Nina. » Pour elle, je ferai tout. Et Lorenzo le sait. Il finit par appuyer sur la sonnette pour appeler une infirmière, qui arrive presque immédiatement. « Est-il possible qu'un plat plus appétissant lui soit apporté ? J'ai bien peur que la nourriture de l’hôpital ne l'attire. Des lasagnes de chez Noci me semblent de circonstance, si je vous donne ces pièces, vous serez-t-il possible de quérir quelqu'un pour lui en apporter ? J'imagine mademoiselle qu'il est possible de faire une exception dans ce contexte si particulier ? Vous seriez adorable et je vous en serai reconnaissant. » Pendant qu'il passe sa « commande », je m'asseois dans mon lit. Je sens la fatigue commencer à arriver, mais je sais que tant que Nina ne sera pas à mes côtés, je ne pourrais pas dormir. J'ai trop pris l'habitude de l'avoir à mes côtés, et j'ai besoin d'elle, autant qu'elle a besoin de moi. « Beate et Jean sont ravis de te retrouver. J'espère qu'il en est de même pour toi ? Nous nous sommes entretenus, tu rentreras rapidement chez eux à la sortie de l'hôpital. Ils souhaitent que je sois présent pour ton installation. Ils sont si chaleureux que je les ai accompagné tous ces mois pendant ta disparition. » « Pourquoi ils ne me le disent pas eux-même ? »  Pourquoi ils ne sont pas à mes côtés pour me dire ça ? Et comment ils connaissent Lorenzo ? Je sais que lui les connaît, parce qu'il m'a montré des photos qu'il avait pris d'eux, en les suivant. Comme il avait fait avec moi. Mais il les a aussi approché ? Et il avait sympathisé avec eux ? Mais ce n'était pas la question qui m'importait le plus. « Qu'est-ce que tu veux dire par… Les avoir accompagné toutes ces années ? »

Ça toqua à la porte, et l'infirmière entra avec une barquette de plat à emporter. Lorenzo la réceptionne, avant de la poser sur la tablette de la chambre que j'avais repoussée. Puis il la fait rouler jusqu'à mon lit, pour la positionner devant moi. « Mange Aliénor. S'il te plaît. » Encore le même ton que tout à l'heure. Je n'avais pas le choix. Je ne savais pas ce qu'il pouvait faire, maintenant que nous étions dans un lieu public, mais je n'étais pas certaine de vouloir le découvrir. « Il faudra ensuite que tu boives ceci. Il faut que tu dormes. Je veillerai sur Nina, tu peux me faire confiance. Ils vont bientôt comprendre que c'est une demi-vampire. Je serai là pour leur dire quoi faire. » Nina est sa fille, et je sais qu'il l'aime. Je n'en ai pas douté depuis sa naissance. Je sais qu'il veillera vraiment sur elle, mais… Je veux l'avoir à mes côtés. Et je sais que si je mange, il sera plus enclin à respecter mes demandes. En évitant sa colère. C'est pour ces deux raisons que je finis par attraper une fourchette sans rien dire. Au même moment, Lorenzo finit par s'asseoir sur le bord de mon lit, et attrape une mèche de cheveux. Par réflexe, je ne bouge plus. Comme pour ne pas le brusquer. Il inspira pour sentir l'odeur de mes cheveux, avant que son nez ne se dirige vers ma nuque. En sentant ses lèvres frôler ma peau, je me crispe et bloque ma respiration, pour être encore plus immobile. Et si… Et si il me mordait, comme il y a un an et demi ? « J'ai tellement envie de toi darling. Tu m'as tellement manqué. Cela m'a rendu déséquilibré de te suivre toute la journée sans pouvoir te parler ou te toucher. » Il finit par embrasser mon épaule, et se redresse. D'un seul coup, je sens mes poumons se remplir d'air. « Mange et je leur demanderai d'apporter Nina à tes côtés dès ce soir. » Je me redresse. Ce n'est pas une demande de ma part. C'est lui qui me le propose. « Tu… Tu me le promets ? » Ma fille, j'ai envie de voir ma fille.

Pour contenter Lorenzo, je commençais à découper mes lasagnes et j'en pris une première bouchée. Je n'avais pas très envie de manger, mais j'avais pris l'habitude de faire ce qu'il me disait. C'était plus… Simple. Moins anxiogène. « Je n'ai rien dit… Sur toi. A personne. Pas même au médecin… » Je finis par quitter du regard le plat de lasagne, pour le regarder lui. « Je l'ai fait pour Nina… Parce que je savais qu'elle aurait besoin de toi. Pour se nourrir… Et parce… Je ne voulais pas priver ma fille de son père. » Tout le temps de ma captivité, il s'était occupé d'elle. Il la chouchoutait, et même moi, je ne pouvais pas nier  l'amour qu'il lui portait. Je me sentais égoïste de faire ce choix à sa place. Et puis, c'était plus simple aussi comme ça. Je n'avais pas à culpabiliser de lui retirer son père. Je finis par tourner la tête, pour continuer à me substituer, en silence. Je picorais plus que je ne mangeais, mais je voulais avant tout faire plaisir à Lorenzo. Pour ne pas subir les retombées de ma désobéissance. Mais je ne pus manger le plat en entier, alors, je finis par le repousser, avant de le regarder, le regard suppliant. « Je ne peux pas manger plus, je te le promets… Je veux juste voir Nina, s'il te plaît… » Je ne veux pas dormir tant qu'elle ne sera pas là. Heureusement, il finit par interpeller de nouveau une infirmière. Je pensais qu'il irait la chercher moi-même, mais non, il reste avec moi. Le temps que l'infirmière revint, Lorenzo s'approcha, avec un gobelet rempli d'un liquide violet. Une potion pour un sommeil sans rêve, je le savais. Je pris le gobelet, bien que je ne bus pas tout de suite. Je ne faisais que guetter la porte pendant plusieurs secondes, mais les insistances de Lorenzo me ramenèrent à la réalité. Je quittais la porte des yeux pour regarder la potion, avant de la boire. presque immédiatement, je sentis tout mon corps devenir lourd, et la somnolence me gagna. J'avais beau lutter pour voir la porte s'ouvrir, je me sentis m'allonger sans l'avoir demander. Heureusement, l'infirmière finit par enfin arriver alors que mes yeux clignaient et lutter pour ne pas totalement se fermer. « Nina… » Je tendis doucement la main, comme pour essayer de l'attraper, mais elle retomba dans le vide. De toute façon, son berceau était à côté de mon lit. Dans un dernier effort, je me tournais pour être face à elle, et m'endormir en la regardant.

🙚 Vendredi 13 octobre 2000

Je regardais l'homme qui venait de m'offrir un verre se rapprocher de moi. J'hochais la tête quand il me proposa de s'asseoir à mes côtés. « Enzo, ravi de faire votre connaissance. » « Aliénor, enchantée. » Je le regardais un peu plus, maintenant qu'il se trouvait un peu plus près. Franchement, il n'était vraiment pas mal avec sa belle gueule. Il ne devait pas avoir trop de problème en se regardant le miroir, le matin. « Vous m'avez l'air préoccupé ma douce. Qu'est-ce qui vous tourmente ? » « Parce qu'on en est déjà aux surnoms ? » Je haussais un sourcil en souriant. En plus d'être beau, il n'avait pas peur ! De toute façon, Jordan ne me donnait des surnoms en public que pour me demander quelque chose ou se faire bien voir. Sinon, il n'« osait » pas, sous prétexte que ses potes ne faisaient pas ça. Les hommes, je vous jure…! « Je ne suis pas vraiment venue ici pour m'amuser. Disons que j'ai donné un énième dernière chance, et qu'on m'a encore déçue. » Je lui offris une mimique, comme pour lui dire « c'est la vie. »

Eighteen months you sold as some forbidden paradise Ashley-benson

« J'espère que ce n'est pas une raison du cœur ? Vous semblez quelqu'un d'altruiste pour donner des secondes chances. Cela semble impensable que quelqu'un puisse vous mettre dans un tel état, cela en serait honteux de sa part. » Je ne peux m'empêcher de sourire d'un air entendu. Je ne suis pas totalement idiote, et je sais ce que veut un homme quand il aborde une femme dans un bar le soir. C'est évident qu'il essaie de se faire bien voir. « Si je vous disais que oui, c'est une raison du cœur, ça changerai quelque chose pour vous ? » « Si vous souhaitez que j'aille exprimer mon ressentiment à cette personne face à la manière dont il se conduit à votre égard, je suis votre homme pour la soirée. Ou si vous voulez simplement passer un agréable moment à discuter avec un simple sorcier bien chanceux de partager votre présence, j'en serai tout aussi ravi. » Je jetais un oeil à la lettre que j'avais commencée à écrire à Jordan, avant de la retourner, pour qu'on ne puisse pas la lire. Puis je regardais de nouveau Enzo, en lui souriant. « Laissons ma raison dans son coin, toute seule, et profitons plutôt de cette soirée. Ce sera la meilleure vengeance que je puisse le faire. » Comme ça, les choses sont claires entre nous. Cet homme sait que je ne recherche rien de sérieux. Que notre soirée risque même d'être un outil pour moi plus qu'autre chose. Mais ce n'est qu'une rencontre, n'est-ce pas ? La première, et peut-être même la seule. Sauf si je décide de lui laisser mon contact avant de le laisser. Que ce soit maintenant ou après la nuit. Je n'ai pas encore décidé.

Je finis par prendre une gorgée du verre qu'il m'avait offert, alors que Enzo reprend la parole. « J'ai lu un livre français récemment, une sorte de théorie sentimentale qui disait que quelque soit la raison de la perte ou de l'absence, nous ressentons tous un vide. On ne sait plus vraiment qui nous sommes. Et parfois on n'envisage plus rien, pas même la possibilité d'un nouvel amour. Nous n'avons plus la force, encore moins l'envie de se lier à nouveau. Qu'au delà du regret douloureux du passé, des bons moments vécus, il y a l'angoisse de l'avenir qui est plus forte. Pire que le manque de l'être aimé, il y a la peur de ne plus aimer et de ne plus être aimé. Alors il serait admirable de votre part de laisser une chance à votre destiné. Elle mettra sur votre chemin quelqu'un qui vous soit digne. » Je ne pus m'empêcher de rire en reposant mon verre sur le comptoir. « Pardon, mais… Vous me dites ça parce que j'ai un prénom français ? » C'est vrai que des Aliénor, en Angleterre, ça ne court pas les rues. Plusieurs camarades ont même su que j'étais française par mon prénom et mon léger accent. Mais en même temps, après avoir vécu toute ma vie en France, même si j'étais bilingue, je ne pouvais cacher mes origines !

« Vous savez, vous n'avez pas besoin d'essayer de m'impressionner. Tout ce que je veux est de juste passer une bonne soirée. Même si il est indéniable qu'avec vous, ce sera facile. Après tout, il n'y a rien de plus fascinant qu'un homme cultivé, avec de la conversation. » Il n'est pas réellement obligé de me draguer comme ça, d'être autant dans la recherche. De toute façon, j'ai toujours eu un penchant pour les actions concrètes. Je ne suis pas contre une bonne cour, mais disons que pour le moment, ce n'était pas ce dont j'avais réellement envie, ou besoin. Je finis tout de même par lui sourire, en posant ma main sur la sienne. « Mais malgré tout, merci pour vos mots. Ça me touche, bien plus que vous ne le pensez. Et je sais que vous avez raison. Je m'attache à Jordan, bien plus que je ne le devrais, vu comment il me traite. » Je veux dire, qui continue de sortir avec son copain qui ne fait que la tromper dans son dos ? Il fallait que j'arrête de lui faire confiance quand il me disait qu'il allait changer. « J'espère vraiment rencontrer quelqu'un qui ne me fera pas autant souffrir. Et j'espère que vous aussi, vous trouverez quelqu'un qui soit digne de vous. » Un homme comme lui qui drague dans un bar, lui aussi doit être seul. Ou alors, il trompe lui aussi sa copine. Mais je ne veux pas croire que tous les hommes soient comme Jordan. Surtout pas.

« Mais assez parlé de moi. Vous savez que j'ai le cœur brisé, et je ne sais rien de vous. Alors… Dites-moi en plus. » Pas très discrètement, je le regardais de haut en bas comme si je cherchais des indices. Un peu comme un jeu. « Je suppose que, vu vos vêtements, vous êtes quelqu'un de plutôt aisé, voir même important. J'ai grandis avec ce genre de personne, je sais les reconnaître. » C'est même devenu un jeu avec ma petite sœur, dans les réceptions. De commenter entre nous tous les invités, leurs manières d'être. Quand on savait prendre la haute société du bon point de vu, cela pouvait être très drôle à observer. Ce qui pouvait également jouer était d'avoir des parents qui ne mettaient pas une pression de folie sur nous, malgré notre sang. « Agent administratif du Ministre de la Magie italien ? Très impressionnant… Mais c'est vrai que j'aurais dû me douter que votre prénom n'était pas anglais non plus. » Il empêchait que en terme d'accent, il parlait anglais bien mieux que moi.

« Maintenant que vous m'avez remonté le moral, j'ai une folle envie d'aller danser ! Il me semble qu'il y a une boîte de nuit, à l'étage d'en dessous. Vous voulez venir ? Il faut juste enlever ça… » Je m'approchais sans aucune pudeur de lui, pour dénouer sa cravate, et la faire glisser le long de son cou, avant de la mettre dans mon sac. « Je vous la rendrai plus tard. Mais pour aller en boîte, même si il faut être élégant, il ne faut pas paraître trop guindé non plus. Après tout, c'est pour faire la fête. » Je terminais mon verre d'un seul coup, avant de commencer à sortir. J'étais ravie de voir que Enzo me suivait. Cette soirée allait de mieux en mieux. On arriva assez rapidement à l'étage d'en bas, où le videur nous fit entrer immédiatement. Tant mieux, pace que je n'étais pas d'humeur à devoir attendre. Je voulais danser tout de suite, m'aérer la tête. Je lançais à Enzo un sourire un peu mutin, avant de me diriger vers la piste. La musique était parfaite pour mon état d'esprit. Juste faire la fête. Au moment où je me tournais pour voir où était passé mon cavalier de la soirée, je le vis juste derrière moi. Il m'avait suivit, donc. Et l'avantage de ce genre d'endroit était que nous n'avions pas à parler. C'est pourquoi je finis par mettre mes bras autour de son cou pour l'embrasser, au milieu des autres danseurs.

🙚 Mardi 14 mai 2002

Le réveil n'avait pas été simple. J'avais l'esprit encore embrumé par la potion de sommeil. Mon corps était lourd, mais l'avantage est que j'avais pu dormir sans rêver. Sans cauchemarder. Juste essayer de me reposer. Quand j'ouvris les yeux, la première chose que je cherchais du regard était ma fille. Est-ce qu'on me l'avait bel et bien apportée hier, ou ce n'était qu'une hallucination ? Je tournais la tête, et je la vis. Dans son berceau, à s'agiter doucement.

Eighteen months you sold as some forbidden paradise Open-eyes

Je me redressais lentement, quand je vis que Lorenzo était là. Dans le même costume que hier. « Tu as passé la nuit ici…? » Il était toujours là. Même quand je dormais, il était dans les parages. Je ne serai plus jamais seule. C'était la pensée que j'avais eue quand j'étais dans la maison. Maintenant que j'étais en liberté, cela se confirmait. « Est-ce que je peux la prendre dans mes bras…? » Je n'avais pas assez foi en mon réveil pour me lever et la prendre. Il fallait que ce soit Enzo qui me l'amène, mais est-ce qu'il accepterait ? Qu'est-ce que j'allais devoir faire, en échange ? Mais avant même qu'il puisse répondre, la porte de ma chambre s'ouvrit brutalement.

Eighteen months you sold as some forbidden paradise 1goj

« Aliénor ? Oh mon dieu, c'est vraiment toi ! Ce sont tes parents qui m'ont envoyé un hibou ! » « Jordan ? » Pourquoi il venait me voir ? Il se précipita sur le bord de mon lit, en prenant ma main dans les siennes, comme pour les réchauffer. « Je suis tellement désolé, si tu savais. Lors de l'enquête, les Aurors ont trouvé la lettre que tu avais écrite au bar, ils me l'ont montrée, ils croyaient que j'étais responsable de ta disparition au début… Ils m'ont vite innocenté. » Je fronçais les sourcils, sans vraiment réaliser ce qu'il se passait. « Tu as lu la lettre ? » « Oui, et je comprends totalement ta colère à mon égard. Je te promets, je vais changer. J'ai déjà changé, je vais te le prouver. Ta disparition m'a rendu fou d'inquiétude, c'est comme ça que j'ai compris que tu étais la femme de ma vie. » Je ne savais pas quoi répondre. C'était trop dur, de le revoir, après un an et demi loin de tout le monde. Je voulais me raccrocher à ma colère, après tout, si il ne m'avait pas trompée, jamais je n'aurais fini dans ce bar, jamais je n'aurais dragué Lorenzo, jamais il ne m'aurait enfermé dans cette maison.

En parlant de lui… Je n'osais pas tourner la tête vers le vampire. Je savais très bien qu'il avait des sentiments pour moi, c'est bien pour ça qu'il avait fait tout ça ces 18 derniers mois. Comment il allait réagir, alors que Jordan revenait ? Surtout que je ne savais plus trop où en était notre relation. Est-ce que on était encore ensemble ? Est-ce qu'on était des exs ? Jordan finit par se tourner vers Lorenzo. « Je vous connais, vous êtes celui qui a tout fait pour que l'enquête continue, non ? Merci, grâce à vous, j'ai pu retrouver mon Aliénor. » Pour avoir vécu autant de temps avec lui, je pouvais sentir d'ici sa colère, bien qu'il la cachait. J'avais peur que ça retombe sur moi, et je ne savais pas comment éviter ça. Pour éviter d'empirer les choses, je ne disais rien. Pour ne pas dire de maladresses. Jordan se tourna alors vers le bébé de ma fille. « Tes parents m'avaient dit que tu avais eu une fille… Est-ce que… Est-ce que elle est de moi ? » Franchement, la question était plausible. Nina ne ressemblait pas du tout à un nouveau-né, et quand nous étions encore en couple, nous avions une vie sexuelle plutôt active jusqu'à mon enlèvement. Les dates collaient, et même moi je m'étais posée la question en découvrant ma grossesse. Jusqu'à ce que je doive boire du sang pour survivre. C'est à ce moment que je sus que Nina était bien la fille de Lorenzo. « Non, ce n'est pas ta fille. » « Tu en es sûre ? Tu as pu faire un test de paternité ? Je ne sais pas quel âge elle a, mais elle a l'air de… » « C'est une demi-vampire, Jordan ! » Je commençais à ressentir la tension prendre possession de mon corps. Je ne pouvais supporter cette situation, deux hommes amoureux de moi dans la même pièce, qui ne se connaissaient pas, mais un qui m'avait sincèrement rendue heureuse à une époque, et l'autre qui n'avait pas peur de… De tuer des gens. Je le savais, je l'avais vu à mon accouchement. Et j'avais peur de ce que pouvait faire Lorenzo. A Jordan, ou à moi. Mais mon éclat ne semblait pas toucher Jordan. Il me regarda avec un air de chien battu, avant de se rapprocher à nouveau de mon lit. « Oh, Aliénor… Tu es tombée enceinte de cette ordure ? »  
:copyright:️ Justayne


Dernière édition par Aliénor M. Fontanges le Ven 22 Déc - 23:16, édité 1 fois

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~ I feel you holding me ~

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges🙚 Lundi 13 mai 2002

« Tu… Tu me le promets ? »
« Bien sûr amour, je te le promet. »

Mes pupilles se dilatent subtilement, comme à chaque fois qu'elle m'écoute. Je me délecte de la voir manger, même si je sais qu'elle se force, mais elle le fait pour sa fille, et je trouve cette dévotion particulièrement enchanteresse. Agatha Cristie - une écrivain britannique que ma mère adulait - disait que « L’amour d’une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin. » Mais Agatha a négligé l'amour d'un père ou d'un homme pour sa femme. Je pourrai brûler la terre entière pour qu'il n'en reste que des cendres si Aliénor ou Nina me le demander.

« Je n'ai rien dit… Sur toi. A personne. Pas même au médecin… »

Je le sais déjà, sinon je ne serai pas aussi en paix dans sa chambre, même si je pense que quoi qu'il arrive, mon influence, mon argent et mon poste au Ministère Italien me permettraient de ne pas être aussi inquiété que je le devrai. Mais y-t-il une loi pour l'amour ? Aimer trop est-il un pécher ?

« Je l'ai fait pour Nina… Parce que je savais qu'elle aurait besoin de toi. Pour se nourrir… Et parce… Je ne voulais pas priver ma fille de son père. »
« Je m'en doute ma douce, tu es une mère formidable, sois en convaincu. Nina a beaucoup de chance de t'avoir, et moi aussi.»

J'ai connu Aliénor à l'apogée de son adolescence, à la fin de ses études à Beauxbâtons, puis je l'ai découverte comme nouvelle adulte dans ce monde à l'UMS, même si elle était toujours sur le banc de l'école. Elle est devenue forte, mais pas assez, trop peu malheureusement. J'ai du intervenir. Elle faisait beaucoup d'erreur, elle souffrait inutilement dans les bras d'un homme qui n'est pas plus honorable que l'ombre d'un excrément d'Hippogriffe. Il lui fallait seulement un guide, apprendre pour devenir le beau papillon qu'elle est. Elle avait besoin de moi, même si elle ne s'en rend pas encore compte, je sais que ça viendra.

Et au cours de ces derniers mois, je l'ai découverte mère, si au début j'en étais inquiet, car j'avais peur qu'elle ne soit plus qu'à moi seul, que quelqu'un vienne avoir toute son attention et tout son amour, j'ai découvert qu'il n'y avait rien de plus beau qu'elle soit aussi dévouée et amourachée de la chair de ma chair. La jalousie a fait place à un autre niveau de tendresse et de passion. La voir adorer et choyer ma fille est la plus belle chose au monde. Je ne fais que l'en aimer plus. Et Nina... elle n'est qu'une extension de la pureté de sa mère. Elle forme un nous, elle nous rassemble, nous ressemble. Dans son sang, le mien et celui de ma femme adorée. Peut-il y avoir plus angélique dans le monde ? Elle est comme une sublime prière, un vaisseau sacré. Une preuve que Dieu existe, que notre amour est réel.

« Je ne peux pas manger plus, je te le promets… Je veux juste voir Nina, s'il te plaît… »

Je juge de son repas d'un simple coup d’œil. J'imagine que tout ceci est bouleversant pour elle et que son estomac est noué plus que jamais. Je peux donc avoir pitié pour son si faible appétit, l'essentiel est qu'elle ait écouté, elle m'écoute ainsi donc ici, en dehors des murs de la maison, et c'est aussi ce que je voulais savoir. J'appuie donc sur le bouton pour que l'infirmière revienne.

« Charmante...» je regarde sur le badge de la soignante. « … Mireille, est-il possible de faire venir la fille de Madame Fontanges au pied de son lit dans un berceau. J'ai bien peur que la potion soit partiellement efficace compte tenu de l'inquiétude d'être séparée de sa progéniture, et je la comprends, tout ceci est une épreuve, la petite Nina est son seul repère ce soir.»

C'est tout sourire qu'elle s'enquiert de ma requête. Moi j'avance d'un pas vers ma chère et tendre pour lui donner le gobelet du liquide d'une potion de sommeil sans rêve.

« Il faut le boire maintenant Aliénor, ta fille arrive.»

Elle ne le fait pas et son regard inquisitionne la porte, à la recherche de sa fille. Mais il faut qu'elle se repose.

« Aliénor, ne me force pas à tendre le verre jusqu'à tes lèvres.»

Elle finit pour obtempérer, pour le deuxième fois de la soirée, ce qui une nouvelle fois soulève une émotion extrêmement positive en moi. Je suis tellement fier d'elle et de tous ses efforts, s'il n'y avait pas autant de manière entre nous, je l'aurai probablement embrassé.

Rapidement les effets se font ressentir et je sens que son cœur ralenti, je l'entends. Ses paupières sembles peser lourd, elle lutte, elle lutte avec acharnement, comme à nos débuts. Et sa force vitale, sa volonté m'excite. Un sourire discret s'installe sur mes lèvres, oh elle est si belle, si forte. Elle est presque prête, je le sens. Prête pour ce monde, pour une vie à mes côtés. Notre fille arrive avec l'infirmière, et la voix d'Aliénor se fait éraillée par la potion. Mais elle prononce le prénom de sa fille.

« Nina… »

Elle s'endort rapidement après ce dernier effort. Je remercie l'infirmière comme il se doit et lui explique que je prends le premier tour de garde. Elle quitte la chambre sans se douter une seconde que cette femme et cette enfant m'appartiennent. Je m'approche d'Aliénor et embrasse son front. Je respire longuement ses cheveux. J'ai tant besoin d'elle. J'ai soif d'elle.

« Je veille sur vous, je ne quitterai pas l'hôpital. Dort bien mon amour.»

Je viens baiser la joue de Nina et lui murmure des mots tendres en italien avant de m’asseoir sur un fauteuil, face à elles. Je ne fermerai pas l’œil de la nuit. Le monde en cendre pour elles.

🙚 Vendredi 13 octobre 2000

Son rire, son rire est comme la cloche qui sonne la messe de Noël. Sublime.

« Pardon, mais… Vous me dites ça parce que j'ai un prénom français ? »
« Je dis cela car les français sont de grands romantiques, après les italiens il va s'en dire. J'aurai pu vous citer Shakespeare aussi, mais ce livre français était plus à propos pour vos maux de ce soir.»
« Vous savez, vous n'avez pas besoin d'essayer de m'impressionner. Tout ce que je veux est de juste passer une bonne soirée. Même si il est indéniable qu'avec vous, ce sera facile. Après tout, il n'y a rien de plus fascinant qu'un homme cultivé, avec de la conversation. »
« Je ne cherche pas à vous impressionner ma douce, je cherche à vous faire passer une agréable soirée, tout en me montrant poli et respectueux à votre égard. Vous méritez quelqu'un de votre niveau de culture.»

Je lui offre mon plus beau sourire. Pourtant elle n'a pas si tort, je cherche à la séduire, je cherche à lui montrer que je suis là et que je suis le bon. Qu'elle oublie cet homme miséreux et irrespectueux qui ne la mérite pas.

« Mais malgré tout, merci pour vos mots. Ça me touche, bien plus que vous ne le pensez. Et je sais que vous avez raison. Je m'attache à Jordan, bien plus que je ne le devrais, vu comment il me traite. »
« Vous y arriverez, à vous en détacher, faites-vous confiance. Vous être forte et indépendante, un homme doit vous mériter, vous avez un grand choix, votre beauté et votre intelligence vous permettent d'être sélective.»
« J'espère vraiment rencontrer quelqu'un qui ne me fera pas autant souffrir. Et j'espère que vous aussi, vous trouverez quelqu'un qui soit digne de vous. »
« Je n'en ai aucun doute ma douce (1), je crois en l'amour, à la passion. Je ne me fais ni de soucis pour vous, ni pour moi.»

Elle ne le sait pas encore, ce qui la rend terriblement attachante, elle ne sait pas encore que nous somme fait pour vivre ensemble, ma condition ne me permet pas de dire « pour vieillir ensemble » mais c'est tout comme. Elle va apprendre à mes côtés, elle va grandir. Elle sera une promesse pour l'humanité, elle deviendra grâce et je serai son serviteur dévoué. J'en suis convaincu.

« Mais assez parlé de moi. Vous savez que j'ai le cœur brisé, et je ne sais rien de vous. Alors… Dites-moi en plus. »

Je la laisse découvrir mes atouts. J'étais déjà un bel homme avant ma transformation et cette dernière a gommé les dernières imperfections. Mon corps est celui d'un homme de 24 ans dans toute sa force et sa beauté. Pas un bouton, pas une ride, une santé de fer, un corps tout juste musclé ce qu'il faut. S'il est coutume de dire que les vampires sont des extensions du Diable, je trouve qu'il n'en est rien, après tout, notre Seigneur est éternel, pourquoi cela serait-il démoniaque d'avoir la jeunesse éternelle ? Je pense que les vampires sont plutôt divin que malin.

« Je suppose que, vu vos vêtements, vous êtes quelqu'un de plutôt aisé, voir même important. J'ai grandis avec ce genre de personne, je sais les reconnaître. »
« Ainsi vous êtes aussi très observatrice et perspicace, que de qualités. Effectivement je ne cache pas que je fais parti d'une classe assez aisée, j'ai travaillé toute ma vie pour obtenir un très bon poste comme agent du Ministère Italien.»

Toute ma vie, elle ne se doute pas à quel point, mon âge physique ne lui donne aucune information sur les milliers de vie que j'ai vécu. Je ne puis lui dire que suis Ambassadeur, cela lui donnerait trop d'information, je sens qu'il faut y aller doucement. Peut-être qu'elle pourrait prendre peur ? Que ferait un Ambassadeur Italien dans un bar Anglais à draguer des étudiantes ?

« Agent administratif du Ministre de la Magie italien ? Très impressionnant… Mais c'est vrai que j'aurais dû me douter que votre prénom n'était pas anglais non plus. »
« Vous êtes vive d'esprit, nul doute que vous auriez devinez sans même que je vous le dise. J'ai tant à vous faire découvrir pour vous divertir, dites-moi et je suis votre à votre service pour la soirée.»

Pour toute la nuit, pour toute la vie. Mais je dois prendre le temps, elle n'est pas encore prête.

« Maintenant que vous m'avez remonté le moral, j'ai une folle envie d'aller danser ! Il me semble qu'il y a une boîte de nuit, à l'étage d'en dessous. Vous voulez venir ? Il faut juste enlever ça… »
« Danser avec vous ? Vous m'y autorisez ?»

N'est-ce pas un peu trop faci... je retiens mon souffle, enfin l'imitation d'une respiration, car je n'ai pas besoin de respirer pour vivre. Mais je suis incapable d'amorcer les mouvements de leurre quand elle s'approche de moi pour me dénouer la cravate. Mon cœur s'accélère pourtant, son odeur, si près de moi, ses doigts, sa peau. J'ai envie de l'embrasser ici et maintenant sur le bar. Mais la décence me l'interdit. Elle met ma cravate dans son sac et je la regarde faire avec une agréable surprise.

« Je vous la rendrai plus tard. Mais pour aller en boîte, même si il faut être élégant, il ne faut pas paraître trop guindé non plus. Après tout, c'est pour faire la fête. »
« … c'est pour faire la fête.» répété-je complètement sous son charme.

Elle finit son verre et me précède, évidemment je la suis sans me faire prier. Nul besoin, je lui appartiens déjà depuis des années. Un jour elle le saura, un jour je pourrai lui dire que la première fois que je l'ai vu, je lui ai donné mon âme. Alors mon corps n'est qu'une question de temps.

Son sourire m'attirant sur la piste de danse est comme la ficelle d'un pantin, je serai prêt à tout pour elle, même à danser sur ce genre de musique bien trop moderne pour mon ouïe. Mais pour Aliénor mon corps et mon esprit peuvent bien avoir quelques années de moins.

Ses bras s'enroulent autour de mon cou et ses lèvres viennent épouser les miennes. Je suis aussi décontenancé qu'hypnotisé par ce bout de femme. Je ne la savais pas aussi entreprenante ou alors j'étais dans un déni pudique. Mon ange est à moitié démon et cela va m'être un avantage et une providence. Je ne la repousse pas, bien au contraire, je me délecte de sa bouche, de ses lèvres et de sa langue qui danse sur la mienne. La chanson est finalement très approprié à l'instant.

« Hors de la boîte, hors de la ligne
L'affliction ne me donne jamais l'impression d'en vouloir plus
Parce que je suis peut-être mauvais, mais je suis parfaitement bon dans ce domaine
Du sexe dans l'air, je m'en fiche, j'adore son odeur »


Mes sens de vampire me font profiter à fond de cette expérience. Je ressens tout de manière exponentielle, heureusement que je ne suis pas transformé depuis peu et que je fais preuve d'une certaine maîtrise car sinon je ne sais comment j'aurai géré ce trop plein d'extase et d'émotions. Je pourrai la blesser par mon empressement et mon désir, je pourrai succomber à l'ivresse de son sang, qui je le sens, me plaira quand le moment viendra. Ses mains baladeuses appellent les miennes sur son corps, je la touche de manière respectueuse mais envieuse, oui ma douce, sache que tu me plais, que tu m'attires et que tu ne me laisses pas indifférent. Mon corps collé au sien, comme deux aimants, les deux pôles sont comme conglomérés.

« Oh, j'aime le sentiment que tu m'apportes
Oh, tu m'excites »


Oh si tu savais Aliénor, les nuits passées à penser à toi, à fantasmer sur toi. Si tu savais le nombre d'années à te regarder de loin, sans jamais franchir la ligne, sans jamais t'aborder ou te parler. En restant juste une ombre dans ton sillage. Si tu savais le courage et la force dont j'ai fait preuve jusqu'à maintenant pour rester en retrait de ta vie. Mais maintenant, ce soir, tu t'offres à moi, et tu me combles. Mes lèvres lâchent les siennes et viennent dans son cou, à la naissance de ses clavicules. Mes crocs ne demandent qu'à percer, mais je garde un maigre filet de lucidité pour garder le contrôle. Sa peau est chaude, comme mon humeur. Son sang bat dans ses veines et j'y goûterai volontiers pour assouvir toutes mes envies.

« C'est exactement ce à quoi j'aspire
Donne-le-moi fort
Et retrouve-moi dans mon boudoir
Fais dire à mon corps : "Ah, ah, ah", j'aime ça, j'aime ça »


Elle penche la tête en arrière s'enivrant de la musique et de la fête, libérant encore plus de peau pour ma bouche. Je la presse contre moi, je ne suis plus qu'une entité enfiévrée. Mes sens explosent et ses baisers m'endiablent totalement. J'en désire plus, abondamment plus. Je veux son corps entier, pas seulement ses lèvres. Il y a tout d'un coup trop d'habit sur elle. Je viens la soulever comme si elle ne pesait que quelques grammes, ce qui reviendrait au même du fait de ma force. Je viens coller son dos contre le mur le plus proche de la boite de nuit. Si nous étions seul, je lui aurai probablement fait l'amour contre la paroi, mais je n'oublie pas où nous sommes, même si sa seule présence à la tendance à me faire oublier le monde qui m'entoure. Elle éclipse tout.

« Ma douce tu me fais perdre la tête, un seul mot de ta part et je t'amène ailleurs pour finir ce qu'on a commencé ici.» (2)

Elle ne tarde pas à me donner son consentement pour que je nous transplane ailleurs. Si je n'étais pas aussi au fait de mon excitation, je serai presque déçu qu'elle suive n'importe qui dans un lit. C'est dire qu'elle doit apprendre. Je suis bien heureux qu'elle me fasse confiance, mais si je n'étais pas moi, elle pourrait être en danger. Cela aussi elle l'apprendra à mes côtés. Je veux qu'elle soit forte, mais pas inconsciente. Le monde est sauvage et elle est bien trop douce sous ses airs d'amazone.

J'arrive à mon appartement et la descend doucement pied à terre. Je lui laisse quelques minutes pour regarder son environnement. Prendre conscience d'où elle se trouve et avec qui elle est. Je lui offre mon regard le plus charmeur et le plus confiant. Je veux qu'elle soit rassurée, elle ne risque rien avec moi.

« Est-ce que tu désires boire un verre ou peut-être te rafraîchir dans la salle de bain ? Surtout ne...»

Mais à nouveau ses lèvres s'abattent sur les miennes. Elle est pressée et pressante. J'entends et comprends qu'elle veut s'amuser, se lâcher complètement, elle n'est pas là pour faire des concessions ou perdre du temps. Elle n'est pas là pour s'ennuyer et me faire la conversation, elle est là pour oublier. Et je suis là pour ça. Après cette nuit, je sais qu'elle sera à moi. Et nous aurons tout le temps du monde pour se connaître et converser. Si elle veut de l'action, je vais lui en donner.

Je la saisis par les fesses pour à nouveau la soulever dans mes bras, avec mon pieds j'ouvre toutes les portes jusqu'à ma chambre. Elle commence à déboutonner ma chemise et ma ceinture. La chemise atterrit au sol. Je l'allonge sur le lit et la regarde en enlevant mon pantalon. Elle entreprend de se dévêtir à son tour. Et je la regarde faire avec excitation, des yeux bienveillants, des yeux émerveillés devant ce doux spectacle qu'elle m'offre. Je la contemple en sous-vêtement, ses formes sont faites pour les miennes. Son corps est mon trésor.

« Regarde toi, tu es tout bonnement magnifique darling et regarde dans quel état je suis, sous ton charme.»

J'enlève mon boxer, la nudité ne me dérange nullement, je suis à l'aise avec mon corps et mes attributs. Et cette gente dame a besoin de spectacle et de se faire plaisir. Je viens lentement au dessus d'elle. Je l'embrasse âprement, puis descend sur sa mâchoire, son cou, la naissance de sa poitrine, mais je n'enlève pas son soutien gorge, je prends le temps d'honorer les parcelles de son corps qui me sont accessibles sans tissu. Je fais preuve de douceur mais avec une étincelle d'hardiesse. Mes mains la caressent et la consacrent. Je vais lui offrir ce qu'elle mérite, être à l'écoute de ses besoins, servir toutes ses envies.

🙚 Mardi 14 mai 2002

Je ne les ai pas quitté de la nuit, j'ai congédié tous les Aurors pour être à leur chevet. Je ne donnerai leur sécurité à personne d'autre. J'ai fait marcher mon autorité d'Ambassadeur et leur ai donné l'excuse que j'étais un vampire, sans famille à rejoindre. Je me suis fait des allier en leur donnant la soirée pour rejoindre enfant ou femme chez eux, plutôt qu'une garde dans un hôpital. Ils m'ont tous remerciés chaleureusement. Cette manipulation est tellement aisée. Mais ce n'est pas à eux que je fais un cadeau, c'est à moi. J'ai pu donner un biberon de sang à Nina dans la nuit, les infirmières étaient émerveillées. « Oh c'est vrai que de toute façon vous n'êtes pas dégoûté par le sang, c'est très étrange pour nous à chaque fois. » J'ai joué les ignorant en leur demandant comment m'y prendre pour la porter dans mes bras, pour le débit de sa boisson. Mais je sais tout cela, je sais m'occuper de ma fille, mais il faut un peu de mascarade pour parfaire le contexte.

« Tu as passé la nuit ici…? »
« Ma place est à vos côtés mon ange, n'en doute jamais.»
« Est-ce que je peux la prendre dans mes bras…? »

Je commence a me penché sur ma réponse quand la porte s'ouvre en grand et brutalement. C'est inapproprié surtout dans une chambre d'hôpital.

« Aliénor ? Oh mon dieu, c'est vraiment toi ! Ce sont tes parents qui m'ont envoyé un hibou ! »
« Jordan ? »

Jordan !?! Mes pupilles s'assombrissent, comment et pourquoi est-il ici ? Mon instinct de protection s'active et le contrôle de mes émotions s'étiolent lentement quand je le vois s'approcher d'elle et s'effondre quand il prend les mains d'Aliénor dans les siennes.

« Je suis tellement désolé, si tu savais. Lors de l'enquête, les Aurors ont trouvé la lettre que tu avais écrite au bar, ils me l'ont montrée, ils croyaient que j'étais responsable de ta disparition au début… Ils m'ont vite innocenté. »

Trop vite à mon goût, mon intention était qu'il paye, et j'aurai du visiblement jouer de mes relations pour le faire enfermer. Maintenant je vais devoir le faire disparaître, mais pas dans le fond d'une cellule, plutôt dans le fond d'un lac.

« Tu as lu la lettre ? »

Ne lui parle pas ma belle, ne lui répond pas. Cet homme est ton passé, je suis ton avenir. Il ne mérite pas de poser les yeux sur toi. Tous les efforts qu'elle a fait pour le tenir à distance, tous les efforts que j'ai fait pour lui faire oublier.

« Oui, et je comprends totalement ta colère à mon égard. Je te promets, je vais changer. J'ai déjà changé, je vais te le prouver. Ta disparition m'a rendu fou d'inquiétude, c'est comme ça que j'ai compris que tu étais la femme de ma vie. »

Je me retiens d'une violente algarade contre Jordan. J'ai une colère larvée depuis des années contre cet homme, et l'entendre tenir de tel propos me met hors de moi. Ma rage est intériorisée mais ne demande qu'à bondir férocement sur cette moitié de sorcier. Comment ose-t-il agir et dire de la sorte, après toutes les tromperies, les trahisons ? Il croit revenir la fleur à la baguette ?

Mes yeux ne sont heureusement pas mortels, car un cadavre tomberait au pied du berceau de ma fille. Je réfléchis déjà à une manière de le faire souffrir avant de l'anéantir. Mon self contrôle me coûte mais je ne vais pas pouvoir tenir longtemps avant que des pulsions meurtrières me fassent basculer et commettre une erreur.

Il se tourne sur moi, me donnant et se donnant du répit, puisqu'il lâche Aliénor. Il ne sait pas la tempête en mon cœur en cet instant, mais une personne dans la pièce saura la reconnaître. Mes pupilles sont si noires qu'elles ne tromperaient pas ma femme.

« Je vous connais, vous êtes celui qui a tout fait pour que l'enquête continue, non ? Merci, grâce à vous, j'ai pu retrouver mon Aliénor. »
« Lorenzi Peretti.» disé-je seulement, car moi je ne suis pas disposé à être gracié de l'avoir « aider ».

Je veux voir ses yeux sortir de ses orbites, je veux voir le sang couler de ses oreilles, les os de sa mâchoire craquer sous mes doigts. Jordan se tourne alors vers Nina et je sens le feu se propager sous ma peau.

« Tes parents m'avaient dit que tu avais eu une fille… Est-ce que… Est-ce que elle est de moi ? »

Le monde en cendre. Mes yeux se posent sur Aliénor, il ne faut pas qu'elle commette d'erreur, j'attends sa réponse comme la messe.

« Non, ce n'est pas ta fille. »

Bonne réponse, mais tu peux mieux faire ma belle.

« Tu en es sûre ? Tu as pu faire un test de paternité ? Je ne sais pas quel âge elle a, mais elle a l'air de… »
« C'est une demi-vampire, Jordan ! »

Un sourire discret et éphémère traverse mes lèvres. C'est bien mon amour. C'est très bien.

« Oh, Aliénor… Tu es tombée enceinte de cette ordure ? »
« Assez.»

Jordan tourne la tête sur moi. Je ne sais pas à qui je l'ai dit, à lui ? A moi ? Mais cela doit cesser.

« Je pense que Mademoiselle Fontange doit se reposer, vos questions et vos jugements ne sont pas à l'heure du jour.»

Je viens prendre Nina dans mes bras et m'avance vers le lit d'Aliénor pour la lui tendre délicatement. Ainsi je reste entre elles et Jordan.

« Sa fille est magnifique et elle est sa fille avant tout. Et avant que vous arriviez elle me faisait la confidence de vouloir la retrouver en ses bras pour la cajoler.»

Je fais un pas en avant, mon aura de prédateur naturel est en action. Toute ma prestance emplie la pièce. Mon autorité, mon pouvoir, ma nature empestent chaque atome de la chambre, à tel point que Jordan se sent tout d'un coup inconfortable sans savoir pouvoir et sans se rendre compte d'où cela vient. Il ne sait pas que ses jours sont comptés, que dis-je, ses heures, peut-être même ses minutes si je n'ai pas à faire avant. Il devra payer le fait de l'avoir touché et de m'avoir insulté.

« Vous devriez plutôt retrouver quelqu'un dans le couloir pour lui faire porter un plateau, elle n'a pas petit-déjeuner.»
« Et vous... vous qu'est-ce que vous faites là ? »
« J'ai veillé à leur sécurité, nous n'avons toujours pas retrouvé cette ordure pour paraphraser vos mots. J'ai remplacé les Aurors, je suis celui qui connaît le mieux le dossier. Sans vouloir vous offenser Mademoiselle Fontanges, j'ai bien conscience que vous n'êtes pas seulement des bouts de parchemins sur un bureau.»
« Oui c'est vrai, merci ! Aliénor Monsieur Peretti a été si prévenant, c'est une chance qu'il ait été sur son dossier, je... je reviens, je vais te chercher un petit déjeuner, il a raison. »

Il sort aussi rapidement qu'il était rentré. D'un coup de baguette je ferme la porte et me tourne vers ma fille et l'amour de ma vie.

« Il ne va pas pouvoir rester. Dans ta vie je veux dire. Il ne peut pas approcher Nina, il va devoir partir en voyage d'affaire, je ferai jouer de mes relations pour qu'il quitte l'Angleterre. Quand il revient, dis-lui de te laisser te reposer.»

Évidemment c'est un vil mensonge, je ne compte pas le faire muter ailleurs, je compte m'en débarrasser définitivement. Mais je ne veux pas inquiéter mes deux femmes. Je ne veux pas non plus rendre triste Aliénor qui l'a aimé. Qu'elle pense qu'il est loin sera mieux qu'elle pense qu'il est mort.

(1) « Ma douce » dit en Français 
(2) « Ma douce tu me fais perdre la tête, un seul mot de ta part et je t'amène ailleurs pour finir ce qu'on a commencé ici» dit en Français
:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

descriptionEighteen months you sold as some forbidden paradise EmptyRe: Eighteen months you sold as some forbidden paradise

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti🙚 Vendredi 13 octobre 2000

Moi qui avait commencé ma soirée avec le cœur brisé, cette rencontre me permettait de me changer un peu les idées. Voir totalement. Après avoir flirté avec un inconnu dans un bar, voilà que je dansais avec le dit-inconnu dans une boîte de nuit. Légèrement alcoolisée, je ne pus m'empêcher de me rapprocher assez rapidement pour l'embrasser. Égoïstement, j'avais besoin d'oublier Jordan. Tout ce que je voulais était une soirée sans prise de tête. Je ne disais pas que j'allais lâcher Enzo comme ça, dès le lendemain matin, mais j'espérais qu'il savait que mon intention première n'était pas un réel date. Juste une histoire légère et drôle. Heureusement, il semblait le savoir, vu ses réactions. Il n'hésita pas à poser ses mains sur mon corps, et me rendit, assez vigoureusement, mon baiser. C'était tout ce que je désirais. Sentir la chaleur monter en moi, grâce à l'alcool, l'ambiance général, et ces contacts assez peu équivoques. Mes mains, normalement dans son cou, commencèrent lentement à descendre, pour explorer son torse à travers sa chemise, sans cesser notre baiser. Mon corps chauffait tellement que j'avais l'impression que ses paumes laissaient une marque sur mon bassin.

Lorenzo lâcha mes lèvres pour que les siennes goûtent la peau de mon cou. Devant un geste aussi bon, ma tête se pencha en arrière pour lui laisser plus de place encore. Continue, continue ce que tu fais. Continue de me faire vibrer, continue de me faire sentir aussi attirante, continue de réveiller toutes ces sensations dans mon bas-ventre. Sa bouche contre mon cou, cette simple caresse m'obligea à me mordre les lèvres pour ne pas gémir en plein milieu de la piste de danse. Comment il pouvait rendre un simple baiser dans la nuque aussi bon ? J'avais tellement chaud que mon sang commençait à entrer en ébullition. Je lâchais un petit cri de surprise quand je le sentis me soulever. Je m'accrochais à lui, en le regardant dans les yeux. Qu'avait-il en tête ? Je souriais légèrement quand Enzo quitta la piste de danse pour m'amener contre le mur, dans un coin de la boîte de nuit. « Ma douce tu me fais perdre la tête, un seul mot de ta part et je t'amène ailleurs pour finir ce qu'on a commencé ici.1 » Ces simples mots réveillèrent en moi un volcan de désir, incapable à retenir. Les yeux dans les yeux, mes mains sur ses joues, j'hochais la tête. « Vas-y. »

Immédiatement, je sentis le tourbillon typique du transplanage. Mes pieds ne touchant pas le sol, je ne pouvais pas le sentir. Tout ce que je sentais était la frustration que ça n'aille pas plus vite. Et la frustration de devoir trouver un mec autre que mon petit copain pour ressentir toutes ces émotions de manière aussi puissantes. Pourquoi ? Pourquoi je ne méritais pas un type comme Lorenzo, qui semblait prêt à tout pour moi ? Qui me donnait déjà des surnoms alors que ça faisait une demi-heure qu'on se connaissait ? Pourquoi je n'avais jamais été véritablement épanouie en amour ? Heureusement que le transplanage coupa vite mes questions. On arriva presque immédiatement dans un appartement plutôt chic. Enzo me déposa à terre, et je regardais autour de moi. Ça sentait la richesse à plein nez, tout comme son costume. Ou il gagnait vraiment bien sa vie pour quelqu'un d'aussi jeune, ou il avait de base une famille assez riche. « Est-ce que tu désires boire un verre ou peut-être te rafraîchir dans la salle de bain ? Surtout ne… » Franchement, vu la chaleur de mon corps, et l'alcool déjà présent dans mon sang, je n'avais aucune envie de boire un verre supplémentaire ou de me rafraîchir. Alors, pour le faire taire, je me tournais vers lui, et je l'embrassais à nouveau. Pour qu'il comprenne ce que je voulais vraiment. Et pour être sûre qu'il saisisse le message, je n'hésitais pas à me coller à lui.

Je m'en doutais déjà, mais Enzo était loin d'être bête. Alors, à peine je l'avais embrassé qu'il m'attrapa les fesses pour me porter d'un seul coup. Je me sentais légère comme une plume dans sa manière de me porter, et je croisais mes jambes autour de sa taille. Sans aucune hésitation, pendant qu'il se dirige vers sa chambre, je me fis un devoir de commencer à déboutonner sa chemise pour découvrir son torse. Je lui avais déjà retiré sa cravate, la suite devait maintenant suivre ! Arrivés dans la dite-chambre, je commençais déjà à déboutonner son pantalon. Il me posa sur le lit et termina de se déshabiller. Je me dépêcha de me redresser pour retirer mon chemisier coloré et mon pantalon, avant de l'attendre sur le lit. Lui se trouvais déjà entièrement nu. Et au lieu de me rejoindre, il commença à me regarder, dans le moindre détail. Moi qui était incapable d'accepter la lenteur tout à l'heure, ce temps ne me dérangeait pas tellement. Je me sentis vibre sous son regard, où je pouvais lire l'admiration. Le désir. Je lui plaisais, et je le voyais. Ça me flattait, bien plus que je ne voulais l'admettre. Et surtout, ça me rassurait sur mes charmes, que j'avais commencé à mettre en doute avec les nombreuses tromperies de jordan. Mais sous les yeux de Lorenzo, j'avais l'impression d'être spéciale. D'être une nymphe. « Regarde toi, tu es tout bonnement magnifique darling et regarde dans quel état je suis, sous ton charme. » Je le voyais. Plus que ses yeux, tout son corps montrait son désir envers moi. Je ne pris pas le temps de répondre qu'il me grimpa enfin dessus. Au moment où il m'embrasse, je sens que je vais passer une des meilleures nuits de ma vie. Je ne saurais pas expliquer pourquoi -à croire que je me retrouve avec le troisième oeil de ma petite sœur ! Mais je le sens. Et alors qu'il commence à embrasser tout le reste de mon corps, je sais que cette sensation sera confirmée.

🙚🙘

Est-ce que je devais avouer que c'était la meilleure nuit de ma vie ? Jamais je ne m'étais sentie aussi désirée. Aussi désirable. Aussi belle. J'avais eu l'impression d'être une déesse à qui on propose un culte. Je me sentais tellement bien que je n'avais pas envie de bouger du lit. Et même encore maintenant, je me sentais bien. Lorenzo était à mes côtés, à prendre encore soin de moi. Massages, caresses, baisers dans la nuque… Tout était parfait. Si son désir secret était de me faire rester pour la nuit complète et le petit-déjeuner, il avait juste à continuer comme ça. Je n'étais pas prête à arrêter ce traitement purement de princesse. Allongée sur le ventre, je sentais tous mes muscles du dos terminer de se détendre alors qu'il les embrassait, un à un. Après ce moment sexuel de folie, comment pouvait-il encore avoir autant envie de me chouchouter ? Mes exs et Jordan me donnaient un câlin de quelques minutes, au mieux. Là, j'avais l'impression que jamais il ne se lasserait de moi. Et c'était très agréable… Jusqu'à ce que je sente des crocs se planter soudainement dans mon dos.

La douleur prit la place de tous les sentiments agréables que je ressentais depuis quelques heures. Mon sang semblait se diriger vers la morsure, comme si Lorenzo était en train de le boire. Un vampire. C'était un putain de vampire ! « Lâche-moi ! » J'essayais de me redresser d'un coup, quitte à laisser une cicatrice. Mais hors de question de le laisser continuer à me boire, comme ça ! Entendons-nous bien, je n'avais pas forcément de préjugés envers les créatures. Sauf que je refusais de me transformer en buffet humain. Je me dégageais du lit, encore trop choquée par ce que je venais juste de vivre. Je posais une main sur mon dos, avant de voir ma paume en sang. « Mais tu es complètement malade ! » Je laisse tomber tout ce que je disais, la nuit, le petit-déjeuner, tout. Je ne reste pas une seconde de plus ici. Je me rhabillais en vitesse. Jamais je n'avais enfilé des vêtements aussi vite, même quand je me réveillais en retard pour aller en cours après un lendemain de soirée ! Et, sans un regard en arrière, je me dépêchais de sortir de la chambre ; puis de l'appart ; et enfin de l'immeuble.

Dans la rue, histoire d'être tranquille, je me dépêchais de transplaner. Je n'étais pas sûre que Lorenzo me suive, mais au cas où, je ne traînais pas. Je n'avais aucune envie de parler de tout ça, ou d'entendre ses arguments ! Ça allait être de sa faute, si je ne pouvais pas porter des dos-nus aux soirées de décembre. Alors ouais, je me retrouvais très rapidement dans mon appartement. J'ouvris ma porte, et dans l'entrée, je posais les clés sur le meuble, avant de retirer mes escarpins. Je commençais à sentir le contre-coup de cette soirée. Une douche allait être nécessaire, pour me débarrasser, dans l'ordre, de l'odeur de l'alcool, du sexe, et du sang. Je commençais à traverser le couloir en soupirant quand je sursautais. Il me semblait avoir entendu des pas dans le salon. Je devais rêver, mais… Les sourcils froncés, hésitante, je me dirigeais vers la source du bruit. « Il y a quelqu'un ? » Evidemment, seul le silence me répondit. Je levais les yeux au ciel. « Jordan, si c'est toi, je ne suis pas prête à entendre tes excuses ! »

🙚 Mardi 14 mai 2002

Jamais je n'aurai pensé être dans une situation plus désagréable que celle-ci. Et ce, malgré les derniers 18 mois. Prise entre mon kidnappeur amoureux de moi et mon copain infidèle que je n'avais pas vu pendant presque deux ans, je me sentais assez mal. Surtout avec toutes ses questions sur ma fille. Dont le père était également dans la pièce ! Je pris une grande inspiration, avant de lui balancer qu'elle ne pouvait pas être sa fille, vu sa nature. Evidemment, Jordan commença à s'inquiéter. Evidemment, il pensait à un viol. Mais comment lui dire que je n'avais pas été agressée ? Que j'avais donné mon consentement le plus total ? Ça reviendrait à accuser Lorenzo, chose dont je m'étais refusée. Pour Nina. Heureusement, ce dernier vola à mon secours. « Assez. » Je tournais la tête, surprise, en même temps que Jordan. « Je vous demande pardon ? » « Je pense que Mademoiselle Fontange doit se reposer, vos questions et vos jugements ne sont pas à l'heure du jour. » Je baissais la tête, assez mal à l'aise. Je ne voulais pas qu'on parle de moi. Je ne voulais pas être l'excuse trouvée de Lorenzo pour faire partir Jordan. Parce que c'était ça, et je le savais très bien. Il était agacé de le voir en ces lieux, dans cette chambre. Il n'aimait pas la proximité qu'il y avait entre nous. Et j'étais son excuse pour qu'il puisse exercer son pouvoir, et que nous nous retrouvions que tous les deux.

Lorenzo finit par prendre Nina dans ses bras, avant de se rapprocher de mon lit et de me la donner. Puis, il se retourna. Il était très fort. En un geste naturel -donner à une maman son bébé-, il se plaça habilement entre Jordan et moi. Comme une muraille. Et cet homme avait beau m'avoir privé de ma liberté pendant 18 mois, voir son dos me donnait un étrange sentiment de protection. Il me protégeait de toutes les questions de Jordan auxquelles je n'avais aucune envie de répondre. « Sa fille est magnifique et elle est sa fille avant tout. Et avant que vous arriviez elle me faisait la confidence de vouloir la retrouver en ses bras pour la cajoler. » L'aura imposante d'Enzo semblait grandir de seconde en seconde. Je ne savais pas comment il faisait ça. Jordan lui-même sentait sûrement l'ambiance de la pièce, et il était mal à l'aise. Je le connaissais, je pouvais le voir. Même Nina semblait susceptible aux ondes de son père, mais elle semblait être la seule à le supporter. Assise dans mes bras, elle observait la scène avec intérêt, ses grands yeux bleux ouverts et concentrés. « Vous devriez plutôt retrouver quelqu'un dans le couloir pour lui faire porter un plateau, elle n'a pas petit-déjeuner. » Et le petit-déjeuner de Nina ? Je voulais l'allaiter avant. « Et vous... vous qu'est-ce que vous faites là ? » « J'ai veillé à leur sécurité, nous n'avons toujours pas retrouvé cette ordure pour paraphraser vos mots. J'ai remplacé les Aurors, je suis celui qui connaît le mieux le dossier. Sans vouloir vous offenser Mademoiselle Fontanges, j'ai bien conscience que vous n'êtes pas seulement des bouts de parchemins sur un bureau. » A ces mots, je sentis mes muscles se crisper. Depuis que je savais que c'était lui qui travaillait sur mon dossier en collaboration avec les Aurors, je me demandais pas si il n'avait pas brouillé les pistes de l'enquête, bien au contraire. « Oui c'est vrai, merci ! Aliénor Monsieur Peretti a été si prévenant, c'est une chance qu'il ait été sur son dossier, je... je reviens, je vais te chercher un petit déjeuner, il a raison. » Jordan m'adressa un dernier sourire et fila dans le couloir. Le connaissais, il allait dégouliner de romantisme pendant quelques temps, pour me montrer qu'il avait véritablement changé. Mais je savais qu'il faisait ça surtout pour se rassurer, et essayer de faire oublier ses tromperies et ses mensonges.

Lorenzo ferma la porte derrière lui, avant de se tourner vers Nina et moi. Ma fille avait fini par délaisser le spectacle pour jouer avec mes cheveux dénoués, sûrement dans le but d'attirer mon attention. « Il ne va pas pouvoir rester. Dans ta vie je veux dire. Il ne peut pas approcher Nina, il va devoir partir en voyage d'affaire, je ferai jouer de mes relations pour qu'il quitte l'Angleterre. Quand il revient, dis-lui de te laisser te reposer. » « Non ! » Je n'avais pas pu m'empêcher de rétorquer, le cœur battant. Je savais que je risquais gros en le contredisant, sauf que je ne voulais pas. Faire sortir Jordan de ma vie. Parce que je savais ce que ça voulait dire. « Ne le tue pas, s'il te plaît… » Je savais que c'était son projet. Je le savais capable de meurtre. Quand j'avais accouché dans cette maison, il avait forcé un médecin pour qu'il s'occupe de moi, puis il m'avait promis qu'il le relâcherait. Mais je l'avais vu, par la fenêtre, enterrer son cadavre. J'avais appris à le connaître, et je savais qu'il n'hésiterai pas à se salir les mains pour se débarrasser de ceux qui l'importunaient. Jordan en faisait parti. « Je te promets que quand il reviendra, je lui demanderai de partir, je te promets que je lui dirai que j'ai besoin de me reposer. Mais, je t'en supplie, ne le tue pas. » Le ton de ma voix était implorant. J'étais prête à faire tout ce qu'il me demandait pour qu'il ne revienne pas me voir à l'hôpital. Je n'étais pas prête à le savoir mort. Ma vie était suffisamment chamboulée comme ça,

Jordan finit par revenir assez vite avec le plateau du petit-déjeuner. « L'infirmière me l'a confié ! » Expliqua-t-il joyeusement. Il posa le repas sur l'espèce de tablette et le fit rouler jusqu'à moi. Mon cœur battait la chamade alors que je réfléchissais à mes propos. Je savais que je risquais de lui briser le cœur, mais je faisais ça pour lui sauver la vie. « Ça ne va pas, Aliénor chérie ? » « Il faut que tu partes. » J'avais parlé sur un ton brusque, un peu. Je préférais ça à lui montrer que j'étais bouleversée. « Mais… Pourquoi ? » « J'ai besoin de me reposer, je suis fatiguée. Il y a trop de monde qui passe dans ma chambre. Et puis, ce n'est pas juste que je t'ai vu toi et toujours pas mes soeurs. » Je débitais mes arguments le plus vite possible, sans reprendre mon souffle. Comme pour essayer d'avoir l'air sérieuse. Sûre de moi. Comme à l'époque où nous étions toujours ensemble. J'essayais même de soutenir son regard, jusqu'à ce qu'il soupire. « Si c'est ce que tu veux… Repose-toi bien, d'accord ? » Je ne répondis pas, et j'attendis qu'il sorte de ma chambre pour libérer ma respiration bloquée. J'essayais de rassembler tout mon courage pour me tourner vers Lorenzo, désormais seul avec moi. « J'ai tenu ma promesse, je lui ai demandé de partir. » Je n'osais pas réitérer ma demande, mais je savais que Lorenzo était un homme de parole. Normalement, il allait laisser Jordan tranquille. Le truc, c'est que la raison pour laquelle je lui disais ça, que j'avais tenu ma promesse, c'est que j'avais besoin… D'une forme de reconnaissance. Que l'homme à mes côtés me témoigne qu'il se rendait compte de mes efforts.

Je décalais le plateau légèrement, sous son regard mécontent. « Je compte le manger après, c'est juste que… Je veux nourrir Nina avant. Je l'ai toujours nourrie avant moi. » Ma fille passait toujours avant moi, c'était comme ça, je ne pouvais pas m'en empêcher. Alors, je commençais à déboutonner la chemise de l'hôpital, et je constatais, du coin de l'oeil, que Enzo regardait ailleurs. Tant mieux. J'avais toujours été mal à l'aise à l'idée d'allaiter Nina devant lui. Plus que ça, j'étais mal à l'aise avec ma nudité devant lui, depuis cette nuit-là. C'est donc rassurée que je sortis mon sein, pour le donner à Nina. Ravie, ma fille commençait à boire goulument en me regardant de ses grands yeux bleus. Je ne me laissais pas de la regarder. Elle était magnifique. Un vrai trésor. Elle représentait mon ancre, mon phare dans le brouillard qu'était devenue ma vie. Une fois cette étape terminée, je rerapprochais le plateau-repas de moi. Gardant Nina dans mes bras, je commençais à manger en partageant avec elle ma compote, en souriant. En plus milieu du repas, la porte s'ouvrit pour laisser place au médecin, et à ma mère. Je ne savais pas qu'elle venait, aujourd'hui.  

Maman se dirigea vers mon lit, pour embrasser le haut de ma tête et rester à mes côtés. « Bonjour, mademoiselle Fontanges. Nous avons croisé votre petit ami qui nous a dit que vous étiez fatiguée, alors, je suis venu voir comment vous allez. Vous avez mal dormi, malgré la potion de sommeil sans rêve ? » Je relevais la tête de Nina, le visage plein de compote. Je sentis ma bouche s'assécher. Qu'est-ce que je pouvais répondre à ça ? J'étais fatiguée d'avoir tout le temps peur, d'avoir peur de faire une erreur, d'avoir peur qu'on découvre mon mensonge. J'étais crispée, tendue, sur le quai-vive. C'est ça qui me fatiguait. Mais je ne pouvais pas dire ça, n'est-ce pas ? Ce serait trop soupçonneux. Alors, je me contentais d'un vague : « Oui… Enfin… Un peu. » « Bon. D'accord. » Le médecin se tourna vers Lorenzo, alors que ma mère me jetait un regard un peu triste. « Monsieur Peretti, nous allons devoir emmener Mademoiselle Fontanges pour des examens toute la journée. Vous pouvez aller à votre bureau, et revenir ce soir, si vous le souhaitez. » J'allais passer la journée seule sans lui ? C'était un sentiment… Étrange. Je ne savais pas si c'était réellement négatif, ou positif. Une chose était sûre, je n'étais pas habituée à ça. Dans la maison, quand il n'était pas là, j'étais le plus souvent enfermée dans ma chambre. Là, je savais que, si je le voulais, je pouvais aller faire un tour dehors, toute seule. Enfin, une fois les examens terminés. Alors que Lorenzo approuva le médecin, ma mère se leva du bord de mon lit. « Oh, non, monsieur Peretti ! Restez, je vous en pris. Je n'ai confiance qu'en vous. Vous êtes l'ange gardien de notre famille. » Je baissais les yeux, incapable de répondre à ça. Et puis, est-ce que c'était ma place de répondre à ça ? Je n'allais pas décider. Je n'avais pas à décider. Je ne savais plus quel choix je pouvais faire ou non. C'était juste… Plus facile de me laisser guider.

🙚 Mercredi 15 mai 2002, au soir

Mardi, j'ai passé la journée sous la loupe des médecins pour tout types d'examens : recherche d'éventuelles violences physiques, d'éventuelles violences sexuelles, de la faim, etc. Ils n'ont rien trouvé. Aujourd'hui, c'est Nina qui a été examinée un peu plus en profondeur, mais le médecin l'a déclaré en excellente santé. Un pédiatre prit le temps, pendant plusieurs heures, de m'apprendre ce que je devais savoir, ayant appris seule, sur le tas. Également, ils me prescrivent des anxiolytiques, et des potions de sommeil sans rêve, si je continuais à mal dormir. Enfin, le soir, mes parents vinrent nous chercher pour nous ramener à la maison, en France. J'étais heureuse de retourner dans mon pays natal, bien que Enzo soit là. Quand mes parents étaient arrivés, pendant que je me changeais pour retrouver des habits normaux, il était avec eux, en train de bavarder et de rire. Évidemment, mes parents l'invitèrent à rester dîner. Je n'avais rien dit.Est-ce que j'avais vraiment quelque chose à dire ? Mes parents m'avaient mise devant le fait accompli. Je ne pouvais pas faire grand-chose. Alors, je me contentais de les suivre, et j'attrapais le bras d'Enzo pour transplaner. C'est devant notre résidence, le château de Cropières, que je commençais à me détendre. A la maison. J'étais à la maison. Alors que ma mère tenait Nina dans ses bras, mon père m'ouvrit la porte d'entrée. Et c'est là que je les vis. Mes soeurs, que je n'avais pas vu depuis 18 mois. Jeanne se précipita sur moi, pendant que Isabeau me sourit.

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« Tu nous as tellement manqué. Comment tu vas ? » Je ne répondis pas à Jeanne, et je me contentais de profiter de son étreinte. Tout commençait à devenir normal. Je retrouvais ma sœur. Mes soeurs. Mes parents. Ma maison. Tout allait rentrer dans l'ordre. « Avec Jeanne, on a mit un berceau dans ta chambre… On ne savait pas où le mettre, sinon, » « C'est parfait. Merci. » Je souris à Isabeau, pendant que Jeanne s'extasiait devant ma fille. Elles ne l'avaient encore jamais vue. « Aliénor chérie, et si tu allais te rafraîchir, et te changer ? Nous allons passer à table. Les filles, vous m'aidez à mettre la table ? » Je me tournais vers mon père, et je pris ma fille dans mes bras. Vu l'heure, le repas allait durer un moment. Je me doutais bien que ma famille voulait essayer de profiter de cette soirée, alors, je voulais en profiter pour mettre Nina au lit. Je montais à l'étage, direction ma chambre. Ma gorge se noua quand je rentrais dans la pièce. A l'identique. Elle était à l'identique de ma chambre dans… Cet endroit. Je fermais les yeux, avant de les rouvrir. Je ne voulais pas coucher Nina ici. Je ne voulais pas dormir ici. Alors, je la mise en pyjama, je me dépêchais de me changer aussi, avant de faire voler le berceau à l'étage d'en dessous. Je savais que le petit salon ne serait pas utilisé, alors, c'est là que je couchais ma fille. Je restais le temps qu'elle s'endorme, puis, mes escarpins à la main, je sortis sur la pointe des pieds pour ne pas la réveiller.

Quand je rejoignis ma famille dans la salle à manger, je vis une longue table, avec la belle vaisselle du dimanche, les bougies, des fleurs. Jeanne riait avec papa pendant que maman s'excusait auprès de Lorenzo. « Je suis confuse, vraiment. J'avais oublié que les vampires ne mangeaient rien du tout, aucun type de nourriture… Vous auriez dû décliner mon invitation à manger, vous allez vous ennuyer… » J'arrêtais de l'écouter, pour regarder la table. Super. Pas de bouteille et que des verres à eau. Et une sœur absente… Je tournais la tête, avant de voir Isabeau dehors. Je profitais que personne ne me regarde -sauf Lorenzo, mais il ne me quittait jamais des yeux- pour ouvrir la porte vitrée, et aller dehors. « Depuis quand tu fumes ? » Isabeau sursauta, avant de se tourner vers moi, l'air coupable. « Depuis quelques mois, maintenant. Ne dis rien à maman, elle va m'extirper. » Je souris, en m'asseyant à ses côtés. C'était de ça, dont j'avais besoin. De ma relation avec mes soeurs. Du « ne le dis pas à maman ». Le retour à une vie normale, loin de la solitude que j'avais connue. Isabeau écrasa sa cigarette sous son talon. Je ne savais pas ce qu'elle fumait, mais vu l'odeur, ce n'était pas que de la nicotine. « Tu as à boire, aussi ? » Je lui désignais la flasque à côté d'elle. « Il faut bien, maman a refusé de sortir l'alcool parce qu'il paraît que tu as des médocs. Elle ne veut pas te mettre mal à l'aise. » Bon sang, maman… Je l'aimais, mais parfois, elle en faisait trop. Je tendis la main, et, sans moufter, Isabeau me donna sa petite flasque. Mais… Elle était vide. Je la retournais à l'envers, avant de lui jeter un regard entendu.

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« Tu aurais pu me dire qu'elle était vide. » « Ça aurait été moins drôle. » Je répondis à son sourire, et on resta là, une ou deux minutes dans le silence. A juste profiter de l'autre. Quand Isabeau se retourna pour regarder à l'intérieur de la maison, je l'imitais. Jeanne était avec nos parents. Je ne voyais pas Lorenzo. Un frisson me parcourut. Où est-ce qu'il pouvait être ? « Jordan n'est pas venu ? » Isabeau coupa toutes mes questions, et je la regardais. Qu'est-ce que je pouvais répondre à ça ? « Non. Après ce que je lui ai dit, je ne suis pas sûre qu'il avait très envie de venir… » « Maman ne l'a même pas invité. » Je la regardais, surprise. Maman avait toujours voulu que je me marie avec Jordan. Elle trouvait que nous formions un beau couple. « Après ce que tu lui as dit, ce n'est pas étonnant. » « Oui… » Songeuse, je réfléchissais. Est-ce que j'allais le revoir ? Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui dire. Isabeau finit par se relever du banc, en s'étirant. « Si tu ne l'aimes plus, si tu ne veux plus le voir, largue-le. De toute façon, il ne faisait que te tromper. Ça ne sert à rien de réessayer. » « Depuis quand tu parles comme ça ? » Je regardais Isabeau, surprise. Ma sœur avait toujours eu son caractère, mais jamais elle n'avait été aussi catégorique. Aussi… Je n'étais pas sûre de savoir quoi dire. En tout cas, elle avait perdu l'étincelle qu'elle avait dans les yeux, petite. Elle ne répondit pas à ma question et en posa une autre : « Tu rentres ? » « Je vais rester dehors encore un peu. » J'avais besoin d'air frais, avant que ma mère ne me cherche partout. Ma sœur haussa les épaules, avant de rentrer, et de me laisser seule sur le banc.
       
1 : En français dans le texte
:copyright:️ Justayne

Dernière édition par Aliénor M. Fontanges le Ven 22 Déc - 23:17, édité 1 fois

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~ I feel you holding me ~

descriptionEighteen months you sold as some forbidden paradise EmptyRe: Eighteen months you sold as some forbidden paradise

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges🙚 Vendredi 13 octobre 2000

Je n'ai jamais passé pareil moment avec une femme. J'ai pris à cœur de la contenter entièrement, j'ai écouté son cœur, le langage de son corps, mon but était son plaisir ultime. Je suis allé au rythme de ses envies, je me suis assuré qu'elle soit exaucée, que son corps tout entier soit célébré. Je n'ai jamais pris autant de plaisir que de lui en offrir ce soir. C'est encore meilleur que ce que j'avais pu fantasmer durant tous ces mois. Aliénor comble toutes mes attentes et presque tous mes désirs. Il n'en reste qu'un, seulement un. Son sang. Son sang où coule à présent une multitude d'hormone. Les endorphines, libérées après l'effort physique et l'extase. La dopamine, liée au désir sexuel, comme une récompense. La testostérone qui nous a stimulé tous les deux. La lulibérine, ma préféré, l'hormone du désir qui prépare nos corps à l'acte sexuel. L'ocytocine dont elle est remplit en ce moment même, hormone de l'amour et de l'attachement. Et la sérotonine, libérée au moment de l'extase. J'ai envie de goûter, j'ai envie de me remplir d'elle, j'en veux plus. Je la veux toute entière, je la veux dans mes veines, parcourir tout son corps avec ma bouche ne me suffit plus. Je veux pouvoir la sentir se répartir dans chacune de mes cellules, qu'elle soit sous ma peau. J'ai besoin d'elle ici et maintenant. Me retenir est bien trop difficile. Sa peau est douce et son sang sera délicat.

Son dos m'est offert, la vue est sublime, elle est si belle, si excitante. Je voudrai goûter à une veine plus accessible, mais son dos est si charmant, offert comme un plateau, je ne peux y résister. Dans un éternel baiser j'embrasse au milieu de son dos entre ses omoplates, et mes pulsions de vampire prennent le dessus, je la mords sans somation, aspirant son liquide rouge carmin totalement sublime, à la hauteur de mes espérances et même plus. Le cocktail d'hormone me fait ressentir une béatitude jamais égalée. C'est une explosion de bonheur extrême, je me sens en contemplation totale, jusqu'à ce qu'elle réagisse violemment.

« Lâche-moi ! »

Elle se redresse brutalement et mes crocs la blessent forcément. Son cœur pourtant si calme, si paisible s'emballe, et les odeurs changes dans la pièce, laissant place à l’adrénaline, la peur. Elle s'éloigne de moi avec fracas. Je ressens une immense colère, une immense déception. Elle touche son dos plein de sang. Je n'ai pas eu le temps de faire cela proprement vu sa réaction excessive.

« Mais tu es complètement malade ! »

Comment peut-elle me faire cela ? Comment peut-être me dire cela ? Elle ? Ma douce et tendre Aliénor ? Comment ose-t-elle seulement me repousser ? Je viens de lui faire passer la meilleure nuit de sa vie, je l'ai comblé de A à Z, comment peut-être me repousser ? Me fuir ? Parce que c'est ce qu'elle fait, elle se rhabille à une vitesse qui frôle mes dons de vampire.

S'il est humainement possible de le ressentir, j'ai l'impression que mon cœur se brise. Je suis bouleversé, étourdi. Je suis profondément vexé, blessé par son comportement. Après l'émerveillement et l'exaltation, c'est le désappointement total. Comment peut-elle me faire cela à moi ? J'ai tant pris soin d'elle, tant veillé sur elle tous ces mois. Je lui ai laissé du temps avant de me montrer, elle a besoin de moi, pourquoi ne s'en rend elle pas compte ? Aliénor ma douce... Pourquoi me repousses-tu ? Je suis celui qu'il te faut. Elle est la seule que je veux.

J'ai vécu beaucoup trop d'échec, beaucoup trop de déception, beaucoup trop d'abandon dans ma longue vie pour laisser passer cet acte de rejet de sa part. Celui là m'est intolérable, il me consume de rage. Je ne peux pas vivre sans elle, pas après cette nuit, pas après la dégustation de son merveilleux liquide vital. Elle est à moi, elle est en moi.

J'ai toujours su que mes vieux démons reviendraient. J'ai toujours su qu'à un moment j'allais déraper, je ne savais pas quand, mais c'est maintenant. Je n'ai pas d'autre choix. Pour qu'Aliénor soit à moi, je n'ai pas d'autre solution que l'isoler un temps du reste du monde, pour qu'elle apprenne à mes côtés, qu'elle sache que je suis le seul dont elle ait besoin. Si je la laisse faire, elle va retomber dans ses travers, elle ne va plus croire en l'amour, elle va retomber dans le pitoyable confort d'une vie amoureuse avec ce Jordan qui ne la mérite pas. Elle préférera se faire tromper que de voir ce qu'elle mérite vraiment. Un homme capable de ce que je m’apprête à faire. Un homme qui fera tourner sa vie autour de la sienne. Un homme prêt à tout pour elle, pour la protéger, pour l'aduler. Je suis cet homme.

Je rassemble quelques affaires, je ne pourrai pas la garder ici, non. Je vais devoir l'amener plus loin, dans une maison qui n'est sur aucun registre, dans aucun Ministère. Ma villa italienne, celle dans laquelle j'ai grandit. Elle sera sa maison, son havre de paix, le lieu de notre amour. Je n'ai pas eu le temps de tout préparer, je n'avais pas cette intention, mais c'est le seul choix raisonnable pour le moment. Je dois agir dans l'urgence, sinon elle risque de commettre une erreur d'ici demain.

Je transplane chez elle, je connais son appartement par cœur. Chaque détail, chaque meuble, chaque décoration, je m'y suis promené un nombre incalculable de fois sans qu'elle le sache. Avec elle endormie dans sa chambre par exemple, j'ai pu aussi sentir l'odeur du café le matin alors qu'elle était sous la douche. Je me suis même baladé quand elle était à l'université, toujours évidemment en étant le plus discret possible. Elle n'a jamais eu aucun doute, j'ai toujours tout remis à sa place, je n'ai jamais laissé de traces de ma présence. J'ai respiré chaque pièce, parfois même son parfum sur ses draps encore tièdes, me faisant miroiter une nuit d'amour à ses côtés. Tout chez elle me fait vivre un moment unique, un plaisir tendre. C'est comme si je faisais parti de sa vie, bien qu'elle en ait pas conscience, pas encore.

Même sans lumière, même sans mes dons de vampire dans la nuit, je serai capable de me mouvoir dans toutes ses pièces de vie. Je reste là, tapis dans l'ombre, attendant de la trouver. Je serre dans ma main un mouchoir blanc, où j'y ai déposé des gouttes de ma petite distillation, du mucus de Veracrasse, un peu d'ingrédient standard (des herbes à potion), quelques brins de lavande et de la valériane, et voilà une alternative à la potion de sommeil.

« Il y a quelqu'un ? »

Je reste silencieux, elle pourrait faire n'importe quoi si je répondais. Un acte désespéré qui me ferait rater ma « mission ».

« Jordan, si c'est toi, je ne suis pas prête à entendre tes excuses ! »

Mon cœur chavire, je suis ravi d'entendre cela, mais ce n'est pas le moment de me laisser attendrir, il ne faut pas que j'hésite, je dois me montrer direct. J'arrive derrière elle en une fraction de seconde. Une de mes main plaque le mouchoir sur sa bouche et son nez, retenant et étouffant son cris. Mes lèvres contre son oreille je veux la rassurer.

 « Darling détend toi, ce n'est que moi, Enzo. Je ne te veux aucun mal, mais je ne peux pas te perdre. Jamais. »

Je transplane sans perdre la moindre seconde. Nous voici dans ma villa italienne à Turin. Tout le confort et le luxe s'y trouvent. J'ai entretenu cette maison vestige de mes derniers souvenirs, héritage d'un passé où j'étais humain, où j'avais des parents aimants et une sœur jumelle et complice. Morceau d'une vie stable et innocente. Cette maison renferme des fragments d'une humanité sereine qui me semble lointaine, presque inventée, irréelle.

J'allonge ma douce colombe endormie sur le premier divan du salon et je m'active immédiatement pour faire de cette villa un temple de sécurité. J'exerce tous les sortilèges en ma connaissance. Anti transplanage, anti-effraction, incartable, insonorisation. Elle ne pourra pas ouvrir les fenêtres, ni les portes. J'ajoute des alarmes magiques si jamais elle me surprend. Je vérifie que sa baguette est bien restée à son appartement, ce qui est le cas. Je vide les armoires et tiroirs de tout ingrédient magique ou propriété magique. Runes, pierres, herbes, parchemins, poudre de cheminette. Je ferme le tout dans un coffre fort digne des meilleurs banques sorcières du monde. Je mets aussi sous clef tous les livres de magie. Je sais qu'Aliénor ne pratique pas la magie sans baguette, mais sait-on jamais, les gens découvrent d'originales capacités dans certaines conditions.

Je veux qu'elle se sente comme chez elle, mais pas le chez elle à Londres, le chez elle « familial ». Si je suis ici chez mes parents, je souhaite qu'il en soit autant pour elle. Je sais comme elle tient à eux. Je connais sa maison française tout aussi bien que son appartement londonien. C'est pour cela que je décide de redécorer l'espace. Je m'assure qu'elle dorme encore avant de transplaner dans divers magasins pour trouver à l'identique sa chambre d'antan. Je n'ai pas le temps d'attendre que les magasins ouvrent, ce n'est pas du vol, disons que c'est un emprunt. Je m'assurerai que les caisses soient remplies plus tard pour compenser leur inventaire. Ils ne s'en rendront même pas compte. Je m'applique à retranscrire à la perfection les lieux. Je lui donne la chambre à coucher de ma sœur jumelle car c'est celle qui à la même configuration par rapport à la fenêtre. Quand j'ai tout installé, en y regardant, nous sommes en France, dans sa chambre au château de Cropières.

Je viens récupérer le corps délicat de ma douce pour la déposer sur son lit. Je la regarde un instant, si paisible, si magnifique. Je la désire tant, alors que je viens de passer des heures à me repaître d'elle. J'en veux plus, je la veux pour une vie entière et au delà. Je suis sûr de mon choix, c'est le bon, pour elle tout comme pour moi. Je ne voulais pas en arriver là, mais elle ne m'a pas donner d'autre option, j'espère qu'elle comprendra.

🙚🙘


Finalement la potion était peut-être surdosée, Aliénor a terminé une nuit complète, dans son lit, j'ai finis pas la fondre dans ses draps, bien au chaud sous les couvertures. J'ai passé ma nuit à la regarder dormir, satisfait de cette décision. Elle va transformer ma vie, bouleverser tout mon quotidien. Je vais devoir réorganiser mon agenda, mes rendez-vous, mais j'en suis le plus heureux. J'ai d'ailleurs posé ma journée pour aujourd'hui, pour m'occuper d'elle.

J'ai laissé la porte de sa chambre ouverte alors que je prépare le petit déjeuner en bas. Je veux lui offrir le meilleur, je fais des gaufres, des pancakes, mais aussi des œufs, du lard. J'ai moi même fait le jus de citrouille maison. Je dispose tout sur un plateau en bois, accompagné d'une tasse de café, sans oublier le petit vase avec une rose dedans. Je vais à l'étage et pousse délicatement la porte de sa chambre avec mon pied. Je viens installer le plateau sur la table de chevet. L'odeur du beurre et du sucre des pâtisseries emplit la pièce. Délicatement je viens caresser et déplacer une mèche de ses cheveux barrant son visage. Je la réveille en douceur.

 « Bonjour mon ange, tu as bien dormi ? »

Elle se réveille en sursaut et s'enfonce contre le dossier de son lit.

 « Ne prend pas peur ma belle, ce n'est que moi, ton Enzo. »

Je ne pourrai pas dire que je comprends totalement sa réaction. Je sais qu'elle doit être surprise d'être ici, avec moi. Mais pourquoi a-t-elle aussi peur ? Ne lui ai-je pas prouvé que je pouvais être profondément rassurant ? N'ai-je pas pris soin d'elle toute la soirée ? Ai-je été impoli ou irrespectueux ? J'ai répondu à toutes ses attentes et même plus, je le sais au nombre de fois où elle a atteint l'extase. Je suis toujours cet homme. Certes, plus vampire que je ne le voudrai. Mais peut-on m'en vouloir d'avoir basculé quelques secondes devant les douceurs qu'elle m'offrait sur un plateau ?

 « Je suis profondément désolé et confus pour la morsure. C'était un moment d’égarement, je te promets d'être plus délicat si tu te laisses faire. Aliénor, tu t'es blessée toute seule, jamais je ne t'aurai laissé une cicatrice intentionnellement. Il va falloir te montrer plus raisonnable à l'avenir. Ta peau est magnifique, c'est un temple, je ne veux pas l’abîmer. »

Je me penche car je ressens le besoin pressant de l'embrasser. Mais elle se recule, elle me refuse l'accès à ses lèvres. Mon cœur se serre et mes yeux changent d'intensité, je me sens humilié.

 « Que fais-tu ? »

Je me penche une nouvelle fois, et elle tente de me frapper, mais j'attrape ses mains, fermement mais sans pour autant lui faire mal. Sait-elle que je pourrai briser ses os avec un peu plus de pression exercée ? Mes lèvres trouvent enfin le chemin des siennes. Mais les siennes sont fermées, impénétrables, crispées. Elle est... dégoûtée, je le vois, je le sens. Elle a peur de moi.

 « Mes lèvres ont semblé assez douée hier soir pourtant. »

Je relâche ses mains et viens caresser ses bras, mais il y a toujours ce mouvement de recul, de dégoût de sa part, c'est douloureux.

 « Mes mains aussi... »

Je suis vexé. Ne voit-elle pas que nous sommes fait pour être ensemble ? Je saurai l'aimer comme elle le mérite.

 « Très bien. »

Je me lève d'un bon du bord du lit où je me trouvais. Je récupère le plateau du petit déjeuner.

 « Quand tu seras plus disposée, je t'apporterai le plateau et tu pourras prendre une douche. Je te laisse apprivoiser ton environnement. Je ne serai pas loin. J'ai l’ouïe fine. »

Je sors de la chambre avec son petit-déjeuner et referme la porte de la chambre à clef.

🙚 Mardi 14 mai 2002

« Il ne va pas pouvoir rester. Dans ta vie je veux dire. Il ne peut pas approcher Nina, il va devoir partir en voyage d'affaire, je ferai jouer de mes relations pour qu'il quitte l'Angleterre. Quand il revient, dis-lui de te laisser te reposer. »
« Non ! »
« Non ? »

Comment cela non ? Depuis quand se met-elle à me dire non ? J'entends son cœur s’accélérer. Je connais les différences, le moindre battement de cet organe chez elle. Je le connais dans chaque instant de sa vie. Chaque fois qu'il bat pour sa fille, pour moi. Je l'ai entendu frapper tellement de fois, pour tellement de raison différente. Je pourrai reconnaître le son de ce petit muscle dans sa poitrine même s'il était entouré d'une centaine d'autre.

« Ne le tue pas, s'il te plaît… »
« Que dis-tu chérie ?»

J'avance d'un pas vers elle. Elle a peur que je tue cet insecte ? Pourquoi ? Mais je ne me formalise pas sur ses raisons, je me concentre sur sa demande, sur son « non », sur sa requête. Sait-elle de quoi je suis capable ? S'en doute-t-elle vraiment ? Sans doute.

« Je te promets que quand il reviendra, je lui demanderai de partir, je te promets que je lui dirai que j'ai besoin de me reposer. Mais, je t'en supplie, ne le tue pas. »

Mes yeux étincelles de plaisir. Elle me supplie ? Elle me promet ? J'en ai des frissons dans le bas ventre. C'est merveilleux. Elle me rend fou d'elle. Bien que fatiguée et sur ce lit d’hôpital, je ne l'en trouve que plus belle en cet instant. Je me penche vers les deux femmes de ma vie et viens ancrer mon regard profond dans le sien.

« Tu promets mon amour ?» disé-je dans un murmure pour nous deux.

Respirer le même air qu'elle, aussi proche de ses lèvres me demande un contrôle extrême. Je n'ai plus jamais chercher à l'embrasser de force depuis le matin de la nuit de la conception de Nina. Il y a plusieurs raison à cela. Je ne voulais plus essuyer un rejet de sa part, voir ce dégoût dans ses yeux. Et j'ai toujours espéré, fantasmé que le prochain baiser consenti vienne d'elle. Aussi je saurai à ce moment qu'elle m'appartient éternellement et entièrement. En attendant ce moment, je veux qu'il n'y ait aucun obstacle entre nous. Mais si elle me supplie, si elle me promet, je vais laisser du temps à ce Jordan. Mais s'il doit être celui qui l’empêche de m'aimer, il ne pourra pas rester en ce monde. Cela viendra d'elle ou de moi.

« Si tu tiens promesse, je promets aussi.»

Je viens trouver le creux de son oreille et prend la voix la plus mielleuse que j'ai dans mon répertoire.

« Mais n'oublie jamais combien je vous aime Aliénor.»

L'épine dans ma botte revient dans la chambre avec un air béa parce qu'il a réussi à récupérer un minable plateau d'hôpital. Son air suffisant est une lame dans mon coeur. Mais j'ai promis à Aliénor de ne pas le tueur, peut-être que je peux le torturer ?

« L'infirmière me l'a confié ! »

Je me décale de ma douce femme. C'est le moment, je lui laisse tout l'espace nécessaire pour qu'elle tienne promesse.

« Ça ne va pas, Aliénor chérie ? »

Tous les muscles de mon corps se raidissent. Je serre ma mâchoire si fort qu'ils pourraient entendre mes dents grincer. Chérie ? Depuis quand ce goujat, cette fiente d'Hippogriffe se permet de tel surnom ? C'est moi qui la chérie... tous les jours depuis des mois.

« Il faut que tu partes. »
« Mais… Pourquoi ? »
« J'ai besoin de me reposer, je suis fatiguée. Il y a trop de monde qui passe dans ma chambre. Et puis, ce n'est pas juste que je t'ai vu toi et toujours pas mes sœurs. »

J'ai de nouveau des frémissements au bas de mon ventre. J'aime cette femme. Je ne la savais pas aussi douée pour les mensonges, je suis fier d'elle et en même temps, je vais devoir me méfier qu'elle ne me mente pas aussi bien. Mais elle ne le pourra pas. Je sais analyser ses battements de cœur, et il s'entend qu'en ce moment il s'emballe dans sa poitrine en se confiant à Jordan. C'est même assez étonnant que cet ignare ne s'en rende pas compte.

« Si c'est ce que tu veux… Repose-toi bien, d'accord ? »

Je souris alors que j'ai le dos tourné. J'inspire délicatement l'air de la pièce, satisfait. Quand la porte se referme, j'entends la respiration d'Aliénor. Elle me ferait presque peine, mais c'était un choix raisonné de sa part, elle doit encore apprendre, cet homme doit sortir de sa vie. Il ne lui correspond pas.

« J'ai tenu ma promesse, je lui ai demandé de partir. »

Je me retourne vers elle et lui souris tendrement. C'est bien ma belle, c'est très bien.

« J'ai entendu, tu as été formidable, comme toujours.»

Je la vois repousser son plateau et je fronce mes sourcils. Que fait-elle maintenant ? Une bonne action pour en faire une mauvaise ensuite, ce n'est pas comme cela que ça...

« Je compte le manger après, c'est juste que… Je veux nourrir Nina avant. Je l'ai toujours nourrie avant moi. »

...bien. Je calme mes hardeurs. Évidemment. Aliénor a toujours été une mère exemplaire, Nina ne pourrait pas avoir meilleure parente qu'elle. Je hoche la tête comme pour lui donner mon accord et me fait discret. Aliénor allaite Nina, ce que je trouve merveilleux. Ce lien entre elles est unique, aucune personne sur terre ne pourra avoir cet échange, pas même moi. J'aurai pu en être jaloux, mais j'en suis reconnaissant, elle nourrit notre enfant, lui donne le meilleur. Je ne serai pas surpris que Nina préfère sa mère à moi, je le comprendrai et j'en serai fier et lui donnerai raison, Aliénor mérite la préférence de sa fille, son amour inconditionnel, comme elle a le mien.

Quand j'entends la tablette se rapprocher de son lit, je sais qu'Aliénor a fini de restaurer notre fille. Je reste silencieux en me retournant et les regardant toutes les deux. J'ai soif, j'ai extrêmement soif. Je n'ai pas bu « à la source » depuis plusieurs heures. Je peux presque avoir des hallucinations en voyant d'ici les veines d'Aliénor battre à la naissance de sa peau. Les premières fois, je mordais Aliénor quand elle était consciente, mais elle n'arrivait jamais à rester calme, c'était plus fort qu'elle, je ne sais quelle émotion l'en empêcher, et pour ne pas à avoir à la blesser, je devais la droguer, juste assez pour qu'elle s'endorme et que je me repaisse de son sang. Au début, je droguais ses boissons à son insu. Mais elle a finit par s'en rendre compte et pour ne pas rompre sa maigre confiance en moi, j'ai décidé de l'en avertir avant. Maintenant elle sait toujours quelle boisson est modifiée pour pouvoir la boire. Je sais qu'elle n'est toujours pas d'accord, mais elle est plus docile pour le faire, je n'ai plus à la punir. Je n'ai pas profité de la potion de sommeil hier soir pour me nourrir, j'ai trouvé cela inconvenant. Et surtout inconscient, car ils pourraient trouver trace lors d'examen. Il faut que j'attende qu'elle soit chez elle pour le faire et qu'on ne me surprenne pas.

Et justement, comme pour imager mes pensées, la porte de sa chambre s'ouvre sur son médecin et sa mère. Je me recule pour leur laisser place.

« Bonjour, mademoiselle Fontanges. Nous avons croisé votre petit ami qui nous a dit que vous étiez fatiguée, alors, je suis venu voir comment vous allez. Vous avez mal dormi, malgré la potion de sommeil sans rêve ? »

Mon poing se crispe quand le médecin appelle Jordan, son « petit ami ». Il n'a plus aucun droit sur elle. Elle lui a laissé une lettre explicite non ? Bon sang !

« Oui… Enfin… Un peu. »
« Bon. D'accord. »

Le médicomage se tourne vers moi et je détends mon poing serré pour lui sourire et me montrer extrêmement calme.

« Monsieur Peretti, nous allons devoir emmener Mademoiselle Fontanges pour des examens toute la journée. Vous pouvez aller à votre bureau, et revenir ce soir, si vous le souhaitez. »
« Entendu. Je vous laisse entre de bonnes mains Mademoiselle Fontange.» disé-je en regardant Aliénor, alors que je pense être le seul capable d'être vraiment de « bonnes mains » pour elle. Mais je dois faire confiance aux médecins, bien que je sache déjà qu'Aliénor et ma fille sont en parfaite santé, j'y ai veillé.

Alors que je m'avance le cœur lourd vers la porte, je suis rattrapé par la mère de ma douce et tendre.

« Oh, non, monsieur Peretti ! Restez, je vous en pris. Je n'ai confiance qu'en vous. Vous êtes l'ange gardien de notre famille. »

Ange gardien ? Le dos tourné à ce petit monde, déjà prêt à quitter la chambre, je m'arrête et je souris de victoire et de soulagement. Je savais que je pouvais compter sur ma belle-mère. Tout est enclenché, leur confiance est gagné, je le sais en cet instant, le reste sera si facile à présent. Je n'aurai pas beaucoup d'efforts à fournir pour les conquérir définitivement. Je me retourne en mettant un masque de surprise.

« Vous êtes sûre ? Je ne veux pas m'imposer, je peux trouver le meilleur Auror pour prendre mon relais.»
« C'est vous le meilleur Monsieur Peretti. »

Je suis le meilleur pour sa fille. Elle le sait. Aliénor doit s'en rendre compte elle aussi. Le meilleur.

« Je vais alors continuer de prendre soin de la sécurité de votre fille. Je peux tout à fait adapter mon emploi du temps. J'ai mis tout mon cœur dans cette affaire, je ne vais pas vous laissez tomber maintenant. Comptez sur moi madame Fontange.»
« Bon et bien, il n'y a pas de soucis pour nous. Qu'en est-il de Nina ? Mademoiselle Fontange, vous voulez la laisser à la pouponnière toute la journée ? »
« Ou elle pourrait rester ici, avec sa grand-mère ? Pour faire connaissance. Je resterai ici, et nous sonnerons si nous avons besoin d'une infirmière. Je pense Madame Fontange, que vous saurez donner un biberon, vous avez été mère après tout. Et une excellente mère, je n'en doute pas. Qu'en pensez-vous Aliénor ?»

Je me retourne vers elle. Je n'ai aucune envie que ma fille passe des heures avec des inconnus, dans une pièce aseptisée, au milieu d'autre enfant potentiellement malade. Sans la chaleur de bras réconfortants, sans ma surveillance. Je ne peux pas surveiller Aliénor et Nina en même temps. Je ne sais pas si c'est mon regard qui la convaincs ou si c'est son désir pareil au mien, mais Aliénor accepte.

Je passe ainsi donc toute la journée avec ma fille et sa grand-mère. Je me fais discret. J'ai fais venir des dossiers du Ministère Italien dans la chambre pour y travailler dessus et prendre aucun retard. J'échange avec la mère d'Aliénor, elle essaye d'en savoir plus sur ma vie, suis-je marié ? Ai-je des enfants ? Pourquoi un homme si charmant et attentionné que moi n'a pas ma propre famille ? J'invoque le bourreau de travail que je suis. Pourtant elle tient la chair de ma chair dans ses bras, c'est légèrement frustrant de ne pas pouvoir le lui dire. Mais je compte bien être officiellement et légitimement dans la vie d'Aliénor et Nina prochainement.

Je quitte par moment la chambre pour prétexter les toilettes, mais je vais en réalité m'informer des examens d'Aliénor. Je peux parfois l'observer derrière un hublot sans qu'elle me voit. J'ai hâte qu'elle sorte de cet endroit, qu'elle est le feu vert pour rentrer chez elle. Je ne supporte plus cet endroit

🙚 Mercredi 15 mai 2002, au soir

Tout était parfait dans les bilans d'Aliénor la veille. Ce qui ne me surprend pas le moins du monde. J'espère qu'elle prend conscience combien j'ai bien pris soin d'elle tout ce temps ? Je passe une nouvelle journée à l'hôpital, dans sa chambre pendant que notre fille se fait à son tour examiner. Je suis moins serein que je ne l'ai été pour Aliénor, seulement parce que c'est ma fille, mon bébé et qu'elle est sans défense, alors je quitte plus de fois la chambre que je ne l'ai fais pour Aliénor, et j'apporte un rapport complet à sa mère à chacun de mes déplacements jusqu'à ce qu'il nous la ramène.

Je travaille toujours mes dossiers sur une table dans un coin de la pièce. J'écoute distraitement les conseils du pédiatre concernant la maternité et la parentalité. Mais ma douce n'a besoin d'aucun conseil, elle se débrouille à merveille depuis 13 mois. J'entends de manière plus attentive la prescription d’anxiolytique et de potion sans rêve qu'il lui fait.

Le soir arrive et sans surprise, les parents m'invitent à dîner pour « fêter » le retour de leur fille chez eux, en France. Après tout, j'ai été leur ange gardien. Pendant qu'Aliénor passe une tenue autre que celle de l'hôpital, j'échange et ris avec ses parents. Je suis plutôt doué pour cela. Quand Aliénor sort de la salle de bain, je me fais la réflexion que j'ai hâte de lui offrir des tenues bien plus ravissantes, de sublimes robes, aussi sublime qu'elle. C'est à mon bras qu'on transplane au château. Je m'efface pour que les retrouvailles avec son chez soi, ses sœurs n'en soit que meilleures.

« Avec Jeanne, on a mit un berceau dans ta chambre… On ne savait pas où le mettre, sinon, »
« C'est parfait. Merci. »
« Aliénor chérie, et si tu allais te rafraîchir, et te changer ? Nous allons passer à table. Les filles, vous m'aidez à mettre la table ? »

Je propose mon aide alors qu'une des sœurs se défile pour aller dehors. J'observe du coin de l’œil Aliénor monter avec notre fille pour se rafraîchir. Je me conduis comme un parfait gentleman. Je me sens à ma place ici, dans cette cuisine, au milieu de cette famille. Je pourrai presque me souvenir de ma vie d'avant, quand on célébrait des choses autour de repas avec mes parents, ma sœur. Mais je chasse ce souvenir pour revenir dans le présent.

Alors que la table est installée, j'aperçois Aliénor revenir, talon à la main. Mais elle ne vient pas vers nous, elle quitte la maison pour retrouver l'extérieur. Une fraction de seconde j'ai peur, j'ai peur qu'elle fuit à nouveau. J'ai peur de la perdre.

« Je suis confuse, vraiment. J'avais oublié que les vampires ne mangeaient rien du tout, aucun type de nourriture… Vous auriez dû décliner mon invitation à manger, vous allez vous ennuyer… »
« Ne le soyez pas. J'ai bien l'habitude vous savez. J'ai de nombreux dîners d'affaires, j'ai pris le temps de faire illusion. Et je ne m’ennuie jamais. Il n'y a aucun mal. Je mange parfois vous savez ? Même si cela ne me ''nourri'' pas.»

Je ne lâche pas Aliénor du regard, elle rejoint sa sœur. Je me décale juste pour continuer à parler à sa mère, tout en tendant l'oreille pour écouter la conversation dans le jardin.

« Depuis quand tu fumes ? »
« Depuis quelques mois, maintenant. Ne dis rien à maman, elle va m'extirper. »

« Je cuisine vous savez ? Et j'adore cela, alors parfois je goûte pour me faire une idée.»
« Mais vous savez tout faire ce n'est pas possible. Je n'en reviens pas que vous soyez toujours célibataire, vous êtes un sorcier à marier Mr Peretti.»

« Tu as à boire, aussi ? »
« Il faut bien, maman a refusé de sortir l'alcool parce qu'il paraît que tu as des médocs. Elle ne veut pas te mettre mal à l'aise. »

« Qu'est-ce que vous ne savez pas faire dites-moi ?» me demande Beate Fontanges.
« Me marier ?»

Ma chère belle-mère éclate de rire et je dois me concentrer pour entendre Aliénor dehors et rire avec elle.

Eighteen months you sold as some forbidden paradise Michael-malarkey-happy-and-smiling


« Tu aurais pu me dire qu'elle était vide. »
« Ça aurait été moins drôle. »

L'ouïe aussi attentive, j'entends ma fille qui s'éveille dans son berceau. Mais il n'est pas à l'étage. Je prends congés de la grand-mère prétextant vouloir me rafraîchir pour me laisser guider vers la voix de ma fille avant qu'elle n'alerte toute la maison. J'arrive dans le petit salon, ainsi donc Aliénor n'a pas investit sa chambre. Bien.

Je pose une main sur son torse et la berce tendrement pour la rendormir avant qu'il ne soit trop tard pour qu'elle y arrive. « Papa est là mon ange, rendors toi je veille sur toi. » disé-je en italien tendrement. Elle est encore pleine de sommeil, elle a du faire un cauchemars. Il lui faut une couronne de laurier au dessus de son lit, pour attraper tous ces mauvais rêves. J'en achèterai une demain. Et puis j'avais pour habitude de jouer de la guitare pour elle le soir. Elle a perdu tous ses repères. Elle se rendort pourtant en quelques secondes et je rejoins une pièce plus près du jardin où je peux entendre les deux sœurs converser.

« Jordan n'est pas venu ? »
« Non. Après ce que je lui ai dit, je ne suis pas sûre qu'il avait très envie de venir… »
« Maman ne l'a même pas invité. »
« Après ce que tu lui as dit, ce n'est pas étonnant. » « Oui… »
« Si tu ne l'aimes plus, si tu ne veux plus le voir, largue-le. De toute façon, il ne faisait que te tromper. Ça ne sert à rien de réessayer. »
« Depuis quand tu parles comme ça ? »

Je souris, moi j'aime qu'elle parle comme cela.

« Tu rentres ? »
« Je vais rester dehors encore un peu. »

Cette discussion me ravie. Isabeau va devenir une allier dans notre couple. Elle a eu des paroles sages, j'espère qu'elle écoutera sa sœur. Quand je suis sûr qu'il n'y a plus personne, je sors pour rejoindre Aliénor sur le banc. Elle sursaute quand elle me voit, quand va-t-elle cesser cela ? Je ne suis pas un danger pour elle, je ne lui veux que du bien. Je viens m’asseoir à côté d'elle et je sors une fiole de ma veste que je lui donne. Elle me regarde droit dans les yeux. Elle sait.

« C'est un compromis. J'ai entendu que tu voulais boire. Il y a de l'alcool dans cette flasque. Évidemment tu devras décaler la prise du traitement et attendre deux heures pour allaiter Nina. Mais il y a aussi un dose infime de potion dedans. Tu ne seras pas endormie plus d'une minute.»

Je sais qu'elle déteste cela, elle regarde vers l'intérieur de la maison. Ils ne se rendront compte de rien. Assis sur le banc, c'est facile. Ils ne verront qu'Aliénor se pencher sur mon épaule, ils penseront qu'elle me remercie, qu'elle cherche du réconfort, ils ne se douteront pas qu'elle dort et que je bois son sang. Pas une seconde.

« J'ai besoin de boire Aliénor, juste un peu pour ne pas perdre la raison. Cela fait trois jours que je ne me suis pas nourri, tu me dois bien cela.»

Je lui tends la fiole pour qu'elle la prenne dans ses mains. Elle hésite mais mon regard se fait sérieux, insistant. Elle ne va pas commencer à bouleverser toutes nos habitudes, pas maintenant, pas ici ?

« Ils ne se rendront compte de rien et je ne laisserai aucune marque. Tu vas boire et t'assoupir sur mon épaule, je prendrai ton poignet, ils ne verront rien.»

J'ai aussi pris l'habitude de lui indiquer le site de la morsure, ainsi elle peut toujours s'assurer qu'il ne reste aucune trace, j'ai toujours tenu parole.

« Maintenant mon amour !»

Je me montre un peu plus autoritaire. Nous n'avons pas toute la nuit, ils vont nous appeler pour le dîner. Elle boit à contre cœur et comme prévu s’assoupit contre moi. Je la bascule doucement sur mon épaule et attrape délicatement son bras. Je guide son poignet contre ma bouche et y plante mes crocs, j'aspire son sang avec délice. C'est une explosion d'extase qui me traverse. J'aime son sang comme une drogue. Je me sens reprendre des forces et un élan vital instantanément. Je me languis du jour où je n'aurai plus ce goût de potion dans son sang, où elle me le donnera sans subterfuge.

Je viens finir une dernière gorgée et embrasse tendrement son poignet pour chasser la dernière goutte de sang. Je sors discrètement ma baguette et efface les traces de mes crocs dans sa chair, comme à chaque fois. Déjà ses yeux papillonnent et elle se redresse brutalement de mon épaule pour regarder son poignet que je relâche avec regrets car elle le tire de mon étreinte. Je la regarde en souriant et me lève.

« Tu ne sais pas à quel point tu me combles chaque jour ma belle. Allons dîner maintenant avant qu'ils ne s'inquiètent.»

:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

descriptionEighteen months you sold as some forbidden paradise EmptyRe: Eighteen months you sold as some forbidden paradise

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti🙚 Samedi 14 octobre 2000

Ma tête était lourde, ce matin. Vraiment lourde. Je n'avais pas encore vraiment ouvert les yeux que je mis ça sur le compte de la gueule de bois. Mes oreilles bourdonnaient, jusqu'à ce que je me rende compte qu'on me parlait.  « Bonjour mon ange, tu as bien dormi ? » Cette voix… Je me redressais en sursaut, et mon regard tombait sur Enzo. Qu'est-ce qu'il faisais là ? Et qu'est-ce que moi, je faisais à Cropières ?  « Ne prend pas peur ma belle, ce n'est que moi, ton Enzo. » Mon Enzo ? A quoi il faisait allusion ? Il était complètement fou ! Je pensais juste que nous avions eu une bonne nuit, jusqu'à ce qu'il me morde le dos, pour boire mon sang. A cette pensée, je mis immédiatement une main près de mes omoplates. Je la sentais, la cicatrice. Les deux petits cratères, le vestige de l'emplacement de ses dents. Non, de ses canines. « Je suis profondément désolé et confus pour la morsure. C'était un moment d’égarement, je te promets d'être plus délicat si tu te laisses faire. Aliénor, tu t'es blessée toute seule, jamais je ne t'aurai laissé une cicatrice intentionnellement. Il va falloir te montrer plus raisonnable à l'avenir. Ta peau est magnifique, c'est un temple, je ne veux pas l’abîmer. » Une seule fois, je me permettais de m'accorder un coup d'un soir, et il fallait que je tombe sur un fou qui se permettait de rentrer chez moi. Et de m'emmener chez moi, apparemment, parce que j'étais rentrée à Londres, et pas en France. Par Merlin, ça voulait dire que il était rentré aussi dans mon appartement ?

Je n'eus pas le temps d'essayer d'analyser plus la situation que Enzo se pencha vers moi. Comprenant ce qu'il voulait, je ne pus m'empêcher de reculer. Je ne voulais pas qu'il m'embrasse. Je ne voulais pas qu'il soit ici. Je voulais qu'il sorte de chez moi ! « Que fais-tu ? » « Ne me touche pas ! » Mais il se pencha une nouvelle fois. Je me mise alors à essayer de le frapper, sauf qu'il attrapa mes mains. Doucement, mais fermement. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, m'annonçant un danger. Mais je le savais déjà, ça ! Il fallait que j'essaie de m'en sortir. Je ne savais pas encore comment. Il fallait que je trouve ma baguette. Mes mains bloquées dans les siennes, il se pencha de nouveau vers moi. « Non… » Je suppliais doucement, sauf que ça ne l'empêchait pas de m'embrasser. Je fermais les yeux en fronçant les sourcils, pour ne pas le voir si proche de moi, et je fermais le plus possible mes lèvres, pour l'empêcher d'aller plus loin. Je rouvris les yeux quand il se redressa, et je croisais son regard… En colère. Ça me fit frissonner. Qu'est-ce qu'il allait me faire, alors que je lui avais refusé ce qu'il voulait ? « Mes lèvres ont semblé assez douée hier soir pourtant. » Je ne réponds pas, parce que je sais qu'il a raison. Et c'est bien pour ces lèvres-là que j'étais prête à rester prendre le petit-déjeuner avec lui. Jusqu'à ce qu'il dérape. Enzo lâcha mes mains et commença à caresser mes bras, mais j'en profitais pour me soustraire à son toucher, les croiser sur ma poitrine, dans une position protectrice. « Mes mains aussi... » « Hier soir, tu respectais mon consentement et mes réactions. » Je ne peux pas m'empêcher de lancer, sur un ton accusateur.

Nous nous fixons du regard un bon moment. J'ai l'impression qu'aucun de nous n'est prêt à céder du terrain à l'autre. Mais ce qui me fait peur dans cette situation est qu'apparemment, Enzo ne se gêne pas pour s'incruster dans ma vie. Jusqu'où est-il prêt à aller ? « Très bien. » A mon grand soulagement, Enzo se leva du lit et récupéra un plateau que je n'avais pas vu. Sans bouger de mon lit, je le fixais, en me demandant ce qu'il allait faire. « Quand tu seras plus disposée, je t'apporterai le plateau et tu pourras prendre une douche. Je te laisse apprivoiser ton environnement. Je ne serai pas loin. J'ai l’ouïe fine. » Je le regarde sortir de ma chambre. Je me lève brutalement quand j'entends le bruit de la clé dans la porte. Il m'enferme dans ma propre chambre ? Et si mes parents étaient en bas ? Comment allaient-ils réagir ? Et si Enzo les attaquait ? Le cœur battant, j'essayais d'ouvrir la porte, avant de tourner sur mes pas. Je pouvais sortir par la fenêtre. Ma chambre n'était qu'au premier étage, je pouvais aisément sauter. Mais alors que je regardais à travers la vitre, je ne reconnaissais pas mon jardin. Qu'est-ce que…

Cette chambre n'était pas ma chambre. Je n'étais pas à Cropières. La bile me monta à la gorge quand je commençais à réaliser. Il m'avait kidnappée, et enfermée dans une chambre qui ressemblait à celle de chez mes parents. Il ne me connaissait pas depuis hier soir. Il me connaissait depuis suffisamment longtemps pour pouvoir reproduire la pièce dans laquelle j'avais grandie. Je pivotais lentement sur mes pieds, pour l'examiner en détail. Tous les meubles étaient là. La plupart des décorations aussi. Mais la bibliothèque était à moitié vide. Les placards l'étaient totalement. Sur la coiffeuse ne se trouvait pas mes produits de beauté, et mes bijoux. Il n'y avait rien dans les tiroirs. Je ne savais pas quel était son projet réel avec moi, mais une chose était sûre, il ne comptait pas me laisser partir. Ça se voyait, pour cette chambre. Je fermais les yeux, en essayant de me rappeler d'hier soir. J'étais rentrée, encore un peu ivre à cause de l'alcool, satisfaite et dégoûtée à la fois de la nuit que j'avais passée. Je me demandais si quelqu'un était rentrée chez et… On m'avait attrapé par derrière, pour me mettre un mouchoir sur le visage. Et je me rappelais de sa sa voix. Darling, détends-toi, ce n'est que moi, Enzo. Je ne te veux aucun mal, mais je ne peux pas te perdre. Jamais. Je m'étais sentie partir, et je m'étais réveillée, dans cette chambre.

Je m'en fichais qu'il ne voulait pas me perdre. Jamais il ne m'aura. Je retournais à la fenêtre, d'un pas décidé. J'essayais de l'ouvrir, sans succès. Non seulement il avait fermé la porte, mais aussi la fenêtre ! Très bien. Dans le maigre -très maigre- espoir de trouver ma baguette, je commençais à enlever tous les livres de la bibliothèque. Je retournais tous les tiroirs, en les laissant sur le sol. Dans un accès de panique et de colère contre moi-même, je fis tomber les meubles au sol. Il avait évidemment pensé à ne pas me laisser ma baguette. Si j'avais su, j'aurai étudié la Magie sans Baguette ! Il fallait que je trouve un autre plan. Une autre idée, qui ne tarda pas à venir. Je défis le lit, pour retourner le matelas et le laisser au sol. Un sommier en bois, exactement comme le mien. Parfait. Il fallait l'admettre, Enzo savait soigner les détails. Je pris une grande inspiration, avant de me mettre à le casser. Je supposais qu'il m'entendait de là où il était, mais tant pis. Avec un peu de chance, il penserait simplement à de la panique, ou de la colère. Avec un peu de chance, il ne se doutait pas de ce que je préparais réellement. Une fois le sommier cassé en deux, je pris une latte arrachée, que je brisais contre ma cuisse. Et, pour parfaire la mise en scène, je me laissais tomber volontairement au sol. Si il pensait avoir des sentiments pour moi, m'entendre tomber devait l'inquiéter, non ? Et il viendrait me voir, non ? Alors, une fois tombée au sol, je me relevais silencieusement, pour me mettre dos au mur, à côté de la porte.

J'avais étudié les vampires, à Beauxbâtons. Je savais qu'on ne pouvait pas les tuer n'importe comment. Mais, avec un peu de chance, une latte cassée lui ferait suffisamment mal pour que je m'enfuis, et que je trouve de l'aide. Dos au mur, mon arme de fortune dans la main, j'essayais même de ne plus respirer. Je ne savais pas où commençaient et où s'arrêter les capacités de cette créature. La seule chose que je regrettais fus de ne pas pouvoir calmer les battements de mon cœur. Plus j'entendais Enzo s'approcher, plus il s'accélérait. Je fermais les yeux quand j'entendis la clé s'insérer dans la porte. Je devais pouvoir me tenir prête. Au moment où elle s'ouvrit, je levais la latte en l'air en me jetant sur lui, pour essayer de le poignarder avec. Où ? N'importe, tant que je lui faisais suffisamment mal pour l'immobiliser le temps de ma fuite. Sauf que j'avais apparemment sous-estimer la force d'un vampire. Je le sentis m'attraper, avec une vitesse que je n'avais pas soupçonnée, pour m'immobiliser totalement. Il me fit lâcher la latte alors que je sentis les larmes monter pour la première fois depuis mon réveil. « Laisse-moi partir, laisse-moi partir, LAISSE-MOI PARTIR ! » J'essayais de me débattre, mais il était trop fort pour moi. Dans un autre contexte, j'aurai été choquée de la différence de force entre nous : je mettais toute mon énergie vitale dans mes bras pour qu'il me lâche, alors qu'il me tenait sans même me faire mal. Comme si il tenait une simple peluche. « Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu me fais ça à moi ? Pourquoi tu me gardes ici ? Qu'est-ce que tu veux de moi ? » Je sentis les larmes couler sur mes joues, alors que je sentais que je n'arrivais plus à me débattre. Parce qu'il renforçait sa prise, ou parce que je sentais que j'abandonnais ?

🙚 Mardi 14 mai 2002

Le médecin était en train d'expliquer à Lorenzo que le restant de la journée, je serai entre différentes mains professionnelles, pour qu'on vérifie qu'il n'y avait pas de problème. Je ne pensais pas en avoir, mais je ne dis rien. Je me contentais de détourner le regard, et de me concentrer sur Nina quand ma mère s'approcha pour supplier Enzo de rester. Je relevais la tête, seulement quand le médecin s'adressa directement à moi. « Mademoiselle Fontange, vous voulez la laisser à la pouponnière toute la journée ? » Je n'eus même pas le temps de répondre que Lorenzo reprit immédiatement la parole, en se tournant vers moi. « Ou elle pourrait rester ici, avec sa grand-mère ? Pour faire connaissance. Je resterai ici, et nous sonnerons si nous avons besoin d'une infirmière. Je pense Madame Fontange, que vous saurez donner un biberon, vous avez été mère après tout. Et une excellente mère, je n'en doute pas. Qu'en pensez-vous Aliénor ? » Je n'étais pas vraiment sûre qu'il me demande réellement mon avis. Je pouvais le voir à son regard. En dix-huit mois, j'avais appris à comprendre ses désirs juste en me plongeant dans ses yeux. De toute façon, je savais que même si je lui laissais Nina, il n'allait pas partir à tout jamais. Je savais qu'il me voulait à ses cotés. Alors, même si ma fille restait avec son père, je savais que je la reverrai. Et, je ne me demandais pas si, au fond, je ne préférais pas qu'elle reste avec ma mère, plutôt qu'entourée d'autres bébés et d'infirmières occupées. « Oui, je…. Enfin, je pense que c'est une bonne idée. » Une fois cette décision prise, je tendis Nina à ma mère, avant que le médecin ne m'aide à me lever pour m'emmener en salle d'examen.

🙚 Mercredi 15 mai 2002, au soir

Isabeau me sourit doucement, avant de tourner les talons et de rejoindre l'intérieur, en cachant la flasque dans une poche intérieure. Je la regarde partir, avant de me perdre dans la contemplation du jardin. J'avais oublié comme c'était beau. J'avais oublié ce que ça faisait d'être vraiment dehors. Pendant 18 mois, je ne l'ai jamais été. Sauf quand j'avais réussir à m'enfuir, au tout début. Mais après… De temps en temps, j'étais penchée à la fenêtre, quand Enzo était dans la même pièce, et qu'il acceptait de l'ouvrir. Mais sentir l'herbe sous mes pieds, le vent sur mon corps… Non, j'avais oublié. J'en profitais, jusqu'à ce que j'entende un bruit. Je pensais à mon autre sœur ou mon père, mais quand je me retournais, je vis Lorenzo. Je sursautais en voyant ses yeux briller. Je pensais qu'il parlait encore avec ma mère. Il s'approcha du banc, et s'assit à mes côtés, avant de me tendre une petite fiole. Je sentis mon sang quitter tout mon corps, et je le regardais dans les yeux. Je savais ce que c'était. « C'est… » « C'est un compromis. J'ai entendu que tu voulais boire. Il y a de l'alcool dans cette flasque. Évidemment tu devras décaler la prise du traitement et attendre deux heures pour allaiter Nina. Mais il y a aussi un dose infime de potion dedans. Tu ne seras pas endormie plus d'une minute. » Non, pitié, non. Je détestais ça, je détestais qu'il m'endorme pour boire mon sang. Je n'en gardais jamais aucune trace, mais je n'aimais pas ça, ne pas avoir le contrôle. L'impression de ne pas avoir mon mot à dire.

Je me tournais vers la maison, sûrement blanche comme un linge, avant de lui demander, suppliante : « Pourquoi maintenant ? » Alors que toute ma famille était présente ? Je pensais que ça me protégerait. Mais même pas, au final. Même libre, j'étais prisonnière. « J'ai besoin de boire Aliénor, juste un peu pour ne pas perdre la raison. Cela fait trois jours que je ne me suis pas nourri, tu me dois bien cela. » Ce que je ne comprenais pas, ce que je n'avais jamais demandé, c'était pourquoi c'était toujours mon sang qu'il buvait. Après tout, ça devait être plus contraignant de préparer des somnifères pour juste s'en délecter. Pourquoi se concentrer sur moi, et exclusivement sur moi ? Mais à la place, j'essayais d'argumenter : « On ne peut pas, alors qu'il y a toute ma famille juste derrière la porte vitrée… » Ça n'empêchait pas Lorenzo de me tendre la fiole, pour que je la prenne. Ce que je fis, la main tremblante. « Ils ne se rendront compte de rien et je ne laisserai aucune marque. Tu vas boire et t'assoupir sur mon épaule, je prendrai ton poignet, ils ne verront rien. » Je ne voulais pas, je ne voulais pas, je ne voulais vraiment pas… Sauf que je savais que je n'avais pas le choix. Il ne pouvait pas me châtier comme dans la maison, mais j'avais peur de ce qu'il pouvait inventer si je disais non. Et si il me renfermait à nouveau, pendant plusieurs mois ? je fixais la fiole, en me posant toutes ces questions. Jusqu'à ce qu'il me presse. « Maintenant mon amour ! » Je n'avais plus le choix, et je le savais. Alors, sans réfléchir, j'ouvris la fiole, que j'avalais d'un seul coup. Et je sentis mes yeux se fermer.

Quand je les rouvris, je sentis ma tête sur l'épaule de Lorenzo. Immédiatement, je me redressais. Sans comprendre pourquoi, j'étais gênée de savoir que j'avais dormi contre son épaule. J'en profitais pour regarder mon poignet. Comme il me l'avait promis, il n'y avait aucune marque. J'en fus soulagée, jusqu'à ce que je vis sa main dans mon champs de vision. Comme si il m'invitait à me lever. « Tu ne sais pas à quel point tu me combles chaque jour ma belle. Allons dîner maintenant avant qu'ils ne s'inquiètent. » Je fixe un instant sa main tendue, avant de me décider à la prendre pour me relever. Il avait raison, si on n'y allait pas maintenant, ma famille finirait par se poser des questions. On rentra dans la salle à manger, où toute ma famille semblait nous attendre. Ma mère se précipita vers nous, ravie : « J'ai préparé tout ce que tu aimes, Aliénor. Viens ici, je t'ai placée entre Jeanne et Mr. Peretti. » Isabeau s'installa en face de moi. Je n'étais même pas sûre de savoir ce que faisait ma mère, exactement. Elle semblait tellement reconnaissante envers Lorenzo, d'avoir été là tous ces mois, qu'elle semblait presque vouloir l'adopter.

Depuis quelques mois, j'avais adopté la technique du « je me laisse porter par les évènements ». C'était une solution idéale pour ne pas avoir à penser, ou à prendre des décisions. Cette technique consistait à ne pas parler, sauf si on m'adressait directement la parole, ne pas poser de questions, éviter les regards pour se rendre invisible. Évidemment, même si je l'avais mis en place dans cette maison, ça n'avait jamais vraiment marché avec Enzo. Il avait toujours cherché mon regard, il avait toujours cherché mon contact. Cette technique marchait plutôt bien en groupe. Ma famille parlait tous ensemble, incluait Enzo dans la conversation, et ne cherchait pas à me pousser à la discussion. Je m'octroyais même un petit sourire en voyant la chaleur de ce moment. Je jetais même un regard en biais à mon voisin de table. Sans lui, sans sa décision, ça n'aurait pas été possible. A la fin du repas, je m'approchais même de lui, debout à côté de la fenêtre, alors que mes soeurs aidaient mes parents à débarrasser. « Merci… De m'avoir fait sortir de cette maison. Grâce à toi, j'ai pu retrouver ma famille, et passer cette jolie soirée avec eux. » Il m'avait bien dit que c'était lui qui m'avait permise de sortir de là. Sans lui, je n'aurais pas pu être là. Isabeau arriva au même moment avec ma mère. « On te cherchait. C'est l'heure de tes médocs. » « Ne parle pas comme ça à ta sœur ! Mr. Peretti, vous reviendrez bien demain soir pour prendre l'apéro ? » Je baissais le regard, les bras croisés. Je n'étais pas sûre de savoir quoi faire exactement, alors, je me contentais de dire : « Bonne nuit, Mr. Peretti. »

Je tournais les talons, pour monter à l'étage, dans ma salle de bain. Je me brossais longuement les dents, en regardant autour de moi. Je n'en revenais pas, d'être rentrée chez moi. Pour de vrai. J'allais pouvoir dormir dans mon lit, et… Et je restais bloquée à la porte de ma chambre. Dans la villa, ma chambre ressemblait exactement à celle-là. Je ne voulais pas rentrer dedans. Alors, je redescendis au petit salon, où se trouvait ma fille. Ma place était auprès d'elle, n'est-ce pas ? Et si je ne pouvais pas dormir dans ma chambre, nous allions rester ensemble au salon. Je la regardais dormir profondément, avant de m'allonger sur le canapé, tout habillée. Les heures s'écoulèrent, lentement, alors que je regardais les étoiles depuis la place, jusqu'à ce que je ferme les yeux.

🙚 jeudi 16 mai 2002

Ma mère a pété un plomb, ce matin. Elle a commencé à hurler parce que je n'étais pas dans mon lit, ce matin. Ça a réveillé toute la maison, y compris ma fille, qui s'est mise elle aussi à crier et à pleurer de ce réveil brutal. Ma mère a en fait paniqué que je ne sois pas là, que mon ravisseur soit venu dans notre sommeil pour me reprendre. Heureusement, les cris de Nina attirèrent mes soeurs qui finirent par me trouver dans le petit salon, les yeux rouges par ma courte nuit et par ce réveil brutal. Ma mère m'a engueulée en me prenant dans ses bras, et en pleurant en même temps. Mon père a ensuite crisé en découvrant que je n'avais pas prit mes médicaments et ma potion de sommeil sans rêve. C'est Jeanne, la raisonnable, qui proposa qu'on en discute de manière civilisée autour d'un petit-déjeuner. Bien que mes parents me pressèrent de questions, je ne parlais pas beaucoup. Je n'avais pas envie de parler de cette nuit, ou des précédentes. Des nuits de ces derniers dix-huit mois, et même des journées. Face à mon air buté et mon silence, mes parents en conclurent deux choses : je devais voir un thérapeute, et surtout, on devait avoir une escorte d'Auror, pour veiller sur moi, et rassurer ma mère. je ne répondis rien. Une nouvelle fois, je n'avais pas le choix. Après le petit-déjeuner, mon père et Jeanne partirent au boulot, pendant que ma mère emmenait Nina dans ma chambre. Je fus alors obligée de la suivre, et de rentrer dedans. En revoyant les murs, les meubles, des flashs de mon tout premier jour dans la villa me revint. Comment j'avais découvert avec stupeur ce qu'il m'était arrivé, comment j'avais détruit les meubles, comment j'avais essayé de poignarder Enzo avec une latte de lit. C'est ce que m'inspirait ma chambre, alors qu'autrefois, c'était un havre de paix, le symbole de mon enfance et de mon adolescence.

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Je vis alors une sorte de pan de mur, un morceau de papier peint qui se décollait. Je l'attrapais, pour finir de le décrocher du mur, lentement. « Ça va ? » Je sursautais, avant de me tourner vers ma sœur isabeau, qui me regardait sur le pallier de la porte. « Par Merlin, Isabeau, tu m'as fait peur ! » Elle m'ignora, et désigna mon mur du menton. « Il t'a fait quoi, ton papier peint ? » J'haussais les épaules, pas sûre de savoir quoi répondre à ça. « J'ai envie de changement. » « Tu veux de l'aide ? » Je fronçais les sourcils. « Tu n'es pas censée avoir cours ? » Ce fut à son tour d'hausser les sourcils. « Je sèche. » Ok… Je regardais à nouveau le mur, hésitante. Puis je finis par accepter son aide. C'est comme ça que, toute la journée, je détapissais le mur, pendant que Isabeau rangeais mes affaires -toutes mes affaires- dans des cartons. Vers midi, maman était venue nous voir, en nous demandant de manière interloquée ce qu'on faisait. On était restée vague. Moi, parce que je n'avait pas trop envie d'expliquer ; Isabeau, parce qu'elle n'était pas sûre de savoir comment expliquer. Vers la fin de la journée, ma petite sœur avait fini par ouvrir ma fenêtre pour fumer au rebord, pendant que je rangeais encore dans des cartons.

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Mes murs n'étaient pas finis d'être déchirés, mais tant pis. Il fallait aussi virer les meubles, tout. On faisait dans le désordre, mais au moins, ça permettait de m'occuper les mains et l'esprit. Du coin de l'oeil, je regardais Nina marcher à quatre pattes, après sa sieste, ravie de découvrir un nouvel environment. Elle s'asseyait, de temps en temps, pour jouer avec les bouts de papier qui trainaient. Heureusement, il n'y avait pas d'outils ou de produits dangereux pour elle. Et puis, Isabeau faisait attention à rejeter sa fumée dehors. Cette dernière rompit le silence pour demander : « Tu entends ça ? » Je me tournais vers elle, sans être vraiment sûre de comprendre de quoi elle parlait. « Non. » « Viens. » Ma sœur écrasa son joint contre le rebord, avant de me prendre par la main, et de m'emmener au pallier du premier étage. Comme quand on était petites, on se cachait derrière les barreaux pour écouter ma mère parler dans l'entrée.

« Je suis heureuse de vous voir arriver aussi tôt, Mr Peretti. Il faut que je vous parle de Aliénor. » Je fronçais les sourcils, en me tournant vers Isabeau. Elle me montra sa montre, avant d'hausser les épaules. Il était 18 heures. Apparemment, il avait accepté l'invitation de nos parents de venir pour l'apéro. « Elle… Elle m'inquiète. Elle n'a pas prit ses anxiolytiques, ni sa potion de sommeil sans rêve. Et elle n'était pas dans son lit, ce matin. J'ai cru qu'elle avait été kidnappée de nouveau… Vous croyez que vous pouvez convaincre les Aurors de venir faire des rondes ici, pour qu'elle soit en sécurité ? » La voix de ma mère me brisa le cœur. Je pensais que mon retour serait source de joie ; apparemment, elle s'inquiétait encore pour moi. Elle s'inquiétait beaucoup. « Elle a dormi dans le salon, tout habillée… Et puis, à peine levée, elle a commencé à tour défaire dans sa chambre avec Isabeau… je ne vous invite pas à monter, c'est un vrai carnage, je ne veux pas que vous voyez ça… » On se leva précipitamment quand on entendit Lorenzo lui assurer que cela ne le dérangeait pas, et qu'il allait monter nous parler. On se dépêcha d'aller dans ma chambre, Isabeau ferma la porte, puis la fenêtre, pour cacher son joint resté sur le rebord. Mais… je sentis ma poitrine s'alourdir quand je constatais que tout était fermé. Comme dans… Comme dans la maison… Je me dépêchais d'ouvrir la porte, sous le regard étonné de ma sœur, avant de me remettre dans mon carton. Enzo était en train de monter les marches, et je ne voulais pas qu'il devine qu'on les avait espionnés, lui et ma mère. Je recommençais de mettre des objets dans les cartons, pour donner le change.          
:copyright:️ Justayne

Dernière édition par Aliénor M. Fontanges le Ven 22 Déc - 23:17, édité 1 fois

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~ I feel you holding me ~

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges
🙚 Samedi 14 octobre 2000

Alors que je descends pour porter le plateau dans la cuisine sur le comptoir, je me repasse en boucle ses propos. « Ne me touche pas ! » « Non ! » « … tu respectais mon consentement et mes réactions. » Je ne comprends pas, je suis le même homme que la veille, je ne veux que son bonheur, son plaisir, sa sécurité. Je cherche son salut... Pourquoi me repousse-t-elle ainsi ? Hier soir elle en demandait, encore et encore, elle me voulait, me désirait. Elle était presque insatiable et j'ai réussi à la contenter entièrement. Aucun homme n'a été capable de lui offrir cela. Je le sais. C'est elle qui m'a embrassé la première dans ce night club, c'est elle qui en attendait plus, elle a accepté de venir chez moi. On s'est abandonné dans mon lit, dans mes bras. Je lui ai tout donné avec passion et dévotion. Je suis fou d'elle, et maintenant elle me repousse ? Elle aussi elle veut m'abandonner ? Comme tous les autres ? Est-ce donc cela ma destinée ? Ne suis-je pas bon au bonheur ? Ne puis-je pas avoir de la joie dans ma vie ? Je n'aspire qu'à la stabilité du cœur et de l'esprit. Dieu l'a mise sur mon chemin, elle arrive au moment où j'en ai le plus besoin. Depuis que je l'ai croisé à Beauxbâtons, je l'ai su, je l'ai vu, j'ai trouvé la bonne, la moitié de mon âme. Elle a juste besoin que je le lui montre, Aliénor a parfois besoin d'un peu d'aide pour voir les choses. Elle est forte, elle verra.

Elle ne sait pas ce qu'elle dit en me disant « non ». Ils se transformeront bientôt en « oui ». Elle pense encore à Jordan, mais je suis nettement plus préférable qu'à ce Jordan, bien mieux que n'importe quel homme qui pourrait croiser sa route. Je me suis renseigné, je la connais plus que de raison. Je sais ce qui est bon pour elle, ce dont elle a besoin, ce qu'elle aime. Je peux être là pour lui apporter tout confort, répondre aux moindres de ses désirs. Comment faire pour qu'il en soit de même ? Pour qu'elle se rende compte qu'elle a besoin de moi, autant que j'ai besoin d'elle ? Je l'ai vu faire des erreurs et souffrir inutilement, surtout en amour. Ne voit-elle pas que je serai fidèle ? Jamais je n'oserai profaner l'amour que je lui porte. Elle est si merveilleuse, elle ne s'en rend pas encore compte. Mais la vie ne lui offre pas ce qu'elle mérite. Moi je vais pouvoir lui donner tout cela. Il faudra peut-être plus de temps que je le pensais, il faut qu'elle intègre que je suis là pour elle, pour toujours. Elle se fera à ma nature, à mes besoins. Aliénor n'est pas contre les créatures magiques, inutile qu'elle joue sa mijaurée pour une morsure. Son sang est mon essence, il est digne des meilleurs élixir, maintenant que j'y ai goûté... je suis une âme perdue.

J'entends des bruits à l'étage, dans sa chambre. Je tends l'oreille pour comprendre ce qui se passe. Les meubles raclent le sol, elle semble tout renverser, tout détruire. Pourquoi donc ? Sa chambre est à l'identique à celle de son château. Cela est forcément à son goût... Pourquoi détruit-elle tout mon travail ? Je veux qu'elle se sente bien, pourquoi repousse-t-elle tous mes efforts ? La colère se distille dans mes veines, je me sens attisé. Le fait-elle exprès ? Cherche-t-elle la confrontation ? Un bruit sourd m'interpelle plus que les autres. Ce n'était pas le son du bois, mais bien d'un corps qui chute. Je ne réfléchis pas et monte directement à la chambre. Je toque à la porte.

 « Aliénor chérie ? Est-ce que tout va bien ? T'es-tu blessée ?»

Je me concentre tout en tournant la clef dans la serrure, son cœur bat encore derrière la porte, il bat même très fort, trop fort... Fort comme si elle avait une montée de stress. Elle ne me répond pas et je rentre dans la chambre. Je vois son mouvement du coin de l’œil et n'est aucun mal pour échapper à son affrontement. Je la maîtrise à la rapidité qu'il m'est offert d'avoir depuis que je suis un vampire. Je m’applique à ne pas la blesser, ce n'est pas mon but, même si elle a essayé de le faire. Je lui fais lâcher le morceau de bois. A première vu c'est une latte du sommier tout neuf.

« Laisse-moi partir, laisse-moi partir, LAISSE-MOI PARTIR ! »
 « Non.»

Elle se débat, les larmes roulent sur ses joues. Je la sens comme une poupée en porcelaine dans mes bras. Elle s'active, elle s'acharne, mais elle n'a pas la force que j'ai. Elle est si fragile, si précieuse. Je pourrai la briser rien qu'en serrant deux fois plus. Mais je me contrôle, malgré la peine que je ressens, elle a essayé de me nuire.

La tenir si proche de moi me fait me sentir vivant. Je peux la toucher, la sentir de près, ce qu'elle m'a refusé quelques minutes plus tôt. J'ai envie de l'embrasser, de la plaquer contre ce mur, de lui faire à nouveau l'amour. Je la veux oui, mais j'entends sa voix qui résonne dans mon esprit. « Ne me touche pas ! » « Non ! » « … tu respectais mon consentement et mes réactions. » Je la retourne, plaquant son dos contre mon torse, j'éloigne le pieu de fortune en donnant un coup de pied dedans, il vient cogner un tiroir vide. Ainsi contre moi, j'ai une vu plongeante sur son cou, sur sa poitrine qui se soulève rapidement. Si je le voulais je pourra me pencher de quelques centimètres et boire le sang à sa jugulaire qui se gonfle sous sa peur.

 « Darling, Darling, Darling. Cesse de te débattre, je n'ai nullement envie de te blesser. Je suis un vampire, je pourrai te faire mal sans en avoir envie.»
« Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu me fais ça à moi ? Pourquoi tu me gardes ici ? Qu'est-ce que tu veux de moi ? »
 « Je le fais pour toi, pour nous. Tu es un joyau et tu dois être dans un écrin. Je vais t'offrir le monde ma jolie.»

Elle est plus calme et je la relâche doucement, m'assurant qu'elle ne me ressautera pas dessus. Je mets tout de même quelques pas entre nous et fais un état des lieux de la chambre en regardant tout autour de moi. Je ne suis pas ravi et cela se voit sur mon visage. Je soupire en voyant le désastre, lui montrant mon mécontentement. Je suis vraiment déçu de son attitude à mon égard. Ma mâchoire se ferme et mon regard devient dur quand je la regarde.

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 « Qu'as-tu fais ? Tout cela était pour toi. Je me suis donné du mal à retrouver certains meubles comme à Cropières. Je pensais que cela t'aurai fait plaisir de trouver quelque chose de familier.»

Je fais un pas dans sa direction, l’œil menaçant.

 « Sais-tu le travail que cela demande de se souvenir de certains détails pour le bois ? Bien sûr, bien sûr que tu le sais, c'est toi qui avait choisi cette décoration au château. Alors pourquoi tout ceci ? C'est uniquement pour toi que je fais tout cela.»

Je lève mes mains en l'air, lui montrant les dégâts qu'elle a réalisé dans sa chambre à coucher.

 « Peut-être préfères-tu dormir dans mon lit ? Il est là le message que tu veux me faire passer ? Je pensais que tu aurais voulu ton intimité les premiers temps.»

Je fais un pas de plus vers elle, une étincelle dans mes yeux. Mon aura remplit la pièce, je ne la quitte pas des yeux quand je la vois sortir en courant de la chambre. Je ferme mes yeux et prend une grande inspiration comme si j'en avais besoin pour vivre. Je ne bouge pas pendant quelques seconds, las de ses tentatives inespérées de m’échapper. Je l'entends descendre les escaliers, essayer les différentes portes. Je sais qu'elle cherche une sortie. Je prends tout mon temps pour la rejoindre. Mes pas résonnent sur le parquet des pièces, sur les marches d'escaliers.

 « Inutile de te cacher mon ange. Inutile aussi de t'épuiser à trouver une issue. Je suis ta seule issue ici, je suis ton seul ticket de sortie.»

Mes pas vont dans une pièce et elle en sort par une autre porte. Ce jeu du chat et la souris ne fait que jouer avec mes nerfs. Mais après tout, il faut qu'elle se rende compte par elle même, ma douce à besoin de voir par elle même. Aucune porte ne s'ouvre sur son passage. Je n'utilise pas ma vitesse de vampire pour la rattraper, au contraire, je me fais lent mais bien audible dans chacun de mes pas, pour qu'elle me repère. Je veux qu'elle sache que je la suis.

J'entends alors quelque chose se briser. J'accélère pour venir dans la même pièce qu'elle. Assez jouer ! Je vois alors qu'elle a jeté une chaise contre une baie vitrée, la chaise est brisée en deux mais la vitre n'a aucun impact. Si elle commence à détruire mon mobilier de luxe, cela ne va pas m'aller. Mon regard se fait noir encore une fois quand je la regarde.

« Cette chaise était une Cattelan Italia.»

En une fraction de seconde je fonds sur elle et l'attrape pour la « jeter » sur mon épaule. Il suffit de ses niaiseries. Malgré qu'elle se débatte, je la ramène à l'étage. Ni ses supplices, ni ses lamentations, ni ses coups ne me font scier. Je marche imperturbable comme si je n'avais pas une Inferi sur mon épaule. Je ne sens ni son poids, ni ses poings. C'est elle qui finit par se fatiguer avant que je ne la laisse tomber sur son matelas au sol.

Je m'occupe de sortir tous les morceaux de bois abîmés. Je fais disparaître le sommier brisé. Je tente de remettre les tiroirs encore fonctionnel. J'arrange un peu l'environnement avant de me retourner vers elle, toujours sur son matelas. Se fait-elle plus raisonnable ?

« Bien, je vois que nos débuts sont compliqués. Nous recommencerons demain. Nous verrons si tu fais mieux mon ange.»

Alors que je m'apprête à sortir, elle me demande à aller aux toilettes. Je hoche la tête en guise de oui, mais referme la porte à clef. Je transplane dans la réserve et revient devant la porte de la chambre. Je l'ouvre à nouveau, elle est toujours sur le matelas. Je souris puis je pose au sol un sceau métallique avec un couvercle et une bouteille d'eau.

« Si demain tu te montres plus avenante, je te ferai découvrir la salle de bain avec tout le confort que tu mérites. Je ne demande que cela, t'offrir le meilleur darling.»

Je n'attends pas de réponse. Je referme la porte à clef et descends dans mon bureau. Je tourne en rond. Il faut qu'elle puisse comprendre, elle est intelligente, elle est perspicace, elle finira par savoir que je suis prêt à tout pour elle, mais tout dépend de son comportement. Je ne peux pas tolérer qu'elle néglige le mobilier et qu'elle attente à ma vie. Je n'apprécie pas de lui faire faire ses besoins primaires dans un sceau ou de la laisser dormir à même le sol, mais elle ne me laisse pas le choix. Elle mérite le marbre et la soie, mais pour le moment elle ne semble pas l'entendre.

La journée semble interminable, je ne retourne pas la voir. Quand la nuit tombe, je dois résister à lui porter de quoi se restaurer, mais je tiens bon, pour son bien. Le message doit être clair. Je m'occupe toute la soirée à classer des dossiers, signer des parchemins, organiser des réunions, aménager mon emploi du temps. Je n'arrive pas à dormir, je viens me poster derrière la porte de sa chambre, écoutant le bruit de sa respiration, de ses mouvements. Je lutte pour ne pas ouvrir la porte et la rejoindre. Je dois me montrer fort, implacable. Je finis par retrouver mon lit et attend impatient le matin. Quand il se pointe presque paresseusement, je retourne en cuisine pour préparer à nouveau un plateau de petit déjeuner. Je le fais copieux. Viennoiseries françaises, spécialités italiennes, une touche de salé. Un vrai brunch. Je presse aussi à nouveau de la citrouille fraîche. J'ajoute un petit vase avec une rose. Un café bien chaud que je fais couler en dernier et je monte la rejoindre.

Je frappe à la porte et l'ouvre avec la clef. Elle ne dort pas cette fois, je la regarde avec un charmant sourire. Elle m'a tellement manqué. Ses yeux bleus sont fatigués mais elle est toujours ravissante.

« Bonjour mon ange, tu as bien dormi ?»

Je pose le plateau sur la table de chevet qui n'a pas été abîmée par ses mouvements d'humeur la vieille.

🙚 Mercredi 15 mai 2002, au soir

Alors qu'elle fixe ma main tendue, je la fixe elle. Quand elle prend la bonne décision, mes lèvres s'étirent dans un sourire satisfait et fier. Ma douce Aliénor qui a tellement appris. Je nous amène à l'intérieur, où nous sommes séparés par les digressions de sa mère.

« J'ai préparé tout ce que tu aimes, Aliénor. Viens ici, je t'ai placée entre Jeanne et Mr. Peretti. »

Je m'installe en me tenant droit, assuré. Mes yeux se posent sur Isabeau, la cadette de la famille. Elle m'observe. Nous nous sommes croisés quelques fois depuis la disparition d'Aliénor, elle me fait parfois penser à ma sœur, comme un fragment de souvenir fugace, que je ne laisse pas me submerger. Je lui offre un sourire amical, il est sincère, j'ai entendu ce qu'elle a dit à ma douce tout à l'heure sur le banc, elle est très lucide et sera utile pour finir de préparer Aliénor à notre vie de bonheur.

Je n'ai aucun mal à faire la conversation, je réponds aux questions, en pose, je partage des anecdotes très simplistes mais qui amusent mes hôtes. Je me mets en lumière sans jamais rien dire de personnel me concernant, je reste factuel mais j'attire le regard habillement. Ma douce et tendre ne parle pas beaucoup, mais cela ne me dérange pas, je peux faire la conversation pour deux, je peux être ressource pour elle, lui montrer que je peux prendre le relais, qu'elle peut compter sur moi. Et puis cela empêche certaines interrogations de sa famille. Je connais sa manière de faire, elle a essayé de nombreuses fois à la Villa, en vain, j'ai toujours eu ce que je voulais. Son regard, son attention. Je ne suis donc pas offusqué qu'elle se ferme avec ses proches, si moi j'arrive à l'ouvrir.

Mon cœur s'échauffe quand je sens d'ailleurs son regard sur moi durant le repas et que je croise un de ses sourires. Son si beau sourire que j'ai peu de fois vu durant cette dernière année en dehors des instants avec sa fille. Quand le repas se termine, sa mère insiste pour que je n'aide pas pour débarrasser, que j'en avais fait bien assez. Je vais donc devant une fenêtre pour regarder au dehors. J'appréhende de la laisser seule ce soir. J'ignore comment se passera la nuit sans moi. Je sens sa présence et me tourne pour lui faire face, assez surpris de la voir me rejoindre.

« Merci… De m'avoir fait sortir de cette maison. Grâce à toi, j'ai pu retrouver ma famille, et passer cette jolie soirée avec eux. »
« Si tu me demandes le monde, je t'offre le monde ma dou...»
« On te cherchait. C'est l'heure de tes médocs. »
« Ne parle pas comme ça à ta sœur ! Mr. Peretti, vous reviendrez bien demain soir pour prendre l'apéro ? »

Je suis légèrement agacé mais je tente de ne pas le montrer. Je ne supporte pas être coupé ainsi, mais je garde un sourire de façade et mes yeux plongés dans ceux de ma femme. Aliénor baisse son regard et croise ses bras, ce qui me tend légèrement, ma fleur se referme.

« Bonne nuit, Mr. Peretti. »
« Reposez-vous bien Mademoiselle Fontanges.»

Je la regarde partir et mes yeux s'accrochent sur son annuaire de la main gauche où mon anneau, mon laurier l'entoure. Je dois rester confiant, où qu'elle aille, si elle désire me fuir à nouveau, je la retrouverai grâce à cette bague. Mon éternelle.

Je remercie la famille pour son hospitalité et prend congés quand avant de passer le seuil de la porte ma belle-mère m'invite à nouveau à venir boire l'apéritif demain. Une nouvelle opportunité que je saisi sans hésitation, bien que je me montre gêné de premier abord pour ne pas sembler vouloir m'imposer aussi facilement. Mais Beate insiste, elle insiste toujours et je cède à son invitation, la remerciant chaleureusement.

Dormir dans mon appartement Londonien m'est impossible, je ne fais que penser à Aliénor et Nina. Leur absence pèse sur ma cage thoracique, j'ai l'impression d'être diminué, c'est comme un trou béant en moi, comme si j'étais aspiré par les ténèbres et un tourbillon d'angoisse. Alors je prie. Je me mets à genou devant mon lit, j'attrape la croix autour de mon cou que je sors de dessous mon t-shirt. Je la serre dans mes mains et ferme les yeux. Avec les années je ressens de moins en moins la morsure de la brûlure de l'argent contre ma peau. Je prie Dieu de les garder en paix et en sécurité. Je prie Dieu de les aimer, de les chérir comme je les aime.

🙚 Jeudi 16 mai 2002

Je n'ai pas dormi plus de trois heures cette nuit. Je suis allé au bureau très tôt ce matin pour libérer ma journée à 17h, pour rejoindre les Fontanges en France. J'ai passé la journée à abattre un travail inhumain, même pour un vampire, juste pour avoir l'esprit occupé par autre chose que les deux femmes de ma vie. Mais pendant mes deux réunions, j'ai digressé en pensée. Que font-elles ? Comment vont-elles ? Est-ce que je leur manque comme elles me manquent ? Pensent-elles à moi ? Ont-elles besoin de quelque chose ?

En rentrant chez moi, je me dépêche de me doucher et m'habiller correctement, jusqu'aux chaussures en cuir italien. Je coupe quelques branches de mon laurier et à l'aide de la magie, je viens tresser une couronne, un attrape songes pour ma fille. J'espère que sa nuit a été douce malgré tout. J'attrape la meilleure bouteille de vin de mon bar et transplane à Cropières.

Je sonne et suis accueilli par Beate. Je lui offre un sourire des plus charmant.

« Je suis heureuse de vous voir arriver aussi tôt, Mr Peretti. Il faut que je vous parle de Aliénor. »
« Plaît-il ? Que lui est-il arrivé ?»

Mon sang ne fait qu'un tour, je dois garder mon calme mais j'ai envie de brûler la maison. Que s'est-il passé ? Je me retiens de retourner le château pour la retrouver. Je n'aurai pas du la laisser seule, je ne me le pardonnerai jamais si quelque chose avait mal tourné. Elle a tenté de se suicider une fois, et si elle avait recommencé ? Je...

« Elle… Elle m'inquiète. Elle n'a pas prit ses anxiolytiques, ni sa potion de sommeil sans rêve. Et elle n'était pas dans son lit, ce matin. J'ai cru qu'elle avait été kidnappée de nouveau… Vous croyez que vous pouvez convaincre les Aurors de venir faire des rondes ici, pour qu'elle soit en sécurité ? »

Je retrouve mon calme. Aliénor n'aurait jamais abandonné Nina. Ce n'est « que » cela. J'ai eu si peur. Je racle ma gorge et retrouve une certaine contenance. Des Aurors ? C'est une excellente idée, mais j'en ai une meilleure.

« Vraiment ? Où était-elle ? Elle va bien ?»
« Elle a dormi dans le salon, tout habillée… Et puis, à peine levée, elle a commencé à tour défaire dans sa chambre avec Isabeau… je ne vous invite pas à monter, c'est un vrai carnage, je ne veux pas que vous voyez ça… »
« Ne vous inquiétez pas Madame Fontanges, j'ai vu bien plus terribles choses qu'une chambre remuée. Votre fille a certainement besoin de se recomposer quand elle change d'environnement. J'imagine que c'est un bouleversement pour elle de revenir dans sa chambre d'enfant. Elle n'en est plus une à présent, elle est mère. Laissez moi voir, je veux vous aider.»

Je veux surtout voir de mes propres yeux. Je veux voir Aliénor et la chambre. Sa mère ne se fait pas prier et me dirige vers sa chambre, même si je n'ai nul besoin de guide. Je me laisse faussement accompagner, plus je monte plus j'entends qu'il y a deux cœurs qui battent dans cette chambre, et des cœurs plutôt rapides. Un instant j'ai l'appréhension de trouver Jordan avec mon Aliénor. Je ne saurai tolérer savoir qu'il est revenu, qu'il soit là, seul avec elle, dans sa chambre à bavasser ou pire. Beate me précède en entrant. Je passe le pas de la porte et regarde rapidement les deux personnes présentes dans la pièce. Les deux sœurs à mon plus grand soulagement. Aliénor qui s'affaire dans un des nombreux cartons qui jonchent le sol, sa sœur qui me regarde rentrer et qui en lance un regard à Aliénor. Pourquoi n'est-elle pas en étude à cette heure ci ? Il va falloir que je me renseigne à nouveau sur son emploi du temps.

« Les filles, Mr Peretti est arrivé, je vous laisse pour aller finir de préparer l'apéritif. »

Parfait.

Lentement je regarde chaque détail de la chambre. Mes yeux se posent sur chaque trou dans la tapisserie, sur les cartons au sol. Le chaos. Ma mâchoire est serrée et je reste silencieux. J'ai l'impression d'avoir déjà vu cette scène. Cette chambre est retournée, comme le premier matin à Turin, quand elle a brisé le mobilier. Pourquoi à nouveau ici ? C'est pourtant l'originale cette fois. Quel message me fait-elle passer ? Cela ne va pas recommencer, n'a-t-elle donc pas appris ? Ou alors c'est moi ? Que dois-je apprendre ? Que dois-je comprendre ? Mon odorat est soudainement attiré par une odeur, bien que je ne sois pas familier avec la drogue, je suis un connaisseur et un amateur en quelques occasions. Je force un peu ma respiration pour montrer que j'ai senti la flagrance du joint. Je n'ai nul doute qu'il s'agisse d'Isabeau, Aliénor n'irait pas toucher de drogue alors qu'elle allaite Nina, n'est-ce pas ?

« Intéressant.» lâché-je seulement. Je veux juste qu'elles sachent que je sais, pas en discuter.

Mon regard se pose tour à tour sur les deux sœurs qui semblent pendues à mes lèvres, attendant une réaction, mais pour deux raisons différentes. Si je semble presque amuser Isabeau, je sais qu'Aliénor s'inquiète de ma réaction. Elle attend la « punition ». Mais je vais lui montrer combien je peux faire des efforts et combien je suis miséricordieux.

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« Voulez-vous de l'aide ? Je peux peut-être sortir les cartons ?»

J'enlève ma veste de costume et je viens défaire les boutons de manchettes pour retrousser les rebords de ma chemise et être plus à l'aise.

« Mesdames je suis votre homme.»

Je commence à prendre un carton déjà fermé.

« Vous pouvez en charger d'autres, le poids n'est pas un soucis.»

Je regarde Aliénor qui ici est la seule à connaître ma force où ma vitesse, bien qu'elle n'en ait pas vu la totalité. Isabeau empile plusieurs cartons et descend avec moi pour me montrer une réserve qu'elle croit que je ne connais pas, ou par exemple se trouve les décorations de Noël. Je profite de ce moment de dualité.

« J'ose espérer que vous ne faites pas fumer votre sœur. Elle vient de subir une terrible épreuve, elle a besoin d'avoir les idées claires, la consommation de toxique pourrait nuire à son processus de reconstruction.»

Je marque un temps de pause, je ne veux pas me montrer menaçant ou trop autoritaire, aussi je me rattrape pour donner le change, bien que je pense ce que je dis.

« Aliénor a de la chance d'avoir une sœur qui l'aide à passer à autre chose.» disé-je en rangeant les cartons sur des étagères encore libre, faisant référence au changement radical de la décoration de sa chambre.

J'ai du mal à réaliser que j'ai eu une sœur autrefois, qui prenait soin de moi, qui partageait beaucoup avec moi. Une sœur a qui je brossais les cheveux, avec qui j'ai pris mes premiers cours de ski. Avec qui je m'amuser avec l'eau bénite dans les Églises. Une sœur qui m'aurait aidé à traverser cette période de transformation. Une jumelle là pour moi dans chaque moment, mais que la vie a arraché de mon existence pour que je fasse pénitence sur mes nombreux péchés. Je ne veux plus avoir accès à cette vie qui n'est plus mienne, une vie oubliée, presque inventée.

Je ne suis pas entièrement d'accord avec ce qui se passe et ce mouvement d'humeur d'Aliénor, mais je lui laisse le bénéfice du doute, car elle est dans sa famille et non chez nous. Nous remontons dans la chambre où Aliénor semble terminer de trier d'autres objets.

« J'ai porté un présent pour votre fille. Une couronne de laurier. Dans la Rome antique, une branche de cet arbuste était souvent fixée aux portes pour apporter la bonne santé et quelques feuilles mis sous l'oreiller pour apporter des songes heureux. J'ai pensé qu'une couronne serait plus esthétique.»

Je regarde Aliénor dans les yeux. Elle sait combien le laurier a de l’importance dans ma vie, du moins elle a du le comprendre quand j'ai placé cet anneau à son doigt. En a-t-elle fait des liens avec mon prénom ? Certainement. Aliénor sait combien je suis croyant, et je suis sûre qu'elle n'hésitera pas à la mettre au dessus du lit de notre fille. Si je ne peux pas partager tout son quotidien, je veux au moins veiller, à ma manière sur ses nuits.

« Je vous laisse un peu d'intimité, je m'en retourne voir votre mère si elle n'a pas besoin d'aide au salon. Si vous avez besoin de moi, je vous prie de ne pas hésiter à me solliciter, je m'en ferai un plaisir.»

Je rejoins Béat pour lui apporter mon aide, mais tout est déjà installé. Je plaisante avec elle, comme je sais si bien me montrer charmant. Les banalités et puis, je mets en place mon plan.

« Madame Fontanges, j'ai bien entendu vos inquiétudes tout à l'heure. Je vais avoir du mal à mobiliser pour les prochains jours des Aurors, mais je me porte garant pour la sécurité de votre fille, comme je l'ai fais à l’hôpital, comme je l'ai fais durant tous ces mois en suivant de près le dossier. Je peux sortir de mes missions et assurer les premières gardes le temps de mettre sur pied une équipe de professionnel. Si je vous le propose c'est que je le peux et que je le veux.»

Il faut qu'elle accepte. La nuit dernière a été une torture, je veux être auprès d'elles. Peut-être qu'après je pourrai rassurer Beate en postant des Aurors triés sur le volet pour rester à l'extérieur du château. Pour qu'ils me préviennent si quelque chose se trame. Mais nul doute que je serai le premier informé par la mère d'Aliénor, je sens que j'ai sa confiance totale, vu qu'elle accepte ma proposition chaleureusement, en se confondant en remerciement.

Quand tout le monde est arrivé au domicile, nous nous installons autour de l'apéritif, le père d'Aliénor ouvre ma bouteille. J'accepte le verre volontiers, si je bois du vin, je le préfère avec du sang. Rien qu'à cette pensée, je m'imagine planter mes crocs dans le cou d'Aliénor, aspirer son essence vitale, mon élixir de vie.

« J'ai une bonne nouvelle. Aliénor chérie, Monsieur Peretti accepte de rester à la maison quelques soirs pour assurer ta protection. Ce malade est encore en liberté et j'espère que cela pourra te rassurer et apaiser tes nuits. »

Mon regard croise celui d'Aliénor et un sourire réfléchi se forme sur mes lèvres. Oui ma douce, je serai là cette nuit, et les prochaines. Si je me sens soulagé, j'ignore ce qu'elle pense en cet instant. Je la sens très nerveuse depuis le début de la soirée.

« Comme le dit votre mère, j'espère que cela vous rassure Mademoiselle Fontanges.»

Mon regard est brûlant, intense alors que je l'admire. J'attends sa réponse comme on attend un cadeau de Noël.

:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti🙚 Samedi 14 octobre 2000

Je panique, depuis tout à l'heure. Qu'est-ce que je fais ici ? Pourquoi je suis ici ? Pourquoi cette chambre est à l'identique de Cropières ? Pourquoi moi ? Je ne comprends pas le plan de Enzo. Je ne comprends pas ce qu'il veut de moi. « Je le fais pour toi, pour nous. Tu es un joyau et tu dois être dans un écrin. Je vais t'offrir le monde ma jolie. » Je ferme les yeux, pour essayer de tarir mes larmes. Je veux qu'il me lâche, je ne veux pas sentir son corps contre le mien. J'essaie de me calmer, de lui montrer que je ne vais plus rien à faire. Et ça marche, il finit libérer mon corps de ses bras, avant de faire le tour de la chambre. Je respire un peu plus, maintenant qu'il y a de la distance entre nous. Mais mes poumons se bloquent à nouveau quand je vois son regard sur moi. Il est.. Froid. Déçu, mais surtout effrayant. Bien loin des beaux yeux marrons dans lesquels j'aimais me plonger pendant notre nuit, entre deux baisers passionnés. Comment un homme peut avoir ces deux extrêmes ?

« Qu'as-tu fais ? Tout cela était pour toi. Je me suis donné du mal à retrouver certains meubles comme à Cropières. Je pensais que cela t'aurai fait plaisir de trouver quelque chose de familier. » Je ne réponds pas. Je sens mes épaules s'affaisser, s'arrondir, comme pour essayer de me protéger de cette aura menaçante. Surtout si il se rapproche. J'ai peur. Je sais qu'il est capable de kidnapping, alors, qu'est-ce qu'il va me faire sous le coup de la colère ? « Sais-tu le travail que cela demande de se souvenir de certains détails pour le bois ? Bien sûr, bien sûr que tu le sais, c'est toi qui avait choisi cette décoration au château. Alors pourquoi tout ceci ? C'est uniquement pour toi que je fais tout cela. » Enzo lève les mains, les balayant dans l'air, sûrement pour me montrer les dégâts dans la chambre. Ça me permet surtout de constater que la porte de la chambre est toujours ouverte. Les fenêtres étant fermées, peur-être que ailleurs dans la maison…? « Peut-être préfères-tu dormir dans mon lit ? Il est là le message que tu veux me faire passer ? Je pensais que tu aurais voulu ton intimité les premiers temps. » J'ouvre grands mes yeux devant cette proposition. Non, non, je ne veux surtout pas dormir dans son lit. Je veux juste partir. Et c'est ce que je fais.

Je prends mon courage en main, et je tourne les talons pour partir de la pièce. Je me mets à courir dans cette villa inconnue, en essayant de trouver une issue. Je descends les escaliers le plus vite possible, et j'ouvre toutes les portes sur mon passage. Soit elles sont fermées ; soit je tombe sur d'autres pièces, alors, je continue ma fuite. « Inutile de te cacher mon ange. Inutile aussi de t'épuiser à trouver une issue. Je suis ta seule issue ici, je suis ton seul ticket de sortie. » Je l'entends distinctement, j'entends ses pas dans les escaliers, puis dans les différentes pièces. Il me suit à la trace, mais ça me donne un espoir : ça veut dire que les vampires ne sont pas aussi rapides que ce qu'on croyait ? Ça veut dire que j'ai une chance de fuite ? En arrivant dans une sorte de salon, je vois une grande baie vitrée. Évidemment, bien que j'essaie de l'ouvrir, elle est fermée. J'attrape la première chaise à côté, pour l'envoyer contre la vitre. « Non ! » Dans un grand bruit, la chaise se casse en deux, au lieu de casser la vitre. Et c'est immédiatement que Lorenzo me rejoint.

Son regard est toujours aussi effrayant. J'ai tellement peur que mon cœur battant pourrait s'expulser de ma poitrine. « Cette chaise était une Cattelan Italia. » Je comptais faire demi-tour, mais il se trouve juste à côté de moi en même pas une seconde. Comment peut-il être aussi rapide…? Je n'ai même pas le temps d'essayer de partir qu'il m'attrape, pour me jeter sur son épaule. « Non, NON, lâche-moi, je t'en pris, je t'en supplie… » J'ai beau le supplier, j'ai beau lui donner des coups de pied dans le ventre et des coups de poing dans le dos, ça ne change rien. Il semble sourd à mes supplications. Je finis par lâcher prise quand je reconnais le couloir qui mène à la chambre identique à la mienne. Alors, ça va être ça, maintenant ? Je ne vais pas pouvoir sortir de cette pièce ? Aussi facilement qu'il me prit sur son épaule, il me reposa sur le matelas. Je me laissais tomber. J'abandonnais. Je n'avais plus d'idée.

Je ne bougeais pas du matelas, alors que Enzo passait dans la pièce pour en sortir tous les bouts de bois que je pourrais utiliser comme pieu, avant d'essayer de remettre un peu la pièce en état. En remettant les tiroirs en place, par exemple, ou les quelques livres. Il sort même le sommier de la pièce. Pendant ce temps, je ne bouge pas. Je reste sur le matelas, je minimise mes gestes, j'essaie même de limiter ma respiration. Comme pour me faire oublier. Mais ça ne l'empêche pas de se tourner vers moi, quand il termine. « Bien, je vois que nos débuts sont compliqués. Nous recommencerons demain. Nous verrons si tu fais mieux mon ange. » Demain ? Demain ?? Alors que je sens la panique monter, je tente une dernière stratégie. « Est-ce que je peux aller aux toilettes ? » Dans une salle de bain, il doit bien y avoir une fenêtre non condamnée, non ? Et si j'en profitait pour partir par là, sans qu'il puisse m'attraper à l'aide du verrou ? Quand Lorenzo hoche la tête, je sens le soulagement venir… Et disparaître quand il sort de la pièce, seul. En fermant à clé. je ferme les yeux, sur le point de pleurer, quand il revient avec un sceau et une bouteille d'eau. Dans mon état normal, c'est-à-dire libre et confiante, je lui aurai demandé pour qui il me prenait. Mais j'avais tellement peur des représailles que je me contentais de lui jeter un regard interloqué. « Si demain tu te montres plus avenante, je te ferai découvrir la salle de bain avec tout le confort que tu mérites. Je ne demande que cela, t'offrir le meilleur darling. » Je ne répondis pas. De toute façon, je ne suis pas sûre que Lorenzo attendait une vraie réponse. Il sortit de la pièce, en refermant bien la porte à clé.

Quel serait son projet ? Qu'est-ce qu'il avait prévu, pour moi ? Restant sur le matelas, je posais ma tête sur mes genoux, la respiration sifflante. Mes poumons avaient du mal à se remplir. J'avais un poids sur la poitrine, qui ne faisait qu'augmenter quand je réalisais ce qui m'attendait. Il voulait me garder ici. Il voulait me garder ici comme un joyau dans un écrin. Il me voulait pour lui tout seul. Et dans ses paroles, dans ses gestes, je comprenais qu'il pensait être amoureux de moi. Depuis combien de temps ? Pas depuis hier soir, comme il semblait bien connaître ma chambre… Je relevais d'un coup la tête, réalisant quelque chose. Hier soir ? Nous étions donc samedi… Combien de temps il faudrait à ma famille pour se rendre compte que j'avais disparu ? Est-ce qu'ils allaient pouvoir me retrouver ? Il fallait que je garde un peu espoir. Même si ça prendrait du temps, ile me retrouveront. J'en étais persuadée. Il fallait juste que je tienne quelques temps. Et ça ne m'empêchait pas de chercher, pendant ce temps, une porte de sortie, n'est-ce pas ?

🙚 Dimanche 15 octobre 2000

J'étais épuisée, j'avais faim, et je me sentais de plus en plus sale et inquiète au fur et à mesure que les heures passaient. Lorenzo n'était pas revenu me voir de toute la journée du samedi, et même si j'en étais rassurée, je commençais à avoir de plus en plus mal à la tête et au ventre. A la tête parce que j'étais déshydratée ; je n'avais pas bu d'eau depuis vendredi en fin d'après-midi, avant de finir au bar à picoler comme une âme en peine. Il m'avait bien laissé une bouteille d'eau, mais j'avais longuement hésité à la boire. Et si il y avait quelque chose dedans ? De la drogue ? Du GHB ? Quelque chose dans le genre ? Quand je l'avais ouverte, je l'avais reniflée ; je l'avais goûtée du bout de la langue. Mais, alors que la nuit tombait, j'avais craqué, et j'avais tout bu d'un seul coup. Et comme je n'avais pas beaucoup dormi de la nuit, je savais qu'elle n'avait pas été empoisonnée. J'avais mal au ventre parce que j'étais affamée ; mon dernier repas remontait au plateau dévoré avec des amis au Cicero vendredi midi. Et j'étais épuisée parce que j'avais passé la nuit assise. Selon ma sœur Jeanne, c'est comme ça que les Egyptiens dans l'Antiquité dormaient, parce qu'ils avaient peur de mourir dans leur sommeil. Ça les faisait se réveiller assez régulièrement, et je pouvais confirmer que c'était vrai. J'avais peur de m'endormir trop longtemps, et d'être vulnérable pendant plusieurs heures.

Alors que je voyais le soleil se lever, je commençais à angoisser. Je savais qu'un humain pouvait tenir plusieurs semaines sans manger. Mais boire ? Et puis, est-ce que Lorenzo allait revenir ? Sûrement. Est-ce que j'avais envie de le voir ? Non. Mais es-ce que j'avais envie de me laisser mourir de faim ? Non plus. Il fallait que je tienne, encore quelques jours, le temps que ma famille me retrouve. Il faudrait que je prenne sur moi, que j'endorme la confiance de Lorenzo. Parce que si ma famille ne me trouvait pas, ça me permettrait de m'enfuir. Je savais que je serai capable de trouver une porte de sortie, je devais me faire confiance. Malgré mon plan, ça ne m'empêchait pas de sursauter quand j'entendis toquer à la porte, puis la clé tourner dans la porte. Pense à ton plan, Aliénor. Garde courage. « Bonjour mon ange, tu as bien dormi ? » Je me redresse alors que mon ventre se creuse quand je le vois entrer. Par Merlin, il ne fallait pas que je perde mon courage. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de repenser au voile noir qui avaient habité ses yeux marrons hier. J'avais tellement peur qu'il réapparaisse si je faisais la moindre gaffe…

Lorenzo rentra dans ma chambre, et posa un plateau sur la table de chevet. Il était rempli de victuailles, et à sa simple vue, mon ventre se mit bruyamment à gargouiller. Je croisais mes bras contre moi. « Qu'est-ce que c'est ? » La rose sur le plateau me confirmait tous mes doutes de cette nuit. Il ne m'avait pas choisie au hasard. Il me voulait dans sa vie. Bien que je n'étais pas sûre de la réelle nature de ses sentiments envers moi, je compris qu'il voulait me laisser en vie, pour me garder pour lui tout seul. Est-ce que ça voulait dire que je pouvais manger le petit déjeuner sans crainte ? Après tout, l'eau n'était pas empoisonnée non plus… Lentement, je me levais du matelas pour m'approcher de la table de chevet. J'avais l'impression d'être un animal effrayé par la présence d'un humain, mais j'avais peur qu'il me touche si je m'approchais trop. Mais j'avais faim. Trop faim. Et si soif, encore… Je finis par tendre la main, pour attraper le jus de citrouille et le boire d'un seul coup. Merlin merci, ça faisait tellement du bien… J'hésitais encore un instant, avant d'attraper en vitesse une viennoiserie et de commencer à la dévorer. Tant pis pour la délicatesse française, mais j'étais affamée. Et maintenant que j'étais lancée, je mangeais la moitié du plateau sans m'arrêter une seule seconde. Je terminais par une bonne gorgée de café, que je gardais entre mes mains. Tenir la tasse m'aidait à me raccrocher à la réalité.

« Qu'est-ce qu'il va se passer, maintenant ? Combien de temps je vais rester ici ? » J'avais osé lever mon regard pour le plonger dans celui d'Enzo. Au moins, il ne semblait pas s'en offusquer, bien au contraire. Il semblait… Satisfait. Mais moi, je ne l'étais pas. Son plan ne me plaisait pas. Hors de question que je reste ici tout le temps qu'il le souhaite. Je détournais le regard, en repensant à mon plan. Ou ma famille me trouve, ou j'arrive à trouver un moyen de sortir d'ici. Pour cela, il fallait que j'endorme sa confiance. Que je me tienne à carreau. Alors, je me contentais de reposer ma tasse sur le plateau, avant de demander : « Est-ce que je peux prendre une douche ? » J'avais vraiment besoin d'effacer les traces du sexe, de la danse, de ces derniers jours. Heureusement, il accepta, et me conduisit à la salle de bain. Il ferma la porte derrière moi, en me donnant un délai avant de venir me chercher. Je me déshabillais, avant de filer sous l'eau pour effacer toute trace de ces derniers heures. Ça allait le faire. J'étais forte. Je trouverai une solution.

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🙚 Jeudi 16 mai 2002

Je ne pensais pas que ma mère inviterai Lorenzo à monter voir l'état de ma chambre. Avec Isabeau, on se précipite silencieusement dans ma chambre pour ne pas montrer qu'on a espionné en haut de ces escaliers, comme des petites filles. Je me remets devant un carton, pendant que ma sœur essaie de prendre un air naturel, à côté de Nina qui joue sans se douter de rien. Lorenzo rentre le premier dans ma chambre, en la balayant du regard. Maman se poste juste sur le seuil. « Les filles, Mr Peretti est arrivé, je vous laisse pour aller finir de préparer l'apéritif. » Elle jette un dernier regard à mes cartons, avant de tourner les talons et de partir. Je sens mes mains devenir moites, et j'abandonne mes affaires pour les frotter contre mes cuisses. Mon cœur bat la chamade. J'ai un goût amer de déjà-vu. Quand j'avais saccagé la chambre dans la villa, je m'étais retrouvée 24 heures sans manger ni boire. Maintenant que j'étais de retour chez moi, qu'allait bien pouvoir faire Lorenzo ? Être chez mes parents ne me rassurait pas, au contraire. Je savais qu'il pouvait être très imaginatif.

Lorenzo fait lentement le tour de la chambre, et regarde les moindre détails. Mon cœur ne ralentit pas, bien au contraire. Encore plus quand il tire un reniflement significatif. « Intéressant. » Il sait. Il a sentit pour la drogue. Je me tends encore plus en jetant un regard à ma sœur. Elle m'en jette un aussi, mais semble beaucoup plus relax. Presque amusée. Parce qu'elle ne sait pas, elle. Elle ne se rend pas compte de ce qu'il est capable de faire quand il est mécontent. Est-ce qu'il serait capable de me remmener dans cette maison pour me faire comprendre que j'ai mal agi ? « Voulez-vous de l'aide ? Je peux peut-être sortir les cartons ? » Qu… Quoi ? Il ne dit rien ? Il ne va pas me punir ? Me faire réaliser que je n'ai pas agi comme il le voulait ? Non, ce n'était pas possible. Il faisait ça parce qu'Isabeau était là. D'ailleurs, c'est cette dernière qui répondit à ma place : « Et vous allez faire ça avec votre costume italien fait sur mesure ? » Elle se moque, mais parce qu'elle n'a pas peur. Elle ne sait pas, elle peut se permettre. Lorenzo ne prend pas ombrage de son ton, et se contente de retirer sa veste de costume et de retrousser ses manches. « Mesdames je suis votre homme. » Isabeau le regarde, les bras croisés. Je sais qu'on se ressemble quand elle fait ça -hormis la couleur de cheveux, bien sûr-, mais elle, elle est dans une attitude confiante. Moi, c'est souvent protecteur. « Vous ne voulez pas les léviter ? Ça ira plus vite, je ne vais pas vous donner tout d'un coup. » « Vous pouvez en charger d'autres, le poids n'est pas un soucis. » Isabeau me jette un regard étonné, avant de finir par mettre les cartons fermés sur celui qu'il porte. « Suivez-moi, je vais vous montrer la réserve. »

La jeune femme finit par sortir de la pièce, Lorenzo Peretti sur les talons. Elle le fit descendre les escaliers, lui montra une petite porte près de l'entrée, et descendit encore dans la cave. Elle alluma l'ampoule qui pendit au plafond, avant de montrer un coin. « Vous pouvez les poser là. » Elle le regarda suivre ses instructions, avant qu'il ne se redresse. Isabeau croisa son regard, plus sévère que d'habitude, et elle tiqua légèrement. Elle essaya de ne rien laisser paraître, mais elle savait qu'il avait des choses à lui dire, loin des oreilles de sa famille. « J'ose espérer que vous ne faites pas fumer votre sœur. Elle vient de subir une terrible épreuve, elle a besoin d'avoir les idées claires, la consommation de toxique pourrait nuire à son processus de reconstruction. » Isabeau ne put s'empêcher de s'interroger. Pourquoi il tenait autant à cœur la santé de sa sœur ? De toute façon, il était souvent ici. Alors, certes, sa mère lui était très reconnaissante de tout le travail qu'il faisait, et elle aussi, au fond. Mais il était bien trop souvent pour là pour de vraies retrouvailles dans la famille. « Ce que vous êtes rabat-joie ! » Elle haussa les épaules, en regrettant d'avoir laissé le joint là-haut. Au moins, ici, elle aurait pu tirer une bouffée pour supporter ces conneries. « De toute façon, je ne lui en propose pas, comme elle s'occupe de sa môme, et qu'elle est sous médocs. Enfin, censée être. Et puis, je l'aide dans son processus de reconstruction, voyez-vous. Je ne la harcèle pas de question et je l'aide à détapisser sa chambre, sur sa demande. » Elle le fixa un instant, comme pour instaurer une bataille de regard. Bataille qu'elle pensait avoir gagné, quand Lorenzo Peretti lâcha : « Aliénor a de la chance d'avoir une sœur qui l'aide à passer à autre chose.  » Isabeau dissimula son petit sourire triste. Non, sa sœur n'était pas chanceuse. Si Isabeau avait fait confiance à son instinct, dix-huit mois auparavant, jamais Aliénor n'aurait eu à vivre ce qu'elle avait vécu.

J'étais en train de remplir mes cartons de vêtements que je ne voulais plus voir, quand j'entendis du bruit. Isabeau et Lorenzo étaient déjà revenus. Je me redressais, alors que le vampire se dirigeait vers moi. Est-ce qu'il allait enfin me dire comment il allait me punir d'avoir défait ma chambre ainsi ? Je n'en pouvais plus d'avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, depuis qu'il était arrivé. Mais à la place, il me tendit une couronne de branche. « Je… Qu'est-ce que c'est ? » « J'ai porté un présent pour votre fille. Une couronne de laurier. Dans la Rome antique, une branche de cet arbuste était souvent fixée aux portes pour apporter la bonne santé et quelques feuilles mis sous l'oreiller pour apporter des songes heureux. J'ai pensé qu'une couronne serait plus esthétique. » Nos regards se croisent, et je sens mon cœur s'accélérer. Le laurier était la plante qu'il chérissait le plus ; il y en avait partout dans la maison, et je pouvais en voir dans son jardin à travers la fenêtre. Sans compter l'anneau à mon doigt, que je ne pouvais retirer. Je pris lentement la couronne, en effleurant involontairement ses doigts, et je baissais le regard. « Merci beaucoup, Mr. Peretti. Je l'accrocherai au-dessus du lit de Nina. » Lorenzo lui chantait toujours une berceuse avant de dormir. Ainsi, le soir, elle serait toujours un peu avec son papa.

« Je vous laisse un peu d'intimité, je m'en retourne voir votre mère si elle n'a pas besoin d'aide au salon. Si vous avez besoin de moi, je vous prie de ne pas hésiter à me solliciter, je m'en ferai un plaisir. » Isabeau se dirigea vers la fenêtre pour récupérer son joint, qu'elle fourra dans sa poche en en hochant la tête. Puis elle sortit en même temps que Lorenzo pour aller se changer. Mes parents étaient assez laxistes pour pas mal de choses, mais pas sur la tenue du dîner. Qu'il y a des invités ou non, il fallait toujours être propre sur soi. Je savais que Isabeau allait retirer ses collants déchirés pour mettre une robe plus présentable. A mon tour, je troquais mon tee-shirt pour un chemisier, je me recoiffais, mit une touche de mascara et de gloss, et je recoiffais Nina. Puis, je descendis au salon. Mon père était en train de déboucher une bouteille de vin, Isabeau sortait les verres et Jeanne buvait déjà son alcool favori d'après-travail.

Eighteen months you sold as some forbidden paradise 7256b4a5749f7c38a34c4e3483d613d98f284728_00

Je posais Nina dans sa chaise haute pour la nourrir pendant l'apéro quand ma mère s'approcha de moi. « J'ai une bonne nouvelle. Aliénor chérie, Monsieur Peretti accepte de rester à la maison quelques soirs pour assurer ta protection. Ce malade est encore en liberté et j'espère que cela pourra te rassurer et apaiser tes nuits. » Mon sang ne fit qu'un tour quand j'entendis les paroles de ma mère. Hein ? Lorenzo sera là cette nuit ? Je me tournais d'un seul coup vers lui, le cœur battant. Cette nuit, je serai endormie et vulnérable. Est-ce que c'était son plan ? Est-ce qu'il voulait se venger de tout ce que j'avais fait de mal depuis mon retour ? Pourtant, j'avais fait tout ce qu'il voulait. J'avais virer Jordan de ma chambre d'hôpital, j'avais accepter de le laisser boire mon sang, j'avais même pris sa main pour l'aider à me relever le même soir. J'avais fait tout ce qu'il voulait de moi. Il y avait juste ma chambre que j'avais défait… Est-ce que c'était pour ça ? Est-ce qu'il allait me châtier pendant la nuit exprès ? Mais qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire ? Me ramener dans sa maison ? Me retirer Nina ? Il se rapprocha, le verre de vin que mon père lui avait donné en main. « Comme le dit votre mère, j'espère que cela vous rassure Mademoiselle Fontanges. » Il fallait que je réponde, il fallait que je réponse pour ne pas attiser plus sa colère. Alors, je pris une grande inspiration, pour essayer de cacher ma nervosité. « Je vous suis très reconnaissante, Mr. Peretti. » Seigneur, qu'est-ce qu'il allait faire cette nuit ?

Je laissais ma famille et Lorenzo dans le salon, le temps d'aller chercher l'assiette de Nina. Puis je retournais dans le salon. Je voulais la nourrir pendant l'apéro, pour ne pas la coucher trop tard. J'écoutais vaguement les conversations pendant que je lui servait sa purée de légumes. En plus de l'allaiter, j'avais commencé la diversification alimentaire. Je me tournais vers ma famille quand ma mère m'adressa directement la parole : « Au fait, Aliénor chérie. Est-ce que tu sais ce que tu veux faire pour ta nouvelle chambre ? » J'haussais les épaules, avant de me tourner à nouveau vers Nina, qui venait de plonger sa main dans l'assiette. « Non. » « Et celle de Nina, alors ? Ce serait bien qu'elle est son espace à elle. Qu'en penses-tu ? » A nouveau, j'haussais les épaules. Je n'avais pas vraiment réfléchi à tout ça. Est-ce que ça faisait de moi une mauvaise mère ? « D'ailleurs, elle est née quand, mon adorable nièce ? » Isabeau s'asseya à mes côtés, pour essayer la bouche de Nina en souriant. Cette scène me fit doucement sourire. Je rêvais, ou l'instinct de tante de ma sœur se réveillait ? « Le 13 avril 2001. » « Oh, mais laisse-nous payer les meubles et les jouets alors ! Ce sera son cadeau d'anniversaire en retard. » Je ne répondis pas tout de suite, le temps d'éplucher la poire que j'avais emmené. Elle était bien mûre, donc bien sucrée, juteuse, et molle. Parfait pour ma fille chérie. « Si tu veux, oui. » « On pourra aller faire les courses, quand tu veux. Ce serait bien que tu sortes un peu de la maison… On demandera à un Auror de venir avec nous. Mr. Peretti, je n'ose pas vous demander, vous en faites déjà tellement pour nous… » Oh, maman connaissait mal Lorenzo. Je savais que, en tant que père de Nina, et en tant que lui-même, jamais il ne me laissera aller en ville sans lui. Surtout si il s'agit d'acheter les meubles de sa fille. Il allait forcément trouver une excuse, un moyen de venir avec nous.

« Et pour son cadeau de baptême ? Qu'est-ce que tu veux lui prendre, Aliénor ? » « Maman,  tu ne veux pas lâcher Aliénor un peu ? » « Jeanne, le baptême reste une question importante ! N'est-ce pas que tu vas faire baptiser ta fille ? » Je ne répondis rien, me contentant de regarder ma fille attraper les morceaux de poire pour les porter à sa bouche. Nous n'étions pas vraiment croyant, dans ma famille, mais on était tous baptisés. Nous faisions partis de ces familles française un peu traditionaliste. Je me tournais vers ma mère, sentant le regard de Lorenzo sur moi. Ça ne me rassurait pas du tout, de savoir qu'il m'observait ainsi, attendant ma réponse. je savais que lui était très croyant, au point de toujours avoir une croix autour de son cou. « Si, je compte la faire baptiser. » Peut-être qu'en disant ça, j'apaisais la colère qu'il avait ressentie tout à l'heure ? Peut-être qu'il me pardonnera ? Voyant que Nina avait fini de manger, je la prise dans mes bras. « Je vais la coucher. Ne m'attendez pas pour dîner. » Je ne supportais plus cette ambiance angoissante. Bien sûr, j'étais la seule à angoisser. Parce que ma famille voyait en Enzo un héros qui avait tout fait pour les aider à me retrouver ; alors que moi, je voyais quelqu'un qui m'avait rendu ma liberté, mais qui était capable de me la reprendre dans mo sommeil. J'avais besoin d'air, de solitude. J'avais aussi besoin de savoir ce qu'il allait me faire, mais je ne pouvais pas demander devant toute ma famille. Alors, je préférais fuir.

Dans ma chambre remplie de cartons, et de tapisserie qui jonchait le sol, je changeais Nina. Je n'avais pas encore de meubles pour elle, alors, je le fis sur mon matelas, à même le sol. Maman avait raison, c'était urgent de lui faire faire sa chambre. Je pris un moment pour la cajoler, à défaut de pouvoir lui lire une histoire. Nous n'avions pas encore de livres pour elle. Enfin, je la mise dans son lit provisoire, une sorte de lit à barreau que mon père avait bricolé. J'étais en train d'accrocher la couronne de laurier au dessus de sa tête quand j'entendis toquer à ma porte. Je me retournais pour voir maman, et Lorenzo. « Je t'apporte une assiette, tes anxiolytiques, et ta potion de sommeil sans rêve. Ce soir tu les prendras. N'est-ce pas, Aliénor ? » Face à mon silence, maman ne rajouta rien, et se contenta de poser le plateau où elle put. C'est-à-dire, à même le sol. « Mr. Peretti, je vais aller me coucher. Je sais que les vampires ne dorment pas, mais vous avez la chambre d'amis à côté si vous avez besoin d'un endroit. Sinon, la maison est à vous. Je vous souhaite une bonne nuit. » Elle lui sourit, avant de se retirer. Mon cœur s'accéléra alors que je me trouvais seule avec Lorenzo. C'était le moment. J'allais avoir ses reproches, son voile noir dans ses yeux. Je m'étais demandée toute la soirée ce qu'il allait me dire, mais surtout, ce qu'il allait me faire ; mais maintenant que j'étais en face de lui, je ne me sentais pas prête à savoir. « Est-ce que tu veux la bercer le temps que je passe à la salle de bain…? » Je désignais Nina, qui s'agitait dans son lit. Elle semblait avoir senti l'arrivée de son père.

Je pris un pyjama, et je me glissais dans la salle de bain. Je me changeais rapidement, me démaquillait et me lavait les dents. Il fallait que je sois forte. Si il voulait me ramener dans la villa, il fallait que je tienne tête. Quitte à le supplier de faire mieux, de me donner une seconde chance. Tout pour éviter de retourner là-bas. Lorenzo dut m'entendre retourner dans la chambre, car il se redressa du lit pour me regarder. Il prit le plateau, qu'il me tendit. « Je ne veux pas prendre la potion de sommeil sans rêve. » Bien que je m'étais dit que je devais être forte, ça ne m'empêchait pas de sentir l'angoisse tordre mon ventre. « J'ai peur de ce que tu pourrais me faire pendant que je dors. » Souvent, quand il était là, je détournais légèrement le regard. Sauf quand il prenait mon visage pour se rapprocher de moi, mais je me sentais obligée de le regarder dans les yeux. Là, je cherchais surtout à voir si le voile noir assombrirait ses prunelles alors que je lâchais à toute vitesse : « J'ai vu que tu étais en colère tout à l'heure. Je le sais. Sauf que… Tu n'as rien fait. Et maintenant, j'ai peur de savoir comment tu vas me punir. Et j'ai encore plus peur que tu profites de mon sommeil. De mon inconscience. » Je parlais à toute vitesse, sans prendre le temps de respirer. De toute façon, un poids s'était installé sur ma poitrine depuis que j'avais vu son regard s'assombrir à son arrivée. C'était lui qui l'avait installé, mais pourtant, lui seul était capable de le retirer.
:copyright:️ Justayne

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~ I feel you holding me ~

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges
🙚 Dimanche 15 octobre 2000

« Qu'est-ce que c'est ? »
« Ton petit déjeuner Darling, tu n'as rien mangé hier. »

Ce qui me chagrine fortement. Elle est si fragile, elle ne peut se permettre de sauter des repas. J'espère qu'elle sera plus docile qu'hier et que je n'aurai pas à recommencer. La punir est nécessaire, mais je n'y prends pas plaisir. Aliénor est intelligente, je sais qu'elle saura m'écouter, qu'elle saura comprendre qu'elle a besoin de moi, de mes conseils avisés, de ma vision du monde qui n'est pas transformé par des artifices, des rêves irréalisables ou des amants infidèles. Je suis dans le vrai, j'ai Foi en notre seigneur pour aider ma douce dans son avenir, un avenir à mes côtés fort heureusement.

Je la regarde analyser la situation. Elle hésite, elle questionne, elle cherche une solution, une issue. Elle souhaite trouver la faille, mais il n'y en a aucune dans mon cheminement. Bien que j'ai du me retirer rapidement en Italie, que tout cette situation est improvisée, je ne suis pas de ceux qui laissent les choses au hasard, même si je me fis à ma destinée – qui m'a mené jusqu'à elle- j'aime l'ordre et l'organisation. J'ai eu les temps de réfléchir à une stratégie, à un but à tout cela. Évidemment j'aurai été bien heureux que notre relation démarre de manière plus traditionnelle, qu'après notre nuit d'amour elle soit mienne officiellement, aux yeux de tous. Mais la vie m'a montré que tout ne se passe pas toujours comme on le souhaite. Vainement, pendant des années j'ai cru que je pouvais agir sur mon destin, mais il m'en a coûté, alors quand elle est partie sans se retourner, après la communion de nos deux âmes, j'ai su que cela ne pouvait pas se terminer comme cela. Il faut parfois forcer un peu le destin. Elle a besoin de moi autant que j'ai besoin d'elle, sauf qu'elle ne le réalise pas encore. Je me dois de lui montrer, de lui apprendre. Alors elle est ici, chez moi, dans la maison qui m'a vu grandir malgré moi, malgré mes projets. Elle est si belle, elle m'est si précieuse. Les années passées à l'observer m'ont encouragé dans mes sentiments. Il n'y a qu'elle, je ne veux qu'elle depuis son discours à BeauxBâtons.

Chacun de ses gestes pour venir jusqu'à la table où se trouve le plateau de son petit-déjeuner sont aussi calculés que délicats. Je ne veux pas qu'elle ait peur de moi, je veux qu'elle m'aime, qu'elle voit que je ne lui ferai jamais de mal, que mon bonheur est son bonheur. Ses peines seront les miennes, aussi douloureuses soient-elle, je prendrai toute sa souffrance, toutes ses peurs. Je les réduirai à néant pour que sa vie et ses lendemains soient doux à mes côtés, mais il faut qu'elle l'accepte, cela sera mon plus gros sacerdoce, quand cela sera fait, quand elle le réalisera, nous seront unis en paix éternellement.

Une fois qu'un peu de confiance est gagné, elle se jette littéralement sur le contenu du plateau. Un sourire amusé emprunte mes lèvres quelques secondes. Elle et ses si bonnes manières n'existent plus en cet instant. Je ne lui en fait aucune remarque, tout ce qui m'importe c'est qu'elle se restaure correctement. Je me nourris de sa vision, de sa présence. L'avoir près de moi est un immense soulagement. Un joie que je chérie.

« Qu'est-ce qu'il va se passer, maintenant ? Combien de temps je vais rester ici ? »
« Maintenant je vais prendre soin de toi, comme tu le mérites. Tu resteras le temps que tu sois prête, tout dépends de toi ma douce. Je suis la porte de sortie, mais tu en as la clef.»

Quand ses yeux bleus me fixent j'en oublie de faire semblant de respirer. Je vendrai mon âme au Diable pour elle s'il le fallait. J'ai envie de l'embrasser, de la féliciter pour son comportement. J'ai envie de l’honorer comme la nuit dernière, mais c'est peut-être encore trop tôt pour elle. Ne gâchons pas tous ses efforts.

« Est-ce que je peux prendre une douche ? »
« Bien sûr mon ange.» Disé-je en français.

Je m'habille d'un sourire franc et satisfait avant d'ouvrir la porte et de la laisser me suivre vers la porte de la salle de bain. J'ai installé les meilleures serviettes qui soient, épaisses et douces. Des tapis de bain moelleux à souhait pour ses pieds délicats. Les meilleurs produits d'hygiènes et de cosmétique qu'il y a sur le marché. Dans ma famille, on a toujours aimé la mode mais aussi son univers, le maquillage et tout ce qu'il y a de raffinés et d'exquis, je me fais donc un plaisir d'offrir le luxe à la femme de ma vie.

« Je reviens dans une demi heure, utilise ce qu'il te fera plaisir, tout est à toi et à ta disposition.»

Je referme la porte de la salle de bain à clef et me dirige vers la chambre pour débarrasser le plateau. Je fais un peu plus de ménage et avec ma baguette je répare les meubles cassés de la veille. Tout reprend forme. Je remets le lit sur le sommier, les tiroirs sont droits et fonctionnels. Ce qui m'apaise instantanément. Pour autant, tous les placards sont vides. Il faut qu'elle puisse s'habiller. Je n'ai pas eu le temps de lui faire une garde robe, mais je sais qu'ici, dans les armoires de ma mère et ma sœur se trouvent des pièces remarquables et jamais portée, je n'aurai qu'à rafraîchir la tenue et la réduire à sa taille. Cela sera parfait pour me laisser le temps de la gâter comme il se doit.

Je vais donc chercher quelques tenues, des robes, mais aussi des vêtements plus casual mais toujours aussi raffinés. Des pantalons, des chemisiers, des pulls en cachemire. Je retrouve aussi de la lingerie encore neuve avec des étiquettes toujours présentes. Je n'y touche pas, si ce n'est pour aussi leur redonner leur fraîcheur d'avant et les ajuster à sa taille que je connais par cœur. La demi heure est passée et je viens la chercher. Je toque à la porte. Elle m'indique qu'elle n'a pas de tenue propre.

« Tu auras de quoi faire dans ta chambre. Passe une serviette sur tes épaules, je vais ouvrir ma belle.»

Et je lis le geste à la parole. Quand j'ouvre, mes yeux la couvrent intégralement, je me régale de tout ce que m'offre la vue sans pour autant être insistant et vulgaire. Je lance un Accio pour faire venir des chaussons en coton devant elle.

« Je t'en prie, après toi.»

Je décide délibérément de la laisser passer devant moi. Elle est obligée de presque me frôler en sortant et j'en profite pour humer subtilement ses flagrances qui arrivent à mon nez de vampire. J'ai tellement envie que mes lèvres rencontrent sa peau douce, que mes crocs se plantent dans sa chair délicate. Chacune de mes cellules ont besoin d'elle. Elle m'est vitale. Elle retourne dans la chambre sans trop de difficulté. J'ai laissé délibérément tous les tiroirs et portes de placard ouverts, pour qu'elle voit les vêtements.

« Je n'ai pas eu le temps de faire une garde robe plus appropriée à tes goûts, comme tu t'en doutes. J'ai du improviser. Mais ce sont toutes des pièces uniques, que je me suis permis d'ajuster pour qu'elle te scie parfaitement. Tu as une taille absolument merveilleuse pour la couture, cela sera un plaisir de pouvoir t'habiller.»

Je reste là, j'aimerai ne plus jamais partir. J'aimerai qu'elle tombe la serviette et me demande de lui faire l'amour. J'aimerai qu'elle me dise merci, qu'elle me dise qu'elle comprend et qu'elle accepte. J'aimerai que ses sentiments soient aussi forts que les miens, que nous devenions qu'un. Unis contre le reste du monde. Mais c'est tôt, encore trop tôt.

« Je ne veux pas que tu attrapes froid, je te laisse t'habiller chérie. Je reviens dans une heure pour te faire découvrir le reste de la villa.»

Je me retiens de venir baiser sa joue. C'est hésitant que je quitte à nouveau sa chambre et la ferme à clef. Je me dirige dans mon bureau pour m'imposer du travail et éviter de trop penser à elle. Précisément une heure après, comme promis, je reviens toquer à la porte de sa chambre. Quand j'ouvre je découvre sa tenue. Je ne fais aucun commentaire sur le choix qu'elle a fait. Pour autant, je ne peux m’empêcher de la complimenter. Peut m'importe ce qu'elle porte, je la trouverai toujours radieuse.

« Aliénor Marie de Fontanges tu es magnifique. Tu es faites pour porter le luxe.»

Je la regarde encore quelques instants, lui montrant combien je suis sincère, combien je la trouve belle et désirable. Mes yeux ne trompent pas, jamais.

« Te sens tu prêtes ? Penses-tu pouvoir bien te comporter à mes côtés ? Je voudrais ni te blesser, ni te punir. Si tout se passe bien, tu pourras choisir des livres dans la bibliothèque.»

🙚 Jeudi 16 mai 2002

Je suis pendu à ses lèvres alors que j'attends sa réponse.

« Je vous suis très reconnaissante, Mr. Peretti. »

Mes yeux pétillent de satisfaction. Elle m'est reconnaissante. Très reconnaissante. Je bois une gorgée de vin pour masquer le plaisir que j'ai de l'entendre dire tout cela devant sa famille. Elle n'a pas fait un seul faux pas en dehors de la chambre. Je me force à ne pas la regarder quitter le salon pour aller nourrir Nina. C'est le plus difficile dans cette nouvelle réalité, ne pas pouvoir m'occuper de ma fille librement. J'ai toujours été proche d'elle, j'ai toujours été un soutien, un père pour elle. Je n'ai jamais failli à mes obligations, qui n'en sont pas pour moi. Je suis un vampire, alors je n'ai pas besoin de dormir, j'ai ainsi préservé quelques nuits à Aliénor quand Nina ne faisait pas encore des songes profonds. J'ai participé aux bains, aux langes, je l'ai toujours porté au sein de sa mère pour qu'elle se nourrisse, et quand Aliénor a voulu commencé la diversification, j'ai donné la cuillère. Devoir agir comme un inconnu me coûte terriblement. Mais un jour j'aurai toute légitimité à l'avoir dans mes bras, à l'embrasser pleinement, à la protéger sereinement. J'ignore comment ils ne comprennent pas tous que je suis son père quand elle pose ses yeux sur moi et que je pose mes yeux sur elle. Je suis pétrie d'un amour si profond pour elles que j'ai l'impression que mon âme est bruyante à leurs côtés.

« Au fait, Aliénor chérie. Est-ce que tu sais ce que tu veux faire pour ta nouvelle chambre ? »
« Non. »
« Et celle de Nina, alors ? Ce serait bien qu'elle est son espace à elle. Qu'en penses-tu ? »

Cette conversation fait monter ma nervosité. Je voudrai y prendre part, mais je ne le peux pas.

« D'ailleurs, elle est née quand, mon adorable nièce ? »

Le 13 avril 2001, je ne pourrai jamais l'oublier.

« Le 13 avril 2001. »

Je me retiens de répondre, me rendant compte combien je suis sur une maigre frontière à franchir pour me trahir quand il s'agit de Nina. Je mords l'intérieur de ma joue quand je vois qu'Isabeau essuie la bouche de ma fille, cela aussi je le faisais d'instinct. Je termine donc mon verre d'une traite pour noyer mes pulsions.

« Oh, mais laisse-nous payer les meubles et les jouets alors ! Ce sera son cadeau d'anniversaire en retard. »

Toute la famille y compris moi regardons Aliénor couper la poire et attendre sa réponse.

« Si tu veux, oui. »
« On pourra aller faire les courses, quand tu veux. Ce serait bien que tu sortes un peu de la maison… On demandera à un Auror de venir avec nous. Mr. Peretti, je n'ose pas vous demander, vous en faites déjà tellement pour nous… »

Mes pupilles se dilatent sous la soudaine surprise. Cette situation est inespérée, je ne pensais pas que notre retour dans la vraie vie soit aussi facile pour nous. Je ne demande rien et on m'offre toutes les opportunités possibles sur un plateau d'argent. Je n'ai que très peu d'efforts à fournir, ce qui m'enchante fortement et facilite ma présence aux côtés des deux femmes de ma vie.

« Dès demain j'irai au Bureau pour trouver des Aurors pour la surveillances des nuits et cette sortie achats. Et si cela n'est pas possible pour les effectifs, compte tenue des derniers événements, je m'en porterai garant. Je peux trouver un trou dans mon planning, il me semble nécessaire pour son meilleur être, que Mademoiselle Fontanges puisse à nouveau aller en ville en toute sécurité.»

Dans cette pièce, Aliénor est la seule à savoir que je ne céderai pas sa protection et celle de notre fille à un quelconque Auror, mais je dois au moins donner l'illusion à sa famille que je peux déléguer sans difficulté, comme si j'étais détaché sentimentalement, alors que je suis littéralement enchaîné à sa vie. Le fait qu'il y ait une montée au pouvoir des Bleus Dragons me permet de prétendre qu'aucun Auror n'est disponible pour ce genre de mission secondaire.

« Et pour son cadeau de baptême ? Qu'est-ce que tu veux lui prendre, Aliénor ? »

Baptême ?! Heureusement que je n'ai aucun liquide ou solide dans ma cavité buccale, car j'aurai pu m'étouffer avec. Un Baptême ? Ils souhaitent la faire baptiser ? C'est inespéré. C'est un... miracle. Je me force à agir normalement, mais je sens un doux sentiment de gratitude m'envahir. Comme un cadeau qu'on me ferait, le plus beau des cadeaux.

« Maman, tu ne veux pas lâcher Aliénor un peu ? »

Je regarde Isabeau, en d'autre temps j'aurai salué son intervention, car je ne peux pas moi même demander aux parents d'Aliénor de la laisser respirer, mais autant là, j'ai besoin de savoir. Aliénor sait combien la religion est une partie intégrante de ma vie et de mon quotidien. Cette situation est un test à lui tout seul, sa réponse sera très importante pour la suite de notre histoire, pour savoir si elle est prête. Nous n'avons jamais parlé baptême pour Nina, mais elle sait que cela serait important pour moi. Même s'il y aura des adaptations à faire à cause de la moitié de son sang vampire.

« Jeanne, le baptême reste une question importante ! N'est-ce pas que tu vas faire baptiser ta fille ? »

Notre fille. Je veux qu'elle le soit. Mes yeux sont fixés sur Aliénor, j'attends sa décision avec impatience, je me sens fébrile en cet instant, mon aura empli la pièce sans que je le souhaite vraiment. Cela serait l'un des plus beau jour de ma douloureuse existence.

« Si, je compte la faire baptiser. »

Le soulagement et la grâce que je ressens sont total. Je me retiens d'élargir mes lèvres dans un sourire de victoire, je modère ma réaction et sourit de manière contrôlée, comme le reste de la famille. Ni trop peu, ni dans l'excès. Sa décision rallume mon désir pour elle et me chatouille le bas ventre. Aliénor marque des signes de grands progrès, je suis extrêmement fier d'elle. Elle me surprend de jour en jour. Je voudrai tellement l'en remercier comme il se doit. J'aimerai lui faire comprendre combien je suis heureux mais cela m'est impossible. Cette situation est pesante, je voudrai lui crier mon amour, mon besoin d'elle, je voudrai que la terre et le monde soient au courant.

« Je vais la coucher. Ne m'attendez pas pour dîner. »

Pour autant, malgré ma joie et ma satisfaction, elle quitte la table et emporte notre fille avec elle. Je ne dis rien et je continue de converser avec sa famille, alors que mon corps, mon cœur veulent être à leurs côtés. Je donne le change, je fais parfaitement illusion alors que mes pensées sont vers elles. Je gagne encore des points auprès de son père, pour ce qui est de sa mère, je l'ai déjà conquit il y a bien longtemps. Le plus dur restera ses sœurs, surtout Isabeau, elle ne semble pas aussi facile à manipuler que les autres membres de la famille.

Au bout de quelques minutes qui me semblent des heures, la mère d'Aliénor me propose de monter un plateau pour sa fille. Je ne me fais pas prier. Elle souhaite me parler et me remercier pour mon engagement auprès de leur famille alors qu'elle prépare l'assiette de ma douce. M'affirme que son mari est tout aussi reconnaissant pour tout ce que j'ai fais, cela je le sais déjà. J'affirme que cela n'est rien, que ce n'est que mon travail et que j'ai fais cela avec aucune contrainte et professionnalisme. Qu'il est normal que je sois encore un peu présent pour la transition de leur fille et que je serai toujours disposé à être leur personne ressource parmi le Ministère, étant donné que nous nous connaissons bien à présent.

« Vous savez que nous avons outrepassé la simple mission formelle Beate. Ces mois passés à vos côtés pour retrouver votre fille nous ont forcément rapproché et unis dans un but commun. Il est normal qu vous ayez encore besoin de moi, je le comprends, et je peux vraiment me permettre de vous venir en soutien encore, c'est plus qu'évident même. Je me suis beaucoup investi et j'apprécie vos accueils toujours chaleureux.»

Je lui explique que c'est aussi gratifiant pour moi d'avoir réussi une mission, que la finalité soit aussi heureuse. Aliénor est réellement ma plus belle mission en ce monde. Mais pas comme l'entendent ses parents probablement. Elle est mon but ultime, la consécration d'une vie, et que la vie est longue pour un vampire.

Quand on arrive à l'étage, je me laisse guider à nouveau. Ma belle mère toque à la porte et la pousse doucement, je vois alors Aliénor mettre ma couronne de laurier au dessus du berceau fabriqué par mon beau-père. Ils ont tous accepté Nina, ce qui me rassure profondément. Leur amour est sain et ils n'ont pas de rejet, ce dont j'avais peur, car ils pensent tous qu'elle est née d'un viol, alors qu'il n'en ait rien. Nina a été conçu avec un désir et une passion mutuelle, et un amour indéniable de ma part, même si cela n'était pas la finalité de nos ébats à l'époque, bien au contraire, je n'aurai pas voulu être père, pas après avoir déjà perdu un fils. J'ai souvenir d'avoir repoussé tout sentiment, toute raison pendant la grossesse d'Aliénor. Quand elle a accouché, je n'avais pas pour but de garder l'enfant, mais quand mes yeux se sont posés sur elle, sur Nina, que mes oreilles ont entendu son premier cri, j'ai su que l'Amour était plus fort, il était salutaire, elle m'a guéri. Aliénor m'a fait le plus précieux cadeau pour un homme. Elle m'a offert un morceau d'elle, lié à un morceau de moi. Pour toujours.

« Je t'apporte une assiette, tes anxiolytiques, et ta potion de sommeil sans rêve. Ce soir tu les prendras. N'est-ce pas, Aliénor ? »

Madame Fontanges ne reçoit aucune réponse, aucun regard de la part de ma douce. La voir ainsi me fait un pincement au cœur. Mais tant qu'elle agit ainsi avec les autres et non pas avec moi, cela m'affecte peu au final.

« Mr. Peretti, je vais aller me coucher. Je sais que les vampires ne dorment pas, mais vous avez la chambre d'amis à côté si vous avez besoin d'un endroit. Sinon, la maison est à vous. Je vous souhaite une bonne nuit. »
« Je vous remercie pour votre accueil et hospitalité. Dormez en paix Beate, je veille sur tout le monde ce soir. »

Alors que ma belle-mère traverse le couloir, je me retourne vers ma merveilleuse femme. Son cœur se met à battre la chamade. Je reconnais ce rythme particulièrement. Elle est inquiète. Alors que je fais un pas vers elle, elle articule rapidement.

« Est-ce que tu veux la bercer le temps que je passe à la salle de bain…? »

Mes yeux captent les gestes rapides de ma fille dans son berceau. Je suis décontenancé. Touché par sa sollicitation. Pris au dépourvu j'en oubli ce que j'allais dire.

« Oui, bien entendu.»

Alors qu'elle quitte la pièce avec un pyjama sous le bras je m'approche du lit de mon petit ange. Ses bras me demandent et cela apaise toutes mes pensées. Tout le monde doit être au lit, je regarde derrière moi et vient d'un pas pousser la porte, avant de revenir vers le berceau et soulever Nina dans mes bras. Je viens sentir son petit être, baiser tendrement ses joues, le haut de son crâne. Je viens me nourrir de tous les câlins dont je me suis privé. Je l'allonge dans mes bras pour la bercer, comme je le fais régulièrement. Je lui chantonne sa chanson préférée, le plus bas possible pour ne pas être entendu à l'autre bout de la maison. Elle s'endort presque immédiatement, je la repose donc délicatement sur son matelas et la regarde dormir quelques instants, m'assurant qu'elle ne se réveille pas. Je viens ensuite m’asseoir sur le lit en attendant Aliénor. En regardant son plateau, j'ai l'impression d'un vide, je prends alors ma baguette pour matérialiser une rose, il n'y aura pas de vase aujourd'hui.

Je tends l'oreille et l'entends revenir de la salle de bain, toute la maison est calme, tout le monde semble avoir regagné leur chambre. Très bien. Je n'aurai pas à avoir des conversations inutiles tardives. Quand elle rentre dans la chambre, je me lève et récupère le plateau pour le lui donner.

« Je ne veux pas prendre la potion de sommeil sans rêve. »

Je suis surpris, on dirait qu'elle a réfléchit à ce qu'elle allait dire. Je continue de la regarder sans rien dire. Étudiant son visage, l'intonation de sa voix. J'écoute le bruit que fait son cœur, sa respiration.

« J'ai peur de ce que tu pourrais me faire pendant que je dors. »

J'inspire lentement et serre la mâchoire. Je penche légèrement ma tête pour la regarder, que fait-elle ? Elle se ...confie ? Elle me parle sincèrement pour la première fois depuis notre première soirée au bar. Aliénor n'a jamais été bavarde à la Villa, aussi je suis surpris qu'elle exprime ses sentiments en ma présence. Qu'elle prenne ce risque... car en entendant son cœur battre aussi vite, il s'agit d'un exercice difficile pour elle. Elle cherche quelque chose, à voir quelque chose, elle m'observe furtivement, comme un animal effrayé. Je n'ai jamais refusé être un prédateur, je suis un vampire, je suis par principe plus fort et plus rapide que la majorité des sorciers, mais je n'ai jamais voulu être le bourreau de cette délicieuse femme. Je ne demande qu'à l'aimer comme il se doit. Elle doit pouvoir me faire confiance. C'est tout ce que j'espère.

« J'ai vu que tu étais en colère tout à l'heure. Je le sais. Sauf que… Tu n'as rien fait. Et maintenant, j'ai peur de savoir comment tu vas me punir. Et j'ai encore plus peur que tu profites de mon sommeil. De mon inconscience. »

Qu'elle ait peur, aussi peur de moi ne devrait pas me faire plaisir. C'est même assez désagréable pour être entièrement honnête. N'a-t-elle donc rien compris ? N'a-t-elle donc rien appris de mes sentiments pour elle ? Ne voit-elle pas qu'elle est mon univers, mon cœur, mon âme ?

Je viens doucement prendre le bas de son menton pour tourner son visage vers moi, pour que son regard se pose sur le mien. Je sens tout son être frémir à ce simple contact. Si moi cela me donne des papillons dans le ventre, cela fait battre plus vite son cœur, de craintes.

« Mon amour, n'avons nous pas une règle ? Tu sais que j'annonce toujours ce que je compte faire quand tu prends ce genre de potion de sommeil. Jamais je n'ai abusé de ton corps endormi. Quand je le fais, c'est pour me nourrir et ne pas te blesser. Je regrette chaque jour les premières morsures et je n'aurai pas du te les imposer de ton conscient, c'est pour cela que j'ai opté pour les potions.»

De mon autre main je viens caresser sa joue tendrement, toujours en maintenant son regard sur moi. Mes yeux sont doux, encourageant à la confidence.

« Nous ne sommes plus à la Villa, tu dois maintenant apprendre à me faire confiance, sans cela ça ne pourra pas marcher entre nous. Tu peux me faire confiance, je ne laisserai personne te faire du mal, je ne veux que ton bonheur et ta sécurité. Je veux t'offrir le monde ma douce. Je suis très fier de toi ce soir. Pour la chambre... je sais que tu as besoin de te réadapter, il est vrai que j'ai été surpris et déçu, mais... j'apprends aussi à tes côtés mon ange.»

Je me rapproche d'elle et penche ma tête vers elle, mes lèvres vers le lobe de son oreille.

« Tu as illuminé mon être... pour le baptême, tu sais combien c'est important pour moi, j'ai vu tes efforts.» disé-je dans un souffle, près de son oreille.

Je lâche son menton pour venir effleurer délicatement son cou puis sa clavicule du bout de mes doigts. J'ai envie de la mordre, j'ai envie de la faire mienne mais je me contrôle et j'inspire simplement son odeur, mes lèvres venant juste frôler la peau de son cou, je la teste, j'évalue son comportement, j'analyse le langage de son corps. Elle se retient de respirer, elle se fige et devient rigide, son corps n'est pas encore prêt à me recevoir, mais il le sera un jour. J'embrasse tout de même de manière chaste le haut de son épaule avant de me reculer d'un pas.

« Je me montre patient depuis tous ces mois mon amour. Tu sais le pouvoir que tu as sur moi, tu sais combien j'ai envie de toi, et regarde combien je me montre patient ! Ne le suis-je pas ? N'as-tu donc pas confiance en moi ? J'ai pris soin de toi, de notre fille, les médicomages l'ont vu. Je suis capable de tout pour vous deux, vous êtes la prunelle de mes yeux. Je suis celui qui t'aime le plus sur terre. Mon amour est pur et éternel, qui d'autre que moi pourrait t'offrir tout ce que je souhaite t'offrir ?»

Je viens jouer avec une mèche de ses cheveux avant de la relâcher lentement.

« Personne ne sera jamais à ma hauteur Aliénor, j'espère qu'un jour tu le verras et que je n'aurai pas besoin de te le prouver inlassablement. Parce que je ne suis pas prêt à me lasser de toi chérie.»

Je me retourne vers notre fille que je montre d'un revers de main.

« De vous. Il n'y a rien ni personne en ce monde qui peut m'empêcher d'être auprès de vous. Et si un obstacle devait se présenter, je saurai m'en occuper.»

Je laisse ma tendre femme pour me pencher sur le berceau de Nina, je la regarde, souriant, calme, sûr de moi.

« Ne prend pas la potion de sommeil, si cela peut te rassurer de mes intentions.»

Je me retourne vers elle pour la regarder droit dans les yeux.

« Je veux que tu sois pleinement consciente pour nous, pour te prouver mon amour et non ma colère. Je n'ai pas besoin d'artifice ma chérie, je sais que tu m'aimeras autant que je t'aime.»

Je me penche sur le berceau et embrasse le front de ma fille. Je ferme les yeux et mentalise une courte prière pour veiller sur elle. Je reviens ensuite vers Aliénor.

« Je vais te laisser te restaurer et dormir. Je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit. Je ne suis pas ton ennemi mon amour, je suis ton allier pour la vie. Tu peux compter sur moi.»

Je la regarde quelques instants avec amour et tendresse, peut-être aussi avec une légère pointe de frustration et de tristesse au fond de mes pupilles. Je voudrai que cela soit plus simple pour nous. Je voudrai lui offrir une nouvelle vie, un nouveau chez elle, une maison qui serait la notre, à notre image. Une maison qu'elle pourrait choisir pour ne pas en détruire les murs ou la décoration. Ma maison restera éternellement ses bras, et j'ai hâte d'y habiter.

Je finis par détourner mon regard pour sortir de la chambre à regret. Je ferme la porte, cette fois ci pas à clef, comme à la Villa, mais reste derrière, debout, droit comme un piquet. Je ne bouge pas, aucun mouvement. Je reste tapis dans le noir, comme une statue devant son palier. J'attends comme cela jusqu'à ce que je n'entende plus le moindre mouvement derrière la porte de leur chambre. Qu'elle ait fini de manger, qu'elle se couche. J'attends des heures qu'elle s'endorme avant de sortir de ma catatonie et je fais le tour de la maison que je connais par cœur. Ce n'est pas la première fois que je dois me mouvoir dans cette maison familial, que je regarde chaque membre de la famille dormir. Je connais le bruit de chaque latte de parquet, le bruit du grincement de certaines portes. Je sais comment n'être qu'une ombre parmi les ténèbres. Je sais comment veiller sur la famille Fontanges. Ma famille. Je n'ai pas pu sauver mes géniteurs, ni même ma sœur, alors il n'arrivera rien que je n'ai décidé à cette famille là.

Je ne pousse pas la porte d'Isabeau car je l'entends éveillée derrière sa porte. Que fait-elle encore debout ? J'espère seulement qu'elle ne sortira pas pour me croiser. Je ne rentrerai pas non plus de la nuit dans la chambre d'Aliénor, lui prouvant qu'elle pouvait me faire confiance. Lui montrer que je n'ai qu'une parole. Au petit matin, je transplane moins de trois minutes pour acheter des viennoiseries françaises pour tout le monde. Je dispose le tout dans des plats visibles et accessibles, qu'ils ne pensent pas que je connaisse l'emplacement de chacun de leur tiroir et placard. Je me permets de faire couler le café quand j'entends Beate arriver dans la cuisine.

« Madame Fontanges, bonjour. Votre nuit a-t-elle était douce ? Je me suis permis de vous préparer un petit-déjeuner, je trouvais que c'était la moindre des choses pour votre hospitalité. Je me suis permis d'user de votre machine à café, je ne veux pas me montrer impolis mais je souhaitais vous êtes utiles et agréable au réveil, vous avez vécu une telle épreuve.»
« Oh par Merlin, vous être un vrai gentleman Mr Peretti, je ne vous en demandais pas autant, vous m'êtes vraiment agréable. Je vous en suis encore plus reconnaissante. Vous êtes notre ange gardien !»

Je prends une tasse sur le comptoir et sert le café à ma belle-mère, je me pare de mon plus séduisant sourire et lui donne la tasse.

« Je vous en prie Beate, appelez moi Lorenzo.»

La cuisine se remplit d'une nouvelle personne, Isabeau entre, encore le sommeil visible sur ses yeux. Beate nous signale qu'elle va se rafraîchir avant de petit-déjeuner et quitte la cuisine, me laissant seul avec la sœur de ma douce. Je prends une nouvelle tasse et y verse le café, puis je la tends à Isabeau qui la récupère sans un regard pour moi, avec un merci miraculeusement audible entre deux bâillements. Je ne suis même pas sûr de sa politesse. Je serre la mâchoire mais me force à continuer de sourire. Je ne dois pas châtier son comportement, elle est après tout chez elle.

« Visiblement le réveil est compliqué pour vous Mademoiselle Fontanges ?!»
« J'ai passé une partie de la nuit debout. Vous savez, les dossiers à préparer, les partiels à réviser, les joints à rouler...» J'ai pu effectivement l'entendre derrière sa porte. J'ai eu même l'impression désagréable de cette odeur de toxique. Je n'ai pas envie qu'elle influence ma femme, ni même qu'elle montre cet exemple à ma fille. Elle porte le café à ses lèvres et je la regarde faire, sans lui dire que je l'ai entendu cette nuit et que j'ai failli intervenir pour lui sortir le joint des lèvres. «Pour ce que ça vous concerne.» Elle boit une gorgée de café. « Je sais les dossiers, les révisions. Pour ce qui est de la drogue, je l'ignore, je ne suis pas un consommateur. Vous devriez peut-être trouver d'autre alternative. Votre sœur doit être entourée de personne de confiance. L'êtes vous ?»
« Si je me fie aux propos de mes parents, vous l'êtes plus que moi.»
« Regrettez vous mon aide pour retrouver votre sœur ? Je suis au service de votre famille, si vous avez besoin de moi, je peux me montrer disponible. Je connais des centres, je connais du monde le temps de vous ressaisir.»
« J'en ai pas besoin. Et je n'ai pas demandé votre avis.»

Je viens visiblement de trouver une faille. Elle se montre si insolente, si détachée, mais en réalité elle a aussi ses petits démons intérieurs, que je vais trouver. Je creuserai si profond qu'elle ne sera plus un mystère. Je m'en servirai au besoin, si elle fait du tort à mon ange.

« J'ai visiblement touché un point sensible. Veuillez m'en excuser. Un croissant ?»

Un sourire satisfait et calculateur sur mes lèvres, je lui désigne le plateau de pâtisserie sur le comptoir. Mais elle préfère emporter son café loin de ma vue non sans un regard qui en dit, mais je ne perds pas mon sourire. Quand elle quitte la pièce, une autre personne y rentre. La plus merveilleuse. Les plus merveilleuses. Aliénor porte dans ses bras Nina et regarde le comptoir, une expression étrange dans ses yeux, que je ne lui connais pas vraiment et qui me fait regarder dans la même direction qu'elle, comme si je pouvais voir le problème, puis elle retrouve son visage habituel.

« Quelque chose ne va pas ?» J'amorce un pas vers elle, mais n'en fait pas plus, nous ne sommes pas vraiment seul, je ne peux pas encore me permettre d'être aussi inquiet.

« Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que c'est Nina ?»

:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti🙚 Dimanche 15 octobre 2000

La douche avait été un réconfort. J'avais l'impression, de cette manière, de me purifier. Je me débarrassais de tout ce que j'avais vécu depuis vendredi. Le sexe, l'alcool, le sang. Bien que cela ne changeait rien à ma situation, il n'en existait plus aucune trace sur mon corps. Hormis mon dos. En me lavant, j'avais senti la cicatrice de ses crocs dans mon dos. Elle n'était pas partie. Et elle semblait profonde. En sortant de la douche, je regardais mon reflet dans le miroir. On voyait distinctement deux petits trous. Deux canines. Je me dépêchais de tourner le dos à la glace pour ne plus la voir. Je préférais rester sur ma sensation de propreté, de neuf. Ça m'avait aidé à réfléchir. A relativiser. J'étais sûre de mon plan. Il fallait que j'endorme la confiance de Lorenzo. Pour pouvoir m'enfuir, et sauver ma vie. Ma liberté. Malgré mes bonnes résolutions, je sursaute quand je l'entends toquer à la porte. Je me suis séchée, mais je ne me suis pas habillée. Mes vêtements puent, c'est l'enfer, je ne veux pas les remettre, sauf si je suis obligée. Alors, je réponds : « Je n'ai pas de vêtements de rechange. » « Tu auras de quoi faire dans ta chambre. Passe une serviette sur tes épaules, je vais ouvrir ma belle. » Je sentis mon cœur faire un bond, alors, je vérifiais que la serviette autour de moi couvrait bien une partie de mon corps.

Enzo ouvrit la porte, et son regard se posa sur moi. Je rapprochais ma jambe de l'autre, un peu mal à l'aise. Il me regardait avec tellement d'amour, sans aucune volonté de me nuire. Je pouvais lire tout ça dans son regard, mais malgré tout, j'étais mal à l'aise. Parce que je ne voulais pas lui donner tout ce qu'il voulait de moi. Pas après ces derniers jours. Après notre nuit ensemble, j'aurai pu l'être, jusqu'à ce qu'il me retire ma liberté. Il fit voler des chaussons jusqu'à moi, qu'il posa devant mes pieds. « Je t'en prie, après toi. » Endormir sa méfiance.Je devais endormir sa méfiance, et avoir sa confiance. Je glissais mes pieds dans les chaussons, avant de sortir de la salle de bain. Je dus passer devant lui, qui était toujours dans l'encadrement de la porte. Nos corps se frôlèrent, et je sentis mes muscles se tendre. J'essayais de ne pas trop le montrer. Endormir sa méfiance. Avoir sa confiance. Je retournais sans broncher dans la chambre, avant de m'arrêter brusquement. Les placards… Tout avait été rempli. Au début, je croyais qu'il avait prit mes vêtement -après tout, il avait bien refait l'intégralité de ma chambre-, mais en regardant mieux, je me rendis compte que je ne connaissais pas les motifs. « Qu'est-ce que c'est…? » « Je n'ai pas eu le temps de faire une garde robe plus appropriée à tes goûts, comme tu t'en doutes. J'ai du improviser. Mais ce sont toutes des pièces uniques, que je me suis permis d'ajuster pour qu'elle te scie parfaitement. Tu as une taille absolument merveilleuse pour la couture, cela sera un plaisir de pouvoir t'habiller. » Alors, où avait-il trouvé tous ces vêtements ? Où était-il allé, en une demi-heure, pour récupérer tout ça, les mettre à ma taille et les ranger soigneusement ? Comment avait-il fait ? « Je ne veux pas que tu attrapes froid, je te laisse t'habiller chérie. Je reviens dans une heure pour te faire découvrir le reste de la villa. » Je hoche la tête, comme pour lui montrer que j'ai compris. Lorenzo hésite un instant, avant de sortir et de fermer la porte derrière lui. A clé. Je ne sais pas si un jour, je me ferai vraiment à ce bruit.

Je me dirige vers la penderie. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir mettre ? Dans une autre situation, j'aurais été excitée de découvrir une nouvelle armoire remplie de nouveautés. Je ne travaille pas dans la mode pour rien. Mais là… Je ne prends aucun plaisir. Je suis trop focus sur mon plan. Je veux essayer de trouver une tenue qui plaise à Lorenzo, toujours dans le même but. Endormir sa méfiance. Avoir sa confiance. Partir de là, le plus tôt possible. Je finis par me faire confiance et prendre une robe certes sombre, mais fleurie. Pour rappeler mon côté princesse française, et trancher avec ma couleur blonde. Je me dirige ensuite vers la coiffeuse. Je viens de laver mes cheveux, il faut bien que j'essaie de faire quelque chose avec mes mèches. Je passe mes doigts entre, avant de trouver une brosse. Je la prends pour les peigner énergétiquement et faire des boucles avec mes doigts. Et je pousse les choses jusqu'au bout, en redonnant de la couleur à mes joues avec le blush à disposition. Je mets un peu de mascara, avant de me regarder, satisfaite. Pendant un instant, je me suis presque cru chez moi, à Cropières, en France. Je me suis retrouvée, physiquement. Certes, pas avec une robe à moi, ou je me suis maquillée plus légèrement que d'habitude, mais au moins, j'avais moins l'air d'une loque. Quand j'entendis toquer à la porte, je me relevais de la coiffeuse, les bras croisés. Si ça se trouve, j'avais fait tout ça pour rien, Lorenzo allait détester, et mon plan n'allait jamais marcher…

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« Aliénor Marie Fontanges tu es magnifique. Tu es faites pour porter le luxe. » Je sais qu'il ne ment pas. Je le sais, je le vois à ses yeux, à son regard. Il me regarde de haut en bas, comme si j'étais la plus belle chose du monde. Mais je suis incapable de répondre. Pourquoi toute cette drague, tout ce flirt ne s'était pas passé naturellement, après notre nuit ensemble ? J'aurai pu tomber sous son charme, je m'en rends compte. Sauf avec ce qu'il fait de moi, j'ai l'impression de ne pas pouvoir lui donner ce que j'aurai pu lui donner. « Te sens tu prêtes ? Penses-tu pouvoir bien te comporter à mes côtés ? Je voudrais ni te blesser, ni te punir. Si tout se passe bien, tu pourras choisir des livres dans la bibliothèque. » Je hoche la tête, lentement. « Je ne ferai rien. » Endormir sa méfiance. Avoir sa confiance. Ça incluait devoir subir une visite. Mais ça me permettrait de chercher une issue avec mes yeux. Je le laissais me guider, et je le suivis dans le dédale de la maison. Lorenzo me montra la cuisine, le salon, la salle à manger, sa chambre, la bibliothèque… Cette villa était grande, et très lumineuse. A travers les fenêtres, je pouvais voir un jardin luxuriant. Mais ce que je remarquais étaient certaines portes fermées à clé. « Qu'est-ce qu'il y a, derrière ? » Il ne semblait avoir aucun secret, jusqu'à maintenant. Après, j'aurais pu m'en douter, non ? Mais quand il me signifia que ces emplacements de la maison étaient interdits, je ne pus m'empêcher de me dire que je devais absolument retenir leur emplacement…

🙚 Lundi 30 octobre 2000

Ça faisait un peu plus de deux semaines que j'étais enfermée dans cette villa. En l'absence de Lorenzo, je passais le plus clair du temps dans ma chambre. En même temps, il ne me faisait pas encore confiance pour que je sorte seule. Ce n'était pas grave. Je faisais semblant de m'en accommoder, mais en fait, j'en profitais pour m'entraîner à crocheter une serrure à la méthode moldue. Dans tous les produits de beauté que le vampire m'avait offert, il y avait des épingles à cheveux. Ma sœur m'avait un jour confié que c'était pratique pour se faufiler sans que les parents ne le sachent. Avec le recul, je regrettais qu'elle ne m'ait pas apprit. Le soir, on passait du temps ensemble. Je prenais sur moi. Je ne parlais pas beaucoup, mais j'essayais de lui montrer que je m'accomodais à ma nouvelle vie, pour qu'il me fasse confiance. Evidemment, tout était faux. En étaient pour témoins des maux de ventre de plus en plus réguliers, sans compter de violentes nausées qui me feraient vomir si je ne me retenais pas. La peur de l'échec de mon plan avait une manière très étrange de se manifester…

J'avais rapidement apprit à reconnaître les heures où Lorenzo revenait à la villa. Juste avant, je m'éloignais de ma porte fermée, je rangeais soigneusement l'épingle à cheveux, et je faisais semblant de m'occuper. Là, je m'assis sur le lit, un roman à la main, qu'il m'avait permise d'emprunter à la bibliothèque pour faire passer le temps. Une nouvelle douleur s'empara de mon ventre, que je tenais quand la porte s'ouvrit. Lorenzo était revenu, et tenir mon bassin. « Tout va bien… Juste une crampe abdominale… » Je ne voulais pas lui dire que cela faisait plusieurs jours que j'avais mal au ventre. Je voulais lui montrer que tout allait bien. Que je n'angoissais pas constamment, que je n'avais pas toujours peur de me tromper, de faire une gaffe. De me faire punir. Je me redressais, pour essayer de faire mine de rien. Je sentis mon cœur s'accélérer légèrement quand il s'approcha de mon lit. Quand il s'assit en face. Sauf que cette fois, il était bien plus proche que d'habitude. Je résistais à l'envie de reculer quand il s'approcha de moi. Je savais ce qu'il avait en tête, et non, je ne voulais pas. Je ne voulais pas qu'il me touche. Je ne voulais qu'on couche ensemble. Mais je devais lui faire croire que je voulais. Que je l'aimais. C'est le cœur et le ventre serré que je le laissais s'approcher et m'embrasser.

J'avais du mal à répondre à ses caresses, à ses assauts. Je ne reculais pas, je ne me défendais pas. Je me laissais faire, comme une poupée vide. Je fis tout de même l'effort de mettre légèrement la tête en arrière pour qu'il accède à mon cou qu'il souhaitait embrasser. Je regardais le plafond, en essayant de retenir mes larmes. Je devais lui faire croire que je l'aimais. Je devais y arriver. Je levais les bras en l'air pour l'aider à me retirer mon chemisier, jusqu'à… Jusqu'à ce qu'il s'arrête. Je sentis mon ventre se nouer encore plus. Est-ce qu'il avait compris ? Est-ce qu'il avait compris mon stratagème ? Mais Lorenzo se pencha et approcha sa tête de mon ventre. « Qu'est-ce qu'il y a…? » Pourquoi il s'arrêtait ? Est-ce que j'avais fait quelque chose de mal ? Je me sentis blêmir quand il m'expliqua entendre un second battement de cœur. « Un… Second… Un second battement de cœur ? » Non, non, non. Ça ne pouvait pas être vrai. Je ne pouvais pas avoir un bébé dans mon ventre, surtout pas. Je ne pouvais plus bouger. Je n'arrivais pas à croire la nouvelle. Et c'est dans un état second que j'entendis Lorenzo se lever et sortir de la pièce.

Un bébé. Un bébé. Enceinte. C'était pour ça ? C'était pour ça que j'avais envie de vomir, tout le temps ? Je posais une main sur mon ventre, abasourdie. Un bébé. Mais de qui ? Ça faisait plus de deux semaines que j'avais couché avec Lorenzo. Mais j'avais un copain, avec qui je couchais régulièrement aussi. Qui ? Qui pouvait être le père ? Et si je devais accoucher ici, et que le bébé était de Jordan ? Qu'allait-il lui arriver ? Et si c'était celui de Lorenzo, qu'est-ce que j'allais faire ? Et qu'est-ce que lui, allait faire ? Est-ce qu'il allait le tuer ? Est-ce qu'il allait nous tuer tous les deux ? Je me relevais. Je ne pouvais pas rester là. Impossible. Je ne pouvais plus jouer la comédie, pas si une autre vie devait dépendre de moi. Je ne savais pas ce que je voulais faire de ce bébé, mais je ne voulais pas que Lorenzo prenne la décision pour moi. J'attendis, sans bouger, que la villa se vide. Que Lorenzo s'absente. Ou alors, qu'il soit suffisamment loin pour ne pas me remarquer. Le plus silencieusement possible, je repris mon épingle à cheveux, et je me fis un devoir de me remettre à cette serrure. Je devais y arriver. Je me concentrais, et j'essayais d'éviter toutes les erreurs que j'avais faites ces dernières semaines sur cette porte.

J'entendis enfin le déclic de la porte. Soulagée, elle s'ouvrit devant mes yeux. Je la poussais le plus silencieusement possible, en tendant l'oreille. Aucun bruit. Je ne savais pas où était Lorenzo, mais il ne semblait pas être dans les parages. Je m'avançais tout doucement, pieds nus. Je descendis les escaliers sur la pointe des pieds, avant de me diriger vers l'une des portes toujours fermées. Aller, Aliénor, tu peux le faire. Tu l'as fait une première fois, c'est pas sorcier. Je remis l'épingle dans la serrure, et cette fois, elle se défit plus rapidement. Soulagée, je rentrais dans la pièce interdite, pour découvrir une chambre. Une chambre, qui n'était pas la sienne. A qui elle était, alors ? Nous n'étions pas que deux, dans cette villa ? Mais tant pis, je n'avais pas que ça à penser. Je m'avançais, et je pris la première lampe de chevet que je trouvais. Je la lançais contre la fenêtre. Contrairement à la première fois, la vitre se brisa. Apparemment, Lorenzo n'avait pas pensé à sécuriser ces pièces où je n'avais pas le droit d'aller. Sans même réfléchir, je passais par là, et… Je me mordis sérieusement les lèvres pour ne pas gémir de douleur. J'avais griffé correctement mon bras à un morceau du carreau, et je saignais abondement. Super. Je verrais ça plus tard. Je posais mes pieds dans la pelouse, et, sans réfléchir, je me mise à courir, le plus vite, en ignorant mes maux de ventre ; en ignorant le sang qui coule sur mon bras.

Eighteen months you sold as some forbidden paradise 3430917

🙚 Jeudi 16 mai 2002

Je n'avais pas très envie de me retrouver ici, dans cette chambre, seule, avec Lorenzo. Comme je lui avais dit, j'avais peur de ce qu'il pouvait me faire pendant que je dormais. Je n'étais pas tranquille. Et encore moins de lui avouer tout ça. Je devais être honnête, lui dire pourquoi je faisais tout ça, dans l'espoir qu'il comprenne. Mais en voyant son regard, je voyais qu'il n'était pas très content de tout ce que je lui avais dit. Ça ne l'empêche pas de se rapprocher de moi, pour attraper le bas de mon menton. Je n'avais pas vraiment dévié mon regard, mais cette fois, je le plantais complètement dans ses yeux. Je ne devais plus fuir. « Mon amour, n'avons nous pas une règle ? Tu sais que j'annonce toujours ce que je compte faire quand tu prends ce genre de potion de sommeil. Jamais je n'ai abusé de ton corps endormi. Quand je le fais, c'est pour me nourrir et ne pas te blesser. Je regrette chaque jour les premières morsures et je n'aurai pas du te les imposer de ton conscient, c'est pour cela que j'ai opté pour les potions. » Je ne baisse pas les yeux, et je sens ma peur tomber. C'est vrai ? Il ne me fera rien cette nuit ? Je peux dormir sur mes deux oreilles ? Je le laisse me caresser la joue, sans reculer. Son regard se fait plus doux. Il est moins effrayant que tout à l'heure. « Nous ne sommes plus à la Villa, tu dois maintenant apprendre à me faire confiance, sans cela ça ne pourra pas marcher entre nous. Tu peux me faire confiance, je ne laisserai personne te faire du mal, je ne veux que ton bonheur et ta sécurité. Je veux t'offrir le monde ma douce. Je suis très fier de toi ce soir. Pour la chambre... je sais que tu as besoin de te réadapter, il est vrai que j'ai été surpris et déçu, mais... j'apprends aussi à tes côtés mon ange. » Je sens mes épaules s'affaisser, en même temps que la peur parte. Il est fier de moi. Je n'ai rien fait de mal. Il n'y aura plus cet atroce voile noir devant ses pupilles.

Le poids sur ma poitrine s'allège. Je me sens mieux. Rassurée. Tellement rassurée que voir Enzo se pencher ne me provoque aucune angoisse. Parce que je sais qu'il ne me fera rien. Il est fier de moi. « Tu as illuminé mon être... pour le baptême, tu sais combien c'est important pour moi, j'ai vu tes efforts. » Je savais que ça lui ferait plaisir. Je le savais. Mais je n'avais pas fait ça que pour lui. « C'est une tradition dans ma famille… Moi aussi j'ai été baptisée… » Je murmure à peine, mais je sais que Lorenzo m'entend. Sa main lâche mon menton pendant que son visage se penche dans mon cou. Ses doigts baissent lentement sur mes clavicules. Par automatisme, je me tends. Je ne me sens pas prête à me laisser me faire toucher. Pas encore. Mais je ne veux pas casser ce qu'il y a en ce moment. Je ne veux pas briser sa fierté, je ne veux pas avoir peur à nouveau. Alors, je laisse faire, en essayant de me détendre le plus possible. Même si j'ai du mal. Pendant ces longs mois, j'avais tellement peur quand il s'approchait que je me tendais, en retenant mon souffle. Et même si là, je ne veux pas réagir comme ça, je réagis comme ça. Pourtant, je ne veux plus avoir peur. Alors, je ferme les yeux, pour essayer de me détendre. Je sens ses lèvres effleurer mon cou, puis mon épaule, où il dépose un chaste baiser.

C'est quand je le sentis s'éloigner de moi que je rouvris les yeux. « Je me montre patient depuis tous ces mois mon amour. Tu sais le pouvoir que tu as sur moi, tu sais combien j'ai envie de toi, et regarde combien je me montre patient ! Ne le suis-je pas ? N'as-tu donc pas confiance en moi ? J'ai pris soin de toi, de notre fille, les médicomages l'ont vu. Je suis capable de tout pour vous deux, vous êtes la prunelle de mes yeux. Je suis celui qui t'aime le plus sur terre. Mon amour est pur et éternel, qui d'autre que moi pourrait t'offrir tout ce que je souhaite t'offrir ? » Je me fige pendant qu'il attrape mes cheveux, mais pas de peur, cette fois. De culpabilité. C'est vrai, au fond. Il ne m'avait jamais fait de mal physiquement. Il avait toujours été aux petits soins de Nina. Jamais il ne m'avait violée, jamais il ne m'avait tapé. Quand on a su que c'était de lui que j'étais enceinte, il m'avait ramené du sang dans un gobelet hermétique, parce que je refusais de boire à la source de la personne dans le salon. Je ne lui faisais pas confiance, parce que jusque-là, je me concentrais que sur la peur qu'il m'inspirait. Jamais je n'avais cherché les côtés positifs. « Personne ne sera jamais à ma hauteur Aliénor, j'espère qu'un jour tu le verras et que je n'aurai pas besoin de te le prouver inlassablement. Parce que je ne suis pas prêt à me lasser de toi chérie. » Je relevais les yeux pour le regarder. « De moi ? » C'est vrai que ces derniers mois étaient une vraie preuve de l'amour qu'il me portait. Je n'avais jamais approuvé la méthode, mais je savais, dès le début, qu'il était amoureux de moi. « De vous. Il n'y a rien ni personne en ce monde qui peut m'empêcher d'être auprès de vous. Et si un obstacle devait se présenter, je saurai m'en occuper. » Enzo s'éloigna de moi, pour s'approcher de Nina. Je la regardais, elle semblait dormir. « Ne prend pas la potion de sommeil, si cela peut te rassurer de mes intentions. » Je fronçais les sourcils, surprise qu'il me dise ça. « Vraiment ? » Il me laissait le choix ? Sans aucune conséquence derrière ? Le vampire se tourna vers moi et plongea son regard dans le mien. « Je veux que tu sois pleinement consciente pour nous, pour te prouver mon amour et non ma colère. Je n'ai pas besoin d'artifice ma chérie, je sais que tu m'aimeras autant que je t'aime. » Je le regardais se pencher sur le berceau de notre fille pour l'embrasser doucement. Il restait devant elle un moment, avant de revenir devant moi. « Je vais te laisser te restaurer et dormir. Je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit. Je ne suis pas ton ennemi mon amour, je suis ton allier pour la vie. Tu peux compter sur moi. » Il continue de me regarder. Et je peux voir dans ses yeux tout l'amour qu'il porte pour moi. J'ai fini par apprendre à reconnaître tous ses regards, à devinez la plupart de ses pensées. Et je sais à quel point il est sérieux.

Lorenzo finit par sortir de la chambre, sans rien ajouter de plus. Il ferme la porte. Instinctivement, j'attends le bruit de clé, qui ne vient pas. Pourtant, je me sens… Étouffée. Je me dirige vers ma fenêtre pour l'ouvrir. Je m'attends à ce qu'elle résiste, mais non. J'avais oublié que ma chambre à Cropières n'était pas verrouillée. Je l'ouvre en grand, pour respirer l'air frais de la nuit. Comme je peux, je vais dormir la fenêtre ouverte. Ça me fera du bien. Rassurée par cette ouverture sur le monde, je prends le plateau pour commencer à manger. Je ne prends pas la potion de sommeil, mais je prends au moins les anxiolytiques. Et c'est là que je remarque quelque chose qui n'était pas sur le plateau quand ma mère l'a déposé. Une rose. Exactement comme celles que m'offrait Lorenzo tous les matins au petit-déjeuner. Je l'attrape, pour la regarder sous toutes ses coutures. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Je sais que c'est lui qui l'a dépose, c'est sûr. Je finis par la garder en main quand je me glisse sous la couette. Je continue de l'observer, en réfléchissant.

Lorenzo a fait tellement de choses pour moi. Je n'y avais jamais pensé avant, mais maintenant que je faisais la liste… Il m'amenait des fleurs tous les matins. Il y avait toujours des serviettes chaudes quand je sortais du bain. Il s'assurait qu'i y avait toujours mon café préféré dans les couloirs ; il m'avait fait goûté au chocolat italien quand j'étais enceinte, et il en achetait régulièrement pour moi. Quand je m'endormais hors du lit, je me réveillais toujours avec un plaid sur mon corps. Il m'offrait toutes les semaines un nouveau livre pour occuper mes journées, ou dès que j'évoquais quelque chose que j'aimais plus jeune, il me l'offrait le lendemain. Il a toujours acheté mon maquillage, mon parfum et mes soins préférés. Il me regardait toujours comme si j'étais la huitième merveille du monde, quand je respectais les règles. Il me faisait des compliments tous les jours. Et, Merlin, il me disait tous les jours qu'il m'aimait. Jamais je n'avais eu ça de Jordan, avec qui j'avais pourtant fantasmé un moment de passer ma vie. Et pour me prouver sa loyauté, il était prêt à me laisser ne pas prendre la potion de sommeil sans rêve, uniquement pour me prouver qu'il respectait toujours la règle tacite entre nous. Celle où il ne me touchait pas pendant que je dormais, sauf pour boire mon sang. Mais il me le disait toujours, et me disait l'emplacement. Je plaçais la rose sous mon nez pour en sentir la fragrance. Ça sentait presque comme la villa, et je sentis ma culpabilité grandir un peu plus. Lorenzo avait raison. Comment j'avais pu ne pas voir tous les efforts qu'il faisait pour moi ? Je me décalais légèrement dans mon lit, pour ne plus être au milieu. Et je posais la rose sur l'oreiller inoccupé, avant de fermer les yeux.

🙚 Vendredi 17 mai 2002

Quand j'ouvris les yeux, je n'avais pas bougé. La fenêtre était toujours ouverte, et la rose était toujours sur l'oreiller à côté du mien. Je me redressais, les yeux pas encore réveillés, en écoutant le bruit des oiseaux dans le jardin. Alors… Lorenzo avait raison ? Je pouvais lui faire confiance ? Il me laissait définitivement sortir de la villa ? Je n'avais plus besoin d'avoir peur d'y retourner ? Un peu plus rassurée, je me levais du lit. Nina était réveillée, aussi, et gazouillait. « Bonjour, toi… » Je lui souris doucement, pour la prendre dans mes bras. « Comment tu vas ? Tu as bien dormi ? » Maintenant que mes épaules étaient libérées de toute angoisse, j'avais l'impression de pouvoir plus parler à ma fille. Ma gorge n'était plus nouée. Je pouvais parler librement. J'embrassais sa joue, avant de sortir de la pièce. Je croisais ma mère, qui se dirigeait vers la salle de bain. « Bonjour, ma chérie. Tu as bien dormi ? » « Oui, merci. » Je souris à ma mère, qui semblait surprise. Mais elle continua, guillerette. « Tant mieux Aliénor, tant mieux. Depuis que tu es rentrée, tu n'es pas sortie. Alors, on va profiter de la matinée pour aller acheter plein de choses pour Nina. Il ne devrait pas y avoir trop de clients. » Je hochais la tête, avant de tourner les talons. Ma mère avait raison. Ma fille méritait une chambre digne de ce nom, et vite.

Quand je rentrais dans la cuisine, je n'y trouvais que Lorenzo, ainsi qu'une délicieuse odeur de café et de viennoiseries. « Bonjour… » Je tournais la tête vers la table, pour regarder ce qu'il y avait. Puis, sans comprendre pourquoi, je tiquais. Il y avait… Il y avait quelque chose qui manquait sur cette table. Je ne savais pas quoi, mais je le savais. « Quelque chose ne va pas ? » Si, j'avais trouvé. Il n'y avait pas l'habituelle rose. Comme celle qui était restée sur mon matelas. « Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que c'est Nina ? » « Pardon ? » Je sortais soudainement de ma transe, pour le regarder. Il s'était approché, et je pouvais lire l'inquiétude dans ses yeux. « Oh ! Non. Juste… Je me disais qu'il manquait quelque chose, mais ce n'est rien. » Je posais ma fille dans sa chaise haute, avant de commencer à dépiauter un croissant pour elle. Lorenzo se fit un devoir de verser du café dans une tasse, avant de la déposer devant moi. Je le remerciais, avant de dire ce qui me trottait dans la tête : « Ma mère veut m'emmener acheter les affaires de Nina, ce matin. Elle veut profiter que le magasin ne soit pas trop bondé. Je pensais à une chambre dans les tons de rose, un peu pastel, et… Et je me demandais… Ce que tu en pensais. » J'étais un peu nerveuse. Je n'avais pas peur de Lorenzo, mais j'avais peur de gaffer. Pas les gaffes habituelles. Disons que c'était la première fois que je tentais un réel pas vers lui, et je ne savais pas si je le faisais de la bonne manière. Mais quand je vis son regard s'illuminer, je compris qu'il était heureux. Heureux de constater que notre discussion d'hier soir avait porté ses fruits ? Je regardais autour de moi, pour vérifier que nous étions seuls, avant de parler, plus doucement : « Comme tu es son père, je voulais avoir ton avis… Comme ce sera sa chambre à elle. Je veux faire les choses bien. De toute façon… Je pense que tu seras le bienvenu pour les courses. » Je savais que ma mère serait ravie qu'il nous accompagne. Et moi, je savais que ça me rassurerait aussi.

Après avoir mangé une viennoiserie et quelques fruits, j'emmenais mon café et ma fille là-haut, rassurée. Le petit-déjeuner s'était bien passé, et le programme de la journée était fixé. Il fallait juste que je me prépare, et que j'habille Nina. C'était la première fois que je l'emmenais en courses, et j'étais presque… Excitée. J'allais pouvoir choisir moi-même comment la gâter dans le magasin. Et je savais que je pouvais prendre tout ce que je voulais, comme ma mère payait. Évidemment, elle était ravi que Enzo nous accompagne, et je constatais avec surprise qu'elle l'appelait désormais par son prénom. Soit.

Dans le magasin, ma mère m'emmena directement dans le rayon des papiers peints, pour que je puisse choisir. « Au fait, Aliénor chérie. Comme Lorenzo m'a dit qu'il devait passer à son bureau cet après-midi, je t'ai concocté une petite surprise pour que tu ne sois pas toute seule… » Elle me fit un clin d'oeil, avant de faire un signe à Lorenzo pour qu'il nous rejoigne. Je n'osais pas lui demander plus d'informations sur la « surprise », encore moins devant le vampire. Alors, je la laissais s'éloigner. Me retrouvant seule avec ce dernier, je me dirigeais vers les couleurs que je cherchais. « J'imaginais une chambre bicolore… un rose pastel, et un autre, un peu plus foncé… Comme ces deux-là. » Je lui montrais ceux que j'avais repéré, sentant doucement l'excitation s'emparer de moi. Depuis combien de temps, je n'avais pas acheter de choses par moi-même ? Lorenzo m'aida à choisir les papiers peints, puis on demanda au vendeur de nous réserver les meubles qui nous plaisait. C'était étrange de vivre ça avec lui, mais pas désagréable du tout. Comme si on repartait sur de nouvelles bases. Il m'aida même à choisir entre deux coussins. De temps en temps, je lui jetais des coups d'oeil, et il semblait content. Très content. Ça me rassura. Je n'avais plus à vivre dans la peur si je continuais comme ça, n'est-ce pas ?

🙚 Le même jour, l'après-midi

Après les courses, on avait mangé en ville. Ma mère et Lorenzo avait monopolisé la conversation, mais cette fois, je profitais un peu plus de leurs bavardages. Sans me questionner. Pas comme hier soir. Nina semblait ravie de prendre tout cet air frais, même si je commençais à la sentir fatiguée et excitée. Alors, après manger, Lorenzo nous redéposa à Cropières, avant de filer directement vers son bureau. Ma mère lui expliqua qu'elle-même ne serait pas là cet après-midi, mais qu'il se sentait libre de revenir ce weekend. une fois qu'il partit, ma mère se tourna vers moi, ravie. « Ta surprise attend à l'intérieur. Viens. » Je la suivis, dubitative, avant de tomber sur… « Jordan ?! » « Aliénor ! » Ma mère me fit un sourire espiègle, avant de partir de la maison. Apparemment, elle avait rendez-vous avec des amis, dans leur salon de thé préféré. Je posais Nina dans mon vieux parc, avant de me tourner vers lui. « Qu'est-ce que tu fais là ? » « Je suis venu te voir. C'est tellement bizarre l'ambiance qu'il y a entre nous, depuis la dernière fois… » Je me passais une main sur le visage, déjà agacée. Par Merlin, dans quoi je m'embarquais ?

Je nous fis poser sur le canapé, et on attaqua une discussion. Une très longue discussion. Je refusais de parler de ce qu'il s'était passé ces derniers mois, et heureusement, il ne me força pas. On parla seulement de mes ressentis, et de comment je voyais le futur. Et je fus honnête : je ne pouvais plus sortir avec lui. Pas avec Nina, pas avec tout notre passif. Je ne lui faisais plus confiance. Et j'avais trop peur de ce que pouvait lui faire Lorenzo si il savait qu'il était là. Pire encore, j'avais peur qu'il me trompe à nouveau. Heureusement, Jordan comprit. Je pense qu'il se doutait de ma décision, avec le peu de nouvelles que je lui avais donné. Alors, quand il se releva pour me dire au revoir, il me prit dans ses bras. Un dernier câlin d'adieu. Jusqu'à ce que j'entende la porte s'ouvrir, et, dans la seconde, je sentis qu'on tira Jordan de mes bras. « Enzo ?! » Qu'est-ce qu'il faisait là ? Il ne devait pas revenir que ce weekend ? Ou il profitait de l'absence de ma mère ? Dans tous les cas, je n'eus pas le temps de réfléchir au pourquoi du comment. Tout ce que je voyais était la rage meurtrière du père de ma fille. « Enzo, arrête, lâche-le ! » Mais je n'étais pas sûre qu'il m'entende. Je n'étais pas sûre de ce que je pouvais faire. Il était un vampire, je n'avais pas sa force. Mais j'avais peut-être quelque chose pour lui faire oublier sa colère. Je m'approchais rapidement, pour poser mes mains sur son bras, et essayer de le faire tourner vers moi. Tant pis si il tenait encore Jordan, je voulais juste qu'il me regarde. « Je t'en supplie, lâche-le, laisse-le partir, et en échange, je t'accorde une soirée. Le jour que tu veux, on ira où tu veux, on fera ce que tu veux. Et je t'expliquerai tout. Mais, s'il te plaît, lâche-le. » Je le regardais d'un air suppliant, pour essayer de lui montrer que j'étais sincère. Que lui aussi pouvait me faire confiance. Jamais je n'avais voulu le mettre en colère. Jamais.      
:copyright:️ Justayne

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~ I feel you holding me ~

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges
🙚 Lundi 30 octobre 2000

Voilà bientôt quinze délicieux jours qu'Aliénor est dans ma vie quotidiennement. Que je peux la voir, la sentir ou bien lui parler tous les jours. Jusqu'à présent je n'étais qu'une ombre dans sa vie, elle n'avait pas notion de mon existence tant je restais discret et ne l'abordais jamais avant ce soir là au bar. Je me contentais de la suivre de loin, de tout apprendre d'elle, de sa famille. Je repense tous les jours à cette merveilleuse nuit que nous avons passé tous les deux il y a deux semaines, où nos corps ne faisaient qu'un, où nous avions autant besoin l'un de l'autre. Elle s'était abandonnée dans mes bras, m'en avait demandé toujours plus et je m'étais fait un délice de la satisfaire. Pourquoi a-t-elle oublié ce moment intense entre nous ? Sa peau doit avoir en mémoire le bien que je peux lui faire, n'est-ce pas ? Peut-être a-t-elle seulement besoin que je le lui rappelle ?

Elle a pu visiter la Villa, et malgré ses questions indiscrètes sur les chambres de mes parents et de ma sœur jumelle - auxquelles je n'ai pas répondu - elle s'est bien comportée. Elle a eu le droit à des livres de la bibliothèque pour s'occuper. Elle commence à comprendre et je savais que je ne m'étais pas trompée sur sa personne. Aliénor est maline et intelligente. Elle apprend vite, même s'il faut lui expliquer de différentes manières, je saurai trouver ce qui lui convient personnellement, ce qui marche pour elle, en espérant qu'elle ne recommence pas à me décevoir.

Bien qu'il me soit difficile d'aller au Ministère sachant mon ange à la maison, j'y vais le pas plus serein, plus léger. J'ai pu verrouiller toute cette histoire et en devenir le marionnettiste. Je suis revenu dans le bar et j'ai Oubliété toutes les personnes susceptibles de nous avoir vu ensemble. Ils ont trouvé la lettre de Jordan, délibérément laissée, et il a été le suspect numéro un et auditionné au Bureau des Aurors. Petit à petit, je suis revenu responsable de cette histoire devenue piste criminelle, mon côté diplomate, polyglotte et irréprochable au Ministère Italien m'a permis d'être tuteur du dossier de son enlèvement. Ainsi je maîtrise toutes les enquêtes et peut envoyer qui je souhaite sur de mauvaises pistes au besoin. J'ai pu rencontrer les proches d'Aliénor, ses parents, ses sœurs. Je peux les surveiller d'un peu plus près à présent sans que cela élève le moindre soupçon. Les voir pleurer me dérange, je peux comprendre leur état, mais ils ne savent pas que leur fille est au bon endroit, choyée, aimée comme il se doit. Je ne peux pas leur dire combien elle sera heureuse à mes côtés, et c'est plus cela qui me dérange. Car je sais que leur peine n'est pas vraiment réelle, vu qu'Aliénor est entre de bonnes mains, en bonne santé et protégée.

Je me réjouis à chaque fin de poste de retrouver l'amour de ma vie. J'ai toujours une attention pour elle, un présent. Que ce soit un livre, une fleur, du maquillage, une paire de chaussure, des produits d'hygiène de luxe, des pâtisseries. Je cuisine aussi pour elle. J'écoute, comprends et intègre tout ce qu'elle peut dire. Bien qu'elle ne soit pas logorrhéique en ma présence, dès que j'entends le son de sa voix, je n'oublie aucune information. Dès que je peux assouvir ses désirs, je le fais avec plaisir, mais là, aujourd'hui, ce que je veux, c'est elle, son corps, ses lèvres, sa peau. Je veux mon plaisir.

J'ai tellement envie d'elle que c'est une véritable torture de retenir mes pulsions animales. Le sait-elle combien c'est dur ? Combien je lutte avec ma partie vampire ? Sait-elle tous les efforts que je fais pour elle ? Pour notre Amour ? Chaque fois que ses yeux dérivent sur les miens, j'ai envie de la faire mienne, et je me retiens jusqu'à présent, mais ce soir je souhaite qu'elle aussi se souvienne. Je peux lui faire un bien extrême, il faut que je le lui rappelle seulement, qu'elle voit combien je peux être doux, attentionné, le meilleur amant de sa vie. Je ne la mordrai pas, j'ai bien compris que c'était cela qui l'avait ennuyé la fois dernière. Je serai patient, je serai torride avec ma bouche sans être cruel. Je veux qu'elle cri mon nom, qu'elle en redemande, qu'elle comprenne que je suis celui qu'il lui faut. Je veux sentir littéralement son extase.

Un sourire radieux barre mon visage quand je rentre à la Villa. Je pose mes affaires, enlève mon manteau et monte à l'étage pour retrouver ma douce. Alors que j'ouvre la porte, je la vois se tenir le ventre. Je l'ai déjà vu faire cela. Je pense qu'elle a faim, je devrai lui laisser des denrées en mon absence.

« Est-ce que tout va bien Aliénor chérie ? Tu as faim ? »
« Tout va bien… Juste une crampe abdominale… »

Mes yeux se plissent, légèrement suspicieux et inquiet. Je ne veux que sa santé, son bonheur. J'ai toujours peur qu'il puisse lui arriver quelque chose en mon absence. Me le dirait-elle ? Je dois faire aussi l'effort de lui faire confiance. D’ailleurs peut-être que je pourrai lui donner l'accès à la Villa dans les prochains jours ? Pour lui montrer que moi aussi je sais être concilient.

J'approche de son lit et son cœur s'accélère, j'aimerai penser que c'est son désir pour moi, comme la passion amoureuse des débuts. Moi, si j'étais toujours humain, mon cœur battrait fort dans ma poitrine, pour elle, toujours. Elle est tellement belle, assise là, sur... son lit. L'envie est puissante maintenant que je respire ses odeurs. Des journées à passer dans cette chambre, il y a différentes flagrances, ce que je préfère, c'est son odeur naturelle, tout ce qu'elle me renvoi. Je m'approche près, plus près, je ne peux plus lutter. Je ne suis plus capable de garder une distance noble entre nous, il faut que je l'embrasse, que je la touche.

Ma bouche vient d'abord trouver la sienne. Elle ne me repousse pas, je sens qu'elle n'est pas à l'aise, mais elle ne me repousse pas. Est-ce un oui ? Est-ce un début ? C'est plutôt prometteur. Ses lèvres sont un peu sèches mais je me promets qu'après ce moment, elles seront rouges, humides et pleines de plaisir. Je quitte ses lèvres pour venir embrasser son cou, elle bascule sa tête en arrière et mon esprit explose de satisfaction. Oui elle est prête, elle me veut, bien qu'elle soit encore sur la retenue. Je sais qu'elle a encore peur, mais tout va revenir, elle va à nouveau s'abandonner à moi, dès le premier orgasme que je lui donnerai, elle ne pourra pas résister, elle va se détendre. Elle lève les bras alors que je fais glisser son chemisier au dessus de sa tête.

« Mon amour, je vais te faire tellement de bien, sois en sûre, je... »

Je m'arrête aussitôt. Qu'est-ce ?! Qu'est-ce que j'entends ? Ce n'est pas possible. Ce n'est pas... je... non ! Mon visage se ferme instantanément, l'envie, le plaisir, la joie disparaissent immédiatement. Je suis mortifié. Je penche mon oreille à son ventre nu. Bum-bump bum-bump bum-bump bum-bump bum-bump.

« Qu'est-ce qu'il y a…? »
« Un second cœur. J'entends un deuxième battement.»

Je ne peux pas y croire. Aliénor est enceinte ? Elle ne le peut pas. Je ne le veux pas. Ce n'était pas prévu. De qui est-elle enceinte ? De Jordan ? Cet enfant n'est pas légitime. Il n'est pas prévu dans notre histoire. Je ne veux pas d'enfant, encore moins si c'est le bâtard de Jordan. Il est hors de question que nous le gardions. Il est hors de question qu'un parasite captive tout son amour, qu'elle se détourne de moi, qu'elle ne s'offre pas entièrement à moi. Je la veux pour moi tout seul, je ne veux ni partager, ni faire de compromis. Je la veux entière, pas à moitié. Et un enfant, c'est un gouffre, c'est synonyme de mort, c'est néfaste, c'est dévastateur. Non, il en est hors de question. Il faut que je réfléchisse à une solution pérenne. Vaut-il mieux se débarrasser de l'enfant dans son ventre où en dehors de son ventre ? Est-ce qu'Aliénor finira comme Lucie ? Est-ce que cet embryon va causer sa mort ? Je ne peux pas croire que mon destin soit ainsi, que les schémas se répètent. Mais j'ai appris de la vie, je ne laisserai personne faire du mal à Aliénor, pas même cette vermine dans son ventre. Je ne veux pas revivre la perte, le deuil. Je ne veux pas revenir dans mes anciens tourments, j'ai enfin trouvé le bonheur, l'Amour. C'est la paix à ses côtés que je veux, pas le chaos et la douleur. Pas encore.

« Un… Second… Un second battement de cœur ? »
« Oui, un second cœur. Tu es enceinte Aliénor.»

Je me redresse comme si sa peau était de l'acide. Je me relève du lit et quitte la chambre sans rien dire, le visage hermétique à tout sourire, à tout bonheur. Je ne suis qu'une pulsion de désarroi, de dégoût et de haine profonde pour cet être qui grandit dans le ventre de ma belle. Il va la tuer, il va me la prendre, je dois agir.

J'ai envie de vomir, mais je sais qu'il m'est impossible de le faire depuis bientôt 40 ans, depuis que je suis devenu un vampire. Mon ventre se creuse, sous la peur, la faim. Je sors de la Villa, je ne peux pas rester sous le même toit qu'elle pour le moment. Je pars en recherches d’informations médicales, il faut que j'évalue tous les risques. Lui faire perdre le bébé dans son ventre où en dehors de son ventre ? Peut-elle seulement l'aimer à l'intérieur d'elle ? Je sais que Lucie disait aimer son enfant, notre enfant avant qu'il vienne au monde. Et... je l'aimais aussi. Mais je ne commettrai pas la même erreur, cet embryon va me voler l'amour de ma vie, il va la conduire un pied dans la tombe ou attirer toute son attention, toute sa dévotion. Je le refuse. Je ne partagerai pas ma femme.

Il y a une chance pour que cet écornifleur dans son utérus soit de moi. Je ne peux pas en être encore sûr. Il faut donc laisser cette grossesse évoluer. Cela serait un trop grand risque d'avorter une femme enceinte d'un demi-vampire. Elle pourrait risquer une réaction fatale en raison que du sang de vampire coule dans ses propres veines. Mais en même temps, la grossesse d'une humaine enceinte d'un vampire est la pire qui soit. Mais elle risque plus à avorter. Donc si cet enfant est le mien, je m'en débarrasserait à la naissance. Elle n'aura pas le temps de s'y attacher, je n'aurai qu'à dire qu'il n'a pas respiré, qu'il est mort né, quelque chose dans ce goût là. Elle n'aura pas le temps de l'aimer, elle s'en remettra. Et si cet enfant est de Jordan, alors je lui ferai boire de quoi la délivrer de cette monstruosité.

Quand je rentre à la Villa avec ce plan, ces solutions, je suis déjà plus apaisé, je ne suis pas content, mais je suis rassuré de pouvoir résoudre ce problème. Il n'y a plus qu'à attendre un peu de voir de qui est cet embryon. Je retrouve Aliénor au plus vite, mais quand j'arrive dans le couloir, je vois la porte de la chambre ouverte, je l'avais pourtant bien fermée en partant, je n'oublie jamais. Je fais alors quelques pas en arrière, humant l'air comme un prédateur, je retrouve rapidement son eau de parfum et me dirige vers une deuxième porte ouverte. J'ai un choc en la voyant. C'est la chambre de ma jumelle, et quelques pas suffisent pour voir la vitre brisée et le froid entrer dans la pièce. Mon cerveau explose de rage. J'accélère jusqu'à la fenêtre où je vois du sang couler, son sang. Je fais glisser mon doigt sur un bord saillant et vient récupérer du sang avant de le porter à mes lèvres et le sucer.

Mes yeux prennent la couleur rouge carmin et mon instinct prend le dessus. Tous mes sens se mettent au service du vampire. D'un bond facile je sors pas la fenêtre et accélère aussi rapidement qu'il m'est possible de le faire, tout en suivant les traces et l'odeur du sang. J'ignore depuis quand elle est partie, si elle a pu trouver présence humaine. Il y a tout de même un grand parc naturel, beaucoup d'espace vert avant de trouver une civilisation. Elle se sait pas où elle se trouve, elle n'a pas de baguette, elle est - au vu des traces - pieds nus. Elle n'a pas pu partir loin. Je la piste, je la traque jusqu'à enfin pouvoir l'entendre. Haletante après sa course, du sang coule de son bras, ses habits en sont maculés. Je ne fais pas de manière et vais directement à sa rencontre. Je lui barre le chemin, sa peur est à son comble, son cœur manque de s'arrêter. Mon regard est noir, dangereux, menaçant. Si je ne l'aimais pas comme je l'aime, je lui aurai probablement brisé le cou dans un mouvement sec.

Je serre mes poings, les jointures craquent, la douleur me fait garder le contrôle, je sais qu'un mot, un geste pourrait me faire perdre le contrôle. Je pourrai me dire que si moi je ne peux pas l'avoir, personne ne l'aura, ni cet enfant, ni un autre homme. Personne. Je partirai avec elle, pour la rejoindre dans l'éternité, mais je la préfère vivante.

« Je suis extrêmement déçu par ton comportement irréfléchi et irresponsable mon amour. Enceinte, tu fuis un environnement sécure pour toi, en te blessant et courant pied nu, sans aucune ressources dans un espace boisé inconnu ? N'as-tu aucune considération pour ta propre vie ou celle de ton enfant ? Tu as un toit et tout ce qu'il te faut à la Villa. Pourquoi prendre le risque de te faire dévorer par je ne sais quoi dans ces bois, où tomber sur un vampire moins compatissant que moi.»

Je sais que je transpire la colère, la froideur et la dangerosité. Mais je n'y peux rien. Je serai prêt à tout pour elle, je n'ai aucune crainte qu'elle comprenne que je peux être moins indulgent. Mes yeux se fixent sur son bras, sur la blessure où je vois goutte par goutte le sang couler. Mon estomac se creuse, j'ai faim, et je dois boire. Alors sans réfléchir, je vole presque à elle et récupère son bras pour y planter mes crocs et boire le sang, le chemin est déjà tout tracé avec les entailles du verre. Elle hurle et essaye de me repousser. Mais je serre son bras tout en décrochant doucement mes crocs de sa chair pour lui parler.

« Tu es responsable de tout cela, tu as provoqué cette situation. Je n'ai pas bu depuis des jours, et tu m'offres ton sang sur un plateau, je ne peux pas toujours me contrôler Aliénor. Alors sois gentille jusqu'à ce que je finisse, tu m'as déjà si fortement déçu pour aujourd'hui.»

Je n'attends pas vraiment de réponse et continue de boire en replongeant mes crocs en elle. Ses genoux cèdent sous l'angoisse, la peur, la douleur que sais-je ? Aussi je ne la retiens pas et m’accroupis en même temps qu'elle, sur le sol froid et humide de la forêt. Je me délecte de son sang, très différent de celui d'avant ce fœtus en elle. Je m'arrête seulement pour ne pas risquer de l'éprouver plus que cela. Elle est gelée alors que je la récupère dans mes bras. Elle ne lutte même pas, la fatigue, le manque de sang, la grossesse, on dirait une poupée désarticulé dans mes bras.

Je la soulève du sol et l'accroche bien pour qu'elle ne chute pas. Je nous ramène à la Villa où je la dépose sur le canapé. Je viens la couvrir d'un plaid avant de partir chercher une pharmacie de secours. Je récupère de quoi nettoyer et désinfecter sa peau blessée. Je viens tout recouvrir de compresse et d'un bandage. Je ne parle pas, je me montre très froid et distant, sans pour autant manquer de douceur dans mes gestes. Maintenant que j'ai bu, je peux garder le contrôle. Je prends soin d'elle, tendrement, mais je n'y mets pas les formes en souriant ou la couvrant de mots doux. Je veux qu'elle comprenne ma colère. Je veux que ce bébé meure.

Une fois soignée, je vais en cuisine préparer du café. Je prépare un plateau où j'y installe la tasse de café, du chocolat italien et une rose. Je pose le plateau sur la petite tablette de son côté de l'assise.

« Bois et mange, je reviens.»

Je la quitte pour aller sceller la chambre de ma sœur. Je répare la vitre, je lance un sort dessus. Je referme la porte et commence à réfléchir. Comment a-t-elle réussi à ouvrir ? Sans baguette, sans abîmer la porte ? J'ai besoin de savoir, il faut que je sache. A-t-elle une clef ? Un outil ? C'est peu probable mais ce n'est pas impossible aussi qu'elle ait fait de la magie sans baguette. Je reviens vers elle et ne fait aucun commentaire sur ce qu'elle a bu où mangé.

« Comment es-tu sortie ? Comment as-tu fait ? Je veux savoir.»

Eighteen months you sold as some forbidden paradise E626d269b59f2f7432cf4feb4d52bb79

Elle ne répond pas. Je fais un peu menaçant vers elle.

« Lève toi et déshabille toi.»

Ses yeux se tournent vers moi, choquée. Elle ne semble pas bien sûre d'avoir compris ma requête, alors je me montre plus clair.

« Si tu ne veux pas me dire ou me montrer, je vais devoir te fouiller. Alors lève toi et déshabille toi. Je vais fouiller les moindre recoins de ton corps chérie, si tu ne le fais pas toi, je le fais moi.»

J'avance d'un autre pas et elle finit par me tendre la petite accroche à cheveux. Je lâche un rire nerveux.

« Tu te moques de moi ? Cette épingle a déverrouillé les portes ?»

C'est ridicule, je n'ai jamais vu une telle chose possible, que dans des films moldus, mais je n'y ai jamais cru. Je n'ai jamais eu besoin d'essayer de toute façon. Mais je veux bien apprendre.

« Montre moi alors.»

Je viens la saisir par le bras non blessé et serre suffisamment pour la dissuader de résister. Je l'amène à l'étage et la place devant la porte de sa chambre que je ferme par magie.

« Ne me met pas plus en colère que je le suis mon ange, et montre moi tes talents.»

Elle finit par s'exécuter et me confie que c'est sa sœur qui le lui a appris. Isabeau sans nul doute, cette sœur est une vraie épine dans mes mocassins de luxe. La serrure cède tout comme mon cœur. Je ne l'avais vraiment pas vu venir celle là. Et bien puisse qu'il en est ainsi. Je lui fais signe de la main de rentrer dans la chambre.

« Après toi.»

Elle n'hésite pas trop à rentrer et se diriger vers le seul endroit lui offrant de la consistance, son lit. Je sors la baguette de la poche intérieure de ma veste, et je viens Accioter toutes les épingles à cheveux. Je récupère un petit sac où je viens aussi mettre tous les bijoux que je trouve et qui pourrai servir de crochets. J'ouvre tous les tiroirs et je fouille dedans. Je fais le tour de la chambre essayant de trouver et réunir tout ce dont elle pourrait se servir pour me fuir à nouveau. Mais on est jamais trop prudent. Je vais à la porte de sa chambre et vient enlever poignée et serrure. La porte n'est donc plus qu'une planche avec un trou de la taille d'un Gallion, ne lui permettant plus d'intimité derrière cette porte. Je ferai de même avec toutes les portes de cette maison. Mais je dois faire plus, je dois m'assurer que même si elle arrive à partir, je puisse la retrouver. Elle ne fera pas l'erreur une seconde fois de se blesser. Son sang est comme un GPS pour les moldus. Et j'ai déjà ma petite idée.

Je ferme la porte magiquement, sans une parole, sans un sourire, sans aucune information. Je la laisse réfléchir à ses erreurs. Je ne lui apporte ni livre, ni nourriture ce soir là. Je passe ma soirée et la nuit à faire des croquis d'une bague.

🙚 Mardi 31 octobre 2000

Le matin je quitte la Villa pour rejoindre un bijoutier dans un village sorcier en Italie, près de Rome. Je lui montre mes dessins et il réalise alors un anneau en or pur, prenant les traits fin des feuilles de laurier.

La Bague :


Je prends soin d'Oubliéter le bijoutier avant de le quitter, non sans avoir laissé de l'argent dans la caisse. En revenant à la Villa, je lance des sortilèges très spéciaux sur la bague. L'anneau ne pourra jamais être retiré de son doigt, si ce n'est de moi. Il permettra de la géolocaliser en permanence. Si l'envie de me fuir se reproduit, je pourrai la retrouver. Je mets la bague dans un écrin que je viens déposer sur le plateau de son déjeuner, poser sur le comptoir de la cuisine.

Il est déjà 14h quand je viens ouvrir sa chambre. Je la regarde, assise sur le lit, cette fois elle ne peut s’empêcher de me regarder furtivement, comme prenant la température sur mon état émotionnel, je suis moins en colère qu'hier. J'avance vers elle et viens m'accroupir à ses pieds. Je la regarde avec attention alors qu'elle fuit à présent mon regard. Elle est couverte de boue de la veille. Bien qu'elle ait changé de vêtement, elle a encore du sang collé à sa peau. Je lui donne ma main, mais comme elle ne la prend pas, je viens chercher la sienne et la fait se lever du lit. Je l'accompagne dans la salle de bain et l'approche près de l'évier. Je viens défaire son bandage et quand je soulève les compresses je m'arrête de bouger et fixe ses blessures. Aliénor voit mon changement et fixe elle aussi son bras blessé.

La taille des entailles a drastiquement réduit et se referme trop rapidement pour... une humaine. Elle ne comprend pas et me regarde, elle me demande ce que cela veut dire. Ce que j'ai fait à son bras. Alors que je n'avais fait que la désinfecter. Je suis abasourdi, déçu. J'aurai préféré l'autre option, celle de l'avortement.

« Je n'ai rien fait. Enfin pas vraiment. Ce que tu as dans ton ventre porte mon sang, c'est pour cela que tu cicatrices plus rapidement. Dans les prochains jours tu vas certainement avoir des différences notables dans ton corps, une meilleure vue, un meilleur odorat, une meilleure ouïe, plus de forces. Et il va t'en falloir pour supporter cette grossesse.»

Elle accuse le coup, et moi aussi je dois dire. Je ne sais pas quoi faire, comment réagir, j'ignore quels mots elle souhaite entendre. Je vais faire souffrir la femme que j'aime le plus au monde. Elle va subir par ma faute. Son corps va se déglinguer parce que je l'ai mise enceinte.

« Je suis navré ma douce, je n'ai jamais voulu avoir un enfant, il ne sera pas un problème trop longtemps. Je t'aiderai du mieux possible.»

Je ne la regarde pas, j'en suis incapable, au lieu de cela, je laisse son bras et me recule jusqu'à arriver à la porte de la salle de bain.

« Je t'attends dans la cuisine, prend le temps qu'il te faut.»

Je referme la porte. Je me sens dévasté. Dans un sens, j'aurai voulu qu'il soit de Jordan, pour m'en débarrasser au plus vite. Mais d'un autre, je suis ravi qu'il n'y ait RIEN de lui en elle. Il est de moi et c'est la seule consolation. Il ne sera pas évident de se débarrasser d'un bébé, mais s’il le faut, je lui ferai Oubliéter la maternité. Notre amour doit être la priorité.

Elle finit par descendre et me rejoindre après sa douche et un temps pour elle. Elle voit le plateau, avec des tartines, saumon, avocat, œufs, café, jus frais, des fruits en morceaux. L'éternelle rose et l'étui de la bague. Je l'invite du regard à s'approcher du comptoir. Elle commence à manger sous mes encouragements. Peut-elle seulement refuser mes ordres aujourd'hui ? Après le fiasco de la veille ? Et puis elle n'a pas mangé depuis des heures, je suis capable d'entendre son estomac crier famine. Et la phrase « mange pour le bébé » et assez efficace. Elle regarde la boite de la bague sans rien dire, et alors que je fais couler son café, je lui demande de l'ouvrir. Elle découvre l'anneau de laurier. Je pose le café devant elle et vient prendre la bague entre mes doigts.

« Main gauche ma belle, s'il te plaît.»

Elle hésite, mais mes yeux sont insistants, pressants. Elle me tend ses délicats doigts et je viens passer l'anneau sur son annulaire, j'en fourmille de plaisir et d'excitation. J'aimerai me marier avec cette femme, et je le ferai un jour. Mais pour l'instant, cet anneau a beaucoup de signification. Elle m'appartient déjà, corps et âme.

« Tu te doutes peut-être de l'origine de mon prénom ? Il vient du latin "laurus", qui signifie "laurier". Arbuste consacré à Apollon, il symbolise l'immortalité acquise par la victoire. C'est pourquoi son feuillage sert à couronner les héros, les génies, les poètes et les sages. Et aujourd'hui toi mon amour.»

Je viens porter son doigt couronné à mes lèvres et y dépose un tendre baiser avant de libérer sa main.

« Mais connais-tu l'histoire de Daphné ? C’était la fille du fleuve Pénée. Comme elle fuyait Apollon, elle invoqua le secours de son père qui la métamorphosa en laurier. Le dieu du jour voulut dès lors que cet arbre lui fut consacré, et il s'en fit une couronne qu'il porta toujours. »

Je me lance alors dans une jolie tirade, que je connais par cœur. Un poème de Ange-François Fariau de Saint-Ange.

« Puisque du ciel la volonté jalouse,
Ne permet pas que tu sois mon épouse,
Sois mon arbre du moins ; que ton feuillage heureux
Enlace mon carquois, mon arc et mes cheveux ;
Aux murs du capitole, à ces brillantes fêtes
Où Rome étalera ses nombreuses conquêtes,
Tu seras du vainqueur l'ornement et le prix.
Tes rameaux respectés des foudres ennemis,
Du palais des Césars protégeront l'entrée ;
Et comme de mon front la jeunesse sacrée.
N'éprouvera jamais les injures du temps,
Que ta feuille conserve un éternel printemps.»


Je veux être le seul et unique dans sa vie. Si je ne peux l'avoir, personne ne l'aura. Personne ne pourra passer de bague à ce doigt, sans que j'y enlève moi même l'anneau. Elle m'appartiendra toujours. Cette idée me met de bonheur humeur et je retrouve mon sourire.

🙚 Vendredi 17 mai 2002

« Pardon ? Oh ! Non. Juste… Je me disais qu'il manquait quelque chose, mais ce n'est rien. »

Qu'il... manquait quelque chose ? Je regarde un peu partout dans la cuisine. J'essaye de retrouver la direction qu'avaient ses yeux dans le vague. Je ne trouve rien qu'il manque. Qu'ai-je oublié ? Je me sens pris à défaut. L'ai-je déçu ? Ne lui offrais-je plus le meilleur ? Je me dépêche de lui servir une tasse de café, peut-être est-ce cela qui lui manque ? Je n'ai pas été assez réactif ?

« Ma mère veut m'emmener acheter les affaires de Nina, ce matin. Elle veut profiter que le magasin ne soit pas trop bondé. Je pensais à une chambre dans les tons de rose, un peu pastel, et… Et je me demandais… Ce que tu en pensais. »

Je suis tellement surpris que je suspens mes gestes et penche ma tête sur le côté en la regardant. Puis je retrouve un semblant de mouvement. Elle veut savoir ce que j'en pense ? Elle me demande mon avis ? Je le demande pour être vraiment sûr.

« Tu as besoin de moi ? De mon avis pour la chambre de Nina ?»

Mes yeux brillent de reconnaissance, d'un amour nouveau. Elle me fait enfin confiance ? Est-ce qu'elle accepte enfin la situation ? Que je suis toujours disposé pour elle et notre fille ? Pour leur bonheur ? Est-ce qu'elle me souhaite enfin sincèrement dans sa vie ? Mes paroles d'hier l'ont-elles encouragé à s'ouvrir à moi ? Je lui souris gracieusement alors qu'elle regarde que nous sommes bien seul dans la pièce.

« Comme tu es son père, je voulais avoir ton avis… Comme ce sera sa chambre à elle. Je veux faire les choses bien. De toute façon… Je pense que tu seras le bienvenu pour les courses. »

Bienvenu pour les courses ? Elle souhaite que je sois présent ? Elle veut bien faire les choses ? C'est inespéré, je prends la grâce de ce moment qui réchauffe mon âme.

« Je pense que Nina aimera n'importe quelle couleur que sa mère aura pris soin de choisir pour elle. Si le rose te plaît, il me plaît aussi, mais je veux bien t'aider à choisir aujourd'hui, avec plaisir.»

L’essentiel est qu'elle n'arrache pas le papier peint quelques jours après. Je regarde notre fille manger son croissant. Je suis rempli de légèreté. Je regarde Aliénor manger, elle semble plus sereine, plus... ouverte. On dirait un jour nouveau. Je mets là le doigt sur une nouvelle facette d'elle à mes côtés, elle semble moins sur la retenue et cela se confirme sur la sortie.

Après un pieu mensonge à Béate sur ma présence à leur côté,  et non pas un autre agent du Ministère, je les ai accompagné comme un vrai gentleman dans tous les rayons qu'elles ont souhaité visité. J'ai même gardé précieusement ma fille lorsqu'elles voulaient regarder rapidement un article à deux. Moments que j'ai bénis pour pouvoir avoir de véritables interactions paternelles avec ma douce progéniture.

J'ai surpris ma belle dire à sa fille qu'elle lui avait réservé une surprise cet après midi même, alors que je serai au bureau. J'essaye d'imaginer ce que cela peut-être, certainement un moment féminin en duo ? Pour que ma présence ne dérange pas. Un coiffeur à domicile ? Une esthéticienne ou un massage à domicile ? Bien que je sois dérangé par l'idée que quelqu'un d'autre que moi touche le corps de ma reine, je ne dois pas trop interférer dans leur lien, elles sont besoin de retrouver un moment complice et je ne dois pas éveiller des soupçons maintenant. Pas alors qu'Aliénor s'ouvre à moi, me fait rentrer délibérément dans sa vie. Alors que nous sommes dans les rayons des papiers peints, elle me sollicite à nouveau.

« J'imaginais une chambre bicolore… un rose pastel, et un autre, un peu plus foncé… Comme ces deux-là. »

Je la regarde avec une tendresse et un amour si pur. Elle semble si heureuse d'être là, je peux presque percevoir l'excitation de cette situation. Elle ici, dans la vrai vie, à faire les boutiques. A mes côtés. Je quitte son visage un instant pour regarder les couleurs qu'elle me montre et m'y intéresser sérieusement.

« Si je peux me permettre, ce rose plus foncé irait encore mieux avec ce pastel. A mes yeux de vampire, ils sont plus chromatique harmonieux.»

Je me prends volontiers au jeu et continue de donner mon avis notamment pour les coussins. Aliénor a énormément de goût et je n'ai pas beaucoup à redire pour le choix des meubles de la chambre de notre fille. Cet avant goût de vie à deux me plaît. J'ai hâte de vivre avec elle, de la voir décorer notre maison. J'ai hâte de lui payer tout ce qu'elle regardera avec envie sans même le demander. J'ai hâte de ne jamais la décevoir. Je garde mon sourire, mon air satisfait et même comblé toute l'après midi. Béate semble tout aussi aux anges de voir sa fille comme je la vois, plus vivante que les jours précédents, plus apaisée.

Je leur paye le déjeuner dans un petit restaurant bien réputé. Béate plaisante et converse avec moi, comme si je faisais partie prenante de leur famille. Et je le serai bientôt, il va vraiment falloir que notre histoire commence dans leur réalité à eux. Je pourrai commencer à leur faire comprendre qu'Aliénor me plaît, que je me suis attaché à elle, que je tombe amoureux d'elle. Je ne sais pas comment ils le prendraient, seraient-il effrayés ? Flattés ? Outrés ? Je dois d'abord tâter le terrain de leur sentiment à mon égard si je devenais leur gendre, alors que je me suis toujours montré très professionnel. Ils ont confiance en moi, mais pourraient-ils la perdre si je leur avouais des sentiments non professionnel pour leur fille fraîchement rescapée d'un terrible tordu encore dans la nature ?

Aussi de temps en temps, je laisse Béate me surprendre à regarder sa fille d'une autre manière, moins sérieuse, plus tendre. Un regard peut donner des indices à posteriori, sans rien vraiment révéler. Je pourrai toujours argumenter un regard. Et si je vois que cela lui plaît, alors j'hésiterai de moins en moins à être plus direct.

🙚 Le même jour, l'après-midi

Je les laisse à Cropières avant d'aller au bureau, le cœur léger mais débordant d'amour et de passion. J'ai un sourire beaucoup trop sincère, beaucoup trop chaleureux quand j'arrive au Ministère, ce qui soulève probablement des interrogations.

« Monsieur Peretti je vous ai posé les derniers dossiers sur votre bureau. Souhaitez-vous autre chose ? »
« Non je vous remercie Laurencia. Peut-être un café bien serré pour m'attaquer à ce dossier.»
« Je vous apporte cela tout de suite ! »

Laurencia est ma secrétaire personnelle. Son cerveau doit certainement être une vrai passoire avec le nombre de fois où j'ai du l'Oubliéter, mais elle m'est très utile, elle est très efficace et fidèle, je suspecte depuis les quatre années qu'elle travaille à mes côtés son désir pour moi. Il est vrai qu'avant de rencontrer Aliénor, j'ai couché quelques fois avec elle et le lui ait fait oublier. Car je n'ai jamais voulu que quelqu'un s'attache à moi ou me trahisse si je m'attachais. Laurencia me sert de couverture, de petit pion que je peux utiliser en toute circonstance. Malgré les effaçages de mémoire, elle n'oublie jamais combien elle craque pour moi. Seulement elle n'a aucun idée de combien elle me laisse indifférent.

Après avoir relus plusieurs fois le dossier et commencé à remplir quelque document officiel, je me lève pour récupérer une carte professionnelle dans la poche de mon manteau, c'est là que je le sens, l'un des doudou de ma fille. Diantre ! J'espère qu'Aliénor n'a pas eu de mal à endormir Nina à la sieste, mais je devrai probablement le ramener avant ce soir. J'enfile mon manteau et m'arrête devant le bureau de Laurencia.

« Je m'absente quelques minutes, pouvez-vous envoyer ces hiboux en mon absence ?»

Je dépose quatre courriers à poster devant elle et transplane à Cropières. J'avance d'un pas sûr, je n'ai aucun mensonge à trouver pour venir cette fois. Il me suffira de rester juste quelques secondes en me confondant en excuse pour avoir oublié le doudou dans ma poche, après tout Nina l'a fait tomber un nombre incalculable de fois dans les magasins aujourd'hui.

Mais quand j'arrive devant la porte, je tends l'oreille, ne voulant pas couper un moment crucial dans la relation d'une mère et sa fille, et je surprends alors la voix d'une vermine qui je croyais ne s'approcherait plus jamais de cette maison. Mais le pire n'est pas sa voix, c'est de le voir dans les bras de ma douce quand j'ouvre la porte, au Diable les bonnes manières. En une fraction de seconde je les sépare et l'attrape par le col en collant son dos contre un mur.

« Enzo ?! »

La rage transpire de chacun de mes pores. Je serre fort jusqu'à presque l'étrangler. Je jure que je vais détruire cet homme, je vais d'abord le vider de tout son sang, il sera aussi blanc que sa pierre tombale, si jamais ils retrouvent son corps.

« Enzo, arrête, lâche-le ! »

Mais avant de le vider de son sang, je lui crèverai les yeux pour les avoir posé sur elle, je lui arracherai les mains pour l'avoir touché, et je couperai sans langue pour l'avoir trahi, menti et trompé. Mes yeux sont si proche de la couleur du sang qu'on jurerai que je suis sorti de l'Enfer. J'espère qu'il a peur, j'espère qu'il réalise son erreur, qu'il compte les secondes qu'il lui reste. TIC TAC.

Je sens alors les mains d'Aliénor sur moi. Elle pousse dessus et je dois presque réfléchir pourquoi elle fait cela, ce qu'elle fait tout simplement. Cherche-t-elle à défaire ma prise ? Je tourne mon regard vers elle et elle me regarde, sans détour. Je fronce mes yeux, je me refuse à ce que ma colère se pose sur elle, je refuse que ses yeux meurtriers la salissent, alors je fais l'effort de changer de masque, pour elle.

« Je t'en supplie, lâche-le, laisse-le partir, et en échange, je t'accorde une soirée. Le jour que tu veux, on ira où tu veux, on fera ce que tu veux. Et je t'expliquerai tout. Mais, s'il te plaît, lâche-le. »

Je suis sous un choc certain. Je ne réalise pas ce qu'elle vient de dire, alors je le répète dans ma tête où la tempête est violente. Où l'envie de détruire, de tuer cet homme est forte. Elle m'accorde une soirée, une rendez-vous, quand je veux, où je veux... si je le lâche. Lâche-le Lorenzo, fais-le. En cet instant, elle est le seul garde-fou de cet imposteur. Je regarde ses yeux suppliant.

« Qu'il te touche est au delà de ce que je peux accepter. Tu le sais.»

« On fera ce que tu veux. » Ce que je veux... Elle supplie encore. Je prends conscience de toute la situation. Aliénor me touche, me supplie et me promet un rendez-vous où je pourrai faire ce que je souhaite. Je pourrai être avec elle. Alors que j'entends le souffle court de Jordan, je desserre progressivement ma prise jusqu'à finir par le lâcher d'un coup. Je me recule d'un pas mais mon regard se pose noir et destructeur sur lui.

« Monsieur Peretti je suis confus, je ne comprends pas ce qui se passe. »

Je serre ma mâchoire jusqu'à faire grincer mes dents de vampire, prêt à le dévorer, à lui arracher la peau de son cou. Monsieur est confus et ne comprends pas ? Je tourne mon regard vers Aliénor, comme attendant qu'elle réagisse et règle la situation. Je croise les bras sur ma poitrine en bombant le torse.

« Il faut juste comprendre qu'elle n'est plus disponible pour vous depuis un moment. Et que je la protégerai toujours.»

Il tente de se rhabiller et remettre ses habits droit.

« Mais Monsieur Peretti, vous devez faire erreur, j'étais le petit ami d'Aliénor, je ne lui veux aucun mal. J'ai été innocenté dans cette histoire. Aliénor dis-lui que ce n'était pas moi, que je ne t'ai pas enlevé.»

Je fais un pas vers lui menaçant.

« Vous ne lui voulez aucun mal ? Aucun mal ? Vous avez agit de la pire manière qui soit quand vous étiez à ses côtés, quand elle était encore à vous. A présent elle mérite mieux.»

Abasourdi, il essaye de capter le regard d'Aliénor, mais je me place entre les deux. Je refuse que les yeux que je ne peux pas crever se posent encore sur elle.

« Aliénor, tu... tu lui as parlé ? Tu lui as raconté tout... ça. Tu sais que j'ai changé, que je ne suis plus le même, je... vous vous parlez...» Finit-il par marmonner.

J'ignore ce qu'il a compris, ce qu'il réalise, je ne cherche pas à dissiper des soupçons sur un potentiel dialogue entre nous. C'est hautement plausible même s'il en parle à sa famille, je passe beaucoup de temps chez eux, nous avons largement pu avoir des discussions de ce genre avec Aliénor. Et cela pourrait m'arranger par la suite, avec mes beaux-parents si ce rat dégoût venait à parler.

Je me recule jusqu'à tant de sentir Aliénor dans mon dos et je fais un signe du bras à Jordan pour lui indiquer la porte de sortie. Mon aura est encore très menaçante et il doit le sentir parce qu'il ne réfléchit pas longtemps avant de prendre le chemin de la porte d'entrée.

« Bonne... bonne soirée Aliénor. Monsieur Peretti...»

Je me suis décalé de sorte qu'il ne puisse pas avoir un seul regard de ma bien aimée. Je ne réponds pas, et les mots d'Aliénor sont si discret que je ne suis même pas sûr qu'il ait pu les entendre ou qu'elle les ait prononcé. Quand la porte se ferme je me tourne vers elle. Ses yeux hésitent entre fixer le sol et les miens. Je viens alors prendre sa main tendrement et y dépose le doudou de notre fille dedans. Il est doux, il a son odeur, il est un fil rouge, un message fort. Je veux qu'elle comprenne par ce geste qu'elles seront toujours ma priorité, qu'elles m'appartiennent et que je suis le père de sa fille. Moi, pas cet ignare lâche et répugnant.

« C'était lui la surprise de ta mère ? Est-ce qu'il t'a embrassé ou tenté autre chose ?»

Je la crois quand elle me dit qu'elle n'était pas au courant, qu'elle n'a pas demandé à le voir, que c'était l'idée de sa mère. Je la crois aussi quand elle me jure qu'il ne s'est rien passé entre eux, que c'est lui qui a voulu la prendre dans ses bras pour lui dire au revoir. Elle jure avoir été claire avec lui. Je sais qu'elle est terrifiée par ma réaction.

« Je te crois, je te fais confiance chérie.»

Elle est surprise, je le lis dans ses yeux. Aussi je viens toucher délicatement sa joue, elle ne se recule presque pas à ce geste. J'ai envie de l'embrasser, j'ai envie de lui faire l'amour comme jamais, juste pour la posséder, pour la marquer à vie de mon être. Je fais une grimace en reniflant de manière peu élégante.

« S'il te plaît, va chasser cette odeur de toi, elle me donne envie d'aller le retrouver et de ne pas respecter ta parole. Je vais rendre cela à Nina.»

Je récupère doucement le doudou dans sa main et m'échappe dans la pièce où se trouve notre fille encore endormie. Je viens mettre le doudou dans son lit. Je ne supporterai pas que Jordan soit dans sa vie, puisse l'endormir le soir, lui lire des histoires. Je ne supporterai pas qu'il dorme dans le même lit que ma femme. Elle vient de lui donner du sursis. Mais si jamais une chose pareille devait se reproduire, il finira au fond d'un puits de souffrances éternelles.

Nina se réveille alors qu'Aliénor est sous la douche. Je m'occupe d'elle, la change et la cajole jusqu'à ce que sa mère arrive. Je suis assis par terre à lui raconter des histoires quand elle pousse la porte. Je me lève alors et récupère Nina dans mes bras en la soulevant du sol. Je viens l'embrasser sur le front et la confie dans les bras de sa mère.

« Je ne suis pas en colère contre toi amour. Une parole est une parole. J'ai réfléchis, je souhaite t'inviter au théâtre ce week end. Il y a un dîner spectacle. Je réserverai une loge pour que tu sois le plus à l'aise, avec la meilleure vue évidemment. Je te ferai venir une robe de soirée et des chaussures.»

Je m'avance vers elles et Nina tend les bras vers moi, me réclame. Je souris tendrement et me penche pour l'embrasser à nouveau. Je murmure à ma fille devant sa mère.

« Je te promet de tout faire mon enfant pour que ta maman souhaite un jour partager le même toit que moi et que nous formions une famille. Mais tu dois lui laisser du temps ma princesse.» Disé-je dans un parfait français.

Je regarde Aliénor alors que je suis toujours penché sur ma fille. Il suffirait de quelques centimètres pour pouvoir l'embrasser. Ce n'est pas l'envie qui me manque, mais je ne le fais pas. Je me contente de lui sourire tendrement et me reculer pour garder une meilleur distance avant de flancher et de happer ses lèvres, elle n'est pas encore prête, pas pour le moment.

« Je vous souhaite une douce nuit. Si tu as besoin, si vous avez besoin de quoique ce soit, je suis là mon ange. A n'importe quelle heure du jour et de la nuit, tu le sais, n'est-ce pas ?»

Je viens délicatement prendre son menton, dans un geste un peu inespéré qu'elle ne me repousse pas.

« Dis-le moi avant que je parte, que tu sais combien je t'aime.»

🙚 Dimanche 19 mai 2002

Samedi j'ai fais livrer un tenue chez elle et des chaussures. J'ignore ce qu'elle aura dit à ses parents et ses sœurs. J'ignore ce que je dois dire de mon côté, je n'ai pas vraiment préparer de discours, je saurai m'adapter. Mais je me tiens en costume devant la porte de Cropières et c'est elle qui m'ouvre quand je sonne. Elle est magnifique, radieuse.

« Tu es éblouissante !»

Je suis on ne peut plus amoureux de cette personne. Elle a vraiment fait des efforts, elle a vraiment joué le jeu et s'est habillée et maquillée pour moi. Mes yeux brillent de plaisir et de merveille. Elle a tenu parole, elle m'offre cette soirée, et moi je n'ai pas tué Jordan. Je me sens remplis de gratitude de pouvoir l'amener au théâtre, de sortir avec elle au grand jour. Que le gens puissent la voir à mon bras ou à défaut à mes côtés. Je suis fier et heureux.

:copyright:️ Justayne

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Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti🙚 Lundi 30 octobre 2000

J'ignore depuis combien de temps je cours. Pieds nus, dans le froid, le bras en sang, tout cela ne m'arrête pas. Non, je dois continuer, le plus vite possible. Autour de moi ne se trouve que de la végétation, mais si je continue de courir, toujours dans la même dimension, je finirai bien par trouver une trace de civilisation, n'est-ce pas ? N'importe qui, sorcier, moldu. Une maison, une ville, une voiture. Il fallait que je continue, pour moi. Et pour ce bébé en moi. Je ne savais toujours pas quoi faire, mais je ne voulais pas que Enzo prenne la décision. Même si je devais aller au bout sans le garder, je voulais lui laisser une chance de de vivre librement. Avec une famille aimante, qui voulait de lui. C'est avec cette pensée que je continuais de courir, le plus vite, possible jusqu'à ce que j'entende du bruit. Je ralentis, le temps de regarder derrière moi, avant de me tourner de nouveau vers la route, et… Et je m'arrêtais brusquement en voyant Lorenzo planté devant moi. Mon cœur manqua de s'arrêter alors que je sentis la peur, non, la terreur s'emparer d'un seul coup de mon estomac et de ma gorge. Comment ? Comment il avait fait pour me retrouver, pour me rattraper ? A l'aide de l'odeur du sang ? De sa vitesse ? Des deux ? Les vampires sont des prédateurs, c'était donc bien réel…

Je m'arrête, en le regardant, terrorisée. Je n'ose rien dire, et son regard est tout sauf engageant. Il est noir. Dangereux. Menaçant. Je sais qu'il plus que furieux. A quel point l'est-il ? Au point de me tuer ? Mais non, il ne bouge pas. Pas encore. Il me fixe. Il semble vouloir garder le contrôle. Cette seconde me semble durer des heures. « Je suis extrêmement déçu par ton comportement irréfléchi et irresponsable mon amour. » Comment, après ça, pouvait-il encore me considérer comme son amour ? J'ai volontairement brisé la confiance qu'il avait placé en moi. J'ai endormi sa méfiance, je l'ai trahi pour retrouver ma liberté. Comment pouvait-il être encore amoureux de moi ? « Enceinte, tu fuis un environnement sécure pour toi, en te blessant et courant pied nu, sans aucune ressources dans un espace boisé inconnu ? N'as-tu aucune considération pour ta propre vie ou celle de ton enfant ? Tu as un toit et tout ce qu'il te faut à la Villa. Pourquoi prendre le risque de te faire dévorer par je ne sais quoi dans ces bois, où tomber sur un vampire moins compatissant que moi. » Je ne sais pas quoi penser de ses paroles. Il semble me dire qu'il tient énormément à moi, mais ses yeux disent le contraire. Ou alors, c'est le goût de ma trahison ? Je pouvais comprendre ce qu'il vivait, ayant été trahie moi aussi, plusieurs fois. Mais mes exs ou Jordan ne me trahissaient pas pour sauver leur peau. Même si les raisons sont différentes, est-ce que le résultat est le même ?

Même si son regard reste noir, il dévie de mes yeux à mon bras. Le bras que je me suis ensanglanté en m'échappant de la fenêtre. Avant même que j'ai le temps de me demander à quoi il pense, Lorenzo se précipite sur moi. Il attrape mon bras, et je le sens planter ses crocs dans ma chair. « AAAAAAAAAH ! » Je hurle de douleur ; je ne peux pas m'en empêcher, je sens ses dents déchirer ma peau pour accéder à mes veines, et à mon sang. Dans la précipitation, j'essaie de retirer mon bras, mais tout ce que je gagne, c'est qu'il serre sa prise, et que mes blessures s'aggravent à force de tirer. « Tu es responsable de tout cela, tu as provoqué cette situation. Je n'ai pas bu depuis des jours, et tu m'offres ton sang sur un plateau, je ne peux pas toujours me contrôler Aliénor. Alors sois gentille jusqu'à ce que je finisse, tu m'as déjà si fortement déçu pour aujourd'hui. » Quand il me parle, il me regarde. Ses yeux restent noirs alors que les miens sont suppliants. Larmoyants. J'essaie de retenir mes larmes, et la terreur qui me serre la gorge est plutôt aidante.

La douleur empire quand je le sens se remettre à boire à mon bras. Même si je ne me débats pas, j'ai encore plus mal. Je sens le sang dans mon corps se diriger droit vers ses crocs pour se faire aspirer. Mes jambes finissent par me lâcher, et me faire tomber au sol. Ça n'empêche pas Enzo de continuer de boire mon sang. Ma tête tourne, et je sens mes forces me lâcher. Je ne sais pas si c'est la perte de sang, la terreur, la fatigue de la course, ou pire, celle de la grossesse. Mais le résultat est le même. Je n'ai plus de force pour battre. Je n'ai plus de force pour vivre. Je laisse tomber. Je ne bouge pas, même quand Lorenzo me lâche, même quand il me prend dans ses bras pour me porter. A quoi bon ? Il est trop fort pour moi. Je ne pourrai pas lui échapper. Jamais. Les yeux dans le vague, je ne regarde même pas autour de moi. Je sais juste qu'il marche, et que ma tête repose contre son bras, pour ne pas tomber en arrière et me faire mal au cou.

Mon esprit se réveille quand je sens une odeur familière. Celle de la villa. Je me concentre sur ce que mes yeux voient, et je reconnais le salon. Lorenzo me pose sur le canapé, avant de me recouvrir d'un plaid. Je ne me rendais pas compte que j'avais froid, mais maintenant que je me reconnecte lentement à mon corps, je me rends compte que je suis gelée. Il s'assied à mes côtés. Celui du bras blessé, pour le reprendre. Doucement, cette fois. Je le sens nettoyer mes plaies, plusieurs fois, avant de me mettre un bandage. Ce sera ça, ma vie, désormais ? Être pliée à ses désirs, à ses envies ? Devenir celle qui se tiendra à ses côtés parce qu'il l'a décidé ? Et moi, dans tout ça ? Ou est mon avis ? Il ne semble pas s'en soucier. En témoigne son ordre : « Bois et mange, je reviens. » Alors que je regardais droit devant moi depuis que nous étions rentrés, mes yeux se posent sur un plateau. Un café, du chocolat, et une rose. Une foutue rose, comme celles qui accompagnent tous mes petits-déjeuners. Morte de soif, j'attrape le café que je bois d"une traite. Sauf que je n'ai aucune envie de manger. Mais qu'est-ce qu'il va me faire, si je ne mange pas, comme il m'a dit ? Que serait-il capable de me faire ? Je regarde un instant le chocolat. J'ai le ventre noué, mais la terreur que je ressens en revoyant sa colère me fait attraper un carreau, que je grignote. Difficilement. Je n'arrive même pas à l'apprécier, alors, je jette ka moitié sur le reste de l'assiette.

Heureusement, quand je reviens, il ne dit rien. Il se contente de me regarder. « Comment es-tu sortie ? Comment as-tu fait ? Je veux savoir. » Je continue de regarder droit devant moi, sans répondre. J'aimerai disparaître, j'aimerai me faire toute petite. Comme si ne pas répondre me permettrait de devenir invisible. Je sens son aura menaçante grandir, et il avance dans mon champs de vision. « Lève toi et déshabille toi. » Cette fois, je lève les yeux vers lui, grands ouverts. Et le cœur battant. « Pourquoi ? » « Si tu ne veux pas me dire ou me montrer, je vais devoir te fouiller. Alors lève toi et déshabille toi. Je vais fouiller les moindre recoins de ton corps chérie, si tu ne le fais pas toi, je le fais moi. » Non, non, je ne veux pas. Je ne veux pas qu'il me déshabille, qu'il me touche. Surtout pas, jamais. Alors, je finis par me lever quand il s'approche à nouveau, et je lui donne en silence l'épingle à cheveux tordue que j'avais gardée. Il finit par rire, et je frissonne. « Tu te moques de moi ? Cette épingle a déverrouillé les portes ? » J'hoche lentement la tête, en croisant les bras. Ce geste, chez moi, a toujours été synonyme d'angoisse. Comme si j'essayais de me protéger. Je n'ai jamais autant fait ce geste depuis que je suis ici que durant toute ma vie. Toute ma vie, je me suis imposée, que ce soit chez les Sang-Pur ou chez les bourgeois moldus. Je voulais montrer de quoi j'étais capable, par mes manières, puis par mes études de journalisme. Là, j'essayais juste de me faire oublier. De faire une protection imaginaire. « Montre moi alors. » « Pardon ? » Lorenzo attrape mon bras en bonne santé, et me tire derrière lui. J'essaie de cacher qu'il me fait mal, mais je ne peux m'empêcher de faire une grimace. Inconsciemment, je pense que je préfère me concentrer sur l'emprise de ses doigts sur mon bras, même si il serre fort, plutôt que sur la terreur qu'il m'inspire actuellement.

Il me fait monter à l'étage, et se plante devant la porte de la chambre qui m'a été attribuée. Elle est restée ouverte, alors, il la ferme, et la verrouille. Je le regarde, interloquée. « Ne me met pas plus en colère que je le suis mon ange, et montre moi tes talents. » Je finis par reprendre l'épingle à cheveux qu'il me tend, et je me mets à genoux. « C'est ma sœur aînée qui m'a appris… » Peut-être que si je lui explique que je tiens ça de Jeanne, il se mettra moins en colère ? Je fais rentrer la petite tige en métal dans la serrure. Je la bouge dans tous les sens pour atteindre ce que je veux. Avec un peu de concentration, je parviens à faire sauter le verrou, comme tout à l'heure. Je me redresse, en regardant Lorenzo, alors que la porte s'ouvre lentement en grand. Ce dernier finit par me faire un signe de la main en direction de la chambre. « Après toi. » Peu désireuse de le remettre en colère, je rentre sans rien dire. Je m'assieds sur le bord du lit, pendant qu'il récupère toutes les épingles à cheveux. Puis il fait le tri dans les bijoux qu'il m'a donné, et fouille dans les tiroirs de la coiffeuse. Il jette un oeil aux placards de vêtements, à la bibliothèque. Il cherche à me retirer tout ce qui pourrait me servir pour une seconde fuite. Une fois cette étape faite, il se dirige vers la porte. Lorenzo retire la poignée et la serrure. Puis, sans un mot, il la ferme derrière lui. Magiquement.

Et il me laisse seule.

🙚 Mardi 31 octobre 2000

Une fois seule, les vannes s'ouvrirent. Je me mise à pleurer, sans pouvoir m'arrêter. J'étais fatiguée, j'étais terrorisée, j'avais froid, et malgré le chauffage, je n'arrivais pas à me réchauffer. Tout mon être était focalisé sur ma peur, sur mon corps glacé, sur les larmes qui ne faisaient que couler. Jusqu'à ce que je m'endorme.

En me réveillant, le soleil caressait doucement mon visage. Ça ne m'aidait pas à aller mieux. Mon cœur était toujours aussi lourd, mon ventre toujours aussi noué. Mais cette fois, il criait famine. Un effet de la grossesse ? Je posais une main sur mon ventre, bien qu'il était toujours aussi plat. Je ne ressentais rien, absolument rien. Je n'étais même pas sûre d'être enceinte. Je n'avais eu aucun symptôme. Est-ce que Lorenzo aurait pu se tromper ? C'est avec ce minuscule espoir en tête que je me levais pour m'habiller. J'étais encore pleine de boue et de sang. Le lit dans lequel j'avais dormi était sale à cause des vêtements. Tant pis si je n'avais pas pris de douche. Je n'étais pas sûre de savoir quand est-ce que le vampire reviendrait.

Finalement, il n'avait pas tant tardé que ça. Il vint dans la journée, je sus pas vers quelle heure exactement. J'étais assise sur le lit. Je n'osais rien faire, je n'avais pas bouger depuis que je m'étais changée. Quand il rentre, je lui jette un regard en coin, pour évaluer son humeur. Mais c'était tellement furtif que je n'eus pas le temps de voir ses yeux. Je ne voulais pas insister. Je pense qu'au fond, j'avais peur de constater que ce voile noir était toujours là.

Lorenzo s'agenouilla devant moi. J'évite toujours son regard, comme pour me protéger. Quand il me tend sa main, je ne la prend pas, et il attrape la mienne. Très bien, je constate que je n'ai pas le choix. Je me lève, et je le suis dans la salle de bain. Il me guide jusqu'au lavabo, et me lâche. Je ne bouge pas. Je sais que cela ne servirait à rien. Je n'ai aucune possibilité de m'enfuir. Il défait le bandage, avant de retirer les compresses. Et là, ses gestes s'arrêtent.

Moi qui ne le regarde pas depuis hier soir, qui garde les yeux dans le vague, je remarque ce changement. Je tourne la tête vers lui. Ses yeux sont rivés sur mon bras, alors je suis la direction. Et je constate que mes plaies… ne sont pratiquement plus là. Pourtant, la vitre m'a coupée profondément. La morsure de Lorenzo était encore plus profond. Ça n'a pas pu se soigner en une nuit. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce que tu as fais à mon bras ? » Ça n'aurait pas pu partir tout seul. Il a forcément fait quelque chose. « Je n'ai rien fait. Enfin pas vraiment. Ce que tu as dans ton ventre porte mon sang, c'est pour cela que tu cicatrices plus rapidement. Dans les prochains jours tu vas certainement avoir des différences notables dans ton corps, une meilleure vue, un meilleur odorat, une meilleure ouïe, plus de forces. Et il va t'en falloir pour supporter cette grossesse. » Alors je suis vraiment… Enceinte ? Je le suis, et de lui ? Je porte un demi-vampire ? J'avais entendu des rumeurs. Qu'un humain et un vampire pouvaient avoir des enfants. Mais qu'est-ce que ça voulait dire, supporter cette grossesse ? Qu'est-ce qui allait m'arriver ? Je n'ose pas lui poser la question. Je n'ose pas lui parler. C'est… De lui, que je suis enceinte. Il n'a fallu qu'une nuit, qu'une malheureuse nuit pour que tout bascule. Je perds d'abord ma liberté, puis mon corps.

« Je suis navré ma douce, je n'ai jamais voulu avoir un enfant, il ne sera pas un problème trop longtemps. Je t'aiderai du mieux possible. » Je relève subitement la tête, et je le regarde. Qu'est-ce qu'il veut dire, pas « il ne sera pas un problème trop longtemps » ? J'aimerai chercher la réponse dans son regard. Sauf que le seul moment où je cherche ses yeux, il évite les miens. Mes craintes sont fondées. C'est Enzo qui va décider de ce qu'il va faire de mon… De notre enfant. « Je t'attends dans la cuisine, prend le temps qu'il te faut. » Je le regarde sortir de la pièce, avant de me déshabiller. Mes gestes sont mécaniques. J'essaie de ne pas penser, pour le moment. C'est trop dur. Je préfère filer sous la douche, pour me débarrasser de toute l'eau et de tout le sang de la veille. C'est seulement quand je sors de la salle de bain, que je retrouve mon corps et mes sensations, que j'ai l'impression qu'un poids me retombe sur la poitrine. Enceinte de mon kidnappeur. Incapable de m'enfuir. Il me rattrapera toujours. Et puis, cela faisait plus ou moins deux semaines que j'avais disparu. Je savais que passé un certain laps de temps, les recherches allaient abandonner. Les larmes se mirent à couler, quand je me rendis compte que j'étais coincée ici pour le restant de ma vie.

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Il me fallu du temps pour quitter la salle de bain, m'habiller, et descendre à la cuisine. J'avais eu besoin de rassembler tout mon courage. J'avais eu un regain quand je me rendis compte qu'il était capable de venir me chercher, et… Je préférais ne pas le mettre plus en colère que cela. Alors je descendis, en essayant de contrôler la peur que je ressentais. Lorenzo m'attendait devant un plateau bien garni. C'est le moment que décide mon estomac pour se réveiller. Quand je m'assied en face de lui, il m'encouragea à manger. Et, honnêtement, je ne me fis pas prier. Je n'avais pas mangé depuis le petit-déjeuner de la veille. Nous n'avions pas dîner, comme Lorenzo était veni me voir directement, et que j'avais fui après. Et puisque j'étais bel et bien enceinte, apparemment… Il fallait bien que je mange pour deux. J'avais même vu un écrin de bague, mais je faisais semblant de ne pas l'avoir remarqué. Je ne voulais pas l'ouvrir. J'avais peur de savoir ce que je pouvais trouver dedans, et surtout, de savoir ce que Lorenzo avait en tête. Pourtant, il me demande de l'ouvrir. Ce que je fais, sans résister. Pour trouver une bague.

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« Main gauche ma belle, s'il te plaît. » J'hésitais à lui donner. Après tout, la main gauche est tellement significative… Pourtant, il insiste du regard. Alors, je finis par lui tendre, mal à l'aise. Je baisse le regard pour voir sa main glisser l'anneau autour de mon annulaire. L'anneau est en forme de feuilles, comme si la branche s'enroulait autour. Je ressens sur ma chair des petits picotements désagréables ou l'anneau me touche. « Tu te doutes peut-être de l'origine de mon prénom ? Il vient du latin "laurus", qui signifie "laurier". Arbuste consacré à Apollon, il symbolise l'immortalité acquise par la victoire. C'est pourquoi son feuillage sert à couronner les héros, les génies, les poètes et les sages. Et aujourd'hui toi mon amour. » J'avoue que je ne m'étais jamais posé la question. Lorenzo, laurier… En effet, cela semblait logique. Ma main toujours dans la sienne, il la porte doucement à mes lèvres pour l'embrasser. Je sens mon cœur qui s'accélère. Ce geste me rappelle que je suis bloquée ici, jusqu'à la fin de ma vie, avec lui. « Mais connais-tu l'histoire de Daphné ? C’était la fille du fleuve Pénée. Comme elle fuyait Apollon, elle invoqua le secours de son père qui la métamorphosa en laurier. Le dieu du jour voulut dès lors que cet arbre lui fut consacré, et il s'en fit une couronne qu'il porta toujours. » Je n'étais pas sûre de savoir qui j'étais, selon lui. Daphné, pour lui être consacrée ? Apollon, comme j'étais couronnée avec la plante de son nom ? Je ne répondis rien, me faisant la plus petite possible. C'est alors que Lorenzo se lança dans la récitation d'un poème :

« Puisque du ciel la volonté jalouse,
Ne permet pas que tu sois mon épouse,
Sois mon arbre du moins ; que ton feuillage heureux
Enlace mon carquois, mon arc et mes cheveux ;
Aux murs du capitole, à ces brillantes fêtes
Où Rome étalera ses nombreuses conquêtes,
Tu seras du vainqueur l'ornement et le prix.
Tes rameaux respectés des foudres ennemis,
Du palais des Césars protégeront l'entrée ;
Et comme de mon front la jeunesse sacrée.
N'éprouvera jamais les injures du temps,
Que ta feuille conserve un éternel printemps.
»


« Ange-François Fariau de Saint-Ange. » Je murmure, mais avec son ouïe de vampire, je suis sûre que Lorenzo ait entendu. Je connaissais ce poème. Je l'avais appris pour mon cours d'Initiation aux septs arts magiques, quand nous étudions la poésie. J'avais aimé ce mythe, j'avais aimé débattre en cours de l'égoïsme d'Apollon. Parce que ce n'était que ça, de l'égoïsme. Comme ce que faisait Lorenzo avec moi. Ma vie psychique avait prit fin hier, quand je me rendis compte que je ne pourrais jamais lui échapper. Je me sentais morte à l'intérieur, tout ça pour son bonheur personnelle. Et il fallait que j'attende ma mort physique pour enfin être libre… Je tiquais. Avais-je vraiment besoin d'attendre alors que j'avais la solution sous les yeux ? Je réunis alors tout mon courage, pour demander, la voix la moins tremblante possible : « Est-ce que… Est-ce que je pourrais avoir un verre d'eau, s'il te plaît ? »

Une fois que Lorenzo tourna le dos, j'en profitais pour me lever d'un coup et attraper le gigantesque couteau que j'avais repéré. Mon mouvement fit tourner la tête du vampire, et je tendis la lame contre lui. Pour me protéger. Ça ne lui fit même pas peur. Je me demandais même si il ne prenait pas plaisir à me rappeler qu'en tant que vampire, il était plus fort que moi, et que je ne pouvais pas le blesser. « Ce n'est pas toi que je veux blesser. Ou tuer. » Sans hésiter la moindre seconde, je retournais le couteau contre moi, et je déchirais la chair de mon poignet. Le plus profondément possible. Le sang se mit automatiquement à couler le long de mon bras et de la lame, avant de tomber au sol.

Lorenzo se précipita sur moi, sûrement pour m'empêcher de continuer. Bien sûr, qu'il ne voulait pas que je meurs. Il ne voulait pas que je fasse comme Daphné, que je m'échappe de son emprise. Avec une vitesse et une force insoupçonnée, je réussis à tourner le couteau à temps pour le planter dans son ventre, le plus loin possible dans sa chair. Je savais que cela ne le tuerait pas, j'espérais juste que cela le tiendrai tranquille le temps que je finisse ce que j'avais à faire. « Ne… M'approche… PAS ! » Dans un élan de défense, ou peut-être de sadisme, je tournais le couteau sur lui-même pour le faire souffrir, avant de le retirer d'un seul coup. Son sang à lui aussi se mit à couler. Pour combien de temps ? « Le seul avantage de cette grossesse, c'est de pouvoir me défendre contre toi. » Je reculais lentement, et je profitais de cette seconde de tranquillité pour me couper l'autre poignet. Maintenant, je n'avais plus qu'à attendre. Je m'adossais contre le mur, avant de me laisser tomber au sol. Lorenzo avait fait comme moi, à un mètre de distance. Là où je l'avais laissé.

C'était presque beau, de nous voir tous les deux, comme ça, se laisser vider de notre sang. Même si nous n'attendions pas la même chose. Lui attendait la guérison, moi la mort. Quand il me demanda pourquoi je n'avais pas visé la poitrine, directement, j'haussais les épaules mollement. La question était légitime. Au moins, je serai morte plus rapidement. « Je ne voulais pas que le bébé soufre. Je voulais qu'il s'endorme tranquillement… En même temps que moi. » Je jetais un oeil à mes poignets. Le sang continuait de s'écouler rapidement. J'avais fait suffisamment profond pour que ce soit rapide, pour que je n'ai pas le temps de cicatriser à cause du demi-vampire que je portais. Mon regard se baissa jusqu'à mes mains, jusqu'à mes doigts. Tant que j'étais consciente, j'en profitais pour retirer la bague de mon annulaire gauche, et…. Et elle resta à mon doigt. « Pourquoi je ne parviens pas à l'enlever ?! » Qu'est-ce qu'il avait fait ? Pourquoi ? Je sentis ma mâchoire se crisper quand je compris qu'il lui avait jeté un sort. Lorenzo était comme le dieu du soleil et des arts. « Apollon était égoïste. C'est à cause de lui que Daphné a dû renoncer à sa vie, en s transformant en arbre. Elle s'est suicidée pour rester libre. » Je parlais à Lorenzo, les yeux dans le vague. Je ne voulais pas mourir en regardant ses yeux. Je ne voulais pas chercher à comprendre ses émotions. Sentant mes forces me quitter, je fermais doucement les yeux, me laissant porter par la douleur et l'envie de dormir. Sauf que j'entendis Lorenzo en profiter pour se relever. Il ne devait attendre que ça, que je ferme les yeux pour me sauver. Alors, je les rouvris. Difficilement, mais je les rouvris. « Ne m'approche pas. J'ai toujours le couteau… » Pour lui montrer à quel point j'étais sérieuse, avec mes dernières forces, je me fis une seconde entaille à chaque bras, toujours aussi profonde. Avant de reposer l'arrière de mon crâne contre le mur. Et je fermais les yeux. Pour la dernière fois. Je me sentais partir. Et enfin, je me sentis mourir.

🙚 Mercredi 1er novembre 2000

« Huuuum… » Ma première pensée fut de me demander si j'étais au paradis. Avec ce que j'avais vécu, il y avait intérêt à ce que ce soit le cas. Je pris tout mon temps pour ouvrir mes yeux. C'était compliqué, mais au moins, j'avais l'éternité pour le faire. Quand je le fis, la première chose que je vis fut… Lorenzo, penché sur moi. « Qu'est-ce que…? » C'est quand je sentis mon cœur s'affoler que je compris. Je n'étais pas morte. Toujours pas. Il m'avait sauvé la vie. Je me redressais d'un seul coup malgré ses requêtes de rester allongée, et je regardais mes poignets. Bandés. Les bandes étaient tâchées de sang, mais elles étaient là. Et je sentis les larmes couler sur mes joues, quand je réalisais que, même ça, je n'avais pas réussi. Si je devais être Daphné, je n'avais pas réussi à me transformer en arbre. J'étais coincée dans les griffes d'Apollon. « Pourquoi ? Pourquoi tu ne m'as pas laissée mourir ? » Le corps secoué de sanglots, je sentis mon estomac commencer à faire des siemens. Il se retourna dans tous les sens, et….

Et je plaquais une main sur ma bouche. Merde, merde, merde. Pourquoi il fallait que les symptômes de la grossesse se réveillent maintenant ? En jetant un oeil dans le dos de Lorenzo, je vis la porte de la chambre ouverte. Ou il devait penser que j'étais trop faible pour m'enfuir, ou il n'y avait pas pensé le temps de me soigner. J'en profitais pour soulever la couette, me lever et courir aux toilettes d'une vitesse insoupçonnée, surtout quand on avait failli mourir. Je me jetais, genoux à terre, face à la cuvette pour vomir tout ce que je pouvais. Jamais je n'avais connu une nausée aussi violente. Toutes les nausées de grossesse étaient pareilles, ou c'était parce que je risquais d'avoir une grossesse compliquée ? « Pourquoi tu as dis que j'avais besoin de force pour cette grossesse ? » J'avais entendu Lorenzo approcher, et je lui lançais cette question, toujours face aux toilettes. En quoi une grossesse de vampire était si différente de celle des humains ? J'écoutais sa réponse pendant que mon estomac fit un looping, et je me remise à vomir une seconde fois, avant de m'adosser contre le mur. Par Merlin, je me sentais tellement mal… Et je savais que mon teint était en train de virer au blanc. Le manque de sang dans le corps ? Le fait d'avoir vomi mes tripes ? Le découragement de me rendre compte que je ne pouvais rien faire face à Lorenzo ? Tout ça à la fois ?

🙚 Vendredi 17 mai 2002, l'après-midi

Je sais de quoi Enzo est capable, je sais qu'il est capable de laisser sa rage parler, et de tuer Jordan. Peut-être pas sous mes yeux, mais il me demandera, non, il m'ordonnera de quitter la pièce pour faire ce qu'il a à faire. Mais on peut éviter un meurtre, surtout que c'était censé être la dernière fois que je voyais mon ex. J'essaie d'utiliser ce qu'il est en mon pouvoir pour calmer Enzo. Et je sais sur quelle corde appuyer. Sur ses sentiments pour moi, Alors, je pose mes mains sur lui, pour essayer de capter son attention. Et de lui promettre une soirée, pour me racheter. Je sais que j'ai capté son attention quand il poe ses yeux sur moi. Au début, ils sont rouges sang, meurtriers. Mais ce voile disparaît lentement quand il me regarde. « Qu'il te touche est au delà de ce que je peux accepter. Tu le sais. » « Je le sais. » Je le sais réellement. Et, honnêtement, je ne pensais pas qu'il verrait notre accolade d'adieu. Alors, je répète ma promesse pour essayer de me faire pardonner. « Le soir que tu veux, le lieu que tu veux, l'activité que tu veux. » Je ne romps pas ma prise, je ne le quitte pas des yeux, pour qu'il voit à quel point je suis sérieuse quand je fais ça.

Le lien se brise quand Lorenzo se retourne vers Jordan. Je prends peur que mes initiatives ne marchent pas… Jusqu'à ce que je le vois défaire sa prise. Je cache mon soulagement, avant de reculer lentement. « Monsieur Peretti je suis confus, je ne comprends pas ce qui se passe. » Lorenzo se tourne vers moi. Je sens mon cœur faire un bond quand je comprends qu'il s'attende à ce que je dise quelque chose. Mais je ne sais pas quoi dire, ou faire. Je me lance quand même, ne voulant pas le décevoir à nouveau. « Jordan, u ne fais plus parti de ma vie. Il n'y a rien à comprendre. » Enzo rajouta : « Il faut juste comprendre qu'elle n'est plus disponible pour vous depuis un moment. Et que je la protégerai toujours. » Toujours… Est-ce que tu tiendras cette promesse ? Jordan ne l'a jamais fait, alors que nous nous aimions. Est-ce que tu seras capable, Lorenzo, te tenir cette promesse alors que tu m'aimes sans n'avoir rien en retour ? Toujours ? « Mais Monsieur Peretti, vous devez faire erreur, j'étais le petit ami d'Aliénor, je ne lui veux aucun mal. J'ai été innocenté dans cette histoire. Aliénor dis-lui que ce n'était pas moi, que je ne t'ai pas enlevé. » Je n'ai même pas le temps de répondre que Lorenzo s'avance. « Vous ne lui voulez aucun mal ? Aucun mal ? Vous avez agit de la pire manière qui soit quand vous étiez à ses côtés, quand elle était encore à vous. A présent elle mérite mieux. » Il finit même par se placer entre nous deux. Exactement comme à l'hôpital. Et, exactement comme à l'hôpital, la vision de son dos me rassure plus que je ne devrais l'être. Je me sens réellement protégée derrière lui.

« Aliénor, tu... tu lui as parlé ? Tu lui as raconté tout... ça. Tu sais que j'ai changé, que je ne suis plus le même, je... vous vous parlez… » Je sens Jordan abandonner la discussion, totalement. Est-ce qu'il réalise enfin tout le mal qu'il m'a fait ? Je pense qu'il le savait déjà, mais il se rend compte, enfin, des conséquences que ça a eu sur nous. Qu'il m'a perdue, à tout jamais. Lorenzo recule, et je pose doucement mes mains dans son dos pour lui rappeler que je suis derrière lui. Il s'arrête, et fait un signe de la main. Sûrement pour inviter mon ex à sortir de la maison. « Bonne... bonne soirée Aliénor. Monsieur Peretti… » « Adieu Jordan… » Je murmure, plus pour moi que pour lui. Lorenzo se décale sur le côté. Comme il me tourne toujours le dos, je soupçonne que c'est pour empêcher Jordan de me regarder.

C'est quand la porte se ferme qu'il se tourne de nouveau face à moi. Je le regarde, hésitante, avant de regarder le sol. Je n'ose pas observer ses yeux. J'ai peur de lire sa colère. Sa déception. Je sais qu'il m'a dit hier de lui faire confiance, mais j'ai vu sa rage sur Jordan. Est-ce qu'il serait capable d'abandonner ses promesses pour m'emmener ailleurs ? Mes peurs de la veille me reviennent. Est-ce que je vais de nouveau devoir me méfier de lui, alors que je commence à le voir comme une figure protectrice ? Je le sens prendre ma main, et poser quelque chose de doux dedans. Le doudou de Nina. La peluche que je cherchais pour sa sieste. C'est lui qui l'avais ? Il l'avait gardé après ses courses ? « C'était lui la surprise de ta mère ? Est-ce qu'il t'a embrassé ou tenté autre chose ? » Ça y est, c'est le moment où je dois me justifier. Je lève les yeux vers lui, le cœur battant. « Je ne le savais pas, je te le jure. Elle pensais me faire plaisir, mais je ne voulais pas le voir, et… Je ne savais pas que c'était ça. Je te le jure, crois-moi… » Je sens que je m'embrouille dans mes explications. J'ai tellement peur qu'il ne prenne pas ma parole au sérieux, qu'il se fasse des films, et qu'il se mette en colère. J'ai peur, non, je suis terrorisée de sa réaction. Je sais de quoi il est capable.

« Je te crois, je te fais confiance chérie. » Je lève subitement les yeux vers lui. « C'est vrai…? » Je ne pensais pas ça. Lui qui vient de faire preuve d'une terrible jalousie, comment peut-il croire en ma parole ? Depuis quand me fait-il autant confiance ? Quand il pose sa main sur ma joue, je ne recule pas. Je suis toujours gênée par ses attentions, mais je ne recule pas. Comment le pourrais-je, alors qu'il me fait confiance ? Lorenzo se met à renifler, avant de faire la grimace. Qu'est-ce qu'il y a…? « S'il te plaît, va chasser cette odeur de toi, elle me donne envie d'aller le retrouver et de ne pas respecter ta parole. Je vais rendre cela à Nina. » « Pardon… » Pendant un instant, j'avais oublié à quel point un vampire avait les sens développés. Je ne pensais pas qu'une simple accolade ferait que j'avais l'odeur de Jordan sur moi. Lorenzo reprend la peluche de mes mains, avant d'aller dans le salon, où dort Nina. J'en profite pour monter à l'étage me doucher.

Sous l'eau, je me frotte énergétiquement, plusieurs fois, partout, pour être sûre d'enlever toute l'odeur de Jordan ; je n'hésite pas non plus à faire deux shampoings. A la sortie de la douche, je brosse ems cheveux que je sèche, et je file dans ma chambre pour m'habiller. Mes vêtements sont dans un cartons, et mes produits de beauté dans un autre. Je ne prends pas le temps de me maquiller, mais j'acciote ma bouteille de parfum. J'en met sur mes deux poignets, avant de tapoter mon cou. Avec un peu de chance, comme ça, je me suis débarassée de toute l'odeur de Jordan. Et c'est hésitante que je rejoins ma fille et son père.

Quand j'entre dans la pièce, je vois Lorenzo assis par terre, à raconter une histoire à Nina. Elle l'écoute en gigotant légèrement, sûrement très heureuse de pouvoir profiter de son père. Quand il me voit, Lorenzo embrasse Nina sur son front, avant de se lever. Il s'approche et la dépose doucement dans mes bras. Même si ce spectacle m'a touchée, il y avait tout de même une question qui me taraudait. « Est-ce que… Est-ce que tu es en colère contre moi ? » J'avais besoin de le savoir. Je ne voulais pas avoir peur que cela puisse tomber à tout moment, comme hier. « Je ne suis pas en colère contre toi amour. Une parole est une parole. J'ai réfléchis, je souhaite t'inviter au théâtre ce week end. Il y a un dîner spectacle. Je réserverai une loge pour que tu sois le plus à l'aise, avec la meilleure vue évidemment. Je te ferai venir une robe de soirée et des chaussures. » Je hoche la tête pour montrer que j'ai compris. Une sortie au théâtre ce weekend, et il m'offre la tenue. Très bien. Lorenzo s'approche un peu plus, et Nina en profite pour tendre ses bras vers lui. Il se penche et dépose un second baiser sur son front, avant de murmurer : « Je te promet de tout faire mon enfant pour que ta maman souhaite un jour partager le même toit que moi et que nous formions une famille. Mais tu dois lui laisser du temps ma princesse1. » Lorenzo me jete un regard. Je ne baisse pas les yeux, même si je suis mal à l'aise. Je réalise qu'en effet, je suis en train de priver ma fille d'une vie de famille. Quand je réfléchissais à mon futur, je me voyais toujours avec un mari aimant, une maison et des enfants, tout ça après le mariage. Tout avait été bousculé. Je n'avais qu'une seule chose à dire, pour réaliser une partie de ce rêve. Mais les mots restèrent bloqués dans ma gorge.

Lorenzo me sourit tendrement malgré mon silence, et recule légèrement. « Je vous souhaite une douce nuit. Si tu as besoin, si vous avez besoin de quoique ce soit, je suis là mon ange. A n'importe quelle heure du jour et de la nuit, tu le sais, n'est-ce pas ? » Je hoche lentement la tête. Je sais que si je voulais, il pourrait venir. Je sais que si Nina avait un problème, il viendrait aussitôt. Je le sais, tout cela. Je le sais. Enzo attrapa doucement mon menton, et je ne bougeais pas, me contentant de le regarder dans les yeux. « Dis-le moi avant que je parte, que tu sais combien je t'aime. » « Je le sais. » Comment je pouvais être dans l'ignorance ? Je savais que tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il avait fait était parce qu'il m'aimait. Il m'avait rattrapée quand j'avais fuie. Il m'avait sauvée la vie quand j'avais tenté de me suicider. Il m'avait rendu ma liberté. « Je sais combien tu m'aimes. Je sais que tout ce que tu fais, c'est parce que tu m'aimes. » Mes paroles ne sont que murmures, mais je sais qu'elles le satisfassent. Je le vois sourire de cantonnement, avant de repartir chez lui.

🙚 Dimanche 19 mai 20022

Quand ma mère est revenue, je l'ai engueulée. A voix basse, pour ne pas faire pleurer Nina. Je n'en revenais pas qu'elle me faisait un coup pareil. Elle se justifia, en m'expliquant qu'elle pensait me faire plaisir. Et c'est là que je lui dis. Que j'avais largué Jordan. Qu'après ces dix-neuf mois, je ne pouvais plus lui faire confiance. Et que de toute façon, après toutes ses tromperies, je ne pouvais pas me remettre avec lui. J'avais besoin d'un nouveau départ. D'un recommencement. Il me semble qu'elle comprit.

Le lendemain, on passa le samedi tranquillement en famille. Je commençais à regretter que Lorenzo ne soit pas là pour occuper ma mère quand elle commença à me dire qu'on devait emmener Nina voir le médecin. Elle avait 13 mois, elle ne parlait toujours pas, ne faisait aucun son, à par rire et pleurer. Elle m'expliqua de long, en large et en travers qu'un bébé de son âge commençait à dire ses premiers mots. Là, elle ne prononçait même pas des syllabes. Elle avait peur que la captivité lui ait causé des retards. Je ne disait rien, mais j'angoissais à l'idée qu'elle me demande des réponses. Comment lui dire que Lorenzo s'en était toujours parfaitement bien occupée ? Que si elle ne parlait pas, c'était sûrement pour une autre raison ? Et puis, je ne voulais pas aller chez le médecin. Je ne vouais pas répondre à ces questions-là non plus. Tout ce que je voulais était que le père de ma fille soit dans le salon, à changer habilement de sujet pour me protéger.

Ce qui interrompit les paroles de ma mère fut l'arrivée d'un paquet à mon nom. L'Auror planté devant le château jeta un sort pour vérifier que ce n'était pas piégé ; après tout, ils craignaient toujours que mon kidnappeur revienne. Quand je l'ouvris, je trouvais une magnifique robe blanche imitant la dentelle, des chaussures ainsi qu'une petite carte signée du vampire, m'indiquant l'heure, et le jour de sa venue. Demain soir. Face à l'air interrogateur de ma mère, je lui avouais que j'avais rendez-vous avec Lorenzo. Elle sembla surprise, mais face à mon regard, elle n'insista pas. Je ne me sentais pas prête à parler de ce qu'il se passait entre nous. Je savais que je ne pourrai jamais parler du passé, mais je ne me sentais pas encore prête à aborder le présent.

La robe pendue à mon armoire, je passais mon dimanche à prendre soin de moi. J'avais promis un rendez-vous, je devais jouer le jeu. Je devais lui montrer que je faisais des efforts. J'avais fait un long masque au visage pendant la sieste de ma fille, puis on prit un bain moussant à deux. Je voulais profiter d'elle. C'était ma première soirée que je passais volontairement loin d'elle, et je devais avouer que j'angoissais un peu. Mais j'avais promis à Lorenzo que je serais là. Alors, après l'avoir lavée, je me lavais à mon tour. Épilation, shampoing, masque pour les cheveux, tous mes produits y passaient. Manucure, gommage de la peau, crème hydratante pour la peau qui sentait bon. Je me coiffais soigneusement après avoir hésité longuement sur comment faire tenir mes cheveux. J'optais pour le lâcher. Je me maquillais, avant d'enfiler la robe et les chaussures. Enfin, je mis mes bijoux, et après un dernier coup de parfum, j'étais prête. J'allais embrasser ma fille une dernière fois, avant d'attendre Lorenzo dans l'entrée. Je ne voulais pas que ma famille ouvre et lui pose des questions. Quand il sonna, je me dépêchais d'ouvrir la porte, en croisant les doigts pour que la tenue qu'il avait choisie pour moi m'aille bien.

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« Tu es éblouissante ! » Je me sens rougir face à cette déclaration. Il a vu mes efforts. Il a vu que j'avais fait tout ça pour lui. Je referme la porte derrière moi, avant de le regarder. « Où allons-nous ? » Je sais que nous allons au théâtre, mais je ne savais pas lequel. Sans hésitation, j'attrape le bras qu'il me tend pour transplaner. Je savais que j'étais obligée, comme je lui avais promis une soirée. Mais, étrangement, je n'avais pas tant peur que ça de finir dans la villa. Il m'avait demandé de lui faire confiance. Il m'a dit qu'il m'emmenait au théâtre. Alors, je savais que nous allions au théâtre.

Nous arrivâmes dans une petite rue. Lorenzo me lâcha lui-même le bras, à ma grande surprise. Je pensais qu'il voulait profiter de cette soirée pour nous rapprocher. Il avait l'air de respecter mes limites, et je lui en étais reconnaissante. Je le suivais dans les rues pavées. Les lieux me semblaient familiers, mais je n'osais pas trop faire d'hypothèses… Jusqu'à ce que nous foulâmes la grande rue de Montpensier. « Le Palais-Royal ? » Même mieux : la Comédie Française. Par tous les sorciers, Lorenzo ne pouvait pas choisir meilleur troupe. Ni même une meilleure pièce : je sentis mon cœur battre d'excitation quand je vis que Le Bourgeois Gentilhomme était joué ce soir. Lorenzo récupéra nos tickets à l'accueil, et une hôtesse nous mena jusqu'à notre loge. Comme nous dînions sur place, nous étions les premiers à pouvoir rentrer. Enzo tira galamment ma chaise, pour que je puisse m'asseoir dessus, avant de s'installer à mes côtés. On nous laissa consulter la carte et on vint prendre notre commande pendant que les spectateurs entraient petit à petit dans la salle.

« Molière est l'un de mes dramaturges préférés. » J'avouais à Lorenzo, en attendant que les lumières baissent. Je ne savais pas si il était au courant ou non, mais il ne pouvait pas faire mieux. Et puis, cela expliquait mes yeux brillants. Cela faisait tellement longtemps que je n'étais pas allée à Paris. J'étais ravie, et je sentais mes muscles se détendre petit à petit. Je frissonnais même quand les lumières baissèrent, et que le rideau rouge s'ouvrit lentement pendant qu'on nous servait nos entrées. J'aimais particulièrement ce moment, signe que la magie allait opérer.

Et elle opéra. Je mangeais un délicieux dîner pendant que les acteurs jouaient superbement bien leurs rôles. Les serveurs échangèrent discrètement les assiettes à entrée pour laisser place au plat pendant que Jourdain était en train d'apprendre à déclamer son amour. Je lâchais plusieurs rires, quand ses leçons se déroulaient de manière totalement absurde, quand ses professeurs se moquaient de lui pour avoir son argent. Quand ma musique préférée de cette pièce se lança, je me penchais vers Lorenzo, pour chuchoter : « A l'origine, cette chanson composée par Lully avait pour but de se moquer de l'invité turc du Roi-Soleil qui l'avait offensé, et… » Je m'interrompis en rougissant légèrement dans le noir. « Pardon, je ne sais pas pourquoi je te raconte ça. Ça doit probablement t'ennuyer, et t'empêcher de profiter de la pièce… » En tout cas, c'était un reproche que m'avait fait un ex, alors que nous avions vu une autre pièce de théâtre musicale de Molière et Lully. Ce qui me surprit réellement fut sa réaction : à l'écoute, réconfortante. Prêt à m'écouter, à boire mes paroles. Je le regardais, sans vraiment y croire au début. Mais ses yeux me montrait tout son sérieux dans ses paroles. Oh, par Merlin, il était vraiment prêt à être interrompu dans l'admiration de cette pièce pour m'écouter déblatérer. Face à cette révélation, je lui souris timidement. Je n'étais pas sûre qu'il me voit dans le noir, mais je voulais essayer. Lui montrer que j'étais touchée par son attention.

C'est avec ce sentiment étrange, logé au creux de ma poitrine, que je regardais la fin de la pièce. Je ne savais pas comment l'expliquer. C'était à la fois chaud et confortable. Je me sentais plus… Chez moi. Je passais le restant de la pièce à essayer de le comprendre, sans succès. Mais je savais que je souriais toujours quand les lumières se rallumèrent, même après le salut des spectateurs, même après les avoir applaudit jusqu'à en avoir mal aux mains. « C'était… Incroyable. Merci beaucoup. » Je regardais Lorenzo dans les yeux, sans aucune craint de voir un voile noir apparaître. Nous avions passé une excellente soirée, et j'avais l'impression de retrouver l'homme que j'avais connu le premier soir. Celui à qui je pouvais sourire, celui qui me faisait sentir belle et désirable, celui qui me donnait envie de continuer la soirée avec lui au lieu de rentrer chez moi. Je n'osais pas le dire à voix haute, mais je souris quand il me proposa d'aller marcher un peu dans les rues. « Avec plaisir. » Et c'était réellement avec plaisir que je l'acceptais.

Comme au début du repas, Lorenzo tira ma chaise pour que je puisse me relevais, et je le suivais en-dehors du Palais Royal. Nous prîmes l'allée des Champs-Elysées, pour admirer les lumières de Paris en pleine nuit. « Nous venions souvent ici, avec mes soeurs. Petites, avec mes parents, puis on prit l'habitude d'y aller seule. Souvent pour faire du shopping, avant d'aller manger une bonne pâtisserie pour nous récompenser d'avoir couru les magasins en talons hauts. » Je ne pouvais m'empêcher de raconter ce genre d'anecdote à Lorenzo. Avoir l'impression de retrouver l'homme que j'avais connu me donnait envie de -re-devenir bavarde. De tout lui raconter. Et je pouvais voir à son regard que lui aussi appréciait ce moment. Ses yeux pétillaient, et il me regardait comme si j'étais la huitième merveille du monde. Je n'étais pas sûre de savoir si c'était moi, ou la robe, jusqu'à ce que le vent se lève. A ce moment-là, il retira sa veste de costume pour la poser sur mes épaules. « Merci. » J'avais noté qu'il avait prit soin de ne pas me toucher. Il avait simplement effleurer ma peau. Durant le dîner, également, il n'avait pas prit ma main, il n'avait pas cherché à établir de contact. Est-ce qu'il attendait que je sois prête ? Je n'étais pas sûre de l'être réellement, mais j'appréciais l'intention. Réellement.

En passant devant une vitrine, je ne pus m'empêcher de ralentir, curieuse. « Est-ce que… Est-ce que je peux regarder ? » Je lui avais dis que cette soirée était entièrement guidée par sa volonté, et je ne savais pas si il avait prévu autre chose. Peut-être qu'on avait pas le temps de s'arrêter ? Mes muscles se détendirent quand il me dit que oui. Je lui souris timidement, n'arrivant pas encore à faire de grands sourire, et j'allais coller mon nez à la vitrine de la pâtisserie Ladurée. Je respirais les effluves qui s'en dégageait, pendant que Lorenzo me rejoignit. « Bien que je ne sois pas très macaron, leur salon de thé était toujours là que nous allions mes soeurs et moi, pour le goûter. Après les fameuses sessions shopping en talon. Leurs pâtisseries sont à se damner. » Il fallait absolument que j'emmène Nina un jour, quand elle serait plus grande. Pour Noël, ou son anniversaire ? Je me redressais, prête à reprendre la balade, quand Lorenzo me proposa de prendre notre dessert ici. « C'est vrai ? Nous pouvons ? Tu n'avais pas autre chose de prévu ? Ou tu dois en avoir marre de traîner à table alors que tu es un vampire… » Je préférais demander, je ne voulais pas abuser de lui, de sa patience… Surtout pour la nourriture. Son truc à lui était le sang, le mien en particulier, et je ne voulais pas qu'il s'ennuie. Mais il finit par m'entraîner doucement à l'intérieur. Un sourire monta sur mes lèvres, encore plus quand une serveuse nous mena à une petite table ronde, à l'écart. Je lisais la carte des thés, quand je risquais un regard sur lui. « Lorenzo… Je peux te poser une question ? » Je sentis mon cœur s'accélerer légèrement, sous l'angoisse. C'était une question plutôt indiscrète, et j'avais peur qu'il le prenne mal. « C'était quand, la première fois que tu m'as vue ? » Je savais, j'avais deviné qu'il me connaissait depuis plus longtemps que moi je le connaissais. Jamais nous n'avions parlé de ça. Je n'avais jamais abordé le sujet, et lui non plus. Mais maintenant, j'étais curieuse. Curieuse de savoir combien de temps il avait pu m'observer avant de venir me parler dans ce bar.    

1 : En français dans le texte.
2 : Tous les dialogues en italique sont en français. Lorenzo et Aliénor continuent de parler en anglais entre eux.
:copyright:️ Justayne

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~ I feel you holding me ~

descriptionEighteen months you sold as some forbidden paradise EmptyRe: Eighteen months you sold as some forbidden paradise

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges
🙚 Mardi 31 octobre 2000

« Ange-François Fariau de Saint-Ange. »

Mes yeux pétillent de surprise, non pas que je ne pense pas qu'Aliénor soit cultivée, je sais qu'elle l'est, mais je suis surpris qu'elle connaisse le poème de Saint-Ange, surtout qu'il m'est important de sa référence. Cette magnifique femme ne cessera de me surprendre. Elle ne fait que confirmer mon choix, mon amour pour elle. Je la désire si fort en cet instant.

« Est-ce que… Est-ce que je pourrais avoir un verre d'eau, s'il te plaît ? »
« Tout ce que tu désires Darling.»

Je me retourne pour trouver un verre et le remplir d'eau quand je sens un mouvement suspect derrière moi. Je me retourne sans imaginer qu'elle puisse une nouvelle fois agir de manière inconsciente. Je pensais qu'elle avait compris la leçon ou qu'elle ne recommencerait pas aussi vite. Mais elle le fait, elle pointe un couteau vers moi. J'ai presque un tendre sourire, croit-elle réellement me faire mal avec un couteau ? Il faut vraiment que je lui apprenne des choses sur les vampires. Il est urgent qu'elle sache pour éviter de se mettre dans ce genre de situation inutile. Elle risque seulement de se blesser et de fortement me contrarier. Ce n'est qu'une perte de temps, elle va s'user inutilement.

« Mon amour, ne sois pas ridicule, tu ne pourras pas me blesser ou me tuer avec ce couteau. Il n'y a qu'une lame en argent qui peut tuer un vampire, et dans cette Villa, il n'y a pas d'argent.»

Je met ma main en avant devant elle à plat, je lui laisse l’opportunité de me le rendre sans violence. Je lui laisse faire le choix de la raison, inutile de me mettre en colère encore aujourd'hui, je ne connais pas mes limites, même avec elle. Chaque jour j'apprends moi aussi à ses côtés. Certains serait mort pour me menacer avec ne serait-ce qu'un crayon. Sait-elle combien de pouvoir elle a sur moi ? Nul autre ne garderait la vie en de telles circonstances, Aliénor me pousse à bout, mais mon amour pour elle n'en est que plus grand.

« Ce n'est pas toi que je veux blesser. Ou tuer. »

Une lueur rouge sang apparaît fugacement dans mes yeux tellement je suis surpris par son affirmation. Elle ne ferait pas cela, elle n'est pas sérieuse. Elle ne me ferait pas ça ! Mais avec une vitesse que je ne lui connaissais pas encore, elle retourne le couteau contre elle et elle s'entaille profondément la peau et la chair. Mon visage se déforme sous la surprise alors que le sang gicle immédiatement, l'odeur de fer arrive violemment à mes narines. Puissant, me faisant réaliser qu'elle est profondément sérieuse et dangereuse en cet instant. Son instinct de survis me déstabilise. Son désir de mourir me paralyse. Je déglutis en la regardant tomber au sol. C'est ce qui me fait réagir, j'interviens alors rapidement en me ruant littéralement sur elle, la peur me fait commettre une erreur et je ne me montre pas prudent alors qu'elle a encore le couteau dans la main. Je sens la lame s'enfoncer dans mon flanc droit, dans mon foie profondément. La douleur est vive, mais je n'ai pas peur pour moi, je sais que ce n'est que de la souffrance, que je peux la gérer, je sais que je ne risque pas ma... vie. J'ai peur pour elle.

« Ne… M'approche… PAS ! »

J'arrête mon geste qui n'est là que pour la sauver quand je sens la lame se tourner et abîmer un peu plus l'organe vital dans lequel elle est plantée. La douleur s'accentue, elle est irradiante mais pas mortelle. Mon sang coule inévitablement de la plaie béante, tant que la lame restera, je saignerai. Mes deux mains sont à terre et glissent dans son sang mêlé au mien. Je me sens impuissant et démuni. Je ne crois pas avoir eu peur ainsi depuis mes 24 ans, et c'était il y a 38 ans.

« Le seul avantage de cette grossesse, c'est de pouvoir me défendre contre toi. »
« Désolé de devoir me répéter dans un moment pareil ma beauté, mais je ne te veux aucun mal.»

Elle se recule alors que je crache du sang par la bouche, recroquevillé à terre, et elle retire la lame de mon ventre pour venir se couper l'autre poignet. Je sens chaque centimètre de ce retrait dans ma chair, déchirant tout sur son passage. Je tousse et éclabousse le sol de sang. Mes lèvres tremblent d'angoisses ou de rage, je ne sais plus faire la différence entre ces deux sentiments en cet instant. Comment peut-elle me faire ça ? Comment peut-elle vouloir m'abandonner ?

Je place une main sur ma blessure qui saigne encore un peu tellement l'entaille est grande et profonde. Je respire rapidement, comme si j'avais besoin d'air, comme si le souvenir de mes temps humains étaient encore là et que le corps se souvenait qu'il fallait le faire. J'ai pourtant été vampire plus longtemps qu'humain. Aliénor s'adosse au mur en face de moi, et je viens aussi trouver le meuble de l’îlot central pour reposer mon dos et la regarder. J'ai bien compris qu'il allait falloir être plus malin et patient pour intervenir. Je regarde tout le sang autour d'elle. Cette vue est mon Enfer personnel. Il me renvoit à un traumatisme profond et lancinant, une image que je ne pourrai jamais oublié, mon éternité est mon fardeau, et si Aliénor venait à mourir sous mes yeux, sans que je puisse faire quoi que ce soit, je serai probablement damné et cette terre ne sera plus digne d'être foulée. Si je devais la perdre, je ne voudrai plus Être.

« Pourquoi pas directement dans le cœur ? Tu en aurais terminé plus rapidement. Tu veux me faire souffrir par ton agonie ? Si c'est le cas, sache que cela marche chérie. Tu as réussi. Cesse maintenant. Laisse moi t'aider.»
« Je ne voulais pas que le bébé soufre. Je voulais qu'il s'endorme tranquillement… En même temps que moi. »

Une boule serre ma gorge. Non ce n'est pas possible, pas seulement en quelques heures, elle n'a pas pu déjà s'attacher à cet embryon. Pas aussi rapidement. Ne pas bouger, ne pas intervenir est une torture mentale puissante, je ne pensais pas pouvoir un jour la vivre. Je me rends compte que je ne suis plus insensible à tout, que malgré mon âme si noire, malgré mon côté démoniaque quelqu'un a le pouvoir de me faire souffrir atrocement. Malgré tout, sans cet amas de cellule dans son ventre, je sais qu'elle serait déjà morte. Ce n'est plus qu'une question de temps, le demi sang de vampire en elle ne pourra pas la sauver si je n'interviens pas rapidement. Elle regarde ses poignets, puis sa main où se trouve ma bague, elle essaye de la retirer, et j'ai confirmation que mon sortilège est bien réalisé car elle se peut pas la sortir de son annulaire.

« Pourquoi je ne parviens pas à l'enlever ?! »

Une main toujours sur mon flanc, comprimant ma plaie, je me sens obligé de me confier.

« Elle est ensorcelée ma belle. Ce n'est pas un simple anneau, c'est une promesse de mon Amour. Je suis le seul à pouvoir te la retirer.»

Je ne l'en délivrerai que si un jour je meurs ou si je ne la désire plus. Mais mon amour pour elle est éternel et je ne vais pas mourir aujourd'hui, quoi qu'elle en pense.

« Apollon était égoïste. C'est à cause de lui que Daphné a dû renoncer à sa vie, en se transformant en arbre. Elle s'est suicidée pour rester libre. »

Tant qu'elle parle c'est qu'elle est en vie, peut importe de quoi elle débat, même d'Apollon avec moi. Je me concentre sur son cœur, qui bat de plus en plus lentement. Son sang coule lentement maintenant jusqu'à mes pieds. Elle se trompe, Apollon était un Dieu maudit, non pas égoïste. Alors qu'il se moquait de l'Amour, il a été frappé par une flèche d'or, le rendant éperdument amoureux de Daphné. Pour le punir de s'être moqué de l'Amour, la nymphe elle, a reçu une flèche de plomb pour rejeter l'amour d'Apollon. Il s'est donc lancé à sa poursuite, mais elle s'est enfuit à toutes jambes et au moment où Apollon la retrouve enfin, elle se transforme en laurier. Il en a fait alors son arbre favori.

« Peut-être que Daphné n'a pas donné l'occasion à Apollon de croire en son Amour. Peut-être aurait-elle été heureuse avec lui si elle lui avait laissé une chance.»

Ses yeux clignotent avant de se fermer. Elle est en train de perdre conscience, c'est le moment. Je me redresse alors pour venir jusqu'à elle, mais ses yeux s'ouvrent sur moi dans une dernière lutte et je me stoppe.

« Ne m'approche pas. J'ai toujours le couteau… »
« Ne fais pas cela s'il te plaît ma princesse, je n'arriverai pas à te sauver...je...»

Mais elle le fait, elle s'ouvre une nouvelle fois les poignets, créant une entaille plus large où le sang coule une nouvelle fois un peu plus vite. Je pose un genou à terre, dans son sang épais, et ferme mes yeux, me concentrant seulement sur son organe vital qui n'est presque plus capable de pomper quoi que ce soit. Je prie, je prie, j'en appelle à Dieu, à sa miséricorde, je ne peux pas perdre encore, je ne peux pas être seul à nouveau.

Ses yeux se ferment et les miens deviennent humides jusqu'à ce qu'une larme arrive à frayer un chemin derrière de mes paupière closent. Je pensais en être incapable depuis bien des années. Quand sa tête penche, que tout son corps glisse au sol dans son sang et que les battements de sont cœur sont à l'arrêt, j'interviens rapidement. D'un sortilège j'arrête le saignement, je l'allonge au sol et commence un massage cardiaque. Son cœur reprend, je ne sais pas quel Miracle, mais je l'entends retrouver un rythme faible. Je lance alors le sort Revigor pour lui redonner un peu d'énergie.

Je viens la soulever dans mes bras pour aller à l'étage. Je la cite sommairement en me disant que le seul avantage de cette grossesse, c'est de pouvoir la défendre d'elle même. Si elle n'était pas enceinte de moi, elle serait morte, je n'aurai rien pu faire. Le destin a voulu qu'elle ait en elle une partie de moi pour la sauver de l'intérieur. Je l'ai sauvé. Je la dépose délicatement dans la baignoire, je n'ai pas d'autre choix que de lui faire un minimum de toilette. Elle est couverte de sang. Je ne pourrai pas m'occuper d'elle correctement si je devais sentir son essence vitale constamment. Je prends soin de respecter sa pudeur en lui laissant ses sous vêtement et réalisant une toilette de manière mécanique avec une éponge douce. j'utilise la magie dès qu'il m'en est possible, pour ne pas souiller son inconscience.

Je la regarde si fragile dans mes bras. Inerte, endormie. Je pourrai la briser, je pourrai en faire ce que je veux, je pourrai abuser d'elle, mais mon Amour est si pur, si grand, que je ne pourrai profaner son corps inconscient. Je veux l'aimer pleinement, qu'elle ait tous ses esprits. Je ne veux pas d'un arbre comme est devenue Daphné, non, je veux qu'elle puisse se sentir libre dans mes bras et en sécurité, pas qu'elle me fuit. Je veux qu'elle soit une fleur épanouie dans mes bras. Même si la manipulation n'est pas facile j'arrive à la laver et la sécher correctement avant de la porter dans son lit et d'enfiler des vêtements amples. Elle est si légère que je me débrouille sans grande difficulté. Je réalise un bandage compressif sur ses entailles. Elle est hors de danger à présent, il faudra quelques jours seulement pour qu'il n'y ait plus aucune trace de blessure. Tout ceci ne sera plus qu'un mauvais souvenir.

Je la laisse en la couvrant bien - car la perte de sang refroidir le corps - pour aller nettoyer la scène de crime en bas. Je reste d'abord quelques minutes à regarder ce tapis rouge carmin et réalise que je viens d'échapper au pire. Je ne pense pas une seconde à ma soif, je me fais juste la réflexion que je ne pourrai pas la toucher, la boire pendant un moment. Une fois la cuisine immaculée, je retire alors tous les objets coupant, tranchant de la maison. J'enlève aussi ce qu'elle pourrait briser pour s'en faire une arme, et je réalise un sortilège sur les vases où je dépose ses roses pour les rendre incassables. Je fais cela aussi sur les miroirs de la Villa. Je vais ensuite me laver et me panser. Son entaille commence à cicatriser de manière interne, mon foie d'abord et les vaisseaux autour, mais la plaie est encore ouverte, ce soir il n'y aura plus rien, mais en attendant je pose un gros pansement compressif dessus.

Je prends ensuite une chaise et ma guitare et viens m'installer à côté de son lit, je caresse ses cheveux blond tendrement avant de positionner ma guitare et commencer à jouer.

Musique :


🙚 Mercredi 1er novembre 2000

Je la veille toute la nuit, alternant lecture et musique ; et au petit matin j'écris un Hibou au Ministère pour leur faire part de mon absence. Je vais rester à ses côtés toute la journée, elle va avoir besoin de moi. J'ai pris dans ma bibliothèque un classique italien que je connais presque par cœur. « La Divine Comédie » de Dante. Et ce passage se confond tellement au drame que nous venons de vivre hier soir bien qu'il parle de mariage, je trouve tout aussi intime de l'avoir sauvé, de l'avoir ramené à mes côtés.

« Souviens toi de cette nuit, c’est la promesse de l’infini. C’est une promesse qui vient récompenser le courage de ceux qui ont affrontés seuls tant d’années. C’est la preuve de la confiance entre deux êtres qui est le fondement même de l’amour. C’est un effort de volonté pour oublier et s’affranchir des peines du passé. C’est un serment qui lie deux âmes à l’exclusion de toute autre. C’est le symbole d’un risque assumé et la reconnaissance des défis à venir. Car à deux on est toujours plus fort, comme un équipage soudé pour surmonter les tempêtes du destin. L’amour sera toujours la raison d’être des humains et la force qui guide leur vie.»

« Huuuum… »

Je ferme doucement le livre et le pose sur la table de chevet.

« Qu'est-ce que…? »
« Tout va bien ma belle, reste allongée tu es encore faible, tu as perdu beaucoup de sang.»

Je voudrai essuyer les larmes que je vois couler sur ses joues. Pourquoi est-elle si triste d'être en vie ? Aliénor n'a jamais eu des pulsions de mort, c'est quelqu'un d'entièrement vivant, trop peut-être. Pourquoi chaque être merveilleux que je rencontre veulent s'éloigner de moi ? Pourquoi m'abandonne-t-on toujours ? Qu'ai-je fait pour ne pas garder mes proches à mes côtés ? Suis-je aussi détestable ? Éprouvant ? Répugnant ? Suis-je un monstre que l'on ne peut aimer ? N'ai-je pas le droit au bonheur, à l'Amour ? Qu'ai-je fait pour être maudit à ce point ? Aliénor est tout ce qui me reste dans ce monde, et Dieu a souhaité me la confier encore un peu. Dieu a entendu mes prières et m'a conforté dans ma mission.

« Pourquoi ? Pourquoi tu ne m'as pas laissée mourir ? »
« Parce que je t'aime ma douce, et on ne laisse pas mourir les gens que l'on aime.»

Son corps n'est que sanglot et cela m'arrache le cœur. Je me sens alors profondément triste de son rejet, de sa déception. Elle me repousse, elle se refuse à moi. Mais mon amour est si beau, ne le voit-elle pas ? Je voudrai qu'elle le comprenne, je voudrai qu'elle le réalise. Je ne suis là que pour la servir, pour l'adorer, pour prendre soin d'elle. Tout ce qu'elle voudra je lui offrirai, tout ce qu'elle me dira, je le ferai. Je ne suis que l'esclave de cette divine femme. Je ne vis que pour elle et ses désirs. Je voudrai le lui hurler, mais elle se lève précipitamment et je ne cherche pas à l'arrêter, je la suis seulement à pas raisonnables. Elle se jette à terre devant les toilettes et elle vomi toutes ses triples. Mon air se renferme, je sais que ça commence, les symptômes violents de la grossesse. Je sais que c'est de ma faute, qu'elle va souffrir parce que je l'ai aimé une seule nuit.

« Pourquoi tu as dis que j'avais besoin de force pour cette grossesse ? »

D'un mouvement plus rapide qu'un humain je viens retenir ses cheveux et y placer un élastique pour les tenir relever de la cuvette. Je sais qu'elle ne tolérerait pas que je reste à les lui tenir, elle me repousserait encore et je ne pourrai le supporter. J'ai encore en tête son regard avec le couteau, m'ordonnant de ne m'approcher, de l'éloigner d'elle. Je viens ensuite adosser une épaule contre un mur de la salle de bain et la regarde à distance.

« Je t'apporterai tout ce qu'il faut savoir sur la grossesse des humaines enceinte d'un vampire. C'est une grossesse qui évolue beaucoup plus rapidement que celle classique. Le fœtus se développe plus rapidement, du fait d'une accélération cellulaire.»

Je soulève mon t-shirt pour qu'elle voit qu'il ne reste plus aucune trace de sa blessure causée la veille par le couteau.

« Comme tu peux le constater, je n'ai plus rien. J'ai cicatrisé. Les os, la musculature, les cellules du fœtus se développent plus vite du fait du gêne de vampire. Et le corps d'un humain en subit les conséquences. Le corps a du mal à s'adapter et subit cette rapidité de développement. Les symptôme sont plus violents, ton bassin pourrait se briser, des organes pourraient en souffrir.»

Je la regarde vomir à nouveau et quand elle termine, je continue droit dans les yeux.

« En contre partie, tu récupères des facultés, comme tu as pu le constaté hier soir. Cette force en plus va te permettre de supporter cette grossesse, non sans mal. Mais je serai là chérie, et je ferai mon possible pour que cela soit le plus confortable pour toi. D'ailleurs je vais te laisser une petite heure et je reviens avec de quoi te nourrir et te documenter.»

Je sais que j'ai l'air froid et détaché, mais je suis toujours en colère malgré tout. Je fais tout mon possible pour garder cette colère en moi, bien qu'elle doive transpirer malgré moi. Et puis parler de cette grossesse mon contrarie fortement. Je me porte heureux qu'elle soit en vie, c'est pour cela que je ne fais aucune remontrance, je me sens chanceux de l'avoir encore à mes côtés, je n'ai pas envie de me disputer avec elle, alors que je savoure mon bonheur. Je pousse mon épaule du mur pour me redresser. Je commence à quitter la salle de bain quand je me retourne vers elle.

« Petite précision. Il n'y a plus d'arme dans cette maison, inutile de chercher. Il n'y a plus de serrures à forcer, ni de vitres à briser. Tu ne trouveras plus rien pour t'enfuir ou te faire du mal. Je ne laisserai aucun moyen de me quitter - de quelque sorte que cela soit - en ta possession.»

Je pousse la porte de la salle de bain sans la fermer à clef. Je veux qu'elle sache que j'ai confiance en moi, confiance en ma stratégie, qu'elle voit que je sois sûr de moi, de mes paroles. Je veux qu'elle comprendre qu'elle est à moi, qu'elle ne pourra ni me fuir, ni se tuer. Maintenant qu'elle porte cette bague, je n'ai plus peur de la perdre, je saurai toujours où elle est. Je veux qu'elle profite de la Villa, et si elle doit encore me fâcher, elle restera dans sa chambre et comprendra tout ce qu'elle perd à me tenir tête.

Je quitte la Villa pour aller chercher des ouvrages qui parlent de la grossesse d'un demi-vampire sur une humaine. Tout ce qu'il y a à savoir sur les symptômes, les remèdes naturels, ce qui peut soulager, aider. Les étapes de la grossesse, les moments critiques. L'accouchement. Mais il n'y a aucun remède miracle, la seule véritable solution est le sang humain. Il va falloir qu'elle adopte à moitié mon régime alimentaire. Je veux juste l'aider elle, je n'en ai que faire de l'enfant qui grandit en elle, je n'ai nullement envie d'y penser ou de me projeter. Je n'ai jamais désiré être à nouveau père. Je ne prévois rien pour l'enfant, aucun habit, aucun meuble, aucun matériel nécessaire à sa venue au monde. Il ne restera pas parmi nous bien longtemps. Et je sais maintenant ce que j'aurai à faire, et ce sera la seule fois où j'effacerai la mémoire à Aliénor. Elle doit oublier qu'elle aura enfanter, même si je me désole déjà de devoir le faire, abîmer son esprit pour si peu, si seulement elle pouvait le détester comme elle semble me détester en cet instant. C'est aussi un signe que je ne dois pas le garder, elle l'aimera plus qu'elle ne m'aimera, et je ne prendrai pas ce risque.

Je transplane aussi à Naples, dans une petite rue, où je me fais discret, j'attends un petit moment avant de lancer un sort sur un Moldu afin de l'endormir et de le ramener à la Villa. Je mets quelques secondes avant de repérer Aliénor, à l'étage, dans sa chambre. Lorsqu'elle me voit avec le corps inconscient de cet homme, elle prend peur.

« Il n'est pas mort, le sang est meilleur quand il est frais. Il faut que tu boives du sang maintenant, pour le bébé, pour toi.»

Je lâche le corps au sol sans aucun ménagement et vient ouvrir les pans de mon manteau pour lui donner le livre que j'ai trouvé pour elle.

« Page 48, l'alimentation de la femme humaine enceinte d'un demi-vampire. Du sang.»

Alors qu'elle regarde le livre sans le prendre. Je le pose sur sa table de nuit et hausse les épaules.

« Bien tu le liras plus tard.»

Je me penche et viens attraper le bras de l'homme toujours comateux à terre et le tire sur le sol jusqu'à elle. Je viens alors d'une main attraper son manteau au niveau de son poitrail pour le soulever comme s'il ne pesait rien et de mon autre main j'attrape son poignet et le porte à mes lèvres, mes crocs percent mes gencives, mes yeux deviennent rouge et je le mords pour faire couler le sang. Je tends le mieux possible le bras vers Aliénor.

« Il faut boire mon amour, tu en as vraiment besoin, je te ferai un déjeuner humain ensuite, tout ce que tu voudras manger.»

🙚 Dimanche 19 mai 2002

Je suis ravi que ma surprise et la magie opère sur Aliénor. Elle s'extasie de voir le Palais-Royal et la pièce de théâtre qui s'y joue. Je savais que cela aller lui plaire, je ne fais jamais les choses par hasard. J'ai déjà vu et apprécié cette pièce. Je veux le meilleur pour elle. Cette soirée n'est pas seulement pour me plaire, elle est aussi pour elle, pour la contenter, pour la faire rêver. Je peux tout lui offrir, je veux tout lui donner. C'est ce qui me rend heureux, c'est de la voir elle heureuse.

« Molière est l'un de mes dramaturges préférés. »

Je me contente de sourire tendrement. Je le sais mon ange, je le sais. Je ne la quitte pas du regard alors que les lumières se baissent. Comme il m'est étrange d'être ici avec elle, au milieu d'un théâtre, du monde tout autour de nous, qui peuvent nous voir. Comme je suis fier d'être à ses côtés en cet instant, comme j'aimerai que cela soit normal et habituel, comme j'aimerai que cela se produise encore et encore.

Je passe plus de temps à la regarder qu'à admirer la pièce. Mon plaisir sont ses réactions, ses émotions. Elle est si belle, époustouflante, et je chéri Dieu de l'avoir mise sur ma route, de me faire bénéficier de sa grâce et sa lumière. Je me force à manger quelque peu mon assiette pour donner l'illusion aux serveurs que j'étais humain. La nourriture humaine ne me nourrit pas, elle n'a pas particulièrement de goût, mais elle n'est pas particulièrement bonne. Pour autant je sais faire illusion quand je le souhaite. Et je veux offrir une soirée normale à Aliénor, et ne pas montrer nos différences pour une fois.

Je l'admire rire, plusieurs fois et je me fais la réflexion d'avoir lu dans un ouvrage, qu'un auteur avait avoué avoir un faible pour l'expression « éclater de rire ». Il disait qu'on n'éclate jamais de faim ou de froid. En revanche, on éclate de rire ou en sanglots. Il est des sentiments qui justifient qu'on vole en éclats. Et en cet instant, je le comprends, son rire me fait voler en éclat tant ma joie est immense. Il est doux et violent à la fois, je me pardonne tout quand je la vois si détendue à mes côtés. Tout cela en valait les peines et les doutes.

Alors que ses yeux brillent à l'écoute d'une chanson, je la vois se pencher vers moi pour me murmurer un fait sur la musique. « A l'origine, cette chanson composée par Lully avait pour but de se moquer de l'invité turc du Roi-Soleil qui l'avait offensé, et… »

Et ? Je vois l'afflux de sang rougir ses joues malgré le noir, mes yeux de vampire ne voient qu'elle. Toujours.

« Pardon, je ne sais pas pourquoi je te raconte ça. Ça doit probablement t'ennuyer, et t'empêcher de profiter de la pièce… »
« Non s'il te plaît, ne t'excuse pas, c'est un plaisir d'avoir ton avis et tes remarques. C'est toujours un plaisir ma douce. Cela ne m’ennuya jamais. C'est toi mon plus beau spectacle.»

Elle ne sait pas à quel point ce genre d'échange me plaît, me ravi. C'est cela que je veux, comme quand elle m'a demandé un avis sur la chambre de notre fille. Je veux être dans sa vie, dans ses conversations, dans ses banalités, dans son quotidien. Je veux tout d'elle. Son sourire timide me donne envie de l'embrasser, surtout qu'elle ne se doute pas combien je la vois clairement malgré le noir, mais je retiens ma frustration et me contente de lui sourire amoureusement en retour, même si elle ne le voit pas.

Mon spectacle c'est elle, et je continue de la regarder plus que de profiter de la pièce plus bas. Les lumières se rallument et j'applaudis aussi, plus pour cette soirée que pour les acteurs. C'est comme une première victoire que je fête. Elle a passé une agréable soirée, je le sais, je le vois.

« C'était… Incroyable. Merci beaucoup. »
« Tout le plaisir était pour moi, je suis ravi que tu es passé un agréable moment. Est-ce que tu veux te promener dans les rues de Paris ?»

Son sourire en dit long, je sais déjà sa réponse avant qu'elle ne la prononce.

« Avec plaisir. »

Je viens tirer sa chaise pour l'aider à se relever. Elle me suit sans que je ne l'y oblige et nous sortons du Palais-Royal pour prendre les Champs-Elysées. Elle se confie une nouvelle fois.

« Nous venions souvent ici, avec mes soeurs. Petites, avec mes parents, puis on prit l'habitude d'y aller seule. Souvent pour faire du shopping, avant d'aller manger une bonne pâtisserie pour nous récompenser d'avoir couru les magasins en talons hauts. »

Bien que je sache de nombreuses choses, je ne savais pas cette anecdote d'habitude de shopping, je l'ai déjà vu en faire, mais je ne savais pas la routine où l'habitude liée avec. Ce moment m'est précieux, je ne pense pas l'avoir entendu autant me parler depuis son arrivée à la Villa. Elle semble plus ouverte, plus sereine à mes côtés et j'en suis satisfait, bienheureux. Je l'admire tellement, je la trouve d'autant plus belle avec les lumières de Paris. Je vois alors sa peau frissonner en chair de poule et défais immédiatement ma veste pour venir la poser chastement sur ses épaules. Elle paraît reconnaissante. Je vois son pas ralentir et en fais autant alors qu'elle regarde une vitrine.

« Est-ce que… Est-ce que je peux regarder ? »
« Évidemment, nous avons tout le temps que tu souhaites.»

La voir fonctionner, se mouvoir dans cet environnement est mon plus beau cadeau, je me délecte de la voir faire, agir. Elle me fait sourire.

« Bien que je ne sois pas très macaron, leur salon de thé était toujours là que nous allions mes soeurs et moi, pour le goûter. Après les fameuses sessions shopping en talon. Leurs pâtisseries sont à se damner. »
« Bien que nous n'ayons pas fait du shopping et que je ne porte pas de talons, nous pouvons prendre le dessert ici si tu le veux ?»
« C'est vrai ? Nous pouvons ? Tu n'avais pas autre chose de prévu ? Ou tu dois en avoir marre de traîner à table alors que tu es un vampire… »
« Oui nous pouvons. Je ne serai jamais lassé de ta présence ma douce, qu'on soit à une table, où au théâtre. Où que tu sois, c'est l'endroit où je serai toujours le mieux.»

Nous rentrons chez Ladurée, je l'invite du regard et ma main encourageante. Une serveuse nous installe à une petite table et son sourire s'agrandit.

« Prend tout ce que tu souhaites, j'ai des Euros.»

La monnaie moldue venait de passer du Franc à l'Euro depuis quatre mois seulement. Je pourrai acheté l'intégralité des pâtisseries ce soir si elle le voulait. Je la laisse regarder la carte des thés quand elle lève ses yeux sur moi. Je suis surpris qu'elle le fasse de manière si spontané sans crainte, sans obligation. Juste... simplement. J'en tombe encore plus amoureux.

« Lorenzo… Je peux te poser une question ? »

Je suis assez bouleversé de l'entendre prononcé mon prénom. L'avait-elle déjà fait ?

« Tout ce que tu voudras Darling.»

J'entends bien son angoisse par le fait que les battements de son cœur s'accélèrent, mais je ne suis pas inquiet, au contraire, je suis plutôt enchanté et fier qu'elle ose.

« C'était quand, la première fois que tu m'as vue ? »

Je la regarde un instant, je suppose que je peux maintenant lui révéler plus de choses, elle connaît mon identité à présent. Je quitte son regard pour faire signe à la serveuse de prendre notre commande. Aliénor semble déçue que je ne réponde pas à sa question, mais je veux seulement qu'on nous serve pour ne pas être dérangé pendant des confidences. Elle hésite avec deux thés, et alors qu'elle en commande un, je fais le choix de commander le deuxième sur lequel elle hésitait pour moi, évidemment dans le seul but qu'elle puisse aussi le goûter ou le boire au besoin. Quand la serveuse revient, je paye directement et j'attends qu'elle s'éloigne de nous pour regarder à nouveau ma merveilleuse femme.

« La notion d'art, qu'il s'agisse de l'art nègre, de l'art crétois ou de l'art impressionniste, reste à la fois imprécise, ineffable et irritante. L'art, c'est ce qui maintient vivante l'idole morte en tant qu'idole. »  

Aliénor avait paragraphé Claude Roy dans sa dissertation lors de sa remise de prix.

« C'était en Juin 1998, je t'ai remis le prix de la meilleure dissertation d'Initiations aux Sept Arts Magiques. Que j'avais moi même remporté en juin 1959. Avant toi, personne n'avait encore gagné ce prix. »  

Je sais que je lui donne bien plus d'information en quelques secondes que je ne lui en ai donné en 19 mois passé à ses côtés. J'ai toujours été discret sur moi, je n'ai jamais caché mes intentions, mes désirs, mais je lui ai peu souvent parlé de moi, de qui j'étais réellement, et encore moins de mon passé. Et là, en une phrase, je lui révèle que cela faisait déjà deux ans et demi que je l'avais vu pour la première fois à Beauxbâtons. Et aussi de manière vertigineuse je lui donne une information sur l'âge que je pourrai avoir, vu que je l'informe de la date à laquelle j'ai moi même eu ce titre, ce qui la renseigne aussi de mon passage à Beauxbâtons et de mes options à cette époque.

« Pour toute confidence, j'étais en colère de ne plus être le détenteur du titre. J'avais de bien laides pensées avant de voir à qui j'allais remettre le prix. Tu étais déjà une très belle lauréat. Je t'ai écouté, je t'ai regardé, je t'ai aimé. J'ai reçu la flèche d'or ce jour là. Et je savais que tu aurais celle en plomb, que tu ne pourrai jamais aimer quelqu'un comme moi. Mais tu n'étais pas un hasard, tu es arrivée au bon moment et j'y ai vu là un signe de Dieu mon ange. Je ne t'ai pas approché pendant deux ans et demi, je n'ai fais que te voir vivre de loin, dans l'espoir d'un jour avoir la chance de te rencontrer un seconde fois.»  

Je la regarde, j'aimerai avoir des dons de légilimens pour être dans son esprit en cet instant, pour avoir accès à ses pensées, à ses émotions. Je ne sais pas ce qu'elle pense de tout cela. Je ne sais pas si j’aggrave cette situation, est-ce que je fais bien de tout lui dire ? Peut-elle avoir encore plus peur de moi qu'elle ne l'a jamais été ?

« Je n'ai jamais eu l'intention de te faire souffrir une seconde. Je n'ai toujours aspiré qu'à te rendre heureuse. Je voulais d'un nous comme ici et maintenant à Paris. Où dès que tes yeux se posent sur quelque chose je puisse te l'offrir. Si tu me demandais le soleil pour te réchauffer, je te l'offrirai mon amour.»  

Bien que les vampires soient sensibles au Lumos Solem. Mes yeux rivés sur elle sont remplis de passion et d'amour en cet instant. Elle est ma muse, mon cœur, mon âme, et s'il faut attendre une éternité pour qu'elle le comprenne et l'accepte, alors je me répéterai éternellement.

« Vous êtes ma priorité avec Nina. Tu peux me demander ce que tu veux, mais pas de te quitter, cela je ne le pourrai jamais.»  

:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

descriptionEighteen months you sold as some forbidden paradise EmptyRe: Eighteen months you sold as some forbidden paradise

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti🙚 Mercredi 1er novembre 2000

J'avais le cœur serré et l'estomac en vrac. La tête penchée au-dessus des toilettes, j'étais en train de vomir tout le contenu de mon estomac. Qui était assez peu rempli, quand on y pensait. Je n'avais pas mangé le repas avant ma tentative de suicide, et avant ce repas, j'avais été privée de nourriture à cause de ma fuite. C'était un miracle que j'avais des choses à vomir. Je sentis Lorenzo arriver derrière moi pour m'attacher les cheveux, avant de se reculer. Je gardais le visage près des toilettes. Je ne voulais pas le regarder alors qu'il était si proche de moi. Mais quand je l'entendis s'éloigner, je jetais un rapide coup d'oeil. Il se tenait à distance, épaule contre le mur, à me regarder. « Je t'apporterai tout ce qu'il faut savoir sur la grossesse des humaines enceinte d'un vampire. C'est une grossesse qui évolue beaucoup plus rapidement que celle classique. Le fœtus se développe plus rapidement, du fait d'une accélération cellulaire. » Une grossesse qui évolue beaucoup plus vite ? Pourquoi ? Qu'est-ce que ça changeait ? Comme pour répondre à mes questions muettes, Lorenzo souleva son tee-shirt. Il n'avait rien. Mais pourtant… J'étais sûre de l'avoir attaqué. De l'avoir blessé. J'avais vu son sang couler. Comment il pouvait n'avoir plus rien ? « Comme tu peux le constater, je n'ai plus rien. J'ai cicatrisé. Les os, la musculature, les cellules du fœtus se développent plus vite du fait du gêne de vampire. Et le corps d'un humain en subit les conséquences. Le corps a du mal à s'adapter et subit cette rapidité de développement. Les symptôme sont plus violents, ton bassin pourrait se briser, des organes pourraient en souffrir. » Mon estomac fit un looping, et pour essayer d'oublier la nausée qui montait, j'essayais de me concentrer sur ce que j'étais en train d'apprendre. Les vampires pouvaient guérir rapidement, plus rapidement que je ne le pensais. Très bien, je prenais ça en note. Et apparemment, comme je portais un demi-vampire, il allait grandir beaucoup plus rapidement, et me faire souffrir en même temps. J'allais donc avoir une grossesse difficile. Est-ce que je pouvais en mourir ? Une partie de moi l'espérait.  

Mes pensées n'aidèrent pas mes nausées à se calmer, et je me remise à vomir. Je n'avais plus rien à vomir, pourquoi ça continuait ? Plus rien dans le ventre, plus rien dans les veines, et pourtant j'étais là, à vomir toutes mes tripes, le cœur battant. Une fois que j'étais sûre de ne plus rien avoir, je m'assise au sol, dos contre le mur. Je restais près des toilettes, mais je tournais la tête vers Lorenzo. Il me regardait dans les yeux. Ses pupilles étaient glaciales, mais je pouvais quand même y lire une forme de soulagement. Depuis quand je pouvais aussi bien lire ses sentiments, juste en regardant ses yeux ? Il reprit ses explications, maintenant que j'étais un peu plus à l'écoute. « En contre partie, tu récupères des facultés, comme tu as pu le constaté hier soir. Cette force en plus va te permettre de supporter cette grossesse, non sans mal. » Ce bébé demi-vampire allait grandir plus vite qu'un bébé normal, en me faisant souffrir, mais m'aiderait à tenir en me donnant certaines de ses facultés ? Je cachais ma déception. J'allais donc vivre. Le seul avantage était que j'allais peut-être pouvoir rencontrer mon bébé. Même si Lorenzo semblait bien décidé à s'occuper de ça, lui qui ne voulait pas d'enfant… « Mais je serai là chérie, et je ferai mon possible pour que cela soit le plus confortable pour toi. D'ailleurs je vais te laisser une petite heure et je reviens avec de quoi te nourrir et te documenter. » Malgré les nausées, il fallait bien dire que j'étais affamée. Je n'avais pas manger depuis ma tentative de suicide, et ce repas avait été le seul en 48 heures. Ce déséquilibre, plus ma grossesse ne faisaient pas bon ménage. Si il fallait que je me tienne tranquille pour manger, bien. De toute façon, je ne pouvais rien faire d'autre.

Lorenzo se redressa en poussant son épaule, et commença à se diriger vers la sortie. Mais il s'arrêta pour me regarder. « Petite précision. Il n'y a plus d'arme dans cette maison, inutile de chercher. Il n'y a plus de serrures à forcer, ni de vitres à briser. Tu ne trouveras plus rien pour t'enfuir ou te faire du mal. Je ne laisserai aucun moyen de me quitter - de quelque sorte que cela soit - en ta possession. » Je ne répondis rien. De toute façon, il n'attendait pas de réponse. Il tourna à nouveau les talons, et sortit de la salle de bain. Bien qu'il poussa la porte, je n'entendis pas le déclic de la serrure. De toute façon, il n'y en avait plus. Grâce à ma nouvelle ouïe de future maman de vampire, je l'entendis descendre les escaliers, ouvrir la porte d'entrée, et la fermer à clé. Il me laissa seule dans cette villa à ma disposition. Et ça me prouvait qu'il avait toute confiance en son dispositif. Il avait renforcé toutes les issues. Il avait enlever toute arme possible. Je n'avais aucun moyen de partir, que ce soit physiquement ou mentalement. Il avait gagné. Je laissais ma tête reposer contre le mur, la gorge serrée. Mais je ne pleurais pas. Je ne pouvais plus pleurer. Je n'avais plus de nourriture dans l'estomac, je n'avais plus de sang dans les veines, je n'avais plus de larmes dans les canaux lacrymaux.

Au bout d'un moment, je finis par me lever, et je me dirigeais vers la chambre. Je savais très bien que je ne pouvais rien tenter, et de toute façon, je ne pouvais rien faire dans mon état. Je n'avais qu'une envie, celle de me mettre sous la couette, et de dormir pour essayer d'oublier mes nausées, ma faim, les douleurs de mes poignets qui étaient en train de cicatriser. Je voulais ne penser à rien, et surtout pas à la situation dans laquelle j'étais. Hier, je m'étais rendue compte que jamais je ne pourrais partir d'ici. Une fois encore, Lorenzo m'avait prouvé à quel point j'avais raison. Alors oui, si je devais passer le restant de ma vie ici, autant que ce soit en bonne santé. Et, actuellement, je ne l'étais pas. Je devais retrouver des forces et, accessoirement, mon sang. Je me mise dans mon lit, et je rabattus la couette sur moi. Même si je n'arrivais pas à dormir, je me contentais de somnoler. L'avantage était que je ne pensais plus. Ce qui me réveilla de ma torpeur fut l'arrivée de Lorenzo dans ma chambre. J'ouvris les yeux, avant de me redresser brusquement.

Il était… Il était avec un homme inconscient. Pourquoi ? Pourquoi il ramenait cet homme ? J'ouvris grands les yeux, en sentant le peu de sang qu'il me restait quitter mon visage. « Il est… Il est…? » Seigneur, je ne parvenais même pas à dire le mot. « Il n'est pas mort, le sang est meilleur quand il est frais. Il faut que tu boives du sang maintenant, pour le bébé, pour toi. » Mes yeux écarquillés quittèrent la vision de cet homme, pour se poser sur Lorenzo. « Pourquoi je dois boire du sang humain ? » Je n'étais pas un vampire, moi. Enzo lâcha l'homme qui tomba au sol, avant d'ouvrir sa veste et de me tendre un livre. « Page 48, l'alimentation de la femme humaine enceinte d'un demi-vampire. Du sang. » Je fixais le livre sans le prendre, sans savoir quoi répondre. Le vampire dût s'en rendre compte, car il haussa les épaules avant de le poser sur la table de nuit. « Bien tu le liras plus tard. » Il se retourna pour attraper le bras de l'homme inconscient. Il le tira jusqu'à mon lit, et je sentis mes muscles se tendre encore un peu plus. Il voulait vraiment… Il voulait vraiment que je boive à la source de cet homme ? Non, jamais. Surtout pas. Pourtant, il se mit à le porter pour attraper le poignet, et le mordre jusqu'au sang, avant de me tendre le poignet. « Il faut boire mon amour, tu en as vraiment besoin, je te ferai un déjeuner humain ensuite, tout ce que tu voudras manger. » Je le fixais, apeurée, le cœur battant.

La vision du sang m'attirait plus que je ne pouvais me l'avouer. Est-ce que c'était le vampire que je portais en moi qui faisait ça ? Mais alors que je vis la main de l'homme, je réalisais ce à quoi je pensais. Que je voulais boire le sang d'un autre humain. « Non, non, je ne peux pas, je ne peux pas… » Je sentis la panique commencer à s'emparer de moi. Je ne pouvais pas, je ne pouvais pas boire à la veine d'un autre humain. C'était impossible, je ne pouvais pas me permettre de prendre une autre vie comme ça. Non, je ne voulais pas. « S'il te plaît, ne m'oblige pas à boire à son poignet, j'en suis incapable… » Je savais que les vampires étaient des prédateurs, des chasseurs. Mais j'étais humaine. Certes, je mangeais de la viande, mais jamais je ne serais capable de tuer moi-même ma nourriture. Si je devais être obligée, je préférais encore être végétarienne. C'était pareil pour le sang humain, bien qu'il m'attirait plus que je ne voulais me l'avouer.

Je finis par me lever de mon lit, le cœur battant et le teint pâle -encore plus pâle que ce matin- pour me tourner vers la fenêtre. En fait, je voulais surtout tourner le dos à cette vision cauchemardesque. Lorenzo avait attiré un homme juste pour que je boive son sang. Non, jamais je ne ferai ça. Je ne pouvais pas. Quand je l'entendis sortir de la chambre avec l'homme, je sus qu'il avait compris. Ou pas ? Je n'en étais pas si sûre. Au moins, il n'allait pas m'obliger à boire son sang. Mais qu'est-ce qu'il allait faire de ce type ? Inquiète, angoissée, je me mis à faire le tour de la chambre pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce que Lorenzo revienne. Seul, mais avec un gobelet fermé, opaque et avec une paille. « Quest-ce que c'est ? » Je posais la question, mais au fond, je savais très bien ce que c'était. Le sang du type en bas. Est-ce qu'il était encore en vie ? Mais plus le vampire s'approchait, moins la question me semblait importante. Tout ce que je voulais était ce qu'il y avait dans le gobelet. Je voulus tendre la main, mais à la place, je vis un voile noir passer devant mes yeux. Manquant de tomber, je me rattrapais aux barreaux du lit, en sentant un bras autour de ma taille. Comme d'habitude, Lorenzo avait utilisé sa vitesse vampirique, pour pouvoir me soutenir, cette fois, et m'empêcher de tomber. Il m'aida à m'asseoir sur le bord du lit, avant de me donner le gobelet. Sans réfléchir, affamée, assoiffée, je finis par porter la paille entre mes lèvres. Et j'aspirais. Plusieurs secondes, sans arrêter. J'essayais d"oublier ce que je buvais, mais je sentis mon ventre basculer de contentement. Fini les nausées, fini l'hypoglycémie. Même si je ne le sentais pas bouger, je sus que le bébé était content. Une fois que je bus une bonne moitié du verre d'une traite, je m'arrêtais, pour regarder Lorenzo. « Est-ce qu'un demi-vampire peut choisir entre la nourriture humaine et le sang ? » Peut-être que j'avais besoin de sang à cause de celui que j'avais perdu hier ? Peut-être que si je me restreignais ensuite à la nourriture humaine, cela aiderait le bébé à s'habituer ?

🙚 Vendredi 1er décembre 2000

Je profitais de l'absence de Lorenzo pour ouvrir les tiroirs de la salle de bain, sans grand succès. Il y avait plein de choses, comme des brosses, des peignes, des produits d'avance, mais pas ce que je cherchais. Des ciseaux, ou des rasoirs.

Je m'étais fais, l'autre jour, la réflexion que Lorenzo était toujours parfaitement coiffé, avec une barbe de un jour bien entretenue. Pourtant, il venait ici tous les jours. Je savais qu'il ne dormait, mais il passait toutes les nuits ici. Comment il pouvait s'entretenir ? Ou il avait un second appartement, ou il gardait des instruments ici. Alors, je profitais qu'il ne soit pas là pour fouiller. J'avais passé tout le premier trimestre de ma grossesse à me tenir tranquille, à boire le sang qu'il m'apportait dans un gobelet et à manger la nourriture qu'il me servait dans la salle à manger. J'avais été exemplaire, et j'avais accès à l'entièreté de la villa.

Je parlais de premier trimestre parce que je savais qu'il se terminait. Le livre que m'avait donné Lorenzo expliquait qu'une grossesse de demi-vampire durait en moyenne 5 mois, mais cela pouvait durer parfois plus. Pour aider les mamans à se repérer aux différents stades, la liste des symptômes, semaine par semaine, étaient décrits. Je tenais un calendrier qui me permettait de savoir que j'étais enceinte depuis 7 semaines. Depuis le 13 octobre. Mais selon le livre, j'avais atteint la onzième semaine de grossesse. Mes nausées se rarifiaient, par exemple. Elles avaient été nombreuses, violentes. Et pas que matinales. Elles pouvaient surgir aussi bien après manger, en pleine nuit, en plein repas. Jamais quand je buvais du sang. Apparemment, ce bébé savait quelle moitié il préférait être…

Maintenant que ces premiers désagréments commençaient à disparaître, j'avais réfléchi. Et donc, constaté que Lorenzo était toujours bien coiffé et rasé. Maintenant que je n'allais plus vomir toutes les heures, rien ne m'empêchait de chercher ce dont il utilisait pour prendre soin de toi. Et retenter de me suicider. Si je trouvais une lame, je pouvais m'en servir en journée, quand le vampire n'était pas là. Cette fois, il ne pourrait pas me sauver la vie, n'est-ce pas ? Il fallait juste que je sois discrète sur mes agissements, voilà tout.

D'ailleurs, l'heure tournait, et je savais que le vampire n'allait pas tarder à rentrer du travail. Il fallait que je fasse semblant de m'être occupée. Je descendis à la cuisine me préparer une tisane soi-disant spécialisées pour empêcher les nausées (sans grand succès), et j'allais me poser à la bibliothèque. Allongée sur le canapé, je pouvais faire semblant d'avoir lu toute la journée, n'est-ce pas ? Quand le vampire rentra, je l'entendis se diriger vers la bibliothèque. Est-ce qu'il utilisait ses dons de vampire pour toujours savoir où je me trouvais dans la villa ? Quand il rentra dans la pièce, je levais la tête de mon livre. Inutile de dire que je ne l'avais pas lu, du moins, aujourd'hui, mais il n'avait pas à le savoir.

Je regardais timidement ses prunelles pour savoir ses émotions. J'avais toujours été douée pour savoir ce qu'il ressentait. Je n'avais qu'à me plonger dans son regard. Tout était lucide, clair. Là, tout ce que je lisais était le contentement, la fierté, l'amour. Je n'étais pas bête, je savais très bien qu'il était amoureux de moi. Je savais que toutes ses déclarations n'étaient que des paroles en l'air. Je savais le lire dans ses yeux. Et le fait de savoir qu'il était aussi détendu me permit d'oser poser la question qui me taraudait : « Je… Je me demandais… Ou tu rangeais les ciseaux. » Courage, Aliénor. Cette ombre noire dans ses yeux pouvaient n'être que passagère si tu arrivais à te justifier. « C'est juste que… J'en ai besoin. Mes cheveux poussent, et je voulais simplement couper mes pointes abîmées… » Mensonge le plus total. Tout ce dont j'avais besoin était de savoir où il les rangeait. Je m'en fichais, de mes cheveux. Tout ce que je voulais essayer était de me tuer à nouveau.

🙚 Dimanche 19 mai 2002

Je ne pouvais pas m'empêcher de poser cette question. La première fois qu'il m'avait vue. Je savais qu'il me connaissait depuis longtemps que je le connaissais, et j'aurai aimé savoir. Ça faisait flipper un peu de poser la question, j'avais peur de sa réaction. Alors, quand je le vis me regarder avant de faire signe à la serveuse, je me sentis me décomposer. J'étais déçue qu'il ne réponde pas à ma question, mais surtout, j'avais peur de sa réaction après-coup. Est-ce que j'étais allé trop loin ? Est-ce que c'est le genre de choses dont je ne peux pas parler ? Je sursautais quand la serveuse se tourna vers moi. Je regardais mon menu, en balbutiant dans ma langue maternelle : « Pardon, je n'ai pas encore décidé entre le thé noir aux fruits de la passion et le thé blanc à la rose… » La serveuse m'expliqua que le premier était plus fort en goût, mais le second plus parfumé. Pour éviter de la faire attendre trop longtemps, je coupais court à mes interrogations en choisissant le premier. Lorenzo commanda le second, et la serveuse s'éloigna. Je n'avais plus l'âge de me tortiller de gêne sur ma chaise après une question maladroite, mais il fallait avouer que je me sentais assez mal face à ce silence. On nous ramena bien vite nos thés, et Lorenzo paya tout de suite.

J'allais m'excuser d'avoir posé cette question indiscrète quand le vampire me regarda, avant de dire : « La notion d'art, qu'il s'agisse de l'art nègre, de l'art crétois ou de l'art impressionniste, reste à la fois imprécise, ineffable et irritante. L'art, c'est ce qui maintient vivante l'idole morte en tant qu'idole. » Je tiquais, en reconnaissant la citation. Claude Roy était un journaliste français assez connu dans le monde des sorciers, qui était passé par Beauxbâtons. Je l'avais toujours trouvé inspirant, et j'avais eu la chance de le rencontrer plus jeune. Il était mort durant ma dernière année de scolarité, alors, en guise d'hommage, je l'avais cité dans la dissertation qui m'avait valu un prix. Je tiquais. Est-ce que…? « C'était en Juin 1998, je t'ai remis le prix de la meilleure dissertation d'Initiations aux Sept Arts Magiques. Que j'avais moi même remporté en juin 1959. Avant toi, personne n'avait encore gagné ce prix. » C'est ce que j'avais commencé à suspecter depuis qu'il avait cité Claude Roy. J'avais lu ma dissertation devant l'école, et les invités, en même temps que les autres lauréats des différents prix. Il n'y en avait pas toutes les années, et c'était le précédent gagnant qui le remettait au nouveau. Je ne pensais pas c'était Lorenzo, peut-être qu'il avait été juste un invité quelconque… Mais non.

Par ces deux phrases, j'avais l'impression d'en apprendre plus qu'en dix-neuf mois. Il avait été à Beauxbâtons. Il avait gagné le même prix que moi, c'est lui qui me l'avait remit. Si il l'avait gagné en 1959 à 18 ans, comme moi, il serait né en… 1941 ? Donc, là, en 2002, il aurait aux alentours d'une soixantaine d'années ? Merde alors, il était bien plus vieux que je ne le pensais. Mais alors, à quel âge avait été-t-il mordu ? A quel âge s'était-il transformé ? Quelle avait été sa vie, en 60 ans ? Il avait vécu tellement plus que moi, il devait avoir énormément de choses à raconter… Est-ce que je pouvais lui demander de me parler de toutes ses aventures ? « Pour toute confidence, j'étais en colère de ne plus être le détenteur du titre. J'avais de bien laides pensées avant de voir à qui j'allais remettre le prix. » Avant de voir à qui il allait remettre le prix… Donc moi ? J'avais tout changé ? « Pourquoi ? » « Tu étais déjà une très belle lauréat. Je t'ai écouté, je t'ai regardé, je t'ai aimé. J'ai reçu la flèche d'or ce jour là. Et je savais que tu aurais celle en plomb, que tu ne pourrai jamais aimer quelqu'un comme moi. » L'espace d'une seconde, je me sentis rougir, alors, je bus une gorgée de thé pour cacher la rougeur de mes joues. Je savais aussi exactement à quoi il faisait référence. Le jour où j'avais tenté de me suicidé, il m'avait expliqué l'origine de son prénom. Le jour où je me vidais de mon sang, on avait débattu sur le mythe d'Apollon et Daphné, victimes respectivement de la flèche d'or et de la flèche de plomb. Depuis qu'il avait sauvé ma vie, nous n'avions jamais reparlé de ce mythe. « Mais tu n'étais pas un hasard, tu es arrivée au bon moment et j'y ai vu là un signe de Dieu mon ange. Je ne t'ai pas approché pendant deux ans et demi, je n'ai fais que te voir vivre de loin, dans l'espoir d'un jour avoir la chance de te rencontrer un seconde fois. » Je finis par reposer ma tasse, pensive. La deuxième fois qu'il me rencontra… C'était le jour où il m'emmena à la villa.

Je le regardais, sans trop savoir quoi répondre. J'avais besoin… De temps ? D'assimiler tout cela ? Je voulais avoir ma nuit pour pouvoir avoir le temps de tout analyser. Comme la dernière fois, dans ma chambre, la veille des courses pour la chambre de Nina. J'avais pris la nuit pour réfléchir à ce qu'il m'avait dit, pour essayer de comprendre. J'avais juste besoin de temps. « Je n'ai jamais eu l'intention de te faire souffrir une seconde. Je n'ai toujours aspiré qu'à te rendre heureuse. Je voulais d'un nous comme ici et maintenant à Paris. Où dès que tes yeux se posent sur quelque chose je puisse te l'offrir. Si tu me demandais le soleil pour te réchauffer, je te l'offrirai mon amour. » Je le regardais dans les yeux, et je voyais à quel point ils étaient remplis d'amour envers moi. Jamais, jamais je ne m'étais trompée sur son humeur en regardant ses prunelles. C'était presque… Facile, de comprendre son humeur, ou une partie de ses pensées par le biais de ses yeux. Mais je devais être la seule. Isabeau n'avait pas vu sa colère quand il était rentré dans ma chambre pendant que je faisais les cartons. Elle m'avait confié qu'elle l'avait trouvé charmant et presque drôle dans ses actes. Dans ses actes, oui. Je savais qu'il avait caché son courroux. Et même si il ne m'avait jamais reprise, je l'avais vu. Donc non, je ne me trompais pas quand je voyais son amour pour moi dans ses yeux. Mais… Je sentais que j'avais besoin d'en parler à quelqu'un, ouvertement. De son amour, de ce qu'il avait fait malgré tout. Je ne pouvais pas en discuter avec ma famille, j'avais exclu Jordan de ma vie, et je n'avais plus tellement d'amis depuis que j'étais revenue de la Villa. J'avais besoin de parler de Lorenzo à quelqu'un, et je n'avais personne. « Vous êtes ma priorité avec Nina. Tu peux me demander ce que tu veux, mais pas de te quitter, cela je ne le pourrai jamais. » Je n'avais pas quitté son pupilles des yeux. Pensive, je soutenais son regard, le temps de réunir mes pensées.

Je finis par reprendre une gorgée de thé. Ça m'aidait à me donner une certaine consistance, comme pour me donner du temps. Du temps nécessaire pour m'aidait à trouver une réponse. « Ça explique pourquoi tu parles aussi bien français. Faire des études dans un pays étranger est le meilleur moyen d'apprendre sa langue… » Il avait étudié pendant 8 ans en France, forcément qu'il parlait ma langue maternelle. Moi, je ne connaissais pas la sienne… Seulement quelques mots qu'il avait régulièrement utilisé dans la villa. Et encore, j'étais incapable de les répéter. J'avais des millions de questions à lui poser, sur ses études, sur ses options, sur sa transformation en vampire, sur son passé, sur tout. Mais je n'osais pas lui demander. Surtout que je savais que lui attendait une réponse à ses déclarations non officielles. Peut-être pas dans l'attente d'une réponse claire, mais je savais qu'il attendait un retour de ma part. Et qu'il n'accepterait pas un rejet total. Pour essayer d'occuper mes mains, je repris ma tasse que je portais à mes lèvres, avant de me rendre compte avec surprise qu'elle était vide. Lorenzo prit alors ma soucoupe et la sienne, pour les inverser. Je lui jetais un regard étonné. « Merci… »

Encore une fois, ça me prouvait qu'il tenait à moi. Il avait prit celui avec lequel j'hésitais exprès, juste pour que je puisse le goûter. Et sans rien demander en retour. Pourquoi, malgré ses actes, je ressentais encore de la retenue ? Certes, il m'avait privé de ma liberté pendant 19 mois. Pourtant, il avait toujours pris soin de moi. Plus que Jordan. Il m'écoutait, il me regardait réellement, je comptais sur lui. Je n'étais pas qu'une compagne, pas qu'un bijou. Pourquoi je pardonnais plus facilement Jordan que Lorenzo ? Alors que Lorenzo me promettait monts et merveilles ? Les seules promesses que Jordan m'avait faites étaient celles de ne plus me tromper. Et il n'avait jamais su les tenir. « Est-ce que… » J'hésitais. J'avais une question à lui poser, mais j'avais peur de sa réaction. Pourtant, il fallait que je me lance. Je lui devais bien ça. « Tu as dis que je pouvais te demander ce que je voulais. Alors, combien de temps ? Combien de temps tu es prêt à attendre ? » Cette fois, j'osais lever les yeux pour les plonger dans les siens. Pour interpréter ses réactions et ses sentiments à travers son regard, comme je savais si bien faire. « Pour le moment, je suis incapable de te donner ce que tu veux. Et je ne sais pas combien de temps cela va prendre. Je ne sais même pas si cela va vraiment prendre. » Je sentis mon cœur battre à tout allure. J'avais peur, peur de lui dire tout ça. J'avais peur qu'il prenne cela pour un rejet, alors que ce n'en était pas un. Mais ce n'était pas non plus une déclaration. Que des faits. Des simples faits.

« J'ai changé, au cours de ces dernières mois. Avant, je savais ce que je voulais, et quand je le voulais. Maintenant… J'essaie de me reconstruire. Tout mon plan de vie a été chamboulé. J'essaie d'apprendre à… A me connaître à nouveau. » Quand je me rendis compte de mes propos, je sentis de nouveau mon cœur faire un bond. « Je sais, j'ai compris pourquoi tu as fait ça. Mais, enfin, c'est juste que… J'ai juste besoin de te le dire. » Je bredouillais, mal à l'aise. Je ne voulais pas qu'il pense que je l'accuse. Même si j'étais consciente de ses actes, j'avais fait le choix de ne pas le dénoncer, pour un certain nombre de raisons. Je ne voulais pas qu'il pense que je l'accuse maintenant. J'essayais de me rattraper, alors que je parlais sans réfléchir. Je n'aimais pas ça. « C'est pour ça, je ne sais pas combien de temps ça va prendre, ou si ça prendra. Je ne te demanderai jamais de quitter Nina. Après tout, tu es son père. Et je sais que je ne peux pas te demander de me quitter. Alors, voilà ma demande, même si c'est plutôt une question : combien de temps es-tu prêt à attendre ? En sachant que, peut-être, ça n'arrivera jamais ? » Ce que je me demandais intérieurement était si il allait se lasser. Il avait dit un jour qu'il me protégerait toujours. Il ne l'avait pas dit à moi, mais j'étais là. Toujours, c'était long, très long. Est-ce qu'il n'allait pas se lasser de rester toujours avec moi ? Beaucoup s'étaient lassés, pourtant. Même mon presque-fiancé s'était lassé, même si il restait à mes côtés. Alors, est-ce que Lorenzo allait vraiment rester pour toujours ? En ne regardant que moi ?

J'avais bien l'impression que j'avais développé une certaine peur de l'abandon, à cause de tous mes exs. Un manque de confiance, une peur du rejet, l'angoisse de ne pas être assez bien. C'était quand même étrange que cette peur se reporte également sur l'homme qui m'avait privée de ma liberté pendant 19 mois. Mais cette peur avait commencé à croître quand il m'avait rappelé tout ce qu'il avait fait pour moi. Quand il m'avait rappelé que jamais il ne m'avait fait de mal. Il y avait une tempête dans mon esprit, dans mon cœur, que je ne parvenais pas à contrôler. Alors, une nouvelle fois, pour essayer de donner le change, je pris la tasse de thé que Lorenzo m'avait donnée, pour goûter ce thé blanc. Je ne pus m'empêcher de tiquer. « Je le préfère au thé noir de tout à l'heure… Il est plus léger, mais plus parfumé. » Et puis, son goût avait quelque chose de réconfortant. C'était la première fois que je buvais celui-là, pourtant j'avais l'impression qu'il me rendait mélancolique d'un certain confort. Comme si quelque chose me manquait, et que ce thé me rappelait ce quelque chose. Je ne savais pas expliquer.

Une fois les deux thés bus, par moi, on se leva pour sortir du salon de thé. La soirée touchait à sa fin, la nuit commençait. Lorenzo ne me proposa pas de rentrer, et je ne dis rien. Au fond, je n'avais pas spécialement envie de rentrer. C'était plus simple de redécouvrir la capitale de mon pays comme un plaisir simple. De pouvoir marcher dehors, le nez en l'air, en pleine nuit. De sentir l'air sur mon visage. De ne pas avoir à courir pour sauver ma vie. Parce que je savais que je retrouverai ma maison, même si ce n'était pas tout de suite. Je levais les yeux vers le ciel étoilé, pensive, avant de penser à quelque chose. « Tu as encore ta dissertation à l'Initiation des Sept Arts Magiques ? Celle qui a été récompensée ? J'ai envie de la lire. » J'étais assez curieuse, au final. Et puis, entre 1959 et 1997, la manière de rédiger devait avoir bien changé. Mais surtout, j'avais envie de savoir ce que lui avait pu écrire pour qu'on lui remette ce prix prestigieux. Il savait le contenu de la mienne, comme je l'avais lue à la remise des prix. J'avais envie d'imaginer un Lorenzo plus jeune, penché sur son parchemin à rédiger son devoir final pour clôturer sa dernière année d'étude, sans savoir que ses efforts allaient être récompensés.

🙚 Vendredi 24 mai 2002

Pour des raions évidentes, je n'avais pas reprit les cours. Mes parents et Jeanne avaient reprit le travail, Isabeau allait à l'Université et avait ses examens qui approchaient. En journée, je restais à la maison avec ma fille, la propriété surveillée par des Aurors. J'allais, de temps en temps, chez le Psychomage, conseillé par les médecins de l'hôpital. Sauf que je ne disais rien. Je ne voulais pas parler de ce qu'il m'était arrivé. Je ne voulais même pas parler du futur avec lui. Je ne savais toujours pas comment j'allais refaire ma chambre, comment pouvait-il espérer que je me concentre sur un futur long ? Alors, ma mère avait décidé de passer à la vitesse supérieure, et avait prit rendez-vous avec un Oubliettor du Ministère. Une certaine Karoline Barjow. Elle espérait qu'elle puisse m'aider à oublier le côté traumatisant des évènements. Je n'avais pas eu voix au chapitre, mais j'espérais bien pouvoir convaincre cette femme de laisser ma mémoire comme elle était. Après tout, cela ne faisait que 10 jours que j'étais rentrée à la maison. Même le psychomage disait que c'était normal qu'il n'y avait pas eu de progrès en un laps de temps si court.

Un laps de temps si court, mais si long à la fois. J'avais l'impression d'avoir vécu plus de choses en dix jours qu'en 19 mois. J'avais retrouvé ma famille, j'avais détruit ma chambre, j'avais commencé celle de ma fille, j'avais écouté Lorenzo m'ouvrir son cœur, je l'avais laissé m'emmener en rendez-vous, j'avais appris depuis combien de temps il me connaissait. Ça faisait beaucoup de choses à digérer. Heureusement que je passais mes journées seule (en dehors de ma fille) ; ça me laissait le temps de respirer un peu. J'avais perdu l'habitude d'être en communauté. Alors je passais mes journées à préparer la future chambre de Nina : j'avais choisi la chambre d'amis à côté de la mienne. J'avais détapissé tous les murs, correctement (pas comme dans la mienne, donc), avant de lisser tous les murs. J'avais tout nettoyé à fond, avant de commencer à les retapisser. J'avais peint les murs avec une sous-couche blanche, et aujourd'hui, je m'occupais de faire la première couche de rose. Je faisais tout ça à la manière moldue, mais au moins, ça m'aidait à oublier un peu tout ce qu'il se passait dans ma vie. Les meubles de Nina étaient dans ma chambre, en attendant, et on dormait toutes les deux dans cette pièce grise, sans décoration. Je n'avais pas encore choisi de nouvelles décorations, je n'avais pas encore choisi les couleurs, je n'avais pas encore choisi les meubles.

Quand Isabeau rentra de ses cours, à 18 heures, je lui demandais de surveiller Nina dans son parc dans le salon, pendant que j'allais me doucher. Je savais que ma mère avait encore invité Lorenzo à dîner ce soir, et je ne voulais pas l'accueillir pleine de peinture. Je pense que ma mère n'aurait pas voulu non plus. Depuis notre rendez-vous, elle n'arrêtait pas de sous-entendre qu'il était un bon parti ; elle multipliait les invitations et elle lui demandait régulièrement si il avait rencontré quelqu'un, comme si elle voulait s'assurer qu'il était toujours libre. Je filais donc sous la douche, et à peine je me glissais sous l'eau chaude que Isabeau toqua à la porte. « Ali, Nina s'est mise à pleurer. » « Elle a sûrement faim, donne-lui le biberon que j'ai préparé, il est au frigo. » Je mis mes cheveux sous l'eau, et je pris le shampoing. Je commençais à les faire mousser quand ça toqua de nouveau. « Elle en veut pas et elle continue de pleurer. J'ai aussi vérifié sa couche et sa température. Je sais pas quoi faire. » J'entendais les pleurs de ma fille de l'autre côté de la porte, et je sentis un certain malaise s'emparer de moi. Qu'est-ce qu'elle avait ? « Je me rince tout de suite et j'arrive. » Les pleurs de Nina baissèrent, comme si Isabeau s'était éloignée de la salle de bain, et je l'entendais descendre les escaliers. Je me dépêchais de retirer tout le shampoing de mes cheveux, et j'éteignis l'eau.

Je sortis de la douche, et sans prendre le temps de me sécher, j'enfilais un peignoir, avant de sortir de la salle de bain. Je n'entendais plus Nina. Pourquoi je ne l'entendais plus ? Je me dépêchais de descendre les escaliers. Je mettais de l'eau partout, mais, tant pis. Ma fille était plus importante. Je me précipitais dans le salon, avant de me stopper net face au spectacle qui se déroulait devant moi. Nina se trouvait dans les bras de Lorenzo, calme, les yeux encore un peu rouges d'avoir pleuré ; et Isabeau qui le regardait d'un air suspicieux. « Elle s'est calmée quand Mr. Peretti est rentré dans le salon. Elle a tendu les bras vers lui. » Je le regardais, le cœur battant. Nina n'avait pas vu un invité, elle avait vu son père. Voilà pourquoi elle s'était calmée. Quand je vis le regard de Lorenzo sur moi, je me mise à rougir, en me rendant compte de ma tenue : les cheveux dégoulinants dans mon dos, le corps encore mouillé et le tissu du peignoir collé à mes courbes. Super, moi qui voulait éviter de paraître négligée à cause de la peinture, voilà que j'apparaissais trempée et pas coiffée. Je balbutiais : « Puisqu'elle ne pleure plus, je vais aller me sécher… Je reviens… » Je tournais les talons pour remonter les escaliers quatre à quatre, à moitié morte de honte. Et surtout, inquiète. Est-ce que ma famille allait découvrir la paternité de Lorenzo à cause de ce genre de comportement ?                                      
:copyright:️ Justayne

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~ I feel you holding me ~

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges
🙚 Mercredi 1er novembre 2000

Je tiens toujours l'humain à bout de bras pour lui présenter le poignet. J'entends son cœur qui continue de s'emballer, son regard suppliant. Suppliant...

« Non, non, je ne peux pas, je ne peux pas… »
« Bien sûr que tu peux, c'est impressionnant les premières fois, mais tu dois le faire mon ange, tu as besoin de boire du sang. Tu n'as pas le choix.»
« S'il te plaît, ne m'oblige pas à boire à son poignet, j'en suis incapable… »

Je plisse mes yeux et fais la moue. Elle ne veut pas boire à son poignet ? Bien. Soit, si c'est juste cela. Pourtant le sang est meilleur quand il est bu à la source, quand il est frais, qu'on ne sent pas les hormones de décharge de stress ou de peur, qu'on y goûte seulement l’adrénaline qui donne un petit goût de fouet. Son sang à elle est délicieux, je le savais avant d'y avoir goûté la première fois, c'est pour cela qu'il m'a été tellement difficile de résister quand elle était nue dans son lit. Je voulais sentir, boire son plaisir qui coulait dans ses veines après notre nuit d'amour. Et nous voilà aujourd'hui à devoir la garder près de moi, pour lui faire entendre raison. Nous deux c'est parfait, ça sera parfait.

Je la regarde, fragile, tremblante, faible, se lever pour se poster devant la fenêtre. Elle me tourne le dos, ou plutôt elle refuse passivement de boire à la source. Bien, le message est passé, je dois pouvoir trouver autre une solution. Je quitte la chambre en traînant l'homme à terre. J'appuie sur le poignet pour ne pas salir le sol de son sang et vais jusque dans la cuisine. Je monte l'homme sur le comptoir et cherche dans les meubles de quoi faire l'affaire, je trouve un mug en plastique opaque, vestige d'une soirée de Super Bowl aux États Unis en 1968, avec Thyra et Mads, ce verre est vieux de 33 ans, à l'époque des petits marchands ambulant passaient dans les rangées du stade pour proposer des sodas et de quoi manger. Mais nous vidions le Coca Cola et y mettions du sang dedans, pour profiter de la soirée. C'était les débuts du Super Bowl, créé en 1967 et c'était dingue, mes parents, mes sœurs auraient adoré. Et grâce à Thyra et Mads j'ai pu vivre ces instants.

Je me concentre à nouveau sur ma mission première, nourrir Aliénor. Je perce à nouveau le poignet de l'homme qui gémit, il commence à se réveiller. Je presse son avant bras pour faire couler le sang frais dans le mug et le remplir de manière généreuse. Une fois fini, je referme avec le couvercle et plante une paille dedans. Je regarde l'homme, dont les paupières s’entrouvrent. Je ne résiste pas, je viens mordre son cou et aspirer jusqu'à sa dernière goutte de sang, jusqu'à ce que son cœur s'arrête, jusqu'à ce que je sente que la vie s'échappe entre mes doigts. C'est toujours une sensation étrange, mais je n'ai toujours aucun regret de le faire. Une fois mort et mon ventre plein, je jette l'homme sur mes épaules pour le mettre dans mon bureau - le temps de pouvoir l'évacuer - où Aliénor ne peut pas entrer. Je ne voudrai pas qu'elle croise son corps. Il ne pouvait de toute façon pas revenir dans la vie active, il est venu ici, il a vu la Villa, ce ne serait pas prudent de seulement l'Oubliéter. Mais Aliénor ne comprendrait pas, alors autant qu'elle ne le sache pas. Son sang à lui me confirme bien que celui de mon ange est le plus délicieux qui soit. Toutes les saveurs qu'elle dégage sont incroyables, délicates. J'ai juste l'impression d'avoir donné un artifice, un substitut à mon corps avec cet homme. Mes papilles ne salivent que pour elle, ne se nourrissent que d'elle. Ma précieuse.

Je reviens dans la chambre avec le gobelet qu'elle regarde immédiatement.

« Qu'est-ce que c'est ? »
« Le sang. Tu ne voulais pas le boire directement à son poignet, alors je l'ai mis dans un gobelet, il est meilleur frais. Je préfère le meilleur pour toi. »

Il est hors de question qu'elle boive du sang de poche ou de la morgue. Thyra m'en a déjà fait goûter à l'époque, mais vraiment ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, ce n'est pas ce que je souhaite pour Aliénor, d'autant plus qu'elle reste humaine, et que ce n'est que passager cette alimentation. Plus vite on sera débarrassé de cet enfant, mieux on se portera tous.

Je m'approche d'elle avec le gobelet en avant pour le lui tendre, son regard est fixe, son expression change, elle semble d'un coup moins hermétique à l'idée de le boire. Mais alors que je pense qu'elle va prendre le verre, elle tourne de l’œil. J'ai juste le temps de venir la saisir par la taille pour ne pas qu'elle s'écroule au sol malgré sa tentative de se retenir aux barreaux du lit. Le plus délicatement possible, je l'aide à s’asseoir sur le lit et dépose le mug dans sa main. Et je suis surpris avec la rapidité avec laquelle elle le porte à ses lèvres et aspire le liquide. Avec avidité.

Mes pupilles se dilatent de plaisir à la voir ainsi. J'ignore si c'est le fait qu'elle ait cédé à s’alimenter, si c'est le fait qu'elle boive du sang ou si c'est le fait qu'elle soit autant satisfaite de le boire malgré sa réticence première. J'ai un sourire de contentement. Elle se stoppe dans son hydratation pour me regarder.

« Est-ce qu'un demi-vampire peut choisir entre la nourriture humaine et le sang ? »
« Cela varie selon l'étape de développement je dirai. Dans le ventre de sa mère, un demi-vampire a plus besoin de sang que de nourriture humaine pour se développer correctement. Et après la naissance, l'enfant en aura besoin moitié-moitié. Plus grand, je sais que les demi-vampire se contentent de peu de sang pour vivre, ils mangent essentiellement comme les humains, mais ils auront toujours besoin d'une dose de sang pour fonctionner normalement. Mais n'aie crainte, tu n'auras pas à te préoccuper de tout cela après, ce n'est que transitoire pour toi.»

Elle n'aura pas à gérer l'alimentation de cet enfant, vu qu'il n'y aura pas d'enfant. Et pour le reste, je m'occuperai de tout. Comme maintenant.

« Prends le gobelet chérie et suis-moi, je vais te faire un repas plus conventionnel, je suis sûr que tu as toujours faim.»

Je lui fais un sourire confiant et je quitte la chambre pour aller à nouveau dans la cuisine, où il n'y a plus aucune trace de l'homme que j'ai exsanguiné plus tôt. Je sors des poêles, un plateau, une assiette. Je la vois arrivée dans la pièce, tout de même hésitante.

« Qu'est-ce qui te ferait plaisir ma douce ? Sucré ? Salé ? Les deux.»

Je m’affaire en cuisine à ses désirs. Je pourrai passer mon éternité à faire cela, à répondre à tous ses besoins. Ce n'est pas juste une passade, Aliénor est toute ma lueur de vie, celle qui empêche le vampire de me draper totalement et de m'attirer dans les méandres d'une noirceur infinie. J'ai besoin d'elle, autant qu'elle a besoin de moi, même si cela me prendra des années pour qu'elle comprenne. Un jour elle saura, un jour elle comprendra que je serai toujours là pour elle, dans son intérêt, que je serai prêt à tout. Après quelques minutes, un petit déjeuner gargantuesque se dessine. Je prends le temps aussi d’apposer cette rose, dans ce vase. Parce qu'elle mérite tout le raffinement possible.

Alors qu'elle mange, je lui glisse une plume avec de l'encre et un parchemin sur le comptoir.

« Si tu veux me faire une liste de choses que tu voudrais en ta possession, je pourrai l'étudier et t'apporter tout ce qu'il m'est possible de te laisser.»

Pas d'objet tranchant évidemment, je pense qu'elle l'aura compris.

🙚 Vendredi 1er décembre 2000

Une certaine routine paisible semble s'être installée dans la Villa. Aliénor semble mieux s'acclimater et n'a pas l'air de fomenter une autre évasion ou tentative de suicide. Mais je reste vigilant et sur mes gardes, je sais qu'elle ne laisserait aucun indice et qu'elle ne m'en parlerai pas. Je dois donc rester sur mes gardes. Tous les jours je lui apporte du sang frais dans ce gobelet, tous les jours elle le boit, tous les jours je dois enterrer un corps. J'ai décidé que je ne pouvais pas tous les Oubliéter. Je les choisis toujours avec soins, cette époque me renvoie encore une fois à une période de ma vie avec Thyra et Mads, mais que diraient-ils s'ils savaient que je les tuais tous ? Mads pas grand chose, nous avons déjà bu jusqu'à sacrifier un homme, mais jamais Thyra. J'ignore pourquoi je pense à eux en ce moment, peut-être parce qu'ils m'ont aidé dans une période très sombre, où j'avais perdu femme et enfant. Peut-être parce qu'à présent j'ai trouvé l'Amour de ma vie ? Et que j'aimerai qu'ils le sachent, j'ai tant prié pour cela, eux mieux que personne le savent.

Il n'a pas été facile de la voir subir cette grossesse, si j'avais pu en faire autrement, je l'aurai soulagé de cette tare. Toutes les nausées, tous ces vomissements, même en pleine nuit. Je me suis toujours « levé » à ses côtés pour lui faire couler un bain, lui apporter du linge propre, des serviettes chaudes, lui apporter un peu de sang pour faire passer les nausées, mais je ne pouvais pas prendre le mal à sa place, vomir à sa place. Je suis soulagé que cela soit de plus en plus rare, même si je sais que le pire arrive pour la suite, quand le bébé deviendra plus grand, plus fort.

Je rentre avec une petite surprise pour Aliénor, dans une enveloppe. Je me suis occupé toute la semaine pour me fournir tout cela. J'ai donc hâte de la retrouver et de lui donner. En arrivant, je me laisse guider par un certain instinct et habitude, je la retrouve dans la bibliothèque à lire un livre et boire une tisane. Je lui offre mon plus beau sourire, je suis toujours si heureux de la voir. C'est le moment le plus intense de ma journée, le plus joyeux.

« Bonjour darling, comment te portes-tu ? As-tu besoin de quoi que ce soit ?»

Mon regard est encouragent, après tout, elle reste seule toute la journée, sans pouvoir me demander quoi que ce soit. Autant que je la satisfasse, peut-être a-t-elle manqué de quelque chose ?

« Je… Je me demandais… Ou tu rangeais les ciseaux. »

L'instant d'une seconde je ne suis pas ravi de sa question. Pourquoi veut-elle des ciseaux ? Cette idée ne l'a pas quitté encore ? Je veux qu'il y ait une autre intention derrière, que veut-elle faire avec des ciseaux ? Couper un fil qui dépasse ? Je pourrai le faire moi même. A-t-elle cherché toute la journée dans les tiroirs ? Je suis presque déçu.

« C'est juste que… J'en ai besoin. Mes cheveux poussent, et je voulais simplement couper mes pointes abîmées… »

Mon regard s'adoucit à nouveau. Je réalise que je pense à tort, elle veut seulement couper ses cheveux, évidemment, elle a toujours été coquette, à prendre soin d'elle, et j'ai complètement négligé ce côté là depuis qu'elle est à la Villa. Je m'en veux, de ne pas avoir pensé à cela avant et d'avoir cru à quelque chose de plus sinistre de sa part avec cette demande.

« Je te demande pardon mon amour, je n'avais pas réalisé que tu aurais pu avoir ce besoin, je te trouve magnifique avec cette coupe, évidemment, mais je comprends totalement que tu souhaites rafraîchir tout cela. Ce sont tes cheveux, ton style après tout. Rejoins-moi dans la salle de bain, je te prépare tout ça.»

Avec la rapidité du vampire, je vais à l'étage pour préparer un petit salon de coiffure. J'installe une chaise face au miroir, des serviettes, un peignoir. Je pose l'enveloppe sur le rebord de l'évier et je transplane dans mon bureau pour récupérer une paire de ciseau de coiffeur dans une caisse, vestige de matériel de ma sœur. Quand Aliénor arrive, elle semble ravit, ce qui me fait sourire de plus belle. Ciseaux à la main, je lui fais signe de venir s’asseoir.

« Viens installe toi. Tu veux que je coupe combien de centimètres ?»

Je vois qu'elle semble déçue quand elle réalise que c'est moi qui vais lui couper les cheveux. Pourquoi donc ? Est-elle aussi déçue de ne pas le faire elle même ? Ou son intention était vraiment autre ? Le doute me revient.

« Ma belle, la dernière fois que tu as eu un objet aussi tranchant dans les mains, tu t'es ouvert les veines et tu m'as planté le foie. Je suis très bon coiffeur, j'ai pratiqué, n'aie aucune crainte, tu seras tout aussi magnifique. Viens donc t'asseoir, une surprise t'attends, regarde.»

Je lui montre l'enveloppe sur le lavabo. Elle finit par approcher et je lui montre le peignoir, je l'aide à l'enfiler par dessus ses habits pour ne pas mettre des cheveux partout. En exerçant une légère pression sur ses épaules, je la fais s'installer sur la chaise.

« Tu peux ouvrir l'enveloppe, vas-y chérie.»

Elle hésite un instant, mais se résigne à le faire. En l'ouvrant, elle découvre une photo récente de tous ses proches. 4 photographies, ses parents, ses sœurs. J'ai passé la semaine à les suivre de loin et les photographier, les portraits ne sont pas aussi fabuleux que mon père, mais on pourrait presque croire qu'ils ont tous posé pour moi. Je ne suis pas peu fier. Aucun d'eux ne s'est aperçu qu'on les prenait en photo, évidemment. Elle se retourne vivement vers moi, mais je lui prends délicatement la tête pour la mettre droite devant le miroir.

« Reste droite ma puce, que je ne rate pas ta coupe.»

De ce fait, nos regards se fixent dans le miroir. J'aime quand elle me regarde, même si ce n'est pas directement. Son regard est puissant sur moi, elle n'imagine pas combien elle a de pouvoir sur moi. Elle n'imagine pas une seconde ce que je serai capable de faire pour ses yeux bleus. Ils ont le pouvoir de me détruire comme de me redonner vie. Elle est si belle, si biblique, il y a ma Foi dans ses iris céruléennes, mon paradis. Elle ne le sait pas, pourquoi ne s'en rend t-elle pas compte ? Bébé je suis fou de toi. Quoi qu'il en soit, elle regarde à nouveau les photos.

« Ils vont tous très bien, en dehors du fait qu'ils te recherchent tous activement. Je ne veux pas dire par là qu'ils ont le moral, mais physiquement, tu peux voir qu'ils se portent bien. Loin de moi l'idée de te faire croire que tu ne leur manques pas. Tu es précieuse Aliénor, ton absence est un gouffre, elle le serait pour moi aussi. Tu comprends n'est-ce pas ?»

Je touche ses cheveux que je prends entre mes doigts, pour juger de la longueur. Il est vrai que les pointes sont légèrement abîmées maintenant que mes yeux de vampire peuvent les voir d'aussi près. Je ferme les yeux un instant, respirant l'espace entre nous, l'odeur de ses cheveux blond, de sa peau. Je voudrai tellement l'embrasser, tellement la faire mienne contre les murs de cette salle de bain, la monter sur le lavabo, me regarder dans le miroir lui faire l'amour. Mais au lieu de cela, j'ouvre les yeux et commence à lui couper les cheveux habilement. Je l'ai déjà fait, à ma jumelle, un nombre incalculable de fois. Je m'applique, la laissant regarder encore et encore les images de sa famille. Je mets tant d'amour dans mes gestes, tant de passion. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas touché ce genre de ciseau, comme ceux de couture. Cela me donne envie de lui faire de magnifiques tenues, je pourrai lui en offrir une pour Noël, mais je ne sais pas encore la forme qu'aura son ventre de femme enceinte.

Quand je termine, je pose les ciseaux sur le rebord de l'évier et viens saisir sa tête entre mes deux mains, puis lui faire relever les yeux vers le miroir, vers elle, vers nous. Je viens me pencher jusqu'à ce que mon visage soit près du sien, sur sa gauche, que ma bouche soit presque collée à son oreille. Elle ne bouge pas, je sais qu'elle n'est pas encore prête à ce genre de contact physique, mais je me retiens depuis le début, je veux juste, un instant, être près d'elle.

« Regarde toi ma douce, comme tu es belle. Le sais-tu ? Tu es un cadeau de Dieu, tu es mon miracle. Je t'aime tellement Aliénor. Un jour tu m'aimeras autant.»

Je viens fermer les yeux et respirer doucement les effluves de peau, de son sang à ma portée. D'un geste je pourrai plonger mes crocs dans son cou, me nourrir de son essence. Mais je ne le fais pas. Je me retiens. En ouvrant les yeux, mon regard capte la fin d'un mouvement, et quand je regarde lévier, je ne vois plus le ciseau. Mon regard change en une fraction de seconde. Je me redresse, lâchant sa tête.

« Mon amour, je te conseille de ne pas me mettre en colère. Repose le ciseau, ne me force pas à le récupérer.»

Mon ton est froid, mon regard glacial. J'attends. Prêt à bondir si elle s'en sert contre elle.

« Aliénor ! Comment peux-tu agir de la sorte ? Je te laisse la Villa en libre service, je t'apporte tout ce que tu souhaites pour ton confort. Je passe tout mon temps libre à tes côtés, je t'offre des présents. Tu es bien traitée non ? Quels sévisses est-ce que je t'inflige ? Tu es aimée plus que tu ne l'as jamais été. Je t'offre même l'image de ta famille. Je ne te touche pas. Et pour me remercier ? Tu me défis encore ? Je te soignerai à nouveau, éternellement s'il le faut. Tu uses de l'énergie pour rien bébé.»

Je lui tends ma main, paume vers le haut.

« Rend moi ce ciseau mon ange, ne fais pas de bêtises. Réfléchis bien à tes options.»

J'attends, le regard noir, un goût de chaos dans la bouche. Et elle finit par poser le ciseau dans ma main. Je le serre en refermant mes doigts dessus. Ma mâchoire est contractée, on la voit bouger.

« Bien. C'est très bien. Mais je suis extrêmement déçu que tu es encore ce genre de préoccupation. Quand je te traite trop bien ce n'est pas suffisant. Que te faut-il pour que tu comprennes ?»

Je viens récupérer l'enveloppe avec les quatre photos. Je la prive des souvenirs de sa famille, elle me supplie, elle se confond en excuse.

« Mon ange, c'est toi qui te met dans cette situation toute seule. C'est avec plaisir que je te les aurai laissé, mais je ne sais par quel moyen te faire retenir des leçons. Alors puisque je n'en fais pas assez, je reprends ce que je donne. C'est par tes choix que j'agis. Choisis mieux tes combats la prochaine fois ma douce.»

Je quitte la salle de bain en récupérant ciseau et enveloppe. Je me retourne vers elle avant de la laisser seule.

« Je reviens dans trente minutes pour te raccompagner à ta chambre.»

Je ferme la porte « à clef », sa liberté dans la Villa est terminée, jusqu'à ce qu'elle retienne cette leçon. Jusqu'à ce que je lui fasse à nouveau confiance.

🙚 Dimanche 19 mai 2002

Mes yeux brillent alors qu'elle soutient mon regard, sans détour, sans miroir, elle me regarde comme si elle me voyait clairement pour la première fois. Mes pupilles transpirent d'amour et d'admiration, mais aussi de gratitude. Jamais elle ne m'avait regardé de la sorte, sans peur, sans crainte, sans doute. Juste pensive. Je la regarde boire le thé, ce simple geste, si anodin, si infime me comble de bonheur. La voir vivre, savourer me rend heureux. Je ne me lasserai jamais de la voir agir dans ce monde, même par des gestes si banals. Les gens oublient la beauté de ce genre de moment. La vie est précieuse.

« Ça explique pourquoi tu parles aussi bien français. Faire des études dans un pays étranger est le meilleur moyen d'apprendre sa langue… »

Je lui offre un sourire. Puis-je lui faire une autre confidence ? Son cœur est-il prêt pour moi ? Ou se prépare-t-il tout doucement ? Quoi qu'il en soit, je peux en raconter un peu plus, juste un peu plus.

« Pour tout te dire mon amour, ma mère était française. Aurore Dubois. C'était une sorcière sang-pur française. Je parle français depuis le berceau.»

Je sais que je l'étonne à faire ce genre de confession. Je ne lui ai que très rarement parlé de moi, et jamais de mes origines. D'ailleurs elle n'a su mon nom de famille qu'en sortant de la Villa, quand on m'a présenté officiellement à elle dans la chambre d'hôpital.

Elle reprend sa tasse vide, que je repère rapidement, et quand ses lèvres ne touchent pas le liquide, je viens permuter mon thé avec le sien, celui que j'ai pris pour elle et non pour moi. Devant son regard étonné, je lui souris doucement. Je n'attends rien en retour, je veux juste donner.

« Merci… »
« Tout le plaisir est pour moi chérie.»
« Est-ce que… »
« Oui ?»
« Tu as dis que je pouvais te demander ce que je voulais. Alors, combien de temps ? Combien de temps tu es prêt à attendre ? »

Si mon cœur pouvait battre, il s'emballerait. Je suis pris au dépourvu, sa question me déstabilise, je ne suis pas sûr de comprendre ce qu'elle veut dire. Mais je l'encourage de mes yeux brillants.

« Pour le moment, je suis incapable de te donner ce que tu veux. Et je ne sais pas combien de temps cela va prendre. Je ne sais même pas si cela va vraiment prendre. »

J'entends son cœur battre si vite dans sa poitrine, d'ailleurs mes yeux se posent un instant sur son torse, comme si je pouvais le voir à travers les vêtements, mais je reviens rapidement la regarder. Elle pense qu'elle pourrait ? Elle me demande si je suis prêt à l'attendre ? Je la laisse parler, je ne réponds rien, même si mon âme veut lui hurler ma décision. Ce qu'elle m'offre, je ne le vois pas comme un refus, mais comme une promesse, un essai. Un espoir et c'est déjà beaucoup.

« J'ai changé, au cours de ces dernières mois. Avant, je savais ce que je voulais, et quand je le voulais. Maintenant… J'essaie de me reconstruire. Tout mon plan de vie a été chamboulé. J'essaie d'apprendre à… A me connaître à nouveau. »

Quand je l'ai connu, c'était là où elle était véritablement perdue. Où elle acceptait tout d'un homme qui ne la respectait pas. Elle revenait encore et encore vers lui, vers ses erreurs, et de ce fait c'est elle qu'elle ne se respectait pas. Il l'utilisait, s'en moquait. Jamais je ne ferai cela. Elle mérite mieux, elle mérite mon amour pur et éternel.

« Je sais, j'ai compris pourquoi tu as fait ça. Mais, enfin, c'est juste que… J'ai juste besoin de te le dire. »
« Je t'écoute mon amour. Toujours.»
« C'est pour ça, je ne sais pas combien de temps ça va prendre, ou si ça prendra. Je ne te demanderai jamais de quitter Nina. Après tout, tu es son père. Et je sais que je ne peux pas te demander de me quitter. Alors, voilà ma demande, même si c'est plutôt une question : combien de temps es-tu prêt à attendre ? En sachant que, peut-être, ça n'arrivera jamais ? »

Ce sera peut-être jamais, mais je resterai toujours le père de sa fille. Ce sera peut-être jamais, mais je resterai jusqu'à la fin, juste dans l'espoir de l'entendre, même dans 60, 70, 80 ans. Juste une fois.

« J'ai l'éternité devant moi mon amour. Alors je suis prêt à attendre ta dernière ride, je suis prêt à attendre jusqu'à ton dernier souffle. Et même après cela, j'attendrai un signe de Dieu aussi longtemps que la terre tournera, un signe qui me dirait que de là haut tu m'aimes.»

Je devrai rester après elle, pas parce que je le voudrai, car après elle, je ne serai plus qu'une coquille vide, mais je resterai parce que je le dois, pour notre fille. Mais quand Nina aussi partira, je n'aurai plus rien qui me retient dans cette vie, et j'espère les rejoindre et que là bas, si elle ne me choisit pas dans ce monde, elle me choisisse au Paradis.

« Je t'ai choisi ma douce, parmi toutes les occasions, toutes les femmes que j'ai pu rencontrer, que je peux rencontrer, par l'opportunité que m'offre cette vie de vampire. Mais jamais je n'ai désiré et voulu autant quelqu'un. C'est toi et seulement toi, même après toi. Mon cœur et mon âme ne peuvent en aimer une autre. Tu m'as offert le plus précieux cadeau en Nina, personne d'autre ne l'a fait. Je serai là, pour vous deux, jusqu'à votre fin dans chaque monde.»

Je voudrai l'embrasser, j'ai toujours envie de le faire, chaque seconde me coûte, mais je pourrai attendre des années encore, jusqu'à ce qu'elle m'offre délibérément ses lèvres, son cœur et son corps. Ce jour là sera béni de Dieu. Je dois me montrer patient alors que je voudrai lui dire combien je l'aime, qu'elle le comprenne vraiment. Je sais qu'elle le sait, je sais qu'elle le voit, mais le comprend t-elle vraiment ?

« Je le préfère au thé noir de tout à l'heure… Il est plus léger, mais plus parfumé. »
« Je te crois sur parole, tu as toujours aimé les roses...»

Je la laisse déguster son thé, intégrer et digérer mes promesses, mon amour, ma patience et ma foi en nous. Nous nous levons pour quitter LaDurée, non sans que je demande une boite de thé qu'elle a apprécié pour en avoir chez elle.

Nous marchons un peu dans le froid de Paris, je l'amène tout doucement vers un petit bar d'ambiance où des artistes passent à tour de rôle pour de l'improvisation. Il y a un peu de tout, des humoristes, de l'improvisation au théâtre, des chanteurs.

« Tu as encore ta dissertation à l'Initiation des Sept Arts Magiques ? Celle qui a été récompensée ? J'ai envie de la lire. »

Je tourne ma tête vers elle, curieux.

« Je dois avoir gardé cela oui, je pense. Je te la ferai parvenir si c'est ce que tu souhaites.»

Je dois l'avoir gardé, c'est l'une des rares pièces que j'ai gardé de mon passé. Mon premier lien avec elle. Je suis surpris qu'elle s'intéresse à moi, à ce que j'ai pu faire. Cette soirée était très agréable, plus que je n'aurai pu l'imaginer. Elle m'a parlé, elle a posé des questions, elle a été sincère et détendue. Elle a été vraiment libre à mes côtés. Je lui montre la devanture du bar dans lequel je souhaite entrer avec elle.

« Tu n'es pas trop fatiguée ? Pour un dernier moment avant de rentrer ? Si tu le veux bien ?»

Je sais que c'est ma soirée, mais je ne la forcerai pas si elle est fatiguée. Elle accepte et mon visage s'illumine, elle m'offre encore du temps, cette nuit est merveilleuse. On rentre donc et on s'installe à une petite table ronde et des chaises hautes. Sur scène, un humoriste. Je nous installe et on nous porte une carte de cocktail. Je prends un whisky et laisse Aliénor décider d'un dernier verre où non pour elle. Elle me signifie qu'elle voudrait aller aux toilettes. Je me lève pour l'accompagner jusqu'au couloir qui mène vers celui des dames. Une fois à l'intérieur, je quitte mon poste quelques secondes pour parler au gérant et lui dire que je souhaite être le prochain artiste à passer, qu'il me faudrait une guitare. Il note mon prénom et me programme après l’humoriste. Aliénor ressort des toilettes et j'ai repris ma place devant le couloir, je la raccompagne à table où je tire sa chaise pour l'aider à s'installer.

Nous regardons l'artiste et échangeons des regards qui je pense complices. Je pense comprendre qu'elle non plus n'aime pas l'humour de cet homme, et cela nous fait rire. Nous rions pour la même chose, à savoir le ridicule de la scène, et les blagues vaseuses, mais nous rions ensemble, pour la première fois. Pour autant, nous sommes les premiers à l'applaudir après sa prestation. Aliénor reste attentive à la scène et est surprise quand au micro, on m'appelle. Je me lève alors en lui faisant une petite révérence polie.

« Je reviens vite ma douce, je ne te quitterai pas des yeux.»

Non pas pour lui mettre une forme de pression. Non pas pour la surveiller, mais pour qu'elle sache que je prends toujours soin d'elle et reste attentif à ses besoins. J'espère qu'elle l'a compris dans ma voix, dans l'expression rassurante de mon visage. Je n'ai aucune crainte à ce qu'elle parte, Aliénor n'irait pas bien loin sans sa fille et elle a toujours mon alliance autour du doigt. Je monte sur scène et on me donne une guitare classique, en bois, parfaite. Je fais quelques accords pour l'ajuster, non sans porter quelques regards vers elle, la femme de ma vie. Je viens mettre le micro au niveau de mes lèvres et commence la chanson.



Mon regard reste ancré sur elle, ma douce, ma pure. Je pense chacune de ses paroles.

«I wanna have it all with you
'Cause your love is biblical
Biblical, it's biblical

If you evеr go to pieces
Fall between thе thunder clouds
I will put you back together, I won't let you down»


Traduction de toute la chanson :


Je termine ma chanson sous les applaudissements des spectateurs, tout le monde me regarde mais je ne vois qu'une seule personne, elle éclipse tous les autres. Elle est blonde, on dirait un ange. Je remercie au micro, mais mon merci n'est que pour elle. Merci d'être là, merci pour cette soirée, merci pour ses sourires sincères, pour son cœur léger. Merci d'être dans ma vie. Je reviens vers elle, nous regardons deux autres artistes avant de décider qu'il était l'heure de rentrer. Nous trouvons une petite ruelle pour transplaner devant chez ses parents.

Devant la porte alors que je dois lui faire mon aurevoir, je voudrai tellement saisir ses lèvres, mais à la place, je viens doucement prendre sa main et embrasser le dessus, chastement. Alors que mes pensées ne le sont pas du tout.

«Merci pour la soirée ma douce, elle était exceptionnelle à tes côtés. Merveilleuse. J'espère que tu as passé un agréable moment.»

Je viens sortir de ma poche la petite boite de thé Ladurée à la rose.

« Pour demain matin.»

Je lui offre un dernier sourire et la regarde gagner l'intérieur avant de transplaner dans mon appartement Londonien. Seul.

🙚 Vendredi 24 mai 2002

J'ai passé mes jours et mes nuits à abattre un travail monstre pour le Ministère italien. Des dossiers et des dossiers laissés parfois de côté pour n'être qu'aux côtés d'Aliénor le plus de temps. Des rendez-vous diplomatiques, des réunions avec les Ministres. Je suis même allé donner un cours de politique à l'UMS et ai écrit un article pour la Gazette. A présent qu'elle est dans la vrai vie, qu'elle prend soin de notre fille, j'essaye de lui faire confiance. Il faut que je lui fasse confiance. Elle ne semble plus suicidaire, j'espère que cette idée lui a vraiment passé. Je sais qu'elle parle à un psychomage, mais je sais aussi qu'elle ne dira rien. Ce que je redoute, c'est ce rendez-vous avec l'Oubliator, je me suis renseigné, je suis allé l'espionner au Ministère anglais, entre deux rendez-vous. Je l'ai suivi jusqu'à chez elle, elle vit dans une maison du côté moldu, très étrange sachant son nom. Barjow. Son père et son frère tiennent la célèbre boutique de Barjow et Beurk, devenu récemment Scott. Je connais les Scott de réputation, surtout l'avocat Andrew. J'ai peur que ma douce se laisse tenter à oublier, à m'oublier. J'aimerai lui en parler, ce n'est pas une solution. Je préférerai encore disparaître de sa vie, me faire le plus discret possible, rester une ombre parmi les ombres plutôt qu'elle m'oublie.

Je sais qu'Aliénor passe son temps à faire une chambre à notre fille. Il est très difficile pour moi de ne pas être dans leur quotidien, de ne pas voir comme je le souhaite Nina grandir. De ne pas être toujours là pour la coucher, chanter, jouer pour elle. Je suis bien sensible de ne pas pouvoir regarder les deux femmes de ma vie dormir, de ne pas veiller comme je le voudrai sur elles, de devoir faire confiance à des Aurors, alors que je sais qu'il n'y a pas vraiment de danger pour elles. C'est pour cela que j'accepte toutes les invitations des Fontanges, j'ai l'impression que doucement mais sûrement, la mère d'Aliénor prêche pour ma paroisse. Bien sûr Béate que je suis un bon parti pour votre fille, bien sûr que je souhaite devenir votre gendre.

J'arrive pour 18h30. A peine transplané-je devant le château de Cropières que j'entends les pleurs déchirants de ma progéniture. Mon sang ne fait qu'un tour, et je ne réalise pas vraiment mon comportement, à savoir m'inviter dans la maison et me diriger vers elle. C'est puissant, je ne peux maîtriser cet instinct. Quand j'arrive, elle m'aperçoit et ses bras se tirent, s'allongent vers moi, je m’approche doucement d'elle, sang de mon sang.

« Cosa sta succedendo, mia dolce bambina? non piangere, sono qui. Sarò sempre lì.[1]»

Je viens alors la soulever dans mes bras, humer sa tendre odeur de bébé. Comment ne l'ai-je pas aimé dans le ventre de sa mère ? J'aperçois alors Isabeau me regarder étrangement, un air de surprise mélangé à de la suspicion. Je réalise là ma première erreur en sa présence. Mais mon cœur de père est faible, il emporte ma raison. Arrive alors rapidement ma tendre blonde si peu vêtu, je ne peux m'empêcher de parcourir chaque centimètre de sa peau nue, me forçant à remontrer mon regard à ses yeux. Mais elle a vu, elle a vu combien je peux la désirer. Et je n'en ai pas honte, je ne m'en suis jamais caché.

« Elle s'est calmée quand Mr. Peretti est rentré dans le salon. Elle a tendu les bras vers lui. »

Je dois prendre le contre pied, je ne dois pas laisser voir que cela m'a déstabilisé, que j'ai commis un imper. Je dois rester sûr de moi, de mes actes.

« Ne soyez pas si dure avec vous même Isabeau, si elle s'est calmée avec moi et non avec vous, c'est certainement parce qu'elle a senti quelqu'un de plus... compétent à gérer la détresse.»
« Puisqu'elle ne pleure plus, je vais aller me sécher… Je reviens… »
« Prenez tout votre temps très chère.»

J'ai un sourire amusé quand je vois Aliénor se dépêcher. Sans doute honteuse de son accoutrement, qui pourtant me ravi au plus haut point. C'est un spectacle délicieux malgré le contexte. J'ai déjà vu tout ce que je pouvais voir d'elle, et même en profondeur, pourquoi donc se sent-elle aussi pudique ? Est-ce parce que sa vision commence à changer à mon encontre ? Se fait-elle belle pour moi ?

Isabeau me regarde toujours, alors que Nina caresse mon visage, tripote mon oreille, mes cheveux qui ont bien poussé.

« J'ai toujours été doué avec les enfants. Ils m'adorent.»

Mais rien de ce que je semble lui dire ne la convaincs sincèrement, je place donc une dernière carte.

« Nous pouvons imaginer que j'ai été l'une des premières personnes à les veiller, à l'hôpital, mon visage lui semble plus familier que le votre. Il faut dire que je suis toujours là, bien que je sois ravi des invitations de vos parents. Peut-être qu'il y a quelque chose en moi qui résonne en elle, notre partie vampire. J'ignore ce qu'elle peut ressentir.»

Je vois que déjà que cet argument fait à nouveau basculer son air suspicieux plus positivement, mais pour combien de temps ? Après tout ce que je dis peut-être vrai. Je suis toujours présent, bien plus que son propre grand-père, et à ma connaissance, Jordan ne met pas un pied dans le château, je suis donc la seule figure « paternelle » du moins masculine dans son entourage actuellement.

« Puis-je vous aider à installer quelque chose ?»

Les choses s'arrangent d'elles même quand la mère des filles rentre. Je dépose Nina dans les bras d'Isabeau, une fois calmée, elle ne se remet pas à pleurer. Je propose mon aide rapidement et échange courtoisement avec Béate. Je fais en sorte de me détacher de cette situation, comme si cela n'était pas important.

Aliénor nous rejoint et elle est divine, sa robe la met en valeur, elle est parfaitement coiffée et maquillée, elle s'est fait tout en beauté, je l'espère pour m’impressionner,  pour un simple repas en famille. Bien qu'elle n'est pas besoin de le faire. Je l'ai aimé dans chaque instant de sa vie, même ses cheveux défait, penchée sur une cuvette de toilette, vomissant pendant la grossesse. Je l'ai aimé les poignets mutilés et couverte de son propre sang. Je l'ai aimé dans les bois, couverte de boue et de feuilles quand elle a essayé de me fuir. Je l'ai aimé chaque seconde. Alors qu'elle fasse autant d'effort en ma présence me réchauffe le cœur.

Le repas se passe si bien qu'il s'éternise même dans salon pour un digestif. J'ai mangé et bu comme un humain, donnant l'illusion d'une vie parmi eux possible et simple. Tout le monde regagne sa chambre et Aliénor me raccompagne à la porte.

« Est-ce que je peux venir demain pour t'aider à finir la chambre de Nina ? J'ai vu que tu devais peindre le plafond, il serait plus aisé que je le fasse, c'est assez difficile, je ne voudrai pas que tu te blesses en tombant.»

Après qu'elle accepte, je lui baise à nouveau le dos de sa main avant de transplaner dans mon appartement.

🙚 Samedi 25 mai 2002

Je reviens le lendemain matin avec le petit déjeuner pour tout le monde. On ne tarde pas à monter pour pouvoir s'activer à la peinture. J'ai laissé le costume pour une tenue plus décontractée, un jean noir et un t-shirt sombre. J'enlève ma veste en jean et la pose sur un carton, je retire une enveloppe kraft de l'intérieur et la donne à Aliénor.

« Ma dissertation d'Initiations aux Sept Arts Magiques de 1959, comme promis. Je me ferai un plaisir de te la lire si tu veux, comme j'ai pu écouter ta lecture.»

Je l'ai retrouvé dans un carton d'archive, je ne l'avais effectivement pas brulé. Le destin peut-être. J'espère qu'elle acceptera que je lui fasse la lecture, quand elle en aura envie, quand elle l'aura décidé. Je mélange la peinture et installe les échafaudages pour commencer à peindre le plafond, je m'applique, écoutant les directives d'Aliénor, je prends plaisir à passer ce moment avec elle. Je suis content qu'elle me donne cette place.

Je finis rapidement, bien trop vite à mon goût. Elle me propose de prendre une douche, je suis couverts de peinture, surtout le visage et le t-shirt. J'accepte volontiers. C'est du temps gagné à ses côtés. Elle me propose de rester pour le déjeuner, ses parents et ses sœurs ne seront pas là. Elle me propose pour que je passe du temps avec ma fille - qui fait sa sieste du matin et ne tardera pas à se réveiller - mais j'espère aussi avec elle ?

Je prends le t-shirt de son père qu'elle a trouvé dans une armoire et vais sous la douche. Alors que je commence à me savonner, j'entends que l'on sonne à l'entrée. Rapidement j'entends les pas précipités de ma douce dans les escaliers, ils se font de plus en plus bruyant au fur et à mesure qu'ils se rapprochent de la salle de bain où je me trouve. Et puis j'entends cette voix... celle de Jordan. Mon sang se glace, je ferme l'eau et alors que je compte sortir de la douche, j'entends la porte s'ouvrir et la panique s’emparer d'Aliénor alors qu'elle tire le rideau et... grimpe dans la baignoire avec moi.

« Aliénor ? Tu es là ? Il y a quelqu'un ? Béate ? Isabeau ?»

Elle referme le rideau sur nous deux, ses yeux sont fous, par reflex elle enclenche à nouveau l'eau qui nous coule dessus, la faisant sursauter et réaliser vraiment où elle se trouve, à savoir sous un pommeau de douche avec moi, entièrement nu. La voix de Jordan résonne à présent à l'étage où nous nous trouvons. Mais cette situation insensée m'en fait oublier toute la haine que j'ai pour cet homme. Je ne réalise qu'une chose, Aliénor est venue se cacher à mes côtés, et il n'y a que cela que je veux retenir. Son coeur bat la chamade et je ne bouge pas, de crainte de la faire fuir. Ce geste n'est peut-être rien, mais il veut tout dire en même temps.

Jordan arrive à la porte de la salle de bain, il frappe. S'il fait le mauvais choix, sa tête finira à côté de ses pieds, s'il rentre dans cette salle de bain, c'est un homme mort. Mais il ne le fait pas. Il se contente de parler derrière la porte.

« Aliénor ? Est-ce que c'est toi ? Je venais déposer des affaires à toi. Je ne veux pas d'ennuis avec... avec personne. C'est juste que tu avais des affaires chez moi, et que c'est douloureux de les voir. Je me suis dis que tu voudrai les récupérer, elles sont à toi après tout. Aliénor ? »

Je viens doucement prendre le bas de son visage et le relever pour qu'elle me regarde. Même si l'eau ruisselle sur mon visage, mon regard est doux, aussi doux que je le peux en la présence de Jordan. Elle est venue à moi, sans crainte, comme si j'étais un repère rassurant. Rien que pour cela, je peux faire mille effort pour supporter l'homme derrière le montant de bois. Il n'est qu'un homme. Je me penche doucement vers elle.

« Tu peux le remercier et lui demander de partir mon amour.»

C'est tout ce que je dis avant de relâcher doucement son visage, mais de garder le contact visuel. Elle lui répond donc, et il ne tarde pas à faire demi-tour en lui disant qu'il posait le carton dans le salon. Je tends mon oreille pour bien l'entendre fermer la porte derrière lui. Nous sommes à présent seul, sous la douche. Je ferme l'eau et viens ouvrir le rideau pour récupérer une serviette et venir enrouler Aliénor dedans. Ses vêtements lui collent à la peau et je vois en transparence sa poitrine, évidemment je ne reste qu'un « homme » et ressent une montée de désir visible entre mes jambes. Mais encore une fois, je n'en ai aucune honte, cela ne me dérange pas qu'elle voit combien je la désire. Je me montre juste prévenant en prenant une serviette et l'enroule autour de ma taille. J'ai alors un sourire amusé en coin alors que je prends une deuxième serviette pour lui sécher doucement les cheveux.

« Tu pouvais tout simplement fermer la porte de la salle bain à clef.»

Plutôt que de monter derrière le rideau de douche avec moi, sous entendu.

Traduction Italien [1] : Que se passe-t-il ma douce enfant ? ne pleure pas, je suis là. Je serai toujours là.
:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti
🙚 Mercredi 1er novembre 2000

Jamais, de toute ma vie, je n'aurais pensé devoir boire du sang. Pourtant, j'en suis arrivée là. Enceinte d'un demi-vampire, je bois goulûment le sang d'un pauvre homme que je ne connais. Je sens que je commence à être rassasiée avec contentement, et pourtant, ça ne m'empêche pas de ressentir une pointe de culpabilité. Est-ce que c'est obligatoire pour une femme enceinte d'un demi-vampire de boire du sang ? Est-ce que mon bébé sera obligé d'en boire ? « Cela varie selon l'étape de développement je dirai. Dans le ventre de sa mère, un demi-vampire a plus besoin de sang que de nourriture humaine pour se développer correctement. » Je suis donc obligée d'en boire… Je sens mes doigts se crisper sur le gobelet encore à moitié rempli. « Et après la naissance, l'enfant en aura besoin moitié-moitié. Plus grand, je sais que les demi-vampire se contentent de peu de sang pour vivre, ils mangent essentiellement comme les humains, mais ils auront toujours besoin d'une dose de sang pour fonctionner normalement. Mais n'aie crainte, tu n'auras pas à te préoccuper de tout cela après, ce n'est que transitoire pour toi. » Je sens mon cœur avoir un sursaut. Comment ça, je n'aurai pas à m'en soucier ? Comment ça, ce n'est que transitoire ? Je le regarde, paralysée. Je n'ose pas lui demander. Je n'ose pas formuler à voix haute ma peur. Ma peur qu'il me retire mon bébé.

« Prends le gobelet chérie et suis-moi, je vais te faire un repas plus conventionnel, je suis sûr que tu as toujours faim. » Il faut bien avouer que après ces derniers jours, et avec cette grossesse, je n'ai pas toujours mangé à ma faim, ni de manière ponctuelle. Je ne dirai pas non à un repas, mais… Est-ce que je suis prête à sortir de cette chambre, pour retourner dans la cuisine, où j'avais essayé d'atteindre à ma vie, sans succès ? Est-ce que je voulais faire face à mon échec ? J'avais tellement faim que j'essayais de passer outre. Je me levais, peu sûre de moi. Lorenzo avait déjà quitté la pièce, sur un sourire qu'il voulait rassurant ; pourtant, c'est d'un pas hésitant que je le rejoignais dans la cuisine. « Qu'est-ce qui te ferait plaisir ma douce ? Sucré ? Salé ? Les deux. » « Euh… Les deux… » Je répondis sans réfléchir. De toute façon, il paraissait que l'estomac était considéré comme le second cerveau du corps humain à cause de tous les neurones qui le composaient.

Lorenzo se mit à cuisiner, pendant plusieurs minutes. Il sortit plusieurs casseroles et poêles pour faire plusieurs plats qui commençaient à se dessiner devant moi. J'avais également plusieurs choix de boissons, dont le sang que je continuais de siroter ; en essayant de ne pas penser à ce que je buvais. Pendant que je mangeais, Lorenzo me donna une plume, de l'encre, un parchemin. Je lui jetais un regard interrogatif. Est-ce que je pouvais écrire à ma famille…? Ça me paraissait tellement irréel, que j'avais du peine à y croire. « Si tu veux me faire une liste de choses que tu voudrais en ta possession, je pourrai l'étudier et t'apporter tout ce qu'il m'est possible de te laisser. » Heureusement que je n'ai pas osé y croire. Je sentis une telle déception s'emparer de moi que cela me coupa l'appétit. Pourtant, je me forçais à finir mon assiette. Si je devais faire une liste de tout ce qu'il me fallait et qu'il était prêt à me l'apporter, cela voulait dire qu'il comptait me garder ici indéfiniment. En vie. Jamais je ne pourrai sortir d'ici. Je ne voyais aucune solution. La fuite avait raté, tout comme ma tentative de mettre fin à mes jours. A chaque fois, il trouvait le moyen de me garder auprès de lui. Alors, la mort dans l'âme, je pris la plume pour commencer à écrire, et à réfléchir ce dont j'avais besoin.

🙚 Vendredi 1er décembre 2000

« Je te demande pardon mon amour, je n'avais pas réalisé que tu aurais pu avoir ce besoin, je te trouve magnifique avec cette coupe, évidemment, mais je comprends totalement que tu souhaites rafraîchir tout cela. Ce sont tes cheveux, ton style après tout. Rejoins-moi dans la salle de bain, je te prépare tout ça. » Immédiatement, je sentis le soulagement s'emparer de moi. Il allait me donner ce qu'il fallait. Peut-être que je réussirai ce que je projetais de faire. C'était ma dernière chance pour essayer de le quitter, définitivement. Alors, je pris le temps de remonter à la salle de bain, pour cacher mon excitation. Je ne devais surtout pas réveiller le moindre soupçon. Quand j'arrivais dans la salle de bain, je vis un fauteuil, et les fameux ciseaux sur le bord de l'évier. « Viens installe toi. Tu veux que je coupe combien de centimètres ? » Hein ? C'est lui qui allait me couper les cheveux ? Je sentis immédiatement la déception, non, le désespoir s'emparer de moi. « Je… Je ne peux pas le faire moi-même ? Je le faisais souvent, à Beauxbâtons. » Pas vraiment, mais il n'avait pas à le savoir. Moi, je voulais seulement les ciseaux. « Ma belle, la dernière fois que tu as eu un objet aussi tranchant dans les mains, tu t'es ouvert les veines et tu m'as planté le foie. Je suis très bon coiffeur, j'ai pratiqué, n'aie aucune crainte, tu seras tout aussi magnifique. Viens donc t'asseoir, une surprise t'attends, regarde. » Le corps tendu, je me rapprochais alors qu'il me montre une enveloppe sur l'évier.

Je la fixe, en me demandant ce que cela pourrait être. Je n'avais pas pu donner de nouvelles à mes parents depuis des semaines, il me laissait lire la Gazette le matin sans que ce ne soit un cadeau, ça ne pouvait pas être un bon de quelque chose comme je n'avais pas le droit de sortir. Je n'avais aucune idée du contenu de cette enveloppe. Je me tends encore plus quand je le sens presser ses mains sur mes épaules. Je comprends que c'est une invitation à m'asseoir. je m'effectue, sans oser prendre ma "surprise". « Tu peux ouvrir l'enveloppe, vas-y chérie. » Je la regarde, hésitant, avant de finir par la prendre. Quand je l'ouvre, je découvre 4 photos. Mon père, en sortant du travail. Ma mère, dans une boutique. Ma sœur Jeanne, qui sort de cours avec un gobelet à la main. Mon autre sœur Isabeau, en train de dessiner dans un parc. Aucun ne regarde l'objectif. Comme si ils ne savaient pas qu'ils étaient pris en photo. Je me tourne vers Lorenzo, surprise. « Tu… » Le vampire me prend la tête, pour me tourner vers le miroir. « Reste droite ma puce, que je ne rate pas ta coupe. » Dans le miroir, mes yeux accrochent les siens, quelques secondes. Je comprends bien que c'est lui qui a pris les photos.

Je détourne le regard, pour jeter un oeil aux photos. Mon cœur bat la chamade. « Comment ils vont…? » Comment se sentent-ils, comment vont leur santé ? Je me rends compte à quel point ça me fait bizarre de ne pas les voir, de ne pas savoir. « Ils vont tous très bien, en dehors du fait qu'ils te recherchent tous activement. Je ne veux pas dire par là qu'ils ont le moral, mais physiquement, tu peux voir qu'ils se portent bien. Loin de moi l'idée de te faire croire que tu ne leur manques pas. Tu es précieuse Aliénor, ton absence est un gouffre, elle le serait pour moi aussi. Tu comprends n'est-ce pas ? » Je ne réponds pas. Je sais ce qu'il ressent pour moi. Moi, je sens des sentiments contradictoires en regardant les photos. Je suis contente d'avoir de leurs nouvelles, mais de l'autre, je me retrouve de nouveau face à la preuve que je ne peux pas sortir d'ici. Je ne peux pas les voir comme je veux. Je n'ai pas le libre arbitre sur ma vie, et ça m'effraie. Je sais que je risque de passer le restant de ma vie ici, et ça me tétanise. C'est pour ça que je voulais en finir le plus vite possible. En attendant, je profite de ces photos. Je regarde tous les membres de ma famille. Un pli soucieux barre le front de ma mère. Ma mère a les mains crispées autour de son sac. Jeanne a minci. Isabeau a l'air fatigué. Je sais que ma disparition est la cause de tous ces changements physique. Égoïstement, je suis quand même contente de voir qu'ils ont l'air en bonne santé.

Je n'arrive pas à détacher mon regard des photos, jusqu'à ce que Lorenzo attrape ma tête pour me la faire redresser. Je me vois dans le miroir. Je n'ai prêté aucune attention à ce qu'il me faisait, et je devais bien avouer que c'était parfait. Il n'avait pas coupé trop court, c'était droit, c'était comme j'aimais. Il se penche pour positionner sa tête à côté de la mienne. Sa joue droite effleurait mes cheveux. Je pouvais sentir son souffle alors que sa bouche était pratiquement collée à mon oreille, comme prêt à m'embrasser. Mon cœur battait la chamade. « Regarde toi ma douce, comme tu es belle. Le sais-tu ? Tu es un cadeau de Dieu, tu es mon miracle. Je t'aime tellement Aliénor. Un jour tu m'aimeras autant. » Je me regarde, mais je vois surtout dans mon champs de vision les ciseaux posés sur le bord de l'évier. Si je tendais la main, je pourrai les attraper… Chose que je fais dès que je vois Lorenzo fermer les yeux. J'essaie de bouger le moins possible pour ne pas attirer son attention, j'essaie d'être rapide pour les cacher. J'ai l'impression d'être plus proche du but, presque aussi proche que la première fois. Est-ce que cette fois, j'allais réussir ? Je commençais à avoir des doutes quand ses yeux se rouvrit, et que je vis son regard changé. L'amour laissa la place à la colère. Il me lâche et se redresse.

« Mon amour, je te conseille de ne pas me mettre en colère. Repose le ciseau, ne me force pas à le récupérer. » C'est là que je sais que j'ai raté. Une nouvelle fois. J'ai envie de pleurer, mais je me retiens. Je me contente de me tourner vers lui, le regard suppliant. « Pourquoi tu ne me laisses pas en finir ?! » « Aliénor !  Comment peux-tu agir de la sorte ? » Je sursaute quand je l'entends utiliser mon prénom. Il ne le fait jamais. Et là, il est dit sur un ton si froid… Je me rends compte à quel point il est en colère. Je sens mes mains trembler, alors qu'elles sont posées sur le dossier de la chaise. « Je te laisse la Villa en libre service, je t'apporte tout ce que tu souhaites pour ton confort. Je passe tout mon temps libre à tes côtés, je t'offre des présents. Tu es bien traitée non ? Quels sévisses est-ce que je t'inflige ? Tu es aimée plus que tu ne l'as jamais été. Je t'offre même l'image de ta famille. Je ne te touche pas. Et pour me remercier ? Tu me défis encore ? Je te soignerai à nouveau, éternellement s'il le faut. Tu uses de l'énergie pour rien bébé. » Je l'écoute parler. Chaque phrase faisait augmenter mon rythme cardiaque. La déception qu'il me coupe les cheveux n'était rien face à celle que je ressentais, alors que je me rendais compte que ma tentative avait encore échoué. Encore plus quand je me rendais compte que ça risquait d'être la dernière. Après ça, Lorenzo sera encore plus à l'affût.

Lorenzo tend la main vers moi. Je sais ce qu'il veut avant même qu'il ne me le dise. « Rend moi ce ciseau mon ange, ne fais pas de bêtises. Réfléchis bien à tes options. » Je fixe sa main, en réfléchissant. Le temps d'une seconde. Je sais que ça risque d'être la dernière fois que j'essaie. Je ne pourrai plus jamais essayer de me suicider. Si je lui rends les ciseaux, ce sera réellement terminé. Mais si je le retourne contre moi, et qu'il parvient à me sauver la vie, il sera encore plus dur. Le cœur en miette, je finis par poser les ciseaux sur la paume de sa main. « Bien. C'est très bien. Mais je suis extrêmement déçu que tu es encore ce genre de préoccupation. Quand je te traite trop bien ce n'est pas suffisant. Que te faut-il pour que tu comprennes ? » Qu'il me traite trop bien… Qu'est-ce qu'il pourrait me faire ? Je l'imagine déjà me priver de liberté. De nourriture. Mais je ne m'attends pas à ce qu'il se penche pour prendre les photos qu'il vient de me donner. « Non ! » Je me remets debout, les larmes aux yeux. Je le fixe, suppliante. « S'il te paît, rends-les moi, je suis désolée, je ne recommencerai pas, rends-les moi… S'il te plaît… » Je ne veux pas. Je n'ai pas fini de les regarder. Ça me réconforte de les voir. C'est… Cruel, de me les retirer alors qu'il vient à peine de me les donner. « Mon ange, c'est toi qui te met dans cette situation toute seule. C'est avec plaisir que je te les aurai laissé, mais je ne sais par quel moyen te faire retenir des leçons. Alors puisque je n'en fais pas assez, je reprends ce que je donne. C'est par tes choix que j'agis. Choisis mieux tes combats la prochaine fois ma douce. » Je sens mon cœur se briser. Il ne me les rendra pas, je le sais. Si j'avais su qu'il me les retirait, jamais je ne l'aurai fait. Si j'avais su que je me raterai, jamais je n'aurai réessayé.

Lorenzo se dirige vers la porte de la salle de bain. Avant de sortir, il se tourne vers moi. « Je reviens dans trente minutes pour te raccompagner à ta chambre. » Il me laisse seule. La porte de la salle de bain se ferme. Je sais que je suis enfermée, alors qu'il n'y a pas de verrou. Il me retire ma liberté de mouvement. Je sens les larmes qui coulent sur mes joues, mais je les essuie rapidement pour filer sous la douche. Je n'ai que trente minutes. J'aurai tout le reste de ma vie pour pleurer.

🙚 Dimanche 24 décembre 2000

Je ne bouge plus de ma chambre. Je suis confinée depuis la scène de la dernière fois. Je ne sors qu'accompagnée de Lorenzo jusqu'à la salle de bain, où il m'enferme le temps de la toilette. Je passe beaucoup de temps sur la même chaise que celle de ma chambre à regarder dehors. Je ne parle pas quand il vient me voir. Je commence à réaliser que oui, jamais je ne bougerai d'ici. Alors, pour m'occuper, je regarde dehors, ou dans le miroir. Mon ventre commence à s'arrondir. D'après le livre que Lorenzo m'a donné, je suis dans ma dix-septième semaine de grossesse. Si je le voulais, je pourrai savoir le sexe du bébé. Mais je n'avais vu aucun médecin, encore. Je crois savoir que oui, Lorenzo ne veut pas garder le bébé. Meme si je touche mon ventre, je suis incapable de lui parler. J'ai tellement peur de le perdre. Je sais que ça va m'arriver, et j'essaie de ne pas y penser.

Aujourd'hui, nous sommes le réveillon de Noël. Alors que la nuit commence à tomber, la porte de ma chambre s'ouvre. Une nouvelle fois, je regarde Lorenzo sans rien dire. Je n'ai rien à lui partager. Je n'ai aucune demande. Aucune envie. J'attends simplement que le temps passe. Je me contente de regarder par la fenêtre, tous les jours. Ça me permet de voir des choses qu'il ne soupçonne pas. Par exemple, il m'apporte tous les jours mon repas, avec un gobelet de sang. Tous les jours, je l'observe par la fenêtre enterrer le corps de la personne dont il a prit le sang.  Mon silence ne l'empêche pas de poser une robe sur le lit, en me disant qu'il m'attend dans la salle à manger. Il repart de la chambre. J'attends quelques minutes, le temps de réunir mon courage pour me lever. Je me déshabille pour enfiler la tenue qu'il m'a donnée. Je me regarde dans le miroir, et, à ma grande surprise, je constate qu'elle épouse parfaitement le début de mon ventre de femme enceinte. Jusque-là, je ne porte que des tee-shirts et des pulls amples. Je n'arrive pas à fermer les pantalons, mais comme je reste assise à regarder par la fenêtre, ça ne change rien.

Une fois habillée, je passe mes doigts dans mes cheveux, par habitude. J'hésite. Est-ce que je dois me maquiller…? La robe est plutôt habillée. Il est venu me la donner le soir du réveillon de Noêl. Cela veut sûrement dire qu'il veut passer la soirée avec moi, d'autant plus que lui aussi, il portait un costument, encore plus élégant que d'habitude. Alors oui, je finis par me maquiller aussi, avant de descendre au salon. L'ambiance est chaleureuse, avec des guirlandes, des bougies, et quelques décorations festives. Et Lorenzo qui m'attend à côté d'une table dressée.                            
:copyright:️ Justayne

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~ I feel you holding me ~

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Lorenzo Peretti
🙚 Dimanche 19 mai 2002

Si il y avait une chose que je voulais absolument comprendre, c'était combien de temps Enzo pouvait m'attendre. Je lui avais dis, que je ne savais pas si je pouvais lui donner ce qu'il voulait. Mais du coup, combien de temps allait-il m'attendre ? J'avais compris à quel point cet homme était amoureux de moi. Je le savais. Et je n'arrêtais pas de me dire que, peut-être, ça aurait pu coller entre nous… En témoignait la superbe soirée que j'avais passée avec lui, à notre première rencontre, avant qu'il ne me morde. Sauf qu'on ne m'avait pas toujours attendue. Ou, quand on m'avait attendue, et qu'on m'avait eue, on m'avait brisé le cœur. Ce qui m'empêchait de m'ouvrir totalement à Lorenzo était la peur de découvrir qu'il était comme tous les autres. Et avec notre… Passif, je savais que si je venais à lui faire confiance, et qu'il me trahirait, jamais je ne pourrai m'en relever. « J'ai l'éternité devant moi mon amour. Alors je suis prêt à attendre ta dernière ride, je suis prêt à attendre jusqu'à ton dernier souffle. Et même après cela, j'attendrai un signe de Dieu aussi longtemps que la terre tournera, un signe qui me dirait que de là haut tu m'aimes. » L'éternité, c'était long. Très long. Encore plus quand Lorenzo m'affirmait qu'il n'aimerait personne d'autres après ma mort. Ses yeux me disaient qu'il étaient sincères, mais comment je pouvais en être sûre ? J'avais peur, j'avais désespérément peur que même l'homme qui était prêt à me couper du monde pendant 19 mois ne finisse par se lasser de moi. « Pourquoi moi ? » Pourquoi pas une autre femme ? Qu'est-ce que j'avais de spécial ? « Je t'ai choisi ma douce, parmi toutes les occasions, toutes les femmes que j'ai pu rencontrer, que je peux rencontrer, par l'opportunité que m'offre cette vie de vampire. Mais jamais je n'ai désiré et voulu autant quelqu'un. C'est toi et seulement toi, même après toi. Mon cœur et mon âme ne peuvent en aimer une autre. Tu m'as offert le plus précieux cadeau en Nina, personne d'autre ne l'a fait. Je serai là, pour vous deux, jusqu'à votre fin dans chaque monde. » Ses mots étaient clairs, ses yeux remplis de vérité et d'amour pour moi. Alors, pourquoi ? Pourquoi je n'arrivais pas à faire confiance ?

Je ne voulais pas en rajouter, j'avais besoin de temps, pour réfléchir, pour faire le point après cette première vraie soirée entre nous. A la place de répondre, je me contentais de boire la tasse de thé du vampire en face de moi. Ce thé était bien meilleur que l'autre, et je lui dis. Il me laissa terminer tranquillement ma tasse, avant que nous sortions. Il s'attarda un instant au comptoir, alors que je terminais de regarder la décoration. Puis nous retournâmes dans les rues illuminées de Paris. C'était toujours aussi étrange de songer que je pouvais me balader en liberté, à l'air pur, sans avoir peur de me faire à nouveau attraper. Lorenzo se tenait à mes côtés, et on bavardait, sans peur, sans colère. Comme… Comme un couple normal, qui apprenait à se connaître. Il me promit même de m'apporter sa dissertation à l'Initiation des Sept Arts Magiques, et je lui en fus reconnaissante. Il s'arrêta devant un bar, et en montra la devanture. « Tu n'es pas trop fatiguée ? Pour un dernier moment avant de rentrer ? Si tu le veux bien ? » « Je le veux bien, oui. » Je lui souris doucement. Je le voulais, sincèrement. J'espérais qu'il ne pense pas pas que je me force, parce que, au final, je passais une très bonne soirée, et ça ne me dérangeait pas de la prolonger, avec un thé puis un verre.

On rentra dans le bar. Chaleureux, avec beaucoup de bois et d'affiches, il y avait une sorte de scène ouverte. On posa nos affaires sur une table ronde, et j'attrape la carte que le serveur nous tend. Je n'écoute que d'une oreille l'humoriste sur scène, trop occupée à choisir ce que je voulais boire. Je finis par décider d'un vin blanc, et une fois la commande passée, je me tournais vers Lorenzo. « Excuse-moi, je dois te laisser un instant, je dois aller aux toilettes… » Galamment, il m'accompagna jusqu'à la porte, et je ne pus m'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Est-ce que… Est-ce que il avait peur que je m'enfuis ? Est-ce qu'il ne me faisait pas confiance ? Je savais que j'avais fais beaucoup d'erreurs à la Villa, que je l'avais quittée volontairement il y a de cela une semaine. Mais pourtant, j'étais là, à ses côtés, lui promettant une soirée. Comment je pouvais faire pour me rattraper ? Une fois que je sortis de la cabine, je me lavais minutieusement les mains, pendant que toutes ces questions tournaient en boucle dans ma tête. J'en profitais pour vérifier que mon maquillage et mes cheveux n'avaient pas bougé, et je sortis des toilettes. Lorenzo m'attendait toujours dans le couloir, et mes doutes se confirmèrent. Il ne me faisait pas confiance. J'essayais de lui cacher la déception envers moi-même que je ressentais, en le laissant me raccompagner à notre table. Il tira ma chaise le temps que je m'installe, avant qu'il ne s'assoit à son tour.

Heureusement, l'humoriste sur scène me fit oublier toutes mes pensées. Il était tellement mauvais que je ne pouvais m'empêcher de le regarder d'un air consterné. Je me tournais vers Lorenzo, pour voir ce qu'il en pensait, quand je le vis me regarder. Lui aussi semblait ne pas l'aimer du tout. Nous finîmes par rire ensemble. Je ne pouvais m'empêcher de souffler au vampire à quel point je le trouvais insupportable, et cela ne faisait qu'augmenter nos rire. J'applaudis tout de même, accompagné de Lorenzo, quand l'humoriste salua. « Seigneur, j'espère que la suite sera de meilleure qualité… » Je fis tourner mon vin dans mon verre, alors que j'avais mal aux joues à force de retenir mes rires pour qu'ils ne soient pas trop forts. Mais quand j'entendis le barman appeler Lorenzo, je me tournais vers lui, surprise. « Tu… » J'étais incapble de terminer cette phrase. Je ne savais même pas comment la terminer. Mais quand s'était-il inscrit ? Qu'allait-il faire ? Lorenzo se leva en m'accordant une légère révérence. « Je reviens vite ma douce, je ne te quitterai pas des yeux. » Il y a de cela plusieurs mois, voir plusieurs semaines, cette phrase m'aurait glacée le sang. Mais là, en voyant ses yeux, en voyant le contexte, je savais que ce n'était pas ça du tout. Il voulait simplement me dire qu'il n'allait regarder que moi. Que les personnes dans la salle ne comptaient pas. Seul moi avait de l'importance.

Et cela se confirmait quand il monta sur scène. Le temps de régler la guitare qu'on lui donna, c'est moi qu'il regardait. Quand il commença à chanter, c'est vers moi qu'il tournait la tête. Ma chaise, par rapport à la scène, était sur le côté, parallèle. Pour mieux le voir, je m'étais tournée pour être face à lui. J'avais l'impression d'être seule dans la salle. Je sentais mon cœur accélérer quand j'entendis les paroles de la chanson. Lorenzo était croyant et pratiquant, je le savais. Et je me doutais qu'il avait choisi cette chanson pour moi. Ton amour est biblique. Ce n'était pas pour les Parisiens présents qu'il chantaient. Il chantait pour moi. Il me chantait son amour. Encore une fois. Comme si il cherchait à me le prouver. Je le sais, Lorenzo, je le sais. J'ai juste peur que tu m'abandonnes, même si tu me chantes le contraire. Mais ta chanson me touche. Elle me touche tellement que je suis la dernière à applaudir, tellement j'ai eu du mal à remettre les pieds sur terre. Mais même si je suis la dernière, je suis celle qui applaudit le plus fort. Et je ne m'arrête que quand tu me rejoins à notre table.

Je lui souris, les yeux pétillants, quand il revient à table. On sirote notre verre en continuant de regarder encore deux artistes. Quand je pique du nez, Lorenzo finit par s'en rendre compte, et me propose que l'on rentre. Cette fois, ce n'est pas de refus. Même si j'ai apprécié cette soirée, je ne suis pas vampire. La fatigue typiquement des humains me rattrape. On trouve une petite ruelle pour transplaner. J'attrape son bras sans crainte, et la seconde d'après, on se retrouve devant ma porte d'entrée. « Merci pour la soirée ma douce, elle était exceptionnelle à tes côtés. Merveilleuse. J'espère que tu as passé un agréable moment. » « Merci de ne pas avoir tué Jordan. » Je lui offre un petit sourire contrit, pas bien sûr de ma plaisanterie. Alors, je me rattrape. « J'ai passé une très bonne soirée. Réellement. Merci à toi. » Si c'était à refaire, sans qu'il ne manque de tuer mon ex, je le referai, sans hésiter. Lorenzo attrape ma main pour embrasser doucement le dessus. Je me sens rougir, comme une adolescente, et j'espère vraiment que la nuit cache mes joues. De son autre main, il me donne une boite en fer métallique. « Pour demain matin. » Je reconnais le thé noir à la rose que j'avais apprécié. Je lui souris. « Merci beaucoup. » Serrée contre mon cœur, je garde la boite, et j'ouvre la porte. Je lui offre un dernier sourire, avant de la fermer derrière moi.

Le château est plongé dans le noir, et dans le silence. Vu l'heure tardive, tout le monde dort. J'enlève mes talons, et, pieds nus, je rejoins ma chambre, toujours aussi vide de meubles et de papiers peints. Au milieu des cartons se trouvent le berceau, et ma fille endormie sagement dedans. Je la regarde un instant, avant de commencer à fouiller dans mes livres en tas. A la lumière de ma baguette, je cherche mon album photo de Beauxbâtons. Je sais que je l'ai gardé… Quand je mis la main dessus, je l'ouvris directement à la fin. Aux photo de l'obtention de mon diplôme, de mon prix. Entre quelques photos de mes amis et moi en tenue de lauréates, je trouve ce que je cherche : des photos de mon discours, de la remise des prix. Il n'y a pas de doute. L'homme à qui je serre fièrement la main, l'homme qui tient mon prix est bel et bien Lorenzo. Il n'a pas changé d'un iota. Alors que moi, j'ai grandi, j'ai l'air moins gamine, j'ai pris des formes. C'était donc vrai. Il m'a rencontrée il y a presque quatre ans. Il m'a remis mon prix.Qu'est-ce qu'il a fait, pendant deux ans ? D'après lui, il n'a fait que m'observer. Et je le crois. Il a donc attendu deux ans et demi, avant de finalement venir me parler ?

Je reposais l'album sur mon matelas au sol, avant d'aller dans la salle de bain me maquiller et me laver les dents. Je me mis en pyjama, avant de me coucher. Dans le noir, je ne pouvais m'empêcher de regarder cette photo, que je disntinguais grâce à la lumière de la lune. Finalement, est-ce que Lorenzo n'était pas celui qu'il me fallait ? On avait déjà une enfant ensemble, il m'aimait, et je devais avouer que je me sentais en sécurité à ses côtés. Quand il était là, je n'avais pas peur du monde extérieur. Quand ma mère me poussait à bout avec ses questions, je savais que je comptais sur lui. Et quand j'avais peur de lui, ce n'était pas vraiment de lui dont j'avais peur, mais de ses réactions. A part quand il me mordit, le jour où il m'apprit ma grossesse, il ne m'avait jamais fait de mal, physiquement. Il était là, il ne faisait que m'attendre. Qu'est-ce qui m'empêchait de céder ? J'avais peur de tellement de choses à la fois. J'avais peur de refaire une erreur, et qu'il me remmène à la Villa. J'avais peur que malgré ses promesses, je ne me retrouve qu'au second plan. Laquelle de ces peurs était celle qui me freinait ? La tête remplie de toutes ces questions, je finis par m'endormir, en gardant la photo à la main.

🙚 Vendredi 24 mai 2002

Isabeau ne pouvait s'empêcher de regarder Lorenzo Peretti de manière suspicieuse. Sa nièce qui pleurait sans s'arrêter jusqu'à ce que sa mère arrive : oui, c'était devenu une scène habituelle. Elle se laissait porter, mais seule Aliénor arriver à calmer ses pleurs. Là, le fait que ce soit le type qui fréquentait un peu trop leur famille qui y arrivait était louche. Il avait aidé l'enquête depuis plus d'un an, maintenant qu'elle était finie, pourquoi était-il encore là ? Et puis, elle sentait bien que cet homme était plus qu'intéressé par sa sœur… Elle le sentait, mais elle le voyait aux regards qu'il lançait à Aliénor. Et le fait que ce soit un vampire, et sa nièce un demi-vampire… Le fait que sa sœur n'ai jamais balancé le nom de son kidnappeur… Ça faisait un peu trop de coïncidences pour elle. « Je ne savais pas que vous aviez une telle aura… Paternaliste. » « J'ai toujours été doué avec les enfants. Ils m'adorent. » « Tout de même, on dirait que Nina vous a carrément adopté. » Isabeau insistait sur le choix du vocabulaire, mais elle espérait voir ses soupçons se confirmer ou non. Malheureusement, les réponses du vampire ne l'aidèrent pas à y voir plus clair. « Nous pouvons imaginer que j'ai été l'une des premières personnes à les veiller, à l'hôpital, mon visage lui semble plus familier que le votre. Il faut dire que je suis toujours là, bien que je sois ravi des invitations de vos parents. Peut-être qu'il y a quelque chose en moi qui résonne en elle, notre partie vampire. J'ignore ce qu'elle peut ressentir. » « Hum. »  Isabeau trouvait que cela pouvait être une explication logique. Toutefois, elle n'était pas totalement convaincue. Elle ne savait pas pourquoi, mais son esprit lui hurlait qu'il y avait des dissonances dans cette histoire. « Puis-je vous aider à installer quelque chose ? » « Comme Nina semble se sentir trèèès bien dans vos bras, je vais en profiter pour installer l'apéritif… » La jeune femme commença à sortir les verres, les bouteuilles. Quand sa mère rentra, Lorenzo lui redonna sa nièce, qui ne se remit pas à pleurer.

🙚🙘

Mon cœur battait la chamade depuis que j'étais remontée dans ma chambre. Je ne savais pas si c'était la peur qu'on comprenne l'identité du père de Nina, ou si j'étais troublée du regard de Lorenzo sur moi, alors que j'étais descendue à moitié nue. Depuis notre rendez-vous, j'étais totalement perdue dans mes sentiments, dans mes désirs. Je ne savais pas si je ressentais de la peur, de la gratitude, ou même de l'amour. Quand il n'était pas là, j'avais l'impression d'un vide. Mais est-ce que c'était lui qui me manquait, ou le sentiment de sécurité qu'il m'apportait ? Je ne savais plus rien.

En remontant dans ma chambre, je me dépêchais d'enrouler mes cheveux dans une serviette, avant de fouiller dans mes cartons de vêtements. Je choisis deux robes, que je plaçais devant moi, face au miroir à pied. Ce miroir était le seul meuble qu'il restait dans ma chambre depuis que je l'avais défaite à mon retour ; ça, avec une chaise et une lampe pour le soir. Je dormais sur un matelas au sol. Les murs étaient toujours vides de papiers peints et de décorations, avec seulement des nuanciers accrochés. Après avoir choisi ma robe, je me maquillais et me coiffais dans la salle de bain. Ma famille était assez à cheval sur la tenue du dîner, mais je sentais bien qu'il n'y avait pas que pour ça que je me soignais. Comme si j'avais besoin de prouver quelque chose à Lorenzo. A moi.  

Une fois prête, je descendis dans le salon, où mes parents et Jeanne étaient déjà rentrés. Isabeau me rendit Nina, qui passa l'apéro avec nous. Elle rampait autour de la table basse, passait même en dessous, se tenait sur ses jambes à l'aide du rebord de la table pour piocher dans les bols. Je finis par lui donner ses jouets pour qu'elle arrête de grignoter, et l'apéritif fut ponctué de bruits de chutes de cubes. Au moment où ma mère remarquait qu'elle ne riait toujours pas, et qu'elle ne parlait toujours pas, je décrétais que c'était le moment de lui donner son repas. Ma famille commencèrent à se diriger vers la table le temps que j'aille coucher ma fille, et j'allais dîner avec eux.

Heureusement, ma mère ne reparla pas du développement de Nina. Elle était trop occupée à écouter une histoire de Lorenzo, ce qui me permit de me glisser à table sans me faire remarquer, et commencer à manger mon repas. Plus le temps passait, et plus je commençais à me détendre. Je n'aimais pas qu'on me pose des questions sur ma fille. J'avais l'impression que je devais me justifier sur les derniers mois, et je ne le voulais pas. Je ne le pouvais pas. Mais la suite du dîner me redonnait l'impression de goûter à une vie normale. De retourner à ma vie. Le repas s'éternisa dans le salon, et quand la soirée était plus qu'avancée, ma famille commença à aller se coucher. Mes parents travaillaient demain, comme ma sœur, et Isabeau avait apparemment des projets.

Je raccompagnais alors Lorenzo à la porte d'entrée, sur la demande de ma mère. Je l'aurai tout de même fait sans qu'elle ne me le demande… Sur le perron, il se tourna vers moi. « Est-ce que je peux venir demain pour t'aider à finir la chambre de Nina ? J'ai vu que tu devais peindre le plafond, il serait plus aisé que je le fasse, c'est assez difficile, je ne voudrai pas que tu te blesses en tombant. » « Bien sûr. » Il était le père de Nina. Je comprenais qu'il voulait participer à l'élaboration de son espace. Et puis, j'avais envie de terminer cette pièce. Après tout, Nina dormait, en attendant, dans ma chambre, pour qu'elle ne respire pas les odeurs des pots de peinture. Je ne voulais pas qu'elle reste encore plusieurs jours dans une pièce vide, triste et sans couleur. Je voulais qu'elle commence à se sentir chez elle, réellement. Lorenzo attrapa ma main pour déposer un baiser sur son dos. Et juste avant qu'il ne transplane, sur une impulsion, je lançais : « A demain. » J'espérais qu'il avait entendu avant de rentrer chez lui.

🙚 Samedi 25 mai 2002

Le lendemain, Lorenzo arriva avant que tout le monde ne parte, pour déjeuner avec nous. Je ne pus m'empêcher de noter que, pour une fois, il n'était pas en costume, mais en tenue décontractée. Apparemment, je recommençais à reprendre des habitudes de mes études… J'étais en journalisme, spécialisé dans la mode. J'avais perdu l'habitude de noter mentalement les habitudes vestimentaires des personnes autour de moi. Je n'avais remarqué, par exemple, que sur le tard du changement de style de ma petite sœur, ou de ses tatouages sur les mains. Lorenzo était donc la première personne sur qui je concentrais mon attention, il était la première personne à réveiller mes habitudes. Je ne savais pas trop quoi en penser. Je savais que je devrais en parler à mon psy, mais je n'étais pas sûre de le faire.

Une fois ma famille partie au travail, et Isabeau à son rendez-vous mystérieux, Lorenzo et moi montons dans la chambre de Nina. Cette dernière est dans son parc, dans le couloir. Ainsi, elle reste dans mon champs de vision sans qu'elle ne sente les odeurs de peinture. Avant de commencer, le vampire me tendit une enveloppe kraft. « Qu'est-ce que c'est ? » « Ma dissertation d'Initiations aux Sept Arts Magiques de 1959, comme promis. Je me ferai un plaisir de te la lire si tu veux, comme j'ai pu écouter ta lecture. » Je suis surprise qu'il y ait pensé, et touchée. J'ai l'impression que c'est encore une fois la preuve que je peux lui faire confiance. Que quand il me promet quelque chose, même si ça ne prend pas la forme d'une promesse formelle, je peux le croire. Il m'a simplement dit que si je voulais la lire, il pouvait me l'emmener. Et il l'a fait. Jordan oubliait deux fois sur trois.

Je range soigneusement l'enveloppe dans ma chambre pendant que Lorenzo prépare la peinture et l'échafaudage. Je reste au sol pendant qu'il peint. La seule aide que je lui apporte est de retremper le rouleau dans le pot de peinture, resté au sol. On parle un peu de banalités, comme la décoration de la chambre de notre fille. Je lui avoue que j'aimerai terminer la chambre aujourd'hui, pour pouvoir la coucher dans son espace à elle ce soir. Je ne peux m'empêcher de sourire quand la première goutte de peinture tombe sur son tee-shirt, et je lâche carrément un petit rire quand ça commence à tomber sur son visage. Je le laisse travailler seul le temps de mettre Nina au lit dans ma chambre pour sa sieste du matin, mais je reviens rapidement le voir.

Quand il termine, je lui propose de prendre une douche, et de rester déjeuner. Après tout, mes parents ne sont pas là, il peut en profiter pour passer du temps avec sa fille… Et avec moi. Après tout, j'avais tellement de questions intérieures, peut-être que de repasser du temps seule avec lui, comme à notre rendez-vous, me permettra d'y voir plus clair. Au pire, cela ne peut que me donner plus de questions ; mais avoir plus de questions me permettra de plus comprendre, même si ça prend plus de temps. Au final, il n'y a que du positif partout. Heureusement, Lorenzo accepte. Alors, je lui donne un tee-shirt de mon père, et je descends à la cuisine pendant qu'il va à la douche.

Les rayons du soleil traversent la cuisine, et le temps me donne envie d'aller dehors. Je commence à préparer une salade et des sandwichs à partager entre Nina et moi, que des plats froids qui permettent de faire un pique-nique. Dans le jardin, certes, mais ça permettra quand même de prendre l'air. Manger dehors, ça change, et ça n'est encore jamais arrivé à ma fille. Je regarde par la fenêtre pour vérifier qu'il n'y a pas de nuages dans le ciel, et… Et je vois Jordan dans l'allée.

Je sens mon cœur s'emballer d'un seul coup. Non, non, qu'est-ce qu'il fait là ? Il ne devrait pas être là. Je l'ai plaqué pour plusieurs raisons. L'une d'entres elles est celle que Lorenzo est capable de le tuer si il le voit. Si il me parle. Les autres raisons de notre rupture est que je n'arrivais plus à lui faire confiance, après ses nombreuses tromperies et ses nombreux mensonges ; et qu'il me renvoyait à un passé douloureux. Qui me rappelait que, sans notre dernière engueulade, je n'aurais peut-être pas vécu ces 19 derniers mois. Quand je le vois s'approcher de la porte d'entrée, je fais demi-tour, et je monte rapidement les escaliers. Pour me cacher. Je ne veux pas qu'il sache que je suis là. Quand j'arrive devant la salle de bain, je me dis que la douche est une excellente cachette. Si j'étais sous la douche, il ne pouvait pas me parler. En tout cas, il ne pouvais pas me voir. Alors, je rentrais dans la pièce avant de fermer la porte derrière moi, je tirais le rideau et je grimpais dans la baignoire.

Eighteen months you sold as some forbidden paradise 5yzg

« Aliénor ? Tu es là ? Il y a quelqu'un ? Béate ? Isabeau ? » Je tourne les robinets, immédiatement, pour me donner une excuse pour ne pas sortir de là. Mais au moment où l'eau me tombe dessus, je relève la tête, et je sursaute en voyant Lorenzo face à moi. Totalement nu. Sous la panique, j'avais complètement oublié que je lui avais proposer de se doucher. Et j'ai peur, j'ai vraiment peur. Il a forcément entendu Jordan, il sait qu'il est là. J'ai peur de voir sa colère dans ses yeux. J'ai peur qu'il pense que c'est moi qui lui ai demandé de venir. J'ai peur qu'il soit déçu. J'ai peur qu'il lui fasse du mal pour qu'il ne revienne plus jamais. J'ai peur qu'il me punisse pour la venue de Jordan.

Je refuse de voir tout ça dans ses yeux, alors, je détourne les miens. Je sais qu'il peut entendre mon cœur battre la chamade. J'ai la gorge et le ventre noués à cause de la peur. Et je sursaute quand il toque à la porte. Ne rentre pas, s'il te plaît, ne rentre pas… « Aliénor ? Est-ce que c'est toi ? Je venais déposer des affaires à toi. Je ne veux pas d'ennuis avec... avec personne. C'est juste que tu avais des affaires chez moi, et que c'est douloureux de les voir. Je me suis dis que tu voudrai les récupérer, elles sont à toi après tout. Aliénor ? » Mon souffle devient de plus en plus court alors que je panique de plus en plus. Qu'est-ce que je peux faire ? Si je ne réponds pas, il va penser qu'il y a un problème et rentrer. Si je réponds, ça risque de déplaire à Lorenzo. Mes ongles s'enfoncent dans la paume de ma main. Je ne veux qu'une seule chose : disparaître d'ici. De la surface de la Terre, pour ne plus ressentir cette peur panique. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça.

Je sens alors le vampire attraper le bas de mon visage pour le relever. Je suis forcée de le regarde ; mais je ne vois dans ses yeux aucune trace de colère de déception. Au contraire, j'ai l'impression qu'il essaie de me montrer toute la douceur dont il est capable. Il se penche légèrement pour me dire doucement : « Tu peux le remercier et lui demander de partir mon amour. » Lorenzo lâche mon visage, mais ne coupe pas notre contact visuel. « Me… Merci, Jordan. Tu peux partir. » Ma voix tremble légèrement, mais moi non plus, je ne quitte pas ses yeux du regard. Le temps que je parle, le temps que Jordan m'explique qu'il laissera le carton en bas avant de partir, je continue de regarder ses prunelles.

Finalement, c'est lui qui brise le lien visuel en éteignant l'eau. Il tire le rideau, sort de la baignoire, et m'enroule dans une serviette. Je comprends rapidement que mes vêtements sont transparents quand je vois son désir monter. Je me sens rougir, et je détourne le regard pour sortir moi aussi de la douche. Avant, je n'étais pas aussi pudique. Au contraire, j'avais besoin de savoir que je plaisais à mes copains actuels. Mais aujourd'hui… Je me dis que je suis encore incapable d'accepter pleinement l'amour que me porte Lorenzo, à cause de mes doutes ; que ça doit être la même raison pour laquelle je n'accepte pas qu'il puisse me désirer physiquement. Parce que au fond de moi, si je me laisse aller, si je finis par accepter, j'ai peur qu'il se lasse. Qu'il m'abandonne. Comme tous les autres.

Heureusement, il finit par mettre une serviette autour de sa taille, avant d'en récupérer une troisième pour la poser sur mes cheveux, dans le but de les sécher. Il frotte. Son geste est doux, affectueux. « Tu pouvais tout simplement fermer la porte de la salle bain à clef. » Il sourit. Est-ce qu'il se moque de moi ? Si c'est vrai, je sens que c'est affectueux. « Je n'y avais pas pensé… » Je me sens tout de même légèrement fautive. Je lui mens. C'est pas que je n'y avais pas pensé, c'est que j'en suis incapable. Je suis incapable de fermer une porte à clé. J'ai même remarqué que j'étais incapable de rester dans une pièce avec la porte et les fenêtres fermées. Même si elles ne sont pas verrouillées. J'ai besoin que l'une d'entre elles soient légèrement ouvertes. C'est ce que je fais la nuit pour dormir. L'été approchant, je laisse la fenêtre ouverte. J'aime sentir le vent de l'extérieur caresser mon visage quand j'attends le sommeil.

Je relève la tête pour le regarder, et Lorenzo suspend son geste. Avec la serviette toujours sur la tête, j'ai l'impression de porter le voile de la Vierge Marie. Ce voile symbolise la renaissance, la régénération répétée. Mon deuxième prénom est pour Marie Leszczynska. Peut-être que Lorenzo pense que c'est biblique. Peut-être que ce n'était pas une coïncidence, et que Dieu a réellement inspiré mes parents. Je ne sais pas. Peut-être que c'est vrai, peut-être que je cherche désespérément tous les signes pour prendre ma décision. « Tu restes quand même manger, après… Après ça ? » Peut-être que ma question n'est pas légitime, mais j'ai peur qu'il n'ait plus envie de rester après l'intrusion de Jordan. Heureusement, il m'assure que si. Tant mieux. Je ne voulais pas rester seule face à mes pensées et mes questions.

Je lui offre un petit sourire timide, avant d'aller dans ma chambre. Nina est debout dans son berceau, à se tenir aux barreaux. Je me change rapidement, avant de la prendre dans mes bras. J'ai enfilé un simple tee-shirt avec un jean. J'ai brossé mes cheveux humides, et je sais qu'ils ne seront pas parfaits, comme ils sècheront naturellement. Mais c'est comme ça que j'ai envie d'être, ce midi. Naturelle. Dans un sac, je mets deux, trois livres, quelques jouets, et je descends avec le sac et ma fille dans mes bras. Nous rejoignons Lorenzo, qui nous attend dans la cuisine. Il remarque les plats froids que j'avais commencé à préparer. « Comme il fait beau, je pensais que nous pouvions manger dehors… » Lorenzo m'offre un sourire. Je pose Nina par terre, à notre vue, pour qu'elle puisse se réveiller tranquillement pendant que je finis de préparer le panier.

Je mets les plats déjà faits, et je rajoute des compotes et des biscuits pour le dessert. Lorenzo m'aide en remplissant deux bouteilles, une d'eau et une de jus de citrouille. Il prend la vaisselle de Nina, pendant que je prends une grande nappe pour s'installer sous un arbre après manger. Puis on va dans le jardin. Je reprends Nina dans mes bras, pendant que Lorenzo porte le panier et le sac avec ses affaires. Même si on reste sur la propriété, avoir tout prévu me prépare pour de futures véritables sorties. Et puis, ça nous évitera de faire des allers retours. On pose toutes les affaires sous un arbre. Nina regarde tout autour d'elle. C'est la première fois qu'elle vient dans le jardin. « Attrape mes mains. » Je lui parle en français. Elle m'obéis, et je l'aide à se mettre sur ses deux pieds. On commence ainsi à marcher, tout doucement. Elle rampe, marche à quatre pattes, et sait se tenir debout, mais ne marche pas encore totalement seule.

On marche comme ça un peu, et je sais que Lorenzo nous suit. Penchée sur ma fille, je me tourne de temps en temps pour le regarder. Il a l'air content de nous voir comme ça. Nina finit par me lâcher volontairement la main. Elle ne marche plus, elle regarde les fleurs. Je m'accroupis à côté d'elle, et son père nous rejoins. Agenouillé à ses côtés, il attrape un pissenlit et lui montre comment souffler dessus pour que les akènes s'envolent. Alors qu'elle sourit, elle recommence, sauf que le vent est contre lui. Je ne peux m'empêcher de lâcher un gloussement, et il me regarde, intrigué. « Tu en as dans les cheveux. Attends. » Je tends la main pour commencer à les retirer, un à un. Ses cheveux ont légèrement poussé. Comme moi, il ne les a pas coiffés en les séchant ; ils tombent légèrement dans sa nuque, à sa guise. Comme moi, il a adopté le look après douche naturel. Ça lui va bien.

« Nina ! Non ! » Le temps que je m'occupe des cheveux de Lorenzo, le petit monstre avait prit le temps de s'échapper pour arracher consciencieusement les plantations du jardinier. Les pissenlits dans la pelouse, je veux bien, mais pas les fleurs dans les plates-bandes ! Je l'attrape pour la redresser doucement, et mon cœur fond quand elle me tend les fleurs. Des roses. Est-ce que c'est fait exprès ? Il paraît que les enfants veulent faire comme leurs parents à un certain âge. Est-ce que c'était son cas ? « Il va falloir t'apprendre ce que tu peux arracher ou non… » Je posais un baiser sur sa tête. Evidemment, Lorenzo n'avait rien loupé de la scène. Je lui offris timidement un sourire. « Et si on lui donnait son repas, avant qu'elle ne fasse d'autres bêtises ? » On retourna sous l'arbre où il avait posé les affaires. Il m'aida à déplier la nappe correctement, puis je sortis les différents plats et la vaisselle pendant qu'il rattrapait Nina, encore occupée à marcher à s'éloigner à quatre pattes. « Je ne voulais pas t'imposer un énième repas alors que tu ne manges, je n'ai donc rien prévu pour toi, mais… » Je n'étais pas vraiment sûre de ce choix, alors, en expliquant, j'évitais son regard. « … je pensais que tu pouvais nourrir Nina pendant que je mange ? » Comme ça, il ne se forçait pas, il passait du temps avec sa fille, mais également avec… Avec moi.

Heureusement, il accepta chaleureusement, et ça me détendit. Il donnait la becquée à sa fille, pendant que je mangeais mon propre repas, et remplissais son gobelet de jus de citrouille, tout comme mon verre. Il s'occupait d'elle, mais se souciait également de ce que je mangeais, et que je m'hydrate bien. Même si il ne mangeait pas, cela ressemblait fortement à un repas en famille. Dans une vraie famille, celle dont il rêvait. Être ensemble, s'occuper de Nina sans se soucier des regards autour de nous, avec moi, qui était plutôt détendue. En effet, je sentais tous mes muscles se relaxer alors que les minutes passaient. Je commençais même à rire de plus en plus après le repas. Nous nous étions allongés sur le ventre pour aider Nina à empiler des formes, et c'était amusant de la voir empêcher Lorenzo de l'aider. Après les jouets, elle parvint même à se mettre debout et marcher jusqu'à ses bras. Alors, certes, ce n'était que trois, quatre pas, mais ça ne m'empêcha pas d'applaudir alors que Lorenzo la serrait fort contre lui pour la féliciter.

Une fois qu'elle ait pas mal joué, et regardé quelques livres, on commençait à la bercer entre nous, pour qu'elle puisse faire la sieste dehors. Il faisait chaud, mais pas assez pour se réfugier à l'intérieur. L'ombre de l'arbre nous protégeait du soleil, et je n'avais aucune envie de bouger de là. Pendant que Lorenzo lui caressait doucement le dos pour qu'elle se calme et qu'elle se repose, je fouillais dans le panier, pour sortir quelque chose qu'il n'avait pas encore vue. L'enveloppe kraft qu'il m'avait donnée le matin même. Je sortis la dissertation de là, pour lire le sujet à voix haute. « Apollon, dieu du Soleil et des Arts ; sa représentation à travers les Sept Arts Magiques. » Pourquoi cela ne m'étonnait pas ? Je lui tendis en lui souriant timidement. « Tu voulais me la lire, comme je t'ai lue la mienne. Nous avons toute l'après-midi. » Quoi de mieux que de le faire là, dehors, après un repas simple mais partagé sans aucune obligation, sans aucune peur ?

Lorenzo attrapa sa dissertation. Je m'allongeais sur le côté, pour continuer de caresser le dos de Nina, en contemplant les rayons du soleil passer à travers le feuillage de l'arbre. Cette position, et le fait qu'on me fasse la lecture aurait presque pû m'endormir. Mais je ne pouvais pas. Ses écrits étaient bien trop intéressants pour que je souhaite m'endormir. Les arguments étaient logiques, les exemples pertinents, et les transitions entre ses parties maintenaient une certaine envie de continuer la lecture. Quand il acheva la conclusion en ouvrant sur le lien du dieu des Arts multiples et sa représentations dans multiples arts, je soupirais de contentement. « Je comprends mieux pourquoi tu as gagné le prix de la meilleure dissertation, et que tu l'as gardé pendant… Quoi ? Une petite quarantaine d'années ? » Les jurys avaient estimé que ma dissertation était meilleure que la sienne, car seule une personne pouvait détenir le titre ; mais en l'écoutant, je n'étais pas sûre de leur donner raison. Quarante ans à posséder ce titre, avant que je n'arrive. Ça me faisait penser que je ne lui avais toujours pas demandé sa date de naissance, l'âge auquel il était devenu vampire et son véritable âge ; mais je n'étais pas sûre de pouvoir le faire. Alors, à la place, je préférais me tourner vers lui pour lui dire : « Durant la fin de l'après-midi, je voudrais achever la chambre de Nina… Il n'y a qu'à mettre les meubles qu'on achetés en place. Et ranger toutes ses affaires. Ma famille ne rentre que ce soir, alors… » Alors quoi ? Je n'osais pas lui demander si il voulait rester ou non. Si ça se trouve, il avait atteint son quota de temps passé avec moi, et il voulait rentrer chez lui.

🙚 Mercredi 5 juin 2002

Je m'avance dans le Ministère de la Magie, peu rassurée par ma démarche. Plus j'y pense, et plus je me dis que oui, c'est Lorenzo la solution à mon problème. Lui seul pourra m'aider. Je suis en train de m'enliser dans les secrets, et je ne sais plus quoi faire. Après avoir donné la raison de ma visite, après fait examiner ma baguette qu'il m'avait rendue peu après ma sortie de la villa, je me dirige vers son bureau. J'arrive dans une sorte d'accueil, avec une brune au comptoir. Un visage parfait, un corps parfait, un style parfait. C'est donc avec ce genre de femmes que Lorenzo travaille ? Je comprends immédiatement que je ne ferai pas le poids. Ça allait faire comme avec Jordan. Il trouvera mieux que moi, c'était certain. Au moins, ça répondait à mes questions intérieures que je me traînais depuis des jours. Malgré ses promesses, il ne pourra jamais regarder que moi. C'était impossible. Je me sentais fade à ses côtés. J'allais tourner les talons pour partir quand elle m'aperçut : « Je peux vous aider ? »

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Malgré sa demande, sa voix était légèrement sèche. Sûre d'elle. Je finis par m'approcher du  comptoir qui lui servait de bureau. « Je… J'aurai aimé voir Monsieur Peretti… » « Vous avez rendez-vous ? » Son ton me heurta légèrement. Comme si elle savait qu'elle avait une forme de pouvoir sur moi. Muette, je finis par nier de la tête, alors que mes doigts se crispèrent. « Sans rendez-vous, cela ne sera pas possible. C'est un homme très occupé. » Je sentis mon cœur tomber au fond de mon ventre. Je ne pouvais pas rentrer sans réponse… Ça m'angoissait trop. Je lui jetais un regard suppliant. « S'il vous plaît, je suis prête à attendre. Dites-lui que Aliénor Fontanges souhaiterait le voir. » A l'entente de mon nom, je la sentis se crisper légèrement, mais elle finit par répondre d'un ton cassant : « Je vais voir ce que je peux faire. » Je la remerciais à voix basse, avant d'aller dans la salle d'attente.

Je fus incapable de prendre un magazine pour m'occuper l'esprit. Je me contentais d'attendre, tendue, la main contre mes lèvres pour cacher mon air soucieux. Je sentais le métal de la bague de laurier autour de mon doigt, qui ne m'avait pas quitté depuis 19 mois. Sentir ce bijou me faisait m'en vouloir. Comment avais-je pu avoir envie de croire aux promesses de Lorenzo quand, au final, il allait faire comme les autres hommes ? Je la voyais, cette secrétaire. Elle était parfaite. Elle était belle, et ne s'arrêtait pas dans son travail. Quand la porte du beau de Lorenzo s'ouvrit, je l'entendis se lever automatiquement de sa chaise. Comme quoi, c'était bien la preuve qu'elle mettait du cœur à l'ouvrage. Je l'entendis parler avec Lorenzo. Je ne distinguais pas les mots, seulement les tons. Au début, il lui parla normalement, et quand elle répondit, le vampire commença à s'énerver sur elle. Je sentis mon cœur battre de plus en plus la chamade. Est-ce qu'il était en colère pour ma venue ? Est-ce que je n'aurais pas dû venir ? Si ça se trouve, j'avais dépassé les limites de ce que je pouvais faire…

Mon angoisse montait d'un cran quand je crus comprendre, au bruit de ses pas, qu'il se rapprochait de la salle d'attente. Je levais la tête quand il appela mon nom, légèrement pâle. Tout mon sang avait quitté mon visage. Tout son corps était tendu, pourtant, son regard ne traduisait aucune colère envers moi. Je n'étais pas bien sûre de comprendre… Et quand il me demanda de le suivre, ce n'était pas sur un ton sec. Ce n'était même pas réellement strict. Même si c'était formulé comme un ordre, je le ressentais plus comme une invitation. Sans rien dire, je pris mon sac à main et je le suivis, les yeux rivés vers le sol. Quand je rentrais dans le bureau, j'entendis des talons derrière moi. « Vous désirez quelque chose à boire ? Du café, du thé, de l'eau au citron….? » Lorenzo ne répondit pas, et je compris que la question m'était destinée. Je regardais la secrétaire, le cœur battant. « Euh… Non, merci… » Elle hocha la tête avant de sortir.

Je ne pus m'empêcher de regarder autour de moi. Je marquais un temps d'arrêt en reconnaissant mon jardin comme paysage choisi derrière ses fenêtres. En effet, comme le Ministère de la Magie était sous terre, ils choisissaient magiquement ce qui apparaissait derrière les fenêtres. C'est la voix de Lorenzo qui me sortit de mes pensées. Je me tournais vers lui, mais sans le regarder directement dans les yeux. Je n'osais pas. J'avais peur de lire la colère, ou quoique ce soit dans ses yeux. Après tout, il s'était énervé contre sa secrétaire qui travaillait pour moi… Alors, contre moi ? Je savais à quel point il savait être imaginatif quand je le décevais. Quand je le mettais en colère. Je n'avais qu'une peur : un retour en arrière. Pourtant, il fallait que je sois honnête. « J'ai besoin de ton aide. » En disant ça, mon ventre se creusa. Pas à cause de lui. À cause de ce que j'allais lui raconter. Mon ventre se creusait à cause de mon service, et lui faisait battre mon cœur d'angoisse. Rien n'était confortable. Mais il fallait que j'aille jusqu'au bout. « Ma mère n'arrête pas de me dire que Nina doit voir un Médicomage. Elle ne parle pas, ne fait pas de son, elle ne rit pas. Elle pense qu'il y a un problème lié à… mon absence, et elle veut qu'elle voit quelqu'un. » En racontant tout ça, ma gorge se serra. Mon débit s'accéléra, et je sentis lentement la panique me prendre.

« Le problème c'est que le Médicomage va me poser plein de questions auxquelles je ne veux pas répondre, et ça va paraître louche, sauf qu'elle va insister, et… » Cette fois, je sentis clairement la crise d'angoisse commencer à monter. Mes yeux étaient humides et ma respiration était de plus en plus courte. Ce qui arrêta mon flot de paroles paniqué et incompréhensible fut de sentir Lorenzo attraper mon menton pour me relever le visage, comme il faisait de plus en plus souvent. Bien qu'il me le demandait, je n'arrivais pas à regarder ses yeux. Je les évitais. Je savais lire ses émotions dans ses prunelles, et j'avais trop peur de ce que je pouvais y voir. C'est quand il me le demanda une seconde fois que je me forçais, la peur au ventre, en retenant mes larmes. Est-ce que je voulais pleurer par peur pour ma fille, ou par peur de lui ? « Est-ce que j'ai dépassé les limites ? Tu t'es agacé contre ton employé. Est-ce que c'est à cause de moi ? » Qu'il réponde à ça, et qu'il protège notre fille, c'était tout ce qui m'importait en cet instant.
:copyright:️ Justayne

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~ I feel you holding me ~

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges
🙚 Dimanche 24 décembre 2000 🙚

Voilà 23 jours exactement que je ne permets plus à Aliénor de sortir de sa chambre sans ma présence. Chaque fois que je pars pour le Ministère, je ferme derrière moi. Je décolère doucement mais sûrement de la dernière fois où elle a voulu se tuer. Elle en avait l'intention et avait fomenté un plan avec des ciseaux de coiffeur, elle y avait réfléchit. Elle se serait tuée en mon absence, elle aurait tué son enfant, pour me quitter.

Pour me quitter.

La rage que j'ai ressenti était difficile à contenir alors j'ai préféré l'isoler un moment. On dit que bien souvent la tristesse est un sentiment de colère qui refuse d'exister par la haine. J'ai lu cela quelque part. Je ne sais pas être triste... j'assume la haine, la colère. Ce sont mes compagnes depuis des années. Est-ce que je suis triste qu'elle en soit encore au stade de se donner la mort pour m'abandonner ? Me laisser errer seul sur terre ? Non, je suis furieux. N'a-t-elle pas compris qu'elle détermine ma présence en tant que vampire dans ce monde ? N'a-t-elle pas compris qu'elle est ma seule condition pour être heureux ?

Je préférerai encore qu'elle fugue loin, plutôt que d'un monde sans son existence. Si vraiment je n'y arrive pas, si vraiment il n'y a plus d'espoir pour un nous, je la laisserai partir. Je préfère encore la savoir loin de moi que morte. Mais pour le moment, je me nourris d'espoir, de prières, je sais qu'elle peut m'aimer, je sais qu'on peut avoir une vie ensemble. Cet enfant est un contre temps, et peut-être aussi que les hormones parlent, mais quand il ne sera plus dans son ventre, Aliénor sera pleinement à moi.

Aujourd'hui c'est le veille de Noël, la veille de la naissance de Jésus selon le calendrier grégorien. C'est la fête que je préfère. Celle que préférait ma jumelle. J'ai toujours aimé offrir des présents à toute ma famille. J'ai toujours aimé cet esprit de famille, cette chaleur et cette puissance symbolique, mystique. Je me souviens de toutes les messes, de tous les temps de prières. Les Églises décorées, accueillantes en ces moments là. La pénombre des lieux et les silences religieux, les bougies scintillantes donnant une ambiance apaisante et magique. Ces moments chez les Moldus étaient plus intenses que tous les sortilèges des sorciers. Leur magie était pure, saine. Je me sentais plus sorcier dans une Église qu'à Beauxbâtons. J'aimais prier, j'avais l'impression que tous mes vœux pouvaient s'exaucer. Mais un seul l'a été après toutes ces années.

Aliénor Marie Fontanges.

Ma providence, mon miracle. Toutes ses années de loyauté envers mon Dieu m'a offert le cadeau le plus précieux, le plus doux. Un Amour sans concession, sans limite. Dès que je l'ai vu, j'ai su, j'ai compris son message. Je l'ai accepté avec une telle force que toute ma vie a pris un sens. Aujourd'hui, c'est le premier Noël que je vais passer avec elle, et je veux quelque chose de parfait et de délicat. Je ne veux plus qu'elle me voit en colère, je ne veux plus être fâché contre elle. Cela fait bientôt un mois qu'elle ne m'adresse pas la parole quand je viens ouvrir sa porte. Trois semaines qu'elle ne me regarde pas, qu'elle m'ignore. Mais aujourd'hui c'est le réveillon de Noël, et c'est magique.

J'ai tout organisé. Des bougies par centaines, toutes magiquement contrôlées, elle ne pourra pas mettre le feu à la Villa si l'idée lui prenait. Des guirlandes blanches aux lueurs de lune. Des décorations typiques des Noëls, des anges, des gros nœuds, du houx, du rouge, du vert. Un énorme sapin qui nous offre ses senteurs hivernales. La pièce est méconnaissable. Et se veut confortable et chaleureuse. J'ai dressé une petite table, spécialement pour un dîner en tête à tête. J'ai cuisiné un repas traditionnel et je compte bien faire l'effort de manger chaque plat avec elle. Bien que la nourriture humaine n'ait aucun goût et aucune valeur nutritionnelle, je peux donner l'illusion d'apprécier. J'ai passé depuis longtemps le cap du dégoût et de l'inconfort. Pour mes repas d'affaire, je me force souvent à manger avec mes clients ou collègues, cela est moins malaisant pour eux et leur fait oublier ma condition de vampire. Certains de passage ne s'en doutent même pas.

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Je viens ouvrir sa chambre et poser la magnifique robe que j'ai trouvé pour elle, pour l'occasion. Une robe sur mesure, je vois son ventre s'arrondir au fil des jours, me rappelant cette énorme erreur en elle. Mais ce soir, elle sera magnifique, même avec ces formes rondes. J'ai pris soins de moi, me suis coiffé, j'ai passé un costume hors de prix, italien, les chaussures qui vont avec.

« Je t'attends dans le salon darling. »

Je me demande si elle va descendre, si je vais devoir la... forcer, mais j'entends ses pas dans les escaliers. Je me positionne à côté de la petite table décorée et préparée avec soin. Avec cette fois ci, un bouquet de roses en son centre. J'ai toujours pour habitude de n'en mettre qu'une sur ses plateaux, pas ce soir. Quand elle arrive enfin dans le salon, je suis bouleversé par tant de beauté. Elle a joué le jeu, elle s'est préparée, s'est maquillée. Sa robe lui va à merveille. Je suis amoureux.

« Je suis sous le charme, tu es magnifique ma douce. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau dans ma vie. »

Je fais un geste pour l'inviter à avancer vers la table. Je ne la touche pas, mais recule et avance sa chaise pour qu'elle s’assoit. Je lui sers une coupe de champagne et ajoute une fraise dedans. Il y a des petits fours à la truffe, des canapés au saumon, à la coquille saint jacques. Il y a un peu de tout, des crudités fraîchement coupées.

« L'alcool ne fera pas de mal à l'enfant, si c'est cela qui te retient. Pas pour une coupe.»

En fait, je n'en ai pas la moindre idée, mais comme je ne me préoccupe pas de la santé de ce parasite, je préfère qu'elle se délecte de ce grand cru aromatisé. Chose qu'elle ne fait pas. Est-ce pour le bébé ? Ou pour ne pas être ivre en ma présence ? Quoi qu'il en soit, je ne veux pas me fâcher avec elle ce soir, alors je me lève et viens récupérer de l'eau pétillante pour le lui servir aussi dans une flûte. Je place la coupe de champagne qu'elle ne touche pas à côté de la mienne. Je la soulève vers elle, pour que nous trinquions.

« Je te souhaite un joyeux réveillon. Tu es mon plus beau cadeau.»

Le repas se passe presque dans un silence d’Église, ce qui est assez ironique je vous l'accorde. Mais je me délecte de sa présence et des efforts qu'elle fait pour au moins picorer tous les plats que j'ai fait pour elle. Elle remarque aussi que je mange comme elle, je n'ai pas mis de sang à table. Le seul que je veuille est le sien et cela fait des jours que je n'ai pas bu, l'envie est si forte que je dois contrôler mes canines dans ma bouche.

Après le repas, je débarrasse et lui demande de s'installer sur le canapé. Alors que je range rapidement la cuisine et prépare un thé digestif, je remarque qu'il neige dehors. Si les gens ne croient pas en la magie de Noël, en la grâce de Dieu, je pourrai leur expliquer. Je souris et vais chercher Aliénor dans le salon. Je lui donne ma main.

« Viens voir ce que la nature est belle, tout comme toi.»

Elle hésite pour me donner la main, elle me craint, alors elle se force, je le sais, je le vois. Un jour elle n'aura plus peur de me la donner, un jour je serai son roc, son ancre. Je l'amène avec moi à la baie vitrée du salon. Elle voit qu'il neige, j'ignore ce qu'elle pense en cet instant, je voudrai le lui demander, mais à la place, j'ouvre la porte fenêtre. J'entends son cœur battre la chamade, elle me regarde surprise, déconcertée. Je viens poser ma veste de costume sur ses épaules.

« Après toi ma belle.»

Elle hésite, elle ne bouge pas d'un seul pas. Alors je sors le premier et l'invite à me suivre. Je l'amène au milieu de l’immense jardin, sous les flocons et le ciel paisible, comme en temps de neige. Tout semble au ralenti, figé dans l'éternité. Je suis surpris à aimer ce moment si simple. Elle respire l'air frais, pur, givré. Je sais qu'elle ne cherchera pas à s'enfuir, elle n'a pas oublié la dernière fois, elle a bien compris que j'étais plus rapide qu'elle, même avec ces nouvelles forces avec le sang du bébé. Et elle n'oubliera jamais l'anneau que je viens embrasser en approchant ses doigts de ma bouche, comme un signe, comme un rappel. Je la relâche doucement et la laisse profiter de ce moment.

Quand elle frissonne, je l'invite à rentrer et à boire le thé que j'installe sur la table basse devant le canapé. Je me saisis de ma guitare et commence à jouer des airs de Noël. Ma soif, mon désir pour elle grandit. Alors je me concentre sur les cordes de la guitare, jusqu'à ce que je me dise que c'est suffisant.

« Je veux danser avec toi. Juste une danse, c'est le réveillon, tu mérites une danse. Cette robe doit virevolter.»

Elle ne peut pas me le refuser. J'ai fais des efforts ce soir, beaucoup, jusqu'à lui ouvrir le jardin. Elle me doit cette danse. Je me lève et viens faire une révérence devant elle en lui tendant ma main. Je regarde sa tasse, presque vide.

« Mais finis le thé avant chérie.»

Elle me regarde alors. A-t-elle compris ? Peut-être. Je ne voulais pas la brusquer, pas ce soir, je voulais que tout soit parfait, que tout se passe bien.

« Aliénor, finis la tasse.»

Je soupire d'aisance quand elle le fait, quand la dernière goutte est avalée. Je l'invite du regard à prendre ma main. Et je viens la serrer doucement contre moi, alors que le tourne disque joue un air romantique. Je ne pourrai décrire ce que je ressens en cet instant. Je me repais de son odeur, de sa chaleur. Elle est si douce, si délicieuse, je ne la mérite pas et pourtant, je ne veux qu'elle. Je tourne, me montrant délicat, respectueux. Je sais qu'elle n'est pas détendue, je sais qu'elle doit détester ce moment, je sais qu'elle a peur, je l'entends à son cœur, mais il commence à ralentir, doucement, lentement. Jusqu'à ce qu'elle devienne une poupée de chiffon dans mes bras. La potion d'endormissement a fait effet comme je l'avais prévu. Elle s'endort dans mes bras. Le savait-elle ? Son regard disait oui, la larme qui coule sur sa joue aussi.

Je la soulève dans mes bras en attrapant ses jambes et je la monte à l'étage, je la regarde, je l'admire en le faisant. Je suis aux anges de pouvoir la toucher, la regarder sans y voir du dégoût ou de la peur. Je la pose sur son lit et viens chasser la larme sur sa joue, puis je viens tracer ses courbes du bout des doigts, sans la toucher, juste en imaginant les contours.

Elle est endormie, à ma merci, sa poitrine se soulève et s'abaisse lentement, elle dort tout simplement, elle est paisible, en paix. Je pourrai juste en profiter, je pourrai l'embrasser, je pourrai même aller plus loin, défaire sa robe, ses dessous, elle ne le saurait pas si je la rhabille après. Je pourrai assouvir tous mes besoins, toutes mes envies. Je le pourrai, car je suis un animal, une bête, je suis son démon personnel.

Quels sont les limites ? Pourquoi est-ce que je m'en impose ? Qui pourrait bien me juger ? Je suis Ambassadeur, rien ni personne ne m'inquiète. Je suis puissant, je suis maître de la situation. Elle m'appartient, corps et âme, elle ne le sait juste pas encore, ce n'est qu'une question de temps. Cela ne serait pas vraiment de l'abus. C'est juste de l'Amour, un amour qu'elle ne partage pas encore. Elle n'en aurait pas conscience. Ne pas savoir annule tout. Je ne veux pas la tuer, juste aimer son corps, posséder son corps. Juste une fois, juste cette nuit.

Ma main glisse sur sa cheville et remonte lentement sa cuisse, la légèreté de la robe me permet de venir jusqu'à la naissance de son ventre. Son ventre. Ma main s'arrête dessus, je fais le tour de sa rondeur un instant, elle renferme quelque chose que je ne veux pas. Quelque chose dont je vais devoir me débarrasser. Je viens me pencher sur son ventre et écoute les battements de cœur, je ne ressens rien, je n'ai aucun déclic. Je ne pourrai jamais l'aimer, même si elle me le demandait. Je n'y arriverai pas. Je la veux seule, entière, je ne veux pas qu'elle soit mère. Je ne veux pas la perdre, je ne veux pas qu'elle aime quelqu'un plus fort que moi.

Je fais glisser ma main en la retirant et viens lui remettre la robe en place. Je n'ai plus envie de faire cela, je n'ai plus envie d'elle ainsi. Je veux ses yeux rivés aux miens, ses mains griffant mon dos, je veux qu'elle me supplie de lui donner du plaisir, je veux l'entendre gémir, prononcer mon nom. Je ne veux pas d'une poupée vide et plate. Je veux lire l'envie et le désir dans ses yeux. Je peux attendre, toute une vie s'il le faut. Je veux qu'elle me donne, je ne veux pas prendre. Je veux qu'elle ait conscience du bonheur et du plaisir que je peux lui procurer.

Je me mets à genou alors que j'étais assis sur le lit. Je viens prier quelques minutes avant de prendre son poignet. Si je peux retenir un désir purement sexuel, je ne peux pas retenir celui de boire. Alors mes crocs viennent percer sa peau délicate et je bois en savourant chaque gorgée. La sensation me paralyse, je pourrai en avoir un orgasme tellement cela faisait longtemps, tellement c'est délicieux. Je n'en prends pas trop, je ne veux pas qu'elle soit étourdie demain. Son sang est différent depuis qu'elle boit aussi du sang humain. Mais je reconnais ses saveurs, elles sont légères et fruités. Je viens lécher les dernières gouttes. Je n'ai pas besoin de la soigner, à son réveil, avec les gênes du vampire, sa plaie aura cicatrisé. Je viens déposer un baiser chaste sur son front et quitte la chambre.

Comme cadeau, je laisse la porte de sa chambre ouverte, je viens faire un énorme nœud rouge que je viens accrocher sur la porte. Pour qu'elle devine qu'elle est ouverte. Sous le sapin, j'installe des tonnes de boites. Des robes, des bijoux, des livres, des chocolats, du thé et une pile de journal entourée d'un nœud aussi, traitant de sa disparition, avec des témoignages de ses proches interviewés, qui demandent au ravisseur – à moi – de faire preuve de clémence, et de laisser leur fille, leur sœur. Ils pensent encore à la piste d'un kidnapping, mais je sais que bientôt ils penseront chercher un corps. Sans nouvelles, sans rançon, c'est souvent ce qui se passe.

🙚 Samedi 25 mai 2002

« Je n'y avais pas pensé… »
« Ce n'est pas un problème.»

Je continue de masser doucement sa tête, pour que la serviette imprègne toute l'eau de ses cheveux et quand elle relève la tête sur moi, je vois un voile de mariée, un voile saint. Un signe. Elle est magnifique, elle est si pure et si gracieuse, même avec un tissu d'éponge autour de son visage. Et elle me regarde, je ne me lasserai jamais qu'elle le fasse. J'ai vécu des jours, parfois des semaines sans que ses yeux ne rencontrent les miens à la Villa.

« Tu restes quand même manger, après… Après ça ? »
« Je reste.»

Je resterai toute une vie, je reste jusqu'à ce que je puisse, jusqu'à ce qu'elle respire. Elle quitte la salle de bain pour aller s'habiller et retrouver Nina, et j'en profite pour me sécher à mon tour et enfiler mon pantalon et le t-shirt de son père. Je ne me coiffe pas, ne voulant pas abuser de l'hospitalité et des objets des Fontanges.

Je descends dans la cuisine pour les laisser se préparer. Je me sens tellement à ma place, même si je voudrai une maison à nous, sans croiser mes beaux-parents ou mes belles-sœurs tous les jours. Notre chez nous. Mais combien de temps lui faudra-t-il pour accepter de vivre avec moi ? Être sous le même toit que moi, après les 19 mois enfermée à la Villa ? Comment lui dire que cela ne sera plus jamais pareil ? Le temps, la patience. Je voulais commencer à préparer, mais je vois qu'Aliénor a déjà pensé à tout, alors je n'ose rien toucher, je la regarde arriver avec notre fille dans les bras, ses cheveux encore humides mais brossés. Sa décontraction me fait sourire, je l'aime dans n'importe quel vêtement, dans n'importe quelle situation. Je la trouve toujours radieuse, à mon goût.

« Comme il fait beau, je pensais que nous pouvions manger dehors… »

Je souris de plus belle. Elle a vraiment organisé tout cela, pour nous ? Je lui demande ce que je peux faire, et elle me donne la mission des bouteilles et de la vaisselle pour notre fille. Je la suis dans le jardin avec les paniers, je la suivrai en Enfer, jusqu'au bout des ténèbres. Je peux vivre sans lumière tant qu'elle est dans ma vie.

« Attrape mes mains. » dit-elle à Nina.

Cette scène me bouleverse, je pourrai les prendre en photo et les accrocher au Louvre. Je l'intitulerai, « La joie printanière ». C'est la première fois que je les vois toutes les deux dans un jardin, à l'air pur, jouer ensemble. La première fois que je partage ce moment avec elles, libres tous les trois. C'est tout ce que je voulais. Je voulais qu'elles aient ce bonheur. Cela fait un an que je l'espère. Quand je vois ma fille, mon seul regret est de ne pas l'avoir aimé dans le ventre de sa mère, je n'ai pas su, et je prie chaque soir pour m'en faire pardonner.

Quand Nina s'arrête pour regarder les fleurs, je viens m'accroupir à côté d'elle, et prend un pissenlit et souffle dessus pour lui montrer comment faire. Quand elle le fait, je dois fermer les yeux, car je reçois tout dans le visage, et j'entends alors le rire d'Aliénor qui soulève mon âme. Ce rire est si pur, si spontané, j'en frissonne d'amour et me tourne vers elle, surpris, intrigué. Pourquoi m'offre-t-elle cette joie ? Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, un sourire franc, heureux.

« Tu en as dans les cheveux. Attends. »

Ses doigts s'allongent vers moi, elle enlève tous les fruits de mes cheveux. Je ne bouge pas, je suis bien trop saisi d'émotion pour le faire. Elle n'a jamais eu ce genre de geste, attentionné, désintéressé. Elle ne m'avait jamais approché aussi spontanément. Je rêve qu'elle insiste, qu'elle en abuse. Je rêve de beaucoup plus, mais nous sommes avec notre fille.

« Nina ! Non ! »

Notre fille qui nous rappelle littéralement à l'ordre. Elle est en train de détruire les fleurs du jardin. Moi cela ne me fait rien, Nina pourrait aussi bien arraché mon cœur que je la laisserai faire, mais Aliénor veut lui apprendre les bonnes choses à faire ou non. Et je ne dis rien, je savoure et m'en amuse. Sauf que Nina offre les fleurs à sa mère, de cela, elle l'a appris de moi.

« Des roses, c'est bien ma fille. Très bon choix ma princesse.»

Pas que nous avions un doute sur ma paternité, mais cela me fait bizarre de le dire à haute voix, de manière aussi simple à Aliénor. Ma fille.

« Il va falloir t'apprendre ce que tu peux arracher ou non… »

Je n'imaginais pas pouvoir m'attendrir devant ce spectacle, je pensais n'être touché par rien ni personne, mais ces deux femmes me font ressentir de profonds sentiments, réels, déstabilisants.

« Et si on lui donnait son repas, avant qu'elle ne fasse d'autres bêtises ? »
« Tout me va. Ou je peux faire appel à un jardinier pour que tes parents ne remarquent rien à leur retour.»

Je le pourrai, si le jeu de Nina est de détruire toutes les fleurs. Mais je la suis et je déplie la nappe avec elle. Je joue avec notre fille alors qu'Aliénor installe la vaisselle et les différents plats. Elle court à quatre pattes, sans doute plus vite qu'un sorcier humain le ferait. Je viens l'attraper avant qu'elle ne s'en aille trop loin. Je la soulève dans mes bras. Les mains de Nina sentent la rose, je viens les embrasser tendrement. Elle vient caresser mon visage, ses yeux dans les miens. Nina n'a jamais eu peur de me regarder, ni de me toucher. Nina m'a toujours fait des câlins, s'est endormie un nombre incalculable de fois dans mes bras. Aliénor n'a jamais eu peur de me la confier, elle a toujours dormi paisiblement, sachant que je ne dormais pas de la nuit, pour m'en occuper. Dès sa naissance, elle a su. Avant je sais qu'elle s'inquiétait, et elle avait raison.

Si une enfant aussi pure qu'elle a une si grande confiance en moi, c'est que je ne dois pas être aussi mauvais que je le pense. Un ange ne peut pas dormir dans les bras d'un démon.

« Je ne voulais pas t'imposer un énième repas alors que tu ne manges, je n'ai donc rien prévu pour toi, mais… »

Je tourne ma tête vers elle et reviens vers la nappe avec notre fille.

« … je pensais que tu pouvais nourrir Nina pendant que je mange ? »
« Je m'en fais un plaisir. Oui volontiers. Merci.»

Je m'occupe de donner à manger à Nina, je m'applique tout en gardant un œil et un mot tendre pour elle. Je suis ravi de la voir manger normalement. Elle est détendue et je le vois. Cette journée est parfaite, malgré le très mauvais point noir de Jordan plus tôt dans la matinée. Mais rien ne peut me mettre en colère aujourd'hui, je suis l'homme le plus comblé qui soit, je passe un moment hors du temps avec la femme que j'aime et sa fille. Notre fille.

Aliénor rit, et je le fais aussi, j'arrive à rire, notre fille est un vrai spectacle, un vrai clown. Je me surprends à aimer être sur le ventre, dans l'herbe, à empiler des cubes et des formes. Nina me provoque en poussant les miens qui tombent avant les siens. Elle est brillante, maline. On dit qu'à cet âge ils sont innocents, mais Nina sait clairement ce qu'elle fait, elle rigole à chaque fois que je m'offusque que mes cubes tombent, alors elle recommence, juste pour me voir faire des grimaces et rire à sa manière. Elle ne tient pas en place, il faut sans cesse l'occuper, la surveiller. Ma condition de vampire me permet de jouer indéfiniment avec elle, sans me fatiguer. Elle se redresse sous nos yeux, seule, et elle vient faire des pas dans ma direction, trois petits pas toute seule, vers moi. Je relève mes yeux vers Aliénor et je souris. Je viens enlacer ma fille, fier d'elle. Cette journée, je voudrai qu'elle dure pour toujours.

Alors que je caresse le dos de ma progéniture pour qu'elle s'endorme entre nous, Aliénor sort l'enveloppe contenant ma dissertation d'un panier. « Apollon, dieu du Soleil et des Arts ; sa représentation à travers les Sept Arts Magiques. »

L'entendre lire à voix haute le nom de ma dissertation à quelque chose d'irréel.

« Tu voulais me la lire, comme je t'ai lue la mienne. Nous avons toute l'après-midi. »
« Avec plaisir darling. »

Je suis plus que ravi de pouvoir le faire, je suis ravi qu'elle le demande, qu'elle en ait réellement et sincèrement envie. Alors j'attrape mon papier et laisse Aliénor s'installer confortablement, je prends ma plus belle voix et je la lis en Français, dans la langue où je l'avais écrite. Tout est merveilleux, le temps, le moment, le lieu. Tout est parfait. Je m'applique, ne faisant aucune faute de lecture, aucun barrage, aucun accrochage sur aucun mot, je ne dirai pas que je la connais par cœur, mais presque. Je la vois apprécier le moment, quand mes yeux quittent quelques fois les parchemins, elle est passionnée, intéressée, je n'en avais aucun doute. Aliénor est érudit, sensible. Je l'entends même soupirer de satisfaction après ma conclusion.

« Je comprends mieux pourquoi tu as gagné le prix de la meilleure dissertation, et que tu l'as gardé pendant… Quoi ? Une petite quarantaine d'années ? »
« 39 ans si on veut être précis. J'ai cru qu'il n'y aurait personne pour le faire, avant que tu arrives et que tu sois meilleure que moi, parce que ta dissertation l'était ma douce, meilleure que la mienne.»

Je lui souris alors qu'elle se tourne vers moi.

« Durant la fin de l'après-midi, je voudrais achever la chambre de Nina… Il n'y a qu'à mettre les meubles qu'on achetés en place. Et ranger toutes ses affaires. Ma famille ne rentre que ce soir, alors… »
« Je me fais une joie de pouvoir le faire avec toi. Je monte Nina dans son berceau, on peut commencer le temps qu'elle dorme encore un peu.»

Aussi délicatement qu'il m'est possible avec ma minutie de vampire, je soulève Nina dans mes bras et la cale sur mon épaule, elle a un petit soubresaut, mais en marchant et la berçant, elle se rendort. Les anges ne trouvent pas le repos sur l'épaule du diable. Je me répète cette phrase jusqu'à réussir le transfert dans son berceau dans la chambre d'Aliénor sans qu'elle se réveille.

Je rejoins Aliénor dans la cuisine et finit de ranger avec elle et laver la vaisselle en laçant un sort dans l'évier. Une fois fait, on monte et je commence à protéger de tissu pour ne pas abîmer le sol de la pièce avant d'ouvrir les cartons et d'entreprendre les montages. Pendant ce temps, Aliénor commence à trier le linge et les petites affaires. Elle prend aussi toute la décoration et les déballe. Moins j'installe tout où elle me le demande, le meuble contre ce mur, l'étagère contre celui là, puis non, de l'autre côté. Je ne me lasserai jamais de ce genre de moment. Je m'exécute au millimètre près. Je vois ses yeux briller, ravie du rendu. Elle se régale à décorer cet endroit, celui de sa fille, qui d'ailleurs fait la meilleure sieste de sa vie. Sortir dehors, trottiner dans l'herbe lui a fait un bien fou, elle récupère.

J'installe un fauteuil à bascule dans l'angle qu'elle m'a demandé et vient m’asseoir dessus. Ça me donne envie de jouer de la guitare, pour elle, pour Nina. Comme je le faisais à la Villa. Je regarde Aliénor installer les derniers détails, je sais qu'elle a hâte que sa fille se réveille. Et comme les signes de Dieu viennent toujours au bon moment, je l'entends dans sa chambre.

« Chérie ?»

Elle se retourne vers moi. Plus détendue que jamais, comme si elle avait accepté pleinement tous les surnom que je lui donne. Comme si j'en avais la légitimité définitive, c'est la première fois que je m'en fais la réflexion. Elle s'est retournée naturellement vers moi.

« Elle est réveillée, tu peux aller la chercher.»

Son visage s'illumine et elle ne perd pas une seconde pour aller montrer le havre de paix qu'elle a créé, qu'on a créé pour notre fille.

* * *

Aliénor a tenu à ce que je reste dîner, c'est la première fois qu'elle en fait la demande elle et non ses parents. J'ai été touché par cette attention, encore une fois. Alors que toute la maisonnée se couche, Aliénor attend la dernière minute pour me raccompagner, mais au lieu de le faire, elle me propose de coucher ensemble Nina dans sa nouvelle chambre. Elle est restée éveillée jusqu'à maintenant, vu les quatre heures de sieste qu'elle a fait cet après midi. Nous montons les escaliers comme des adolescents qui se cachent de la vigilance des parents, et j'aime cela, cette complicité.

Aliénor n'a fait que me donner, toute la journée, sans rien attendre en retour, sans que je ne la force, sans qu'elle ne s'en sente obligée, du moins c'est ce que j'ai ressenti. Et c'est ce que je préfère penser. Alors qu'elle change Nina sur la table à langer, et la prépare pour sa nuit, je regarde par la fenêtre, le jardin que je perçois de mon Bureau. Elle vient mettre Nina dans mes bras, et je la couche dans son lit, Aliénor la couvre d'une légère couverture, et nous la regardons s'endormir.

« Cette journée était merveilleuse, et je t'en remercie. Tout était parfait et j'ai apprécié chaque seconde, chaque moment. Depuis que je t'ai vu, il y a 4 ans à la remise des prix, je rêve d'instants comme ceux la et j'en veux plus, toujours plus. Je rêve de te prendre dans mes bras, de t'embrasser à chaque minute. Je rêve de sentir ta peau sous mes lèvres, de te donner tout mon amour, de respecter chaque centimètre de ton être. Tu m'es tellement précieuse.»

Je sais qu'elle ne sait pas quoi répondre à cela, et je ne lui demande aucune réponse, juste j'affirme les choses. Je sais qu'elle ne peut rien me donner de tel en retour, je lui ai dit que j'attendrai, peut-être indéfiniment. Au lieu de l’oppresser en la regardant, qu'elle craigne que j'attende une réponse, je m’accroupis pour regarder notre fille à travers les barreaux. Et je vois alors son poignet près de mon visage. Je tourne ma tête vers elle. Je ne suis pas sûr de comprendre. Alors je me relève, et elle me tend encore son poignet pour que je boive.

« Non, ce n'est pas pressé, je ne veux pas gâcher cette journée.»

Elle sait que cela fait des jours que je n'ai pas bu. Depuis le 15 mai, depuis 10 jours.

:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

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Eighteen months you sold as some forbidden paradise Avec Aliénor Fontanges
🙚 Mercredi 5 juin 2002

Je n'aurai jamais cru que ma vie allait trouver cet équilibre, je n'aurai jamais parié là dessus. Ce n'est évidemment pas ce que je rêve absolument, mais c'est un début prometteur. Je serai pleinement satisfait quand Nina et Aliénor vivront avec moi, quand aux côtés du prénom de mes deux femmes il y aura mon nom de famille. Je souhaite reconnaître Nina et épouser Aliénor, mais nous en sommes encore loin, et je l'ai mise en confiance pour ne pas la forcer ou l'obliger. Je veux qu'elle le veuille, qu'elle soit prête. Rien est fait, mais j'en rêve, j'espère. Alors cette vie là, pour le moment, cette esquisse devra me suffire. J'ai retrouvé des amis qui ont compté, les seuls pour tout dire, et j'ai une place dans la vie d'Aliénor et Nina, je sens que je progresse, je sens qu'elle pourrait enfin s'abandonner dans mes bras, réaliser que mon amour ne lui fera jamais de mal, bien que nos débuts aient été difficiles. Maintenant elle sait ma patience, elle sait la pureté de mes sentiments à son égard, tout viendra à point, je suis en paix avec cela.

Cela va bientôt faire un mois qu'Aliénor est sortie de la Villa et qu'elle apprivoise à nouveau ce monde. Un mois que je lui accorde une confiance de plus en plus grande. Elle n'a jamais cherché à me piéger, à me dénoncer, et je sais à présent qu'elle ne le fera jamais. Elle sait combien notre fille à besoin de moi, mais j'ai la prétention de penser qu'elle a aussi besoin de moi à ses côtés et que pour cela, jamais elle ne portera plainte. Je vois bien les efforts qu'elle fait pour ne pas se confier à sa famille, sachant combien elle les aime et combien elle tient à eux, qu'elle n'ait encore rien dit me laisser à penser qu'elle tient bien plus à moi qu'elle ne pense le faire. Ce qui me suffit amplement pour le moment.

Je signe les derniers documents que me portent ce coursier, il les place signé dans une sacoche et sort de mon bureau aussi vite qu'il est entré. Tout est assez millimétré au Ministère et j'aime que les choses soient carrées, programmées comme les notes d'une partition de musique. Je suis réputé pour être efficace et aller droit au but. Je ne m'attarde jamais, et j'en demande autant de mes collaborateurs ou des employés qui travaillent dans les Ministère, comme ce coursier discret et rapide. Laurencia l'a bien compris en 4 ans, elle filtre énormément de client, répond parfois pour moi, quand elle sait que je n'ai que faire de certaines relations, c'est la seule raison pour laquelle je ne m'en défais pas, j'aurai tout à retravailler avec une autre, le plus facile, c'est de l'Oubliéter quand elle m'insupporte trop. D'ailleurs, elle profite que la porte soit ouverte, pour venir jusqu'à mon bureau.

« Mr Peretti, excusez moi mon intrusion, mais une sorcière qui n'a pas rendez-vous souhaite vous voir. Elle attend depuis un moment déjà, et ne semble pas vouloir partir sans vous avoir vu. J'ignore sa raison, je devrai la renvoyer sur le champ mais... »
« Oui vous devriez la renvoyer ou lui donner un rendez-vous. Je n'ai vraiment pas le temps, vous savez que je travaille sur le dossier du Ministre Allemand, vous savez que c'est urgent n'est-ce pas ? Je n'ai pas le temps de bavasser en dehors des rendez-vous.»
« Très bien, je le savais, je vous demande pardon. Je vais donc donner un rendez-vous à cette Aliénor Fontanges. »

Je relève vivement ma tête du parchemin allemand.

« Qu'avez-vous dit ?»

Ma voix devient grave, assassine, tranchante. La secrétaire en frissonne comme si je l'avais giflé par mes mots. Elle est déstabilisée, car je ne fais jamais répéter les choses.

« Que je... je ne lui donne pas de rendez-vous ? Vous préférez la congédier sans donner suite ? »

La congédier ? Mes dents de vampire grincent dans ma bouche, l'excès de violence que je ressens est à deux doigts de me faire vriller ici, dans mon bureau.

« Vous dites qu'il s'agit de Mademoiselle Fontanges ?»

Un éclair de fureur passe dans mes yeux, j'espère que mes oreilles parfaites de vampire aient mal entendu, pour le bien de Laurencia. Quand mes yeux noirs se posent sur elle, je la vois déglutir, très mal à l'aise. Mon aura l'envahi en une fraction de seconde. Très bien. Mais je garde autant que possible mon sang froid, pas ici, pas dans un Ministère, jamais.

« Oui, votre dossier français monsieur.»

Mon... mon « dossier » français. Je serre les poings et plie la plume que je tiens dans la main. Je sais que j'ai habitué ma secrétaire à avoir aussi peu d'empathie pour mes « dossiers », car je n'ai jamais manifesté quelconque émotion quand j'en validais un. Mais qu'elle parle d'Aliénor en ces termes me rend furieux. J'inspire l'air devant moi, comme n'importe quel humain qui aurait besoin de le faire pour se calmer. Je le fais plus pour l'image, pour le sens que ça évoque chez elle.

« Je dois vous faire une petite mise à jour Laurencia. Mademoiselle Fontanges n'est pas un dossier. Elle aura toujours la priorité sur tous mes rendez-vous. Même si je suis en affaire avec n'importe quel Ministre, elle aura la priorité, vous entendez ? Même si je vous ordonne de n'être dérangé pour rien au monde, même si c'est la fin du monde, Mademoiselle Fontanges aura ma priorité et elle ne devra pas attendre une seule seconde dans une salle d'attente. Est-ce que c'est suffisamment clair pour vous ?»
« Oui, monsieur, c'est très clair.»
« Je veux vous l'entendre dire Laurencia.»

Elle est nerveuse, et je n'en ai que faire. Je me suis levé et suis venu devant elle. Je sais qu'à présent elle sent d'encore plus près ma troublante essence de vampire. Je sais qu'elle se sent comme une proie, avec le pire prédateur qui soit en face d'elle. Je le sais et j'en joue sans vergogne, j'en tire même une certaine satisfaction, un certain plaisir.

« Mademoiselle Fontanges est votre priorité, peu importe votre occupation, je dois la conduire à vous sans attendre, dès qu'elle se présente à l'accueil.»
« Bien, nous sommes tombés d'accord.»

Je la fixe encore quelques secondes, qu'elle pense que je pourrai lui faire du mal, car c'est le cas, et je fais un pas sur le côté pour pouvoir aller dans le hall. Je vais moi même rejoindre Aliénor, je ne le fais jamais, je ne vais jamais voir mes clients, Laurencia les amène toujours à moi, elle sait que stratégiquement ça me place dans le contrôle. Je ne donne jamais de l'importance aux gens, qu'ils ne pensent pas qu'ils soient spéciaux, même s'ils le sont. Je domine toujours. Mais Aliénor n'est pas n'importe qui, elle est ma raison de vivre, et j'irai n'importe où pour elle, je briserai tous les codes pour son bien être.

« Mademoiselle Fontanges ?»

Mon ange, mon amour. Elle est si pâle, si inquiète. Je lui offre un sourire presque intimidé. Dire que je ne suis pas bouleversé de la voir ici, sans que j'en sois au courant serait mentir, je suis troublé de mille et une façon. Elle me surprend, mais je suis si heureux de la voir, qu'elle soit venue jusqu'ici d'elle même, sans que je l'y invite. Mais cela m'inquiète aussi un peu, a-t-elle un problème ?

« Allons dans mon bureau je vous en prie.»

On traverse à nouveau le hall jusqu'à mon bureau et j'entends les chaussures claquantes de Laurencia au sol, je fais preuve d'un calme Olympien pour ne pas lui planter un talon dans les yeux.

« Vous désirez quelque chose à boire ? Du café, du thé, de l'eau au citron….? »

Je ne dis rien, je ne lui offre pas un seul regard, je ne fais qu'admirer la beauté d'Aliénor, mais que fait-elle ici ?

« Euh… Non, merci… »
« Apportez un thé à la rose.»

Je viens fermer la porte moi-même, laissant Aliénor prendre connaissance de mon bureau. Il est épuré, la seule chose qu'elle peut voir, c'est le jardin du château de Cropières.

« Mon ange, est-ce que tout va bien ? Dis-moi ce qui t'amène jusqu'ici. J'aurai pu me déplacer tu sais ?»

Je m'approche d'elle, mais garde une distance, je n'ai pas encore le droit de la toucher comme je le désire, de lui prendre la main, ou de la serrer dans mes bras, ou bien d'épouser ses lèvres avec les miennes, je ne le peux pas encore. Elle regarde au sol, et j'ai l'impression de faire un bond en arrière de quelques semaines, quand elle était encore à la Villa et que croiser mon regard était trop douloureux pour elle. Je sens comme un poids sur ma poitrine, parque je trouve cela difficile, je voudrai qu'elle se sente libre de me parler.

« J'ai besoin de ton aide. »
« Tout ce que tu voudras chérie.»

Et même plus. Finalement, ce n'est pas désespéré, elle communique franchement. C'est même inespéré qu'elle veuille mon aide. Je suis soulagé, et pour ne pas la brusquer, je la laisse faire à sa manière, c'est à dire en fuyant mon regard. Je ne bouge pas, pas d'un poil pour ne pas la perturber. Elle fait des efforts que je ne pensais pas possible en si peu de temps, elle me fascine, elle m'impressionne, je suis si fier d'elle, mais je me retiens de le lui dire, pour ne pas la couper dans sa lancée. J'entends son cœur s'emballer, elle a très peur de me dire.

« Ma mère n'arrête pas de me dire que Nina doit voir un Médicomage. Elle ne parle pas, ne fait pas de son, elle ne rit pas. Elle pense qu'il y a un problème lié à… mon absence, et elle veut qu'elle voit quelqu'un. »

Bien que je fais des efforts pour paraître stoïque, le fait qu'elle parle de notre fille me fait avoir une mimique agacée sur mon visage qu'elle ne peut pas voir. J'apprécie Béate parce qu'elle est la mère de la femme que j'aime, et qu'elle m'adore et est donc un atout pour mon couple, mais cela commence à faire beaucoup qu'elle se mêle de ce qui ne la regarde pas. Nina est parfaitement équilibrée, elle n'a aucun retard, aucune tare, elle est parfaite et prend son temps, c'est même chez certains un grand signe d'intelligence. Le moldu Einstein, réputé pour son QI aurait parlé qu'à ses trois ans. Nina en a tout juste un. Je sens qu'Aliénor panique totalement, je l'entends à sa voix qui déraille et sa respiration qui s'accélère, tout comme son rythme cardiaque.

« Le problème c'est que le Médicomage va me poser plein de questions auxquelles je ne veux pas répondre, et ça va paraître louche, sauf qu'elle va insister, et… »

Elle bascule dans l'angoisse à l'état pur. Je peux la sentir littéralement avec mon odorat de vampire. Ses yeux brillent, ce sont des larmes. Ma réaction dépasse ma volonté de ne pas la toucher. Je viens doucement relever son menton pour qu'elle me regarde, qu'elle voit combien je suis tranquille, calme.

« Regarde moi.» disé-je tendrement.

Mais cela lui est impossible, aussi je viens caresser doucement de mon pouce sa joue.

« Mon amour, regarde moi.»

Quand elle le fait, j'espère qu'elle ressent mon regard tendre et amoureux. Je ne supporte pas la voir pleurer, je pourrai brûler le Ministère juste pour cette raison.

« Est-ce que j'ai dépassé les limites ? Tu t'es agacé contre ton employé. Est-ce que c'est à cause de moi ? »
« Non ma douce, tu n'as pas dépassé les limites, il n'y a aucune limite quand il s'agit de me demander de l'aide. Je répondrai toujours présent pour toi et notre fille, tu le sais.» Je la sens se détendre un peu sous mes doigts. « Et oui, je suis agacé par mon employé à cause de toi.» Elle se crispe à nouveau, se met presque à trembler imperceptiblement. « Mais pas comme tu le crois. Je suis agacé qu'elle t'ai faite attendre, je suis agacé qu'elle t'es manquée de respect en te faisant penser que tu n'étais pas une priorité. Cela ne devrait pas se reproduire, j'ai été assez clair avec elle à ce sujet. Tu seras toujours la bienvenue ici, et sans rendez-vous. Tu n'as pas besoin de passer par Laurencia, tu peux venir directement à ma porte, qu'importe avec qui je me trouve ma belle, tu auras toujours plus d'importance que tous les autres.»

J'ai envie de l'embrasser, un envie furieuse, soudaine, douloureuse. Elle me transperce corps et esprit. Si douloureuse qu'il me faut m'éloigner d'elle, et je le fais tout juste à temps quand j'entends la secrétaire revenir avec le thé. J'ouvre la porte avant elle, et récupère le thé fumant.

« Je ne suis là pour personne, annulez tous mes rendez-vous de la journée, replacez-les.»

Puis je referme la porte sans attendre une réponse. Je me tourne vers Aliénor et lui montre le canapé en cuir, derrière une petite table basse.

« Installe toi mon ange.»

Je pose la tasse de thé devant elle et vais chercher un mouchoir propre dans le haut de ma poche de costume, pendu à un porte manteau. Je viens devant elle et je m’accroupis devant ses jambes en lui donnant le mouchoir. Jamais je ne prends une telle position devant personne. Car je ne me soumets devant personne, mais je sens qu'Aliénor a besoin que je sois d'une certaine manière vulnérable. A sa portée, je ne veux pas avoir une attitude d'inquisiteur avec elle. Je respecte et soutien son choix d'être venue me demander de l'aide spontanément. Aussi je me montre à l'écoute et salut ses efforts de cette manière. Cela a du beaucoup lui coûter de venir jusqu'ici, je ne savais même pas qu'elle se sentait capable de sortir du château sans compagnie.

« Ne t'inquiète pas, j'ai une solution à ton problème.»

L'idée m'est venue dès qu'elle a parlé de Médicomage.

« J'ai une amie Médicomage, de retour en Angleterre. C'est une vampire. Elle pourrait te voir et voir Nina, sans aucune crainte. On peut lui faire confiance, je lui fais confiance.»

Et c'est rare pour que je le dise, Aliénor, bien que ne me connaissant réellement que depuis moins de deux ans, sait que je ne fais confiance à personne. Je me suis débarrassé de toutes les personnes qui avaient approché de près ou de loin aux deux femmes de ma vie, j'aurai pu les Oubliéter, mais j'ai préféré être certains de leur silence. Bien qu'elle ne m'en ai jamais parlé, je soupçonne Aliénor de le savoir, de peut-être même l'avoir vu. Elle est intelligente et perspicace. Sa crainte de ma personne n'est pas inventé, elle sait de quoi je suis capable, c'est pour cela qu'elle a supplié ma clémence pour Jordan, elle sait que je peux le tuer, sans remords.

« Elle s'appelle Thyra . Elle saura être discrète et prendre soin de Nina. Mais crois-moi ma puce, il n'y a aucun problème avec notre fille, elle est en parfaite santé, et je suis intimement persuadé que tout est normal chez elle. Nina s'est adaptée à sa condition, et vous étiez seules et fusionnelles, elle ne fait pas confiance à n'importe qui et c'est normal qu'elle mette du temps à accepter ta famille. Elle observe beaucoup et apprend très vite, elle est aussi intelligente que sa mère. Ne te fais pas de soucis pour elle, je ne laisserai personne te l'enlever ou lui faire du mal.»

Je viens prendre doucement se main dans la mienne, je ne l'avais encore jamais fait, pas de cette façon, pas aussi tendrement, et je porte le dos de sa main à mes lèvres pour l'embrasser.

« Tout va bien se passer je te le promets mon amour. Personne ne sera inquiété. Je peux organiser la rencontre demain si tu es d'accord ? Ta mère te laissera ainsi tranquille.»

Je lâche délicatement ses doigts pour ne pas l’oppresser ou la stresser plus longtemps, j'ignore ce qu'elle pense de mon geste. J'attends sa réponse religieusement, elle accepte, avec une pointe d'inquiétude, je le sais, et c'est aussi pour cela que je l'aime, car elle aime Nina plus fort que je ne serai capable de l'aimer. Pourtant Dieu sait que je l'aime, mais l'amour d'une mère terrasse tous les autres, et je l'ai accepté depuis longtemps.

« Viens rentrons chez toi, je te raccompagne et je vais moi-même parler à ta mère. Je vais lui dire que j'ai trouvé un Médicomage pour Nina, la meilleure, qui est une vampire, et qui comprendra les besoins de Nina plus que de raisons. Est-ce que cela te rassure ?»

J'attends à nouveau sa réponse. Elle accepte que je la raccompagne et je lui souris doucement. Je me relève et vais derrière mon bureau pour récupérer les documents officiels et les placer dans mon coffre fort, je lance les sortilèges sans me cacher devant Aliénor, ce qui est à moi est à elle. Je referme le coffre et me tourne vers elle, alors que ses lèvres délicates boivent le thé à la rose. La voir ici, assise sur mon canapé me donnent des idées loin d'être chastes. Elle est tellement belle, et la savoir ici pour me demander de l'aide a quelque chose de terriblement sexy. La prendre sur le cuir de ce sofa est une pensée réjouissante, mais incommodante pour le moment. Je fais donc taire mes ardeurs et viens lui ouvrir la porte. Je récupère ma veste de costume et l'enfile. Je viens lancer un sort sur la porte de mon bureau, et alors qu'on prend la direction de la sortie, je me tourne vers ma secrétaire tout en continuant de marcher.

« Laurencia, voulez vous bien annuler les rendez-vous que j'ai demain après 17h ? J'ai un rendez-vous personnel.»
« Très bien Monsieur Peretti, faut-il que je prévienne le Ministre allemand du retard sur son dossier ?»

Je m'arrête net en plein milieu du hall, à quelques pas de la sortie. Je sens Aliénor nerveuse de ma réaction, aussi, pour elle, je garde mon calme, mais je compte bien faire passer un message à Laurencia devant Aliénor, histoire que les deux sachent.

« Dites lui que j'avais plus urgent à faire aujourd'hui, et que son dossier sera fini et sur son bureau demain à la première heure.»

Contrairement à cet homme, je n'ai pas besoin de dormir. Je pourrai le finir ce soir et il l'aura sur son bureau à l'ouverture de son bureau. Je ne veux pas non plus créer un conflit d'état d'envergure ministérielle, bien que je n'en aurai rien à faire. Mais je veux garder mon poste et mon salaire pour combler les femmes que j'aime. Sans un autre regard ou explication, je n'en dois aucune, à personne, je reprends ma marche et viens même doucement poser une main dans le dos d'Aliénor pour l'inviter à avancer elle aussi. Une fois en dehors de mon département, j'enlève ma main dans son dos pour marcher à ses côtés. Nous arpentons les couloirs du Ministère jusqu'à la sortie. Je saluts quelques collègues qui regardent tous Aliénor, ils lui font les politesses d'usage, ne se doutant pas une seconde que cette femme est l'amour de ma vie, pensant certainement eux aussi à la réussite d'une de mes « dossiers ».

Dans l’ascenseur qui nous ramène dans le grand hall d'entrée, nous sommes seuls à cette heure, vu que c'est loin d'être la sortie des bureaux et une fois de plus, des idées non catholiques m'envahissent. Lui faire l'amour aussi ici serait fantastique.

« Tu es magnifique ma douce dans cette tenue, j'aimerai que tu acceptes de venir faire les boutiques en Italie avec moi. Je serai le porteur de tes sacs, tu aurais un budget illimité pour Nina et toi. En Italie, en France, où tu voudras.»

La porte sonne et le niveau hall est annoncé, les grilles s'ouvrent. Je la laisse passer devant moi. Une fois dehors, elle saisit mon bras jusqu'à ce qu'on transplane chez elle à Cropière. Elle m'ouvre la porte et m'invite à rentrer. Rapidement j'entends les pleurs de notre fille, ma belle-mère n'a pas réussi à la consoler et son air se fait grave quand elle met Nina dans les bras d'Aliénor, le même regard culpabilisant qu'elle doit faire à Aliénor, lui prouvant que Nina a des problèmes. Béate ne paraît même plus surprise que je sois chez elle, auprès de sa fille. Elle n'a comme pas remarqué que je ne vivais pas ici, mais que je m'y trouvais souvent. Elle me prend d'ailleurs à partie comme si j'étais un membre de la famille, cette fois elle me demande de « raisonner » sa fille au sujet de Nina, et je profite de l'occasion.

« Un Médicomage ? Oui bien sûr, j'en connais un, j'ai une amie de longue date qui est en Angleterre, je lui confierai ma propre vie, je peux la contacter, qu'en pensez vous Béat ? De plus, elle est vampire, cela serait parfait pour Nina si Aliénor est d'accord. »

Béate insiste auprès de sa fille, lui disant combien j'ai raison, combien je suis bienveillant et attentionné. Que c'est une bonne idée. Quand Béate semble croire qu'elle a convaincu sa fille, elle me remercie d'avoir encore une fois aider la famille.

« Ce n'est pas difficile, je suis très attaché à votre fille et petite-fille, c'est normal.»

De temps en temps je distille ce genre de confidence à mes beaux-parents, ce qui fait fondre Béate, je l'entends souvent lui dire – discrètement – que je suis un bon parti, que je suis charmant, que je craque pour elle, que cela se voit. Aliénor ne répond généralement jamais, trop polie ou alors elle sait que je peux entendre. Quoi qu'il en soit, ma stratégie paye, toute sa famille m'adore, en dehors d'Isabeau qui se méfie de moi comme de la Dragoncèle.

🙚 Jeudi 6 Juin 2002 🙚

Il est 18h quand j'arrive avec Aliénor et Nina chez moi. Thyra et Mads n'ont pas encore d'appartement ou de maison bien à eux, aussi, j'ai préféré que la rencontre se passe chez moi. Où tout est sécurisé, insonorisé, pour que personne ne puisse espionner de l'extérieur. Thyra a trouvé cela assez étrange, mais elle n'a pas posé trop de questions comme je le pensais. J'ai tourné le sujet pour leur dire que je les gardais manger, il s'entend que le frigo est plein de poches de sang et que je cuisinerai pour Aliénor. Que c'était l'occasion pour leur présenter.

Peut-être que Thyra attend le bon moment pour poser les questions, peut-être qu'elle ne voulait pas me brusquer car j'allais lui présenter ma fille et sa mère. Situation assez improbable et inattendue en m'ayant vu partir à la conquête des langues étrangères il y a 32 ans. Mads lui se fait juste un plaisir de voir la femme qui a réussir à voler mon cœur.

Je suis nerveux et ne le montre pas à Aliénor, je n'avais pas été aussi nerveux depuis des années. Cette sensation est assez désagréable et ne m'avait pas manqué. Nina est dans les bras de sa mère, sans doute plus nerveuse que moi. Il y a plusieurs raison pour que je sois dans cet état. Tout d'abord, c'est la première fois qu'Aliénor revient dans mon appartement londonien, la dernière fois, nous y avons fait l'amour et avons conçu Nina, puis je l'ai vu me fuir, ce qui a tout déclenché, tout bouleversé. Ce souvenir me hantera jusqu'à la fin de mon éternité, je crains à nouveau la voir quitter mon appartement en panique, me fuyant à nouveau.

C'est aussi la première fois que Nina vient ici, pour l'occasion j'ai complètement aménager mon bureau pour lui faire de la place, j'ai finalement annulé plus de rendez-vous que prévu aujourd'hui au Bureau pour le faire. Rien d'exceptionnel, mais il y a tout le confort pour qu'elle puisse dormir ici si elle se fatigue au cours de la soirée. Tout pour la nourrir, pour la langer, quelques jeux, on pourrait presque croire que j'ai la garde alternée de l'enfant, du moins Thyra et Mads pourraient le croire, si les meubles et affaires n'étaient pas aussi neuves, certaines avec encore les étiquettes, notamment les habits, pour qu'Aliénor me dise s'ils lui plaisent ou si je les retourne en boutique. Pas que je doute dans mes choix de vêtements, mais je ne voudrai pas la vexer ou la décevoir.

Et je suis aussi nerveux, car c'est la première fois que je présente Aliénor comme la femme que j'aime et la mère de mon enfant. Bien que je connaisse Thyra et Mads, que j'ai confiance en eux, j'ai peur de m'être à nouveau trompé sur eux, cette peur est toujours présente. Des années, beaucoup d'années sont passées, ils auraient pu changer, j'aurai pu me tromper. Ils pourraient vouloir me dénoncer, m'enlever Nina et Aliénor, j'ignore s'ils peuvent avoir ce genre d'intention ? Je dois rester sur mes gardes. Thyra a toujours était une femme de morale et d'éthique, elle est Médicomage après tout. Même si elle m'a pardonné ou disons toléré que je boive et tue les humains pour me nourrir avec Mads, elle ne l'a jamais cautionné et a toujours essayé de me prouver que le sang de l'hôpital était suffisant pour vivre. C'est pour cela que j'ai fait l'effort ce soir, de lui trouver des poches fraîches et de ne pas faire appel à des humains, je ne veux pas non plus le faire devant Aliénor, elle n'est pas encore prête, d'autant plus que le seul sang dont je me délecte depuis des mois – en dehors des restes à la Villa – c'est d'elle. Un sang si pur, si nourrissant que j'ai peur d'avouer que je ne pourrai jamais m'en passé, de cela aussi je suis nerveux.

Aussi, il faut que je montre prêt à pouvoir tuer des vampires plus vieux que moi si ça tourne mal. L'on m'a toujours trahi au cours de mon existence, toujours. On m'a abandonné, fuit, tout est réuni ce soir pour me faire sentir cette émotion si longtemps disparue. Pour autant, je garde un visage impassible pour ma raison de me battre, devant la porte, je tourne mon visage souriant vers elle.

« Tout se passera bien, tu es avec moi. »

Je voudrai les prendre dans mes bras, je voudrai embrasser son front, la rassurer totalement. Mais j'attends un signe d'elle que je puisse le faire sans qu'elle le craigne. Il faut qu'elle en ait besoin. Alors je me contente de lui faire un sourire confiant. Il n'y a pas idée d'aimer autant, mon amour est si vague, si grand que je n'en vois pas la fin.

Je frappe à la porte, même si il s'agit de mon appartement, pour prévenir mes amis. J'entre par contre sans demander la permission. Évidemment à peine sur les premières planches de l'entrée deux vampires nous regardent. Je reconnais qu'ils peuvent être impressionnant, mais le sourire radieux et communicatif de Thyra détend immédiatement l'ambiance. Elle s'avance la première pour saluer ma femme. Mads passe en mode charmeur, ses yeux se plissent malicieusement, comme pour valider mon choix et comme s'il avait quelque chose derrière la tête. Je lève mes yeux en l'air, me sentant quelque peu protecteur et... jaloux.

Je me sens raide et n'arrive plus à avoir les gestes conventionnels pour donner l’illusion que je suis un humain et non un vampire. Je suis une force brute, prête à bondir de tout mon corps pour faire rempart, malgré moi, car je ne sens aucun danger avec mes amis, ils sont accueillants, bienveillants, même avec Nina, le visage de Thyra fond littéralement, et je me souviens alors du fait qu'elle ne pourra jamais enfanter. A l'époque, je me disais qu'elle était la seule à comprendre ma perte d'Orphée, parce qu'elle aussi avait perdu beaucoup en devenant une vampire. Chose que je ne souhaite en rien pour Aliénor, je n'ai jamais pensé à la transformer, pas une seconde, peut-être en a-t-elle eu peur durant ces mois à la Villa ? Quand je lui prenais son bras pour boire ? Je ne lui ai jamais demandé et elle ne m'a jamais confié cette inquiétude.

« Thyra, Mads, je vous présente ma merveilleuse fille, Nina, et sa ravissante mère, Aliénor. Ma douce, je te présente les Thorvaldsen, mes plus vieux amis.»

Mon regard se fixe sur Thyra, sans battre une seconde des cils, elle relève les yeux sur moi, toujours un sourire sur les lèvres, mais je connais ses yeux. Elle sourit pour Aliénor et Nina, mais ses yeux me passent un message clair. Ils me demandent des comptes, a-t-elle déjà compris ? Je pensais avoir plus de temps, j'avais oublié combien elle était maline. Mads l'a-t-il compris aussi ? Pour l'instant, il ne me pose pas autant de question dans son regard, alors je me sers de lui pour faire diversion et retarder la confrontation.

« Bon et bien, qu'est-ce que je vous sers ? Mon amour veux-tu commencer par une boisson non alcoolisée avant de voir Thyra ? Quelque chose de frais ? Thyra, Mads, j'ai prévu de quoi faire des Bloody Mary, tu m'aides ?» demandé-je à mon ami de longue date.

Si mon cœur pouvait battre, il me trahirait certainement. Mads, comme prévu, vient du côté de la cuisine ouverte avec moi. Et Thyra reste aux côtés d'Aliénor et Nina. Je ne regarde plus la belle vampire, me concentrant sur ce qu'elle peut dire à Aliénor et sur le fait de servir les verres à tout le monde. Je remplis aussi un biberon moitié d'eau et sang, dans un contenant évidemment opaque, je crois qu'il y a un Hippogriffe comme motif sur le biberon d'ailleurs.

« Poche de AB -, le meilleur.» Annoncé-je en donnant le biberon à Aliénor pour Nina.

Je voudrai rajouter « en dehors du tien » mais je ne me le permets pas devant Thyra. Depuis que Nina boit du sang, j'ai toujours informé Aliénor de la qualité et la provenance. Depuis qu'on est sorti de la Villa, je me suis calmé sur les victimes collatérales, c'est plus difficile de ramener un humain à Cropière pour y prélever du sang frais, alors j'ai pris pour habitude de revenir avec des poches le jour des dons du sang de Sainte Mangouste pour que le sang soit le plus frais.

:copyright:️ Justayne

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Lorenzo Marcel Peretti


« Et quand tu ouvriras les yeux
Je serai là, à tes côtés
Je veux tout avoir avec toi
Parce que ton amour est biblique»

KoalaVolant

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