J'ai fêté mes 13 ans en début de mois, le 1 octobre, sans Chen. Je ne dirai donc pas que je l'ai fêté, mais seulement que j'ai eu un an de plus chez Euphemia Rowle. Je vais devoir attendre encore le 21 Décembre pour voir Chen pendant les vacances de Poudlard. Il rentre toujours, mais parfois j'ai peur qu'il ne le fasse pas. J'ai peur qu'un jour je me retrouve véritablement seule avec ma tutrice.
Pour mon anniversaire, j'ai mangé le chocolat qu'il m'a ramené cet été, aux dernières vacances, et il m'a promis qu'il serait là pour Noël. Tout ce que je puisse faire, c'est le croire. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'Harry Potter, il a 14 ans, alors je mange aussi un chocolat que j'ai gardé, le seul, après celui là, je n'en ai plus. Je pense toujours à Harry, vous vous doutez pourquoi, avec le passé qu'il a eu avec mon père... lui et moi sommes orphelins, lui par la faute de mon père, moi par sa faute à lui. Mais il n'y a qu'une seule version qui soit triste, et ce n'est pas la mienne. Mais je n'ai pas envie d'en parler maintenant. Je sais aussi qu'aujourd'hui c'est Halloween, j'ai tout un tas de bouquins que me ramène Chen, que ce soit sur les moldus ou sur les sorciers. Alors je connais toutes les fêtes sorcières ou moldues.
Je connais presque tout ce qu'il y a à savoir, je connais la théorie, mais je n'ai jamais pratiqué « l’extérieur ». L'extérieur, c'est tout ce qu'il y a en dehors de chez Euphemia. Je ne connais que quelques lieux où m'amène Chen quand sa mère n'est pas là. Il est le seul à ne pas avoir peur que je sorte de la maison, le seul à me dire qu'un jour je pourrai y être sans craindre personne.
Ma tutrice a particulièrement était cruelle le jour de mon anniversaire. Je n'ai rien eu à manger. Heureusement que j'avais le chocolat de Chen, que je garde toujours caché, j'essaye de ne pas le manger très vite, pour qu'il m'en reste toujours un peu quand Euphelia m'oublie ou fait semblant de m'oublier. Je mange souvent ces restes à elle, et il n'y a pas souvent grand chose, juste assez pour nourrir un corps sans qu'il fasse d'activité. Quand Chen me retrouve, j'ai généralement maigrie, alors il fait en sorte que je retrouve la santé et la forme pendant ces quelques jours à mes côtés. Et que je tienne jusqu'aux prochaines vacances scolaires.
Je ne me plains jamais, je ne critique jamais Euphemia, parce qu'elle est sa mère, parce que je vois combien elle l'aime. Je suis contente qu'il soit aimé, c'est un bon garçon, il le mérite, ce n'est pas comme moi, la progéniture du mal. Je n'expose souvent qu'à demi-mot ce qu'elle a pu me faire subir en son absence, je ne veux pas qu'il soit triste, souvent je ne fais que répondre honnêtement à ses questions, mais je ne me plains pas de ses sévices, je les subits, après tout, j'ignore ce que je serai devenue si elle ne m'avait pas accepté chez elle ? Je sais que c'est pour l'argent, mais j'aurai pu finir dans un orphelinat, comme mon père et très mal finir, comme lui. Au moins ici, je n'ai pas de baguette magique, je ne mets pas les gens en danger, je suis en sécurité.
J'attends toujours que ma tutrice soit au travail ou en course pour pouvoir faire des choses en lien avec la magie, pour essayer des sortilèges, des potions. Je n'ai pas de baguette, mais j'ai, hélas, développé la magie sans baguette, chaque année on peut voir les progrès que je fais, et cela m’effraie beaucoup, comme le jour où Chen m'a fait remarqué que je parlais aux serpents. On était dans le jardin pendant une absence de sa mère, et un serpent nous a surpris, je n'ai eu aucun mal à la faire partir. J'ai vu au regard de Chen que ce n'était pas normal, j'étais petite, à peine quelques années.
Il n'a jamais eu peur de moi, il ne s'est jamais inquiété, il a dit que c'était normal pour moi, que c'était dans mon sang, mais que cela ne voulait rien dire sur mon avenir. On est jugé par nos actes, par nos choix. Et je n'ai jamais fait le choix des forces du mal, jamais. Alors je l'ai cru très fort. Chaque fois que je doute de moi, de mon potentiel obscur et destructeur, je lui demande ce qu'il en pense, si ce que me dit Euphemia depuis petite est réel ou il ne l'est pas ? Suis-je le mal personnifié ? Suis-je un danger pour le monde ? Suis-je aussi mauvaise que mes parents ? Réel ou pas réel ?
⚸ Lundi 23 Décembre 1994 ⚸
Je suis la plus heureuse, Chen est revenu à la maison, il avait promis. Il est rentré il y a deux jours. Il m'a souhaité un joyeux anniversaire. Il m'a couverte de cadeaux : des livres, des bonnes choses à manger qu'on a caché sous le parquet de l'endroit où je « vis » pour qu'Euphemia ne les trouve pas et ne me les confisque pas, elle ne supporte pas que Chen prenne soin de moi et me considère comme une être humain. J'ai eu de nouvelles plumes aussi, des parchemins et un nouveau chaudron. Je suis si reconnaissante, je ne sais pas ce que je serai sans lui.
Aujourd'hui, sa mère doit être en rendez-vous un bon moment sur le Chemin de Traverse – je connais les boutiques par cœur, sans jamais y être allée une seule fois, je ne connais que Gringott – alors Chen m'a proposé de faire un tour en balai. J'adore quand il me le propose, j'adore voler derrière lui, je ne suis vraiment pas douée, il a essayé de m'apprendre, mais c'est vraiment quelque chose pour lequel je ne suis pas faite, ce qui me rassure, il y a au moins quelque chose pour lequel je ne sois pas « bonne ». Et puis je préfère que ce soit lui. Je me sens libre à sentir le vent dans mes cheveux, que je laisse toujours détaché dans ces moments là.
C'est l'occasion pour Smoky, mon Augurey, de pouvoir sortir un peu et voler. Il passe son temps dans son nid, c'est un trait de ces animaux, donc ce n'est pas grave s'il ne sort pas beaucoup. Smoky est comme moi au fond. Il a la peau sur les os, un plumage vert foncé, tirant sur le noir. Cet oiseau fait peur aux sorciers, mais il n'est pas présage de mort comme me l'a souvent dit ma tutrice pour me faire peur. Son cri est mélodique et déprimant certes, mais c'est une lamentation qui a longtemps été considéré comme un présage funeste, alors qu'il ne cri seulement que pour annoncer la pluie. Vous saviez que les plumes d'Augurey ne sont d'aucune utilité pour écrire ? Car elles repoussent l'encre. J'ai appris tout cela grâce aux ouvrages de Chen, à l'époque il voulait me rassurer – encore une fois – sur les présages et paroles de sa mère.
Après une courte balade sur son balai, Chen nous descend dans un parc, souvent vide, histoire que personne n'aperçoive des gens voler sur un balai. Je m'accroche à ses épaules pour descendre du balai, je deviens de plus en plus habile pour le faire. Je cours presque sur le seul et unique banc du parc, ma place préférée. Je ferme les yeux et je profite du soleil de décembre, je me fiche du froid, aujourd'hui il brille et j'apprécie le contact des rayons chauds sur ma peau et de l'air frais hivernal. J’accueille toutes les sensations, les occasions sont tellement rares. Smoky ne chante pas, il ne va donc pas pleuvoir. C'est une journée merveilleuse !
Chen arrive vers moi et je le regarde, il sort de sa poche des Choco-Grenouilles, mon visage devient un énorme sourire. « Je les adore ! Merci ! Il me manque seulement Brigitte Wenlock le première arithmancienne à démontrer les propriétés magiques du chiffre sept. »
Je viens attraper le bonbon qu'il me donne et le regarde s’asseoir à côté de moi avant de défaire l'emballage.
« Oh... »
Je lui montre la carte. Déçue. C'est encore Salazar Serpentard. Je déteste cette carte, je déteste ce qu'elle représente, je déteste être sa descendante, je déteste parler aux serpents, je déteste me rappeler de mon père. Je déteste parce qu'à chaque fois, je me rappelle que je suis l'enfant du Diable, que dans mes veines coulent le sang de deux affreux sorciers. Je repense à Harry qui a perdu ses parents à cause de mon père, où à Neville Londubat, ses parents rendu dingues par la main de ma mère, et à tous les autres qui ont subi leur colère et leur intolérance, jusqu'à mon grand-père et son jardinier.
« Tu crois que j'aurai été à Poufsouffle comme toi ? Où que le Choixpeau m'aurait envoyé à Serpentard ?»
Je regarde la carte, avant de voir Chen me la retirer des mains pour me donner une nouvelle Choco-Grenouille. Je relève mes yeux sur lui et lui sourit à nouveau. Et comme pour me faire taire, la carte que je découvre et celle de Havelock Sweeting, LE spécialiste des licornes, créateur de nombreuses réserves de licornes en Grande-Bretagne. Les licornes, c'est bon signe non ? Elles sont si pures.
« J'aimerai y aller un jour et voir de vrais licornes.»
Je mange les deux chocolats avec avidité. Cela me fait tellement de bien, ce n'est pas pour rien que le chocolat se donne après avoir croisé des Détraqueurs. Mais je suis prise d'un doute, comme souvent. Je tourne vivement ma tête vers Chen.
« Je ne suis pas mauvaise Chen ? Réel ou pas réel ?»
⚸ Le Samedi 6 Avril 2002 ⚸
Mon cœur bat la chamade. J'ai peur, j'ai très peur, mais je vais le faire, je crois que je suis prête. Il faut dire que j'ai aussi une bonne motivation pour le faire, pour aller à « l’extérieur », Chen m'a promis une baguette, nous allons sur le Chemin de Traverse, nous n'allons pas transplaner devant Gringott comme à chaque fois, nous allons remonté tout le chemin jusqu'à chez Ollivander.
Je ne suis plus vraiment sûre de moi. Est-ce que j'ai vraiment besoin d'une baguette ? Est-ce que cela en vaut la peine ? J'ai déjà beaucoup de pouvoir, ai-je besoin d'un objet magique en plus ? Mais en même temps, je veux être une vrai sorcière, je veux avoir une baguette depuis que je suis petite. Chen m'a toujours promis. Il m'a dit que dès que je sors, il me l'achète.
C'est aujourd'hui, c'est le grand jour. J'ai l'impression que je suis en train de transgresser les règles, je me sens encore sous l'autorité d'Euphemia, alors que ça fait bientôt 3 ans que je ne suis plus chez elle, que je vis chez Chen, chez « nous ».
Ça fait trois ans qu'il m'encourage, sans me forcer la main pour découvrir « l'extérieur ». Trois ans que cela chemine en moi, que je me convaincs qu'il faut que je le fasse. J'ai envie de découvrir tout ce que j'ai lu dans les livres, j'ai envie d'aller au delà des pages. J'ai même envie de commencer des études ou de travailler, d'être utile pour cette société, de prouver à ma tutrice où me prouver que je peux faire le bien, que je peux être bonne, droite, juste faire le bien. Je rêve d'ami(e)s comme m'en parle Chen. Il m'a dit que si j'allais à l'UMS, je pourrais prendre le nom de Rowle, pour évidemment garder mon identité secrète.
J'ignore ce que penserait les gens s'ils découvraient que le Seigneur des Ténèbres avait une fille, comment me traiteraient-ils ? Que feraient-ils de moi ? Accepteraient-ils que je sois intégrée dans la société ? Je préfère être enfermée chez Chen encore toute une vie qu'allait à Azkaban là où ma mère est devenue folle. Je ne veux pas que la sœur de ma mère soit au courant, elle pourrait demander autorité sur moi. Narcissa Malefoy, je ne veux pas rencontrer mon cousin Drago, il parait qu'il a été terrible à Poudlard, l'ennemi de Harry Potter. Alors si je vais à l'UMS, je serai Célène Rowle, ma tutrice me doit bien cela. Que je porte son nom pour rester anonyme.
Je mets mon blouson en jean, c'est la première fois que j'en ai besoin, ici dans l'appartement, je n'ai jamais froid. J'ai pris du temps dans la salle de bain, pour coiffer mes cheveux, mettre un peu de maquillage, c'est Chen qui m'achète, mais je sais pas trop si il s'y connaît, j'aimerai un jour pouvoir acheter le mien, faire les boutiques normalement, et je sais que la première étape, c'est sortir d'ici, faire un pas à « l'extérieur ». J'espère que je suis jolie pour mon premier jour. Les gens vont me voir, vont peut-être me regarder, j'espère que je ne ressemble pas à mes parents. Mes yeux bleus m'aident à ne pas faire le lien.
« Je peux le faire ? Réel ou pas réel ?» disé-je en le suppliant du regard.
Alors je donne ma main à Chen, je la serre très fort, je ne veux pas qu'il me quitte. Je sais transplaner sur de petites distances, dans la maison d'Euphemia, dans l'appartement de Chen, mais je ne l'ai jamais fait sur une si longue distance que je m'apprête à le faire. Alors j'entrelace mes doigts aux siens, j'ai peur de le perdre, de me désartibuler, je l'ai lu dans les livres, c'est terrible. Je retiens ma respiration et quand je me sens aspirée, que mon ventre se creuse, je serre encore plus fort la main de Chen. Je reprends mon souffle seulement quand nous arrivons au Chaudron Baveur. Je découvre les lieux pour la première fois en dehors d'image sur des ouvrages.
Je ne lâche pas la main de Chen, je viens même me coller contre lui, l'attrapant aussi avec mon autre main, comme pour me sentir en sécurité. Mon cœur bat si fort, je suis surexcitée et reconnaissante de vivre ce moment. Est-ce que Harry Potter à ressenti cela lui aussi ? Quand Hagrid l'a mené jusqu'ici ? J'ai l'impression de marcher sur ses pas, Chen nous fait avancer jusqu'à l'arrière bar, où se trouve le passage secret. Il touche alors les briques et un passage s'ouvre sous mes yeux émerveillés. Je découvre des boutiques à perte de vue. Au loin je reconnais Gringott, je n'arrive pas à croire que je vais enfin fouler les pavés de ce célèbre chemin.
Je prends le temps de tout regarder avant d'oser avancer. On dirait une enfant devant les cadeaux de Chen à Noël. Nous allons directement vers Ollivander, mais je sais à présent que je veux rentrer dans chacune de ses boutiques dès que possible. Je veux de cette vie à « l'extérieur », j'ai besoin de cette vie.
« C'est d'accord Chen, je veux m'inscrire à l'Université, je veux étudier avec les animaux.»
Nous y sommes, c'est là, c'est chez le célèbre fabriquant de baguette magique. Je viens lâcher la main de Chen, je prends courage. Je veux pousser moi même la porte de cette boutique, je veux faire le premier choix de ma vie. Je veux une baguette, celle que me refuse Euphemia depuis mes premiers pouvoirs de sorcière. Mais j'ai un doute, je me tourne alors vers Chen.
« Et s'il n'y a pas de baguette pour moi ?» je murmure tout bas pour que personne puisse nous entendre. « Et s'il y en a aucune qui me choisisse ? Parce que je ne le mérite pas, après ce que Tu-Sais-Qui a fait...»
Après tout c'est vrai, peut-être que la magie elle-même craint trop le retour de mon père, et qu'elle empêchera sa fille d'avoir ce pouvoir. Chen essaye de me rassurer, mais j'ai encore peur.
« Et s'il comprend qui je suis ? Si Ollivander découvre... que feront-nous ?»
Dernière édition par Célène Jedusor Black le Sam 16 Mar - 15:02, édité 2 fois