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Oscar Swan
Contexte
Nous sommes le lundi 14 janvier 2002. Oscarius Swan, plus connu sous le nom d'Oscar, a fait sa rentrée en 4ème rentrée à l'UMS. Il étudie le Quidditch et compte bien terminer avec brio ses études pour entrer dans une grande équipe. Mais ces derniers temps, beaucoup de choses se bousculent dans sa tête. Sa relation avec Dae-Hyun s'est assez mal terminée et son meilleur ami, Keith, est actuellement en cure de désintoxication. Par-dessus tout ça, il vient de réaliser qu'il avait des sentiments pour l'une de ses élèves, Shanna Green.

I see the fear rising, but my hope is burning
« J’suis juste allé à l’UMS parce j’savais pas quoi faire…» « J’crois, j’sais pas trop quoi faire pour être comme toi. » « J’ai pas trop envie de crever, Oscar… »

« J’ai pas trop envie de crever, Oscar… »

« … Oscar… »


« Oscar ? »

Oscar sursauta. Emily Evans était penchée sur sa table. Il regarda soudain autour de lui, reprenant conscience de là où il se trouvait. L’UMS. Les autres étudiants. Le Cicero. Son plateau à peine commencé devant lui avait du refroidir. Merde, il avait vraiment buggé combien de temps ?

« Ouais, Emy. » dit-il en se passant une main sur le visage, comme s’il venait de se réveiller. « Installe-toi, bien sûr. »

Il désigna la chaise face à lui où la jeune femme ne tarda pas à y poser ses fesses. Son plateau était plein à craquer et elle se jeta sur la nourriture comme si elle craignait que quelqu’un lui vole son contenu. Oscar sourit distraitement en la regardant faire, sa tête posée dans son menton.

« Personne ne va voler ta nourriture, tu sais. » dit-il avec un petit sourire.

Oscar connaissait Emily depuis Poudlard. Même si elle avait un an de moins que lui, elle était sans doute l’une des amies auquel il tenait le plus. Née-Moldue, elle en avait sacrément bavé à Poudlard avec les Carrow et les enfants de Mangemorts. Oscar avait fait du mieux qu’il pouvait pour la protéger mais c’était surtout son meilleur ami, Jared Parkinson, qui avait assumé ce rôle.

« Hein ? Ouais, j’ai pas trop dormi cette nuit. » admit-il avec un rire gêné. « Et de toute façon ma nourriture est froide. »

Il poussa le plateau, peu envieux d’y regoûter. Pourtant, Emily sortit sa baguette et exécuta un sortilège sur l’assiette qui se remit soudain à fumer.

« Emily … ou la sorcière la plus douée de son année. » sourit-il.

Il reprit son assiette, se forçant à manger bien que la nourriture passait difficilement dans son gosier. Malgré l’ambiance environnante, il avait du mal à rester concentré. Les paroles de Keith lui revenaient sans cesse en tête, bousculant tellement de choses qu’il avait considéré comme acquises. Avait-il été un aussi mauvais ami pour lui ? Combien de choses avaient-ils loupé ? Etait-il responsable de là où il se trouvait aujourd’hui ? L’avait-il condamné ?

A nouveau, Emily chercha à le sortir de ses pensées. Il était difficile de lui mentir ou de changer de sujet. La jeune femme était perspicace.

« L’incendie n’a pas aidé, c’est clair. » admit-il en mangeant une nouvelle bouchée. « Mais il y a pas mal de problèmes personnels qui me prennent la tête aussi. »

Il sourit, comme pour s’excuser. Il n’était pas du genre à s’épancher sur ses soucis personnels, préférant tout garder pour lui. Après tout, de quel droit pouvait-il se plaindre alors que Keith s’était retrouvé quelques semaines plus tôt entre la vie et la mort ?

« Non, l’appart que j’ai actuellement est petit. » répondit-il à la question sur son chez-soi. « Les murs sont mal insonorisés, j’entends les voisins toute la nuit et alors je ne parle même pas de la moisissure que j’ai remarqué dans un coin de la salle de bain. »

Il ouvrit des yeux choqués vers Emily. Il espérait ainsi détourner son attention du véritable problème. Surtout que son appartement finissait de lui donner le cafard. Il avait espéré que Keith viendrait souvent y passer des soirées avec lui mais il avait plus écumé les soirées et les quartiers louches que son canapé. Il fronça les sourcils face aux paroles de la sorcière face à lui.

« Tu … voudrais déménager ? » demanda-t-il, peu certain de comprendre. « Une colocation m’intéresserait carrément ! »

Elle avait dit d’un geste tellement désinvolte qu’il n’était guère sûr que l’invitation s’adressait à lui. Après tout, peut-être s’attendait-elle à trouver des filles plutôt. Mais Oscar et elle, ça pouvait carrément fonctionner, non ? Ils étaient déjà sortis ensemble avant de constater qu’ils étaient seulement des amis. Rien de plus fâcheux ne pourrait leur arriver. Surtout quand de son côté il avait une toute autre fille en tête …

Mardi 19 février 2002

Oscar et David avaient trois heures de libre le mardi entre 12h et 15h. Aussi, après avoir pris un sandwich rapide dans Druid’s Oak, ils attendaient, calés contre un mur l’arrivée d’Emily Evans et de l’agent immobilier.

« Tu l’as vu au moins ? » demanda David, la bouche pleine.

Oscar tourna la tête vers le jeune homme. Après que cette idée de colocation ait été énoncée, David n’avait pas tardé à manifester son envie d’en faire parti. Il avait avancé les arguments que son appartement était devenu trop petit et qu’il avait envie de vivre l’expérience étudiante à fond en finissant ses études avec une colocation. Oscar avait roulé des yeux mais Emily avait accepté sans hésitation. Après tout, ils se connaissaient depuis des années et cela ne devait pas l’effrayer, elle qui avait grandi dans une grande famille.

« Non, mais elle a dit qu’elle serait là. » répondit Oscar en allant jeter le dernier morceau de son sandwich.

Il n’arriverait pas à avaler plus de pain.

« Et je la crois. »

David haussa les épaules, loin de s’en faire. Mais il avait raison de manifester son inquiétude. Emily avait été absente durant plusieurs jours à l’UMS, repoussant ainsi leurs visites prévues. Oscar ne lui en avait pas voulu même si ses explications avaient été plus que floues. Un mauvais pressentiment trônait dans sa poitrine depuis qu’elle lui avait dit que son harcèlement avait repris. Encore plus quand il avait lu dans la Gazette l’attaque d’un nouveau groupe sur des moldus.

« Ah les voilà ! » s’écria David.
« Essuie-toi la bouche, vieux. T'es carrément pas sortable ! »

Oscar se redressa du mur contre lequel il était appuyé et tendit une serviette à David qui termina son sandwich en l’engloutissant d’une seule bouchée. Emily arrivait, discutant avec ce qui devait être leur agent immobilier. Parmi les trois appartements que la jeune femme avait repéré, ils comptaient en visiter deux aujourd’hui.

« Messieurs, bonjour. »

Oscar serra la main de l’homme sans trop de cérémonie avant de reporter son attention sur Emily.

« Ca va ? » demanda-t-il.

David arriva à son tour et passa un bras autour des épaules d’Emily avant de frotter le sommet de son crâne avec sa main. Lui aussi avait l’habitude des sœurs avec Clarissa et Chelly. Ca le rendait parfois un peu brusque, surtout quand il était musclé comme il l’était.

« On y va ? » demanda l’agent immobilier en montrant la porte.

Oscar hocha la tête et tous trois suivirent l’homme jusqu’au 2ème étage. Ils passèrent ainsi près d’une heure et demie à arpenter les deux appartements de Druid’s Oak. Les deux avaient du potentiel, surtout du point de vue de David qui n’avait cessé d’émettre des sifflements dès lors qu’il voyait une baignoire, ou une cuisine déjà équipée de tout le mobilier nécessaire. Oscar et Emily étaient plus pragmatiques, comme deux parents veillant à prendre en compte toutes les charges ainsi que la localisation par rapport à l’UMS.

« Je vous laisse un moment pour réfléchir ? »

L’homme attendit leur réponse avant de prendre le coup de fil qui sonnait sans cesse depuis une vingtaine de minutes. Oscar se tourna vers David et Emily, dans ce large salon.

« Alors, vous en pensez quoi ? » demanda-t-il, dubitatif. « Le premier, ou le deuxième ? »

Il haussa les épaules en écoutant les avantages que listait David.

« Le premier, la pièce à vivre est quand même assez restreinte … mais il y a une chambre en plus qui permettrait d’accueillir des potes ou bien d’y faire une salle de sport. »

Les yeux de David s’éclairèrent à cette idée.

« Le deuxième, je dois avouer que le loyer est assez élevé, malgré les avantages qu’il présente. »

Il se gratta le menton. L’argent n’était pas un problème chez les Swan. En revanche, il se doutait que ce n’était pas la même chose pour les Evans ou les McGregor. Aussi, il était prêt à se remettre à leur choix, bien que l’appartement ne serait pas disponible avant mi-mars comme leur avait prévenu l’agent immobilier.

« Ça va ? » demanda-t-il en scrutant Emily qui semblait avoir la tête ailleurs. « Tu n’as pas l’air d’être avec nous … »

David les observa un instant tous les deux avant de comprendre l’échange silencieux qu’initiait Oscar avec lui.

« Hum … je crois que je vais aller profiter des toilettes ! » dit-il en s’éclipsant rapidement.

Oscar guida Emily vers le canapé, faisant des gestes prudents comme s’il craignait de la voir s’effondrer. Était-ce lui qui s’inquiétait trop ? Mais avec qu’il s’était passé avec Keith, il n’était pas prêt à laisser un autre de ses amis dans le pétrin.

« Qu’est-ce qui se passe, Emy ? » demanda-t-il d’un ton doux. « Je vois bien qu’il y a quelque chose et … ok, si tu ne veux pas en parler. Mais ne me dis pas que tout va bien alors que clairement je vois que non. »

Il pencha la tête sur le côté, essayant de capter son regard.

« Si tu veux, on peut aller manger un morceau ensemble ce soir après les cours ? Ça te dit ? »

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ


Chaque fois que tu risques ta vie, j'ai l'impression de mourir un peu.

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I see the fear rising, but my hope is burning Avec Oscar Swan Lundi 14 janvier 2002

Ce matin, quand je me suis habillée, j'ai fais le choix de porter un pull à col roulé. Bien que la crème de Jared soit super efficace et que mes plaies sont en bonne voie de disparition après une cicatrisation express, le mot Sang-de-Bourbe reste quand même bien trop visible à mon goût, et je refuse que quiconque le voit. J'ai donc opté pour le col roulé. Au moins, en hiver, personne ne se posera de question. En revanche, je n'avais rien pour la trouille de recroiser Scott-Rosier, ou pire encore, mes agresseurs… Enfin si, il y a bien une potion magique qui s'appelle l'alcool, mais je ne voulais pas sentir la boisson dès 8 heures du matin. Tant pis, je garde ma trouille au ventre, je respire un grand coup, et je fils à l'UMS. Cours de 8 heures à 12 heures 30 de suite, avec une petite pause de midi, je fils au Cicero en jouant des coudes pour ne pas avoir trop de queue.

Mon plateau à la main, je balaye la salle du regard pour chercher une place, quand je vois Oscar, assis à une table, tout seul, les yeux dans le vide. Comme il semble tout seul, je m'approche de lui. « Oscar ? » J'avais l'impression de le réveiller d'une transe pas très agréable. Ou quelque chose dans le genre. Quand il croisa mon regard, je lui souris. « Je peux m'asseoir ? » « Ouais, Emy. Installe-toi, bien sûr. » Il se passa une main sur son visage de beau gosse. Oscar avait toujours été beau. Et populaire. Et comme si il n'était pas assez parfait, il était sympa ! Il m'avait toujours défendue face aux Sang-Pur. Ça avait été flatteur qu'il sorte avec moi quand j'étais en troisième année, en m'emmenant au bal de Noël du Tournoi des Trois -quatre- sorciers. Avec Ginny Weasley, j'avais été la seule troisième année à y aller.

Je me laissais tomber sur la chaise en face de lui, et je m'attaquait directement à mon repas, sans prendre la peine d'attendre. « Personne ne va voler ta nourriture, tu sais. » Je relevais la tête et surpris le sourire de Oscar. « Hé ! La nourriture, c'est la vie. » Répondis-je, la bouche pleine. Je pris quand même le temps d'avaler les légumes dans ma bouche. Histoire d'avoir l'air un peu moins ridicule. « Et puis, je n'ai qu'une demi-heure de pause pour manger et me rendre à mon cours. C'est toujours short, les lundis. » Cours toute la matinée, tente minutes pour manger, et qu'un cours l'après-midi, c'était l'emploi du temps parfait pour éviter Scott-Rosier. A la fin de mon cours, je filerai directement chez moi. Hors de question de rester dans le coin.

En rompant mon pain en petits morceaux, je ne pus m'empêcher de regarder Oscar, un peu inquiète. Il avait les traits tirés, et les yeux un peu cernés. « Oscar, tu es sûr que ça va ? Tu as l'air fatigué. Tu n'es pas malade, hein ? Après tout, tu as à peine toucher à ton repas. » Avec une famille aussi grande que la mienne, et moi en tant que aînée, j'ai toujours eu l'habitude de prendre soin de mes proches. « Hein ? Ouais, j’ai pas trop dormi cette nuit. Et de toute façon ma nourriture est froide. » Ah bah si la nourriture est froide… Je pris ma baguette, et je lançais un sortilège informulé pour réchauffer sa nourriture. Cela fit sourire Oscar. « Emily … ou la sorcière la plus douée de son année. » Peut-être pas la plus douée de mon année, mais je pris quand même le compliment. « Mange. » Lui conseillais-je en souriant. « Un sportif comme toi a besoin de beaucoup d'énergie. » C'est ce que je lui disais, mais…

Mais je voyais bien Oscar tripoter sa nourriture, l'avaler sans grand entrain. Qu'est-ce qui pouvait bien poser problème ? Oscar était toujours du genre à prendre soin des autres. Il avait tendance à inspirer la confiance, avec un caractère de leader. D'ailleurs, ce n'était pas pour rien qu'il était devenu celui des Pendragon. Les Pendragons… Mais oui ! Leur quartier général avait brûlé, en janvier. C'était ça qui le minait ? « Tu es préoccupé à cause de l'incendie ? » « L’incendie n’a pas aidé, c’est clair. » Donc, il n'y avait pas que ça qui l'inquiétait… « Mais il y a pas mal de problèmes personnels qui me prennent la tête aussi. » Ah. Oui. Je pouvais comprendre, ça… Je sentis une sueur froide couler dans mon dos quand des images de la nuit de vendredi à samedi me revinrent en tête. Je les chassais en essuyant la sauce de mon assiette vide avec du pain. « Le plus important, c'est d'avoir un endroit où tu te sens bien pour relâcher la pression… Il est bien, ton appart actuel ? » « Non, l’appart que j’ai actuellement est petit. Les murs sont mal insonorisés, j’entends les voisins toute la nuit et alors je ne parle même pas de la moisissure que j’ai remarqué dans un coin de la salle de bain. » Mmmh, oui, ça vendait pas trop du rêve. J'haussais un sourcil, en mangeant mon pain. « Au moins, toi, tu as une cuisine… Moi, dans ma chambre étudiante, ma salle de bain fait genre la taille de mon lit, c'est minuscule… » Je soupirais en posant mes couverts dans mon assiette vide. Ça me permit de la pousser sur mon plateau pour commencer à attaquer mon dessert. « J'aimerai bien partir, mais… Mais bon. » « Tu … voudrais déménager ? » Je regardais Oscar, la cuillère plongée dans mon yaourt, surprise de sa réaction.

« Ouais. Je ne supporte plus de vivre toute seule… » Je détournais le regard. Je l'avais fait, pendant deux ans et demi. Mais depuis ce weekend, je tremblais dans mon appart, dès que j'entendais une porte d'une autre chambre claquer ; quand j'entendais marcher dans le couloir. J'avais toujours peur qu'ils reviennent. « Une colocation m’intéresserait carrément ! » Je le fixais, assez surprise de voir comment les choses avaient l'air de se goupiller. « Tu voudrais qu'on vive ensemble ? » Je regardais le jeune homme, alors que mon cerveau marchait à plein régime. Vivre avec Oscar, le mec qui m'avait toujours défendue face aux extrémistes. Le mec qui faisait parti de l'Armée de Dumbledore. Un vrai Gryffondor. Étrangement, d'un seul coup, je me sentais en sécurité. « Moi aussi, je serai grave chaude ! » J'engloutis d'un coup mon yaourt -il fallait bien que je surveille l'heure- avant de lancer ma pomme dans mon sac. Je la mangerai chez moi. « Il faut que j'aille en cours, mais je retiens l'idée ! Je te préviens, Oscarius Swan, je ne te lâcherai pas pour cette histoire de coloc. Je cherche des agences, des apparts, et je te tiens au courant. » Je lui fis un clin d'oeil en me levant, avant de prendre mon plateau. Je n'allais plus vivre seule. J'allais vivre avec quelqu'un, et de confiance, en plus. Je n'allais plus avoir peur !

Mardi 19 février 2002

Sortir de chez moi a été l'une des choses les plus difficiles que j'ai dûe faire, aujourd'hui. Et Hier. Depuis la tempête du 1er février, je suis restée cloitrée chez moi, sans faire de course, sans aller en cours. J'ai même annulé les visites d'appart' prévues avec Oscar et David McGregor, qui avait rejoint notre future colocation. Après ce qui était arrivé à la tempête… J'avais craqué. Toutes ces années, je n'avais jamais plié, même si j'avais montré des signes de faiblesse, jamais, absolument jamais je n'avais fui. Jusqu'à maintenant. Certes, je n'avais pas eu d'idées suicidaires, contrairement à ce que j'avais balancé à Scott-Rosier quand il était venu me voir. Mais cela ne m'avait pas empêché de faire la morte, seule dans ma chambre. Bon, pas vraiment seule puisque mon bourreau était venu me voir presque tous les jours.

Au début, il était venu voir comment j'allais, en prétextant m'amener mes cours. Puis, il m'amenait ma nourriture. Et il est venu tous les jours lire mes livres. On a fini par discuter. Étonnement, j'ai découvert l'homme qu'il y avait derrière le monstre. Étonnement, j'avais fini par lui faire confiance. Une vraie confiance, pas comme celle que j'avais dû lui accorder quand je lui avais demandé, non, imploré son aide. Enfin. Malgré sa venue, ça ne m'avait pas aidé à affronter le monde extérieur. Parce que si je pouvais lui donner un semblant de confiance dehors, qui me disait que je pouvais faire avec les autres ? Rien, absolument rien, et les évènements de la Gazette me poussaient un peu plus à rester chez moi. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais plus. Déjà, je n'avais plus d'excuse pour sécher les cours. Et puis, Oscar et David comptaient sur moi.

J'ai pris mon courage à deux mains, ce matin. Et j'ai essayé de faire bonne figure en arrivant à l'appartement. Je parlais à ce moment-là avec l'agent immobilier quand on rejoint les deux jeunes hommes qui nous attendaient. « Salut, vous deux ! » « Messieurs, bonjour. » Oscar lui serra la main, avant de se tourner vers moi. « Ca va ? » « Ça va. » Je n'étais pas sûre de la fermeté de ma réponse, alors, je lui offris un sourire. Quand je lui avais écrit pour annuler les visites, il m'avait répondu, me demandant ce qui n'allait pas. J'avais fini par lui avouer que mon harcèlement avait repris, sans en dire plus. Puis je n'avais répondu à aucune autre lettre, parce que c'était trop compliqué. Je voyais bien dans ses yeux qu'il se posait énormément de questions.

Heureusement, David arriva pour avant de passer un bras autour de mes épaules, et de passer une main dans mes cheveux. « Hééé, tu me décoiffes ! » Je savais qu'il avait deux soeurs. Avec trois frères de mon côté, on ne pouvait avoir que l'habitude de ce genre de choses ! « On y va ? » « Oui, allons-y. » Les garçons me laissèrent galamment passer, et on monta voir le premier appartement. Puis le second. Il fallait avouer que aucun ne m'emballait vraiment. Après, il fallait avouer que je n'avais pas entièrement la tête à ça… Je pensais beaucoup au rendez-vous que j'avais donné à Scott-Rosier demain, pour lui prêter de nouveaux livres. Pour qu'il continue d'élargir son horizon. Mais… On allait se voir en extérieur. Et si c'était un piège ? « Je vous laisse un moment pour réfléchir ? » La voix de l'agent immobilier me sortit de mes pensées.

Je le regardais sortir de la pièce pour répondre au téléphone, avant de me tourner vers mes futurs colocataires. « Alors, vous en pensez quoi ? Le premier, ou le deuxième ? » David lista quelques arguments, et j'en réfutais certains qui me semblaient bien trop légers. Heureusement que j'avais écouté quand même les propos de l'agent ! Je ne voulais pas vivre dans un taudis, dans un truc trop petit, mal agencé ou qui allait nous apporter des problèmes d'entretien. « Le premier, la pièce à vivre est quand même assez restreinte … mais il y a une chambre en plus qui permettrait d’accueillir des potes ou bien d’y faire une salle de sport. » Je levais les yeux au ciel pendant que ceux de David s'illuminèrent. Les garçons et leur sport, sérieux…! « Pourquoi une salle de sport, hein ? Pourquoi pas une bibliothèque ? » David commença à se moquer, heureusement coupé par Oscar. « Le deuxième, je dois avouer que le loyer est assez élevé, malgré les avantages qu’il présente. » Je savais que de mon côté, l'argent n'était pas un problème. Mes parents versaient mensuellement une certaine somme d'argent sur mon compte en banque moldu, et je transférais tous les mois cet argent sur mon compte sorcier. Et en plus, mon stage était payé. Alors certes, je payais tous mes frais, mais je pouvais m'en sortir si je bossais en plus pendant les vacances. Et je savais que mes parents pouvaient m'aider si je déménageais.

« Ça va ? » « Hein ? » La voix d'Oscar me réveilla de mes pensées, alors que je me demandais comment sécuriser l'appartement pour éviter les intrusions non voulues. « Tu n’as pas l’air d’être avec nous … » « Ça va. » Je lui adressais un petit sourire, mais franchement pas convaincant. Je croisais les bras, mal à l'aise. De quoi ? Je n'étais pas sûre. De toute façon, ça faisait des semaines que j'étais mal à l'aise. Et que je jetais régulièrement un oeil derrière mon épaule, jamais totalement sûre. Encore plus depuis mon retour dans la vraie vie, hier. « Hum … je crois que je vais aller profiter des toilettes ! » Ouiii, pas du tout cramer… Mais je savais que Oscar s'inquiétait. Alors, je le laissais me guider jusqu'au canapé, et je m'assis à ses côtés. Je n'étais pas sûre d'être prête pour la suite de cette conversation.

« Qu’est-ce qui se passe, Emy ? » Et voilà, je le savais. Pourtant, je ne pouvais pas en parler. Pas tout de suite, en tout cas. « Rien. » « Je vois bien qu’il y a quelque chose et … ok, si tu ne veux pas en parler. Mais ne me dis pas que tout va bien alors que clairement je vois que non. » Je tournais la tête, légèrement, pour éloigner mon regard du sien. Pourtant, ça ne l'empêcha pas de tourner la tête, pour essayer de le capter. « Si tu veux, on peut aller manger un morceau ensemble ce soir après les cours ? Ça te dit ? » Je finis par lui sourire. Un sourire un peu triste, les yeux brillant de larmes, alors que je me retiens de pleurer. Ce n'est vraiment pas le moment. « Ce serait génial, oui. » Je ne rajoutais rien de plus, et je sus à ce moment-là que Oscar comprit. Il avait ce côté très empathique, il savait lire les réactions des gens, et savoir comment agir. Comme là, par exemple. Sans répondre, sans insister, il se pencha vers moi pour me serrer contre lui. Il savait que j'étais quelqu'un de très tactile -Jared en faisait souvent les frais-, et il dut sentir qu'à ce moment, j'avais juste besoin d'un contact réconfortant, sans parler.

On se redressa quand on entendit l'agent immobilier et David revenir. Je me levais du canapé, en essuyant mes yeux, pour être sûre d'avoir effacé ce moment de faiblesse. Non pas que pleurer est une faiblesse, bien au contraire, mais disons que je ne voulais pas montrer ma vulnérabilité à tout le monde dans cette pièce. « Bon, moi, je ne sais pas vous, mais je ne suis pas encore franchement convaincue par les deux appartements. » David commença à râler, en avançant l'argument de la pièce supplémentaire, mais je le fis taire en levant un doigt. Être l'aînée d'une fratrie aidait pas mal ! « Pas de salle de sport. Je ne veux pas vous entendre soulever des poids aux aurores quand je dors ! » Surtout le weekend, alors que je me couchais tard quand j'avais du mal à lâcher un livre la veille. « De toute façon, il nous reste un appartement à visiter, n'est-ce pas ? Ça peut être jeudi entre midi et une heure ? » Je savais que c'était l'heure à laquelle Oscar terminait, et moi, je commençais à 13 heures. Si il mangeait plus tard, et moi plus tôt, y avait toujours moyen de se capter. J'avais déjà séché la littérature comparée aujourd'hui, je ne voulais pas en ajouter.

Une fois le rendez-vous calé, l'agent nous ramena à la sortie, avant de nous saluer. Oscar me signala qu'il terminait à 18 heures, et je lui répondis qu'on pouvait manger à l'espèce de restaurant américain cliché juste à côté de l'Université. Je savais qu'il attendait des réponses. Et si je devais vivre avec lui, je ne savais pas combien de temps je pourrai lui cacher la vérité.

~ Le soir-même ~

Quand les deux garçons retournèrent en cours, je rentrais chez moi. Je ne me voyais pas aller étudier quelques heures à la bibliothèque ou me balader en ville. Il me faudrait du temps pour me réhabituer, je le savais. Juste quelques jours… Mais évidemment, à 18 heures, le même cirque que ce matin recommença. Je restais bloquée devant ma porte, le cœur battant, en essayant de réunir tout mon courage. De base, je voulais arriver quelques minutes en retard pour être sûre que Oscar soit déjà au restau, mais… Finalement, c'est plutôt 20 minutes après l'heure convenue que j'arrivais. « Désolée du retard, j'avais vraiment pas vu l'heure… » Je me laissais tomber sur la banquette en face de lui, alors que son assiette était déjà servie devant lui. J'avais à peine jeter un oeil au menu que la serveuse arriva pour prendre ma commande. « Euuuh… Je prendrai un sandwich grillé au fromage. Avec des frites et de la salade. Oh, et un milk-shake. A la cerise. » Quiconque mangeait avec moi savait que la cerise était mon fruit préféré, et que je prenais tous mes desserts et boissons sucrées à la cerise. Scott-Rosier m'avait même fait goûté du thé à la cerise. La serveuse nota ma commande et s'éloigna. J'en profitais pour jeter un oeil aux lieux.

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Je venais ici depuis ma L1. Pas tous les jours, évidemment, mais de temps en temps, histoire de changer du Cicero… Et je savais que c'était pour ça que le restaurant avait choisi cet emplacement. Pour être une alternative au restaurant universitaire. Je me tournais vers Oscar, pas sûre de savoir quoi dire. Et surtout, par quoi commencer. « Alors… Tu as commandé quoi ? » Mais au même moment, il me demanda si j'avais lu les derniers articles de la Gazette. Ah. Habile. Essayer de faire le lien avec moi. Bien joué, Swan ! « Oui, je les ai lus, et… » Mais je m'interrompis alors que la serveuse posa mon assiette et mon verre devant moi. Ne me jugez pas ; je n'ai aucun problème à boire de la glace en même temps que je mange mon sandwich au fromage.

Je jouais nerveusement avec une frite, pour éviter son regard, avant de lâcher la bombe : « Ça a reprit. » Je la lançais dans ma bouche, comme pour essayer de m'occuper. Et pour ne pas fondre en larmes en disant ces mots. « J'ai lu les articles sur les Blue Dragon. Je ne suis pas une victime d'eux, mais plutôt… De ceux qui étaient avec moi à Poudlard. » Oscar me demanda immédiatement si c'était Thomas Scott-Rosier. Ça paraissait évident, comme question. Après tout, durant nos études, j'étais sa victime préférée. Quand j'y repensais, je voyais toujours son sourire suffisant ; j'entendais son rire moqueur ; je sentais encore son odeur quand il s'asseyait à côté de moi en cours avant de me torturer. Oui, la question était légitime. Et pourtant… « Non, non, ce n'était pas lui. C'était ses amis, mais il n'était pas au courant. » Je ne savais même pas par où commencer, alors, pour essayer de gagner du temps, je pris une bouchée de mon sandwich. Et puis, il fallait être honnête, je commençais à avoir sacrément la dalle.

« Tu te souviens de la tempête, fin janvier, début février ? On est tous resté confiné dans l'université pour la nuit. Chacun dans son bâtiment, sans aucune possibilité de changer. A ce moment-là, j'étais partie voir quelqu'un dans le bâtiment de Magie Noire, et je me suis retrouvée… Avec… Avec eux. » Quelle erreur bête. J'aurai dû rester tranquillement dans mon propre bâtiment, ou me faufiler dans la bibliothèque, pour être confinée avec tous les férus de lecture. « Ils m'ont poursuivie dans les couloirs, pour essayer de me violer. » Je fermais les yeux, comme pour essayer de ne pas revoir ces images. Et pour ne pas pleurer. « Tu ne devineras jamais dans quelle chambre j'ai trouvé refuge. Chez Thomas Scot-Rosier, étrangement. Il ne m'a jamais touchée, et il m'avait déjà aidée un mois avant… » Oui, parce que je racontais les évènements dans le désordre. Bien que la tempête est le moment qui m'a fait vriller, étrangement, ce n'était pas le moment qui m'a le plus traumatisée.

« En janvier, je suis allée dîner dehors, genre, super tard. Je me réveillais d'une sieste après mon stage. La nuit précédente, j'avais fait la fête, alors, j'avais du sommeil à rattraper. » Je retins un rire, en repensant à cette journée. Si j'avais su, jamais je ne serai allée manger seule. Ou alors, j'aurais commandé et fait livrer. Ou je me serai recoucher, le ventre vide. Mais au moins, jamais je n'aurai jamais eu ces cicatrices. « Dans la rue, j'ai croisé les mêmes, ceux qui ont essayé de me violer durant la tempête. Ils se sont mit à trois sur moi, et ils ont… Ils déchiré mes vêtements, pour… » De nouveau, je fermais les yeux, alors que je sentis une larme couler sur ma joue. Depuis le début de mon récit, j'avais été incapable d'afronter son regard. Là, je ne voulais même pas qu'il voit le mien. « Pour graver sur ma poitrine le mot… Sang-de-bourbe. » Je n'avais mangé qu'une frite, et j'avais eu super faim, mais juste dire ce mot me coupa l'appétit. Mes frites et mon sandwich refroidissaient, alors que j'essayais péniblement d'aller au bout. « Une nouvelle fois, c'est Thomas Scott-Rosier qui me trouva, et qui m'aida. C'est à cause de ça que je pus lui faire confiance, pendant la tempête. Il m'emmena chez lui pour me soigner, me mettre à l'abri, me faire dormir. Bon, je voulais pas trop, mais… Force est de constater qu'il m'a sauvée la vie. Et qu'il ne m'a pas touchée, lui. » Je soupirais, en délaissant mon assiette et en prenant une gorgée de glace avec la paille. Du sucre. J'avais besoin de sucre, actuellement. Je me doutais que ça faisait beaucoup à digérer pour Oscar. Je n'en avais pas parlé à grand-monde. A personne, même. Excepté Jared. « Je ne peux pas porter plainte, parce que… Parce que je n'ai aucune preuve de la tentative de viol. Jared a effacé ma cicatrice. En même pas une semaine, je n'avais plus rien, même pas un filigrane. Et je doute que Scott-Rosier accepte de témoigner sur ces deux évènements. Il n'y a rien à faire. C'est en parti pour ça que je ne veux plus vivre seule… » Vivre avec quelqu'un comme lui, ça me rassurerait. Et je pense qu'il commençait à comprendre pourquoi.
:copyright:️ Justayne

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One of would die for love
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One of us would risk it all
One of us could say goodbye
One of us is hurting you
And baby that's the last thing that I wanna do
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