L'avantage d'être sorcier, c'est de pouvoir voyager partout sans perdre de temps, et sans se fatiguer. Encore plus quand nous sommes des vampires. Il y a deux mois, Mads et moi, nous étions au Brésil, hier, nous étions en au fond fin de l'Angleterre, et aujourd'hui, dans sa capitale. A Londres, plus précisément. Nous avions retrouvé les traces de Lorenzo Peretti, vampire que nous avions rencontré aux Etats-Unis, et avec qui ça avait super bien collé. Le pauvre s'était retrouvé là pour fuir ses problèmes, à savoir, la perte d'une femme et d'un fils, mais également l'abandon des vampires qui l'avaient mordu. Il avait eu besoin de repère, et mon frère et moi, nous avions été là. Nous lui avons appris à se servir de ses pouvoirs ; à profiter de sa vie de vampire ; à reprendre goût à la vie. Nous lui avons montré les avantages d'être des vampires. Mads a aussi profité pour lui montrer, malheureusement, comment chasser sans se faire repérer. En soi, je ne suis pas contre, mais je n'aimais pas quand ça dérapait, du genre, boire jusqu'à la mort des humains qu'ils kidnappaient. J'avais bien essayé de lui montrer que parfois, le sang en poche était tout aussi bien, mais non, Lorenzo n'avait jamais été vraiment convaincu.
Bref, après quelques années de plaisirs et de fêtes, Enzo considéra que c'était le bon moment pour lui de retourner en Angleterre. Il voulait reprendre des études, changer de vie, et la reprendre en main. Son départ marqua le notre pour le Brésil. On avait bien échangé quelques lettres, mais sans plus. Nous étions tous les deux occupés par nos propres vies. Mais maintenant que nous étions de retour en Europe, et qu'on comptait bien s'établir ici, je voulais retrouver notre ancien ami. Après tout, on avait été super proches pendant des années. Il nous avait même confié que nous étions un peu la famille de vampires qu'il avait perdue. Alors certes, il nous avait avoué ça en fin de nuit, après une fête bien arrosée, mais moi, je m'en souvenais.
On entra dans la fameuse cabine téléphonique, l'entrée des visiteurs. Mads tapa le code 6-2-4-4-2. On attendit une seconde, le temps qu'une voix sorte du haut-parleur du téléphone : « Bienvenue au ministère de la Magie. Veuillez indiquer votre nom et l’objet de votre visite. » Je pris le combiné du téléphone, pour ne pas avoir l'air louche aux yeux des Moldus qui passaient, avant de parler : « Bonjour, Thyra et Mads Thorvaldsen. Nous sommes là pour voir l'Ambassadeur italien, Lorenzo Peretti. » « Merci. Vous êtes priés de prendre le badge et de l’attacher bien en vue sur votre robe. Vous êtes également priés de vous soumettre à une fouille et de présenter vos baguettes magiques pour enregistrement au comptoir de la sécurité situé au fond de l’atrium. » Quelques grincements plus tard et deux badges tombèrent sur le petit plateau en métal qui servait normalement à rendre les pièces. Mads leva le pouce en l'air en prenant le sien. « Mads Thorvaldsen, rendez-vous avec Lorenzo Peretti » Il l'accrocha sur sa chemise, avant de me tendre le mien. « Thyra Thorvaldsen, rendez-vous avec Lorenzo Peretti »
Alors que j'accrochais mon badge sur mon pull, la cabine trembla légèrement avant de commencer à s'enfoncer sous terre. « J'avais oublié comme c'était trop cool… » Soupirais-je, en regardant le Londres Moldu disparaître. Je collais mon nez contre la porte vitrée, pour voir l'atrium du Ministère apparaître. Quand la cabine se stabilisa, la voix grésillante reprit. « Le ministère de la Magie vous souhaite une bonne journée. » J'ouvris la porte. L'atrium grouillait de sorciers qui bougeaient dans tous les sens. Mads me tira de mes contemplations pour qu'on aille se présenter à la sécurité. Je commençais en montrant mon badge, et en tendant ma baguette magique. « Bois de sycomore, corne de basilic et 27,5 centimètres, n'est-ce pas ? En vigueur depuis… 78 ans. » Le sorcier de l'accueil me jeta un regard suspicieux. Ne voulant pas confirmer ma nature vampirique, je me contentais de lui offrir mon plus beau sourire. « C'est bien cela. » Je repris ma baguette et mon badge, avant de laisser la place à Mads. Pendant qu'il procédait à la même vérification, je me dirigeais vers la fontaine au milieu de l'atrium. Un panneau expliquait que toutes les pièces jetées dans l'eau étaient reversées à l'hôpital Sainte-Mangouste. L'hôpital m'avait embauchée il y a de cela quelques jours, alors, j'y jetais un Gallion pendant que mon frère me rejoignit.
On se mit à parcourir les couloirs, jusqu'à se retrouver dans le département de la coopération magique internationale. On se retrouva dans les bureaux de Lorenzo. « Il est tellement fameux qu'il a sa propre secrétaire et sa salle d'attente… » Me souffla Mads. Je lui offris un sourire amusé, avant de me diriger vers l'accueil. « Bonjour, nous venons voir Lorenzo Peretti. » « Vous avez rendez-vous ? » Je jetais un regard surpris à Mads. Elle avait parlé sur un ton légèrement sec. Sans même répondre à mon bonjour. « Non, mais nous sommes certains que Mr. Peretti sera très curieux de savoir que des Américains sont prêts à faire affaire avec lui. » « Ooooh, vous êtes américain ? » Tout de suite, sa voix devint mielleuse, et elle m'oublia pour ne s'adresser qu'à mon frère. Je laissais tomber, et alla m'asseoir dans un des fauteuils en feuilletant les magazines à disposition. Ce qui allait bien m'occuper pendant l'attente. Attente qui dura… une vingtaine de minutes ? Le temps qu'elle finisse de flirter avec mon frère, et qu'elle prévienne Enzo que des Américains veuillent le voir.
« Monsieur Peretti est prêt à vous recevoir. » Ah bah quand même. Ok, j'avais toute l'éternité devant moi, et lui aussi, mais quand même. Je me levais de mon fauteuil, et sa secrétaire nous guida jusqu'à la porte de son bureau. « Vos visiteurs, Monsieur Peretti. » Elle se décala pour nous laisser entrer, et je vis la surprise naître dans le regard de Lorenzo quand il nous vit. Sa secrétaire n'avait donc même pas prit la peine de lire nos noms sur nos badges. Mais ça n'empêcha pas mon sourire de grandir. « Surprise ! » Il se leva de sa chaise pour se diriger vers nous. Il me prit dans ses bras pour me serrer contre lui, avant de prendre également Mads dans ses bras. Il en profita pour demander à sa secrétaire, apparemment, nommée Laurencia, de partir. J'étais ravie de voir son air interloqué au moment où elle comprit que nous étions plus que de futurs collaborateurs, mais tant bon. C'était mesquin, mais drôle.
Une fois la porte fermée, je m'exclamais : « C'est fou comme tu n'as pas changé ! » Blague de vampire, il allait comprendre. « Enfin, à part les cheveux. Tu te coiffes plus. Je ne sais pas si c'est l'année ou le pays qui t'a fait changé de style, mais c'est pas mal. » Avec Mads, on commença à regarder son bureau. Il était grand, bien meublé, richement, même. Il n'y avait juste aucune photo, aucune trace de sa vie personnelle. Le seul détail qui détonnait était un article de journal, dont le titre clamait qu'une jeune femme avait été retrouvé après 19 mois sans nouvelle. Je m'approchais de la fenêtre, alors que Mads se dirigea vers le plateau de boissons. « C'est beau cette vue, c'est quoi ? » Comme le Ministère de la Magie anglais était sous terre, je me doutais que la fenêtre était ensorcelée pour donner une fausse vue. Et celle-ci était l'image d'un jardin d'une propriété privée en fleurs. « On s'en fiche, de ça ! Dis-nous plutôt combien valent ces bouteilles. » Mads en attrapa une pour la montrer à Lorenzo. Il lui envoya, même. Si il n'avait pas été humain, j'aurais pu avoir peur qu'elle tombe et explose au sol, mais Lorenzo avait de très bons réflexes vampiriques. Il avait épousé à merveille sa nouvelle nature.
Je me laissais tomber sur son fauteuil derrière le bureau, alors que notre ami nous demandait ce qu'on faisait ici en nous servant des verres. « Nous sommes rentrés il y a un mois. On a retrouvé notre famille. » Loenzo savait très bien pourquoi nous étions partis d'Europe, il a 70 ans. On lui avait tout raconté : ma bâtardise, mon mariage forcé auquel j'avais échappé, mon coming-out qui était un secret mal passé, la colère de Père quand on revint d'un voyage en tant que vampire. C'était ça qui avait fait qu'il nous vire de la maison. je comprenais Enzo quand il disait que nous étions sa famille vampirique : au moment de notre rencontre, on n'avait, tous les deux, plus de famille de sang. « Hier, c'était mon anniversaire. Et celui de notre petite-nièce. On en a profité pour débarquer. On s'est présenté. Au début, ça s'est mal passé, mais en disant qu'on était des vampires, et en montrant des photos de moi plus jeune avec le frère qu'on a perdu de vu, ils ont compris qu'on disait la vérité. » Je pris l'article de journal qui était sur le bureau, pour regarder la photo. Une jeune femme blonde d'une vingtaine d'années fuyait du regard l'appareil photo. Je commençais à le lire en tournant dans la chaise, pendant que Mads entama son verre. « Et toi, alors ? Quoi de neuf ? Dis-moi que tu te tapes ta secrétaire, je t'en supplie. Y a pas moyen que ce soit pour ses yeux que tu l'aies embauchée. »
ຊ It was love, in your eyes, Now it haunts me every night ຊ