Samedi 18 mai 2002
Le garçon a donné un colis à Lemony. Il a été reçu par le courrier, dans la Grande Salle. Il y avait tellement de plante, comme au Paradis. J’aimerai bien que le garçon soit au Paradis. Il reprendrait des couleurs et un peu d’âme, là-bas. Le Paradis, ça fait du bien aux gens. Mais où que soit le garçon, les plantes c’est au citron maintenant. C’est des plantes rares. Étonnantes. Je les aime de tout mon coeur et plus encore. Je les ai mis dans la Serre, ma Serre, et j’ai tout montré à Enola. Des heures, j’en ai parlé. Enola, elle s’en fout si je répètes la même chose : elle écoute, toujours, toujours. Et elle retient, aussi. Elle est pas si bête que ça. Juste nulle en plante. Personne peut être parfait (sauf moi, Dada et Maman). Je relève la tête de mes amours, parce que je sens sa présence. Pas sa présence, pas celle d’Enola. Je lève même pas les yeux pour elle, parce qu’elle avance toute seule. C’est mon domaine, ici, mais c’est aussi un peu le sien, aussi. Mais c’est une « sa » présence que je connais beaucoup quand même. Le garçon. « Je savais que t’es pas mort. » Je souris en caressant les feuilles d’une des plantes. Je sais pas encore quoi faire avec. Mais j’ai hâte, hâte, hâte de tester une potion avec et de la boire. « Parce que t’a pas fait parfaitement ton lit. Donc il savait, Lemony. » Je hausse les épaules. « L’oreiller dépassait. Donc, voilà. » Il y a pas grand-chose à rajouter de plus. C’est juste logique, en fait. « Pourquoi t’es là. » Je demande parce qu’en vrai ça me surprend. « On peut pas faire semblant que je sais pas parler, comme avant. C’est mieux. » Je me tourne vers les plantes de son colis, les plantes si jolis et que j’adore tellement. « Elles préfèrent le silence, tu sais. Le citron aussi. » Il aime pas le bruit, le citron. Y’en a déjà beaucoup trop dans sa tête.
I just want to be someone...