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Faux départSamedi 25 août 2001 Shit, shit, shit. Je suis en retard pour le rendez-vous avec le directeur de mon département d’étude, et je sais que je vais en prendre pour mon grade. Juré, c’est pas entièrement de ma faute ! Je me suis juste laissé embarquer un peu trop dans la fête étudiante d’hier soir. Il y avait cette fille, Louise… Je lui en veux toujours de m’avoir menti sur son âge, mais quand même. Je dois bien lui reconnaître une bonne descente niveau alcool. Ce qui me vaut la GDB d’aujourd’hui. Et les lunettes de soleil que j’ai piqué à mon meilleur ami, qui font office de cache-misère. En entendant mon réveil – on peut pas faire de son plus douloureux, vraiment – j’avais passé un tee-shirt noir et un jogging gris. Un habit digne de la garde de robe de mon petit frère, l’odeur d’alcool en moins. Pas le temps de prendre une douche, il faudra que la nouvelle élève s’y fasse.

La nouvelle élève, tout droit venue de la noblesse Irlandaise. C’est pour cette raison que mon directeur a voulu que je lui fasse faire le tour de l’Université. Ma thèse porte sur un vieux parchemin irlandais, qui me semble bien stupide à l’heure actuel. Quelle idée j’avais eu de m’embarquer dans ce genre de truc ! Si j’avais sût en choisissant mon sujet, il y a un an et demi, que ça me vaudrait ce genre d’emmerdes… Parce que je suis pas vraiment reconnu comme un exemple de sainteté, et encore moins de sérieux. C’était sûr que j’allais merder quelque part. Je suis pas pessimiste, je laisse ce grand plaisir à mon frère. Je suis juste réaliste. Entre une fête de rentrée ou un avancement dans mes études, le choix est vite fait : je prends les deux. Je suis un Romanov, après tout ! Depuis quand je devrais faire des compromis ?

Je cours à moitié sur les dalles en pierre qui pavent la cour de l’Université – entreprise dangereuse quand on a bût l’équivalent de plusieurs bouteilles d’alcool il y a quelques heures, sans mentionner les autres substances moins légales – avant de voir mon fameux directeur. Costume trois pièces toujours aussi irréprochable, sans une seule poussière pour l’alterner, coiffure sans un cheveux qui rebique. Le seul truc qui détonne, chez le professeur Blackwood, c’est les tatouages sur ses mains, ses nombreuses bagues et l’anneau à son oreille. On pourrait le croire cool et détendu, comme ça, mais il faut pas vraiment se fier aux apparences. Je connais pas de prof plus sévère que lui, et encore moins de prof plus sadique. Un exemple ? Depuis qu’il sait que je suis à moitié russe, et donc complètement bilingue – merci Papa Dima de ne m’avoir parlé qu’en russe les premières années de ma vie – Blackwood utilise cette langue pour m’engueuler en toute impunités. Je dis pas que je mérite pas ses remarques glacées, je dis juste qu’il parle en russe juste pour être sûr de ne pas être dénoncé par ses collègues et passer en conseil de discipline. Il utilise un langage assez… fleuri, on va dire. « Professeur… Salut. » Je me plies en deux, les mains sur mes cuisses pour reprendre mon souffle. Oser dire salut me vaudra sûrement une slave de remarque bien sentie dans la semaine. Oh, et puis tant pis. « Déso pour le retard. Pas vu l’heure. » Ce qui était pas faux, en soit, vu que je dormais encore. Au moins, Blackwood ne pourra pas m’accuser de mensonge. « Miss Iceni, voici votre guide pour la journée. Alekseï Romanov. » Je fis un petit signe de la main à la jeune fille à côté de Blackwood. L’air hautaine, presque encore plus que mon prof, elle était habillé en rouge et avait de longs cheveux roux pétants. À côté, mes pauvres reflets auburns semblaient bien ternes. « Je vous laisse entre ses mains. N’hésitez pas à m’appeler si quelque chose ne va pas et… » Aaaaah, le fameux regard de Blackwood qui vous dévisage de haut en bas, avec une moue réprobatrice. Je m’y attendais, à celui-là. Je pense que je l’ai un peu mérité, aussi. « … bon courage. » Évidemment, ce n’était pas à moi qu’il s’adressait. Je profitais qu’il soit retourné pour lui tirer la langue – jusqu’à preuve du contraire, il n’avait pas encore d’œil derrière la tête ! « Salut. Tu peux m’appeler Aliocha, au fait. On va commencer le tour de l’Université. Heu… Blackwood t’a appelé Miss Iceni, mais comment je dois t’appeler, moi ? » Je lui adresse un petit sourire, de type mignon et craquant. Dommage qu’avec mes lunettes de soleil, je puisse pas lui faire le coup des yeux de chien battu. Ce combo marche toujours.
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Faux départ Avec Alekseï Romanov Samedi 25 août 2001

« Je vous remercie une nouvelle fois, professeur, de l'accueil que vous me réservez. Et je vous remercie également de prendre du temps sur vos derniers jours de vacances pour m'accueillir dans vos locaux. » En disant ces mots, mon sourire est princier. Le sourire que je réserve quand je suis en fonction officielle. Même si je me destine à devenir étudiante, nous pourrions dire que cette journée est une journée en tant princesse héritière irlandaise. En effet, si l'étudiant, qui apparemment consacre son doctorat sur un manuscrit irlandais appartenant à la famille royale,  m'accueille brillamment, je faciliterait son entrée dans nos archives privées. Et ça, le professeur Blackwood, assis face à moi, en a parfaitement conscience. Je suppose que l'étudiant également, malgré son retard… Inexpliqué. Aujourd'hui, je suis donc là en tant que princesse. Mais demain, et pour la première fois de ma vie, je serais considérée comme une étudiante, comme une personne normale. Je passe la paume de ma main sur le tissu de ma robe rouge, couleur symbolique des Iceni, pour la lisser et effacer les plis inexistants. « D'ailleurs, je vous en pris. A partir de maintenant, comme je suis inscrite à l'Université Magique Supérieure, je vous pris de ne plus m'appeler par mon titre, mais par mon nom de famille, comme tout élève. Nous reprendrons les convenances en dehors, aux réceptions Sang-Pur ou si votre femme souhaite venir en Irlande. » Au moment où je prononçais ces mots, la porte s'ouvrit et un jeune homme entra, essoufflé.

Faux départ  5bc92eb0c935c32e252f2d9846484e16

« Professeur… Salut. » J'haussais un sourcil, devant tant de déconvenue, et surtout, devant tant de faux-pas. En premier lieu, mon odorat surdéveloppé sentit immédiatement une trop forte odeur d'alcool, et de fumée. De cigarette, et certainement d'autre chose. Ensuite, mais quelle était cette tenue ? Pourquoi portait-il un vieux survêtement ? Je pouvais comprendre son retard si il portait au moins un costume, mais ce n'était clairement pas le cas. Enfin, mais quelle était cette attitude ? Sa posture, sa manière de parler, le fait de porter des lunettes de soleil le matin en intérieur, rien n'allait. « Déso pour le retard. Pas vu l’heure. » Je finis par me lever de mon siège, en même temps que le professeur Blackwood, qui reprit la parole. « Miss Iceni, voici  votre guide pour la journée. Alekseï Romanov. Je vous laisse entre ses mains. N’hésitez pas à m’appeler si quelque chose ne va pas et… » Le regard que lançait le professeur à Mr. Romanov m'était bien connu. Bien sûr, jamais il n'aurait eu l'audace de me le lancer personnellement, alors que nous étions en cérémonie. Mais c'était me genre de regard que toute personne avait dans mon monde, pour juger, ou pour signifier à un interlocuteur de rang plus bas que le sien qu'il avait fait une erreur. « … bon  courage. » Un mouvement de tête en bas de ma part pour le remercier, une légère révérence de sa part pour me saluer, et le professeur tourna les talons. Je surpris alors mon guide tirer la langue à son professeur, et je le fixais jusqu'à ce qu'il daigne se tourner vers moi.

« Salut. Tu  peux m’appeler Aliocha, au fait. On va commencer le tour de l’Université. Heu… Blackwood t’a  appelé Miss Iceni, mais comment je dois t’appeler, moi ? » ¨Pardon ? Pardon ? Cet homme était tout ce que je détestais. L'insubordination, ne pas savoir se tenir, et ne pas savoir sa place. Je pinçais les lèvres avant d'essayer de recadrer la conversation. « Je resterais sur Mr. Romanov pour ce jour, merci. Quand à vous… » Je marquais une pause, surprise. « Votre professeur ne vous a-t-il point dit qui j'étais ? » Cela n'était guère possible. Si lui et son directeur de recherches souhaitaient qu'il se rende plus d'une fois par mois aux archives irlandaises, il se devait de rentrer dans mes bonnes grâces, ce qui n'était pas du tout le cas. « Appelez-moi Miss Iceni pour aujourd'hui, je vous pris. Vous pourrez m'appeler par mon prénom, Louve, qu'à la rentrée. » Et encore, seulement si je daignais lui parler. Ce qui ne semblait pas être le cas, pour le moment. Il était bien trop agaçant. Heureusement que j'avais refusé que Connor vienne, il aurait provoqué un incident en voyant cette scène. « Et veuillez également me vouvoyer, je vous pris. Par quoi commençons-nous ? »
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Faux départSamedi 25 août 2001 C’est possible d’avoir un point de côté juste à force de parler ? Parce que j’ai bien l’impression que c’est ce qui est en train de m’arriver, et ça a pas trop l’air d’un effet secondaire de la GDB… Ou alors c’est parce que j’ai couru jusqu’à l’UMS en totale gueule de bois, qui sait ? Blackwood me laisse totalement seul avec la jeune fille, mais j’ai quand même vu son sourire narquois et un peu désabusé. Franchement, parfois, je me demande si il me traiterait pas mieux si je n’étais pas le meilleur ami (et l’amant, comme il dit!) de son fils… Vu le standard de la famille, je fais un peu tâche. Enfin, au moins débarrassé du professeur Sympathie, je peux accorder toute mon attention à la future étudiante. Même si sa robe rouge pétante me fait mal aux yeux, et le roux de ses cheveux me file une jalousie du tonnerre. Jamais je ne pourrais atteindre cette couleur, quoi que je fasse… enfin, ce n’est pas vraiment le sujet. Pour l’instant, il faut que je sache comment appeler la personne en face de moi. Et dire que je n’ai même pas envie d’user de mon charme ! Je suis bien trop en mauvais état pour ça, je ferai bonne impression plus tard.

« Je resterais sur Mr. Romanov pour ce jour, merci. Quand à vous… » Aie. Sans vouloir me montrer mélodramatique, c’est comme si on venait de m’enfoncer un poignard dans le coeur avant de le tourner bien sadiquement. Mr. Romanov. Rien qu’avec deux mots, j’avais déjà l’impression de passer la barre des trentenaires, et ce n’était pas vraiment pour me faire plaisir. « Votre professeur ne vous a-t-il point dit qui j'étais ? » « Alors si. » Et c’est parti pour les explications. Avec un peu de chance, elle trouvera l’histoire tordante. Et si non… et bien, la journée risquait de s’annoncer longue, très longueeeee. « Sauf que, je sais pas si tu as remarqué, mais je suis un peu… » Comment dire poliment et de manière détourné que je suis totalement décalqué et beurré ? « Bref, tu vois le tableau. J’ai un peu trop forcé hier soir sur la bouteille, mais c’est la faute du fils de Blackwood. » Toujours rejeté la faute sur les plus petits que soi, check« Je suis même pas capable de me rappeler mon second prénom, alors… » Merde, mais c’est vrai en plus ça. Comment je m’appelle ? « JAKE ! Mon deuxième prénom, c’est Jake. » Oui, je crie victoire pour si peu. Mais ça n’a pas l’air de déranger la demoiselle. Elle se fait même un devoir de superbement m’ignorer. Pourtant, Jake, c’est un super second prénom. « Appelez-moi Miss Iceni pour aujourd'hui, je vous pris. Vous pourrez m'appeler par mon prénom, Louve, qu'à la rentrée. » « Louve ? Nan, sérieux, comme la femelle du loup en français ? » Je veux pas être condescendant, ou juger, c’est vraiment pas le genre de la maison. Mais, sérieusement « Et veuillez également me vouvoyer, je vous pris. Par quoi commençons-nous ? » Cette journée est donc maudite et sera un cauchemar. C’est bon, j’ai bien compris le message.

« Le Scitis, je suppose. » Je marmonne de mauvaise grâce – le contre-coup de l’alcool à tendance à me rendre ronchon d’après mon frère. « C’est assez spectaculaire quand on y est pas habitué. Surtout que j’ai un accès privilégié pour la Réserve, avec les manuscrits trop précieux pour être emprunté. Un des seuls avantages d’être doctorant, si tu… vous voulez mon avis. » Peut-être que je me la raconte encore un peu trop, mais je n’aime pas son attitude. Je sais que tout les tords son de mon côté (et de celui d’Arthur, aussi, évidemment), mais je ne serais prêt à l’admettre qu’après avoir décuvé. Je fis signe à la jeune fille de me suivre en bifurquant à gauche du Hall, devant deux grandes portes de bois. « Je crois bien que c’est un de mes endroits préférés… pour bosser, bien sûr. » Comme si j’allais marquer des points en disant ce genre de chose… Je suis certaine que cette étudiante est du même genre que Blackwood. Visage de marbre, coeur de glace et tendance à la torture verbale en langue étrangère. En soupirant, je poussais les battants, dévoilant la fameuse bibliothèque universitaire. Un rouleau de parchemin venait justement de reprendre son envol, et l’atmosphère était aussi chargée qu’un soir d’orage d’été. Malheureusement, je ne pouvais pas entendre les oiseaux invisibles chanter. Ça, c’était vraiment magique.
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Faux départ Avec Alekseï Romanov « Alors si. » Je ne sais pas pourquoi, mais je pressentais que ses explications ne me satisferont pas. Parce que si le professeur Blackwood lui avait dit qui j'étais, je doute que Mr. Romanov aurait oublié mon identité avec une raison valable. Alors, je levais un sourcil, l'invitant -peu bienveillamment- à poursuivre. « Sauf que, je sais pas si tu as remarqué, mais je suis un peu… » Je pinçais légèrement les lèvres. « Oui, j'avais remarqué. D'abord avec l'odeur… » « Bref, tu vois le tableau. J’ai un peu trop forcé hier soir sur la bouteille, mais c’est la faute du fils de Blackwood. Je suis même pas capable de me rappeler mon second prénom, alors… » J'avais donc en face de moi les ravages désastreux de l'alcool. Finalement, je ne regrettais plus de n'avoir jamais réellement bu à outrance, au point de perdre le contrôle de moi-même. Quand je voyais le résultat en face de moi, je me fis la réflexion qu'il était hors de question que j'oublie quelque chose d'aussi banal que mon second prénom, le lendemain d'une soirée de débauche. « JAKE ! Mon deuxième prénom, c’est Jake. » Je ne pus cacher mon sursaut face à tant d'enthousiasme, sens de louve-garou oblige. A la place, je me permis de remettre à sa place le jeune homme, en lui rappelant comment m'appeler. Mais il semblait m'ignorer. Pire, il semblait même juger mon prénom. « Louve ? Nan, sérieux, comme la femelle du loup en français ? » Je serais presque vexée de voir sa réaction. Mais il vrai que je ne comprenais pas pourquoi j'étais la seule de tous les Iceni, ancienne génération comprise, à arborer un prénom français, alors que jamais nous n'avions été liés aux Capétiens, aux Valois ou aux Bourbons. Je ne répondis rien, et me contenta seulement de lui demander par quoi nous allions commencer.

« Le Scitis, je suppose. » « Ne serait-ce pas la bibliothèque universitaire ? » Je le suivais en regardant autour de moi. Je ne connaissais pas encore exactement tous les noms des lieux et des bâtiments de l'Université, mais je savais que je n'aurais, bientôt, plus besoin d'y réfléchir. « C’est assez spectaculaire quand on y est pas habitué. Surtout que j’ai un accès privilégié pour la Réserve, avec les manuscrits trop précieux pour être emprunté. Un des seuls avantages d’être doctorant, si tu… vous voulez mon avis. » Je hochais la tête. Quelle chance. J'avais demandé à la Direction de se comporter avec moi comme si je n'étais qu'une simple élève, donc, si j'avais besoin d'un de ces manuscrits, je savais que je devrais formuler une demande. Bon, je ne me voilais pas la face : je savais que j'aurais plus de facilités à y rentrer que n'importe qui. « Je crois bien que c’est un de mes endroits préférés… pour bosser, bien sûr. » Au moment où Mr. Romanov dit ça, il ouvrit les portes du Scitis. Et je devais bien avouer que j'étais subjuguée. J'ouvris grands les yeux et m'avançais dans cette gigantesque salle, qui semblait hors du temps. « C'est… Magnifique. » Dis-je, dans un souffle. Certains livres volaient autour de moi avant de se poser délicatement dans leurs étagères respectives, et je jurais même d'avoir senti une sorte de brise de rentrée. « Je ne suis pas sûre que la bibliothèque royale soit aussi époustouflante que celle-ci ! » Je pris la liberté de continuer mon exploration, pour regarder les rayons qui s'offraient à moi. Bien sûr, je n'avais pas le temps de tout regarder, mais je me promis de revenir ici, une fois la rentrée commencée. « Je comprends mieux pourquoi il s'agit de votre endroit préféré… C'est absolument splendide. » Un vague sourire fit son apparition, alors que je levais les yeux au plafond pour voir quelques branches d'arbres s'enrouler paresseusement autour d'une fenêtre oeil de boeuf.

L'agora ne se résumait pas qu'au Scitis, et le jeune homme me montra ensuite l'infirmerie, puis le Cicero. La grande salle avec les tables alignées me faisaient penser aux cantines monastiques, puis je vis, dans un coin, le café de l'Université. Il était bien évidemment fermé, mais le menu était accroché au mur. « Qu'est-ce que c'est, un milk-shake ? » Je me doutais que la recette était à base de lait, mais quand je voyais les différents parfums se décliner, je me doutais qu'il me manquait quelque chose dans ma recette imaginaire. Mais je réalisais que ma question pouvait sembler stupide, surtout quand nous avions tous les deux une vingtaine entamée ; alors, je me défendis en croisant les bras et en rougissant légèrement : « Je n'ai jamais essayé ce genre de choses, je ne connais que la cuisine gastronomique… » Je n'avais même jamais mangé dans un fast-food, ou dans les petits cafés à thème que je retrouvais dans mes lectures cachées. « Et la Bièraubeurre, c'est du beurre dans une bière ? Mais ça doit être… » Alors que j'imaginais littéralement un morceau de beurre dans une bière froide, je fis la grimace. « … dégoutant. » Je crois bien que je ne mangerais absolument jamais dans ce café, je tenais à ma santé !
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Faux départSamedi 25 août 2001 Au vu des réactions quasiment inexistantes de la jeune femme, j’en venais presque à me demander si elle n’était pas de mèche avec Blackwood. Une manière de me faire payer mes insolences et mes retards en me refilant dans les pattes une étudiante qui jouait un rôle. Je sais, dit comme ça, on dirait un plan vraiment tordu. Mais on parle de Blackwood, quand même ! Au moins, en amenant la jeune femme dans la bibliothèque universitaire, je marquais enfin un petit point. Il n’y a pas de petite victoire. « C'est… Magnifique. » Je croise les bras en m’appuyant dos au mur, un petit sourire satisfait sur les lèvres. « C’est de la Magie. De la vraie, et très ancienne. » Précisais-je en accentuant le M majuscule. Personne ne serait capable de reproduire une telle pièce. Combien y avait-il de sorts juste pour créer cette ambiance hors du temps ? Une dizaine ? Une centaine ? Rien que le fait d’y réfléchir me donnait mal à la tête. Les mathématiques, ce n’est pas ma tasse de thé. Encore moins en pleine GDB. « Je ne suis pas sûre que la bibliothèque royale soit aussi époustouflante que celle-ci ! » Je haussais un sourcil, pas totalement sûr d’avoir compris. La bibliothèque de Buckingham Palace devait être tout aussi belle mais… Une bibliothèque Moldue ne pourrait jamais égaler la magie d’ici, royale ou non. « Oui… sans doute. » Je demeurais donc… septique. Ce qui n’est pas vraiment dans mes habitudes, pour être sincère. « Je comprends mieux pourquoi il s'agit de votre endroit préféré… C'est absolument splendide. » « Stop au vouvoiement, j’ai l’impression d’être aussi vieux que Blackwood ! » Non, je n’ai pas de problème avec mon âge. Mais passer le quart de siècle, ça en fout un coin et vous rend un peu susceptible, c’est tout. « Pardon, le professeur Blackwood. J’ai que vingt-cinq ans, par Merlin ! J’ai pas l’âge d’être ton père ! »

Un peu agacé, je lui fis signe de retourner dans l’Agora. On n’avait pas toute la journée pour visiter l’Université, surtout si elle pensait que j’étais grabataire, avec déjà un pied dans la tombe. Dramaqueen, moi ? Non, juste Romanov. Je passais assez vite pour présenter l’infirmerie, qui n’avait rien de bien intéressant. Pas comme celle de Poudlard, où je pouvais exercer mon charme légendaire sur Madame Pomfresh – avec plus ou moins de succès, c’est vrai. « Qu'est-ce que c'est, un milk-shake ? » Je me retournais vers la jeune femme, après lui avoir présenter le Cicero. Elle regardait le menu du snack universitaire comme si c’était la première fois qu’elle voyait ce genre de chose. Même le Scitis semblait l’avoir moins impressionné ! « Sérieusement, Louve ? » C’est pas dans mes habitudes de juger. Je suis quelqu’un de très ouvert d’esprit, pour tout un tas de chose. Mais… sérieusement, un milk-shake ? « C’est du lait, de la glace et de la chantilly. T’as pas eu d’enfance, ou quoi ? » Yes, exactement ce qu’il fallait dire pour me faire encore bien voir par Miss-Parfaite, l’Espionne-de-Blackwood. « C’est peut-être appelé autrement, chez toi. » Je haussais les épaules, devant sa justification qui me semblait… bancale et douteuse. « Je n'ai jamais essayé ce genre de choses, je ne connais que la cuisine gastronomique… » Oh, les problèmes des petites filles riches… Et voilà qui répondait à la question : Miss-Parfaite venait d’une famille de Sang-Pure bien snobinard. « Et la Bièraubeurre, c'est du beurre dans une bière ? Mais ça doit être … dégoutant. » Merlin, on devrait juger ses parents pour négligence, à ce niveau-là ! « Alors, je veux bien être sympa, mais il faut pas abuser. Miss, tu vas aller boire une Bièraubeurre avec moi, et tout de suite. Nan mais ce qu’il faut pas entendre, de la Bièraubeurre, dégoûtant ? Et quoi encore, que le jus de citrouille a un goût affreux ? » L’alcool, dans mon organisme, fait de drôle de chose. Comme me laisser m’énerver pour des sujets tout à faits débiles. « Ou alors… si tu te sens assez courageuse, tu tentera bien le milk-shake, hein ? » Et je ponctuais ma phrase avec un clin d’œil. Parce qu’il faut toujours ponctuer sa phrase avec un clin d’œil, même si j’avais encore les lunettes de soleil d’Arthur sur le nez.
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Faux départ Avec Alekseï Romanov
« Stop au vouvoiement, j’ai l’impression d’être aussi vieux que Blackwood ! » Alors que j'étais en pleine contemplation de la pièce, l'exclamation du jeune homme me surprit. Je me retournais, un sourcil levé. « … » « Pardon, le professeur Blackwood. J’ai que vingt-cinq ans, par Merlin ! J’ai pas l’âge d’être ton père ! » Un léger sourire pointa sur mes lèvres, avant de lui retourner le dos pour contempler les ouvrages sous mes yeux. « Vingt-cinq ans, hein… » Mais je ne développais pas ma pensée, à savoir, qu'il paraissait bien immature pour quelqu'un qui avait un quart de siècle, et je le suivis dans le restaurant universitaire. Un lieu grand, plutôt banal, mais il était utile de savoir où elle était placée. Mais c'était l'espèce de cafétéria qui attira mon regard, avec des mets proposés que je ne connaissais pas. J'eus le malheur de lui demander un renseignement, et cela me revenait en pleine figure. « Sérieusement, Louve ? » Seigneur, que Dana me pardonne, mais j'avais une folle envie de le gifler et de le planter là. Il m'expliqua ce que c'était, avec une légère pique sur mon enfance. Bien sûr, il ne me dirait pas cela si il savait qui j'étais ! Agacée, je ravalais toutes les répliques que j'avais en tête en lui expliquant que je ne connaissais pas ce genre de choses. Et j'eus le malheur de refaire la même erreur avec la Bièraubeurre. « Alors, je veux bien être sympa, mais il faut pas abuser. Miss, tu vas aller boire une Bièraubeurre avec moi, et tout de suite. Nan mais ce qu’il faut pas entendre, de la Bièraubeurre, dégoûtant ? Et quoi encore, que le jus de citrouille a un goût affreux ? » Sa manière de réagir me donnait presque envie de rire, dans le bon sens, pour une fois. « Ou alors… si tu te sens assez courageuse, tu tentera bien le milk-shake, hein ? » Il fallait bien avouer que l'invitation me séduisait pas mal. « Très bien, alors, que me proposes-tu ? Je te signale que la cafétéria est fermée. A moins d'ouvrir les cuisines de force, je ne vois aucun moyen d'accéder à cette… Boisson. »

Finalement, le jeune homme me mena à une sorte de petit restaurant, dans un style très vintage, très américain. Il n'y avait pas de siège, mais des banquettes, un comptoir, et beaucoup d'affiches aux murs. Le sol était un carrelage noir et blanc, et je vis, dans un coin, un jukebox. Alekseï m'invita à m'asseoir sur l'une des banquettes, et s'installa en face de moi. Galamment, il me tendit l'un des menus, que j'ouvris. En le parcourant, je vis qu'il servait beaucoup de choses que je n'avais jamais goûté, comme des burgers. Il me semblait que le jeune homme s'était suffisamment amusé de mon ignorance, alors, je me tus, et me concentrais sur les boissons. Après tout, nous étions venus pour cela, n'est-ce pas ? « Je crois… Je crois que je prendrais un milkshake à la fraise. » J'avais hésité un moment, quand il m'avait posé la question. Je ne connaissais rien du tout à ce genre de choses, mais je savais que au palais, mes dessert préférés avaient les fruits rouges en commun, je préférais me fier à ce que je connaissais. Quand la serveuse arriva à notre table, Alekseï commanda pour nous deux : une Bièraubeurre et un milkshake chacun. Je terminais de regarder autour de moi, avant de me tourner vers mon guide. « Alors… Le professeur Blackwood m'a dit que tu préparais une thèse sur l'histoire irlandaise. » Il ne savait pas qui j'étais, il se moquait de moi, alors, c'était le moment pour moi de jouer un peu avec lui. De lui faire parler de ce qu'il savait, jusqu'à sa réalisation. Même si cette réalisation devait prendre quelques jours ! « Je suppose que tu travailles alors sur des archives irlandaises. Tu travailles sur quelle période ? Pour savoir si tes archives sont en latin ou en irlandais ancien. » Jusqu'à la mort de Boadicée, nos archives étaient en latin, principalement. Mais depuis la défaite irlandaise face aux romains, notre peuple a fait une sorte de blocage, de révolution, et ont voulu couper les ponts avec cette nation. Ils passèrent alors à l'irlandais. Mais en 70, l'irlandais était bien différent de celui que nous parlons aujourd'hui ! « Le professeur Blackwood m'a dit que tu irais consulter les archives royales pour ta thèse. C'était le cas pour ton mémoire, ou ce sera la première fois ? » Je me penchais, l'air conspiratrice. « Tu as eu la chance de rencontrer la famille royale irlandaise, ou pas du tout ? »

J'interrompis mes questions. En effet, la serveuse venait de poser nos boissons devant nous, ce qui instaura un silence rapide. Pendant ce temps, je fis rapidement le point sur ce que je venais d'apprendre. Je savais que ce serait la première fois qu'il irait aux archives royales. Cette question n'était que du bluff, dans le but de le duper. Je savais aussi qu'il n'avait jamais rencontré la famille royale. Mais si il travaillait sur notre histoire, il savait que les Iceni régnaient depuis presque deux mille ans. Et malgré ça, il n'avait toujours pas saisi la véracité de mon identité. Je cachais un sourire. Si cela remontait jusqu'aux oreilles du professeur Blackwood, nul doute que le jeune homme aurait de sérieux soucis… Surtout que j'étais en charge de lui délivrer une carte de laisser-passer. C'était à moi de décider à quelle fréquence il pourrait avoir accès aux archives. Savoir cela, et savoir que lui ne le savait pas, m'amusait beaucoup. Je décidais de ne pas insister, le temps de trouver de nouveaux bluffs. « Je n'aurais pas ton problème. Je rentre en première année de Master Magique, en politique. Mon mémoire ne portera pas sur les archives… Sauf si je décide de parler de la manière de régner sur un pays. Je pourrais m'inspirer de la politique de la famille royale. » En vérité, mon mémoire porterait sur le parallèle de la manière de régner de Boadicée, et de celle que nous avons aujourd'hui, surtout en lien avec les affaires du Ministère des relations étrangères. Ma position me facilitait le boulot, ce qui m'arrangeait. En m'inscrivant à l'Université Magique Supérieure, je n'avais pas renoncé à mes devoirs royaux, ce qui ne me donnait pas la même disponibilité qu'un étudiant lambda.

Je bavardais, je jouais avec lui, et je n'avais même pas encore goûté ce que la serveuse m'avait apporté. Je commençais à boire une gorgée de Bièraubeurre, et je fus surprise. J'avais déjà goûté à de la bière irlandaise locale, notamment pendant les fêtes. Mais celle-là n'avait rien à voir : on sentait peu l'alcool, c'était chaud, c'était doux, et c'était sucré. Je sentis mes veines se réchauffer, et je repris une seconde gorgée avec plaisir. En reposant le verre, je surpris les yeux narquois de Alekseï. « Ne me regarde pas comme cela. En effet, ce n'est pas mal. » Je mentais, c'était délicieux ! Mais je ne pouvais pas lui accorder cette victoire. Je lui lançais un regard hautain, avant de goûter courageusement le milkshake qu'on m'avait apporté. Par définition, il était froid, au contraire, mais j'avais l'impression de goûter un petit vent de bonheur. C'était sucré, légèrement acidulé, et surtout, je savais que cette boisson allait devenir une addiction. Je surpris le sourire d'Alekseï s'agrandir, et je levais les yeux au ciel. « Très bien, ça, c'est délicieux. » Je voulus terminer ces deux boissons avant de partir, mais l'heure tournait, et un porte-parole du Ministère m'attendait. Je terminais au moins ma Bièraubeurre, et Alekseï, en payant, demanda à ce qu'on emporte mon milkshake. Je le sirotais sur le chemin, en le regardant. « Merci pour cette journée. Le début était laborieux, mais finalement, je me suis bien amusée. » Je bluffais seulement sur mon identité, hors de question de lui mentir. Et puis, je n'allais pas lui cacher qu'il avait dégringolé dans mon estime avant même que la visite ne commence, bien qu'il avait su se rattraper. Finalement, en rentrant dans l'entrée du Ministère, Dmitry Romanov m'attentait. C'est seulement en le voyant que je me rappelais que c'était le père de Alekseï Romanov, mon guide. Le porte-parole s'inclina devant moi, en guise de salutation. « La visite s'est-elle bien déroulée, Votre Altesse ? » « Très bien, je vous remercie. » Je me tournais vers Alekseï, et je pris plaisir à lui tendre mon gobelet vide, en savourant l'étincelle de réalisation dans ses yeux. « Au moins, je saurais exactement où aller pour mener à bien ma scolarité. »
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I'll show you how a real queen behaves,
No damsel in distress, don't need to save me

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Faux départSamedi 25 août 2001 La cafétéria était fermée ? Eh bien, je ferai sans ! Les alentours de l’Université ne manquaient pas de petits restaurants, ou de commerces de boissons à emporter. Je suis peut-être en GDB – même si elle s’éloigne de plus en plus au fil du temps – mais pas assez pour forcer les portes du restaurant universitaires et essayer de faire une boisson. Quelque chose me dit, de toutes façons, que quoi qu’il en ressortira, ce sera immangeable, imbuvable ou dangereux pour la santé. Je jeta mon dévolu sur un petit restaurant américain de Druid’s Oak, notamment car c’était le plus près de nous. Les efforts physiques après une nuit de débauche, très peu pour moi ! Une fois installés sur les banquettes en cuirs rouge, je fis voler le menu jusqu’à moi. Juste un petit peu de magie, pour essayer de l’impressionner, même si je pense que mes tentatives se révèlent vraiment infructueuses. Cette fille, c’est une énigme et un casse-tête à la fois. Deux choses dont je ne suis pas vraiment fan, car demandant de fournir des efforts. « Vas-y, prends ce que tu veux. Je payes. » Lui fis-je en lui tenant le menu avec un petit sourire totalement innocent. « Je crois… Je crois que je prendrais un milk-shake à la fraise. » « Excellent choix ! » Je fis un léger numéro de charme à la serveuse, parce qu’on ne se refait jamais réellement. C’était un défi en soit de rendre sexy la commande de deux Bièraubeurres, d’un milk-shake à la fraise et d’un milk-shake à la vanille !

« Alors… Le professeur Blackwood m'a dit que tu préparais une thèse sur l'histoire irlandaise. » Je leva les yeux vers la jeune femme, avec un grand sourire aux lèvres. « Alors comme ça, Blackwood a accepté de te parler, et tu n’as pas eu à subir le silence le plus glacial que tu n’es jamais connu en attendant avec lui ? Tu dois être quelqu’un de spécial, pour avoir réussis cet exploit, mes compliments ! » Est-ce que j’essayais de la monter contre notre professeur en disant de telles choses ? Absolument pas, je ne faisais que rétablir une vérité universelle : il n’y a pas pire asocial et méprisant que ce professeur, voilà tout. Oh, et puis, c’était de bonne guerre ! Je suis certain que, de son côté, Blackwood a lancé quelques anecdotes sur mes frasques nocturnes. « Je suppose que tu travailles alors sur des archives irlandaises. Tu travailles sur quelle période ? Pour savoir si tes archives sont en latin ou en irlandais ancien. » « Madame est donc une connaisseuse ! » Je ris en me demandant si elle avait déjà eu accès aux archives, en étant elle-même irlandaise. « Elles seront en irlandais ancien. Je veux traduire et commenter un des parchemins ancien des premiers descendant de la famille royale, qui contient des anciennes formules. J’ai aucune compétence en irlandais ancien. Les sources de mon mémoire était en anglais ou en latin – merci à mon père de m’avoir aidé à traduire, d’ailleurs ! » « Le professeur Blackwood m'a dit que tu irais consulter les archives royales pour ta thèse. C'était le cas pour ton mémoire, ou ce sera la première fois ? » On avait lancé un sortilège d’Allégresse à Blackwood ? A part pour ses cours, je crois bien que je ne l’ai jamais entendu faire plus de trois phrases d’affilée ! « Tu as eu la chance de rencontrer la famille royale irlandaise, ou pas du tout ? » « Jamais. Mon père, oui, mais j’étais pas avec lui. Je suis pas non plus allé aux archives pour mon mémoire. Le Scitis a des tonnes de sources sur l’Irlande qui m’ont servi. » De toute façon, qu’est-ce que ça pouvait bien m’apporter, de les rencontrer ? J’avais quand même le sentiment d’oublier quelque chose, en parlant de l’Irlande, mais impossible de remettre le doigt dessus. Boh, ça ne devait pas être si important que ça.

Une fois nos boissons arrivées, je me mis à siroter pensivement mon milk-shake. Il n’avait pas un goût aussi chimique que celui servi à l’UMS, mais ça fera bien l’affaire pour aujourd’hui. « Je n'aurais pas ton problème. Je rentre en première année de Master Magique, en politique. Mon mémoire ne portera pas sur les archives… Sauf si je décide de parler de la manière de régner sur un pays. Je pourrais m'inspirer de la politique de la famille royale. » « Merlin, pourquoi choisir un truc aussi chiant que la politique ? » Je laissa passer un bref éclat de rire avant de pousser sa Bièraubeurre vers la jeune femme, pour être sûr qu’elle n’oublie pas de la goûter. On peut dire ce qu’on veut mais, j’ai l’œil pour ces choses-là ! « Tu aurais été plus tranquille en Histoire. T’aurai même pût m’avoir en cours, qui sait ! » Je me permis d’aspirer le fond de mon milk-shake avec ma paille à grands bruits, comme n’importe quel gamin normalement constitué. « Je dois donner cours en Histoire, aux premières et aux secondes années. C’est dans mon contrat, la condition pour que je fasses une thèse, quoi. » Une belle arnaque, en soit. Donner cours pouvait être assez marrant, mais devoir corriger les copies de partiels…

Sur ces bonnes paroles, Louve porta enfin la choppe de Bièraubeurre à ses lèvres. C’était l’instant de vérité, et je venais de perdre une belle occasion de parier sur sa toute première réaction ! « Ne me regarde pas comme cela. En effet, ce n'est pas mal. » « Faut pas me sous-estimer : j’ai toujours raison. » En tout cas, pour ce qui se rapporte à la nourriture, aux boissons et à l’orientation sexuelle de mes camarades. Ce qui, en soit, est déjà beaucoup. « Très bien, ça, c'est délicieux. » Ok, je devais me contenir pour ne pas effectuer une petite danse de la joie en plein milieu du restaurant. Au fond, je n’en avais pas grand-chose à faire du regard des autres consommateurs, et des serveurs. Mais quelque chose me disait que ce ne serait pas le cas de Miss-je-suis-coincée. Autant faire un pas à la fois avec elle : Louve avait déjà consenti à boire une boisson de la plèbe et l’avait aimé, c’est déjà très bien pour une première journée. « On doit bientôt se retrouver devant l’Université. Emporte ton milk-shake, je vais payer. » Je suis un homme de parole : j’ai dit que je l’inviterai, et je n’allais pas me soustraire à mes obligations. Même si au fond, c’est elle qui devrait m’inviter. J’ai ouvert ses yeux et élargie son esprit en lui faisant goûter un peu du vrai monde !

« Merci pour cette journée. Le début était laborieux, mais finalement, je me suis bien amusée. » « Et encore, ce n’est que le début. Attends que je t’invite à une de mes soirées… ! » Je marchais à l’envers sur le chemin du retour, pour pouvoir regarder la jeune femme avec un petit air auto-suffisant. Aliocha Romanov, le décoinceur des Sangs-Purs. Je devrai en faire mon métier, plutôt que de m’escrimer à faire une thèse. En me retournant, je vis mon père qui nous attendait devant l’entrée du bâtiment. « Salut, Pa’ ! » Mais mon père n’eut pas un regard pour moi, et semblait extrêmement cérémonieux avec Louve. Outch, se faire snober par son propre père, c’est dur. « La visite s'est-elle bien déroulée, Votre Altesse ? » « Très bien, je vous remercie. » Altesse ? Altesse ? Des brides de conversation échangés autour d’un verre avec Arthur me revinrent en tête par flash. Blackwood m’avait pas demandé de faire visiter l’Université à n’importe quelle noble irlandaise. Il m’avait mandaté pour faire la visite à la princesse héritière au trône, pour essayer de me négocier un droit aux archives royales. Et moi, j’avais dit que la politique c’était chiant devant elle ! « Au moins, je saurais exactement où aller pour mener à bien ma scolarité. » Sonné, je me tournais vers mon père en m’agrippant au verre de milk-shake vide de la jeune femme, comme si ma vie en dépendait. « Papa. Je crois que j’ai fait une énorme connerie. Une vraiment énorme… » Je crois que le pire, c’est de voir la déception dans les yeux de mon père. Je sais qu’en faisant le con aujourd’hui, je me suis mis à dos plusieurs personnes. Papa, Daddy quant il apprendra tout ça, Blackwood en temps que directeur de mon département, mon directeur de thèse… et rien de moins que la future reine de l’Irlande !
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