La nouvelle élève, tout droit venue de la noblesse Irlandaise. C’est pour cette raison que mon directeur a voulu que je lui fasse faire le tour de l’Université. Ma thèse porte sur un vieux parchemin irlandais, qui me semble bien stupide à l’heure actuel. Quelle idée j’avais eu de m’embarquer dans ce genre de truc ! Si j’avais sût en choisissant mon sujet, il y a un an et demi, que ça me vaudrait ce genre d’emmerdes… Parce que je suis pas vraiment reconnu comme un exemple de sainteté, et encore moins de sérieux. C’était sûr que j’allais merder quelque part. Je suis pas pessimiste, je laisse ce grand plaisir à mon frère. Je suis juste réaliste. Entre une fête de rentrée ou un avancement dans mes études, le choix est vite fait : je prends les deux. Je suis un Romanov, après tout ! Depuis quand je devrais faire des compromis ?
Je cours à moitié sur les dalles en pierre qui pavent la cour de l’Université – entreprise dangereuse quand on a bût l’équivalent de plusieurs bouteilles d’alcool il y a quelques heures, sans mentionner les autres substances moins légales – avant de voir mon fameux directeur. Costume trois pièces toujours aussi irréprochable, sans une seule poussière pour l’alterner, coiffure sans un cheveux qui rebique. Le seul truc qui détonne, chez le professeur Blackwood, c’est les tatouages sur ses mains, ses nombreuses bagues et l’anneau à son oreille. On pourrait le croire cool et détendu, comme ça, mais il faut pas vraiment se fier aux apparences. Je connais pas de prof plus sévère que lui, et encore moins de prof plus sadique. Un exemple ? Depuis qu’il sait que je suis à moitié russe, et donc complètement bilingue – merci Papa Dima de ne m’avoir parlé qu’en russe les premières années de ma vie – Blackwood utilise cette langue pour m’engueuler en toute impunités. Je dis pas que je mérite pas ses remarques glacées, je dis juste qu’il parle en russe juste pour être sûr de ne pas être dénoncé par ses collègues et passer en conseil de discipline. Il utilise un langage assez… fleuri, on va dire. « Professeur… Salut. » Je me plies en deux, les mains sur mes cuisses pour reprendre mon souffle. Oser dire salut me vaudra sûrement une slave de remarque bien sentie dans la semaine. Oh, et puis tant pis. « Déso pour le retard. Pas vu l’heure. » Ce qui était pas faux, en soit, vu que je dormais encore. Au moins, Blackwood ne pourra pas m’accuser de mensonge. « Miss Iceni, voici votre guide pour la journée. Alekseï Romanov. » Je fis un petit signe de la main à la jeune fille à côté de Blackwood. L’air hautaine, presque encore plus que mon prof, elle était habillé en rouge et avait de longs cheveux roux pétants. À côté, mes pauvres reflets auburns semblaient bien ternes. « Je vous laisse entre ses mains. N’hésitez pas à m’appeler si quelque chose ne va pas et… » Aaaaah, le fameux regard de Blackwood qui vous dévisage de haut en bas, avec une moue réprobatrice. Je m’y attendais, à celui-là. Je pense que je l’ai un peu mérité, aussi. « … bon courage. » Évidemment, ce n’était pas à moi qu’il s’adressait. Je profitais qu’il soit retourné pour lui tirer la langue – jusqu’à preuve du contraire, il n’avait pas encore d’œil derrière la tête ! « Salut. Tu peux m’appeler Aliocha, au fait. On va commencer le tour de l’Université. Heu… Blackwood t’a appelé Miss Iceni, mais comment je dois t’appeler, moi ? » Je lui adresse un petit sourire, de type mignon et craquant. Dommage qu’avec mes lunettes de soleil, je puisse pas lui faire le coup des yeux de chien battu. Ce combo marche toujours.
Faites de vos raves une réalité !