Travailler ? Ça veut dire quoi ? [Sal - Skye]

OH NON IL EST DÉJÀ DIX HEURES ! Catastrophe ! Je vais être en retard !

De toute façon, je savais dès ce matin que ce serait pas une bonne mâtinée. Enfin, je savais qu’elle serait compliquée ! Je me suis réveillée un peu boudeuse. Faut dire qu’hier soir, j’ai croisé Madame Chourave, qui est non seulement ma professeure de Botanique mais aussi ma Directrice de Maison… C’est vrai qu’elle est gentille, pour ce que j’ai pu en voir en une semaine de cours. Mais elle m’a rappelé que je devais travailler mes devoirs avec cet élève de Serdaigle ! Sal, je crois. J’avais oublié, complètement oublié, certains diront que j’ai eu de la chance que l’adulte soit là pour m’en raviver le souvenir. Quant à moi… Je ne suis certainement pas de cet avis.

Bon, je l’ai quand même remercié, Madame Chourave. Je sais qu’elle veut m’aider elle aussi, comme Papa, comme Maman, comme Mamy. Mais quand même ! Pourquoi elle pouvait pas oublier, comme moi ? Pourquoi tout le monde veut que je travaille ? C’est pas cool ! Moi, je veux faire de la musique ! D’ailleurs, j’en aurais bien fait ce matin, après m’être levée et avoir dévoré le petit-déjeuner. Sauf que je savais d’avance que si je sortais mon violon, je pouvais en avoir pour quatre heures… Alors j’ai abandonné l’idée de jouer, me contentant de gribouiller sur un parchemin notes et paroles pour cet après-midi, avant le club de musique.

Sauf que voilà, là aussi le temps est passé super hyper trop vite. Et maintenant, je vais être en retard ! Pas de beaucoup, ça va. Disons que ça aurait pu être bien pire ! J’ai levé la tête à temps. Vite vite, je ramasse mes premiers cours et mes manuels rangés en vrac sous le lit pour rapidement les jeter dans mon sac. Botanique et Soin aux Créatures Magiques, c’est principalement ce qu’on doit travailler puisqu’en Étude des Moldus, je m’en sors un peu mieux. Ils sont marrants et super forts, les Moldus ! J’aime bien leurs inventions. Mais j’aime moins toutes ces plantes et toutes ces créatures… Paraît que Sal, lui, adore.

Je sais plus quelles sont les caractéristiques de Serdaigle d’ailleurs, faudra que je lui demande. J’espère qu’on ne va pas faire que travailler ! Ce serait bien trop long, deux heures à travailler… Heureusement, on va être dans le parc. J’ai réussi à échapper à la bibliothèque ! J’aurais jamais tenu là-dedans, faut être bien trop calme pour moi. Car moi, j’aime parler, bavarder ! Tout pour échapper aux devoirs. Bref, faut que je regarde où je mets les pieds un peu sinon je vais tomber. J’ai de la chance d’avoir été envoyée à Poufsouffle, car la salle commune est au sous-sol ! Donc pour rejoindre le parc, rien de plus facile : monter des escaliers normaux et sortir par la grande porte.

Oui, des escaliers normaux car au moins ceux-là ne bougent pas ! Les autres sont vraiment horribles. J’ai passé une semaine à me perdre dans les couloirs, et avoir des escaliers qui s’agitent c’est vraiment pas pratique. Sérieux, comment on fait pour s’y repérer ? M’enfin, là je n’ai aucun problème à sortir pour retrouver mon bourreau professeur du jour. Je l’ai déjà vu, Sal. Bah ouais, on peut pas me demander de travailler avec quelqu’un si je l’ai jamais vu… Il est sympa, heureusement. J’ai pas encore osé lui demander pourquoi il porte un masque, je crois que ça se fait pas trop ! Mais j’aime beaucoup ses cheveux bleus, ça je lui dirais.

Ça fait un peu Métamorphomage, sauf que lui ne change pas de couleur ! Les miens si. Et ils changent tout seul. Même si pour l’instant, ils sont assez tranquilles. Juste blond, peut-être que ça changera un peu plus tard. En vrai j’espère pas, le pauvre Sal va déjà devoir passer du temps à m’aider aux devoirs, alors si en plus de ça il voit mes cheveux s’agiter en couleur… ça risque de l’embêter. Ou pas, ça dépend des gens. Bref ! «Saluuut pardon je suis en retard, c’est pas ma faute c’est parce que je regardais pas l’heure !» Honnête, sincère, toujours. «J’espère que ça va quand même ?» Je lui adresse un grand sourire malicieux, «Moi j’ai pas trop envie de travailler.» Honnête, encore et toujours.

Travailler ? Ça veut dire quoi ?

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| Samedi 8 Septembre 2001 |

C’était une évidence que je m’étais amélioré depuis l’année dernière. D’un côté, rien de bien compliqué, j’étais passé d’une année presque complète à me laisser pourrir dans ma chambre en ouvrant un bouquin de temps à autre histoire de dire que j’avais lu les leçons que j’étais censées apprendre, à aujourd’hui. Entre-temps, il m’avait fallu mettre les bouchées doubles, donner du mien, sortir de ma zone de confort. Prendre le taureau par les cornes, regretter, puis regarder derrière moi plutôt fier de mon travail. Je pense que je n’avais plus grand chose à envier aux plus studieux des élèves de Poudlard et je pense que j’avais mérité de repartir sur une nouvelle année plus calme. Certes, sans doute serait-elle forte en émotion puisque je n’avais pas trop encore la tranquillité d’esprit d’une personne lambda, mais au moins je n’aurais plus à me démener pour rattraper plusieurs mois de cours bâclés.

J’ai envie de dire merci papa pour m’avoir laissé lézarder comme ça sans essayer de me secouer (c’est du sarcasme, bien sûr), mais en réalité je ne suis pas sûr qu’il aurait pu faire quoi que ce soit pour me convaincre de me sortir les doigts du fondement. Pas dans son état à lui, en tout cas. C’était moins pire que quelques années auparavant mais il avait perdu de son autorité depuis l’accident de maman et, pour cela, je pense qu’il aurait été tout bonnement inutile qu’il tente quelque chose. Il n’en aurait certainement pas eu la force, c'est vrai. C’était mon rôle, en l'occurrence, de le secouer. Et quand j’avais laissé tomber ma personne, je l’avais aussi un peu laissé tomber. Heureusement que je m’étais vite repris et, honnêtement, je crois qu’il a été un facteur majeur dans cette affaire. J’avais pas que moi à surveiller ; fallait que je sois fort pour lui aussi.

Henry Denvers

Durant cette période , bienheureusement, j’ai été pas mal aidé par Lisa Johnson. En fait, je crois qu’on s’est plutôt entraidé , dès que j’ai eu la force de le faire. Un peu avant de reprendre les cours, quoi, j’ai recommencé à sortir de mon antre et à bouger. J’ai remarqué à ce moment-là que mon père ne s’était pas secoué tout seul ; que c’était Lisa qui passait de temps à autres pour vérifier que tout allait bien. J’entendais qu’il avait de la visite mais j’allais rarement voir, avant, parce que j’avais envie de ne voir personne. Mais si j’avais sû que c’était Lisa qui passait? Pour sûr je serais sorti plus tôt.

Lisa Johnson

Aussi longtemps que je me souvienne, j’avais toujours trouvé Lisa Johnson admirable. Et, encore une fois, elle me prouvait l’être. Je m’étais un peu senti coupable quand j’ai appris qu’elle s’occupait de s’assurer que mon père aille bien (et moi aussi, d’ailleurs, elle demandait des nouvelles sans venir m’embêter) alors qu’elle traversait un passage très difficile. J’ai tendance à penser qu’il est plus compliqué de perdre un fils qu’un parent. La nature des choses veut que le parent meurt en premier, même si l’heure de ma mère avait sonné bien prématurément, alors que perdre son enfant..? C’est pas censé se passer comme ça. Et je ne parle même pas de perdre un ami contre perdre un fils, il n’y a pas matière à débattre.

J’ignorais si venir vérifier que tout aille bien au domicile Denvers lui permettait de s’occuper l’esprit assez pour moins penser à Larry, ou si elle se sacrifiait, mais dans les deux cas j’étais vraiment reconnaissant. Et à présent que je m’étais repris? Je pouvais lui rendre service , de temps à autre, quand je n’étais pas à Poudlard avec mes cours.

En parlant de cours, de Poudlard, je boucle la boucle. Tout ça m’est revenu parce que j’ai mentionné les cours, mes progrès tout ça. Alors, certes, m’être amélioré est une évidence, et je pense que j’ai toujours été prêt à donner un coup de main quand je le peux… Mais je ne m’attendais pas du tout à ce que la semaine de la rentrée, un prof me demande de filer un coup de main à une jeune sorcière. J’ai naturellement accepté, c’est dans mes compétences. Ça m'a surpris, c'est tout.

L’élève?
Une Poufsouffle de 7e année ; Skye Blain.

Je ne la connais pas vraiment , à dire vrai. Certes, de mémoire il y a peut-être bien un visage qui m’apparaît lorsque j’entends le prénom mais j’admet ne jamais m’être intéressé à elle. Du coup, je ne sais pas grand chose de son caractère, de comment on va s’entendre, ni de son rapport aux cours. Je lui ai parlé une fois pour choisir l’heure et l’endroit. C’est tombé sur le parc, parce qu’elle semblait réticente à rester à la bibliothèque , déjà. Et puis, moi, ça ne me dérange pas, le parc. Tant qu’on est pas dérangés par d’autres personnes…  

J’espère que ça va bien se passer.  Ou du moins que ce sera supportable.  

Pour commencer, il se trouve que la jeune fille est en retard. J’essaie de ne pas déjà me décourager. Ce n'est pas mon genre de perdre patience, encore moins aussi rapidement. Et puis, peut-être a-t-elle quelque chose qui la retient? Aucune idée. Je verrais bien quand elle débarquera.

Je me pose sur un banc en attendant son arrivée, sortant mes affaires pour y jeter un coup d'œil et m’organiser un peu. Je suis donc un peu en plein dedans lorsqu’une petite tête blonde m'apparaît enfin.

«Saluuut pardon je suis en retard, c’est pas ma faute c’est parce que je regardais pas l’heure !»

Je dois admettre avoir un léger sursaut. J’ai à peine eu le temps de remarquer une présence que la miss s’exclame avec vivacité pour annoncer son arrivée. Enthousiasme? Juste surexcitée? Il me semble, à première impression, que Skye et moi ne sommes pas sur la même longueur d’onde. Sans surprise ; il m’avait paru la même chose quand on s’était mis d’accord pour l’endroit et l’heure du soutien.

Si tu ne regardais pas l’heure alors c’est de ta faute.

Je soupire doucement. Elle a l’air de croire à ce qu’elle raconte, en plus. Ca n’est pas à l’heure de hurler “Hey, c’est le moment d’y aller , là!”. Du moins pas si on ne prévoit pas une alarme ou quelque chose. En tout cas, ça me donne un joli aperçu de sa motivation et de son sens des priorités. Mais pourrais-je affirmer être surpris? Oh non, loin de là.

«J’espère que ça va quand même ?»

Un nouveau souffle et je me décale pour lui laisser de la place sur le banc, rangeant dans ma sacoche les bouquins dont je n’aurais pas de suite besoin. Je garde un peu des cours de botanique et de SACM sur mes genoux tout en répondant calmement.

Ca va. Toi, tu as l’air en forme.

Ca se voit que c’est plus une histoire de caractère que de journée particulièrement belle, dans son cas. Mais ça n’empêche qu’elle semble avoir la forme. Je ne suis pas sûr, vis-à-vis de ma personne, si c’est positif ou non.

«Moi j’ai pas trop envie de travailler.»

… Bon. Comme ça c’est clair.

Sauf qu’on est là pour ça, au cas où tu aurais oublié.

Je lui souligne, histoire qu’il soit clair que je ne suis pas venu jusque-là pour faire des bracelets de l’amitié. Loin d’être mon genre.

Je te laisse le choix pour la première matière que tu veux travailler.

Je redresse légèrement ma posture, essayant de garder l’air le plus neutre possible. Pas que ce soit vraiment compliqué, j’avoue. C’est un peu l’air que je garde tout le temps, alors…

Entre les deux cours que tu es censée travailler, j’entends. .

Manquerait plus qu’elle me demande quelque chose de totalement différent. Je vois ça venir de très loin, déjà. J’ai beaucoup de mal à me dire que cette demoiselle est mon aînée. J’imagine que le caractère ne veut rien dire mais…

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Dernière édition par Sal Denvers le Mer 24 Aoû - 0:39, édité 3 fois

Wooops, on dirait qu’il sursaute. Il était déjà concentré sur les devoirs ?? Alors que je suis même pas arrivée ? Et bah, ça va pas être rigolo. C’est un Serdaigle très sérieux ! Trop, peut-être ? Non, attendons avant de juger, ça ne fait commencer ! Même si en vrai, ce ne serait pas étonnant. S’il a accepté de m’aider à faire les devoirs, c’est qu’il est bon élève. Mais comment fait-il ? C’est tout un art auquel je n’ai pas accès. Ça m’embête pas, à moi. C’est les autres que ça embête…

Sa remarque me laisse un instant surprise, muette. Ma faute car je ne regarderais pas l’heure ? «Bah… Je… Mais…» Je m’attendais pas à ça. Je sens le bout de mes cheveux rougir un peu, contrariés d’être ainsi accusée, mais je finis par en rire : «Ouais en fait, t’as pas tort !» Après tout, l’horloge ne pouvait pas deviner qu’il aurait fallu que je me bouge avant dix heures. «Mais bon, j’étais concentrée sur autre chose tu vois ! Je peux pas tout faire…» Et ça, c’est sûr qu’il comprendra !

Soulagés, les cheveux reviennent tous au blond tandis que je pense à rester polie, même si je sais bien qu’on va devoir travailler. Sa réponse est bien courte, juste un ça va, mais je trouve que c’est assez suffisant. On n’est pas là pour parler de tout et rien, c’est bien vrai… Donc je ne peux pas insister. Je peux par contre hocher la tête, un grand sourire sur les lèvres, lorsqu’il dit que j’ai l’air en forme. C’est la vérité ! J’suis toujours en forme ! J’ai pu réfléchir un peu à la musique, alors c’était assez bien !

Mais je trouve quand même moyen de râler. Autant ne pas lui mentir et être de suite directe ! En forme ne veut pas dire ravie de devoir travailler. Sauf que lui a bien gardé en tête ce qu’on devait faire, et il n’a pas l’air de vouloir y déroger. Il insiste, et je soupire avant de grogner un «Oui je sais… J’avais oublié un peu, mais madame Chourave me l’a rappelé hier.» Franchement, tout le monde est contre moi depuis hier. C’est pas cool ! Mais bon, de toute façon, j’ai pas vraiment le choix.

Alors je m’assois à la place qu’il m’a faite, posant mon sac à terre pour m’installer confortablement, en tailleur comme on dit. Je bougerais d’ici dix minutes, c’est quasiment sûr, mais peu importe ! Je l’écoute, pour le moment attentive, annoncer que je peux choisir la matière à travailler. Oh ? Woaw ! Le regard pétillant, j’ai un sourire jusqu’aux oreilles devant l’idée qui germe. La musique, c’est une matière ! Sauf qu’il précise très, trop, rapidement. La matière parmi celle qu’on doit travailler. «Pfff…» Il est pas drôle lui non plus. En plus y a pas beaucoup de choix !

Bon d’accord, ça c’est ma faute. J’aurais eu plus de choix si j’avais eu de meilleures notes en cinquième année ! Mais j’avais pas envie de travailler. Et puis, moins on a de matière, plus on a de temps libre pour la musique ! En attendant, revenons-en à nos dragons. «Bon ben… Heeeuu… J’sais pas moi, j’aime aucune des deux.» Je chante dans ma tête le plouf plouf, pour finalement annoncer que ce sera «Soin aux Créatures Magiques !» Je soupire quand même un peu avant d’essayer de m’intéresser un minimum à la chose, «C’est quoi le programme de cette matière pour aujourd’hui ?»

Il doit bien y avoir un programme, ou des devoirs à faire. Qu’est-ce qu’on a comme devoirs en SACM ? Rédaction ? Recherches ? Leçon à apprendre ? Parfois y a des croquis, je me souviens de ça vite fait. Mais oui, j’ai oublié ce qu’on devait faire aujourd’hui, vous imaginiez le contraire ?

Travailler ? Ça veut dire quoi ?

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| Samedi 8 Septembre 2001 |

Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que de bosser avec Skye sera une épreuve, en soi. Sans être insupportable (pour l’instant), la jeune fille n’est pas du tout comme moi. Elle a l’air de réfléchir et d’agir à cent à l’heure, de passer d’un sujet à un autre sans trop de problème, de se perdre et de perdre son auditoire avec elle. Heureusement, j’ai assez la tête sur les épaules pour m’y retrouver. Elle ne m’aura pas à l’usure, pas si facilement. Je n’ai pas peur d’avoir à me retrousser un peu les manches. Au contraire, ça me donne un peu de challenge. Ça m'aide, moi-même, à m’améliorer. Ça me force à voir les choses d’un autre angle. Au final, je dois choisir un nouveau point d’attaque, et ça me va parfaitement. Je saurais m’y adapter.

«Bah… Je… Mais…»

Encore une fois, mon regard s’arrête sur elle alors que je la mets face aux faits. A savoir qu'elle est la seule fautive de son retard. Si quelqu’un l’avait retenue , ou quelque chose d’impératif , peut-être alors aurait-elle eu une justification. Mais quitte à être en retard, autant l’assumer.

J’espère honnêtement que Skye ne va pas me sortir une autre excuse ou quoi que ce soit, je n’aime pas beaucoup le manque de bonne foi. Quand on fait des erreurs et qu’on les assume, je sais pardonner. D’autant plus que je ne suis pas son parent à la jeune fille, je ne vais pas lui tirer les oreilles.

«Ouais en fait, t’as pas tort !»

J’ai cru déceler de la tension d’abord, mais voilà que la jeune fille rigole en affirmant que j’ai bel et bien raison. Du coup, moi-même je suis plus calme. Pas que j’étais stressé mais j’étais à l'affût de ce que son bégaiement pouvait bien annoncer. Apparemment , une meilleure réponse que la précédente. Comme j’ai dis; tant qu’elle assume, moi ça me va. Et puis , je préfère mille fois qu’elle soit de bonne humeur. Quitte à être dissipée et ne pas avoir envie de travailler les cours, autant qu’elle le soit mais avec le sourire.

« - Mais bon, j’étais concentrée sur autre chose tu vois ! Je peux pas tout faire…
- Certes. »

Je ne creuse pas plus loin et c’est bien parce qu’elle a fait preuve de bonne foi plus tôt. En l'occurrence je crois plutôt qu’elle essaie de se justifier pour s’en excuser. Je ne sais pas, je ne suis pas le plus doué quand il s’agit de comprendre pourquoi les autres font telles ou telles choses. Mais je décide de laisser passer ce coup-ci , surtout , aussi, parce que je n’ai pas envie de me prendre la tête une éternité. Elle était concentrée sur autre chose… Bon, soit.

Nous changeons ensuite de sujet alors qu’elle me demande si je vais bien. Je répond vite fait et note qu’elle m’a l’air en forme pour sa part, chose qui m’est apparue très rapidement. Encore une fois, ça me va tout à fait qu’elle soit en forme. Tant que ça veut pas dire qu’elle est particulièrement chiante. Je peux supporter une humeur rebondissante, dans une certaine mesure. Je reste un sorcier ce qu’il y a de plus commun, j’ai mes humeurs et mes capacités.

«Oui je sais… J’avais oublié un peu, mais madame Chourave me l’a rappelé hier.»

Tiens , ça ne m’étonne pas venant de la Miss tête-en-l’air qu’elle m’a l’air d’être. Je dois donc remercier madame Chourave pour la situation dans laquelle je me trouve, si je comprends bien?
Je plaisante, il y a bien pire.
Bien sûr que je suis capable de plaisanter, qu'est-ce que ça veut dire ça?

Skye s’installe à côté de moi sans que j’aie à l'y inviter à voix haute, ce qui me fait dire qu’elle fait tout de même un minimum attention à ce qui se passe autour d’elle, ou du moins de mon côté. Ce qui est essentiel comme elle est censée faire attention à ce que je fais surtout, pas au reste du parc. Ça m'arrangerait.

«Pfff…»

Encore une fois, voilà qu’elle râle à l’idée de s’y mettre. Pas comme si ça me surprenait, je ne m’attendais pas à la voir sauter de joie à l’idée de pouvoir choisir entre deux matières qu’elle ne semble pas maîtriser. Du moins, pas assez pour ne pas se retrouver coincée sur ce banc avec moi.

Je te conseille de choisir, tu n’y couperas pas.

J’ai conscience que ça doit être désagréable de se faire rappeler constamment qu’on va devoir s’y mettre quand on n’a vraiment pas envie. D’autant plus qu’elle a semblé un peu heureuse quand je lui ai dit qu’elle pouvait choisir la matière, ce qui me laisse penser qu’il y a au moins une autre matière qu’elle préfèrerait étudier que SACM ou Botanique. Mais bon, j’imagine que ces autres cours, elle n’a pas besoin d’assistance les concernant si elle apprécie. Je note tout de même ça dans un coin de ma tête, peut-être pourrais-je en faire quelque chose.

«Bon ben… Heeeuu… J’sais pas moi, j’aime aucune des deux.»

Je cligne des yeux en me redressant. J’ai du mal à me dire qu’on ne puisse trouver aucun amour pour ne serait-ce qu’une créature magique. Les plantes et les créatures ont tant de choses à nous apprendre… J’imagine qu’on n’y est pas tous sensibles, et j’imagine que je n’arriverai jamais vraiment à comprendre, alors je n’essaie pas. On n’a pas tous les mêmes passions, après tout.

«Soin aux Créatures Magiques !»

J’ai un léger rictus derrière ma prothèse, laquelle disparaît assez rapidement. Pas que Skye peut voir que je continue à sourire ou non, mais je ne souris jamais trop longtemps. C’est comme ça, c’est tout. Ça ne veut pas dire que j’en suis moins ravi d’entendre qu’elle choisit la matière que je préfère entre les deux.

Bonne idée.

J’affirme tranquillement en rangeant mes affaires de botanique pour me concentrer sur le SACM. Je commence à ouvrir mon bouquin pour voir par quoi je pourrais bien commencer lorsqu’elle me pose une question, pour une fois, dirigée vers le cours. Et donc, on avance sur la bonne voie!

«C’est quoi le programme de cette matière pour aujourd’hui ?»

Je lève la tête vers elle en réfléchissant.

En général je peux aider pour les devoirs. Tu as des devoirs dans cette matière?

Elle m’a l’air quand même un peu paumée. Ça ne m’étonnerait pas du tout qu’elle me sorte qu’elle ne sait plus ce qu’elle a comme devoirs, ou qu’elle a oublié ses livres pour les faires… Enfin, je ne peux pas non plus ramener ça à sa place. Je ne suis pas dans sa classe. Ce qui me fait dire qu’elle doit vraiment être bien perdue pour qu’on me demande mon aide …

Je ne connais pas vraiment ton programme tu sais, je ne suis pas de ton année.

Au cas où ça lui aurait échappé, tiens.

Pourquoi tu ne me montrerais pas dans ton bouquin , ce qui te pose le plus problème?

Je lui propose en redressant un peu mon dos. Chose que je dois me rappeler de faire de temps à autre, mon corps ayant tendance à prendre le coup de l'apesanteur et à se plier un peu comme n’importe quel ado de mon âge.

Avant de commencer, Skye, j'aimerais te proposer quelque chose. Si tu n’es pas du tout motivée, ni toi ni moi n’allons passer un bon moment alors voilà…

J'éclaircis ma gorge. Que diable m’apprêtais-je donc à proposer? Non, honnêtement, je ne suis même pas sûr que ce soit une bonne idée. Mais celle de devoir la secouer toutes les 5 minutes pour l’avoir avec moi est encore moins alléchante. Et puis, au fond, je suis conscient qu’elle fait des efforts. Elle aurait pu ne pas venir , elle n’était pas obligée de demander à quoi on s’attaquait plus tôt. Et puis, elle n'était pas obligée de choisir une matière. Elle aurait pu bouder. Et attendre que je me barre ou que je choisisse dans le cas où je serais vraiment très très patient.

T’as l’air d’essayer, et ça c’est cool. Alors , um… Y a bien une matière, quelque chose que tu aimes bien faire à Poudlard? Ou hors, je sais pas…?

Je ne suis pas doué pour ça.
Pas du tout.
Je me maudis intérieurement d’avoir pris ce chemin en jouant nerveusement avec mes doigts en attendant la réponse de Skye, espérant qu’elle ne me sorte pas quelque chose d’infaisable. Sinon , je suis bien dans la merde.

Finalement, il s’agit simplement… De la musique.

Tiens. C’est tout bête.

Moi aussi, j’aime bien la musique. J’écoute plus autant depuis mon accident, ça me fait vite mal à la tête. Mais j’aime quand même et surtout j’en jouais avec Larry. Il m’a appris à jouer de sa guitare électrique. D’ailleurs Lisa Johnson me l’a offerte durant cet été. J’ai pas encore eu la foi d’y retoucher depuis… Mais elle est bien dans un coin à pourrir dans ma chambre à la maison.  Alors peut-être, qui sait, à l’occasion…

Bref, ce n'est pas la question.

Déjà, je permet des pauses pendant nos révisions pour discuter un peu, que tu puisses souffler. Si tu en as envie.

Je précise la dernière partie parce qu’il ne manque plus qu’elle n’en aie pas envie et que j’ai l’air de la forcer. Même si ça m’étonnerait… Je ne la connais pas assez pour être sûr.

Mais, surtout, si tu as de bonnes notes aux matières qu’on travaille ensemble, je te ferais des cadeaux liés à la musique pour te féliciter. J’ai déjà quelques idées. Et tu as tes ASPIC cette année, non? Et bien si tu passes ceux-ci avec brio, on trouvera une façon digne de le célébrer, qui te fasse réellement plaisir. Tu veux bien passer cet accord avec moi?  

Je lui tends la main dans le but de “sceller le pacte” si elle le veut bien, en espérant qu’elle ne pense pas que je la prend pour une débile… Loin de moi cette envie ou cette intention. Skye a l’air au moins assez bienveillante pour ne pas me haïr même si elle comprend de travers.

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Dernière édition par Sal Denvers le Mer 24 Aoû - 0:34, édité 1 fois

Certes, c’est sa réponse. Je suis pas sûre de l’avoir convaincu, mais bon ! L’important, c’est qu’il ne se mette pas en colère. Et puis, je me suis excusée en arrivant ! Bah oui quand même, je suis une personne polie. Et un peu tête en l’air, c’est sûrement vrai. Sauf quand il s’agit d’un truc que j’aime ! Sauf que là, c’est pas le cas. Je suis même obligée de choisir entre les deux matières à travailler, sans avoir le droit d’en réclamer une autre. Sal insiste bien, pas besoin d’être très intelligent pour comprendre que je n’ai pas d’autres options.

Alors je choisis. Et il approuve ma décision ! Est-ce qu’il préfère les créatures aux plantes ? Ce n’est pas impossible. Moi, je préfère la musique à tout ça. Je le regarde ranger des affaires pour mieux ouvrir un manuel, tout de même un peu curieuse. Quitte à devoir travailler, autant essayer d’y mettre un peu du mien, non ? C’est pas facile. Mais j’y arriverais un petit peu… J’en suis capable, de temps en temps. Sauf qu’il me parle des devoirs et me demande si j’en ai à faire, et là je me retrouve un peu bête à hasarder un «Je sais pas trop…» quelque peu embêté.

Je suis partie si vite pour être le moins en retard possible que je n’ai pas pris le cahier où je note mes devoirs. Il ne les a pas noté, lui ? Ah ! Mince ! Le voilà qui dit qu’il n’est pas de mon année. Ah bah. Ouais, maintenant que j’y pense, je ne l’ai jamais vu dans mes cours. Je ris un peu, «Oups non, j’avais pas fait attention !» C’est qu’il y a beaucoup d’élèves dans Poudlard, et ça fait une semaine seulement que je suis là… Forcément, je ne me suis pas encore très bien repérée dans tout ça. Mais c’est bon à savoir !

Heureusement, j’ai quand même des cours et des manuels ! On va sûrement pouvoir faire un truc avec ça ! Il a lui-même une idée, proposant d’utiliser mon livre pour voir ce qui m’embête. «Oh, oui, je suppose qu’on peut faire ça !» Et voilà que je viens fouiller dans mon sac pour en sortir ce fameux manuel de Soin aux Créatures Magiques. Qu’est-ce qui me pose problème dans cette matière ? Mmmh… Il me faut un instant de réflexion tandis que j’agite le livre entre mes deux mains. Tout serait exagéré. Au fond, j’aime bien les créatures. Les regarder, c’est cool. Mais tout connaître d’eux ? Ça l’est moins.

Mais avant de pouvoir dire quoi que ce soit, Sal semble penser à quelque chose. Je lève les yeux de mon manuel pour regarder le Serdaigle avec curiosité. Il a bien vu que je n’étais pas motivée, c’est peut-être pas une bonne chose, ni pour lui ni pour moi, mais j’y peux rien moi ! Forcément que ce ne sera pas un bon moment, qui peut aimer faire des devoirs ? Je me demande bien où il veut en venir. Me demander de faire des efforts ? Ça ne servirait à rien, puis j’en fais déjà au final ! Ne le voit-il pas ? Je crois que si, puisqu’il dit que j’essaie. Ah ça, oui ! C’est ça où mes parents font en sorte de me reprendre mon violon…

Et pas question que ça arrive. Plutôt mourir ! Sauf que ça, Sal ne le sait pas. Il a l’air tout de même curieux de savoir ce que je préférerais faire à la place de ces deux matières obligées. Oh ? Woaw ! Il me demande vraiment ? Alors je peux vraiment lui répondre ? Être sincère ? On dirait bien qu’il attend une réponse ! Un sourire jusqu’aux oreilles, je m’enthousiasme rapidement, «La musique ! Si je pouvais, au lieu d’être là, je ferais de la musique !» Pour sûr. Violon ou piano, même chanter j’aime bien, écrire de nouvelles chansons, ou du moins une ébauche. C’est ça que j’aime faire, moi ! Ce sera ma vie, plus tard, après Poudlard !

Alors, et maintenant ? On fait quoi avec ça ? Il ne va pas abandonner l’idée de me faire faire mes devoirs pour me laisser jouer de la musique… Ou alors il change vite d’avis. Oh non, me dîtes pas que je l’ai déjà exaspéré ? J’espère pas, j’en serais bien embêtée. Mais en fait non, on dirait qu’il a demandé ça pour réfléchir, et rendre les devoirs moins… Tortionnaires, oui, c’est le mot parfait. J’entends parler de pauses pour discuter et souffler, et ça, ça me plaît ! J’approuve avec un sourire, «Oui d’accord, c’est une bonne idée !» Travailler, puis discuter, puis re-travailler. C’est un bon compris je trouve… Même s’il faudra quand même faire des devoirs, être sérieuse, enfin, essayer.

Mais il y a autre chose. Sal semble avoir plein d’idées ! Alors je l’écoute attentivement, non sans curiosité je l’avoue, pour voir ce qu’il a à dire. Il parle de bonnes notes, de cadeaux, de réussir les ASPICs. J’arrondis les yeux, impressionnée, même si un peu hésitante. C’est tentant. C’est un peu ce qu’on pourrait proposer à un enfant pour le motiver, mais c’est tentant quand même. Qui n’aime pas les cadeaux ? Surtout quand c’est sur la musique ? N’empêche, «Tu veux dire quoi par… Bonnes notes ?» Je suppose qu’Acceptable ne sera pas suffisant. Je fais la moue, pas trop sûre, mais finalement : «J’essaierais, oui. Mais bon, je peux rien promettre…»

Promettre d’essayer, c’est déjà pas mal. Alors pour conclure ça, je lui serre la main avec un sourire. «Je ferais plus que mon mieux !» Je ne sais pas trop si ça se dit, mais je le dis. Et pour le prouver, je me penche un peu par-dessus mon livre, la première page tournée de manière à étudier le sommaire. Je ne me souviens peut-être pas des devoirs donnés, mais je me souviens un peu de ce qu’on a vu cette semaine en deux heures. Et satisfaite, je pointe du doigt le chapitre Dragon, «On a commencé par ceux-là !» En soi, j’aime bien les Dragons. Ils sont beaux ! Et ça doit être génial de pouvoir voler ! Même s’ils font un peu peur aussi.

Sauf que voilà, ils sont difficiles à étudier les Dragons. «Mais tu vois, c’est super compliqué car il y a plein d’espèces différentes… Et chaque espèce est différente, ils ont toutes leurs caractéristiques, et on est censé toutes les connaître ! Sauf qu’il y en a beaucoup… Comment on est censé faire pour tout retenir d’ailleurs ? Si y avait une formule magique pour tout faire rentrer d’un coup de baguette magique dans la tête, je serais pas contre !» Je me tais trois secondes, le temps de me souvenir d’autre chose, «Sauf que je suis pas forte en magie…» Je ris, mais reprends mon sérieux très vite. On est là pour travailler, Skye !

D’après Sal, ce n’est pas important. Que j’ai oublié en quelle année il est, ou qu’il soit dans une autre année ? Je sais pas trop. Mais ce qui est à retenir, c’est qu’il n’est pas en colère ! Et que, surtout, je n’oublierais plus. Enfin, je crois ? Je vais essayer de m’en souvenir ! Ça veut dire qu’il aura toujours besoin de mes manuels car il n’apprend pas les mêmes trucs que moi. Oh là ! Ça fait beaucoup tout d’un coup ! Bon, chaque chose en son temps.

Pour aujourd’hui, j’ai mes manuels. Nous allons pouvoir travailler les leçons, à mon plus grand désespoir. Pourtant, on ne commence pas tout de suite. Mon bourreau/professeur est malgré tout curieux, désireux de savoir ce que j’aurais préféré faire, pour ensuite me proposer une espèce de marché. Un peu comme un accord, dont une des règles me dérange un peu. Des bonnes notes, pourquoi est-ce que c’est toujours ce qui importe aux gens ?

En vérité, c’est assez logique. Le soucis c’est qu’à mes yeux, quand j’arrive à avoir un Acceptable, j’en suis ravie ! Pour Sal, il semblerait que ça dépende des devoirs, selon la difficulté et la quantité de travail que je donnerais. Donc si je suis très sérieuse dans mon devoir mais que je n’y gagne qu’un Acceptable, ce sera une bonne note pour lui ? «Mmmmh…» Pfiou ça va pas être facile ! J’accepte quand même, assurant d’essayer sans pour autant ne rien promettre.

Je le lui dis clairement d’ailleurs, pour qu’il soit bien au courant ! Je veux bien lui serrer la main pour conclure une espèce de pacte, mais il faut qu’il comprenne tout. Sauf qu’il me dit ne pas avoir besoin de promesses, et ça me laisse un instant surprise. J’ai dû promettre à Papa et Maman de travailler pour emmener mon violon avec moi… Et lui, mon professeur des devoirs, n’en veut pas ? «Pour… Pour moi ?» Comment ça, travailler pour moi ? À quoi bon ? J’en ai clairement pas besoin, de ces matières !

Certaines mèches se sont un peu bleuies devant la réflexion rapide. C’est pas malin, il m’a tout embrouillée l’autre. «Tu sais moi, je veux juste faire de la musique plus tard, c’est la seule chose que je sache faire. Faire mes devoirs… C’est… Pour mes parents.» Oui voilà, au pire, si je ne fais pas mes devoirs pour lui, je les ferais pour eux. En vrai, ce sont eux qui décident donc c’est logique ! Rassurée, je reprends sans le vouloir mon blond naturel pour assurer que je ferais du plus que mon mieux.

Qu’est-ce que j’aime cette phrase ! Elle est prometteuse, n’est-ce pas ? Je sais pas trop ce qu’en pense Sal avec son C’est l’esprit, mais j’en suis malgré tout satisfaite. Alors je lui souris, et puis : c’est partit ! On va faire les devoirs. Et les devoirs commencent par retrouver ce qu’on a travaillé ces deux premières heures de l’année scolaire. L’avantage d’avoir peu de cours, c’est que mes souvenirs de ce que j’ai étudié sont moins mélangés qu’ils ne l’étaient avant ! Je n’ai donc pas trop de mal à retrouver le sujet d’étude.

Apparemment ça lui plaît, à Sal. En tout cas je crois que c’est ce que signifie quand quelqu’un qualifie un sujet de vaste et intéressant. Faut dire qu’il est pas très souriant ni enjoué, Sal. Mais il n’est pas méchant non plus ! «Ouais, un sujet vaste, c’est le cas de le dire !» Et je m’agite un peu beaucoup pour lui expliquer ce qui ne va pas. Je dérive sûrement un peu, en riant à la fin, mais ça m’embête pas : j’y suis habituée ! J’espère juste que Sal aura su suivre.

Ah ça oui, il a l’air d’avoir tout suivi. Et sa conclusion, c’est qu’avec une formule magique pour mettre nos cours très vite dans la tête, l’école n’aurait jamais eu besoin d’exister. «Oh.» J’y avais pas pensé à ça !! «Peut-être qu’elle existe cette formule en vrai, mais qu’elle a été cachée ! Parce que justement, elle rendait l’école inutile…» Wouaw je tiens une grande idée ! Pourquoi personne n’y a pensé avant ? Je crois que finalement, j’irais un jour dans la bibliothèque. Quand on vise un truc précis c’est rapide à trouver, n’est-ce pas ?

Bon, on verra plus tard. C’est clairement pas le moment ! Je me concentre donc un peu plus, car Sal est bien resté concentré et me parle déjà d’une formule pour m’aider. Avec ou sans magie. Hein ? Comment ça ? «… Une formule ?» Est-ce qu’il veut dire par là qu’on doit trouver une méthode ? Comme ce qu’on nous a appris en classe pour rédiger des argumentations ? Oh non j’aime pas ça… Berk ! Je fais la grimace, mais l’écoute quand même proposer l’idée qui semble venir de trouver.

Et quelle idée ! En fait, c’est pas si berk que ça. Je le regarde avec autant de sérieux que je peux, la curiosité attisée, «Tu veux dire, écrire une chanson avec un cours ? Comme une vraie chanson ?» Les yeux ronds, je réfléchis un petit moment. «Mais pour écrire une chanson, faut connaître un peu le sujet…» Bah oui, si je veux chanter pour parler de ton endroit préféré, il faut que je connaisse le-dit endroit, vous me l’accorderez. Ça vaut pour tous les autres sujet d’une chanson, évidemment !

Alors je baisse la tête vers le livre agité que je pose sur mes genoux pour en chercher les pages concernées. «Sinon, je peux écrire une chanson avec le manuel et les infos qu’il contient ? Et ensuite… Apprendre la chanson ?» Car qui dit apprendre la chanson dit apprendre le contenu de la chanson, donc le cours ? Je sais pas, je suis pas sûre d’avoir compris ce que voulait dire Sal en fait…

C’est bizarre comme idée, de travailler pour moi. Je vois pas quoi en faire, de ces devoirs ! Connaître les plantes et leurs propriétés, les créatures et leurs caractéristiques, j’en ferais pas grand-chose. Même connaître le monde moldu au final, ça me sert à rien ! Je peux pas y aller à cause de mes cheveux. Bon ok, c’est pas entièrement leur faute : d’après Mamy, si je m’entraîne je saurais mieux les contrôler. Sauf que je préfère utiliser mon temps libre à faire de la musique ! Alors tant pis pour le monde sans magie.

En attendant, il faut bien que je travaille pour quelqu’un. Pour faire plaisir à ma famille, entre autres. Sal, lui, dit que mon travail ne va rien lui apporter. Ah ? Ben faut dire qu’à bien y penser, «C’est pas faux !» La remarque me ferait presque rire, si je n’étais pas occupée à réfléchir. Le soucis, c’est que je ne trouve vraiment pas ce que pourraient m’apporter les cours ! Car je le lui explique, la musique c’est ce qui m’intéresse. Plus qu’un passe-temps : une passion, quelque chose que j’adore ! Et que je sais faire.

Il le relève d’ailleurs, on dirait une question. Est-il étonné de m’entendre dire que c’est tout ce que je sais faire ? Je hausse les épaules avec un petit sourire, «Globalement oui !» Mais en fait, c’est pas totalement vrai si on y pense pour de vrai. Après tout, je sais faire sourire les gens. Bavarder ! Écouter un peu, aussi. Mais pas de quoi en faire un travail, vous voyez ? Alors que le but de l’école c’est ça, c’est de nous apprendre plein de trucs pour avoir un travail ensuite. Enfin, des études d’abord. Des études plus spéciales que tous ces cours !

Sauf qu’en cours, y a absolument rien en lien avec la musique. Ce qui, entre nous, est totalement aberrant ! Mais revenons-en aux faits. Sal conclue que je peux travailler pour mes parents, mais qu’à lui ça n’apportera définitivement rien. J’en suis soulagée ! Alors je lui souris, «D’accord !» C’est déjà bien, travailler pour mes parents. Ils sont pas supers exigeants en vrai, sinon c’est sûr qu’ils m’auraient envoyé ici bien avant. Enfin, je suppose ? C’est juste que l’année dernière, c’était les mauvaises notes de trop. Je crois qu’ils sont vraiment très patients, mes parents… Un peu trop optimiste aussi peut-être, en vrai.

Quoi qu’il en soit, ce soucis est donc réglé ! C’était pas vraiment un soucis, mais ça m’embêtait de devoir travailler pour moi. Parce que ça, je l’aurais pas fait. Heureusement, c’est plus le cas ! On en revient donc un peu plus à la raison de notre présence ici, sur ce banc, dans le parc. Puis on dérive de nouveau. Oups ? Moi ça me plaît bien, surtout que cette idée de formule cachée pour apprendre tout très vite me paraît très attrayante ! Et ce serait tellement pratique ! Mais Sal n’a pas l’air emballé par l’idée, il trouve vite quelque chose à y redire…

Mais hé ! Je suis pas Skye pour rien ! «Bien sûr voyons ! Chacun ses priorités ! Ils se sont concentrés sur la manière de rendre l’école utile, et en ont oublié ces affreuses formules qui torturent et assassinent ! Moi j’aurais fait l’inverse à leur place, c’est quand même plus horrible de pouvoir torturer en un coup de baguette… C’était sûrement des professeurs qui s’en sont occupés ! Sinon ils auraient perdus leur travail, avec une formule qui apprend vite.» Ceci dit. J’ai une autre hypothèse, là maintenant tout de suite. Mais est-ce vraiment le moment ?

Toutes mes excuses pour les devoirs, mais comme je l’ai dit : chacun ses priorités ! «OU ALORS ! La formule qui permet d’apprendre vite a été cachée en même temps que les horribles formules magiques. Mais pas au même endroit, vu qu’elles ne font pas la même chose. Sauf que des méchants ont cherché les formules qui torturent… Et les ont trouvé. Alors que celle qui permet d’apprendre vite n’a pas encore été découverte ! Faut croire que les enfants qui aiment apprendre sont nombreux. Ou pas assez grands pour chercher une telle formule ! Et lorsqu’ils deviennent assez grands, ils n’en n’ont plus besoin alors ils abandonnent.»

Hey attendez ! J’ai une autre idée ! «Ou peut-être que la formule qui apprend vite a été créée avant celle qui torture. Donc ils ont pensé à la cacher. Ou inversement d’ailleurs ! D’abord celle qui torture, puis celle qui apprend. Ce serait plus logique d’ailleurs, quand ils ont vu les dégâts des vilaines formules, ils ont imaginé l’école disparaître à cause de la nouvelle formule… Donc pouf ! Ils l’ont cachée !» Et si… Non. Enfin si, j’ai l’idée. Mais il faut s’arrêter là. Travailler. À mon plus grand désespoir, il le faut.

Un désespoir qui laisse rapidement place à la curiosité devant ce que semble proposer Sal. Une formule pour m’aider à apprendre. Une chanson ? Une mélodie ? Sur… Les dragons ? Je ne suis pas certaine d’avoir compris, pourtant mon professeur du jour approuve. C’est ce qu’il a voulu dire ! Mais comment faire ? J’écris sur ce que je connais. Alors je réfléchis, là je suis vraiment sérieuse ! Normal, on parle quand même musique. Sur un sujet que je n’ai par contre jamais approché. Sacré défi ! Heureusement, je trouve une solution. Sauf que je suis pas sûre que Sal approuve…

Et pourtant si ! Il dit même que c’est ce qu’il imaginait. «Woaw !» Et il s’excuse, alors je secoue la tête, «Oh non non, c’est rien ! J’ai compris toute seule !» J’en suis pas peu fière d’ailleurs ! Ça veut dire que j’ai réfléchis, vous voyez. En même temps, il parlait un peu musique… C’est mon langage ! «C’est une trop bonne idée ! Ça va prendre un looonng moment, mais en fait ça peut être super intéressant !» Oui, je suis vraiment très enthousiaste ! J’ai les bras qui s’agitent, une partie des cheveux qui vire au rose, ravis eux aussi.

Travailler, c’est bof. Faire de la musique, c’est génial ! Et la musique rend tout mieux. Alors travailler en faisant de la musique, ça doit être faisable. En plus, Sal propose même de m’aider à faire les paroles ! «Oui, avec plaisir ! J’ai jamais écrit de chanson avec quelqu’un, ça doit être cool comme travail d’équipe ! Tu as déjà écrit des chansons ? Faut trouver les pages sur les dragons d’abord !» J’enchaîne, puis je me penche de nouveau sur mon manuel pour en tourner les pages. Les dragons, les dragons, les dragons…

Tiens, ça me fait penser à un truc soudainement. Je relève la tête, curieuse, «C’est pas à ton programme du coup ?» Est-ce que ça voudrait dire… Qu’on serait du même niveau là-dessus ? «Mais ça va pas te mettre en retard sur tes devoirs de m’aider à faire une chanson sur les dragons, hein ?» Faudrait pas qu’après on m’accuse de faire baisser les notes de quelqu’un ! Ceci dit ce serait pas totalement ma faute, c’est une prof qui lui a demandé de m’aider… Alors au pire, ce sera sa faute à elle !