Il avait tout pour être prince. Sa prestance, son joli visage, ses manières … même son rire sonnait royal ! Et il riait de moi. J’aurai presque pu avoir le rouge aux joues si je ne m’étais pas précipitée vers lui pour lui demander un rappel du sortilège du Bouclier.
« Bien sûr, je pense que vous êtes prêtes. Et en vous entrainant à ce sortilège, vous pourrez continuer à pratiquer le sortilège de Désarmement. » Je souris, toute excitée, en jetant un œil à Naomie.
« Avant que je vous montre, pourriez-vous me donner vos prénoms ? Je vais essayer de retenir les noms des étudiants qui viennent ici. » Naomie me lança un clin d’œil avant de répondre.
« Mon nom est Naomie. » « Et je m’appelle Victoria, mais tout le monde m’appelle Vicky ! » chantonnais-je, les mains derrière le dos, en me dandinant.
Le prince hocha la tête puis se dirigea vers moi pour se poster à mes côtés. Je m’efforçais à ne pas rougir ni à sourire bêtement. Mais c’était plus fort que moi ! De son côté, Naomie écoutait avec attention notre intervenant.
« Je vais vous montrer le sortilège. Naomie, je vous en prie, vous allez essayer de me désarmer. » La jeune femme, très sérieuse, se plaça face au prince, se racla la gorge puis lança :
« Expelliarmus ! » Mais alors que le sort fusait en direction du prince, celui-ci le stoppa avec son
« Protego ».
« Ouaaaah ! » soufflais-je alors qu’il allait rendre à Naomie sa baguette en expliquant le geste qu’il avait effectué. Il avait l’art d’enseigner et il ne me semblait pas avoir écouté un professeur avec autant d’attention avant ce jour-ci.
« Montrez-moi comment vous le faites, Victoria. Juste le geste. » Je relevais les yeux vers lui avant de me saisir de ma baguette. Je commençais à tourner le poignet d’un geste assez doux, précautionneux pour montrer que je m’appliquais. Mais cela ne parut pas lui plaire puisqu’il s’approcha de moi.
« Non, non, pas comme ça. Puis-je ? » Je hochais la tête avant qu’il ne pose une main sur mon avant-bras, l’autre sur la poignée. Encore une fois, je m’efforçais de ne pas sourire bêtement et surtout d’écouter ce qu’il me disait. Pourtant, je ne pus m’empêcher de penser qu’il sentait bon l’eau de Cologne.
Lorsqu’il se retira, c’était comme si un grand froid s’était glissé entre lui et moi. Mince, je devais arrêter de tomber amoureuse du premier venu ! Car il était évidemment clair que j’étais déjà en train de me faire des films à son propos.
« Je vous laisse vous entraîner, et surtout, n'hésitez pas si vous avez besoin d'aide. » Je le regardais s’éloigner alors qu’il allait aider le groupe de Magnus.
« Aloooors … quel effet ça fait d’avoir été touchée par le prince ? » Je tournais la tête vers Naomie qui s’était subtilement rapprochée de moi, une lueur taquine dans le regard. Je pouffais de rire avant de soupirer. C’était sans doute la meilleure séance que j’avais faite jusqu’ici !
Samedi 6 octobre 2001Je sautillais gaiement dans les couloirs de Poudlard. Il n’était pas encore 9h et peu d’élèves étaient déjà levés à cette heure-ci. Certains en profitaient pour faire la grasse matinée tandis que d’autres, après avoir profité du petit-déjeuner, s’étaient réfugiés dans leur salle commune en attendant l’ouverture du club de Duel. Pour ma part, j’avais décidé d’adopter un stratagème pour pouvoir discuter avec le prince. Il était si beau, si intelligent ! Chaque semaine, je languissais d’être à la prochaine séance pour pouvoir le revoir. Les garçons de mon âge ne m’intéressaient plus. Je ne pensais qu’au prince Iceni. Bleddyn, c’était son prénom. Est-ce que j’aurai un jour le droit de l’appeler ainsi ? Madame Iceni. Ca sonnait bien, non ? Pas autant que princesse Iceni !
« Victoria ? » Je me stoppais dans le couloir en reconnaissant la voix familière de mon père. Je tournais la tête en arrière alors qu’il arrivait vers moi, sa longue cape verte flottant derrière lui. Mais il n’était pas seul. Le professeur Chastang l’accompagnait. Je souris, m’efforçant de ne pas laisser paraître mon impatience.
« Ca va papa ? » chantonnais-je en l’embrassant sur la joue.
« Où vas-tu à cette heure-ci ? » Je haussais les épaules en regardant le professeur Chastang.
« Au club de Duels. Mr. Iceni doit avoir besoin d’aide pour installer la salle. » « Bleddyn a en effet voulu se charger de la salle seul. » dit le professeur en prenant la main de mon père. Les mains derrière le dos, je me dandinais sur place, m’efforçant de ne pas tiquer sur ce geste intime. C’était encore bizarre de les voir ensemble tous les deux. J’aimais toujours autant mon père, attendez ! Mais n’empêche que le voir sortir avec un homme, et en plus avec l’un de mes professeurs …
Louis Prewett & Ethan Chastang
« Tu viens manger avec nous demain ? » demanda mon père, soucieux.
« Bien sûr ! Cyriann sera là ? » Le professeur Chastang hocha la tête. Cyriann et moi ne parlions pas beaucoup. Il ne se laissait pas vraiment approcher et je pensais que la situation devait aussi le déranger. Mais à deux, on pourrait au moins se serrer les coudes !
« Billy t’a dit s’il venait ? » Je croisais le regard de mon père. Sa mâchoire était crispée et je vis le professeur Chastang donner une pression dans sa main, comme un geste de soutien.
« Il ne m’a rien dit. » répondis-je, gênée. Billy n’acceptait toujours pas la situation avec notre père et, quand il était en cours avec lui, ça faisait pas mal d’étincelles. Je savais que papa était prêt à lui pardonner sans hésitation son excès de colère, mais Billy était une tête de mule à ce sujet et refusait de lui parler.
« Il faut que j’y aille … » commençais-je à dire en reculant. Mon père hocha la tête.
« Le devoir m’appelle ! » expliquais-je d’un ton très sérieux alors que le professeur Chastang me souriait, levant presque les yeux au ciel. Aussi, sans hésiter plus longtemps, je fis demi-tour et accélérais le pas dans les escaliers jusqu’à atteindre la Grande Salle. Cependant, je n’étais pas la seule à avoir eu la même idée. Un petit groupe de filles gloussait devant les portes de la Grande Salle, penchant de temps à autre la tête à l’intérieur.
« Qu’est-ce que … » « Victoria Prewett ! » chantonna Alice, une fille de Serpentard. Je croisais les bras devant moi, dans une position de défense.
« Tu n’es quand même pas venue tenter ta chance ? » Alice donna un coup de coude à la Serdaigle à côté d’elle qui gloussa.
« Le prince n’a certainement pas envie d’un boudin comme toi, alors … laisse plutôt faire celles qui ont vraiment une chance. Tu comprends ? » Je détestais Alice. Elle était la pire des vipères au château et ne ratait jamais une occasion de me rabaisser.
« Oh, qu’est-ce que tu as ? Juste ici ? » lança-t-elle, consternée.
« Ah, excuse-moi, c’est que ton nez a vraiment des proportions énormes par rapport à ton visage ! » Cette fois-ci, tout le petit groupe de filles s’esclaffa et je portais machinalement la main à mon nez.
Alice Parkinson
Maman m’avait toujours dit d’un ton affectueux que j’avais un nez un peu pâteux. Je me souvenais de mes tantes qui m’embrassaient toujours sur le nez et puis des remarques des filles en disant que mon nez était difforme. J’en aurais presque fait un complexe et je crois qu’inconsciemment, j’en faisais un. Mais je ne voulais pas faire ce plaisir à Alice.
« En attendant, moi, je ne suis pas une lâche comme toi. Je fonce ! » Je relevais le menton et entrais dans la Grande Salle. Le groupe de filles se mit alors dans l’embrasure mais n’avança pas plus pour me regarder. La Grande Salle était encore encombrée des tables du petit-déjeuner que le prince Iceni faisait léviter sur les côtés. Une jeune fille aux longs cheveux roux discutait à côté de lui. Quand soudain, tous deux se stoppèrent en me voyant avancer.
« Bonjour Mr Iceni ! » dis-je d’une petite voix intimidée.
« … Victoria, c'est ça ? » Je hochais vivement la tête. J’ignorais pourquoi il s’entêtait à m’appeler Victoria alors que je lui avais dit plusieurs fois que je préférais Vicky. Tous mes professeurs avaient adopté ce surnom. Sauf lui.
« Entrez, je vous en prie, je suis juste arrivé un peu plus tôt pour tout installer. Le professeur Chastang ne va pas tarder à arriver. Je vous présente ma petite sœur, Accalia. » Je tournais la tête vers la jeune fille.
« Enchantée. » Je lui adressais un sourire timide. Je ne lui avais encore jamais parlé même si je l’avais remarqué. Elle portait le même nom que Bleddyn alors !
Accalia Iceni
« Est-ce que … je peux vous aider ? » demandais-je en sortant ma baguette pour faire reculer des bancs.
« Mobilisedet ! » Le banc se leva faiblement et manqua de tomber plusieurs fois. Mais je parvins à le ramener contre le mur.
« Mr. Iceni, est-ce qu’on va étudier aujourd’hui quelque chose d’intéressant ? » Je devins rouge en prenant conscience de mes paroles.
« Non, mince, ce n’est pas ce que je voulais dire … Je … enfin … c’est que j’ai tellement hâte d’apprendre à me battre contre de vrais méchants ! » Je lui offris un grand sourire mais, déconcentrée, le banc que je faisais léviter retomba lourdement sur le sol. Par Merlin, c’était une vraie calamité …
Je jetais un coup d’œil vers Alice qui chuchotait quelque chose à l’oreille de la Serdaigle et je serrai les poings. Je fis alors un pas vers Mr. Iceni.
« Je suis désolée, j’aimerais tellement être plus … mieux. Vous voyez ? » Je lâchais un rire avant de faire un nouveau pas vers lui.
« C’est que … en faites, je n’ose pas vous demander. Est-ce qu’il serait possible que vous me donniez des cours privés ? » Je commençais à battre des cils. Cette technique marchait à chaque fois auprès des autres garçons !
« J’apprends vite mais j’aurai besoin d’une personne pour m’aider à me concentrer. Une personne sérieuse, mature, forte … une personne comme vous. » Je lui offris un grand sourire, ayant conscience que j’étais près de lui. Il ne s’était pas dérobé alors ça ne devait surement pas lui déranger une telle proximité. C’était forcément un signe !
« Victoria Prewett ! » Je sursautais et me retournais. La voix du professeur Chastang était assez sévère et je m’éloignais aussitôt du prince.
« Professeur ? » Je lui offris un sourire innocent.
« J’ai cru entendre que tu avais besoin de cours particuliers, c’est ça ? » J’ouvris la bouche pour répondre, hésitante.
« Je … » Non mais de quoi se mêlait-il celui-là ?
« Je suis tout disposé à t’en donner. Je pense que Mr. Iceni a un emploi du temps assez chargé pour malheureusement s’acquitter de cette tâche ? » Le professeur de Défense contre les Forces du Mal leva la tête vers Bleddyn, comme s’il attendait sa confirmation. Je tournais moi aussi les yeux vers lui, presque implorante.