Etudiants clandestins

Le pire, c’était qu’elle n’était même pas impressionnée une seule seconde ! Parfois, il se disait qu’il ferait mieux de laisser son côté loup s’exprimer plus souvent, au moins ça aurait le mérite d’éloigner un maximum les autres personnes autour de lui. May avait juste l’air de se moquer totalement de l’endroit où elle se trouvait et surtout à côté de qui elle se trouvait. Tout ce qui lui vint à l’esprit fut : « Il y en a un qui a l’air d’avoir bien révisé. » Ce fut à son tour de hausser un sourcil interrogateur. « Pas besoin de réviser. C’est une Potion qu’on a dû étudier au moins trois fois à Poudlard, alors si t’as écouté un minimum, c’est quelque chose que Slughorn n’a pas arrêté de rabâcher. » Sirius leva les yeux au ciel. Il entendait encore le professeur narrer combien il était important de bien cisailler les herbes mélangées pour obtenir les spirales caractéristiques de la vapeur. Les élèves autour de Sirius écoutant tellement peu, il comprenait parfois que les professeurs pètent un câble à l’idée de répéter dix fois les mêmes choses.

« Me dis pas… que le cours t’intéresse réellement ?! » Sirius tourna les yeux vers May, l’air le plus sérieux du monde. « Tu crois que je suis là pour quoi d’autre ?! » demanda-t-il, intrigué. « Je pensais que tu étais là juste pour faire comme moi ! » s’exclama-t-elle. Sirius fronça les sourcils. « Parce que tu fais quoi toi, au juste ? » « C’est un pari pour savoir combien de temps je tiens dans le cours avant d’être virée. Tout ça parce que j’ai eu Troll à mes BUSES… »

« HEIN ? » s’écria-t-il, s’attirant le regard de deux étudiantes devant lui qui se retournèrent avant de reprendre leur contemplation du professeur Collins. « Ton but est de te faire virer ? » Par Salazar Serpentard ! Comment avait-il fait pour se retrouver à côté de la pire calamité de l’UMS ?! Sirius continua de bougonner à voix basse et essaya de se décaler un peu sur son banc pour s’éloigner de la jeune femme, comme si, soudain, elle portait malheur. « Ne me parle plus, ok ? » souffla-t-il. « Moi, je tiens à rester dans ce cours et … » « Mr. Green ? Est-ce que vous aviez l’intention de nous expliquer ce que contenait une potion de Felix Felicis ou bien vous souhaitez vraiment continuer à bavarder avec votre camarade ? »

Sirius déglutit difficilement, tournant le regard vers le professeur Collins qui était finalement monté à la hauteur de Sirius et de May. Bon, il allait peut-être remarquer qu’elle dessinait en cours non ? Peut-être qu’il verrait qu’il était innocent et qu’il s’était malencontreusement retrouvé à côté de celle qui ne fallait pas ? « Je vous prie de me pardonner, professeur. Je … J’essayais seulement de m’éloigner de … » Il jeta un coup d’œil à May. Enfin, il voyait bien qu’elle dessinait dans son cours, non ?! Il allait surement rétablir la justice et virer May comme elle le prévoyait de toute manière.

« Vous deux. » déclara le professeur. « Prenez vos affaires et dehors. » Le ton n’était ni en colère ni joyeux. Juste un ton neutre qui signifiait que le professeur ne voulait pas s’embarrasser de deux élèves qui ne suivaient pas son cours et qui, en plus de ça, dérangeaient son explication. « Mais … professeur … » balbutia Sirius. Quelle honte pour lui ! Être viré d’un cours. Un cours de Potion en plus ! « Mr. Green, vous n’avez rien à faire ici. Ce n’est pas votre cursus et j’ai accepté bien gentiment de vous laisser vous installer ici mais considérez que vous avez gâché votre chance. Maintenant, sortez. » Sirius, le visage cramoisi, attrapa ses affaires, les jeta pêle-mêle dans son sac, avant de se lever de son banc. Il passa devant le professeur, le regard bas, honteux, avant de remonter les escaliers qui menaient à la sortie.

Lorsque la porte se referma, le jeune homme ferma les yeux et s’appuya contre le mur à côté. Bordel, cette année scolaire commençait vraiment mal pour lui. Il s’était déjà fait remarquer avec le professeur de pratique vocale en refusant de chanter. Maintenant il se faisait virer de potions … Une petite voix le fit rouvrir les yeux. May. Le regard menaçant, Sirius lui asséna : « Qu’est-ce que tu veux toi encore ? T’as perdu ton pari j’crois. Même pas 20 minutes … » Sirius leva les yeux au ciel et se passa une main sur le visage.

Elle était vraiment née pour embêter le monde ou ça se passait comment ? Plus il la regardait, plus il se disait qu’il n’avait vraiment pas de chance. Plus il l’écoutait parler, plus il se disait qu’il attirait les pires calamités que cette Terre ait créé. Il était déjà bien mal assorti avec sa sœur Shanna et son insupportable meilleure amie Victoria. En plus de cela, il avait Fey Stanger qui était la fille la plus extravertie qui soit. Et maintenant … May.

« Ohlala, mais en plus d’être un petit Monsieur Je-sais-tout, t’es pas agréable ? Si tu continues comme ça, t’aura pas grand-chose pour toi… » C’était définitif. Il avait l’impression d’entendre Fey. Mettez-les côte à côte et vous aviez la même. Quoi que … Non, surtout pas !! Ne les mettez jamais côte à côte. « Tu sais, c’est juste un cours, au début de l’année. Le prof se souviendra même plus de ta tête la semaine pro… si ça se trouve, il se souviendra même plus qu’il a renvoyé des gens ce soir. » Et elle n’arrêtait donc jamais de parler ? Sirius la regardait, la mine défaite, l’air de voir un Boursouflet s’agiter en tous sens. « Merci, ça m’aide beaucoup. » dit-il d’un ton absolument pas convaincu.

L’étudiant redressa son sac sur son épaule. Bon, et maintenant ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Il était 18h15 et il en avait pleins les pattes de cette journée de merde. « Au fond, c’est ta faute si j’ai perdu mon pari. » Sirius baissa la tête vers May, du genre « t’es sérieuse ». Elle avait croisé les bras devant elle, l’air boudeuse avant de soudainement sourire à nouveau. Elle passait vraiment des larmes au rire aussi vite qu’un Eclair de Feu ?! « Je blague à moitié. » « Ah oui ? » dit-il d’un ironique à son tour. « Qu’est-ce qui t’as pris de crier comme ça, en plein amphi ? » Sirius fronça les sourcils, prêt à répondre mais la jeune femme enchaînait déjà sur une autre question avant qu’il n’ait eu le temps de prononcer un seul mot. « Au fait, je sais plus si tu m’as dit ton prénom. C’est quoi, déjà ? »

Sirius poussa un long soupir et se laissa retomber contre le mur, comme si tout ce qu’il venait d’entendre l’achever. « Tu ne t’arrêtes jamais ? il n’y a aucun bouton pour te débrancher ? » Il aurait presque eu un sourire en prononçant cette phrase. Il l’avait tellement dite à Shanna que ça le faisait rire à présent. Il eut soudain une idée et sortit sa baguette. Et s’il jetait un Petrificus Totalus ? Au moins elle arrêterait de gesticuler en tous sens et de le suivre. A Poudlard, ils n’avaient pas le droit de se battre, et encore moins de faire usage de la magie dans les couloirs. Mais là ? Bon, non ce n’était peut-être pas la solution. « Je m’appelle Sirius. » répondit-il enfin. « Et … je n’ai pas crié. » Il appuya un regard lourd de sens vers May.

A ce même moment, son ventre commença à crier famine. Il jura dans sa barbe. Il n’avait aucune envie d’aller au Cicero qui était pourtant ouvert et encore moins au café de l’université. « Il y a un restau d’ouvert sur Druid’s Oak ? » se demanda-t-il à voix haute. Il commença à avancer, déterminé à laisser May derrière lui, en plan et oublier cette journée naze. Il allait aller manger, faire quelques devoirs et se dire que la journée de demain serait beaucoup mieux que celle-ci.

« Tu me suis encore ? » dit-il en entendant quelques bruits de pas à côté de lui. Il leva les yeux au ciel. « C’est quoi maintenant ton pari ? Me faire chier jusqu’à ce que je me pende ? » Il n’en avait désormais plus rien à faire d’être vulgaire. Il avait faim et tant qu’il n’aurait pas mordu dans un bon burger il serait bougon. « T’as pas des amis qui seraient ravis d’entendre tous tes malheurs ou, je sais pas, commenter ton dessin ? » Malgré lui, il était bien un peu curieux de savoir ce qu’elle savait faire d’autre avec un coup de crayon. Elle était douée, c’était ça le pire !

Alors qu’elle marchait à côté de lui, il l’observa le plus discrètement qu’il put. Son air lui disait quelque chose. Venait-elle de Poudlard elle aussi ? Sans doute une Poufsouffle. Il n’avait jamais eu aucun lien avec les sorciers et sorcières de cette maison, à part pour leur mener la vie dure lors de ses premières années à Poudlard. Mais en général, il s’en prenait aux plus jeunes. May … même ce prénom ne lui disait rien.

Ils sortirent d’un des bâtiments de l’UMS. Et s’il transplanait, histoire de semer la jeune femme ? Il la regarda. Il fallait faire vite, sinon elle allait vite comprendre. Quelque part, il se disait qu’elle avait tout de même l’esprit vif malgré ses airs de fille bavarde et chiante.

Elle était piquante, presque plus que Fey. Et elle n’avait pas peur de le remettre à sa place. Elle avait du cran. Et, d’une certaine manière, ça plaisait à Sirius. Il n’aimait pas les petites créatures qui s’écrasaient. Ce n’était que des faibles et ils étaient faits pour être dominés. Merde, quoi ? Qu’est-ce qu’il venait de penser ? Non, il ne devait pas fonctionner ainsi. Ça c’était le genre d’idées qu’on lui avait inculqué lors de ses premières années à Poudlard et celles que Ian partageait encore, alors qu’il n’était même pas un Sang-Pur. Non, il ne devait pas penser ainsi. Ce … n’était pas la solution … n’est-ce pas ?

« Hé ! C’est pas que un vulgaire dessin, d’abord ! » répliqua May. « C’est un croquis d’architecture, c’est plus… enfin, c’est moins… bref, c’est différent d’un dessin ! » Amusé de la voir s’emmêler les baguettes, Sirius haussa un sourcil, un sourire en coin. « Tu es sûre de toi ? » La jeune femme souffla, énervée contre lui ou contre elle-même, il n’aurait su dire. « De toute façon, mes amis comme tu dis, ils sont rentrés chez eux. Ou en cours. » Sirius ne répondit même pas, se contentant de continuer de marcher. Il avait décidé de laisser tomber le transplanage. S’ils marchaient d’un bon pas, ils seraient à Druid’s Oak en cinq minutes. « Du coup… on est tout seuls ! » dit-elle en riant. A nouveau, Sirius haussa les sourcils. « Merveilleux ! » chantonna-t-il, les mains enfoncés dans les poches.

Le chemin pour aller à Druid’s Oak était faiblement éclairé par quelques lanternes et des bruits de voix se faisaient entendre. C’était encore mieux qu’à Pré-au-Lard. Déjà l’architecture était plus jolie. Et puis il y avait toujours pleins de monde dehors ou dedans. Et des sorciers de tout âge ! Pas que des vieux ! De la musique se faisait même entendre. Peut-être un étudiant du cursus Musique qui jouait la fenêtre ouverte ? « Enfin bref. Passons aux choses sérieuses. J’ai envie d’un burger ! » Tiens ? Elle aussi avait envie d’un burger. Au moins ça leur faisait un point commun. Alors qu’il commençait à ressentir un brin de sympathie pour la jeune femme, celle-ci se mit à faire une danse pour venir se positionner face à lui. Sirius tourna les yeux pour regarder au-dessus de sa petite tête. Ils étaient arrivés à Druid’s Oak.

« J’adore les burgers. Je pouvais pas en avoir souvent, à Londres. Ma mère est contre, tu comprends… » Sa mère était contre les burgers ? Drôle d’idée. Heureusement son père ne l’avait jamais empêché de manger quoi que ce soit, sinon cela aurait fini de creuser leurs rapports. Il faut dire que sa mère insistait toujours pour qu’ils mangent de tout car, comme ils avaient du sang de loup, ils étaient obligés d’alimenter leur dose d’énergie. « Tu connais un peu, ici ? » continua May, constatant surement que Sirius n’était pas disposé à lui répondre. « Moi, pas du tout. » « Il y a le restaurant Maïkan dans le Quartier Est. » proposa Sirius, bien qu’il n’attendit pas l’assentiment de May pour s’y diriger. « J’espère qu’on va pas se perdre dans les rues, n’empêche… » Sirius fronça les sourcils. Pourquoi ils se perdraient au juste ? Le village n’était pas bien grand. Bon, Sirius était là depuis une semaine et avait eu le temps de le parcourir en long et en large. Ce qui ne semblait pas être le cas de la jeune femme. A nouveau, il ignora sa remarque et continua d’avancer, dépassant la fontaine du centre-ville.

« La ville a l’air super vieille, je me demande de quand elle date. » « Oh par la barbe de Merlin … » laissa-t-il échapper à haute voix. Ne s’arrêtait-elle jamais de … ? « Tu trouves encore que je parles trop, je paris ? » « Oui ! » soupira-t-il en croisant son regard. Mais son sourire innocent et ses yeux rieurs n’arrivaient pas à le convaincre de la détester. Non, au contraire, il sentait qu’il s’attachait à elle et il commençait à se maudire intérieurement. Alors qu’il s’arrêtait, il désigna d’un signe de tête le restaurant éclairé derrière elle. « On rentre ? »

Oui, il avait enfin englobé May dans sa proposition. De toute évidence, il avait bien compris qu’il ne pourrait pas s’en dépêtrer ce soir, et il mourrait de faim. Il poussa donc la porte du restaurant où seulement une table était occupée. Il était encore tôt pour un dîner sans doute, les autres étudiants arriveraient plus tard. Sur sa gauche en rentrant, Sirius alla s’installer à une table ronde alors qu’un candélabre posé dessus s’agitait : « Bienvenue chez Maïkan, jeunes gens ! » Sirius sursauta à peine, ayant déjà vu l’objet s’animer lors d’une précédente visite. « Oh, un dîner amoureux je présume ? » « Pas du tout. » le coupa Sirius, en grinçant des dents. « Est-ce qu’on pourrait avoir la carte maintenant ? »


Le candélabre rit sous cape et alla faire un baise-main à May avant de faire apparaître entre ses « bras-lanternes » un menu. « Je ne pourrais que trop vous recommander le burger Druid’s Oak, notre spécialité. Mais pour les plus gros estomacs, vous serez sans doute plus tenté de choisir notre burger écossais. Et … » « Parfait, je prends ça ! » le coupa Sirius, agacé par ce nouvel objet qui était pire que May car il ne tenait pas en place sur la table. « Je précise que nous avons également des salades et des pizzas si vous ne voulez pas de burger. » May commanda à son tour et le candélabre hocha la tête avant de faire un tour sur lui-même et de disparaître dans une flamme. A la place des cendres qu’il aurait dû rester, un petit bol rempli de cupcakes à la citrouille était apparu. Sirius y piocha dedans, croisant les bras, et tournant la tête vers la grande baie vitrée à sa droite. La nuit avait commencé à tomber et les rues étaient déjà sombres, bien que le soleil n’était sans doute pas encore couché à l’horizon. Mais les grandes tours et maisons du village finissaient de prolonger les ombres. Pour rajouter à cette obscurité, une pluie fine avait commencé de tomber à l’extérieur.


Sirius repensa à ce qu’avait dit le candélabre. Un dîner amoureux ? Franchement ? Pourquoi personne ne remarquait que Sirius se traînait des boulets à chaque fois qu’il était accompagné ? D’ailleurs en parlant de boulets …

« Hey, Sam, c’est Sirius ! » Alerté par cette voix familière, Sirius vit rapidement apparaître devant la vitre du restaurant Ronald, l’un des jumeaux McGregor. Aussitôt, Samuel vint se mettre à côté de son frère jumeau et colla son visage contre la vitre juste face à Sirius. « Affirmatif, il s’agit bien de notre petit loup ! » Si Sirius avait déjà eu la capacité de rougir, il serait sans doute aussi rouge que ketchup posé sur le comptoir du restaurant. « Par Salazar Serpentard, pas eux … » souffla-t-il en se prenant la tête entre les mains.

Les jumeaux se dirigèrent vers la porte et entrèrent avec un joyeux entrain. « On ne pensait pas te trouver là ! » « Surtout en charmante compagnie ! » « Qui est-ce ? » « Une nouvelle petite-amie ? » « Dès son 2ème jour, Sammy ?! » « Il faut dire qu’il en a fait battre des cœurs à Poudlard … » soupira Sam, accoudé à la banquette derrière May. « Arrêtez votre cirque ! Tout le monde nous regarde. » s’énerva Sirius, irrité. « Tout le monde ? » s’étonna Sam en se redressant. « Je crois qu’il veut parler du couple au fond de la salle. » chuchota Ron à son frère. « Et voilà vos burgers ! » chantonna le candélabre qui venait de ré-apparaître au centre de la table. Il distribua les deux assiettes, contenant ledit burger, une salade, et des frites croustillantes dans un panier. Et pour couronner le tout, il les servit même accompagné d’une chanson que les jumeaux s’empressèrent d’applaudir. Par tous les sorciers puissants, qu’avait fait Sirius pour mériter ça ?!


« Ah ! De nouveaux clients ? » s’enthousiasma la candélabre après quelques courbettes pour remercier son public. « Non pas du tout ! » s’empressa de dire Sirius en foudroyant les jumeaux du regard. « Espèce de malpoli ! » le rabroua Ron. « Tu pourrais peut-être demander l’avis de ta copine avant de nous chasser comme si nous étions de la pire espèce ! » « Quel manque de considération pour nos personnes. » soupira Sam, la main sur le cœur comme s’il était blessé. « Nous qui t’avions recueilli alors que tu n’avais rien. » « Par pitié, arrêtez tous les deux. » Sirius se leva de table et les regarda chacun d’eux. Il avait beau avoir scellé une amitié profonde, à ce moment-là, il mourrait de les étrangler.

« Bon, allez, promis, on se calme ! » rendit finalement les armes Sam en s’asseyant toutefois à côté de May pour qui il semblait avoir un faible. « De toute façon, on a eu une journée pourrie, alors c’était histoire d’enjoliver notre vie. » « Tu sais bien que t’énerver nous procure une joie immense. » Sirius les regarda s’installer autour de la table et finit par se rasseoir avec un long soupir. Il piocha rageusement dans une de ses frites. Il avait faim et il était hors de question qu’il quitte ce restaurant sans avoir mangé son burger. Les jumeaux allaient finir par se calmer et s’intéresseraient sans doute bien plus à May qu’à lui dans quelques instants. « Bien. Je vous présente May. Et non, ce n’est pas ma petite-amie puisque c’est la fille qui m’a fait virer de mon cours de Potion. » dit-il en regardant May droit dans les yeux, un sourire hypocrite accroché aux lèvres. « May, voici Sam et Ron McGregor, les pires calamités que la Terre ait pu porter. » Les présentations faites, Sirius mordit impatiemment dans son burger tandis que le candélabre prenait les commandes des jumeaux.

May semblait ravie de ces nouvelles rencontres et cela n’étonnait guère Sirius. Sa façon de parler à tort et à travers ressemblait beaucoup aux jumeaux McGregor et il ne serait pas étonnant qu’ils s’entendent très bientôt comme Niffleurs en foire.

« Je crois que je vous connais… » lança justement May en mordant à son tour dans son burger. Les jumeaux semblaient trépigner d’impatience à cette nouvelle. « On a eu des cours ensembles, à Poudlard. … Mais… avec toi aussi, non ? » Sirius releva la tête vers May. « Sans doute. » dit-il en haussant les épaules. Maintenant qu’il mangeait, Sirius semblait toutefois un peu plus d’humeur. Et il devait bien avouer avoir pensé la même chose de May, même si elle ne lui disait définitivement rien. Il fallait dire qu’à Poudlard, il se mélangeait peu aux autres. C’était toujours le cas, mais il venait de faire seulement quelques jours à l’UMS, alors autant laisser du temps au temps.

« Il a vraiment fait carton niveau petites-amies, à Poudlard ? » demanda-t-elle alors à Sam qui passa un bras sur son épaule. « Comment dire … » Il jeta un coup d’œil à Sirius qui fusillait tour à tour May et Sam. « C’est pas pour vouloir te vexer, p’tit loup, mais tu as pas l’air très… avenant. Sinon, je me souviendrai si oui ou non, j’avais des cours avec toi à Poudlard ! » Ron et Sam éclatèrent de rire, Sirius levant les yeux au ciel. « Il a repoussé toutes les filles qui venaient vers lui ! » se moqua Ron. « N’importe quoi ! » « Bien sûr que si ! » le rabroua Sam. L’ex-Serpentard posa la moitié de son burger dans son assiette. « Ah oui, qui ? » « Mmh, Caroline. » Sirius fronça le nez. « Qui ça ? » « Caroline Larcher ! » confirma Ron. « Je suis sorti avec elle juste après pour la consoler du râteau que tu lui avais mis. » « Il y a eu aussi Sheila Evans. Oh et Tessa Plisetsky, la pauvre. » « Je suis resté ami avec elle ! » le coupa Sirius.

Oui, il était vrai qu’il n’avait pas été tendre. Mais il n’avait pas brisé tant de cœurs que ça, si ? Il était assez solitaire et renfermé sur lui-même. Cela n’invitait pas beaucoup les filles à s’approcher de lui. Quant à celles qui avaient osé, Sirius ne voyait pas l’intérêt d’accepter de sortir avec elles. Elles ne l’intéressaient même pas un minimum.

Ce fut à ce moment-là que le candélabre revint avec les commandes des jumeaux, mettant fin à l’humiliation de Sirius sur ce sujet. Il finit en deux autres bouchées son burger. « D'ailleurs, il faut qu'on parle. » reprit May, soudain plus menaçante. « Quoi encore ? » « De une, p'tit loup … » « … Arrête de m’appeler comme ça … » « … depuis quand être la fille qui t'es fait virer de cours est incompatible avec le fait d'être ta petite-amie ? » Sirius ouvrit la bouche pour répondre, mais aucune réponse ne vint. Ron et Sam s’étaient tus, tout occupés à avaler leur nourriture et surtout à écouter la conversation entre May et Sirius. « Je … » Etait-ce … Est-ce qu’elle le draguait ? Est-ce qu’elle lui disait implicitement qu’elle voulait sortir avec lui ? Ca ne faisait même pas deux heures qu’ils se connaissaient !

« Et pour continuer sur le chapitre relation amoureuse, tu avais vraiment besoin de clamer qu'on était pas ensemble ? » continua May, finissant de décontenancer Sirius. « Tout le monde sait qu'il y a souvent des offres pour les couples, dans les restaurants ou les fêtes foraines ! » « Elle a raison ! » approuva Sam, la bouche pleine. « Tu peux économiser un max de thunes avec un plan comme ça. » Sirius ne savait guère quoi dire. May était définitivement une fille assez déconcertante. Elle ne manquait pas de le surprendre et ne semblait jamais désemparé dans n’importe quelle situation. Elle voyait la vie du bon côté et semblait vouloir célébrer n’importe quel événement !

La soirée se poursuivit, les jumeaux posant de nombreuses questions à May sur son choix de cursus et ses divers dessins. Sirius ne parlait pas beaucoup, écoutant le trio face à lui. Pourtant, il était souvent interpellé par l’un d’entre eux et May avait définitivement adopté le surnom « p’tit loup ». Elle semblait très friande des surnoms et Sirius pensait avec amusement que Fey adorerait ça elle aussi. Il ne manquerait plus que les deux filles se rencontrent à présent … Oh non. Mauvaise idée.