Lundi 9 Septembre, 9h30
Profiter d’un lundi matin sans cours à suivre pour se promener dans le parc, c’est ce qui s’appelle un bon début de semaine. Et dire que je vais pouvoir faire pareil tous les lundis matins ! J’en suis ravie, cet emploi du temps est absolument parfait. Car quoi de mieux que de démarrer la semaine dans le calme et la fraîcheur matinale ? Bien que l’année démarre assez tranquillement pour cette sixième année, je sais que les autres week-end me serviront principalement à avancer les devoirs de la semaine. Alors le lundi matin ne pourrait-il pas servir de fin de week-end ?
Moi, je suis d’avis que si, ce sera son rôle cette année. Après tout, il faut bien prendre quelques heures en plus pour vraiment se reposer et profiter… Peut-être qu’en réalité, je m’avance un peu : je ne sais pas encore de quoi sera fait l’année scolaire. Mais je préfère planifier dès maintenant, c’est le meilleur moyen de rester organisée. Et c’est à cela que sert le début d’année : prendre ses repères dans les journées de la semaine pour ne pas aller dans tous les sens plus tard. Ce sera utile pour l’année prochaine, avec les ASPICs, j’en suis certaine.
Mais trêve de vagabondage ! Ce n’est pas encore le moment de penser à l’année prochaine alors que celle-ci ne fait que commencer. Et puis, il y a beaucoup d’autres choses à faire en-dehors des murs même du château. Certes, le calme aide à éclaircir les idées, et ne rien avoir de spécial à travailler permet de laisser les pensées aller là où elles veulent. Sauf que j’aime aussi me concentrer sur les petits détails de ce jardin, écouter les sons de la nature et remarquer les nouveautés. Il s’en passe des choses en deux mois dans un grand espace vert !
Il y a beaucoup de nouvelles petites pousses, des fleurs estivales qui ont profité de l’absence des pieds humains pour s’installer et s’affirmer. J’aime la fin de l’été avec la nature qui affirme sa présence plus que jamais. C’est le début de la chute des feuilles jaunes orangées craquelantes, l’arrivée du léger brouillard matinal, des rayons de soleil qui percent les nuages et les transforment en coton doré. Et puis il y a tous ces petits animaux, de l’oiseau enjoué dans les branches d’arbre au-dessus de nos têtes à la minuscule coccinelle qui fouille les brins d’herbe.
J’ai pris mon carnet avec moi, je pourrais m’arrêter et me poser dans un coin pour dessiner un de ces paysages que j’aime tant. Pourtant, je préfère continuer ma route, me contenter de regarder avec les yeux et de suivre mes pas. Ils me mènent parfois à de beaux trésors ! Sans réellement le vouloir, bien sûr. C’est sûrement le hasard – ou le destin, si on y croit. Même si en soi, pouvoir marcher dans un tel espace est déjà un trésor… Un beau spectacle on va dire. Les trésors sont souvent passager : ils sont là un instant sans qu’on ne les ai jamais vu, puis ils disparaissent.
C’est d’ailleurs peut-être le cas, là-bas. Une silhouette rayée avec deux petites oreilles pointues se dresse, fièrement assise sur l’herbe. Chat ? Ce ne serait pas impossible, les chats sont acceptés à l’école. Ces petites boules de poils sont si mignonnes… Je pourrais bien ne pas résister à l’envie de m’approcher. La plupart des chats sont câlins, ou au moins joueurs. Sauf s’ils ne font pas confiance à l’être humain, ce qui me paraît difficile pour un chat à Poudlard. La seule chose qui me retient n’est pas une chose, mais plutôt une personne.
Car non loin de ce chat, il y a un élève installé. Assis, penché sur ce qui semble être un livre. Il a l’air concentré sur sa lecture ceci dit, peut-être ne me verra-t-il pas ? D’ailleurs, si ce chat n’est pas loin de lui, c’est peut-être le sien ? Ou simplement un chat curieux de comprendre l’Humain. L’idée me fait sourire – c’est vrai, c’est sûrement étrange de regarder si longuement un objet aux yeux d’un chat. Peut-être les deux possibilités sont-elles vraies d’ailleurs… En tout cas, l’élève a vraiment l’air concentré. Il ne m’en faut donc pas beaucoup plus pour me convaincre d’approcher.
Assez discrète tout de même, je fais quelques pas vers le chat dont la tête se tourne rapidement. Toujours à l’affût, ces félins. Je me demande s’il a entendu du bruit ou s’il a senti les mouvements de mes pieds sur le sol. Quoi qu’il en soit, il m’a vu ! Son regard est un instant concentré, alors après quelques pas de plus je m’arrête et m’accroupis, une main tendue. Je n’ai rien à offrir côté nourriture, mais des caresses je peux. L’aurait-il compris ? Ou se dit-il qu’il pourrait m’en réclamer ? Car il s’approche, le pas tranquille, pas du tout effrayé.
Il a l’air assez jeune, avec ses grands yeux dorés. Il est trop mignon. Je lui souris doucement, «Salut toi !» tandis qu’il se pose à mes côtés en cherchant ma main. Oui maintenant c’est certain : des caresses, il en veut bien ! Je n’ai plus aucune hésitation à venir poser ma main sur sa tête et son pelage tout doux. «On s’occupe bien de toi dis donc.» Et c’est une bonne nouvelle ! «C’est quoi ton petit nom ?» Bien entendu, il ne répondra pas. Du moins pas dans ma langue à moi, car lui me sort un petit miaulement. «Miouw ?» Et pourquoi pas ? C’est un prénom comme un autre !