Comme tous les dimanches depuis le début de l'été, je me baladais dans le village de Druid's Oak pour me remettre de la gueule de bois de la veille, obtenue, comme tous les samedis depuis le début de l'été, par les soirées chez Alekseï Romanov. Je me levais tôt, exprès, pour ne pas rater le brunch familial hebdomadaire, sous peine de récolter les foudres de mes parents. Je ne prenais même plus la peine de laisser un mot à Alekseï. Le connaissant, il se lèveraient à 15 heures, donc, huit heures après moi. Contrairement à moi, il ne devait pas être à table à 8 heures piles pour les habituels oeufs, pancakes, bacon, fruits et thé. Même si j'espérais que l'elfe de maison de Mère penserait à préparer une petite tasse de café. Si Aria avait le droit à son cacao tous les dimanches, je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas accès au café.
En tout cas, je le baladais, une clope entre les lèvres, pour essayer d'éliminer l'orchestre qui s'était logé dans mon crâne. Une petite rue finit par attirer mon attention. Je ne la connaissais pas… Et elle me semblait intéressante. Artistiquement. Elle serait parfaite pour un décor… Quand je la vis. Cette porte qui hanterait mes nuits. Une porte noire, fermée. A côté, des fenêtres recouverts de papiers journaux, m'empêchant de regarder à l'intérieur. Sans expliquer pourquoi, je m'y dirigeais. Et machinalement, je baissais la poignée. Elle était fermée. Pourquoi une maison vraisemblablement abandonnée était fermée à clé ? « Alohomora. » Cette porte restait désespérément fermée. Je me mis à genoux pour regarder à travers la serrure. Je ne distinguais absolument rien. Je repris ma baguette et fit quelques moulinets du poignée. La porte s'entoura de magie. Bien. Quelqu'un l'avait fermée magiquement. Et ce quelqu'un ne voulait pas qu'on y accède. Je souris. Moi, je voulais y accéder. Et j'obtenais toujours ce que je voulais.
Jeudi 23 août 2001
Je délaissais le manoir familial et Mère qui se demandait pourquoi Aria ne faisait toujours pas ses cartons. Ma jeune sœur devait emménager, avec Luna et moi, samedi, pour attaquer sa première rentrée à l'Université. Ce que Mère semblait oublié est que Aria faisait toujours ses cartons la veille en pleine nuit.
Mais ce n'était pas la question qui m'intéressait. Non, cette portée fermée et ce bâtiment inaccessible était ma nouvelle obsessions. J'avais emprunté, dans la bibliothèque familiale, des manuels et d'anciens grimoires qui abordaient la manière de cacher des secrets. Comme des bâtiments. J'avais lu des pages et des pages, jusqu'à ce que dans un manuel du siècle dernier, je trouvais un sortilège qui semblait correspondre à ce que je cherchais? Qui correspondait à cette porte. Un sortilège tellement ancien que la plupart avait oublié non seulement son existence, mais également la manière de le briser. Comme ce manuel.
Fort heureusement, avec une mère historienne, je pouvais trouver mon bonheur. Si ce manuel ancien ne savait pas comment ouvrir la porte, alors, un manuel encore plus ancien pouvait m'aider. Je cherchais des manuels vieux, craquelés, mais précieux. Et je les lus. Tous. Compulsivement. Et enfin, je trouvais ma réponse. Je la notais avec soin. Avant de me retrouver, aujourd'hui, devant cette porte. Je relus mes notes. J'avais préparé un parchemin magique, que je collais sur la serrure. Puis je dessinais des runes tout autour. Lentement. Consciencieusement. Je ne m'étais jamais vraiment exercé à la magie runique. Et je devais faire très attention. Si je ratais ce sortilège, tout le bâtiment partirait en flammes.
Une fois mes runes tracées, je baissa la tête. Et je marmonnais les formules en latin. Six fois. Au nombre de runes tracés autour de mon parchemin. Puis j'attendis. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Quatre secondes. Cinq secondes. Six secondes.
Une par une, les runes se mirent à briller. Celle d'en haut. Puis la seconde à sa droite. Puis la troisième en bas à droite. Une par une, dans le sens des aiguilles d'une montre. Quand elles se mirent toutes à briller, je comptais à nouveau les secondes. Une. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. A ce moment-là, le parchemin sur la serrure s'embrasa. je ne bougeais pas, fasciné par les flammes. Et je me remis à compter. Une. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Les six runes s'embrasèrent à leur tour. Une à une. Toujours dans le sens des aiguilles d'une montre. Petit à petit, le parchemin se transforma en cendres, qui tombèrent à terre. Puis ce fut au tour des runes. Une par une. Dans le sens des aiguilles d'une montre. Quand la dernière disparu, j'entendis le verrou se défaire. J'avais réussi.
Je me relevais, et je poussais la porte. Je pouvais rentrer dans le bâtiment. De l'extérieur, les fenêtres étaient cachées par du papier journal. De l'intérieur, la lumière entrait par ces mêmes fenêtres. Ingénieux. Je regardais autour de moi. Les murs étaient recouverts d'un papier peint moisi qui tenait à peine, ou bien de bibliothèques remplies de livres. Du lierre grimpait sur les murs. Mais surtout, un gigantesque chêne se dessine au milieu de la pièce. Ses branches les plus hautes dépassaient le toit brisé, et semblaient caresser le ciel. D'autres chênes, plus petits, se trouvaient aux quatres coins de la pièce. Je m'avançais. Des chaises étaient renversées, des livres étaient éparpillés partout. Ce lieu devait être abandonné depuis des siècles. En me baladant, je distinguais sur un mur la signature de Merlin lui-même. Je souris. Je savais que ce lieu allait me plaire.
Comme je savais que ça allait me plaire, j'avais pris mes précautions. Je regardais à nouveau mes notes. Puis je levais ma baguette et tourna dans la pièce en répétant plusieurs fois « Fidelitas. Fidelitas. Fidelitas. » Au bout d'un moment, je sentis le vent passer dans mes cheveux. Un vent plutôt magique. Le sortilège de Fidelitas avait marché. Ce lieu était désormais le mien. Personne ne pouvait y accéder. J'étais le Gardien du Secret.
Mercredi 12 septembre 2001
Après mon cours de Sciences Humaines Appliquées aux Arts, j'allais dans mon nouvel endroit favori. Je n'en avais encore parlé à personne. Je m'étais interrogé pendant des semaines sur ce que je devais en faire. J'ai dû attendre la rentrée pour aller dans les archives du Scitis et rechercher des informations. J'étais alors tombé sur cette rumeur de société secrète. L'Oak's Lodge, une société secrète au sein de l’Université Magique Supérieure. Apparemment, elle ne regroupait que les plus grands sorciers, qu'ils sélectionnaient avec grands soin. Cette société devait rester secrète, au risque, au mieux, de devenir muet à vie, au pire, de brûler sur place. Mais certains avaient parlé, d'où l'existence des rumeurs. Je ne savais pas ce qui était vrai ou non, mais ces rumeurs me plaisaient bien.
Vu l'état des lieux, et les rumeurs, cela devait faire des siècles que cette société était morte et enterrées. Merlin devait en avoir fait parti, pour que je retrouve ainsi sa signature. Je subodorais même qu'il en était le fondateur, et que ce club avait perduré jusqu'à l'ouverture de l'Université en 1801. A quel moment avait-elle sombré ? Je suppose quelques années avant 1900.
J'étais fascinée par ces rumeurs. Et c'est là que je me suis dit, pourquoi ne pas la recréer ? Cela demandait beaucoup de réflexion. Je devais choisir ses membres avec le plus grand soin. Je devais recruter des personnes extraordinaires, ou ayant un grand potentiel future. Bien sûr, le mieux était d'engager des personnes ayant les deux critères. Selon les rumeurs des archives, le Président avait une seconde, nommée une Pythie. Je devais en trouver une. Une qui me serait fidèle, et qui saurait être discrète. Personne ne me venait en tête, mais je savais que j'allais finir par trouver quelqu'un.
Dimanche 30 septembre 2001
J'avais passé la journée à m'occuper de cet endroit, avec l'aide de l'elfe de maison de la famille, à qui j'ordonnais de ne parler de ce lieu à personne. J'aimais son aspect abandonné, alors, je laissais le lierre, les arbres, les chaises renversés, et les livres à terre. Je rangeais ceux qui me semblaient intéressants, et j'avais rajouté des chaises et des canapés neufs, et confortables. J'avais rajouté une cheminée pour moi, et surtout, je m'étais occupé du plafond. Je ne voulais pas que la pluie tombe à l'intérieur du lieu. Mais je voulais garder ce lieu ouvert. Alors, je fis comme à Poudlard. Un plafond magique, où le grand chêne majestueux pu étendre ses branches. Je rajoutais des chandelles volantes, qui s'éteignaient automatiquement quand je partais. Je les ensorceler également pour qu'elles ne s'allument qu'en ma présence uniquement. Je rajoutais également un bar sur le côté, avec tous mes alcools préférés. Enfin, pour la dernière touche, j'apposais ma signature à côté de celle de Merlin. Puis je contemplais mon oeuvre. Satisfait. Oak's Lodge était prêt à renaître, avec Arthur Blackwood à sa tête. Maintenant, tout ce que j'avais à faire était de recruter des membres dignes d'intérêt. Et d'ouvrir cette société secrète avant décembre.