Nothing Else Matters

Je suis un garçon avec un trop gros cœur , parfois, je pense.
Du moins, les membres de mon entourage me l’ont fait remarquer plus d’une fois.

J’aimerai pouvoir aimer tout le monde, n’avoir aucun point noir dans le coeur. J'aimerais que ce soit possible, en soi. Parce que je pourrais aimer tout le monde si seulement tout le monde était aimable. Aimer tout le monde dans ce monde signifie aimer des personnes moralement grises voire sombres et je ne veux pas prôner ce genre de choses. Mais si je le pouvais… Si tout le monde avait un bon cœur… Je les aimerais tous. On n’aime jamais assez de personnes, à mes yeux.

J’ai peut-être une façon puérile de voir les choses, je le sais. En partie, en plus, parce que je ne veux pas changer ma façon de voir le monde. Je ne veux pas qu’il me paraisse gris et triste, alors je me complais un peu dans mon “innocence”.

Une chose que j’aimerai également et sûrement plus encore d’une façon égoïstement humaine, c’est que tout le monde puisse m’aimer.
Ou, mettons, que les personnes avec lesquelles j’essaie de parler puissent m'aimer.
Pas tout le monde, ça ferait trop demander - même si l’Utopie n’est pas censée connaître ce genre de limites - mais au moins qu’ils ne me haïssent pas. Etre dans la neutralité pour ceux qui ne m’aiment pas. ( Et parfois qu’ils puissent ne pas trop m’aimer aussi )

J’en demande beaucoup face à la réalité, j’en ai conscience, mais est-ce si grave de rêver un peu?
J’espère que l’on ne me condamnera jamais d’être trop optimiste, trop rêveur, trop rempli d’espoir. Ji-Soo dit que le monde détruit les personnes de mon genre , des fois ça me rend triste qu’elle voit les choses comme ça mais je me demande si elle a raison. Après tout, HimChan a beau être un soleil sur pattes, il a un fort caractère et sait se battre aussi bien mentalement que physiquement quand il y a besoin. Ji-Soo se cache derrière son masque de froideur constamment et pense que l’on ne la blessera pas de cette manière. J’espère qu’elle a raison. J’aime pas qu’elle se protège autant mais je préfère ça que de la voir souffrir, ma petite sœur.

Et puis il y a moi.
Honnêtement, je crois avoir dit tout ce qu’il y a à dire sur moi pour que cette phrase se suffise à elle-même.
Il ya moi.
Et c’est tout.

Encore que je me débrouille mieux qu’avant. Fut un temps, le fait qu’une personne ne m’aime pas pouvait me conduire à faire des nuits blanches durant lesquelles mon cerveau tournait et travaillait sur la façon de faire changer cette personne d’avis, et ça fonctionnait très rarement. Trop rarement, même, pour l’état dans lequel elle me mettait.
A présent, j’arrive à ne pas trop y penser. C’est encore un exercice mais ; loin des yeux, loin de l’esprit. J’évite de trop croiser la personne et j’évite de penser à elle et , à priori, je fini par me soigner même si ça m’attriste mais, ça , je n’y peux rien.

Enfin.

Les Estudines,
Ma Chambre,
17h passées.

Je suis posé sur mon lit à gribouiller dans un bloc-note.
Rien à voir, pour l’instant, avec tout ce que je viens de décrire et d’expliquer.


J’essaie de trouver des idées. Des mots-clés. Des sujets. Qu’importe, quelques choses sur lesquelles on pourrait travailler avec mon groupe plus tard. Je ne stresse pas trop parce que je sais que je ne suis pas le seul à travailler là-dessus ; si je me plante on ne sera pas à court d’idées. Et puis il me semble que Sangwoo en a toujours en réserve, au cas où. Mais, souvent, il faut un peu que je me pose avec mon bloc-note pour réussir à pondre quelque chose. La procrastination ne me mènera nulle part.

Je fredonne en essayant de me concentrer sur mon humeur, les derniers évènements, ce que j’observe autour de moi en règle générale. Sans surprise, tout ce qui me vient c’est des paroles pleines d’amour.
Parce que, c’est vrai, je vais bien. Je vais très bien même. Et il y a quatre jours de cela j’étais à la fête d’une personne que je ne connais pas avec U-Ram et (surtout) Oscar Swan. Autant dire que cette soirée-là, j’ai du mal à l’oublier. Elle court dans ma tête depuis et ne semble pas prête à s’en aller. Je ne suis ainsi pas si surpris lorsque je relis mes notes et que je me rends compte que toutes me ramènent à ce moment de façon plus ou moins sous-entendue. Je ne doute pas que ce sujet plairait à Sangwoo ; l’amour ça fait rêver les fans, surtout en général les filles qui aiment imaginer que l’on parle d’elles quand on chante.

Ce que je me demande c’est si quelqu’un va comprendre pourquoi j’écris autant à ce sujet. Ça ne m’étonnerait pas qu’ils comprennent ; ils me connaissent assez bien au fond, ces gars-là. Ils sont ma deuxième famille. Mais vu que je ne parle que de vouloir vivre une histoire d’amour depuis le début de l’année, peut-être ne feront-ils pas le lien. J'espère qu’ils ne capteront pas tout de suite ; j’aimerai choisir de le dire quand je veux… Si je le veux. Déjà que HimChan, je le sais, va très vite le deviner-- il comprend beaucoup de choses juste d’un coup d'œil me concernant. De toute manière , je lui raconterai. J’ai envie de lui raconter. J’ai même envie de le raconter à tout le monde tellement ça me rend heureux -- mais du calme. Et puis ça reste un peu gênant, au fond, pour moi d’employer les termes ; je sais que HimChan va plus ou moins demander des détails sur mon ressenti et je sais que je vais fondre sur place et bafouiller. Du coup je prévoie un peu le coup comme je peux et j’essaie de réfléchir à comment je pourrais tourner mes mots une fois face à mon grand frère tout en continuant à écrire sur mon bloc-note.

Je suis interrompu par des coups sur la porte de ma chambre. Pensant que ça doit être un des garçons - peut-être Minjun aurait-il besoin de compagnie - je me lève et laisse le bloc-note posé sur mon lit et je vais ouvrir directement.

Je me fige et mes yeux s’ouvrent grands quand je vois Sirius Green devant ma porte. J’ai l’air pour le moins… Surpris. Et je le suis ! Qu’est-ce qu’il vient faire là !? Son visage n’a pas l’air de porter de colère mais je suis assez confus pour ne pas totalement exclure l’idée qu’il puisse se mettre à m’engueuler.
Après tout- il ne m’aime pas, n’est-ce pas?

« Hum … salut ! »

Le regard fuyant, le ton loin d’être colérique… Je commence moi-même à me détendre un peu.

Hey, Sirius-

La surprise devient de la curiosité , de l’intrigue. Je fronce un peu les sourcils en essayant de deviner ce qu’il me veut bien que je ne puisse pas lire cela sur son visage.

« Je … je peux entrer ? J’comprendrais que tu refuses mais … je te jure, je ne vais pas m’énerver ni te brutaliser. »

Sirius lève les mains, sûrement pour montrer qu’il ne compte réellement pas faire quoi-que-ce soit de fâcheux et il finit en m’expliquant pourquoi il est là.

« Je suis là pour faire la paix et … te demander un service. Si tu es toujours d’accord pour me parler. »

J’ouvre la bouche pour l’autoriser à rentrer en premier lieu.

Ben , quoi?
Je suis curieux quant à la raison pour laquelle il aurait besoin de moi. Je l’ai aidé quand il est arrivé et je compte bien être là pour lui s’il en a besoin. Et peut-être que, comme ça, il ne me détestera plus. Enfin, je ne vois que de bonnes raisons de lui pardonner de m’avoir un peu brusqué la dernière fois et de le laisser ---

Mais c’est à ce moment-là que je réalise quelque chose et à nouveau mes yeux s’ouvrent grands. Je dois sûrement avoir l’air d’un parent qui vient de capter qu’il a oublié son gosse à la garderie à minuit. L’exemple est spécifique , mais vous vous faites sûrement une meilleure idée de ma tête comme ça.

Surtout pas !!

Je m’exclame avant de fermer la porte rapidement et de venir y coller mon dos.

Quel idiot… Mais quel idiot !

Oh , attendez, non-- pire réaction ! Il va penser qu’il est le problème, mais ça n’est pas du tout ça! Mais je ne peux pas rouvrir la porte. Pas de suite. Cela dit, si je prends le temps qu’il me faut pour revenir à lui, il sera déjà parti. Du coup, à travers la porte, je décide de lui demande d’une voix assez forte pour être sûr qu’il aie entendu;

Attends ici ! Bouge pas, j’arrive !

Je cours me regarder dans le miroir accroché au mur de ma chambre.

C’est bien ce que je craignais.

Je suis dans ma chambre seul depuis un petit moment, je ne m’attendais à voir personne ; j’ai une de ces têtes ! Bon c’est moins pire que je le pensais mais mes cheveux blonds sont détachés et tout décoiffés comme si je sortais d’une sieste, et le mascara que j’ai mis ce matin a un peu coulé et tâche mon visage ; je me suis frotté les yeux plusieurs fois en écrivant parce que je n’avais plus à faire attention.

En gros, je ressemble à un panda toxico.


Si ça avait été Minjun à la porte, encore, ou un des gars - j’aurais pu le laisser entrer et m’arranger ensuite mais là c’est Sirius ; je ne suis clairement pas assez proche de ce gars pour oser me montrer comme ça.

Il m’a vu comme ça !!

J’espère fortement que je panique encore trop et qu’il n’a pas vraiment capté vu qu’il regardait partout autour de moi plutôt que mon visage directement mais certaines choses ne se cachent pas ; genre mes cheveux quoi. Et puis mon complexe est plus fort que moi ; je me convainc tout seul que d’ici demain tout le monde saura que j’ai ouvert la porte comme ça et se moquera de moi --

Non, allez, calme Dae-Hyun. Souviens-toi ; c’est dans la tête.

Et parlant de tête, je me hâte d’arranger la mienne. J’arrange mes cheveux en les attachants en une queue de cheval que j’essaie de serrer pour que mes cheveux ne tombent pas trop sur mon visage. Je nettoie mon visage rapidement et repasse un trait d’eyeliner et du gloss mes lèvres et puis j’inspire un coup. C’est loin d’être parfait mais faut que je sois un peu rapide quand même ; Sirius ne va pas attendre une éternité, si seulement il attend encore là.

Je retourne rapidement ouvrir la porte dans , sûrement, un meilleur état. J’inspire encore une fois quand ma main attrape la porte, ce avant de l’ouvrir.

Voilà ! Je suis vraiment désolé, mais je--

Je me coupe au milieu de ma phrase.
Ca n’est pas le moment de raconter ta vie, Dae-Hyun. Je ris nerveusement et claque la langue un coup.

Je t’en prie, entre.

Je souris même si mon esprit n’arrête pas de me rappeler que je dois avoir une sale tête. Pourtant je l’ai arrangée, mais c’est plus fort que moi ; ça va me travailler un moment. Le truc c’est que je ne veux pas que Sirius sache que ça me touche à ce point. Si quelqu’un ne m’aime pas trop, mieux vaut qu’il ne sache pas comment me blesser, même s’il vient en pacifiste.

Je me décale légèrement pour laisser entrer Sirius et referme la porte derrière nous avant de l’inviter à s’asseoir sur mon lit s’il veut, oubliant un peu le bloc-note qui gît là , attendant sûrement d’être rangé là où personne ne risque de l’écraser ou de le lire. Mais je suis là, avec Sirius, alors tout ira bien pour lui.

Dis moi tout, je t’écoute.

Je m’adresse enfin à Sirius en m’appuyant contre le mur de ma chambre, le regard un peu fuyant également.

J’admet que dès l’instant où Sirius entre dans la pièce,  je me tends. Ça change beaucoup de l'atmosphère plus tôt dans la journée. Je suis passé du cœur léger et chantonnant au stress très très vite. Notre relation à Sirius et moi n’est certainement pas la plus détendue et pourtant on n’a pas souvent parlé. Ça doit faire quoi… Trois fois?
Voilà, je ne sais pas trop à quoi m’attendre aujourd’hui de sa part. J’essaie déjà de garder en tête qu’il ne me veut, apparemment, pas de mal et que je ne dois pas risquer grand chose. Parce que dans les faits s’il veut m’éclater là tout de suite il le peut ; je ne suis pas du genre à me battre et je ne me suis jamais prit de raclée mais si quelqu’un voulait m’en filer une, je ne serais pas la cible la plus difficile à détruire.

J’observe Sirius entrer et se poster près de la fenêtre avant de l’inviter à me donner la raison de sa venue. Parce que si c’est pas pour me faire quoi que ce soit de négatif, alors j’admet ne pas réussir à prédire la suite de l’histoire. Non pas que je pense Sirius uniquement capable d’être méchant mais jusque-là le plus positif qu’il aie été en me parlant c’était neutre alors je n’arrive pas l’imaginer être gentil avec moi. Je peux concevoir que ça n’est pas impossible mais l’image est dure à créer dans mon esprit.

« Tu m’avais proposé de m’aider pour le chant. J’avais refusé le mois dernier. Et j’aimerais revenir sur ma réponse. »

Très curieux, je penche un peu la tête alors que Sirius m’explique très rapidement le motif de sa présence. Du coup moi ça m’arrange qu’il ne tourne pas autour du pot ; j’étais nerveux quoi. Maintenant je le suis un peu moins et un peu plus intrigué.

Ah oui?

Je lève un sourcil. Je sais que je ne m’attendais à rien en particulier mais je peux tout de même le dire ; je ne m’attendais pas à ça. Pourquoi me demander à moi? Je croyais qu’il ne m’aimait pas ! Et même si mon esprit grossissait le trait et qu’il ne me détestait pas particulièrement… Il n’a pas l’air d’être fan de mon caractère tout de même. Travailler avec moi, le pourrait-il en gardant patience?

Sirius bouge un peu dans l’espace et va se pencher au -delà de mon bureau. Je suis bien content de ranger mes affaires tout de même parce que je n’aimerai pas qu’il tombe sur des choses que je ne veux pas qu’on voit. Rien de fou mais tout le monde a ses affaires personnelles et moi je ne connais pas assez Sirius Green pour être à l’aise avec l’idée qu’il observe les miennes.

« Cela fait un mois que j’ai commencé les cours à l’UMS et le fait est que je ne suis pas au même niveau que les autres. Certains ont dix ans de piano derrière eux, d’autres se sont déjà produits des dizaines de fois sur scène. Moi, je n’ai pas cette expérience. Du moins, pas encore. »

Sirius donne un coup de pied dans une boule de papier et celle-ci se transforme en un avion qui se met instantanément à voler dans ma chambre. Je laisse mes yeux suivre l’avion en papier, ça occupe mon regard au moins et je ne suis pas obligé de fixer Sirius d’un air gêné.

Um… Oui, c’est vrai que c’est le cas pour certains…

Certains étudiants ont une longueur d’avance, c’est clair. Mais n’est-ce pas ainsi dans tous les domaines? Après ça n’est pas le soucis, Sirius ne semble pas s’en plaindre. Il le constate surtout et cela m’aide à comprendre un peu plus pourquoi il est là, actuellement. Il est surpassé par la moyenne de la classe et ça a l’air de ne pas lui plaire. Je veux dire, c’est normal que ce soit déplaisant, mais certaines personnes s’en fichent plus que d’autres. Sirius semble y accorder un minimum d’importance.

« J’ai lu la Gazette. Tu es célèbre. »

Il me regarde cette fois.
Je le sais parce que , quand il dit ça, je tourne mon regard vers lui également. Je n’aime  pas que l’on me rappelle cet article dans la Gazette. J’essaie d’en faire quelque chose d’un peu plus positif mais l’article en lui-même m’envoie des frissons désagréables dans le dos. Ces élèves qui se sont prononcés en affirmant nous stalker , en quelques sortes… Ben ça me met mal à l’aise. Alors me rappeler? Tous les jours j’ai matière à me souvenir mais j’essaie d’éviter de trop me concentrer là-dessus.

Oui, enfin, pas tant que ça…

Ca n’est pas de la fausse modestie, donc.
Déjà, je le pense. les WANDboyZ sont loin d’être les plus connus - et c’est même bien tant mieux parce que vu les dégâts que la notoriété cause à notre échelle, j’ose à peine imaginer si c’était le niveau supérieur. Ensuite, c’est plus de la gêne qu’autre chose. Je minimise un peu pour que ça ait moins d’importance.

« Tu connais ton affaire. Je veux que tu m’apprennes. »  

… Je suis soulagé de constater, au final, que Sirius n’y accorde pas l’importance que je pensais qu’il y accordait. En fait, il veut simplement justifier , encore , le fait que ce soit vers moi qu’il se tourne pour de l’aide. Et pourtant d’autres étudiants ont aussi un certain vécu derrière eux, comme il vient de le dire. Je ne sais pas , peut-être que les autres seraient moins à même d’accepter?
Oh, et puis pourquoi je me pose tellement de questions? Je voulais l’aider, j’en ai l’occasion, c’est parfait ! Je ne devrais pas m’encombrer d’autant de doutes et de questions inutiles.

« Nouvelle chanson ? »

Je sursaute en remarquant qu’il prend mon bloc-note en main. Il n’a pas l’air de vraiment s’attarder sur ce qui est écrit dessus en détail mais je ne peux m’empêcher de m’exclamer rapidement, au cas où l’idée lui vient de lire…

Ah ! C’est privé !

Je frotte mon bras, un peu embarrassé de m’être écrié de la sorte.

Enfin, si tu veux bien ne pas y toucher, s’il te plait…

Sirius se concentre déjà sur autre chose, ce qui est très bien. Il fait brûler l’avion en papier qui continue ses tours dans la chambre depuis le moment où il a pris forme. En fait, j’ai l’impression que Sirius a du mal à rester sur place, ce qui me rappelle un peu plus HimChan que Ji-Soo en l'occurrence. Ma sœur est souvent figée, posée. Mon père la taquine souvent en disant qu’elle à la présence d’une jolie statue qui ni ne parle, ni ne bouge la plupart du temps. HimChan, lui, il a un TDAH alors rester posé sans bouger c’est pas dans ses capacités, comme Sirius là tout de suite.

« Bref. Même si je déteste l’idée de dépendre de quelqu’un, j’ai besoin de ton aide. Tu es prêt à me filer quelques tuyaux ? »

Eh bha. J’ai moyen envie que Sirius dépende de moi, dans le sens où je préfère aider que diriger. Accompagner que ordonner, quoi. Mais je comprends un peu ce qu’il veut dire et ce que “dépendre de quelqu’un” signifie dans ce contexte précis.
J’inspire un coup à l’instar de Green lorsqu’il m’a demandé de l’aide en entrant dans ma chambre et hoche la tête doucement.

Bien sûr Sirius. Ca tient toujours et je veux bien te donner mon aide. Mais eum… Je peux te poser une question?

J’ose le regarder un instant avant d’être intimidé et de regarder le sol devant moi et de chercher mes mots silencieusement le temps de quelques secondes. Quand je reprends la parole, je lève à nouveau les yeux vers Sirius brièvement.

... Pourquoi tu veux mon aide?

Je mets l’accent sur le “mon”, histoire de demander pourquoi il veut mon aide à moi et pas à quelqu’un. Ma question n’est pas pourquoi il veut de l’aide tout court, ça je le sais déjà, il vient de me l’expliquer plutôt clairement.

Je veux dire… J’ai compris que c’était mon expérience qui t'intéressait en soi, que je suis pas spécial autrement. Mais, enfin--

Je marque une pause et mon regard fuit à nouveau. Je regarde autour de moi, le sol, puis le plafond.. Tout sauf Sirius.

Je croyais que tu me détestais…

Une petite voix dans ma tête me susurre que je suis ridicule. Qu’est-ce que je cherche à faire, là? Attiser la sympathie de Sirius? Lui faire pitié?
Mais non ! Je sais que , au fond, j’espère qu’il m’affirme le contraire. Mais , si ça se trouve, il prend juste sur lui parce que ces cours sont importants pour lui.

Enfin, um--- bref.

J’inspire à nouveau et me tourne vers lui en souriant légèrement. Juste parce que c’est mieux que de tirer la tronche, je crois que c’est naturel chez moi de sourire, comme ça, parce que la situation me le recommande.

Tu avais besoin d’aide pour le chant, c’est ça? C’est tout?

Je ne suis pas sûr de pouvoir lui apporter de l’aide précieuse en toutes matières. Je suis bon élève surtout dans mon cursus mais ça ne veut pas dire que j’ai du plus à lui apporter par rapport à ce qu’il connaît déjà dans tous les domaines. Mais , au pire, je connais du monde. Je peux toujours le conseiller d’aller voir quelqu'un d’autre si je pense que ça pourrait l’aider, après libre à lui de le faire ou non.

Tu as une idée des jours et heures où ça t’arrangerait?

Planifier tout ça, ça me concentre sur l’essentiel du coup ça me déstresse un peu, même si je suis pas tout à fait à l’aide. Ça doit se voir malgré tout, mais je fais un sérieux effort pour que ça ne soit pas tout ce qui se voit.

Il est évident que, après ma dernière conversation avec Sirius, je me suis senti un peu bête. Après c’est tant mieux ! Mieux vaut que je me sente débile parce que j'apprends que Sirius ne me détestait pas vraiment que d’avoir la confirmation qu’il a un truc contre moi. Le truc c’est que j’aurais sûrement dû demander-- il ne faut pas que je me mette à tirer des conclusions hâtives sans poser de questions ! Ça n'est pas mon genre et je n’ai nullement envie de prendre des mauvaises habitudes.

« Te … quoi ? »

Dès que Sirius a réagi de la sorte, je me suis dit que quelque chose ne collait pas avec l’idée qu’il me haïsse réellement, mais j’étais trop coincé dans ma certitude de ne pas être aimé que je n’y aie pas trop fait attention. Je me suis dit que, sûrement, il avait mal entendu. Ou encore peut-être qu’il n’assumait pas de me le dire -idée qui tient difficilement la route-... Ou alors peut-être qu’il n’avait même pas capté lui-même que je l'insupportait.
Du coup j’ai vite tenté de changer de sujet, d’élaborer la raison pour laquelle il était venu me chercher. Après tout, pourquoi chercher à creuser un sujet si désagréable? Il faut dire que je ne m'attendais pas à ce que Sirius y revienne.

« Je ne te déteste pas. Je ne sais pas pourquoi t’as pensé ça et … je m’en fous. Juste, t’as pas besoin d’avoir peur de moi ou je sais quoi … »

Et c’est à cet instant que je me suis senti bien idiot.
Trop gêné d’avoir mal interprété son comportement, je n’ai pas souhaité m’expliquer à ce sujet. Au fond, ça m’arrangeait qu’il ait affirmé ne pas vouloir en savoir plus sur la raison qui m’a poussé à croire qu’il me détestait. S’il avait voulu savoir j’en aurais clairement parlé mais là je n’avais rien besoin de dire. Du coup je devrais simplement garder ça en tête.
C’est bête, en plus, j’arrête pas de comparer Sirius à ma petite sœur et elle est la première à avoir un comportement qui porte à croire qu’elle vous hait alors que pas du tout. J’aurais dû m’en servir comme modèle. Tant pis, je ferai mieux la fois prochaine!

Finalement, Sirius et moi avons convenu de se voir le jeudi suivant pour ce qui est des cours de chant. Cette fois j’ai bien heureusement tout le temps de me préparer le temps que Sirius me rejoigne. J’opte pour une apparence très naturelle ; je suis pas non plus apprêté pour un rendez-vous galant, ce serait étrange que j’en fasse trop. Je dois juste être assez présentable pour ne pas me trouver dégueulasse. Du coup , je ne met même pas de perruque, coiffant légèrement mes cheveux noirs pour donner la fausse impression qu'ils sont un peu en désordre tout en m'assurant que ça fasse joli. Je met des habits bien confortables, à savoir un pull noir et blanc et un jean gris sombre troué. Je couronne même le tout d'une paire de lunettes qui, je trouve, rendent le look complet juste assez classe pour me sentir à l'aise.

« C’est Sirius. »

Pile quand j’applique la dernière touche sur mes yeux j’entend toquer à ma porte. Je me redresse en répondant que j’arrive, rangeant rapidement mon maquillage avant d’aller ouvrir la porte. Je me retrouve bel et bien devant Sirius Green, lequel est dans un état bien moins soigné que le mien. Ça n'est pas une insulte ; Sirius a assez de charme pour que ce genre de style lui aille très bien. La chance.

Je salue Sirius et l’invite à rentrer, fermant la porte derrière nous alors qu’il me répond poliment.

« Je les ai maintenus au chaud grâce à un sortilège. »

Dès que je détecte l’odeur de frites et de burger, mon estomac me serre légèrement. Eh bah… C’est que ça donne faim ce genre de choses! Je trouve ça en plus adorable qu’il ait pensé à ramener à manger…

Oh c’est super gentil ! Tu peux poser ça sur le bureau.

Je préfère mettre ça de côté un petit instant, parce que mon estomac hurle qu’il a faim mais mon esprit me susurre que c’est peut-être pas une super idée de me goinfrer de frites et de burger. Ce sera donc le souci du Dae-Hyun de plus tard.  

« J’ai apporté mon instrument. »

Sirius pose son étui à guitare avant d’expliquer la raison pour laquelle il l’a ramenée.

« Je sais que je t’ai demandé de l’aide en chant, mais le professeur Stings m’a conseillé de chercher la note sur ma guitare pour m’aider. »

Il hausse les épaules et pour ma part, je souris et hoche la tête.

C’est une super idée.

En réalité, lorsque j’ai vu l’étui à guitare je me suis vite dit que ça pourrait servir pour le cours de chant, mais je ne le souligne pas. Juste parce que je n’ai aucune raison de le faire. En parallèle, Sirius pose sa guitare sur mon lit. Je la trouve plutôt jolie, sans qu’elle aie besoin d’être dingue. J’aime bien les instruments de musique.

« On s’y met maintenant ou on mange ? »

Le Dae-Hyun du futur est interpellé. Tiens, on lui parle! Et dès que Sirius parle de manger, mon estomac grogne un peu. Je met une main sur mon ventre alors que mes joues se teintent de rose. Oh allez, c’est pas si gênant… C’est normal, j’ai un peu faim ! Mais, tout de même, je ne peux m’empêcher de vouloir me faire tout petit là. Du coup, je répond rapidement pour passer à autre chose.

Si tu as faim, mieux vaut peut-être manger avant, sinon on va avoir du mal à se concentrer.

Je propose avant de l’inviter à s’asseoir pour manger. Sauf que lorsque je me retrouve face à la nourriture, j’hésite un peu.
Si je mange tout ça, je vais sûrement y penser pendant tout le “cours” et non seulement je serais pas très bien mais en plus je ne serais pas plus concentré que si je n’avais pas mangé.
De l’autre côté, si je ne mange pas je vais avoir faim. Et puis Sirius a été super gentil de ramener ça. C’est comme un cadeau, ça ne se refuse pas.

Je laisse mon esprit peser les options avant de trancher.

Moi j’ai pas trop faim alors je mange pas tout maintenant.

Je décide de piocher quelques frites pour l’instant et c’est bien parce que mon estomac m’a méchamment trahit en grognant plus tôt, sinon j’aurais pu dire que je garde ça de côté pour plus tard.

J’essaie de vite passer à autre chose pour ne pas m’attarder sur cette histoire qui fait chauffer les rouages dans mon esprit. Une fois avoir un peu grignoté, je laisse Sirius terminer de son côté en observant sa guitare, réfléchissant un peu à cette fois où il m’a parlé du fait qu’il en jouait. Peut-être aujourd’hui vais-je l’entendre? Ou peut-être qu’il va seulement s’en servir pour s’aider, je crois que c’est plutôt ça le plan.

Alors, on s’y met?

Je lui propose une fois qu’il semble avoir terminé de manger.
J’invite Sirius à se lever pour mieux respirer pendant qu’il chante. Quand l’air est compressé au niveau du ventre c’est plus compliqué de donner son plein potentiel.

Après avoir réfléchi à comment je vais attaquer cette histoire, je commence à donner des échauffements à Sirius. A force, je connais ça par cœur ; il est toujours question de s’échauffer. Quand on s’entraîne, quand on va enregistrer, avant les concerts… C’est souvent même un super moment. Moins j’adore m’échauffer parce que, souvent, les exercices frôlent le ridicule et, avec les WANDboyZ, on finit toujours par se taper des fous rires avant de réussir à passer cette étape.
En l'occurrence je ne m’attends pas à me fendre la poire avec Sirius mais l’étape n’en est pas moins obligatoire pour ne pas se péter la voix. Je doute qu’il recherche cela et moi je fais super attention, j’ai pas mal besoin de mes cordes vocales.

Les échauffements sont bientôt terminés et je décide d’attaquer le travail.

Bon, pour commencer je vais te demander des notes et tu peux essayer de faire au mieux pour me les sortir. C’est pour voir à quel niveau ça bloque. Tu peux prendre ta guitare pour t’aider, déjà.

Je lui explique rapidement en m’asseyant sur le bord de mon lit pour l’observer. J’ai entendu rapidement ce que ça donnait en cours mais c’était pas pareil ; y a pleins de gens, y a le stress et j’étais pas bien concentré sur les détails. C’est donc en me penchant là-dessus que je lui donne d’abord des notes faciles à atteindre et, progressivement, j’en vise de plus difficiles volontairement. Une fois que je juge avoir plus ou moins vu où ça coinçait, je m’arrête un instant et je réfléchis.

Hm… Ok, je l’ai.

Je n’ai peut-être pas la clé pour tout arranger et faire de Sirius un pro, enfin outre l’entraînement. Mais il me semble que j’ai peut-être identifié un endroit où ça coince.

Tu veux bien qu’on retente le coup en t’asseyant cette fois?

Je lui propose. Ca c’est pour confirmer que j’ai bien identifié un truc, que je ne me trompe pas totalement. On recommence donc là où , cette fois, je me lève et je le laisse tenter assis. Une fois terminé, je réfléchis à nouveau.

C’est bien ce que je me disais, ça ne change pas assis.

Sirius est plutôt débutant en la matière si j’ai bien compris. Ce que je déduis n’est donc pas du tout choquant ; c’est une “erreur” de débutant, on peut dire. Rares sont ceux qui comprennent comme rectifier le tir sans qu’on le leur dise. Au-delà de ça, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui n’avait pas ce souci au début.

Tu veux bien te relever, s’il te plait?

Je demande à Sirius avant de me placer à côté de lui.

Tu chante de la gorge.

J’explique simplement. C’est évident : si le son venait du ventre, il aurait plus de mal à chanter assis. Comme je l’ai dit ; l’air comprimé sort moins bien. Assis, sa gorge n’est pas prise alors il peut chanter exactement pareil.

Ca n’est pas particulièrement mauvais, mais c’est plus difficile de chanter de la gorge. Ca envoie moins de puissance et on peut atteindre moins exactement de notes précises. Si tu as du mal, ça peut t’être vraiment très utile d’apprendre à chanter avec le ventre.

Alors que je m’apprête à poser la main sur son ventre, je m’arrête. C’est un réflexe qu’il faut que je retienne quand je suis avec quelqu’un que je ne connais pas assez pour savoir si oui ou non je peux le toucher. Ma main flotte donc au niveau de son ventre mais sans le toucher.

C’est pas trop compliqué même s’il faut parfois un peu travailler pour y arriver

J’explique sérieusement. C’est que depuis que j’ai commencé à lui faire le cours, je ne me suis pas arrêté pour lâcher une blague ou quoi. Je prends tout cela au sérieux puisque ça l’est pour Sirius. Peut-être qu’il ne me déteste pas au final, mais autant ne pas l’embêter en étant trop… moi, si on peut dire.

Le truc c’est de serrer les abdos, comme si tu étais en plein gainage, et tu chantes en faisant ça. Tu verras, ta voix va directement gagner en puissance.

Je m’éloigne un peu pour ne pas manger son espace vital. Maintenant que je lui ai montré la zone à travailler, je suis sûr qu’il y arrivera. C’est pas bien compliqué, vraiment. J’ai vu des personnes bien plus à la ramasse que Sirius y arriver.

Alors, on réessaye les notes avec la guitare en chantant avec le ventre? Hésite surtout pas à laisser ton corps chanter avec toi, aussi ! Si tu sens que tes yeux se lèvent, que tes pieds basculent sur la pointe ou quoi que ce soit, ne te retiens pas, ça aide beaucoup.  

Je me pose, le dos appuyé contre le mur, prêt à l’écouter essayer et à lui donner plus de conseils s’il le faut. J’avoue être très curieux quant à ce que Sirius peut faire avec les bons outils en main. Il a du potentiel, j’en suis sûr.