My soul so cynical
Vendredi 2 Novembre 2001
En Irlande à cette période de l'année, les températures varient entre 5 et 11°, aujourd'hui il fait plutôt doux. Aussi plutôt que d'être enfermé dans le palais où le temple je préfère être dehors. De toute façon cette peau de loup préfère le froid que la chaleur. Je révise depuis une bonne heure mes cours. Mes sœurs sont avec moi, elles font le débriefing de la journée d'hier et de la soirée d'Halloween le 31 où j'ai refusé d'aller à l'UMS. C'est aussi pour ça que je suis venu avec elle en Irlande, elles m'ont fait jurer car elles étaient trop déçue de ne pas me voir dans mon costume de druide celtique pour l'occasion. J'aimerai leur lancer un Bloclang car je ne supporte plus leur jérémiade, le prince Bleddyn par ci, la princesse Louve par là. Jared t'as pas vu ça, Jared t'en pense quoi ?
" - Le bal va être grandiose, je mise tous mes espoirs sur son altesse Accalia, et Louve était tellement belle pour son anniversaire, j'en aurai pleuré." renchéri Eileann.
Je secoue ma tête devant autant de niaiserie. Cette année c'est la princesse Accalia qui s'essaye aux animations des évènements, pour s'entrainer j'imagine. Cette gamine est déjà promise à son rôle de Grande Prêtresse. En fait ils ont déjà tous un rôle à jouer. J'espère que pour elle tout se passe bien dans ce château de merde en Écosse. Poudlard n'a pas été un lieu où j'ai pu découvrir le monde et me sociabiliser comme l'ont cru à l'époque mes parents. J'aurai été aussi bien ici avec les précepteurs à supporter mon père. Aujourd'hui ça les angoissent rien que de penser à ce que j'ai pu vivre là bas. Ils m'ont obligé à boire du Véritaserum pour tout expliquer, mais ils s'attendaient à quoi ? Un petit Irlandais, né loup-garou ayant grandit dans un milieu noble, vivant les dans traditions Irlandaises. Je ne connaissais pas grand chose de l'Angleterre, même si j'ai appris l'anglais, j'étais ignorant de leur mode de vie, rien que leurs fêtes. J'ai su qu'Accalia était à Gryffondor, c'est déjà bien. Je suis persuadé que si j'avais atterri dans cette maison, j'aurai vécu une autre scolarité auprès de mes sœurs.
Les enfants Iceni ont déjà toute leur vie de tracer, je sais pas si on doit les plaindre ou les envier. Je ne sais pas quels ont étaient leur choix, leur décision. C'était pourtant pas compliqué pour moi, mes parents auraient du aussi voir ce dont j'avais envie et besoin, ce que je voulais faire, mon futur. C'était pas difficile vu tout le temps que je passe avec ma marraine qui est médicomage. Quoi qu'il en soit ce qui est fait est fait, je suis maintenant à l'UMS, dans la voie que j'ai choisi. A entendre mes sœurs, toute cette vie est magique. En attendant je n'arrive pas à me concentrer sur mon livre.
"- Tu sais que ça nous fait plaisir que tu sois venu avec nous pour Samain ? Tu vas être beau comme un Dieu Irlandais ce soir au bal ! m'annonce ma sœur Eileann.
Mmmhhh"
Mes yeux essayent de parcourir mon manuel de potions médicomagiques et plus particulièrement les ingrédients d'un philtre dégonflant. Il faut donc 280 cl d’eau gazeuse, 860 cl de bile de sirène et 1 écaille de Poisson Bloup.
- Mais tu n'es pas vraiment avec nous, ça ne sert à rien de venir ici si c'est pour être encore ton nez dans les bouquins.
Mmmh mmh"
Le filtre régénérateur à la mandragore demande des poils de chèvre, c'est étonnant, dans un précédent ouvrage j'ai lu que c'était plus efficace avec du poil de bouc. Je doute de la qualité de ce livre emprunté dans la bibliothèque de l'université. Il faudra approfondir les recherches.
- Tu n'écoutes rien de ce qu'on dit Jared. Lance Alana
- Si, il écoute, seulement il nous ignore !
- Mmh mmh.
- J'ai décidé de mordre mon petit ami en revenant à l'UMS lundi, qu'en penses-tu ?"
Je redresse alors ma tête et regarde ma sœur dans les yeux, je sais qu'un reflet ambré s'aperçois dans les miens.
-Qu'est-ce que tu as dis ?
- Je te l'avais dit Alana, il ne faisait que nous ignorer.
- Tu as vraiment un petit ami ?
- Il n'y a que ça qui t'intéresse ?
- Et le fait que tu veuilles le mordre oui."
Ma sœur se passe une main sur le visage visiblement exaspérée.
- Tu n'écoutes rien, tu es distrait alors que c'est la fête Jared ! La première qu'on fait à nouveau tous les 3 réunis !
- Et je devrai faire quoi ? Faire la danse de la pluie autour d'un tronc d'arbre ? Je suis là, c'est déjà pas mal.
- Tu as parlé à papa ?
- Pour lui dire quoi ? Je suis déjà allé voir son psychomage, j'ai déjà parlé à quelqu'un.
- Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?" insiste Eileann.
- Papa ou le vieux fou qu'il m'a amené voir ?"
On se toise en silence, elles savent que je ne dirai rien et elles savent que cela ne sert à rien de continuer sur le sujet. Ce sont les seules à connaître aussi bien mes limites et à les respecter. C'est peut-être parce qu'on est triplé, ou parce que c'est les seules personnes en qui j'ai confiance. Même si on se chamaille régulièrement et que j'ai parfois des envies de meurtre, c'est les seules personnes à ce jour à m'apporter assez de joie et de réconfort et dont je ne me lasse pas, tous les autres m’ennuies.
- Comment tu t'es fait ça encore ?"
Ma sœur Alana lance sa main vers mon visage et y touche un plaie encore fraiche sur l'arcade, je sursaute à peine à cause de la douleur et de l'appréhension. Ses doigts sont délicats et je retiens ma respiration jusqu'à ce qu'elle retire sa main. Je n'ai jamais apprécié les contacts physiques, et ça s'est accentué durant mes années à Poudlard, ou j'étais plus une plaie douloureuse ambulante qu'autre chose.
- J'ai pris une porte."
Faux.
- Une porte qui s'appelle Fingus et qui est batteur dans l'équipe de Quidditch à l'UMS ?" répondent-elles exactement en même temps avec la même intonation. Elles ne le savent pas mais j'adore quand elles font ça. Petits ça nous arriver tout le temps tous les trois, de répondre la même chose aux parents.
Je lève mon sourcil blessé, surpris qu'elles soient déjà au courant de cette histoire. Ces deux là sont deux fouines depuis qu'elles sont arrivées à l'UMS en septembre. Je fais craquer mes cervicales et hausse les épaules sans leur répondre.
- On est sûre que tu ne t'es pas soigné avant de rentrer en Irlande exprès pour provoquer papa.
- Vous êtes deux petites futées. Sur ce..."
Je ferme mon livre en le claquant fort ce qui surprend mes sœurs qui ont le même mouvement de recul. Une esquisse de sourire se forme sur mon visage et je me lève du banc en marbre sur lequel je me trouve.
- ... je vais plus loin, probablement pour faire la danse de la pluie autour d'un arbre, inutile de me suivre pour admirer le spectacle."
Elles me fusillent du regard et je n'attends pas qu'elles répliquent une tirade pour presser le pas et m'éloigner de cet endroit du jardin royal. Je vais au plus loin qu'il est possible d'aller. Les festivités de Samain s'entendent jusqu'à très loin. La fête de la transition, l'ouverture vers l'Autre Monde, tu parles. Si je suis là aujourd'hui, ce n'est rien que pour mes sœurs, maintenant qu'elles sont Duchesse il ne s'agirait pas qu'elles ratent les fêtes traditionnelles Irlandaises. Et il est vrai que la pleine lune d'hier a fini de me convaincre de venir en Irlande pour la transformation, c'est beaucoup plus pratique qu'à l'UMS. Les terres sont plus vastes et familières. J'aime ces terres.
Une fois hors de porté et de vue je sors de ma veste un pochon qui contient mon petit mélange de tabac et d'aconit tue loup, parfaitement dosé. Assez pour me défoncer mais pas assez pour être délétère, enfin j'imagine qu'un sorcier lambda ne serait pas bien après ça. La feuille d'aconit est extrêmement toxique, et il faut savoir bien la maitriser, ce qui est mon cas. Je cale mon livre de potion sous le bras et je roule l'herbe dans une petite feuille puis porte la cigarette à ma bouche et l'allume. En quelque seconde je sens les effets m'envahir, c'est quelque chose d'indescriptible, mes muscles se relâchent, tout mon corps se détend. La moitié du temps je suis comme monté sur ressort, tous mes sens en alertes, décuplés, là c'est comme si je m'octroyais quelques minutes de pause. Je me souviens de ma transformation hier soir, et je me souviens de ce que j'ai fais sous ma forme de loup, ça m'arrive de plus en plus clairement depuis quelques mois.
Je tire une nouvelle taf et m'adosse contre un arbre tout en fermant les yeux, mes bras le long du corps, mon manuel pesant dans ma main gauche. Je profite de cette petite défonce avant de devoir passer encore du temps à jouer les parfaits petit noble à la cour. Je suis déjà épouvanté pour le bal de ce soir. Je passe une main dans mes cheveux quand j'ai une sensation étrange qui m'envahit soudainement. On me regarde. L'effet du tabac inhibe mes sens, je n'ai donc entendu personne venir jusque là. Je jette le mégot et l'écrase sous mon pied avant que mes yeux se posent sur une personne que je n'aurai jamais cru voir ici. Je passe une nouvelle fois une main dans mes cheveux. Putain la princesse. Putain de merde. Je baisse mes yeux avant de souffler calmement.
- Veuillez m'excuser votre Altesse, j'ignorais que vous alliez user de cette partie du jardin royal, je vous laisse."
Tu parles, y'a jamais personne par ici d'habitude, c'est assez vaste pour qu'on ne se croise pas même en décidant de faire un Quidditch sur la pelouse. Évidemment je peux pas être en paix cinq minutes, il faut que carrément la royauté vienne me taper sur l'épaule. Je commence à prendre appuis sur l'arbre pour fuir le plus vite d'ici, mais je vois les yeux de la princesse fixer le mégot que je viens de jeter. Puis ses yeux se reposent sur moi. On se regarde pendant quelques secondes en silence. Putain et je suis censé faire quoi ? Une courbette ? Une formule de politesse ? Un signe de tête ? Baisser les yeux ? Me flageller pour avoir souillé la pelouse royale ? Ils peuvent faire ça ?! Putain...
Je reporte mon attention vers le mégot au sol et me baisse pour le ramasser et le fourrer dans ma poche. J'ai l'envie furieuse de répliquer "Oh ça va c'est biodégradable, tout est naturel, tout pour mère nature, de la terre à la terre." Mais aucun son ne sort de ma bouche, si je parle comme ça à Louve, il est certain que mon père me mette entre 4 planches d'ici la fin de la journée. Alors que je m'élance sans demander mon reste en lui tournant le dos, elle se met à me parler. Je réprime un soupir de toutes mes forces et ferme mes yeux avant de me retourner à nouveau vers elle. Je ne vais pas m'en sortir aussi facilement apparemment.
- J'étais venu profiter du calme et de la sérénité de votre magnifique jardin. J'apprécie énormément ces..."
Je regarde autour de moi, incapable de trouver quelque chose de crédible à dire. Il n'y a pas grand chose de fleuri en novembre.
" - ...cette haie d'Ajonc. Mais ne vous inquiétez pas, je disparais pour rejoindre la fête et vous laissez pleinement la place."
Je pense que ce n'était pas la réponse qu'elle attendait, mais c'est la seule réponse que je peux lui faire. Qu'est-ce qui lui arrive ? Qu'est-ce qu'elle me veut ? Pourquoi est-elle là ? Ce n'est sans doute pas pour me remercier du cadeau que je lui ai fait pour son royal anniversaire hier.
Je lui ai offert un coffret de parchemins ouvragés et travaillés avec précision pour que la plume glisse sans difficulté et pour faciliter la prise de note. La qualité est incroyable, et comme j'ai su qu'elle était maintenant étudiante à l'UMS, je me suis dis que ... Avec le nombre de cadeau qu'elle a reçu de tout façon le mien était très certainement insignifiant. En plus pour ça, il faudrait qu'elle sache qui je suis. Bon il est possible qu'elle se souvienne de mon refus de me transformer devant la cour il y a seulement quatre mois, contrairement à mes sœurs. Putain pourquoi je lui ai fait un cadeau aussi ? Encore une idée de mes sœurs, elles se mêlent de tout elles aussi.
En bougeant pour me décaler, une feuille de mon manuel tombe au sol. C'est une feuille où j'ai gribouillé une potion pour des travaux pratiques à l'université.
- C'est une potion d'endormissement. Pour pouvoir opérer, 5g de fève soporifique, 4 cg de foi de triton et 2 dg de cerveau de grenouille haché. Tout est dans la maitrise du haché de cerveau."
Très bien Jared, continue comme ça et maintenant elle va croire que t'es un putain de psychopathe. De quoi motiver mes parents à me ramener chez le psy.
Malgré la situation et le fait que j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou, j'ai du mal à décrocher mon regard du sien, j'ai conscience que je devrai arrêter et faire je ne sais quel protocole à la con en sa présence, mais je ne l'avais jamais approché d'aussi prêt avant aujourd'hui, pourtant j'ai littéralement grandit dans sa cour. Et même si ma sœur raconte des conneries dans ses carnets secrets et que je n'ai pas de vue sur elle, elle dit vrai sur sa beauté.
- Est-ce que vous désirez quelque chose que je pourrai vous rapporter avant de partir ?"
Lilith