"Tous les monstres sont humains" AHS

15 décembre 2001

Enthousiaste. Angelo était enthousiaste. Mot qui n’avait pas fait parti de son vocabulaire depuis longtemps. Quelle en était la véritable signification ? Enjouement démesuré ? Délectation d’une folie meurtrière ? Un mélange de tout cela sans doute.
Sur la route qui menait à l’UMS, il sautillait, souriait, chantonnait presque. Après tout, pourquoi pas ? Qu’avait-il à craindre à présent ? La liberté lui tendait les bras, le pire était derrière lui.

« Bonjour à vous, belles demoiselles ! » Un groupe de trois jeunes filles se mirent à glousser, en croisant sa route. « Pouvez-vous m’indiquer le bureau des professeurs, je viens d’arriver sur le campus. » Il leur adressa un clin d’œil aguicheur alors qu’elles rougissaient, incapables de répondre et lui exultait. « Ce ne serait pas très polie de détruire l’école dès mon arrivée, non ? Alors ? » Il ne se départit pas de son sourire. « On se détend ! Je rigole ! » Reprit-il alors qu’elles se décomposaient devant lui. « Ou pas, ça dépend si vous répondez assez vite. »
L’une des trois finit par prendre la parole et lui indiquer la route avant de pousser les autres pour qu’elles avancent rapidement. « Merci à vous et à bientôt j’espère ! »

Il s’élança dans la direction indiquée, le pas sautillant. Voilà quelques semaines qu’il était sorti d’Azkaban, le temps de retrouver une apparence passe partout, il s’était caché à quelques minutes de Londres. Il préparait sa réinscription à l’UMS. Après tout, qu’était-il censé faire à présent ? Attendre un nouveau Seigneur des Ténèbres ? Il devait retrouver une vie normale, prouver à sa famille qu’il désirait changer pour qu’il le laisse en paix. Il déboula dans la salle, vide. Enfin presque. « Je présume Professeur Mathys Nighshade ? » Se moqua-t-il en apercevant une adolescente petite et menue dans un coin de la pièce. Il reluqua sans gêne la jeune femme de haut en bas mais fut vite interrompu par une présence derrière lui. « Monsieur Nighshade cette fois-ci ? La deuxième fois est toujours la bonne ! »

Il était sûr de lui et il le montrait. « Je suis Angelo Arès Logan Scott, je viens récupérer mon emploi du temps, on m’a dit que je devais m’adresser à vous. » Il dévoila ses dents blanches sous le regard semblant crispé du professeur. Ce dernier lui souhaita malgré tout la bienvenue en lui tendant une feuille de papier. Angelo la saisit et découvrit l’amplitude de ses cours. Trois heures d’Arts et Médium, il avait complètement oublié cette matière. Quatre heures de sortilèges avancés. Intéressant. Trois heures d’Histoire des Arts Visuels sorciers…
« Vous êtes professeur d’Histoire Anciennes Monsieur Nighshade ? » Celui-ci lui répondit par l’affirmatif sans plus de discours. L’atmosphère était glaciale. En était-il le responsable ? Finalement, il n’était pas totalement ressorti d’Azkaban, c’était comme si les détraqueurs le suivaient partout où il allait. Ce n’était pas si déplaisant mais si personne ne bavassait avec lui, comment allait-il s’occuper ? On le poussait à être violent, c’était une certitude.

Il sourit innocemment à l’homme devant lui. « Je me permets de vous embêter encore peu, Monsieur, on m’avait dit que je pourrais aussi récupérer un plan de l’Université. » Il haussa les épaules, levant les yeux au ciel de façon joueur. « J’ai tendance à me perdre facilement vous comprenez. » Le Professeur acquiesça à sa requête et quitta le bureau pour trouver de quoi le satisfaire. Angelo se retrouva seul, enfin presque, il y avait encore la jeune femme de tout à l’heure qui l’observait curieusement. « Première année je suppose ? »

Elle était toute menue, peau mate et cheveux noirs. Elle semblait fragile, toute petite comparé à Angelo du haut de ses 1m80 même s’il n’était pas exactement à côté l’un de l’autre. « Tu n’as pas été sage, du coup Monsieur Nighshade te punit, c’est ça ? » Il lui sourit, un sourire pervers. Ça plaisait aux filles. Dans quelques secondes elle allait devenir toute rouge et bégayer, ne sachant que répondre. Typique des adolescentes.

Il finit par sortir sa baguette et l’agita dans tous les sens, jusqu’à ce que le sort parte tout seul. Sans surprise. « Oupsi ! » Une table prit feu. « Je ne suis pas très sage moi non plus. » Il éteint rapidement le brasier qui commença à se propager. Ce sortilège prenait tellement vite de l’ampleur qu’il en était dangereux mais c’était ce qui plaisait à Angelo. La perte de contrôle. C’était là que le génie se définissait.

15 décembre 2001

Pas très assuré le professeur. Un ennui en moins s’ils étaient tous ainsi. Angelo le regarda quittait la pièce, un sourire innocent sur le visage. La jeune femme semblait moins impressionnée, quoi que sceptique. Pas une première année. Ok. Comme s’il s’en souciait véritablement. « J'ai l'air d'avoir été puni ? Nan, j'attends qu'il récupère les clés du studio de danse de l'Université. » Une danseuse. C’était mignon. Plus qu’à mettre le feu. C’était comme des fourmillements dans les doigts d’abord puis qui passaient le long de sa colonne vertébrale. Une envie soudaine et incontrôlable. Il pouvait l’assouvir à présent, il était loin d’Azkaban. « MAIS T'ES COMPLETEMENT MALADE ! » Oui. Malheureusement, Angelo n’eut pas le temps de montrer davantage de ses talents que Monsieur Nighshade refaisait son apparition. « Zia ? Tout se passe bien ? Je t'ai entendue crier. » Il regarda la dénommée Zia avec curiosité. Essayait-il de la dissuader de dire quoi que ce soit ? Pas vraiment. Quelle importance ? Il pouvait faire tout ce qu’il voulait à présent, même si c’était en dehors de cette université. Mais elle ne dit rien et rassura son “Papa“. Ah. Relation incestueuse. De plus en plus croustillant cette vie dehors !

Angelo retrouva son sourire habituel, ce sourire dérangeant mi-innocent, mi-démon. « Voilà le plan que vous vouliez. Et le prospectus des différents clubs, et un dernier sur les activités de l'Université. N'hésitez pas à vous renseigner. Je vais maintenant devoir vous laisser. J'ai d'autres choses à faire en cette journée. » Le jeune récupéra la paperasse, avant de sourire au professeur. « Je vous remercie pour votre aide, Monsieur. Je vais de ce pas étudier tout cela. » Il tourna les talons en adressant un « Mademoiselle » de salutation à la jeune adolescente encore dans un coin de la pièce. Il remonta le couloir par lequel il était arrivé. Il jeta le plan de l’université dans la première poubelle qu’il trouva. Il manquerait plus qu’il s’intéresse à tous les clubs de cette fichue école.

« Hé ! Angelo Scott ! » Une voix familière l’interpella. Il fronça les sourcils, s’arrêta au milieu du couloir sans se retourner immédiatement. « T'es un vrai taré, tu le sais, ça ? Mettre le feu à un meuble d'un prof devant témoin, tu trouves ça malin ? » Elle s’arrêta lorsqu’elle l’eut rejoint et il la toisa de haut.  Elle était vraiment petite. Pourtant elle semblait croire à une certaine supériorité sur lui avec ses bras croisés et son assurance. Spécimen intéressant, quoi qu’un peu débile se dit Angelo. L’idée de la tuer lui traversa l’esprit, mais ce serait plutôt la voir souffrir qui l’exciterait. Concrètement il ne risquait pas grand-chose en la faisant disparaître. Qui pourrait bien le soupçonner et donc l’empêcher de poursuivre ses cours ici ? Le problème serait ses cris. Mais ça encore, il y avait un moyen de s’arranger. Néanmoins, Angelo le savait, sa décision était déjà prise. Il soupira ouvertement au visage de la jeune femme, vraiment contrarié de ne pas aller au bout de son plan. Mais il allait devoir la jouer plus civiliser à présent. Du moins essayer.

Il avait écouté d’une oreille distraite ce qu’elle lui criait. « Et d'ailleurs, pourquoi ton nom me dit quelque chose, Angelo Scott ? Après tout, tu n'as jamais été dans ma classe ou ma Maison. Alors pourquoi ton nom m'est familier ? Pourquoi tu rends les gens aussi mal à l'aise, comme ça ? Ça t'amuse, c'est un jeu pour toi ? » Il leva un sourcil à la mention du mot “Maison“. « Tu es encore à Poudlard alors ». Il sourit malicieusement. « Une Gryffondor sans doute : téméraire mais pas très réfléchie ». Elle semblait fulminer car il n’avait répondu à aucune de ces questions. « Je te rends mal à l’aise ? Tu m’en vois navré. Le terme approprié serait intimidé ou impressionné. Ce n’est pas tous les jours que tu vas croiser un aussi beau visage que le mien ». Angelo se sentait finalement flatté qu’on ait entendu parler de lui. Bon c’était certainement pour son séjour à Azkaban. Ou alors était-ce le nom des Scott, comme son cher frère avocat Andrew qui faisait la une des journaux ? « Je peux faire plus que mettre le feu à une table, tu veux voir ? » Il se pencha vers elle, tapotant sa baguette du bout des doigts et il sentit la racine de ses cheveux prendre leur couleur bleu. Il ferma les yeux, chassant toutes les pensées machiavéliques qui lui venaient, il se concentra et retrouva sa teinture blonde avant de se redresser doucement.

« C’est donnant-donnant, je réponds à tes moindres questions sur mon incroyable personne et en échange tu me fais visiter l’université. J’ai perdu le plan que Monsieur Nightshade m’avait donné.» Il ne se départit pas de son sourire angélique. Il savourait sa notoriété, et cette curiosité qui habitait la jeune femme à son égard. Mais l’était-elle au point d’accepter ? « A moins que Pa-pa ne soit pas d’accord que sa petite fille lui désobéisse… ». Il la jaugea de haut, amusé, après tout qu’avait-il de mieux à faire ? Corrompre une jeune adolescente : en voilà un bon programme !

15 décembre 2001

« Perdu, encore une fois. Je suis une Poufsouffle. » Décidément, ce n’était pas son jour. D’habitude, il lui était facile de deviner les gens. De lire en eux. Pour l’adolescente, il marquait son deuxième faux pas. Quelle importance ? Angelo essaya d’écarter ses idées et cessa de se rabaisser. Il manquerait plus qu’elle lui soit supérieure… Il haussa alors les épaules pour lui montrer que ça lui importait peu. « Tu sembles bien prétentieux, pour un type qui a stupidement mit le feu à une table devant témoin. » Prétentieux. Stupide. En voilà des termes qui ne lui parlaient pas. En quoi être sûr de soi et doté de capacités magiques supérieures serait être prétentieux ? Et mettre en pratique sa folie serait stupidité ? Des défauts pour une née-moldue dont le cerveau avait été affecté probablement.

Angelo voudrait se débarrasser d’elle. Il perdait patience. Lui faire assez peur pour qu’elle s’en aille. C’était ce qui lui prendrait moins d’énergie sans doute mais cela sembla seulement accentuer la curiosité de la jeune femme. « Mais, comment tu…? » Ces cheveux devenaient souvent incontrôlables mais il était hors de question que cela le prive de n’importe quelle crédibilité que ce soit. Il ignora ses balbutiements et la titilla sur la nécessité de lui faire la visité de l’UMS. Bien qu’agacé par son aplomb, il se sentait malgré tout flatté par son intérêt à son égard comme tant d’autres avant elle. Après Azkaban, un peu de boost à son ego était le bienvenu. « Il y a des plans à l'accueil. » A moins qu’elle en décide autrement… Mais Angelo savait où appuyer et pour une fois il ne se trompa pas et la petite fifille à Papa céda. « C'est bon, suis-moi. »

Malgré ses petites jambes, elle marchait rapidement. Angelo la suivit nonchalamment à une distance raisonnable. Il jeta à peine quelques coups d’œil aux endroits qu’elle lui montrait. L’établissement lui rappelait vaguement quelque chose mais pas assez pour l’impressionner et retenir davantage son attention. Ils firent les principaux lieux de l’Agora et le jeune Scott se rendit compte qu’il ne se souvenait pratiquement plus de l’endroit. « C'est magique, comme endroit… » Dit-elle en baissant la voix face à la salle remplie de livres. «  J’ai vu mieux ! » s’exclama-t-il en insistant pour mettre assez de puissance dans sa voix et contraster avec les chuchotements de l’adolescente.

Avant de te montrer le Quartus Area, l'étage de tes études, tu dois répondre à mes questions. Je t'ai montré trois lieux, tu m'en dois trois. La première, c'est celle que je t'ai déjà posée. Pourquoi j'ai déjà entendu ton nom quelque part ? Tu es qui, exactement ? » Angelo soupira avant de s’appuyait d’un bras contre le mur. « C’est qu’elle est exigeante l’étudiante… » Malgré sa petite taille ridicule, elle n’en démordait pas et d’une certaine façon, son attitude amusait le jeune Scott. Quiconque aurait ordonné à celui-ci des réponses se serait vu tué sans davantage de cérémonie. Était-ce Azkaban qui l’avait radouci ? Il lui semblait pourtant le contraire, il était plus déterminé que jamais à aller au bout de son devoir. Il avait marqué une pause, pesant le pour et le contre de ce qu’il pouvait révéler et de ce qu’il voulait. « Je descends d’une lignée importante de Sang-Pur, mon père est Arthur Scott et ma mère est Lucy Prewett, j’ai trois frères et deux sœurs. Et je suis le plus prometteur de ma lignée. »

Angelo ignorait véritablement si son arrestation avait fait beaucoup de bruit. Andrew s’était arrangé à réduire sa peine mais, à la cacher, peut-être pas assez. Le jeune Scott n’était pas dérangé par l’idée que ça se sache, il était fier de ce qu’il avait accompli en ce temps-là. Néanmoins, cette réputation ne devait pas trop s’ébruiter dans l’enceinte de l’établissement au risque de représailles, bien que ça n’effrayait pas le jeune sorcier. « Je suis de sang-pur contrairement à toi je me doute. C’est probablement pour cela que tu as entendu parler de moi. » Il se tut, cherchant aux alentours ce qu’il pourrait détruire, il en ressentait un besoin irrépressible. « J’ai accompli de grandes choses il y a quelques années aux côtés d’un sorcier puissant qui manifestement ne l’était pas suffisant pour prospérer. » Le silence s’installa un instant, Angelo savait que la jeune femme comprenait enfin à qui elle avait à faire et avant que son expression ne se transforme en stupéfaction, il ajouta : « N’aie pas peur, les sorciers comme toi ne m’intéressent pas, tu es trop inoffensive pour représenter un quelconque intérêt. » Il lui adressa un sourire narquois avant de la bloquer contre un mur, la surplombant de sa grandeur, un bras toujours appuyé contre le mur avec lequel il l'a coincé.

Angelo resta ainsi quelques secondes à sonder son âme avant de tourner les talons, ennuyé à présent par cette visite guidée. « Il suffit maintenant. » L’atmosphère changea du tout au tout sans véritable raison. Il ne s’était que trop attardé ici et cette conversation avec la jeune femme n’avait que trop duré. « Je visiterais les autres lieux lorsque je viendrais étudier ici. Je suis certain de m’y retrouver facilement. » Tout sourire effacer de son visage, il lui fit de nouveau face. « Il me tarde d’étudier dans la classe de ton Papa. »

15 décembre 2001

Maligne ? Déterminée ? Intelligente ? Stupide ? Immature ? Angelo ne savait plus quel adjectif convenait le mieux pour décrire la jeune femme. Elle semblait exaspérée par son arrogance mais en même temps elle gardait cette lueur de curiosité et de semblant de supériorité qui irritait le sang-pur autant que cela le fascinait. « Il me semblait que seuls les Sang-Pur ne parlaient que de lignée. » Encore une fois elle lui rentrait dedans, sans crainte. Elle possédait une confiance en elle totalement hors des limites. « Seule ma mère est Sang-Pur. Mais, tu sais, les potins des Sang-Purs ne sont pas vraiment ma tasse de thé. Je m'intéresse aux gens pour leurs actions. » Des actions ? Il en avait accompli de bien belles. Si seulement elle était davantage qu’une impure à son sang. Si seulement elle avait un don à offrir en plus de son caractère bien relevé. Mais elle n’était que cela. On ne pouvait changer la pureté du sang. Angelo lui fit bien comprendre et ne se cacha pas pour y déverser tout son dégoût pour son espèce.

Lorsqu’il révéla plus précisément ses intentions, le visage de son interlocutrice changea du tout au tout. Il comprit qu’elle avait enfin peur. Il recula, déçu. Ils avaient alors fini de jouer ? Scott se détourna, si la peur la dominait, elle n’était plus tout intéressante. Du moins, la terreur dans ses yeux à la mention de son Papa nourrit l’ego d’Angelo d’une dose d’euphorie dont il ne pouvait se lasser. Ces prochaines semaines s’annonçaient succulentes si tous les étudiants possédaient une aura délicieusement terrifiée. Le demi-dieu poursuivit son chemin, laissant l’adolescente pétrifiée contre un mur. Il quitta l’université d’un pas silencieux sans un regard pour personne.

7 janvier 2002

Angelo avait commencé les cours depuis quelques jours, c’était excitant de retrouver une vie normale mais tout aussi terrifiant. A chaque couloir, il lui semblait être poursuivi. C’étaient comme des ombres, des aspirateurs de joie, des détraqueurs. Qui aurait pu croire que ces créatures capuchonnées avaient encore autant d’emprise sur lui ? Pire : qu’elles l’effrayaient. Le jeune Scott balança la tête de gauche à droite, il n’était pas question de retrouver des sentiments, pas après ces trois années à Azkaban, surtout si c’était de la peur.

Il était 18h passé, presque 19h, il avait terminé ses cours de la journée, pour une fois qu’il était présent sans interruption. Il avait tant à faire ailleurs, entre réunion familiale, bal princier et autres rencontres… Puis il repensa à la jeune adolescente. Celle qui lui avait visité les murs de l’université. Il descendit alors d’un étage, rejoignant la salle de danse, espérant cette fois-ci l’y trouver. Il l’avait guetté quelques jours, cherchant une distraction mais sans succès. Aujourd’hui, elle était là. Le jeune Scott s’appuya contre la porte, observant les pas de danse de la jeune femme. Des pas de danse fébriles.

Puis Angelo se mit à applaudir, enfin prêt à révéler sa présence, faisant claquer fortement ses deux mains l’une avec l’autre provoquant une résonance dans toute la pièce. L’adolescente se retourna brusquement à ce son. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Elle semblait irritée et tout aussi effrayée que la dernière fois. Angelo cacha sa déception. « Je viens admirer ton incapacité à tenir sur tes pointes. » Répondit-il du tac au tac, sourire moqueur aux lèvres. « Les cours se passent bien ? » Il soupira, pas du tout emballé par la tournure de cette conversation. « T’es moins marrante que la dernière fois… » Il l’observa se désaltérer. Elle était dans ses vêtements de danse, toute transpirante. Presque jolie. Presque.

« J'ai lu la Gazette du mois dernier. Il y avait un article sur le démon blanc.  Andrew Scott. C'est ton frère, non ? » Angelo ricana, enfin elle redevenait la petite curieuse qu’elle était. « Pas mon préféré. » Elle demeura assise sur son banc, pas décidé à se rapprocher et pour l’instant lui non plus, toujours appuyé contre la porte. « Pourquoi tu préférerais ce frère ? Il y a moyen que je te le présente si tu veux mais pas sûr qu’il s’intéresse aux jeunes adolescentes comme toi. Surtout qu’il est avocat donc bon… Question consentement mineur tu vois … » Il fit une grimace avant d’enchainer nonchalamment. « Pour moi ce n’est pas un problème. » Il lui sourit malicieusement. « C'est lui qui t'a défendu à ton procès. Je n'ai pas raison ? »

Scott se mit à rire exagérément. Un rire sans joie ni euphorie. Juste du spectacle. « La petite curieuse est de retour avec ses questions ! » Il la menaça de son index, le regard joueur. « Tu te rattrapes de ta paralysie de la dernière fois. Finalement je t’ai manqué ! » Comme s’il allait répondre à ses questions inquisitrices. Il en avait bien assez dit la dernière fois, il ne lui était d’aucun avantage de lui en révéler plus. Mais elle ne sembla pas s’intéresser outre mesure et préféra porter son attention sur ses affaires qu’elle regroupa d’un coup de baguette. Prête à lever le camp. « J'ai fais mes propres recherches, tu sais ? Maintenant, si tu pouvais bien te décaler, pour que je puisse aller prendre une douche avant de rentrer au châ… » Angelo réagit immédiatement, il se planta devant elle avant qu’elle ne se retourne. Il la dominait d’une tête et sentait à présent son souffle contre ses clavicules.  « Ça ne me dérange pas de t’accompagner. Je suis d’humeur à poursuivre cette conversation. » Son sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il baissait la tête pour la regarder dans les yeux. Elle finit par reculer, gênée sans doute par cette proximité soudaine, quant à lui, il ne bougea pas et se tenait là au milieu de la pièce telle une statue, posée.

Il mit ses mains dans ses poches, pensa quelques secondes avant d’entreprendre son monologue. « Moi je n’ai pas fait de recherches. Parce que ça ne m’intéresse pas. J’ai déjà les informations qu’il me faut. Tu es encore à Poudlard. Tu es de sang impure. Tu n’es pas très maligne mais curieuse et tu te mets facilement en danger pour contenter ton ego. Tu es une fifille à Papa et… manifestement tu fais de la danse classique mais là aussi tu n’excelles pas. » Le demi-dieu la vit prête à rétorquer mais il lui intima le silence en posant son index sur sa bouche. « Alors me voici dans ta petite vie insignifiante pour bousculer tes habitudes et avant tout me divertir parce que franchement l’UMS ce n’est plus ce que c’était… » Il marqua une pause. « On la prend cette douche ou pas ? » Son sourire malicieux reprit sa place sur son visage alors que celui de la jeune femme s’indignait déjà. « Je sors d’Azkaban ma petite, ce ne sont pas les détraqueurs qui proposaient un lap danse comme choix de torture ! » Il ricana un peu, chassant les visions qui lui venaient. « Prouve-moi que tu danses mieux que je ne le pense. » L’ancien mangemort s’assit sur le banc, les mains sur les genoux. Il attendait patiemment qu’elle fasse tournoyer son tutu. « Vas-y ! Qu’as-tu à perdre ? » Il lui lança un regard de défi. La petite fille à Papa était-elle encore capable de le divertir ?

15 décembre 2001

« Parce que tu as un frère préféré ? » Comme n’importe qui, non ? N’avait-elle pas une fratrie à détester ? Angelo s’était tellement peu intéressé à la demoiselle qu’il n’avait pas cherché à en savoir plus sur sa famille ou ses autres liens. Et pour une fois, le fait d’ignorer quelque chose ne lui posait aucun soucis. Quelle avance pouvait-elle avoir sur lui ? Quel pouvoir pouvait-elle prétendre pour le doubler ? Mise à part sa frustration de n’obtenir aucune réponse claire de sa part, elle ne semblait pas manifester de sentiments dangereux. « Tu prends tes désirs pour des réalités. » Toujours. Tel était son objectif premier. Ses désirs devenaient toujours réalité. C’était son mode de vie à présent. Rien ne pouvait lui résister alors pourquoi se priver ? Mais elle ne semblait pas d’humeur joueuse comparée à lui, elle se dépêcha de ramasser ses affaires, pressé de le quitter. Quelle déception car lui était partant. « Bien sûr, prendre une douche avec toi est mon plus grand rêve depuis que je t'ai rencontré. » Il pencha la tête de côté pour signifier qu’il était prêt à réaliser sa volonté, ignorant son sarcasme. « Qu’attendons-nous alors ? » Il se rapprocha davantage du cygne blessé tel un loup guettant sa proie.

Il s’amusa alors à provoquer une réaction, quelque chose d’assez croustillant pour le distraire un peu. Avec ce qu’il préparait, il avait bien besoin de se détendre. Quoi de mieux qu’un cygne farouche ? Mais ce dernier commençait sérieusement à s’énerver. « Tu as du mal à saisir le sarcasme ? Je me doucherai à Poudlard. Si tu t'ennuies à l'UMS, t'as qu'à retourner d'où tu viens. Faire d'autres trucs. Emmerder d'autres danseurs. Je suis sûre qu'il y en avait bien un ou deux en prison, non ? » Il continua sur sa lancée, bien décidé à pousser la jeune femme à ses limites. Des danseurs il n’en avait pas côtoyé beaucoup, et certainement pas pendant ses dernières années de séquestration. Un petit ballet le tentait bien et il savait comment faire pour convaincre l’intéressée. Un défi. Quoi de mieux pour tenter la sorcière effarouchée et orgueilleuse.

Bien que contrariée par cet affront, la jeune danseuse, mains sur les hanches au début, finit par retirer son tutu accompagné d’un sifflement de la part d’Angelo. Il fallait bien qu’il soit un connard jusqu’au bout. Puis elle s’assit à ses côtés sur le banc et retira ses chaussons, il haussa les sourcils, persuadé de l’avoir pourtant convaincu de danser pour lui. Mais elle lança la musique, prête à s’exécuter. Angelo reconnut rapidement les premières notes du Lac des Cygnes de Tchaikovsky. Un instant il ferma les yeux, redécouvrant avec délice et effroi cette mélodie monter en puissance. Il repensa à Winifred, juste quelques secondes, elle aimait mettre cette musique assez forte pour qu’elle soit entendue dans toute la maisonnée et même dans ses jardins fleurie où il se plaisait à photographier les plantes colorées. Puis il se souvint de la fin de cette histoire et il ouvrit les yeux pour se concentrer sur Zia. Elle ne bougeait pas comme toutes les danseuses classiques, c’était certain. Elle faisait ce petit mouvement de hanches prononcé en plus, comme si elle savait qu’elle avait déjà conquis les spectateurs, elle la première. Il sentit son regard sur le miroir et il savait qu’il ne se trompait pas. C’était un regard plein de vices, empli d’orgueil et de vanité. Elle bavait sur sa propre performance et Angelo se régalait de ce spectacle. Puis elle posa pied lorsque la musique se mourut en fondue.


Il se retint d’essuyer la larme qui avait coulé le long de sa joue, presque imperceptible et pourtant il l’avait senti. Était-ce de l’émotion ou une nostalgie mal placée ? Il misa sur la dernière possibilité. De toute façon, il ne pouvait en être autrement. « Je suis peut-être "incapable de tenir sur mes pointes", comme tu dis si bien, mais ne te fie pas à ton premier regard. » Le sien en disait long, elle était fière d’elle-même, presque victorieuse. Angelo eut envie de se moquer mais se retint. N’avait-elle pas mérité une once d’admiration ? Il hésitait. « Je danse depuis que j'ai 5 ans. Alors certes, je n'ai commencé le classique que l'an dernier, j'ai encore du mal à tenir sur mes orteils. Mais ça ne veut rien dire. Parce que je travaille dur. Parce que je sais que je suis bonne dedans. Parce que je le veux, et que je l'aurais. » Elle était douée pour déballer des discours. Ambitieuse sur les bords, c’était qu’elle commençait à devenir presque intéressante la nénette. « Je réussirais à faire toutes les pointes que je veux en juin. Et en septembre, je serais la meilleure des danseuses. Tu verras. »  Elle voulait relever le défi à fond semblait-il. Soit. « Ce sera à moi d’en juger. » Il lui adressa un clin d’œil avant de se relever, prêt à prendre congé lui aussi. « C’est donc la promesse que l’on se reverra. »