A window to the past
feat @"Personnage"
Mardi 11 décembre 2001, midi.
Camille n’avait toujours pas parlé de ses cauchemars et insomnie à répétition ni à Max ni à un quelconque adulte de sorte qu’elle se rapprochait de plus en plus de l’épuisement physique. Attestait de son état des cernes de plus en plus marqués sous ses yeux.A part de petits accidents dus à sa fatigue et sa maladresse mêlés, sa matinée de ce mardi-là s’était plutôt bien passée. Et là, elle se trouvait donc à table, faisant de son mieux pour n’inquiéter personne et donc continuer à cacher cauchemars, insomnies et fatigue. Ce qui devait un sacré défi. Elle était cependant assez silencieuse, n’intervenant que si on la sollicitait.
Elle se trouvait donc là, à table, quand tout d’un coup l’atmosphère se refroidit à l’extrême, de manière inhabituelle.. Avant même que ses pires souvenirs remontassent à la surface, elle avait senti un profond désespoir l’envahir et vu des créatures qui semblaient dissimulées sous des capes noires pénétrer dans la grande salle. Elle eut également le sentiment que le peu d’énergie qu’elle avait la quittait.
Après ça, elle n’eut plus conscience de ce qu’il se passait autour d’elle, elle sombra dans un premier temps dans ses souvenirs. Le premier souvenir qui lui revint en mémoire était aussi l’un de ceux qu’elle revoyait le moins du fait de son ancienneté : la mort de sa mère. Elle était dans sa maison d’enfance, elle parlait avec sa mère, lui racontant sa journée. Tout d’un coup, alors que cela semblait n’avoir rien à voir avec la conversation elle entendit la voix de sa mère, voix qu’elle pensait avoir oublié. Elle lui disait :
« Je t’aime, ma petite Camille »
Puis, plus rien, plus aucune réaction de sa mère. Elle se revoyait agiter sa mère en tous sens, de tenter la réveiller par tous les moyens qui lui pasaient en tête alors que cela ne serait plus jamais possible, que Catherine avait rendu l’âme après avoir dit ces derniers mots.
Des larmes coulaient sur les joues de la jeune fille qui n’avait plus du tout le contrôle de la situation. Absente à tous et à tout, elle alla de pire souvenir en pire souvenir.
Elle était à présent à cheval, en montagne et son père aussi. Elle se trouvait à quelques mètres derrière son père, en file indienne. Le sol n’était peut-être pas assez stable. Toujours est-il qu’elle n’avait rien vu venir que l’animal désarçonnait Arthur, lui faisait faire une chute mortelle.
Puis, sa belle-mère, Harriet, l’enfermant dans un cagibi, ne l’en sortant que pour lui dire qu’elle était un monstre, que c’était de sa faute si Arthur était mort et la battant.
Et enfin, ce moment, pendant l’été où elle avait fait cette chute du haut de son arbre, persuadée que c’était la fin, que plus jamais elle ne reverrait ceux qui lui étaient chers.
Puis, plus rien, ni souvenir, ni image, ni son. La fatigue cumulée avec l’intensité de ses souvenirs et Camille avait perdu conscience, tombant de son banc.
Sa perte de conscience fut brève et elle rouvrit les yeux avant qu’on ne lui donnât un chocolat. Encore à moitié dans les vapes, elle n’avait pas repéré qui se trouvait là.
Pendant les premières minutes, elle eut du mal à raccrocher tous les wagons, mais comme cela lui était déjà arrivé dans sa vie, elle comprit qu’elle avait dû s’évanouir. Elle sentait une grosse boule dans sa gorge et une nouvelle fois les larmes se mirent à couler de manière irrépressible tandis qu’elle réalisait qu’elle avait revécu la mort de ses parents.
Et si le chocolat lui fit du bien, lui rendant une partie de ses forces, il ne put pallier son état de fatigue en plus de l’effet des détraqueurs, de sorte que Camille resta dans la position dans laquelle elle était, ayant l’impression que ses jambes ne la porteraient pas si elle prétendait se relever. Si, encore secouée de ce qu’il venait de se passer, elle était restée silencieuse en dehors des larmes qu’elle versait, elle redevenait présente aux personnes qui l’entouraient, finissant par poser les yeux sur celle qui se trouvait le plus près d’elle.
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