La jalousie est un vilain défaut
Samedi 24 novembre
Une sortie à Pré-au-Lard ? Plutôt deux fois qu'une !
Bien sûr que Druid's Oak, l'UMS, tout ça, j'adore, mais parfois, un retour aux sources ne fait pas de mal. Je dois dire que Pré-au-Lard me manque. Poudlard aussi, à certains moments - pas pour les cours, bien sûr, mais plutôt pour l'ambiance générale, et mes petites habitudes. Même si j'aime beaucoup commencer cette nouvelle vie à l'UMS, ce n'est pas de tout repos. À l'université, je dois recommencer tout à zéro: trouver ma routine, mes endroits préférés, me faire des amis,... C'était plus simple, à Poudlard. En même temps, après 7 ans et de nombreuses amourettes, on peut dire que j'y avais beaucoup de repères.
J'avais lancé l'idée d'une sortie à Pré-au-Lard à Keith, un peu au hasard. Je ne pensais pas que ça le dirait d'y aller. Il ne m'a pas l'air du genre nostalgique, surtout qu'il était encore un pire élève que moi à Poudlard, c'est dire. Pourtant, quand j'avais balancé cette idée en plein milieu de la descente de notre troisième bière de la soirée, Keith avait eu l'air super excité. Bon, pas aussi excité que par mon décolleté, mais il avait l'air de bien aimer cette idée.
C'est donc ainsi que je me retrouve dans les rues de Pré-au-Lard avec Keith, entourés de plein d'élèves de Poudlard. Ça me fait bizarre d'être avec lui ici, on se croirait en date. Je crois bien que c'est la première fois que je le vois à l'extérieur en pleine journée. D'habitude, c'est plutôt bars, clubs et chambres. Il y a souvent de l'alcool, parfois de la drogue, toujours du cul entre nous. Du coup, juste discuter avec lui en étant complètement sobre... c'est assez étrange.
- C'était quoi, ton endroit préféré à Pré-au-Lard ? J'avoue que je passais beaucoup de temps chez Honeydukes, perso. Heureusement que je faisais du Quidditch...
Je me sens saliver en pensant aux sucreries de la boutique. Je m'en gavais parfois, j'ai franchement assez peu de self-control pour ce genre de choses. Ça, et les garçons, je suppose...
On se promène tranquillement dans le village, en se lâchant des blagues à l'humour douteux et des sous-entendus pas vraiment discrets. Heureusement qu'il est drôle et sexy, ce con, parce qu'il n'est pas des plus subtils, ou des plus intelligents. Je ne recherche pas quelqu'un avec un QI incroyable non plus, mais des fois, Keith me fait presque peur. Je me dis que ça doit être la drogue ou l'alcool qui joue un rôle, quand on est en soirée. Bah, je m'en fous, il me fait rire, il baise bien, et il me pose pas de questions. Je crois qu'il n'en a rien à faire si je vois quelqu'un d'autre, et tant mieux. Il ne m'a jamais questionné à propos de Bleddyn, ce que je préfère. Je me demande même si il est au courant, en vrai. Keith n'a pas trop l'air d'aimer lire les journaux. Il n'y a pas de femmes à poil, dans la Gazette du Sorcier. J'ai entendu dire que certains magasines et journaux Moldus en avait, parfois. Je suis sûre que ça, Keith est au courant.
Au bout de presque une heure, je sens que je commence à avoir vraiment froid. Keith et moi, on est pas du genre à se prendre la main, à se serrer l'un contre l'autre (en tout cas, pas de manière "platonique"). Non pas que je m'en plaigne, à vrai dire. Mais il n'empêche que ça caille par ici.
- Et si on allait boire un coup ? Je dis en pointant du doigt Les Trois Balais.
Il ne faut pas en demander plus. On se retrouve à l'intérieur avec Keith et, en poussant quelques élèves qui ont l'air de bébés, on finit par trouver une table. J'ai l'impression que beaucoup de gens me regardent et me pointent même du doigt, mais j'essaye de les ignorer. Au moins, ils n'ont pas l'air de paparazzis à l'affût d'un gros titre. Imaginez le scandale si ils venaient à savoir que la "petite amie" du prince Bleddyn n'était peut-être pas si fidèle et si parfaite que ça.
Bref, j'essaye d'ignorer le monde autour de nous, et surtout, j'essaye d'apostropher un serveur. Un Whisky Pur-Feu, ça ferait du bien par ce temps. J'ai l'impression d'être conditionnée à boire de l'alcool en compagnie de Keith, mais peu importe. Mes yeux se posent sur des cheveux roux près de l'entrée. J'ai l'impression de la connaître, mais pas facile à dire, de dos. Je m'apprête à demander à Keith si il la connait - on a tout de même passé pas mal de notre après-midi à s'échanger des gossips sur les élèves qu'on connaissait - mais il semble la fixer, absorbé lui aussi. J'imagine qu'il se demande aussi qui c'est, encore ?
Elle finit par se retourner légèrement, et je finis par tilter. Je me tourne vers Keith.
- Ah, c'est Olympe Swan, c'est ça ? T'es pas genre, super proche de son frère ?
Je me demande comment Keith aurait pu ne pas la reconnaître. Peut-être qu'il a mauvaise vue. Ou peut-être qu'il n'est pas si proche que ça, avec Oscar. J'avoue ne pas trop en savoir sur la vie privée de Keith, on ne parle pas trop de tout ça. Nos regards se croisent, avec Olympe, et je lui fais un signe de la main.
- Tu sais qu'on était à la chorale ensemble ? Ça fait longtemps que je ne lui ai pas parlé, on l'invite ? Je n'attends pas vraiment la réponse de Keith et fait un signe de la main pour inviter Olympe à venir à notre table. Après tout, on était là aussi pour voir des visages de gens qu'on ne fréquente pas tous les jours. J'aurais bien voulu voir Alice Bennett, par exemple. Ce qui me rappelle, je ferais bien de parler de ce baiser qu'on a échangé quand on s'était croisé. J'en connais un qui va se régaler.
- Olympe ! Comment vas-tu ? dis-je une fois la rousse arrivée à notre hauteur. Elle a un drôle d'air, je ne sais pas trop pourquoi. Tu connais Keith, je crois ?
(c)Lilith