Victoria Prewett
Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:06, édité 2 fois
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Contexte
I shot for the sky, I'm stuck on the ground
@ Victoire
Nous sommes le dimanche 27 janvier 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Parfois un peu immature et un peu trop énergique, Vicky passe un week-end avec sa famille et des amis de la famille en Irlande. Mais une mauvaise rencontre pourrait bien faire basculer son destin ...
I shot for the sky, I'm stuck on the ground
La douleur irradiait tout mon corps et j’avais l’impression que je pouvais m’évanouir à tout moment. Mon sang bouillait et je poussais un cri alors que je tentais de bouger mon bras. Je grimaçais de douleur et les larmes pointèrent au coin de mes yeux. J’avais envie d’appeler à l’aide mais si papa savait que j’étais allée me promener seule, on rentrerait aussitôt. Et je ne voulais pas rentrer aussi vite. A moitié couchée contre un rocher, je me redressais en jetant un nouveau regard vers l’endroit où le loup avait disparu. C’était un gros loup noir et j’ignorais encore pourquoi il avait été si direct. J’avais voulu sortir ma baguette mais papa nous avait confisqué les baguettes, craignant qu’on ne fasse de la magie en dehors de Poudlard. J’avais reculé quand le loup avait approché, essayant de me souvenir de ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. Le loup grognait et j’avais trébuché en arrière. C’était à ce moment-là que le loup m’avait sauté dessus, mordant mon avant-bras, déchirant mon tee-shirt et me faisant pousser un cri de douleur.
J’ignorais si c’était mon cri qui l’avait fait fuir, mais le loup avait aussitôt déguerpi, comme s’il avait pris la mesure de la chose. Comme je l’avais dit, c’était un loup énorme et, durant un instant, j’avais imaginé que cela pouvait être un loup-garou. Mais ce n’était pas encore la Pleine Lune. Pas encore. C’était juste un simple loup qui avait dû avoir peur.
Je me relevais, grimaçant de douleur. Du sang avait coulé et je m’efforçais de faire un bandage pour cacher ça. Je poussais à nouveau un gémissement de douleur, me mordant la lèvre. Je devrais vraiment le dire à papa. Il aurait certainement un sortilège pour arranger ça. Je reniflais, refoulant les larmes qui me venaient alors que je remettais ma veste par-dessus. A part mes mains pleines de terre, on ne remarquerait rien. Non, je n’allais rien dire. J’attendrais de voir comment ça faisait, et si jamais ce n’était toujours pas beau demain, je le dirai à papa. En attendant, il fallait que je regagne rapidement les autres.
Je marchais en sens inverse. Le pire, c’était que je ne m’étais pas tant éloignée que ça. J’avais juste voulu jouer les aventurières dans cette forêt. Elle était tellement belle et le son que produisaient les arbres au contact du vent me plaisait énormément. La neige était tombée et avait recouvert le sol d’un épais manteau blanc. Arrivée en lisière de forêt, j’apercevais le village irlandais où mon père avait loué un petit cottage en contrebas.
Comment je m’étais retrouvée ici alors que j’étais censée être à Poudlard ? Mon père et ses amis avaient prévu ce week-end depuis déjà une bonne année. Ils organisaient toujours pleins de choses ensemble et ce week-end-ci était le moment parfait pour eux de se réunir. Il y avait Joshua Bennett, avec sa femme et ses trois filles, Alex, Lily et Lia. James Davis devait venir mais de ce que j’avais compris, il était toujours en froid avec mon père et Josh. Cependant, Alec et Joey étaient venus de bon cœur et ça c’était cool. Et ensuite il y avait mon père, Edmund, Billy et moi. Le professeur Chastang ne nous avait pas accompagné. Il disait qu’il avait de nombreuses copies à corriger mais je le soupçonnais d’avoir refusé pour éviter que Billy ne refuse de venir. Billy tirait toujours la tête mais au moins, il était là avec nous.
« VICKY ! »
Je tournais brusquement la tête vers Alex qui venait d’arriver vers moi. Essoufflée, elle m’attrapa le bras et je grimaçais. Cependant, elle était tellement accaparée par ce qu’elle avait à me dire qu’elle ne le remarqua même pas.
« Viens vite ! Ce sont tes frères ! »
Alex Bennett
Je fronçais les sourcils alors que Joey, un peu plus loin, nous faisait de grands signes. Je me mis à courir avec Alex, dévalant la colline pour rejoindre Joséphine. Des mèches rebelles s’échappaient de son chignon et, dès que l’on fut arrivée à sa hauteur, elle se mit à presser le pas. En quelques minutes, nous étions dans le village. Il n’était pas bien grand mais quelques personnes se promenaient. Malgré la neige qui était tombée cette nuit, les personnes se promenaient et continuaient à faire leur train-train habituel. Les voisins se retrouvaient gaiement et discutaient, tandis que des plus jeunes semblaient se rassembler sous un pont. C’était par là que Joey nous conduisait.
« Je vais voir si le téléphone fonctionne. »
Billy releva un sourcil, regardant Edmund comme s’il venait de dire la plus grosse connerie qu’il avait entendu.
« Pourquoi faire ? Tu ne sais même pas t’en servir ! »
Eddie poussa un long soupir et se retourna vers son frère, assis sur un banc avec Alec à ses côtés.
« Je veux voir comment va maman. Et … si, je sais m’en servir, car contrairement à certains, moi j’écoutais en cours d’Etude des Moldus. »
Et Eddie s’éloigna vers la cabine téléphonique en grommelant des mots sans doute grossiers. Billy attrapa quelques cailloux qu’il balança sur le mur du pont face à lui. Ce week-end le faisait chier. Ils étaient arrivés vendredi soir et toute la journée d’hier ils avaient visité les quatre coins de l’Irlande. Hier soir, Joshua, Louis et Roza avaient même voulu faire une soirée jeu de société. Trop chiant … Heureusement que Joey était là. Joey et Alec. Au moins, lui était fun, contrairement à son frère. Le pire,c’était qu’Alex était là et Billy était persuadé que toutes ses pensées étaient obsédées par Ian Wen. Ce crétin de Ian Wen. Billy balança plusieurs cailloux de rage. Mais l’un d’eux toucha un garçon qui passait.
« HEY ! »
Et merde.
« C’est bon, j’ai pas fait exprès ! » répondit Billy en haussant les épaules.
Le garçon, qui n’était pas si garçon que ça, s’approcha. Il était grand, bien qu’un peu voûté, et était accompagné de quatre autres garçons. Billy se redressa de son banc, rapidement imité par Alec qui ne comptait pas laisser son ami seul.
« Excuse-toi, sale chien ! » cracha le garçon.
« Comment tu m’as appelé ? » lança Billy en faisant un pas vers lui.
Alec choisit ce moment-là pour ricaner.
« Qu’est-ce que t’as, toi ? »
C’était un deuxième garçon qui avait parlé. Ses cheveux ébouriffés au-dessus de sa tête lui donnait l’air de ne pas avoir su quoi faire de cette touffe au-dessus de son crâne depuis un long moment.
« C’est quoi cet accoutrement en plus ? » demanda un troisième.
Billy et Alec n’avaient pas pris la peine d’enfiler leurs vêtements moldus comme leur avaient pourtant recommandé les adultes.
« Et on en parle de ta sale gueule peut-être ? Ça doit faire longtemps qu’elle n’a pas dû voir de savon … » railla Alec, du tact au tact.
Le poing ne tarda pas à fuser et vint du deuxième garçon à l’air plus vindicatif. Alec recula alors que son nez venait d’en prendre un vilain coup.
« Espèce de … »
Mais Billy ne termina pas ses phrases et sauta sur le deuxième garçon, le couchant à terre. Le premier garçon vint l’attraper et lui donna un coup de pied, tandis qu’Alec venait au secours de son ami. Très vite, une mêlée commença, à cinq contre deux. Des personnes qui passaient par là, vinrent les regarder, encourageant tantôt l’un, tantôt l’autre. Billy s’était pris plusieurs coups de pied dans les côtes mais avait réussi à renverser la tendance en donnant un coup de poing au premier garçon, se disant que peut-être ce week-end serait plus animé que prévu.
Billy Prewett
Joey Davis
« Qu’est-ce qui se passe ? » demandais-je en poussant les personnes rassemblées pour arriver tout devant.
Plusieurs garçons se battaient à même le sol, se roulant dans le sol boueux. Il y avait du sang et je reconnus alors la joue violacée de mon frère.
« BILLY ! » criais-je.
Le garçon releva la tête vers moi et se mangea alors un coup de pied dans le menton. Je grimaçais de douleur, en même temps que quelqu’un me bousculait à l’épaule. Alex attrapa le bras de Joey qui semblait prête à aller dans la mêlée alors que Edmund nous passait devant. Edmund, mon frère. Je le regardais alors qu’il arrivait, donnant un coup de pied au garçon qui avait assommé Billy. Je poussais une exclamation de surprise. Eddie et Billy se battaient tout le temps tous les deux, se chamaillant pour un oui ou pour un non. Mais personne d’autre n’avait le droit de le blesser. A nouveau, les encouragements reprirent alors que Eddie donnait un coup de poing à un gars qui s’acharnait sur Alec.
« Ça va, mec ? »
Ce fut à ce moment-là que des voix se firent entendre derrière eux. Plus sévères et plus autoritaires. La foule s’écarta, s’éparpillant au plus vite alors que papa arrivait, Joshua et Roza sur ses talons. Ils virent alors Billy à terre, la joue violette, se tenant les côtes. Alec n’était pas au meilleur de sa forme non plus, le nez en sang et le poing endolori. Edmund était à côté, le soutenant du mieux qu’il pouvait et l’aidant à s’asseoir sur un banc. Alex et Joey se tenaient à mes côtés, inquiètes.
« Qu’est-ce qui se passe ici ? Rentrez chez vous, immédiatement, avant que je n’appelle les autorités locales. » tonna Louis en renvoyant les garçons moldus.
Ils détallèrent aussitôt, guère envieux d’avoir à faire à plus forts qu’eux. Joey, elle, s’était approchée de Billy et l’aidait à se relever. Joshua s’approcha, secouant la tête.
« Sérieusement ? On ne peut pas vous laisser deux secondes sans que vous ne fassiez remarquer au milieu des moldus. »
Edmund Prewett
Roza s’avança vers Alec, veillant à ce que personne ne les observait avant de sortir sa baguette pour réparer le nez cassé du jeune homme. Joey réclamait sa baguette elle aussi mais Louis secoua la tête.
Alexander Davis
« Hors de question. Même si vous êtes majeurs, je ne vous fais pas confiance face aux moldus. La preuve en est actuellement. » dit-il en approchant sa baguette du visage de Billy.
Louis Prewett
« C’est bon ! Pas besoin ! » râla-t-il en repoussant le bras de son père qui s’efforça de ne pas paraître déçu.
Joshua dut le voir puisqu’il s’avança vers Billy.
« Parle mieux à ton père, jeune homme. A ta place, je ne ferai pas le fier. Rentrez au cottage et allez vous nettoyer la figure. Vous faites peur à voir. »
Joshua Bennett
Je déglutis. Joshua était assez impressionnant quand il s’énervait et pourtant, c’était chose rare. Billy repoussa les bras de Joey et trottina vers le village. Alex s’éloigna pour le suivre visiblement et je jetais un coup d’œil à Joey qui secoua la tête avant de se tourner vers son frère qui, épaulé par Edmund, rentrait au cottage.
« On les suit ? » me demanda Joey d’une voix sombre.
Je hochais la tête, me disant que ce n’était définitivement pas une bonne idée de parler de ma morsure aujourd’hui. La matinée commençait bien …
Le déjeuner avait eu lieu en silence. La joue de Billy avait retrouvé une couleur à peu près normale grâce aux sortilèges de Joey … ou bien d’Alex ? Malheureusement, la douleur dans ses côtes n’avait pas vraiment moyen d’être soulagée. Alec, quant à lui, se massait sans arrêt son poignet et je m’étais inquiétée longtemps pour lui. J’espérais vraiment qu’il irait mieux car il semblait vraiment mal en point. Edmund aussi était aux petits soins même si Billy lui avait aboyé dessus, lui disant qu’il n’avait pas besoin de lui pour être défendu. Les adultes les avaient sommé de se taire et le repas avait continué dans un silence de plomb. Il n’y avait que Lily et Lia qui riaient un peu, bien insouciantes de ce qui s’était passé. Même moi, j’aurai aimé me joindre à elle mais la douleur dans mon avant-bras ne passait pas. J’aurai peut-être du en parler à Billy mais vu la tête qu’il tirait, il ne semblait pas d’humeur et je ne voulais pas l’embêter.
L’après-midi, les adultes avaient prévu d’aller visiter le palais royal. J’étais très excitée même si, plus l’après-midi avançait, plus je languissais d’aller me glisser au fond de mon lit. En arrivant dans la cour, je n’avais eu de cesse de bâvasser sur le bal un mois plus tôt. Mais au fur et à mesure que nous traversions les pièces, je me sentais de plus en plus fatiguée et abattue.
« Hey, tu ne parles plus ? » m’avait glissé Alec avec un sourire entendu.
Je lui souris pour donner le change mais dès qu’il eut le dos tourné, je soupirais. Les pièces étaient magnifiques et j’aurai aimé être mieux en forme pour en apprécier toute la beauté. Papa et Roza étudiaient les peintures comme de grands spécialistes tandis que Joshua allait amuser ses filles en trouvant une blague à glisser sur l’attitude d’un garde ou sur la nature d’une sculpture. Je souriais, écoutant d’une oreille distraite. Billy et Joey traînaient à l’arrière, échangeant des chuchotements tandis qu’Alex jetait des coups d’œil de temps en temps vers eux, comme hésitant à aller voir Billy ou non. Alec et Eddie, eux, débattaient sur la meilleure façon de provoquer un incident diplomatique, vite rabroués cependant par mon père qui passait derrière eux en leur donnant une claque derrière la tête.
« Ça suffit vos idées à deux Mornilles pour nous mettre dans l’embarras. Tenez-vous tranquille et … »
« ACCALIA !! » criais-je dans le vaste hall.
Une chevelure rousse était apparue, descendue d’un escalier. Accalia Iceni étudiait à Poudlard depuis le début de l’année scolaire et avait une année de moins que moi. Je ne lui parlais pas beaucoup, mais le simple fait de voir un visage familier durant ce week-end sembla faire retomber la fièvre qui s’était emparée de moi. Aussitôt deux gardes me barrèrent la route jusqu’à elle et me regardèrent d’un air sévère.
« Vicky, ce n’est pas une façon de s’adresser à une princesse. » me rabroua mon père en posant une main sur mon épaule.
Pourtant, la princesse approchait vers nous et mon sourire s’agrandit, malgré ma fatigue constante de cet après-midi.
Accalia Iceni
« Vicky ! » dit-elle à son tour avec un petit signe de main. « Ne vous inquiétez pas, je les connais. »
Les gardes s’inclinèrent aussitôt.
« Bien, Votre Altesse. » dirent-ils avant de retourner à leur place.
Accalia tourna alors la tête vers nous et mon père fit une courbette.
« Votre Altesse Royale. » dit-il.
« Bonjour professeur Prewett. »
Mon père enseignait l’Etude des Moldus à Poudlard et devenait certainement connaître Accalia, même si j’ignorais s’il l’avait en cours ou non. Accalia lui fit un sourire poli avant de saluer chacun d’entre nous. Les garçons et les filles s’étaient approchés, curieux de bavasser avec l’une des princesses royales.
« J'espère que vous allez bien. »
« Oh oui ! » dis-je, enthousiaste.
« C’est un vrai plaisir de vous trouver ici. » ajouta mon père. « Vous aussi avez quitté Poudlard le temps du week-end ? »
Accalia fit une moue et je la soupçonnais de ne pas être ravie d’avoir dû quitter le château.
« Oui, de cette manière, je continue mon apprentissage princier et religieux auprès de mon arrière-grand-mère, la Grande Prêtresse actuelle. »
« Oooh ! » laissais-je exprimer, échangeant un sourire avec elle.
Ce devait être quelque chose de recevoir un apprentissage de la sorte. J’étais curieuse. Curieuse de savoir ce qu’elle devait apprendre et ce qu’il était coutume de faire quand on était une princesse. Accalia n’accèderait probablement jamais au trône alors, elle devait avoir moins de responsabilités, tout en ayant quand même énormément pour une fille de 14 ans. Pourtant, je me surprenais encore à rêver d’être à sa place.
« Je suppose que vous profitez du weekend pour visiter le château, souhaitez-vous que je vous accompagne ? »
« Oh oui ! » m’exclamais-je, luttant contre la fatigue et requinquée par cette nouvelle.
« Je vous remercie, mais nous ne voulons pas vous déranger. Vous devez certainement avoir mieux affaire. »
« Je peux au moins vous faire visiter le Temple, qui est également ouvert aux visiteurs. » rassura pourtant la princesse.
Je hochais à nouveau vivement la tête à cette idée. Mon père croisa mon regard puis celui d’Accalia avant de soupirer.
« J’imagine que ça ne peut être que plus intéressant avec une spécialiste comme vous, Votre Altesse. »
Je souris de plus belle et frappais dans ma main alors que la joyeuse troupe que nous étions suivait Accalia. Roza était impatiente d’en découvrir plus alors que Lily et Lia avaient attrapé le bras de leur père, toutes impatientes de se diriger vers les extérieurs. Quant à moi, mes pas étaient lourds et je m’appuyais régulièrement contre un mur ou contre quelqu’un pour me soutenir. Pourtant, le Temple était magnifique et je ne pouvais que rêver les yeux grands ouverts en écoutant Accalia nous expliquer les différents rites qui avaient lieu dans telle ou telle pièce. Elle nous fit même visiter une partie plus privée, ses appartements, enfin futurs appartements comme elle précisa.
Je m’appuyais un instant contre l’épaule de mon père alors qu’Accalia nous proposait de boire du thé tous ensemble.
« Ça va Vicky ? » chuchota mon père en déposant un baiser au sommet de ma tête. « Merlin, tu es brûlante de fièvre ! »
« Je ne me sens pas très bien. » admis-je.
Mon père, inquiet, refusa poliment l’invitation de la princesse avant de décider de rentrer plus tôt que prévu afin que j’aille me reposer. Ce n’était pas pour déplaire à Billy, Alec et Edmund qui ne semblaient pas aussi heureux que moi de s’être attardé au palais royal.
« J’ai juste besoin de dormir un peu … » dis-je à mon père en arrivant dans la chambre.
Il insistait pour regarder si je n’avais pas d’autres maux et je craignais qu’il ne découvre la blessure. Juste un peu de sommeil et demain tout serait arrangé. Alec m’aida à m’asseoir et je le remerciais d’un sourire.
« Alec … tu es un véritable prince … » soufflais-je.
L’étudiant fronça les sourcil, se disant surement que j’étais bien malade pour sortir un truc de ce genre. Mes oreilles bourdonnaient de plus en plus et, je mourrais d’envie de me reposer. Je partageais ma chambre avec Joey normalement mais elle ne serait sans doute pas pressée de monter se coucher. Je laissais Alec et mon père refermer la porte derrière eux et me dirigeais maladroitement vers la petite salle de bain que nous avions dans la chambre. Je retirais mon gilet et soulevais mon tee-shirt encore tâché de sang séché. Je grimaçais en retirant le bandage et observais la morsure. Ça ne semblait pas s’être infecté étrangement même si la marque des dents étaient désormais très visible. J’avais l’impression que la cicatrice était déjà formée, comme si j’avais guéri rapidement.
Je poussais une grande expiration et nettoyais rapidement mon bras avant de mettre un nouveau tee-shirt. Voilà, c’était comme si de rien n’était à présent. Je regardais une dernière fois mon reflet dans le miroir, pâle comme un linge. Et puis, sans hésiter plus longtemps, je me glissais entre les draps de mon lit, à bout de forces.
J’avais chaud. J’avais soif. Je sentais mon sang qui bouillait et une irrésistible envie d’aller me rafraîchir. Je sautais de mon lit avant d’avoir complètement ouvert les yeux. La nuit était tombée à l’extérieur et Joey lisait tranquillement un livre dans son lit.
« Tiens Vicky, tu vas … »
« J'ai besoin de boire ... » la coupais-je.
Et, sans attendre de réponse, je descendis l’escalier. Les ronflements de mon père se faisaient entendre dans toute la maison alors que j’entendais Joshua et Roza glousser dans leur chambre. La lumière était encore allumée dans celle des garçons tandis que celle des sœurs Bennett était plongée dans le noir, signe qu’elles dormaient déjà. J’ignorais quelle heure il était, je voulais juste boire. Je descendis l’escalier, évitant de faire le moindre bruit, et me dirigeais vers la cuisine. J’ouvris le robinet et me servis un grand verre d’eau. Mais rien n’y faisait. J’avais l’impression que rien ne pouvait étancher ma soif.
J’avais soif. J’avais chaud. J’avais la sensation que mes muscles allaient se déchirer et je sentais la morsure m’élancer à nouveau, comme si une quelconque magie se manifestait.
Je regardais la porte d’entrée et ne résistais pas plus longtemps. J’ouvris la porte, simplement fermée à clé, et me glissais à l’extérieur en refermant la porte derrière moi. Il neigeait à nouveau et mes pieds nus entrèrent en contact avec la poudreuse. Mais je ne ressentais pas la froid. Je continuais d’avancer, faisant quelques pas dans la rue. Je levais les yeux vers le ciel alors que la Pleine Lune éclairait le village. Je sentis la douleur affluer à nouveau et je tombais au sol, à quatre pattes. J’avais envie de crier, de grogner, de hurler.
Des hurlements se firent entendre au loin et je relevais instinctivement la tête vers ces cris. Je n’étais pas effrayée. J’étais curieuse. Alors, petit à petit, je laissais mon instinct guider mes pas. Vers la forêt où je m’étais rendue ce matin.
Le sang. La nuit. Il fait sombre. Si sombre. Des hurlements. Qu’est-ce donc ? On m’appelle ? J’arrive. Je fais demi-tour. Quelque chose m’attire. Le sang. Encore, le sang. Soif. Non, faim. J’entends courir. A droite. A gauche. Je lève le museau. Je hurle. Je me sens si perdue et pourtant dans mon élément. Je fuis. On me poursuit ? Je sens que quelqu’un est après moi. J’ai faim. Si faim. L’odeur de sang m’appelle. Je sens que je ne me contrôle pas. Je ne me contrôle plus.
Lorsque je me réveillais, je grelottais légèrement. Une goutte de neige fondue tomba sur ma joue. Puis une deuxième. Je battis rapidement des cils avant d’écarter ma tête. Tous mes membres étaient endoloris et je poussais un cri alors que mon dos me faisait souffrir. Je posais mes pattes … mes mains sur … sur la neige ?
« Je … »
Cette fois-ci, j’ouvris complètement les yeux avant de comprendre où je me trouvais. A quel endroit exactement ? Je l’ignorais. Mais je n’étais pas dans ma chambre, au cottage, près de Joey. J’étais dehors. Dans le froid. Il y avait beaucoup d’arbres autour de moi, signe que j’étais dans une forêt. Et j’étais couchée, étendue comme dans un lit. Sur un tapis de neige … et … c’était du sang ? Je commençais à grelotter davantage avant de constater que mes vêtements avaient disparu.
« Oh … Oh Merlin … » commençais-je à dire, prenant au fur et à mesure conscience de ce que j’avais devant moi.
Même ma voix était rauque et je portais mes mains à mon visage en sentant la panique me gagner. Mes mains … Mes mains étaient tâchées de sang. Je les regardais, tremblant de plus belle. Je portais à nouveau mes mains à mon visage et constatais que j’en avais davantage sur les joues, sur le nez, autour de la bouche.
« Oh non … »
Mes mains, mon visage … J’avais du sang partout. Partout sur moi, sur la neige. Je me recroquevillais en position assise, me serrant davantage contre le tronc contre lequel je m’étais allongée. Avais-je dormi là cette nuit ? Mais pourquoi tout ce sang ? Où étaient mes vêtements ? J’avais traîné du sang et … alors que je suivais la piste des yeux … il y avait …
« Oh Merlin … non … j’ai … j’ai … »
Qu’est-ce qui m’arrivait ? Pourquoi y avait-il un corps étendu à quelques mètres de moi ? Pourquoi j’étais nue ? Pourquoi j’avais du sang partout sur moi ? Je tremblais de tous mes membres alors que les larmes me gagner. J’avais tué cette personne ? C’était ça ?
J’étais incapable de me souvenir de quoi que ce soit.
Rien, rien ne me revenait.
Qu’avais-je fait ?
J’ignorais si c’était mon cri qui l’avait fait fuir, mais le loup avait aussitôt déguerpi, comme s’il avait pris la mesure de la chose. Comme je l’avais dit, c’était un loup énorme et, durant un instant, j’avais imaginé que cela pouvait être un loup-garou. Mais ce n’était pas encore la Pleine Lune. Pas encore. C’était juste un simple loup qui avait dû avoir peur.
Je me relevais, grimaçant de douleur. Du sang avait coulé et je m’efforçais de faire un bandage pour cacher ça. Je poussais à nouveau un gémissement de douleur, me mordant la lèvre. Je devrais vraiment le dire à papa. Il aurait certainement un sortilège pour arranger ça. Je reniflais, refoulant les larmes qui me venaient alors que je remettais ma veste par-dessus. A part mes mains pleines de terre, on ne remarquerait rien. Non, je n’allais rien dire. J’attendrais de voir comment ça faisait, et si jamais ce n’était toujours pas beau demain, je le dirai à papa. En attendant, il fallait que je regagne rapidement les autres.
Je marchais en sens inverse. Le pire, c’était que je ne m’étais pas tant éloignée que ça. J’avais juste voulu jouer les aventurières dans cette forêt. Elle était tellement belle et le son que produisaient les arbres au contact du vent me plaisait énormément. La neige était tombée et avait recouvert le sol d’un épais manteau blanc. Arrivée en lisière de forêt, j’apercevais le village irlandais où mon père avait loué un petit cottage en contrebas.
Comment je m’étais retrouvée ici alors que j’étais censée être à Poudlard ? Mon père et ses amis avaient prévu ce week-end depuis déjà une bonne année. Ils organisaient toujours pleins de choses ensemble et ce week-end-ci était le moment parfait pour eux de se réunir. Il y avait Joshua Bennett, avec sa femme et ses trois filles, Alex, Lily et Lia. James Davis devait venir mais de ce que j’avais compris, il était toujours en froid avec mon père et Josh. Cependant, Alec et Joey étaient venus de bon cœur et ça c’était cool. Et ensuite il y avait mon père, Edmund, Billy et moi. Le professeur Chastang ne nous avait pas accompagné. Il disait qu’il avait de nombreuses copies à corriger mais je le soupçonnais d’avoir refusé pour éviter que Billy ne refuse de venir. Billy tirait toujours la tête mais au moins, il était là avec nous.
« VICKY ! »
Je tournais brusquement la tête vers Alex qui venait d’arriver vers moi. Essoufflée, elle m’attrapa le bras et je grimaçais. Cependant, elle était tellement accaparée par ce qu’elle avait à me dire qu’elle ne le remarqua même pas.
« Viens vite ! Ce sont tes frères ! »
Alex Bennett
Je fronçais les sourcils alors que Joey, un peu plus loin, nous faisait de grands signes. Je me mis à courir avec Alex, dévalant la colline pour rejoindre Joséphine. Des mèches rebelles s’échappaient de son chignon et, dès que l’on fut arrivée à sa hauteur, elle se mit à presser le pas. En quelques minutes, nous étions dans le village. Il n’était pas bien grand mais quelques personnes se promenaient. Malgré la neige qui était tombée cette nuit, les personnes se promenaient et continuaient à faire leur train-train habituel. Les voisins se retrouvaient gaiement et discutaient, tandis que des plus jeunes semblaient se rassembler sous un pont. C’était par là que Joey nous conduisait.
❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆
« Je vais voir si le téléphone fonctionne. »
Billy releva un sourcil, regardant Edmund comme s’il venait de dire la plus grosse connerie qu’il avait entendu.
« Pourquoi faire ? Tu ne sais même pas t’en servir ! »
Eddie poussa un long soupir et se retourna vers son frère, assis sur un banc avec Alec à ses côtés.
« Je veux voir comment va maman. Et … si, je sais m’en servir, car contrairement à certains, moi j’écoutais en cours d’Etude des Moldus. »
Et Eddie s’éloigna vers la cabine téléphonique en grommelant des mots sans doute grossiers. Billy attrapa quelques cailloux qu’il balança sur le mur du pont face à lui. Ce week-end le faisait chier. Ils étaient arrivés vendredi soir et toute la journée d’hier ils avaient visité les quatre coins de l’Irlande. Hier soir, Joshua, Louis et Roza avaient même voulu faire une soirée jeu de société. Trop chiant … Heureusement que Joey était là. Joey et Alec. Au moins, lui était fun, contrairement à son frère. Le pire,c’était qu’Alex était là et Billy était persuadé que toutes ses pensées étaient obsédées par Ian Wen. Ce crétin de Ian Wen. Billy balança plusieurs cailloux de rage. Mais l’un d’eux toucha un garçon qui passait.
« HEY ! »
Et merde.
« C’est bon, j’ai pas fait exprès ! » répondit Billy en haussant les épaules.
Le garçon, qui n’était pas si garçon que ça, s’approcha. Il était grand, bien qu’un peu voûté, et était accompagné de quatre autres garçons. Billy se redressa de son banc, rapidement imité par Alec qui ne comptait pas laisser son ami seul.
« Excuse-toi, sale chien ! » cracha le garçon.
« Comment tu m’as appelé ? » lança Billy en faisant un pas vers lui.
Alec choisit ce moment-là pour ricaner.
« Qu’est-ce que t’as, toi ? »
C’était un deuxième garçon qui avait parlé. Ses cheveux ébouriffés au-dessus de sa tête lui donnait l’air de ne pas avoir su quoi faire de cette touffe au-dessus de son crâne depuis un long moment.
« C’est quoi cet accoutrement en plus ? » demanda un troisième.
Billy et Alec n’avaient pas pris la peine d’enfiler leurs vêtements moldus comme leur avaient pourtant recommandé les adultes.
« Et on en parle de ta sale gueule peut-être ? Ça doit faire longtemps qu’elle n’a pas dû voir de savon … » railla Alec, du tact au tact.
Le poing ne tarda pas à fuser et vint du deuxième garçon à l’air plus vindicatif. Alec recula alors que son nez venait d’en prendre un vilain coup.
« Espèce de … »
Mais Billy ne termina pas ses phrases et sauta sur le deuxième garçon, le couchant à terre. Le premier garçon vint l’attraper et lui donna un coup de pied, tandis qu’Alec venait au secours de son ami. Très vite, une mêlée commença, à cinq contre deux. Des personnes qui passaient par là, vinrent les regarder, encourageant tantôt l’un, tantôt l’autre. Billy s’était pris plusieurs coups de pied dans les côtes mais avait réussi à renverser la tendance en donnant un coup de poing au premier garçon, se disant que peut-être ce week-end serait plus animé que prévu.
Billy Prewett
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Joey Davis
« Qu’est-ce qui se passe ? » demandais-je en poussant les personnes rassemblées pour arriver tout devant.
Plusieurs garçons se battaient à même le sol, se roulant dans le sol boueux. Il y avait du sang et je reconnus alors la joue violacée de mon frère.
« BILLY ! » criais-je.
Le garçon releva la tête vers moi et se mangea alors un coup de pied dans le menton. Je grimaçais de douleur, en même temps que quelqu’un me bousculait à l’épaule. Alex attrapa le bras de Joey qui semblait prête à aller dans la mêlée alors que Edmund nous passait devant. Edmund, mon frère. Je le regardais alors qu’il arrivait, donnant un coup de pied au garçon qui avait assommé Billy. Je poussais une exclamation de surprise. Eddie et Billy se battaient tout le temps tous les deux, se chamaillant pour un oui ou pour un non. Mais personne d’autre n’avait le droit de le blesser. A nouveau, les encouragements reprirent alors que Eddie donnait un coup de poing à un gars qui s’acharnait sur Alec.
« Ça va, mec ? »
Ce fut à ce moment-là que des voix se firent entendre derrière eux. Plus sévères et plus autoritaires. La foule s’écarta, s’éparpillant au plus vite alors que papa arrivait, Joshua et Roza sur ses talons. Ils virent alors Billy à terre, la joue violette, se tenant les côtes. Alec n’était pas au meilleur de sa forme non plus, le nez en sang et le poing endolori. Edmund était à côté, le soutenant du mieux qu’il pouvait et l’aidant à s’asseoir sur un banc. Alex et Joey se tenaient à mes côtés, inquiètes.
« Qu’est-ce qui se passe ici ? Rentrez chez vous, immédiatement, avant que je n’appelle les autorités locales. » tonna Louis en renvoyant les garçons moldus.
Ils détallèrent aussitôt, guère envieux d’avoir à faire à plus forts qu’eux. Joey, elle, s’était approchée de Billy et l’aidait à se relever. Joshua s’approcha, secouant la tête.
« Sérieusement ? On ne peut pas vous laisser deux secondes sans que vous ne fassiez remarquer au milieu des moldus. »
Edmund Prewett
Roza s’avança vers Alec, veillant à ce que personne ne les observait avant de sortir sa baguette pour réparer le nez cassé du jeune homme. Joey réclamait sa baguette elle aussi mais Louis secoua la tête.
Alexander Davis
« Hors de question. Même si vous êtes majeurs, je ne vous fais pas confiance face aux moldus. La preuve en est actuellement. » dit-il en approchant sa baguette du visage de Billy.
Louis Prewett
« C’est bon ! Pas besoin ! » râla-t-il en repoussant le bras de son père qui s’efforça de ne pas paraître déçu.
Joshua dut le voir puisqu’il s’avança vers Billy.
« Parle mieux à ton père, jeune homme. A ta place, je ne ferai pas le fier. Rentrez au cottage et allez vous nettoyer la figure. Vous faites peur à voir. »
Joshua Bennett
Je déglutis. Joshua était assez impressionnant quand il s’énervait et pourtant, c’était chose rare. Billy repoussa les bras de Joey et trottina vers le village. Alex s’éloigna pour le suivre visiblement et je jetais un coup d’œil à Joey qui secoua la tête avant de se tourner vers son frère qui, épaulé par Edmund, rentrait au cottage.
« On les suit ? » me demanda Joey d’une voix sombre.
Je hochais la tête, me disant que ce n’était définitivement pas une bonne idée de parler de ma morsure aujourd’hui. La matinée commençait bien …
❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆
Le déjeuner avait eu lieu en silence. La joue de Billy avait retrouvé une couleur à peu près normale grâce aux sortilèges de Joey … ou bien d’Alex ? Malheureusement, la douleur dans ses côtes n’avait pas vraiment moyen d’être soulagée. Alec, quant à lui, se massait sans arrêt son poignet et je m’étais inquiétée longtemps pour lui. J’espérais vraiment qu’il irait mieux car il semblait vraiment mal en point. Edmund aussi était aux petits soins même si Billy lui avait aboyé dessus, lui disant qu’il n’avait pas besoin de lui pour être défendu. Les adultes les avaient sommé de se taire et le repas avait continué dans un silence de plomb. Il n’y avait que Lily et Lia qui riaient un peu, bien insouciantes de ce qui s’était passé. Même moi, j’aurai aimé me joindre à elle mais la douleur dans mon avant-bras ne passait pas. J’aurai peut-être du en parler à Billy mais vu la tête qu’il tirait, il ne semblait pas d’humeur et je ne voulais pas l’embêter.
L’après-midi, les adultes avaient prévu d’aller visiter le palais royal. J’étais très excitée même si, plus l’après-midi avançait, plus je languissais d’aller me glisser au fond de mon lit. En arrivant dans la cour, je n’avais eu de cesse de bâvasser sur le bal un mois plus tôt. Mais au fur et à mesure que nous traversions les pièces, je me sentais de plus en plus fatiguée et abattue.
« Hey, tu ne parles plus ? » m’avait glissé Alec avec un sourire entendu.
Je lui souris pour donner le change mais dès qu’il eut le dos tourné, je soupirais. Les pièces étaient magnifiques et j’aurai aimé être mieux en forme pour en apprécier toute la beauté. Papa et Roza étudiaient les peintures comme de grands spécialistes tandis que Joshua allait amuser ses filles en trouvant une blague à glisser sur l’attitude d’un garde ou sur la nature d’une sculpture. Je souriais, écoutant d’une oreille distraite. Billy et Joey traînaient à l’arrière, échangeant des chuchotements tandis qu’Alex jetait des coups d’œil de temps en temps vers eux, comme hésitant à aller voir Billy ou non. Alec et Eddie, eux, débattaient sur la meilleure façon de provoquer un incident diplomatique, vite rabroués cependant par mon père qui passait derrière eux en leur donnant une claque derrière la tête.
« Ça suffit vos idées à deux Mornilles pour nous mettre dans l’embarras. Tenez-vous tranquille et … »
« ACCALIA !! » criais-je dans le vaste hall.
Une chevelure rousse était apparue, descendue d’un escalier. Accalia Iceni étudiait à Poudlard depuis le début de l’année scolaire et avait une année de moins que moi. Je ne lui parlais pas beaucoup, mais le simple fait de voir un visage familier durant ce week-end sembla faire retomber la fièvre qui s’était emparée de moi. Aussitôt deux gardes me barrèrent la route jusqu’à elle et me regardèrent d’un air sévère.
« Vicky, ce n’est pas une façon de s’adresser à une princesse. » me rabroua mon père en posant une main sur mon épaule.
Pourtant, la princesse approchait vers nous et mon sourire s’agrandit, malgré ma fatigue constante de cet après-midi.
Accalia Iceni
« Vicky ! » dit-elle à son tour avec un petit signe de main. « Ne vous inquiétez pas, je les connais. »
Les gardes s’inclinèrent aussitôt.
« Bien, Votre Altesse. » dirent-ils avant de retourner à leur place.
Accalia tourna alors la tête vers nous et mon père fit une courbette.
« Votre Altesse Royale. » dit-il.
« Bonjour professeur Prewett. »
Mon père enseignait l’Etude des Moldus à Poudlard et devenait certainement connaître Accalia, même si j’ignorais s’il l’avait en cours ou non. Accalia lui fit un sourire poli avant de saluer chacun d’entre nous. Les garçons et les filles s’étaient approchés, curieux de bavasser avec l’une des princesses royales.
« J'espère que vous allez bien. »
« Oh oui ! » dis-je, enthousiaste.
« C’est un vrai plaisir de vous trouver ici. » ajouta mon père. « Vous aussi avez quitté Poudlard le temps du week-end ? »
Accalia fit une moue et je la soupçonnais de ne pas être ravie d’avoir dû quitter le château.
« Oui, de cette manière, je continue mon apprentissage princier et religieux auprès de mon arrière-grand-mère, la Grande Prêtresse actuelle. »
« Oooh ! » laissais-je exprimer, échangeant un sourire avec elle.
Ce devait être quelque chose de recevoir un apprentissage de la sorte. J’étais curieuse. Curieuse de savoir ce qu’elle devait apprendre et ce qu’il était coutume de faire quand on était une princesse. Accalia n’accèderait probablement jamais au trône alors, elle devait avoir moins de responsabilités, tout en ayant quand même énormément pour une fille de 14 ans. Pourtant, je me surprenais encore à rêver d’être à sa place.
« Je suppose que vous profitez du weekend pour visiter le château, souhaitez-vous que je vous accompagne ? »
« Oh oui ! » m’exclamais-je, luttant contre la fatigue et requinquée par cette nouvelle.
« Je vous remercie, mais nous ne voulons pas vous déranger. Vous devez certainement avoir mieux affaire. »
« Je peux au moins vous faire visiter le Temple, qui est également ouvert aux visiteurs. » rassura pourtant la princesse.
Je hochais à nouveau vivement la tête à cette idée. Mon père croisa mon regard puis celui d’Accalia avant de soupirer.
« J’imagine que ça ne peut être que plus intéressant avec une spécialiste comme vous, Votre Altesse. »
Je souris de plus belle et frappais dans ma main alors que la joyeuse troupe que nous étions suivait Accalia. Roza était impatiente d’en découvrir plus alors que Lily et Lia avaient attrapé le bras de leur père, toutes impatientes de se diriger vers les extérieurs. Quant à moi, mes pas étaient lourds et je m’appuyais régulièrement contre un mur ou contre quelqu’un pour me soutenir. Pourtant, le Temple était magnifique et je ne pouvais que rêver les yeux grands ouverts en écoutant Accalia nous expliquer les différents rites qui avaient lieu dans telle ou telle pièce. Elle nous fit même visiter une partie plus privée, ses appartements, enfin futurs appartements comme elle précisa.
Je m’appuyais un instant contre l’épaule de mon père alors qu’Accalia nous proposait de boire du thé tous ensemble.
« Ça va Vicky ? » chuchota mon père en déposant un baiser au sommet de ma tête. « Merlin, tu es brûlante de fièvre ! »
« Je ne me sens pas très bien. » admis-je.
Mon père, inquiet, refusa poliment l’invitation de la princesse avant de décider de rentrer plus tôt que prévu afin que j’aille me reposer. Ce n’était pas pour déplaire à Billy, Alec et Edmund qui ne semblaient pas aussi heureux que moi de s’être attardé au palais royal.
❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆
« J’ai juste besoin de dormir un peu … » dis-je à mon père en arrivant dans la chambre.
Il insistait pour regarder si je n’avais pas d’autres maux et je craignais qu’il ne découvre la blessure. Juste un peu de sommeil et demain tout serait arrangé. Alec m’aida à m’asseoir et je le remerciais d’un sourire.
« Alec … tu es un véritable prince … » soufflais-je.
L’étudiant fronça les sourcil, se disant surement que j’étais bien malade pour sortir un truc de ce genre. Mes oreilles bourdonnaient de plus en plus et, je mourrais d’envie de me reposer. Je partageais ma chambre avec Joey normalement mais elle ne serait sans doute pas pressée de monter se coucher. Je laissais Alec et mon père refermer la porte derrière eux et me dirigeais maladroitement vers la petite salle de bain que nous avions dans la chambre. Je retirais mon gilet et soulevais mon tee-shirt encore tâché de sang séché. Je grimaçais en retirant le bandage et observais la morsure. Ça ne semblait pas s’être infecté étrangement même si la marque des dents étaient désormais très visible. J’avais l’impression que la cicatrice était déjà formée, comme si j’avais guéri rapidement.
Je poussais une grande expiration et nettoyais rapidement mon bras avant de mettre un nouveau tee-shirt. Voilà, c’était comme si de rien n’était à présent. Je regardais une dernière fois mon reflet dans le miroir, pâle comme un linge. Et puis, sans hésiter plus longtemps, je me glissais entre les draps de mon lit, à bout de forces.
❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆
J’avais chaud. J’avais soif. Je sentais mon sang qui bouillait et une irrésistible envie d’aller me rafraîchir. Je sautais de mon lit avant d’avoir complètement ouvert les yeux. La nuit était tombée à l’extérieur et Joey lisait tranquillement un livre dans son lit.
« Tiens Vicky, tu vas … »
« J'ai besoin de boire ... » la coupais-je.
Et, sans attendre de réponse, je descendis l’escalier. Les ronflements de mon père se faisaient entendre dans toute la maison alors que j’entendais Joshua et Roza glousser dans leur chambre. La lumière était encore allumée dans celle des garçons tandis que celle des sœurs Bennett était plongée dans le noir, signe qu’elles dormaient déjà. J’ignorais quelle heure il était, je voulais juste boire. Je descendis l’escalier, évitant de faire le moindre bruit, et me dirigeais vers la cuisine. J’ouvris le robinet et me servis un grand verre d’eau. Mais rien n’y faisait. J’avais l’impression que rien ne pouvait étancher ma soif.
J’avais soif. J’avais chaud. J’avais la sensation que mes muscles allaient se déchirer et je sentais la morsure m’élancer à nouveau, comme si une quelconque magie se manifestait.
Je regardais la porte d’entrée et ne résistais pas plus longtemps. J’ouvris la porte, simplement fermée à clé, et me glissais à l’extérieur en refermant la porte derrière moi. Il neigeait à nouveau et mes pieds nus entrèrent en contact avec la poudreuse. Mais je ne ressentais pas la froid. Je continuais d’avancer, faisant quelques pas dans la rue. Je levais les yeux vers le ciel alors que la Pleine Lune éclairait le village. Je sentis la douleur affluer à nouveau et je tombais au sol, à quatre pattes. J’avais envie de crier, de grogner, de hurler.
Des hurlements se firent entendre au loin et je relevais instinctivement la tête vers ces cris. Je n’étais pas effrayée. J’étais curieuse. Alors, petit à petit, je laissais mon instinct guider mes pas. Vers la forêt où je m’étais rendue ce matin.
❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆
Le sang. La nuit. Il fait sombre. Si sombre. Des hurlements. Qu’est-ce donc ? On m’appelle ? J’arrive. Je fais demi-tour. Quelque chose m’attire. Le sang. Encore, le sang. Soif. Non, faim. J’entends courir. A droite. A gauche. Je lève le museau. Je hurle. Je me sens si perdue et pourtant dans mon élément. Je fuis. On me poursuit ? Je sens que quelqu’un est après moi. J’ai faim. Si faim. L’odeur de sang m’appelle. Je sens que je ne me contrôle pas. Je ne me contrôle plus.
❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆
Lorsque je me réveillais, je grelottais légèrement. Une goutte de neige fondue tomba sur ma joue. Puis une deuxième. Je battis rapidement des cils avant d’écarter ma tête. Tous mes membres étaient endoloris et je poussais un cri alors que mon dos me faisait souffrir. Je posais mes pattes … mes mains sur … sur la neige ?
« Je … »
Cette fois-ci, j’ouvris complètement les yeux avant de comprendre où je me trouvais. A quel endroit exactement ? Je l’ignorais. Mais je n’étais pas dans ma chambre, au cottage, près de Joey. J’étais dehors. Dans le froid. Il y avait beaucoup d’arbres autour de moi, signe que j’étais dans une forêt. Et j’étais couchée, étendue comme dans un lit. Sur un tapis de neige … et … c’était du sang ? Je commençais à grelotter davantage avant de constater que mes vêtements avaient disparu.
« Oh … Oh Merlin … » commençais-je à dire, prenant au fur et à mesure conscience de ce que j’avais devant moi.
Même ma voix était rauque et je portais mes mains à mon visage en sentant la panique me gagner. Mes mains … Mes mains étaient tâchées de sang. Je les regardais, tremblant de plus belle. Je portais à nouveau mes mains à mon visage et constatais que j’en avais davantage sur les joues, sur le nez, autour de la bouche.
« Oh non … »
Mes mains, mon visage … J’avais du sang partout. Partout sur moi, sur la neige. Je me recroquevillais en position assise, me serrant davantage contre le tronc contre lequel je m’étais allongée. Avais-je dormi là cette nuit ? Mais pourquoi tout ce sang ? Où étaient mes vêtements ? J’avais traîné du sang et … alors que je suivais la piste des yeux … il y avait …
« Oh Merlin … non … j’ai … j’ai … »
Qu’est-ce qui m’arrivait ? Pourquoi y avait-il un corps étendu à quelques mètres de moi ? Pourquoi j’étais nue ? Pourquoi j’avais du sang partout sur moi ? Je tremblais de tous mes membres alors que les larmes me gagner. J’avais tué cette personne ? C’était ça ?
J’étais incapable de me souvenir de quoi que ce soit.
Rien, rien ne me revenait.
Qu’avais-je fait ?
@ Victoire
Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:06, édité 2 fois
Vicky Prewett