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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le dimanche 27 janvier 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Parfois un peu immature et un peu trop énergique, Vicky passe un week-end avec sa famille et des amis de la famille en Irlande. Mais une mauvaise rencontre pourrait bien faire basculer son destin ...

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La douleur irradiait tout mon corps et j’avais l’impression que je pouvais m’évanouir à tout moment. Mon sang bouillait et je poussais un cri alors que je tentais de bouger mon bras. Je grimaçais de douleur et les larmes pointèrent au coin de mes yeux. J’avais envie d’appeler à l’aide mais si papa savait que j’étais allée me promener seule, on rentrerait aussitôt. Et je ne voulais pas rentrer aussi vite. A moitié couchée contre un rocher, je me redressais en jetant un nouveau regard vers l’endroit où le loup avait disparu. C’était un gros loup noir et j’ignorais encore pourquoi il avait été si direct. J’avais voulu sortir ma baguette mais papa nous avait confisqué les baguettes, craignant qu’on ne fasse de la magie en dehors de Poudlard. J’avais reculé quand le loup avait approché, essayant de me souvenir de ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. Le loup grognait et j’avais trébuché en arrière. C’était à ce moment-là que le loup m’avait sauté dessus, mordant mon avant-bras, déchirant mon tee-shirt et me faisant pousser un cri de douleur.

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J’ignorais si c’était mon cri qui l’avait fait fuir, mais le loup avait aussitôt déguerpi, comme s’il avait pris la mesure de la chose. Comme je l’avais dit, c’était un loup énorme et, durant un instant, j’avais imaginé que cela pouvait être un loup-garou. Mais ce n’était pas encore la Pleine Lune. Pas encore. C’était juste un simple loup qui avait dû avoir peur.

Je me relevais, grimaçant de douleur. Du sang avait coulé et je m’efforçais de faire un bandage pour cacher ça. Je poussais à nouveau un gémissement de douleur, me mordant la lèvre. Je devrais vraiment le dire à papa. Il aurait certainement un sortilège pour arranger ça. Je reniflais, refoulant les larmes qui me venaient alors que je remettais ma veste par-dessus. A part mes mains pleines de terre, on ne remarquerait rien. Non, je n’allais rien dire. J’attendrais de voir comment ça faisait, et si jamais ce n’était toujours pas beau demain, je le dirai à papa. En attendant, il fallait que je regagne rapidement les autres.

Je marchais en sens inverse. Le pire, c’était que je ne m’étais pas tant éloignée que ça. J’avais juste voulu jouer les aventurières dans cette forêt. Elle était tellement belle et le son que produisaient les arbres au contact du vent me plaisait énormément. La neige était tombée et avait recouvert le sol d’un épais manteau blanc. Arrivée en lisière de forêt, j’apercevais le village irlandais où mon père avait loué un petit cottage en contrebas.

Comment je m’étais retrouvée ici alors que j’étais censée être à Poudlard ? Mon père et ses amis avaient prévu ce week-end depuis déjà une bonne année. Ils organisaient toujours pleins de choses ensemble et ce week-end-ci était le moment parfait pour eux de se réunir. Il y avait Joshua Bennett, avec sa femme et ses trois filles, Alex, Lily et Lia. James Davis devait venir mais de ce que j’avais compris, il était toujours en froid avec mon père et Josh. Cependant, Alec et Joey étaient venus de bon cœur et ça c’était cool. Et ensuite il y avait mon père, Edmund, Billy et moi. Le professeur Chastang ne nous avait pas accompagné. Il disait qu’il avait de nombreuses copies à corriger mais je le soupçonnais d’avoir refusé pour éviter que Billy ne refuse de venir. Billy tirait toujours la tête mais au moins, il était là avec nous.

« VICKY ! »

Je tournais brusquement la tête vers Alex qui venait d’arriver vers moi. Essoufflée, elle m’attrapa le bras et je grimaçais. Cependant, elle était tellement accaparée par ce qu’elle avait à me dire qu’elle ne le remarqua même pas.

« Viens vite ! Ce sont tes frères ! »

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Alex Bennett

Je fronçais les sourcils alors que Joey, un peu plus loin, nous faisait de grands signes. Je me mis à courir avec Alex, dévalant la colline pour rejoindre Joséphine. Des mèches rebelles s’échappaient de son chignon et, dès que l’on fut arrivée à sa hauteur, elle se mit à presser le pas. En quelques minutes, nous étions dans le village. Il n’était pas bien grand mais quelques personnes se promenaient. Malgré la neige qui était tombée cette nuit, les personnes se promenaient et continuaient à faire leur train-train habituel. Les voisins se retrouvaient gaiement et discutaient, tandis que des plus jeunes semblaient se rassembler sous un pont. C’était par là que Joey nous conduisait.

❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆

« Je vais voir si le téléphone fonctionne. »

Billy releva un sourcil, regardant Edmund comme s’il venait de dire la plus grosse connerie qu’il avait entendu.

« Pourquoi faire ? Tu ne sais même pas t’en servir ! »

Eddie poussa un long soupir et se retourna vers son frère, assis sur un banc avec Alec à ses côtés.

« Je veux voir comment va maman. Et … si, je sais m’en servir, car contrairement à certains, moi j’écoutais en cours d’Etude des Moldus. »

Et Eddie s’éloigna vers la cabine téléphonique en grommelant des mots sans doute grossiers. Billy attrapa quelques cailloux qu’il balança sur le mur du pont face à lui. Ce week-end le faisait chier. Ils étaient arrivés vendredi soir et toute la journée d’hier ils avaient visité les quatre coins de l’Irlande. Hier soir, Joshua, Louis et Roza avaient même voulu faire une soirée jeu de société. Trop chiant … Heureusement que Joey était là. Joey et Alec. Au moins, lui était fun, contrairement à son frère. Le pire,c’était qu’Alex était là et Billy était persuadé que toutes ses pensées étaient obsédées par Ian Wen. Ce crétin de Ian Wen. Billy balança plusieurs cailloux de rage. Mais l’un d’eux toucha un garçon qui passait.

« HEY ! »

Et merde.

« C’est bon, j’ai pas fait exprès ! » répondit Billy en haussant les épaules.

Le garçon, qui n’était pas si garçon que ça, s’approcha. Il était grand, bien qu’un peu voûté, et était accompagné de quatre autres garçons. Billy se redressa de son banc, rapidement imité par Alec qui ne comptait pas laisser son ami seul.

« Excuse-toi, sale chien ! » cracha le garçon.
« Comment tu m’as appelé ? » lança Billy en faisant un pas vers lui.

Alec choisit ce moment-là pour ricaner.

« Qu’est-ce que t’as, toi ? »

C’était un deuxième garçon qui avait parlé. Ses cheveux ébouriffés au-dessus de sa tête lui donnait l’air de ne pas avoir su quoi faire de cette touffe au-dessus de son crâne depuis un long moment.

« C’est quoi cet accoutrement en plus ? » demanda un troisième.

Billy et Alec n’avaient pas pris la peine d’enfiler leurs vêtements moldus comme leur avaient pourtant recommandé les adultes.

« Et on en parle de ta sale gueule peut-être ? Ça doit faire longtemps qu’elle n’a pas dû voir de savon … » railla Alec, du tact au tact.

Le poing ne tarda pas à fuser et vint du deuxième garçon à l’air plus vindicatif. Alec recula alors que son nez venait d’en prendre un vilain coup.

« Espèce de … »

Mais Billy ne termina pas ses phrases et sauta sur le deuxième garçon, le couchant à terre. Le premier garçon vint l’attraper et lui donna un coup de pied, tandis qu’Alec venait au secours de son ami. Très vite, une mêlée commença, à cinq contre deux. Des personnes qui passaient par là, vinrent les regarder, encourageant tantôt l’un, tantôt l’autre. Billy s’était pris plusieurs coups de pied dans les côtes mais avait réussi à renverser la tendance en donnant un coup de poing au premier garçon, se disant que peut-être ce week-end serait plus animé que prévu.

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Billy Prewett

❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆

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Joey Davis

« Qu’est-ce qui se passe ? » demandais-je en poussant les personnes rassemblées pour arriver tout devant.

Plusieurs garçons se battaient à même le sol, se roulant dans le sol boueux. Il y avait du sang et je reconnus alors la joue violacée de mon frère.

« BILLY ! » criais-je.

Le garçon releva la tête vers moi et se mangea alors un coup de pied dans le menton. Je grimaçais de douleur, en même temps que quelqu’un me bousculait à l’épaule. Alex attrapa le bras de Joey qui semblait prête à aller dans la mêlée alors que Edmund nous passait devant. Edmund, mon frère. Je le regardais alors qu’il arrivait, donnant un coup de pied au garçon qui avait assommé Billy. Je poussais une exclamation de surprise. Eddie et Billy se battaient tout le temps tous les deux, se chamaillant pour un oui ou pour un non. Mais personne d’autre n’avait le droit de le blesser. A nouveau, les encouragements reprirent alors que Eddie donnait un coup de poing à un gars qui s’acharnait sur Alec.

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« Ça va, mec ? »

Ce fut à ce moment-là que des voix se firent entendre derrière eux. Plus sévères et plus autoritaires. La foule s’écarta, s’éparpillant au plus vite alors que papa arrivait, Joshua et Roza sur ses talons. Ils virent alors Billy à terre, la joue violette, se tenant les côtes. Alec n’était pas au meilleur de sa forme non plus, le nez en sang et le poing endolori. Edmund était à côté, le soutenant du mieux qu’il pouvait et l’aidant à s’asseoir sur un banc. Alex et Joey se tenaient à mes côtés, inquiètes.

« Qu’est-ce qui se passe ici ? Rentrez chez vous, immédiatement, avant que je n’appelle les autorités locales. » tonna Louis en renvoyant les garçons moldus.

Ils détallèrent aussitôt, guère envieux d’avoir à faire à plus forts qu’eux. Joey, elle, s’était approchée de Billy et l’aidait à se relever. Joshua s’approcha, secouant la tête.

« Sérieusement ? On ne peut pas vous laisser deux secondes sans que vous ne fassiez remarquer au milieu des moldus. »

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Edmund Prewett

Roza s’avança vers Alec, veillant à ce que personne ne les observait avant de sortir sa baguette pour réparer le nez cassé du jeune homme. Joey réclamait sa baguette elle aussi mais Louis secoua la tête.

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Alexander Davis

« Hors de question. Même si vous êtes majeurs, je ne vous fais pas confiance face aux moldus. La preuve en est actuellement. » dit-il en approchant sa baguette du visage de Billy.

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Louis Prewett

« C’est bon ! Pas besoin ! » râla-t-il en repoussant le bras de son père qui s’efforça de ne pas paraître déçu.

Joshua dut le voir puisqu’il s’avança vers Billy.

« Parle mieux à ton père, jeune homme. A ta place, je ne ferai pas le fier. Rentrez au cottage et allez vous nettoyer la figure. Vous faites peur à voir. »

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Joshua Bennett

Je déglutis. Joshua était assez impressionnant quand il s’énervait et pourtant, c’était chose rare. Billy repoussa les bras de Joey et trottina vers le village. Alex s’éloigna pour le suivre visiblement et je jetais un coup d’œil à Joey qui secoua la tête avant de se tourner vers son frère qui, épaulé par Edmund, rentrait au cottage.

« On les suit ? » me demanda Joey d’une voix sombre.

Je hochais la tête, me disant que ce n’était définitivement pas une bonne idée de parler de ma morsure aujourd’hui. La matinée commençait bien …

❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆

Le déjeuner avait eu lieu en silence. La joue de Billy avait retrouvé une couleur à peu près normale grâce aux sortilèges de Joey … ou bien d’Alex ? Malheureusement, la douleur dans ses côtes n’avait pas vraiment moyen d’être soulagée. Alec, quant à lui, se massait sans arrêt son poignet et je m’étais inquiétée longtemps pour lui. J’espérais vraiment qu’il irait mieux car il semblait vraiment mal en point. Edmund aussi était aux petits soins même si Billy lui avait aboyé dessus, lui disant qu’il n’avait pas besoin de lui pour être défendu. Les adultes les avaient sommé de se taire et le repas avait continué dans un silence de plomb. Il n’y avait que Lily et Lia qui riaient un peu, bien insouciantes de ce qui s’était passé. Même moi, j’aurai aimé me joindre à elle mais la douleur dans mon avant-bras ne passait pas. J’aurai peut-être du en parler à Billy mais vu la tête qu’il tirait, il ne semblait pas d’humeur et je ne voulais pas l’embêter.

L’après-midi, les adultes avaient prévu d’aller visiter le palais royal. J’étais très excitée même si, plus l’après-midi avançait, plus je languissais d’aller me glisser au fond de mon lit. En arrivant dans la cour, je n’avais eu de cesse de bâvasser sur le bal un mois plus tôt. Mais au fur et à mesure que nous traversions les pièces, je me sentais de plus en plus fatiguée et abattue.

« Hey, tu ne parles plus ? » m’avait glissé Alec avec un sourire entendu.

Je lui souris pour donner le change mais dès qu’il eut le dos tourné, je soupirais. Les pièces étaient magnifiques et j’aurai aimé être mieux en forme pour en apprécier toute la beauté. Papa et Roza étudiaient les peintures comme de grands spécialistes tandis que Joshua allait amuser ses filles en trouvant une blague à glisser sur l’attitude d’un garde ou sur la nature d’une sculpture. Je souriais, écoutant d’une oreille distraite. Billy et Joey traînaient à l’arrière, échangeant des chuchotements tandis qu’Alex jetait des coups d’œil de temps en temps vers eux, comme hésitant à aller voir Billy ou non. Alec et Eddie, eux, débattaient sur la meilleure façon de provoquer un incident diplomatique, vite rabroués cependant par mon père qui passait derrière eux en leur donnant une claque derrière la tête.

« Ça suffit vos idées à deux Mornilles pour nous mettre dans l’embarras. Tenez-vous tranquille et … »
« ACCALIA !! » criais-je dans le vaste hall.

Une chevelure rousse était apparue, descendue d’un escalier. Accalia Iceni étudiait à Poudlard depuis le début de l’année scolaire et avait une année de moins que moi. Je ne lui parlais pas beaucoup, mais le simple fait de voir un visage familier durant ce week-end sembla faire retomber la fièvre qui s’était emparée de moi. Aussitôt deux gardes me barrèrent la route jusqu’à elle et me regardèrent d’un air sévère.

« Vicky, ce n’est pas une façon de s’adresser à une princesse. » me rabroua mon père en posant une main sur mon épaule.

Pourtant, la princesse approchait vers nous et mon sourire s’agrandit, malgré ma fatigue constante de cet après-midi.

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Accalia Iceni

« Vicky ! » dit-elle à son tour avec un petit signe de main. « Ne vous inquiétez pas, je les connais. »

Les gardes s’inclinèrent aussitôt.

« Bien, Votre Altesse. » dirent-ils avant de retourner à leur place.

Accalia tourna alors la tête vers nous et mon père fit une courbette.

« Votre Altesse Royale. » dit-il.
« Bonjour professeur Prewett. »

Mon père enseignait l’Etude des Moldus à Poudlard et devenait certainement connaître Accalia, même si j’ignorais s’il l’avait en cours ou non. Accalia lui fit un sourire poli avant de saluer chacun d’entre nous. Les garçons et les filles s’étaient approchés, curieux de bavasser avec l’une des princesses royales.

« J'espère que vous allez bien. »
« Oh oui ! » dis-je, enthousiaste.
« C’est un vrai plaisir de vous trouver ici. » ajouta mon père. « Vous aussi avez quitté Poudlard le temps du week-end ? »

Accalia fit une moue et je la soupçonnais de ne pas être ravie d’avoir dû quitter le château.

« Oui, de cette manière, je continue mon apprentissage princier et religieux auprès de mon arrière-grand-mère, la Grande Prêtresse actuelle. »
« Oooh ! » laissais-je exprimer, échangeant un sourire avec elle.

Ce devait être quelque chose de recevoir un apprentissage de la sorte. J’étais curieuse. Curieuse de savoir ce qu’elle devait apprendre et ce qu’il était coutume de faire quand on était une princesse. Accalia n’accèderait probablement jamais au trône alors, elle devait avoir moins de responsabilités, tout en ayant quand même énormément pour une fille de 14 ans. Pourtant, je me surprenais encore à rêver d’être à sa place.

« Je suppose que vous profitez du weekend pour visiter le château, souhaitez-vous que je vous accompagne ? »
« Oh oui ! » m’exclamais-je, luttant contre la fatigue et requinquée par cette nouvelle.
« Je vous remercie, mais nous ne voulons pas vous déranger. Vous devez certainement avoir mieux affaire. »
« Je peux au moins vous faire visiter le Temple, qui est également ouvert aux visiteurs. » rassura pourtant la princesse.

Je hochais à nouveau vivement la tête à cette idée. Mon père croisa mon regard puis celui d’Accalia avant de soupirer.

« J’imagine que ça ne peut être que plus intéressant avec une spécialiste comme vous, Votre Altesse. »

Je souris de plus belle et frappais dans ma main alors que la joyeuse troupe que nous étions suivait Accalia. Roza était impatiente d’en découvrir plus alors que Lily et Lia avaient attrapé le bras de leur père, toutes impatientes de se diriger vers les extérieurs. Quant à moi, mes pas étaient lourds et je m’appuyais régulièrement contre un mur ou contre quelqu’un pour me soutenir. Pourtant, le Temple était magnifique et je ne pouvais que rêver les yeux grands ouverts en écoutant Accalia nous expliquer les différents rites qui avaient lieu dans telle ou telle pièce. Elle nous fit même visiter une partie plus privée, ses appartements, enfin futurs appartements comme elle précisa.

Je m’appuyais un instant contre l’épaule de mon père alors qu’Accalia nous proposait de boire du thé tous ensemble.

« Ça va Vicky ? » chuchota mon père en déposant un baiser au sommet de ma tête. « Merlin, tu es brûlante de fièvre ! »
« Je ne me sens pas très bien. » admis-je.

Mon père, inquiet, refusa poliment l’invitation de la princesse avant de décider de rentrer plus tôt que prévu afin que j’aille me reposer. Ce n’était pas pour déplaire à Billy, Alec et Edmund qui ne semblaient pas aussi heureux que moi de s’être attardé au palais royal.

❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆

« J’ai juste besoin de dormir un peu … » dis-je à mon père en arrivant dans la chambre.

Il insistait pour regarder si je n’avais pas d’autres maux et je craignais qu’il ne découvre la blessure. Juste un peu de sommeil et demain tout serait arrangé. Alec m’aida à m’asseoir et je le remerciais d’un sourire.

« Alec … tu es un véritable prince … » soufflais-je.

L’étudiant fronça les sourcil, se disant surement que j’étais bien malade pour sortir un truc de ce genre. Mes oreilles bourdonnaient de plus en plus et, je mourrais d’envie de me reposer. Je partageais ma chambre avec Joey normalement mais elle ne serait sans doute pas pressée de monter se coucher. Je laissais Alec et mon père refermer la porte derrière eux et me dirigeais maladroitement vers la petite salle de bain que nous avions dans la chambre. Je retirais mon gilet et soulevais mon tee-shirt encore tâché de sang séché. Je grimaçais en retirant le bandage et observais la morsure. Ça ne semblait pas s’être infecté étrangement même si la marque des dents étaient désormais très visible. J’avais l’impression que la cicatrice était déjà formée, comme si j’avais guéri rapidement.

Je poussais une grande expiration et nettoyais rapidement mon bras avant de mettre un nouveau tee-shirt. Voilà, c’était comme si de rien n’était à présent. Je regardais une dernière fois mon reflet dans le miroir, pâle comme un linge. Et puis, sans hésiter plus longtemps, je me glissais entre les draps de mon lit, à bout de forces.

❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆

J’avais chaud. J’avais soif. Je sentais mon sang qui bouillait et une irrésistible envie d’aller me rafraîchir. Je sautais de mon lit avant d’avoir complètement ouvert les yeux. La nuit était tombée à l’extérieur et Joey lisait tranquillement un livre dans son lit.

« Tiens Vicky, tu vas … »
« J'ai besoin de boire ... » la coupais-je.

Et, sans attendre de réponse, je descendis l’escalier. Les ronflements de mon père se faisaient entendre dans toute la maison alors que j’entendais Joshua et Roza glousser dans leur chambre. La lumière était encore allumée dans celle des garçons tandis que celle des sœurs Bennett était plongée dans le noir, signe qu’elles dormaient déjà. J’ignorais quelle heure il était, je voulais juste boire. Je descendis l’escalier, évitant de faire le moindre bruit, et me dirigeais vers la cuisine. J’ouvris le robinet et me servis un grand verre d’eau. Mais rien n’y faisait. J’avais l’impression que rien ne pouvait étancher ma soif.

J’avais soif. J’avais chaud. J’avais la sensation que mes muscles allaient se déchirer et je sentais la morsure m’élancer à nouveau, comme si une quelconque magie se manifestait.

Je regardais la porte d’entrée et ne résistais pas plus longtemps. J’ouvris la porte, simplement fermée à clé, et me glissais à l’extérieur en refermant la porte derrière moi. Il neigeait à nouveau et mes pieds nus entrèrent en contact avec la poudreuse. Mais je ne ressentais pas la froid. Je continuais d’avancer, faisant quelques pas dans la rue. Je levais les yeux vers le ciel alors que la Pleine Lune éclairait le village. Je sentis la douleur affluer à nouveau et je tombais au sol, à quatre pattes. J’avais envie de crier, de grogner, de hurler.

Des hurlements se firent entendre au loin et je relevais instinctivement la tête vers ces cris. Je n’étais pas effrayée. J’étais curieuse. Alors, petit à petit, je laissais mon instinct guider mes pas. Vers la forêt où je m’étais rendue ce matin.

❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆

Le sang. La nuit. Il fait sombre. Si sombre. Des hurlements. Qu’est-ce donc ? On m’appelle ? J’arrive. Je fais demi-tour. Quelque chose m’attire. Le sang. Encore, le sang. Soif. Non, faim. J’entends courir. A droite. A gauche. Je lève le museau. Je hurle. Je me sens si perdue et pourtant dans mon élément. Je fuis. On me poursuit ? Je sens que quelqu’un est après moi. J’ai faim. Si faim. L’odeur de sang m’appelle. Je sens que je ne me contrôle pas. Je ne me contrôle plus.

❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆

Lorsque je me réveillais, je grelottais légèrement. Une goutte de neige fondue tomba sur ma joue. Puis une deuxième. Je battis rapidement des cils avant d’écarter ma tête. Tous mes membres étaient endoloris et je poussais un cri alors que mon dos me faisait souffrir. Je posais mes pattes … mes mains sur … sur la neige ?

« Je … »

Cette fois-ci, j’ouvris complètement les yeux avant de comprendre où je me trouvais. A quel endroit exactement ? Je l’ignorais. Mais je n’étais pas dans ma chambre, au cottage, près de Joey. J’étais dehors. Dans le froid. Il y avait beaucoup d’arbres autour de moi, signe que j’étais dans une forêt. Et j’étais couchée, étendue comme dans un lit. Sur un tapis de neige … et … c’était du sang ? Je commençais à grelotter davantage avant de constater que mes vêtements avaient disparu.

« Oh … Oh Merlin … » commençais-je à dire, prenant au fur et à mesure conscience de ce que j’avais devant moi.

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Même ma voix était rauque et je portais mes mains à mon visage en sentant la panique me gagner. Mes mains … Mes mains étaient tâchées de sang. Je les regardais, tremblant de plus belle. Je portais à nouveau mes mains à mon visage et constatais que j’en avais davantage sur les joues, sur le nez, autour de la bouche.

« Oh non … »

Mes mains, mon visage … J’avais du sang partout. Partout sur moi, sur la neige. Je me recroquevillais en position assise, me serrant davantage contre le tronc contre lequel je m’étais allongée. Avais-je dormi là cette nuit ? Mais pourquoi tout ce sang ? Où étaient mes vêtements ? J’avais traîné du sang et … alors que je suivais la piste des yeux … il y avait …

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« Oh Merlin … non … j’ai … j’ai … »

Qu’est-ce qui m’arrivait ? Pourquoi y avait-il un corps étendu à quelques mètres de moi ? Pourquoi j’étais nue ? Pourquoi j’avais du sang partout sur moi ? Je tremblais de tous mes membres alors que les larmes me gagner. J’avais tué cette personne ? C’était ça ?

J’étais incapable de me souvenir de quoi que ce soit.

Rien, rien ne me revenait.

Qu’avais-je fait ?

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@ Victoire


Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:06, édité 2 fois

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Vicky Prewett

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I shot for the sky, I'm stuck on the ground Avec Vicky Prewett Dimanche 27 janvier 2002

Comme tous les jours de la pleine lune, j'étais débordé. C'était toujours la même rengaine : vérifier où chaques loups irlandais se trouvaient cette nuit-là, étaient--ils au château ou ailleurs ? Les Parkinson, par exemple, se trouvaient dans leur manoir familial. Je le savais. Normalement, chaque loups irlandais le passaient ici, avec nous, mais le palais devait être au courant si les loups allaient ailleurs. Avec, de plus, la venue des touristes, savoir qui se trouvait où était d'autant plus compliqué. Je vérifiais donc les listes, je vérifiais que le parc était prêt à accueillir la population lupine incapable de se transformer, je vérifiais également la garde. Les loups-garous seraient coupés en deux, une partie dans la forêt, une autre partie dans le parc. Les autres créatures et sorciers resteraient au palais. Je devais savoir la place de soldat, comme chaques soldats devaient connaître sa place.

J'évitais ainsi les touristes en me terrant dans mon bureau, dans Cogadh, le bâtiment militaire, l'un des seuls qui n'était pas ouvert aux visites. Je faisais le point avec le Duc Harrington. Il était mon bras droit dans l'armée, et l'un des membres les plus important de Diabhal, les services secrets irlandais. « Il faudra donc bien penser à séparer les familles, des loups-garous qui souhaitent aller dans la forêt. Je ne veux pas que les enfants restent seuls, ce n'est pas le boulot des gardes de baby-sitter des louveteaux. » « Bien sûr, Votre Altesse. » Comme à chaque fois, cette nuit était une vraie organisation. Je me frottais les yeux, sentant la fatigue poindre, et une fois que j'estimais que les derniers détails avaient été revus, je fis une courte sieste sur le canapé de mon bureau.

Le soir-même, je rejoignis mes soeurs, pour que nous puissions aller dans les jardins. J'avais beau voir ce spectacle tous les mois depuis que je me transformais, mais il était toujours aussi impressionnant. Une multitude de nobles se réunissaient, parlaient entre eux à la lumière des torches alors que le ciel tombait. Quelques serviteurs servaient une dernière tasse de potion Tue-Loup, pendant que les enfants couraient et riaient. Beaucoup s'inclinaient en nous voyant passer, mais ils semblaient oublier que ce soir, nous étions des égaux. Nous allions tous devenir des bêtes, revenir à l'esprit de la Terre. Bien sûr, nous restions leurs Alphas, et il y avait des règles à respecter. Mais les convenances n'étaient pas nécessaires, alors que notre arrière-grand-mère faisait quelques rites, que Louve riait avec les enfants et que Accalia faisait quelques pas de danse au son de la musique qui régnait. Quand un jour de pleine lune touchait à sa fin, une agréable ambiance de fête s'emparait du château et des jardins.

Les concerts improvisés prirent fin quand mes parents apparurent enfin. Le silence venait petit à petit, quand ils montèrent sur une petite estrade. Je sus également que c'était à mon tour, alors, je montais avec eux. Comme tous les mois, avant le discours de Père, je m'adressais à la foule : « Bonsoir. Je demanderais aux familles avec des enfants de se placer du côté gauche de l'estrade, avec les gardes dans leurs uniformes habituels. Les loups-garous qui savent contrôler leur forme, je vous invite à vous place du côté droit, avec les gardes habillés en blanc. » Un mouvement de foule se créa. La plupart avait l'habitude, c'était une tradition familiale pour les nobles de se réunir ici. Les parents et enfants restaient dans les jardins quand les jeunes, maîtrisant leur transformation, allaient explorer la forêt dans les règles. Quand cela fut terminé, je souris à la foule. « Je vous souhaite une bonne nuit. » Quelques rires furent déclenchés, pendant que je descendais de l'estrade pour rejoindre Louve. Accalia était dans le groupe des loups qui ne maîtrisaient pas encore leur transformation, et elle y resterait jusqu'à sa majorité.

Mon père, qui était resté sur l'estrade, regarda le ciel qui s'assombrissait de plus en plus, avant de se tourner vers la foule. « Bonsoir. Comme tous les mois, je ne m'étendrais pas avec un long discours, cela serait inutile. Je tiens donc à rappeler aux loups-garous qui iront dans la forêt qu'il est interdit de s'approcher du village sorcier affilié au château, encore moins au village moldu. Il est interdit de mordre toute personne en dehors de l'enceinte de ce château, et sans autorisation. Comme vous le savez, c'est l'une des peines que nous punissons le plus sévèrement, alors, que nos jeunes loups qui se maîtrisent s'en rappelle bien ! » Père leur adressa un sourire paternaliste. C'était la loi qu'il répétait le plus, à savoir, tous les mois. « Maintenant, alors que la transformation approche et se faire sentir, j'aimerais que nous adressions une prière collective, comme tous les mois, à Aine de Knockaine, notre déesse de la lune. Si notre Grande Prêtresse veut bien venir… » Mon arrière grand-mère approcha, et monta sur l'estrade. Alors que toute personne joignit ses mains devant son visage pour prier, elle, elle leva les paumes vers le ciel et s'écria, dans le plus profond des silences : « Iarraimid ort, a bhandia, do chumhacht agus cumhacht na gealaí a thabhairt ar iasacht dúinn don oíche seo. Iarraimid do chosaint i rith na hoíche seo. Iarraimid do thrócaire ar na mac tíre nach bhfuil in ann iad féin a rialú. Go raibh maith agat, a Dhiarmuda, go raibh maith agat !1 » La foule répéta à son tour la dernière phrase de la prière, les remerciements que nous adressions à notre déesse. Je les disais, moi aussi. Moi aussi, j'étais très croyant, comme mes soeurs.

Peu à peu, nous nous transformions. Les hurlements des loups déchiraient le silence de la nuit, et cela commençait à s'agiter. Un garde vampire ouvrit solennellement le portail qui mena à la forêt. Une meute de loups s'y dirigea en courant, derrière un couple, mes parents. Je les suivis, ma sœur à mes côtés, et nous commencions à courir dans la nuit, en pleine forêt. Pour nous, ça avait le goût de la liberté.

Lundi 28 janvier 2002

Le matin pointait le bout de son nez depuis un moment, déjà. La plupart des loups étaient retournés au château, pour profiter du banquet. Tous les matins, après la pleine lune, le petit déjeuner était offert dans la salle de bal, où il y avait suffisamment de place pour mettre plusieurs tables, ainsi que tous les mets. Quant à moi, avec quelques soldats, nous faisions le tour de la forêt, comme tous les mois, pour vérifier que tout allait bien. Mes pattes s'enfonçaient dans la neige pendant que ma truffe s'agitait. Je sentais une odeur de sang. Cela ne m'affolait pas tout de suite. En effet, de nombreuses bêtes sauvages vivaient dans la forêt, cela aurait pu être les restes d'une proie. Mais pour ma conscience professionnelle, je décidais d'aller jeter un oeil. Je continuais de flairer la piste, quand j'entendis une voix. « Oh Merlin … non … j’ai … j’ai … » Mmmh. Étrange, très étrange. Je décidais de me transformer en humain, puis je terminais de suivre la piste.

Je n'aurais jamais cru tomber sur la scène qui se déroulait devant mes yeux.

Une des élèves qui fréquentait le club de duel, Victoria Prewett, était nue, dans la neige, tremblante, ensanglantée, avec un corps près d'elle. Je refusais de laisser le choc s'emparer de moi, et je m'approchais d'elle. « Victoria ! » Je courrais pour arriver près d'elle le plus vite possible, et je me laissais tomber à genoux. « Victoria, que s'est-il passé ? » Pendant que je parlais, je me dépêchais de retirer ma veste pour la mettre sur ses épaules. Je la fermais, puis j'enlevais mes bottes et mes chaussettes. « Gemino. » Un double de mes chaussettes apparut, et je les enfilais comme je pus sur ses pieds glacés. Enfin, je me dépêchais de réunir un peu de bois. « Lacarnum Inflamare. » Un feu apparut, et j'espérais la réchauffer un petit peu. Et enfin, je fis apparaître un Patronus. Un grand loup apparut, identique en tout point à la forme que je prenais quand je me transformais. « Va chercher le Duc Harrington, et dis-lui de réunir des soldats-enquêteur. Un meurtre a eu lieu ici. » Le loup me fit un signe de la tête pour me montrer qu'il avait compris, et se dirigea dans le sens opposé.

Une nouvelle fois, je me tournais vers Victoria, qui n'arrivait pas à calmer ses larmes. « Tout va bien ? Que s'est-il passé ? Vous avez des souvenirs ? » Une odeur ne me plaisait pas. Je me penchais vers la jeune fille, et je respirais longuement son odeur. « Victoria, vous avez des marques de morsure quelque part ? Je peux regarder ? » Avec son autorisation, je baissais sa veste, et elle me montra son bras. Il y avait des marques de dent. Des marques très reconnaissables de la part d'un loup.

Je sentis la fureur m'envahir. Qui ? Qui avait osé briser les règles du palais, des règles très strictes ? Il était strictement interdit de mordre des innocents. Nous ne voulions pas d'un nouveau Greyback. L'Irlande devait être une terre d'accueil pour les créatures, pas un lieu effrayant pour les sorciers. Il y avait des règles, pour tous. Silencieux, j'aidais la jeune fille à se rhabiller, et je me tournais en entendant des bruis de pas. « Ah, Harrington, vous voilà. Comme vous pouvez le voir, un meurtre a eu lieu…. » Je me penchais vers lui, et je lui soufflais : « … Et une élève de Poudlard a été mordu. » Il pâlit, alors que mes yeux lançaient des éclairs. je refusais que le loup responsable de ça s'en sorte sans aucune punition. « Votre Altesse, vous pensez que c'est cette jeune fille qui a tué cette personne ? » Je me tournais pour regarder Victoria, avant de hausser les épaules. « Je ne suis pas sûre. Elle est effrayée, oui. Elle n'a aucun souvenir. Mais je ne sens pas son odeur sur le cadavre, ni sur le sang. Si elle était responsable, son odeur serait partout. » Il hocha la tête, pour me montrer qu'il avait compris. Derrière lui, les soldats-enquêteurs arrivaient. « Ah, vous voila. Isolez la scène du crime, et réunissez des indices. Je refuse de croire que ce soit une jeune fille qui soit responsable de ça. Nous devons trouver le meurtrier, le plus vite possible. Faites votre travail, et le duc Harrington me fera un rapport. Moi, je retourne au palais régler ça. »

Alors que mes soldats commençaient à se mettre au travail, je me tournais vers Victoria, et je me remis à genoux devant elle. « Je peux vous porter ? » Une fois qu'elle me donna son accord, je fis passer un bras derrière son dos, un autre sous ses genoux, et je la soulevais du sol. « Placez votre bras autour de mon cou, pour bien vous tenir. Je vais transplaner. » Une fois qu'elle se tenait, je fis mon transplanage. J'arrivais pas loin du château, mais moi le premier, je ne pouvais pas transplaner à l'intérieur. Je rentrais par une porte peu utilisée. Nous passions à côté de la salle de bal, où j'entendis le bruit des couverts, des discussions et des enfants qui profitaient de cette matinée pour courir entre les jambes des adultes. J'interpellais un serviteur. « Allez dire à la princesse Louve que je l'attends dans mes appartements, ainsi que mon médecin personnel. Et dites-leur que c'est une urgence, je vous pris. » « Bien, Votre Altesse. » Une fois qu'il tourna les talons, je me dépêchais de retourner dans ma chambre. J'ouvris magiquement la porte pour ne pas lâcher la jeune fille, que je déposais sur mon canapé. « Tenez, un peignoir bien chaud. Enlevez les vêtements mouillés, et mettez-le. » Je tournis le dos pour lui laisser l'intimité nécessaire, puis je me tournais vers la cheminée. D'un coup de baguette magique, je fis apparaître un fleu flamboyant. Au signal de Victoria, je me tournais vers elle. Je la fis s'asseoir sur un fauteuil que je rapprochais de l'âtre, et je plaçais sur ses jambes une couverture bien chaude. Puis je me mis à genoux, pour la regarder. « Maintenant, je vais vous demander de m'expliquer ce qu'il s'est passé durant ce weekend. J'aimerais vous aider, mais j'aimerais tout savoir. Tout, depuis votre arrivée en Irlande. »

1 : Nous te demandons, déesse, de nous prêter ton pouvoir et la puissance de la lune pour cette nuit. Nous te demandons ta protection durant cette nuit. Nous te demandons ta clémence pour les loups qui ne savent pas se contrôler. Merci, déesse, merci !
:copyright:️ Justayne

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Beg me for mercy
I am the violence
What you gon' do
When there's blood in the water

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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le lundi 28 janvier 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Parfois un peu immature et un peu trop énergique, Vicky passe un week-end avec sa famille et des amis de la famille en Irlande. Mais une mauvaise rencontre pourrait bien faire basculer son destin ...

I shot for the sky, I'm stuck on the ground
Une voix masculine me fit sursauter.

« Victoria ! »

Je tremblais toujours de tout mon être et je sentais que dès que je bougeais un peu, toutes les courbatures me tiraient. Mes larmes roulaient sur mes joues, mélangées au sang et cela m’inquiétait de plus belle. Je levais pourtant la tête vers un homme que je ne reconnus pas dans l’immédiat. Il tomba à genoux devant moi et je le regardais comme si je peinais à croire ce qui m’arrivait. C’était comme si j’avais été tout d’un coup transportée dans un état second.

« Victoria, que s'est-il passé ? »

Cette voix. Bien sûr que je la connaissais. Ces vêtements élégants, cette coiffure parfaite, ses yeux si doux et si attentionnés. Il retira sa veste pour la poser sur mes épaules et la fermais. Il ne se souciait pas du sang qui m’entourait ni de ma nudité. Il agita sa baguette, des chaussettes apparues et il entreprit de m’habiller du mieux qu’il pouvait.

Iceni. Bleddyn Iceni. C’était lui. C’était le prince.

« Lacarnum Inflamare. » lança-t-il sur un tas de bûches qu’il avait réuni.

Je le regardais, sans vraiment le voir. Je crois qu’il essayait de m’aider. Mais ma bouche restait pâteuse tandis que l’horreur de la situation me revenait. Ce corps toujours étendu à quelques mètres de moi, le sang et cette douleur. Et surtout, surtout cette absence de souvenir. Qu’est-ce que je faisais là ? Tout ça semblait tellement irréel.

Je voulais Edmund. Je voulais Billy. Je voulais mon père. Papa … Je reniflais bruyamment, ignorant le prince qui faisait apparaître son Patronus pour aller chercher de l’aide. Mes larmes redoublaient quand je pensais à ma famille. Je voulais plus que tout les avoir auprès de moi et pourtant, je ne voulais pas qu’ils voient ça. J’a… j’avais tué quelqu’un. N’est-ce pas ? J’étais responsable ? J’étais responsable de cette horreur … Oh Merlin …

« Tout va bien ? »

Je relevais la tête vers le prince qui me regardait. Son regard était si doux, très loin du jugement que j’aurai attendu d’une figure d’autorité. Je tremblais toujours en secouant la tête de gauche à droite, mes bras toujours serrés autour de moi.

« Que s'est-il passé ? »
« Je … »

Ma voix fut à nouveau prise dans un sanglot.

« Vous avez des souvenirs ? »
« … Non … »

Oh Merlin … Pourquoi je ne me souvenais pas de comment j’étais arrivée là ? Mon cerveau semblait cafouillé à quelques pas. J’avais des bribes qui me revenaient mais j’étais incapable de savoir si c’était réel ou non.

« Victoria, vous avez des marques de morsure quelque part ? Je peux regarder ? »

A nouveau je levais les yeux vers le prince et hochais tristement la tête. La morsure … La morsure je m’en souvenais oui. Je me souvenais du loup. De la morsure. De la douleur. De moi qui l’avais caché pour ne pas me faire gronder. Oh Merlin … est-ce que ça voulait dire que … ? Je laissais le prince se pencher sur moi et lui montrais la blessure qui avait cicatrisé comme si elle datait de plusieurs années. Elle était blanche et parfaitement guérie. J’étais encore choquée.

Le prince m’aida à me rhabiller et je plongeais mon regard dans les flammes du feu qu’il avait fait apparaître quelques minutes auparavant. Cette chaleur semblait être la seule chose réelle, la seule chose rationnelle dans ce décor. Mes oreilles bourdonnaient et j’entendais des personnes parler comme si elles étaient à côté de moi. Une personne était arrivée et je n’osais pas la regarder. Verrait-il que j’étais coupable ? Allais-je désormais être pointée du doigt comme un monstre qui avait assassiné un … Qui était-il au juste ? Je portais une main à ma bouche, me rendant compte à nouveau de l’horreur de la situation.

Au bout d’un certain temps – j’étais bien incapable de me rendre compte du temps qui passait – le prince revint vers moi. Je tenais toujours la veste serrée contre moi et mes pieds paraissaient s’être un peu réchauffés près du feu et dans les chaussettes qu’il m’avait données.

« Je peux vous porter ? »

Je levais les yeux lentement vers le visage du prince. Il n’était plus seulement le prince en cet instant. Il était le premier visage que j’avais vu. Le premier à se pencher au-dessus de moi, à s’assurer de ma santé et de mon bien-être. A me défendre bien que je n’en sois pas parfaitement consciente à ce moment-là. Il n’était pas le prince, mais Bleddyn.

Je hochais doucement la tête. Mes larmes s’étaient taries et je me sentais lourde, épuisée. Ses bras me soulevèrent et je quittais enfin le sol humide et poudreux. Je vis alors qu’autour de nous, des nouvelles personnes étaient arrivées. Ce devait être les personnes que Bleddyn avaient appelé tout à l’heure à l’aide de son Patronus. Elles portaient des uniformes et agitaient leurs baguettes tout autour du terrain où je me trouvais. Des sorts de protection, d’analyse … J’eus un frisson.

« Placez votre bras autour de mon cou, pour bien vous tenir. » murmura la voix de Bleddyn. « Je vais transplaner. »

Je fis ce qu’il m’indiquait avant qu’un tourbillon ne nous aspire tous les deux. Je resserrai ma prise sur lui, comme prise d’un vertige, mais la sensation s’acheva aussi vite qu’elle avait commencé. Nous étions arrivés près du palais royal. Mais en le regardant, je n’arrivais même pas à ressentir la joie qui m’avait animé le soir du 31 ou même celle d’hier.

Je laissais Bleddyn me porter alors qu’il nous faisait entrer par une porte de derrière. Je papillonnais des yeux, assaillis par tant d’odeur et de bruits à l’intérieur du château. J’entendais les couverts, des discussions qui se mélangeaient. L’odeur de petits pains tout juste sortis du four et celles des thés envahirent mes narines. Je grimaçais, comme ne sachant que faire de ce trop plein d’informations. Je calais l’une de mes oreilles contre le torse de Bleddyn, comme je faisais enfant lorsque mon père me portait pour me mettre au lit. Entendre ses battements de cœur, sa voix qui résonnait dans sa poitrine m’apaisait.

« Allez dire à la princesse Louve que je l'attends dans mes appartements, ainsi que mon médecin personnel. Et dites-leur que c'est une urgence, je vous prie. »

La voix de Bleddyn était si prévenante et en même temps si autoritaire. J’aimais cette sécurité que ses paroles apportaient. Je commençais à me sentir bien, dans ses bras, sa chaleur gagnant mon corps, mes larmes ne coulant plus, mes tremblements cessant petit à petit.

« Bien, Votre Altesse. » répondit l’homme à qui Bleddyn s’était adressé.

Il continua son chemin et à nouveau, je perdis la notion du temps. Le château était vaste et Bleddyn connaissait par cœur son chemin. D’un simple sort, il ouvrit une porte et nous engouffra à l’intérieur. Je fus presque déçue quand il me posa sur un canapé. Mais j’accueillis aussi bien cette nouvelle assise et regrettait aussitôt de le tâcher. Il était si beau, si doux, si moelleux.

« Tenez, un peignoir bien chaud. »

Je levais les yeux vers Bleddyn, mettant une lenteur infinie dans mes gestes, comme si ma réalité mettait longtemps à arriver à moi. Je pris le tissu qu’il me tendait, mes yeux plongés dans les siens.

« Enlevez les vêtements mouillés, et mettez-le. »

Je n’arrivais même pas à sourire. Comment aurais-je pu ? Il se tourna de l’autre côté, s’affairant vers la cheminée pour raviver le feu et me laisser un peu d’intimité. Nous devions se trouver dans sa chambre. Elle était vraiment grande. Aussi grande que nos trois chambres réunies chez maman. La décoration était dans les tons de bleus et blanc et, en une autre occasion, j’aurai pu admirer les objets qui ornaient la chambre.

Je défis la veste que Bleddyn m’avait donné et la posais sur le canapé. Je tremblais à nouveau en voyant mes mains tâchées de sang et déglutis. J’étais nue dans la chambre de Bleddyn. Quelle ironie ! Ca me donnerait presque envie de pleurer. Mais je n’avais plus rien à faire couler sur mes joues. J’attrapais le peignoir et l’enfilais, avec des gestes précautionneux, grimaçant à chaque courbature qui me rappelait la réalité dans laquelle je m’étais trouvée plusieurs minutes plus tôt. Le peignoir était parfaitement blanc et semblait avoir été enchanté pour dégager une douce chaleur.

« C’est bon … » dis-je, d’une voix toujours aussi rauque.

Bleddyn se retourna et me fit signe de venir m’asseoir sur le fauteuil près du feu. J’obtempérais et m’installais, évitant désormais son regard. C’était la partie interrogatoire qui allait commencer, c’était ça ? La partie la plus désagréable. Celle où il allait attendre mes aveux. Pourquoi s’embêtait-il à se montrer aussi gentil avec moi et à poser encore une couverture sur mes jambes ? Est-ce que je le méritais vraiment ?

« Maintenant, je vais vous demander de m'expliquer ce qu'il s'est passé durant ce weekend. » dit-il d’une voix ferme en se posant à genoux devant moi.

Je déglutis et baissais la tête sur mes doigts triturant un fil de la couverture. Par où commencer ? Et qu’allait-il penser de moi ? Allait-il dire que j’exagérais ? Que j’inventais ? Qu’il ne me croyait pas ? Était-ce la première interrogation avant qu’il ne me livre aux Aurors et à la justice britannique ?

« J'aimerais vous aider, mais j'aimerais tout savoir. » reprit-il d’une voix plus douce. « Tout, depuis votre arrivée en Irlande. »

Je levais les yeux vers lui et croisais à nouveau son regard. Il n’y avait aucune méchanceté ni de désir de vengeance. C’était comme s’il était sérieusement inquiet et qu’en même temps, son aura de prince se reflétait. Il voulait protéger ses sujets et avait besoin que je l’aide à résoudre cette enquête. Je devais bien pouvoir faire ça ?

« Je … » commençais-je.

Je m’arrêtais, grimaçant en entendant ma voix. Je ne me reconnaissais même pas. La panique me gagnait à nouveau mais je ne pouvais pas la laisser prendre le dessus ici. Je soufflais, prenant le temps de m’apaiser. Je devais parler. Maintenant ; car Bleddyn ne serait pas si longtemps patient encore. Je devais dire la vérité. Au moins à une personne.

« Ma famille et moi sommes arrivés en Irlande vendredi soir. » commençais-je.

Et je commençais à expliquer. Qui étaient conviées à ce voyage, ce que nous avions fait le samedi. Puis le dimanche matin, ma morsure par un loup plus gros que les autres. Il s’était aussitôt enfui et j’avais caché tant bien que mal ma morsure, ne souhaitant pas me faire gronder. Je me rendais compte à présent à quel point cela avait été idiot. Nous avions visité hier le palais royal où nous avions rencontré Accalia. Puis je m’étais sentie vraiment fatiguée, comme si j’avais de la fièvre. J’avais vérifié ma blessure qui avait presque entièrement cicatrisé. Puis, je m’étais réveillée dans la nuit.

« Je … je ne sais pas ce qui m’a pris. Je n’avais pas l’impression de contrôler quoi que ce soit. » avouais-je, revivant avec difficulté la scène. « J’avais très peu de pensées en tête. Comme si j’étais incapable de réfléchir. J’avais chaud, c’était une certitude. Et j’ai voulu aller me rafraîchir dans la neige, à l’extérieur. J’ai ouvert la porte et … à partir de là … je ne … »

Ma voix se coupa et je m’efforçais de calmer ma respiration. Je relevais les yeux vers Bleddyn.

« Pour … pourquoi est-ce que je ne me souviens de rien ? C’est tellement confus dans ma tête. Ce ne sont que … des odeurs, des sons, des sensations. Mais rien de concret. Rien … d’humain. »

Je déglutis en affirmant une telle chose.

« Je … le loup qui m’a attaqué hier matin … c’était un loup-garou n’est-ce pas ? » demandais-je. « Et … j’en suis devenue un, c’est ça ? »

Mon cœur battait à tout rompre face à cette cruelle vérité. Je ne tremblais plus. La chaleur du feu avait envahi la pièce et le peignoir et la couverture avaient aidé à me réchauffer. Je me sentais presque normale dans cette pièce si ce n’était encore l’odeur du sang qui me rappelait mon brusque réveil de ce matin.

« Co … comment vais-je faire ? Je … j’ai bien lu des choses sur les loups-garous mais je … je ne sais pas comment … et si j’attaquais quelqu’un d’autre ? si je … C’est moi qui ai tué cette personne n’est-ce pas ? »

Je me souvins du corps étendu près de moi. Sans même l’avoir approché, je savais qu’il ne respirait plus. Il était mort.

« J’ai … j’ai tué quelqu’un … et je peux encore tuer d’autres personnes. Si je n’arrive pas à me souvenir, si je n’arrive pas à me contrôler, je vais blesser … je vais tuer … les gens que j’aime … ma famille, mes amis … »

Mon débit de paroles s’était soudain accéléré au fur et à mesure que la vérité me frappait. J’étais un loup-garou. J’étais un monstre. Pas seulement parce que j’étais devenue une créature, mais parce que j’étais responsable de ce meurtre.

J’imaginais à la place de ce corps ma famille. Billy, Eddie … Alec, Joey ? Papa ou maman essayant de m’aider … Shanna qui aurait voulu m’apprendre … Dae si gentil et si attentionné … Je secouais la tête, me disant que ma vie ne pouvait pas être comme ça.

Je sursautais lorsque quelqu’un toqua à la porte et me levais d’un bond en voyant l’héritière au trône pénétrer à l’intérieur de la chambre.

« Elle vient … ils viennent m’emmener ? » demandais-je en lançant un regard apeuré vers Bleddyn. « Je ne peux pas … je ne suis pas prête … je dois dire au revoir à ma famille … »

Allait-on m’emmener à Azkaban ? Allais-je recevoir le Baiser du Détraqueur ? J’étais tellement dans ma détresse que je n’avais même pas écouté plus tôt les mots réconfortants de Bleddyn. Mais lorsque ses mains attrapèrent avec force et fermeté mes bras, je me figeais sur place. Je faisais bien une tête de moins que lui, mais mon regard plongea dans le sien et la panique qui m’avait gagné en quelques secondes sembla se calmer.

@ Victoire


Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:06, édité 2 fois

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Vicky Prewett

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I shot for the sky, I'm stuck on the ground Avec Vicky Prewett Lundi 28 janvier 2002

Maintenant que j'avais ramené Victoria au château, j'espérais qu'elle se sente assez bien pour pouvoir me raconter ce qu'il s'était passé. J'étais toujours à genoux, devant elle, parce que je ne voulais pas physiquement la dominer. Je voulais qu'elle puisse se sentir à l'aise. Je voulais qu'elle puisse dire toute la vérité, le plus possible. « Je … » Je lui adressais un sourire rassurant, pour qu'elle puisse continuer son récit. Je ne sais pas si ça marchait, ou si c'était la peur qui la faisait parler, mais elle pu tout me raconter sans s'interrompre : son arrivée en Irlande, sa morsure, sa visite du palais et sa rencontre avec ma sœur, et comment elle finissait par se sentir fatiguée. Je savais que ses symptômes correspondaient à la morsure. Même si je ne l'avais jamais expérimentée, j'avais vu des personnes en souffrir, même par choix. Même si c'était quelque chose que l'on souhaitait, et nous ma famille avait autorisé, au cas par cas, ce n'était jamais une partie de plaisir.

Puis elle me parla de la pleine lune, de comment elle l'avait vécue. De comment elle avait eu chaud -la fièvre lunaire, évidemment, tous les jeunes loups la ressentaient-, ce qui expliquait pourquoi elle allait dehors, sans réfléchir. « Je … je ne sais pas ce qui m’a pris. Je n’avais pas l’impression de contrôler quoi que ce soit. J’avais très peu de pensées en tête. Comme si j’étais incapable de réfléchir. J’avais chaud, c’était une certitude. Et j’ai voulu aller me rafraîchir dans la neige, à l’extérieur. J’ai ouvert la porte et … à partir de là … je ne … » J'hésitais à répondre, à lui expliquer. Il le fallait, mais je me sentais tellement mal à l'aise à l'idée de devoir lui annoncer la vérité. A savoir, qu'on lui avait volé son identité de simple sorcière.

Même si j'étais resté à genoux, Victoria évitait mon regard depuis le début, jusqu'à maintenant. Quand je vis qu'elle me regardait enfin dans les yeux, je sentis qu'elle avait quelque chose à me demander. « Vous pouvez tout me dire, j'essaierais de répondre à la moindre de vos questions. » « Pour … pourquoi est-ce que je ne me souviens de rien ? C’est tellement confus dans ma tête. Ce ne sont que … des odeurs, des sons, des sensations. Mais rien de concret. Rien … d’humain. » Au moins, elle avait la bonne analyse des choses, même si c'était malheureux. J'ouvris la bouche pour lui répondre, quand elle me coupa. « Je … le loup qui m’a attaqué hier matin … c’était un loup-garou n’est-ce pas ? Et … j’en suis devenue un, c’est ça ? » Je lui adressais un regard désolé. J'espérais ne devoir jamais avoir affaire à ce genre de choses quand j'étais en poste, mais voilà que j'avais mon premier cas, à seulement 18 ans.

« Normalement, c'est interdit de mordre quelqu'un sans notre accord, et surtout, sans l'accord de la personne concerné. C'est l'un de nos plus gros crimes, et… je suis désolé que ce soit tombé sur vous. » Je finis carrément par m'accroupir un instant, pour me baisser encore plus selon son point de vu. « Tout concorde, malheureusement. La chaleur que vous avez ressentie, on appelle ça l'énergie lunaire. Les jeunes loups, donc les loups fraîchement mordus, y sont plus sensibles. Et c'est normal que le soir de la pleine lune, vos sens empiètent beaucoup plus sur l'esprit. C'est… Une questions d'habitude. » C'est pour cela que nous contrôlions sévèrement ces morsures. Il y avait tout un protocole pour autoriser une morsure, et dans ces contrôles, il y en avait un psychiatrique. Jamais nous n'autoriserions une morsure sur quelqu'un de violent, colérique, et j'en passe. Notre principal but était, certes, d'accueillir les créatures rejetées, mais aussi de protéger notre population.

Mais j'avais bien conscience que mes explications ne suffisaient pas. Mes excuses non plus. Mon cœur se serra à la pensée que la vie de la jeune fille avait été renversée. « Co … comment vais-je faire ? Je … j’ai bien lu des choses sur les loups-garous mais je … je ne sais pas comment … et si j’attaquais quelqu’un d’autre ? si je … C’est moi qui ai tué cette personne n’est-ce pas ? » Je me redressais, pour ne plus être accroupi, mais à genoux, et j'attrapais ses mains entre les miennes. « Nous ne savons pas encore si vous en êtes la responsable ou non. J'attends encore le rapport de l'enquête. Ne vous blâmez pas pour quelque chose dont nous ne sommes pas sûrs. » J'avais beau essayé de la rassurer, mais je sentis que sa panique montait de plus en plus. Je ne savais même pas si elle m'avait écouté jusqu'au bout. « J’ai … j’ai tué quelqu’un … et je peux encore tuer d’autres personnes. Si je n’arrive pas à me souvenir, si je n’arrive pas à me contrôler, je vais blesser … je vais tuer … les gens que j’aime … ma famille, mes amis … » « Victoria, Victoria, écoutez-moi. » Je me redressais carrément pour, cette fois, être au même niveau qu'elle. J'écartais ses cheveux de devant ses yeux pour dégager son visage, et j'espérais que ce contact l'aiderait à… Reprendre conscience ? Ou, du moins, la rassurer ? « Je ne pense pas que vous ayez tué cette personne. » Je la regardais droit dans les yeux pour qu'elle comprenne que j'étais sérieux. « J'étais sur les lieux. Et je suis moi-même un loup-garou. Je n'a pas senti votre odeur sur le cadavre. Si c'était vous qui l'aviez attaqué… L'odeur aurait été flagrante. » Le temps que je parle, ça toqua à la porte. J'en profitais pour me remettre sur mes pieds. « Entrez. » C'était Louve derrière la porte, qui entra dans ma chambre.

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Ma sœur eut à peine le temps de dire un mot que Victoria se redressa devant moi, immédiatement, faisant tomber la couverture à mes pieds, et me regarda d'un air terrifié. « Elle vient … ils viennent m’emmener ? » « Non, elle… » « Je ne peux pas … je ne suis pas prête … je dois dire au revoir à ma famille … » Je sentis que la jeune fille commençait à paniquer, une nouvelle fois. Je comprenais totalement sa réaction, mais si elle continuait de paniquer, jamais elle ne pourra comprendre que nous étions là pour l'aider. C'est alors que je finis par attraper fermement ses deux bras, pour qu'elle arrête de bouger, et je cherchais son regard. Quand elle le capta enfin, j'attendis quelques secondes pour qu'elle se rende compte que je n'étais pas là pour lui faire du mal. Et une fois que Victoria reprit un rythme de respiration normalement, je lui souris doucement. « Louve n'est pas là pour vous arrêter, je vous le promets. Elle est là en tant que princesse héritière… Et en tant que femme. Je ne suis pas sûre qu'être avec le chef des armées vous soit d'un grand secours, pour vous aider à vous calmer. » Louve referma la porte derrière elle, et s'approcha, un sourire rassurant sur le visage. « Bonjour, je suis Louve. Comment est-ce que vous vous appelez ? » une fois que Victoria donna son prénom, je me tournais vers ma sœur. Je voulais lui expliquer les faits, mais j'avais peur de nouveau faire paniquer la jeune fille si je parlais en anglais, alors, je passais en irlandais, très rapidement. « Bhí sí bitten ag mac tíre1. » Louve gardait une expression neutre, mais je vis bien que ses épaules se tendirent sous la nouvelle, ce que je pouvais comprendre. Je savais qu'elle pensait comme moi ; qu'il fallait punir le coupable.

« Où est le médecin ? » « Dans le couloir. Bleddyn, tu ne peux pas la faire examiner sans ses parents. » Je passais nerveusement une main sur mon visage. Ses parents. Je les avais oubliés. Dire que j'allais devoir leur annoncer une nouvelle aussi terrible… Je finis par soupirer. « Je vais envoyer quelqu'un les prévenir, et les faire venir au palais. Victoria… » Je me tournais vers la jeune fille. « Il me faut l'adresse du lieu où vos parents logent, pour que nous puissions les faire venir ici. Je vous assure qu'il ne leur arrivera aucun mal, ni à vous, ni à eux. » Une fois que j'eus leur adresse, j'allais à mon bureau préparer une note volante secrète, et donc cachetée, pour aller chercher un soldat de Diabhal, les services secrets irlandais. J'avais besoin de mes hommes, rapidement. Je leur disais sur cette note de venir me voir le plus rapidement possible dans mes appartements. Louve la lut par dessus mon épaule, et on échangea un regard entendu. Il valait mieux que Victoria n'entende pas, pour la troisième ou quatrième fois (j'avoue avoir perdu le compte), le récit de ce qui lui était arrivé. Elle se tourna alors vers elle, un grand sourire sur les lèvres.

« Que diriez-vous de prendre un bain, en attendant vos parents ? Vous pourrez ainsi vous débarrasser de toute cette boue, cela ne doit pas être très confortable. » La manière de Louve de l'aider aussi à se débarrasser des souvenirs physiques de cette nuit. Elle attrapa doucement le bras de la jeune fille, pour l'emmener dans ma salle de bain personnelle, en fermant la porte derrière elle, pour leur donner un peu d'intimité.

Une fois la porte fermée, Louve se dirigea vers la grande baignoire, qu'elle commença directement à remplir. Puis elle fouilla dans les placard, fouilla quelques secondes, et en ressortit avec une potion verte, qu'elle montra à Victoria. « Je vous présente le secret honteux de Bleddyn : il adore mettre des produits moussants à la menthe dans son bain. Une fois, je l'ai même vu acheter des produits à la lavande… » Elle lui fit un clin d'oeil, avant de verser un peu de potion dans le bain qui commençait à se remplir. De la mousse apparut aussitôt, et l'odeur de menthe envahit la salle de bain. Louve espérait secrètement que cette boutade, et ce bain surtout, aiderait la jeune fille à se détendre, au moins en attendant ses parents. « Je vous laisse entrer dans la baignoire, je vais simplement chercher des vêtements pour vous. » L'avantage de la configuration de ces appartements étaient que la salle de bain, la chambre et le dressing étaient tous reliés. Louve alla dans le dressing de son frère, et attrapa un pull confortable, et un jogging qu'elle rétrécissait magiquement, avant de retourner dans la salle de bain. Elle attendit avec Victoria qu'elle termina de se laver, avant de tourner le dos. « Vous pouvez mettre les vêtements que j'ai mis à votre disposition, sur le côté. Puis nous pourrons retourner dans la chambre de Bleddyn. »

Je levais les yeux quand ma sœur rouvrit la porte de ma salle de bain. J'étais assis dans l'un des fauteuils de la partie salon de ma chambre, une tasse de café à la main. Un plateau avait été emmené, avec une théière remplie. Je remarquais que Victoria portait des vêtements à moi. Louve n'avait sûrement pas osé aller jusqu'au dressing d'Accalia. « Est-ce que vous voulez une tasse de thé ? » Après tout, le thé chez les Anglais, c'est sacré, non ? Ça leur permet de toujours remettre les idées en place, il paraît. Louve commença à remplir les tasses, quand, pour la seconde fois de la matinée, ça toqua à la porte de mes appartements. « Entrez ! » « Votre Altesse, Louis Prewett est là. » « Faites-le entrer. » Le serviteur s'inclina, puis se décala pour laisser entrer le père de Victoria, que j'avais déjà rencontré plusieurs fois à Poudlard. Avec ma sœur, nous nous levions en même temps, mais nous laissions tout de même temps au père et à la fille de se retrouver. Puis je m'approchais. « Monsieur Prewett, je vous présente mes plus sincères excuses pour ce qui est arrivé à votre fille. Je vous invite à vous installer pour que nous puissions discuter de ce que nous pouvons faire. » Je désignais rapidement ma sœur, avant de m'asseoir. « Je vous présente ma sœur aînée, Louve. Elle est là en tant que princesse héritière, nos parents n'étant pas disponible. »

On se réassit. L'entretien étant privé, nous n'avions aucun serviteur dans la salle, c'est donc ma sœur qui se chargea de remplir les tasses. C'était ma responsabilité d'engager la conversation. Après tout, c'était moi qui avait trouvé Victoria dans la forêt. Et c'était mes équipes qui étaient en train d'enquêter sur toute cette histoire. « C'était la pleine lune, cette nuit. Par habitude, tous les loups-garous capables de contrôler leur forme lupine peuvent aller se balader dans la forêt, en respectant des règles très strictes. Ce matin, ils ont rejoint le château pour le traditionnel petit-déjeuner du lendemain de pleine lune. Je faisais un dernier tour de forêt pour vérifier que tout le monde était bien rentré quand… Quand je suis tombée sur votre fille. » C'est en commençant ce récit que je ressentais, pour la première fois, la lourdeur de la couronne. Pas le poids d'être Grand Général, le poids d'être prince. En tant que tel, c'était à moi de devoir partager ça. Si je n'avais été qu'un simple militaire, même le plus haut gradé, le plus influent de Diabhal, jamais je n'aurais eu à faire ça. Là, c'était mon statut de prince qui parlait, et c'était en tant que tel que je portais la culpabilité de cette discussion. « Elle était dans la forêt, sans vêtements, comme si elle venait de se transformer en humaine. Et… Il y avait un cadavre frais, à côté d'elle. Laissez-moi tout de même vous dire que Victoria est hors de cause. Je n'ai pas senti son odeur sur le cadavre, ce qui est une preuve suffisante. Mais à titre personnel, je pense que ce cadavre était là pour une bonne raison, et je compte prendre ces deux affaires -ce meurtre, et cette morsure illégale- comme une seule, ou comme étant reliée. »

Je marquais une courte pause, pour laisser le temps au père de Victoria de se remettre de cette situation. J'imaginais très bien que cela ne devait pas être facile d'être tiré du lit par un soldat de la garde royale, ou, pire encore, par l'absence de sa fille. Et découvrir que son enfant est au palais, blessée, mordue de manière illégale, et qu'en plus, elle était impliquée, de manière indirecte dans un meurtre. Cela faisait beaucoup à avaler, et je pouvais le comprendre. « L'enquête a déjà commencé, mais nous pouvons relever un indice supplémentaire… Avec votre accord, et celui de Victoria. Mon médecin personnel attend derrière la porte. J'aimerais qu'il examine la morsure de votre fille, mais pour cela, j'ai besoin de votre accord. » J'essayais de leur adresser un sourire confiant, mais mon regard reflétait toute la culpabilité que je pouvais ressentir. « On peut apprendre beaucoup sur un loup par sa morsure. » Une fois que je pus obtenir son accord, ma sœur se leva pour ouvrir la porte, et mon médecin entra. Il nous salua, puis salua les Prewett. Avec ma sœur, nous nous reculions, mais nous tenions à rester dans la pièce tout de même pour avoir les informations. Par pudeur, et discrétion, je tournais tout de même le regard, et je me tournais vers les jardins.

Ils étaient d'un blanc resplendissant grâce à la neige. Comme si l'Irlande était pur de tous drames. Mes yeux furent attirés par les enfants qui, lassés du petit-déjeuner, faisaient des bonhommes de neige, et des batailles de boules de neige. Mes poings se resserrent quand je vis quelques Irlandais se balader sereinement. « Votre Majesté ? » Et si le coupable se trouvait en bas, parmi eux ? « Votre Majesté le Prince ? » Par Macha, je jure de le retrouver et de le traîner en procès. Moi-même, si il le faut. Je comptais bien mettre Diabhal sur le coup. Nous n'allions pas le tuer secrètement, oh, non. Je comptais bien sur mes espions pour le retrouver, lui casser quelques os, si il le fallait. Je le ferais avec plaisir… « Votre Majesté, vous m'écoutez ? » Puis je le traînerais en procès. Je voulais le condamner à perpétuité, à des travaux généraux. Je regrettais que la torture publique soit si controversée, parce qu'il aurait fait un excellent exemple pour les autres… « Bleddyn ! » « Pardon, quoi ? » C'est la voix de ma sœur qui me tirait de mes pensées meurtrières. Apparemment, le médecin essayait de me parler depuis quelques minutes, mais je n'entendais pas. J'essayais de reprendre contenance, en me rapprochant. « Je vous écoute. » « Miss Prewett a été mordu au bras par un loup-garou adulte, et sûrement mâle, bien que je n'en sois pas sûre. C'est la taille de la mâchoire qui me fait dire ça. » Je ne pus m'empêcher de faire un geste impatient. Un loup-garou mâle et adulte ne m'apprenait rien ! Je m'en doutais déjà. Vu la date de la morsure, c'était quelqu'un qui contrôlait sa forme. Bien sûr que c'était un adulte. « Vous n'avez rien de plus intéressant à m'apprendre ? » « Et bien, si. L'un des crocs est différent. Mademoiselle Prewett, permettez-vous que je montre au prince ? » J'attendis son accord pour m'approcher, et regarder de plus près. « Voyez, cette marque de dent ? Elle est différentes des autres. La dent est cassée, il ne reste plus que la moitié. C'est un signe assez distinctif, dont vous pourrez vous servir. » Maintenant qu'il le disait, je le voyais. Et au moins, grâce à ça, je savais que je pourrais donner des détails à Diabhal et à mes troupes. C'était un indice implacable.

Je remerciais le médecin, qui sortit rapidement. L'entrevue commençait à toucher à sa fin. Mais avant que les Prewett ne partent, je sentis que ma sœur avait un dernier détail à régler. « Monsieur, je tenais à vous dire que nous ne laisserons pas votre fille se débrouiller seule. Je m'engage personnellement à ce que des potions Tue-Loup lui soient transférées avant chaque pleine lune, comme pour ma jeune sœur Accalia, et ce, jusqu'à sa majorité. Egalement, elle sera invitée à passer les pleines lunes au château, si cela peut vous rassurer, ou la rassurer elle. Et je sais que les armées feront tout pour retrouver le coupable. Nous vous tiendrons, bien évidemment, au courant. » Ma sœur s'inclina légèrement. Elle voulait montrer son respect, et à quel point elle regrettait ce qui était arrivé à Victoria. Moi aussi, je le regrettais. Mais si je sentais la tristesse de Louve, moi, j'étais fou de rage. Une fois les Prewett éloignés, je savais que je courais immédiatement sur la scène de crime pour recevoir les premières informations. Et je comptais bien convoquer Diabhal dès ce soir. « Nous restons à votre entière dispositions, si vous avez des questions à poser, des inquiétudes à formuler, ou même si vous avez besoin d'aide. Comme tous les samedis, je serais au château de Poudlard cette semaine. » Je me tournais vers Victoria. « N'hésitez pas à venir me voir, pour tout et n'importe quoi. Je serais toujours à votre disposition, ces matins-là. N'hésitez pas non plus à vous rapprocher de Accalia, qui sera ravie de vous aidez dans la vie de tous les jours. Mais, au besoin, vous pourrez toujours m'envoyez un hibou, je libèrerais toujours du temps pour vous. » C'était le maximum que nous pouvions faire, mais j'espérais toujours pouvoir faire plus. j'avais conscience de sa détresse, de ses inquiétudes, de celles de son père également. Et même si sa mère n'était pas là, j'espérais bien qu'elle oserait nous écrire, elle aussi. Ce que je venais de dire à son ex-mari lui convenait aussi. Et je savais très bien que désormais, tous les samedis matins, en plus de devoir gérer mes élèves, je devrais gérer ma culpabilité. Et je refusais que cette injustice reste impunie.

1 : Elle a été mordu par un loup. (Irlandais)
:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Beg me for mercy
I am the violence
What you gon' do
When there's blood in the water

descriptionI shot for the sky, I'm stuck on the ground EmptyRe: I shot for the sky, I'm stuck on the ground

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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le lundi 28 janvier 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Parfois un peu immature et un peu trop énergique, Vicky passe un week-end avec sa famille et des amis de la famille en Irlande. Mais une mauvaise rencontre pourrait bien faire basculer son destin ...

I shot for the sky, I'm stuck on the ground
Je sentais bien que j’étais comme une étrangère dans ce palais, dans cette chambre. Je n’étais pas à ma place. Or, lorsque Bleddyn se penchait vers moi pour m’apporter des mots de réconfort, lorsque ses mains saisissaient mes bras, je me sentais comme chez moi. Mon rythme cardiaque ralentit et la panique qui était montée en un instant sembla faire machine arrière.

« Louve n'est pas là pour vous arrêter, je vous le promets. » reprit Bleddyn, un sourire apaisant sur les lèvres. « Elle est là en tant que princesse héritière… Et en tant que femme. Je ne suis pas sûre qu'être avec le chef des armées vous soit d'un grand secours, pour vous aider à vous calmer. »

Je poussais un long soupir, comme si je faisais des exercices de respiration pour me calmer, avant de tourner la tête vers la princesse héritière au trône. Si j’avais été déjà impressionnée face à Bleddyn, il était évident que Louve Iceni dégageait une véritable aura royale autour d’elle. Mais à cet instant, avec cet air prudent et son sourire rassurant sur le visage, elle montrait clairement qu’elle n’était pas là pour faire figure d’autorité.

« Bonjour, je suis Louve. Comment est-ce que vous vous appelez ? » dit-elle.

J’entendais les battements de mon cœur. Et peut-être même ceux de Bleddyn et de Louve. J’étais concentrée là-dessus lorsque je répondis :

« Je m'appelle Victoria mais tout le monde m'app... »

Je m’interrompis un instant. Autrefois, cette phrase me paraissait tellement naturelle. Aujourd’hui, elle sonnait comme étrange à mes propres oreilles.

« Victoria, c'est mon nom. » reprécisais-je.

Louve m’adressa un nouveau sourire avant de se tourner vers son frère qui lui glissa une phrase dans une langue que je ne connaissais pas. Probablement de l’irlandais. Pourquoi avoir parlé dans cette langue ? Avaient-ils des informations à s’échanger pour lesquelles je ne devais pas être au courant ? Heureusement, l’échange ne dura pas et ils passèrent rapidement à l’anglais.

« Où est le médecin ? » demanda Bleddyn.
« Dans le couloir. » répondit sa sœur. « Bleddyn, tu ne peux pas la faire examiner sans ses parents. »

Je déglutis, sans doute aussi nerveuse que Bleddyn à cet instant qui se passait une main sur le visage, comme ayant oublié cette partie du problème. Je n’avais que 15 ans, dans quelques jours 16 …

« Je vais envoyer quelqu'un les prévenir, et les faire venir au palais. » déclara alors le prince. « Victoria… Il me faut l'adresse du lieu où vos parents logent, pour que nous puissions les faire venir ici. Je vous assure qu'il ne leur arrivera aucun mal, ni à vous, ni à eux. »

Je hochais doucement la tête, pour montrer que je comprenais, même si l’idée finissait de me rendre nerveuse.

« Je … ma mère est à Southampton, en Angleterre. Mais mon père est logé à Fruit Hill Cottage, dans le village de Campile, près de Moycullen. »

Bleddyn était pragmatique et sauta aussitôt sur son bureau où il s’empressa de rédiger une missive, Louve lisant par-dessus son épaule. A les regarder faire, ils avaient toujours eu l’air de fonctionner en duo, s’accordant parfaitement et se comprenant sans dire une parole. Ils avaient une connexion spéciale qui semblait les rendre indestructibles face à leurs ennemis. Billy, Edmund ou moi n’étions pas tellement de ce genre-là. On passait notre temps à se chamailler, se taquiner. Oui, on se serrait les coudes. Si quelqu’un faisait du mal à l’un d’entre nous, nous montrions aussitôt poings et baguettes. Mais il n’y avait qu’à voir la gestion de crise de cet été avec la séparation des parents. Billy s’était totalement isolé de nous d’Eddie et moi.

« Que diriez-vous de prendre un bain, en attendant vos parents ? »

Je tournais la tête vers la princesse qui, un grand sourire aux lèvres, m’indiquait une pièce à côté de la chambre.

« Vous pourrez ainsi vous débarrasser de toute cette boue, cela ne doit pas être très confortable. »

Je tentais un sourire poli mais cela devait plus ressembler à une grimace. Je voulais faire bien devant la princesse mais je devais bien avouer que j’étais encore trop secouée par ce qui m’était arrivé cette nuit. Je la laissais donc me guider vers la salle de bain où elle referma la porte pour nous laisser entre nous.

La salle de bain était bien plus grande que ce que j’avais été habituée à voir jusqu’à présent. Je regardais d’un air un peu hagard l’étendue des produits qui s’entassaient sur les étagères ainsi que toutes les décorations en or qui ornaient les murs.

« Je vous présente le secret honteux de Bleddyn : il adore mettre des produits moussants à la menthe dans son bain. Une fois, je l'ai même vu acheter des produits à la lavande… »

Je tournais la tête vers Louve qui me glissa un clin d’œil avant de verser une potion verte dans l’eau du bain. Cette fois-ci, je souris plus franchement. Comment je m’étais retrouvée là, dans les appartements privés de Bleddyn, à découvrir ses secrets honteux comme le disait Louve ?

« Je vous laisse entrer dans la baignoire, je vais simplement chercher des vêtements pour vous. »
« D’accord, merci beaucoup. » répondis-je en la regardant s’éloigner dans une nouvelle pièce.

Je regardais l’eau du bain, trempant une main. C’était chaud. J’entrepris de défaire le peignoir que m’avait glissé Bleddyn un instant auparavant et le posais sur un porte-manteau. Je me sentais toute courbaturée. Mes articulations me faisaient souffrir et j’avais l’impression de craquer à chaque fois que j’étendais un peu trop mes bras. Je rentrais dans la baignoire, poussant un long soupir de soulagement au contact de l’eau. Je n’aurai jamais cru en avoir autant besoin qu’avant d’y entrer. Une douce odeur de menthe se dégageait du bain et me faisait me sentir tellement bien. J’en oubliais presque la douleur et les souvenirs affreux des dernières heures.

Je posais ma tête en arrière et sentis mes yeux me picoter sous les émotions qui remontaient une nouvelle fois. Aussitôt, je plongeais alors la tête dans le bain et les bruits furent étouffés. Pour la première fois depuis que j’étais réveillée, il y avait enfin du silence. Pourquoi j’entendais autant les sons, les discussions qui étaient pourtant si éloignés de moi ? Tout était multiplié et tout semblait m’agresser.

Ne pourrais-je pas rester dans ce bain et ne plus jamais remonter à la surface ? Mourir en paix, comme ça, au chaud, dans un bain moussant, entouré d’or ? Ce serait une belle mort, franchement.

Je remontais à la surface, manquant d’air, alors que Louve venait de revenir, posant des vêtements chauds sur le porte-manteau. Je lui adressais un nouveau sourire avant d’entreprendre de frotter ma peau pour me débarrasser de tout ce sang qui m’obsédait. Je frottais mes mains, l’endroit où il y en avait le plus. Je remontais sur mes bras, mes épaules, mon cou, éliminant la crasse qui s’y était glissée. Je fis mousser mes cheveux et lavais plusieurs fois mon visage, comme essayant d’étouffer une nouvelle fois les sens comme les bruits et les odeurs. Je lavais mes jambes et mes pieds, profitant de l’odeur de menthe qui entourait désormais chaque pore de ma peau.

Je devais avouer que Louve avait eu raison. Après un bon bain, je me sentais mieux. Plus humaine. Moins prise au dépourvu. Prête pour affronter la suite.

« Vous pouvez mettre les vêtements que j'ai mis à votre disposition, sur le côté. Puis nous pourrons retourner dans la chambre de Bleddyn. »

Louve resta à mes côtés, comme veillant sur moi alors que je me séchais et enfilais les vêtements qu’elle m’avait ramenés. C’était un pull qui portait indéniablement l’odeur de Bleddyn et un jogging qu’elle avait surement dû rétrécir pour qu’il correspondre à ma taille. Ce n’était clairement pas mon style, mais qu’importe ? J’avais des vêtements propres, confortables.

Lorsque j’eus terminé, je fis un signe de tête à Louve qui ouvrit la porte pour regagner la chambre. Bleddyn était toujours là, assis dans un fauteuil et prenant une tasse de café comme si tout était normal. Ce fut sans doute ce qui m’aida à me réconforter. Bleddyn et Louve étaient certes des personnes de la famille royale, mais ils étaient là pour m’aider et me faire sentir en confiance malgré ce désastre.

« Est-ce que vous voulez une tasse de thé ? » demanda Bleddyn en montrant un plateau devant lui.
« Avec plaisir, oui. »

Cela m’aiderait à finir de me faire sentir chez moi, comme lorsque maman nous préparait une tisane avant de nous installer devant l’un de ces films à l’eau de rose qu’on adore tant toutes les deux !

Je m’installais maladroitement sur un fauteuil face à Bleddyn alors que Louve assurait le service. Tout ça pour moi ? On toqua à nouveau à la porte et je déglutis difficilement, serrant et desserrant mes doigts dans le creux de mes mains.

« Entrez ! »
« Votre Altesse, Louis Prewett est là. » indiqua un serviteur après un signe de tête poli.
« Faites-le entrer. »

Mon cœur battait la chamade. Papa entra dans la pièce. Il avait un long manteau noir qu’il avait visiblement enfilé à la va-vite par-dessus des habits attrapés rapidement. Il retira son chapeau en entrant dans la pièce avant de croiser mon regard.

« Papa ! »

Je m’élançais aussitôt dans ses bras, enfouissant mon visage contre son manteau, avec l’odeur habituelle que j’aimais chez lui. Il posa son menton sur ma tête et je le serrai davantage. Savait-il déjà pourquoi était-il là ? Avait-il trouvé mon lit vide ce matin ? S’était-il affolé ? Avait-il prévenu maman ?

« Monsieur Prewett. »

Je me détachais légèrement de mon père alors que Bleddyn avait pris la parole. Il avait pris le temps de nous laisser un moment d’intimité et j’appréciais le geste.

« Pardon, bonjour, Bleddyn. Votre Altesse. » répondit papa.

Visiblement, il était ému. Sa voix avait une drôle de tonalité alors qu’il saluait poliment Bleddyn puis Louve.

« Je vous présente mes plus sincères excuses pour ce qui est arrivé à votre fille. » reprit le prince alors que je crispais ma main sur le manteau de mon père. « Je vous invite à vous installer pour que nous puissions discuter de ce que nous pouvons faire. »

Papa hocha la tête, maladroit. A nouveau, il me regarda, comme s’il essayait de comprendre ce qu’il avait commis comme erreur. Mais il me tenait toujours tendrement contre lui et avança à mes côtés vers le boudoir où on s’installa.

« Je vous présente ma sœur aînée, Louve. Elle est là en tant que princesse héritière, nos parents n'étant pas disponible. »
« Très bien. Ca me convient. » répondit à nouveau papa en observant Louve servir une nouvelle tasse de thé.

J’avais pris la mienne entre mes mains, mais je sentais que je tremblais un peu alors, après une mince gorgée, je la reposais aussitôt sur la table basse.

« Je … je ne suis pas certain de bien tout comprendre. De … de quoi s’agit-il ? » demanda mon père.

Je baissais la tête, confuse, appréhendant la suite. Mon souffle tremblait lui aussi alors que j’attendais anxieusement que Bleddyn explique.

« C'était la pleine lune, cette nuit. Par habitude, tous les loups-garous capables de contrôler leur forme lupine peuvent aller se balader dans la forêt, en respectant des règles très strictes. Ce matin, ils ont rejoint le château pour le traditionnel petit-déjeuner du lendemain de pleine lune. Je faisais un dernier tour de forêt pour vérifier que tout le monde était bien rentré quand… Quand je suis tombée sur votre fille. »

J’essayais de capter le regard de Bleddyn mais il me semblait être perdu dans ses pensées, comme s’il revivait l’instant. Moi aussi. Je sentais la main de mon père caresser timidement mon dos, comme si un geste quotidien pouvait alléger cette soudaine nouvelle. Je déglutis, appréhendant sa réaction. Avait-il compris ? Se doutait-il de quelque chose ? Allait-il me rejeter ?

« Elle était dans la forêt, sans vêtements, comme si elle venait de se transformer en humaine. Et… Il y avait un cadavre frais, à côté d'elle. »
« Oh Merlin … » laissa échapper mon père et je baissais les yeux.
« Laissez-moi tout de même vous dire que Victoria est hors de cause. Je n'ai pas senti son odeur sur le cadavre, ce qui est une preuve suffisante. Mais à titre personnel, je pense que ce cadavre était là pour une bonne raison, et je compte prendre ces deux affaires -ce meurtre, et cette morsure illégale- comme une seule, ou comme étant reliée. »

Bleddyn marqua une pause et je levais cette fois-ci les yeux vers mon père. Celui-ci était perdu et regardait tantôt Bleddyn, tantôt la bouilloire, tantôt les tableaux accrochés au mur. Et puis moi.

« Oh Victoria … » dit-il en embrassant le sommet de mon front. « Je suis désolé de n’avoir pas été pour toi. »

Je resserrai mes mains sur les pans de son manteau.

« J’aurai du te dire pour la morsure … » avouais-je à mon tour. « J’avais peur … de gâcher le week-end. »

Mon père secoua la tête, comme mi-exaspéré, mi-amusé. Il devait certainement se sentir incroyablement coupable à cet instant. Que pensait-il exactement ? Se disait-il qu’il aurait du faire plus ? Du me mettre en confiance ? Se disait-il que si j’avais été avec maman une telle chose ne se serait pas produite ? Je voulais le rassurer, tout lui dire, mais je sentais que ce n’était pas le moment.

« Il va y avoir une enquête ? » demanda papa en tournant la tête vers Bleddyn, encore ébranlé.
« L'enquête a déjà commencé, mais nous pouvons relever un indice supplémentaire… Avec votre accord, et celui de Victoria. Mon médecin personnel attend derrière la porte. J'aimerais qu'il examine la morsure de votre fille, mais pour cela, j'ai besoin de votre accord. »
« Mon … accord ? »
« On peut apprendre beaucoup sur un loup par sa morsure. » avança Bleddyn, un sourire confiant sur le visage.

Papa croisa mon regard et je hochais timidement la tête. Le médecin entra et nous salua. Il me demanda de lui montrer où était la morsure. Automatiquement je me levais et roulais les manches de mon pull pour montrer la cicatrice blanche qui apparaissait. Je voyais que papa s’était lui aussi penché pour examiner derrière le médecin. Je patientais alors que le médecin agitait sa baguette autour de mon bras. Louve était restée en arrière, attendant le compte-rendu. Bleddyn aussi, mais il semblait totalement ailleurs. Le médecin dut d’ailleurs se reprendre à plusieurs fois pour le ramener au temps présent.

« Bleddyn ! » s’écria Louve, visiblement agacée.
« Pardon, quoi ? »

Je souris doucement, amusée. Finalement, frère et sœur pouvaient bien être pareils un peu partout. Je pensais alors à Eddie et Billy. Que diraient-ils ? Auraient-ils peur de moi ?

« Miss Prewett a été mordu au bras par un loup-garou adulte, et sûrement mâle, bien que je n'en sois pas sûre. C'est la taille de la mâchoire qui me fait dire ça. »
« Vous n'avez rien de plus intéressant à m'apprendre ? »
« Et bien, si. L'un des crocs est différent. Mademoiselle Prewett, permettez-vous que je montre au prince ? »

Je hochais la tête alors que Bleddyn s’approchait à son tour. Papa, en arrière, essayait lui aussi de ne pas en perdre une miette, comme s’il espérait lui-même résoudre l’enquête sur le champ.

« Voyez, cette marque de dent ? Elle est différente des autres. La dent est cassée, il ne reste plus que la moitié. C'est un signe assez distinctif, dont vous pourrez vous servir. »

Une dent cassée. Bleddyn paraissait sincèrement satisfait en remerciant le médecin qui quitta la pièce. Espérait-il vraiment trouver celui qui m’avait mordu ? Le pensait-il responsable aussi du meurtre de cet homme qui était à mes pieds ce matin à mon réveil ? Croyait-il sincèrement en mon innocence ?

« Eh bien … » commença mon père alors que je remettais la manche en place. « Je crois que … nous allons rentrer. Nous avons à parler en famille. »

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Louis Prewett

Je croisais son regard avant de baisser la tête. Allait-il vraiment rentrer avec nous, chez maman ? Comme la famille que nous étions autrefois ? Je sentis Louve s’avancer et je levais les yeux vers elle avant qu’elle ne prenne la parole.

« Monsieur, je tenais à vous dire que nous ne laisserons pas votre fille se débrouiller seule. » dit-elle, une voix ferme et assurée. « Je m'engage personnellement à ce que des potions Tue-Loup lui soient transférées avant chaque pleine lune, comme pour ma jeune sœur Accalia, et ce, jusqu'à sa majorité. »

J’ouvris la bouche. La potion Tue-Loup ? Je me souvenais avoir étudié ça en 3ème année sans que cela ne reste un souvenir pertinent dans ma mémoire. J’ignorais de quoi il s’agissait exactement, mais c’était visiblement une potion utile pour les transformations.

« Je vous remercie, Votre Altesse. » répondit mon père.
« Également, elle sera invitée à passer les pleines lunes au château, si cela peut vous rassurer, ou la rassurer elle. »

Je croisais son regard et lui souris.

« Merci. » soufflais-je.
« Et je sais que les armées feront tout pour retrouver le coupable. Nous vous tiendrons, bien évidemment, au courant. »

Et Louve s’inclina. J’en eus le souffle coupé. Il me semblait que papa aussi. La princesse héritière s’inclinait devant nous. Papa passa à nouveau une main dans mon dos, comme ayant besoin de moi pour s’ancrer dans la réalité.

« J’ai confiance en vous. » répondit-il en inclinant la tête.
« Nous restons à votre entière dispositions, si vous avez des questions à poser, des inquiétudes à formuler, ou même si vous avez besoin d'aide. » ajouta Bleddyn.

Bleddyn. Si prévenant, si dévoué. Je souris, émue par ses paroles alors qu’il se tournait cette fois-ci vers moi.

« Comme tous les samedis, je serais au château de Poudlard cette semaine. N'hésitez pas à venir me voir, pour tout et n'importe quoi. Je serais toujours à votre disposition, ces matins-là. N'hésitez pas non plus à vous rapprocher de Accalia, qui sera ravie de vous aider dans la vie de tous les jours. Mais, au besoin, vous pourrez toujours m'envoyez un hibou, je libèrerais toujours du temps pour vous. »

Il me semblait sentir mes yeux me picoter à nouveau. J’avançais d’un pas vers Bleddyn mais fus retenue par le bras de mon père. Non, c’était inconvenant vers un prince. Je ne pouvais pas le prendre dans mes bras. Je croisais le regard de mon père qui m’intimait de partir.

« Merci. Merci pour tout. » dis-je tout de même à Bleddyn, lui adressant un long regard avant de suivre papa en dehors de la chambre du prince.

Mardi 29 janvier 2002

Je resserrai mes bras autour de mes jambes. Assise sur mon lit, j’entendais papa et maman se disputer au rez-de-chaussée. Je n’avais pas fermé la porte de ma chambre. J’étais juste montée à l’étage quand papa me l’avait demandé et depuis je regardais obstinément le mur de ma chambre. Gwen Stefani se dandinait toujours sur son poster mais je lui avais interdit de chanter.

« Tout va bien ? »

Je tournais la tête vers Edmund qui venait d’apparaître dans l’encadrement de ma porte. J’entendis Billy ouvrir la porte de sa chambre pour écouter. Je haussais les épaules et Edmund entra dans la chambre, Billy sur ses talons qui referma la porte derrière lui.

« Maman n’est pas très heureuse. » dis-je, tordant la bouche comme si j’avouais une cruelle vérité.

Edmund secoua la tête et s’assit sur mon lit, une main posée sur mes genoux.

« Ce n’est pas ça. » dit-il. « Elle est juste encore un peu sous le choc. »
« Je l’ai entendu dire à papa qu’elle avait l’impression de ne plus me reconnaître. Elle ne m’a même pas regardé aujourd’hui. »

Je sentis les sanglots pointer dans ma gorge. Billy s’approcha à son tour et passa de l’autre côté de mon lit pour s’asseoir à côté de moi.

« Ecoute-moi bien car je ne dirai ça qu’une seule fois : Eddie a raison. »

Edmund lui lança un regard mi-amusé, mi-agacé avant que Billy ne poursuive.

« Maman a besoin d’un peu de temps. Elle a vécu une année compliquée et elle vit encore des choses complexes à son travail. »
« Pour une Auror qui a combattu des Mages noirs toute sa vie, elle a encore des progrès à faire sur sa manière de considérer les créatures magiques, dont les loups-garous. » ajouta Edmund. « Elle finira par accepter. »

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Edmund Prewett

Edmund sourit et je souris à mon tour, posant ma tête sur l’épaule de Billy qui avait passé un bras autour de moi.

« Et vous, vous n’avez pas peur de moi ? »
« Nous ? Peur de toi ? » s’exclama Billy en riant.

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Billy Prewett

« Le jour où on aura peur de toi, Billy se sera enfin rasé cette moustache immonde. »
« HEY ! »

Billy lui lança un coussin dessus qu’Edmund esquiva à l’aide d’un sort. Eux deux étaient désormais en âge d’utiliser la magie en dehors de Poudlard. C’était un peu injuste je trouvais parfois.

« Essaie de te reposer. » m’intima Edmund en se relevant.
« Et laisse la porte fermée. » lança Billy après un baiser au sommet de ma tête. « Tu n’as pas besoin d’entendre leurs conneries d’adulte. »

Je souris à mes deux frères qui quittèrent ma chambre en refermant la porte derrière eux. Demain, Edmund reprenait les cours à l’UMS. Quant à Billy et moi, nous ne retournions à Poudlard que jeudi soir. Papa voulait que je prenne quelques jours pour m’acclimater à ma nouvelle condition. Il avait prévu que j’aille voir un Médicomage pour voir si je n’avais pas d’autres blessures et si je n’avais pas besoin d’un suivi Psychomage. Maman, c’était plus compliquée. Je crois que le fait que papa dorme à la maison hier soir l’avait chamboulé aussi.

Je me tournais sur le côté mais il n’était clair que je n’avais pas sommeil. Je regardais le réveil qui annonçait 21h15. Shanna était surement bien occupée à Poudlard. Quant à Dae, je ne voulais pas lui annoncer ma nouvelle condition dans une lettre. Il ne restait qu’une personne à qui j’avais envie de parler.

Je me levais et griffonnais quelques mots sur une lettre avant de la tendre à la chouette d’Edmund qui dormait dans ma chambre comme elle était plus grande. J’ouvris la fenêtre et le volatile s’envola aussitôt. Mon cœur battait la chamade. Allait-il répondre ? Allait-il venir ? Allait-il m’ignorer ?

Deux heures plus tard, alors que je sentais le sommeil poindre, du bruit attira mon attention. Je me précipitais aussitôt à la fenêtre. Il y avait une ombre dans la rue et je reconnus aussitôt Bleddyn Iceni. J’ouvris la fenêtre et me glissais avec agilité en dehors. J’avais déjà fait ça plusieurs fois, notamment pour montrer à Billy que je n’avais pas la frousse de marcher sur le toit. Heureusement, ce dernier n’était pas trop en pente et laissait même un endroit où s’asseoir.

« Ici ! » soufflais-je à Bleddyn.

Il n’allait quand même pas aller frapper à la porte d’entrée ? Mes parents venaient sans doute enfin de se calmer et de s’endormir alors valait mieux pas les réanimer maintenant. Je m’installais sur le toit alors que Bleddyn me rejoignait.

Il était si grand, si fort et si souple. Il avait du faire ça tout sa vie. Escalader des toits ? Non. Je voulais dire sortir en nocturne et franchir n’importe quel obstacle.

« Je ne savais pas à qui envoyer ce message … » avouais-je en passant mes bras autour de mes jambes, comme j’avais fait un moment plus tôt sur mon lit. « Le truc c’est que … je n’ai pas l’impression de pouvoir parler de ça à quelqu’un d’autre … que toi. »

Je tournais la tête vers Bleddyn, hésitant sur le tutoiement.

« Mon père essaie de bien faire en me ménageant. Ma mère … ma mère c’est plus compliqué. Et mes frères sont adorables. Mais aucun … personne ne comprend tous ces changements qui se font en moi. »

Je jetais un œil vers la lune qui entamait sa décroissance désormais. Tous mes muscles semblaient pourtant encore en alerte et je me sentais avec un trop-plein d’énergie.

« Cette nuit, j’ai rêvé de la Pleine Lune. Enfin je crois. C’était comme si j’étais quelqu’un d’autre et en même temps je me sentais moi. Mes pas marchaient dans la neige et il y avait cet homme. Celui qui est mort. »

Je déglutis. J’étais désormais bien plus calme et lucide que la veille face à Bleddyn qui m’avait trouvé dans la neige, nue et couverte de sang.

« Est-ce qu’il y a du nouveau dans l’enquête ? » demandais-je en penchant la tête. « Désolée, c’est … changeons de sujet plutôt ! »

Je fermais les yeux, me sentant presque coupable d’être si maladroite.

« En faites, depuis bientôt 48 heures, on ne parle que de loups-garous et de meurtre et de potions .... Est-ce que … on peut parler d’autre chose ? Oublions l’enquête, oublions la morsure et oublions mes parents qui ont trouvé un excellent motif pour se balancer toute la rage qu’ils accumulent depuis des mois ! »

Je ris nerveusement et passais une main dans mes cheveux.

« Est-ce que … c’est difficile d’être prince ? » demandais-je en tournant la tête vers Bleddyn, sans aucun jugement mais plus de la curiosité. « On ne se rend pas compte quand on est en dehors du système mais hier, quand le médecin te parlait, tu semblais complètement absent. »

Je levais les yeux vers lui, vers son visage, essayant de comprendre ce qui pouvait être l’objet de ses préoccupations.  

@ Victoire


Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:05, édité 2 fois

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Vicky Prewett

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I shot for the sky, I'm stuck on the ground Avec Vicky Prewett Mardi 29 janvier 2002


Je n'avais pas dormi depuis la pleine lune. Déjà, cette nuit-là, j'avais couru une bonne partie de la nuit. Et là, je n'étais toujours pas couché, bien au contraire. J'étais en lien perpétuel avec Diabhal pour communiquer sur les évènements. J'avais l'habitude de peu dormir, surtout quand j'étais en mission. Mais la colère en moi ne semblait pas vouloir se calmer, et me prenait plus d'énergie que je ne l'aurais voulu. Mais en même temps, j'avais le sentiment de ne pas avoir le droit de dormir. Tant que l'enquête n'avançait pas. En ce moment, nous étions en train de réunir tous les dossiers des loups-garous recensés en Irlande, pour chercher des traces d'antécédents, ou bien de bagarre qui aurait expliqué la perte d'une dent cassée. Nous ne négligions aucune piste. Et on se déciderait à lancer un appel à témoin quand la prochaine Gazette sortira. Parce que nous n'étions pas idiot, nous savions qu'un article allait sortir. Des journalistes avaient déjà contactés le palais.

J'étais quand même allé en cours, pour essayer de montrer que tout allait bien en Irlande. L'image restait, c'était important. A peine les cours terminés, je me dépêchais de rentrer dans mon pays pour prendre des nouvelles. Depuis septembre, je n'étais pas rentré au palais en pleine semaine de cours. C'était vraiment des circonstances exceptionnelles, mais importantes. Je regardais l'avancée du tri et des recherches, avant de faire au moins mes devoirs universitaires. Puis j'allais dans mon bureau privé de Cogadh pour continuer les recherches. Je mangeais sur le pouce. Je ne m'arrêtais pas, je ne prenais pas de pause. Je prenais énormément de café, mais cela ne m'empêchait pas de m'endormir sur mes dossiers. Et encore, ce n'était pas très profond. J'entendais vaguement ce qu'il se passait autour de moi, mais ce qui me réveilla vraiment fut les battements à la porte.

Je me redressais d'un coup, et je jetais un oeil à l'horloge. Cinq minutes. J'avais fermé les yeux cinq minutes. Je retins un bâillement. « Entrez ! » C'est un garde qui entra. « Les autres dossiers, Votre Altesse. Et vous avez reçu un courrier de Miss Prewett. » Je fronçais les sourcils, un peu surpris. Nous nous étions quitté il y avait 36 heures. Avait-elle un problème ? Avais-je sous estimé ses sentiments ? Je le laissais poser les dossiers, et, une fois qu'il sortit, je me dépêchais de décacheter la lettre. Hum. Elle semblait seule, et avec le besoin de parler. Je finis par tout éteindre, je fermais mon bureau à clé, et j'essayais de visualiser son adresse pour transplaner. Je finis par arriver dans une petite rue résidentielle. Je regardais autour de moi, pour chercher les numéros, avant de m'approcher. « Hum… » J'hésitais. J'avais trouvé la maison, grâce aux noms sur la boîte aux lettres, mais je ne pouvais pas sonner, il était bien trop tard. Mais comment je pouvais entrer, autrement ? Je me disais que sonner, et m'excuser platement était la seule et unique solution. Après tout, c'était de notre faute si Victoria était devenue une louve-garou. Sonner en pleine nuit ne pouvait pas être pire.

Au moment où je me décidais, j'entendis une voix au-dessus de ma tête. « Ici ! » Je la levais, avant de voir Victoria sur le toit. je lui fis signe que je l'avais vu, puis je pris une demi-seconde pour examiner la structure. J'étais habitué à escalader des bâtiments, alors celui-là ne me posait pas de problème. Il ne me falu qu'une poignée de seconde pour que je monte là-haut, et que je me retrouve à ses côtés. « Victoria ? Tout va bien ? » Je m'assis, en la regardant d'un air inquiet. « Je ne savais pas à qui envoyer ce message … » Je lui souris doucement, comme pour essayer de la rassurer. Comme au palais. « J'avais donné ma promesse que je serai toujours là, y compris pour ce genre de situation. » « Le truc c’est que … je n’ai pas l’impression de pouvoir parler de ça à quelqu’un d’autre … que toi. » Je devais bien avouer que le tutoiement me surpris, mais ne me choqua nullement. Au contraire, cela faisait tomber pas mal de barrière dont elle n'avait pas besoin en ce moment. Pour lui montrer que j'acceptais cette familiarité, je la tutoyais à mon tour. « Je t'écoute. »

« Mon père essaie de bien faire en me ménageant. Ma mère … ma mère c’est plus compliqué. Et mes frères sont adorables. Mais aucun … personne ne comprend tous ces changements qui se font en moi. » « Il paraît qu'être un nouveau loup est plus compliqué que de naître avec cette condition… Mais au moins, tu n'es pas seule. Tu as tes frères pour te soutenir, et Accalia et moi pour t'aider avec ta nouvelle condition. » Je ne savais pas si j'aidais vraiment. De toute façon, je me doutais que pas grand-chose allait réellement l'aidait de manière immédiate. En fait, hormis le temps, rien n'allait la sauver. Seul le temps allait faire son oeuvre. Il fallait attendre, et l'entourer de tout le soutien dont nous étions capables, que ce soit ses frères ou moi. « Tu vas avoir encore plusieurs réactions étranges, c'est normal. C'est le temps que ton corps et ton esprit se mettent en phase. » « Cette nuit, j’ai rêvé de la Pleine Lune. Enfin je crois. C’était comme si j’étais quelqu’un d’autre et en même temps je me sentais moi. Mes pas marchaient dans la neige et il y avait cet homme. Celui qui est mort. » Je la sentais tellement mal à l'aise, mais en même temps… En même pas 36 heures, je la trouvais… Changée. C'était minime, mais perceptible. Je pris un air dubitatif, prenant le temps de réfléchir soigneusement à mes mots. J'avais le sentiment d'avoir une dette envers elle. Mais le genre de dette que l'on paye toute sa vie, car c'est sa vie entière qui avait basculée. Alors je ne voulais pas prendre le risque d'assombrir encore plus son humeur. « Je t'assure que, même si c'est loin d'être drôle, tes cauchemars sont la preuve d'un esprit sain. Tu te poses des questions, c'est normal, et tu as peur. Ça prouve ton humanité. Mais si ça te perturbe autant, je suis persuadée que ma grand-mère sera ravie de te purifier en priorité. » Je lui disais ça en souriant, avant de froncer les sourcils. « Pardon, je n'aurais pas dû dire ça. C'est un rituel répandu chez nous, dans nos croyances, mais j'avais oublié que tu n'étais pas Irlandaise. » Et puis, j'avais peur qu'elle prenne mal le mot purification. Quand une personne lambda y pensait, cela pouvait avoir une connotation négative, comme si son être pouvait avoir un problème. Alors que chez nous, c'était juste une manière de s'aider à avancer.

Je me tus, et un silence s'installa entre nous, qui ne dura, au final, pas longtemps. Victoria le brisa rapidement. « Est-ce qu’il y a du nouveau dans l’enquête ? » Je comprenais qu'elle se posait des questions. J'ouvris la bouche pour répondre, mais elle me coupa aussitôt, sans que j'ai le temps de répondre. « Désolée, c’est … changeons de sujet plutôt ! » Je ne pus m'empêcher de hausser un sourcil. « Es-tu sûre ? De vouloir changer de sujet ? » « En faites, depuis bientôt 48 heures, on ne parle que de loups-garous et de meurtre et de potions .... Est-ce que … on peut parler d’autre chose ? Oublions l’enquête, oublions la morsure et oublions mes parents qui ont trouvé un excellent motif pour se balancer toute la rage qu’ils accumulent depuis des mois ! » Je voulais essayer de lui sourire, de lui donner quelques mots réconfortants, mais il fallait dire que je me retrouvais à court. Le poids de la dette sur mes épaules que je ressentais envers elle ne fit que s'alourdir. Non seulement sa vie avait basculée par ma faute, mais en plus, cela entachait chaque aspect de sa vie. « Est-ce que … c’est difficile d’être prince ? » Sa question me surprit encore plus que son changement de sujet. « Pourquoi ça ? » « On ne se rend pas compte quand on est en dehors du système mais hier, quand le médecin te parlait, tu semblais complètement absent. » « Oh. »

Je réfléchis un instant, en regardant le ciel étoilée et la lune. J'aimais prendre ce petit bain lunaire, même si la situation était complexe. Et finalement, la lumière de l'astre et le changement de sujet me détendirent un peu. « Oui, c'est difficile. Il y a plein de choses à savoir que le commun des mortels n'a pas à savoir. Il y a toujours cette image à tenir, pour que tout le monde croit que nous sommes infaillibles. Ma sœur, Louve, est la meilleure dans ce domaine. Mais surtout… » J'hésitais à donner le fond de ma pensée. Comment expliquer quelque chose qu'une adolescente d'une quinzaine d'années ne connaissait pas ? « Un Iceni de naissance apprend qu'être de sang royal apporte une certaine… Responsabilité, envers son peuple. Je me dois de protéger chaque Irlandais, chaque créature qui nous demande l'asile. Et bien que je le fais avec plaisir, ça représente une charge mentale énorme. Et encore, dis-toi que je ne suis que le cadet. C'est bien pire pour Louve. » Je sentis mon cœur s'accélérer sous la culpabilité que je pouvais ressentir envers elle, surtout maintenant que je parlais de ça. Je finis par tourner la tête pour la regarder dans les yeux, l'air grave. « C'est aussi pour ça que je m'en veux, pour ta morsure. Énormément. Encore plus parce que je suis le chef des armées irlandaises. C'est mon devoir de protéger chaque personne de ce genre de choses. Et c'est tombé sur toi. Je suis sincèrement désolé, et je ne sais pas si je saurais me pardonner un jour. »

De nouveau, je tournais la tête, comme pour ne plus soutenir son regard. Je m'étais livré, à un point que je n'avais jamais vraiment fait. Sauf avec mes soeurs. Surtout avec Louve. On aimait nos vies, on avait été élevé pour ça. Mais il fallait bien avouer que parfois, cela pouvait nous peser. On se sentait étouffé dans nos rôles, sans avoir la possibilité de visiter ce que nous voulions. « Dis-moi plutôt à quoi ressemble une vie normale. D'aller à l'école les vingt premières années de sa vie, de se faire des amis, de ne pas avoir sa vie sous une loupe perpétuelle. » Le rêve de ma sœur était de monter sur le trône, elle avait été éduquée pour cela, et elle ne se voyait pas faire autre chose. Mais elle avait toute la vie pour gouverner, et elle le savait. On s'est mit à rêver de ce que nous pouvions faire, si nous étions pas de la famille royale. Ce que ça ferait, de pouvoir faire des études. Elle s'était battu avec notre père pour que cela puisse arriver, et elle y était arrivé. « Personne de notre famille n'a fait d'étude, ce n'était pas dans notre manière de faire. En vérité, avec mes soeurs, nous sommes les premiers à être scolarisés. » Je souris légèrement, heureux de voir que nous avions réussi à accéder à nos requêtes. Même si j'avais conscience, avec les regards qui pesaient sur moi dans les couloirs, que nous n'étions pas vraiment des étudiants normaux. « Accalia parle surtout de ses nouvelles copines, mais jamais de Poudlard. Je vois à quoi le château ressemble, mais ça fait quoi d'être scolarisée là-bas ? »
:copyright:️ Justayne
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Beg me for mercy
I am the violence
What you gon' do
When there's blood in the water

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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le mardi 29 janvier 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Et à présent, elle est aussi devenue un loup-garou ...

I shot for the sky, I'm stuck on the ground
Bleddyn voulait essayer de m’aider mais je me rendais compte que nos premiers échanges étaient maladroits. Autant l’un que l’autre, je crois qu’on ne savait pas vraiment comment se parler. Nous venions de passer au tutoiement et en même temps cela nous paraissait tellement surprenant mais pas étrange non plus. De plus, je sentais que quelque part, il avait envie de me dire tellement plus sur les loups-garous. Peut-être pensait-il que je n’étais pas prête. Je ne l’étais pas sans doute. Pas encore. C’était pour cela aussi que je désirais changer de sujet et parler de quelque chose de plus banal. Comme le fait d’être prince !

« Oui, c'est difficile. » dit-il enfin après une longue réflexion. « Il y a plein de choses à savoir que le commun des mortels n'a pas à savoir. »

Je resserrai mes bras autour de mes jambes et posais ma tête sur mes genoux, me laissant bercer par la voix de Bleddyn qui m’apaisait étrangement.

« Il y a toujours cette image à tenir, pour que tout le monde croit que nous sommes infaillibles. Ma sœur, Louve, est la meilleure dans ce domaine. Mais surtout… »
« Oui ? » dis-je pour l’encourager à poursuivre.
« Un Iceni de naissance apprend qu'être de sang royal apporte une certaine… Responsabilité, envers son peuple. Je me dois de protéger chaque Irlandais, chaque créature qui nous demande l'asile. Et bien que je le fais avec plaisir, ça représente une charge mentale énorme. Et encore, dis-toi que je ne suis que le cadet. C'est bien pire pour Louve. »

Je l’écoutais. Il était vrai que j’étais loin de soupçonner tout ça. Je m’étais toujours imaginée qu’être prince signifiait agiter le bras de temps en temps devant la foule et prendre des cours de langue très soutenue. Mais je comprenais au fur et à mesure des paroles de Bleddyn que c’était plus que ça. Je comprenais que Bleddyn avait une lourde responsabilité envers le peuple, envers sa famille.

« C'est aussi pour ça que je m'en veux, pour ta morsure. » dit-il en tournant la tête vers moi. « Énormément. Encore plus parce que je suis le chef des armées irlandaises. C'est mon devoir de protéger chaque personne de ce genre de choses. Et c'est tombé sur toi. Je suis sincèrement désolé, et je ne sais pas si je saurais me pardonner un jour. »

Ma tête quitta l’oreiller que je m’étais fait avec mes genoux. Il … s’en voulait ? Pour ce qui m’était arrivé ? Je ne l’aurai jamais imaginé. Je savais qu’il était apparu soucieux mais je pensais que c’était parce qu’un meurtre avait eu lieu. Je ne savais quoi lui répondre. Je ne lui en voulais pas, loin de là. Mais les mots restaient bloqués dans ma gorge. J’avais peur de dire ce qui ne fallait pas et d’être maladroite. J’étais douée pour ça. Et si avant c’était le cadet de mes soucis, je sentais que ma réaction par rapport à ces aveux était importante aux yeux du prince. Je sentis quelque chose fourmiller au creux de mon ventre avant qu’il ne détourne brusquement la tête.

« Dis-moi plutôt à quoi ressemble une vie normale. » dit-il, face à mon silence. « D'aller à l'école les vingt premières années de sa vie, de se faire des amis, de ne pas avoir sa vie sous une loupe perpétuelle. »

J’écarquillais les yeux, surprise de le voir s’intéresser à moi, à ma vie. Mais surtout …

« Tu … n’as pas fait d’étude ? »

J’avais toujours imaginé que la famille Iceni faisait ses études à Durmstrang ou dans une autre école de magie où ils passeraient plus inaperçus.

« Personne de notre famille n'a fait d'étude, ce n'était pas dans notre manière de faire. En vérité, avec mes soeurs, nous sommes les premiers à être scolarisés. »
« Ouah ! Je comprends maintenant le bouleversement que cela a été. » avouais-je.

Je me souvenais sans mal des articles de la Gazette du Sorcier sur cette nouvelle ainsi que l’étalage des magazines people.

« Accalia parle surtout de ses nouvelles copines, mais jamais de Poudlard. » ajouta-t-il. « Je vois à quoi le château ressemble, mais ça fait quoi d'être scolarisée là-bas ? »

Malgré moi, je ne pouvais m’empêcher de sourire. Je ne me moquais pas, au contraire, j’étais ravie de pouvoir partager l’une de mes meilleures expériences.

« Etudier à Poudlard a quelque chose de magique. » dis-je en croisant son regard. « Je veux dire, encore plus magique que ce qu’on a au quotidien. »

Je haussais les épaules.

« Poudlard a vu pas mal de membres de ma famille. Les Prewett passent presque tous par Gryffondor depuis des décennies. Alors, aller là-bas, au sein-même des murs, ça me donnait l’impression de retrouver une partie de ma famille et … de marquer par moi-même l’histoire. »

Je souris en reposant la tête sur mes genoux, regardant les maisons du quartier. Pratiquement toutes les lumières avaient été éteintes et plus personne n’était debout à cette heure-ci.

« Poudlard a su enchanter ma vie. Je la trouvais assez banale jusque-là. Mais quand je suis arrivée à l’école, j’ai vraiment eu l’impression de faire quelque chose de ma vie. De compter, de servir à quelque chose. J’apprenais des sortilèges, des maléfices. J’ai trouvé de nouveaux amis, Shanna, pour ne citer qu’elle. Et … »

Je ris à cette idée.

« … Et j’ai sans doute passé un peu trop de temps à m’intéresser aux garçons. »

Je rougis, n’osant plus croiser le regard de Bleddyn après cela. Mais je devais avouer que dire cela à voix haute me permettait de ramener à une réalité que j’aimais beaucoup avant cela. Avant … Je perdis mon sourire et poussais un long soupir, laissant un silence s’installer.

« Ça ira mieux avec le temps, hein ? » demandais-je en levant les yeux vers la lune qui était si claire dans le ciel.

Bleddyn resta là encore un moment avant que je ne commence à être gagné par le sommeil. Alors, après un au revoir simple, on regagna chacun notre chez-soi.

Mercredi 27 février 2002

Je tremblais comme une feuille et ce n’était pas dû au froid. Un groupe à côté de moi riait, mourant visiblement d’impatience que la lune apparaisse pour que la transformation commence. Pour ma part, je ne pouvais enlever ce nœud dans l’estomac.

Un mois que j’étais un loup-garou. Après ma discussion avec Bleddyn sur le toit, j’étais retournée quelques jours plus tard à Poudlard. J’avais été bien vite remise dans le bain, entre Shanna qui n’avait pas lâché d’une semelle les premiers jours, puis la publication de notre journal de l’école. J’avais aussi eu 16 ans même si je n’avais pas voulu de fête pour l’occasion. Et puis il y avait eu Jared Parkinson. Je fourmillais encore d’impatience en sentant ses lèvres sur les miennes. Il n’était pas le garçon qui me couperait le souffle mais … il dégageait quelque chose. Il avait une aura tentatrice, mystérieuse. Il me plaisait, d’une certaine façon. Et il était un loup-garou. Quelque part, je sentais que ça comptait à présent pour moi.

Je dressais un peu la tête pour tenter d’apercevoir Jared justement parmi la foule d’invités au palais des Iceni. Bleddyn et la famille royale m’avaient proposé de venir passer mes premières Pleines Lunes ici et je devais avouer que d’un côté ça me rassurait. J’allais voir Jared et je serai entourée. Je ne ferais de mal à personne ici. Les autres y veilleraient. Néanmoins, j’appréhendais. La douleur, la souffrance. A présent que je savais exactement quel était mon état est-ce que mes os allaient vraiment se casser, se déboiter ? Combien de temps resterais-je consciente ?

« Oooh tu m’as fait peur ! » m’exclamais-je lorsque la tête de Bleddyn apparut près de moi.

Je portais une main à mon cœur avant de lâcher un rire nerveux. Bien sûr qu’il serait là. Après Jared, il était celui que je désirais le plus à mes côtés. Nous avions entretenu une correspondance écrite, bien que peu régulière. Il avait demandé de mes nouvelles et j’avais fait de mon mieux pour ne pas m’étaler en bavardage. Je sentais que quelque part, j’avais changé. Certaines choses qui avant ne m’auraient pas dérangé m’interpellaient aujourd’hui. Je me surprenais à freiner mes ardeurs, comme pensant un peu mieux aux autres. J’avais toujours tendance à parler beaucoup, et à être encore plus tactile qu’à l’accoutumée. Mais j’avais aussi développé une certaine réserve, comme si je savais que j’étais entrée définitivement dans une autre période de ma vie où j’avais le droit d’avoir mon jardin secret.

« Je suis contente de te voir. » dis-je avec un sourire. « Je commençais à me sentir un peu seule. »

Bleddyn devait certainement être étonnée car nous étions au contraire plutôt bien entourés. Beaucoup de loups venaient ici pour leur Pleine Lune mais je n’avais pas osé me mêler à qui que ce soit.

« Je suis un peu nerveuse. » avouais-je en me mordant la lèvre. « Est-ce que … je vais avoir mal ? »

Je levais les yeux vers Bleddyn. Je m’apercevais petit à petit qu’il devenait un véritable soutien dans ma nouvelle condition. Peut-être que je profitais de lui ? Un mois plus tôt, il m’avait avoué qu’il se sentait coupable pour ma morsure et je ne lui avais rien répondu. Mais c’était seulement parce que je n’avais pas trouvé les mots justes. Aujourd’hui non plus encore.

« Tu … tu seras avec moi cette nuit ? » demandais-je.

Je n’osais pas lui parler de Jared dans l’immédiat. Après tout, peut-être avait-il changé d’avis et peut-être était-il allé se transformer ailleurs ? Je ne souhaitais pas ennuyer Bleddyn avec ce genre d’histoires. 

@ Victoire


Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:05, édité 1 fois

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Vicky Prewett

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I shot for the sky, I'm stuck on the ground Avec Vicky Prewett Mardi 29 janvier 2002

Je sentais la nécessité de commencer à changer de sujet. Qu'il fallait rapidement lui changer les idées, et je devais bien avouer que ça ne me ferait pas de mal non plus de prendre une petite pause, même mentale. Alors, je demandais à Victoria de me raconter sa scolarité. De ce que je pouvais voir le samedi, Poudlard semblait être un endroit merveilleux, même si, contrairement à Accalia, je n'avais jamais pu étudier là-bas. « Etudier à Poudlard a quelque chose de magique. » Je ne pus m'empêcher de la regarder en l'entendant dire ça, assez amusé. Le choix de mots m'avait fait sourire. « Je veux dire, encore plus magique que ce qu’on a au quotidien. » C'est vrai que ça avait l'air merveilleux. Je posais mes coudes sur mes genoux, pensifs. « Je suppose que tu n'es pas la seule de ta famille à y être allée. » « Poudlard a vu pas mal de membres de ma famille. Les Prewett passent presque tous par Gryffondor depuis des décennies. Alors, aller là-bas, au sein-même des murs, ça me donnait l’impression de retrouver une partie de ma famille et … de marquer par moi-même l’histoire. » Je voulus lui demander dans quelle Maison elle était, mais je me retiens. Gryffondor, alors, je supposais ? Je n'en savais rien. Le samedi, au club de duel, tous les élèves étaient habillés de leurs vêtements normaux. Au final, le seul uniforme de Poudlard que j'avais vu en vrai était celui d'Accalia, quand elle nous l'avait montré au premier essayage, fière d'elle.

« Poudlard a su enchanter ma vie. Je la trouvais assez banale jusque-là. Mais quand je suis arrivée à l’école, j’ai vraiment eu l’impression de faire quelque chose de ma vie. De compter, de servir à quelque chose. J’apprenais des sortilèges, des maléfices. J’ai trouvé de nouveaux amis, Shanna, pour ne citer qu’elle. Et … » Je levais un sourcil, curieux. « Et ? » Victoria se mit à rire. Ça réchauffait mon cœur de voir qu'elle en était encore capable, 48 heures après un tel évènement. « … Et j’ai sans doute passé un peu trop de temps à m’intéresser aux garçons. » Cette remarque me fit sourire doucement. Après tout, c'était de son âge de s'intéresser à tout ça, non ? J'avais bien une quinzaine d'années, moi aussi, quand je m'intéressais aux relations charnelles. Que ce soit avec des femmes ou des hommes. « Je sais que c'est normal pour les ados, mais j'espère que Accalia passera par ce stade le plus tard possible ! » J'espérais que le numéro de grand frère surprotecteur la fasse sourire, mais elle se contenta de soupirer. Je la regardais, et, sans vraiment savoir comment, je comprenais qu'elle soupirait par rapport à sa condition. « Ça ira mieux avec le temps, hein ? » Avec hésitation, je finis par frotter doucement son dos, avant de retirer rapidement ma main. Je ne voulais pas la gêner. « Je te le promets. »

Mercredi 27 février 2002

Comme tous les mois, j'avais eu une journée de dingue pour préparer la sécurité de la nuit de pleine lune. Encore plus ce mois-ci, parce que je refusais que le même incident de janvier se reproduise. Pendant un mois s'était posée la question de la fermeture de la forêt, et d'imposer la transformation à tous dans les jardins. Mais nous avions vite abandonner cette idée. Tout d'abord, la présence n'était pas obligatoire ; en témoigne les absences des Parkinson, bien plus nombreuses que leurs présences. Donc e coupable pouvait ne pas venir, et ne plus venir du tout. Alors, nous avions décidé de faire comme d'habitude, pour qu'il ne se doute pas à quel point nous étions à ses trousses. En arrivant dans les jardins, au milieu de la foule, je commençais à observer toutes les personnes autour de moi, en espérant le démasquer. Ma sœur Louve prit une petite fille apeurée dans ses bras, pour la rassurer, mais je savais qu'elle était vigilante aussi.

En observant la foule, mon regard tomba sur le visage de Victoria. Ma famille lui fournissait toutes les potions Tue-Loup dont elle avait besoin, et les portes du jardin lui étaient ouverts, bien qu'elle n'était pas irlandaise. Mais nous étions une terre d'accueil. Je refusais qu'on la laisse se débattre dans quelque chose dont elle ne comprenait pas encore tous les tenants et aboutissants. Je me déplaçais avec agilité dans la foule pour arriver derrière elle, et malgré les quelques courbettes que l'on m'accorda sur le chemin, elle ne m'entendit pas arriver. « Bonsoir, Miss Prewett. » Je la vis sursauter et se retourner d'un seul coup. « Oooh tu m’as fait peur ! » « Désolé. » Je lui fis un petit sourire d'excuse, avant qu'il ne s'agrandisse. « Contente d'être en Irlande ? » « Je suis contente de te voir. Je commençais à me sentir un peu seule. » Qu'elle me le dise aussi franchement, entourée de personnes inconnues me fit plaisir. Et même si elle était justement au milieu d'une foule, je pouvais comprendre ce qu'elle ressentait. Elle avait vivre une transformation pour la première fois de sa vie, sans personne de confiance à ses côtés.

« Comment tu te sens ? » « Je suis un peu nerveuse. Est-ce que … je vais avoir mal ? » C'était une question tout à fait légitime à laquelle je n'avais pas de vraie réponse. Je me transformais depuis petit, et j'avais sué eau et sang pour gérer ma propre transformation. Ma douleur n'étais pas celle qu'un loup-garou normal connaissait. Mais je décidais d'être honnête. « Sûrement au début. Surtout que c'est ta première vraie transformation… Mais si tu as bien pris ta potion Tue-Loup toute la semaine, non seulement tu auras moins mal mais tu resteras lucide. » J'entendais des chuchotements des personnes autour de nous, sûrement choquées que notre conversation soit sur un ton aussi… Familier. Mais je mes ignorais, alors que le but premier était de réconforter la jeune fille. « Tu … tu seras avec moi cette nuit ? » Je fus assez pris au dépourvu. Je ne pensais pas qu'elle voulait que je reste. Enfin, ça paraissait logique, mais c'est vrai que je n'avais pas pensé à ça. En temps normal, je serais allé dans la forêt avec les autres nobles, pour surveiller, mais… « Bien sûr. » Je lui souris, en me disant que je devais absolument trouver le Duc de Hastings pour lui dire que mes plans allaient changer.

« Oh, Accalia ! Tu peux venir ? » Ma sœur tourna la tête, et nous rejoignit en souriant. « Bonsoir, Vicky ? Comment tu te sens ? » « Je reviens. Vous pouvez rester là, toutes les deux ? » Accalia me fit un signe de tête, alors que je m'éloignais pour trouver mon bras droit. Je devais lui dire que je ne serai pas en forêt cette nuit, que je lui laissais la main. De toute façon, je lui faisais amplement confiance. Il n'était pas mon bras droit dans Diabhal pour rien. Au moment où je m'éloignais, j'entendis ma petite sœur dire : « Bleddyn est tellement occupé les soirs de pleine lune, il passe son temps à courir partout dans la forêt pour vérifier que tout va bien. Je suis sûre qu'il va donner une énième fois ses directives à Hastings. » L'idiote, pourquoi elle parle de moi comme ça ? Je ne voulais pas que Victoria sache que j'allais changer mes plans pour elle. Je ne voulais pas qu'elle culpabilise. « Oh, j'adore cette musique ! Viens danser ! » Du coin de l'oeil, je vis ma petite sœur prendre la main de Victoria pour l'entraîner avec les autres danseurs. C'était bien. Je savais que Victoria avait parfois honte de sa nouvelle nature, mais passer les pleines lunes ici lui montrerait peut-être que c'était, pour nous, un moment de joie, un moment de fête, un moment de retrouvailles. Nous étions tous ici pour célébrer la lune.

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La musique commença à baisser quand mes parents montèrent sur l'estrade. C'était tous les mois la même chose : le signe que je devais les rejoindre, le signe que la nuit allait bientôt commencer. Comme à mon habitude, je pris la parole le premier. « Bonsoir à tous. Je demanderais aux familles avec des enfants de se placer du côté gauche de l'estrade, avec les gardes dans leurs uniformes habituels. Les loups-garous qui savent contrôler leur forme, je vous invite à vous place du côté droit, avec les gardes habillés en blanc. Je vous souhaite une bonne nuit à tous. » Mes mots changeaient peu à chaque pleine lune, mais les Irlandais avaient l'habitude. Alors que je rejoignis Louve, je vis ma sœur prendre doucement le bras de Vicky pour la guider. Au moins, elle n'était pas seule. Mon père prit alors la parole. « Bonsoir. Je voulais, comme tous les mois, vous rappeler les règles. Je rappelle à tous les loups-garous qui savent contrôler leur forme qu'il est strictement interdit de s'approcher des villages, moldus ou sorciers. Qu'il est encore plus interdit de mordre des innocents. Les morsures doivent se faire au sein du palais, avec des autorisations spéciales. Si d'aventure une personne devait se faire mordre ce soir, nous fermerons la forêt aux prochaines pleines lunes, sans parler des peines qu'encourt le fautif. » Le regard de mon père était dur et royal, avant de redevenir bienveillant. « Maintenant, nous allons adresser notre prière à Aine de Knockaine, notre déesse de la lune. je vous souhaite une bonne nuit à tous. » Mes parents descendirent de l'estrade pour laisser la place à mon arrière-grand-mère, la Grande Prêtresse actuelle. Tout le monde joignit ses mains devant son visage, alors qu'elle leva les siennes au ciel. « Iarraimid ort, a bhandia, do chumhacht agus cumhacht na gealaí a thabhairt ar iasacht dúinn don oíche seo. Iarraimid do chosaint i rith na hoíche seo. Iarraimid do thrócaire ar na mac tíre nach bhfuil in ann iad féin a rialú. Go raibh maith agat, a Dhiarmuda, go raibh maith agat !1 »

Une fois cette prière terminée, tout le monde répéta en cœur la dernière phrase, avant que le silence ne se fit. Je pouvais sentir l'excitation des jeunes loups monter. Quand les grilles furent ouvertes, mes parents se transformèrent. Un long hurlement déchira le silence de la nuit. Les autres nobles se transformèrent à leur tour, avant de partir en courant dans la forêt. Ça se passait ainsi tous les mois ; d'abord, ceux qui savaient se transformer partaient les premiers, avant l'apparition de la lune, pour pouvoir enfermer les autres loups, et qu'ils restent en sécurité. Une fois les portes fermées, la foule commença à s'étendre partout dans les jardins. Les familles préféraient rester entre elles pour surveiller les enfants, les ados restaient entre eux pour profiter de la nuit. Je rejoignis alors Victoria. Je lui avais promis de ne pas la laisser seule. « Tout va bien se passer. Je te le promets. » Je lui souris, alors qu'une musique s'éleva doucement pour accompagner la transformation. En effet, la lune commençait à faire doucement son apparition, et les premiers changements se firent apparents. « Je suis là, Victoria, je te promets. Je ne te lâche pas. Je reste là. » Moi-même, je luttais contre la transformation, le temps de la soutenir. Je faisais taire mon loup. Je sais que tu veux sortir, attends encore quelque minutes. Je tenais les épaules de Victoria pour qu'elle ne se sente pas seule, malgré la douleur. Je restais face à elle, je ne la lâchais pas des yeux. Et quand elle arriva à son terme, je laissais mon loup parler à mon tour.

Jeudi 28 février 2002 - Au petit matin

J'étais resté toute la nuit aux côtés de Victoria. J'avais attendu qu'elle se remette doucement de sa transformation, en la laissant se reposer dans l'herbe. Une fois qu'elle fut sur ses pattes, je l'avais emmené visiter les jardins, de nuit. Nous croisions plusieurs loups. Certains se courraient après, les louveteaux se bagarraient sous les regards attentifs de leurs parents. Quand le matin commença à arriver, je l'emmenais au lieu de départ, là où toutes les transformations se faisaient. Des serviteurs nous attendaient avec des couvertures, pour nous réchauffer une fois que nous retrouvions notre enveloppe humaine. Une fois que j'eus mon draps sur les épaules, j'en pris un pour envelopper rapidement Victoria, redevenue jeune fille. « Tout va bien ? » Le portail s'ouvrit, pour laisser la place aux jeunes loups qui revenaient. « Tous les matins de pleine lune, un grand petit-déjeuner est organisé dans la salle de bal. Les nobles vont s'y rendre, pendant que ma famille et moi allons nous reposer dans nos appartements. Tu veux te reposer ou nous attendre ? » Elle n'était pas une noble irlandaise. Elle n'était pas à l'aise ici, et je pouvais le comprendre. Je souhaitais rendre cette journée la plus simple pour elle.

Finalement, je l'emmenais jusqu'à mes appartements privés. C'était la seconde fois qu'elle venait, et j'espérais que cette seconde visite apporterait de meilleurs souvenirs. « Je vais aller me doucher. On a environs une heure avant que tous les loups finissent de revenir. Si tu veux te reposer, n'hésite pas à te mettre dans mon lit, si tu veux lire, tu peux aller sur le canapé, si tu trouves un livre en anglais… Sinon, j'ai du papier à lettre sur le bureau, si tu veux rassurer tes parents. » Je voulais qu'elle se sente assez libre. De tortue façon, mes dossiers secrets étaient cachés ailleurs que dans les tiroirs de mon bureau. Et la plupart était dans le bâtiment Cogadh, le bâtiment militaire. Dans ma salle de bain, avant de me laver, je pris le temps de m'allonger sur une causeuse, et je fermais les yeux. Par pure fierté, je ne voulais pas me reposer, même vingt minutes, devant Victoria. Je voulais qu'elle continue de me voir comme un pilier, quelqu'un de fort dont elle pouvait avoir confiance pour trouver celui qui l'avait mordu. Si je me reposais après une simple nuit blanche, qu'allait-elle penser de moi ? Aurait-elle toujours foi en moi ?

Bien que j'étais allongé, et les yeux fermés, je ressentais encore pleinement les effets de la pleine lune. Mon cœur battait encore d'excitation, surtout que je n'avais pas pu me dégourdir les pattes comme je le souhaitais. Je ressentais encore toute la force de la pleine lune, toute la magie qu'Aine de Knockaine nous accordait ces nuits-là. Je finis par me relever, incapable de me reposer. Tant pis. Je filais sous la douche, pour achever de me réveiller. Je lavais mes cheveux avec mon shampoing spécial qui me rendait roux. Personne ne savait que j'étais en réalité brun, sauf ma famille et les services secrets. J'abordais ma réelle couleur quand je travaillais avec les services secrets. Avec une grande sœur rousse, cela paraissait presque normale que le roux soit officiellement ma vraie couleur. Heureusement que Accalia est née rousse, elle aussi. En tout cas, après ce lavement de cheveux nécessaire, je m'habillais rapidement. A la mode prince. Pantalon en tissu, et chemise. Cravate défaite, pour le moment.

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Puis je sortais, pour rejoindre Victoria dans mes appartements. Je constatais, avec plaisir, que mon café post pleine lune habituel avait été amené pendant ma douche. Il était sur un plateau rempli de boissons diverses ; probablement pour la jeune fille. Le petit personnel était toujours au courant de si nous avions des invités ou non, et j'étais rassurée de voir que ce matin ne faisait pas exception à la règle. Je pris ma tasse, en m'asseyant sur mon canapé avec plaisir. Du repos discret. « Le petit déjeuner est assez calme et peu étiquetté. C'est un buffet, avec des tables. Chacun s'asseoit où ils veulent. Ma famille a une table réservée, avec des places pour les invités. » Je lui souris doucement, en lui faisant un signe de la main pour qu'elle n'hésite pas à se servir. Ou se resservir. « Accalia et moi-même avons demandé à ce que tu sois à notre table. Sauf si cela te gêne, évidemment. Mais je ne voulais pas te laisser seule, et ma sœur était contente de passer ce moment avec quelqu'un qui ne la considérait pas comme une princesse… » Accalia remplissait très bien son rôle, mais je comprenais qu'elle se sentait parfois étouffée, surtout à son âge. Bien que les évènements ayant touchée Victoria l'attristait, elle était ravie de partager cette pleine lune avec elle. « Comment aas-tu vécu cette nuit ? »

1 : Nous te demandons, déesse, de nous prêter ton pouvoir et la puissance de la lune pour cette nuit. Nous te demandons ta protection durant cette nuit. Nous te demandons ta clémence pour les loups qui ne savent pas se contrôler. Merci, déesse, merci ! (Irlandais)
:copyright:️ Justayne
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Beg me for mercy
I am the violence
What you gon' do
When there's blood in the water

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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le mercredi 27 février 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Et à présent, elle est aussi devenue un loup-garou ...

I shot for the sky, I'm stuck on the ground
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine quand il me répondit par l’affirmative et je souris. Je savais qu’au début de l’année je n’avais pas été très correcte avec lui, le draguant ouvertement et sans aucune gêne. Aujourd’hui, je réalisais que cela avait été très déplacé. Et puis, Bleddyn était avant tout un très bon ami. Les choses étaient mieux ainsi. J’avais Jared. D’après les journaux people, Bleddyn avait une copine. Et nous étions amis. Bleddyn chercha autour de lui avant d’appeler :

« Oh, Accalia ! Tu peux venir ? »

La petite tête rousse d’Accalia arriva jusqu’à nous. Nous n’avions qu’un an de différence et je me sentais proche d’elle désormais. Elle avait pris énormément de son temps pour veiller à ce que j’aille bien à Poudlard, et elle était celle qui nous avait fait visiter le palais avant ma transformation.

« Bonsoir, Vicky ? » me sourit-elle. « Comment tu te sens ? »

Je haussais les épaules.

« Ça va. »
« Je reviens. Vous pouvez rester là, toutes les deux ? » nous demanda Bleddyn.

Je hochais la tête avec Accalia. J’imaginais qu’il avait encore pleins de choses à mettre en place autour de lui et puis, je ne restais pas seule. Accalia tourna à nouveau la tête vers moi, visiblement très excitée. J’aurai aimé être comme elle avant une nuit de pleine lune, mais je crois qu’il me faudrait encore quelques mois pour me sentir aussi à l’aise.

« Bleddyn est tellement occupé les soirs de pleine lune. » me dit Accalia. « Il passe son temps à courir partout dans la forêt pour vérifier que tout va bien. Je suis sûre qu'il va donner une énième fois ses directives à Hastings. »

Je poussais un sifflement d’admiration. Bleddyn n’était pas le roi, rien qu’un prince. Et pourtant, plus je passais du temps avec lui, plus je découvrais à quel point diverses responsabilités reposaient sur ses épaules. Il ne semblait jamais tranquille un seul instant. Même là, un soir de Pleine Lune qui semblait être une fête pour tous les loups-garous d’Irlande, il était sur le qui-vive, veillant à ce que tout le monde soit bien.

« Oh, j'adore cette musique ! » s’exclama soudain Accalia en m’attrapant la main. « Viens danser ! »

La musique, toujours aussi festive, avait commencé à jouer un air très entraînant. Je n’étais pas certaine de connaître les pas mais je m’en moquais à l’instant même où j’arrivais dans la ronde. Un chanteur s’était mis à entonner un chant irlandais. J’ignorais totalement ce qu’il racontait mais certains sorciers et sorcières reprenaient en chœur le refrain ou bien poussaient simplement des hurlements de joie. Je n’avais jamais eu peur du ridicule, alors je n’hésitais pas à esquisser quelques pas au hasard avant d’essayer de copier ce que faisait Accalia.

Quelque part, danser ainsi, me faisait oublier ce pourquoi nous étions réunis ici, ce pourquoi j’avais quitté Poudlard pour venir en Irlande. Je ris tandis qu’Accalia attrapait mes deux mains pour me faire tourner et j’essayais d’anticiper le mouvement suivant en tournant dans le sens inverse et en levant mes jambes aussi haut que des danseurs plus expérimentés. Il y avait de tout : des adultes, mais aussi des adolescents de notre âge et des enfants. Des loups-garous plus âgés s’étaient installés contre un arbre et balançaient la tête en rythme.

La musique commença à baisser d’intensité et Accalia me tira vers une estrade, devant le palais royal. Je repoussais une mèche devant mon visage, reprenant mon souffle. L’excitation qui émanait de cet endroit s’était répandu dans tous mes membres et je souriais facilement en croisant le regard des autres. Sur l’estrade, le roi et la reine se tenaient debout, posant un regard protecteur sur l’assemblée. Bleddyn était lui aussi monté à leurs côtés et prit alors la parole en premier. Il était grand, sérieux et fort. Je comprenais à quel point les personnes ici pouvaient se sentir rassurées en sa présence. Il dégageait une aura tellement calme et posée qu’on lui faisait naturellement confiance.

« Bonsoir à tous. » dit-il. « Je demanderais aux familles avec des enfants de se placer du côté gauche de l'estrade, avec les gardes dans leurs uniformes habituels. Les loups-garous qui savent contrôler leur forme, je vous invite à vous place du côté droit, avec les gardes habillés en blanc. Je vous souhaite une bonne nuit à tous. »

Je jetais un regard un peu perdu à Accalia qui me guida naturellement sur la gauche, auprès des plus jeunes.

Je sentais mon cœur battre dans ma poitrine en même temps que mes muscles se tendaient. Était-ce l’effet du stress ou les premiers effets de la transformation ? Ma nervosité qui avait disparu quelques instants plus tôt commençait à reprendre le dessus et je me concentrais sur Bleddyn. Le voir si calme, si détendu m’aidait à me stabiliser. Il a dit qu’il serait là et je lui faisais confiance.

« Bonsoir. » dit alors le roi. « Je voulais, comme tous les mois, vous rappeler les règles. Je rappelle à tous les loups-garous qui savent contrôler leur forme qu'il est strictement interdit de s'approcher des villages, moldus ou sorciers. Qu'il est encore plus interdit de mordre des innocents. Les morsures doivent se faire au sein du palais, avec des autorisations spéciales. Si d'aventure une personne devait se faire mordre ce soir, nous fermerons la forêt aux prochaines pleines lunes, sans parler des peines qu'encourt le fautif. »

Un silence de plomb résonna suite aux paroles du roi. Je repensais à ma précédente pleine lune. Qui était celui qui m’avait mordu ? Pourquoi m’avait-il fait cela ? Et comment se faisait-il que les autorités royales ne l’aient pas retrouvé ? C’était forcément quelqu’un qui savait parfaitement ce qu’il faisait … mais alors quel était mon rôle là-dedans ?

« Maintenant, nous allons adresser notre prière à Aine de Knockaine, notre déesse de la lune. Je vous souhaite une bonne nuit à tous. »

Je regardais autour de moi pour voir les personnes joindre leurs mains devant le visage. Rapidement, je les imitais. J’ignorais tout de la culture irlandaise mais tous ces rituels m’intriguaient. Il faudrait que j’interroge Bleddyn à ce sujet.

« Iarraimid ort, a bhandia, do chumhacht agus cumhacht na gealaí a thabhairt ar iasacht dúinn don oíche seo. »

Je relevais les yeux pour voir que se tenait maintenant sur l’estrade une sorcière âgée. Les mains tendues vers le ciel, elle semblait adresser ses prières à nous tous. Rapidement, je fermais les yeux et me remis en position.

« Iarraimid do chosaint i rith na hoíche seo. Iarraimid do thrócaire ar na mac tíre nach bhfuil in ann iad féin a rialú. Go raibh maith agat, a Dhiarmuda, go raibh maith agat ! »

Alors les loups-garous autour de moi récitèrent une phrase, répétant sans doute la dernière prononcée par la sorcière sur l’estrade. Je murmurais faiblement quelques sons entendus avant de relever la tête en même temps que les autres. Je sentais l’excitation poindre à nouveau autour de moi. Un groupe d’adolescents se bousculaient joyeusement, prêts à se défouler. Mon cou me faisait mal et ma nervosité me serrait la gorge. Je craignais ce qui allait se produire maintenant.

Soudain, un long hurlement déchira la nuit et je tournais vivement la tête dans sa direction. Désormais descendaient par les escaliers de l’estrade deux grands loups. Le roi et la reine. Ils regardèrent chacun d’entre nous alors que les grilles s’ouvraient pour les laisser passer. Plusieurs loups les suivirent alors, s’élançant tous en courant, jappant. J’étais impressionnée de voir que la transformation avait été aussi rapide pour certains. Etait-ce ainsi que cela se passait à force de se transformer ? Après les derniers retardataires, les grilles se refermèrent et je frissonnais alors qu’une nouvelle musique se faisait entendre. Je tournais la tête en voyant les familles s’éparpiller dans les jardins du palais.

Je sentis alors une présence à mes côtés et tournais le visage vers Bleddyn, mon anxiété se lisant comme un livre ouvert.

« Tout va bien se passer. Je te le promets. » dit-il.

Je fermais les yeux alors que je sentais la douleur affluer. Je respirais par la bouche, la nervosité ayant laissé place à l’angoisse. J’avais peur. Je tremblais. Ca y était, n’est-ce pas ? Sans avoir besoin de la regarder, je sentais la pleine lune poindre dans le ciel.

« Bleddyn, j’ai peur … » soufflais-je.

Je poussais un cri quand l’os de ma cheville se déboîta. Puis un autre à mon épaule. Et un dans mon dos. Les mains de Bleddyn vinrent se poser sur mes épaules et je levais mon visage terrifié vers lui. Il était si calme, si prévenant. Son visage semblait partager ma douleur et en même temps il cherchait à me rassurer.

« Je suis là, Victoria, je te promets. »
« Ne me lâche pas … » murmurais-je.
« Je ne te lâche pas. Je reste là. »

Je hochais la tête et callais ma respiration sur la sienne. J’arrachais de nouveaux cris avant de tomber à genou. Bleddyn était à mes côtés. Je sentais sa chaleur, je sentais son poids contre moi. Et je criais. Et puis, tout s’embrouilla.

Jeudi 28 février 2002

Le matin pointait doucement son nez. Mon cœur battait vite mais se calmait doucement. J’étais épuisée. Et pourtant, je me sentais pleinement vivante. Le fait d’avoir pris la potion Tue-Loup faisait que je gardais encore les souvenirs vivaces de cette nuit. Ça avait été une expérience incroyable.

Il y avait bien sûr eu la douleur au départ. Je criais plus de peur que de mal. La douleur n’était pas aussi horrible que dans mes souvenirs. Là aussi, la potion avait atténué la douleur même si la partie où tous mes os se déboîtaient était passablement horrible. Mais ensuite, j’avais levé mon museau de l’herbe fraîche du soir pour regarder un grand loup brun m’observer. Bleddyn. J’avais commencé à sautiller sur place, sentant réellement ce que cela faisait d’être dans la peau d’un loup. Puis j’avais suivi le loup brun parmi les jardins du palais. L’endroit était magnifique et je les voyais d’un tout autre œil. Je sentais l’odeur de l’herbe, l’odeur de la brise aussi. Mais surtout, mon museau n’avait eu de cesse de se frotter contre l’épaule de l’autre loup, comme reconnaissant là un partenaire fiable.

Nous avions couru et gambadé entre plusieurs statues. Nous avions croisé des familles avec des louveteaux et j’avais jappé joyeusement avec eux avant d’initier un nouveau jeu avec mon partenaire loup. J’avais pu voir mon reflet pour la première fois dans une des fontaines du jardin. Ma fourrure était semblable à la couleur de mes cheveux, une sorte de brun clair, définitivement pas aussi sombre que celle de Bleddyn.

La nuit était passée si vite. Je m’étais amusée. Je devais le reconnaître. Quand le matin arriva, j’accueillis avec une certaine satisfaction la couverture que Bleddyn me tendait. J’étais nue mais je sentais encore la partie animale de mon être ne pas s’embarrasser de cette idée. J’étais vivante. Je me sentais bien. Complète. Je regardais encore les familles retrouver leurs enfants après une nuit aussi belle.

« Tout va bien ? »

Je tournais la tête vers Bleddyn, un sourire satisfait sur les lèvres.

« Tout va très bien. » dis-je en serrant le drap autour de moi. « Grâce à toi. »

Je le savais, le fait que je me sentais aussi bien était en partie grâce à lui. Oui je m’étais transformée seule. J’avais vécu la douleur seule. J’étais fière de ce que j’avais accompli. Mais je me sentais encore plus complète à l’idée d’avoir eu un ami aussi prévenant que Bleddyn avec moi.

« Tous les matins de pleine lune, un grand petit-déjeuner est organisé dans la salle de bal. » me dit-il en regardant les loups revenir des grilles désormais ouvertes. « Les nobles vont s'y rendre, pendant que ma famille et moi allons nous reposer dans nos appartements. Tu veux te reposer ou nous attendre ? »

Je regardais autour de moi. Cette nuit, ces familles, ces gens avaient été comme une … meute pour moi. Oui, une meute. Nous n’avions formé qu’un. C’était une expérience formidable et j’en frissonnais encore quand je repensais aux sensations que j’avais ressenties quelques heures plus tôt. Mais à cet instant, nue et humaine, je ne désirais que retrouver le calme et la présence d’un ami.

« Si ça ne te dérange pas, je veux bien venir avec toi. »

Je guettais sa réaction, observant ses yeux ou un tic sur son visage. Mais Bleddyn ne dit rien et m’emmena à sa suite. Je resserrai à nouveau le drap autour de moi et regardais une dernière fois les nobles se réjouir d’une nuit aussi paisible. Ils se tapaient dans l’épaule et souriaient, satisfaits et heureux. Mes pieds marchaient dans l’herbe avant de se poser sur la pierre froide du palais. Je suivis Bleddyn dans le dédale de couloir. Certains souvenirs de ma première visite ici me revenaient et je touchais d’une main les murs. Je les admirais d’un nouvel œil, comme redécouvrant un endroit que j’avais connu en tant que simple sorcière, et maintenant en tant que sorcière loup-garou.

« Je vais aller me doucher. » dit Bleddyn en refermant la porte de ses appartements derrière nous. « On a environ une heure avant que tous les loups finissent de revenir. Si tu veux te reposer, n'hésite pas à te mettre dans mon lit, si tu veux lire, tu peux aller sur le canapé, si tu trouves un livre en anglais… Sinon, j'ai du papier à lettre sur le bureau, si tu veux rassurer tes parents. »
« Merci Bleddyn. »

Je hochais la tête, un sourire aux lèvres, tandis qu’il filait dans la pièce d’à côté. J’essayais de repousser l’idée que le froid me gagnait dès lors que Bleddyn quittait la pièce. Toute son odeur était en ces lieux. Même sur moi. Je regardais un instant la chambre de Bleddyn. Je n’avais pas pu prendre le temps de l’admirer la dernière fois. Je caressais d’une main la cheminée en marbre banc et jetais un coup d’œil aux photos dans les cadres ronds en or. Bleddyn y était pratiquement sur toutes, accompagné tantôt par ses parents, puis par ses sœurs puis par d’autres personnes que je ne connaissais pas. Sûrement d’autres membres de sa famille éloignée. Ou des amis ? Bleddyn avait-il des amis ?

Mes doigts caressèrent les draps blancs du lit et je fus tentée de m’y coucher, de m’y blottir pour replonger dans la frénésie de cette nuit. Mais je savais ce que je devais faire. Quelqu’un frappa soudain à la porte et je sursautais. Qu’étais-je censée faire ? Était-on au courant que je me trouvais ici ? Ou bien allait-on me chasser dès lors que la porte s’ouvrirait ? Je ne pouvais cependant restée ainsi sans bouger et sans rien dire. Je poussais une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

« En … entrez ! »

La poignée s’actionna et une femme entra, portant sur son bras des vêtements et faisant léviter au-dessus d’elle un plateau chargé de boisson. Elle ne fut guère étonnée de ma présence et je la regardais installer les boissons sur une petite table basse.

« La princesse Accalia vous a fait apporter vos vêtements. » dit-elle en étalant le jean et le sweat que j’avais choisi la veille, comme demandé par le palais avant ma venue ici.
« Merci beaucoup. »

La femme fit une petite courbette avant de ressortir aussitôt. Je me sentis rougir, guère habituée à un traitement de faveur. J’entendais déjà Edmund et Billy rire. Il fallait que je les rassure, d’ailleurs ! J’approchais de la chaise pour enfiler mes vêtements.

Petit à petit, je me sentais retrouver des attitudes humaines. J’étais toujours épuisée et enviais doucement le lit de Bleddyn. Mais je ne pouvais pas m’y glisser. Je me sentais trop mal à l’aise. Ce serait trop intime. Alors, je m’installais au petit secrétaire et pris du papier à lettre. Je ne rédigeais que quelques mots pour rassurer les membres de ma famille, c’est-à-dire une lettre pour Edmund, pour Billy, pour papa et le professeur Chastang, pour maman (même si elle ne m’avait rien demandé) et une pour les McGregor. Je savais qu’ils diffuseraient ensuite au reste de la famille. Je poussais un soupir et laissais retomber mon dos contre la chaise. Quelle nuit ! Je peinais à y croire encore.

La porte de la salle de bain s’actionna et je me relevais aussitôt. Bleddyn portait de beaux vêtements. Un pantalon noir avec une chemise et une cravate, encore défaite. Je sentis mon cœur palpiter dans ma poitrine et je me forçais à sourire pour ne pas paraître trop idiote devant lui. Je paraissais bien trop simple à côté de lui. En tant qu’humaine, je n’arrivais clairement pas à sa cheville. En tant que loup en revanche …

« Nous allons devoir y aller n’est-ce pas ? Comment se passe le petit-déjeuner ? » demandais-je.
« Le petit déjeuner est assez calme et peu étiqueté. » dit-il en s’approchant de moi. « C'est un buffet, avec des tables. Chacun s'assoit où ils veulent. Ma famille a une table réservée, avec des places pour les invités. »

Je m’approchais à son tour pour oser me servir une boisson chaude avec lui sur le plateau. Un thé était juste parfait. Je respirais l’odeur des épices qui se diffusaient dans l’eau chaude.

« Accalia et moi-même avons demandé à ce que tu sois à notre table. » reprit Bleddyn. « Sauf si cela te gêne, évidemment. Mais je ne voulais pas te laisser seule, et ma sœur était contente de passer ce moment avec quelqu'un qui ne la considérait pas comme une princesse… »
« J’en serai ravie ! » le coupais-je en souriant à pleines dents. « Je dois avouer que ça me rassure d’être à tes … à vos côtés. Toi et Accalia êtes si prévenants avec moi que je me sens comme à la maison. »

Je soufflais par-dessus mon thé fumant et en bus une gorgée. Le liquide chaud coula dans ma gorge et à nouveau, je me sentis revenir un peu plus humaine. Je sentais toujours l’odeur des jardins du palais, de la nuit fraîche et de Bleddyn. Mais petit à petit, mes sens se mettaient en veille pour laisser l’humaine revenir.

« Comment as-tu vécu cette nuit ? »

Je levais les yeux vers Bleddyn. Il s’en inquiétait réellement, comme s’il ne savait pas si je me sentais bien et ok avec tout ce qu’il s’était passé ces dernières heures. Aussi, je m’empressais de le rassurer.

« C’était merveilleux ! » dis-je.

Je lâchais un rire gêné et baissais ma tête sur ma tasse avant de reprendre.

« Ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. C’était même mieux. J’ai eu mal, et j’ai eu atrocement peur. Mais … après cette première nuit dans les jardins, je me sens … complète. »

Je levais les yeux vers Bleddyn, cherchant à voir s’il comprenait ce que je lui disais. Quand j’en discutais avec Jared, il ne répondait pas beaucoup voire pas du tout. Il devait sans doute être lassé de me voir agir comme un jeune louveteau qui découvrait la vie alors qu’il avait connu ça toute sa vie. Ca devait être la même chose pour Bleddyn d’ailleurs.

« Tu as dû t’ennuyer en revanche, j’imagine ? »

Je bus une gorgée de mon thé et penchais la tête sur le côté pour l’observer.

« Est-ce que j’aurai bientôt le droit d’aller à l’extérieur moi aussi ? »

Je me sentais tellement bien. Il n’y avait rien à craindre quand on était un loup lucide, non ? Ou peut-être que je ne mesurais pas exactement la portée de la chose ?

« Y allons-nous ? » demandais-je en pointant la tête vers la porte.

Je reposais ma tasse vide sur le plateau puis suivis Bleddyn à nouveau dans le dédale de couloirs du palais. De temps en temps, je pointais un tableau du doigt demandant au jeune homme des informations sur le portrait représenté. Parfois, l’un des portraits commençait à faire la discussion et je répondais aimablement avant de rattraper Bleddyn. Je m’émerveillais de chaque pièce, de chaque ornement, de chaque endroit de ce palais. Cela devait lasser Bleddyn. Du moins c’était ce que je m’étais imaginée quand je le bousculais doucement de l’épaule. Autrefois, je me serai heurtée à un mur de muscles. Mais à cet instant, quelques heures après la pleine lune, je me sentais aussi forte que lui. Forte et détendue.

« Ne t’avise pas de te moquer de moi. » lui dis-je. « Tu as vécu toute ta vie ici alors que je découvre tout juste ces couloirs. »

Nous étions arrivés devant les portes de la salle de bal. Je me rappelais être déjà venue ici lors du 31 décembre avec mes frères et les Davis. Nous avions passé une soirée tellement agréable ! A présent, de grandes tables avaient été installées et quasiment toutes les chaises étaient occupées. On entendait des rires résonner de toute part et les discussions étaient animées. Difficiles de croire que nous avions tous passé une nuit blanche tellement chaque loup semblait excité, revigoré. L’odeur qui se dégageait de la pièce me rappelait la meute. Je laissais passer Bleddyn devant moi alors qu’il me guidait vers une table où la famille royale était rassemblée. Je saluais humblement le roi et la reine, puis la princesse héritière Louve, avant de me glisser sur un siège à côté d’Accalia.

« Hey ! » la saluais-je alors que Bleddyn prenait place de l’autre côté. « Je ne t’ai pas vu sous forme de loup. A quoi ressembles-tu ? »

Je jetais un œil aux aliments. C’était beaucoup mieux qu’à Poudlard. La vaisselle était richement décorée et la nourriture ne semblait jamais se tarir. Il y avait de tout : des fruits en tous genres, des œufs brouillés, des œufs au plat, du bacon, du jus d’orange, des viennoiseries qui me rappelaient mes origines françaises et bien d’autres boissons. Encouragée par Bleddyn, je me servis d’un pain au chocolat. Mais même après l’avoir englouti, je me sentais encore affamée. Et c’était le cas pour tous les loups autour de la table. Aussi, je ne me privais pas et me resservis.

Je passais un agréable moment, entourée de la famille royale. Je racontais à Accalia ce que j’avais découvert en compagnie de Bleddyn puis leur parlais à tous deux des sensations que j’avais ressenties. Je semblais intarissable sur le sujet. Je mentionnais également de mes craintes lorsque l’appel du sang pouvait se faire sentir. Bleddyn et Accalia prenaient le temps de répondre à mes questions ou me répondaient avec joie à chacune de mes sensations.

Plus tard, papa vint me chercher et je rentrais avec lui au château où je filais aussitôt dans mon dortoir, chez les Poufsouffles, pour récupérer cette nuit.

Samedi 16 mars 2002

« Hey ! Tu aurais une minute pour discuter ? »

Mes doigts se tortillaient en essayant de capter le regard de Bleddyn. L’entraînement au club de duels était terminé. Il n’y avait quasiment pas de lune dans le ciel ces deux derniers soirs et je sentais que ma magie était moins instable. Je pouvais mieux me maîtriser, moi, et mes sortilèges. J’avais même envoyé deux 7ème année au tapis. Les cours de Bleddyn portaient leurs fruits mais pas seulement. Ceux du professeur Chastang aussi. Depuis ma ridicule initiative de demander des cours à Bleddyn en octobre dernier, le professeur Chastang me donnait des cours particuliers.

Au départ, j’avais compris que c’était pour m’éloigner de Bleddyn. Mais ensuite, j’avais commencé à apprécier ces moments avec le professeur. Il m’entraînait à des sortilèges que nous allions voir plus tard en cours et je prenais l’avance sur mes camarades. Je savais que c’était d’un côté une manière de me faire réviser pour mes BUSE et d’un autre côté pour avoir des moments privilégiés avec moi. Parfois nous discutions simplement. Nous parlions de papa, de Billy, d’Eddie. Nous riions de nos vacances de Noël ensemble et nous espérions ensemble que Billy serait bientôt des nôtres. Billy faisait souvent des trucs bêtes, et je me doutais qu’il finirait par revenir vers papa. Même si je devais avouer que son entêtement durait beaucoup plus que les autres fois.

Je souris à Bleddyn qui accepta ma demande. Les autres élèves avaient fini par remettre en ordre la Grande Salle pour le déjeuner du midi. Je laissais Bleddyn remettre ses affaires sur les épaules et lui fis signe de me suivre. Je ne voulais pas parler dans cette salle où tout le monde nous écoutait. Bleddyn ne s’en offusqua pas et on commença à parler nonchalamment sur le trajet de cette session du club de duels. Je répondais rapidement, ne m’attardant guère sur le sujet, tracassée par ce qui me pesait.

Arrivés aux portes d’entrée du château, Bleddyn m’arrêta et me demanda sincèrement ce qu’il en retournait. Je me mordis la lèvre et remis une mèche de mes cheveux derrière mes oreilles.

« Tu sais que je t’ai déjà parlé de Jared … » commençais-je. « C’est mon petit-ami et je l’aime énormément. »

Je souris en repensant, rêveuse, à notre samedi dernier tous les deux. Nous avions failli le faire mais j’avais un peu paniqué. Jared s’était montré patient et prévenant. C’était le bad boy dont toutes les filles rêvaient et c’était le mien. Mais je m’égarais dans mes pensées et je m’efforçais de repenser à ce qui me motivait pour parler à Bleddyn.

« La semaine dernière, on était à Pré-au-Lard tous les deux et … les choses ont dérapé. »

Je me remis à marcher, parcourant de mes pas la cour intérieure, Bleddyn à mes côtés. Certains élèves nous croisaient et nous regardaient en deux fois, visiblement étonnée de me voir si familière avec le prince. Mais le prince était devenu pour moi un ami.

« Je m’en suis prise à quelqu’un. » lâchais-je en tournant les yeux vers Bleddyn. « Je veux dire, je ne m’en suis pas prise sans raison. Mais … c’était quelqu’un qui m’avait fait du mal et quand je l’ai vu, seul … je me suis sentie forte et dangereuse. Et j’ai eu envie de lui faire ressentir ce que j’avais ressenti. Au départ, c’était juste pour lui faire peur. Et puis ensuite … »

Je parlais avec mes mains, expliquant sincèrement à Bleddyn tout ce que j’avais ressenti.

« … ensuite c’était comme si j’avais perdu le contrôle. Il y avait … du sang … »

Je jetais un coup d’œil autour de moi et parlais à voix basse, espérant que personne ne passerait trop près pour m’entendre. Je n’avais pas envie que l’on me pointe à nouveau du doigt et qu’on ait peur de moi. Être un loup-garou n’était pas aussi bien vu qu’en Irlande.

« … et mon loup était affamé. J’ai aimé lui faire du mal. Je voulais continuer. J’étais incapable de m’arrêter. C’est quand Jared m’a stoppé que je me suis rendue compte de ce que je faisais véritablement. »

Je levais les yeux vers Bleddyn et fis un pas vers lui.

« Bleddyn, j’avais totalement perdu le contrôle. Et pourtant, ce n’était pas la pleine lune et j’étais pleinement humaine … Mais pendant un instant, je me suis laissée … j’ai écouté mon loup. »

Je déglutis, comme revivant la scène. Heureusement que Jared avait été là. Il n’avait pas loupé lui non plus Henry Lloyd mais il avait rattrapé mes erreurs. Nous n’en avions pas reparlé après ça mais je savais qu’à Bleddyn, je pouvais tout confier. Pouvait-il m’expliquer ce qu’il s’était passé ? Comment avais-je pu perdre le contrôle de moi-même ainsi ? Comment l’expliquer ? 

@ Victoire

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Vicky Prewett

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I shot for the sky, I'm stuck on the ground Avec Vicky Prewett Jeudi 28 février 2002

Prendre une douche m'avait aidé à me remettre les idées en place, et à réfléchir à propos de Victoria. J'espérais que cette nuit l'avait aidée à comprendre qu'être un loup-garou n'était pas être un monstre. Beaucoup de personnes pensaient encore cela, à cause de leur image malheureusement déplorable en Angleterre. Alors, une fois sur mon fauteuil, mon café en main, je posais doucement la question à la jeune femme. J'étais aussi curieux que inquiet à l'idée de sa réponse. « C’était merveilleux ! » Par les dieux, merci. Je fus soulagé de la voir aussi heureuse, avec ce regard pétillant. Je souris alors qu'elle riait, un peu gênée, et je l'invitais à poursuivre, d'un geste de la main. « Ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. C’était même mieux. J’ai eu mal, et j’ai eu atrocement peur. Mais … après cette première nuit dans les jardins, je me sens … complète. » J'hochais la tête. Je comprenais totalement ce qu'elle voulait dire. « C'est une bonne chose. Cela veut dire que tu laisses ton loup s'exprimer. Que tu acceptes ta nouvelle identité. » Je soufflais doucement sur mon café, avant d'en prendre une gorgée. J'avais encore toute la journée à tenir, et une journée de cours à assurer demain. Les nuits de pleine lune étaient toujours épuisantes. « Tu as dû t’ennuyer en revanche, j’imagine ? » Un sourire pointa sur mes lèvres. M'ennuyer ? « Au contraire. Ça m'a fait… Comme une pause ? » Je terminais ma boisson d'une traite avant de reposer la tasse sur le plateau. Je sentais bien le regard interrogateur de Victoria sur moi. C'est vrai qu'elle ne savait pas forcément comment se passaient toutes les pleines lunes, ici.

« Depuis que j'ai dix-sept ans, depuis que je sais me transformer en loup à volonté, et que je suis devenu Grand Général, je passe toutes les pleines lunes dans la forêt. Alors que les loups se contentent de se balader et de jouer entre les arbres, je passe plus mon temps à surveiller que tout se passe bien. Alors, une nuit sans ces responsabilités m'a donné une sorte de pause. » Comment allaient se passer les prochaines, par ailleurs ? Victoria était invitée pour toutes les pleines lunes jusqu'à sa majorité. Elle allait rester dans les jardins, alors que j'allais devoir retourner dans la forêt. Il allait bien falloir que je lui en parle… Et que j'en parle à Accalia. Parce que je refusais qu'elle reste seule, alors qu'elle ne connaissait personne. « Est-ce que j’aurai bientôt le droit d’aller à l’extérieur moi aussi ? » La voix de la jeune femme en face de moi me sortit de mes interrogations. Et quand je réalisais ce qu'elle me demandait, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. « Non, malheureusement, non. Les sorties en extérieur en tant que loup sont très réglementées. C'est comme ça que les villageois aux alentours nous font confiance. Pour avoir cette autorisation, il faut que tu sois capable de te transformer en loup à volonté, y compris hors pleine lune. Cela peut prendre du temps. Accalia s'y entraîne encore. » Je sentais qu'elle allait bientôt y arriver. Mais ma précieuse petite sœur avait parfois du mal à s'impliquer totalement dans ses tâches de princesse et future prêtresse. Ce qui pouvait se comprendre, vu son âge. Elle avait envie de vivre sa jeunesse.

Je regardais rapidement ma montre, geste qui ne semblait pas échapper à Victoria. « Y allons-nous ? » « Ça va être l'heure, oui. » Je sautais sur mes pieds pour me diriger vers mon miroir. Rapidement, d'une main experte, je nouais ma cravate pendant que Victoria posa sa tasse sur le plateau. Puis je l'invitais à sortir de ma chambre. Nous traversions nos appartements privés, avant d'atterrir dans les couloirs ouverts à la cour, et au public le weekend. Il y avait des gardes partout, qui ouvraient les portes en nous voyant arriver. Cela ne nous empêcha pas de flâner. Victoria passait son temps à regarder autour d'elle, à poser des questions sur la décoration, ou bien à discuter avec mes ancêtres à travers leur portrait. Ce qui me fit sourire. « Il me semble pourtant que tu as déjà visité le château en compagnie d'une princesse ! Il te faut un deuxième tour, avec le prince ? » Elle répondit à mes plaisanteries par un coup d'épaule. « Ne t’avise pas de te moquer de moi. Tu as vécu toute ta vie ici alors que je découvre tout juste ces couloirs. » « Vous avez raison de ne pas vous laisser faire, jeune fille. » Intervint Myrna, reine du XIVe siècle à travers son portrait. « Les hommes Iceni ont trop tendance à prendre la confiance et oublient que c'est grâce à une femme qu'ils ont cette place. » Je fis une courbette à mon ancêtre, l'air amusé. « Et les femmes Iceni ont toujours eu un fort caractère, madame. » « Heureusement ! Épouse une femme avec un fort tempérament, comme ta sœur. Elle a quitté son fiancé à la barbe de tous les ministres ! La succession caractérielle est assurée. » Je jetais un regard entendu à Victoria, avant de poser une main dans son dos pour la faire légèrement avancer. Je faisais mine de me plaindre, mais notre société matriarcale faisait notre fierté. Car elle prônait l'égalité des sexes, et ce, depuis l'Antiquité.

Nous reprîmes le chemin de la salle de bal, où tous les invités étaient arrivés. Je tendis mon bras à Victoria, pour qu'elle l'attrape. C'était une manière de montrer que c'était mon invitée personnelle sans avoir à nous annoncer. On traversa la salle sous les regards un peu curieux de certains nobles, sans que les conversations ne diminuent. Nous rejoignîmes mes parents et mes deux soeurs. Louve avait un sourire assez franc. Sûrement le plaisir d'avoir passé sa première pleine lune sans Connor depuis des années… Ma mère sourit aimablement à Victoria. Mes parents étaient tellement occupés qu'ils n'avait pas prit le temps de la rencontrer officiellement après sa morsure, mais ils étaient au courant de tout. Je saluais mes parents pendant que la jeune fille inclina doucement la tête, avant qu'elle ne salue Louve. Cette dernière prit aimablement des nouvelles de sa première pleine lune, avant qu'Accalia n'accapare Victoria. « Salut ! » « Hey ! Je ne t’ai pas vu sous forme de loup. A quoi ressembles-tu ? » Je m'assis aux côtés de la jeune femme, placée entre moi et ma sœur cadette. Cette dernière semblait bien trop heureuse d'avoir une amie louve-garou de son âge, avec qui partager ses impressions de pleine lune. « J'ai bientôt atteint ma forme adulte ! J'ai le pelage roux, avec une tâche blanche sur le front. Mais je suis jalouse de Louve, qui a un pelage auburn magnifique. » Je vis Louve faire un clin d'oeil à Accalia, sous le regard amusé de ma mère. « C'est issu de nos couleurs de cheveux. Victoria, je vous en pris, n'hésitez pas à vous servir en nourriture. » Normalement, un buffet était dressé, et chacun allait se servir avant de se rasseoir. Sauf à notre table, pour ne pas gêner les conversations parfois diplomatiques qui se déroulaient dès le petit-déjeuner, même après un lendemain de pleine lune.

Rapidement, Louve et mes parents délaissèrent la table pour faire le tour de leurs connaissances. Cela permit à Victoria de parler plus librement de ses sensations, ou de poser ses questions. Elle en avait beaucoup, et c'était bien normal. Nous primes le temps, avec ma sœur, de répondre à tout et de partager ses moments de joie. Elle était la seule louve-garou de sa famille, et je pouvais aisément comprendre son besoin d'en partager à quelqu'un. C'était quelque chose de nouveau pour elle. Même sa meilleure amie, dont elle m'avait déjà parlé, n'était qu'une simple demi-louve-garou. Elle ne connaissait pas les sensations de pleine lune, de transformation. Alors oui, toute nos conversations de ce matin tournèrent autour de ce sujet. Au bout d'un moment, je me levais pour raccompagner la jeune femme à l'entrée du château, où son père l'attendait. Je le saluais, puis je lui rendis sa fille, avant de retourner dans la salle de bal, remplir mes devoirs de prince.

Samedi 16 mars 2002

Malgré l'attentat, malgré l'enquête sur le loup-garou qui avait mordu Victoria, je continuais de venir, tous les samedis matins pour assurer le club de duel. J'avais donné ma promesse, et je ne comptais pas arrêter en milieu d'année. Je sentais que j'étais de plus en plus fatigué par tout ce que je faisais, mais je ne comptais pas lâcher. J'avais juste hâte d'avoir quelques vacances pour essayer de faire un tri entre les choses les plus importantes ou non. « Hey ! Tu aurais une minute pour discuter ? » J'étais en train de ranger les tables quand j'entendis une voix dans mon dos. Je me tournais, pour me trouver face à Victoria. Je lui souris doucement. « Bien sûr. Laisse-moi le temps de finir de remettre les bancs en place. » La jeune fille me lança un sourire, et je fis voleter les bancs avec les quelques élèves qui restaient, pour remettre la Grande Salle en état. Il était midi, le repas allait bientôt commencer, il fallait que je leur redonne une salle en bon état ! Une fois cela fait, j'enfilais ma veste et je rejoignis Victoria. Elle me fit signe de sortir, et c'est là que je compris à quel point c'était sérieux. Qu'elle n'avait pas que des questions à me poser, ou autre ; elle avait besoin d'intimité.

Je la suivais dans les couloirs en la complimentant sur ses prouesses de ce matin. Elle avait beaucoup progressé, comme la plupart des élèves. Je savais par le professeur Chastang qu'elle prenait des cours avec lui, mais en parler sur le chemin permettait de meubler la conversation, jusqu'à ce nous trouvions un endroit plus calme. Cet endroit s'avéra être les portes du château. « Stop, n'allons pas plus loin. Il me semble que tu n'as pas le droit de sortir. Parlons ici, il n'y a personne. Comment je peux t'aider ? » Victoria se tortilla légèrement sur place, avant de répondre. Cela commençait à m'inquiéter. A quel point son problème pouvait être important pour qu'elle ait du mal à en parler ? « Tu sais que je t’ai déjà parlé de Jared … C’est mon petit-ami et je l’aime énormément. » Je hochais la tête. Elle m'en avait parlé, oui. Je ne l'avais jamais vu, et je ne savais pas qui il était, mais je savais qu'il existait. Pourquoi elle parlait de lui ? « La semaine dernière, on était à Pré-au-Lard tous les deux et … les choses ont dérapé. » Cette fois, je fronçais carrément les sourcils. Comment ça, les choses avaient dérapé ? Est-ce qu'il lui avait fait du mal ? Je sentais tous mes muscles se tendre à cette idée. La protéger. J'avais juré de la protéger, et voilà que son copain lui faisait du mal ? « Victoria, qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Si il fallait lui casser la figure de manière officieuse, j'étais son homme.

« Je m’en suis prise à quelqu’un. » Je sentis mes épaules se détendre d'un seul coup. S'en prendre à quelqu'un. C'est elle qui s'en est prise à quelqu'un. Pas l'inverse. Je restais tout de même en alerte, parce que je me doutais qu'elle était suffisamment préoccupée pour m'en parler ; mais au moins, je savais qu'elle était saine et sauve. « Tu as attaqué quelqu'un ? » « Je veux dire, je ne m’en suis pas prise sans raison. Mais … c’était quelqu’un qui m’avait fait du mal et quand je l’ai vu, seul … je me suis sentie forte et dangereuse. Et j’ai eu envie de lui faire ressentir ce que j’avais ressenti. Au départ, c’était juste pour lui faire peur. Et puis ensuite … » Ah, oui. Je voyais très bien ce qu'elle allait dire. Elle allait me dire que elle n'avait pas réfléchi, qu'elle s'était soumise à son instinct, ou quelque chose dans le genre. Je ne savais pas si elle se rendait compte que c'était son sang de louve qui avait parlé, mais c'était la seule explication. « Et ensuite ? » Je lui parlais d'une voix douce, pour ne pas la brusquer. « … ensuite c’était comme si j’avais perdu le contrôle. Il y avait … du sang … » Victoria semblait vraiment mal à l'aise de dire tout cela à voix haute. Et je me rendais bien compte qu'elle n'avait pas peur de me le dire à moi, mais que d'autres personnes entendent. Ce que je pouvais comprendre ; après une première pleine lune en Irlande, elle devait retourner en Angleterre, où les loups-garous sont bien moins vus. C'était deux gros contrastes. « Qu'est-ce que tu as ressenti ? » « … et mon loup était affamé. J’ai aimé lui faire du mal. Je voulais continuer. J’étais incapable de m’arrêter. C’est quand Jared m’a stoppé que je me suis rendue compte de ce que je faisais véritablement. » J'hochais la tête. Je comprenais totalement ce qu'elle voulait dire. Et cela me rappelait même des souvenirs.

« Bleddyn, j’avais totalement perdu le contrôle. Et pourtant, ce n’était pas la pleine lune et j’étais pleinement humaine … Mais pendant un instant, je me suis laissée … j’ai écouté mon loup. » Victoria s'était rapprochée de moi, et je pouvais sentir son désarroi. « Hé. Ecoute-moi bien, d'accord ? » Je posais mes mains sur ses joues, en diminuant un peu plus la distance entre nous. Je la regardais dans les yeux, pour qu'elle puisse lire tout le soutien que je lui accorderai dans mon regard. « C'était une réaction normale, d'accord ? Tu ne dois pas en avoir honte. Tu dois juste apprendre à gérer ce… Trop plein d'émotion. » Je lui souris doucement, pour la rassurer. Elle devait me croire, c'était l'évolution normale de la chose. Je lâchais ses joues, avant de m'asseoir sur un rebord en pierre. Je l'invitais à s'asseoir à mes côtés. « Reprenons. C'est quelqu'un qui t'avait fait du mal… En tant que louve-garou, tes émotions sont multipliées. Encore plus quand tu es jeune loup, ou que la pleine lune se rapproche. Alors, imagine quand les deux conditions sont réunies… ! » Le nombre d'ados de quelques années de moins que moi que je devais "éduquer" après une morsure récente était assez grand. Ça prenait du temps, je les voyais régulièrement, et je savais qu'ils en étaient capables. Alors je savais que Victoria en était capable, également. « Avec tes émotions multipliées, dont ta colère et ta rancune, il était évident que tu veuilles te venger sur cette personne. Ton loup a voulu ressortir. Mais en fait, il faut que tu vois ça comme une bonne chose. Beaucoup de personne refusent d'accepter leur côté lupin, et ça fait plus de mal qu'autre chose. » Je pensais notamment à Sirius Green. Je savais qu'il travaillait avec ma sœur, mais je savais également que c'était compliqué. Il avait du mal à accepter sa nature, ce qui rendait son quotidien difficile. Et ça, c'était quelque chose que je voyais de mes propres yeux au club des Pendragons.

« Tu sais, je suis un loup depuis ma naissance, et pourtant, moi aussi, je me suis laissé débordé par toute cette puissance lupine. » Je souris, un peu amusé par son étonnement. Quand on fait parti de la famille royale, il faut toujours savoir avoir une image impeccable. Une maîtrise de soi parfaite. Ma sœur aînée en était le parfait exemple. Alors oui, je pouvais comprendre que c'était difficile à imaginer que même nous, on perdait le contrôle. « Le jour de mes 17 ans, après avoir montré que je savais maîtriser ma forme de loup, j'ai embrassé directement le titre de Grand Général de l'armée, et tous les devoirs qui vont avec. Tu te doutes bien que j'avais donc reçu un entraînement militaire intensif depuis que je savais marcher. C'était ma tante qui a entraîné ma sœur, qui m'a entraîné, qui entraîne Accalia, et les jeunes recrues quand je ne suis pas là. L'une des toutes premières fois où j'ai pris l'entraînement, j'ai ressenti… Toute ma force, et mes capacités. » Je savais me battre, je savais me défendre, je savais tuer, même. Et pourtant, je fêtais mes 19 ans que demain. A la limite de mes 19 ans, j'étais une machine militaire. « Et je ne me rendais pas compte que tout le monde n'avait pas cette force-là. Alors, quand j'ai commencé à entraîner les jeunes recrues, alors que ça faisait 17 ans de ma vie que ma tante me mettait au tapis, je me suis senti… Supérieur. Fort. Et j'ai dérapé. Pas de beaucoup, mais c'était plus des combats inégaux pour flatter mon égo qu'un véritable entraînement. » Et encore, si ma tante n'avait pas été là, j'aurai pu aller beaucoup plus loin. J'aurai véritablement pu blesser des gens qui n'avaient rien demandé.

« Tout ça pour dire que oui, c'est normal que tu passes par là. Il faut juste que tu apprennes à maîtriser tes émotions. Mais tu n'as que… Quoi, 15 ans ? C'est normal d'avoir du mal alors que tu es encore en pleine adolescence. » Je lui offris un sourire un peu charmant, en lui donnant un coup d'épaule. Au fond, moi aussi, j'étais encore un adolescent. Encore plus depuis que j'avais goûté à la vie étudiante. Vivement la prochaine soirée bière avec Alekseï et mon propre Jared, d'ailleurs…! « Continue d'écouter ton loup, ne l'écrase pas. Mais apprends aussi à lui montrer que c'est toi la patronne. C'est toi qui décide quand tu peux te battre ou non ! Un conseil, fais ça quand il n'y a personne, et pense à te trouver un alibi. » Je lui offris un clin d'oeil, avant de rire devant son air choqué. Comment ça, un prince lui donnait des conseils de bad boy ?!
:copyright:️ Justayne

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Beg me for mercy
I am the violence
What you gon' do
When there's blood in the water

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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 16 mars 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Et à présent, elle est aussi devenue un loup-garou ...

I shot for the sky, I'm stuck on the ground
Je savais qu’à Bleddyn je pouvais me confier sans problème. Parce qu’il était un loup, parce qu’il aimait cette partie de lui, parce qu’il avait grandi avec toute sa vie. Mais aussi parce que j’avais constaté petit à petit à quel point Bleddyn était un jeune homme attentionné et prêt à tout pour ses proches. Je n’étais sans doute pas une personne très importante dans sa vie mais il m’accordait assez d’attention pour que je me sente en confiance. Il avait cet aura qui faisait qu’on s’accrochait sans problème à lui. Il attirait la bonté à lui et il protégeait quiconque n’était pas assez fort pour le faire lui-même.

Cependant, malgré tout ça, je ne m’attendais pas à un tel geste de sa part lorsqu’il se pencha vers moi et posa ses mains sur mes joues. Le geste était inattendu et j’ouvris la bouche en un hoquet de surprise. Mais ses paumes chaudes et son regard ambré me rassurèrent aussitôt.

« Hé. Ecoute-moi bien, d'accord ? » dit-il d’une voix douce et pourtant ferme. « C'était une réaction normale, d'accord ? Tu ne dois pas en avoir honte. Tu dois juste apprendre à gérer ce… Trop plein d'émotion. »

Est-ce qu’il sentait à quel point son avis pouvait compter pour les autres ? Pour moi ? Il avait une telle influence qu’il aurait aisément pu s’installer sur le trône d’Irlande et amener toute une armée à le suivre. Je hochais doucement la tête, prenant le temps de prendre des respirations profondes. Il avait raison. C’était sans doute normal pour un loup. Et il y avait toujours un moyen d’apprendre à le contrôler. Jared lui-même l’avait dit.

Voyant que ma montée de panique m’était passée, Bleddyn me relâcha doucement et m’invita à m’asseoir sur un rebord en pierre, à côté de lui. Je m’approchais lentement de lui comme si je ne voulais rien précipiter et laissais durer l’instant.

« Reprenons. » dit-il, pragmatique. « C'est quelqu'un qui t'avait fait du mal… »
« Oui, Henry. » dis-je.
« En tant que louve-garou, tes émotions sont multipliées. Encore plus quand tu es jeune loup, ou que la pleine lune se rapproche. Alors, imagine quand les deux conditions sont réunies… ! »

Je levais les yeux vers Bleddyn, comprenant ce qu’il voulait dire. Durant la période où la lune était moins présente dans le ciel, j’étais … plus tranquille. Ma louve était toujours là mais c’était comme si elle était en sommeil. Il me fallait demander un lourd effort pour la ressentir même légèrement. Je n’osais imaginer l’entraînement qu’il fallait pour se transformer hors pleine lune comme le faisaient les loups de la cour royale.

« Avec tes émotions multipliées, dont ta colère et ta rancune, il était évident que tu veuilles te venger sur cette personne. » poursuivit-il. « Ton loup a voulu ressortir. Mais en fait, il faut que tu vois ça comme une bonne chose. Beaucoup de personne refusent d'accepter leur côté lupin, et ça fait plus de mal qu'autre chose. »

J’avais du mal à imaginer cette idée. Comment refuser quelque chose qui faisait parti de nous ? Même si j’avais énormément paniqué à l’idée d’être un monstre – comme je le voyais au départ – je n’avais pu qu’épouser naturellement cette nouvelle partie de moi. Cela ne faisait pas encore deux mois mais … c’était comme si cette nouvelle partie de moi s’était parfaitement emboitée avec l’ancienne. J’étais encore maladroite pour certaines choses mais je sentais – oui je le sentais au plus profond de mon être – qu’avec un peu d’entraînement, je me sentirais bientôt tout à fait … moi ?

« Tu sais, je suis un loup depuis ma naissance, et pourtant, moi aussi, je me suis laissé débordé par toute cette puissance lupine. »

Je fronçais les sourcils.

« Ah oui ? » demandais-je. « Que s’est-il passé ? »

Il sourit, comme amusé que je sois étonnée par une telle révélation. Il y avait de quoi. Comme je l’avais dit, Bleddyn était si détendu dans sa nature lupine que cela ne m’avait jamais traversé l’esprit qu’il ait pu rencontrer des difficultés à son tour.

« Le jour de mes 17 ans … » expliqua-t-il. « … après avoir montré que je savais maîtriser ma forme de loup, j'ai embrassé directement le titre de Grand Général de l'armée, et tous les devoirs qui vont avec. Tu te doutes bien que j'avais donc reçu un entraînement militaire intensif depuis que je savais marcher. »

J’imaginais aisément que personne ne savait réellement ce que Bleddyn avait vécu durant toutes ces années. Sans être une personne malheureuse, il avait reçu très tôt une énorme pression. Il n’était pas destiné à monter sur le trône mais je comprenais facilement au fur et à mesure que je le fréquentais que beaucoup de personnes comptaient sur lui. Et il venait de me le confirmer : à peine sa majorité atteinte qu’on lui avait confié un poste à haute-responsabilité. C’était impressionnant … et en même temps cela devait être renversant.

Quand Edmund avait atteint sa majorité, nous avions fait une grande fête aux vacances de Pâques en invitant toute la famille et des amis d’Edmund. Et c’était tout. C’était un passage important dans la vie d’un sorcier mais cela n’avait pas le goût amer d’une lourde responsabilité qui nous tombait dessus. Je me demandais comment Bleddyn gérait tout ça.

« C'était ma tante qui a entraîné ma sœur, qui m'a entraîné, qui entraîne Accalia, et les jeunes recrues quand je ne suis pas là. L'une des toutes premières fois où j'ai pris l'entraînement, j'ai ressenti… Toute ma force, et mes capacités. »

Il leva les yeux vers le ciel, comme si des souvenirs ressurgissaient devant ses yeux.

« Et je ne me rendais pas compte que tout le monde n'avait pas cette force-là. Alors, quand j'ai commencé à entraîner les jeunes recrues, alors que ça faisait 17 ans de ma vie que ma tante me mettait au tapis, je me suis senti… Supérieur. Fort. Et j'ai dérapé. Pas de beaucoup, mais c'était plus des combats inégaux pour flatter mon égo qu'un véritable entraînement. »

J’imaginais à mon tour un Bleddyn, à peine plus jeune que maintenant, qui profitait enfin de sa liberté atteinte et de la force qu’il a développé pour affronter des adversaires qui n’avaient pas reçu le même entraînement que lui. Cela avait dû être enivrant …

« Tout ça pour dire que oui, c'est normal que tu passes par là. Il faut juste que tu apprennes à maîtriser tes émotions. Mais tu n'as que… Quoi, 15 ans ? C'est normal d'avoir du mal alors que tu es encore en pleine adolescence. »

Je croisais son regard et il m’offrit un sourire amusé avant de me bousculer doucement de l’épaule. Tout naturellement, je souris à mon tour.

« Hey ! » soufflais-je, amusée.
« Continue d'écouter ton loup, ne l'écrase pas. » reprit-il, sérieusement. « Mais apprends aussi à lui montrer que c'est toi la patronne. C'est toi qui décides quand tu peux te battre ou non ! »

Il se pencha vers moi, comme s’apprêtant à me faire une confidence.

« Un conseil, fais ça quand il n'y a personne, et pense à te trouver un alibi. »

A nouveau, je fronçais les sourcils, surprise par ses paroles, avant de le voir m’adresser un clin d’œil puis d’éclater de rire.

« Nom d’une chouette effraie, Bleddyn Iceni ! » soufflais-je en riant à mon tour. « Et arrête de faire le vieux sage. »

Je pointais un doigt sur sa poitrine, essayant de le bousculer à mon tour mais il bougea à peine.

« Tu n’as que trois ans de plus que moi et tu parles comme si tu en avais 50. »

Je secouais la tête, amusée, croisant son regard. C’était vrai : j’avais fêté mes 16 ans le mois dernier et il allait sur ses 19. Nous n’avions pas tant d’écart que ça mais il était vrai qu’avec sa musculature et sa façon de parler, il faisait plus âgé que moi. Une personne qui ne le connaissait pas ou peu pouvait facilement lui donner 25 ans. De mon côté, avec mon immaturité et ma susceptibilité, on disait facilement que je n’étais encore qu’une gamine de 14 ans. Mais le professeur Chastang hier m’avait encore fait remarquer à quel point j’avais changé. J’avais roulé des yeux, disant que je savais que ma récente transformation faisait que j’avais de temps en temps des yeux plus ambrés.

« Non, je ne parlais pas de ça. » avait-il dit, un sourire énigmatique aux lèvres. « Je parlais de toi, de ton caractère, en général. Tu es différente. Plus posée, plus à l’écoute, plus … tranquille. »

Il avait relevé la tête vers moi.

« Tu apprends à devenir la personne que tu seras plus tard. Et tu vas être une personne incroyable, Victoria. »

J’avais souri, le remerciant, même si je n’avais pas tout compris ce qu’il avait voulu dire par là. J’imaginais que je le saurai plus tard.

« Au faites, en parlant d’âge … Accio ! »

Je pointais ma baguette en direction du château et lançais un regard intriguant à Bleddyn.

« Il se peut qu’Accalia m’ait dit que c’était bientôt ton anniversaire … Et il se peut que j’ai entendu le professeur Chastang te souhaiter un bon anniversaire en avance … »

Une petite boite arriva de par la porte d’entrée, bousculant une élève de Serdaigle qui pesta. Je réceptionnais la boîte, soudain un peu nerveuse. Est-ce que ça allait lui plaire ? C’était peut-être pas assez ? C’était même ridicule. Mais à présent que j’avais commencé à lui en parler, je devais aller jusqu’au bout. Je lui tendis la boîte, emballée assez grossièrement dans du papier cadeau orange.

« En rapport avec votre couleur de cheveux. » dis-je en désignant le papier cadeau. « Ce n’est pas grand-chose … juste … comme tu as été vraiment gentil et patient avec moi … et il se trouve que c’est par hasard que je l’ai vu dans une vitrine de Pré-au-Lard, donc vraiment, c’est rien du tout. Tu peux même le jeter si tu n’aimes pas, je ne t’en voudrais pas … »

Et voilà que mes bavardages reprenaient alors que ma nervosité était à son comble. Bleddyn avait ouvert la boîte : un bracelet à breloques trônait à l’intérieur. Il le souleva et je me dépêchais de fournir des explications.

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« J’ai essayé de retrouver tout ce qui se rapportait à la religion irlandaise comme la triquetra, ou là, la corneille de la déesse Macha. Ça c’est une épée par rapport à ton rôle dans l’armée, et là c’est un loup … et j’ai mis ça, c’est la maison des Poufsouffle … pour … moi. »

Je me mordis la lèvre, peu sûre de la prétention dont j’avais fait preuve en choisissant cette breloque. Je voulais un truc personnel, pour bien lui signifier à quel point il avait été important dans ma morsure. Il avait tout fait pour prendre soin de moi et s’assurer que je sois bien, en sécurité. Je voulais qu’il le sache en y mettant un truc personnel.

« Ah et celui-ci … » dis-je en pointant du doigt la pierre verte. « … c’est une pierre. J’y ai jeté quelques sortilèges. Si quelqu’un a besoin de ton aide, il n’aura qu’à serrer fort ses jumelles. »

Je désignais au fond de la boîte quatre autres pierres exactement identiques.

I shot for the sky, I'm stuck on the ground S-l1200

« Ce sont des pierres qui communiquent entre elles. Elles permettent d’envoyer des cours messages instantanément. Et si tu la serres fort comme ceci … »

Je pris l’une des pierres au creux de ma main. Aussitôt la pierre du bracelet de Bleddyn s’illumina de toute sa lumière verte. D’une élégante écriture dorée était apparue le nom Victoria Prewett.

« … le nom de celui qui a besoin de toi apparaîtra aussitôt. »

Je haussais les épaules en reposant la pierre dans sa boîte.

« Ce n’est pas grand-chose comme je t’ai dit, mais je voulais essayer de t’offrir quelque chose. »

C’était grâce au professeur Chastang que j’avais pu mettre en place ces sortilèges. Les pierres étaient toutes reliées à celles de Bleddyn et cela avait demandé pas mal d’entraînement avant que les enchantements ne tiennent de manière permanente.

« Merci, pour tout ce que tu fais pour moi. » dis-je en refermant sa main sur le bracelet.

Mon regard croisa le sien afin qu’il y lise à quel point j’étais sincère. Je ne voulais pas qu’il me voit pas un boulet qu’il allait devoir se traîner toute sa vie. Il n’avait pas besoin de ça. Il avait déjà bien assez de choses à gérer.

« Et … profite de demain pour penser un peu à toi. D’accord ? » 

@ Victoire

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Vicky Prewett

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