Même si tout semblait aller pour le mieux, j’aimais tout de même me retrouver là-bas. C’était, à vrai dire, un des seuls endroits où je pouvais jouer avec Reine sans attirer des regards agacés, me signifiant que je dérangeais mes camarades. Bien sûr, Reine ne jouait plus beaucoup désormais, mais je préférai faire semblant de ne rien voir et surtout, de ne pas compter les années. Elle qui passait toujours devant moi pour monter dans la Tour se retrouvait maintenant entre mes bras. Elle a toujours aimé être portée, de toute manière… Je voulais profiter de mon temps libre pour relire un début d’histoire griffonné sur un parchemin, en caressant son pelage gris. Sauf que cette fois, je n’étais pas seul. J’en ressenti de l’agacement en découvrant une jeune fille aux cheveux châtains, assise dans mon endroit favori, mon sanctuaire. Agacement qui se tarit soudainement lorsque je remarqua ses épaules tressauter, comme si elle… comme si elle pleurait. Mal à l’aise, je ne savais comment réagir : aller la voir ? Battre en retraite ? La deuxième option remportait ma préférence, mais Reine en décida autrement en poussant un miaulement pour m’inciter à la poser à terre. Et je me sentis instantanément rougir de honte. « Je voulais pas te déranger… » J’arrivais à peine à balbutier des excuses, en évitant le regard de la jeune fille. « … Est-ce que ça va ? » Je me mordis la lèvre inférieur, en me rendant compte de ma stupidité. Bien sûr que non, elle n’allait pas bien, elle était en train de pleurer ! Je fis une troisième tentative d’approche, totalement désespérée : « Est-ce que tu veux la caresser ? » Par Merlin, pourquoi mes joues devaient toujours devenir aussi brûlantes lorsque je croisais le regard d’une jolie fille, fusse-t-elle en pleine crise de larmes ? Reine toujours dans mes bras, je m’approchais en me demandant ce que j’étais bien en train d’essayer de faire. « Elle s’appelle Reine. Je l’ai depuis que j’ai cinq ans, et même si elle peut se montrer très hautaine, elle adore les papouilles. »
Do I dare ?