Victoria Prewett
Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:08, édité 2 fois
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Contexte
Do you know what your fate is ?
And are you trying to shake it ?
@ Victoire
Nous sommes le samedi 9 février 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Mais récemment son destin a été bouleversé par sa transformation en loup-garou fin janvier 2002.
Do you know what your fate is ?
And are you trying to shake it ?
Un froid hivernal s’était installé sur le domaine de Poudlard depuis quelques jours et tentait de s’infiltrer entre les murs du château. Heureusement, la salle commune des Poufsouffle jouissait de la chaleur des cuisines jute à côté et un feu brûlait toujours dans l’âtre. Ce n’était pas vraiment le cas dans les couloirs où la plupart des élèves se dépêchaient de se rentrer pour se trouver une salle plus chaude. Mais à cette heure-ci, bon nombre d’entre eux étaient allés profiter du village de Pré-au-Lard. Malgré le froid, malgré les couches de verglas, les sorciers et sorcières étaient toujours excités à l’idée d’aller se promener dans ce village sorcier pour profiter d’une bonne Bièraubeurre ou bien des produits de chez Zonko ou Honeydukes.
Arrêtée devant une fenêtre à moitié gelée, je regardais Shanna courir jusqu’au village. Je lui avais promis de la rejoindre d’ici une demi-heure, pressée comme elle était d’aller se mettre au chaud dans une de nos boutiques préférées.
Depuis ma transformation, Shanna ne cessait d’être aux petits soins avec moi et je lui en étais énormément reconnaissante. Cette transformation portait bien son nom. J’avais énormément changé. Je le sentais. Je le voyais. A mon reflet dans cette fenêtre gelée. A mes réactions quand Shanna s’excitait à l’idée de faire de la luge dehors. A mes pensées qui ne cessaient de tourner en boucle. Je savais que Bleddyn disait que je n’étais en rien responsable de la mort de cet homme. Mais son corps, étendu sur la neige, sans vie, avec une quantité de sang énorme …
Cette image me hantait. Tout comme le souvenir de cette Pleine Lune. J’avais eu mal. J’avais senti tous mes os craquer. Et puis, plus rien. Plus aucun souvenir de cette nuit. A part le réveil catastrophique.
La prochaine Pleine Lune était dans moins de deux semaines et j’appréhendais.
Vicky Prewett appréhendait. C’était une première !
Tout comme c’était une première pour moi de me retrouver seule dans ce couloir du 3ème étage à observer d’autres s’amuser. Ma main se posa sur la fenêtre. Autrefois, j’aurais senti le froid et j’aurais frissonné à ce contact. Là, j’avais la sensation d’avoir toujours chaud. Je ne frissonnais même plus. Mes sens avaient été décuplés eux aussi. Je sentais, j’entendais, je voyais tout mille fois mieux. C’était étrange, enivrant et en même temps inquiétant.
Du bruit sur ma droite me fit tourner la tête. C’était à l’autre bout du couloir et pourtant, j’entendais aussi bien que si j’avais été à côté. Un jeune homme était sorti de l’infirmerie et remerciait l’infirmière avant de prendre congé. Il se dirigeait vers moi. La démarche assurée, le dos bien droit, les cheveux d’un noir ébène lui donnant un air sombre.
Je le reconnus aussitôt lorsqu’il coinça une cigarette au coin de ses lèvres.
« Jared ? »
L’intéressé releva la tête vers moi et je fis quelques pas pour arriver à sa hauteur. Jared Parkinson. C’était un étudiant à présent. Un bel étudiant. Il avait changé. Je me souvenais encore de ce jeune homme, rabaissé par ses camarades de Serpentard, battu et parfois laissé souffrant dans les couloirs du château. Cela m’avait toujours mise en colère cette façon dont il était seul contre eux tous. Quel courage ! Quelle loyauté ! Je ne savais plus si je l’avais déjà aidé ou non. Peu importait à dire vrai. Il était un peu plus âgé que moi mais son visage m’avait toujours aidé agréable à regarder. Aujourd’hui encore plus sans doute. Il avait grandi, s’était allongé et avait sans doute pris du muscle. Mais il gardait toujours ce masque cynique, arrogant sur le visage, comme s’il détestait tout et tout le monde.
« Tu te souviens de moi ? » demandais-je avec un sourire. « Victoria. Vicky Prewett. »
Ca aussi, ça avait changé. Autrefois, je lui aurais certainement sauté dessus, a tournoyé autour de lui d’un air trop excité pour la plupart des gens. A présent, j’affichais plus une certaine réserve et mon sourire ne semblait pas naturel. Bleddyn disait que cela prendrait du temps pour que je me retrouve, moi, ma personnalité, mon caractère. Qui étais-je à présent ? Je devais prendre le temps de le découvrir.
« On s’est déjà croisé. » ajoutais-je en pointant l’infirmerie du doigt. « Tu étais venu faire un stage quand … tu sais … avec les Détraqueurs. »
Je haussais les épaules et poussais un soupir. Cette journée avait été une véritable épreuve pour chacun d’entre nous. Oscar Swan avait alors mis Shanna en sureté. Quant à moi …
« Enfin, ce ne sont pas des souvenirs très agréables. » repris-je en me forçant à rire. « Tu es venu demander un nouveau stage ? »
J’étais curieuse. Ça, ça n’avait pas changé. Il fallait dire aussi que Mme Pomfresh était une infirmière tellement speed et parfois un peu brusque, qu’avoir Jared comme infirmier me plaisait bien davantage.
« Ce serait fantastique de t’avoir à nouveau avec nous ! » m’enthousiasmais-je avec un sourire plus franc cette fois-ci.
Je regardais autour de nous. Comme je l’avais dit plus tôt, il n’y avait personne dans les couloirs. Tous étaient soit à Pré-au-Lard, soit dans des salles communes pour se réchauffer comme ils pouvaient. Jared n’était pas plus habillé que cela, tout comme moi. J’avais retiré mon uniforme de Poudlard pour porter des vêtements sorciers plus adaptés. Je sentais de toute manière à son odeur qu’il était comme moi. Un loup-garou. Ce n’était pas une surprise. Après ma transformation, j’avais rencontré Amadeus Parkinson, son père. Il avait été bon avec moi et m’avait aidé tout autant que Jared après cette nuit cauchemardesque.
« Je peux faire un bout de chemin avec toi ? Je dois rejoindre une amie à Pré-au-Lard ! »
Et, sans attendre de réponse, je commençais à marcher à ses côtés.
« Tu repars comment à l’UMS au faites ? Tu prends le Magicobus ? Comment c’est l’UMS au faites ? »
Au fur et à mesure que je parlais avec Jared, et que je retrouvais un brin de sociabilité, mon bagou reprenait le dessus : je posais toujours énormément de questions, curieuse et intéressée. A la différence d’avant, cependant, je ne trépignais pas d’impatience et je n’affichais pas tout plein d’émotions contraires sur mon visage comme si j’étais pressée de sauter du Niffleur au Botruc.
Je savais que papa me gronderait à coup sûr s’il savait que j’étais là. Je savais aussi que Billy me gronderait sans doute deux fois plus s’il l’apprenait lui aussi. Je n’étais jamais sortie seule d’Ecosse sans mon grand-frère. En faites, je n’étais jamais sortie seule.
Mais il fallait que je me rende sur le Chemin de Traverse.
J’avais donc emprunté comme la dernière fois le réseau de cheminette du Trois Balais. J’avais utilisé une potion de vieillissement qui s’était dissipée une demi-heure après. Voilà deux bonnes heures que je parcourais les rues sorcières de Londres, à la recherche de ce qu’il me fallait. Quand soudain, mon nez me picota.
Du sang.
Je déglutis. Les souvenirs de ma première Pleine Lune me revinrent aussitôt en mémoire. Le sang, partout autour de moi, alors que j’émergeais à peine. Mes tremblements, mes pleurs.
Mais là, c’était différent. J’essayais de me concentrer, m’appliquant à suivre les conseils de Bleddyn et des autres loups que j’avais rencontrés depuis ma transformation. Je me concentrais sur l’odeur et des bruits vinrent à mon oreille. On aurait dit qu’une bagarre avait dégénéré, dans une rue sans issue.
Je fis quelques pas dans la direction des bruits, guidée par mon instinct. Je sentais mon cœur battre et mes membres s’alourdirent, comme sentant qu’ils allaient agir d’un instant à l’autre. La deuxième Pleine Lune était encore dans une semaine mais je sentais déjà les effets aujourd’hui. Bleddyn disait que notre loup était toujours sensible aux nouvelles lunes. J’avais été longtemps fatiguée ces dernières semaines et mon corps avait été meurtrie par sa première transformation. Mais ma magie semblait crépiter de chacun de mes pores. Puissante et incontrôlable. Tout comme mon énergie. J’avais besoin de me dépenser.
J’arrivais au bout du chemin de Traverse, un panneau indiquait l’Allée des Embrumes. Tout de suite, une atmosphère sombre sembla émaner autour de moi lorsque je posais un pas à l’intérieur de cette rue. Mes sens étaient tous en alerte et d’instinct je sortis ma baguette. Pourtant, je ne pouvais pas me servir de ma magie en dehors de Poudlard. Et si je voulais à tout prix être discrète pour mon père, je ne devais pas attirer l’attention. Mais, arrivée dans une rue perpendiculaire à l’Allée des Embrumes, je ne pouvais pas tourner les talons face à ce que j’avais.
Quatre garçons se battaient. Du sang avait déjà éclaboussé le pavé sous leurs pieds. Une poubelle avait été renversée et un Fléreur passa entre mes jambes, impatient de s’éloigner de ce grabuge. En y regardant mieux, je remarquais qu’un des garçons avait les poings liés à un crochet enfoncé dans le mur, de telle sorte qu’il ne pouvait plus se servir de ses mains. Un garçon s’acharnait à lui enfoncer ses poings dans les côtes tandis qu’un autre lui crachait au visage. Le troisième riait, essuyant le sang sur son nez.
« Hey ! » lançais-je.
Le garçon qui frappait s’arrêta dans son mouvement et tous tournèrent la tête vers moi. Je sentis mes jambes flageoler. Qu’est-ce que je venais de faire ? Pourquoi est-ce que je m’en mêlais au juste ? Des bagarres, il y en avait tous les jours. Et je ne pouvais pas les empêcher. Je n’étais même pas en droit d’utiliser la magie. Je n’étais même pas autorisée à me trouver ici. Alors, sérieusement, qu’est-ce que je faisais ?
Mais le visage de celui qui était attaché m’était familier. Au moment-même où j’étais arrivée dans cette rue sans issue, je l’avais reconnu. M’avait-il reconnu lui aussi ? Il n’en montra rien car, à peine quelques secondes après avoir attiré l’attention sur moi, il se détacha aussitôt. Comment avait-il fait ? Je l’ignorais. Il avait juste semblé attendre le bon moment pour riposter. Et son poing s’abattit violemment sur le crâne de celui qui lui donnait les coups quelques instants plus tôt.
Je déglutis. Ma tête me criait de fuir et de laisser les garçons régler ça entre eux. Mais mon instinct … mon instinct me guidait autrement. Je sentais la tension de la Lune affluer en moi, me pousser à agir. Et c’est ce que je fis.
Mes pieds se mirent en mouvement et je pris de l’élan avant d’asséner un coup de pied au garçon qui riait. Je fus moi-même surprise par ma force quand il s’écrasa contre le mur du fond avec un bruit sourd. Je grimaçais, inquiète d’avoir causé de profondes blessures. Mais quelque chose siffla près de mon oreille et mon loup m’incita à me retourner. Le garçon qui donnait des coups à Jared auparavant m’avait saisi à la gorge et me poussa en arrière. Je tombais lourdement au sol et lâchais un soupir. Aïe. Je me protégeais aussitôt alors que des éclats de bois explosaient à l’aide d’un sort. Je me relevais comme je pus et me baissais juste à temps pour éviter un coup de poing de Jared. Mais, pour l’aider, j’attrapais le garçon qui lui donnait du fil à retordre et le poussais contre le mur contre lequel il s’assomma, et ne se releva pas.
« Est-ce que ça va ? » demandais-je à Jared alors que les trois garçons étaient à terre et n’osaient pas se relever.
J’essuyais de la boue (à moins que ce n’était du sang ?) sur ma lèvre. Jared n’était pas au meilleur de sa forme et son état me ramena aussitôt plusieurs années en arrière. Sauf que cette fois-ci, Jared avait rendu les coups. Il s’était battu et avait été incroyablement fort.
Mon cœur tambourinait encore dans ma poitrine avec l’adrénaline que cette bagarre avait généré. Merlin, si Billy ou Edmund apprenait que je m’étais battue, que diraient-ils ? Mais aussitôt une autre pensée vint m’alerter.
« Ma baguette ! »
Je me pensais au sol alors que je la retrouvais à moitié derrière le couvercle de la poubelle. Elle était cassée. J’étouffais un cri de stupeur.
« Oh non, mon père va me tuer … »
C’était la troisième qu’il m’achetait depuis mes débuts à Poudlard. Je n’étais guère soigneuse avec ma baguette, je devais l’avouer, mais là, s’il fallait que je lui explique comment elle s’était cassée, j’étais vraiment dans le caca d’Hippogriffe ...
Arrêtée devant une fenêtre à moitié gelée, je regardais Shanna courir jusqu’au village. Je lui avais promis de la rejoindre d’ici une demi-heure, pressée comme elle était d’aller se mettre au chaud dans une de nos boutiques préférées.
Depuis ma transformation, Shanna ne cessait d’être aux petits soins avec moi et je lui en étais énormément reconnaissante. Cette transformation portait bien son nom. J’avais énormément changé. Je le sentais. Je le voyais. A mon reflet dans cette fenêtre gelée. A mes réactions quand Shanna s’excitait à l’idée de faire de la luge dehors. A mes pensées qui ne cessaient de tourner en boucle. Je savais que Bleddyn disait que je n’étais en rien responsable de la mort de cet homme. Mais son corps, étendu sur la neige, sans vie, avec une quantité de sang énorme …
Cette image me hantait. Tout comme le souvenir de cette Pleine Lune. J’avais eu mal. J’avais senti tous mes os craquer. Et puis, plus rien. Plus aucun souvenir de cette nuit. A part le réveil catastrophique.
La prochaine Pleine Lune était dans moins de deux semaines et j’appréhendais.
Vicky Prewett appréhendait. C’était une première !
Tout comme c’était une première pour moi de me retrouver seule dans ce couloir du 3ème étage à observer d’autres s’amuser. Ma main se posa sur la fenêtre. Autrefois, j’aurais senti le froid et j’aurais frissonné à ce contact. Là, j’avais la sensation d’avoir toujours chaud. Je ne frissonnais même plus. Mes sens avaient été décuplés eux aussi. Je sentais, j’entendais, je voyais tout mille fois mieux. C’était étrange, enivrant et en même temps inquiétant.
Du bruit sur ma droite me fit tourner la tête. C’était à l’autre bout du couloir et pourtant, j’entendais aussi bien que si j’avais été à côté. Un jeune homme était sorti de l’infirmerie et remerciait l’infirmière avant de prendre congé. Il se dirigeait vers moi. La démarche assurée, le dos bien droit, les cheveux d’un noir ébène lui donnant un air sombre.
Je le reconnus aussitôt lorsqu’il coinça une cigarette au coin de ses lèvres.
« Jared ? »
L’intéressé releva la tête vers moi et je fis quelques pas pour arriver à sa hauteur. Jared Parkinson. C’était un étudiant à présent. Un bel étudiant. Il avait changé. Je me souvenais encore de ce jeune homme, rabaissé par ses camarades de Serpentard, battu et parfois laissé souffrant dans les couloirs du château. Cela m’avait toujours mise en colère cette façon dont il était seul contre eux tous. Quel courage ! Quelle loyauté ! Je ne savais plus si je l’avais déjà aidé ou non. Peu importait à dire vrai. Il était un peu plus âgé que moi mais son visage m’avait toujours aidé agréable à regarder. Aujourd’hui encore plus sans doute. Il avait grandi, s’était allongé et avait sans doute pris du muscle. Mais il gardait toujours ce masque cynique, arrogant sur le visage, comme s’il détestait tout et tout le monde.
« Tu te souviens de moi ? » demandais-je avec un sourire. « Victoria. Vicky Prewett. »
Ca aussi, ça avait changé. Autrefois, je lui aurais certainement sauté dessus, a tournoyé autour de lui d’un air trop excité pour la plupart des gens. A présent, j’affichais plus une certaine réserve et mon sourire ne semblait pas naturel. Bleddyn disait que cela prendrait du temps pour que je me retrouve, moi, ma personnalité, mon caractère. Qui étais-je à présent ? Je devais prendre le temps de le découvrir.
« On s’est déjà croisé. » ajoutais-je en pointant l’infirmerie du doigt. « Tu étais venu faire un stage quand … tu sais … avec les Détraqueurs. »
Je haussais les épaules et poussais un soupir. Cette journée avait été une véritable épreuve pour chacun d’entre nous. Oscar Swan avait alors mis Shanna en sureté. Quant à moi …
« Enfin, ce ne sont pas des souvenirs très agréables. » repris-je en me forçant à rire. « Tu es venu demander un nouveau stage ? »
J’étais curieuse. Ça, ça n’avait pas changé. Il fallait dire aussi que Mme Pomfresh était une infirmière tellement speed et parfois un peu brusque, qu’avoir Jared comme infirmier me plaisait bien davantage.
« Ce serait fantastique de t’avoir à nouveau avec nous ! » m’enthousiasmais-je avec un sourire plus franc cette fois-ci.
Je regardais autour de nous. Comme je l’avais dit plus tôt, il n’y avait personne dans les couloirs. Tous étaient soit à Pré-au-Lard, soit dans des salles communes pour se réchauffer comme ils pouvaient. Jared n’était pas plus habillé que cela, tout comme moi. J’avais retiré mon uniforme de Poudlard pour porter des vêtements sorciers plus adaptés. Je sentais de toute manière à son odeur qu’il était comme moi. Un loup-garou. Ce n’était pas une surprise. Après ma transformation, j’avais rencontré Amadeus Parkinson, son père. Il avait été bon avec moi et m’avait aidé tout autant que Jared après cette nuit cauchemardesque.
« Je peux faire un bout de chemin avec toi ? Je dois rejoindre une amie à Pré-au-Lard ! »
Et, sans attendre de réponse, je commençais à marcher à ses côtés.
« Tu repars comment à l’UMS au faites ? Tu prends le Magicobus ? Comment c’est l’UMS au faites ? »
Au fur et à mesure que je parlais avec Jared, et que je retrouvais un brin de sociabilité, mon bagou reprenait le dessus : je posais toujours énormément de questions, curieuse et intéressée. A la différence d’avant, cependant, je ne trépignais pas d’impatience et je n’affichais pas tout plein d’émotions contraires sur mon visage comme si j’étais pressée de sauter du Niffleur au Botruc.
❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆ Samedi 16 février 2002 ❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆
Je savais que papa me gronderait à coup sûr s’il savait que j’étais là. Je savais aussi que Billy me gronderait sans doute deux fois plus s’il l’apprenait lui aussi. Je n’étais jamais sortie seule d’Ecosse sans mon grand-frère. En faites, je n’étais jamais sortie seule.
Mais il fallait que je me rende sur le Chemin de Traverse.
J’avais donc emprunté comme la dernière fois le réseau de cheminette du Trois Balais. J’avais utilisé une potion de vieillissement qui s’était dissipée une demi-heure après. Voilà deux bonnes heures que je parcourais les rues sorcières de Londres, à la recherche de ce qu’il me fallait. Quand soudain, mon nez me picota.
Du sang.
Je déglutis. Les souvenirs de ma première Pleine Lune me revinrent aussitôt en mémoire. Le sang, partout autour de moi, alors que j’émergeais à peine. Mes tremblements, mes pleurs.
Mais là, c’était différent. J’essayais de me concentrer, m’appliquant à suivre les conseils de Bleddyn et des autres loups que j’avais rencontrés depuis ma transformation. Je me concentrais sur l’odeur et des bruits vinrent à mon oreille. On aurait dit qu’une bagarre avait dégénéré, dans une rue sans issue.
Je fis quelques pas dans la direction des bruits, guidée par mon instinct. Je sentais mon cœur battre et mes membres s’alourdirent, comme sentant qu’ils allaient agir d’un instant à l’autre. La deuxième Pleine Lune était encore dans une semaine mais je sentais déjà les effets aujourd’hui. Bleddyn disait que notre loup était toujours sensible aux nouvelles lunes. J’avais été longtemps fatiguée ces dernières semaines et mon corps avait été meurtrie par sa première transformation. Mais ma magie semblait crépiter de chacun de mes pores. Puissante et incontrôlable. Tout comme mon énergie. J’avais besoin de me dépenser.
J’arrivais au bout du chemin de Traverse, un panneau indiquait l’Allée des Embrumes. Tout de suite, une atmosphère sombre sembla émaner autour de moi lorsque je posais un pas à l’intérieur de cette rue. Mes sens étaient tous en alerte et d’instinct je sortis ma baguette. Pourtant, je ne pouvais pas me servir de ma magie en dehors de Poudlard. Et si je voulais à tout prix être discrète pour mon père, je ne devais pas attirer l’attention. Mais, arrivée dans une rue perpendiculaire à l’Allée des Embrumes, je ne pouvais pas tourner les talons face à ce que j’avais.
Quatre garçons se battaient. Du sang avait déjà éclaboussé le pavé sous leurs pieds. Une poubelle avait été renversée et un Fléreur passa entre mes jambes, impatient de s’éloigner de ce grabuge. En y regardant mieux, je remarquais qu’un des garçons avait les poings liés à un crochet enfoncé dans le mur, de telle sorte qu’il ne pouvait plus se servir de ses mains. Un garçon s’acharnait à lui enfoncer ses poings dans les côtes tandis qu’un autre lui crachait au visage. Le troisième riait, essuyant le sang sur son nez.
« Hey ! » lançais-je.
Le garçon qui frappait s’arrêta dans son mouvement et tous tournèrent la tête vers moi. Je sentis mes jambes flageoler. Qu’est-ce que je venais de faire ? Pourquoi est-ce que je m’en mêlais au juste ? Des bagarres, il y en avait tous les jours. Et je ne pouvais pas les empêcher. Je n’étais même pas en droit d’utiliser la magie. Je n’étais même pas autorisée à me trouver ici. Alors, sérieusement, qu’est-ce que je faisais ?
Mais le visage de celui qui était attaché m’était familier. Au moment-même où j’étais arrivée dans cette rue sans issue, je l’avais reconnu. M’avait-il reconnu lui aussi ? Il n’en montra rien car, à peine quelques secondes après avoir attiré l’attention sur moi, il se détacha aussitôt. Comment avait-il fait ? Je l’ignorais. Il avait juste semblé attendre le bon moment pour riposter. Et son poing s’abattit violemment sur le crâne de celui qui lui donnait les coups quelques instants plus tôt.
Je déglutis. Ma tête me criait de fuir et de laisser les garçons régler ça entre eux. Mais mon instinct … mon instinct me guidait autrement. Je sentais la tension de la Lune affluer en moi, me pousser à agir. Et c’est ce que je fis.
Mes pieds se mirent en mouvement et je pris de l’élan avant d’asséner un coup de pied au garçon qui riait. Je fus moi-même surprise par ma force quand il s’écrasa contre le mur du fond avec un bruit sourd. Je grimaçais, inquiète d’avoir causé de profondes blessures. Mais quelque chose siffla près de mon oreille et mon loup m’incita à me retourner. Le garçon qui donnait des coups à Jared auparavant m’avait saisi à la gorge et me poussa en arrière. Je tombais lourdement au sol et lâchais un soupir. Aïe. Je me protégeais aussitôt alors que des éclats de bois explosaient à l’aide d’un sort. Je me relevais comme je pus et me baissais juste à temps pour éviter un coup de poing de Jared. Mais, pour l’aider, j’attrapais le garçon qui lui donnait du fil à retordre et le poussais contre le mur contre lequel il s’assomma, et ne se releva pas.
« Est-ce que ça va ? » demandais-je à Jared alors que les trois garçons étaient à terre et n’osaient pas se relever.
J’essuyais de la boue (à moins que ce n’était du sang ?) sur ma lèvre. Jared n’était pas au meilleur de sa forme et son état me ramena aussitôt plusieurs années en arrière. Sauf que cette fois-ci, Jared avait rendu les coups. Il s’était battu et avait été incroyablement fort.
Mon cœur tambourinait encore dans ma poitrine avec l’adrénaline que cette bagarre avait généré. Merlin, si Billy ou Edmund apprenait que je m’étais battue, que diraient-ils ? Mais aussitôt une autre pensée vint m’alerter.
« Ma baguette ! »
Je me pensais au sol alors que je la retrouvais à moitié derrière le couvercle de la poubelle. Elle était cassée. J’étouffais un cri de stupeur.
« Oh non, mon père va me tuer … »
C’était la troisième qu’il m’achetait depuis mes débuts à Poudlard. Je n’étais guère soigneuse avec ma baguette, je devais l’avouer, mais là, s’il fallait que je lui explique comment elle s’était cassée, j’étais vraiment dans le caca d’Hippogriffe ...
@ Victoire
Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:08, édité 2 fois
Vicky Prewett