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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 9 février 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Mais récemment son destin a été bouleversé par sa transformation en loup-garou fin janvier 2002.

Do you know what your fate is ?
And are you trying to shake it ?
Un froid hivernal s’était installé sur le domaine de Poudlard depuis quelques jours et tentait de s’infiltrer entre les murs du château. Heureusement, la salle commune des Poufsouffle jouissait de la chaleur des cuisines jute à côté et un feu brûlait toujours dans l’âtre. Ce n’était pas vraiment le cas dans les couloirs où la plupart des élèves se dépêchaient de se rentrer pour se trouver une salle plus chaude. Mais à cette heure-ci, bon nombre d’entre eux étaient allés profiter du village de Pré-au-Lard. Malgré le froid, malgré les couches de verglas, les sorciers et sorcières étaient toujours excités à l’idée d’aller se promener dans ce village sorcier pour profiter d’une bonne Bièraubeurre ou bien des produits de chez Zonko ou Honeydukes.

Arrêtée devant une fenêtre à moitié gelée, je regardais Shanna courir jusqu’au village. Je lui avais promis de la rejoindre d’ici une demi-heure, pressée comme elle était d’aller se mettre au chaud dans une de nos boutiques préférées.

Depuis ma transformation, Shanna ne cessait d’être aux petits soins avec moi et je lui en étais énormément reconnaissante. Cette transformation portait bien son nom. J’avais énormément changé. Je le sentais. Je le voyais. A mon reflet dans cette fenêtre gelée. A mes réactions quand Shanna s’excitait à l’idée de faire de la luge dehors. A mes pensées qui ne cessaient de tourner en boucle. Je savais que Bleddyn disait que je n’étais en rien responsable de la mort de cet homme. Mais son corps, étendu sur la neige, sans vie, avec une quantité de sang énorme …

Cette image me hantait. Tout comme le souvenir de cette Pleine Lune. J’avais eu mal. J’avais senti tous mes os craquer. Et puis, plus rien. Plus aucun souvenir de cette nuit. A part le réveil catastrophique.

La prochaine Pleine Lune était dans moins de deux semaines et j’appréhendais.

Vicky Prewett appréhendait. C’était une première !

Tout comme c’était une première pour moi de me retrouver seule dans ce couloir du 3ème étage à observer d’autres s’amuser. Ma main se posa sur la fenêtre. Autrefois, j’aurais senti le froid et j’aurais frissonné à ce contact. Là, j’avais la sensation d’avoir toujours chaud. Je ne frissonnais même plus. Mes sens avaient été décuplés eux aussi. Je sentais, j’entendais, je voyais tout mille fois mieux. C’était étrange, enivrant et en même temps inquiétant.

Du bruit sur ma droite me fit tourner la tête. C’était à l’autre bout du couloir et pourtant, j’entendais aussi bien que si j’avais été à côté. Un jeune homme était sorti de l’infirmerie et remerciait l’infirmière avant de prendre congé. Il se dirigeait vers moi. La démarche assurée, le dos bien droit, les cheveux d’un noir ébène lui donnant un air sombre.

Je le reconnus aussitôt lorsqu’il coinça une cigarette au coin de ses lèvres.

« Jared ? »

L’intéressé releva la tête vers moi et je fis quelques pas pour arriver à sa hauteur. Jared Parkinson. C’était un étudiant à présent. Un bel étudiant. Il avait changé. Je me souvenais encore de ce jeune homme, rabaissé par ses camarades de Serpentard, battu et parfois laissé souffrant dans les couloirs du château. Cela m’avait toujours mise en colère cette façon dont il était seul contre eux tous. Quel courage ! Quelle loyauté ! Je ne savais plus si je l’avais déjà aidé ou non. Peu importait à dire vrai. Il était un peu plus âgé que moi mais son visage m’avait toujours aidé agréable à regarder. Aujourd’hui encore plus sans doute. Il avait grandi, s’était allongé et avait sans doute pris du muscle. Mais il gardait toujours ce masque cynique, arrogant sur le visage, comme s’il détestait tout et tout le monde.

« Tu te souviens de moi ? » demandais-je avec un sourire. « Victoria. Vicky Prewett. »

Ca aussi, ça avait changé. Autrefois, je lui aurais certainement sauté dessus, a tournoyé autour de lui d’un air trop excité pour la plupart des gens. A présent, j’affichais plus une certaine réserve et mon sourire ne semblait pas naturel. Bleddyn disait que cela prendrait du temps pour que je me retrouve, moi, ma personnalité, mon caractère. Qui étais-je à présent ? Je devais prendre le temps de le découvrir.

« On s’est déjà croisé. » ajoutais-je en pointant l’infirmerie du doigt. « Tu étais venu faire un stage quand … tu sais … avec les Détraqueurs. »

Je haussais les épaules et poussais un soupir. Cette journée avait été une véritable épreuve pour chacun d’entre nous. Oscar Swan avait alors mis Shanna en sureté. Quant à moi …

« Enfin, ce ne sont pas des souvenirs très agréables. » repris-je en me forçant à rire. « Tu es venu demander un nouveau stage ? »

J’étais curieuse. Ça, ça n’avait pas changé. Il fallait dire aussi que Mme Pomfresh était une infirmière tellement speed et parfois un peu brusque, qu’avoir Jared comme infirmier me plaisait bien davantage.

« Ce serait fantastique de t’avoir à nouveau avec nous ! » m’enthousiasmais-je avec un sourire plus franc cette fois-ci.

Je regardais autour de nous. Comme je l’avais dit plus tôt, il n’y avait personne dans les couloirs. Tous étaient soit à Pré-au-Lard, soit dans des salles communes pour se réchauffer comme ils pouvaient. Jared n’était pas plus habillé que cela, tout comme moi. J’avais retiré mon uniforme de Poudlard pour porter des vêtements sorciers plus adaptés. Je sentais de toute manière à son odeur qu’il était comme moi. Un loup-garou. Ce n’était pas une surprise. Après ma transformation, j’avais rencontré Amadeus Parkinson, son père. Il avait été bon avec moi et m’avait aidé tout autant que Jared après cette nuit cauchemardesque.

« Je peux faire un bout de chemin avec toi ? Je dois rejoindre une amie à Pré-au-Lard ! »

Et, sans attendre de réponse, je commençais à marcher à ses côtés.

« Tu repars comment à l’UMS au faites ? Tu prends le Magicobus ? Comment c’est l’UMS au faites ? »

Au fur et à mesure que je parlais avec Jared, et que je retrouvais un brin de sociabilité, mon bagou reprenait le dessus : je posais toujours énormément de questions, curieuse et intéressée. A la différence d’avant, cependant, je ne trépignais pas d’impatience et je n’affichais pas tout plein d’émotions contraires sur mon visage comme si j’étais pressée de sauter du Niffleur au Botruc.

❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆ Samedi 16 février 2002 ❆❆❆❆❆❆❆❆❆❆

Je savais que papa me gronderait à coup sûr s’il savait que j’étais là. Je savais aussi que Billy me gronderait sans doute deux fois plus s’il l’apprenait lui aussi. Je n’étais jamais sortie seule d’Ecosse sans mon grand-frère. En faites, je n’étais jamais sortie seule.

Mais il fallait que je me rende sur le Chemin de Traverse.

J’avais donc emprunté comme la dernière fois le réseau de cheminette du Trois Balais. J’avais utilisé une potion de vieillissement qui s’était dissipée une demi-heure après. Voilà deux bonnes heures que je parcourais les rues sorcières de Londres, à la recherche de ce qu’il me fallait. Quand soudain, mon nez me picota.

Du sang.

Je déglutis. Les souvenirs de ma première Pleine Lune me revinrent aussitôt en mémoire. Le sang, partout autour de moi, alors que j’émergeais à peine. Mes tremblements, mes pleurs.

Mais là, c’était différent. J’essayais de me concentrer, m’appliquant à suivre les conseils de Bleddyn et des autres loups que j’avais rencontrés depuis ma transformation. Je me concentrais sur l’odeur et des bruits vinrent à mon oreille. On aurait dit qu’une bagarre avait dégénéré, dans une rue sans issue.

Je fis quelques pas dans la direction des bruits, guidée par mon instinct. Je sentais mon cœur battre et mes membres s’alourdirent, comme sentant qu’ils allaient agir d’un instant à l’autre. La deuxième Pleine Lune était encore dans une semaine mais je sentais déjà les effets aujourd’hui. Bleddyn disait que notre loup était toujours sensible aux nouvelles lunes. J’avais été longtemps fatiguée ces dernières semaines et mon corps avait été meurtrie par sa première transformation. Mais ma magie semblait crépiter de chacun de mes pores. Puissante et incontrôlable. Tout comme mon énergie. J’avais besoin de me dépenser.

J’arrivais au bout du chemin de Traverse, un panneau indiquait l’Allée des Embrumes. Tout de suite, une atmosphère sombre sembla émaner autour de moi lorsque je posais un pas à l’intérieur de cette rue. Mes sens étaient tous en alerte et d’instinct je sortis ma baguette. Pourtant, je ne pouvais pas me servir de ma magie en dehors de Poudlard. Et si je voulais à tout prix être discrète pour mon père, je ne devais pas attirer l’attention. Mais, arrivée dans une rue perpendiculaire à l’Allée des Embrumes, je ne pouvais pas tourner les talons face à ce que j’avais.

Quatre garçons se battaient. Du sang avait déjà éclaboussé le pavé sous leurs pieds. Une poubelle avait été renversée et un Fléreur passa entre mes jambes, impatient de s’éloigner de ce grabuge. En y regardant mieux, je remarquais qu’un des garçons avait les poings liés à un crochet enfoncé dans le mur, de telle sorte qu’il ne pouvait plus se servir de ses mains. Un garçon s’acharnait à lui enfoncer ses poings dans les côtes tandis qu’un autre lui crachait au visage. Le troisième riait, essuyant le sang sur son nez.

« Hey ! » lançais-je.

Le garçon qui frappait s’arrêta dans son mouvement et tous tournèrent la tête vers moi. Je sentis mes jambes flageoler. Qu’est-ce que je venais de faire ? Pourquoi est-ce que je m’en mêlais au juste ? Des bagarres, il y en avait tous les jours. Et je ne pouvais pas les empêcher. Je n’étais même pas en droit d’utiliser la magie. Je n’étais même pas autorisée à me trouver ici. Alors, sérieusement, qu’est-ce que je faisais ?

Mais le visage de celui qui était attaché m’était familier. Au moment-même où j’étais arrivée dans cette rue sans issue, je l’avais reconnu. M’avait-il reconnu lui aussi ? Il n’en montra rien car, à peine quelques secondes après avoir attiré l’attention sur moi, il se détacha aussitôt. Comment avait-il fait ? Je l’ignorais. Il avait juste semblé attendre le bon moment pour riposter. Et son poing s’abattit violemment sur le crâne de celui qui lui donnait les coups quelques instants plus tôt.

Je déglutis. Ma tête me criait de fuir et de laisser les garçons régler ça entre eux. Mais mon instinct … mon instinct me guidait autrement. Je sentais la tension de la Lune affluer en moi, me pousser à agir. Et c’est ce que je fis.

Mes pieds se mirent en mouvement et je pris de l’élan avant d’asséner un coup de pied au garçon qui riait. Je fus moi-même surprise par ma force quand il s’écrasa contre le mur du fond avec un bruit sourd. Je grimaçais, inquiète d’avoir causé de profondes blessures. Mais quelque chose siffla près de mon oreille et mon loup m’incita à me retourner. Le garçon qui donnait des coups à Jared auparavant m’avait saisi à la gorge et me poussa en arrière. Je tombais lourdement au sol et lâchais un soupir. Aïe. Je me protégeais aussitôt alors que des éclats de bois explosaient à l’aide d’un sort. Je me relevais comme je pus et me baissais juste à temps pour éviter un coup de poing de Jared. Mais, pour l’aider, j’attrapais le garçon qui lui donnait du fil à retordre et le poussais contre le mur contre lequel il s’assomma, et ne se releva pas.

« Est-ce que ça va ? » demandais-je à Jared alors que les trois garçons étaient à terre et n’osaient pas se relever.

J’essuyais de la boue (à moins que ce n’était du sang ?) sur ma lèvre. Jared n’était pas au meilleur de sa forme et son état me ramena aussitôt plusieurs années en arrière. Sauf que cette fois-ci, Jared avait rendu les coups. Il s’était battu et avait été incroyablement fort.

Mon cœur tambourinait encore dans ma poitrine avec l’adrénaline que cette bagarre avait généré. Merlin, si Billy ou Edmund apprenait que je m’étais battue, que diraient-ils ? Mais aussitôt une autre pensée vint m’alerter.

« Ma baguette ! »

Je me pensais au sol alors que je la retrouvais à moitié derrière le couvercle de la poubelle. Elle était cassée. J’étouffais un cri de stupeur.

« Oh non, mon père va me tuer … »

C’était la troisième qu’il m’achetait depuis mes débuts à Poudlard. Je n’étais guère soigneuse avec ma baguette, je devais l’avouer, mais là, s’il fallait que je lui explique comment elle s’était cassée, j’étais vraiment dans le caca d’Hippogriffe ...

@ Victoire


Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:08, édité 2 fois

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It's time to begin, isn't it ?

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Do you know what your fate is ?
And are you trying to shake it ?
Avec Victoria PrewettSamedi 9 février 2002

Comme d'habitude revenir à Poudlard est une épreuve pour moi, mais aujourd'hui beaucoup de choses sont différentes, aujourd'hui je ne suis plus seul. Je m'entraine avec son Altesse Bleddyn et je vois la différence par rapport à mon stage de décembre à l'infirmerie. Je suis stressé, mais j'essaye de gérer au mieux toutes les tensions, tous les sentiments qui me ravagent à chaque fois que je pense à cette école et ce que j'y ai subi. Chaque coin de couloir me rappelle un évènement vécus, un piège, une bagarre, j'ai comme l'impression de voir par empreinte des tâches de mon propre sang sur la pierre. Dans tous les virages je revois le visage de mes harceleurs, chaque rire me renvoi à ceux moqueurs de mes agresseurs. Mon loup est en alerte permanente et cela m'épuise. Mon cerveau est éprouvé par tous les souvenirs de douleurs que j'ai ici. Mais j'y fais face, on traite le mal par le mal. Je ne suis plus celui que j'étais à l'époque où j'étais à Serpentard. Je ne suis plus non plus le gars d'il y a 3 mois. Les rencontres peuvent faire ça, en me laissant aller, en faisant confiance, je progresse, ce n'est pas toujours évident, j'ai envie de tout envoyer chier une fois sur deux tout ça, mais je m'accroche désespérément.

Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour mes travaux que Pomfresh a supervisé durant mon dernier stage. Elle devait me les rendre annoté avec son expertise et ses impressions pour que j'y travaille dessus et puisse enfin rendre le rapport de stage à l'UMS. Évidemment mes notes lui ont énormément plus, je sais qu'elle m'apprécie, mais quand il s’agit de travail, elle est assez intransigeante et objective, alors je sais qu'elle ne me brosse pas dans le sens du poil par plaisir, son appréciation est sérieuse et importante pour mes futurs stages et projets. Bien qu'elle m'est annotée pas mal de chose pour valider ou appuyer mes propos, elle me fait tout un laïus à l'oral, m'affirme être toujours disponible pour moi au besoin, et je sais que cela va au delà de mon travail, je perçois dans son regard, le même que certaines fois où elle m'a soigné, qu'elle peut se montrer présente pour ça aussi, pour moi, mes problèmes. Je hoche la tête, gêné, mon regard et fuyant, je me confonds en remerciement avant de quitter l'infirmerie et rentrer enfin en ville. Ce château c'est vraiment à petite dose.

C'est qu'une fois en dehors de l'infirmerie que je ressens un stress immense et intense, il me retourne l'estomac, mon cœur se met à battre la chamade quand je sais que je vais devoir traverser tout le château et croiser des tas d'élèves allant au Pré-au-lard, précisément là où je dois me rendre pour pouvoir transplaner. Un vieux réflex se rappelle alors à moi, je fouille mes poches mais je ne trouve rien, j'ai pris pour habitude d'éviter de mettre à disposition aussi rapide de l'aconit, pour craquer le moins possible. Puis je réalise que j'ai mon sac de stage, celui là même où il y a des pochons de tabac et d'aconit, et ô miracle, des joints déjà roulés. J'amène la cigarette à mes lèvres comme le putain de toxico que je suis. A peine je l'allume et inhale deux bouffés que je sens les effets se déverser dans mon sang, puis aller vers mon cerveau. Je me déteste en cet instant, mais il n'y a rien de mieux que ça, que cette sensation d'apaisement. C'est comme si tous mes problèmes pouvaient s'envoler.

« Jared ? »

Putain. Je tourne la tête et vois une élève. Évidemment elle se dirige vers moi, je regarde quand même derrière moi pour être sûr qu'elle ne se trompe pas.

« Tu te souviens de moi ? Victoria. Vicky Prewett. »

Je la détaille des pieds à la tête. Oui elle me dit bien quelque chose, mais elle a changé, je veux dire, son odeur n'est plus la même, je suis très intrigué par le fait qu'elle sente le loup. Même si ça fait deux ans que je ne suis pas à Poudlard, je sais me souvenir des loups qu'il y avait, on était tous plus ou moins persécuté par les mêmes personnes, pardon, par LA même personne. Et nous allions une fois par mois dans un endroit dédié à nos transformations. Je ne l'aurai pas loupé.

« On s’est déjà croisé. » Je suis son doigt derrière nous, pointé vers l'infirmerie. « Tu étais venu faire un stage quand … tu sais … avec les Détraqueurs. »

Oh oui, oui voilà, c'était ça. Maintenant je me souviens d'elle, et maintenant j'en suis sûr, en décembre, elle n'avait pas cette odeur. Elle était d’ailleurs beaucoup plus déluré, agité, j'avais mis ça sur le compte de l'attaque, mais visiblement c'était sa personnalité. A présent elle semble plus... modéré, comme si elle jouait un rôle, et ça, ça me fait bien penser à une morsure récente de loup, et quelque chose me dérange fortement dans cette théorie. Je tire deux fois sur mon joint pour étouffer mon propre loup. Oui vraiment ça me dérange et j'ai envie de me casser rapidement. Je hoche la tête à la jeune femme pour lui dire que je me souviens et esquisse un pas pour me défaire de cette conversation, mais visiblement elle en décide autrement.

« Enfin, ce ne sont pas des souvenirs très agréables.
- Mmmmh !
- Tu es venu demander un nouveau stage ?
- Non. »
- Ce serait fantastique de t’avoir à nouveau avec nous !
- OK ! »

C'est bon, l’interrogatoire est finit, parce que j'ai pas que ça à foutre en fait.

« Bon je dois aller à Pré-au-lard.
- Je peux faire un bout de chemin avec toi ? Je dois rejoindre une amie à Pré-au-Lard ! »

Alors que je commende à prendre congés, elle me suit. Je me retiens de rouler des yeux, pire qu'un doxy dans un rideaux celle-là.

« Tu repars comment à l’UMS au faites ? Tu prends le Magicobus ? Comment c’est l’UMS au faites ?
- Jvais transplaner. C'est comme une université.»

Je suis assailli par des dizaines et des dizaines de questions venant d'elle, où je ne réponds pas ou seulement par monosyllabe, ce qui n'a pas l'air de la déranger, car elle continue encore et toujours. En fait je commence à me rendre compte que ce n'est pas une si mauvaise chose, car je traverse le château sans trop me préoccuper de ce et ceux qui nous entourent tellement elle me bourre le crâne. Ce qui m'est étrange c'est de parcourir cette école, le parc au côté d'une autre louve que mes sœurs. Je ne l'avais jamais fait avant. Nous arrivons très rapidement (mais encore pas assez) au Pré-au-lard, ma délivrance.

Je me retourne vers elle, je ne lui avais pas poser de question, elle avait fait le monologue toute seule, mais une question me brûlait la langue.

« Quand est-ce que c'est arrivé ? Ta morsure ?»

Le 28 janvier, mon cœur se serre, cela fait à peine quelques jours qu'elle se bat avec cette nouvelle nature. A peine 12 jours qu'elle est devenue cette créature. Je suis né avec ce gêne, mais elle a l'air de mieux le vivre que moi. Est-ce que c'est ça qu'elle cherche ? Quelqu'un avec qui parlait de ça ? Est-ce qu'elle me parle parce qu'elle pense que je suis comme elle ?

« Est-ce que tu sais qui t'as mordu ?»

Je fais craquer mes doigts, c'est ce qui peut m'emporter très loin. Je ne comprends pas qui peut faire ça, qui peut mordre quelqu'un pour le transformer en une espèce de créature sanguinaire, et la laisser comme ça. Elle ne sait pas, elle me dit qu'une enquête est en court, je réagis en entendant le prénom de Bleddyn, il a ouvert une enquête et je suis soulagé. Déjà parce que le prince est bien ce qu'il dit être et ensuite parce que Victoria mérite de savoir et l'autre d'être sévèrement puni. J'espère que Bleddyn va coincer cette enflure, et si jamais il a besoin d'un coup de main, je sais pas, pour lui péter la gueule, il pourra compter sur moi, même si Bleddyn ne semble pas avoir besoin d'aide, mais les crevards comme ça, putain que j'aimerai les fracasser de mes propres mains.

« C'est bien de te rapprocher des Iceni. Bon aller je dois te laisser.»

D'un hochement de tête en guise de politesse d'au revoir je transplane avant qu'elle ne me pose une nouvelle question.

Samedi 16 février 2002

Je crache du sang par terre, cette sensation m'est que trop familière. Je sens que ma lèvre est ouverte et qu'un de mes yeux est tuméfié. Ils m'ont attaché les mains et accroché à un crochet en hauteur, je les ai laissé faire, attendant le bon moment pour réagir, cela ne sert à rien foncer tête baissée, il me faut une stratégie, et être accroché ainsi me laisse du répits pour réfléchir. De toute façon même avec mes pieds j'arrive à leur donner des coups plutôt bien placés.

Ces gars là je ne les connais pas, rien à voir avec d'anciens élèves, ils ont l'air organisé et beaucoup plus âgé. De ce que j'ai pu entendre, ils en ont après la couronne d'Irlande. Ils sont cité plusieurs fois le prince Bleddyn et dise avoir lu dans les journaux que j'étais son mec. Ils m'ont posé des tas de questions, sur le prince, sur le roi, sur le château, et le fait que je ne dise rien n'a fait accentuer leur rage. Que j'éclate de rire et que je ne bronche pas sous leur coup n'a rien arrangé à mon cas. Ni le fait que j'ai salement amoché deux de leurs gars. Ma capacité à encaisser les coups et la douleur les surprenne, j'ignore quelle étape ils vont franchir avec moi, mais je suis prêt. Ils ne devaient pas s'attendre à ça, ils pensaient que j'allais cracher rapidement les infos qu'ils veulent. Nombre de gardes au Palais, lieu d'entrainement, où se situe l'aile des chambres du prince et des princesses, l'emploi du temps du roi et de la reine. Sauf qu'ils sont tombés sur quelqu'un qui a subit des tas de sévices au collège, et qui maintenant s'entraine avec un guerrier.

J'ai aussi eu le droit à des tas d'insultes sur mon lien avec Bleddyn, sur mon orientation sexuelle, ma présence à la cours ou encore sur mes gènes de loup, mais pas une seule fois, pas une seule fois je n'ai répondu à ces fils de pute. Il faut que j'attende le bon moment, ils ne savent pas que je fais de la magie sans baguette et que je connais des tonnes de sortilèges informulés, assez pour me défaire aisément de ce crochet. Ils ont d'ailleurs ricané de ne pas avoir trouvé de baguette sur moi, me traitant d'inconscient, mais c'est eux les petits cons de ne pas réaliser que je puisse faire de la magie sans baguette. Ils se sont concentrés sur le loup que j'étais, mais pas sur le sorcier.

« Un petit peu de poudre d'aconit tue loup te fera parler espèce de crevure ! »

Un large sourire de psychopathe barre mon visage à présent, ce qui les rend encore un peu plus dingue. Un des gars s'acharne à me frapper les côtes de ses poings. C'est ça leur nouvelle étape ? Me bourrer, d'aconit pour m'affaiblir ? Pour me torturer ? Mais de l'aconit tue loup, j'en fume espère d'enfoiré. Pour une fois que ce poison m'est utile.

« Hey ! »

Je tourne brusquement ma tête vers la petite voix qui vient de résonner dans la ruelle. Je rêve où c'est Victoria Prewett ? Même avec un œil tuméfié je la reconnais. Nos regards se croisent et j'aperçois, non, je peux sentir sa panique d'ici. Elle est complètement folle ! Bon, ça ne faisait pas parti de mon plan, mais je profite que tout le monde regarde dans sa direction pour agiter le bout de mes doigts et me défaire de mes liens, je tombe au sol et me rue sur un de mes agresseurs avant qu'il ne réagisse, je lui assène un coup sur le crâne qui lui fait voir dix milles chandelles et le fait reculer. Puis, d'un seul grand coup sur plexus je fais effondrer au sol inconscient un deuxième assaillant. OK finit de jouer maintenant, de rage je rugis et au même moment où mes yeux se colorent d'ambre, mes griffes et mes crocs sortent de ma peau.

Alors que je m'attelle à un troisième, j'en vois un qui déboule devant mes yeux pour s'écraser sur un mur derrière moi. Je relève la tête pour m'apercevoir que c'est Victoria qui vient de faire ça. C'est sérieux ? L'énergie de la nouvelle lune est avec elle, on reconnait bien la jeune louve. Je vois alors qu'un des connards la saisi au cou et la fait reculer, j'arrive pour m'interposer. Victoria tombe au sol et j’abats mon poing sur l'enfoiré, manquant de peu Victoria qui se relever déjà, coriace la petite ! Le gars se débat comme un beau diable et Victoria m'aide à l'immobiliser contre un mur pour que je le termine rapidement, il s'écroule aussi au sol inconscient. Je regarde autour de nous, trois sont au sol et ne vont pas se relever d'aussitôt, le dernier nous regarde et s’enfuie en courant en hurlant « Mort à la monarchie ! ».

« Est-ce que ça va ?
- Ouais ! Mais putain qu'est-ce que tu fous là ?! »

Je lance rapidement mes mains vers les trois mecs au sol et les entraves magiquement. Il faut que je prévienne Bleddyn, je lui ai promis de lui dire si j'avais encore des ennuis, bien que je ne l'aurai peut-être pas fais s'il s'agissait que de ma propre personne, là il s'agit de sa famille, et je ne peux me permettre un secret. Je me retourne alors vers Victoria.

« Tu sais faire un Patronus ? OH est-ce que tu sais faire un Patronus ?
- Ma baguette ! »

Je suis son regard sur sa baguette pétée en deux. Génial, super. Je préfère râler sur elle qui a pété sa baguette plutôt que sur moi incapable de faire un putain de Patronus.

« Oh non, mon père va me tuer … »

Et la voilà qui panique maintenant. J'y crois pas, j'ai vraiment pas besoin de ça. J'essuie le sang sur ma lèvre ouverte.

« Ça va aller, c'est qu'un morceau de vieux bois, t'es vivante ! »

Mais elle insiste fortement sur le fait que son père va la tuer s'il apprend ce qui vient de ce passer, elle parle vite, elle semble encore en pleine attaque de panique et revis ce qui vient de se passer. Elle réalise qu'elle n'aurait pas du intervenir, qu'elle avait risqué gros, qu'elle aurait pu mal finir.

« Ok ok, ça va aller, mon père aussi est un connard, j'ai l'habitude. Il n'en saura rien, t'inquiète, arrête de pleurer putain. »

De plus, je me retiens de lui dire que je suis un expert dans la dissimulation d'incident comme celui là. Je vais vers les trois gars et les cache un par un en les trainant par les pieds derrière un gros vide ordure, à la vue de quiconque viendrait dans cette ruelle.

« Aller viens, on va arranger tout ça.» disé-je à Victoria, l'invitant à me suivre

Plus loin, dans une ruelle moins malfamée, je la regarde, et je vois qu'elle a quelques plaies et hématomes, ce n'est que superficiel, mais le futur medicomage en moi ne peut pas la laisser comme ça. Je réalise un sort sur elle pour refermer les petites coupures qu'elle avait ça et là, et j'en profite pour m'auto soigner et ne pas attirer l'attention sur la rue principale. Ma lèvre se referme et je retrouve une vue plus nette en soignant le gonflement à l’œil. Je demande à Victoria de me suivre. Je vais dans la première poste que je trouve, j'écris à toute vitesse une lettre à Bleddyn, lui indiquant rapidement ce qui vient de se passer et où j'avais laissé les anti-royaliste. Lui précisant qu'un des salauds avait fuit, je le rassure aussi sur mon état de santé et celle de Victoria. J'accroche la lettre sur la patte d'un hibou et paye un suppléant pour la rapidité et la discrétion de l'animal. Connaissant Bleddyn, je vais avoir rapidement de ses nouvelles.

Je nous conduis ensuite au Chaudron Baveur pour acheter de quoi la restaurer. Le chocolat marche pour tout, donc j'en commande deux pour éviter la crise de nerf à Victoria. Je prends aussi des parts de tarte. Je n'ose pas dire un mot avant que le serveur nous apporte la commande. Je la laisse parler, elle est vraiment paniquée par ce qui vient de se passer, elle ne comprend pas sa réaction, les sensations qu'elle a eu, l'agression que j'ai subit. En somme, elle ne comprend pas son loup. Je baisse les yeux sur mes mains, je connais que trop bien, mais moi j'ai des années d'expérience derrière moi, et pour elle cela fait même pas un mois, ma gorge se noue, car je la sens vraiment déphasée, effrayée par son potentiel. Je la comprends. Et elle ramène cela aussi à son père, sa famille. Elle me reparle à nouveau de sa baguette. Je me sens impuissant pour lui parler de son loup, de ses émotions là, mais je peux agir sur autre chose. Je prends sur moi pour aligner plus de deux mots.

« C'est rien je t'ai dit, c'est qu'on bout de bois, et y'a plein de bout de bois chez Ollivander. J'ai de l'argent, on va aller à la boutique, et tu auras une nouvelle baguette, personne ne sera au courant, ton père n'aura pas besoin de le savoir si tu lui dis rien.»

Je sais comment les pères peuvent être de vrais filets du diable par moment, le mien en est un gros dans son genre. Et puis elle m'a aidé, même si j'aurai très bien pu m'en sortir tout seul, et a pris des risques pour moi, c'est comme si les loups avaient une certaine solidarité entre eux, donc je me sens à peine coupable de ce qui lui arrive. Et puis le médicomage en moi ne peut pas laisser quelqu'un en panique comme ça dans la rue, surtout qu'elle n'aurait pas du se trouver là, mais à Poudlard. J'ai des sœurs, et je n'aimerai pas qu'un connard laisse une de mes sœurs seule dans cet état.

J'attends qu'elle finisse son chocolat chaud et sa part de tarte avant de l'accompagner chez Ollivander. Je reste toujours fasciné par le fait que la baguette choisisse toujours son sorcier, Vic dit que ça sera sa 4ème baguette, j'espère qu'il a du stock. Je n'utilise pas vraiment la mienne depuis que je l'ai. Elle m'a choisi quand j'avais 11 ans, mais moi je l'ai peu utilisé. Mon père s'est acharné dès notre plus jeune âge a ne pas l'utiliser. Mais mes sœurs y sont attachées, contrairement à moi, j'imagine que pour elles c'est un accessoire comme un joli sac à main ou paire de chaussure. Moi je me sens mieux. Il n'y a que pour certains soins de chirurgie que je l'utilise. Pourtant j'arrive à me réjouir pour Victoria qui retrouve une nouvelle compagne, son soulagement et sa joie se communiquent. Je remercie Ollivander, le paye et nous quittons la boutique.

Je décide de la raccompagner jusqu'à Pré-au-lard en transplanant, pour ne pas qu'elle se fasse prendre, ce qu'elle accepte avec plaisir, elle me remercie mille fois pour ma gentillesse, ce qui m’insupporte ostensiblement. Je suis en rien sympa, je veux juste qu'elle ne pique pas une crise et ne parle trop de cette histoire, après tout, j'en suis mêlé. Visiblement elle ne compte pas s'en vanter, de peur que ses frères ou son père l'apprennent. Je ne peux pas lui dire de pas hésiter à m'en parler, parce qu'à dire vrai, ça me ferai bien chier d'avoir ce genre de lien, surtout que je vais moi rapidement passer sur cette mésaventure comme je sais si bien le faire.

J'attrape son poignet pour pouvoir transplaner à Pré-au-lard, on traverse le village pour se retrouver devant la grille qui mène à Poudlard. Voilà, nous y sommes, enfin la délivrance. J'espère que ça va quand même aller pour elle, si moi je suis coutumier de ce genre de bagarre, pour elle c'est une première, et avec sa récente morsure j'image que ça ne doit pas être facile à vivre, mais c'est pas mon problème, visiblement elle est bien entourée, elle m'a parlé des Iceni, apparemment ils l'ont invité à faire ses transformations chez eux au Palais, je souris intérieurement, cela ne m'étonne pas de Louve et Bleddyn. D'ailleurs, Vic me demande comment ça se passe exactement les transformations au Palais.

« Je ne sais pas vraiment. Je n'ai jamais assisté à une transformation au Palais, j'ai toujours fait chez mes parents ou à Poudlard.»

A dire vrai, Bleddyn m'a officiellement invité pour la prochaine lune à venir, et j'ai accepté, alors je vais visiblement vivre cette expérience avec elle, mais je me retiens de lui dire.

« Bon il faudrait que tu y a....»

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que Victoria écrase ses lèvres contre les miennes. C'est si soudain que je n'ai même pas le réflexe de me reculer ou de la repousser, je me laisse embrasser comme un idiot. Quand nos lèvres se détachent, je la regarde ahuri.

« C'était quoi ça ? Tu sais que tu peux juste dire merci aux gens sans les embrasser ?»

Putain je rêve, si c'est ça être sympa avec les gens, non merci, je me garderai bien de sauver la veuve et l'orphelin la prochaine fois ! Elle se confond en excuse et d'un signe de la main je lui dis que c'est rien, je l'invite fortement à pousser les grilles et retourner à Poudlard avant que quelqu'un s'interroge sur son absence.

Samedi 23 février 2002

Il y a quelques jours j'ai reçu un hibou de Victoria Prewett, j'ai d'abord péter un câble qu'elle prenne contact avec moi, j'étais sûr qu'elle le ferait, ça lui ressemble tellement. Mais après réflexion et en relisant sa lettre, je me suis dit "pourquoi pas". Elle m'écrit pour me remercier de tout ce que j'ai fais pour elle et aussi pour me proposer de venir à une soirée à la Cabane Hurlante ce soir même, de ce que je comprends, je lui plais, et elle espère qu'il puisse y avoir un truc entre nous. Si au début j'allais l'envoyer sacrément chier et lui demander de ne plus jamais me contacter, j'ai réfléchis. J'ai repensé au nombre de fois où mon père m'a martelé qu'il fallait que je me trouve une copine louve, que ça ferait la différence, qu'on pourrait se comprendre, partager les mêmes choses. Et c'est vrai qu'à un moment, j'ai eu ce sentiment avec Vic, j'ai pu la comprendre dans sa peur et la découverte de sa morsure, je sais ce que ça fait, je sais par quoi elle va passer, la torture des pleines lunes. Et puis, ça reste une louve, et dans le pire des cas, si notre histoire doit marcher, je n'aurai pas à la mordre pour plaire à ma putain de famille. Alors ce matin, j'ai pris un morceau de parchemin et j'ai inscrit "OK à ce soir" dessus et l'ai renvoyé par hibou à Victoria.

Depuis je tourne en rond et me demande si c'était une bonne idée. Je suis nerveux à l'idée d'aller à une soirée organisé par ces connards de Poudlard, mais c'est aussi l'occasion de montrer que je ne suis plus le même. Et puis il y aura à boire et je vais prendre à fumer. Malgré tous mes efforts, il ne faut pas pousser, je serai incapable de gérer les élèves de Poudlard et une petite amie louve si ça se fait. Je n'ai jamais eu de rancard, j'aurai bien demandé de l'aide à mes sœurs, mais j'ai trop peur que ce soit l'enfer pour moi après, j'ai pensé à Bleddyn, mais je me sens trop ridicule. Donc ouais ce soir je vais fumer et pas qu'un peu.

J'arrive à la soirée, vêtu d'un simple jean et d'un t-shirt noir ainsi qu'un joint déjà coincé entre mes lèvres, c'est déjà le deuxième de la soirée, j'ai fumé avant de venir ici. Et alors que je décide que c'est une mauvaise idée et que je m’apprête à faire demi tour, j'entends sa voix. Elle m’interpelle pour que j'arrive jusqu'à elle, ce que je fais en trainant un peu des pieds je l'avoue. Elle me présence à ses amis, mais je n'écoute pas vraiment, je suis pas venue taper l'amitié, mais boire, d'ailleurs une des personnes dans son petit groupe tient un verre que je lui pique des mains pour le boire d'une traite et replacer le gobelet vide entre ses mains.

Do you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? Tumblr_inline_plxelgW2yM1rqq37j_400

« Merci ! Y'a autre chose à boire ?» annoncé-je en m'adressant à Victoria.

Elle me répondit à l'affirmative en m'invitant à l'intérieur, je tire rapidement sur mon joint avant de l'écraser par terre et d'entrer. Quelques regards s'attardèrent sur nous alors qu'on s'approche de la table à boisson. Je renifle discrètement pour voir quel saladier est le plus corsé en alcool et me sert en fonction. Je bois une nouvelle fois cul sec le verre avant de me resservir. Vic me propose de danser.

« Je ne danse pas, on a qu'à aller s'assoir là bas.»

Je lui montre du bout de mon menton un sofa déglingué et vide contre un mur de la pièce. On s'y dirige et je fais le tour de la cabane d'un regard. Il y a un petit groupe qui s’essayent à passer différentes musiques, même des moldus. Il joue Bad Moon Rising, ironie du sort.




Victoria essaye de faire la conversation et je suis plus appliqué à regarder les gens autour de moi qu'à l'écouter réellement. Même si ça fait ma deuxième rentrée à l'UMS que je ne suis plus à Poudlard, je connais encore des personnes ici, et j'essaie de voir si je risque d'avoir des problèmes avec certaines d'entre elles, comme des Serpentards.

Je sirote mon cocktail en essayant de l'écouter plus attentivement, un mot sur deux disons. Elle est aussi maladroite qu'exaspérante, mais je ne peux pas lui reprocher de ne pas être courageuse et entreprenante. Elle parait prendre sur elle pour dire qu'elle est contente que je sois venu et si ça veut dire qu'il pourrait y avoir quelque chose entre nous. Pour toute réponse je pose mon verre au sol à côté de mes pieds et empoigne l'arrière de son crâne pour faire se rapprocher ses lèvres des miennes et l'embrasse. Elle est d'abord surprise et finit par se détendre, j'accentue alors la pression de mes lèvres sur les siennes pour un baiser plus profond, c'est quand elle commence à me toucher à s'accrochant à mes bras que je ronds le baiser. S'il y a bien un truc que je déteste c'est ça, je ne suis pas assez bourré pour supporter le contact physique. Je prends ses mains et les lui replace sur ses genoux. Je récupère mon verre et le termine cul sec.

« Ouais d'accord, on est ensemble si tu veux.» finissé-je par dire pour que cela soit clair entre nous. Donc là, si je comprends bien, j'ai une petite amie officielle ? Et est-ce que ça me plait ? Pas vraiment. Est-ce que c'est nécessaire ? On verra.

:copyright:️ Justayne

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Jared Parkinson


«But I want to live and not just survive
That's why I can't love you in the dark »

KoalaVolant

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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 9 février 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Mais récemment son destin a été bouleversé par sa transformation en loup-garou fin janvier 2002.

Do you know what your fate is ?
And are you trying to shake it ?
Il était évident que Jared était pressé. Ou alors peut-être que ça ne l’intéressait pas de parler avec quelqu’un comme moi ? Naaaaan. Jared était sympa. Il était juste trop accaparé par ses études, son stage ou son travail. Il avait l’air d’être bosseur et assidu. Etrange qu’il n’est pas fini à Poufsouffle avec un désir si appliqué de bien faire son travail. Il se serait sans doute parfaitement entendu avec mon frère, Edmund. D’ailleurs, ils étaient sensiblement du même âge. Peut-être se connaissaient-ils ? Peut-être étaient-ils amis ?

Nous venions d’arriver dans le parc. Comme je l’avais dit, Jared ne parlait pas beaucoup mais j’étais très consciencieuse dans mon idée de faire la conversation pour deux.

« … cursus de journalisme ? Des amies et moi avons présenté une maquette l’autre jour à la directrice, le professeur McGonagall. Et je crois que ça lui a plutôt plu car elle nous a… »
« Quand est-ce que c'est arrivé ? »
« … présenté sa … comment ? »

Tellement accaparée par mon monologue, j’en avais presque oublié que Jared pouvait interagir lui aussi. Je me tournais vers lui, surprise, alors qu’il reprécisait le fond de sa question :

« Ta morsure ? »

Oh. Il voulait parler de ça ? Est-ce que, genre, c’était un truc de loup-garou ? On partageait nos meilleures morsures et nos meilleures parties de chasse ?

« Euh … le 28 janvier. » bredouillais-je.

En faites, je n’étais pas aussi à l’aise que je voulais le faire croire pour en parler. Mettre des mots sur ce qui était arrivé cette nuit n’était pas évident. Mais le plus difficile était, je crois, le regard de ceux à qui j’en parlais. Je détestais voir le jugement dans leurs regards, peur ou pitié. Avant, me tourner en ridicule ne m’avait jamais dérangé. J’aimais amuser les autres et me mettre dans des situations comiques. Mais il n’y avait rien d’amusant là-dedans. Mon état était permanent. J’étais un loup-garou. Et pour certains, c’était pire qu’une maladie incurable.

« Est-ce que tu sais qui t'as mordu ? » demanda alors Jared.

Je pressais le pas pour marcher à son rythme. Il semblait déterminer à mettre le plus rapidement de distance entre le château et lui.

« Non, je ne sais pas. » répondis-je, étonnée qu’il s’intéresse à cette partie. « Mais Bleddyn Iceni a ouvert une enquête. Il a été … très bienveillant avec moi. »

Je souris en pensant à lui, aux mots qu’il avait utilisés pour me rassurer. Je pouvais m’estimer chanceuse de l’avoir parmi mes amis, c’était ce dont je m’étais rappelée chaque jour ces dernières semaines. Car Bleddyn était mon ami ? Il avait pris soin de moi et m’avait même proposé de m’aider pour les prochaines Pleines Lunes.

« C'est bien de te rapprocher des Iceni. » nota Jared.

A nouveau, je souris, comme fière d’avoir un bon point de la part du jeune homme.

« Bon aller je dois te laisser. »

Nous étions arrivés au portail du domaine. Le village de Pré-au-Lard s’étendait en contre-bas. J’allais lui souhaiter un bon transplanage mais Jared disparut avant même que je n’ai ouvert la bouche. Décidément, il était très pressé !

Je haussais les épaules, me disant qu’il avait certainement ses raisons. Il était temps pour moi d’aller rejoindre Shanna et les autres. De me changer les idées. D’oublier pendant quelques minutes au moins que j’étais un loup-garou.

Samedi 16 février 2002

J’étais obnubilée par l’état de ma baguette. Elle était le signe même que ce que j’avais fait était mal : j’avais désobéi à mon père, j’avais quitté mon école de magie en douce pour m’enfuir à des centaines de kilomètres de là, et pour couronner le tout, j’avais participé à une bagarre au cours de laquelle ma baguette s’était cassée.

« Ça va aller, c'est qu'un morceau de vieux bois, t'es vivante ! »

La voix de Jared était comme lointaine à mes oreilles. Même si mon ouïe s’était développée depuis que j’étais loup-garou, à cet instant, tout ce qui résonnait étaient les battements de mon cœur incapables de ralentir malgré la fin de l’altercation.

« Ma baguette … » répétais-je, la bouche pâteuse, les larmes perlant à mes yeux. « On … on s’est battu. JE me suis battue. J’ai … j’ai désobéi à mon père et … et … ma baguette … elle était cassée. Oh Merlin, je n’aurai pas du … qu’est-ce que j’ai fait ? On … on aurait pu mourir … Je … Papa, il n’aura … il sera très déçu … Je vais le décevoir … Après tout ce que je lui ai fait vivre … avec le … le reste … »

Je sentais mon souffle se coincer dans ma gorge alors que je déblatérais tout ce qui me venait en tête. J’étais incapable de faire autrement que de dire ce que je pensais. J’avais besoin de ça. De dire. De parler à haute voix. De mettre des mots sur ce désastre qui m’environnait.

« Ok ok, ça va aller, mon père aussi est un connard, j'ai l'habitude. Il n'en saura rien, t'inquiète, arrête de pleurer putain. »

Je me redressais lentement au-dessus de ma baguette. Jared s’agitait à côté de moi et j’avais à présent le hoquet. Je le regardais ramasser les corps des trois assaillants, les ligoter et les cacher derrière une grosse poubelle. Je déglutis, tentant de calmer ma respiration. Mais comme aurais-je pu quand je voyais ce que j’avais devant moi ? J’étais en plein rêve … C’était ça ? Rien n’aurait pu me surprendre maintenant que j’étais un loup-garou, normalement, mais là …

« Aller viens, on va arranger tout ça. » reprit Jared.

Il me fit signe de le suivre, me poussant doucement le bras pour que j’emboîte son pas. Enfin, on quitta la rue. L’air sombre s’évapora au fur et à mesure que nous avancions et ma respiration semblait reprendre un rythme moins saccadé. Je marchais juste derrière Jared quand celui-ci se retourna pour m’observer. Je relevais la tête mais je ne croisais pas son regard. Il étudiait mon visage et les autres endroits où ma peau nue apparaissait. Puis d’un coup de baguette, il referma mes plaies et m’aida à nettoyer mon visage.

Il était impressionnant. Fort et stratégique. Sa présence me réconfortait. Il ne me laissait pas seule. Il me prenait avec lui, soignant mes blessures. Peut-être se sentait-il coupable ? J’essayais de capter son regard mais rien ne semblait pouvoir le détourner de ce qu’il avait en tête. Après avoir soigné ses propres blessures, en tout cas celles qui apparaissaient le plus, il m’emmena à la poste sorcière du Chemin de Traverse.

« Que faisons-nous ici ? » demandais-je.

Mais même là, Jared garda le silence. Je le laissais griffonner rapidement quelques mots avant de payer ce qu’il fallait pour l’accrocher à la patte d’un hibou. Puis, on repartit dans l’autre sens. Je fus surprise quand il pénétra dans l’enseigne du Chaudron Baveur pour nous installer à une table en intérieur.

« On … Tu as une course à faire ? »

Mais non, il passa simplement commande, deux chocolats chaud et deux parts de tarte. Je déglutis, le regardant alors qu’il ne décrochait toujours pas un mot. Est-ce que … est-ce qu’il était en colère contre moi ? Je me sentais toute petite face à lui, face à son aura. Je me sentais tremblante. Même s’il y avait toujours du monde dans cet établissement, le silence de Jared m’effrayait. Alors, je choisis de le briser en parlant à nouveau.

« Qui c’était ces gens-là, tu sais ? Que te voulaient-ils ? »

Je penchais la tête sur le côté, gardant mes mains sous mes cuisses pour les réchauffer alors que ma température corporelle était naturellement élevée désormais.

« J’étais … quand je t’ai vu là, avec eux, je me suis dit que je devais agir. Je … ne me souviens même pas d’avoir réfléchi. Je crois que j’ai juste plongé dans la mêlée. Alors que … je ne fais pas ça d’habitude. Je le précise, bien sûr. Non mais attends, tu m’as déjà vu ? Je ne suis pas l’un de ces stupides Gryffondor qui foncent tête baissée. Billy est comme ça pourtant. Alec aussi. Mais bref, peu importe. Je ne fais pas ça, moi. Et là, c’était comme si mes jambes s’étaient mises en mouvement et … »

Je m’interrompis alors que le serveur s’était approché pour nous apporter notre commande. Quand il fut reparti, je plongeais automatiquement sur mon morceau de tarte, plongeant ma fourchette dedans et m’enfilant aussitôt deux bouchées. Puis, je repris à voix basse :

« … et c’était comme si j’avais grogné. »

Je fronçais les sourcils, avant de me redresser et de reprendre d’une voix normale :

« Grogner, c’est possible tu crois ? Je veux dire, pour les gens comme nous. Je n’avais jamais fait ça et pourtant, c’est le mot qui me vient à l’esprit, là tout de suite, quand j’y pense. Et bordel, tu ne peux pas savoir comme j’ai faim aussi. »

En deux-trois coups de fourchette, la part de tarte avait disparu. Jared poussa automatiquement la sienne vers moi et je ne me fis pas prier pour y plonger ma fourchette.

« Depuis que je suis ce que je suis, j’ai … j’ai tout pleins de réactions étranges. Je ressens aussi tellement de choses que je ne ressentais pas avant. Tout … tout autour de moi est décuplé. Ce sont des sensations étranges. Et je crois que j’ai du mal à tout comprendre. Mon père aussi. Mes frères aussi. »

Je me mordis la lèvre en pensant à eux. Mon père avait été si inquiet. Ma mère aussi, mais je ne l’avais pas beaucoup vu alors c’était différent. Et puis c’était comme si la distance que j’avais mis entre elle et moi avait fini par s’allonger. Quant à Billy et Edmund … Billy le vivait mal, je crois.

« Ils vont vraiment me détester quand ils sauront pour ma baguette. Je ne vais pas avoir d’autres choix de leur dire. Je n’ai pas les moyens de m’en payer une autre. Et ce n’est pas comme si c’était facile à cacher. Une baguette, tous les sorciers en ont une ! Et dans une école de magie, on s’en sert tout le temps. »

Les tartes finies, je m’attaquais à mon chocolat chaud, satisfaite d’avoir un breuvage chaud pour me réconforter.

« Parfois, je me dis que j’aurai du prendre Magie sans baguette en option. Ca m’aurait mieux servi que la Divination. » dis-je en roulant des yeux.

Alors que je croyais que Jared n’allait pas encore réagir, il remua sur sa chaise et je levais automatiquement les yeux vers lui.

« C'est rien je t'ai dit, c'est qu'on bout de bois, et y'a plein de bout de bois chez Ollivander. » dit-il, son regard toujours fuyant le mien. « J'ai de l'argent, on va aller à la boutique, et tu auras une nouvelle baguette, personne ne sera au courant, ton père n'aura pas besoin de le savoir si tu lui dis rien. »

Mes yeux s’illuminèrent. Autrefois, j’aurai surement sauté de table pour aller embrasser Jared. Mais pas cette fois. Pas aujourd’hui. Pas maintenant. Rien qu’un simple sourire et un hochement de tête pour dire merci.

Je terminais ma tasse de chocolat chaud et Jared me fit signe de sortir. Il déposa l’argent nécessaire avant de m’emmener chez Ollivander. Je retrouvais avec joie le marchand de baguettes même si je me sentais un peu coupable. Il me taquina légèrement et je ris de bon cœur. J’avais tellement de souvenirs dans cette boutique. J’y venais avec mes frères, avec mes cousins aussi. Ollivander était un sorcier âgé mais son fils était là pour l’aider. Peut-être reprendrait-il bientôt la boutique d’ailleurs ?

« Et voilà ! Baguette en bois de sorbier avec un crin de licorne. Très flexible, je l’ai juste retaillé pour qu’elle fasse exactement 26,3 cms, comme l’ancienne. »
« Merci Mr. Ollivander ! » chantonnais-je en attrapant la baguette.

C’était de nouvelles sensations mais la prise en main était rapide. Je retrouvais la légèreté de l’ancienne et je me sentais à nouveau entièrement moi-même. Je souris à Jared pour lui montrer à quel point j’étais heureuse. Je crois que lui aussi l’était un peu, même si son regard ignorait toujours le mien. Il paya le vendeur et on quitta la boutique.

« Merci Jared, vraiment. » me réjouis-je.

Il proposa également de me raccompagner jusqu’à Pré-au-Lard. Mon regard s’éclaira. Bon, il évitait de me regarder droit dans les yeux mais il avait été si gentil toute la journée, ça signifiait peut-être quelque chose ? Il était sans doute reconnaissant ? Peut-être qu’on pouvait y voir un début d’amitié ou quelque chose de plus ? Nous étions deux loups-garous et l’idée même de me rapprocher de quelqu’un de mon espèce me réchauffait le cœur.

« Oh ce serait super ! Merci, merci beaucoup. »

Jared attrapa mon poignet et l’instant d’après, nous avions transplané à Pré-au-Lard, en Ecosse. Il faisait sensiblement plus froid qu’à Londres mais j’eus à peine un frisson. Je suivis Jared dans les rues encore enneigées du village sorcier.

« La semaine prochaine, c’est la Pleine Lune. » commençais-je à relater alors que nous avancions jusqu’au grille du domaine de Poudlard. « Bleddyn et Lou… enfin la princesse, bref … tous les deux m’ont proposé de venir au Palais pour vivre ma première transformation là-bas. Enfin, ce sera surtout la deuxième. Mais ça sera un peu comme la première pour moi. »

Je haussais les épaules et tournais le regard vers Jared, un peu anxieuse. Il avait été si gentil avec moi. Je devrais certainement le remercier ?

« Dis … » me lançai-je alors que nous étions arrivés. « … comment ça se passe les transformations au Palais ? »
« Je ne sais pas vraiment. Je n'ai jamais assisté à une transformation au Palais, j'ai toujours fait chez mes parents ou à Poudlard. »
« Oh … »

Si je voulais vivre quelque chose avec lui, c’était raté. Alors, je risquais de ne pas le revoir d’un moment, c’était ça ? Je déglutis, levais les yeux vers lui. Devais-je le tenter ? Mes mains se cramponnaient à ma baguette alors que je parcourais le visage du loup-garou. Il était sincèrement beau. Il n’avait rien de particulièrement attirant mais l’ensemble m’était agréable. Et puis, il était fort. Et il était un loup-garou.

Alors, je me mis sur la pointe des pieds et embrassais ses lèvres. Je crois qu’il avait commencé à dire quelque chose, mais à dire vrai, je m’en moquais bien. Je pensais le remercier de cette manière car pour moi, un baiser voulait tout dire. Je posais une main sur sa joue avant de me décoller lentement. Il me semblait que le rose m’était monté aux joues. Une première ! Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. C’était peut-être un truc de loup ?

« C'était quoi ça ? » répliqua Jared, ahuri. « Tu sais que tu peux juste dire merci aux gens sans les embrasser ? »

Etait-il en colère ? Mon sourire et mon « truc de loup » disparurent aussitôt.

« Oh … je … désolée. Je pensais … enfin … non, désolée, je ne … pardon. »

Mince. Avais-je mal compris les signes ? Jared agita la main, comme pour me dire que ce n’était rien, et m’incita à entrer. Je bredouillais à nouveau quelques excuses avant de resserrer mes mains sur ma baguette et de rentrer, la tête basse, dans le domaine de Poudlard. Je marchais d’un pas rapide avant de me retourner au bout de quelques mètres.

Mais Jared avait disparu.

Samedi 23 février 2002

J’étais amoureuse.

J’en étais certaine. J’étais amoureuse. Shanna le disait elle aussi. Je n’arrêtais pas de parler de Jared. Bon, pas avec Billy. Ni en présence du professeur Chastang. Mais toutes mes copines étaient au courant de mon baiser avec Jared devant les grilles. J’avais certes un peu enjolivé l’idée, disant que Jared était trop timide pour répondre quoi que ce soit. Mais ça sentait bon. Et j’étais certaine qu’il me recontacterait vite. Seulement, les filles avaient insisté pour que je l’invite à la prochaine soirée à la Cabane Hurlante.

Je m’étais mordue la lèvre, hésitante. Et je l’avais tenté. Qui ne tentait rien n’avait rien, non ?

Je n’avais pas été avec un garçon depuis un petit moment. Depuis ma transformation en faites. Enzo et moi, on ne s’intéressait pas vraiment l’un à l’autre. Et depuis que j’étais louve, je ne voulais pas de ça. Plus de ça. Plus de batifolages. Je voulais … une histoire d’amour. Une vraie.

Et la manière dont nos rencontres avaient eu lieu avec Jared me laissait présager qu’il pouvait y avoir quelque chose entre nous. C’était presque sûr. Nous avions une connexion. C’était certain. En plus, Jared m’avait répondu le matin-même qu’il était ok pour venir. C’était forcément un signe ?

Je guettais toute la soirée son arrivée, pressant plusieurs fois le bras de Shanna et de Naomi. J’aurai aimé que Dae soit là également mais il avait eu un empêchement.

Et puis, je le vis. Ses cheveux bruns ébouriffés au sommet de sa tête, vêtu d’un jean qui lui donnait un air bad boy et un tee-shirt tout à fait dans son style. Il était craquant.

« Jared ! Par ici ! » l’interpellais-je.

Lorsqu’il me vit, il se dirigea vers nous et je fis rapidement les présentations avec mes amis.

« Hey ! » s’écria Drake en voyant Jared lui piquer son verre.

Do you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? What-jonathan-daviss
Drake Zabini, 6ème année à Poudlard

« Merci ! Y'a autre chose à boire ? » répondit Jared comme s’il n’y avait rien de plus naturel.

J’essayais de ne pas regarder Drake, me mordant l’intérieur de la joue. Bon, en même temps, Jared était un étudiant et lui il voulait faire la fête. C’était normal de vouloir boire !

« Suis-moi ! » m’écriais-je.

Je l’invitais à me suivre à l’intérieur. Le stand de boisson était vraiment plein à ras-bord. Je savais que certains élèves avaient déjà prévu de boire jusqu’à s’en faire vomir. Ce n’était pas mon genre à moi. Je commençais tout juste à goûter aux joies de l’alcool.

« On va danser ensuite ? » proposais-je à Jared qui s’enfilait déjà un autre verre cul-sec.
« Je ne danse pas » répondit-il. « On a qu'à aller s'asseoir là-bas. »

Je le suivis jusqu’à un sofa dans un coin de la pièce. C’était romantique ! Nous étions isolés des autres et il était là, avec moi. Je tirai un peu sur ma robe rouge et remontais mes boucles de cheveux. Je savais que je n’étais pas parfaite. Il y avait plus joli que moi et d’autres avec des nez plus parfaits que les miens. Mais j’étais tout de même une belle adolescente et je savais que la transformation m’avait aidé et m’aidait encore à mieux proportionner mes formes. A dire vrai, au fur et à mesure que ma deuxième Pleine Lune approchait, je me sentais plus vivante que jamais. Plus à l’aise avec mon nouveau corps. Plus à l’aise avec mon nouveau moi.

« Alors, la fête est sympa, hein ? J’adore ce genre de soirées ! Ça nous change des traditionnels banquets de Poudlard. J’aime beaucoup le professeur McGonagall, mais il faut avouer qu’elle n’a pas beaucoup innové jusqu’à présent. Ici, on se sent plus jeunes, plus modernes. Et puis les couleurs sont vraiment chouettes ! Ce sont les Serdaigles de 6ème année qui se sont employés à décorer ici. Ça a tout de suite une nouvelle allure ! Et il faut dire qu’avec la guerre, on avait tous plutôt bien besoin d’avoir un endroit comme celui-ci pour décompresser. »

Comme d’habitude, je parlais énormément, plus que Jared en tout cas qui regardait autour de lui comme s’il admirait lui aussi la décoration. Il dégageait un air mystérieux qui finissait de me convaincre : j’étais amoureuse d’un bad boy. Et peut-être que, s’il était là, c’était qu’il voulait quelque chose lui aussi ?

« Tu ne parles pas beaucoup. » notais-je. « Ça ne me dérange pas, au contraire, j’adore parler. Et puis, tu es venu alors … Je suis contente que tu sois là à vrai dire. »

J’essayais de capter son regard, une lueur d’espoir dans le mien. Mes mains se tortillaient sur mes jambes.

« Est-ce que … je me posais la question depuis l’autre jour où … je t’ai embrassé. » dis-je, hésitante. « Est-ce que … si tu es là … ça signifie que tu aimerais qu’il y ait quelque chose entre nous, je me trompe ? »

Je m’étais lancée. Ça y est. Un, deux, trois, c’était parti ! Je fermais les yeux aussitôt, croisant les doigts de chacune de mes mains posées sur mes jambes. Je sentis alors une main passer derrière ma tête puis mes lèvres qui rencontraient celles de Jared. C’étaient les siennes, n’est-ce pas ? J’ouvris les yeux, pour être certaine, puis les refermai aussitôt, essayant d’apprécier ce baiser qui venait cette fois-ci de lui.

Jared Parkinson m’embrassait.

C’était doux, c’était plaisant. J’avais envie de m’y perdre. J’avais envie de plus. Tout autour, tout s’était effacé. Et je voulais que mon corps soit encore plus près du sien. Mes mains quittèrent alors mes jambes pour aller caresser les bras de Jared et …

Mais pourquoi se reculait-il déjà ? Surprise, je le regardais s’écarter de mes bras qu’il replaçait docilement sur mes genoux. J’eus un petit rire nerveux. J’étais trop entreprenante, c’était ça ?

« Ouais d'accord, on est ensemble si tu veux. » dit-il en terminant son troisième verre en l’espace de 10 minutes.
« Génial !! » me réjouis-je avec un grand sourire.

Je jetais un coup d’œil vers Naomi et Shanna qui m’observaient en douce de l’autre côté de la pièce et leur adressais un grand sourire pour les convaincre que tout s’était passé selon mes plans.

Do you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? 4d3a9bdd7fd439f573c35fff051ca9d54a096fbcDo you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? Kristen-stewart-smiling
Shanna Green & Naomi Etkins

J’étais désormais la petite-amie de Jared Parkinson.

Samedi 9 mars 2023

« Merlin ! c’est tellement exaltant ! »

J’ouvris mes bras au-dessus de moi, profitant des premiers rayons de soleil qui apparaissaient sur le village de Pré-au-Lard. Jared marchait à côté de moi. Comme à notre habitude, je faisais plus la discussion que lui ne me répondait. Mais ça m’allait.

« J’ai vécu ma deuxième Pleine Lune et … oui c’était terrifiant. Et j’ai atrocement souffert. Mais … »

Je fronçais les sourcils, me concentrant sur ce que j’avais ressenti cette nuit-là ainsi qu’au réveil. Bleddyn avait été avec moi tout du long et sa présence m’avait tellement apporté.

« … j’étais vivante. Plus vivante que jamais ! Je me sentais libre. Et invincible. Et forte. » expliquais-je. « C’était comme tout ressentir puissance milles et à présent, je n’ai qu’une envie, c’est d’évacuer toute cette énergie. »

Je sautillais une nouvelle fois dans les rues pavées de Pré-au-Lard. J’ignorais si j’avais pris quelques centimètres, mais je me sentais plus grande. Mes mouvements me semblaient moins disgracieux et je me sentais souple et à l’aise avec n’importe quel geste. J’avais envie de gesticuler dans tous les sens et de prendre dans les bras quiconque avait une allure sympathique.

Je me tournais vers Jared et le regardais, un peu amusée par son air antipathique. Je me plantais alors soudain devant lui, marchant en arrière pour le forcer à me regarder, les mains derrière le dos.

« Jared, tu crois qu’on pourra courir ensemble lors de notre prochaine Pleine Lune ? » demandais-je, penchant légèrement la tête sur le côté. « Ce serait une aventure fabuleuse et ça solidifierait davantage notre couple. Et ton père serait ravi, j’en suis sûre ! »

Je me mordis la lèvre, le regardant pénétrer dans la boutique dans laquelle il était venu chercher ses ingrédients pour ses Potions. Je roulais des yeux et restais sur le pas de la porte, peu désireuse de me retrouver en présence d’œil de salamandre ou de bézoard. J’en voyais assez dans la classe du professeur Slughorn ! Les Potions ne m’avaient jamais passionné et il fallait dire que les Potions n’avaient jamais été très passionné par moi non plus.

Je donnais un coup de pied à un caillou qui roula sur la rue pavée. Je me concentrais sur le bruit, avant que mon cerveau ne soit happé par des rires lointains. Pas si lointains que ça à dire vrai … Henry Lloyd et sa bande sortaient de chez Honeydukes avec un grand boucan de rires. Je croisais les bras sur ma poitrine, observant le roi des Serpentard se pavaner. Je le haïssais. Il était si arrogant, si hautain, si prétentieux, si … Il m’exaspérait. Il fallait dire aussi que notre relation s’était très mal terminée. Je me souvenais m’être beaucoup attachée à lui, un an plus tôt. Et il m’avait ridiculisé, lâché qu’il avait simplement perdu un pari pour sortir avec moi. Cette bouse de Trolls … Si seulement, je pouvais lui retourner la pareille …

Quoi que …

Je décroisais les bras et jetais un coup d’œil à la boutique dans laquelle Jared avait pénétré. Il ne semblait pas prêt à ressortir vu le monde qu’il y avait à l’intérieur. Peu importait, je serai vite revenue.

Je me reconcentrais sur Henry qui s’était séparé de ses amis pour aller dans une ruelle. Etonnée, je ne réfléchis pourtant pas davantage et fonçais. J’ignorais ses amis qui lancèrent des moqueries sur mon passage et empruntais la ruelle par laquelle j’avais vu Henry aller. Ce n’était pas une impasse comme je l’avais pensé mais elle conduisait au sentir menant à la Cabane Hurlante. J’accélérais le pas. Je sentais mon sang battre à mes oreilles. Je n’avais rien prévu du tout. Rien. J’écoutais seulement mon instinct, celui qui guidait mes pas. Le même qui avait guidé mes lèvres jusqu’à celles de Jared.

J’écoutais mon loup.

Endurante, j’arrivais vite jusqu’en haut de la montée. Henry était là, appuyé contre une barrière en bois. Il tenait quelque chose dans ses mains et le bout de sa baguette dépassait. Faisait-il des sortilèges en douce ?

« Bonjour Henry. »

Le Serpentard sursauta. Visiblement, il ne m’avait pas entendu arriver et ne souhaitait pas être vu puisqu’il cacha aussitôt ses objets derrière son dos. Tiens, étrange … Henry était-il en train de transgresser le règlement de l’école ?

« Victoria ? » dit-il en plissant les yeux pour mieux voir. « Qu’est-ce que tu fous là, boucle d’or ? »

Je souris, comme faisant croire que ses petits surnoms pouvaient encore m’attendrir. Je descendis tranquillement le sentier, prenant mon temps. J’avais quitté mon uniforme de Poudlard et portait une veste à la dernière mode ainsi qu’un jean qui me donnait un air Moldu qui n’était pas pour me déplaire. Je savais qu’en revanche Henry devait l’avoir en horreur. Encore fallait-il qu’il sache ce que c’était.

« Tu te souviens ? »
« Me souvenir de quoi ? »

Le voilà. Ce sourire suffisant. Accroché à ce visage si angélique, si parfait. Ce sourire qui m’avait fait croire monts et merveilles.

« Ce que tu m’as dit quand tu m’as larguée comme la dernière des imbéciles. Tu te souviens ce que tu m’as dit ? »

Henry poussa un long soupir, comme si cette discussion l’agaçait déjà. Il se cala contre la barrière, croisa les bras et redressa le menton. Avec ses cheveux blonds qui lui tombaient sur les épaules et ses yeux gris, il était décidément le gendre parfait. Il avait une belle allure, c’était indéniable.

« Tu m’as dit que j’étais superficielle. » dis-je en continuant d’avancer lentement jusqu’à lui. « Tu m’as dit que j’étais inutile, incapable d’aimer et d’être aimée. Que j’étais l’ombre qui empêchait la lumière de briller. Tu te souviens ? »

Henry se mit à rire, comme se souvenant d’une bonne vieille blague.

Do you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? Harry-potter
Henry Lloyd

« Peut-être. Et donc ? » répondit-il en haussant les épaules.

J’arrivais face à lui. J’avais grandi. C’était indéniable. Je le dominais. Comme sentant que le rapport de force s’était soudain inversé, Henry se redressa mais même ainsi, je le dépassais légèrement.

« Moi, je n’ai pas oublié. Et aujourd’hui, je suis en mesure de te répondre. »

Je le poussais. Pas une petite bousculade comme il me servait parfois dans les couloirs. Non, je le poussais. La barrière en bois se cassa sous la force de mon geste et Henry tomba à la renverse. Je sentais soudain le loup se régaler de ce spectacle. Je sentais l’adrénaline monter en moi. J’avançais de quelques pas alors qu’Henry se mettait péniblement debout.

« Qu’est-ce que … » commença-t-il, cherchant dans ses poches sa baguette qui était tombée.
« Qu’est-ce que quoi, Lloyd ? »

Cette fois-ci, je lui donnais un coup au visage. Il porta aussitôt ses mains à son nez, jurant tous les noms d’oiseaux qui lui passaient par la tête.

« Il est étrange de constater que le pauvre Lloyd que tu es ne sait pas se défendre dès lors qu’on lui enlève son bout de bois des mains. »

A nouveau, je lui donnais un coup. Henry tomba à la renverse à nouveau mais je n’y prêtais pas attention. Je donnais un nouveau coup et encore un autre. Il essayait de se débattre. Ses bras et ses pieds s’agitaient en tous sens, mais il était visiblement incapable de repousser une attaque sans faire de magie.

« Alors, ça fait quoi, Henry Lloyd ? De passer pour le faible ? Note que j’épargne le spectacle de te faire humilier devant tous tes amis, chose que tu ne t’es pas privé de faire pour moi. »

Je continuais à donner les coups. Je retenais de moins en moins ma force. Et bientôt, je sentis le sang. Henry criait. Je crois. Je ne l’entendais même pas. Je ne l’entendais plus. Je sentais que mon instinct, mon loup prenait le dessus. J’aimais ce chaos. J’aimais ce goût de sang. J’aimais cette violence. Cette force. Cette domination.

J’étais mon propre maître.

@ Victoire


Dernière édition par Vicky Prewett le Jeu 26 Oct - 0:07, édité 1 fois

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It's time to begin, isn't it ?

descriptionDo you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? EmptyRe: Do you know what your fate is ? And are you trying to shake it ?

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Do you know what your fate is ?
And are you trying to shake it ?
Avec Victoria PrewettSamedi 9 mars 2023

« Merlin ! c’est tellement exaltant ! J’ai vécu ma deuxième Pleine Lune et … oui c’était terrifiant. Et j’ai atrocement souffert. Mais … j’étais vivante. Plus vivante que jamais ! Je me sentais libre. Et invincible. Et forte.»

Silencieux, je reste silencieux et mal à l'aise. J'écoute Victoria parler de sa pleine lune fabuleuse et transcendante avec des détails d'une précision de vendeur de baguettes magiques. Elle exprime ses émotions comme personne et évidemment la pauvre, il faut qu'elle les exprime devant moi, qui en ai rien à foutre. Putain je devrai lui donner l'adresse de mon psychomage, il lui serait plus utile qu'à moi. Son monologue a presque autant d'effet sur moi que les pastilles de Gerbe des Weasley que j'ai vu sur le Chemin de Traverse tout à l'heure. Je me sens mal d'être celui que je suis en ce moment même. Elle n'est pas au courant que j'étais présent en Irlande, au Palais en même temps qu'elle, mais que je l'ai fuit comme la dragoncelle, ne voulant pas subir ce genre de discours dégoulinant d’introspective et de réflexions profondes sur le fait que c'est super génial d'être un loup-garou.

NON, non ce n'est pas cool, oui on se sent fort, invincible, peut-être pour elle, et tant mieux. Tant mieux que beaucoup de loups se sentent bien dans leur peau après une morsure, mais ce n'est pas mon cas. Alors je suis pas le bon copain pour discuter de tout ça. J'ai envie de lui hurler de fermer sa grande gueule de nouvelle louve sur le marché, mais je me répète et me rappelle les conseils de Bleddyn, de ne pas être un gros connard tout le temps. Et puis ce n'est pas Victoria le problème, c'est moi. Je ne devrais pas être en colère contre elle et ce qu'elle est en train de vivre parce que je ne l'ai pas vécu de la même manière, c'est injuste pour elle, alors je me contente de mordre l'intérieur de mes joues pour m'empêcher d'être le putain de rabat-joie que je suis.

« C’était comme tout ressentir puissance milles et à présent, je n’ai qu’une envie, c’est d’évacuer toute cette énergie. »

Je me tourne vers elle et la dévisage, si elle n'avait pas été elle, je lui aurai bien proposé de rentrer chez moi pour qu'on évacue son énergie dans mon lit, mais je me retiens. Nous avons échangé pour le moment que des baisers et des caresses à peine osées. Je la regarde si innocente, découvrir son nouveau corps, ses nouvelles formes. Elle prend conscience de ses changements. Les miens sont arrivés tard, car j'ai longtemps lutté contre ma nature. Et je me suis développé il y a peu, changeant de physique en un été. Alors je peux comprendre ses nouvelles sensations. Elle est si naïve, si joyeuse, si... bien. On dirait une enfant qui découvre le monde, monde duquel je veux m'éloigner le plus possible. Et bien que je porte toute cette colère en moi, je suis incapable de lui briser ses rêves et ses espoirs nouveaux. Si elle vit bien la chose, pourquoi la forcer à voir les choses autrement ?

Soudainement elle se met devant moi, marchant à reculons, je le regarde faire, déjà plus à l'aise avec ses réflexes de créatures magiques. Mais c'est de la poudre aux yeux, je commence à la connaître... je fronce les sourcils, putain elle va me demander quoi ? Je me sens acculer mais n'en dit rien, j'attends gentiment ma sentence.

« Jared, tu crois qu’on pourra courir ensemble lors de notre prochaine Pleine Lune ? »

Mes yeux s'écarquillent. Putain de merde, tout mais pas ça. Je devrai peut-être lui proposer d'aller chez moi, histoire de vraiment la détourner de son idée de m....

« Ce serait une aventure fabuleuse et ça solidifierait davantage notre couple. Et ton père serait ravi, j’en suis sûre ! »

Mon père, le mot magique. Putain la traîtresse ! Mais elle a peut-être raison, mes sœurs ont parlé à mon père, de ma relation avec Vic, alors que je leur avais dit de ne pas le faire, mais elles pensaient que cela aurait apaisé mon père, ce qui est vrai. Il était ravi et n'a de cesse de me dire que je peux passer quand je voulais à la maison avec Victoria, que ma mère et lui seraient content de la rencontrer. Il n'y a plus eu une seule dispute depuis que mes sœurs ont vendu la mèche. Plutôt que de lui répondre de manière impulsive, j'attrape doucement ses épaules et la fait se décaler de ma route pour entrer dans la boutique d'herboristerie de ma marraine Élisabeth et son mari Liam, laissant Vic dehors.

« Consolider votre couple ? »

Et merde... ma marraine me regarde un sourire amusée derrière le comptoir. Il y a du monde dans la boutique, mais ses oreilles affûtées ont perçu ma conversation à l'extérieur de la boutique.

«  Alors c'est elle ta copine ? Celle dont on père parle sans cesse alors qu'il ne l'a jamais vu. »

Élisabeth se tord le cou pour essayer d’apercevoir Vic mais je referme rapidement la porte.

« Si tu veux mon avis... »
« Je ne veux pas ton avis ! »
« … elle a raison. »

Mon cœur rate un battement. Je n'aime pas qu’Élisabeth me donne ses conseils, car elle sait toujours que j'aime les suivre, bien plus que ceux de mon père, et elle le sait depuis toutes ces années. Je suis persuadé que mon père lui a fait me demander un tas de choses de cette manière détournée. Après ma mère et mes sœurs, Élisabeth est la personne que j'aime le plus sur cette terre. Elle encaisse un client avant de venir vers moi.

«  Jared, ça ne coûte rien d'essayer. Elle est là et te le demande tendrement, qui es-tu pour refuser ? Je ne sais pas si ça solidifierait votre couple, mais ça sera une aventure pour sûr. Sois un bon garçon, et accepte l'invitation de cette charmante louve. »

Je ne réponds pas à ma marraine et choisi mes ingrédients avec précision, j'ai la chance de pouvoir me servir tout seul, normalement c'est à elle où Liam de choisir, mais je connais par cœur la boutique. D'ailleurs les clients me regardent bizarrement, mais je les ignore de tout mon saoul. Après avoir conseillé une vieille femme sur une herbe, Élisabeth revient vers moi et murmure.

« Elle a été mordu ? »
« Oui, et c'est récent. Les Iceni l'ont pris sous leur responsabilité, elle est entre de bonnes mains. »
« Jared, elle n'a pas besoin que des Iceni, elle a aussi besoin de toi. C'est à toi qu'elle demande. »
« Je vais y réfléchir. »

Après plusieurs minutes, je finis mes courses et viens poser mes ingrédients sur le comptoir pour payer. Après avoir montré une fiole à un sorcier, ma marraine arrive pour m'encaisser.

« C'est gratuit pour toi, mais accepte son invitation d'accord ? »

Elle vient alors vers moi, et dans son regard je sais qu'elle veut m'enlacer, mais dans mon regard elle voit que je ne le souhaite pas et elle respecte ça. Alors elle s'arrête à quelques centimètres de moi et sa main vient effleurer ma joue sans la toucher, je sens toute la frustration dans ce geste, mais aussi tout l'amour de ne pas céder à son besoin. Je sais que je rends les gens tristes de ne pas pouvoir me toucher, m'embrasser à leur guise, comme un fils avec sa mère, un filleul avec sa marraine. Ce qui me fait penser à elle. Celle qui ne me rend pas malade quand on rentre en contact.

« Y'a une autre fille », ai-je envie de lui dire. « Une certaine Clarissa, mes pensées sont obnubilées par elle ». Je me refais le film de toutes nos rencontres. Cinq pour être précis. Plus je la vois, plus j'ai besoin de la voir. J'aurai envie de le confier à quelqu'un, et notamment à ma marraine, car elle pourrait m'aider à comprendre ce qui m'arrive, ce qui se passe. Pourquoi quand elle me touche je n'ai pas envie de la repousser, au contraire, j'en veux plus, toujours plus. N'est-ce pas censé être Victoria qui me procure cet effet ? Elle est ma petite-amie, elle est plutôt mignonne, me fait envie, mais son toucher n'égale pas celui de cette jolie demi-vampire. Quand Clarissa me touche, tout mon être en est bouleversé, et si je n'étais pas avec Vic, je crois que... je crois que j'aurai envie d'être avec elle en ce moment même.

« Est-ce que tout va bien ? Tu veux me dire quelque chose ? Qu'est-ce qui te travaille Jared ? »
« … rien... rien je pense juste à ma patiente Enola, et à tout ce que je dois encore faire au laboratoire dans la semaine. »
« Je vois, mais tu es sur la bonne voie, si j'ai une idée, je t’envoie un hibou. »
« Merci ! A bientôt ! »

Je mets tous mes ingrédients dans ma besace et sort de la boutique où je croyais retrouver Victoria, mais elle n'y est pas. Je regarde à droite et à gauche, marche un peu pour la retrouver, regarde dans deux où trois boutiques mais ne la voit pas. Où est-elle passée ? Ça y est, elle a enfin remarqué que j'étais un vrai connard et s'est décidé à me planter ? Elle n'aurait pas tort. Pour autant, je dois en avoir le cœur net et qu'elle me le dise, je ne peux pas rentrer comme ça, ne sachant pas vraiment où elle se trouve.

Je fais alors quelque chose que je déteste au plus haut point mais qui me sert quelque fois, je hume l'air et ferme les yeux pour repérer son odeur. Je me laisse diriger par mon sens de l'odorat affûté quand je décide de l'utiliser. Il me conduit en dehors du chemin principal, vers la cabane hurlante. J'arrête de sentir l'air et décide d'utiliser mon ouïe et j'entends alors crier. Je cours alors dans la direction de ces cris. J'arrive devant une scène que je n'aurai pas imaginé si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux. Victoria est en train de se battre, et ce n'est pas elle qui se fait frapper, alors je ralenti le pas et l'observe, elle ne semble pas blessée, elle n'est pas en danger. En revanche je ne peux pas en dire autant de l'homme au sol qu'elle est en train de tabasser. Je m'approche encore plus près, elle ne semble même pas remarquer ma présence. Le garçon gémit et la supplie, il se recroqueville pour éviter qu'elle touche sa tête.

« Alors, ça fait quoi, Henry Lloyd ? De passer pour le faible ? Note que j’épargne le spectacle de te faire humilier devant tous tes amis, chose que tu ne t’es pas privé de faire pour moi. »

J'ignore ce qu'il a fait, mais connaissant Victoria et de ce qu'elle dit, il l'a probablement mérité, c'est pour cela que je n'interviens pas tout de suite. Mais quand je commence à sentir le sang et qu'il arrête de crier, je viens saisir le bras de Victoria et la tire vers moi.

« Vic... c'est bon, je crois qu'il a eu son compte. »

Tout son corps tremble de rage et je sens sa louve, mon loup sent sa louve et cela me fait un drôle d'effet. Il la reconnaît comme sienne, comme faisant parti de sa meute ou une connerie de ce genre. Ce que je ressens pour les miens, mes sœurs par exemple. J'attire Victoria contre moi et la serre dans mes bras. C'est ma partie lupine qui prend le dessus et je sens l'homme serrer sa mâchoire devant ce geste de tendresse et de proximité, il souffre, mais je dois protéger Victoria.

« Chuut c'est bon je suis là. Il a compris la leçon. »

Je la serre un peu plus fort contre mon torse et vient embrasser son front. Elle s'apaise petit à petit.

« Il faut que tu la calmes maintenant, tu as fait ce qu'il y avait à faire, mais il faut savoir l'arrêter, elle ne doit pas prendre totalement le dessus, pas quand la personne en face de toi est plus... faible. Tu n'es plus faible Vic.»

Je sais ce que je dis, pour me battre régulièrement, je sais très bien quand je peux lâcher la bête et quand je ne dois pas, sinon j'aurai tué beaucoup de sorciers depuis tout ce temps. Je sens ses muscles se détendre, j'entends les pulsations se calmer, la louve retrouve lentement son calme, sa place. Je me décale pour qu'elle ne puisse pas voir le corps de sa victime, sacrément abîmée par sa colère. D'un coup d’œil je tente de repérer les blessures, elles ne semblent pas mortelles. Il saigne, quelques hématomes feront leur apparition, peut-être un doigt ou deux de cassés, mais rien de létal. Je caresse ses cheveux pour finir de l'apaiser, et quand je la sens prête, je la détache de moi, sentant un grand soulagement. J'inspire profondément devant cette délivrance.

Mais le pire est à venir, elle se retourne et regarde le sorcier au sol. Immédiatement son regard change, je retrouve la douce et inquiète Victoria. Elle réalise son geste et semble choquée d'elle même. Ses yeux me dévisagent comme si c'était elle qu'elle dévisageait. Mon cœur se serre, parce qu'elle vient de découvrir le revers de la médaille de toute la puissance et le bien être qu'elle ressentait d'être une louve encore quelques minutes avant. On peut être destructeur, des tueurs, des bêtes sauvages. Ça fait parti de nous, à tout moment, et elle vient d'en faire les frais. Je devrai me réjouir qu'elle est compris cela, mais en la voyant, c'est de la peine pour elle que je ressens.

« Il n'est pas mort, mais il va se souvenir de ce moment pendant quelques jours. »

Elle me demande alors de faire quelque chose, elle crève de culpabilité. Pourtant, quelques secondes avant, elle avait l'air bien sûre d'elle. Et je crois qu'elle devait passer ce message, c'est important pour elle. J'ai été victime de harcèlement, qui je serai pour la juger, j'ai tabassé tout ceux que j'ai pu une fois que je me suis « transformé », que je suis devenu plus fort. Je hoche la tête à ma copine – si c'est ce qu'elle veut - et m'approche de sa victime. Je le soulève par la col de mes deux mains sans ménagement. Il se relève et on découvre son visage est couvert de sang. Rien de grave, dans la chute, il a du se prendre un cailloux qui a ouvert son front. J'entends Victoria hoqueter de surprise.

« Lève toi abruti, elle t'a pas brisé les jambes. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, je ne sais pas qui tu es, mais tu as de la chance d'être passé sous ses mains plutôt que sous les miennes, car crois moi, t'aurai passé un plus mauvais quart d'heure. » je le lâche d'un geste brusque et lance un sort pour voir les dégâts. Rien de grave comme je le pensais, rien d'insurmontable pour un simple sorcier, je ne vais pas le soigner, il retiendra la leçon comme ça.

« Elle est folle, c'est une grosse dingue. Elle... elle m'a sauté dessus comme... comme un... un animal, elle est bonne pour Azkaban cette dégénérée... »

Je l'attrape à nouveau d'une main par son col et viens approcher son visage du mien. Mes yeux s'illuminent d'ambre en fusion. Il se recule, mais comme je le retiens, son t-shirt craque et se déchire un peu entre mes doigts. La détresse dans ses yeux est jouissive.

« Qu'est-ce que... t'es taré arrête ! Je t'ai rien fait. »
« Deux choses. Premièrement tu vas lui présenter tes excuses, pour ce que tu viens de dire et pour tout ce que tu sembles lui avoir fait. Et deuxièmement, tu vas arrêter de persécuter les plus faibles à Poudlard. J'y vais régulièrement, et si j'entends que t'as joué au con, tu auras de mes nouvelles. Entendu ? »

Je grogne, un sourire mauvais sur mon visage qui permet au jeune connard de voir mes crocs percer mes gencives. Il déglutit, son cœur bat à tout rompre, il a peur, vraiment très peur. Je le tourne alors violemment devant Victoria pour qu'il lui présente ses excuses. Il bafouille un peu et je resserre mon poing sur son t-shirt, ce qui l'étrangle un peu.

« Avec plus de conviction. »

Une fois qu'il recommence, je regarde Victoria.

« C'est suffisant ou tu veux qu'il recommence ? »

Mais Victoria s'en veut déjà tellement qu'elle annonce que ce sera suffisant.

« Je te conseille fortement d'aller voir Pomfresh en rentrant, et si j'étais toi, je dirai que tu as fais une mauvaise chute, dire que tu t'es fait battre par une fille serait vraiment délicat pour ta réputation de petit caïd de mes couilles. »

Je le relâche et il tombe sur son cul dans la terre. Je retrouve alors mes yeux habituels et me tourne vers Vic. Je viens saisir son bras et je nous fais transplaner chez moi. Alors qu'on arrive dans mon salon, Victoria se jette dans mes bras et je ferme mes yeux de surprise. Doucement mais fermement je viens la repousser en prenant ses avant bras. Elle me remercie d'avoir été là.

« Tu t'en sortais très bien sans moi. »

Bon ok, si je n'étais pas intervenu, probablement que ça aurait été plus dramatique. Je m'enfuis dans la cuisine préparer du thé avant qu'elle ait encore l'idée de m'enlacer. Faut que les gens arrêtent ça putain ! Je l'invite à s'installer sur le canapé. Je reviens avec un plateau, du thé et des biscuits, mes sœurs vont probablement me tuer, c'est leurs gâteaux préférés que je n'ai pas le droit de toucher. Mais elles ne sont pas là, elles passent la journée avec leurs copines, et probablement Clarissa... A cette idée mon ventre se creuse, comme quand on se touche, c'est une sensation agréable et déstabilisante à la fois. J'ai envie de la rejoindre, je ferme les yeux pour essayer de l'oublier, mais quand mes yeux sont clos, c'est elle que je vois, sa jolie chevelure rousse, son air agacé quand je dis un truc qu'il l'énerve, et son sourire quand je l'amuse. Je peux sentir nos doigts qui s'étaient entrelacés sous la table l'autre jour, ce que j'ai ressenti à cet instant là. J'ai envie de fumer, terriblement envie de fumer. Je sursaute quand Victoria me rappelle à l'ordre, me demandant si je vais bien.

« Tout va bien, je pensais juste à un truc pour les cours que j'ai oublié à la boutique tout à l'heure. »

Mon ventre se serre, je n'aime pas mentir, j'ai l'impression de faire quelque chose de mal putain. Est-ce que penser à une autre fille quand on est avec sa copine est mal ? Après tout ce n'est pas trompé, si ? Je secoues ma tête et je vais me chercher un pochon pour me rouler un joint. Bleddyn serait ra-vi. Je n'ai pas fumé depuis... depuis ma dernière soirée du club avec Clarissa. PUTAIN STOP, penses à autre chose Jared. Vic me regarde rouler mon joint. Elle a déjà bien attaqué les biscuits et se ressert une seconde tasse de thé, rien d'étonnant après son aventure de tout à l'heure, ça donne faim de réveiller son loup et de se battre. Je m'installe à côté d'elle sur le canapé et la vois très intriguée. Elle me demande si elle peut essayer, après avoir pris une longue taff pour moi, je hausse les épaules. Pourquoi pas ? Après tout, c'est une louve, il n'y a pas trop de risques. Je lui donne le joint, on voit qu'elle est novice, elle tire dessus et n'avale pas correctement la fumée, elle se met à tousser et j'éclate de rire en récupérant le joint.

« C'est fort hein ?! C'est de l'aconit-tue-loup ! »

Elle tousse et tousse ce qui me fait rire encore. Je tire une longue taff à mon tour, ce qui me détend encore plus et me fait oublier Clarissa. Quand elle se calme, j'ai encore un sourire sur mes lèvres. Elle m'en fait la remarque, me dit que c'est la première fois qu'elle me voit rire, ce qui me fait perdre rapidement tout sourire. Elle me demande pourquoi je ne rigole jamais, que je ne semble jamais m'amuser. Je hausse les épaules sans répondre à sa question. Je n'ai pas l'impression de ne jamais rire et puis on s'en fout non ?

Je me penche alors vers elle pour venir attraper ses lèvres avec les miennes. Elle a le goût des biscuits de mes sœurs. Vic me rend mon baiser, ses mains viennent se poser sur mes bras, ce qui me hérisse le poil, mais je ne dis rien, peut-être que si je vais plus loin avec elle, tout changera ? J’apprécierai son contact, comme avec Clarissa ? PUTAIN DE MERDE, il faut vraiment que je me sorte cette fille de ma tête. Mon baiser se fait alors plus profond, plus intense. Je viens attraper le bas de mon t-shirt et le tire, je décroche nos lèvres pour l'enlever entièrement et le jeter par terre. Victoria semble surprise de voir mon torse, je baisse alors mes yeux. C'est quoi qui ne va pas ? Mes cicatrices ? Mais avant qu'elle n'ouvre la bouche pour dire je ne sais quoi, je l'embrasse à nouveau, j'attrape le bas de son haut et commence à le remonter. Je m'arrête et la regarde.

« Je peux ? »

Elle est tremblante mais me fait signe que « oui » de la tête, j'enlève alors son pull, puis de la même manière lui demande si je peux aussi retirer son t-shirt ? Elle semble timide, mais accepte à nouveau, avec un « oui » vocal cette fois. Je jette son haut par terre à côté du mien et revient à sa bouche. Je la laisse à nouveau toucher mes bras, et me force à ne pas y penser. C'est désagréable au début, mais c'est toujours satisfaisant à la fin, surtout quand je prends le dessus. Je l'allonge sur le canapé et en profite pour tirer une dernière fois sur mon joint avant de l'écraser dans un cendrier sur la table basse. Je viens embrasser son cou et ma main vient caresser son ventre puis sa taille pour remonter vers la baleine de son soutient gorge, mais je sens qu'elle est crispée et a fermé les yeux. Son cœur s'accélère, ce qui n'est pas anormal vu ce qu'on s’apprête à faire, mais c'est assez étrange qu'il soit aussi rapide maintenant alors qu'on a pas encore vraiment commencé. Je me stoppe donc et me redresse.

« Est-ce que ça va ? Tu veux qu'on arrête ? »

Elle finit par ouvrir les yeux. Je la sens gênée tout d'un coup, alors je me penche pour récupérer son t-shirt et le lui donne. Elle l'enfile rapidement et s'assoit, mal à l'aise. Elle s'excuse de son comportement et c'est moi qui me sent mal. Est-ce que j'ai été trop entreprenant ?

« Y'a pas de mal tu sais, c'est rien, si tu as pas envie ou si t'es pas prête, on a tout le temps. Je suis désolé si je t'ai brusqué, ce n'était pas mon intention.»

Je me penche à nouveau pour récupérer le joint éteint dans le cendrier avant de le coincer entre mes lèvres pour le rallumer. Je prends une bouffée et m'installe contre le dossier du canapé, les yeux fermés.

« C'est OK, pour la prochaine pleine lune, je t'accompagnerai. »

:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


Jared Parkinson


«But I want to live and not just survive
That's why I can't love you in the dark »

KoalaVolant

descriptionDo you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? EmptyRe: Do you know what your fate is ? And are you trying to shake it ?

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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 9 mars 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Mais récemment son destin a été bouleversé par sa transformation en loup-garou fin janvier 2002.


Do you know what your fate is ? And are you trying
to shake it ?
Je ne me souvenais pas avoir ressenti de telles sensations auparavant. C’était comme si pour la première fois, je me sentais puissante. Je n’étais plus la petite Prewett. Ni la petite sœur de Billy. Ni l’innocente Poufsouffle.

A ce moment-là, je sentais exactement ce qu’être un loup-garou impliquait. A ce moment-là, je sentais exactement ce que ces changements impliquaient.

Cependant, si Jared n’était pas intervenue, je n’étais pas certaine qu’autrement j’aurai été capable de m’arrêter à temps. Il n’y avait plus rien de rationnel dans mon esprit.

« Vic... c'est bon, je crois qu'il a eu son compte. » dit le jeune homme d’une voix inhabituellement douce.

J’ignorais comment il m’avait retrouvé et j’aurai bien le temps plus tard de m’y interroger. Il m’attrapa le bras pour me tirer en arrière, m’éloignant du corps étendu de Henry Lloyd, avant de me serrer contre lui. Je sentais tous mes muscles trembler. Je sentais le loup en vouloir plus. Je sentais que le travail n’était pas terminé et qu’il fallait que j’y retourne. Que je continue.

« Chuut c'est bon je suis là. Il a compris la leçon. » murmura Jared.

Mais alors, c’était comme si ces mots faisaient revenir le côté rationnel. Comme si sa présence faisait ressortir l’humaine. Comme si mon loup sentait la domination de l’autre. Mon corps qui tremblait quelques instants plus tôt semblait se tranquilliser petit à petit. Ma main se posa sur le bras de Jared alors que mon oreille entendait les battements de cœur de Jared dans sa poitrine. Ce son, si régulier, m’apaisait. Je fermais les yeux et soufflais. J’avais l’impression de revenir d’un lointain état second.

« Il faut que tu la calmes maintenant. » reprit Jared avec un baiser sur mon front. « Tu as fait ce qu'il y avait à faire, mais il faut savoir l'arrêter, elle ne doit pas prendre totalement le dessus, pas quand la personne en face de toi est plus... faible. »

Ma respiration se calmait, se calquant sur celle de Jared qui avait un ton si apaisant et en même temps si ferme.

« Tu n'es plus faible Vic. »

Je me répétais ces mots alors que je fermais les yeux, blottie contre le corps de Jared, qui me caressait les cheveux. Et alors, c’était comme si mes pensées se remettaient enfin en marche. Comme si je m’éveillais d’un rêve. Ou d’un cauchemar.

Jared ne me retint pas quand je m’écartais de ses bras. Je voulais voir si tout ceci était bien réel. Et ça l’était. Le corps de Henry Lloyd était étendu au sol. Du sang s’écoulait d’une blessure au front. Son nez semblait légèrement tordu. Et un gémissement plaintif s’échappait de ses lèvres. Il restait couché là, comme s’il était incapable de se relever. Etait-ce vraiment moi qui avais fait ça ? Je portais une main à ma gorge, comme si le son étranglé de ma voix ne parvenait pas à sortir. Je tournais la tête vers Jared un instant, comme pour être sûr que je n’étais pas la seule à voir ce que je voyais.

C’était moi. J’avais frappé Henry. J’avais frappé un simple sorcier. Sans qu’il ne puisse se défendre, j’avais déferlé sur lui toute ma haine et ma frustration. Oui, j’avais voulu me venger de ses moqueries et de ses humiliations perpétuelles. Mais à présent, il était à la limite du coma avec ce que je lui avais fait. J’aurai pu le tuer. J’aurai pu …

« Il n'est pas mort, mais il va se souvenir de ce moment pendant quelques jours. » dit Jared pour briser le silence.
« Je … Je ne voulais pas en arriver là. » balbutiais-je.

Je regardais le corps d’Henry. Sa poitrine se soulevait faiblement. Et si j’avais eu un geste malheureux ? Si j’avais blessé un organe vital ? Je n’avais pas retenu mes coups. J’avais frappé comme je n’avais jamais frappé auparavant. J’avais été si forte. Si puissante. Si destructrice. Était-ce pour cela qu’on disait des loups-garous qu’ils étaient dangereux ? Était-ce l’une des raisons pour lesquelles les sorciers craignaient les créatures obscures ? Car, une fois goûtée à leur toute nouvelle force, ils pouvaient très bien déraper et semer le chaos autour d’eux ? Et pas seulement à la Pleine Lune …

« Jared … » repris-je, la voix toujours étranglée. « Est-ce que … dis-moi que tu peux faire quelque chose pour l’aider. »

Je tournais vers lui un regard suppliant. Il était étudiant en Médicomagie, non ? Il pouvait le soigner. Il pouvait … arranger les choses, n’est-ce pas ?

Je n’eus pas besoin de lui répéter deux fois. Jared hocha la tête et s’approcha de Henry qu’il souleva sans ménagement par le corps de son tee-shirt. Je ne pus retenir un hoquet de surprise en voyant le visage de Henry dodeliner comme un pantin.

« Lève-toi abruti, elle t'a pas brisé les jambes. » l’assomma Jared de sa voix habituellement brutale. « Je ne sais pas ce que tu lui as fait, je ne sais pas qui tu es, mais tu as de la chance d'être passé sous ses mains plutôt que sous les miennes, car crois moi, t'aurai passé un plus mauvais quart d'heure. »

Je déglutis et le regardais faire tandis qu’il lançait un sort sans sa baguette magique. Jared était un sorcier qui pouvait se servir de la magie sans baguette. Il était extrêmement doué et je ne doutais pas non plus de ses capacités en Médicomagie. Il étudia pendant un moment les données qui apparaissaient sous ses yeux sous une lueur bleutée. Un sort de diagnostic sans doute ? Je retins ma respiration jusqu’à ce que Henry prenne la parole.

« Elle est folle, c'est une grosse dingue. » dit-il.

Sa voix était hachurée et il semblait avoir du mal à respirer ou à parler. Mais le fait qu’il n’ait pas perdu son venin me rassura : il n’était pas mourant.

« Elle... elle m'a sauté dessus comme... comme un... un animal, elle est bonne pour Azkaban cette dégénérée... »

Mon cœur se serra à la mention de la prison la plus célèbre du monde sorcier. Je déglutis et mes mains serrèrent les pans de ma veste en jean. J’aurai sans doute rêvée que ma louve reprenne le dessus pour l’assommer d’un nouveau coup de poing. Mais la culpabilité était encore trop présente. A la place, j’entendais une petite voix me dire qu’Henry n’avait pas totalement tort : si je n’étais pas capable de me contrôler, ne risquais-je pas de blesser d’autres personnes autour de moi ? N’étais-je pas un danger pour la société ?

Jared ne s’embarrassa pas de tant de préoccupations. A nouveau, il reprit Henry par le col de son tee-shirt qui se déchira à moitié à la force de la poigne du loup-garou. Son visage n’était qu’à quelques centimètres de celui d’Henry et même si, de là où j’étais je ne pouvais voir leurs expressions, je me doutais qu’il ne faisait pas le fier face à Jared.

« Qu'est-ce que... t'es taré arrête ! Je t'ai rien fait. » s’exclama Henry dont la voix trahissait sa panique.
« Deux choses. Premièrement tu vas lui présenter tes excuses, pour ce que tu viens de dire et pour tout ce que tu sembles lui avoir fait. Et deuxièmement, tu vas arrêter de persécuter les plus faibles à Poudlard. J'y vais régulièrement, et si j'entends que t'as joué au con, tu auras de mes nouvelles. Entendu ? »

La proposition de Jared n’avait rien d’une proposition agréable. C’était une menace à peine voilée. Je pouvais sentir le loup poindre et pourtant, je voyais qu’il le contrôlait, comme s’il l’empêchait de prendre possession tout entier de lui. Il s’en servait, ils étaient complémentaires. Jared tourna alors Henry vers moi. Le sang avait cessé de couler mais la panique se lisait toujours dans mes yeux quand son regard croisa le mien.

« Je … je suis désolé … » balbutia-t-il, les larmes pointant au coin des yeux.

Jared resserra sa poigne sur son tee-shirt, ses yeux devenus ambrés alors qu’il faisait surement appel à son loup.

« Avec plus de conviction. »
« Je suis désolé ! » dit-il à nouveau d’une voix toutefois plus forte. « Je suis vraiment désolé. Je ne recommencerai plus. Je te laisserai tranquille. »

Il était surement à deux doigts de se pisser dessus. Il fallait dire que je n’enviais pas sa position. Il était coincé entre deux loups-garous. Je pensais qu’il l’avait assez bien deviné pour Jared. Son ton menaçant, sa force, ses yeux jaunes et peut-être même qu’il avait laissé apparaître ses crocs pour finir de l’intimider. Henry savait qu’il n’avait aucune chance face à deux créatures comme nous, sans sa baguette et blessé comme il l’était. Il devait s’incliner et obéir.

J’aurai sans doute pu me réjouir de ce spectacle. Voir Henry Lloyd me supplier de lui pardonner était un rêve que j’avais souvent fait. Mais à présent que j’assistais à sa déchéance en direct, je ne pouvais m’empêcher de me sentir coupable.

« C'est suffisant ou tu veux qu'il recommence ? »

Je déglutis lorsque je croisais le regard de Jared. Je savais que quoi que je répondrais, Jared m’épaulerait et me suivrait.

« Ça ira. » répondis-je d’une voix étranglée à nouveau.

Je croisais les bras devant moi, me dandinant d’un pied sur l’autre, alors que Jared tournait à nouveau le visage de Henry vers lui.

« Je te conseille fortement d'aller voir Pomfresh en rentrant, et si j'étais toi, je dirai que tu as fait une mauvaise chute, dire que tu t'es fait battre par une fille serait vraiment délicat pour ta réputation de petit caïd de mes couilles. »

Jared le relâcha et Henry tomba à la renverse. Il pleurait désormais. J’ignorais si c’était la peur ou la souffrance de ses blessures qui lui faisaient ça. Mais Jared ne me laissa pas l’occasion d’y réfléchir bien longtemps. Il attrapa mon bras et je fus aussitôt prise dans un tourbillon. Lorsqu’on arriva dans un petit salon, je manquais de tomber. Pourtant, le changement de décor me donna une nouvelle bouffée d’oxygène. Ne plus respirer le même air qu’Henry Lloyd aidait sans doute ? Quoi qu’il en soit, lorsque je recroisais le regard de Jared qui m’observait comme si j’allais soudainement m’effondrer, je me jetais dans ses bras.

Il avait été là pour moi. Il m’avait retrouvé je-ne-savais-comment et il était arrivé au moment opportun. Et au lieu de me juger, il avait fait le nécessaire pour m’aider à retrouver le contrôle et finir de donner une bonne leçon à Henry Lloyd. J’étais encore bien trop secouée pour apprécier l’idée d’avoir eu ma vengeance sur Henry. Aussi je préférais me concentrer sur l’idée que mon petit-ami avait été là pour moi.

« Merci. Merci d’avoir fait ça pour moi. » dis-je.

Jared m’écarta doucement de lui, peut-être gêné devant l’étalage de mes sentiments ?

« Tu t'en sortais très bien sans moi. » dit-il.

J’eus un petit sourire avant de baisser la tête. Peut-être … Je n’en savais trop rien. J’avais quand même sacrément pété un câble ? J’avais peur de m’avouer surtout à voix haute que je n’aurais peut-être pas été capable de m’arrêter si Jared n’était pas intervenu …

Je le regardais s’éloigner dans la cuisine. Je devinais qu’on devait être chez lui étant donné qu’il semblait parfaitement familier avec les lieux. Je fis quelques pas dans le petit appartement. Il n’y avait rien qui accrocha mon regard jusqu’à ce que Jared revienne avec un plateau, du thé et des biscuits. Mes épaules se détendirent en prenant place dans le canapé qu’il m’indiquait. C’était assez intéressant de voir Jared jouer les hôtes parfaits. Plus les secondes passaient, plus ma scène avec Henry s’éloignait de mon esprit. Le changement de décor y aidait beaucoup.

« Merci beaucoup. » dis-je en prenant aussitôt un biscuit.

Depuis que j’étais devenue loup-garou, j’avais la sensation que mon organisme avait besoin de deux fois plus de nourriture pour fonctionner normalement. Aussi, dès qu’un aliment apparaissait sous mon nez, je ne me faisais jamais prier longtemps pour l’avaler.

« Franchement, je ne sais pas ce que j’aurais fait si tu ne m’avais pas retrouvé. » dis-je en prenant une des tasses que Jared avait rempli. « Je ne sais pas … j’étais tellement prise … là-dedans … »

Je déglutis et bus une gorgée du thé. L’odeur et le goût m’apaisèrent aussitôt et je soupirais de soulagement.

« Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai totalement déconné. »

Je levais les yeux vers Jared.

« Mais tu es arrivé à temps. Et c’est tout ce qui compte. »

Mais Jared ne me regardait pas. Toujours debout face à moi, ses yeux semblaient perdus à mille lieux d’ici. Pensait-il aux conséquences de mes actes ? Y avait-il quelque chose que j’ignorais ?

« Jared ? Est-ce que … tout va bien ? Jared ? »

Le loup-garou sursauta avant de s’efforcer de reprendre contenance.

« Tout va bien, je pensais juste à un truc pour les cours que j'ai oublié à la boutique tout à l'heure. »
« Oh. »

Je souris, amusée avant de finir ma tasse de thé.

« Si ce n’est que ça, je peux te l’acheter le week-end prochain, et te l’envoyer par hibou. » dis-je en croquant dans un nouveau biscuit. « Mmh … ces biscuits sont incroyables ! Est-ce que je peux ? »

Je pointais du doigt la théière et me resservis dès que j’eus son approbation. Jared ne mangeait ni ne buvait. Il vint cependant s’asseoir à côté de moi, roulant entre ses doigts un bout de papier. Je fronçais les sourcils, essayant de comprendre de quoi il s’agissait. Une cigarette ? Billy en avait des semblables même s’il faisait toujours ça en cachette des parents. Jared l’alluma d’un simple sort avec ses doigts et le porta à sa bouche avant de lâcher une fumée blanche. Je penchais la tête sur le côté.

« Est-ce que … je peux essayer ? »

Je n’avais jamais osé demander à mon frère mais je connaissais déjà la réponse. « Trop jeune » ou « pas pour toi ». Mais à mon grand soulagement, Jared n’était pas comme mon frère. Il me tendit la cigarette et je la portais à ma bouche comme il venait de faire. J’aspirais mais commençais à m’étouffer avec la fumée. Beurk. Je toussais et retirais aussitôt la cigarette de mes lèvres. Jared éclata de rire en  me voyant faire avant de me récupérer l’objet.

« C'est fort hein ?! C'est de l'aconit-tue-loup ! »

Je toussais à nouveau et agitais la main devant ma bouche comme si la fumée allait s’évacuer plus vite.

« C’est … un joint d’aconit ? » m’exclamais-je en toussant encore un peu.

C’était donc ça cette sensation de brûlure au fond de la gorge ? J’avais l’impression d’être toute irritée et il était évident que mon loup n’avait pas apprécié le cocktail. Pas grave, ça me faisait une nouvelle expérience ! Et quand je regardais Jared en prendre une nouvelle taffe, je ne pouvais qu’être admirative. Mais ce n’était pas seulement ça qui me faisait le regarder ainsi : Jared avait souri. Mieux, il avait ri !

« J’aime bien ton sourire. » dis-je. « Je ne crois pas … que tu avais déjà ri devant moi. »

Était-ce niais ? En tout cas, cela lui fit perdre son sourire et je m’en voulus presque immédiatement. Je devais avouer qu’aucun garçon ne m’avait fait ressentir ça auparavant. Il fallait dire qu’aucun de mes ex n’était aussi complexe que Jared Parkinson. Ils étaient tous plutôt solaires et populaires. Des garçons assez banals et auxquels tout le monde pouvait s’attacher.

Jared était différent. C’était sans doute pour cela que je sentais toujours mon cœur s’emballer quand je savais que j’allais passer un moment avec lui. Jared était un garçon secret et mystérieux. Il ne se laissait pas connaître facilement. Il ne se laissait pas aller facilement. Il était différent de tous ceux que j’avais pu connaître.

« Pourquoi tu ne te laisses jamais aller comme ça ? » demandais-je.

Je penchais ma tête sur le côté, comme si d’un simple regard je pouvais percer à jour le mystère Jared Parkinson.

« On dirait que … tu ne t’es jamais vraiment amusé. »

Je haussais les épaules, comme pour lui signifier que ce n’était pas un jugement. Juste une remarque, une question. Mais Jared n’en confia pas davantage. Il haussa les épaules à son tour et tira une nouvelle taffe de son joint. La discussion était terminée. Il allait probablement me proposer de me raccompagner à l’école. Après tout ce qui s’était passé, je n’en serai pas vraiment mécontente.

Mais Jared s’approcha alors de moi, non pour me parler, mais pour m’embrasser. Son baiser était si passionné, si fougueux. Je sentis mon cœur faire un bond dans ma poitrine. Peut-être même que mon loup grogna de plaisir aussi. Je lui rendis son baiser, happant ses lèvres à mon tour, posant mes mains sur ses bras pour le rapprocher de moi. Je voulais le toucher, je voulais rompre la distance entre nous. Je voulais que les barrières tombent et je voulais qu’il m’embrasse avec encore plus de fougue. J’ignorais si Jared était Légilimens, mais son baiser se fit alors plus profond et ses doigts vinrent jouer avec l’élastique de ma chemise. Mon souffle se fit court quand je vis qu’il retirait d’abord son tee-shirt.

Je ne me souvenais pas d’avoir déjà vu un garçon torse-nu. Enfin, si peut-être. Alec Davis quand lui et Edmund avaient eu la lubie tout un été d’avoir un torse super bronzé. Ou encore Conrad Huong quand on jouait dans les vagues de la côte atlantique. Mais non, jamais un garçon n’avait été aussi proche de moi à moitié nu et avec un vif désir. Le torse de Jared était celui d’un homme. Pas d’un petit garçon qui jouait à la bombe dans l’eau. Jared était un homme et qui plus est un loup-garou avec la pilosité et les cicatrices qui accompagnaient cet état. Et j’ignorais pourquoi mais cela me rendit aussitôt nerveuse. Plus nerveuse qu’excitée. Pourtant, quand il vint à nouveau m’embrasser avant de tirer sur mon tee-shirt, je ne le repoussais pas.

« Je peux ? »

Je hochais la tête avant qu’il ne retire délicatement mon pull puis ma chemise. Ses mains étaient chaudes et ses gestes précis. Ma bouche était devenue soudain pâteuse et mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Mais plus pour le désir et l’excitation, mais plutôt pour la peur. Pourquoi ? J’étais idiote de réagir comme ça. J’avais toujours adoré la compagnie des garçons et c’était moi qui avais insisté pour sortir avec Jared, un mec plus âgé qui avait forcément d’autres désirs que de se bécoter dans un coin. En même temps, je sentais que j’avais envie que cela aille plus loin. D’un autre côté, je sentais que je n’étais pas prête.

Pourtant, je tentais de répondre à chacun de ses baisers. Je touchais ses mains, ses bras, ses épaules. Je me disais que de le découvrir, me familiariser avec son corps m’aiderait à faire passer ce moment de nervosité. Jared tira une nouvelle taffe de son joint et alors que je le regardais l’écraser, j’avais la sensation de me sentir complètement déconnectée de ce moment. Etais-je vraiment là, allongée sur ce canapé, le corps de Jared au-dessus du mien, à moitié dénudée ? Etais-je vraiment en train de l’embrasser et de faire ce que nous allions faire ? Je sentais que je me déconnectais de la réalité et que mon cerveau partait ailleurs.

Et petit à petit, je me sentais revenir au soir d’Halloween avec Lemony. Ça n’avait été que des baisers et des caresses. Mais ce soir-là, j’avais senti pour la première fois que mes actes pouvaient avoir des conséquences. Ce soir-là, j’avais senti que de jeune adolescente, j’étais une jeune femme en capacité pour de nouvelles expériences. La même nervosité que j’avais ressenti ce soir-là me rattrapait sans que je ne puisse le contrôler. Le problème n’était pas tant Lemony en lui-même. Non, le problème venait de moi.

Je fus brutalement ramenée dans mon corps, dans la réalité du moment, lorsque la main de Jared qui était descendue jusqu’à mon ventre remonta alors jusqu’à mon soutien-gorge. Je fermais les yeux et je sentis que mes caresses sur le dos de Jared se stoppèrent à ce même moment. Je ne me sentais pas prête. Jared dût le sentir car il se stoppa dans son geste presque aussitôt.

« Est-ce que ça va ? »
« Je … »

J’ouvris les yeux. Ma bouche était sèche et je me sentais toute crispée. Les yeux de Jared me scrutaient, non dans le jugement mais dans l’inquiétude.

« Tu veux qu'on arrête ? »

Je ne répondis pas mais Jared dut l’interpréter comme un signe. Il se redressa et me donna ma chemise qui avait atterri sur le sol. Je ne m’en souvenais même pas. Je la passais rapidement et entrepris d’attacher les minuscules boutons. Je sentais mes doigts trembler encore.

« Je suis désolée … » commençais-je.

Je passais ma langue sur mes lèvres alors que je m’asseyais à nouveau. Je me sentais terriblement mal à l’aise. Et si Jared ne voulait plus me toucher ? Et s’il souhaitait rompre avec moi parce que j’avais peur d’aller plus loin ?

« Je suis désolée. » repris-je. « Je … je ne suis pas très douée. »
« Y'a pas de mal tu sais, c'est rien, si tu as pas envie ou si t'es pas prête, on a tout le temps. »

Je tournais la tête vers Jared, évitant toutefois de croiser son regard. Pourtant, j’étais surprise par ses paroles. Je pensais vraiment qu’il m’en voudrait et m’intimerait d’y mettre plus du mien. Mais je l’avais dit plus tôt : Jared était différent.

« Je suis désolé si je t'ai brusqué, ce n'était pas mon intention. »
« Tu n’as rien fait de mal ! » m’exclamais-je. « C’est moi, je … j’aurai du te dire que … enfin, je ne le savais pas encore. Mais … je crois que j’ai besoin qu’on y aille un peu plus doucement. »

Je triturais mes cheveux, les démêlant. Je crois que j’avais envie de retenter l’expérience. Pas tout de suite. Mais à nouveau, un jour. Mais doucement. Sans gros enjeu. Avec l’idée que je pouvais tout interrompre à tout moment. Et la discussion avec Jared m’assurait dans cette idée. Mes yeux suivirent les mouvements de Jared qui avait repris le joint pour le rallumer. Il n’avait pas encore remis son tee-shirt et s’était callé contre le dossier du canapé, les yeux fermés. Et, je devais l’avouer, il était très sexy comme ça. Je me sentais encore un peu bête d’avoir tout interrompu mais rien qu’à l’idée de revivre ce que je venais de vivre, une boule d’angoisse se formait dans ma gorge.

« Est-ce que … tout va bien ? » demandais-je timidement.
« C'est OK. »

Je fronçais les sourcils.

« Ok pour ? »
« Pour la prochaine pleine lune, je t'accompagnerai. »

J’écarquillais les yeux de surprise. J’étais loin de m’attendre à ça.

« C’est vrai ? Génial ! »

Mon cœur se regonfla d’espoir et je me sentis presque plus légère. Jared ne me repoussait pas. Au contraire, il cherchait à gagner ma confiance et acceptais même de faire un effort supplémentaire vers moi. Je souris et me penchais pour l’embrasser sur les lèvres. Il ouvrit un œil et je résistais à l’envie de me blottir contre lui. Il n’aimait pas les gestes trop tactiles à part pour … pour le reste. Alors, s’il faisait des efforts pour moi, j’en ferai pour lui. C’était comme ça que fonctionnait un couple, non ? Avec des compromis.

« Merci. » dis-je seulement.

Jared Parkinson était vraiment le petit-ami parfait.

Samedi 23 mars 2002

« Est-ce qu’on peut aller prendre une glace chez Florian ? »
« Je préférais qu’on ne traîne pas trop par ici. »

Je roulais des yeux mais ne répondis pas. Dans un sens, je comprenais la position de mon père. Depuis l’attentat à l’UMS le 1er mars, j’avais l’impression que tout le monde était sur ses gardes. Les plus superstitieux disaient que bientôt l’école Poudlard serait visée. D’autres affirmaient que l’école de magie avait été et était toujours l’endroit le plus sûr au monde après Azkaban. En tout cas, je savais que papa se sentait toujours mieux quand on était entre les murs de l’école. Aujourd’hui, cependant, nous avions dû nous rendre sur le Chemin de Traverse, à Londres. Papa avait besoin de racheter des livres chez Fleury et Botts et moi je réclamais un nouveau chaudron pour le cours de potions. Le dernier avait été un peu cabossé après une potion qui avait mal tourné. Ce soir, nous dormirions au Chaudron Baveur a priori, le trajet Londres-Poudlard étant assez long et épuisant pour le faire qu’une seule fois dans la journée. C’était sans doute pour cela que papa était très tendu.

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Louis Prewett

Heureusement, le professeur Chastang nous avait accompagné. Papa était malgré tout moins nerveux en sa compagnie. De temps en temps, ils se prenaient la main mais je voyais bien qu’ils ne savaient pas encore tout à fait comment faire devant moi et devant les gens en général. Si le premier mariage homosexuel avait été célébré il y a quelques mois, cela ne signifiait pas pour autant que le reste des personnes était à l’aise avec les différentes orientations sexuelles.

« Ah ! le revoilà ! » s’exclama papa en voyant le professeur Chastang revenir.

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Ethan Chastang

Alors qu’il était allé faire ses emplettes sur l’Allée des Embrumes, il était alors revenu avec un autre homme. Papa fronça les sourcils mais je reconnus l’homme quand il s’approcha dans la lumière de la rue.

« Mr. Parkinson ? »

Amadeus Parkinson était un sorcier massif aux cheveux noirs épais et bouclés. Je le connaissais pour l’avoir déjà vu à la cour des Iceni. Pas très longtemps à dire vrai, juste pour dire bonjour. Mais je l’avais très vite enregistré dans ma tête comme étant le père de Jared.

« Bonjour Amadeus. » dit mon père en lui serrant la main. « Comment vas-tu ? »

Pour s’appeler par leurs prénoms, Amadeus et papa devaient se connaître, même si j’avais cru comprendre que c’était plutôt tante Victoire qui lui était familière. Les trois hommes se mirent à discuter avant qu’Amadeus ne se tourne vers moi. Il était visiblement désireux de savoir comment je me portais et comment je m’acclimatais à ma nouvelle condition.

« Je vais bien, monsieur. » répondis-je avec un sourire timide.

Il était indéniable qu’Amadeus Parkinson avait une aura très imposante, l’aura d’un Alpha.

« Les potions Tue-Loup que la cour me fournit me sont très utiles et j’ai déjà pu réaliser ma première pleine lune avec le prince. Je dois d’ailleurs y retourner la semaine prochaine avec Jared. »

Je souris de plus belle, espérant qu’il serait heureux de savoir que son fils m’aidait dans mon processus d’acclimatation. Amadeus proposa alors que nous venions manger ce soir chez lui où Jared et ses sœurs devaient venir dîner. Je regardais avec des yeux pleins d’espoir mon père pour qu’il accepte l’invitation. Après tout, rencontrer la famille Parkinson était bien plus excitant que de passer la soirée au Chaudron Baveur avec mon père et le professeur Chastang. Après quelques dernières paroles échangées, l’affaire était réglée. Et je brûlais d’impatience d’y être !

Quelques heures plus tard …

Les Parkinson habitaient évidemment en Irlande. Merlin merci, Amadeus avait proposé que nous logions dans leurs chambres d’amis et, en arrivant devant la façade de la maison, je ne doutais pas qu’il y ait assez de place pour nous. La maison était immense et aurait pu abriter toute une meute. Mon père alla toquer tandis que le professeur Chastang l’aidait à remettre les plis de sa cape de sorcier. Je détournais les yeux pour leur laisser ce petit moment d’intimité tandis qu’un sourire flottait sur mes lèvres. Je devais avouer que j’aimais les voir comme ça et je ne comprenais toujours pas que Billy n’accepte pas cette idée.

La porte s’ouvrit sur la femme d’Amadeus. Mon père la salua et l’appela Reagan. Le professeur Chastang entra à son tour en la saluant avant que ce ne soit mon tour.

« Bonsoir. » dis-je.
« Tu dois être Victoire, c’est ça ? » demanda-t-elle.
« Victoria en faites. Victoire est ma tante. Mais tout le monde m’appelle Vicky. » répondis-je.

Reagan eut un sourire en coin que je ne suis pas interprétée et me guida vers l’intérieur. La décoration était moderne et ne manquait pas de lumière, d’une part avec ses grandes baies vitrées mais aussi avec tous les spots au plafond. Les espaces étaient ouverts et le bois apparent rappelait bien les chalets d’hiver. Reagan nous emboîta le pas pour nous mener jusqu’à la salle à manger. Amadeus était là mais pas seulement. Les sœurs jumelles de Jared étaient là elles aussi et un sourire flotta aussitôt sur leurs lèvres en nous voyant. Alors qu’elles saluaient mon père et Ethan, je cherchais du regard Jared, mon cœur battant à tout rompre. Il n’allait tout de même pas m’abandonner pour ce dîner avec nos parents ?

@ Victoire


Dernière édition par Vicky D. Prewett le Mer 6 Déc - 20:26, édité 11 fois

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It's time to begin, isn't it ?

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Do you know what your fate is ?
And are you trying to shake it ?
Avec Victoria PrewettSamedi 23 mars 2023

« Et alors qu'est-ce que j'aurai du faire ? Regarder tous ces gens mourir ?! »
« Tu aurais du rentrer en Irlande, comme tu l'as demandé à tes sœurs ! »
« Je pensais que tu aurais été content, c'est pas ce que tu fais en tant qu'Auror ? T'es pas en première ligne ?! Tu sauves pas des vies ?! Si t'avais été en Angleterre, tu serais intervenu à l'UMS ! »
« Jared j'ai étudié pour ça, j'ai eu une formation, je suis entraîné ! Tu n'as aucun entraînement, tu as mis ta vie inutilement en danger. Si tu veux ce genre d'action, pourquoi tu n'es pas allé en protection Magique ? Comme moi et ta mère ?»
« Quoi que je fasse, ce n'est jamais assez bien pour toi ! Je suis Médicomage, je pouvais aider, soigner et c'est ce que j'ai fait ! »
« Arrête Jared, tu n'as pas finit tes études, tu as eu beaucoup de chance, je te rappelle que tu n'as que 18 ans, aucune expérience ! »

Mes lèvres tremblent de rage, mes yeux s'assombrissent en même temps que mon cœur. Jamais il ne sera fier, jamais il sera satisfait de mes actes, quoi que je fasse, quoi que je lui prouve.

« Bleddyn Iceni est devenu Grand Général de l'armée à 17 ans... et je... »

Mon père éclate de rire et son rire est comme un coup de poing qui m'arrête dans ma phrase. J'allais lui dire que j'étais doué pour la Médicomagie, que c'était comme une partie de moi, que je suis le meilleur élève de ma classe et de toute les promo, peut-être même de ces dix dernières années. Il n'a qu'à demander à ma marraine Élisabeth.

« Tu te compares au Prince ? Mais lui aussi a eu une formation, et il sait se transformer en loup sans la lune, lui... »

J'ai l'impression qu'une lame transperce mon cœur. On y revient, au cœur du problème, parce que oui, là est tout le nœud de nos éternelles querelles, il ne supportera jamais que j'ai refusé de me transformer sans lune lors de l'initiation à 17 ans. Pourtant je pourrai lui dire, que je sais le faire. Que c'est juste que je refuse, je pourrai m'épargner tout ça, mais je ne le fais pas, je m'impose cette situation comme un bon masochiste.

« Jared, tu n'es qu'un gamin encore, tu ne peux pas te mettre en danger comme tu le fais, surtout en ne partant à la guerre qu'avec trois sorts de cicatrisation sous ta cape. Ta mère était folle d'inquiétude. »
« Tu ne me connais pas. »
« Oui je vois bien ça, je ne te reconnais plus, avant tu étais... »
« NE ME PARLES PAS D'AVANT ! J'te parle de maintenant ! Je suis plus le gosse qui se cache derrière les meubles, j'ai changé ! Je suis plus celui qui ramasse dans les couloirs de Poudlard, qui se fait péter les côtes dans les toilettes, ni qui se prendre un sort de Magie Noire au dessus de l’œil PUTAIN ! Alors ne parle plus de ce Jared là !!!»

La colère est telle que je sens la magie qui crépite à l'extérieur de moi, mes yeux sont un rappel à mon loup intérieur, qui lui aussi est énervé. Mais mon père ne répond rien, il semble sous le choc. Je crois que c'est la première fois que je fais autant de révélation. Que j'en dis autant sur mon passé, sur le calvaire vécu à Poudlard. Et j'en ai certainement trop dit pour cet abruti, quoi que je dise, il ne me comprendrait pas. Mais je ne supporte pas qu'on parle de cette époque, je ne suis plus ce lâche, je ne fuis plus le danger.

« Tu n'as jamais voulu nous dire pour ta cicatrice à l’œil, qui a fait ça Jared ? »

Sa voix s'est radoucie, son visage aussi, il avance d'un pas vers moi et je recule de deux pas.

« Parle moi Jared, j'ignore tout ce que tu as vécu là bas, tes côtes, ton œil... »
« Je t'ai dit, ne me parles pas d'avant. Me parle pas tout court en fait...»

Je ne supporte plus la tournure de cette conversation, je quitte donc le salon pour me diriger vers les escaliers et fuir dans ma chambre. Y'a encore qu'avec lui que je suis un lâche et que je fuis le conflit.

« Jared reviens ici je te prie ! On discute ! »

Mais ce n'est plus mon Alpha, je n'ai plus à écouter ses ordres. J'entends alors la voix de ma mère qui lui demande de me laisser.

« Amadeus, il a fait un premier pas, il s'est confié... à sa manière, laisse lui du temps. Tu es parfois trop dur avec lui. Ce n'est pas un bavard, pas comme tes filles, et il n'est pas toi... mon amour... ce n'est pas toi. »

Je claque la porte de ma chambre et me jette sur mon lit recouvert de bouquins et de parchemins. A la base, j'étais juste sorti pour me chercher un truc à boire, je ne m'attendais pas à une leçon de morale sur mon rôle lors de l'attentat de l'UMS. Évidemment mes parents ont été informé dans un premier temps par mes sœurs, qui avaient été secouru par Bleddyn et qu'on avait renvoyé en Irlande se mettre à l'abri. Et ensuite l'UMS les ont informé de ma conduite héroïque aux côtés du Prince Iceni. Mais mon père n'a retenu que mon inconscience ce jour là. Heureusement, ils ne savent pas que je suis responsable de la mort de certains Blues Dragons. Si eux ne le savent pas, Bleddyn le sait. Et depuis le 1 mars je vis hanté que tout ça me retombe dessus. J'ignore pourquoi Bleddyn n'a rien dit, j'ai quand même tué... je devrai passer devant la justice, mais pour l'instant rien... aucun hibou. Peut-être que ça prend un peu de temps, notamment de rassembler les preuves ? Je sais pas vraiment comment ça marche, mais je sais que je vis certainement à crédit. Et même si mon temps de liberté est compté, je le comble en révisant encore et toujours mes cours.

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Je ressens l'approche de la lune, et cette dispute m'a vidé de toute mon énergie, aussi je cherche dans une de mes planques pour trouver un reste d'aconit tue-loup. Je suis aussi très nerveux, ce soir mes parents ont invité Victoria et ses parents. Mon père a croisé son père et son ami sur le Chemin de Traverse et les ont invité. J'ignorai qu'ils se connaissaient. Mes sœurs, bien bavardes aident ma mère en cuisine et racontent tout ce qu'elles savent à mes parents sur la relation entre Vic et moi, autant dire pas grand chose, mais assez pour faire naître l'enthousiasme parental. Ils semblent pour la première fois de ma vie, content d'une de mes décisions, à savoir me mettre en couple avec une louve. Ce qui au final m'exaspère énormément.

Je n'ai jamais eu de vrai relation suivi, les filles je m'en tape que depuis mon changement il y a un an et demi, depuis mon entrée à l'UMS, avant ça, elles avaient pitié pour moi, je ne les intéressais pas et je puis elles ne m'intéressaient pas. J'avais d'autres problèmes, à savoir qu'il fallait que je survive chaque jour chez les Serpentard. Je me souviens d'un soir où j'ai regardé un peu trop longtemps dans la direction de la copine du moment de Thomas Scott-Rosier en traversant la salle commune. Je n'ai pas pu remonter au dortoir avant la nuit tellement ils y étaient allés fort. C'est ce jour là que j'ai justement failli perdre l’œil... J'ai plus jamais regardé une seule fille après ça, je baissais toujours les yeux.

Alors quand je suis arrivé à l'UMS, avec des centimètres et des muscles en plus, j'ai décidé que ça ne serait plus pareil, que je ne baisserai plus les yeux pour personne. Et j'ai commencé à sortir et coucher à droite et  gauche, mais j'ai jamais eu de relation comme avec Vic, où il faut être fidèle et régulier. Et puis Clary a débarqué et elle a foutu la merde je crois. Je ne pense plus qu'à elle, mais je suis avec Vic, et je veux bien faire, je voudrai pas l'envoyer chier comme je sais si bien le faire. J'essaye de suivre les maigres conseils que je veux bien écouter, notamment de Bleddyn, mais c'est dur, j'ai aucune expérience. Heureusement Vic est de bonne composition, j'ai l'impression qu'elle me supporte alors que je suis insupportable, ce qui m'arrange bien. Mais ce soir, je sais que je dois la quitter. Il faut qu'on parle, je ne peux plus, je ne veux plus. J'ai besoin de Clary...

Je passe l'après midi à réviser comme un taré, je m'avance sur toute la semaine prochaine. Je réalise quelques potions qui ont besoin de 48h de repos avant de s'en servir. Et alors que je relis mes notes sur la prise en charge d'Enola, j'entends que ça s'agite en bas. Les invités sont là... Vic est là... mon estomac se noue, mon stresse augmente. A ce stade là je ressens presque de la souffrance dans chaque cellule de mon corps.

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« Bonsoir. »
« Tu dois être Victoire, c’est ça ? » demanda-t-elle.
« Victoria en faites. Victoire est ma tante. Mais tout le monde m’appelle Vicky. »

Je sors de ma chambre et reste sur le palier à tendre mon oreille de loup. J'entends mes sœurs faire la conversation à Victoria. Et lui proposer de lui faire visiter et d'aller me chercher.

« Je pense qu'il bosse encore, tu... »
« ...le connais. »

Je me précipite alors à nouveau à l'intérieur de ma chambre, comme un ado qui se cache après avoir fait une connerie. Je m'installe à mon bureau et fait mine de classer mes fioles d'ingrédients, ce qui sonne vrai, car je n'avais pas encore ranger les contenants après la fabrication des potions.

« Jared ?! Les invités sont là ! »

Mon cœur bat à tout rompre et je me retourne, Alana entre suivi de Victoria puis d'Eireann.

« Oh salut Vic ! »

Je me sens extrêmement gêné, je n'ai jamais été avec elle devant personne, en tout cas pas devant mes sœurs. La situation contamine tout le monde, puisque je ne bouge pas de mon bureau. Mes sœurs ont beau être chiantes souvent, pour le coup, elles décident de nous laisser seuls. Elles sortent de la chambre et je me lève pour venir vers « ma petite copine » pour encore quelques minutes. Je l'embrasse de manière nonchalante, posant mes lèvres peut-être un peu trop brusquement sur les siennes. Comme si on me forçait à embrasser Emy, ça ne serait pas vraiment dégoûtant, mais ça serait super bizarre et dérangeant.

« Tu vas bien ? Je savais pas que nos parents se connaissaient. Et toi ? »

WOUH la conversation meuble, je ne sais pas quoi lui dire, même si tout mon corps en envie de lui hurler « je te quitte ! ». Mais je n'y arrive pas. Elle semble heureuse de me voir, putain c'est dur. Pourquoi est-ce que ça me dérange autant ? J'ai l'habitude de ne pas mettre de gants, alors pourquoi avec elle c'est plus difficile qu'avec n’importe quelle fille ?

« Vas-y fais comme chez toi, juste, ces potions sont supers fragiles, alors si tu pouvais ne pas toucher. »

Je la regarde faire le tour de ma chambre, planté comme un piquet au milieu. C'est la première fois qu'une fille autre que mes sœurs ou « cousines » est dedans. Je cherche la meilleure formule possible pour lui dire qu'on ne peut plus continuer. Est-ce que je dois lui parler de Clary ? Ça serait au moins direct, genre « je t'aime pas, je pense à une autre » mais même moi je sais que c'est un peu trop connard. Vic n'est pas méchante, je n'ai rien contre elle, je me sens au contraire très reconnaissant de sa présence dans ma vie, elle ne me prend vraiment pas la tête, elle me subit un peu, et c'est plutôt cool de sa part. Même si elle est bavarde et me pose plein de questions auxquelles je ne veux pas répondre, elle ne fait aucun jugement quand je reste silencieux. Elle me regarde comme si j'étais le meilleur copain du monde, alors que je suis la pire enflure sur terre et qu'elle mérite quelqu'un d'autre, quelqu'un qui saurait lui rendre son amour, quelqu'un qui s'intéresse mieux à elle, qui prend soin d'elle, j'en suis incapable. Je suis incapable de penser à elle, en dehors des moments où je suis avec elle. Je veux pas lui faire du mal et je crois que c'est bien la première fois que ça m'arrive. Elle y est pour rien, c'est moi qui suis ravagé, trop ravagé pour elle, ou pour quiconque, même pour Clary. Je soupire et elle l'entend.

« Hein ?! Ah oui tout va bien, je me suis juste pris la tête avec mon père, j'ai pas envie de descendre. »

Elle me propose de rester ici, dans la chambre et putain ça me décontenance. Putain elle est trop gentille, je suis un vrai con. Pourquoi je suis comme ça ? Pourquoi je ne pourrai pas juste l'aimer comme elle semble m'apprécier... en plus elle est jolie. Je m'approche d'elle et vient embrasser son front, comme je pourrai le faire avec Emy, c'est tendre, mais il n'y a aucun sentiment.

« Non c'est bon, on y va. »

Je passe devant, je sais que n'importe quel couple se prendrait sans doute par la main pour descendre, mais je ne le fais pas. Je ne supporte pas le contact. Les dernières marchent sont un calvaire. J'arrive dans le salon, Vic derrière moi, je viens saluer les deux hommes.

« Un Wolfgang Amadeus miniature. C'est dingue. Je comprends pourquoi Vicky est tombée sous le charme de ton fils. » lâche Louis, le père de Vic.

Ma mâchoire se crispe, je crois que c'est ce qui m'agace le plus, qu'on me compare physiquement à mon père, y'a encore deux ans, je n'avais rien en commun avec lui, mais depuis la puberté de mon loup, tout le monde s'acharne à nous faire part de notre ressemblance, ce qui le rend fier, pas moi. Alana et Eireann par exemple, ont toujours été un mélange parfait entre ma mère et mon père. Je lance un regard à mes sœurs qui gloussent, elles, elles sont vraiment fières. Je me retiens de lever les yeux en l'air. J'ai toujours pris l'habitude qu'avec des invités je garde l'étiquette, cette éducation à la cour royale qu'on a reçu.

La table est mise et on s'installe directement. Je n'ai toujours aucun geste d'affection pour Victoria, je suis au contraire plutôt froid, peut-être parce que je suis très pudique et gêné de cette situation. C'est une présentation officielle, alors que je ne leur aurai jamais présenté et que possiblement après ce soir on ne sera plus ensemble. Je trouve que tout ça sonne faux, mais Vic ne perd pas son sourire. Putain je me sens tellement minable. Je la trouve incroyable forte, alors qu'elle n'est même pas au courant que je veux la quitter.

Les discussions battent leur plein, j'apprends que la femme de mon ancien professeur d'étude moldu a été marié à une Auror. GE-NIAL. Et à présent marié à mon ancien prof de DCFM, vraiment je me sens absolument à l'aise ce soir... Je dois dire que je ne me suis pas trop intéressé à la vie de Vic, mais j'apprends qu'elle a deux grands frères, Billy et Edmund je crois. Mon père sert l'alcool qu'ont apporté les invités, il passe mon verre alors que j'en aurai bien besoin. Et pour rire, le père de Victoria dit au mien qu'il pouvait au moins me laisser boire pour ce soir.

« En plus j'ai entendu les prouesses de votre fils à l'UMS, il s'est montré incroyablement courageux, il tient cela de vous j'imagine, mais Victoria m'a dit qu'il était en étude de médicomagie plutôt que suivre votre carrière. »
« Pourtant il était assez doué en Défense Contre les Forces du Mal. A croire qu'il pratiquait tous les jours.» rajoute Mr Chastang.

Gros blanc, malaise... je n'ose pas tourner mon regard vers mon père ou ma mère, ni même mes sœurs. Évidemment que je connaissais assez bien les contres sorts, vu que je les apprenais toujours théoriquement après une agression de mes harceleurs, histoire de pouvoir m'en sortir mieux la fois d'après, même si pourtant je n'arrivais jamais à répliquer à temps. Mais je les connaissais au cas où.

Mon père rempli mon verre, a-t-il pitié ? Quoi qu'il en soit, en sentant l'odeur âpre de l'alcool j'en ai instinctivement l'eau à la bouche. D'autant plus que cette conversation prend une tournure que je n'apprécie pas. Mais je ne dois rien montré, et je concentre plutôt toute mon énergie pour ne pas sauter sur le verre et le boire d'une traite. Un seul verre... si mon père savait que je m'envoie des bouteilles entière comme du jus de citrouille ?!

« Tu n'as pas eu peur Jared ? Car les créatures magiques étaient aussi visées...» Leur air semble triste, surtout qu'ils regardent vers Victoria, assise à côté de moi, devenue récemment une louve.

« Non. »

Tous les regards se tournent sur moi, interloqués. Et merde. Je racle ma gorge et me reprend.

« Enfin, j'étais avec le Prince Iceni qui a assuré ma protection, je n'ai fais que soigner les blessés, je n'ai pas vraiment eu le temps d'avoir peur, si ce n'est pour mes amis. »
« Mais tu avais du sang sur toi tu... »

D'un seul regard complice dirigé sur ma sœur je la fais taire.

« Probablement du sang d'une victime. » rajouté-je en vitesse.

Qui était en fait un Blue Dragon, mais ça ils n'ont pas besoin de le savoir.

« C'est très courageux, mais je me souviens que tu l'avais déjà été à Poudlard, lors de la Bataille, tu avais assisté Madame Ponfresh, tu étais l'un des seul Serpentard si je ne me trompe pas. »
« Peut-être, mais c'était normal. »

Heureusement mon ancien professeur d'études de moldus change la conversation, mais pas sûr que ça me plaise mieux.

« Vicky nous a dit que tu l'aidais depuis sa transformation, je t'en suis reconnaissant. »

Mes yeux se lèvent vers le père de ma prétendue « petite amie », voit-il la honte et le regret dedans ? Je ne l'aide pas vraiment, je suis juste là quand elle parle et répond à une question sur trois qu'elle me pose. Aussi je tourne ma tête vers elle, j'ai envie de lui sourire mais je n'y arrive pas.

« Elle se débrouille très bien sans moi, vous pouvez être fiers, je n'ai jamais vu quelqu'un s’acclimater aussi vite à une morsure, ça va devenir comme une seconde nature pour elle, je ne me fais pas de soucis. Elle sera très bien entourée à la cour Royale.»

Je ne veux pas avoir l'entière responsabilité de son apprentissage ou son accompagnement en tant que nouvelle créature magique, j'en suis ni digne, ni responsable. Disons que je ne suis pas l'exemple à suivre, que je ne vis pas mon côté lupin avec autant d'aise que mes parents ou mes sœurs. Je commence à peine à me dire que je peux en tirer partie, comme le jour de l'attentat, j'ai conscience que si je n'avais pas été un loup, je n'aurai pas pu tenir le rythme et la pression. Si j'avais été l'ancien Jared... je ne serai pas autour de cette table ce soir.

Mes parents discutent des Iceni justement, les parents de Vic posent des questions, veulent un peu savoir le fonctionnement, les traditions, savoir comment se passe les pleines lunes, Victoria écoute aussi d'une oreille attentive. Je réalise que je ne suis pas comme eux, comme ma mère et mon père, leurs yeux brillent en leur expliquant tout. Pourquoi je n'y arrive pas ? Pourtant j'aime mon pays, j'aime ma religion, j'aime le peuple qu'on forme, mais ma nature... et certains traditions, je n'y adhère pas.

Alana me regarde avec insistance, elle me sourit quand je pose mes yeux sur elle. Je sais ce qu'elle veut me dire, depuis toujours nous n'avons pas besoin de se parler pour se comprendre. Rapidement c'est le regard d'Eireann que je sens sur moi. Il y a tant d'amour et de soutien dans leurs pupilles sombres. Tout le monde semble heureux et détendu, ma mère rigole avec le professeur Chastang, mon père explique des choses à Victoria et son père, et me lance des clins d’œil complices. Depuis quand sommes-nous complice ?

Tout le monde semble à son aise mais je ne me sens pas à ma place ici et maintenant. Je sais qu'ils sont mes proches, mais ce repas n'est qu'une mascarade. Tout le monde m'encense alors que je suis un imposteur. S'ils savaient tous réellement qui je suis, que dernièrement j'ai tué... et que je n'en ai aucun remords, je les dégoûterai. S'ils savaient comment je traite leur fille, à penser à une autre, même en cet instant. Clarissa me manque, et c'est comme un vertige permanent, comme un trou dans ma poitrine qui grandit au fur et à mesure que le temps passe. Je donnerai tout pour qu'elle soit à côté de moi, pour que mes doigts s’agrippent aux siens, alors que je fuis le simple contact avec ma véritable petite amie.

Je donnerai tout aussi pour partir de ce repas, me défouler, défoncer des gueules, défoncer ma gueule. Sentir l'adrénaline, l'odeur du sang sur mes mains. Je donnerai tout pour pratiquer des sorts de soins ou pour causer des dégâts. Depuis l'attentat je suis en plein questionnement, je pense que le mois prochain, si ça me tient encore, et si je ne suis pas arrêté pour mes actes, j'irai voir mon professeur principal, pour lui demander de m'envoyer sur des terrains plus « dangereux ». Je sens que j'en ai besoin. C'est encore plus addictif que l'alcool. D'ailleurs je bois mon verre doucement et c'est dur, bien trop dur de ne pas le descendre d'un coup.

Je n'écoute pas trop les conversations, mais j'entends que mon père a visiblement eu une histoire avec la sœur de Louis. Une certaine Victoire. Je n'écoute qu'à moitié, car j'en ai rien à foutre de la vie de mon père et de ses multiples conquêtes avant de rencontrer ma mère. D'ailleurs cette dernière rigole un peu jaune en entendant cette histoire qu'elle semble connaître visiblement, car elle demande des nouvelles de la famille. Mais ma mère n'a pas de raison d'être jalouse, mon père est dingue d'elle, et on sent qu'il souhaite que j'ai une aussi belle histoire avec une femme. Je rigole intérieurement, je devrai lui présenter un homme la prochaine fois, vu que depuis Aliocha, j'ai découvert que les mecs me branchaient aussi. Je suis sûr qu'il accepterai mieux plutôt qu'une demi-vampire.

La soirée se passe et se termine au salon autour d'un feu de cheminée, avec des verres de Whisky et des cigares. Évidemment je n'ai pas le droit de boire, ce qui commence à vraiment être dur. Mes sœurs me sont très utiles, elles parlent à Victoria et lui propose de partager la même chambre si elle ne veut pas dormir avec moi, en mode soirée pyjama ce soir. Je me retiens de souffler, je ne veux pas qu'elles s'habituent à elle, qu'elles se mettent à l'investir ou à s'attacher à elle, vu que je vais la quitter. Tout ceci me met mal à l'aise encore plus. Mais d'un côté, si elle pouvait ne pas dormir avec moi... ça m'arrangerait.

« On monte regarder un film ? »
« OH oui Vicky, il faut trop que tu vois ça ! »
« Jared tu viens avec nous ? »

Je me lève et les suis, car je serai mieux en haut plutôt qu'avec les parents. Dans le couloir, je leur dis que je vais prendre une douche et les rejoins. Je fais couler l'eau brûlante sur ma peau et parcours chacune de mes cicatrices, comme pour garder le contrôle sur mes émotions. Je me regarde dans la miroir et je me convaincs que je ne suis plus ce lâche de Poudlard, que je ferai quelque chose de ma vie, que je serai un jour heureux ou potentiellement plus serein. Je ne sais pas comment font les autres. Comment ils arrivent à sourire, à me sourire.

Quand j'arrive dans la chambre de mes sœurs, je suis seulement avec un bas de jogging et une serviette en travers mes épaules. J'étouffe toujours quand il y a du monde, on met toujours le chauffage pour les invités. Mes cheveux sont encore mouillés et l'eau goutte sur la serviette ou ma peau. Je m'approche des lits de mes sœurs, qu'elles ont rapproché pour faire un énorme lit. Je connais cette configuration, parce qu'il n'est pas rare que je trouve ma place au milieu d'elles quand elles me le demandent, moins depuis que je suis à l'UMS et qu'on a chacun une chambre dans notre appartement à Londres, mais je les retrouve souvent endormies ensemble dans le même lit ou sur le canapé au petit matin.

« Jared le beau gosse ! Ouuuh sexy hein Vicky !» lance Alana

Je hausse un sourcil et comme pour lui faire regretter sa phrase, je secoue mes cheveux mouillés sur elles. Il y en a pour tout le monde. Et comme je suis quand même un type sympa, je balance ma serviette à Vicky qui la pauvre n'a rien demandé, pour qu'elle s’essuie. Mes sœurs râlent et je me met à sourire. Au lieu de m'installer sur les matelas avec elles, je me pose par terre devant le lit, mon dos adosser au lit. Sur l'écran, le film La Bête du Gévaudan, que mes sœurs ont déjà vu trois ou quatre fois depuis la sortie sur les écrans moldus l'année dernière. Pendant que le film tourne, Eireann trafique dans mes cheveux. C'est quelque chose que j'arrive à tolérer, elle s'amuse avec les boucles et entortille ses doigts, défait et reforme la boucle. Je sais qu'elles ont besoin de ce lien avec moi. Je la laisse faire sans broncher, tel le frère exemplaire que je suis.

Je penche ma tête en arrière et ferme les yeux, ne faisant plus qu'écouter le film. Mes pensées divaguent ailleurs, et sont rapidement happées par le souvenir Clarissa et de ce moment à la bibliothèque ou j'avais très envie de l'embrasser. Mon ventre se creuse. Combien de jour ? Une semaine, 7 jours que je ne l'ai pas vu ? Une éternité. Perturbé par cette pensée, alors que je suis en présence de ma « copine », je me sens mal. Et j'ai presque peur d'un don de légilimencie. Je me relève brutalement et me dirige vers la porte.

« Bonne nuit les filles, à demain. »

Sans un autre mot, je quitte la chambre et viens m'enfermer dans la mienne. Mon cœur bat la chamade. Mes doigts tremblent. J'ai besoin de voir Clarissa, tout de suite, mais je sais que c'est impossible. J'en ai mal aux os, littéralement, comme le manque d'une drogue dure. Je m'installe à la fenêtre et lance un sort pour que la fumée se dirige vers les toits et que mes parents ne sentent rien. Je fume mon joint avant de me coucher, le cœur lourd et frustré de ne rien avoir dit à Vic, mais demain je le fais, demain je la quitte. Au bout d'une heure, j'entends Vic rentrer dans la chambre, je fais semblant de dormir comme le lâche que je suis au final encore un peu. Elle s'installe à mes côtés alors que je suis tourné contre le mur, ne croisant ainsi pas son regard. Je ne peux pas, j'ai bien trop peur de ce que je pourrai dire, de ce que je pourrai faire. Alors je continue de faire semblant, jusqu'à m'endormir véritablement.

Dimanche 24 mars 2002

Je me réveille avec le bruit de la porte de ma chambre qui s'ouvre avec fracas. Eireann vient sauter sur mon lit. OK très bien ! Je rebondis un peu sur le matelas. Je marmonne et me retourne sur le ventre, l'oreiller sur l'arrière de ma tête, mon visage dans le matelas.

« Casse-toi tu veux ? C'est dimanche, je veux dormir. »
« Arrêtes tu dors jamais ! »

Ce qui n'est pas faux, mais là, je veux que la journée passe plus vite et je ne veux pas me retrouver avec les parents ou seul avec Vic à ne pas savoir quoi dire.

« Les parents proposent qu'on aille visiter Galway. »
« Non ! »
« Allezzzz ça va être trop cool. »
« Toujours non ! »
« Roooh rabat joie ! Bon et bien, il ne veut pas venir, désolée Vicky ! »

Je me retourne en relâchant le coussin et vois Victoria debout dans ma chambre, qui me regarde. Elle s'est déjà levée et pour tout dire cette fois je ne l'ai véritablement pas entendu. J'aurai trouvé le moment gênant qu'elle soit encore à mes côtés au matin. Eireann sort en trombe pour prévenir les parents que je ne veux pas venir. Victoria me demande si elle peut rester avec moi à la maison. J'ai envie de lui dire non, de lui dire de profiter de Galway, mais une partie de moi me dit d'accepter, pour pouvoir lui parler, ça sera l'occasion où jamais.

« Si tu veux ! » lâché-je finalement.

Elle sort toute contente de la chambre et va prévenir les parents. Je ne sors que quand la porte d'entrée se referme. Je descends dans la cuisine pour me faire un petit déjeuner. Toujours un bas de survêtement comme seul vêtement. Je cherche mes mots, mais je ne peux pas lui dire ça comme ça. Si ? Au lieu de ça, je fais cuire des œufs et du lard.

« Tu en veux ? »

Je prépare donc deux assiettes et on mange, presque en silence, vu que Victoria ne sait pas rester silencieuse. Donc j'écoute, tout en essayant de trouver la formulation la plus adéquate pour lui dire que c'est fini entre nous. Est-ce que je dois parler de Clary ? Pour que ce soit bien clair, et qu'elle comprenne que ce n'est pas elle le problème, mais moi... Mais c'est pas un peu tout ce que disent les connards comme excuse ? « C'est pas toi c'est moi ». Même si j'en ai un peu rien à foutre, je ne veux pas la vexer, encore une fois, je n'ai rien contre elle. Il me faut boire, mais à 8h le matin ça fait un peu tôt. Fumer par contre...

« On monte ? »

Je demande en interrompant une de ses phrase ou question. Je n'attends pas vraiment sa réponse pour monter deux par deux les marches jusqu'à ma chambre. Je ressors un pochon d'aconit de ma planque, j'ai bien fait de ne pas tout fumer hier soir. J'ouvre la fenêtre en grand, histoire que ma chambre n’empeste pas trop, j'aurai toujours l'excuse de dire à mes parents que je bossais sur une potion tue loup, ils croient encore que c'est moi qui me les prépare, c'est toujours mon excuse pour justifier que je sens l'aconit, mais pas le tabac. Et Victoria ne dira rien. J'ouvre un tiroir et enfile un t-shirt, sentant le froid mordant sur ma peau.

Je m'installe sur mon lit, un bras derrière la tête, l'autre qui ramène le joint de temps en temps à mes lèvres. Je regarde Victoria déambuler dans ma chambre. Elle a de quoi regarder puisque j'ai 3 énormes bibliothèque. Mais elle s'arrête sur les décoration, la Triquetra Irlandaise, et la représentation du Dieu-Druide.

« C'est Dagda. Il contrôle le sacré et la science. Il a une force surhumaine, il est dit que c'est un maître de la vie et la mort, et qu'il peut tuer neuf personnes d’un coup avec son gourdin, ou leur redonner la vie. »  

J'ai toujours aimé ce Dieu, et aujourd'hui plus que jamais, depuis que j'ai ôté la vie et que je sais la soigner. Je n'ai pas le pouvoir de ramener les morts comme lui, mais je suis capable de sauver ou de tuer à présent, visiblement.

« Sa fille, Brigit était la protectrice des médecins en autre...»

Je ne sais pas si Victoria est pieuse ou non, mais je m'en fiche un peu, je trouve que la religion est personnelle. Et je l'assume. Après tout, nous sommes bien des sorciers, et des créatures magiques. Pourquoi pas ce genre de croyance ? Quand on regarde les films moldus, on voit bien qu'ils pensent bien qu'on existe pas vraiment, que ce sont des fantasmes, des idées farfelues.

Vic demande si elle peut s'allonger à côté de moi et j'acquiesce, je me décale un peu pour lui laisser de la place. Elle me demande pourquoi c'est si tendu entre mon père et moi, qu'elle l'a vu pendant la soirée hier soir. Je hausse d'abord les épaules. Puis je me force à donner une réponse, il faut que je fasse l'effort d'engager un dialogue, car il faut vraiment que j'arrive à lui dire pour nous deux. Je vois qu'elle est surprise que je lui réponde, que je fasse une vrai phrase construite.

« Nos rapports ont toujours été tendu, je sais pas. J'imagine que je suis pas le fils qu'il aurait voulu avoir. Tu l'as vu ? Il est sûr de lui, c'est un grand orateur, il est à l'aise avec tout, surtout son loup, il a une belle femme, trois enfants, il... aurait espéré que je sois comme lui. Ou plus comme toi...»

J'ai vu comment ça lui a fait plaisir que Victoria prenne les choses à cœur, s'intéresse à son loup, à la lune, aux transformations. J'ai vu comme il aurait aimé que je sois aussi investi. Elle me demande si je pensais ce que j'avais dit au dîner, qu'elle s'en sortait bien et que ses pères pouvaient être fiers d'elle.

« Oui bien sûr, tu vas faire beaucoup de progrès, et c'est bien que tu ailles chez les Iceni, c'est vraiment là bas que sera ta place pour tout savoir et tout comprendre. Je suis pas... je suis pas sûr que je sois d'une meilleure aide tu sais... tu... on...»

Allez Jared, tu peux le faire ! Je me retourne vers elle et elle vers moi. Mais je suis stoppé dans mon élan en sentant sa main qui passe sous mon t-shirt et touche mes abdo, me donnant à la fois un frisson de rejet et de surprise. Je me raidis mais ne la repousse pas, je devrai peut-être ? Ses lèvres se rapprochent des miennes, elle ferme les yeux et nos bouches se scellent dans un baiser qui me déstabilise. Rapidement le baiser se fait moins chaste et les mains de Vic se font plus entreprenantes que je ne pensais qu'elle était. C'est... assez... excitant pour un homme. Et pour un loup au bord de la crise de nerf c'est un remède efficace.

Elle pense qu'elle est prête à le faire. Vraiment ? Putain non, pas maintenant... mais j'ai envie, j'en ai besoin, ça fait combien de temps que je me suis pas envoyé en l'air ? Je veux même pas savoir. Je sais que c'est horrible, que je ne devrai pas me servir d'elle, mais Vic est plutôt désirable, et qu'elle soit un poil entreprenante est plutôt sexy, elle qui m'avait repoussé la première fois. Est-ce qu'elle mérite que je la repousse ? Alors qu'elle semble prendre sur elle et faire des efforts, elle a l'air de ne pas vouloir me décevoir, et qui je suis pour l'empêcher ? Peut-être qu'il vaut mieux que ce soit moi sa première fois, plutôt qu'un connard encore plus connard que moi.

Je lui rends son baiser encore plus fiévreux et je viens retirer mon t-shirt et rapidement mon bas de jogging. J'attends qu'elle me dise non, qu'elle me dise stop, qu'elle m'arrête avant de faire une connerie que je vais très certainement regretter. Mais mon excitation est à son comble surtout quand timidement elle commence aussi à se déshabiller et que je découvre ses formes.

« T'es belle, t'as vraiment pas à rougir. »

C'est pas pour être sympa, c'est un fait. Je ne dis pas ça pour être romantique mais parce que je refuse qu'elle soit gênée par son corps, je n'ai jamais cherché à cacher mes cicatrices par exemple, elles ont une histoire et je n'y peux rien, je n'irai pas changer ou me cacher pour les autres. Et que Vic se montre pudique devant moi, je peux le comprendre, c'est sa première fois, mais je ne veux pas qu'elle pense que je suis ce genre de salaud. Je l'aide à se déshabiller mais comme je la sens un peu sur la retenue, je remonte le drap sur nous pour qu'elle soit couverte et plus à son aise. Je retire mon caleçon, et l'aide pour ses dessous. Mon cœur va exploser et j'oublie déjà que je devais lui dire que je voulais rompre. Une infime partie de moi crois que c'est encore possible ? Cette fille m'offre littéralement sa confiance et je me dois de faire un effort non ? Peut-être qu'après l'avoir fait, avoir été aussi intime, je vais nourrir des sentiments encore inconnu pour elle ?

Je me montre le plus doux possible et le moins pressant, une autre partie de moi prie tous les Dieux pour qu'elle m'arrête, qu'elle dise qu'elle ne peut pas aller plus loin. Mais elle n'en fait rien, elle parvient à se détendre même et je sais que je suis foutu. Le désir masculin prend le dessus et nous nous unissons à son rythme. Je sais que les premières fois des filles sont différentes de celles des hommes, j'essaye de lire son visage et le langage de son corps, les battements de son cœur. Je prends du plaisir mais ce n'est pas LE plaisir auquel je m'attendais, pas celui qui me ferait dire qu'elle et moi c'est pour la vie, qu'elle et moi c'est unique. Non, je n'ai aucun déclic, même quand j'arrive au bout. Je l'embrasse parce que je sais que ça aide, que c'est tendre et romantique, mais je n'y met pas autant d'intensité que je le voudrai. Pas autant de désir et d'intensité que quand je touche Clarissa.

:copyright:️ Justayne

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Jared Parkinson


«But I want to live and not just survive
That's why I can't love you in the dark »

KoalaVolant

descriptionDo you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? EmptyRe: Do you know what your fate is ? And are you trying to shake it ?

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Victoria Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 23 mars 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Mais récemment son destin a été bouleversé par sa transformation en loup-garou fin janvier 2002.


Do you know what your fate is ? And are you trying
to shake it ?
Les jumelles s’avancèrent alors vers moi et j’essayais de gonfler la poitrine pour prendre un peu plus d’assurance.

« Salut ! »
« Tu dois être Victoria ? »
« Je crois qu’elle a dit qu’elle préférait Vicky. » répliqua la première.

Je ris légèrement.

« Oui, s’il vous plait. »

Les deux filles croisèrent le regard et se sourirent, comme si elles partageaient une connexion au-delà des mots.

« Moi, c’est Alana. Tu veux qu’on te fasse visiter ? »
« On pourra partir à la recherche de Jared en même temps. »
« Je pense qu'il bosse encore, tu... »
« ...le connais. »

Il était étonnant de voir comment elles se complétaient l’une l’autre. Elles me rappelaient un peu mes cousins, les jumeaux Ronald et Samuel. Ils étaient surtout connus pour leur espièglerie mais arrivaient toujours à se compléter l’un l’autre. Je pensais mentalement qu’il faudrait que je les présente l’un à l’autre tandis que je suivais les filles dans le labyrinthe de couloirs qui s’offrait à moi. Ce n’était pas la petite maison qu’on avait chez maman, ni le petit appartement de papa à Pré-au-Lard. C’était vaste, grand … Cela m’apaisait. Comme si le loup en moi se sentait moins enfermée et plus libre.

« Jared ?! Les invités sont là ! » chantonna Alana en ouvrant une porte sur ma droite.

Je retins mon souffle avant de pénétrer à l’intérieur. Je devais avouer être bien nerveuse. J’allais revoir Jared et j’étais en compagnie de ses sœurs. C’était étrange. Je n’avais jamais fait ça avant. Était-ce ça de grandir ?

« Oh salut Vic ! »

Assis à son bureau, Jared posa un bras sur le dossier de sa chaise pour me regarder. Je souris naturellement en le voyant.

« Salut Jared. » dis-je en agitant maladroitement la main pour lui faire un coucou.

Cette chambre lui ressemblait tellement. Les tableaux, les babioles, même les fioles de Potions qui s’étalaient devant lui. L’odeur était la sienne et je ressentais tout mon être se familiariser avec elle, comme si je trouvais enfin mon chez-moi. C’était agréable. Mais cela n’empêcha pas un silence gênant s’installer. Visiblement, Jared n’était pas plus à l’aise que moi en présence de ses sœurs. Elles durent le sentir puisqu’elles décidèrent de se retirer. La porte se referma et les battements de mon cœur s’accélèrent. Je n’avais pas peur. Mais j’étais excitée. J’étais dans la chambre d’un garçon avec la porte fermée. Et pas n’importe quel garçon : Jared était mon petit-ami.

Je me délectais de ce mot. C’était la première fois que je ressentais une telle fierté à cette idée. Autrefois, les garçons ne me faisaient pas vraiment d’effets. Ce n’était qu’un passe-temps comme un autre. A présent que je connaissais Jared, j’ignorais si c’était ma personnalité qui avait changé ou si c’était mon loup qui s’exprimait, mais c’était comme si j’avais trouvé un partenaire. Une meute.

Jared se leva alors enfin et vint m’embrasser. J’aimais ce geste. Simple. Sans enjeu. Mais juste de la tendresse.

« Tu vas bien ? Je savais pas que nos parents se connaissaient. » dit-il. « Et toi ? »

Il n’était pas à l’aise et cela m’amusait un peu de le voir ainsi. Je pensais qu’un garçon plus âgé se moquerait bien de ce genre de situation. Mais pas lui. Était-il intimidé à l’idée de rencontrer mon père ? Était-il tout aussi excité que moi à l’idée que tout ça devenait plus sérieux ? Ça ne faisait qu’un mois entre nous mais c’était bien plus fort que n’importe quelle autre relation. Nous nous étions trouvés. Deux loups qui devenaient partenaires. L’ordre naturel des choses.

« Je le savais un peu. » reconnus-je. « Mais pas au point d’être invitée chez toi. »

Je souris, rougissant sans doute un peu.

« Je suis vraiment contente d’être là. »

Jared déglutit. A nouveau, je mis ça sur le compte de la timidité à l’idée que mon père était un étage en-dessous de nous. Peut-être devais-je essayer de le détendre ?

« Ce sont tes affaires de cours ? » demandais-je en pointant le bureau du doigt.

Je m’approchais pour observer un peu plus ce qu’il faisait avant que je n’arrive.

« Vas-y fais comme chez toi, juste, ces potions sont supers fragiles, alors si tu pouvais ne pas toucher. » dit-il.

Je hochais la tête et pris un bouquin qui étudiait les différentes propriétés des plantes d’Amérique du Sud. A côté, un manuel détaillait les premiers sorts magiques de Médicomagie.

« C’est tellement intéressant de voir que tout devient plus concret quand tu arrives à l’UMS. » commençais-je en me promenant dans la pièce. « Tu obtiens tes ASPIC, et hop, tu t’inscris à l’UMS et ça y est, tu apprends un métier pour entrer dans le monde des adultes. C’est un peu effrayant et en même temps, je n’ose pas imaginer ce que tu dois ressentir à l’idée d’exercer enfin comme un véritable Médicomage. »

Pour une personne ayant déjà une idée de métier en tête, je n’osais imaginer l’excitation de pouvoir enfin faire ce qu’on aimait. Devenir Médicomage, monter sur les planches d’un théâtre, entrer dans la politique sorcière … Tout le monde autour de moi semblait trouver sa voie. Pour moi, tout ça était encore un peu flou. J’étais en 5ème année, je venais d’avoir 16 ans et notre directeur de maison nous convoquait à chaque trimestre pour étudier notre projet d’avenir. Mais que pouvais-je bien lui dire ? Toute ma vie avait été chamboulée depuis que j’avais été mordue, allant jusqu’à modifier ma personnalité, mes goûts, mes loisirs. Et même avant ça, je ne me passionnais pour rien en particulier. A part sortir avec des garçons, croquer la vie à pleines dents ou visiter de nouveaux endroits à Poudlard, rien ne me faisait un déclic pour dire que j’appréciais ça et que je voulais en faire mon métier.

Je tournais la tête vers Jared qui avait poussé un soupir. Mince, avais-je dit quelque chose qui ne fallait pas ?

« Jared ? Ça va ? » demandais-je, soucieuse, en me rapprochant de lui.
« Hein ?! Ah oui tout va bien, je me suis juste pris la tête avec mon père, j'ai pas envie de descendre. »

Je fis une grimace compatissante et voulus lui prendre sa main, avant de me freiner. Rappelle-toi, Vicky, il n’aime pas les gestes tactiles.

« Je suis désolée pour toi. Je comprendrais si tu préfères qu’on reste ici, tu sais. »

Je lui glissais un sourire. Je voulais surtout qu’il se sente à l’aise et que tout se passe bien. Peu m’importait le dîner. Moi, je voulais juste être avec lui, peu importe ce qu’on faisait. Jared croisa mon regard avant de franchir l’espace qui nous séparait. Je fermais les yeux alors que ses lèvres venaient déposer un baiser sur mon front. C’était si inattendu. Et si mignon. Je souris à nouveau en cherchant son regard.

« Non c'est bon, on y va. » dit-il d’un air confiant.

J’acquiesçais et le suivis hors de sa chambre. Le chemin pour retourner en bas, puis au salon, n’était pas si compliqué à retenir. Marchant derrière Jared, je le regardais s’approcher de mon père pour le saluer.

« Un Wolfgang Amadeus miniature. » souffla mon père. « C'est dingue. Je comprends pourquoi Vicky est tombée sous le charme de ton fils. »

Je rougis alors qu’Ethan Chastang se mit à rire. Amadeus semblait fier lui aussi et donna une tape dans le dos de Louis alors que Reagan nous invitait à prendre place autour de la table. Je me retrouvais juste à côté de Jared et en face de mon père. J’étais encore très intimidée mais la présence de Jared tout aussi nerveux que moi m’aidait à me calmer. Après tout, aucun de nous deux n’étions à l’aise, donc autant prendre ça avec légèreté ? Nos parents s’entendaient très bien alors autant les laisser faire la discussion. Et puis, en vérité, le père de Jared était très aimable avec moi.

« Comment va Adèle ? » demanda-t-il.

Louis reposa ses couverts et but une gorgée du vin qu’Amadeus avait servi.

« Bien. J’imagine. Depuis que nous sommes séparés, nous ne nous voyons que pour les grandes occasions. »

Je croisais le regard de mon père et eus un sourire contrit. La dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés dans la même pièce, c’était pour parler de mon cas, après ma transformation. Je n’avais pas beaucoup revu maman depuis tout ça et j’appréhendais un peu les vacances de Pâques dans un mois.

« En tant qu’Auror, elle est souvent occupée. Tu connais ça. » dit-il.
« Adèle est vraiment une personne très courageuse. » admit Ethan. « Elle continue à faire face à tellement de mages noirs avec une telle combativité. »

Louis tourna la tête vers Ethan et vint lui caresser la joue tandis qu’il retournait la question vers Reagan pour savoir comment se passait son travail. Amadeus en profita pour faire une nouvelle tournée de vin. Je sirotais de mon côté le jus de citrouille qu’Eireann m’avait proposé.

« Tu ne sers pas ton fils, Amadeus ? » rit mon père. « Oh, allez pour un soir ! »

Je tournais le regard vers Jared qui ne bronchait pas à côté de moi.

« En plus j'ai entendu les prouesses de votre fils à l'UMS, il s'est montré incroyablement courageux, il tient cela de vous j'imagine, mais Victoria m'a dit qu'il était en étude de Médicomagie plutôt que suivre votre carrière. »
« Pourtant il était assez doué en Défense Contre les Forces du Mal. A croire qu'il pratiquait tous les jours. » rajoute Mr Chastang.

Un blanc s’installa et je commençais à faire bouger mes couverts pour éviter que le silence gênant se poursuive trop longtemps. Je sentais que Jared n’était pas à l’aise sur le sujet. Je le sentais d’ici alors que les traits de son visage s’étaient crispés. De toute évidence, il était tendu. Et je ne pensais pas que c’était dû à notre visite. A mon avis, quelque chose semblait bloqué entre lui et ses parents. Peut-être même plus spécifiquement avec son père.

« Tu n'as pas eu peur Jared ? » reprit mon père. « Car les créatures magiques étaient aussi visées... »

Je baissais la tête et frissonnais. Edmund s’était trouvé sur les lieux et même s’il n’était pas une créature, je le connaissais assez pour savoir qu’il avait dû foncer droit dans la mêlée. Pourtant, il était resté assez vague, disant qu’il se trouvait dans la bibliothèque quand ça avait commencé. Puis il avait fui dans les couloirs avant de tomber sur Zia Nightshade venue passer une audition de danse ce jour-là à l’UMS. Zia était une Poufsouffle de 7ème année. Je ne la connaissais pas énormément mais je savais qu’avec Eddie à ses côtés, elle avait forcément été en sécurité. Quant à Jared, j’avais aussi entendu à quel point il en était ressorti de manière héroïque. Bleddyn aussi. Mon cœur se serra en pensant à lui. S’il était là, les choses seraient tellement plus simples. Il avait beau être prince et avoir un autre statut que le nôtre, je me sentais tellement en sécurité et à l’aise avec lui.

« Non. » déclara sombrement Jared, attirant des regards interloqués vers lui. « Enfin, j'étais avec le Prince Iceni qui a assuré ma protection, je n'ai fait que soigner les blessés, je n'ai pas vraiment eu le temps d'avoir peur, si ce n'est pour mes amis. »

Je souris et hochais la tête, contente de savoir qu’il avait été lui aussi sous la protection de Bleddyn ce jour-là.

« Mais tu avais du sang sur toi tu... » commença Eireann avant que Jared ne la fasse taire d’un regard.
« Probablement du sang d'une victime. »

J’admirais la façon dont ils se connectaient les uns aux autres. Si j’avais bien compris, Jared, Eireann et Alana étaient triplés. Était-ce pour cette raison qu’ils semblaient connectés les uns aux autres ? Ou était-ce le fait de grandir dans une famille entièrement composée de loups-garous ?

« C'est très courageux » commenta le professeur Chastang. « Mais je me souviens que tu l'avais déjà été à Poudlard, lors de la Bataille, tu avais assisté Madame Pomfresh, tu étais l'un des seuls Serpentard si je ne me trompe pas. »

Je roulais des yeux. Difficile de faire autrement. La plupart était trop con pour faire autrement. Bon, après il y avait Billy et Joey qui avait stupidement plongé en plein cœur de la bataille. Billy n’avait même pas 14 ans quand il s’était pris ce sortilège terrible en pleine poitrine. Il aurait pu mourir ce jour-là … Je frissonnais avant de me concentrer à nouveau sur la discussion.

« Peut-être, mais c'était normal. »
« Vicky nous a dit que tu l'aidais depuis sa transformation, je t'en suis reconnaissant. »

Je glissais un regard entendu vers mon père alors que Jared tournait la tête pour me regarder. Je haussais les épaules.

« C’est la vérité. » admis-je.

Jared m’étudia un instant, comme ne comprenant pas pourquoi j’avais dit ça. Puis il riva son regard dans celui de mon père avant de déclarer :

« Elle se débrouille très bien sans moi, vous pouvez être fiers, je n'ai jamais vu quelqu'un s’acclimater aussi vite à une morsure, ça va devenir comme une seconde nature pour elle, je ne me fais pas de soucis. Elle sera très bien entourée à la cour Royale. »

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine en entendant cela. Le pensait-il réellement ? Je le regardais mais jamais il ne croisa mon regard. Je reportais mon attention sur mon assiette, les larmes me montant aux yeux. C’était si gentil de sa part de dire ça. Je tentais de ravaler mes larmes. Je ne voulais pas que Jared se sente plus mal à l’aise qu’il ne l’était déjà et ça risquerait de gâcher tout son discours. Je cherchais sa main sous la table mais après une légère pression, il se dégagea rapidement. Je pris une inspiration et continuais de manger, écoutant désormais les parents.

Ils avaient abordé le sujet de la famille royale, sujet qui m’intéressait énormément. Amadeus et Reagan qui faisaient parti de la cour connaissaient tellement de choses que je ne pus m’empêcher de dresser les oreilles, n’en perdant pas une miette. Le père de Jared se pencha alors de plus en plus vers moi, me donnant plusieurs tuyaux pour m’en sortir à la cour. Il me proposait d’apprendre certaines conventions avec lui, comme la façon de s’adresser à chacun des membres de la famille royale ou encore les différentes révérences à adresser. J’étais ravie et enchantée par cette idée. Je voulais faire honneur aux invitations que m’adressait la famille royale, Bleddyn en particulier. Et pour cela, quoi de mieux que d’apprendre au mieux leur mode de vie ? Je m’empressais d’accepter, un sourire aux lèvres.

« … n’aurait pas autant accepter que Vic. » rit Louis.

Enchainant leur troisième verre de vin, on sentait que les esprits étaient plus légers. Amadeus rit à son tour en jetant un regard à sa femme.

« On aurait pu être beau-frère. Désolé, Reagan ! » ajouta mon père.
« Aucun mal. » rit la mère de Jared, bien que je la sentais sur la réserve. « Comment va-t-elle ? »

Louis s’appuya contre le dossier de sa chaise, ses doigts tapotant son verre.

« Elle va bien. Elle a eu beaucoup à faire avec toute la flopée d’enfants qu’elle nous a pondus avec Seamus. »

Je vis Ethan lui donner un coup de coude pour l’intimer de se calmer sur l’alcool alors que Louis riait davantage. J’avais l’impression de le voir quand il était avec Josh, Minho et James. Mon père était un sacré farceur quand il était plutôt jeune même si les années l’avaient assagi.

« Elle est toujours professeur à Poudlard. Elle, et son mari. On se voit donc tous les jours ! »
« Ce sont d’excellents collègues. » ajouta Ethan. « Et au final, je pense que vous vous êtes chacun bien trouvés : Vic avec Seamus, et toi, avec Reagan. »

Ethan leva son verre aux parents de Jared qui entremêlèrent leurs doigts au-dessus de la table.

« Tout comme vous. » ajouta Amadeus en levant le sien vers Ethan et Louis.

Les deux hommes croisèrent leur regard avant de se river immédiatement vers moi. Je déglutis mais je leur souris, comme pour leur signifier que ça ne me dérangeait pas s’ils voulaient avoir des gestes d’affection l’un envers l’autre. Je savais que Billy m’aurait assassiné sur place pour accepter ça mais il n’était pas là. Et sincèrement, il était temps qu’il passe à autre chose.

Le repas terminé, on passa au salon où les adultes prirent un verre de Whisky Pur Feu tandis qu’Amadeus proposait des cigares. Je fus aussitôt accaparée par Alana et Eireann qui me proposaient de partager leur chambre pour la nuit. Je souris, cherchant cependant le regard de Jared. Et … s’il me proposait lui de passer la nuit avec ? Mon cœur fit un salto-arrière à cette idée. Je savais que la dernière fois j’avais refusé d’aller plus loin avec lui. Mais aujourd’hui ? Aujourd’hui, la peur que j’avais ressenti semblait s’être envolé. De nombreuses choses s’étaient passées entre. Et j’avais envie de tester des trucs nouveaux. Je me sentais prête pour tout ce que la vie d’adulte impliquait. J’avais envie de changer.

J’aimais tellement cette ambiance de soirée. Moi dans cette maison. Avec Jared, ses sœurs, ses parents. Mon père qui riait si légèrement. La famille royale. Les traditions. L’esprit de meute. C’était moi. Mon élément. Ce que je voulais. Et si Jared me voulait à ses côtés cette nuit, j’étais prête.

« C’est gentil, mais je pense que je vais rester avec Jared. »

Les filles ne cachèrent pas leur déception mais elles proposèrent aussitôt un nouveau programme.

« On monte regarder un film ? » proposa Alana.
« OH oui Vicky, il faut trop que tu vois ça ! »
« Ok, avec plaisir ! »

Je souris, bien heureuse de laisser désormais les adultes entre eux pour pouvoir profiter d’une soirée plus jeune.

« Jared tu viens avec nous ? »

Il accepta et on monta tous les quatre à l’étage. Mais très vite, Jared annonça qu’il s’éclipsait dans la salle de bain. Je cachais ma déception, me confortant dans l’idée qu’il nous rejoindrait plus tard comme il l’avait promis. D’un coup de baguette, les filles rassemblèrent leur lit dans leur chambre et étalèrent plusieurs couvertures pour qu’on soit à notre aise. Elles lancèrent Le Pacte des Loups, un film sur la Bête du Gévaudan, une légende française. Je me souvenais que Dominique et Alex nous racontaient souvent cette histoire quand on venait chez eux. Billy réclamait toujours des histoires qui faisaient peur mais finissaient par venir dormir dans mon lit pour se rassurer.

Je serrai un oreiller contre moi, mon regard plongeant dans l’action du film. Très vite je me retrouvais blottie contre Eireann. Je sentais que c’était un truc de loup. De se toucher, d’être près l’une de l’autre, de se sentir. Et j’aimais ça. J’aimais ce toucher, cette odeur, cette ambiance. Jared arriva enfin et je ne pus me retenir d’ouvrir la bouche en le voyant. Il ne portait qu’un bas de jogging, son torse nu encore mouillé. Ses boucles brunes étaient elles aussi encore dégoulinantes d’eau comme s’il avait volontairement oublié de se sécher. Craignait-il le chaud ? Mon cœur s’accéléra alors que je me rappelais à quel point nous avions été proches quelques jours plus tôt. Est-ce que c’était un signe que ce soir nous allions faire de nouvelles choses ?

« Jared le beau gosse ! Ouuuh sexy hein Vicky ! » lança Alana en me bousculant de l’épaule.

Je refermais la bouche et leur balançais un oreiller pour cacher mes joues empourprées. Jared en profita lui aussi pour secouer ses cheveux mouillés sur nous avant de me balancer une serviette pour me sécher. Je rougis de plus belle face à l’attention qu’il avait pour moi et serrai la serviette contre mon visage en sentant son odeur. Puis je me dépêchais de me sécher le visage avant que les jumelles ne me voient faire. Jared ne vint pas s’installer près de nous. Au contraire il s’assit au pied du lit et Eireann se dégagea de moi pour venir jouer avec ses cheveux. Je la regardais faire alors que le film tournait toujours. Alana se rapprocha de moi, comme pour pas que je sois en reste tandis que ses pieds touchaient toujours le flanc de sa sœur. C’était toujours ce besoin de contact qu’elles ressentaient ? Et avec Jared aussi ? Je le regardais. Il se laissait faire, sans broncher, sans rien dire.

Peut-être que c’était ainsi que ça fonctionnait ? Qu’il fallait faire parti de sa meute pour qu’il tolère le toucher ? Peut-être qu’il attendait que nous sautions le pas tous les deux pour me considérer vraiment comme sa partenaire ? Est-ce que nous aussi nous aurions une relation spéciale ? Est-ce que cela prendrait encore du temps ? Est-ce que cela serait aussi fantastique que je le voyais à cet instant avec ses sœurs ?

Jared ne resta pas longtemps. Tombant surement de fatigue, il nous souhaita une bonne nuit. Mes doigts se resserrèrent sur la serviette qu’il m’avait donnés et je m’efforçais de me concentrer sur le film. Avec le départ de Jared, Eireann revint vers nous, et je me retrouvais entre les sœurs. Je ne me sentais pas légitime de partir ainsi en plein milieu du film. Est-ce que Jared m’attendait ? Le film se termina une bonne heure plus tard.

« Bonne nuit les filles. » dis-je en embrassant chacune d’entre elles.

Quelques heures à leur contact, et je devenais aussi tactile qu’elles. Je les aimais beaucoup, et je regrettais presque de quitter l’ambiance si chaleureuse de leur chambre. Je poussais la porte de celle de Jared. Tout était noir et Jared semblait dormir. Je refermais prudemment la porte et vins me glisser sous les couvertures du lit. Je me tournais sur le flanc, cherchant son visage, mais il me tournait le dos. Je souris tristement avant de me tourner de l’autre côté. Enveloppée dans l’odeur de Jared et épuisée par une aussi bonne journée, je ne tardais pas à m’endormir.

Dimanche 24 mars 2002

Le matin était là. Avant même d’ouvrir les yeux, je me rappelais que je n’étais pas chez moi. L’odeur de Jared envahissait chaque centimètre de la chambre et ce lit si ferme n’était pas le mien de toute évidence. Je roulais sur le côté et ouvris les yeux. La respiration de Jared était toujours aussi calme et profonde. Il dormait encore. En bas, j’entendais déjà l’agitation.

Rester alors qu’il dormait ? Descendre rejoindre Alana et Eireann ? Le choix était vite fait. Doucement, je me glissais hors des couvertures puis hors de la chambre. Je trouvais rapidement la salle de bain qui par chance était libre. Je changeais de tenue avec les vêtements que j’avais pris dans mon sac extensible. Puis je brossais mes cheveux et me brossais les dents, espérant me donner un air un peu plus joli que ma figure au réveil. Je ne m’étais jamais bien souciée de mon apparence. Je trouvais que mon nez était pâteux et je n’avais pas d’aussi jolies formes que Shanna. Mais jusqu’ici, cela n’avait guère d’importance. J’étais comme j’étais, et les autres n'avaient qu’à m’accepter ainsi. Mais pour Jared, je voulais être bien. Je voulais faire des efforts. Je voulais lui plaire. Toujours, tout le temps. Plutôt satisfaite du résultat, je remis mes affaires en ordre dans mon sac avant de sortir de la salle de bain.

Alors que je refermais silencieusement la porte, Alana m’attrapa la main.

« Alors, bien dormi ? »

Ses yeux semblaient sous-entendre autre chose mais elle ne me laissa pas répondre avant de m’entraîner à sa suite dans l’escalier. Les discussions allaient bon train. Les parents avaient fini de prendre leur petit-déjeuner et enfilaient des manteaux.

« Vous allez quelque part ? » demandais-je.
« Maman a proposé de vous emmener visiter Galway. » répondit Eireann en arrivant de la cuisine.

Elle me fourra une pomme dans la main avant de distribuer deux sacs à dos à son père et à sa mère.

« J’ai toujours voulu visiter le cœur médiéval de la ville. »[/color] commenta le professeur Chastang, visiblement impatient.
« On pourra sans doute faire un crochet par le pub que tu nous as recommandé hier, Amadeus. » ajouta mon père vite confirmé par celui de Jared.

Je croquais dans ma pomme. Une visite dans Galway ? Pourquoi pas. Enfin, tant que j’étais avec Jared, c’était ce qui m’importait. Je n’étais pas vraiment désireuse d’écouter toutes les discussions de nos parents mais si j’étais avec les triplés, cela me convenait.

« Jared vient ? » demandais-je à ses sœurs.
« Je m’en occupe ! » s’exclama Eireann en courant dans l’escalier.
« Je vais nous chercher de la musique ! » ajouta Alana.

Peu désireuse de rester avec les parents, je montais à mon tour les marches de l’escalier. Eireann était déjà à l’intérieur de la chambre, sautant sur le matelas. Je souris, amusée. La seule fois où j’avais fait ça avec Billy, il avait menacé de me couper les cheveux.

« Les parents proposent qu'on aille visiter Galway. »
« Non ! »

Jared avait roulé sur le ventre, un oreiller sur sa tête pour éviter d’entendre sa sœur qui ne cessait de sauter au-dessus de lui.

« Allezzzz ça va être trop cool. »
« Toujours non ! »
« Roooh rabat joie ! Bon et bien, il ne veut pas venir, désolée Vicky ! »

Le visage de Jared roula sous l’oreiller et son regard croisa le mien. Il était encore plus sexy avec son visage encore endormi. Mon cœur fondait. Eireann passa en trombe devant moi, criant dans l’escalier que Jared ne voulait pas venir. Je me dandinais sur place. Est-ce que j’allais oser … Est-ce que je pouvais …

« Dis … ça te dérangerait si je restais avec toi ? » demandais-je, pinçant mes lèvres.

Ayant certainement encore le cerveau engourdi par le sommeil, Jared mit quelques secondes avant de lâcher.

« Si tu veux ! »

Je ne pus retenir le sourire sur mon visage. Toute une journée avec Jared ? Mon cœur battait encore plus vite et je sentais une drôle de sensation dans mon bas-ventre. A mon tour, je sortis en trombe de la chambre et descendis quatre à quatre les marches.

« Tu es prête ? » demanda mon père.
« Je vais rester avec Jared. »

Mon père fronça les sourcils et demanda silencieusement l’avis d’Amadeus. Ce dernier haussa les épaules, n’y voyant pas d’inconvénient.

« On ne reviendra pas tard. » me dit Reagan. « Essaie de le sortir de son lit, au moins. »

Alana et Eireann m’adressèrent un signe de main avant de suivre la troupe. Tous sortirent de la maison et un plop retentit, indiquant qu’ils avaient transplané. Je levais les yeux vers Jared qui descendait d’un pas lourd les marches de l’escalier. Il n’était toujours vêtu que d’un bas de jogging et je faisais un effort pour ne pas garder mon regard rivé sur lui.

« Tu as faim ? » demandais-je en le voyant prendre une poêle, des œufs et du bacon.

Alors que je croyais qu’il n’allait pas me répondre, il proposa :

« Tu en veux ? »

A nouveau, le sourire apparut de lui-même sur mon visage et je hochais la tête. Je sortis les assiettes et les verres avant de nous attabler à l’ilot central de la cuisine. Cela me rappelait la maison de vacances des Huong, quand on prenait tardivement notre petit-déjeuner entre jeunes.

« Tu as envie de faire quoi aujourd’hui ? » demandais-je alors que Jared remplissait mon assiette avant la sienne. « Ta mère a dit qu’il ne rentrerait pas bien tard. En même temps, il ne faut pas non plus qu’on rentre trop tard à Poudlard. Mais je pense qu’on a facilement quelques heures devant nous. »

Jared ne répondait pas et mangeait silencieusement son assiette. Je ne lui en voulais pas, Billy non plus n’était pas du matin. Et ça ne me gênait pas de faire la conversation. C’était comme ça entre nous. Je parlais, il écoutait. C’était assez mignon.

« On pourrait se mater un autre film. Mais on peut faire aussi des jeux de société. Ou bien, on peut … »
« On monte ? »

Il avait déjà fini son assiette et la glissais dans l’évier. A nouveau, je hochais la tête, le cœur battant. Je ne finissais même pas mon œuf et me dépêchais de le suivre dans les escaliers qu’il gravissait comme s’il mourrait d’envie de se retrouver seul avec moi dans la chambre. Alors c’était comme ça ? Voulait-il profiter de l’absence des parents ? Je devais avouer que je trépignais d’impatience à l’idée de ce qui allait se passer. Je voulais presque repasser par la salle de bain pour vérifier mon apparence. Mais ce serait trop bizarre, non ?

Je le regardais ouvrir une fenêtre, enfiler un tee-shirt puis venir s’allonger sur le lit, commençant à fumer un joint. Ma bouche était pâteuse en le regardant faire. Je devais trouver une occupation. Ca se voyait tant que ça que j’y pensais ? N’était-ce pas normal quand on était jeune et en couple ? Aussi, à nouveau, j’entrepris de regarder les décorations de sa chambre.

« Tu as une bibliothèque impressionnante ! » commentais-je en regardant les trois étagères entières de livres. « Edmund t’envierait sans doute. Il lit je-ne-sais-combien de livre par mois. Parfois, c’est pour les études, mais c’est surtout pour le plaisir. Quand il lit, on ne l’entend plus. Alors qu’autrement, c’est un gars qui bouge beaucoup, toujours en mouvement. Un peu comme tes sœurs d’ailleurs. »

Je ris légèrement en regardant la tranche des livres.

« Elles sont vraiment adorables avec moi d’ailleurs. » dis-je en feuilletant un livre avant de le reposer. « C’est quoi ça ? »

Je pointais du doigt un symbole représenté sur un bibelot avec à côté une gravure d’un homme qui semblait être important.

« C'est Dagda. » répondit Jared en redressant un peu la tête du lit. « Il contrôle le sacré et la science. Il a une force surhumaine, il est dit que c'est un maître de la vie et la mort, et qu'il peut tuer neuf personnes d’un coup avec son gourdin, ou leur redonner la vie. Sa fille, Brigit était la protectrice des médecins en autre... »

Je hochais la tête.

« La culture irlandaise est fascinante. » soufflais-je.

Je tournais la tête vers Jared pour lui sourire. Il soupira, lâchant un nuage de fumée au-dessus de lui. Sa main derrière la tête soulevait légèrement son tee-shirt et dévoilait une partie de son ventre. J’humectais mes lèvres.

« Je peux m’allonger ? »

Jared se décala sur le côté et je me couchais sur le côté, le visage tourné vers lui bien que ses yeux restaient rivés au plafond.

« Dis … qu’est-ce qui se passe entre ton père et toi ? » demandais-je. « Hier soir, au repas, vous aviez l’air très tendu, autant l’un que l’autre. Notamment quand vous avez parlé de l’attaque à l’UMS. »

Je n’étais pas certaine qu’il me réponde mais je voulais essayer. Je le sentais si loin de moi alors que je voulais amorcer un rapprochement. Peut-être avait-il installé cette distance pour me laisser du temps comme je lui avais demandé la dernière fois ? Mais je ne le voulais pas aussi éloigner de moi. Et finalement il répondit :

« Nos rapports ont toujours été tendu, je sais pas. » dit-il en haussant les épaules. « J'imagine que je suis pas le fils qu'il aurait voulu avoir. »

Je fronçais les sourcils, intriguée par cette idée. Comment un père pouvait-il ressentir ça pour son fils ? Et comment pouvaient-ils vivre chacun d’entre eux dans cette idée ?

« Tu l'as vu ? Il est sûr de lui, c'est un grand orateur, il est à l'aise avec tout, surtout son loup, il a une belle femme, trois enfants, il... aurait espéré que je sois comme lui. Ou plus comme toi ... »

J’ouvris la bouche de surprise avant de la refermer presque aussitôt. Est-ce qu’il m’en voulait ? Non, sinon, il n’agirait pas comme il le faisait. Et surtout il n’aurait pas dit ce qu’il avait hier soir sur moi.

« Tu le pensais ? » demandais-je.

Jared jeta un coup d’œil vers moi, ne comprenant pas ce que je voulais dire.

« Ce que tu as dit hier soir sur moi. Que je m’en sortais bien et que mes parents pouvaient être fiers de moi. Tu le pensais ? »

Ma bouche était sèche en disant tout ça. Notre discussion était si calme et si apaisée. L’odeur du joint ne me dérangeait pas. Au contraire, cela finissait de donner à cette pièce une atmosphère qui me plaisait. Je voulais continuer à tester des trucs nouveaux. Je voulais rester là, avec Jared. Je voulais comprendre pourquoi son père ne l’aimait pas tel qu’il était. Je voulais continuer à regarder des films avec ses sœurs. Je voulais rester dormir avec lui tout le temps.

« Oui bien sûr, tu vas faire beaucoup de progrès, et c'est bien que tu ailles chez les Iceni, c'est vraiment là-bas que sera ta place pour tout savoir et tout comprendre. »

Un doux sourire s’afficha sur mes lèvres. Il m’invitait alors ? Lui aussi était d’accord pour que j’entre de plus en plus à la cour irlandaise ? Déjà, il allait venir avec moi à la Pleine Lune. Mais aussi, il voulait que je continue à progresser avec Bleddyn, avec les irlandais … avec lui.

« Je suis pas... je suis pas sûr que je sois d'une meilleure aide tu sais... tu... on... »

Mais je ne l’écoutais plus. Je voulais lui faire plaisir. Autant qu’il m’avait fait plaisir avec les mots qu’il avait choisis d’employer à mon égard. Ma main se posa à l’endroit où son tee-shirt se soulevait avant de glisser en-dessous. Son regard se tourna vers moi. Il était surpris, je le sentais. Ma main monta jusqu’à son torse et je sentis un frisson d’excitation me parcourir alors que je venais chercher ses lèvres pour l’embrasser. C’était doux. Puis je l’embrassais une deuxième fois, avec un peu plus de passion. J’essayais de faire passer dans mes baisers ce que je voulais. Ma main sous son tee-shirt vint caresser sa peau chaude, cette peau que j’avais tant eue envie de toucher hier soir.

Quelques jours plus tôt, cela m’avait effrayé quand il avait initié le mouvement. Mais là c’était moi qui gérais. C’était moi qui commençais et qui décidais comment ça se passait. J’avais le contrôle.

« Jared … » soufflais-je entre deux baisers. « Je … »

Mon regard croisa le sien. J’y lisais toute sa surprise mais aussi autre chose. L’envie.

« Je suis prête. »

Je refermais les yeux avant de l’embrasser à nouveau de manière plus fiévreuse. Rapidement, je montais au-dessus de lui et mes deux mains partirent en exploration sous son tee-shirt. Je voulais le toucher. Je voulais le sentir contre moi. Je sentais mon loup se manifester, réclamant ce contact plus que jamais.

Je ne retins pas ce gémissement de plaisir quand Jared commença à réagir à son tour. Il ne se dégageait pas, il ne me repoussait pas. Il m’embrassa davantage et je le regardais retirer son tee-shirt. Mes doigts tracèrent ses formes alors que ses baisers parcouraient mon cou. Puis je me redressais pour l’aider à retirer son bas de jogging. Quelque chose avait changé en moi. Quelques jours plus tôt, je me serais sentie en panique. Mais là, comme je l’avais dit, je contrôlais les choses. Je me rassis au-dessus de lui et l’embrassais une nouvelle fois, ma main passant dans ses boucles brunes comme je l’avais désiré la veille. Je pressais mon corps contre le sien avant de timidement quitter mon tee-shirt. Son regard se posa sur moi et je me sentis rougir. Alors, d’un nouveau coup de main, je dégrafais mon soutien-gorge et déglutis, attendant la réaction de Jared.

Allait-il me trouver horrible ? Avait-il déjà vu des corps de fille plus désirable que moi ? Allait-il me rejeter et se moquer de moi ? Etais-je trop jeune pour lui ?

« T'es belle, t'as vraiment pas à rougir. »

Mon cœur fit un nouveau bond dans ma poitrine. Je vins chercher la main de Jared et la posais sur moi.

« Continue, et ne t’arrête pas. »

Et c’est ce qu’il fit. Avec des gestes doux et pourtant excités, il m’aida à finir de me déshabiller puis remonta les couvertures sur nous. Je tremblais légèrement. Pas de froid. Je pressais davantage mon corps contre le sien. Je voulais qu’il sente que je ne voulais pas reculer. Je voulais poursuivre. J’étais nerveuse mais pas de le faire. Non, je voulais que ce soit bien. Je voulais lui faire plaisir. Et quelque part, je voulais aussi ressentir ce désir décrit dans les livres ou par les autres filles. Je voulais savoir ce que ça faisait. Est-ce que j’aurai mal ? Est-ce que je ressentirai un truc aussi fort qu’il était décrit ?

J’étais surprise de mon propre corps. De voir à quel point il se mouvait aussi bien au contact de Jared. Je me sentais pleinement en confiance et chaque geste qu’il faisait finissait de réveiller mon excitation. Je ne voulais pas qu’il s’arrête, à aucun moment. Je voulais qu’il continue, je voulais l’attirer encore plus contre moi. Mes mains parcouraient son corps, découvrant des cicatrices et le reste de sa peau chaude. Je sentais que son loup se réveillait à mon contact et je sentais le mien prendre du plaisir.

Je soupirais en retombant sur l’oreiller et accueillis le dernier baiser de Jared avec un plaisir non dissimulé. Je roulais sur le côté, mes yeux rivés au plafond. Alors c’était ça ? Ce n’était pas aussi magique que je l’aurai cru. C’était même parfois un peu maladroit. Et j’avais eu légèrement mal au début. Puis ensuite … c’était bien. Pas incroyable. Pas extraordinaire. Juste bien. Sans doute parce que c’était ma première fois ? Peut-être que c’était le temps que nos corps s’unissent davantage pour comprendre ce qui nous plaisait ? Je tournais la tête vers Jared qui avait un visage très détendu. Cela signifiait qu’il avait aimé, non ? Je roulais à nouveau, venant chercher sa main et posant ma tête sur son torse.

« Ne prends pas peur, d’accord ? » soufflais-je. « Mais je crois que je suis amoureuse de toi. »

Je levais les yeux vers lui avant de venir l’embrasser.

« Je sais qu’il nous faudra encore un peu de temps pour bien nous comprendre mais … je suis convaincue que ce sera bien toi et moi. »

Je souris et fermais les yeux, finissant de venir me blottir contre lui. Sa chaleur m’enveloppait toute entière et cet instant était juste parfait.

« Merci Jared. Merci pour tout. »

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ




It's time to begin, isn't it ?

descriptionDo you know what your fate is ? And are you trying to shake it ? EmptyRe: Do you know what your fate is ? And are you trying to shake it ?

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Do you know what your fate is ?
And are you trying to shake it ?
Avec Victoria PrewettSamedi 23 mars 2023

Voilà. C'est fait.

Et je ne ressens rien, aucun truc spécial pour Victoria, rien de plus que tous les coups que j'ai eu depuis deux ans. Ouais c'était sympa on va pas se mentir, j'ai pris du plaisir, ça m'a détendu vite fait, mais y'a eu aucune étincelle, aucun déclic ou délire dans le genre. J'en ai jamais senti avec personne de toute façon, je sais pas pourquoi je pensais que ça aller être différent avec elle. Et maintenant je me sens trop mal de ne rien ressentir pour elle. Je me sens vraiment encore plus répugnant, comme tous ces mecs qui utilisent les filles pour se vider les couilles. Victoria vaut mieux que ça, elle vaut mieux que moi. J'ai la nausée. J'aurai vraiment voulu, pour elle, c'est une fille chouette. Elle devrait avoir un gars qui ressent des choses, qui vit le truc à fond, qui ne soit pas anesthésié comme moi. Elle mérite quelqu'un qui l'aime vraiment qui la désire fortement.

Ouais c'est une fille chouette pour qui je n'ai aucun émois, j'ai même trouvé très désagréable de sentir ses mains contre ma peau, venir à la rencontre de mes cicatrices. C'était irritant, alors je me suis concentré sur la base, sur l'acte en lui même, sur d'autres sensations pour ne pas sentir le côté dérangeant et je me sens encore plus minable, comme si je m'étais servi d'elle à ces fins. Mais je me rassure un minimum en me disant que je l'avais respecté, enfin j'espère, au moins moi j'irai pas me vanter ou me foutre de sa gueule comme certains qui parfois en font des paris et en parlent en soirée comme des gros dégueulasses. J'ai jamais été ce type, mais est-ce que je vaux mieux qu'eux en cet instant ?

Je me retrouve comme un con sur le dos, à fixer mon plafond, à réfléchir à ce qui venait de se passer, au fait que je suis insensible, anesthésier à tout amour. Je vois Vic tourner sa tête vers moi, puis rouler pour venir chercher ma main et poser sa tête contre mon torse. Je retiens mon souffle et me raidis, j'ai envie de hurler tellement ce geste m’insupporte. Je n'ai jamais été tendre, je n'ai jamais eu ce genre de moment après le sexe, je me suis toujours barré avant les discutions ou les papouilles. Je ne montre pas mon affection, je ne suis pas romantique, mais je dois au moins ça à Vic, que je viens de « tromper » dans mes intentions. Je voulais à la base la quitter et je viens de la baiser, littéralement. Comment je peux me regarder dans une glace après ça ? Bien que je le fasse pas souvent, je sais pourquoi maintenant... quelle raclure je fais ?

« Ne prends pas peur, d’accord ? »

Hein ? Quoi ? Mais si, si j'ai la trouille, qu'est-ce qu'elle va me chanter encore ? Pitié, c'est pour ça que je me barre toujours comme un voleur et que j'évite toutes les filles qui se trouvent à un moment donné dans mon lit. Je veux pas parler, je veux pas m'éprendre, je veux pas expliquer ce que je ressens, si c'était bien ou non. La capote est pleine, ça suffit non comme réponse ? Mais peut-être que Vic ne sait pas tout ça ?

« Mais je crois que je suis amoureuse de toi. »

NON ! NON ! Putain non, elle a pas fait ça, elle a pas dit ça. C'est pire qu'une discussion, c'est une confidence. Je respire pour ne pas manquer de m’asphyxier. Mais là c'est trop. Elle vient m'embrasser et je n'amorce aucun geste de tendresse. Je suis comme Stupéfixer, incapable de faire ou dire quoi que ce soit. C'est pire que tout ce que je croyais. Parce que je l'ai défloré, la fille est amoureuse de moi ? Non c'est pas possible, c'est pas comme ça que ça marche, ça ne peut pas être le cas, il va falloir que je la raisonne. Je suis pas ce genre de gars, je veux pas de ça, je ne veux pas d'elle...

« Je sais qu’il nous faudra encore un peu de temps pour bien nous comprendre mais … je suis convaincue que ce sera bien toi et moi. »

Bien elle et moi ? Du temps ? J'en sais rien, je n'y crois plus, j'y ai cru. Comme j'ai cru que consommer avec elle aurait un impact, mais rien... Elle ferme ses yeux et se serre encore plus contre moi, ma peau me brûle, la sensation devient douloureuse, presque insupportable, mais je me fais violence, je préfère souffrir pour me punir, c'est moi qui me suis mis dans cette situation. Je peux encaisser quelques minutes, pour elle. J'aurai pu la repousser au lieu de la déshabiller, il faut que j'assume. Putain de merde, quel con, quel gros con !

« Merci Jared. Merci pour tout. »

C'est pire que tout, voilà qu'elle me remercie. Mais de quoi ? D'être une enflure ? Chier merde !

«  J'ai, je... il faut que je fume. Excuse moi. »

Je viens le plus délicatement la poser sur le lit - me remplaçant par mon oreiller - pour m’asseoir sur le bord. Je voudrai fuir très loin, sauter par la fenêtre et ne plus sortir des bois tellement je suis mortifié par cette situation. Malgré l'envie qui me presse, je reste assis au bord du lit, lui tournant le dos, encore entièrement nu, pour finir mon joint d'aconit.

Alors c'est ça avoir une copine ? Est-ce que je vais devoir encore coucher avec elle ? Est-ce que ça ne va pas empirer les choses ? Est-ce qu'elle ne va pas encore plus s'attacher à moi ? Je l'aime bien, ma famille l'aime bien, mais je ne pourrai pas jouer à ce jeu plus longtemps. Je vais vraiment devoir réfléchir à comment la plaquer sans faire trop de vagues, sans la blesser, sans la traumatiser. Elle m'a donné sa première fois, et parfois les filles trouvent ça important, Vic je sais pas, j'imagine, elle avait déjà été échaudée par un gars apparemment.

Après dix bonnes minutes je me lève, toujours nu en attrapant du linge propre dans mes armoires.

« Je vais à la douche ! »

Je fuis dans la salle de bain et je ferme à clef avant qu'elle est l'idée de me rejoindre, j'en sais rien, j'ai peur. Je reste sous le jet brûlant un moment avant de ressortir. Toute minute gagnée est bonne à prendre. Il faut que cette journée passe vite, qu'on rentre tous chez nous. Je n'arriverai pas à donner le change trop longtemps avec Vic, heureusement qu'elle est à Poudlard et moi à l'UMS. Ça me permettra de réfléchir à une stratégie.

Tout ce à quoi je pense, c'est que je veux passer un moment avec Clarissa, alors que je viens juste de « faire l'amour » avec ma petite amie officielle. Tout ce que je me dis, c'est que cela fait 8 jours que je n'ai pas vu la belle rousse, et que son air agacé et qui m'invective me manque, son mordant – sans jeu de mot – son énergie, son sourire, sa méfiance et sa curiosité à mon égard, tout me manque chez elle. Quand ma main frôle la sienne, c'est tout mon corps qui prend vie. Je réalise que juste un contact avec Clary est bien plus puissant que tout ce que j'ai ressenti en couchant avec Vic. Et j'en culpabilise encore plus.

Heureusement nos parents ne tardent pas à rentrer, ce qui me permet de ne pas rester en tête à tête avec Vic. On partage encore un moment autour du feu avec de quoi boire et manger avant de tous se quitter entre 15 et 16h. En rentrant je tourne en rond dans ma chambre, avant de partir marcher et me retrouver devant l'appartement de Clarissa.

:copyright:️ Justayne

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Jared Parkinson


«But I want to live and not just survive
That's why I can't love you in the dark »

KoalaVolant

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