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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le jeudi 14 février 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Soins aux Créatures Magiques et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. Elle se remet encore d'une rupture difficile avec son premier petit-ami qu'elle n'a plus vu depuis 2 ans.

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Je mettais un point final à ma lettre avant de l’accrocher à ma chouette, Kitty. Je lui caressais la tête une dernière fois avant d’ouvrir la fenêtre de ma chambre. La chouette s’envola et je souris en la voyant disparaître au fur et à mesure dans la nuit.

Je n’avais pas eu le temps d’envoyer de hibou à mon père plus tôt aujourd’hui, mais je souhaitais quand même lui envoyer un petit quelque chose pour leur anniversaire de mariage avec maman. J’aurai aimé leur faire une surprise et me pointer à Poudlard mais mes amis avaient prévu autre chose : ce soir, nous sortions ! Alex avait entendu parler d’une fête et il avait proposé qu’on s’y retrouve tous. Tous ? Harry, Mióróis, John, Jordan, lui et moi. La bande comme autrefois.

A présent que nous étions à l’Université, nous avions élargi nos horizons et nous passions beaucoup moins de temps ensemble. Cela n’empêchait pas cependant que nous nous retrouvions pour boire un verre, réviser ensemble ou se rendre à une fête étudiante. Et nos retrouvailles avaient toujours un goût spécial, comme un retour en arrière où les choses étaient si insouciantes. Bien sûr, maintenant que la guerre était terminée, elles l’étaient toujours. Mais … j’avais perdu mon innocence en chemin. Et je ne voyais plus les choses de la même façon que quand nous avions 13 ans.

Cependant, cette soirée m’apportait de la légèreté et j’étais prête à laisser mes devoirs de côté pour une soirée. Après tout, Harry avait lui aussi mis sa timidité de côté pour venir. Alors, je pouvais en faire autant avec mon côté studieux. Après, si je voulais être tatillonne : Harry allait pouvoir s'extirper rapidement de cette soirée, ayant de prévu un anniversaire ce jour-même.

J’enfilais une robe-pull verte avec des collants épais, et ajoutais une veste pour parfaire ma tenue. Je brossais ma chevelure rousse et ajoutais du fard à paupière avec une légère touche de mascara. Et voilà ! Je m’observais une dernière fois dans le miroir de mon armoire, tournant plusieurs fois sur moi-même pour être certaine que ma tenue convenait. Puis j’attrapais un sac, y glissais ma baguette et quelques autres produits utiles avant de quitter mon appartement. Je refermais à clé et sortis de la bâtisse pour rejoindre les rues de Druid’s Oak.

La fête n’était qu’à quelques pâtés de maison. Un vent frais soufflait entre les rues et je relevais le haut de ma veste pour protéger mon cou. Malgré la saison et la froide température, il y avait du monde dans les rues. Certains commerçants fermaient tout juste les volets de leur vitrine tandis que des étudiants rentraient se mettre au chaud chez eux. Mais la plupart convergeait tous vers un même point. Sourire aux lèvres, j’écoutais et surprenais quelques discussions. J’avais toujours eu l’ouïe fine, sans doute grâce à mon sang de demi-vampire.

« Clary ! »

Je relevais la tête en voyant John me faire signe d’approcher. Mon sourire s’élargit et je déposais un baiser sur sa joue.

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Jonathan Fairchild

« Je t’attendais. » dit-il. « Quelques-uns ont entamé une partie de Quidditch et le reste de la bande est là-bas, tu me suis ? »
« Bien sûr ! »

J’attrapais son bras et le suivis. On passa devant une maison où devait avoir lieu la suite de la fête. Il y avait déjà de la musique et des lumières à l’intérieur. Mais John me fit passer devant puis traverser un pont avant de rejoindre un terrain herbeux. Il n’était pas aussi grand qu’un terrain de Quidditch mais cela n’empêchait pas quelques étudiants de s’être armés de balais et de Souaffles confectionnés par leurs soins pour disputer une partie. Des élèves étaient réunis autour d’eux et les encourageaient. Dans un coin un peu plus loin, un feu de camp avait été allumé. Plusieurs élèves étaient penchés au-dessus et se faisaient passer des bouteilles. La rivière coulait non loin de là.

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On rejoignit aussitôt notre groupe et je saluais joyeusement chacun d’entre eux. Harry me fit passer discrètement un nœud rose, le dress-code de la soirée. Evidemment, nous étions le soir de la Saint-Valentin ! Je ris à cette idée et le fis tenir dans mes cheveux avec l’aide de Jordan.

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Jordan Spencer

« Alors, y a-t-il des choses intéressantes que j’ai loupées ? » demandais-je en rentrant les mains dans mes poches.

Malgré le feu, il ne faisait de toute évidence pas assez chaud pour rester à l’extérieur. Alex me fit passer une Bièraubeurre.

« A part les blagues foireuses de John et les commentaires de Jordan sur les tenues de chacun … non ! » dit-il, non sans s’attirer un coup de coude de la part de nos amis. « Oh, si ! Mióróis s’apprêtait à nous dévoiler le nom de son petit-ami secret ! »

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Mióróis Fowl

Au vu du regard que la jeune femme lui lança, je doutais qu’il s’agissait vraiment de ce dont ils étaient en train de discuter. Je ris toutefois et levais les yeux au ciel, jetant à mon tour un regard autour de moi. Je posais la tête sur l’épaule de Harry machinalement, l’écoutant distraitement parler avec Alex et John des professeurs de l’UMS.

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Harry Romanov

Il y avait du monde sur ce terrain et je reconnaissais sans mal des visages familiers. J’aperçus mon frère, David, partageant un verre avec Oscar Swan. Il y avait Newt Campbell également qui leva un verre à mon intention. J’apercevais aussi de vagues connaissances de mon club ou que je servais lors de mon travail au Blooddale.

Et puis, dans un coin, entre la limite de la lumière du feu et de la pénombre, le prince Iceni discutait avec un jeune homme. Ce fut ce deuxième visage qui retint mon attention. Il faisait la même taille que le prince et était solidement bâti, comme s’il avait passé sa vie à se battre. Ses yeux sombres m’intriguèrent mais ce fut surtout son visage. Un visage dur, impassible, calculateur. Il regardait tout le monde autour de lui comme si tout ça lui était indifférent. Son regard se posa un instant sur moi et j’ouvris la bouche, comme manquant d’air. Et puis ce fut terminé. Il passa quelqu’un d’autre.

Je fronçais les sourcils et me redressais de l’épaule de Harry. Qui était-il ? Je ne me souvenais pas l’avoir déjà vu auparavant et pourtant son visage me plaisait. Etonnant, non ?

« Propose-lui un verre. »

Je sursautais lorsqu’Alex approcha sa bouche de mon oreille pour me murmurer ces quelques mots.

« Tu le mates depuis un moment déjà. Va le voir. »

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Alexander McQueen

Il sourit, m’encourageant à faire le premier pas. Alex avait énormément pâti de ma relation avec Mattéo. Il avait essayé de m’en défaire, de m’ouvrir les yeux et s’était pris une sacrée raclée. Je ne l’avais pas écouté et pourtant, il avait été là pour me relever. Et voilà qu’aujourd’hui, il m’encourageait à aller à la rencontre d’un nouveau mec. Je l’observais un instant, comme étudiant chacune de ces facettes.

« Tiens. Ca a l’air d’être le genre de mecs à aimer l’alcool fort. » dit-il en me passant une bouteille de Rhum orange.

Je regardais un instant la bouteille, puis Alex. Et je me saisis de la bouteille.

« Ok, je vais y aller. »

Je relevais un sourcil. Autrefois, Alex m’avait longtemps mis au défi. Il me voyait tellement comme la fille coincée, incapable de sortir la tête de ses bouquins, que je l’avais épaté en m’enfilant une bouteille entière d’Hydromel, toute droit issue de la réserve du professeur Flitwick. Je m’étais payée aussi une belle gueule de mois tout le week-end suivant. Mais Alex était celui qui me mettait au défi, me poussait à dépasser à mes limites. Je n’étais pas une Gryffondor et je le soupçonnais d’adorer voir comment une Serdaigle répondait face à une épreuve. Et je n’avais pas dit mon dernier mot face à celle-ci.

Fière, je quittais la chaleur réconfortante du feu de camp pour me rapprocher du jeune homme. Le prince Iceni venait justement de partir, le laissant seul. L’opportunité était à saisir. Je m’approchais alors, un pas décidé, avant de tendre la bouteille sous son nez.

« Envie de boire quelque chose ? » demandais-je, un sourire malicieux aux lèvres.

Certains disaient que je n’avais rien à envier de la malice de mes frères. Cependant, contrairement à eux, je n’en faisais pas un trait de caractère principal.

« Je t’ai vu. Tu n’avais rien à boire, alors … »

Je haussais les épaules, consciente que je n’avais toutefois pas besoin de me justifier autant pour apporter à boire à quelqu’un. Surtout à un autre étudiant au cours d’une fête.

« On se connait ? » dis-je, penchant légèrement ma tête sur le côté. « Ton visage me dit quelque chose mais je ne suis pas certaine. Tu étais à Poudlard, non ? Mais pas à Serdaigle. Je m’en souviendrais sinon. »

Je me mis à rire, essayant de me donner un côté insouciant et joyeux. Je voulais lui montrer que je ne me prenais pas la tête et que, même si j’étais intriguée de savoir qui il était, ce n’était pas une information capitale à ma survie. Pourtant … je devais avouer qu’en cet instant, cette idée m’obsédait.

Je n’osais pas me retourner vers le feu de camp. J’imaginais qu’Alex avait déjà averti nos amis de ma tentative d’approche avec un nouveau garçon. Et si je les regardais, je serai déstabilisée.

« Tu es dans quel cursus ? »

Je bus une gorgée de ma Bièraubeurre, acquiesçant à ses paroles avant d’ajouter, histoire de me présenter un minimum.

« J’étudie l’Histoire et la Géographie Sorcière. Mais l’Histoire en particulier. Je trouve fascinant tout ce que nos ancêtres ont pu accomplir par le passé. D’un autre côté, on a multiplié aussi pas mal d’erreurs, sans jamais rien apprendre. Ca aussi, ça a un côté intéressant. »

A nouveau, je lâchais un rire avant de me stopper dans mon flot de paroles. Merlin, je devais paraître insipide et trop intello, non ? Ca ne devait surement pas l’intéresser ce que je racontais. Pourquoi ça intéresserait quelqu’un ? Mes passions n’étaient pas celles des autres. Et puis, nous étions à une fête, nous n’étions pas censées parler de l’école, n’est-ce pas ? Oh, nom d’un Hippogriffe, Alex devait certainement être en train de lever les yeux au ciel, si seulement il pouvait m’entendre.

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ

Clarissa McGregor

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Stay where you are, don’t come any closer

Jeudi 14 février 2002

Voilà une fête que j'ai découvert ici, ils fêtent la Saint Valentin, ce qui serait un peu pour nous irlandais, la Saint Aengus Óg, Dieu de l'amour et le fils adultérin de Dagda, mais version Farce et Attrape Weasley. Je déteste cette putain de fête, j'ai en horreur cette effervescence d'hormones autour de moi. Je peux entendre d'ici les déclarations d'amour des étudiants en manque, quand c'est pas leur ébats irréfléchis et regrettés dès le lendemain. Je trouve que l'amour rend les gens tellement niais, c'est insupportable à regarder.

« Un ruban ?
- Mais casse-toi putain !»

Je regarde avec répugnance le blaireau qui essaye de me fourguer pour la deuxième fois un de ces rubans roses à porter dans les cheveux ou que sais-je, pour "être dans le thème". Mais je veux pas ressembler à Sibylle Trelawney putain. J'en ai rien à foutre de cette merde. Surpris il ne demande pas son reste et se dépêche de s'éloigner de moi.

Je suis peut-être un brin exaspéré et nerveux c'est vrai, on a prévu de se croiser avec Bleddyn à cette soirée, je lui ai promis de faire un effort pour me détendre et profiter d'un peu de sociabilité. Mais on sait tous que si je suis ici, c'est pour défoncer quiconque posera une main déplacée sur une de mes sœurs. D'ailleurs je ne sais pas où sont ces petites malines, à peine arrivées elles ont eu l'air d'être passées sous cape d'invisibilité. Je suis dans le coin le plus discret de la soirée, tapis comme un homme trainant sur l'allée des Embrumes.

J'aperçois alors Bleddyn et il vient à mon encontre, je le vois à sa tête, à son sourire, j'ai juste envie de me cacher dans un trou, je roule des yeux. Ça l'amuse tellement. Ils ont titré ça "Rumeurs amoureuses au palais Banríon na Bpálás". RUMEURS AMOUREUSES. Je cite "pour le réveillon du Nouvel An, le prince fut surpris en tête-à-tête avec un noble irlandais, Jared Parkinson, étudiant en 2e année. Cela aurait pu passer pour un banal moment entre les deux hommes, mais ce qui retint notre attention fut la main du prince, posée sur le bras de Mr. Parkinson." Je déteste les médias, alors oui, je suis mal à l'aise ici, à une telle fête en compagnie du Prince.

J'étais mortifié quand j'ai lu l'article, j'aurai pu ne pas le lire, mais c'est Bleddyn qui ne s'est pas gardé pour me le monter. De toute façon, s'il ne me l'avait pas montré, ça aurait été mes parents, ils ont été interviewer putain ! Mes sœurs étaient tellement folles et ont essayé d'avoir des informations toute la semaine. Alors que Bleddyn arrive devant moi, je ne peux m'empêcher de regarder autour de nous ne serait-ce que l'ombre d'un service presse. Ce qui amuse de plus belle Bleddyn. Un jour moi aussi je vais en rire, mais pour le moment je suis bien trop gêné, enfin pas autant que cette fois là, chez lui avec Aliocha. Non, vraiment pas autant.

Le prince mon ami, oui ça aussi c'est nouveau, enfin je crois. Enfin c'est ce qu'il pense qu'on est, c'est ce que je souhaite être, mais je ne sais pas si je m'y prends bien, je ne sais toujours pas si c'est une réelle bonne idée. Surtout depuis l'article, j'ai toujours l'impression que je vais porter l'opprobre sur cette famille, mais Bleddyn ne semble pas inquiet. Lui à l'habitude de gérer la presse. Pourtant je regarde encore et toujours autour de nous comme un vieux parano à la con. Il me pose des questions, me demande comment je vais, si j'arrive à ne pas trop fumer.

« Pour être honnête, là je m'en roulerai bien un pour supporter la soirée. »

Il me conseille de trouver une autre distraction, une fille par exemple, pour mettre en exergue tous ces conseils d'homme galant qu'il tente désespérément de me donner, mais pour ça je ne suis pas bon élève apparemment. Je parcours la foule du regard, comme si un de ces tocard peut retenir mon attention, déjà ils ont l'air d'être tous ensemble, presque les uns sur les autres et... qui est-ce ? Mon regard accroche sur une rousse, qui me regarde aussi, nos yeux se captent et j'ai l'impression de recevoir un coup de poing dans le sternum, mais mes yeux continuent leur route par crainte qu'elle m'ait remarqué. Je me suis déconnecté quelques secondes de ma conversation avec Bleddyn.

« Oui d'accord.»

Ne la regarde pas Jared. Je résiste pour ne pas la chercher à nouveau dans la foule et me concentre sur mon ami.

« Attends quoi ?! » lancé-je au Prince d'Irlande.

Je le regarde à nouveau, lui donnant toute mon attention cette fois, que vient-il de me dire ? Et il répète, il m'invite officiellement à la prochain pleine lune le 27 février. Je ne sais pas ce que je ressens, du soulagement mais aussi un stress énorme, vraiment énorme. Il m'explique qu'il va contacter mes parents pour le leur dire officiellement. Je suis touché de sa proposition, et je sais pourquoi il le fait, enfin j'en connais une raison. Il m'a écouté, il a su pour ma dernière pleine lune avec mes parents et ma famille. Il veut seulement me sortir de ce cercle vicieux et de cette relation compliqué avec mon père. J'ai quand même frappé mon père en lui disant qu'il n'était pas mon alpha. Je m'en veux, parce que j'ai vraiment déçu ma mère et fait de la peine à mes sœurs cette nuit là. Il sait aussi que ma condition de loup m'est difficile ou plutôt insupportable. Il voudrait m'aider et je sais que Louve aussi. Ils sont de mèche ces deux là. Du coup j'acquiesce, j'accepte sa proposition. Fin février je serai à nouveau en Irlande, auprès des loups de la cour, auprès des Iceni.

Nous échangeons aussi sur nos prochains entrainement. Bleddyn a un planning très chargé, notamment avec la cour et ses obligations, son étude à Poudlard de duel, ses études à l'UMS, mais il trouve toujours du temps pour moi. Pour le pauvre parano et irrécupérable Jared Parkinson. Ses entrainements payent, ce ne sont pas seulement des entrainements physiques, il me donne aussi des conseils, des mantras, une hygiène de vie. Toutes ces paroles me percutent aussi fort que ses poings, et j'apprends, j'apprends vraiment. J'ai réduit l'aconit, même si j'en consomme toujours quand c'est trop dur, mais parfois j'arrive à palier, à mettre en place des stratégies, à faire du sport tout seul par exemple, mon père en serait ravi, lui qui était frustré que j'en fasse pas avec lui, mais je sais qu'il m'en faut peu pour basculer et me rouler des joints toutes la journée.

Notre discussion se termine et alors qu'il est appelé ailleurs, il n'hésite pas à me dire aurevoir en reposant une main sur mon bras, cette même main qui a valu une Une à la Gazette du sorcier. « Ah Ah vraiment très drôle VOTRE ALTESSE ! » lancé-je ironiquement alors qu'il s'éloigne pour d'autres plans, ce qui ne m'empêche pas pour autant de lâcher un large sourire malgré tout.

Bon, trouver une autre distraction ? Mais avant ça, je cherche mes sœurs des yeux, et au lieu de les trouver, mon regard tombe encore une fois sur la fille. Elle se dirige carrément dans ma direction, je me tourne pour regarder derrière moi, et à moins qu'elle veuille s'enfoncer dans les ténèbres, c'est bien vers moi qu'elle vient, une bouteille à la main.

« Envie de boire quelque chose ? »

J'étudie immédiatement ses lèvres et le son de sa voix. Je considère la bouteille qu'elle me montre. Du rhum orange, je n'aime pas l'orange, mais puisqu'il y a du rhum, ça passera. Une autre distraction m'a dit Bleddyn ? Va pour une fille et de l'alcool alors.

« Je t’ai vu. Tu n’avais rien à boire, alors …
- Pourquoi pas !? »

Je récupère la bouteille qu'elle me tend et bois directement au goulot.

« On se connait ? »

Je la vois pencher légèrement sa tête sur le côté et je crois que la mienne suis son mouvement sans m'en rendre compte. Je n'étudie plus seulement ses lèvres mais l'intégralité de son visage, je ne rate rien, je suis autant fasciné par ses yeux malicieux que par ses cheveux flamboyant. A sa question, je ne fais que secouer la tête pour lui dire non. Je perds totalement le peu d'aisance que j'avais pu acquérir à communiquer auprès de Bleddyn ou d'Aliocha dernièrement. Putain mais elle sort d'où ?

« Ton visage me dit quelque chose mais je ne suis pas certaine. Tu étais à Poudlard, non ? Mais pas à Serdaigle. Je m’en souviendrais sinon.
- Serpentard »

Je m'en souviendrais sinon ? Quoi ?! Quand elle éclate de rire, j'ai l'impression d'avoir un troupeau de Boursouflet au creux de mon ventre. J'ai rarement entendu un rire aussi spontané et pur. Serdaigle a-t-elle dit ? Sagesse, esprit, intellect, créativité et apprentissage. Elle a pourtant l'audace et l'énergie d'une Gryffondor. J'entends son cœur s’accélérer, elle n'est pas si à l'aise que cela pour me parler et cela m'amuse intérieurement. On dirait qu'elle s'est lancée un défis - et c'est possible -, et je dois dire qu'elle le réussi haut la main.

« Tu es dans quel cursus ?
- Médicomagie et toi ? »

Je regarde ses lèvres épouser le goulot de sa Bièraubeurre alors qu'elle boit. Je l'imite en buvant aussi l'alcool qu'elle m'a offert. Je crois qu'il va me falloir plus d'une bouteille de rhum ce soir. J'ai l'impression que je pourrai passer ma soirée juste à la regarder et l'écouter parler. Mais je suis sûr que cela lui poserait un problème au bout d'un moment.

« J’étudie l’Histoire et la Géographie Sorcière. Mais l’Histoire en particulier. Je trouve fascinant tout ce que nos ancêtres ont pu accomplir par le passé. D’un autre côté, on a multiplié aussi pas mal d’erreurs, sans jamais rien apprendre. Ca aussi, ça a un côté intéressant. »

Cette fille est un vrai moulin à parole, rien ne l'arrête et un rien la lance. Elle m'amuse de plus en plus. Je bois à nouveau à la bouteille, plusieurs gorgées et cela me brûle subtilement l’œsophage. Boire me détend, c'est pas aussi efficace qu'un joint, mais ça fera l'affaire pour ce soir. Je me force à prononcer plus de 3 mots à la suite.

« Je suis Irlandais, je connais très peu l'histoire du Royaume Unis, seulement celle étudiée à Poudlard. »

Je peux comprendre sa passion, je passe moi même des heures avec mes potions et mes manuels de médicomagie. Elle c'est juste l'histoire, c'est tout. Si j'étais un vrai bavard et que j'en avais quelque chose à foutre des autres, je pourrai passer des heures à leur parler potion et botanique.

J'entends qu'on nous hèle pour jouer à un jeu d'alcool. Elle me regarde, cherchant une approbation de ma part. Je regarde les autres joueurs et je la regarde elle. Ma décision est déjà prise, je crois qu'elle n'a pas compris encore que je la suivrai où elle ira ce soir. Je hoche la tête pour seule réponse ce qui à l'air de la faire rire à nouveau. Sea coinnigh ag gáire, is breá liom é (1)

Elle passe alors devant moi et s'élance vers le groupe, la brise ramène son odeur à mon nez. Mon nez de loup. Loup qui s'agite instinctivement en moi. Cette odeur je la reconnais, même si elle est plus faible, c'est celle d'un vampire. J'imagine donc que c'est une hybride. Je marque un arrêt net sur place, elle se retourne en voyant que je me suis arrêté et m'invite à nouveau à la suivre. Mon pas est plus hésitant, j'ai les idées qui fusent à nouveau très vite, et l'image de mon putain de père me brouille la vue. Je secoue ma tête et finis la distance qui nous sépare du groupe. Je bois encore quelques gorgées de rhum. Il est même pas là que mon géniteur me casse les couilles en esprit.

On s'assoit à côté l'un de l'autre et je sens soudainement un énorme gouffre entre nous. Je ne suis plus du tout aussi assuré que tout à l'heure. Pour autant je n'ai aucun dégoût en sa présence. Au Palais, j'en ai croisé des vampires, à Poudlard et l'UMS aussi, évidemment qu'il y a une certaine animosité ancestrale, mais là, à côté d'elle, c'est différent, malgré tout, j'ai à l'esprit qu'elle est l'interdit, qu'elle est le rejet. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à ce que pourrait dire mon père s'il me voyait avec une vampire, sortir avec une vampire, même si cette dernière est une hybride. Et en même temps, j'entends ce que nous offre le Palais et la culture des Iceni. Ils sont très ouvert là dessus. Mais je n'ai pas envie d'une énième prise de tête avec lui, d'une nouvelle source de conflit. Nous ne sommes d'accord sur rien, pas même mes études, lui voudrait que je me montre plus utile pour le Palais, ou que j'aille au Ministère. Il voudrait que je sois un Duc.

Cela doit se voir que je suis éprouvé mentalement en cet instant, car elle pose une main sur mon poing serré et me demande si je vais bien. Son contact me fait l'effet d'un seau d'eau à la gueule. J'avais presque oublié sa présence et me reconnecte au présent. Je la regarde et elle me sourit. Elle me regarde chaleureusement, on dirait qu'elle s'inquiète pour moi alors qu'elle ne me connait pas, putain mais toutes les rousses sont comme ça ? A chercher à sauver les âmes déchus ? Putain ça m'agace, je retire ma main de dessous la sienne et marmonne un rapide « Ouais ouais ! »

Le groupe avec qui on est assis nous explique le jeu à boire. Putain mais je fais jamais de jeu d'habitude, c'est vraiment une connerie. C'est une sorte de tirage runique remastérisé, un peu comme les échecs, c'est un jeu de stratégie. Et celui qui perd sa manche doit boire. Après l'explication du jeu, que j'ai à peine écouté, on fait un tour de table pour savoir comment on s'appelle. Je retiens mon souffle jusqu'à ce qu'elle prononce son prénom. Clarissa, mais ses amis l'appelle Clary.

« Jared »

Je n'écoute pas les autres, je me fous des autres. Je ne fais même aucun effort sur le jeu, tout ce que je veux c'est boire, boire et la regarder. Du coup je perds, parfois en faisant exprès, parfois en ne faisant aucun effort. Je perds, donc je bois et c'est parfait. On joue avec son voisin de droite, et Clarissa est à ma droite. Je joue contre elle, puis elle joue contre son voisin de droite, son voisin de droite joue ensuite avec son voisin de droite etc, jusqu'à ce que mon voisin de gauche joue contre moi et que je me retourne à nouveau pour jouer contre Clarissa. Ils parlent tous pendant le jeu, et je l'observe elle, je l'écoute, je me retiens de rire à chaque fois qu'elle le fait, parfois c'est tellement dur que ne pouvant faire autrement, je souris tellement que sa fraicheur m’envahit. Elle est drôle et est comme une gosse avec ce jeu, elle est si fière de me mettre la raclé du siècle, elle s'amuse et j'aime ça.

« Ton petit ami n'est pas très bavard et jovial Clary » annonce alors un joueur.

Son petit ami, je manque de m'étouffer alors que j'avais porté le verre d'alcool à mes lèvres après avoir perdu une énième fois contre elle. Je fusille la personne du regard.

« Sauf que c'est pas ma petite amie et que c'est vous qui être trop joviaux à mon goût. »

Tout l'alcool que j'ai bu commence à faire effet, j'ai d'ailleurs finit la bouteille de rhum orange.

« T'as quoi à l’œil ? » continua-t-il.

Ce petit connard fait référence à ma cicatrice au dessus de l'arcade sourcilière qui mange mon sourcil d'ailleurs. Vestige de cet enfoiré de Thomas Scott-Rosier, un sortilège de magie noire que je n'ai pas pu soigné à temps, car ils me retenaient dans le dortoir des Serpentards.

« C'est ce qui peut t'arriver si tu poses encore trop de questions.
- Oulaaa t'es pas trop commode toi comme mec ! On se calme, c'est juste que ça te donne un look très craquant, je veux dire ça te va bien, enfin ça va bien avec ton côté mystérieux. » lança une des joueuses en face de moi en me faisant un clin d'oeil.

Je suis surpris et secoue ma tête. J'aurai jamais entendu une chose aussi débile. Mes cicatrises me donnent un côté craquant ? C'est bien les mots de quelqu'un à qui il n'est jamais rien arrivé, les gens sans problème, qui n'ont jamais du se battre pour obtenir les choses ou lutter pour leur survie. Peut-être qu'elle a des parents aimants, qui l'aident pour tout, qu'elle n'a reçu aucune insultes, vécu aucune brimades dans son enfance. Elle est sorcière, ça se sent. Elle devait être bien planquée pendant la guerre par exemple, sans manquer de rien. Elle n'a pas vécu la persécution d'être née-moldue ou hybride ou créature magique. Je pense inévitablement à Emy, qui vient de vivre une sale épreuve le mois dernier. Elle n'irait jamais me dire ça et à personne d'autre.

Je me lève alors brusquement et décide d'arrêter toute cette mascarade. Ici, là, ce n'est pas moi, cette fille me fait tourner la tête et me fait faire n'importe quoi. Je suis pas le bon pote qui rigole autour d'un feu de camp à jouer à Rune ou Bois. Tout ça j'en ai rien à faire. Alors sans un mot pour personne, même pas pour la jolie rousse, je me casse à la recherche de mes sœurs. Je les entends qu'ils m'appellent, l'autre idiote me demande pardon, dit qu'elle ne voulait pas me vexer, mais je ne m'arrête pas, je ne me retourne pas.

Quand je les retrouve enfin, elles me présentent à leur petit groupe, pratiquement que des joueurs de Quidditch, gé-nial. Je reste là, à les écouter, focaliser encore sur les dernières minutes absolument étranges que je viens de vivre avec Clarissa. Mes sœurs me parlent et je hoche la tête pour dire oui ou non seulement. Mais elles, elles ont l'habitude. Tout l'intérêt c'est que je peux boire l'alcool de leur groupe plutôt que de me rouler un joint. Au bout de presque une heure, je finis par dire à mes sœurs que je rentre à l'appartement et qu'elles m'envoient un Patronus si besoin pour que je vienne les chercher.

Je m'éloigne du groupe, et avant de transplaner je vois la jeune rousse venir à mon encontre, encore une fois. Elle a l'air plus douce que jamais avec cet air plutôt timide qu'elle affiche avant de me parler. Et contre toute attente, elle a l'audace de savoir si j'étais intéressé pour passer la soirée avec elle, j'y comprends qu'elle souhaite sortir avec moi, que visiblement je lui plais. Mon cœur bat la chamade, il bat si vite que le sang qui afflux à mes oreilles m'isole complètement du bruit environnant. Je me sens pris au piège entre ce que je voudrai et ce qu'il faut que je fasse. Elle me plait, comme beaucoup m'ont plus, mais elle c'est différent, elle je crois bien qu'elle me plait plus que les autres. C'est pourquoi il est important que je me tienne très très loin d'elle. Elle ne m'apportera que des problèmes, ou inversement. Ce qu'il faut que je fasse, c'est lui épargner ma compagnie. Bleddyn m'a dit d'être très clair avec les filles, alors c'est ce que je vais faire, et maintenant.

« Écoute, je sais pas ce que tu as cru tout à l'heure, mais il n'y a rien et il n'y aura jamais rien entre toi et moi. Alors oui, je pourrai coucher avec toi, mais t'as pas l'air d'être ce genre de fille, alors trouve toi un gars gentil pour la soirée et oublie moi. »

Je transplane alors sous son air choqué. Je sens que j'ai remué quelque chose chez elle, car je n'ai pas fait que la blesser, je l'ai déçu. Arrivé à destination, je réalise que mes mains tremblent. Je ne me sens pas bien, vraiment pas bien, je me dépêche d'arriver dans la salle de bain et je vomis. C'est certainement tous les mélanges de ce soir. Les mains encore tremblantes, je me roule difficilement un joint d'aconit, je me détends alors immédiatement quand j'inhale la substance, et je m'en veux aussi immédiatement. Je crois que ça faisait plus d'une semaine que j'en avais pas touché. A peine je le termine que je m'en roule un autre et le consomme tout aussi rapidement, me laissant dans un tel état second avec l'alcool dans mon sang, que je m'endors comme ça sur le carrelage de la salle de bain. Au final, ce sont mes sœurs en rentrant de la soirée qui m'ont allongé dans mon lit.

Dimanche 24 Février 2002

Je grogne alors qu'Alana toque à la porte de ma chambre pendant que je m'avance sur mes parchemins et révisions de la semaine. Déjà ?

« Prêt ? » me dit-elle.

Ce soir il y a une soirée organisée par le club des Bodicae Pateare. C'est un dimanche, car ce soir particulièrement il y a des astres à observer dans le ciel. C'est donc une soirée spéciale astronomie et divination. J'avais promis à mes sœurs d'y aller, car Alana aimerait rejoindre ce club, et elle veut mon avis avec Eireann. Depuis le début de l'UMS, je ne cesse de dire que les clubs c'est nul et bidon, mais c'était avant d'avoir été invité à rentrer dans le club secret Oak’s Lodge. Si mes sœurs savaient ça, elles se foutraient bien de ma gueule. Du coup je pense que ce genre de club peut être bénéfique pour Alana, je me rends compte qu'elles ne sont pas comme moi. Mes jumelles sont sociables et ont besoin d'un groupe, ne plus être en Irlande, au Palais, ça leur manque. Elles ont besoin d'autre chose, alors j'ai promis de venir.

20h. Me voici donc devant la confrérie des Bodicae Pateare. Je comprends pourquoi Alana a choisi ce club, tout ici peut nous rappeler notre culture, le nom du club, en référence à la Reine Iceni, leur logo ressemble à notre triskèle irlandais. Les membres de ce Club sont choisi pour leur attrait pour la musique, la poésie, l’astronomie ou encore la divination. J'observe une dernière fois l'inscription au dessus de la porte avant d'entrer. « Je préfère encore ma folie qui nous rêve la tête haute à ta raisonnable soumission qui nous courbe l'échine. » C'est une phrase de Boadicée, symbole d'insoumission, chef du clan Icène. Reine, amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre. « Il n’y a pas de honte à renoncer car seuls les dieux ne connaissent pas la peur. Je ne vous jugerai pas. Je vous pose simplement la question : serez-vous, aujourd’hui, à mes côtés ? », c'est le genre de discours qu'elle tenait, et elle me fait penser à Louve Iceni, parfaite descendante.

Alana est tellement excitée et cela me fait plaisir de la voir comme ça, je serai vraiment un gros con si je lui gâchais sa joie, alors je ne fais aucun commentaire, et pour elle, c'est le signe que je n'ai rien à redire, ce qui la met encore plus en joie. On fait le tour du propriétaire, les filles s'arrêtent pour dire bonjour, pour s’imprégner de l'ambiance. Je les suis et j'observe aussi. En réalité ce club a l'air vraiment bien, j'aime cet esprit, leur décoration, il me rappelle par moment le temple de Dana. Mes sœurs se sentent comme à la maison.

On nous sert des verres à boire, il y a plusieurs petits groupes, certains déjà installés pour observer les astres même s'il est encore trop tôt. Plusieurs tables avec des choses à boire et à manger sur les bords de la pièce. Plein de coussins de tailles différentes au sol pour s’assoir autour de tables basses où se trouvent des jeux, des cartes à tirer, des runes, des tasses, boules ou autres objets de divination. En fait, vous voyez la classe de Trewlaney ? Ben ça y ressemble. Il y a plein de tableaux accrochés aux murs, certains faits par d'anciens membres de ce club, de ce que j'entends. Et ils sont tous aussi accueillant à l'intérieur de leur cadre. Je bois une gorgé de mon verre quand j'entends un rire. Son rire. Je ne l'ai pas recroisé depuis dix jours. Mon regard s'attarde sur elle un instant avant de sursauter devant le visage de ma sœur Eireann à quelques centimètres du mien.

« Quoi ?! Qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça ?
- C'est qui ?
- C'est qui, qui ?
- L'odeur qu'on a senti sur toi ce matin. C'est ta copine ? Tu avais eu cette même odeur sur toi il y a une semaine. T'as une petite amie ? »
- Non »

Je fais mes gros yeux à Eireann, elle a le don de m'exaspérer. Mes sœurs ont senti l'odeur de Victoire Prewett, et il est possible, effectivement qu'elle soit ma petite amie comme elles disent, depuis hier soir précisément. Elle m'avait invité à une soirée à la Cabane Hurlante et j'avais accepté. Elle m'avait déjà embrassé il y a une semaine de là effectivement, alors qu'elle m'avait aidé à me sortir d'un mauvais pas sur l'allée des Embrumes. J'ai décidé de lui donner une chance, éprouvé par toutes les pensées de mon père qui m'avaient envahi après ma rencontre avec Clarissa. Victoire vient de subir une morsure, c'est donc une louve, et mon père à l'air de dire depuis toujours que c'est ce qu'il me faut. Victoire est sympa, elle l'avait toujours été avec moi à Poudlard, et puis elle est plutôt agréable à regarder. Mais de tout cela, je n'ai certainement pas envie d'en parler à mes sœurs.

« Oh ! Salut Clary ! Clary, je te présente mon frère Jared ! Jared, voici Clary, on se connait du Blooddale »

Mon cœur rate un battement et j'écrase légèrement mon verre en plastique entre les doigts. Je regarde ma sœur de haut, étonné, comment ça elle va au Blooddale ? Comment ça elle connait Clarissa ? Mes yeux passent sur tout, sauf sur elle. Je me souviens très bien de comment on s'est quitté la dernière fois, et j'ai peur qu'elle fasse une remarque devant ma sœur. D'autant plus que je ne lui avais pas donné l'occasion de me répondre avant de transplaner comme un Nifleur.

(1) Oui continue de rire, j'adore ça - En irlandais.

   
©Lilith

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Jared Parkinson


«But I want to live and not just survive
That's why I can't love you in the dark »

KoalaVolant

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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le jeudi 14 février 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Soins aux Créatures Magiques et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. Elle se remet encore d'une rupture difficile avec son premier petit-ami qu'elle n'a plus vu depuis 2 ans.

Stay where you are, don’t come any closer
Le ton de sa voix était grave et ce son me plut immédiatement. En tant que demi-vampire, les bruits, les sons, les lumières ou encore les odeurs, tout ce qui paraissait insignifiant aux yeux de la plupart des autres, redoublaient d’intensité. Tout était plus profond et prenait plus de sens. Le son d’une craie qui crisse sur le tableau aurait pu me vriller les tympans tandis que la voix la plus belle du monde aurait pu m’émouvoir comme jamais. Il avait une odeur caractéristique, celle que j’avais réussi à associer avec le temps à celle des loups-garous. Une vieille légende disait d’ailleurs que loups et vampires ne parviendraient jamais à s’entendre, or, ce n’était pas la vérité pour moi. Bon nombre de mes amis et connaissances étaient des créatures et cela ne m’avait jamais questionné plus que ça.

Mais si nous revenions à l’aspect auditif … Cette voix grave, presque sombre, dangereuse et mystérieuse, avec un léger accent, me plaisait énormément. Je me rappelais encore de la première fois où Mattéo s’était adressé à moi. J’en avais frissonné d’excitation. Pour ce garçon, cela commençait un peu pareil. D’ailleurs, cela aurait peut-être dû me mettre en garde et me faire reculer. Pourtant, je n’en fis rien car la curiosité l’emportait sur le reste.

Il était si peu bavard, si … mystérieux. Il ne répondait que par quelques mots à mes questions comme s’il craignait de trop se dévoiler. A moins que je ne l’ennuyais ? Ce fut pour cela que je m’arrêtais de parler. C’était peut-être le moment où il allait me dire qu’il avait mieux à faire et que, même si j’avais été courageuse de tenter ma chance, je n’avais pas réussi. Je ne l’intéressais peut-être pas. Je n’étais pas assez bien pour lui ; lui, avec sa voix suave et son visage si intriguant. Pourtant, lorsqu’il reprit la parole, ce n’était pas pour me chasser.

« Je suis Irlandais, je connais très peu l'histoire du Royaume-Uni, seulement celle étudiée à Poudlard. »

Irlandais ? Oh, cela expliquait le petit accent. Certains de mes amis aussi étaient irlandais et j’avais étudié l’an dernier quelques pans de l’histoire de l’Irlande.

« Oh, cela expliquait sûrement le fait que tu connaissais le prince Bleddyn. » répondis-je avec un sourire, comme si j’avais enfin compris le casse-tête.
« Hey ! Vous voulez venir jouer ? »

Je tournais la tête vers le groupe qui venait nous héler. Le match de Quidditch s’était arrêté et visiblement, les supporters étaient déterminés à poursuivre la fête en dehors. Je jetais un coup d’œil vers le garçon à mes côtés. Il semblait réfléchir intensément. Il hésitait ? Pourquoi ? Est-ce qu’il faisait toujours ça pour chaque décision qu’il devait prendre ? Et puis, finalement, il hocha la tête. Cela me fit rire. Peu de paroles, mais des actions. Cette idée me plaisait toujours autant. Oui, je devais avouer que le peu que je venais de vivre à ses côtés me plaisait. J’aimais sa façon de faire, sa façon d’agir.

Je m’élançais alors vers le groupe. Ce jeu allait être amusant ! J’adorais les jeux, les défis. J’aimais qu’on me mette à l’épreuve et j’aimais gagner. J’étais aussi compétitrice que David sur un terrain de Quidditch. Il nous était arrivé une bande de fois de nous prendre la tête car on estimait que l’un avait fait une faute cruciale sur le terrain. La vérité, c’était que je n’étais clairement pas douée pour le Quidditch. J’avais même le vertige quand je m’envolais trop haut et cela avait le don d’agacer mes frères. Mais je ne résistais jamais à un défi. Quidditch, énigmes ou sortilèges. Jamais !

Je fronçais les sourcils cependant en sentant que le garçon ne m’avait pas suivi. Il était resté au même endroit.

« Alors, tu viens ? » demandais-je, intriguée.

Il me regardait comme s’il me rencontrait de nouveau. Quoi ? Qu’est-ce que j’avais au visage ? Et puis, comme si ce n’était qu’un trouble passager, il secoua la tête et me rejoignit. Etrange, mais pas rédhibitoire pour moi. Je jetais un coup d’œil à mon groupe d’amis resté près du feu de camp. Alex et John jetaient de temps en temps des coups d’œil vers moi. Je ne voyais plus Harry qui devait déjà être parti certainement. Jordan, quant à elle, s’était éloignée pour danser avec une amie.

Je m’installais à côté du garçon, sur l’herbe, observant avec enthousiasme les personnes que nous avions rejoint pour ce jeu. Il y avait deux personnes que je connaissais de l’Université, une autre qui était un habitué du Blooddale. Mais les autres m’étaient inconnus. L’un d’eux commença à expliquer les règles et je hochais la tête. Oui, je connaissais ce jeu. Et j’adorais y jouer ! Néanmoins, je m’assurais que mon partenaire de cette soirée le connaisse lui aussi. Mais lorsque je tournais la tête vers lui, il semblait aussi fermé et … hanté … que quelques instants auparavant ? Nom d’une Goule, que lui arrivait-il ? Inquiète, je posais une main sur son poing serré sur le sol. Il sursauta, comme reprenant conscience que j’étais à côté de lui.

« Tout va bien ? » demandais-je, soucieuse.

S’il préférait, nous pouvions tout aussi bien partir ailleurs et ne faire que discuter. Il n’avait pas l’air dans son assiette. Etait-ce la présence de quelqu’un ici qui le mettait autant sur les nerfs ? Car il était évident qu’il était en colère. Les poings serrés de cette manière, je connaissais. Mattéo faisait pareil. D’ailleurs, la réaction du garçon fut à peu près semblable à celle qu’aurait eu mon ex-petit-ami autrefois.

« Ouais ouais ! » dit-il en retirant vivement sa main de la mienne.

Etait-ce moi qui le dégoutais à ce point ? Je haussais un sourcil, bien surprise à présent. Tout d’un coup, j’avais un sérieux doute. Etait-ce une bonne idée de faire ce jeu avec un garçon qui me rappelait un peu trop Mattéo ? Il fallait dire que j’avais toujours comparé les garçons à Mattéo. Il était … mon seul modèle, mon seul repère. Mais là, il s’agissait surtout de ressemblances, de points communs. Mes battements de cœur s’étaient accélérés au fur et à mesure que ma pensée se précisait. Pourtant, je savais qu’il ne m’aurait suffi que d’un seul coup d’œil vers Alex pour qu’il vienne me sortir de là. Mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter ? Je n'allais pas abandonner ici, non ? Après tout, nous étions nombreux et même si ce garçon n’était pas celui que je pensais, je pourrais tout aussi bien m’extirper.

Et puis, ce n’était qu’un court sentiment. A cet instant, il semblait être redevenu le garçon mystérieux qui m’intriguait.

« On fait un tour quand même pour savoir nos noms, les gars ! » reprit le maître du jeu de la soirée.

Je tournais la tête pour me reconcentrer à nouveau sur le sujet, enthousiaste. Sophie, Noémie, Daniel, Scott, Carol.

« Moi, c’est Clarissa. Mais mes amis m’appellent Clary, c’est plus simple ! » dis-je avec un sourire amical.

Le garçon à côté de lui prononça alors son nom. Jared. Toujours aussi court en discours, mais … efficace. Je souris, baissais la tête pour ne pas croire que je me moquais de lui, alors que le jeu commençait. Mon esprit sérieux et déterminé reprit le dessus. J’allais leur mettre la raclée du siècle à tous.

Mon esprit tournait à plein régime alors que je faisais mes choix avec stratégie et concentration. Rien ne pouvait m’arrêter ni me détourner de ce que je faisais. Je m’autorisais toutefois une petite exclamation de joie quand je remportais ma manche. Au final, je ne devais pas boire énormément. J’aimais gagner et je détestais perdre. Je râlais, buvais et fusillais mon adversaire du regard avant de reprendre contenance et sérieux. Battre Jared était très amusant. Il ne semblait même pas réellement concentrer ou peut-être que si ? Parfois, je glissais quelques anecdotes au milieu de la partie et je riais. Je riais d’une telle euphorie et de ma réussite. J’étais fière et cela m’amusait. Jared ne semblait même pas se préoccuper à l’idée de perdre ou de gagner. Il parlait toujours aussi peu mais au moins il souriait. Il souriait et … j’adorais ça. En faites, l’incident de la main aurait presque pu être écarté si les autres n’avaient pas interpellé Jared et son caractère maussade.

« Ton petit ami n'est pas très bavard et jovial Clary » lança Scott en voyant Jared perdre une énième fois face à moi.

Je souris, victorieuse alors que Jared manquait de s’étouffer.

« Sauf que c'est pas ma petite amie et que c'est vous qui être trop joviaux à mon goût. » répliqua-t-il d’un ton agressif.

Je fronçais les sourcils et vis la bouteille de rhum orange que je lui avais passé un peu plus tôt, vide. Il avait déjà tout bu ? Mince, je n’aurai peut-être pas du gagner aussi souvent …

« T'as quoi à l’œil ? » demanda à nouveau Scott en désignant une cicatrice que Jared avait.

Je tendis l’oreille, curieuse moi aussi de savoir ce qui lui était arrivé. Peut-être un simple accident à la maison ? Ca arrivait. Je me souvenais encore de la fois où les jumeaux avaient tenté de faire une énième connerie et que maman les avait retrouvé le nez en sang dans le jardin. Elle était dans tous ses états mais au final, la magie avait tout réparé. Même les pleurs de Ron et Sam qui riaient aujourd’hui des petites marques qu’ils avaient gardés de cet incident.

« C'est ce qui peut t'arriver si tu poses encore trop de questions. »
« Hey ! » m’exclamais-je devant son air toujours peu commode.
« Oulaaa t'es pas trop commode toi comme mec ! » le coupa Noémie. « On se calme, c'est juste que ça te donne un look très craquant, je veux dire ça te va bien, enfin ça va bien avec ton côté mystérieux. »

Je rougis et détournais les yeux alors que Noémie faisait un clin d’œil à Jared. Oui, je l’avais pensé moi aussi. Cela finissait de compléter cet air si peu affable et mystérieux qu’il se donnait. Cela en tout cas ne parut pas plaire à Jared qui se leva un instant pour sortir du jeu.

« Hey t’en vas pas, mec ! » lança Daniel.
« Ouais, ça va, désolée ! » relança Noémie.

Mais Jared ne se retourna pas et s’enfonça plus loin dans le terrain. Mince, aurais-je du le suivre ? Je me mis moi aussi sur mes deux jambes alors que Sophie gloussait.

« Il n’a vraiment aucun humour ce pauvre crétin … »

Je fronçais les sourcils et tournais le visage vers elle.

« Et vous, vous manquez cruellement de tact. » lançais-je. « Finissez sans moi. De toute façon, je vous avais tous déjà battu depuis longtemps. »

Et sur ces mots hautains, je m’éloignais du groupe qui n’avaient visiblement pas apprécier mon petit coup d’éclat. Je soupirais, agacée, me massant la tempe. Nom d’une citrouille, il me semblait qu’on passait un bon moment, pourtant, non ? Il avait même souri et je crois même qu’il s’amusait. Pourquoi s’était-il emporté ? Était-ce l’alcool ? Il tenait mal l’alcool ? Le pauvre. Je ne devrais pas le laisser seul. Alex me rejoignit en quelques enjambées, comme ayant senti que les choses n’allaient pas. C’était en général Harry qui venait toujours m’offrir du réconfort, mais ce soir, il avait dû partir. Alex avait sans doute décrété qu’il allait prendre ce rôle pour ce soir. Du coin de l’œil, Mióróis nous observait elle aussi, prête à intervenir si j’avais des ennuis.

« Tout va bien. » assurais-je à Alex. « Le jeu était pourri de toute façon. »

Je levais les yeux au ciel, montrant que cela me passait bien au-dessus.

« Et le mec ? »
« Le mec … »

Je haussais les épaules.

« Je ne sais pas. Il est parti sans doute. »
« Mais … il te plaisait ? »
« Mmh … je pense, oui. »
« Faut qu’on le retrouve alors ! »

Je me mis à rire devant l’entrain d’Alex à ce sujet.

« Tout va bien » répétais-je. « Il avait sans doute besoin de prendre l’air et d’ailleurs, moi aussi, j’ai envie de passer un moment avec vous. »

J’ébouriffais ses cheveux. Cela avait le don de l’exaspérer, surtout quand il s’était vanté quelques instants auparavant qu’il s’était appliqué à se faire une coiffure digne à faire tomber les filles à ses pieds. Il se recula et pesta contre moi avant de regagner notre petit groupe. Je le suivis à mon tour, discutant avec Mióróis puis avec Jordan qui m’entraîna près du feu pour danser. Je ris, retrouvant un peu de légèreté après cette prise de tête.

Il s’écoula peut-être une heure avant que le visage de Jared ne revienne dans mon champ de vision. Il semblait toujours marcher de manière maladroite, comme si l’alcool n’était pas redescendu. A moins qu’il soit allé plus loin boire un peu plus ? Je chassais cette idée de ma tête et m’éloignais de Jordan qui riait à gorge déployée avant de tomber dans les bras de John. Je me dirigeais droit vers Jared mais quand sa tête se tourna vers moi, je ralentis le rythme. Son regard me déstabilisa.

Il était indéniable qu’à cet instant, ce garçon m’intriguait. Il était mystérieux, et ma curiosité était piquée à vif. Mon instinct me poussait à me rapprocher de lui, tandis que ma raison m’affichait de gros signaux d’alarme comme si je courrais à ma perte en allant à sa rencontre. J’avais toujours énormément écouté mon cerveau pour les choix et décisions de ma vie. Mais je crois que quand il s’agissait d’aimer, l’instinct prenait le dessus.

« Salut … » dis-je en arrivant à sa hauteur.

Il n’était toujours pas aussi bavard et je n’arrivais pas à interpréter les expressions de son visage. Il était difficile à analyser et je sentais les battements de mon cœur s’accélérer alors que j’avais pris une décision.

« Je suis désolée pour tout à l’heure. Ils n’ont pas été vraiment subtils. Mais … j’aurai aimé continuer à passer la soirée avec toi. »

Les mains derrière le dos, je me les triturai discrètement alors que j’étais déterminée à me jeter à l’eau. Comme Alex me l’avait fait comprendre, je devais lui dire ce que je ressentais.

« Tu … m’intrigues et j’aimerais te connaître davantage. Si tu veux, on pourrait rejoindre mes amis et … »

Mais le garçon ne partageait visiblement pas mon point de vue et sa voix ferme me coupa dans mon élan :

« Écoute, je sais pas ce que tu as cru tout à l'heure, mais il n'y a rien et il n'y aura jamais rien entre toi et moi. »

Le ton agressif et sans chaleur était revenu et je fus surprise que cette fois-ci ce ton me soit adressé. Je déglutis alors qu’il poursuivait sans ménagement :

« Alors oui, je pourrai coucher avec toi, mais t'as pas l'air d'être ce genre de fille, alors trouve toi un gars gentil pour la soirée et oublie moi. »

Oh. Ca … pour être clair, c’était clair. Je n’eus même pas le temps de répondre que Jared transplana aussitôt et il ne resta plus rien face à moi. J’ouvris la bouche, choquée et … déçue. J’entendis des pas s’approcher dans mon dos avant qu’une main ne se pose sur mon épaule.

« Ca va ? »

Je ne tournais même pas la tête. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète.

« Ouais … » dis-je, la bouche sèche.

Quel crétin. Quel idiot. Quel rustre. Coucher avec moi ? Il m’avait pris pour quoi ? Pour qui ? « Trouve toi un gars gentil ». Il ne me connaissait même pas ! Je secouais la tête et soufflais. De rage à présent.

« C’était un vrai connard en fin de compte. »

Je posais mes mains sur mes hanches, exaspérée alors qu’Alex essayait de capter mon regard. Il était inquiet. Je le sentais au battement de son cœur et à son visage qui se crispait et se décrispait.

« Je ne veux plus entendre parler de cet idiot. » déclarais-je en redressant la tête. « Il veut que je l’oublie ? Aucun souci. Allons nous amuser et oublions-le ! »

Je levais un sourcil. Le même que je redressais lorsque j’affichais mon air arrogant et supérieur. Quand je faisais comprendre à un professeur que je savais mieux que lui son cours. Ou quand je faisais comprendre à ma petite sœur que je savais mieux qu’elle. Bref, Jared était un pauvre crétin et je ne gâcherais pas davantage ma soirée pour moi. Il m’avait certes blessé dans mon égo mais je n’avais plus envie de m’y attarder.

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Alexander McQueen

« Tu étais trop bien pour lui, de toute manière ! » lança Alex en passant un bras autour de mon cou.

Je souris et rejoignis en quelques enjambées mes amis, les seuls qui comptaient vraiment.

Dimanche 24 février 2002

Allais-je vraiment me rendre à cette soirée seule ? J’étais assez impressionnée. Habituellement, je sortais toujours avec un ou une amie. Jamais seule. Mais ce soir, Jordan était occupée avec le bébé tandis qu’Alex et John avaient une soirée de prévu dans leur club. Harry avait une soirée de famille et Mióróis des devoirs à terminer. Enfin, Newt avait du annuler au dernier moment car il ne se sentait pas bien. Je me retrouvais donc seule à cette soirée. Oh, j’aurai pu annuler moi aussi. Mais cette soirée me tenait à cœur. Je n’assistais pas beaucoup aux réunions de mon club, n’étant pas très impliquée. Mais là, je voulais faire un effort. C’était une soirée spéciale astronomie et divination. Oh je n’étais pas une très grande fan. L’une je l’avais arrêté après mes BUSE, et la deuxième je ne l’avais jamais prise en option. Mais, j’aimais, pour m’amuser, regarder les étoiles. Et puis, c’était l’occasion de faire quelque chose par moi-même !

Alors, je m’étais habillée. Simplement mais toujours à ma manière : une robe, des collants et un pull chaud. Et je m’étais rendue dans le quartier Nord de Druid’s Oak. La nuit commençait à tomber depuis une petite heure déjà. Les jours rallongeaient et on avait eu droit à du beau temps aujourd’hui. Je laissais mes cheveux flotter au vent. J’avais une petite appréhension sur le chemin, comme un plomb dans le ventre. Mais j’étais déterminée à me mettre au défi. Et j’étais certaine que cette appréhension serait bien vite effacée aussitôt que je serai avec les autres.

Et ce fut le cas. A peine la porte franchie que l’odeur de la peinture m’apporta la tranquillité que j’avais toujours ressenti en sa présence. Mes épaules se détendirent et je ne pénétrais à l’intérieur du QG, retrouvant avec plaisir certains visages connus. Je les saluais tout en me dirigeant vers la verrière du fond où des coussins avaient été posés au sol pour accueillir ceux qui viendraient admirer le ciel ce soir-là. Il y avait évidemment beaucoup d’étudiants qui avaient répondu présents, mais moins qu’à une soirée étudiante. Ici, les personnes étaient plus sérieuses et moins destinées à boire jusqu’à vomir. Ici, c’était une soirée pour profiter ensemble de nos connaissances en magie et partager quelques instants autour de jeux divinatoires.

Une copine de l’université me glissa un verre entre les mains et je ris à la remarque qu’elle me lança. J’étais bien, j’étais dans mon élément. Tout ici m’était familier et sécurisant. Je sentais que ce soir, les choses pourraient être enfin bien.

Ce soir, je prenais mon destin en main !

« Oh ! Salut Clary ! »

Je tournais le visage vers la fille qui m’interpellait, derrière moi.

« Tiens, Alana ! »

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Alana Parkinson

Je souris sincèrement, l’enlaçant un instant, prenant gare à ne pas renverser mon verre sur son tee-shirt. Alana était une chic fille que j’avais connu au bar dans lequel je travaillais. Toujours énergique, pleine d’entrain, elle avait vite captivé mon attention et je devais avouer avoir bien ri avec elle. Elle me fit un signe de tête pour me désigner les personnes qui l’accompagnaient. Evidemment, il y avait sa sœur jumelle, Eireann, mais aussi …

« Clary, je te présente mon frère Jared ! »

Son … frère ? Jared ? Je ne masquais pas ma surprise et ouvris la bouche en voyant le jeune homme qui m’avait planté lors de la soirée de la Saint-Valentin.

« Jared, voici Clary, on se connait du Blooddale. » poursuivit Alana.

Son regard était fuyant mais il avait toujours ce masque antipathique sur le visage. Oui, je le trouvais antipathique désormais. Il n’était plus ce garçon mystérieux qui m’intriguait tant. Il était ce goujat qui m’avait insulté et rejeté comme une vulgaire fille de joie (pour ne pas être plus familière). Je croisais les bras sur ma poitrine et haussais un sourcil.

« Alors Jared est ton frère … » dis-je, mon regard rivé droit dans le sien.
« Vous … vous connaissez ? » demanda Alana, intriguée.
« Pas vraiment, non. »

Je tournais la tête vers Alana, retrouvant un visage plus sympathique à son égard. Elle n’y était pour rien dans cette histoire.

« Comment tu vas ? Ça fait un moment que je ne t’ai pas vu. »

Alana et moi commençâmes à discuter toutes les deux, moi ignorant royalement Jared. Je le détestais, c’était ce que j’avais décrété, non ? Alors, je voulais faire comme s’il n’existait pas. Pourtant, au moindre mouvement, je ne pouvais m’empêcher de jeter un coup d’œil dans sa direction et je me détestais encore plus de réagir ainsi.

La soirée avançait. J’étais restée à discuter avec Alana et une amie commune. Les étoiles étaient désormais bien visibles et je ne pouvais masquer mon sourire devant ce ciel magnifique. J’écoutais distraitement un élève plus âgé nous donner des détails sur les constellations et leurs significations. En faites, j’aurai presque pu oublier Jared. Presque.

« Je vais nous chercher quelque chose à boire. » lançais-je aux filles qui hochèrent distraitement la tête avant de reprendre leur débat sur les différents clubs de l’UMS.

Je me dirigeais vers une table à l’intérieur où plusieurs bouteilles avaient été posées. A ce moment-là, ma main frôla celle de Jared et je relevais les yeux, surprise de le voir aussi près. Lui aussi sembla avoir un moment d’hésitation, comme s’étonnant de me revoir. La musique en fond était le seul son que j’entendais, outre les battements de mon propre cœur et peut-être du sien. Le temps était comme suspendu alors que ma main avait juste frôlé la sienne et que son regard avait plongé dans le mien.

Quelqu’un arriva cependant et se glissa sans gène entre nous, rompant le contact et … cet instant hors du temps. Il se servit un verre et repartit dans l’endroit opposé. Jared avait retrouvé son expression indéchiffrable et regardait l’étudiant comme s’il prévoyait de lui lancer un Avada Kedavra dans le dos.

« Ca marche vraiment ? » demandais-je en remplissant trois gobelets.

Jared tourna la tête vers moi.

« Ce regard de tueur. Ce masque que tu portes comme si tu détestais quiconque autour de toi. Cette expression qui finit de me faire penser que tu es un vrai connard. »

Oops. Les mots étaient sortis tout seuls. Pourtant, je ne les regrettais pas un seul instant. Au contraire, je le regardais d’un air de défi. Vas-tu me contrarier Jared ? Je haussais un sourcil, hautaine.

« Hey Clary, t’as essayé le dernier jeu ? »

Je levais les yeux vers le nouvel étudiant qui avait posé une main sur mon épaule. Il semblait légèrement saoul et tanguait un peu sur lui-même.

« Maléfices et Sortilèges. »

Je blêmis en entendant ce nom. Ce jeu faisait parler de lui depuis plusieurs mois maintenant et tous les Aurors essayaient en vain d’endiguer les maléfices qui se propageaient de ce jeu. Personne ne savait qui l’avait créé, ni qui le mettait à la disposition des jeunes. Mais à chaque fois, on trouvait ce plateau de jeu dans des endroits insolites. Comme une soirée chez les Boadicea Paterae.

Je n’y avais jamais joué. Je n’en avais jamais eu l’occasion. Et de ce que je lisais dans les journaux, il ne fallait pas y tomber dedans au risque de créer quelque chose de vraiment mauvais. Comme il y avait eu chez les Pendragon le mois dernier …

Mais mon regard croisa celui de Jared. Et mon tempérament stupide d’entêtée prit le dessus.

« Où est-il ? »
« Dans le coin au fond à droite. Il faut être au moins deux pour jouer. »
« On est deux. Jared ne devrait pas avoir trop peur de m’affronter. »

L’étudiant ricana avant de s’éloigner, nous laissant à nouveau tous les deux. La tête penchée sur le côté, je le regardais.

« Quoi ? Tu as peur de perdre à nouveau ? » lançais-je, un sourire en coin. « Jared Parkinson a-t-il peur de se faire humilier ? »

Comme moi je m’étais faite humiliée. Je souris de plus belle quand il accepta. J’attrapais les verres avec moi, les apportais à Alana et notre amie avant de leur glisser que j’avais quelque chose à faire. Et puis, je rejoignis Jared qui avait déjà pris place autour du plateau de jeu. Le coin était plus sombre, comme si on avait voulu éviter d’éclairer cet endroit de la pièce afin de le cacher aux yeux des plus sages.

Mes yeux se posèrent sur le plateau. J’aurai du hésiter. Je n’aurai pas dû lancer ce défi. C’était stupide et je risquais de provoquer de gros ennuis à mon entourage. Mais je ne pouvais me défiler. Ce serait donné raison à Jared. Ce serait comme lui dire qu’il avait eu le droit de m’humilier de cette façon, qu’il avait eu le droit de me laisser espérer pour rien. Alors, j’attrapais les dés d’une poigne décidée, les secouais un instant avant de les lancer.

Au départ, rien ne se produisit. Puis, quand je me penchais sur le centre du jeu, deux cartes se matérialisèrent. Défi, ou invocation ? Je levais les yeux vers Jared.

« Défi ! »

J’attrapais la carte et la retournais pour la lire à haute voix.

« Sur les affaires d’un camarade cher à ton cœur, ton encrier tu renverseras. »

Je fronçais les sourcils et relus la phrase dans ma tête une deuxième fois.

« C’est … stupide. » déclarais-je en secouant la tête.

Pourquoi irais-je faire ça ? C’était méchant, mesquin, petit. Les camarades chers à mon cœur tenaient tous à leurs affaires et si jamais l’un d’eux me faisait ça, je serais vraiment très en colère. Je reposais la carte.

« Ok, et si je ne veux pas relever ce défi ? »

Je fronçais les sourcils, étonnée. Je ne voulais pas regarder Jared qui devait sans doute se moquer de moi. J’ignorais pourquoi j’avais voulu jouer à ce jeu. J’aurai dû arrêter. Je devais arrêter. Mais, c’était comme si une force magique avait compris ce que je comptais faire. Une nouvelle carte fit alors son apparition dans un écran de fumée et je tressaillis. Un mot était noté au dos de la carte : Malédiction.

Je levais les yeux vers Jared avant de prendre une inspiration et de saisir la carte entre mes mains. Je la regardais un instant, hésitant à nouveau, avant de la lire à haute voix.

« Tels deux aimants ne pouvant vivre l’un sans l’autre, tel un Serment Inviolable qui se renforcerait de jour en jour, tels Eros ne pouvant exister sans Himéros, tu seras liée à ton partenaire de jeu jusqu’à ce que tu trouves le moyen de t’en défaire. »

Je restais un moment, figée, la carte entre mes mains. Puis, je fronçais les sourcils et tendis la carte à Jared.

« C’est encore plus stupide qu’avant. Je n’y comprends strictement rien. »

@ Victoire

Dernière édition par Clary C. McGregor le Ven 28 Juil - 11:19, édité 1 fois

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Clarissa McGregor

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Stay where you are, don’t come any closerAvec Clarissa McGregorDimanche 24 Février 2002

« Alors Jared est ton frère … » dis-je, mon regard rivé droit dans le sien.
« Vous … vous connaissez ? » demanda Alana, intriguée.
« Pas vraiment, non. »

Je relève un œil sur la fille qui me fait sentir par tous les moyens que j'ai peut-être pas été très malin la dernière fois. Mais je savais pas que j'allais la recroiser aussi tôt et qu'elle connaissait mes sœurs. En fait ça n'aurait pas vraiment changé quoi que ce soit.

« Comment tu vas ? Ça fait un moment que je ne t’ai pas vu. »

Son attitude est vraiment fascinante, elle fait tout pour se montrer indifférente et fâchée, mais elle ne peut pas s'empêcher de me lancer des regards en coin dès que je bouge. Du coup je m'amuse avec ses nerfs, à passer une main dans mes cheveux, à me ronger un ongle, ou me baisser pour gratter mon mollet. Dès que je fais le moindre mouvement j'ai le droit à ses jolis yeux noisettes sur moi, certes ils me mitraillent, mais c'est hilarant. Quand Alana commence à raconter des choses dont je veux m'abstenir de savoir, je les quitte pour aller vers le bar voir ce que ces étudiants d'art ont comme alcool fort. Je me sers un verre d'un mélange suspect, mais ça me va très bien. Peut importe ce qu'il y a dedans, l'essentiel c'est que le degré d'alcool m'aide à supporter la soirée.

Toutes ces histoires de ciel et d'étoile m’ennuient un peu, mais je serre les dents pour ma sœur. Je lui dois au moins ça. Du coup, j'ai presque fait le tour de tous les alcools disponibles en tournant en rond dans la pièce sans adresser la parole à personne et sans m'intégrer dans un groupe. Comme mon verre est vide, je reviens vers le bar, au moment d'attraper la bouteille pour me servir, ma main rencontre celle d'une autre personne, je me redresse pour tomber nez à nez avec la boudeuse. Une décharge me parcours du début de la main jusqu'à traverser tout mon corps, me faisant frissonner. Cette sensation est certainement du à toute l'électricité dans l'air tellement elle semble m'en vouloir encore pour l'autre soir. Mais j'ai eu raison de la repousser, et tant mieux si elle me déteste, je persiste et signe que je ne suis pas un gars pour elle. Regardez là, elle est joyeuse, sociable, membre d'un club psychédélique, et elle sourit rien qu'à la vue des étoiles, oui je l'ai un peu observé ce soir, surtout parce que je surveillais mes sœurs. Elle n'a rien à faire avec un loup-garou comme moi. Je ferai que la noircir, l'amoindrir, et elle a besoin d'être dans la lumière. De toute façon la question ne se pose plus maintenant qu'il y a Victoria. Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de penser que le gars qui s'interpose entre nous et nous sépare en me bousculant est un petit con, je le fusille du regard.

« Ça marche vraiment ? »

Je me tourne vers elle.

« De ?»
« Ce regard de tueur. Ce masque que tu portes comme si tu détestais quiconque autour de toi. Cette expression qui finit de me faire penser que tu es un vrai connard. »

Outch elle envoi direct. J'adore. Mes lèvres s'entichent d'un sourire narquois.

« Oh mais j'ai jamais prétendu être autre chose qu'un vrai connard. Là dessus tu as raison.»

Je ne la quitte pas une seconde des yeux, savourant sa réaction. Vraiment je n'ai qu'un seul regret, ne pas avoir appris la légilimancie au lieu de la magie sans baguette. Je rêverai savoir ce qu'elle pense en cet instant, que je suis un vrai connard oui, mais pourquoi s'entête-t-elle à me parler alors ?

« Hey Clary, t’as essayé le dernier jeu ? »

Tout mon corps se contracte quand l'étudiant saoul vient poser sa main sur l'épaule de Clarissa, mon regard reste fixé sur la main de l'élève jusqu'à ce qu'il la retire. Je déteste quand les gens ont l'alcool tactile, bon moi il est très tactile dans le sens où je me bat régulièrement c'est vrai, mais j'irai jamais emmerder une meuf sous l'emprise de l'alcool. Et en plus pour lui proposer ce jeu à la con. « Maléfices et Sortilèges. » On en a parlé avec Bleddyn une fois, il voulait savoir si moi ou mes sœurs ont y avait déjà joué. Jamais de la vie, ce jeu est trop dangereux. D'ailleurs ça m’ennuie fortement qu'il tourne ici, dans le club où veut rentrer ma sœur. De toute façon Clarissa est trop coincée et fille à papa pour jouer à ce genre de...

« Où est-il ? »
« Dans le coin au fond à droite. Il faut être au moins deux pour jouer. »
« On est deux. Jared ne devrait pas avoir trop peur de m’affronter. »

L'étudiant se barre en riant et il a bien raison sinon c'est moi qui l'aurait dégagé. Je regarde Clarissa qui penche légèrement sa tête, ce qui me donne irrépressiblement l'envie de le faire aussi. Ma réponse est cinglante, elle a pas compris qu'elle devait pas trainer avec moi ?

« Dans tes rêves m'aingeal*, je jouerai pas à cette merde.»

Alors que je commence à m'éloigner d'elle avec mon verre, je l'entends me provoquer.

« Quoi ? Tu as peur de perdre à nouveau ? Jared Parkinson a-t-il peur de se faire humilier ? »

Je me stoppe net, cette phrase je l'ai entendu des dizaines de fois. Je sais que je ne devrai pas répondre, je sais que c'est de la pure provocation de défis et je sais qu'elle fait sans doute référence à la dernière soirée où je l'ai éconduite. Tout ça je le sais, mais mon putain de cerveau ou mon putain de loup en a rien à foutre, j'ai ça dans le sang. Je regarde son sourire charmant me défier. Je m'avance alors d'un pas vers elle et penche ma tête courbant mon dos presque en révérence vers elle comme pour lui murmurer un secret.

« Par contre tu apprendras que je n'ai peur de rien.»

Il ne lui en fallu pas plus pour qu'elle affiche un regard fier et je secoue ma tête. Elle est complètement folle et moi je me laisse embarquer dans cette folie. Alors qu'elle apporte les verres à ses amies, je m'avance directement vers la table où se trouve le jeu, c'est complète dingue parce que j'ai parcouru la salle tout à l'heure, et je n'avais pas vu tout ça, comme si le jeu savait très bien se cacher, ça ne me dit rien de bon. Mais maintenant, je ne peux délibérément pas laisser cette jolie rousse toute seule.

Clarissa revient à la table et tire les dés la première, évidemment pour faire son intéressante certainement. Le jeu a l'air quelconque, on ne peut pas s'imaginer qu'il peut être dangereux. Les dernières frasques que j'ai entendu dessus, c'est le feu chez les Pendagron. Rien de très rassurant, mais puisque j'ai dit que je n'avais peur de rien...

Je termine mon verre et croise les bras sur ma poitrine, attendant de voir ce qui se passe. Le jeu s'anime et des cartes apparaissent. Invocation ou Défis. Je croise une seconde le regard de Clarissa avant qu'elle n'affirme « Défi ! » à voix haute. Putain elle est sérieuse ? Bon après je suis pas sûr qu'invocation soit mieux, mais il y a plus de chance qu'avec tous les sorciers présents, on réussisse à "réduire" cette invocation au silence. J'écoute la jeune femme lire la carte à voix haute.« Sur les affaires d’un camarade cher à ton cœur, ton encrier tu renverseras. » Encore un défi débile. Le genre de truc de la trempe de Thomas Scott-Rosier, qui lui n'a pas besoin de se défier pour faire ce genre d'horreur. Y'a des élèves ils passent des jours à faire des parchemins excellents, réduit à néant pas des abrutis comme lui.

« C’est … stupide. »

Je regarde Clarissa d'un regard plus doux et baisse les yeux pour sourire. Elle n'est vraiment pas comme les autres hein ? Elle parle et fanfaronne beaucoup, mais elle a bien un cœur pur au fond. Tout ce qu'elle fait, c'est parce que je l'ai blessé, pas parce qu'elle est ce genre de personne, et tant mieux. Mais elle me donne encore raison, je dois rester loin d'elle. Elle repose la carte.

« Ok, et si je ne veux pas relever ce défi ? »

Tous les joueurs se regardent, même moi je ne suis pas tranquille. Elle évite de me regarder. J'ignore ce qui va se passer, est-ce qu'une nouvelle carte va se matérialiser, avec un défi encore plus con ? Ou dangereux ? Alors que Clarissa semble nerveuse, une nouvelle carte apparait sous nos yeux.

Malédiction.

Mais bien sûr, évidemment ! La jeune femme me regarde enfin avant de saisir la carte délicatement. Je crois que tous ici on à l'impression qu'elle pourrait nous péter au visage. Je retiens mon souffle, près à faire n'importe quel sort pour dévier le truc.

« Tels deux aimants ne pouvant vivre l’un sans l’autre, tel un Serment Inviolable qui se renforcerait de jour en jour, tels Eros ne pouvant exister sans Himéros, tu seras liée à ton partenaire de jeu jusqu’à ce que tu trouves le moyen de t’en défaire. »

Je me répète la phrase très rapidement dans la tête plusieurs fois. Je la répète encore et encore jusqu'à ce que Clarissa me la donne. Au moment où je touche la carte alors qu'elle a encore l'autre côté entre ses doigts, je sens comme une énergie me traverser. C'est furtif, peut-être pas perceptible, mais mon loup l'a ressentit. Encore cette histoire d'électricité dans l'air ? Je relis la carte au cas où elle se soit trompée. Mais c'est bien ça. Je reste là à la regarder quelques secondes. C'est quoi cette malédiction au juste ? Je ne connais pas beaucoup Eros ou Himéros, ce sont des Dieux de la mythologie grecque, je sais vaguement qu'il s'agit de Dieux en lien avec l'amour ou le désir, je vais devoir faire des recherches. En tout cas, rien à changer, rien à bouger, rien à fonctionner en tout cas, ce jeu ne doit pas réussir à chaque fois et tant mieux.

Je regarde Clarissa qui semble aussi perdue que moi. Je me relève et attrape une de ses mains pour qu'elle me suive et quitte ce jeu débile. Je nous éloigne du petit groupe sans lâcher sa main. « Écoute, on a de la chance qu'il ne se soit rien passé. Ce jeu est très dangereux, je sais pas si t'es au courant du Feudeymon dernièrement dans un autre club ? Je sais pas ce que tu essayes de te prouver, mais tu devrais arrêter d'essayer de me prouver quelque chose à moi. Je suis qu'un pauvre connard, et vraiment ça sert à rien que tu t'obstines avec moi, je ne pourrai que te faire du mal. Alors s'il te plait Clarissa, promet moi de ne plus faire ce jeu ou tout autre chose aussi stupide.»

Je relâche alors sa main, réalisant que je la tiens toujours. Je fronce les sourcils, perturbé d'avoir eu un tel geste si spontané sans m'en apercevoir. J'ai besoin de fumer, je la quitte en traversant la pièce pour sortir dehors. Je n'ai pas d'aconit-tue-loup sur moi, mais je vais en direction d'un groupe qui a l'air de fumer autre chose que du tabac vu l'épaisseur de la fumée.

« Salut, vous avez quelque chose de fort pour moi s'il vous plaît ?»

Je montre ma bourse et un mec fouille dans son sac pour me trouver un pochon. 10 noises, c'est deux fois plus qu'une Gazette du Sorcier mais ça fera l'affaire. Le type me passe des feuilles et je commence à rouler le joint, après l'avoir allumé d'un sort, j'aspire la fumée comme le drogué que je suis toujours. Les entraînements payent avec Bleddyn malgré tout, il y a des jours où je ne pense pas à fumer, ce qui ne m'est pas arrivé depuis mes 12 ans. Mais y'a d'autres jours où je fume comme pour rattraper le manque. Je ne trouve encore aucun équilibre. Évidemment ce soir ça n'a pas l'effet de mon mélange spécial à base d'aconit, mais ça sera suffisant pour me défoncer. Je me décale du groupe pour m'isoler sur une murette et fumer tranquillement assis dessus.

J'observe un moment la belle rousse sortie discuter dehors avec des membres du club, elle me lance quelques regards et je ne baisse jamais les yeux. Il faut vraiment qu'elle arrête ça, je sais pas ce qu'elle me veut, ce qu'elle cherche, mais c'est bon, elle m'a prouvé qu'elle pouvait prendre sa revanche, pas besoin d'être aussi insistante. Encore une bornée, on dirait Louve qui ne lâche jamais l'affaire. Mais Louve est ma future reine et je suis un de ses sujets, c'est compréhensible au fond, qu'elle ne veuille pas de brebis galeuses dans sa meute de loup. Mais Clarissa elle me veut quoi ?

Soudainement j'entends quelqu'un pousser un hurlement à l'intérieur. Tous mes poils se hérissent et je saute de la murette pour courir vers l'intérieur. Quand j'arrive, au milieu de la pièce, un étudiant est allongé par terre avec un attroupement d'élèves autour de lui. Il a l'air de vomir un liquide visqueux et de couleur bleu. Eireann arrive alors vers moi et me demande de faire quelque chose, elle semble dans tous ses états quand elle me tire par le bras pour qu'on traverse la foule vers la victime. Alors que quelques regards se posent sur moi quand ma sœur leur dit que je suis étudiant en Médicomagie, je m'approche et m’accroupis devant l'élève. Il est extrêmement pâle et transpire beaucoup. Il ne répond à aucune de mes questions, ni même ne sait me regarder dans les yeux. Je lance un sort de diagnostic, mais je ne reconnais pas cette substance qu'il vomit. Mon sort ne l'identifie pas non plus, ni même de quoi il pourrait souffrir, c'est quelque chose de nouveau, et je fais très vite le lien avec le cours qu'on a eu à l'automne dernier, ce fameux cas de Poudlard, les symptômes sont identiques, j'en suis sûr.

Je réalise quelques soins en lien avec la déshydratation dont il risque de souffrir en vomissant ainsi, puis j'annonce qu'il faut le conduire à Sainte-Mangouste de toute urgence, que je ne peux rien faire en l'état actuel des choses. Deux amis à l'étudiant se propose de l'y transplaner. Je me retourne alors vers ma sœur avec le regard noir, elle est très agitée et recule de quelques pas, la tête baissée, entremêlant ses doigts, gênée.

« Eireann tu vas m'expliquer ce qui s'est passé !»

Ma sœur recule encore de quelques pas mais j'avance au fur et à mesure. A présent Alana et Clarissa ont rejoint Eireann et se postent à côté d'elle. Je soulève le menton de ma sœur pour qu'elle me regarde, je suis furieux, mais mon geste est doux.

« Je sais que ça a un rapport avec le jeu Maléfices et Sortilèges, c'est les mêmes symptômes, c'était même dans la Gazette Eireann. Est-ce que t'as joué avec ce jeu de merde ?»

Elle finit par hocher la tête à l'affirmative, confuse. J'ai envie de tout exploser, mais je ne peux pas, y'a pas une heure c'était moi qui y jouer. Je lance un regard à Clarissa, c'est elle qui m'y a poussé, et heureusement qu'il n'y a pas eu de drame lors de notre partie, c'est peut-être pour ça que le jeu est resté par ici. Maintenant y'a eu un blessé, qu'ils ont d'ailleurs évacué à Sainte Mangouste. Je secoue ma tête et demande à ma sœur qui l'a invité à jouer. Elle me pointe du doigt l'étudiant en question. C'est le même qui était bourré et avait été un peu trop tactile avec Clarissa en lui proposant une partie. Il est en train de sortir du club et je commence à le suivre, malgré les supplications de mes sœurs. Je me retourne vers elles pour leur dire de rester à l'intérieur, que ça ne les regarde plus. Évidemment Clarissa me suit dehors.

« J'ai dit à mes sœurs de rester dedans, ça ne te regarde pas non plus ! Reste avec elles !»

Je sors à mon tour du club. Arrivé à la hauteur du mec je lui tape sur l'épaule alors qu'il est de dos, parlant à ses amis. Il se retourne, il est encore moins frais que tout à l'heure.

« Hé où est le jeu ? Qu'est-ce que t'en as fait ?!»
« De quoi tu parles mec ?»
« Ce putain de jeu Maléfices et Sortilèges, où est-ce que tu l'as mis, tu vas me le donner et tu passeras le reste de la soirée tranquille.»
« Mais je l'ai pas ce putain de jeu, je sais pas où il est.»

Je commence par le chopper par le col et rapprocher son visage du mien.

« Joue pas au con avec moi, ça fait deux fois depuis le début de la soirée que t'invite des gens à jouer à ce truc, et si la première fois il s'est rien passé, y'a eu un blessé là ! T'en as rien à foutre qu'un de tes potes soit à St Mangouste là ?»
« Lâche moi putain ! Je te dis que j'en sais rien, la première fois c'était pas moi, j'ai été invité aussi, et la seconde fois le jeu était dans ma veste, j'en sais rien comment il s'est retrouvé là. Il a disparu maintenant.»

Je relâche le gars, il ne sait visiblement rien. Cela ne m'étonne pas en fait que le jeu disparaisse, personne arrive à y mettre la main dessus. Mais ça faisait trop de coïncidences avec ce type, présent pour deux parties.

« Voilààà, relax man ! T'es vraiment à cran, c'est qu'un jeu débile. Mais on peut jouer à autre chose si vous voulez.»

Il commence à passer son bras autour des épaules de Clarissa. Je n'avais pas fais attention qu'elle était toujours là. Qu'est-ce qu'elle fout là d'ailleurs ? Le contact du mec bourré la révulse, je le vois sur son visage, elle essaye de se dégager de son accolade, mais il rigole comme un débile qui se croit intéressant et irrésistible. Je chope alors le bras du mec et lui fait une clef de bras, lui faisant poser un genou à terre, pour qu'il la lâche.

« Je crois que la dame n'aime pas tes manières, alors tu vas garder les mains dans tes poches maintenant et faire profil bas le reste de la soirée. Que je te revois pas avec des mains baladeuses ou proposer ce jeu merdique à quiconque de la soirée.»

Clarissa essaye de s'interposer, me demandant de le lâcher quand on entend presque les os du bras craquer. Elle pose une main sur mon propre membre supérieur et m'intime de le lâcher, que je vais trop loin. Je desserre alors ma prise doucement jusqu'à le laisser. Alors que je commence à reculer, le mec à genou prend appuis et se propulse sur moi, son poing directement dans ma mâchoire, faisant jaillir du sang de ma lèvre.

De là une bagarre démarre, les amis de l'abruti interviennent et essayent tous de me foutre une raclé, mais avant que cela dégénère et que je fasse plusieurs blessés, un groupe d'étudiant, mes sœurs y compris nous séparent rapidement. Chacun nous fait reculer et nous sépare plus loin les uns des autres. Alana, Eireann et Clarissa me font reculer jusqu'à la murette et je m'y assois contraint et forcé. Je ne suis même pas en colère, je suis juste complètement saoulé de toutes ces bagarres. Pour une fois j'ai essayé de faire quelque chose de bien, d'utile, pour une fois je n'ai pas cherché la confrontation directe pour me battre, je voulais vraiment que cet enculé arrête de se comporter comme un enculé et faire chier les filles ou mettre les étudiants en danger.

J'ignore complètement ce que sont en train de me dire les filles, je ne les écoute même pas. Mon regard est rivé sur les types avec qui je me suis battu. Depuis que je m’entraîne avec Bleddyn, je n'ai pas perdu mon envie de démolir les gens, ni l'adrénaline d'une bonne baston, j'ai juste perdu l'envie de le faire sans but. Ce gars je voulais juste le remettre à sa place.

« Je vais chercher de quoi nettoyer tout ça.»
« Je viens avec toi ! Je crois que j'ai vu une trousse de secours. Clarissa tu peux rester avec lui s'il te plaît ?»

Tout l’effervescence retombe et les étudiants reprennent le cour de la soirée, comme si rien ne s'était passé. Mes agresseurs rentrent même dans le club et disparaissent donc de mon champ de vision. C'est à ce moment là que je sursaute en sentant le tissu sur ma lèvre. Mon regard se pose instinctivement sur la personne qui tamponne le sang sur mon visage. Clarissa. Ses doigts se posent sur ma joue pour prendre appui et avec l'autre main elle essuie le sang qui a coulé de la plaie. Je reste silencieux, incapable de réagir. Je ne fais que la regarder, l'observer.

« Qu'est-ce que tu fais ?»

Je ne la repousse même pas. Je me demande juste vraiment ce qu'elle est en train de foutre ? C'est pas ma sœur putain! J'imagine qu'elle se sent coupable d'un truc, mais j'en ai rien à foutre en fait de ses états d'âmes. Et puis je me demande ce qu'elle ressent à la vue de mon sang, est-ce que c'est dur pour elle de devoir faire ça ? C'est une demi-vampire et elle nettoie mon hémoglobine. Mais je me retiens de le lui demander, après tout, c'est elle qui s'impose ça !

« Waouh, dites moi que je rêve. Comment t'as fait ça Clary ?»

Ma sœur Alana, le retour. Mais je reste perplexe quant à sa question, et visiblement je suis pas le seul à ne pas comprendre.

« Pour soigner Jared, même moi je ne peux pas le toucher plus de 10 sec avant qu'il m’envoie chier. Il supporte pas le contact, hein que tu supportes pas le contact ?»

Je supporte pas le contact, c'est vrai. Et je n'avais même pas pensé à ça, je n'avais pas vraiment réalisé que cela faisait cinq bonnes minutes que Clarissa avait ses doigts sur mon visage, je l'ai même sentis toucher la cicatrice que j'ai au dessus de l’œil sans réagir. En fait, je n'ai eu aucune répulsion à son contact, pas comme avec les autres. Réalisant cela, je retire sa main doucement.

« C'est bon, je crois que ça ira. Vous êtes conscientes que je suis étudiant en Médicomagie ? Et qu'un simple sort peut régler la question ?»

Je montre le paquet de compresses et le produit désinfectant que ma sœur tient dans la main, certainement pour me désinfecter.

« Oui mais moi je sais que t'aime bien trop laisser les plaies à l'air pour jouer le badboy et rendre furieux papa !»

Je hausse mon sourcil devant cette révélation.

« Tu crains Alana, va plutôt nous chercher des verres, j'ai besoin de quelque chose pour me remonter le moral, je souffre...»

Je fais une moue des plus angélique et apparemment très convaincante puisque ma sœur nous laisse à nouveau seul pour nous chercher des verres. Je me prépare plutôt un joint, je mets l'herbe dans une feuille que je roule. Je porte la roulée à mes lèvres et l'allume d'un mouvement de doigts. Clarissa à l'air surprise.

« Tu t'attendais à quoi ? Je bois, je fume, je me bagarre. Je vais pas me transformer en gentleman parce que tu m'as nettoyé une petite plaie, t'y perdrai bien trop de temps, parce que j'ai bien trop d'ennuis pour toi m'aingeal*»

Je tire une grande latte et souffle la fumée sur le côté. Elle me demande si elle peut essayer.

« Certainement pas, ça abîmerait ton grain de peau et tes jolis cheveux. »

Je tire à nouveau sur le joint et elle essaye de me le récupérer. Mais je suis plus rapide, je mets la cigarette hors de portée en levant mon bras. Mais elle insiste et essaye de monter sur la pointe des pieds pour le récupérer. Je me débarrasse alors du joint en le balançant plus loin. Hors de question qu'elle touche à cette merde, elle va me le reprocher après, je vois le genre. Mon visage se fait plus fermé, voire en colère d'avoir du me séparer de mon seul moyen de distraction, je me redresse et en le faisant ça la déséquilibre. Je la rattrape alors par la taille pour la remettre stable sur ses pieds. Ce contact me coupe le souffle et mon cœur se met à battre rapidement dans ma poitrine. Je me calme aussitôt.

« N'essaye pas de jouer un jeu avec moi, t'es pas une mauvaise fille, sinon t'aurai pas passé ta soirée à panser les plaies d'un gars qui t'a jeté à une soirée de St Valentin. »

Il faut que je le lui rappelle, il ne faut pas qu'elle oublie qu'elle me déteste et qu'elle me prend pour un connard. Ce que je suis. Je meurs d'envie de lui dire que j'ai déjà quelqu'un. Mais quelque chose m'empêche de lui parler de Victoria.

* Mon ange en Irlandais

:copyright:️ Justayne

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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le dimanche 24 février 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Soins aux Créatures Magiques et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. Elle se remet encore d'une rupture difficile avec son premier petit-ami qu'elle n'a plus vu depuis 2 ans.

Stay where you are, don’t come any closer
Lorsque Jared attrapa la carte, ce fut comme si quelque chose était passé entre nous. Je ne saurais l’expliquer parfaitement. C’était plus un genre de picotements, comme des fourmis quand un bras est trop endolori. La sensation n’avait pas duré longtemps mais elle avait été réelle. Je le savais car Jared avait relevé la tête en même temps que moi. Lui aussi l’avait senti. Était-ce un truc de créature ? Une énergie que seuls les vampires et les loups-garous pouvaient ressentir ? J’avais senti qu’il en était une, une créature de la nuit, le premier soir de notre rencontre. L’odeur était particulière pour ses créatures comme l’était sans doute celle des vampires pour lui.

Jared relut la carte et je me frottais le bras au fur et à mesure que ses yeux parcouraient la carte sans aucun mot, aucune réaction. Puis il se leva, attrapa ma main et m’attira d’un geste brusque et rapide loin du jeu de cartes et des autres joueurs qui commençaient à se presser pour tirer à leur tour une invocation ou un défi.

« Écoute, on a de la chance qu'il ne se soit rien passé. » dit-il.

Sa voix grave et sombre finit de rajouter à l’aspect dramatique de la scène. J’essayais de saisir l’urgence de la situation mais mon cerveau ne pouvait s’empêcher de revenir à sa main qui tenait toujours la mienne. A la chaleur qu’elle dégageait. A son aspect rugueux qui semblait signifier qu’il n’était pas un simple couturier. Je relevais lentement les yeux vers son visage.

« Ce jeu est très dangereux, je sais pas si t'es au courant du Feudeymon dernièrement dans un autre club ? »
« Si, bien sûr que je sais ! » répondis-je, roulant des yeux.

Pour qui me prenait-il ? Une gamine qui ne lisait pas la Gazette ?

« Je sais pas ce que tu essayes de te prouver, mais tu devrais arrêter d'essayer de me prouver quelque chose à moi. Je suis qu'un pauvre connard, et vraiment ça sert à rien que tu t'obstines avec moi, je ne pourrai que te faire du mal. »

J’avais envie d’éclater de rire. De lui balancer au visage tous les mots, toutes les insultes qui m’étaient passés par la tête après qu’il m’ait abandonné l’autre soir. J’avais envie et pourtant je sentais de plus en plus mon cœur s’emballer alors qu’il tenait toujours ma main dans sa paume chaude. J’aurai dû m’éloigner, le rejeter, le repousser, l’insulter et … fuir. J’aurai dû.

« Alors s'il te plait Clarissa, promet moi de ne plus faire ce jeu ou tout autre chose aussi stupide. »
« Sinon quoi ? » répondis-je, voulant imiter le ton menaçant qu’il prenait avec moi.

J’ignorais si cela lui rabattu le caquet ou si ce fut en se rappelant qu’il tenait toujours ma main dans la sienne, mais le garçon recula, lâchant ma main comme si le geste le dégoûtait, et tourna les talons. J’ouvris la bouche de surprise. Finalement ce n’était pas moi qui fuyais. C’était lui. Je déglutis, en colère. Des questions tournaient en boucle dans ma tête. Était-ce mon odeur qui le dégoûtait ? Lui avait-on enseigné à détester les vampires et tous leurs hybrides ? Ou bien n’aimait-il juste pas le contact avec les filles en général ? La malédiction l’avait-elle effrayé ? Avait-il senti quelque chose ? Et d’ailleurs, cette malédiction, pouvait-on vraiment la prendre au sérieux ? Ce n’était que de la poésie. Rien de bien construit. Non ?

Je regardais un instant le groupe qui tirait de nouvelles cartes derrière moi, avant de suivre à mon tour la direction qu’avait prise Jared. J’avais besoin d’air. Et puis, j’étais curieuse de savoir s’il était vraiment parti ou s’il était encore là.

Pourquoi je faisais ça ? Pourquoi je m’obstinais autant ? Papa aurait surement dit que j’étais la digne fille de ma mère, à courir après le mauvais garçon. Mais je voyais aussi Alex secouer la tête avant de me dire de faire attention, de faire très attention. Le prénom Mattéo résonnait en moi comme des signaux d’alarme.

Lorsque je sortis à l’extérieur, la nuit était tombée et un petit groupe était présent devant l’entrée, prenant juste l’air, d’autres fumant. Je retrouvais avec un sourire deux amies du club.

« Hey Clary, on t’avait perdu ! T’as vu la Petite Ourse du coup ? »

Je commençais à discuter avec elles, mon regard cherchant malgré lui Jared. Mais il n’était pas très loin. Assis sur un muret, il fumait. Quoi ? Je n’en savais rien. Mais il en profitait un maximum, aspirant la fumée et se complaisant dans cette ambiance sinistre que la cigarette produisait. Ce n’était pas qu’une cigarette, hein ? Je le savais au fond de moi mais je ne voulais pas admettre que c’était plus. Pourquoi ? Je n’en savais trop rien. Ou peut-être que je ne voulais pas avouer que je le savais.

Jared me regardait autant que je le regardais. Il ne baissait pas les yeux et moi non plus. De temps en temps, je tournais le visage vers les filles, répondant avec enthousiasme aux critiques qu’elles faisaient. Il était vrai que Jared avait des ressemblances avec Mattéo. Mais … il y avait quelque chose de différent. Par exemple à cet instant, Mattéo se serait certainement déplacé jusqu’à moi et il aurait surement indiqué aux filles qu’il voulait me parler seul à seule. Mattéo savait ce qu’il voulait. Il me voulait moi. Et je le voulais lui. Mais ça ne l’avait pas empêché de partir.

Jared était différent de cela. Il restait là, assis sur son mur. Il me regardait, je le regardais. Mais il s’éloignait obstinément de moi, comme s’il savait l’influence néfaste qu’il pouvait avoir sur ma vie. Après avoir fait l’expérience de Mattéo, j’avais du mal à me comprendre. Comment pouvais-je continuer d’être attiré par des mecs comme eux ? Le bad boy avait toujours su faire fondre les filles, les adolescentes. Je pensais avoir dépassé ce stade, surtout avec mon expérience. Alex disait que j’avais besoin d’un gars gentil, sérieux, posé. Ma raison le croyait. Mon cœur me poussait encore à regarder dans la direction de Jared.

Soudain, un hurlement retentit. Mon sang se glaça et mes oreilles de demi-vampire me firent aussitôt tourner la tête vers l’intérieur du QG. Ce hurlement me rappelait sans mal ceux qui résonnaient dans les couloirs du château Poudlard quand les Mangemorts étaient au pouvoir. Ce hurlement réveillait de nombreux mauvais souvenirs. Pourtant, lorsque je vis Jared plonger à l’intérieur de manière instinctive, je sentis une impulsion me pousser à le suivre. Comme une scène au ralenti, j’abandonnais mes deux amies et me glissais entre les corps qui se pressaient à l’intérieur pour découvrir avec curiosité l’objet de ce hurlement.

Un étudiant était au sol. Ses yeux semblaient rouler dans ses orbites alors qu’un liquide visqueux sortait de sa bouche. Je portais ma main à mes lèvres alors que Jared se penchait sur lui. Ses mains s’agitaient au-dessus de lui. Ses mains, non sa baguette. Un sorcier pratiquant la magie sans baguette. Impressionnant. Non seulement pour un simple sorcier mais en plus pour une créature, un loup-garou pour qui la magie pouvait être instable. Il semblait parfaitement calme, analysant la situation avec raisonnement et sérieux. Sa sœur, Eireann, était penchée derrière lui, très inquiète. Elle lui faisait confiance. Après tout, c’était un étudiant en Médicomagie. Il devait savoir ce qu’il faisait.

« Ça va ? » demandais-je à Alana, près de moi.

La jeune femme tourna la tête, inquiète, vers moi avant d’attraper mon bras et de le serrer. Aussitôt je frottais son bras alors que nous regardions tous Jared. Il exécuta de nouveaux sortilèges avant de demander à ce que l’étudiant inconscient soit conduit à Sainte-Mangouste. Je regardais Brodie et Matt, deux connaissances du club, se proposer. Ils l’attrapèrent chacun par un bras avant de transplaner en même temps. Je déglutis alors en voyant Jared s’avancer vers Eireann. La pauvre avait la tête baissée, coupable. Était-elle responsable ?

Alana avança aussitôt vers sa sœur et même si elle avait lâché mon bras, je la suivais d’un même mouvement. Jared ne devait pas s’en prendre à sa sœur. A la manière dont elle prenait les choses, elle se sentait assez coupable.

« Eireann tu vas m'expliquer ce qui s'est passé ! »

Eireann recula d’un pas alors qu’Alana et moi arrivions près d’elle. Les autres étudiants avaient commencé à s’éparpiller, nous laissant plus tranquilles. Il y avait toujours des coups d’œil curieux dans notre direction mais désormais, c’était une discussion entre les Parkinson, à laquelle je m’étais greffée.

« Je sais que ça a un rapport avec le jeu Maléfices et Sortilèges. » continua Jared en soulevant doucement le menton de sa sœur pour qu’elle le regarde dans les yeux. « C'est les mêmes symptômes, c'était même dans la Gazette Eireann. Est-ce que t'as joué avec ce jeu de merde ? »

Je posais une main sur l’épaule d’Eireann qui hocha la tête tristement. Alana était comme greffée à elle. Toutes deux ne faisaient qu’un. C’était assez impressionnant à observer. Parce que ce n’était pas seulement elles deux. C’était eux trois. Ils avaient une connexion. Les jumelles plus qu’avec Jared mais Jared faisait aussi parti d’elles. Tout comme elles faisaient parties de lui. Était-ce un truc de loup-garou ?

Jared me lança un regard lourd de sens et j’ouvris la bouche, secouant la tête, même si aucun son n’en sortit. Allait-il me faire porter la responsabilité de ce jeu ? Oui, nous y avions joué Jared, mais nous n’étions nullement complices. Il ne s’était, après tout, rien produit de fâcheux pour nous, Merlin merci. Jared continua son interrogatoire pour savoir qui avait invité Eireann à jouer. Elle pointa alors du doigt l’étudiant qui m’avait tout à l’heure proposé de jouer. Je me souvenais de son nom maintenant. Hunter.

Jared n’hésita pas un instant et le suivit en dehors du QG. Eireann et Alana étaient soudain très inquiètes, essayant de dissuader leur frère d’agir. Celui-ci leur ordonna de rester à l’intérieur. Sa détermination, sa manière de distribuer les ordres m’aurait sans doute intimidé. Mais je n’étais pas un loup. Je ne suivais pas les ordres de la meute, moi.

« Ne vous inquiétez pas, je vais avec lui. » leur assurais-je.

Jared qui arrivait déjà à la porte tourna les yeux vers moi et d’un air furieux me lança :

« J'ai dit à mes sœurs de rester dedans, ça ne te regarde pas non plus ! Reste avec elles ! »
« Même pas en rêve, Parkinson. Je connais Hunter, je suis certaine que je pourrais t’être utile, qu’importe ce que tu comptes faire ! »

C’était vrai, que comptait-il faire de toute façon ? Hunter n’y était pour rien là-dedans. Ce jeu était une malédiction à lui tout seul et il apparaissait là où bon lui semblait.

« Hé où est le jeu ? Qu'est-ce que t'en as fait ?! » le harponna Jared en le tirant en arrière, loin de ses amis.

Je déglutis devant la violence dont faisait preuve Jared mais je n’étais pas au bout de mes surprises.

« De quoi tu parles mec ? » répondit Hunter, tanguant encore plus que tout à l’heure.
« Ce putain de jeu Maléfices et Sortilèges, où est-ce que tu l'as mis, tu vas me le donner et tu passeras le reste de la soirée tranquille. »
« Mais je l'ai pas ce putain de jeu, je sais pas où il est. »

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Hunter

Cela parut agacer Jared qui l’attrapa par le col et commença à se faire plus menaçant en approchant son visage du sien.

« Jared ! » l’avertis-je.
« Joue pas au con avec moi » dit Jared, m’ignorant royalement. « Ça fait deux fois depuis le début de la soirée que t'invite des gens à jouer à ce truc, et si la première fois il s'est rien passé, y'a eu un blessé là ! T'en as rien à foutre qu'un de tes potes soit à St Mangouste là ? »
« Jared, il n’y est pour rien. Ce n’est pas sa faute ! » dis-je en essayant de les séparer.
« Lâche moi putain ! » s’écria Hunter. « Je te dis que j'en sais rien, la première fois c'était pas moi, j'ai été invité aussi, et la seconde fois le jeu était dans ma veste, j'en sais rien comment il s'est retrouvé là. Il a disparu maintenant. »

Jared relâcha finalement Hunter et je soupirais de soulagement. Je regardais Hunter qui n’était visiblement pas plus choqué par cette démonstration de force. Il était tellement saoûl que tout semblait n’avoir pas beaucoup d’importance.

« Voilààà, relax man ! » dit-il avec un sourire rêveur. « T'es vraiment à cran, c'est qu'un jeu débile. Mais on peut jouer à autre chose si vous voulez. »

Hunter passa un bras autour de mes épaules. J’ignorais si c’était pour se soutenir, ou bien si sa dernière phrase avait un sens. J’essayais de me dégager. Mais alors je croisais le regard de Jared. Il avait l’air de me redécouvrir. Quoi ? Ne m’avait-il pas vu, ni entendu quand j’essayais de le dégager d’Hunter ? Je fronçais les sourcils, consciente que quelque chose n’allait pas. Mais avant que je n’ai pu réussir à me dégager des mains baladeuses d’Hunter ou que je n’ai pu dire quoi que ce soit à Jared, ce dernier attrapa son bras et lui fit une prise qui me surprit trop pour que je réagisse.

« Je crois que la dame n'aime pas tes manières, alors tu vas garder les mains dans tes poches maintenant et faire profil bas le reste de la soirée. Que je te revois pas avec des mains baladeuses ou proposer ce jeu merdique à quiconque de la soirée. »
« Attends, Jared … » commençais-je.

D’une seule main, Jared était arrivé à le faire plier, le faisant poser un genou à terre. Ses os semblaient sur le point de craquer.

« Jared, arrête, je t’en prie, tu lui fais mal ! » suppliais-je, effrayée.

Avait-il conscience de la force qu’il exerçait sur ce type ? C’était comme tout à l’heure. Dès lors que la rage, la colère l’animaient, Jared était incapable de penser à autre chose. C’était comme si tout disparaissait. Comme si je disparaissais.

Je posais une main sur son bras et ce geste parut le faire réagir.

« Tu vas trop loin, Jared, lâche-le. » continuais-je, comme essayant de le ramener à la réalité.

Je regardais son visage, ses yeux noirs concentrés sur son entreprise, ses cheveux bouclant derrière son oreille, ses traits crispés sous la colère. Et mon contact, ma main sur son bras réveillait encore une énergie qui m’était désormais familière et qui devenait de plus en plus agréable. Jared finit par desserrer lentement sa prise sur Hunter et je voulus soupirer de soulagement. Mais ce n’était pas terminé. Hunter, profitant de la déconcentration de Jared, se releva et balança son poing dans la mâchoire de Jared qui recula de plusieurs pas.

« Hunter, non ! »

Mais déjà les amis d’Hunter, restés en retrait jusque-là, avancèrent pour soutenir leur ami. Je sortis ma baguette, consciente que j’allais devoir intervenir pour les séparer tous. Heureusement, mes cris avaient alerté d’autres personnes qui vinrent s’interposer avec des sorts ou leurs corps. Mon cœur battait la chamade alors qu’Alana et Eireann arrivaient. Elles avaient la force nécessaire pour contraindre Jared à s’éloigner. Je regardais les autres étudiants intimer Hunter à se calmer et à laisser tomber, avant de suivre les Parkinson qui s’étaient assis sur le mur, mur où Jared m’observait quelques instants plus tôt.

« Bon sang, mais que s’était-il passé ? » soupira Alana, rejetant ses cheveux en arrière.
« Hunter s’est conduit comme un con, voilà tout. » répliquais-je.
« Jared n’a sans doute pas fait mieux. » ajouta Eireann en secouant la tête. « Je vais chercher de quoi nettoyer tout ça. »
« Je viens avec toi ! Je crois que j'ai vu une trousse de secours. Clarissa tu peux rester avec lui s'il te plaît ? »
« Euh … oui, bien sûr. »

Je regardais les filles s’éloigner avant de me tourner vers Jared. Son regard était fixé derrière moi, probablement sur Hunter et ses amis qui ne cessaient de parler forts. J’aurai aimé me boucher les oreilles pour ne plus entendre ses insultes ou sa manière de parler qui me dégoûtait à présent. Mais mon cerveau était surtout concentré sur la vue du sang. En balançant son poing, Hunter avait fait des dégâts sur la mâchoire de Jared. S’était-il mordu la langue pour qu’il y ait tout ce sang ? Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je n’étais pas un vampire mais le sang m’avait toujours appelé. Cela faisait parti de mon ADN, je suppose. Je n’en avais pas besoin pour survivre mais j’y goûtais toujours avec plaisir. Mon instinct me poussait à me pencher sur lui et à poser mes lèvres sur tout ce sang. Mais je ne devais pas. Ce serait surement la pire chose à faire envers un loup-garou.

Essayant de me concentrer dans ce cas sur le groupe d’Hunter qui se calmait au fur et à mesure, je métamorphosais une herbe près du muret en un tissu fin. Je commençais à tamponner sa lèvre d’où le sang émergeait. Mon cœur se serrait à chaque effluve qui parvenait jusqu’à mes narines. Je me mordis la joue, posant mes doigts sur celle de Jared pour prendre appui. Toucher son visage était si différent de l’idée que je m’en étais faite. Il avait la peau douce et en même temps, sous mes doigts, je sentais d’anciennes cicatrices. Certaines étaient guéries, d’autres non. Certaines ne se sentaient qu’au toucher, d’autres étaient bien visibles. Je crois que j’aurai aimé caresser chaque centimètre de son visage juste pour le découvrir davantage. C’était comme si je sentais au plus profond de moi que j’en avais envie. Non, que j’en avais besoin.

J’entendais derrière moi la voix d’Hunter qui disparaissait dans le QG. Bon débarras ! Le silence revint et je devais bien admettre que j’aurai aimé qu’une autre distraction arrive pour m’aider. Je n’étais pas Médicomage et j’avais la sensation que plus je resterai proche de Jared, plus mon ventre allait se mettre à gargouiller. Il allait forcément mal le prendre. Je sentais son regard désormais sur moi. Craignait-il que des crocs se forment dans ma bouche ?

« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda-t-il alors.

Je n’arrivais pas à savoir s’il était en colère ou non. Sa voix était toujours aussi grave comme conservant la même intonation pour chaque sentiment qui lui passait dans le crâne. Je me stoppais dans mon geste et levais les yeux vers lui. Il était vraiment tout près de moi et je pouvais sentir son souffle sur mon visage.

« Eh bien … je donne un coup de main. Ce n’est pas assez évident ? » répliquais-je, sur la défensive.
« Waouh, dites-moi que je rêve. Comment t'as fait ça Clary ? »

Je tournais la tête en entendant la voix d’Alana derrière moi. Je déglutis, nerveuse, mes doigts encore sur le visage de son frère.

« Comment ça ? »
« Pour soigner Jared, même moi je ne peux pas le toucher plus de 10 sec avant qu'il m’envoie chier. Il supporte pas le contact, hein que tu supportes pas le contact ? »

Je souris doucement avant de reporter mon attention sur Jared. Le jeune homme me regarda mais avec l’arrivée de l’une de ses sœurs, je le sentais moins à l’aise. Moins pris au dépourvu. Il retira mes mains de son visage et je me reculais d’un même élan, laissant la place à Alana.

« C'est bon, je crois que ça ira. » indiqua Jared. « Vous êtes conscientes que je suis étudiant en Médicomagie ? Et qu'un simple sort peut régler la question ? »

Il montra du doigt le matériel médical qu’Alana s’était employée à ramener pour soigner son frère.

« Oui mais moi je sais que t'aime bien trop laisser les plaies à l'air pour jouer le badboy et rendre furieux papa ! »

Jouer le bad boy ? Je souris, amusée, guère étonnée face à cette révélation. Ne l’avais-je pas pris pour l’un d’entre eux moi aussi avec ses cicatrices, son air sombre et sa façon de me rejeter ?

« Tu crains Alana » soupira Jared. « Va plutôt nous chercher des verres, j'ai besoin de quelque chose pour me remonter le moral, je souffre... »

Je lançais un regard désolé à Alana qui leva les yeux au ciel.

« Tu veux boire quoi, Clary ? » me demanda-t-elle.
« Rien, ça ira. » dis-je.

Je n’étais pas au Blooddale. J’aurai surement commandé une Sangria façon Darach pour couper la soif qui m’était montée au contact de Jared. C’était sans doute pour cela que je restais un moment à un mètre de lui, même après qu’Alana soit parti. J’avais besoin de me reconcentrer, de me calmer et de penser à autre chose qu’au sang. Comme par exemple Jared qui venait de rouler une nouvelle cigarette après l’avoir allumé d’un claquement de doigt.

« Encore une ? » notais-je.
« Tu t'attendais à quoi ? » répliqua-t-il, comme ayant attendu cette remarque. « Je bois, je fume, je me bagarre. Je vais pas me transformer en gentleman parce que tu m'as nettoyé une petite plaie, t'y perdrai bien trop de temps, parce que j'ai bien trop d'ennuis pour toi m'aingeal. »

Encore ce mot. Il l’avait déjà employé un peu plus tôt, avant que je ne le mette au défi de m’affronter à Maléfices et Sortilèges. J’ignorais ce que cela voulait dire ni dans quelle langue il parlait. Mais la consonance me rappelait le gaélique écossais, langue à laquelle j’avais commencé à m’intéresser depuis le début de mes recherches sur la famille McGregor.

« Je peux essayer ? » demandais-je en le voyant tirer une longue taffe.

Après tout, si lui le faisait, pourquoi pas moi ? Peut-être que ça me ferait passer mon envie de sang ?

« Certainement pas, ça abîmerait ton grain de peau et tes jolis cheveux. »

Je haussais un sourcil. J’étais surprise, c’était un fait. Mattéo aurait certainement ri. Il se serait moqué de moi, disant que je ne pourrais supporter avant de me laisser essayer. Pourquoi Jared était-il si semblable et si différent à la fois ? Je m’approchais et tentais de le lui prendre. Aussitôt, le jeune homme se leva et redressa le bras pour m’empêcher de le reprendre.

« Laisse-moi essayer, Jared Parkinson ! » clamais-je, prenant mon air le plus menaçant.

Je me mis sur la pointe des pieds, prenant appui sur ses épaules. J’ignorais désormais l’énergie circulant entre nous à chaque fois qu’un contact s’établissait et tentais d’attraper la cigarette. Mais Jared la lança aussitôt au loin.

« Hey ! »

Je redescendis de ma pointe des pieds et manquais de trébucher. L’instant d’après, alors que je pensais perdre l’équilibre par-dessus le muret, Jared avait ses deux mains posées sur moi pour me maintenir stable. Mes mains toujours sur ses épaules, je croisais à nouveau son regard, son visage si proche du mien. Je déglutis, ignorant la vue du sang et ses yeux si noirs que je brûlais de m’y perdre dedans. Pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi disait-il qu’il fallait que je m’éloigne et l’instant d’après il jouait au preux chevalier ? Pourquoi avoir jeté cette cigarette au loin et pourquoi éloignait-il tout ce qui pourrait me blesser ? Mon cœur voulait me dire quelque chose mais je ne devais pas l’écouter. Je ne devais pas. Surtout quand les mots de Jared franchir ses lèvres.

« N'essaye pas de jouer un jeu avec moi, t'es pas une mauvaise fille, sinon t'aurai pas passé ta soirée à panser les plaies d'un gars qui t'a jeté à une soirée de St Valentin. »

A nouveau, je sentais son souffle sur mon visage. Il y avait une légère odeur de fumée et une autre, menthe poivrée, je crois. Sa voix s’était faite presque comme un murmure. Je détachais mes mains de ses épaules, m’efforçant de mettre de la distance entre lui et moi. C’était la nuit et en février, aucun oiseau ne se faisait entendre. Il y avait encore un petit groupe d’étudiants devant la porte du QG mais petit à petit, chacun rentrait chez soi.

« Je ne suis pas une mauvaise fille. Et tu n’es pas un mauvais garçon. Sinon t’aurais pas passé la soirée à éloigner tout le monde du danger qui nous entoure. »

Je le regardais un instant avant de tourner la tête vers Alana qui venait de revenir. Elle tendit un verre à Jared.

« Ca ne va pas ? » demandais-je, la voyant préoccupée.
« C’est … Eireann. Elle est inquiète. »

Elle jeta un regard vers Jared et j’avais l’impression d’assister à une discussion en télépathie. C’était le moment pour moi de partir.

« Je vais vous laisser. J’ai … eu ma dose pour ce soir. »

Je lançais un long regard vers Jared, le même qu’il m’avait lancé quand il m’avait silencieusement accusé de l’avoir entraîné dans un jeu qu’il reprochait à sa propre sœur. Puis, je me tournais vers Alana et lui frottais le bras.

« J’espère que ça va aller pour toi et Eireann. Venez me voir, mardi, au Blooddale. J’y suis à partir de 18h15. Je vous offrirai une Lune épicée. »

Je lui souris avant de lancer un dernier regard vers Jared.

« Merci … pour Hunter et … pour n’avoir pas fui cette fois-ci. »

De la provocation ? Une mise au défi ? Une revanche ? Peu importait pourquoi j’avais dit ça. Je tournais les talons et repartis dans les rues de Druid’s Oak, m’éloignant dans l’obscurité. A chaque pas que je faisais en m’éloignant de Jared et de l’ambiance de ce soir semblait sonner comme un craquement. J’aurai du être soulagée de m’éloigner de ce sang. Je l’étais, d’une certaine façon. Mais quelque chose, quelque chose d’autre, tapi dans l’ombre, semblait me lancer un signal d’alerte.

• ○ • ○ • ○ • Vendredi 1er mars 2002 • ○ • ○ • ○ •

« Avec un second évènement de ce genre, et après l'incendie chez les Pendragons, nous sommes en droit de nous demander quand est-ce que l'Université Magique Supérieure interdira-t-elle ce jeu ? Quand-est ce que les Aurors mettront la main sur celui ou celle qui a lancé ce jeu ? Pour l'heure, tout ce que nous savons est que l'étudiant n'est plus en danger. »

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Je reposais la Gazette sur le comptoir, agacée, en regardant Newt face à moi. L’étudiant haussa les épaules.

« C’était qui cet étudiant en Médicomagie ? » demanda-t-il en finissant de siroter son verre.
« Jared Parkinson. Mais ça n’a pas d’importance. Je veux dire, il n’y a que moi qui hallucine face à ça. Ce jeu est hyper dangereux et j’ai l’impression qu’aucun adulte ne prend la mesure de ce que ça provoque chez nous, les jeunes. »
« Hum … ce n’est pas toi qui m’as dit quelques instants plus tôt que tu y avais joué ? »

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Newt Campbell, fils d'Alvin Campbell et Rose O'Dylan

Je lui donnais un coup sur le bras.

« Bien sûr que si ! Et c’est d’autant plus pour ça que je dis que ce jeu est dangereux. Il ne m’est rien arrivé mais j’aurai tout aussi bien pu me retrouver à la place de cet étudiant. Le pauvre … Eireann était encore très inquiète quand elle est passée l’autre jour même si elle savait qu’il était hors de danger désormais. »

Je regardais la photo d’illustration représentant le QG des Bodicae Pateare avant de repousser le journal plus loin. La sonnette de la porte d’entrée retentit et je vis débouler Alexander McQueen et Jonathan Fairchild. Jordan Spencer était sur leurs talons elle aussi ainsi qu’une quatrième fille qui suivait John comme son ombre depuis quelques semaines. Je souris en les voyant arriver vers moi.

« Clary jolie ! Tu nous ferais plaisir en nous offrant quatre Bièraubeurre gratuites ? » chantonna Alex en papillonnant des yeux devant moi.
« Bon, il est temps pour moi d’y aller ! » déclara Newt en sautant de son tabouret. « A plus tard Clary ! »
« Oh mais noooon ! Pourquoi il s’en va ? » s’étonna Alex. « On a fait fuir ton n’amoureux ? »

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Alexander McQueen

Je levais les yeux au ciel non sans un sourire au coin des lèvres.

« Arrête donc un peu ton cinéma, McQueen ! Et non, tu n’auras pas de consommations gratuites. Darach ne serait certainement pas d’accord si je faisais ça à chacun de mes amis. »
« Allez, c’est juste une fois ! » supplia-t-il.

Je secouais la tête, obstinée, alors que Jordan attrapait Alexander par les épaules pour l’obliger à aller s’asseoir à une des tables de la salle. John et la jeune femme étaient déjà installés et je me décalais vers la machine pour préparer d’un coup de baguette leurs boissons. Mais lorsque je me retournais et quittais le comptoir pour me déplacer dans la salle, un visage m’interpella aussitôt.

« Jared ? »

J’étais étonnée. Il était là, assis, seul, une table le séparant de mon groupe d’amis avec Alex qui gesticulait dans tous les sens pour raconter une anecdote à son meilleur ami. Le contraste était flagrant. D’un coup de baguette, j’envoyais les quatre Bièraubeurres devant mes amis alors que Jordan s’occupait de payer leurs consommations en posant l’argent devant elle.

« Qu’est-ce que … je te sers ? » demandais-je à Jared en m’approchant de lui.

Comment étais-je censée agir avec lui ? Je le détestais, c’était la conclusion que j’en avais tiré lors de la soirée de la Saint-Valentin. Mais avec celle du Bodicae Pateare, mes sentiments à son égard étaient confus.

« La … Gazette ? Oui, bien sûr, aussi. Accio ! »

Le journal quitta le comptoir pour atterrir dans mes mains avant de le tendre à Jared. Je repartis aussitôt derrière le bar pour préparer la boisson de Jared et revins rapidement vers lui. Je la lui posais devant le nez et ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil à sa lèvre qui avait entièrement cicatrisé depuis dimanche.

« Ca fera 6 Mornilles et 25 Noises. » indiquais-je.

Je le regardais alors qu’il ne me regardait pas. Quelque chose brûlait en moi. Je le sentais. Ce quelque chose que j’avais à peine ressenti depuis dimanche mais qui se faisait soudain plus intense. Comme un manque. Comme un drogué qui voyait sa dose de cocaïne juste devant ses yeux. Je papillonnais des yeux avant de récupérer l’argent et de me diriger vers la table de mes amis.

« Hey, c’est pas l’type de la Saint-Valentin ? » demanda Alex. « S’il te fait chier, je … »
« Laisse tomber Alex. C’est un client, rien de plus. »

Je levais les yeux au ciel avant de lui ébouriffer les cheveux. Parfois, Alex se prenait un peu trop comme le centre du monde et pensait devoir protéger ses amis de tout. La guerre l’avait durement marqué lui aussi. Elle nous avait tous marqué à notre façon. Mais lui, ça se ressentait de cette manière. La guerre et Mattéo.

« Pas cool Clary, pas cool ! Je m’étais coiffé ce matin et … »
« Quoi ?! Genre, toi, tu te coiffes ? » le coupa Jordan.

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Jordan Spencer

Alex leva sa baguette et le sortilège de Chatouillis jaillit de sa baguette. Jordan se tordait de rire sur son siège. Je sortis aussitôt la mienne pour annuler l’enchantement.

« Ce n’est pas drôle Alex. » répliquais-je devant son air hilare. « Ca peut être dangereux. »
« Oh ça va Clary jolie, on déconne, t’sais bien ! »

Je roulais des yeux et m’apprêtais à retourner derrière mon bar quand mon regard se posa sur Jared qui feuilletait l’article de la Gazette, celui qui parlait de lui. Je m’approchais de lui, serrant ma baguette entre mes doigts.

« Tu as lu ? » demandais-je en posant mes doigts sur la table. « Tu sembles être un héros là-dedans. »

Je lui glissais un sourire, comme un souvenir de notre discussion de dimanche sur le mauvais garçon qu’il était et que je ne devais fréquenter. Mais un picotement me fit baisser alors les yeux sur ma main. Mes doigts étaient posés juste à côté de ceux de Jared. Cette sensation … c’était si plaisant. Si … intense. C’était comme si un nouveau souffle était entré dans mes poumons rien qu’en effleurant sa peau. Ce n’était rien, presque rien. Mais ce que j’avais ressenti dimanche me semblait enfin rendu.

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Je levais les yeux lentement vers lui avant de reprendre aussitôt ma main. J’étais perturbée. C’était si étrange ce que j’avais ressenti. Et en même temps, en retirant aussi vite ma main je sentais un grand froid se propager dans ma main. Comme si elle avait perdu son énergie. Je regardais Jared, alerte. Les sons semblaient pendant quelques secondes s’être mis sous cloche et en entendant Alex m’interpeller à la table d’à côté, je sursautais. Je rompis le contact visuel avec Jared et partis rejoindre mes amis.

Merlin merci Jared ne commanda aucune autre boisson et partit quelques minutes plus tard. Avait-il ressenti la même chose ? Probablement au vu de son regard. Mais que cela signifiait-il ?

• ○ • ○ • ○ • Mardi 5 mars 2002 • ○ • ○ • ○ •

Le Cicero était toujours blindé de mondes entre midi et deux. Il n’y avait jamais beaucoup de places et dans notre groupe d’amis nous étions toujours forcés de nous séparer. Je visualisais l’espace, essayant de repérer des places de libre. Alana me fit un signe de main, me présentant une chaise de libre.

« Il n’y a que 6 places là-bas … » se lamenta Jordan.
« Pas de soucis, allez-y ! » dis-je. « Je vais manger avec les sœurs Parkinson. »

J’adressais un sourire encourageant à Jordan avant d’aller de moi-même vers Alana et Eireann. Evidemment, la seule chaise de libre était coincée entre Jared et un gars un peu baraqué. Je m’installais, ignorant Jared, et lançant un grand sourire à Alana et Eireann.

« Vous allez bien ? »

Je posais mon plateau puis mon sac. Mais en m’asseyant, mes doigts effleurèrent une nouvelle fois ceux de Jared sous la table. Je tournais la tête vers lui, surprise, mon cœur battant une nouvelle fois la chamade. Encore cette même décharge d’énergie. Je regardais Alana et Eireann mais elles ne semblaient avoir rien remarqué. Cela avait été si discret aux yeux des autres et en même temps tellement intense pour moi. Pour lui ?

« Je … ne reprends qu’à 14h. » répondis-je à Alana en piquant de ma fourchette une pomme de terre.

Ma main était restée pendue le long de ma chaise. Est-ce que j’espérais que … ? Oui, j’espérais. Allait-il y répondre ?

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ

Clarissa McGregor

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Stay where you are, don’t come any closerAvec Clarissa McGregorDimanche 24 Février 2002

Je sens ses mains quitter mes épaules, dans n'importe quelle circonstance ou avec n’importe qui d'autre j'aurai été soulagé, mais pas là. C'est assez rare pour que je le remarque.

« Je ne suis pas une mauvaise fille. Et tu n’es pas un mauvais garçon. Sinon t’aurais pas passé la soirée à éloigner tout le monde du danger qui nous entoure. »

Je ne sais pas quoi répondre à ça, bien que j'ai envie de faire une remarque acerbe pour lui prouver le contraire. Mais mes soeurs vont me tomber dessus et m'en parler pendant une semaine. C'est un truc de rousse, comme la princesse Iceni de croire que je suis un gars bien ? Que j'ai du potentiel ? Qu'on peut sortir quelque chose positif de ma personne ? J'ai rien de bon et personne veut l'entendre. Et quand je la regarde là, dans les yeux, de magnifiques yeux noisettes, je me dis qu'elle est bien naïve et que c'est évident qu'il faut l'éloigner du danger qui l'entoure, et j'en fais parti. Ne me voit-elle pas ? Ne voit-elle pas qui je suis réellement ? Le monstre qu'elle a en face d'elle ? Je suis un animal incontrôlable, drogué, aigri de la vie, des gens, paranoïaque qui essaye de se prouver qu'il peut être médicomage pour s'amender de son existence miséreuse et qui n'aurait pas du avoir lieu. Ses yeux me quittent pour se poser sur ma sœur qui revient vers nous. Mais les miens restent posés sur elle, la détaillant une dernière fois, avant de me tourner moi même vers Alana.

« Ça ne va pas ? »
« C’est … Eireann. Elle est inquiète. »
« Je vais l'accompagner à Sainte Mangouste si elle veut. On ira prendre des nouvelles. »
« Je vais vous laisser. J’ai … eu ma dose pour ce soir. »

Je capte le regard de Clarissa. Je devrai me sentir mal ? Je devrai m'excuser pour avoir gâché sa soirée ? Non, non c'est très bien comme ça en fait. Putain faut que je reste loin de cette fille. J'espère lui laisser un assez mauvais souvenir pour qu'elle ne s'approche plus de moi à l'avenir, vu qu'elle a eu sa dose...

« J’espère que ça va aller pour toi et Eireann. Venez me voir, mardi, au Blooddale. J’y suis à partir de 18h15. Je vous offrirai une Lune épicée. »

Évidemment je me note cette information, et évidemment je vais interdire mes sœurs d'aller dans un putain de bar de merde, elles ont à peine la majorité. Et qu'est-ce que fout Clarissa dans ce bar, elle y travaille ?

« Merci … pour Hunter et … pour n’avoir pas fui cette fois-ci. »

HA HA HA. Je ne réponds que d'un hochement de tête. J'en ai rien à foutre de sa provocation, elle croit qu'elle a gagné ? Naïve, oui, elle est bien naïve.

Vendredi 1er mars 2002

Évidemment j'ai aucune volonté et aucune parole. Il a fallu que je me pointe dans son putain de bar. Je vais mettre ça sur le compte de mon séjour en Irlande, chez les Iceni, pour la pleine lune il y a 2 jours. Cette expérience m'a un peu perturbée. C'est la première fois que je venais au Palais pour une transformation depuis ma toute première à 3 ans et demi. Bleddyn m'avait invité en janvier, ayant appris que ma dernière lune c'était très mal passée avec mes parents. Mes sœurs m'en veulent encore de les avoir lâché, mais elles ont finit par comprendre qu'il fallait que je prenne de la distance avec notre père. J'ai passé la pleine lune à fuir Victoria, qui avait aussi été invité par le prince. Je n'avais aucune envie de la voir me suivre ou me poser quarante questions à la seconde sur la transformation. Je sais que je suis un vrai salaud de pas avoir été là pour l'aider dans sa douleur, je sais combien les premières transformations sont terribles, mais je n'avais ni l'esprit, ni l'envie, ni le courage d'être une sorte de putain de guide. Au final, sortir avec une louve, je ne sais pas vraiment si c'est une bonne idée. J'imaginais que ça serait tranquille, que j'aurai rien à dire, rien à faire pour que la personne comprenne, sache... mais non, il faut que je tombe sur la seule mordue de la région depuis des années... qui découvre cette transition et se pose plein de questions. Mais je suis pas un putain d'éducateur, c'est pas mon rôle. L'embrasser, la peloter, passer du bon temps, c'est tout ce que je souhaite, je suis pas là pour créer des liens avec elle. Elle aussi s'en sortira mieux sans moi. En plus, les Iceni me permettent de ne pas trop culpabiliser, apparemment ils l'ont pris sous leur aile, ils vont faire tout le boulot, et certainement mieux que moi.

« Avec un second événement de ce genre...»

Je tends mon oreille et regarde la jeune rousse qui a parlé. J'observe chacun de ses mouvements, chacune de ses mimiques. Elle semble être avec un ami et discute de l'incident de la soirée, où on était présent tous les deux, incident visiblement inscrit dans la Gazette du Sorcier. Fait chier !

« C’était qui cet étudiant en Médicomagie ? » Quoi ? Putain quoi ? Faut que je lise ce journal.
« Jared Parkinson. Mais ça n’a pas d’importance.»

Pardon ? Je relève un sourcil. Quel manque de respect, je rêve putain, elle avait l'air pourtant de bader mes prouesses à la soirée non ?

«Ce jeu est hyper dangereux et j’ai l’impression qu’aucun adulte ne prend la mesure de ce que ça provoque chez nous, les jeunes. »

Elle se moque du monde en fait ? Elle m'a carrément supplié et attiré vers ce jeu à la soirée, par pure provocation.

« Hum … ce n’est pas toi qui m’as dit quelques instants plus tôt que tu y avais joué ? »

HAA ! Bien dit ! Je regarde la jeune femme s'agacer et donner un coup sur le bras de son ami. Je ne peux m'empêcher de sourire devant autant de passion. Elle aime bien donné des leçons, mais elle se vexe quand elle en reçoit. Tout d'un coup, du monde arrive à nouveau dans le bar, des gens qui la connaissent. En fait elle connaît tout le monde putain ?! Les gens viennent au bar pour boire ou pour elle ?

« Oh mais noooon ! Pourquoi il s’en va ? On a fait fuir ton n’amoureux ? »

Son amoureux ? Je regarde l'homme qui se dirige vers la sortie du bar, celui que je pensais son ami, qui visiblement à l'air bien plus que cela. Je l'étudie attentivement, il n'a vraiment rien de spécial pour qu'elle s'intéresse à lui. C'est bizarre que je ne l'ai pas vu à la soirée d'ailleurs et qu'elle était seule pour la Saint Valentin, mais après tout c'est une belle fille, pas étonnant qu'elle ne soit pas restée célibataire si longtemps. Mon regard le suis jusqu'à ce qu'il passe la porte du bar et quand je tourne à nouveau ma tête vers le comptoir, Clarissa m’interpelle.

« Jared ? »

Un creux se forme dans mon ventre alors que je vois son expression de surprise sur son visage. Elle sert ses amis et je réfléchis à toute vitesse à ce que je pourrai prendre, à la base, je n'étais pas forcément venu boire quelque chose.

« Qu’est-ce que … je te sers ? »
« Un poitín (1) citrouille s'il te plait, et... la Gazette si c'est possible »
« La … Gazette ? Oui, bien sûr, aussi. Accio ! »

Je récupère le journal et le parcours rapidement pour retrouver l'article qu'elle était en train de lire tout à l'heure. Ce qui me permet de garder mon attention sur le papier plutôt que sur elle. Pourtant tout me pousse à la regarder, c'est un effort surhumain que je fais pour ne pas croiser son regard, et cette sensation me déstabilise totalement. C'est comme si mon corps voulait agir contre ma volonté. J'avale ma salive difficilement et prie pour qu'elle quitte vite ma table.

« Ca fera 6 Mornilles et 25 Noises. »

Je pose l'argent sur la table, me forçant toujours à me concentrer sur l'article. Bien content qu'on ne mentionne pas mon nom cette fois. J'avais eu ma dose en Janvier avec l'histoire avec Bleddyn. Surtout que je n'avais absolument pas eu de relation avec lui, mais avec son meilleur ami Aliocha.

Un nouvel empoisonnement dû à Maléfices & Sortilèges (…) Heureusement, un étudiant en Médicomagie fut là pour administrer les premiers soins et le réhydrater, avant de contacter Sainte-Mangouste. Cet étudiant a été en mesure de donner les symptômes aux médecins, qui confirmèrent ses soupçons : le malade avait été empoisonné par une potion du jeu, qui s'était déjà manifestée en septembre 2001. (…) Pour l'heure, tout ce que nous savons est que l'étudiant n'est plus en danger.

Je concentre à nouveau mon ouïe sur la conversation dans le bar autour de la jeune femme. Apparemment tous ses potes sont au courant pour la St Valentin, génial. Mais ça me fait réaliser qu'elle a vraiment été blessée. Pourquoi ? Je suis personne et elle me déteste. Bon OK, elle me déteste peut-être à cause de ça. Mais je veux dire, elle me connaît pas, comment j'aurai pu la décevoir ? Y'avait rien à attendre de moi. Y'a rien à attendre de moi. Je me suis montré clair, comme me l'a dit Bleddyn, et voilà où j'en suis maintenant ? J'ai l'impression d'avoir encore plus d'ennuis avec cette méthode de l'honnêteté. Je décroche mon écoute quand un autre article me saute aux yeux, celui juste à côté de celui qui parle la soirée au club Bodicae Pateare.

Rupture au sein de la famille royale irlandaise.
Alors que la princesse héritière Louve Iceni est fiancée au Duc Connor Sean depuis ses 17 ans, une réunion de crise se tint au palais royal le samedi 2 février 2002, le lendemain d'Imbolc. En effet, la princesse convia sa famille, les Ministres et Alekseï Romanov, un étudiant en histoire, pour annoncer qu'elle souhaitait rompre ses fiançailles avec Mr. Sean, pour entamer une relation sérieuse avec Alekseï Romanov. Bien que cette réunion fut tenue secrète, et donc sans journaliste, nous apprîmes que le Duc le prit mal, et menaça la princesse. Le Roi Ruari finit par annoncer qu'il ne donnerait sa bénédiction, et son autorisation, que si le nouveau couple retrouvait le corps disparu de la reine Boadicée, fondatrice de l'Irlande royale actuelle.


Je lis l'article le visage pâle pour de multiples raisons. Déjà parce que j'ai couché avec Aliocha, mon potentiel futur Roi. Enfin ça c'est si ils arrivent à retrouver le corps. Et aussi car même en interview, Aliocha est désespérant. Il écorche tous les protocoles, ça me fume putain. Comment fait Louve ?

« Tu as lu ? » Je vois d'abord les doigts délicats de Clarissa qui se posent juste à hauteur des miens avant de relever mes yeux vers elle « Tu sembles être un héros là-dedans. » Mon cœur chavire, mais ce n'est pas pour ce qu'elle me dit, c'est pour la sensation que je ressens de cette proximité. Habituellement j'aurai été en alerte, que quelqu'un rentre dans ma bulle, j'aurai reculé ma chaise, j'aurai croisé les doigts contre ma poitrine, mais pas là. J'ai à nouveau l'impression de faire un effort colossal pour ne pas m'approcher plus. Il faut pourtant que je mette de la distance entre nous, et vite, ça devient putain de problématique.

« Pourtant je le répète, je suis pas un héro. Je suis toujours le méchant des histoires, c'est pourtant pas écrit en petit caractère sur mon contrat du parfait connard. »

Je visse mon regard sur le sien, mais elle regarde la table, et mes doigts bougent, légèrement, juste de quelques centimètres, venant subtilement effleurer les siens, me provoquant un frisson dans tout le corps, comme si, comme si j'étais rassuré et à ma place.

« Toujours... »

Elle retire aussitôt sa main et je ne sais pas dire si je suis déçu ou soulagé, ça en est presque douloureux pourtant. C'est un vrai délire, je me sens rejeté, abandonné. Je commence à être complète dingue putain. Cette fille me rend dingue et il faut que je parte maintenant. Son regard me happe, comme si je comprenais ce qu'elle cherchait à dire, comme si elle ressentait la même chose, mais c'est impossible, je me fais des films. J'ai l'habitude de boire cet alcool pourtant, c'est l'alcool de fête chez mes parents, j'en vide des bouteilles entières, mais à croire que ce bar doit servir une sous marque ou que sais-je. Je sursaute avec elle et la regarde partir derrière le comptoir. Je finis mon verre et me dépêche de sortir du bar sans plus aucun regard vers elle.

Mardi 5 mars 2002

Je fais ma corvée de frangin le plus génial de la terre, je me force à manger plusieurs fois par semaine avec mes sœurs au Cicero. Surtout pour me rattraper de la pleine lune sans elles. Ce mois ci aussi je vais rejoindre les Iceni. Je laisse les filles parlaient entre elles pendant que je mange en relisant mes notes. Je fais pas mal d'heures supplémentaires en ce moment au laboratoire, je travaille toujours autant sur un traitement pour Enola Nightshade. J'étudie plusieurs processus et composition pour simplifier son ordonnance. De plusieurs comprimés je voudrai le réduire à un seul et sans effets secondaires invalidants. Je me suis installé près du mur, une chaise libre à côté de moi pour être sûr d'être tranquille, mes sœurs en face de moi.

Je sens alors des fourmillements dans ma nuque, comme des vagues, quelque chose de plutôt agréable, mais assez fort pour le remarquer. Juste après cette sensation, je vois Clarissa s'asseoir à côté de moi. Mon cœur rate un battement. Ma concentration sur mes notes s'en voit bouleversée, je n'arrive plus à lire, toute mon attention est redirigée par cette nouvelle venue. Je ne l'avais pas revu depuis le bar, mais j'avais pensé à elle. J'avais plus pensé à elle qu'à Victoria, et si quelqu'un savait ça, je sais ce qu'il me dirait. Et par quelqu'un, je pense à Bleddyn ou Emy.

« Vous allez bien ? »

Je ne réponds pas, j'en suis incapable, je laisse mes sœurs se lancer dans une conversation. Je ne fais même pas attention à ce qu'elles peuvent dire, tout mon épiderme est en ébullition, encore plus quand je sens ses doigts m'effleurer malencontreusement sous la table. Je sens à nouveau un creux dans mon ventre et de l’électricité me parcourir. C'est furtif, mais je le ressens fortement. Clarissa se tourne vers moi et nos regards se croisent au même moment. Je fais mon possible pour garder une expression neutre, mais une nouvelle fois j'ai l'impression qu'on parle la même langue. Je regarde aussi mes sœurs qui n'ont rien ressenti, rien vu. J'avale ma salive et sort ma main de dessous de la table pour attraper mon verre d'eau et boire. J'ai l'impression de lutter contre une force invisible, me disant de continuer, de la toucher. Le verre d'eau ni change rien, même un second, ni même croquer dans ma pomme.

Sa main est toujours là, pendue sous la table, près de ma chaise, à ma portée... La sensation est trop forte, et la seule façon de lutter serait de me lever et partir, mais j'ai la désagréable impression que cela serait pire si je faisais ça. Ma main repasse alors sous la table et lentement je m'approche de la sienne jusqu'à que nos doigts se frôlent. Ma bouche s’entrouvre sous l'effet que cela me fait, c'est indescriptible, c'est comme si quelque chose s'agitait en moi, comme si j'en avais besoin. Elle ne sort pas sa main alors j'incline légèrement ma tête pour la regarder en biais, n'a-t-elle pas senti mes doigts ? Je vois alors son regard à elle aussi, qui a capté discrètement le mien, et au lieu de se reculer, de me repousser, je sens qu'elle accentue le contact. D'un frôlement de peau, nous passons à une sorte de caresse. Tout mon épiderme bouillonne, la sensation me transcende en deux et je ne peux m'empêcher de fermer les yeux, comme si j'étais en train de fumer un putain de joint. Son putain de contact me fait l'effet de l'aconit tue loup, j'en chialerai de bonheur.

J'ai l'impression que tout le Cicero a disparu, je n'entends plus personne, je ne vois plus personne. Tous mes sens sont concentrés et dirigés sur cette parcelle précise de mon corps, sur ce toucher. Alors qu'elle ne cherche toujours pas à me repousser, je vais plus loin, j'ai un besoin urgent de prolonger l'étreinte de nos peaux. J'entrelace donc nos doigts et je sens qu'elle donne même plus de pression à cet échange. Comme si elle cherchait mon énergie, et moi la sienne. Je ne peux pas décrire parfaitement ce que je ressens, car je n'avais jamais ressentis ça avant. Le contact me rebute, me fait fuir, m'est presque douloureux, mais pas là, pas avec elle. J'en veux plus mais c'est impossible. J'ai l'impression qu'on peut être vu à tout moment. Que ce qui se passe est flagrant, bruyant. Mais personne ne se rend compte de rien, pourtant tout en moi change, j'ai l'impression d'être comme un phare en pleine nuit. C'est finalement mon visage qui me trahi, car Alana semble remarquer quelque chose. Fichu sœur jumelle.

« Ça va Jared ? T'es bizarre tout d'un coup ? T'es malade ? »

Ma mâchoire se crispe et mon regard se fait noir sur ma sœur, qui éclate de rire. Mais moi je ne rigole pas, je sens le regard de Clarissa peser sur moi. Je la regarde alors qu'elle se défait discrètement mais avec hâte nos mains jointes. Comme si elle avait peur qu'on nous surprenne. Ma sœur a eu un effet d'électrochoc, nous ramenant à la réalité, nous coupant de notre bulle et je lui en veux.

« Non, tout va très bien ! Lâche moi Alana »

Quand ma main se retrouve sans son contact, un froid s’abat sur moi, et si j'étais un putain de littéraire comme Emy, je dirai même qu'il s’abat sur mon âme. Je me sens mal, alors que je ne le devrai pas. Perturbé je rassemble mes affaires et me lève, j'ai un regard bref pour Clarissa, comme n'arrivant pas à expliquer ce qui venait de se passer, je préfère fuir son regard avant qu'elle ne me pose une question.

« Je vais être en retard, à ce soir. »

Je quitte d'un pas rapide le restaurant universitaire sans me retourner, le cœur battant la chamade, je ne m'arrête pas jusqu'à m'isoler dans mon bâtiment pour mon cours de Botanique Avancée. Je ne sais pas quoi penser de tout ça, je suis putain de perdu et je n'aime pas du tout.

Mercredi  6 Mars

Je sors de mon cours d'Anatomie Humaine et me dirige vers la bibliothèque pour réviser et prendre de l'avance sur mes devoirs pour la semaine prochaine, je m'installe à une table avec quelques livres que j'étale devant moi, je prends le maximum de place sur cette table de quatre afin de dissuader quiconque de venir s'installer avec moi. Mon regard noir et mon air affable les dissuade aussi. Cette stratégie paye et marche pendant une bonne demi heure, jusqu'à ce que je sente un chatouillement dans ma nuque. Je relève ma tête et je la vois à quelques mètres de moi, me fixant. Clarissa regarde tout autour d'elle et finalement me fixe à nouveau, puis, semblant prendre son courage à deux mains, se dirige vers moi.

Elle me demande si elle peut s'asseoir, car il ne reste aucune place de libre à par à ma table. Évidemment je vérifie et tourne mon cou dans tous les sens pour m'apercevoir qu'elle a raison, et c'est bien dommage. Je soupire avant de lui faire une place, empilant mes manuels les uns sur les autres. A partir de cet instant, je suis incapable de me replonger dans mes révisions. Je l'observe du coin de l’œil s'installer, sortir parchemin, plume et livre de cours. Sans le vouloir, en se penchant son bras frôle le mien, et la réaction est immédiate, une onde me parcoure de la tête au pied, avec une sensation familière, agréable, salvatrice. Elle me regarde mais ne dit rien, alors je ne dis rien non plus. J'ai pas envie qu'elle me prenne pour un fou, même si j'ai l'impression qu'elle l'a senti elle aussi. Je racle ma gorge et essaye de relire un chapitre d'anatomie. Au bout de quelques minutes, je la vois se lever et partir chercher un livre dans les rayons.

Je me lève peu de temps après elle, à sa recherche. Je l'aperçois derrière des livres, dans la rangée devant la mienne, ses yeux croisent les miens entre les bouquins, on avance en même temps, dans la même direction sans se quitter du regard. Je finis par la rejoindre dans son rayon, et me rapproche d'elle, elle cherche sur les étagères, je m'approche encore plus près, jusqu'à ce qu'on soit côte à côte, jusqu'à ce que nos hanches se touchent. Elle commence à sortir un livre de l'étagère et je l'intercepte superposant ma main sur la sienne, créant un nouveau séisme sous mon épiderme.

« L'histoire de Tinworth en Cornouailles. Ça à l'air... passionnant.»

Je récupère le livre et commence à lire le résumé.

Les villages de Tinworth en Cornouailles, Flagley-le-Haut dans le Yorkshire et Loutry Ste Chaspoule sur la côte sud de l'Angleterre, devinrent les lieux de résidence bien connus de familles de sorciers qui vivaient parmi les Moldus tolérants - et parfois soumis à des sortilèges de Confusion. Le plus fameux de ces endroits semi-magiques est sans doute Godric's Hollow.

En sommes un truc super chiant et assommant, mais elle dirait pareil de la microbiologie j'image. Je lui rends le livre sans faire de commentaire et je retourne à notre table. Je tente de me remettre aux révisions, mais je ne suis capable d'en faire plus de deux parchemins sur les quatre que j'ai à faire pour lundi prochain. Je ne peux m'empêcher de la regarder depuis qu'elle est revenue s'asseoir, je l'étudie pendant qu'elle révise. Ses sourcils se froncent quand elle ne comprend pas quelque chose, son air est plus détendu quand elle a enfin saisi ce qu'elle cherche, j'étudie toutes ces petites mimiques et change de direction quand elle regarde dans la mienne. Je suis un vrai gamin putain ! Par moment, nos pieds sous la table ou nos bras se frôlent ce qui me fait toujours autant d'effet.

Il est presque 20h quand on vient nous dire que c'est bientôt l'heure de partir. Je range alors mes affaires et elle en fait de même. Je prends tout mon temps et traîne pour finir en même temps qu'elle, bon sang qu'elle est lente ! Je finis par sorti sur ses talons et accélère le pas pour arriver à sa hauteur.

« Je te raccompagne si tu veux bien ? Les rues ne sont plus vraiment sûres depuis quelques temps.»

Je pense à Emy, mais aussi à la dernière attaque dans un bar par ce qui semble être la relève des Mangemorts.

« Je dis pas ça pour être galant, mais j'ai pas envie que mes sœurs me reprochent quoi que ce soit ou apparaitre encore dans le journal.»

(1) Le poitín est une boisson traditionnelle irlandaise, fortement alcoolisée (degré d'alcool : entre 60 % et 95 %), obtenue par distillation. Fabriqué traditionnellement à partir d'orge maltée ou à l'occasion de pommes de terre, il fait partie des plus fortes boissons alcooliques du monde, et, en Irlande, il fut pendant des siècles un produit illégal, un moonshine.

:copyright:️ Justayne

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Jared Parkinson


«But I want to live and not just survive
That's why I can't love you in the dark »

KoalaVolant

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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le mardi 5 mars 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Soins aux Créatures Magiques et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. Depuis quelques semaines, elle a fait la connaissance de Jared Parkinson qui ne la laisse pas indifférente ...

Stay where you are, don’t come any closer
Un frisson me parcourut toute entière lorsque les doigts de Jared vinrent une nouvelle fois frôler les miens. Je posais mon autre coude sur la table et commençais à me masser la nuque, jetant un regard en biais à Jared qui croisa une nouvelle fois mon regard. Ma bouche était sèche. Rien qu’en le regardant. Non, rien qu’en le touchant. Ce contact était infime. Juste un effleurement mais c’était comme une oasis au beau milieu du désert. J’en voulais plus. J’en avais besoin de plus. Je brûlais de prendre sa main, de fermer les yeux, de me laisser consumer par ce simple contact. Que m’arrivait-il ? J’étais incapable de l’expliquer. Et cette idée me frustrait. Mais étais-je bien capable en cet instant d’y réfléchir davantage ?

Alors je prolongeais le contact. Je voulais plus. Je désirais plus. J’avais besoin de plus. Mes doigts qui n’effleuraient que seulement la peau de Jared vinrent caresser son poignet en redescendant lentement vers la paume de sa main. Oh bon sang. C’était comme boire un True Bloody Mary. C’était même mieux que ça. J’avais l’impression qu’une importante quantité de sang coulait dans ma gorge et me satisfaisait. Et en même temps, c’était plus que ça. C’était comme si j’avais déjà effleuré la sensation par le passé mais que là, c’était vrai, réaliste, plus intense.

« Le professeur Spencer nous a encore donné à rédiger 60cms de parchemin sur la guerre d’indépendance en Ecosse et le rôle des Géants là-dedans. » soupira Eireann.

Il m’était difficile de suivre en vérité la conversation avec les sœurs Parkinson. Tout mon cerveau semblait anesthésié par cette sensation. Mon regard croisait rapidement celui de Jared. Je le savais. Il ressentait la même chose. Son visage se crispait légèrement avant de se forcer à se détendre. En faites, il ne se crispait pas de douleur. Mais la sensation était indescriptible. Elle était nouvelle pour l’un comme pour l’autre. Je le savais autant qu’il le savait. Il devait lui aussi s’interroger sans être capable d’y comprendre quoi que ce soit. Mais ça ne l’empêcha pas d’exercer une nouvelle pression sur nos doigts qui s’entrelacèrent les uns aux autres.

Stay where you are, don’t come any closer Love-holding-hands

« Tiens, avec Eireann, on disait qu’on devrait s’organiser un week-end dans un chalet une prochaine fois ! »
« Bonne idée … » réussis-je à articuler en exerçant une nouvelle pression sur les doigts de Jared.

J’étais incapable de manger ce qu’il y avait dans mon assiette. Mon autre coude était toujours posé sur la table, comme me protégeant des regards des autres élèves dans le Cicero. Comme si je voulais préserver ce moment d’intimité. Comme si tout le monde pouvait le voir. Mais personne ne semblait rien remarquer en réalité. A nouveau, mon regard croisa celui de Jared et je sentis le vampire en moi grogner de plaisir.

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Alana & Eireann Parkinson

« Ça va Jared ? » demanda soudain Alana. « T'es bizarre tout d'un coup ? T'es malade ? »

Les paroles d’Alana eurent l’effet d’un électro-choc. Je déglutis et détachais ma main de la sienne. Comme si ce que nous faisions était mal. Je le regardais encore un instant, sentant un sentiment de frustration grandir en moi. Je grimaçais et baissais la tête pour éviter que les jumelles ne le remarquent. Ma nuque était raide et j’essayais de prendre une bouchée de mon repas. Cependant la nourriture me semblait fade à côté de ce que je venais de vivre. C’était bien réel n’est-ce pas ?

« Non, tout va très bien ! Lâche moi Alana » répliqua Jared avec un regard noir envers sa sœur.

Jared était froid, comme à son habitude en réalité. Avait-il honte ? Avait-il craint d’être découvert ? Nous n’avions fait que … que quoi au juste ? Nous effleurer le bout des doigts sous une table ? Je réprimais un sourire à cette pensée tandis que Jared quitter la table précipitamment.

« Je vais être en retard, à ce soir. »

Je posais une main sur ma poitrine comme si l’air était soudain aspiré avec le départ de Jared. Mon regard croisa rapidement le sien avant qu’il ne tourne les talons comme pour fuir les lieux du crime. La sensation était encore plus perturbante.

Je regardais son dos s’éloigner dans le Cicero. Est-ce qu’il avait toujours provoqué cette sensation en moi ? Était-ce ce qu’on ressentait quand on était attiré par quelqu’un ? Je baissais la tête sur mon assiette. De toute évidence, je n’avais jamais ressenti auparavant. Ni pour Mattéo, ni pour personne. Et je me sentais encore plus perdue. Je repoussais mon assiette.

« Tu ne finis pas Clary ? » me demanda Eireann.

Je secouais la tête alors que les sœurs commençaient à piocher dedans. J’eus un sourire amusé en les voyant faire.

« Vous, les loups, vous êtes des estomacs sur patte ! » lançais-je.

Petit à petit, j’avais l’impression que la sensation enivrante que j’avais ressenti s’effaçait. Au fur et à mesure, l’air qui s’était raréfié revenait lentement dans mes poumons, comme oubliant le passage de Jared.

Ce n’était qu’un instant. Un infime instant.

• ○ • ○ • ○ • Mercredi 6 mars 2002 • ○ • ○ • ○ •

Le cours d’Histoire de la Magie était toujours celui que je préférais. Cette année, c’était Alekseï Romanov qui me donnait des cours dans cette matière. C’était étrange d’avoir le frère de mon meilleur ami en tant que professeur, surtout quand c’était un garçon de la trempe d’Alekseï. Aussi extraverti et exubérant. Mais dès lors qu’il enfilait sa casquette de professeur, il changeait de personnalité et j’étais plutôt ravie par cette idée. L’Histoire de la Magie était une matière importante pour moi et si je comptais l’enseigner un jour, je devais être excellente. De plus, j’avais envie de me renseigner davantage sur la famille moldu des McGregor. Je voulais retrouver mes origines et voir si j’avais de la famille ailleurs, quelque part en ce monde. Aussi, afin de poursuivre mes recherches commencées depuis quelques mois maintenant, je me dirigeais vers le Scitis, la bibliothèque de l’université.

J’adorais cet endroit. Il y avait déjà l’odeur des livres qui me rappelait un endroit où je me sentais bien. Mais la pièce était immense, riche de savoir et ivre de lumière à travers la verrière à son plafond et ses divers chandeliers pendus au plafond. Un souffle de vent me parcourut alors que je rentrais à l’intérieur et je ne pus retenir un sourire.

« Salut à toi aussi ! »

Oui j’aimais cette bibliothèque. Le printemps arrivait doucement. Des oiseaux chantaient au sein même du Scitis et l’arbre qui poussait dans un coin commençait à se parer de ses plus belles feuilles. Je resserrai la sangle de mon sac et commençais à passer à travers les rayonnages. Il était 18h30 mais il y avait énormément de monde ici. Beaucoup étudiaient les cours du jour ou révisaient pour les examens de fin d’année qui seraient vite là.

Je ressentis alors un picotement dans ma nuque et portais instinctivement une main à mon cou. Et je le vis. Jared Parkinson. Il travaillait sur une table de quatre, ses livres éparpillés autour de lui, ne permettant pas que quiconque s’installe ou le dérange. Comme sentant mon regard sur lui, il releva la tête et je sentis comme une bouffée d’un air nouveau emplir mes poumons. Cette sensation était là. Celle qui m’avait tant enivré. Même à cinq mètres de lui, je sentais que quelque chose de différent. Je sentais que je pouvais l’effleurer de mes doigts. Je déglutis. Son regard était peu amène de toute évidence, mais il continuait de me regarder. Il ne m’ignorait pas. Il le sentait lui aussi. Je regardais autour de moi mais les autres tables étaient quasiment toutes occupées. Et je devais l’avouer, je brûlais de savoir ce qui allait se produire si je m’approchais un nouvelle fois de lui.

« Salut. » dis-je en prenant une voix assurée. « Est-ce que je peux m’asseoir ? Les autres tables sont toutes occupées … »

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Comme s’il ne me croyait pas, Jared tourna la tête autour de lui pour vérifier et poussa un soupir, résigné. Je me laissais tomber sur ma chaise, retenant moi aussi un soupir. Super … ça commençait bien. Pourquoi fallait-il toujours qu’il agisse comme le pire des connards alors que … Il l’avait forcément ressenti lui aussi, non ? Sinon, il ne m’aurait pas touché comme il l’avait fait sous la table. A moins qu’il n’ait rien ressenti et qu’il ait juste voulu jouer avec moi ? Il fallait que j’arrête de me prendre la tête avec lui. Alex l’avait senti lui aussi : ce garçon ne m’attirerait que des ennuis.

Je le laissais dégager mon bout de table alors qu’il empilait ses manuels les uns sur les autres et sortis mes affaires. Je devais me reconcentrer. J’étais venue ici pour travailler. Je sortis ma plume préférée et mon manuel d’histoire. Mais en me penchant une nouvelle fois vers mon sac, mon bras frôla celui de Jared. Ce fut comme si une myriade de souvenirs était soudain revenue sur moi. Le frisson gagna mon bras et remonta le long de mon dos. Je déglutis et jetais un coup d’œil vers Jared. Il croisa mon regard mais ne dit rien. Au contraire, il se racla la gorge et retourna à sa lecture.

Je papillonnais des yeux et attrapais un rouleau de parchemin avec mon encrier. Ses sœurs l’avaient dit : Jared détestait le contact physique. Je devais surement le dégoûter et c’était pour cela qu’il m’avait fixé. Peut-être que je n’avais pas su interpréter son regard de mâle alpha ? Peut-être était-ce un avertissement ? D’arrêter de le toucher ? Je secouais la tête avec un sourire amusé en imaginant Jared faire preuve d’autorité sur moi. Oh il en avait, c’était certain. Je sentais l’aura qu’il dégageait, je voyais le regard des autres quand il passait à un endroit. Seulement, moi, je ne ressentais pas la même chose. J’ignorais si c’était parce que j’étais une demi-vampire ou bien parce que je ne le connaissais pas beaucoup, mais aucune autorité d’alpha ne pouvait m’atteindre.

Allez, je devais me reconcentrer ! Je parcourus mes dernières notes sur la famille McGregor. J’y avais retracé l’arbre généalogique des personnes que je connaissais et y avais ajouté les dernières photos que mon père avait récupéré. Mes doigts touchèrent l’image du petit Nolan et je déglutis. « Promis, papa, je retrouverai les origines des McGregor. »

Je souris à cette pensée et me levais à la recherche d’un livre sur l’Ecosse. Je savais que la famille McGregor avait compté à un moment donné dans l’histoire du pays et je pensais pouvoir partir de ce point. De plus, j’avais également besoin d’un manuel sur les villes et villages sorciers du Royaume-Uni. C’était un devoir à rendre à la fin du mois mais je tenais à commencer le plus rapidement possible pour rendre comme à chaque fois mes devoirs en avance.

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Je commençais à chercher à travers les étagères, mes doigts passant sur les reliures des livres. Ils étaient anciens de ce côté-ci du Scitis et j’adorais l’odeur qui s’en dégageait. Certains manuels volaient au-dessus de ma tête, se rangeant magiquement à leur place après avoir été utilisé par les autres étudiants. Je me baissais pour en éviter un et continuais mon exploration. Cependant mon regard fut happé par des yeux marrons foncés qui me fixaient à travers l’étagère.

Jared Parkinson.

Je ne détournais pas le regard et le soutins même. Que faisait-il là ? Recherchait-il lui aussi un manuel du côté de l’histoire du Royaume-Uni ? Je retins un sourire amusé et continuais mon exploration. Les légers picotements dans ma nuque m’indiquaient qu’il me suivait dans son propre rayonnage. Mes doigts continuaient d’effleurer les reliures et c’était comme si je sentais qu’à travers l’épais papier des livres, je pouvais sentir ceux de Jared faire de même de l’autre côté. Je ne remarquais même pas que je retins mon souffle lorsqu’il arriva dans mon rayon.

Il n’y avait plus d’étagère pour nous séparer et je me forçais à me concentrer sur les étiquettes pour trouver le livre que je recherchais.

L’Essex. Le Dorset.

Jared passa derrière moi et son bras qui effleurait mon dos me fit perdre un instant la tête. Je me raclais la gorge, constatant une nouvelle fois que ma gorge s’était soudain asséchée.

Le Devon. Le Derbyshire.

Jared vint se placer à côté de moi. Je sentais sa hanche touchait la mienne. Je n’osais pas me retourner vers lui. Je sentais que si je croisais son regard, si je parlais, j’allais briser cet instant alors qu’il se rapprochait de moi. J’aurai du le repousser, non ? S’il jouait avec moi, j’aurai du stopper ça. Mais cette sensation … elle était unique. J’allais l’impression qu’un simple contact était comme une étincelle qui s’allumait en moi. Je ne pouvais qu’en vouloir plus. J’en désirais plus.

Les Cornouailles.

Je commençais à sortir le livre de son rayonnage mais Jared intercepta mon mouvement en posant une main sur la mienne. Cette fois-ci, je le regardais. Sa paume était chaude et je sentais que la mienne se consumait dans la sienne. Je ne pouvais la retirer. J’aimais cette sensation. A présent que nos hanches se touchaient que nos mains aussi, je mourrais de vouloir tomber dans ses bras afin de voir si la sensation était la même ou … encore plus intense.

« L'histoire de Tinworth en Cornouailles. » lut-il, me ramenant un instant à la raison. « Ça a l'air... passionnant. »
« Ça l’est. » répliquais-je.

Nos regards se croisèrent avant qu’il ne tourne le livre entre ses mains pour lire le résumé. Je le regardais. Et si je touchais son épaule ? Sa joue ? Reculerait-il ? Attendait-il que je reste immobile à ne rien faire alors qu’il initiait depuis tout à l’heure un rapprochement ? Il avait beau me détester et prétendre que j’empiétais sur son espace, il me désirait. Il me désirait, non ? Sinon, il ne me toucherait pas comme il le faisait ? J’ignorais s’il ressentait ce que je ressentais mais d’une certaine façon, il me touchait et je voulais le toucher.

Jusqu’à la prochaine fois où il serait un connard.

Ayant fini de lire, il me tendit le livre que je récupérais rapidement en le serrant contre moi. Je le regardais s’éloigner comme s’il était déçu. Je me forçais à calmer ma respiration. Je devais le reconnaître. Cet épisode avait été intense. C’était comme si, quand il était près de moi, il prenait tout l’air disponible de la pièce. Je me mordis la lèvre et l’observais retourner à sa place entre les rayonnages. Puis je secouais la tête, me forçant à me ressaisir. « Ce n’est pas un mec pour toi, Clary. » Parfois, j’aurai bien besoin d’Alex pour me mettre une gifle et me remettre les idées en place.

Je pris une nouvelle inspiration et explorais à nouveau les étagères à la recherche des familles écossaises. Parfait. Je retournais m’asseoir, essayant d’ignorer le regard de Jared ou le léger picotement dans ma nuque en me rapprochant de lui. J’ouvris le manuel des familles écossaises et commençais à prendre des notes. Je fronçais les sourcils, notant des noms qui m’étaient inconnus, avant de tourner vivement plusieurs pages pour retrouver l’explication du comment et du pourquoi. La tâche était complexe et je constatais qu’au fur et à mesure que je dégrossissais quelque chose, une nouvelle idée se rajoutait. Plus j’approfondissais un sujet, plus d’autres faisaient leur apparition. Il m’avait déjà fallu plusieurs mois pour rassembler les informations dont mon père et mon parrain se souvenaient, mais je sentais que je n’étais pas au bout de mes peines.

En faites, de cette manière, j’arrivais assez bien à ignorer la présence de Jared. Pourtant, quand nos pieds se frôlaient sous la table ou quand je plongeais ma plume dans l’encrier et que nos bras se touchaient, je ne pouvais réprimer la sensation que tout mon corps réclamait. J’avais l’impression d’être trahie. Alors que mon cerveau se forçait à se concentrer sur nos recherches, mon corps semblait me rappeler sans cesse que la source de mes désirs était pile en face de moi. Je sentais même son regard sur moi, mais quand je relevais la tête vers lui, ses yeux étaient aussitôt concentrés sur autre chose. Je secouais la tête et me replongeais dans mon travail.

Comme d’habitude, quand j’étais concentrée de cette manière, je ne voyais pas le temps passer. Ce fut le bibliothécaire qui nous indiqua qu’il était 20h et que le Scitis s’apprêtait à fermer. Je hochais la tête et remballais mes affaires. Comme d’habitude, je veillais à ne pas abîmer les pages des manuels que j’avais empruntés et les plongeais délicatement dans mon sac, suivis de ma plume et de mon encrier. Je jetais un sort d’imperméabilité. J’avais déjà eu des accidents avec mon encrier et je ne voulais pas renouveler la scène. Lorsque je passais le sac sur mes épaules, je fus surprise de voir que Jared était sur mes talons. Je pensais qu’il aurait sauté sur l’occasion de se débarrasser au plus vite de moi mais au contraire, il me rattrapa alors qu’on franchissait les portes de la bibliothèque.

« Je te raccompagne si tu veux bien ? Les rues ne sont plus vraiment sûres depuis quelques temps. »

Je fronçais les sourcils et m’arrêtais. Nous étions dans les couloirs de l’UMS, près de l’Agora. Certains étudiants sortaient de leurs derniers cours de la journée et la plupart rentrait chez eux, lassés et fatigués.

« Jared Parkinson se soucierait-il de ma sécurité ? » demandais-je, sarcastique.
« Je dis pas ça pour être galant, mais j'ai pas envie que mes sœurs me reprochent quoi que ce soit ou apparaitre encore dans le journal. »
« Oh oui, bien sûr. C’est très noble de ta part. »

Je roulais des yeux et me remis en marche pour sortir de l’UMS. Je n’en croyais pas mes oreilles. Il était vraiment prêt à inventer n’importe quelle excuse pour … pour quoi au juste ? Espérait-il me prendre la main en pleine rue ? Je jetais un coup d’œil à la mienne qui pendait le long de mon corps et déglutis. Non, ce n’était pas le genre de Jared. Tout le monde pouvait nous voir ici. Et puis, pourquoi ferait-il ça ? Ça n’entrait pas dans son jeu, je supposais.

« Qu’est-ce que tu me veux au juste ? » demandais-je un peu brusquement.

Je me mordis aussitôt la lèvre d’être aussi agressive. Ça ne me ressemblait pas. Mais je crois que quelque part j’essayais de me protéger d’un deuxième Mattéo. Alex serait certainement à mes côtés pour me soutenir et m’encourager à renvoyer un deuxième coup. Jordan, elle, essaierait de tempérer les choses et m’intimerait d’essayer de comprendre en privilégiant la communication.

Je poussais un soupir et m’arrêtais à nouveau. Nous étions à mi-chemin de Druid’s Oak. Il faisait nuit et les étoiles brillaient timidement dans le ciel. Je portais une main à mon front.

« Jared, ce truc de « je ne suis pas un mec galant, mais je te raccompagne » ou du « je suis un connard avec tout le monde mais je prends discrètement ta main sous la table ou dans la bibliothèque » … Je … Je ne suis pas certaine d’être ok avec tout ça. »

Je le regardais, essayant de lui renvoyer toute la détermination dont je voulais faire preuve devant lui. La vérité, c’était que j’étais effrayée. Effrayée que Jared soit un deuxième Mattéo. Effrayée par ce que je ressentais quand il était près de moi. Effrayée par cette nouvelle sensation que je ne parvenais pas à expliquer de manière rationnelle. Effrayée parce que je vis ma main quitter mon front pour remettre correctement la capuche du vêtement de Jared. Ce n’était pas sa peau directement, mais ce rapprochement suffit à ramener une chaleur tellement agréable en moi que je poussais un nouveau soupir. S’il était vraiment aussi maléfique que Mattéo, il était impossible que je ressente ce truc agréable, non ?

Je croisais son regard et c’était comme si une force d’attraction m’attirait vers lui. Je voulais toucher son épaule, son bras, sa main. Je voulais que mon corps tout entier se rapproche de lui. Je voulais fermer les yeux et me plonger dans cette sensation douce et familière désormais. Je voulais tout oublier de la raison et de la logique dans ses bras.

Jared bougea lentement sa main vers moi. Lisait-il dans mes pensées ? Avait-il été poussé par un nouvel élan comme je l’avais ressenti en cet instant ? Pourtant en le voyant en mouvement, j’eus automatiquement un mouvement de recul.

« Il est tard. Je vais rentrer. » déclarais-je. « Seule. »

Et comme pour lui faire comprendre que son excuse ne prenait pas, mes pupilles devinrent rouge sang. J’étais une demi-vampire. Je pouvais me défendre. Je savais me défendre. Je tournais les talons et accélérais alors le pas jusqu’à Druid’s Oak. Jusqu’à chez moi.

Jared ne me suivit pas. Et je ne savais pas si j’aurai aimé qu’il le fasse ou non.

• ○ • ○ • ○ • Mercredi 13 mars 2002 • ○ • ○ • ○ •

J’allumais le poste radio d’un claquement de doigt et aussitôt la musique emplit la salle. Je n’étais pas très douée en Magie sans baguette. Enfin, non, ce n’était pas exactement ça. Harry m’aurait sans doute tapé sur le dos de la main pour cette pensée. Disons que je me débrouillais. Mais je n’étais pas non plus une pro. J’avais pris l’option, en particulier parce que mon père l’enseignait et qu’il m’avait encouragé à développer mes dons magiques. Mais je n’avais pas été la plus brillante de son cours et encore aujourd’hui, je n’y avais pas souvent recours.

Cependant, je ne tenais pas à y penser à présent. En vérité, je ne voulais penser à rien. C’était pour cela que j’étais venue ici.

Je portais lentement mes bras au-dessus de ma tête, joignant mes mains avant de tourner un coup sur moi-même. Puis un deuxième. Puis un troisième. Le rythme s’accélérait soudainement dans cette musique et j’aimais ça. Il y avait des temps plus calmes où mes mouvements étaient ralentis, où mes mains pointaient lentement vers le ciel, où mes pieds exerçaient des figures que je n’avais pas tentés depuis des années. Et puis, la mélodie s’accélérait et alors les mouvements aussi. Je tournais plusieurs fois sur moi-même avant de prendre appui sur un banc de la salle et de me lancer dans les airs avant de reprendre appui avec légèreté sur mes pieds.

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En cet instant, quand je dansais, il n’y avait plus rien qui comptait. Je dansais. Tout simplement. Je me laissais porter par la musique et tous mes problèmes s’évanouissaient aux premières notes de la musique. Ma respiration s’accélérait et l’une de mes mèches rousses s’échappaient déjà du chignon que j’avais fait au-dessus de ma tête.

Cette salle était parfaite pour des exercices de ce genre et à cette heure-ci, elle était seulement occupée par deux fantômes qui avaient décidé d’échanger quelques poèmes. De temps à autre, ils levaient la tête pour me regarder ou bien pour applaudir ma performance, avant qu’une nouvelle musique ne commence et que je reparte dans l’autre sens. Ils ne me dérangeaient pas. Rien n’aurait pu me déranger. Il était tôt et si quelques étudiants avaient commencé leurs premiers cours de la journée, les miens ne commençaient pas avant 9h00.

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La musique s’arrêta et j’en profitais pour faire une pause. Je tentais un sortilège d’attraction sur ma bouteille avec ma main mais après l’énergie que j’avais dépensé c’était mission impossible. Je lâchais un rire, à mi-chemin avec un soupir avant de prendre mes jambes pour m’approcher. J’attrapais la bouteille et en bus une longue gorgée. Je regardais mon reflet dans le miroir et remarquais que mon trait d’eye-liner n’était pas aussi similaire que je l’avais cru sur l’autre œil. Déplorable, Clary.

J’appuyais à nouveau sur le poste pour relancer la musique et je prends une grande inspiration avant de me lancer. Pendant que mes pas glissaient sur le parquet, j’oubliais tout. Et c’était exactement ce que je recherchais. Je fermais aussitôt les yeux, me laissant envahir par les émotions que me procuraient l’effet de danser. J’oubliais mes cours, la pression que je me mettais pour réussir mes examens de fin d’année, mon stage à venir avec le professeur Blackwood, ma famille que j’aimais mais qui avait son lot de problèmes comme toutes, Jared et … Je m’arrêtais dans mon mouvement et rouvris les yeux. Je l’avais senti. Le léger fourmillement dans ma nuque.

Je fronçais les sourcils et tournais la tête, mais la personne avait déjà fait demi-tour. Je savais pourtant parfaitement qui il était.

Jared Parkinson.

L’instant d’avant, il était nonchalamment appuyé contre la porte, avant de disparaître l’instant d’après. Depuis combien de temps m’observait-il ?

• ○ • ○ • ○ • Samedi 16 mars 2002 • ○ • ○ • ○ •

« Ouah ! Tu es … éblouissante. » souffla Newt, chassant la mèche qui ne cessait de tomber devant son front.

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Newt Campbell (Louis Partridge)

Je souris et baissais la tête pour cacher le rougissement qui me montait aux joues.

« Merci. »

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Robe Clary :


Ma robe était rouge avec de la dentelle noire en forme de lions. La particularité, c’était que je l’avais enchanté pour qu’elle produise un petit effet à mon entrée dans la salle de bal. Car ce soir, Newt Campbell m’avait invité à une soirée de club autour d’un bal masqué. J’attrapais mon loup posé sur le meuble de l’entrée et attachais l’élastique derrière ma tête.

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« Je dois avouer que ton costume fait de l’effet également ! » ajoutais-je.

Newt portait un costume classique mais qui tombait parfaitement sur ses épaules. Alex serait sans doute fier de nous voir y aller ensemble mais il ne serait pas présent ce soir et je ne comptais pas lui faire ce plaisir. Newt et moi y allions en tant qu’amis.

« Tu trouves ? » sourit Newt en me tendant son bras.
« Un vrai gentleman ! » ajoutais-je avec un clin d’œil.

Le sourire du 3ème année s’élargit et, après avoir vérifié que j’étais prête, nous fit transplaner devant l’entrée d’un vaste manoir. J’avais entendu dire qu’un des étudiants prêtait avait loué le sien pour cet événement. Et le manoir avait de l’effet. Newt nous fit monter les marches et ajusta son masque sur son visage. Des dizaines d’autres étudiants arrivaient parfois en couple, parfois en groupe d’amis, parfois seuls. Mais une chose était certaine : il y avait du monde !

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Je trouvais ça excitait ce bal masqué. Je ne reconnaissais personne et personne ne pouvait me reconnaître. Bon, sauf peut-être avec mes cheveux roux qui me trahiraient à coups sûrs. Même si je n’étais pas la seule du campus à avoir cette teinte de cheveux. Regardez les Iceni !

Lorsqu’on arriva à l’intérieur, un vaste hall permettait d’accueillir les invités avant de les faire entrer, dans ce que je devinais être, une salle de bal. Mon cœur bondit dans ma poitrine et je serrais sans doute un peu trop le bras de Newt qui interpréta mal mon geste.

« Ne t’inquiètes pas, la foule va vite s’écarter. »

Je levais la tête vers lui, prête à lui expliquer que c’était juste au contraire de l’excitation à l’idée de découvrir davantage les lieux, mais renonçais, n’en voyant pas la peine. Petit à petit, on arriva à se frayer un chemin.

« J’hallucine ! Il y a vraiment un mec pour annoncer le nom des invités ! »

Je riais en même temps que mes yeux s’agrandissaient de surprise derrière mon masque. C’était magique. Bon, en tant qu’historienne, j’étais surtout très curieuse. On se croyait vraiment revenu au début des années 1900 avec les grands bals et les grandes réceptions. Les statues qui entouraient l’entrée dans la salle bougeaient elles aussi comme si elles respiraient réellement. Des fantômes descendaient les marches qui menaient à l’étage et des avions en papier volaient à travers la salle. C’était sans doute des petits messages entre amoureux. Du moins je m’amusais à le croire.

L’homme demanda notre nom et Newt se pencha vers lui pour lui répondre.

« Newt Campbell, accompagné par Clarissa McGregor ! » annonça l’homme.

Je souris. C’était amusant de constater qu’on était à un bal masqué – donc anonymes – mais que nous étions annoncés. Cependant, cela devait faire parti d’une animation car certains étudiants passaient sur les côtés et entraient discrètement, ne voulant pas attirer l’attention sur eux certainement. Alors que les têtes se tournaient vers nous dans la salle, je sentais que c’était le moment de faire mon effet.

« Fabricae mutarus ! » murmurais-je.

A cet instant, ma robe parut se métamorphoser. Les lions en dentelle noire se métamorphosèrent. Le tissu rouge devint alors bleu et les broderies se changèrent en corbeaux noirs. Un bruissement se fit entendre parmi la foule qui observait mon sort s’effectuer alors que je descendais les marches au bras de Newt.

Robe Clary :


« Tu n’as pas pu t’en empêcher … » susurra Newt.
« Je ne vois pas de quoi tu parles. »

Newt lâcha un rire et je tournais la tête vers lui alors que nous étions arrivés au bas des marches.

« Mon sort n’était-il pas parfait ? » dis-je avec une pointe d’ironie.

Newt prit une inspiration avant de se pencher vers moi. Derrière nous, l’homme s’était mis à annoncer de nouveaux arrivants et la foule avait perdu son intérêt pour nous.

« Tu es parfaitement parfaite, Clarissa. » murmura Newt à mon oreille.

Je frissonnais et le regardais, intriguée par ses manières. Il ne m’avait jamais parlé ainsi avant. Oh il me complimentait, oui. Et il était très galant envers moi. Mais là, son ton et sa façon de le dire me laissaient penser qu’il y avait autre chose. Autre chose de plus qu’une amitié.

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J’allais lui répondre quand le fourmillement dans ma nuque me coupa instantanément le souffle. Je portais une main à ma nuque. Lorsque Newt s’écarta de moi pour se redresser, je vis que Jared Parkinson était juste derrière lui. Même avec son masque, je savais que c’était lui. Il était seul. Pour le moment. Je devinais que ses sœurs avaient dû le tirer de force ici.

« Bonsoir Jared. » dis-je.

Newt, poli et bienveillant, eut un sourire et tendit la main vers le loup-garou.

« Salut ! Newt Campbell. On s’est déjà … vu. Aperçu sans doute, plutôt. »

Newt se passa une main dans les cheveux, comme mal à l’aise, avant de reporter son regard vers moi.

« Et … si j’allais nous chercher à boire ? »
« Excellente idée ! »

Je lui souris alors que Newt fendait la foule pour trouver le buffet. Je reportais mon attention vers Jared avant de tourner la tête vers les quelques couples qui dansaient au centre de la salle.

« Je t’ai vu. » commençais-je, sans le regarder. « L’autre jour. A la salle de danse. »

Je me mordis la lèvre avant de tourner les yeux vers lui. Je pouvais sentir la chaleur qui se dégageait de son corps chaud et je pouvais à nouveau sentir cette sensation. Celle qui m’appelait pour me rapprocher de lui. Nous ne nous étions pas reparlés depuis la dernière fois sur le chemin de Druid’s Oak. Est-ce qu’il m’avait manqué ? Je ne pouvais l’affirmer clairement. Même si, quelque part, j’en avais envie.

« Tu es parti brusquement. » ajoutais-je. « Je ne devrais pas être étonnée. Après tout, les Serpentard sont réputés pour leur lâcheté. »

Mon ton était acerbe, je le savais bien. Mais je ne pouvais m’en empêcher. Comme si je voulais lui montrer que moi aussi, je pouvais être une mauvaise fille comme il le disait. Et je n’avais pas besoin de lui pour ça. Et je n’avais surtout pas besoin de sa main qui frôlait la mienne. Je déglutis et tournais à nouveau les yeux vers les personnes qui dansaient. Comme si je craignais qu’en regardant trop Jared, j’allais lui prendre la main.

Mais nous étions à un bal masqué. Personne ne pouvait nous reconnaître. Personne.

@ Victoire

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Clarissa McGregor

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Stay where you are, don’t come any closerAvec Clarissa McGregorMercredi 6 Mars 2002

L'attraction est violente, lui prendre la main devient comme une évidence, mais au lieu de cela, j'enfonce mes deux mains dans les poches de ma veste. Je ne peux tout simplement pas faire cela, pas ici, pas en pleine rue. Et puis merde, elle est personne, c'est pas Victoria, c'est pas une de mes sœurs, c'est personne putain. Alors pourquoi tout se complique quand je suis à ses côtés ? Pourquoi je n'arrive pas à l'envoyer chier correctement ? Pourquoi ne prend t-elle pas ses jambes à son cou ? Pourquoi c'est pas elle qui dégage loin de moi ? Parce que je n'y arrive pas. Je raconte des conneries, je fais tout pour qu'elle se méfie de moi, et elle est là, toujours là dans les parages. Putain je l'avais jamais vu avant cette soirée de merde de Saint Valentin. Et maintenant, où que je mette mes pieds, elle débarque. J'inspire l'air frais du mois de mars, j'ai l'impression que mon corps est en feu, je veux dire plus qu'habituellement avec cette peau de loup.

« Qu’est-ce que tu me veux au juste ? »

Je tourne mon visage sur elle, wooh, c'est qu'elle est agressive maintenant avec moi ? Mais ça ne prend pas avec moi, rien sur son visage ne laisse paraître qu'elle l'est réellement, sa peau n'est pas abîmé par les stigmates de quelqu'un qui passerait son temps à être aussi con que moi, elle ne sait pas le faire, c'est presque mignon de sa part. C'est moi qui la rend nerveuse n'est-ce pas ? Pourquoi est-elle aussi agacée contre moi ?

« Tu lis les journaux pourtant, les rues en ce moment ne sont pas trop sûres. Et si mes sœurs savent que je t'ai laissé rentrer seule, elles vont me pourrir la vie. »

Ce n'est pas totalement faux, mais ce n'est pas la vérité. La vérité c'est que je ne sais pas pourquoi je fais ça. Je suis pas un putain de noble ou valeureux galant comme elle pense, c'est juste que je veux plus de temps à ses côtés et que je sais pas l'expliquer, ni à elle, ni à moi. Elle soupire et s'arrête soudainement en se tournant vers moi. Je fronce mes sourcils devant cette attitude. Elle n'est pas convaincu hein ? Je sais, mais j'en ai rien à foutre, j'ai rien d'autre à lui donner.

« Jared, ce truc de « je ne suis pas un mec galant, mais je te raccompagne » ou du « je suis un connard avec tout le monde mais je prends discrètement ta main sous la table ou dans la bibliothèque » … Je … Je ne suis pas certaine d’être ok avec tout ça. »

Mes doigts se crispent dans mes poches, ce qu'elle dit a autant d'effet sur moi qu'un bon coup de poing de Bleddyn. Et ses coups de poing font mal, croyez moi. Putain pourquoi a-t-elle fallu qu'elle dise cela à haute voix ? Pourquoi c'est ce genre de meuf à dire tout haut ses sentiments. Putain elle a tout gâché, elle... elle n'aurait jamais du. Je sais, putain je sais que tout ça c'est une grosse mascarade, une énorme connerie, on ne sait même pas ce qui nous arrive, j'veux dire, je vois bien qu'elle est aussi perturbée et perplexe que moi devant ce qu'on fait. On fait quoi d'ailleurs ? Rien de mal, y'a rien eu entre nous que... que rien en fait. Mais il ne fallait pas qu'elle le dise, qu'on en parle. Je ne veux pas en parler, en parler c'est rendre la chose réelle, et on ne sait pas de quoi il s'agit. Y'a rien OK ? Putain y'a rien et il faut qu'elle en parle...

« D'accord m'aingeal*.»

C'est tout ce que je peux articuler, ma bouche est sèche, mes veines sont vides, mon cœur est douloureux et semble mal pomper. Ses putains de yeux sur moi sont une tortures, j'voudrai... je sais pas ce que je voudrai, mais c'est pire que l'envie de fumer cette fille. C'est un poison. Son regard me sonde, comme si elle attendait une réponse plus complète, ou une réaction plus élaborée de ma part. Je reste pourtant impassible alors que je suis ravagé à l'intérieur, elle m'a fait mal. Mais j'peux rien lui dire putain. Parce que y'a rien, parce que tout ça c'est rien. Et parce que je parle pas putain. Je retiens mon souffle alors que je vois sa main s'approcher de mon visage, mais au lieu de me toucher, elle remet en place la capuche de ma veste. J'aurai voulu qu'elle me touche...

Putain c'est quoi ça ? A quoi elle joue ? « Jared lâche moi, j'aime pas ce qu'il y a entre nous, mais Jared reste là, je te rhabille. » C'est quoi son délire de souffler le chaud et le froid en même temps ? D'ailleurs je ne ressens plus rien quand elle fait ça, le froid de Mars, les odeurs de la rue, je ne vois plus rien qu'elle. Mes mains sortent de mes poches et comme si un chant magnétique me force à le faire, ma main se dirige vers elle, vers son visage, il faut que je la touche, j'en ai besoin, là maintenant, c'est tout. Et je sais, je sens qu'elle en a besoin aussi, je ne saurai pas dire comment je le sens, mais j'en suis persuadé. Pourtant, elle recule, elle a un putain de mouvement de recul, comme si j'étais un monstre.

Après tout, je le suis non ? Elle ne l'a jamais exprimé, mais sans doute que ma condition de loup la dérange, après tout c'est une demi-vampire, une part d'elle a sans doute était conditionnée pour me haïr, et je la dégoûte. Ok voilà j'y suis, ça l'intrigue parce qu'elle ressent du positif, mais au fond, elle ne peut pas, car je suis un dégénéré pour elle. Et elle a raison, est-ce que je peux lui en vouloir ?

« Il est tard. Je vais rentrer. Seule. »

Seule, ce dernier mot sonne comme une torture. Seule, loin de moi. Ses pupilles changent de couleur, elles deviennent rouge sang comme un signal. Comme une menace. Et si elle croit que cela me dérange, c'est tout le contraire. Rien en elle me dérange, et peut-être que ce n'est pas normal. Est-ce qu'elle croit faire fuir mon loup avec ses gènes de vampire ? Non, il n'a pas envie de fuir, il en veut plus, et ses yeux sont comme un signal pour lui, je l'entends gronder sous ma poitrine, la faisant vibrer. Mais je reste là, comme si je venais d'être mis à terre, sans pouvoir me relever. Elle me fait bien comprendre que tous les deux, on ne sera jamais compatible. Son message est clair et je dois le respecter.

Je la regarde partir, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un point dans la nuit, jusqu'à ce que je me rende compte que mes doigts commencent à geler de rester à ce point immobile. Je voudrai la suivre, lui courir après. Mais tout ce qu'elle a dit m'en empêche. « Je ne suis pas certaine d’être ok avec tout ça. » 

Mercredi 13 Mars 2002

J'ai revu Victoria samedi, il y a 4 jours, on s'est donné rendez-vous sur le Chemin de Traverse. On essaye de se voir malgré la difficulté qu'elle soit à Poudlard. Elle a eu son premier mouvement d'humeur, si je peux appeler ça comme ça. En tout cas, sa première baston provoquée. On a failli couché ensemble aussi, mais elle n'est pas prête. J'ai cru que ça serait bien pour notre couple, enfin surtout pour moi. Pour oublier Clarissa. J'ai cru que si je devenais plus intime avec Vic, je serai totalement à elle, qu'elle pourrait me toucher sans que j'ai l'impression que ses mains soient du papier de verre sur ma peau. J'y pense très souvent, pas à Vic, à Clarissa. Je pense à son toucher à elle, il n'est en rien comparable à ce que je ressens depuis gamin. C'est la première fois qu'un truc comme ça m'arrive, que je n'ai pas envie d'arracher les yeux de la personne. Je tolère mes sœurs ou ma mère, mais cela ne veut pas dire que c'est agréable. Avec Clarissa c'est... bien plus qu'agréable, c'est tout mon être qui me le réclame, comme si c'était vital. 6 jours. Ça fait 6 jours que je ne l'ai pas vu, et j'ai besoin de la voir, j'ai besoin de la sentir, j'ai besoin de l'entendre. J'ai espionné mes sœurs l'autre jour, je les ai entendu parler de Clary. Alana qui a rejoint le club des Bodicae Pateare disait que la jolie rousse allait danser avant d'aller en cours souvent. Je ne savais pas qu'elle dansait, en fait, je ne sais pas grand chose d'elle, en dehors du fait qu'elle étudie l’Histoire et la Géographie Sorcière et qu'elle a le don de me rendre dingue.

Du coup, avant mes cours, je suis là à chercher l’amphithéâtre où se trouve les salle de danse, je finis par trouver. Quand j'arrive et que le frisson me prend la nuque, je vois Clarissa qui d'un mouvement de doigt allume le poste radio. Je souris en voyant ses prouesses en magie sans baguette, je ne savais pas qu'elle en faisait. Sait-elle que je ne fais que cela ? Que je n'ai jamais de baguette sur moi ? Seulement dans mon sac quand je vais en micro-chirurgie.

Je la regarde lever lentement les bras au dessus de sa tête, dans la position d'une ballerine. L'air tout autour de moi se fait précieux, meilleur. Je me sens bien, mieux que tous les précédents jours. Plus je la regarde tourner, dans cette grâce que je lui concède, plus je me sens heureux. Elle semble totalement dans son monde, assez pour ne pas sentir ma présence, et ça me va très bien. Je ne veux pas qu'elle sache, qu'elle me voit. Je suis le seul à avoir besoin d'elle, et si elle n'est pas au courant, c'est comme s'il ne c'était rien passé n'est-ce pas ? C'est comme si je n'étais pas là.

Elle est magnifique, et semble encore plus douce que dans mes souvenirs. J'imagine ses doigts sur ma peau, ça en est douloureux. C'est physique, j'ai l'impression d'être assoiffé, ma langue est rappeuse, ma salive devient de l'acide tellement ça me demande un effort pour ne pas venir auprès d'elle, la prendre par la taille, danser avec elle. Je déteste danser pourtant. Putain cette situation n'est pas vivable, je vais devenir dingue.

C'est comme ça qu'elle devrait être tout le temps. Libre. Ce spectacle a un effet apaisant sur moi. Plus elle tourne, plus elle saute, plus il m'est difficile de ne pas avancer vers elle. Pourtant je mobilise toutes mes forces pour rester à ma place, dans un coin, appuyé contre la porte à l'entrée de la salle. La musique s'arrête et je ne fais aucun mouvement pour ne pas attirer son attention vers moi. Elle tente un sort d'attraction par la magie sans baguette, mais échoue, ce qui me fait à nouveau sourire. Mes yeux ne la quittent pas, ils en veulent plus, mais je vais être en retard en cours, il est presque 8h. Et puis je sens que si j'abuse, je ne vais pas pouvoir me retenir. Elle a été très claire. Tout ça, ce truc entre nous, elle n'est pas sûre d'être OK. Je pousse doucement sur mes avant bras contre la porte pour me donner l'impulsion, tournant le dos à Clarissa avant la fin de sa danse, je sors du bâtiment le plus vite possible. Je passerai les deux heures de cours de Magie Avancées à penser à elle.

Samedi 16 mars 2002

« Allez Jared ! En plus tu connais toutes les danses ! Tu ne seras pas ridicule, on les a toutes apprise ! Et on ne veut pas se priver d'un excellent danseur ! Tu préfères qu'on invite Mike et Daril ?»

Je soupire fortement. Ce sont des vipères, pourquoi n'étaient-elles pas à Serpentard déjà ?

« Qu'on soit d'accord, si je viens à ce bal, vous faites mes corvées à l'appartement pendant deux mois. »

Les yeux de mes sœurs brillent de bonheur. Elles sautent de joie en acceptant mon maigre marché. J'aurai du dire six mois en fait, car je sais que je vais probablement le regretter. Si je viens, c'est uniquement parce que je les entendu dire la liste des invités et que Clarissa est présente. 9 jours qu'on ne s'est pas vu, pas parler. Même si je l'ai aperçu à la danse, nous n'avons eu aucun échange, aucun... contact.

J'ai beau faire tous les efforts du monde, me plonger dans le sport et les entraînements avec ou sans Bleddyn, me mettre à fond dans les études. Abattre autant de travail que possible. Même passer des heures à améliorer mes potions, à travailler sur le dossier d'Enola, essayer de passer du temps avec Vic, rien, rien ne me fait oublier Clarissa et mon besoin d'être à ses côtés. Malgré ce qu'elle a dit, je suis un vrai connard de venir à cette soirée, car je sais que ne pourrai pas résister, pourtant elle m'a elle m'a fait comprendre que c'est "non". Mais ce n'était pas si clair que ça pour elle, n'est-ce pas ? Je me rappelle en boucle cette conversation, elle a dit qu'elle n'était pas sûre, pas qu'elle en était certaine, donc elle doute. Et ce petit doute de sa part me fait venir à ce bal. Je sais qu'il est masqué, ce qui m'arrange on va le dire.

Mes sœurs ont tout prévu avant que je dise oui, le costume, noir, classique, une chemise blanche, une cravate et un masque. Elles ont choisi un masque vénitien fantôme de l'opéra en métal doré de style gothique. Avec ce costume et ce masque, elles disent que je ressemble à un élégant aristocrate. Je roule des yeux devant leur air ravi. Elles aiment ça, que je sois un noble de la cours des Iceni, elles sont toujours dans le déni que j'ai refusé la transformation pour le devenir, elle me considère comme tel. Mais je n'ai rien de noble, la preuve, je deviens un vrai harceleur et vais à une soirée juste parce qu'une fille a émit un doute. Est-ce que je vaux mieux qu'un Scott-Rosier en cet instant ? Ça serait bien un de ses modus operandi à ce connard non ?

Le masque de Jared :


Elles ont pris des tenues assorties à mon costume, leurs robes sont toutes les deux identiques, et elles portent le même masque que le mien en version plus féminine. Les filles aiment souvent être en miroir, et si les gens les confondes, y compris de rare fois mes parents, rien ne peut me faire douter sur leur identité. Je ne me suis jamais fait tromper, elles sont comme une partie de moi-même, ça serait comme si je me confondais avec quelqu'un d'autre, impossible. Elles sont mon cœur, mon essence. Et quand je les vois aussi heureuses que je les accompagne, ça étouffe un peu l’ennuie que je ressens d'aller à ce genre d’événement. J'aime qu'elles soient heureuse grâce à moi, ça me fait croire que je le suis aussi, l'histoire d'un instant.

Alors que nous arrivons, je vois un type qui annonce les invités. Alors que j'ai une sœur à chacun de mes bras, je les détache pour qu'elles se mettent ensemble. Il est hors de question que quelqu'un cri mon nom dans ce bal. Je veux bien leur faire plaisir, mais pas à ce point. Je leur embrasse à tour de rôle leur joue qui n'est pas cachée par le masque.

« Je vous retrouve à l'intérieur, j'ai quelque chose à faire avant. »
« Qu'est-ce que tu as bien à faire dans ce bal, tu ne voulais même pas venir y'a deux heures de ça. »

Je leur fais un clin d’œil et disparaît sur un côté de la pièce avant qu'elles ne surenchérissent. Je rase les murs et me fait aussi discret que possible. Je traverse le monde dans un seul objectif, la trouver. Je n'ai même pas besoin de renifler comme un animal, mes pas me conduisent à elle et un frisson part de ma nuque jusqu'à mes pieds quand je la vois en haut des marches. Sa robe se transforme sous les yeux d'une petite foule ébahie. Alors tu es ce genre de personne Clarissa ? Tu veux en mettre plein la vue ? Mais elle n'a pourtant clairement pas besoin de ça. Elle brille sans artifice, sans sortilège. Elle éclipse même le gamin qui lui sert de cavalier. Alors qu'ils arrivent en bas des marches, je tends l'oreille pour écouter leur conversation.

« Mon sort n’était-il pas parfait ? »

Je vois le gamin se pencher à son oreille, et m'avance vers eux pour mieux entendre son murmure. J'arrive derrière lui à pas de loup, sans vouloir faire un mauvais jeu de mot.

« Tu es parfaitement parfaite, Clarissa. »

Alors qu'il se redresse enfin, je capte immédiatement les yeux de Clary, sa main venant caresser sa nuque. Alors elle aussi elle les ressent ? Les frissons, cette sensation familière, comme nous annonçant la présence de l'autre ? Mon cœur bat la chamade, tout est éclipsé, il n'y a plus qu'elle. 9 jours me semble une éternité.

« Bonsoir Jared. »

Son prénom dans sa bouche me fait l'effet d'une bombe. Même avec une cagoule je sais qu'elle m'aurait reconnu, je le sais parce que moi aussi je l'aurai reconnu. Je vois la main du gamin, j'entends ses salutations, mais j'en ai rien à foutre, je ne quitte pas Clarissa du regard, comme si en le faisant elle pouvait s'éclipser, comme si en le faisant j'allais ne plus pouvoir respirer.

« Clarissa. »
« Et … si j’allais nous chercher à boire ? »
« Excellente idée ! »

Je ne regarde pas le cavalier de Clary partir, je l'observe tourner son cou dans tous les sens, comme pour trouver une issue. Mais il n'y en a aucun, pas ce soir tout du moins.

« Je t’ai vu. » de quoi parle-t-elle ? Elle m'espionne maintenant ? « L’autre jour. A la salle de danse. »

Ah.

Je regarde ses dents venir mordre ses lèvres de malaise et je déglutis. Est-ce que c'est grave d'avoir aussi envie de les mordre ? Je ne suis pas un putain de vampire pourtant ?! Mon loup perd complètement l'esprit à ses côtés, ce n'était peut-être pas une bonne idée de venir ici.

« Tu es parti brusquement. »

Avant même que je puisse lui répondre, elle m'assassine sur place avec une phrase que je ne lui croyais pas possible de prononcer avant qu'elle me rencontre, avant que je rentre dans sa vie.

« Je ne devrais pas être étonnée. Après tout, les Serpentard sont réputés pour leur lâcheté. »

Quelques heures en ma présence et elle devient déjà venimeuse. Je la perverti. J'ai un mouvement de recul et la blessure se voit sur mon visage, il ne peut en être autrement, ses mots me touchent plus que les mots de n'importe qui. Je sens la colère venir doucement m'envelopper mais c'est à ce moment que ma main vient effleurer la sienne, et la colère s'envole en une fraction de seconde, mon visage s'adoucit et c'est plutôt la peine qui se fraye un chemin jusqu'à mon cœur. Et la peur qu'elle me rejette, même si c'est ce que je lui demande, même si je fais tout pour ça. Elle ne me regarde pas. Elle n'assume pas ce qu'elle vient de dire, ce qui se passe entre nous, elle aussi cherche à me repousser. Mais aucun de nous deux arrivent à s'éloigner de l'autre. A quoi bon ?

« Pourtant m'aingeal*, c'est toi qui est partie la première après la bibliothèque. Qui de nous deux est le plus lâche à ton avis ? »

Elle tourne son visage vers moi, mi vexée, mi intriguée par mes paroles. Et c'est à ce moment là qu'ils annoncent la première danse. Un mouvement de panique s'agite en moi. Et avant même qu'on ne puisse faire quoi que ce soit l'un et l'autre, nous sommes propulsés à devoir danser ensemble. Tout le monde se place sur la piste et j’aperçois du coin de l’œil son compagnon pour la soirée, démuni avec deux verres à la main. Je pourrai presque en rire si je ne sentais pas une pression énorme en ce même moment. Nous nous regardons jusqu'au signal de la première note de musique, nous ne savons pas tous les deux si c'est la meilleure ou la pire des situations.

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Pourtant quand je prends sa main dans la mienne, que j'en pose une autre sur sa hanche et qu'elle pose la sienne sur mon épaule, tout mon être vibre et explose sous l'émotion que je ressens. J'en ferme les yeux et soupire d'aisance. Putain de merde. Putain de merde mais c'est quoi ce délire ?! Je retrouve le goût à la vie, comme si je respirai enfin de l'oxygène, comme si l'air jusqu'à présent était à peine suffisant pour que je respire correctement. Ses doigts viennent un peu trop écraser les miens, comme si elle voulait les celer, pour qu'on ne se décroche plus jamais. Mes doigts se crispent un peu sur sa hanche pour les mêmes raisons. Je sens un profond désir de l'attirer contre moi. Ses doigts, sa taille ne me suffisent pas. Je voudrai tellement plus. Quand j'ouvre les yeux, elle me regarde. Je déglutis à nouveau. Je ne serai pas le premier à parler de ce que je ressens, je parle pas de ces choses là, certainement pas avec elle, c'est... ça serait trop bizarre putain. On ne se connaît pas.

« Visiblement, je crois qu'on est aussi lâche l'un que l'autre. »

On pourrait se détacher, on pourrait s'éloigner, mais ni elle ni moi avons le courage de le faire. Alors oui, on est lâche tous les deux. On est bercé par nos pas, parfaitement assortis et au même rythme. Pour la première fois depuis que j'ai appris à danser, j'apprécie ce moment. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est le meilleur moment de ma vie, mais c'est suffisant pour me laisser penser que je souhaite recommencer, avec elle, une prochaine fois.

« Tu es étonnée que je ne te marche pas sur les pieds ? Je peux si tu veux, c'est ce que ferai un connard de Serpentard non après tout ? »

Je sens qu'elle essaye de sortir sa main de la mienne pour certainement s'enfuir, mais je l'en empêche. Il faut dire qu'elle ne résiste pas beaucoup.

« Oh non Clarissa Constance McGregor, tu ne vas pas encore te défiler. C'est pas toi qui veut me montrer que tu es une grande fille et que tu peux te défendre toute seule ? Et les grandes filles elles ne prennent pas la fuite. »

Je me penche à son oreille et je suis fébrile par ce que je ressens d'être aussi proche d'elle. C'est comme si une force invisible me pousser à me pencher un peu plus bas, vers ses lèvres. Ma main en tremble sur sa taille. Je résiste. Mais c'est encore plus dur, c'est comme si mes crocs de loup avaient envie de percer la peau de son cou, comme... comme si j'avais soif d'elle. Cette sensation me tétanise, je n'avais jamais ressenti ça. Je bafouille quand les mots franchissent enfin mes lèvres.

« Il... il va falloir qu'on... qu'on parle tous les deux, j'ai quelque chose à te demander.. »

Je me redresse rapidement, mettant plus de centimètres entre nous pour notre bien à tous les deux. Et je l'entends, son cœur, il bat aussi rapidement que le mien, ils battent à l'identique. Quand la musique s'arrête, les gens se séparent, mais pas nous. C'est le gamin qui débarque avec ses deux verres qui nous dérange. Clary s'écarte de moi et je sais dire qu'un froid d'abat sur elle, comme sur moi. De l'alcool ! Ah parfait ! Je lui prends les deux verres des mains devant son regard outré. Je me retiens de lui dire de dégager, il va bien finir par le comprendre. Elle n'est pas intéressée par lui, elle ne l'a jamais été, et s'il insiste, ça sera fini de leur amitié. Pauvre crétin, j'ai compris ça en trente secondes.

« Clarissa... »

Je lui fais signe de me suivre. Je veux vraiment une discussion, j'amorce un pas, attendant qu'elle me suive.

« Clarissa … » intervient son amoureux transit.

Ah intéressant. Je me délecte de la situation. Tient tient, quel choix va-t-elle faire ? Celui de la raison ? Non, non je sais qu'elle ne restera pas avec lui, je sais qu'elle va me suivre, elle ne peut pas faire autrement. Elle fait alors un pas vers moi, en s'excusant auprès de son ami. Je pousse alors un léger rire et elle me donne un coup sur mon torse pour me dire que ce n'est pas drôle, et qu'on doit faire vite.

« Faire vite ? Alors toi tu es comme ça ? Parce que d'habitude les filles me demandent d'être plus... »

Clarissa me menace des pires tourments si je finis ma phrase. Elle attrape alors mon bras furieuse et me traîne, littéralement, dans un coin du château, pour être plus précis, sur un balcon vide d'invités. Je bois l'un des verres cul sec et lui tend le deuxième. Mais son regard n'a pas envie de rire, ses bras sont croisés sur sa poitrine, elle refuse le verre.

« Parfait alors. Plus pour moi.»

Et je bois le second verre d'une traite aussi, avant de balancer les verres par le balcon. Elle me regarde faire.

« Quoi ? T'as déjà une idée précise du lâche de Serpentard que je suis, pourquoi je ferai des efforts pour te prouver le contraire.»

Elle s'approche de moi furieuse, comme si elle allait me gifler, mais je rattrape sa main au vol. Une décharge me transperce en deux. Ce geste bien que brutal, devient un plaisir inouïe. La toucher, peut importe de quelle manière est toujours agréable, et je sais que c'est pareil pour elle, car sa main pourtant raide au départ, se détend dans la mienne, mais ses yeux me lancent toujours des éclairs.

« C'est toi qui a commencé Clarissa, avec l'attaque sur ma maison à Poudlard.»

Et elle retourne la situation en me volant les phrases que je lui ai sorti avant ça. Celles où je lui rappelle que je suis un connard et que je dois la fuir. Je relâche sa main et viens passer les miennes dans mes cheveux, tirant dessus comme pour les arracher. Arrrrg je vais devenir dingue. Il me faut boire ou fumer, ou les deux. Putain. Je me retourne vers elle.

« Ok d'accord d'accord tu marques un point. C'est bon tu as gagné. Je suis qui tu veux que je sois, si ça peut te faire plaisir. De toute façon, quoi que je fasse, j'ai l'impression que rien ne te fera changer d'avis.»

Je m'approche de plus en plus d'elle, et elle recule jusqu'à ce que son dos soit contre le balcon, près du vide.

« Écoute putain je parle trop, je parle jamais de tout ça, je sais pas pourquoi je te dis ça, t'en a rien à foutre de toute façon, je suis personne. Mais y'a un truc putain, enfin on s'en fout. Je veux juste te poser une question.»

Je viens poser doucement mes mains contre ses joues pour lui sortir son masque et la regarder. Et je ressens toujours comme une dose d'aconit tue-loup dans mes veines, la libération, l'apaisement.

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« L'autre jour, tu as dit que tu n'étais pas certaine d'être OK avec tout ça. Et c'est pour ça que je ne me suis pas montré quand tu dansais à l'UMS. Pour respecter ta parole. C'est toi qui est partie, me faisant bien comprendre et voir que tu ne voulais pas que je te raccompagne. Mais maintenant, tu as du réfléchir non ? Répond juste à cette question, soit honnête d'accord, et je te promets que selon la réponse, je te foutrai vraiment la paix et on en aura fini avec tout ça comme tu dis.»

Je cèle mon regard au sien.

« Est-ce que tu es OK avec tout ça maintenant ?»

Sa réponse va tout déterminer, et je sais que je vais souffrir, quelque soit sa réponse. Mais l'une d'elle me fera souffrir en douceur, si on doit s'autodétruire, autant que cela soit agréable pour nous deux. Mais si elle décide qu'elle ne veut plus, je sais que ça sera rude, douloureux pendant des jours, jusqu'à ce que mon corps ne la réclame plus.

Je vois alors sa main venir délicatement vers mon visage, du côté du masque troué. Elle vient poser ses doigts puis sa paume sur la moitié de mon visage. Je ferme les yeux sous cette douceur et cette révélation. Voilà sa réponse. Elle n'a pas besoin de parler, je sais qu'elle me dit oui, qu'elle me dit OK. Où qu'elle me touche, jamais je ne me sens agressé comme avec les autres. Si mes sœurs me voyaient elles hallucineraient. Le visage, c'est bien quelque chose que je ne tolère pas. Comme le soir où elle nettoyait déjà le sang de ma lèvre, les filles avaient déjà fait une remarque à Clary. Mais se rend t-elle vraiment compte de ce qu'elle est capable de faire ? Que nul autre être sur terre ne peut ? Les autres forcent toujours le contact, comme Emy, qui se fait un plaisir de sauter sur mon dos, ou de me prendre par le bras. Je le subis tout le temps, même si c'est mon amie, mes sœurs ou ma propre mère. Mais là non, c'est différent. Je l'accepte, je le... veux. J'en ai besoin.

Ses doigts viennent toucher ma cicatrise sur mon sourcil sous le masque et elle me demande comment j'ai fait ça. Je sais que ça surprend souvent les gens, parce que nous sorcier, et encore plus nous créatures magiques, nous cicatrisons bien, sauf si ce sont des morsures de loup ou des sorts de magies noires. J'ouvre à nouveau les yeux et je capte son regard. Je sais qu'avec elle, le coup de « je me suis pris une porte ne marchera pas. »

« C'est un lâche de Serpentard qui m'a fait ça. J'étais pas amis avec eux m'aingeal. Je n'avais rien à voir avec ces gens là, à part sans doute mon ambition, même si j'ai été un lâche de nombreuses années.»

Où je me laissais tabasser, ou j'étais incapable de leur répondre, ou je n'avais pas la force de répliquer, où j'ai failli me donner la mort un jour de grande détresse. Aujourd'hui je ne suis plus le même, aujourd'hui je sais me battre, et encore mieux depuis le mois de novembre où je m’entraîne auprès du Prince Iceni, mon ami.

J'attrape le bout de ses doigts et viens les éloigner de mon visage, inutile qu'on fasse le compte de mes cicatrices aujourd'hui, il y en aurait bien trop. Je garde ses doigts entre mes deux mains comme s'il était impossible que je la lâche, comme si c'était naturel. Je ne sais pas si elle a l'habitude de ce genre d'échange, de contact, mais pour moi c'est nouveau, c'est la première fois que j'ai ces besoins, d'autant plus qu'elle n'est même pas ma petite-amie.

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J'essaye de penser à Vic, de me dire que ce n'est pas mal ce que je fais, mais quelque chose me dit que ce n'est pas correct pour elle, pourtant c'est plus fort que moi, c'est plus fort que tout. Si je ne l'embrasse pas ça devrait être bon non ? On ne fait rien de mal. J'ai déjà passé du temps avec Emy, pas qu'on était aussi tactile, mais on a déjà été proche, et c'était ok non ? Pourquoi ça ne serait pas pareil là ?

«Tu sais, c'est la vérité, je ne crois pas être quelqu'un de bien, c'est comme ça, tu n'y pourras rien. Te laisses pas influencer par ce que je peux dire ou faire parfois, je finis toujours par tout gâcher. Et te laisse pas influencer par ce que peuvent te dire mes sœurs, elles sont pas objectives, elles savent pas la moitié de qui je suis, même si je suis leur jumeau.»

Je joue avec ses doigts et les miens, je pourrai passer ma soirée à faire ça. Je me rends compte que je me sens extrême bien, comme si elle avait éteint tous les feux en moi. Je ne ressens plus ma colère et mon énervement habituel. Je me sens calme, en harmonie avec ce que je ressens, des choses positives pour une fois et c'est agréable, addictif.

Et toutes les bonnes choses ont une fin, évidemment. Mes sœurs arrivent, je vois immédiatement leur regard se poser sur nos mains, que je lâche instinctivement. Je sais que c'est une connerie, je sais que ce n'est pas bien, même si j'essaye de m'en persuader.

« Jared ? Clary ? Est-ce que vous... »

Je grogne, un son guttural sort de ma gorge alors que j'ai la bouche fermée. Un son qui fait dresser les poils de mes sœurs, et qui empêche Eireann de finir sa phrase, un son qui fait frémir l'air autour de nous. On pourrait croire que mes sœurs ont toujours le dessus sur moi, parce qu'elles sont capable de me calmer et de me gérer, et parce que je suis né prématurément, que j'étais le plus fragile, celui qui aurait du mourir. Mais de nous trois, c'est moi qui est l'autorité naturelle sur elles. Et quand ce genre de son traverse mes cordes vocales, elles savent, elle comprennent. J'ignore pourquoi il est sorti aussi sévère que ça. Peut-être parce qu'elle allait dire une connerie, parce qu'elles viennent déranger ce moment, parce que je voulais Clary que pour moi, que mon loup les corrige pour ce dérangement. Mes sœurs baissent leur yeux, comme prises en défaut.

« On ne faisait que prendre l'air et j'avais un truc à lui demander. Et j'ai eu ma réponse donc j'ai plus rien à lui dire.»

Je passe entre mes sœurs et quitte le balcon pour aller me chercher un verre. Je me sens mal, je me sens mal d'avoir répondu comme ça, comme si j'avais utilisé Clarissa, comme si je n'avais plus besoin d'elle, comme si tout ce qu'on venait de vivre n'était rien. Et je me sens mal car chaque pas qui m'éloignent d'elle m'étouffent. Je me sens mal, car la colère reprend le dessus, et tous les sentiments que je ressens perpétuellement tous les jours. Tous ceux qui me font me sentir comme la merde que je suis et que je resterai. Je suis vraiment un lâche, elle a raison en fait. J'aurai du assumer, dire un truc à mes sœurs, et ne pas mentir comme je viens de le faire. Mais je leur aurai dit quoi ? On se voit en cachette, on passe du temps ensemble car on en crève d'envie, que quand on mange à la cafet on se tient la main sur la table ? mais on est pas ensemble ? Que j'aime Victoria et que tout ça ce n'est rien ? Est-ce que je l'aime d'ailleurs à Victoria ? Je ne me suis pas posé la question, je sais pas ce que c'est que d'aimer.

Est-que j'ai hâte de la retrouver ? Pas vraiment. Est-ce qu'elle me manque ? Jamais. Est-ce que c'est agréable d'être avec elle, ouais peut-être, comme quand je suis avec Emy, j'apprécie sa compagnie, même si Vic parle beaucoup et que ses questions sur les loups me dérangent. En fait, c'est comme si je roulais des pèles à Emy, il n'y aurait pas beaucoup de différence. Je serai là pour Vic comme je le serai pour Emy, même si c'est différent, car j'ai jamais essayé d'embrasser ou de coucher avec Emy. C'est Emy quoi. Et Vic c'est... ça doit devenir sérieux, peut-être que faire la pleine lune avec elle, peut-être que quand on aura été plus intime, peut-être que je n'aurai plus besoin de Clary. Le verre que je tiens dans ma main explose entre mes doigts, et m'entaille la peau par endroit, rien de bien grave.

« Un autre !» lancé-je énervé au serveur devant moi.

Je pose les deux mains sur la table et en tient le rebord que je serre, du sang coule sur la nappe blanche là où je me suis coupé. Je me retiens de soulever et balancer la table à cocktail plus loin. J'ai envie de tout envoyer chier, j'ai envie de péter la gueule à quelqu'un, au serveur là d'ailleurs qui ne me sert pas assez vite. Il me passe une serviette pour que je m'essuie probablement le sang, mais je la lui rebalance dessus.

« J'en ai pas besoin, sers moi plutôt !»

J'ai envie de me battre, de provoquer quelqu'un et de l’assommer sous mes coups. J'ai besoin de me défouler, de défoncer un lâche de Serpentard tient, pourquoi pas Scott-Rosier, grâce à Emy je sais où il habite maintenant, et si j'allais le voir ? Une bonne fois pour toute. J'ai envie d'enfoncer des crânes, de mordre quelqu'un, de mordre Scott-Rosier. Et rien qu'à cette idée, j'ai peur de moi-même, j'ai peur de l'état dans lequel je suis. J'ai envie de...

Je sens sa main se poser sur la mienne, je redresse aussitôt ma tête et croise son regard. J'ai pas l'impression qu'elle va me crier dessus, même si je sais que je viens de la vexer. On dirait qu'elle... compatis. Le contact de sa main sur la mienne me calme instantanément et elle le sait putain. Elle en est parfaitement consciente en cet instant.

« Lâche moi Clarissa, je n'ai pas besoin de toi.»

J'essaye de me soustraire, mais à l'inverse de tout à l'heure, c'est elle qui m'empêche cette fois de me retirer. Elle prend ma main ensanglantée et me tire de la pièce où se joue le bal. On monte des escaliers, traversons des couloirs, elle m'éloigne du monde, de la fête, on n'entend plus que ses talons sur le sol en pierre. Je finis par trouver cela amusant et la suis sans résistance, je pourrai la suivre en enfer si c'est là qu'elle m'amenait. Elle finit par essayer de pousser une immense porte, et je l'aide car elle se fait lourde, même pour une demi-vampire. On entre dans une grande bibliothèque, l'odeur des vieux livres nous envahi. Emily adorerait cet endroit. On est seulement éclairé par la nouvelle lune en déclin depuis deux jours à travers les immenses fenêtres. On s'en approche d'ailleurs, car en dessous il y a un canapé. Elle lâche ma main et regarde ses doigts. Ses doigts parsemés de mon sang. Elle les regarde comme si elle était hypnotisée. Je la regarde, et vois ses yeux changer de couleur, je n'ai pas peur, je ne suis pas repoussé, au contraire, je suis fasciné. Lentement, comme si elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle porte un de ses doigts ensanglanté à sa bouche, ses lèvres s’entrouvrent et elle viennent goûter mon sang. Mon cœur s'accélère. Putain de merde, je recule d'un pas. Mon ventre se creuse. Elle se tourne vers moi et s'excuse.

« Non ! Non ne t'inquiète pas, c'est rien, ça ne me dérange vraiment pas Clarissa. C'est juste que...»

Elle se confond en excuse, se trouve honteuse. Elle croit que ça me dégoûte, que je la répugne à cause de mon mouvement de recul. Mais il n'en est rien, je ne peux pas lui dire. Les mots ne sortent pas de ma bouche. Je ne peux pas lui dire que je trouve ça terriblement sexy. Au contraire... c'est excitant et je ne peux pas être excité, je ne peux pas, pour notre bien à tous les deux. Alors j'attrape ses avant bras pour la tourner vers moi. Mes yeux brillent d'un ambre en fusion, comme tout mon être, je brûle pour elle, ne le sent-elle pas ? Mes crocs apparaissent dans ma bouche.

« Je te dis que c'est rien. Tu ne m'as pas dégoûté m'aingeal. Tu es une demi-vampire, et je suis un loup-garou. Tu ne pourras jamais me dégoûter d'accord ? Ne soit jamais honteuse de qui tu es en face de moi.»

Je lui souris et lève ma main blessée vers elle.

« Tu en veux d'autre ou je peux m'essuyer ?»

Elle me frappe alors le bras et j'éclate de rire. Un rire qui me détend, un rire si sincère que j'en suis profondément heureux. Je ne m'arrête plus, et c'est pire quand je vois son air sur son visage, elle est aussi surprise que moi. J'ignore pourquoi, mais ça me plaît. Toute la colère, les envies de meurtre que je ressentais tout à l'heure, tout ça à disparu, pour des sentiments bien plus intenses et surtout nouveaux. La joie, le bonheur, je crois.

* Mon ange en Irlandais
:copyright:️ Justayne

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Jared Parkinson


«But I want to live and not just survive
That's why I can't love you in the dark »

KoalaVolant

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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le samedi 16 mars 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Magie sans baguette et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. Depuis quelques semaines, elle a fait la connaissance de Jared Parkinson qui ne la laisse pas indifférente ...

Stay where you are, don’t come any closer
« Pourtant m'aingeal, c'est toi qui es partie la première après la bibliothèque. Qui de nous deux est le plus lâche à ton avis ? »

Je tournais vivement le visage vers lui. D’une part, je ne m’attendais pas à une telle répartie de sa part. D’autre part, il osait me renvoyer au visage ma propre observation. Quel salaud. J’ouvris la bouche pour lui répondre (je n’étais clairement pas prête à le laisser avoir le dernier mot) cependant ce fut à ce moment-là que l’annonceur cria que la première danse allait débuter. Les personnes derrière nous nous poussèrent légèrement vers l’avant pour aller danser et je me cognais contre l’épaule de Jared. Mon regard croisa le sien. Devions-nous … ? Allions-nous … ? Une lueur de défi s’alluma alors dans mon regard : nous allions voir ce dont Jared était capable. Je ne serai en tout cas pas la plus lâche des deux pour ce jeu-là.

Je le laissais prendre ma main dans la sienne et retins mon souffle lorsque son autre main me rapprocha de lui, posée sur ma hanche. L’air sembla se raréfier un instant alors que je posais à mon tour mon autre main sur son épaule. Et puis, c’était comme goûter à un nouvel air, de l’oxygène à l’état pur. C’était comme si je trouvais enfin la partie qui me manquait pour que ma vie trouve un sens.

Son masque laissait entrevoir l’une de ses joues et je caressais de ma main sur son épaule son costume noir. Si celui de Newt était parfaitement ajusté, celui de Jared … c’était comme s’il était né pour porter des costumes. Jared était élégant. Dans son élément. A sa juste place. Pourtant, je pouvais sentir un léger malaise de sa part à l’idée de se retrouver dans ce genre d’événement. Or, il était là, dansant avec moi. Nous respirions le même air et, quelque part, j’entendais la petite voix dire que j’avais moi aussi trouvé ma place. Cependant, je n’étais pas encore prête à l’écouter.

« Visiblement, je crois qu'on est aussi lâche l'un que l'autre. » prononça Jared.

Mon regard croisa à nouveau le sien. Lisait-il dans mon esprit ? Ou parlait-il de cette folle attraction qui nous attirait irrémédiablement l’un vers l’autre ? Je me souvenais de m’être déjà interrogée la dernière fois à la bibliothèque : est-ce que Jared ressentait ce que je ressentais ? Ou faisait-il semblant ? C’était difficile à dire. Difficile car je voyais bien qu’il me touchait comme je le faisais. Avide, assoiffé, comme un drogué en manque. Mais il semblait se retenir, se brider. Comme moi. Et encore une fois, j’avais du mal à croire qu’il pouvait ressentir ce que je ressentais.

Je ne connaissais pas Jared. Même s’il m’avait semblé mystérieux et charmant au premier abord, je m’étais heurtée à un caractère froid, distant et vindicatif. S’il ressemblait à Mattéo, ce dernier ne m’avait jamais vraiment révélé son véritable visage. Jared … il ne cherchait pas à me dissimuler la partie sombre qu’il gardait au fond de lui. Au contraire, il semblait la mettre en avant pour me montrer à quel point il était quelqu’un d’horrible. Et jusque-là, cela fonctionnait assez bien. Mais alors, ce qu’il me resterait à découvrir, ne pouvait être que positif ?

Mon silence dut inquiéter Jared.

« Tu es étonnée que je ne te marche pas sur les pieds ? Je peux si tu veux, c'est ce que ferai un connard de Serpentard non après tout ? »

Je levais les yeux au ciel.

« Tu es vraiment le plus fidèle représentant de ta maison. » dis-je en essayant de retirer ma main de la sienne.

De toute manière, je n’arrivais pas à réfléchir de manière rationnelle quand j’étais près de lui. Mais Jared rattrapa aussitôt la mienne. Je ne résistais pas. Il ne voulait pas que je parte. Moi non plus.

« Oh non Clarissa Constance McGregor, tu ne vas pas encore te défiler. C'est pas toi qui veut me montrer que tu es une grande fille et que tu peux te défendre toute seule ? »

Je secouais la tête, agacée qu’il retourne mes propres mots contre moi. De plus, comment connaissait-il mon deuxième prénom ? Avait-il … avait-il fait des recherches sur moi ? Mais ce fut à ce moment-là qu’il se pencha vers moi pour murmurer contre à mon oreille.

« Et les grandes filles elles ne prennent pas la fuite. »

Je respirais son parfum et sa fameuse odeur de loup-garou. Tous mes sens de demi-vampire étaient en alerte. Il me rendait folle. Et j’étais certaine qu’il en jouait.

« Je ne prendrai pas la fuite, Jared. » répliquais-je d’un ton que je voulais menaçant, mais après que sa peau se soit trouvée aussi près de la mienne, ma voix n’était pas plus qu’un murmure.

Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. C’était simple, quand il était près de moi, je me sentais revivre. C’était comme une dose d’adrénaline, comme si sa présence réveillait mon cœur. Comme si j’avais été en sommeil depuis tout ce temps et qu’il était là pour réveiller tout pleins de sensations. J’avais envie de me rapprocher de lui. J’avais envie … de le goûter. Je pouvais sentir mes dents me faire mal. Je n’étais pas une vampire à part entière, elles ne pousseraient jamais pour mordre qui que ce soit. Mais c’était comme une tension à l’intérieur de ma mâchoire. Et ma gorge qui s’asséchait car tout mon corps réclamait du sang. Et pas n’importe lequel.

« Il... il va falloir qu'on... qu'on parle tous les deux, j'ai quelque chose à te demander ... »

Quelque chose à me demander ? Je fronçais les sourcils. De quoi pouvait-il s’agir ? La musique s’arrêta et de nouveaux couples se pressèrent pour prendre la place de ceux qui se séparaient. Mais ma main restait toujours dans celle de Jared, incapable de la lâcher. Cependant Newt apparut à côté de nous, deux verres dans les mains. Comme prise en flagrant délit, je m’écartais de Jared, me détachant de lui. Cette fois-ci, la soif que je ressentais au fond de ma gorge me fit l’effet d’une brûlure et un courant d’air glacé passa entre nous. C’était comme si les éléments étaient contrariés de notre séparation alors que je faisais de mon mieux pour ignorer les signes et reporter mon attention sur Newt.

« Oh génial, merci Newt ! » me réjouis-je.

Mais avant que je n’ai pu terminer ma phrase, Jared lui avait déjà pris les deux verres des mains. Était-ce pour nous laisser danser ? Non, pas de la part de Jared. Non, le loup-garou me faisait signe de le suivre. La discussion, il la voulait maintenant.

« Clarissa... » me dit-il.

Mais Newt commençait à paniquer en voyant que je risquais de lui échapper une nouvelle fois.

« Clarissa … » dit-il à son tour.

J’étais venue à cette soirée accompagnée de Newt et, une nouvelle fois, j’allais lui fausser compagnie. Car, je le savais, au plus profond de moi, le choix que j’allais faire. Je voulais de cette discussion avec Jared. Je voulais plus qu’une discussion mais pour l’instant c’était tout ce à quoi je pouvais réfléchir. Moi qui aimais anticiper, moi qui étais organisée et qui planifiais à l’avance, je me rendais compte que cette fois-ci, je restais volontairement dans le déni de savoir de quoi après serait fait.

« Je suis désolée, Newt. » dis-je en posant une main sur son épaule. « Je dois m’entretenir avec Jared … d’un sujet important. »

Ce n’était pas un mensonge car la discussion était pour moi un sujet important même si aux yeux des autres, et sans doute de ceux de Newt, ça ne l’était probablement pas.

« Va te prendre un autre verre et réserve-moi une danse. »

Je lui lançais un clin d’œil avec un sourire désolé avant de suivre Jared. Le plus surprenant cependant, c’était que je ne me sentais absolument pas coupable. Je savais que j’avais fait le bon choix. Au plus profond de moi, je le savais. Même si Jared se mit à rire en voyant la tête de Newt.

« Ce n’est pas drôle, Parkinson. Tu as intérêt à faire vite. » l’avertissais-je.
« Faire vite ? Alors toi tu es comme ça ? Parce que d'habitude les filles me demandent d'être plus... »
« Si tu termines cette phrase, je te jure que tu vas goûter à ma façon de me défendre toute seule. »

Jared ne rangea pas son petit sourire mais il eut le mérite de ne plus parler. Je l’attrapais alors par le bras, histoire de nous extirper au plus vite de cette foule qui nous empêchait d’avoir une discussion tranquille et honnête que j’espérais. On traversa le hall d’entrée où quelques sorciers et sorcières se promenaient avant de trouver un balcon vide de l’autre côté. Je lâchais le bras de Jared en arrivant près de la rambarde qui n’était pas sans me rappeler le décor de certains romans historiques que je lisais.

Je tournais la tête vers Jared, bras croisés sur la poitrine, attendant de lui qu’il initie la conversation. Après tout, c’était lui qui avait réclamé qu’on parle seul à seul et je comptais bien lui accorder le privilège de commencer, histoire de voir dans quelle direction il voulait se lancer. Mais en me tournant vers lui, il me tendit le deuxième verre. Je soupirais.

« Non, merci. »
« Parfait alors. Plus pour moi. »

De la même manière qu’il avait bu son premier verre, il renversa la tête en arrière pour le boire cul sec et jeta les deux verres par-dessus la rambarde. J’ouvris la bouche, prête à lui faire des remontrances mais il me coupa la parole avant que je n’ai pu prononcer le moindre mot.

« Quoi ? T'as déjà une idée précise du lâche de Serpentard que je suis, pourquoi je ferai des efforts pour te prouver le contraire. » cracha-t-il, comme s’il prenait un malin plaisir à jouer à ça.

Il était vraiment impossible. Alors quoi ? Sa discussion, notre discussion allait se résumer à une flopée d’insultes. Ma main se leva instantanément pour le gifler mais il la rattrapa sans mal en plein vol. Saleté de loup-garou !

« T’es vraiment qu’un sale con. » répliquais-je.

Pourtant, ma main dans la sienne se détendit et je me détestais soudain pour ressentir ça. Il était infect et pourtant je brûlais de sentir davantage son contact avec ma peau. Qu’est-ce que cela disait de moi ?

« C'est toi qui as commencé Clarissa, avec l'attaque sur ma maison à Poudlard. »
« Et c’est toi qui m’as dit que tu étais un connard et que je devais te fuir. »

Jared relâcha ma main et se passa la sienne dans ses cheveux. Je savais que j’avais marqué un point et que je l’avais pris au dépourvu. A nouveau, je croisais les bras sur ma poitrine et haussais les sourcils. Voilà de quel bois je me chauffais, Jared Parkinson. Pourtant, en le voyant faire ce geste avec les cheveux, je sentais à nouveau cette chaleur familière me poussait à l’aider à arranger ses cheveux.

« Ok d'accord d'accord tu marques un point. » dit-il, agacé. « C'est bon tu as gagné. Je suis qui tu veux que je sois, si ça peut te faire plaisir. De toute façon, quoi que je fasse, j'ai l'impression que rien ne te fera changer d'avis. »
« Tu ne me connais pas, Jared, et à part si tu es un très mauvais Légilimens, tu ne sais pas ce que je pense de toi. »

Un très mauvais Légilimens car il n’arrivait pas à saisir toutes mes pensées de toute évidence. Même si parfois cela concordait, il était carrément à côté de la plaque.

Ne l’étais-je pas un peu moi aussi ?

Jared fit un pas vers moi et je reculais instinctivement, mon dos rencontrant le montant du balcon. Je ne voulais pas lui montrer qu’il me faisait peur mais mes instincts de vampire me faisaient toujours réagir ainsi face à un loup-garou. Mais Jared ne me faisait pas peur. Je n’avais pas peur de lui, même si le fait de ne pouvoir anticiper ses mouvements me déstabilisait. J’étais face à l’inconnu.

« Écoute putain je parle trop, je parle jamais de tout ça, je sais pas pourquoi je te dis ça, t'en a rien à foutre de toute façon, je suis personne. Mais y'a un truc putain, enfin on s'en fout. Je veux juste te poser une question. »

Je fronçais les sourcils, peu certaine de suivre tout le cheminement de sa pensée. Tout ce que je savais, c’était qu’il était confus. De la même façon que je l’étais moi aussi. Ses doigts vinrent alors caresser mes joues avant de retirer lentement mon masque. J’ignorais pourquoi mais je retins ma respiration. J’avais envie de fermer les yeux et de le laisser me toucher comme il le voulait. C’était incroyable de ressentir autant d’attirance pour un être comme lui. Tout en lui aurait du me rebuter, de son espèce jusqu’à son caractère de merde. Mais c’était justement tout ça qui m’attirait à présent. Il était un loup-garou, il avait un caractère de merde et son contact était une délivrance pour moi.

Je le voulais. C’était une évidence.

« L'autre jour, tu as dit que tu n'étais pas certaine d'être OK avec tout ça. » dit-il d’une voix bien plus douce qu’auparavant. « Et c'est pour ça que je ne me suis pas montré quand tu dansais à l'UMS. Pour respecter ta parole. C'est toi qui es partie, me faisant bien comprendre et voir que tu ne voulais pas que je te raccompagne. »

J’avais l’impression de recevoir un pieu en bois en plein cœur alors qu’il me renvoyait mes propres mots. Oui, je n’avais pas voulu qu’il me raccompagne. Oui, je l’avais fui. Oui, j’avais mis de la distance. Oui, c’était moi.

« Mais maintenant … » reprit-il. « … tu as dû réfléchir non ? Répond juste à cette question, soit honnête d'accord, et je te promets que selon la réponse, je te foutrai vraiment la paix et on en aura fini avec tout ça comme tu dis. »

Mon cœur battait la chamade.

« Est-ce que tu es OK avec tout ça maintenant ? »

Est-ce qu’il tiendrait vraiment sa promesse ? Est-ce qu’il s’en irait et me foutrait la paix comme il disait ? Mais, moi, est-ce que je pourrais passer à autre chose ? N’était-il pas déjà trop tard pour tout arrêter ? Les picotements dans ma nuque quand il approchait de moi, la brûlure dans ma gorge quand il respirait le même air que moi, la chaleur de ma peau quand il posait les doigts sur moi. Pouvais-je vraiment retourner à ma petite vie après avoir commencé à ressentir tout ça ? Le voulais-je seulement ?

Ma main se leva, mais pas pour le gifler cette fois-ci. Mes doigts se posèrent sur sa joue, du côté où son masque n’était pas. Sa peau était à nu et je me délectais de pouvoir toucher son visage. Je posais complètement ma paume sur sa joue rèche. Il ferma les yeux à mon contact et je croyais n’avoir jamais vu quelque chose d’aussi doux à cet instant. Je ressentais encore plus de sensations que lorsque Mattéo m’avait embrassé pour la première fois. Avec Jared, rien qu’un frôlement provoquait une tempête en moi. Rien que de le voir fermer les yeux accélérait les battements de mon cœur.

Mes doigts passèrent alors sous son masque et remontèrent pour caresser ses tempes, son front. Ils suivirent la courbe de son sourcil et même d’une cicatrice. Celle que j’avais remarqué qu’il avait au-dessus de l’œil gauche.

« D’où vient-elle ? » demandais-je d’une voix pas plus forte qu’un murmure.

Comme si je craignais qu’on m’entende, alors qu’il n’y avait personne autour de nous. Nous avions le balcon pour nous seuls.

« C'est un lâche de Serpentard qui m'a fait ça. » dit-il en rouvrant les yeux. « J'étais pas amis avec eux m'aingeal. Je n'avais rien à voir avec ces gens-là, à part sans doute mon ambition, même si j'ai été un lâche de nombreuses années. »

J’intégrais ses paroles, essayant d’imaginer quelle personne il était autrefois. La vérité était que je me souvenais à peine de lui. A Poudlard, j’avais mes amis, ma famille. Nous étions un groupe et ceux qui n’en faisaient pas partis passaient sous mon radar. J’avais mon petit monde autour de moi et les autres n’existaient pas. Mais à présent, mon monde était lentement en train de changer d’orbite.

Jared vint attraper le bout de mes doigts, les retirant de son visage mais ne les lâchant pas pour autant. J’ignorais si cela était trop pour lui. Peut-être ne voulait-il pas se confier trop vite ? Peut-être regrettait-il déjà de s’être confié ? Car je le savais, ce qu’il m’avait dit, était la vérité. Ce n’était pas un jeu. J’en étais certaine. Il était sincère. Tout comme quand il continuait de tenir mes doigts entre les siens.

« Tu sais, c'est la vérité, je ne crois pas être quelqu'un de bien, c'est comme ça, tu n'y pourras rien. Te laisses pas influencer par ce que je peux dire ou faire parfois, je finis toujours par tout gâcher. Et te laisse pas influencer par ce que peuvent te dire mes sœurs, elles sont pas objectives, elles savent pas la moitié de qui je suis, même si je suis leur jumeau. »
« Alors … qui te connait réellement ? » demandais-je dans un souffle.

Je comprenais qu’il ne soit pas d’accord avec certaines parties de sa vie. Je n’étais personne pour le juger sur cela. J’ignorais bien des choses sur Jared Parkinson. J’ignorais tout de ce qui le torturait intérieurement. Mais il était convaincu qu’il n’était pas quelqu’un d’assez bien pour être avec moi et ça, ça faisait toute la différence. Il le savait, il me repoussait mais il me voulait. Tout comme je savais que je risquais de souffrir à ses côtés autant que je savais que je brûlais de désir pour lui.

« Jared, je … »
« Jared ? Clary ? Est-ce que vous... »

Je m’interrompis aussi sec. Eireann et Alana venaient d’arriver mais avant qu’elles n’aient pu faire un quelconque autre commentaire, un son grave sortit de Jared. Un son qui prenait toute sa force de sa poitrine et qui firent baisser les yeux de ses sœurs, comme si elles avaient saisi l’avertissement. Surement un truc de loup car je regardais sans comprendre la scène qui se déroulait sous mes yeux. Jared lâcha aussitôt après mes mains et j’essayais de ne pas paraître une nouvelle fois vexée.

« On ne faisait que prendre l'air et j'avais un truc à lui demander. Et j'ai eu ma réponse donc j'ai plus rien à lui dire. »

Sa voix était dénuée d’émotions et il s’éclipsa aussitôt, forçant le passage entre ses sœurs pour quitter au plus vite le balcon. Lâche, pensais-je pour moi-même. Je n’étais guère mieux cependant comme il me l’avait fait remarquer plus tôt. Aussi, comme si je me sentais coupable de mes propres pensées, je baissais la tête.

« Est-ce que … » commença Alana.
« … tout va bien ? » compléta Eireann.
« Tout va bien. » répondis-je.

Je relevais les yeux vers elle avec un sourire que j’espérais être sincère. Je récupérais mon masque que Jared avait posé sur la rambarde et le triturais avec mes doigts. Qu’étais-je censée faire à présent ? Newt devait m’attendre pour la danse que je lui avais promise. Mais je n’avais aucune envie d’aller retrouver Newt. Je le sentais. Je sentais quelque chose. Je devais aller le voir.

« Excusez-moi. » dis-je en me glissant entre les deux sœurs de la même manière que Jared l’avait fait quelques instants plus tôt.

Je me moquais bien de ce que pouvaient penser Alana et Eireann. Tout ce que je voulais c’était le retrouver, lui. Je jetais un coup d’œil dans le hall d’entrée avant de retourner dans la salle de bal. Je baissais la tête pour éviter de rencontrer le regard de Newt et portais le bas de ma robe alors que je venais d’apercevoir les cheveux noirs de jais de Jared. Il était près de la table à cocktail et de là où j’étais je voyais son sang tâcher la nappe blanche. Que s’était-il passé ?

« J'en ai pas besoin, sers moi plutôt ! » s’énervait Jared sur l’un des serveurs qui avait voulu lui passer une serviette pour essuyer le sang qui gouttait.
« Jared » dis-je en posant une main sur son épaule.

J’attrapais alors sa main dans la mienne alors qu’il se retournait vers moi. Il était surpris et en même temps, lorsqu’il croisa mon regard, je sentis toute sa colère et sa tension retomber immédiatement. Était-ce moi qui provoquais ça ? Était-ce lui qui provoquait ce frisson qui remontait le long de ma colonne vertébrale quand je le touchais ?

« Lâche moi Clarissa, je n'ai pas besoin de toi. »

Je secouais la tête.

« Suis-moi. » dis-je en l’attirant vers moi.

Nous n’allions pas rester ici alors que les regards étaient braqués sur nous. Je n’avais pas remis mon masque et je détestais être à la vue de tout le monde dans ces conditions. Tout à l’heure, alors que mon masque cachait mon visage, j’avais apprécié de métamorphoser ma robe sous les yeux ébahis des danseurs. Mais à cet instant, je me sentais vulnérable. Nous étions les seuls non-masqués et j’ignorais qui nous regardait et ce qu’ils pouvaient penser.

Heureusement, Jared n’opposa pas spécialement de résistance lorsque je le guidais en-dehors de la salle de bal puis dans les escaliers. Le manoir avait l’air immense. Pas autant que Poudlard ou l’UMS, mais il était en tout cas bien plus grand que ma maison. Je traversais quelques couloirs avant de trouver une porte qui m’attirait. Lourde, en bois, Jared m’aida pour l’ouvrir. A l’intérieur, il n’y avait aucune lumière ni chandelle d’allumée. En revanche, la lune éclairait faiblement la pièce par la grande fenêtre. La pièce était en réalité une bibliothèque et je respirais l’odeur des vieux livres qui envahissait l’endroit. Je refermais la porte derrière nous, espérant que nous ne serons pas dérangés. Jared n’avait pas besoin de coups d’œil curieux et, à dire vrai, moi non plus.

Un canapé était installé sous la fenêtre et je m’en approchais, relâchant la main de Jared. Une brûlure familière me prit à la gorge et mon odorat me poussa à regarder ma main. Le sang de Jared s’étalait sur mes doigts et à cette vue, je me sentis partir. Je n’étais qu’une demi-vampire mais le sang faisait partir de mon régime alimentaire depuis ma naissance. Je savais que mes yeux avaient changé de couleur et mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je voulais le goûter. Juste une goutte. Juste une.

Lorsque je repris pied, le sang coulant dans ma gorge, je me souvins que je n’étais pas seule. Ma respiration s’accéléra et je reculais d’un pas en même temps que Jared.

« Merde, je … je suis désolée. » balbutiais-je. « Je ne voulais pas te choquer, je … »
« Non ! Non ne t'inquiète pas, c'est rien, ça ne me dérange vraiment pas Clarissa. C'est juste que...»
« Je suis désolée. T’es un loup-garou, tu dois sans doute me trouver immonde. »

Je fis une grimace, essayant de ne pas regarder ma main que j’aurai bien aimé finir de nettoyer. Les loups-garous détestaient les vampires, en particulier parce qu’on buvait le sang de nos victimes. Jared n’était pas ma victime mais celui que je désirais. Et son sang … Rien qu’au gout sur ma langue, je sentais mon cœur tambouriner davantage. Je n’avais jamais rien goûté de pareil. Je n’avais jamais autant désiré boire du sang avant. Le sang de Jared était spécial. Parce qu’il était un loup-garou ? Ou parce qu’il était juste Jared ?

« Je suis navrée, je n’aurai jamais du faire ça devant toi. Je ne voulais pas te … je suis désolée, Jared. »

Je venais peut-être de tout gâcher. Quelques heures auparavant, j’aurai dit que ça n’avait pas d’importance. Mais après ses mots sur le balcon, je ne voulais pas que ça se termine comme ça. Je fus surprise cependant quand il posa ses mains sur mes bras pour me tourner vers lui. Je frissonnais une nouvelle fois. Son contact, le fait d’avoir goûté son sang. Tout ça me rendait folle. Je regardais ses lèvres puis ses yeux, légèrement ambrés désormais. Ses sens de loup s’étaient-ils mis en alerte ? Allait-il me mordre pour ce que je lui avais fait ?

« Je te dis que c'est rien. Tu ne m'as pas dégoûté m'aingeal. Tu es une demi-vampire, et je suis un loup-garou. Tu ne pourras jamais me dégoûter d'accord ? Ne soit jamais honteuse de qui tu es en face de moi. »

Je déglutis et examinais chaque centimètre de son visage. Il était vraiment sincère. Je ne le dégoûtais pas ? N’avait-il pas peur de moi ? De ce que j’étais ? De ce que je représentais ? Un sourire se dessina sur son visage alors qu’il levait sa main ensanglantée vers moi.

« Tu en veux d'autre ou je peux m'essuyer ? »

Mon hoquet de surprise se transforma en colère puis en rire. Je lui donnais un coup dans le bras pour la forme.

« Espèce de salaud ! » lâchais-je avant de rire un bon coup.

Lui aussi se mit à rire et je le regardais comme le redécouvrant. Il était incroyable. Il riait. Il était presque entièrement détendu. Nous étions dans la bibliothèque d’un inconnu, seulement éclairés par la lune qui décroissait, je venais de boire son sang et il riait. Il riait de manière simple. Je réussis à retrouver mon calme et à pousser un long soupir.

« Je n’avais jamais rencontré quelqu’un comme toi avant. » avouais-je. « Je n’avais jamais parlé à un loup-garou qui ne soit pas dégoûté rien que par ce que je suis. »

Je souris, un peu amusée.

« Mais surtout … »

Je perdis mon sourire et mon souffle se bloqua dans ma gorge en le regardant.

« … je n’avais jamais ressenti ce que je ressens pour qui que ce soit d’autre. Alors, oui … je suis ok avec tout ça. »

J’en voulais plus. Je voulais comprendre ce qui m’attirait autant chez lui. Je voulais le sentir. Je voulais le toucher. Je fis un pas dans sa direction et il ne se déroba pas. Je voulais toucher encore son visage. Je voulais toucher ses bras. Je voulais toucher ses lèvres. Je voulais l’embrasser. Juste voir ce que ça faisait. Ma main frôla la sienne et je sentis mon cœur s’emballer.

« Mais … j’aimerais bien que tu soignes ta main à présent. » lâchais-je dans un rire.

Je fermais les yeux le temps qu’il fasse le nécessaire. En tant que loup-garou, il devait avoir la capacité de guérir plus rapidement que les autres créatures. Et en tant que jeune Médicomage, il devait connaître quelques sortilèges rapides pour mettre un bandage sur sa blessure en attendant. Je me forçais à respirer par la bouche jusqu’à ce que je sente ses doigts à nouveau sur mon bras.

« Jared … » soufflais-je.

Je n’ouvrais toujours pas les yeux. Allait-il m’embrasser ? Mes doigts jouaient avec les siens et je remontais le long de son bras. Je le sentis faire un pas vers moi et je me penchais légèrement en avant. D’abord nos cheveux se frôlèrent et je vins alors coller mon front contre le sien. Mes doigts étaient à présent remontés au niveau de son épaule et s’y accrochèrent. Je le voulais, je le désirais.

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Je fis un pas vers lui mais je le sentis à ce moment-là se dérober de mon emprise. J’ouvris les yeux et vis qu’il s’était éloigné pour regarder l’étalage de livres. J’avais l’impression d’avoir fait un tour de montagnes russes et que le manège s’était interrompu d’un seul coup sans prévenir. J’étais frustrée. Et je voulais lui faire ressentir. Mais Jared ne me regardait pas. Peut-être voulait-il qu’on prenne notre temps ? Peut-être que c’était trop tout d’un coup ?

Je tentais de reprendre une respiration plus normale, plus apaisée pour calmer mes ardeurs. Je savais que mes yeux avaient désormais repris leur couleur normale, noisette. Je baissais alors la tête et croisais les bras derrière mon dos.

« Je … je vais y retourner. Newt doit m’attendre et … je lui dois une danse. »

Je fis demi-tour et la main sur la porte, j’écoutais la réponse de Jared à mon encontre. Un demi-sourire se forma sur mes lèvres alors que je le regardais une dernière fois. Il restait obstinément le regard dans les livres et je quittais alors la pièce.

Je retrouvais Newt alors au milieu des escaliers.

« Où étais-tu ? » me demanda-t-il.
« Juste … envie d’être un peu seule. » dis-je en passant une main dans mes cheveux.

Newt se mordit la lèvre et je me doutais qu’il n’était pas dupe. Je croisais les doigts pour que Jared ne m’ait pas suivi trop vite. J’ignorais pourquoi je pensais ça d’ailleurs. Newt n’était qu’un ami après tout. Mais peut-être que je souhaitais que Jared soit mon jardin secret. C’était étrange parce que quand Mattéo avait commencé à s’intéresser à moi, j’avais voulu le chanter à la terre entière. Mais là, pour Jared, je voulais faire les choses tranquillement et … qu’entre nous.

« Tu … tu veux peut-être rentrer ? » demanda-t-il.
« Oui. J’avoue que les examens de ce matin m’ont fatigué. »

Newt hocha la tête. Il était déçu. Mais il était poli, et courtois. Il me tendit alors son bras, me proposant de me raccompagner. Je passais mon bras autour du sien et finis de descendre les marches en sa compagnie. Revenus dans le hall, je jetais un coup d’œil dans l’escalier derrière moi. Mais Jared n’était pas là.

@ Victoire


Dernière édition par Clary C. McGregor le Mer 25 Oct - 23:36, édité 1 fois

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Clarissa McGregor

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Stay where you are, don’t come any closerAvec Clarissa McGregorSamedi 16 Mars 2002

« Espèce de salaud ! »
« C'est ce que je te dis depuis le début !»

Son rire déclenche à nouveau le mien. Je ne comprends pas comment elle s'y prend, je n'ai jamais été aussi détendu avec quelqu'un depuis... depuis toujours en fait. Je retrouve mon calme avec elle, mais continue de lui sourire.

« Je n’avais jamais rencontré quelqu’un comme toi avant. »
« Tu m'étonnes...»
« Je n’avais jamais parlé à un loup-garou qui ne soit pas dégoûté rien que par ce que je suis. »

Je relève mes yeux sur elle et aperçois son sourire mutin.

« Je me demande bien qui pourrait bien être l'idiot qui serait dégoûté par toi m'aingeal »
« Mais surtout … »

Son sourire disparaît et je suis de suite en alerte, inquiet. Je regarde ses lèvres, j'entends son souffle court, ce qui m'angoisse encore plus. Est-ce qu'elle va bien ?

« … je n’avais jamais ressenti ce que je ressens pour qui que ce soit d’autre. Alors, oui … je suis ok avec tout ça. »

Mon cœur fait une embardé, il cesse de battre quelques secondes puis accélère très vite. Elle a répondu à ma question. Elle a décidé qu'elle était OK avec ça, avec...nous. Cet étrange nous, car nous ne sommes pas véritablement ensemble. Le voudrait-elle ? Non, non c'est impossible, pas avec tout ce que je lui ai dit sur moi, pas après l'avoir autant repoussé et agacé que je l'ai fait. Pourtant elle avance d'un pas vers moi, et tout mon corps l'accepte, je ne recule pas. Bien au contraire, j'en voudrai plus, plus qu'un simple pas. Je voudrai plus mais je suis bien trop loyal, bien trop fidèle, même à une femme qui ne me fait pas ressentir le centième que me fait ressentir Clary. Sa main frôle la mienne et mon corps s'embrasse. J'aimerai entrelacer nos doigts, celer nos bouches. Putain j'en crève d'envie que ça en est physiquement douloureux.

« Mais … j’aimerais bien que tu soignes ta main à présent. »

Soulagé, je suis soulagé et reviens dans le présent avec sa requête. Je racle ma gorge.

« Heu ouais, ouais bien sûr, excuse moi. »

En quelques mouvements de doigts au dessus de ma main blessée, j'applique un bandage le temps que ma plaie cicatrise naturellement, inutile d'user de la magie pour si peu. Je la regarde, elle a les yeux fermés, putain qu'elle est belle. Je prends une longue inspiration silencieuse et expire tout aussi doucement, pour canaliser le loup en moi, et pas que le loup, l'homme aussi. Je ne peux m'empêcher de la toucher encore, une de mes mains arrive directement sur son bras, comme pour lui faire ouvrir les yeux, ce qu'elle ne fait pas pour mon plus grand désarroi.

« Jared … »

Ses doigts remontent sur ma peau, c'est la première fois qu'elle le fait de cette manière là. Mon cœur bat si vite que je pourrai en faire un malaise. Je me rapproche d'elle, je suis à deux doigts d'être un petit ami infidèle. Mais quelle image aurait-elle de moi si je l'embrassais maintenant ? Un autre connard. Je sais qu'elle n'est pas au courant pour moi et Victoria, mais ce n'est pas une raison, elle pourrait l'apprendre. Pour le moment on ne fait rien de mal n'est-ce pas ? Je veux dire, on a un lien particulier c'est tout. Un lien qu'on ne comprend pas certes, on ne fait que se tenir la main et avoir quelques contact, rien de plus. Après tout, Emy est toujours comme ça aussi, à grimper sur mon dos, prendre mon bras de force dans la rue, elle me triture sans cesse pour m'agacer. Elle le fait exprès, et elle a de la chance que je l'aime, sinon elle aurait perdu ses deux bras depuis bien longtemps. Avec Clary c'est pareil, sauf que ce n'est pas du tout désagréable, au contraire.

Son front se colle au mien, il suffit de quelques centimètres pour saisir ses lèvres. C'est une vrai torture mentale. Putain ! Je peux pas, je peux pas l'embrasser, même si j'ai l'impression que c'est ce qu'elle souhaite. Son langage corporel est clair. Mais Clarissa n'est pas la fille qu'on cache, Clarissa ne mérite pas d'être juste une roue de secours. Vic ne mérite pas non plus d'être trompée. Toutes les deux ne me méritent pas, elles devraient avoir un gars bien dans leur vie, un gars qui les respectent, j'ignore ce qu'elles me trouvent, j'ai rien de bien, rien de bon pour elles. Quel respect j'aurai pour Clary si j'échangeais un baiser, sachant que je suis lié à quelqu'un d'autre ? Je suis un vrai salaud, mais ça je peux pas putain. Je voudrai pouvoir l'embrasser libre, célibataire. Mais elle et moi ce n'est pas possible n'est-ce pas ? Mon père... c'est une demi-vampire. Et puis même, elle est trop bien pour moi. Je lui transmettrai toute ma noirceur, je ne peux pas imposer ça à cette fille si lumineuse.

Ses doigts s’agrippent à mes épaules et elle avance d'un pas. Je sens que je vais craquer, alors je me recule et me dérobe de son emprise. Jamais, jamais quelqu'un m'a fait autant d'effet. Personne ne m'a jamais fait ressentir toutes ces émotions. Je m'éloigne d'elle et lui tourne le dos, je me dirige vers la bibliothèque et fais mine de regarder les livres. Mais j'en ai rien à branler des livres, c'est elle que je veux. Je suis incapable de prononcer un mot. Je devrai lui avouer pour Vic, je devrai lui dire que je suis en couple, mais j'ai peur putain, j'ai peur qu'elle me repousse si elle l'apprend, que je la dégoûte, et j'pourrai en crever, de plus la voir, de plus la toucher, de plus la désirer. Je m'accroche sur le rebord d'une étagère, je sens toute la tension dans mon corps, mes yeux virent au ambre, mes crocs poussent et mes griffes s'enfoncent dans le bois. Manifestement mon loup est furieux contre moi et mes décisions à la con. Je donne toute mon énergie pour le contrôler, le canaliser.

« Je … je vais y retourner. Newt doit m’attendre et … je lui dois une danse. »

Je racle une nouvelle fois ma gorge, essayant de calmer mes hardeurs et ma mutation, je n'avais jamais autant perdu le contrôle en public. Il ne faut pas qu'elle voit ça. Je reste donc le dos tourné quand je lui réponds.

« Ok, oui, tu ferais mieux de retrouver Newt. Passe une bonne soirée Clarissa. »

Chaque mot prononcés sont comme de l'acide dans ma bouche. Je ne le pense pas une seconde, je ne veux pas qu'elle retourne vers ce guignol au bal. Je veux qu'elle reste à mes côtés. Mais qui je serai pour la retenir et ne pas lui donner ce qu'elle souhaite ? Il faut que je vois Vic, il faut que je la quitte, je ne peux plus vivre comme ça. Clarissa mérite que je sois disponible, que je nous donne une chance. Oui voilà. Je vais aller voir Vic et rompre ! On doit se voir pour la pleine lune dans quelques jours...

J'entends la poignée de la porte grincer et les talons de Clary s'éloigner de la salle. D'un revers de main j'envoie balader une étagère entière de livres. Il faut que je me casse d'ici et je ne peux pas repasser par l'entrée principale. Je me dirige alors vers les fenêtres de la pièce, j'en ouvre une et grimpe sur le montant avant de sauter quelques mètres plus bas dans les graviers, après une roulade je me relève et je transplane à l'appartement.

Je fouille dans un tiroir et déchire un bout de parchemin, puis gribouille le bout de papier que « Je suis rentré à l'appartement. Jared. » Je plis le mot et d'un mouvement de poignet le fait disparaître pour qu'il apparaisse à l'une de mes sœurs encore au bal, pour les prévenir. Demain elles vont probablement me passer un savon, mais je m'en fous. Là tout ce que je veux, c'est un bon vieux joint. Je sais que je devrai jeter tout l'aconit que je possède une bonne fois pour toute, mais y'a toujours une putain d'occasion de merde pour m'en rouler un. Et ce soir j'en ai besoin d'un, ou de deux, ou de trois, j'en ai strictement rien à foutre, il faut juste que je l'oublie, ce soir.

Dimanche 24 Mars 2002

16h -

Je suis rentré d'Irlande il y a quelques heures. Mon père avait invité Vic, son père et son compagnon. J'ignorai qu'ils se connaissaient en fait. Ainsi donc, toute ma famille, mon père, ma mère, mes sœurs ont rencontré officiellement ma petite amie. Évidemment ils sont tous conquis et ravis, surtout mon père. Je ne compte pas le nombre de fois où il m'a glissé un clin d’œil, un hochement de tête d'approbation, comme si ce connard me donnait sa bénédiction. Je sais que je suis sortis avec Vic pour cette raison en particulier, pour que mon père me foute la paix, qu'il valide enfin un de mes choix. Mais en fait, ça m'a foutu encore plus en rogne. Ça ne m'a fait ni du bien, ni rendu fier. Je voulais rompre avec Victoria, mais tout le monde la connaît maintenant, ils l'aiment tous, on dirait qu'ils pensent qu'on va se marier et enfanter dans l'année, putain mais c'est quoi cet engouement tout d'un coup ? J'ai failli à de nombreuses reprises dire que je ne suis pas amoureux de Vic, que nous deux c'est une erreur, mais elle avait l'air tellement heureuse... elle était si contente à mes côtés alors que je n'ai pas montré le moindre geste d'affection, jusqu'à... jusqu'à ce qu'on couche ensemble.

Ce n'était pas prévu. On dormait ensemble, car mes parents ont insisté pour qu'ils restent tous dormir. On était là, allongé sur mon lit, alors que les parents et mes sœurs étaient partis visiter Galway au petit matin. Je réfléchissais à la manière de parler à Vic, de lui dire que nous deux c'était terminé, mais en me tournant vers elle, elle s'est aussi tournée vers moi, faisant glisser sa main sous mon t-shirt. Elle « était prête », prête à quoi ? A rompre ? Mais non, elle était prête à passer à l'étape supérieure avec moi. Pourquoi maintenant putain ? Elle m'a embrassé et... j'ai répondu à son baiser. J'étais nerveux, je ne voulais pas la repousser, pas alors qu'elle était aussi vulnérable dans mes bras. Et heureuse aussi de ce court week end. Elle avait décidé de me faire confiance, alors que je savais ce qu'elle avait vécu comme première expérience. Elle était prête « pour moi. ». L'angoisse totale. J'étais pas vraiment le bon mec à qui faire confiance, mais c'était trop tard pour le lui dire. En la regardant, je ne voulais pas l'humilier en la repoussant, et puis je me suis dit que peut-être c'est ce dont j'avais besoin, d'un contact charnel, plus physique, d'une union entre nous pour faire naître l'amour. Mes parents étaient si détendus, Victoria aussi. Je me suis dit que pour une fois, je pouvais rendre mes proches heureux et ne pas les décevoir en laissant une chance à notre couple, et puis une fois lancé, ses lèvres contre les miennes, ses mains un peu baladeuses, je n'ai pas pu m'arrêter.

Je tire sur mes cheveux alors que je tourne en rond dans ma chambre sur Druid's Oak. Je ne peux plus rompre maintenant ! Putain mais quel con. Je me sens si mal. Je me roule à nouveau un joint que je porte rapidement à ma bouche pour tirer fort dessus. Ça me tabasse littéralement les tempes tellement que l'aconit tue loup monte vite au cerveau, je ne l'ai même pas coupé avec du tabac. Quel espèce d'enfoiré je serai si je me pointais pour lui dire que tout est finit, juste après avoir couché avec elle ? Même moi je peux pas. C'était sa première fois en plus. PAS LA MIENNE. Et je n'ai rien ressenti, je veux dire, pas plus que quand j'ai couché avec Aliocha. Ouais c'était chouette, pour assouvir un besoin purement physique, mais y'a rien eu de plus, aucun déclencheur, aucun amour passionnel comme j'aurai pu l'imaginer. Et la seule chose à laquelle j'ai pensé, c'est Clarissa. Putain de merde ! Je tire une nouvelle fois très fort sur mon joint et rejette la fumée par ma petite fenêtre ouverte. Mes mains tremblent, je me sens vraiment comme une merde, je me sens vraiment nul, tellement minable...

Je n'ai pas revu la jeune rousse depuis le bal, depuis 8 jours, et ça me semble une éternité. Je pensais que quand j'allais la revoir, je serai libéré de Victoira, mais non, c'est pire maintenant. Je me sens redevable, je me sens muselé. Je sais que j'ai jamais été tendre avec les filles, que je les ai toujours jeté après avoir couché avec elles, mais c'était des histoires sans lendemain, c'était pour le sexe, pas pour les sentiments. Et puis que dirait Bleddyn ? En plus, j'ai promis à Vic que je serai là pour la prochaine pleine lune, et maintenant mes parents en sont témoins... je peux pas la larguer à la pleine lune, si ? Si ? Non... Non putain non...

Il faut que je sorte, que je fasse un truc avant de péter un câble ou de péter un mur. Mes sœurs risquent aussi de me faire un interrogatoire en règle, elles en meurent d'envie depuis hier soir. Je les connais, et j'ai envie de m'éviter ça. Alors je traverse le salon, prend ma veste au vol sur le porte manteau et marmonne rapidement un « Je sors » et disparais avant qu'elles aient pu me poser une seule question. Je marche en finissant mon joint, sans vraiment me rendre compte où mes pas me mènent, jusqu'à ce que je sente une odeur particulière. En me rapprochant d'une bâtisse, je fais un truc de loup que je déteste, mais qui est parfois utile, je renifle un peu plus l'air, et je reconnais son parfum. C'est Clarissa, je sens le shampoing qu'elle utilise et que... j'adore. C'est trop, il faut que je la vois, tant pis, j'ai besoin d'elle, je sais qu'elle est la seule à pouvoir me calmer.

Je ne sais pas très bien si elle vit seule, il me semble avoir entendu mes sœurs dirent qu'elle était en colocation, mais j'ignore avec qui. Et je ne veux croiser personne, je sais qu'Emy roulerait des yeux, mais là j'ai pas vraiment envie de me sociabiliser. Je repère un balcon, et je décide d'y grimper. Une fois dessus, j'essaye de regarder discrètement l'intérieur, et je vois... HARRY. Je me plaque contre le mur pour éviter qu'il me voit. Harry je-sais-pas-qui l'un des meilleurs pote d'Emy, le gringalet de la bibliothèque. Pas que j'en ai quelque chose à foutre de sa gueule, mais s'il raconte à Emy que je traîne sur son balcon, ça va pas le faire, pas besoin d'une 3ème enquêtrice dans ma vie, mes sœurs suffisent. Je continue mon ascension du mur et m'aide d'une gouttière sur la façade et de rebord pour arriver à une autre fenêtre. Malgré les rideaux, j’aperçois sa chevelure rousse. Pas de doute, c'est elle. Je toque au carreau, elle se retourne en sursautant, et son visage passe de la peur à la surprise. Je lui adresse un sourire. Putain rien que de la voir je me sens mieux. Elle regarde autour d'elle et vient m'ouvrir la fenêtre. Je me hisse à l'intérieur.

« Salut ! »  Je regarde derrière moi. « Non c'est pas si haut, j'ai déjà grimpé plus que ça. Pas que ce soit une habitude hein... Je veux dire à Poudlard j'arrivais à m'isoler sur les toits. »  Inutile de lui dire que je grimpe aussi la fenêtre d'Emy.

« Je me baladais et je suis tombé sur ta colocation. » Elle va jamais croire ça, pourtant c'est la pure vérité. Elle ne croirait pas plus à un pseudo lien invisible qui m'a mené jusqu'à sa porte, alors que je ne savais pas où elle habitait. Je passe aussi le moment où j'ai senti son odeur comme l'animal que je suis.

J'entends une voix derrière la porte de sa chambre. Je secoue la tête à Clary, je ne veux pas qu'on sache que je suis ici, et elle le comprend à mon regard. Elle répond à son coloc que tout va bien, qu'elle se parle toute seule, et je lui souris. Elle passe pour une folle et ça me va. Elle me rend le sourire et mon cœur rate un battement. Elle est si belle quand elle me sourit.

« Est-ce que ça te dit que je te montre quelque chose ? »

Je lui tends ma main. Elle la regarde quelques secondes avant de la prendre. Et le contact me transcende totalement, c'est comme un antidouleur, c'est comme un bon gros burger après une diète, comme un bon joint en fin de soirée. 8 jours, 8 jours sans la toucher. Ça m'avait tellement manqué, je le réalise là, à l'instant. Je me sens tout de suite mieux, plus fort, plus sûr de moi. Je me sens complet... Et je suis certain que c'est pareil pour elle, je le vois à son visage qui est beaucoup plus détendu et serein que quand je suis rentré dans sa chambre. Avoir ce pouvoir sur elle me semble assez dingue. Moi le pire connard de la terre...

« Ok accroche toi, ce n'est pas en Angleterre. »

Je scelle nos mains, accentuant notre toucher, pour ma plus grande satisfaction et je transplane. On arrive en Irlande. Plus précieusement dans le parc national des montagnes de Wicklow, devant un immense lac gelé. Le paysage est a coupé le souffle et la glace est à perte de vue. Le froid est aussi plus mordant qu'en Angleterre, et je n'ai pas pensé à lui dire de prendre un manteau, alors je retire le mien des épaules et le lui donne. Je lâche sa main le temps qu'elle l'enfile. Je remonte la fermeture à sa place. Je me retrouve juste en polo manche longue, mais je n'ai jamais froid.

« T'inquiète pas, c'est le pays qui m'a vu naître, je suis habitué à ces températures. »

J'enlève une de mes chaussures et retire une de mes chaussettes. Avec un mouvement de poignet je métamorphose la chaussette en une grosse écharpe bien chaude et confortable que je viens nouer autour de son cou touchant par la même occasion sa peau délicate. Puis je me rechausse. Je me retourne vers le paysage, à cette heure ci, les teintes sont chaudes et verdoyante, ce lac change tout le temps selon le climat et le soleil, il peut parfois avoir des teinte azurées comme revêtir des couleurs plus sombres en octobre. Là en mars, il est entièrement gelé. On y voit des gens faire du patin à glace plus loin dessus.

« C'est un des trois lacs principaux de Wicklow. Celui-là est ceinturé par tout le massif montagneux des Monts de Wicklow et il traverse l'ensemble de la vallée. »

On commence à marcher au bord du lac côte à côte, et irrémédiablement nos doigts viennent se chercher, se frôler, puis s'entrechoquer, jusqu'à ce que je décide de carrément nouer mes doigts aux siens. De toute façon, aucun de nous deux n'arriveraient à résister. C'est comme ça, on y peut rien et je commence à le comprendre. Et elle a dit qu'elle était OK.

« Alors comme ça tu vis en coloc ? J'ai déjà du mal à supporter mes sœurs, je sais pas comment tu fais. C'est pas trop dur pour réviser dans le calme ?»

On croise un petit groupe de vieux moldus, avec des bâtons de randonnées. On doit se décaler pour les laisser passer, et sans vraiment réaliser ce que je fais, je passe mon bras autour de la taille de Clary pour l'attirer contre moi et ainsi réduire notre présence sur le chemin tracé naturellement au bord du lac. Une des vieilles nous regardent en souriant. 

« Go raibh maith agat lovers. Tá sibh beirt i ndáiríre gleoite. Tá tú an-tuisceanach léi.»1

Je ne lui réponds pas et réalise ce qu'elle vient de dire. Clary me le demande.

« Elle... elle nous remercie. Elle croit qu'on est un couple.»

Je ne me vois pas lui mentir, alors qu'elle a très bien pu comprendre “lovers”. Mais pour ne pas à avoir à parler de cela, je détourne son attention. Sans vraiment réfléchir encore une fois, je lui demande :

« Tu as déjà fait du patin à glace ?»

Je ne suis pas le plus doué pour ça, mais j'en ai déjà fait avec mes sœurs, est-ce que j'ai eu le choix ? Non, mais c'est comme pour la danse, maintenant ça m'arrange bien, parce que je peux m'en servir avec Clary. Je m'assure que les vieux soient loin et que personne ne nous voit, avant de m'accroupir devant Clary.

« T'inquiète ce n'est pas encore une demande en mariage. Je vais juste changer tes chaussures en patin.»

Je baisse mes yeux sur ses pieds et je réalise ce que je viens de dire. Je me frappe mentalement le front. “Pas encore ?!” PAS ENCORE ?! Mais est-ce que je suis sérieux putain ? Elle va penser à quoi maintenant ? Je me dépêche de jeter le sort à ses chaussures, pour que de la glace se forme sous sa semelle de manière à reproduire une lame tranchante. Je réalise le même sort sur mes chaussures puis je prends à nouveau sa main et nous hisse sur la glace. On glisse sur quelques mètres lentement. Je me mets face à elle et lui prend les deux mains. Qu'est-ce que je ferai pas juste pour pouvoir la toucher un peu plus ? Je déteste le patin à glace. Un loup qui glisse, c'est dangereux. Mes sœurs n'en reviendraient pas.

1 – En Irlandais : “Merci les amoureux. Vous êtes vraiment mignons tous les deux. Vous êtes vraiment prévenant avec elle.”
:copyright:️ Justayne

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Jared Parkinson


«But I want to live and not just survive
That's why I can't love you in the dark »

KoalaVolant

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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le dimanche 24 mars 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Magie sans baguette et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. Depuis quelques semaines, elle a fait la connaissance de Jared Parkinson qui ne la laisse pas indifférente ...

Stay where you are, don’t come any closer
Je refermais doucement la porte de ma chambre après un dernier sourire pour Mióróis. 16h venait de passer et je n’avais toujours pas apporté le point final à ma dissertation sur l’origine des runes. Je soupirais, mon dos appuyé contre la porte avant de m’approcher de mon bureau. Je posais ma tasse de café fumante et regardais mon morceau de parchemin incomplet. Cela faisait des heures que j’étais dessus et malgré le calme de l’appartement, je devenais trop distraite au moindre bruit.

Cela faisait plus d’un mois à présent que je vivais avec Harry et Mióróis et c’était vraiment agréable. Mes deux meilleurs amis, chaque jour, à mes côtés. Nous n’avions pas besoin de tout partager mais j’appréciais de croiser Mióróis dans les couloirs alors que je faisais une pause dans ma dissert’, ou bien d’aller râler dans la chambre de Harry parce que je sentais que j’avais foiré mon examen de Sortilèges Avancés.

Avec le départ de Jordan, je m’étais retrouvée soudain seule et je devais avouer que cette soudaine solitude m’avait pesé. Je n’aimais pas les grandes foules mais me retrouver seule avec mes pensées m’avait un peu angoissée. Aussi, j’étais bien heureuse d’avoir pu changer d’appartement et de pouvoir profiter de la présence de deux de mes amis les plus proches.

Mais cela ne résolvait pas mon problème : mon parchemin manquait cruellement d’encre pour se voir qualifier de complet. Je posais ma tête dans ma main quand soudain, j’entendis des petits toquements. Pas ceux de la porte, timides comme auraient pu l’être ceux de Harry. Non, cela venait de la fenêtre. Affolée, je me retournais d’un bond dans la direction du bruit. Je crois que je m’attendais à tout sauf à la réalité. J’imaginais même Mattéo qui m’aurait retrouvé et qui était là derrière les carreaux à attendre que je l’ouvre ou à menacer de le défoncer si je ne me magnais pas le cul, comme il aurait dit.

Mais ce n’était pas Mattéo. C’était Jared. Que faisait-il là ? Je n’avais pas senti le fourmillement familier dans ma nuque mais à présent que j’y pensais, je le ressentis. Il sourit à travers la vitre, comme me convainquant qu’il venait en ami et que je pouvais lui ouvrir avant qu’il ne tombe en arrière. Je sortis de ma torpeur, jetais un coup d’œil vers la porte de ma chambre avant de me lever pour aller ouvrir ma fenêtre. Au fur et à mesure de mes pas qui me rapprochaient de lui, je sentis la douce chaleur devenue familière dans mon ventre. Je souriais malgré moi alors qu’il grimpait à l’intérieur.

« Salut. » dit-il de cette voix qui m’avait tant plu lors de notre première rencontre.
« Salut. » répondis-je, le regardant comme si je n’en croyais pas mes yeux.

Nous nous étions vus la semaine dernière, au bal masqué. Je portais machinalement mes doigts à mes lèvres à ce souvenir.

« Je … » balbutiais-je.

Il me chamboulait. Complètement. Une minute auparavant, je réfléchissais encore à comment terminer ma dissertation. Et à présent, il était là dans cette chambre. Lui, Jared, ses cheveux noirs de jais, ses yeux toujours aussi cernés mais ô combien profonds, son odeur si caractéristique pour un loup-garou mais également pour un fumeur, ses vêtements qui semblaient cacher diverses cicatrices dont je n’avais pas encore conscience de leur étendue.

« Tu es dingue de monter ici ! » dis-je, un sourire en coin tout de même, comme pour dire je n’approuve pas mais je suis impressionnée.
« Non c'est pas si haut, j'ai déjà grimpé plus que ça. » se vanta-t-il.
« Ah oui ? »

Je croisais les bras sur ma poitrine, haussant un sourcil curieux. Papa aurait surement dit que je ressemblais à maman avec cette attitude.

« Pas que ce soit une habitude hein... Je veux dire à Poudlard j'arrivais à m'isoler sur les toits. »

Je souris de plus belle. Je ne pouvais m’en empêcher. Il était là. Dans cette chambre. Je savais que j’avais cette dissertation à terminer, et je savais que j’avais un millier d’autres choses à penser. Mais il était là, c’était tellement surprenant. Mais Jared était là, dans ma chambre. Il me regardait et je le regardais. Je sentais que mes joues étaient plus chaudes que jamais. Pour une demi-vampire c’était étonnant et je savais que c’était son truc de loup qui provoquait ça. Et ça ne me dégoûtait pas. Ça ne me faisait pas peur. Au contraire, ça me rendait curieuse. Curieuse et profondément attirée.

« Pourquoi es-tu ici ? » demandais-je.
« Je me baladais et je suis tombé sur ta colocation. »

Oh. Je plissais les yeux, réfléchissant. Il se baladait et il avait donc décidé de monter jusqu’à ma fenêtre ? Comment savait-il que j’habitais ici ? M’avait-il suivi finalement le soir où je l’avais giflé ? Et comment ça, il se baladait un dimanche après-midi ? A Druid’s Oak ? N’avait-il pas une famille ? Des sœurs ? Ou plus simplement des devoirs ? Mon cœur fit un bond dans ma poitrine à la pensée qu’il avait eu envie de me voir et qu’il était simplement venu. Tout simplement. Mais je sentais qu’il ne l’avouerait pas aussi facilement.

J’allais ouvrir la bouche pour lui poser une nouvelle question quand la voix de Mióróis s’éleva derrière la porte.

« Clary ? Tu … parles toute seule ? »

J’aurai pu rire de son hésitation. Elle avait l’ouïe aussi fine que moi et je me demandais si elle avait perçu le deuxième battement de cœur dans ma chambre. Jared secoua la tête, comme pour m’indiquer qu’il ne voulait pas que je dise qu’il était ici. Et je savais que même si Mióróis savait que je lui mentais, elle n’insisterait pas. Du moins pas dans l’immédiat. C’était l’une des choses agréables avec elle.

« Je … Oui ! Je m’entraîne … pour l’oral d’anglais. »

Je fermais les yeux, poings serrés, avant d’entendre Mióróis qui semblait accepter cette idée. Ses pas s’éloignèrent dans l’appartement et je rouvris les yeux. Mon regard croisa celui de Jared qui souriait et je lui rendis aussitôt son sourire, amusée.

« Et maintenant ? » demandais-je, baissant la voix, prête à faire toutes les cachotteries qu’il faudrait pour que Jared reste mon jardin secret.
« Est-ce que ça te dit que je te montre quelque chose ? »

Mon cœur s’accéléra quand il prononça cette phrase en même temps qu’il me tendit sa main. Je n’hésitais pas très longtemps. Je la pris. Les sensations que je ressentis immédiatement étaient tellement enivrantes que je me sentis transportée dans une autre dimension. J’avais envie de fermer mes yeux et de me blottir contre lui pour voir jusqu’où cela pourrait me mener. J’étais prête à le suivre n’importe où. Au diable ce parchemin de runes, j’avais besoin de me changer les idées. CORRECTION ! J’avais besoin de Jared.

« Allons-y. » murmurais-je.
« Ok accroche-toi, ce n'est pas en Angleterre. »

Je hochais la tête et m’accrochais à sa main alors que nous étions emportés dans le tourbillon du transplanage. Lorsque j’ouvris les yeux à nouveau, accrochée à la main de Jared, je manquais de tomber à la renverse. Pas à cause du transplanage, mais devant le paysage qui s’étendait devant mes yeux.

« Oh Merlin … » soufflais-je, ma main devant la bouche.

Devant moi s’étendait un lac entièrement gelé, entouré de deux montagnes couvertes de sapin et d’autres arbres entièrement givrés. Le paysage était à couper le souffle et je sentis mes joues rosir par le froid. En bougeant légèrement mes pieds, je sentis le givre craquer sous mes pieds. Jared lâcha ma main et je le regardais brusquement, ne comprenant pas, avant de voir qu’il s’employait à retirer son manteau pour me l’enfiler.

« Tu … tu vas avoir froid. » lui dis-je en le voyant m’habiller comme une poupée.

Il referma la fermeture éclair d’un air ferme, comme si rien ne pourrait le faire changer d’avis et mes yeux noisette croisèrent les siens, sombres.

« T'inquiète pas, c'est le pays qui m'a vu naître, je suis habitué à ces températures. »

Je souris, attendrie, en le voyant effectuer un sortilège de métamorphose sur l’une de ses chaussettes qui se transforma en une écharpe épaisse. A nouveau, il s’employa à la nouer autour de mon cou et je déglutis quand ses doigts frôlèrent ma peau nue. Je le regardais s’appliquer, prenant soin de ne pas me faire de mal mais de m’habiller assez chaudement pour que je profite. En tant que demi-vampire, je n’avais pas les mêmes sensations qu’un humain lambda. Mais il était évident que nous avions perdu bien une vingtaine de degrés par rapport à mon appartement chauffé.

« Où sommes-nous ? » demandais-je en regardant devant moi à nouveau.

Nous n’étions pas seuls. Quelques personnes faisaient du patin à glace sur le lac tandis que d’autres se promenaient autour, certains couples main dans la main, d’autres capturant l’instant en photo. Il fallait dire qu’avec le soleil qui s’abaissait lentement à l’horizon, les couleurs étaient magnifiques.

« C'est un des trois lacs principaux de Wicklow. » m’expliqua Jared. « Celui-là est ceinturé par tout le massif montagneux des Monts de Wicklow et il traverse l'ensemble de la vallée. »

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Nous étions donc bien en Irlande. Je n’en doutais pas trop quand Jared m’avait dit qu’il voulait m’emmener quelque part. Encore plus quand il m’avait dit que nous étions dans le pays qui l’avait vu naître. Je souris naturellement, me sentant à l’aise dans cet endroit. A dire vrai, je me sentais dans mon élément. L’Irlande avait des paysages assez proches de ceux de l’Ecosse, mon pays, mes origines.

« L’endroit est magnifique. » dis-je.

Nous avions commencé à marcher côte à côte. Je m’amusais avec mes doigts qui frôlaient les siens. La sensation était piquante et enivrante, encore plus celle que la vision qui s’affichait devant moi.

« Tu as de la chance d’avoir grandi près d’un paysage aussi apaisant et naturel. »

Ses doigts vinrent s’emparer des miens et je ne me dérobais pas. Au contraire, je resserrai mes doigts sur les siens. Mon regard croisa le sien et je souris, d’une manière si sereine que je m’étonnais d’être encore capable de ce genre de sourire. Je ne m’étais pas sentie aussi bien depuis des années. Et je souhaitais que cet instant dure à jamais.

« Alors comme ça tu vis en coloc ? » demanda-t-il.
« Oui. » répondis-je, un sourire au coin de mes lèvres. « C’est si dur à croire ? »
« J'ai déjà du mal à supporter mes sœurs, je sais pas comment tu fais. » avoua-t-il. « C'est pas trop dur pour réviser dans le calme ? »

Je secouais la tête, mon pouce venant caresser le dos de sa main. Je ne me souvenais pas d’avoir déjà fait ça avec Mattéo. Bien sûr, nous avions eu cet été en France. Ma tante Dominique nous avait accueilli alors que tout le reste de ma famille désapprouvait notre relation. Je me souvenais que nous avions joué sur le bord des plages françaises. Je riais et Mattéo m’avait attrapé par la taille avant de me balancer à l’eau. Nous étions … complices, d’une certaine façon. Mais nous n'avions jamais connu de moments comme celui que je vivais à cet instant avec Jared. Mattéo était plus pressant et avait toujours une autre idée sous-entendue. Pas Jared. Je sentais que je pouvais me laisser totalement aller avec lui, il ne me ferait jamais de mal.

« Non. Harry et Mióróis respectent mon intimité, comme je respecte le leur. Ils ne sont pas envahissants et … nous avons partagé tant de choses durant des années que nous sommes comme des membres d’une famille. »

Parfois, Harry et Mióróis m’étaient bien plus proches que mes frères ou ma sœur. Il fallait dire que ce n’était pas compliqué quand on avait une famille comme la mienne. David était juste le grand-frère chiant qui se vantait tout le temps tandis que les jumeaux ne pensaient qu’à faire des farces. Quant à Chelly, nous ne comprenions tellement peu que nous ne partagions pas grand-chose.

« Avec la guerre, Harry et Mióróis ont été de grands soutiens. Je leur dois énormément. Même si Mióróis était en Amérique, nous sommes toujours restés en contact par hibou et aujourd’hui, je me sens chanceuse d’avoir des amis comme eux autour de moi. »

C’était tellement facile de se confier à Jared. Je ne me souvenais pas d’avoir déjà parlé comme ça avec quelqu’un, à part peut-être avec papa.

Soudain, surprise, Jared passa un bras autour de ma taille et me rapprocha de moi, laissant un groupe de moldus assez âgés passer. Ils étaient équipés de bâtons de randonnées et semblaient déterminés à finir le tour de ce lac avant la tombée de la nuit. L’une des dames se tourna vers nous et dit quelque chose. Mais je ne le compris pas. D’une part, parce qu’elle avait parlé en Irlandais. D’autre part, parce que la sensation de mon corps serré contre celui de Jared m’empêchait de penser ou même de respirer normalement.

« Qu’est-ce … qu’est-ce qu’elle a dit ? » dis-je.
« Elle... elle nous remercie. »

Jared semblait mal à l’aise, semblant encore réfléchir aux paroles de la moldue. Je tournais la tête vers elle mais déjà je la voyais avancer d’un pas rapide dans son groupe.

« Elle croit qu'on est un couple. »
« Oh. »

Je rougissais à cette idée avant que Jared ne s’éloigne de moi. Je fermais les yeux, comme essayant de refouler l’instant de froid qui s’engouffrait à présent en moi maintenant que je n’étais plus serrée contre lui. Je voulais l’attraper par le col de son pull et le ramenais contre moi.

« Tu as déjà fait du patin à glace ? »

J’ouvris les yeux. Jared me regardait, très sérieux.

« Euh … oui, il y a longtemps. Mais oui. » répondis-je.

Alors, il s’accroupit devant moi et je fronçais davantage les sourcils si c’était possible. Qu’est-ce que … ?

« T'inquiète ce n'est pas encore une demande en mariage. Je vais juste changer tes chaussures en patin. »

J’ouvris la bouche, étonnée, avant de sourire franchement. Une demande en mariage ? Je laissais échapper un rire malgré moi et en voyant que Jared refusait de croiser mon regard, je sentais qu’il ne se sentait pas ok avec la bourde qu’il avait sorti. Aussi, je tentais de me calmer et d’ignorer les palpitations de mon cœur. J’ignorais ce qui lui avait pris de dire ça. Était-il nerveux ? Avec moi ?

Je sursautais quand une lame se forma sous mes chaussures. Il n’y avait pas à dire, Jared était très doué en sortilèges. Comment ne m’en étais-je pas rendue compte à Poudlard ? J’étais l’une des meilleures élèves, mais j’avais eu manifestement de la concurrence. Il opéra le même sortilège sous ses semelles et m’attrapa la main, me guidant vers le lac.

« Tu es sûr … ? »

… de savoir en faire ? Mais je ne terminais pas ma phrase. Je me laissais glisser sur la glace, prenant le temps de me souvenir de comment je faisais lorsque j’étais plus jeune. C’était mon parrain, Dean McGregor, qui nous avait emmené lors de vacances d’hiver. Il n’y avait que David et moi, les jumeaux étant trop jeunes et trop instables pour suivre. Des vacances incroyables même si Dean et David n’avaient eu de cesse de se performer chaque jour. Au final, je m’étais retrouvée seule à faire du patin à glace, nouant une amitié avec une fille également en vacances avec ses parents.

Jared se retourna pour se mettre face à moi et m’attrapa les deux mains. Je souris de plus belle en m’accroupissant alors qu’il me tirait. Je me souvenais avoir fait ça avec mon oncle avant qu’il ne se lasse.

« Plus vite ! » lançais-je à Jared qui obéit sans rechigner.

Je criais, ignorant les autres personnes autour de nous. C’était facile. Quand j’étais avec Jared, plus rien autour n’avait d’importance. C’était lui et moi. Uniquement nous deux.

« Attention ! » criais-je.

Mais trop tard ! Jared essaya d’éviter le caillou sur la glace, mais initia un virage trop serré et tomba à la renverse. Il m’entraîna dans sa chute et je tombais sur lui, riant sans gêne. Ses bras s’étaient automatiquement resserrés autour de moi, comme craignant avant tout pour ma sécurité, alors que c’était lui-même qui était tombé en premier et que ma chute avait été amortie par son corps.

« Désolée … » pouffais-je de rire.

Je le regardais alors que ses yeux à lui ne regardaient que mes lèvres et mon sourire. Voyant que j’avais cessé de rire, ses yeux se relevèrent vers moi et nos regards se croisèrent. Je levais alors le bras et vins écarter l’une de ses mèches brunes qui tombait devant ses yeux.

« La prochaine fois, regarde où tu vas. »

Un sourire malicieux apparut à nouveau sur mes lèvres alors que je me redressais. Je lui tendis la main pour l’aider à se relever. Il sembla hésiter, comme ayant peur de s'appuyer sur moi.

« Vas-y, une demi-vampire est aussi forte qu’un loup-garou. » lui assurais-je, comme le mettant au défi.

Une lueur sembla s’allumer dans son regard et il attrapa ma main pour se redresser.

« Et si on faisait la course, petit louveteau ? »

Cela faisait parti de mon caractère, la compétition. En général, j’initiais souvent le jeu sur les études, ou des sujets théoriques. Jamais sur quelque chose de sportif, comme le ferait David, et encore moins sur ma nature. Mais comme je l’avais dit la dernière fois, c’était la première fois que je rencontrais un loup-garou comme Jared. Et je voulais le tester. Je haussais un sourcil et on se mit en position sur une ligne de départ imaginaire.

« Prêt ? »

Jared commença le décompte et alors que j’annonçais le chiffre 2, Jared démarra en trombe. J’ouvris la bouche, choquée, devant tant d’aplomb et de tricherie.

« JARED PARKINSON ! » hurlais-je en me mettant en route.

Je donnais de l’élan à mes patins pour le rattraper. Je donnais tout ce que j’avais, et j’en étais capable. Je le rattrapais.

« Espèce de … ! » pestais-je.

Je regardais le point d’arrivée que nous nous étions fixés et décidais de l’imiter. Il voulait la jouer en mode Serpentard à tricher ? Je pouvais faire ma tête de Serdaigle. Je jetais un sortilège à mes patins, les limant pour leur donner plus d’adhérence. Très vite, je dépassais Jared, prenant de la vitesse. Je ne le regardais même plus, mon esprit de compétition ayant pris le dessus. Et j’arrivais la première. J’effectuais un virage pour m’arrêter et me vanter face à Jared. Mais il ne ralentit pas.

« Ja … » commençais-je.

Stay where you are, don’t come any closer 8c346a0958c6e14f0938e59ad99726daStay where you are, don’t come any closer Clary-jared

Mais il arriva et l’une de ses mains vint emprisonner ma taille et l’autre se noua à ma main. On tournoya longtemps sur la glace et j’en aurais eu le souffle coupé si j’avais été une simple sorcière. Je posais ma main sur son épaule, m’accrochant à lui, me rapprochant de lui. La neige et quelques éclats de glace volaient autour de nous, comme se joignant à notre allégresse. L’effet tournis me donnait l’impression que nous étions seuls sur ce lac gelé, esquissant de nouveaux pas de danse rien que tous les deux. J’étais prête à bondir en arrière, esquisser de nouveaux pas, tournoyer et retomber dans ses bras. J’entendais la musique dans ma tête m’inviter à danser comme je l’aurai fait, seule, dans ma salle de danse. Mais je savais qu’à cet instant, je ne pouvais me détacher de ses bras. Tout comme mes yeux ne pouvaient quitter son visage. Je voulais encore plus me fondre en lui. Je voulais sceller mes lèvres aux siennes, je voulais que mon corps s’embrase contre le sien. Je le voulais lui, tel que je l’avais désiré une semaine plus tôt. Il me faisait ressentir des sensations extraordinaires dont je n’avais eu le secret avant de le rencontrer.

Mais était-il prêt à m’embrasser ? Une semaine plus tôt, il s’était défilé. Etais-je prête à essuyer un nouveau refus de sa part ? Peut-être avait-il de bonnes raisons ? Mais lesquelles ? Cela me laissait perplexe et surtout, surtout très curieuse.

Nos pas ralentirent au fur et à mesure qu’on venait se restabiliser sur le sol. Au fur et à mesure la réalité reprenait le pas. Mais je ne pouvais encore détacher ma main de son épaule. Ni mon regard du sien. Je ne tentais rien. Pas de lèvres qui voulaient se frôler. Pas de pressions pour me caler davantage contre son corps. Juste nos regards plonger l’un dans l’autre, nos mains posés l’un sur l’autre, comme si nous finissions simplement une danse et que le spectacle était terminé.

Je souris doucement et rompis finalement le contact visuel. Autrement, je n’aurai pas été capable de dire ce que j’avais dit :

« Merci Jared. Cet endroit était merveilleux. Mais … je crois que nous devrions rentrer. »

Je détachais lentement mes mains de lui, comme à regret et me reculais également pour ne pas être tentée de rebrousser chemin. Le froid se faisait désormais plus sentir, surtout que le soleil s’était caché derrière les montagnes. Quelques lumières commençaient à s’allumer autour du lac. Je resserrai mes mains autour de moi, profitant de la chaleur de la veste de Jared.

« Tu … me raccompagnes ? » demandais-je toutefois.

Jared hocha la tête et, après avoir vérifié qu’aucun moldu ne nous voyait, nous nous isolâmes dans un coin plus sombre pour transplaner. On atterrit à une centaine de mètres de mon appartement. Je soupçonnais Jared de l’avoir fait exprès, peut-être pour marcher un peu plus longtemps à mes côtés. Ces doux picotements dans ma nuque étaient un tel plaisir que je ne pouvais l’en blâmer. Le froid était moins saisissant dans cette partie du Royaume-Uni mais je gardais mes mains dans les poches de la veste de Jared. Je sentais son odeur, cette odeur de loup-garou qui aurait peut-être dû me rebuter mais qui au contraire m’attirait.

Je me mis à parler. Rien de bien sérieux, des bavardages. Je lui parlais de mon devoir en cours sur les runes, et de mes cours du lendemain à l’UMS. Je parlais même de ce que Mióróis avait tenté comme innovation culinaire à l’appartement la veille, disant que nous allions sans doute y avoir droit pour ce soir. Un léger rire termina mes dires alors que nous venions d’arriver devant la porte de mon appartement. Je jetais un coup d’œil à l’immeuble et tournais à nouveau la tête vers Jared.

« Ils ne poseront pas de question. » répondis-je à son inquiétude quant au fait que Harry et Mióróis pourraient s’étonner de me voir arriver par l’extérieur. « Ils ne sont pas comme mes frères, trop curieux pour leur propre bien. »

Je souris en imaginant David jouer les gros bras en m’attendant de pied ferme à l’entrée de l’appartement, m’harcelant de questions. L’avantage de vivre avec mes meilleures amis.

Je fis un pas vers Jared, détachant son manteau, avant de lui tendre. Il était entre nous, car je n’étais désormais pas très loin de lui. J’aimais jouer avec les limites, je crois. J’aimais entendre les battements de son cœur s’accélérer. J’aimais découvrir ses particularités de loup-garou s’éveiller dès que je faisais un pas vers lui. Alors, je fis un nouveau pas vers lui et déposais un doux baiser sur sa joue. C’était innocent, simple. Je crois qu’il y avait bien des années que je n’avais pas eu un baiser aussi désintéressé pour un garçon qui me plaisait. Même avec Mattéo, cela ne m’était jamais arrivé.

Mes lèvres se posèrent sur sa joue chaude malgré l’air ambiant. Je respirais son parfum en même temps, entendant même ses veines pulser davantage. Je me sentais éveillée par ce nouveau désir, se mélangeant au plaisir d’être près de Jared et de tout ce qu’il représentait.

« Merci. » soufflais-je.

Je m’éloignais de lui, la bouche encore entrouverte comme hésitant sur ce que je devais dire ou faire. Mais je choisis d’y renoncer. Je refermais mes lèvres et après un dernier sourire, je poussais la porte de mon immeuble.

@ Victoire

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Clarissa McGregor

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