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Billy Prewett
Contexte
Nous sommes le jeudi 7 février 2002. Le monde de Billy s'écroule petit à petit : il est toujours en conflit avec son père, sa mère vient de retrouver quelqu'un, sa petite soeur s'est faite mordre par un loup-garou et Alex Bennett sort toujours avec son pire ennemi. Billy ne contrôle plus rien et sa discussion avec les Scott le pousse à réagir et à prendre davantage sa vie en main.

Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
Tard dans la salle commune des Serpentard, Billy regardait le feu brûler dans l’âtre de la cheminée. Il n’y avait quasiment aucun autre bruit. Les autres étaient partis se coucher. Même Joey avait fini par lui dire qu’elle ne tenait plus et qu’elle partait lire un livre dans son dortoir. Fergus était rentré de son club d'échecs et lui avait adressé un signe de main avant de partir aussitôt dans leur dortoir.

Il était 23h00 et Billy ne trouvait pas le sommeil. Les mêmes pensées tournaient en boucle dans sa tête : Vicky, sa petite sœur, avait été mordue par un loup-garou il y avait un peu plus d’une semaine. Elle avait ainsi vécu sa première Pleine Lune, seule, dans le froid, en se réveillant le lendemain près d’un corps sans vie. Billy avait été incapable de la protéger. Automatiquement, il se sentait responsable. Le matin même où elle s’était faite mordre, il avait initié une bagarre avec des jeunes du village. La suite de la journée, il avait été trop absorbé par sa récente discussion avec Alex pour penser à autre chose qu’à elle. A aucun moment, il n’avait regardé Vicky ou s’était plus inquiété de son état.

Il avait toujours été proche d’elle. Elle avait toujours été là pour lui. Et lui, qu’avait-il fait pour elle ? Rien … Il n’avait servi à rien. Il avait été minable. Incapable. Inutile. Impuissant. Faible.

Pour rajouter à sa peine, sa mère avait répondu à sa dernière lettre aujourd’hui. Elle lui parlait de Henry Denvers. Très peu. Mais assez pour inquiéter Billy. Depuis plus d’un mois, Henry et sa mère se voyaient toutes les semaines. Pour des sorties au restaurant, des sorties au cinéma, pour discuter, pour aider à faire les courses. Elle n’en disait pas grand-chose, Billy restait son fils. Mais c’était suffisant pour qu’il pense que cet homme profitait de sa mère. Elle n’était séparée de son mari que depuis quelques mois et cet homme, une épave de ce qu’il en avait vu, s’accrochait à elle comme à une bouée de sauvetage. Le pire, c’était quand Billy croisait son fils, Sal Denvers, dans les couloirs. Avec sa prothèse mal vissée, et ses cheveux d’un bleu immonde. Billy le détestait. Faute de pouvoir avoir un impact sur Henry, Billy rêvait de pouvoir punir Sal de cette situation.

Mais il n’en ferait rien. Ce serait injuste. Ce gosse n’y était pour rien, n’est-ce pas ?

La seule chose qui aidait Billy à ne pas totalement péter les plombs était sa correspondance avec les Scott. Enfin, disons plutôt avec Anthony. Il avait eu besoin de se confier, de parler de ce qu’il ressentait face à sa mère et son intérêt pour un autre homme, des cours pour lesquels il n’était pas forcément encore très doué, de sa petite-amie dans les bras de son pire ennemi, ou encore de sa petite sœur victime de cette malédiction. Mais, à sa dernière lettre, une autre plume lui avait répondu : Angelo. L’homme lui avait donné rendez-vous ce soir même, à la Tête du Sanglier.

Ce serait la première fois que Billy le reverrait après leur rencontre au Nouvel An de la famille royale. Il hésitait. Était-ce une bonne idée ? Après tout, quelque chose avait indiqué à Billy de ne pas trop se précipiter ce soir-là. Mais tout au long du mois de janvier, il leur avait écrit et il avait apprécié les mots réconfortants d’Anthony. C’était comme si quelqu’un comprenait enfin la rage qui bouillonnait parfois en lui. Même Joey essayait toujours de temporiser son état, lui assurant qu’il y avait d’autres moyens de régler les choses. Anthony (et Angelo par extension) semblait enfin comprendre qu’il y avait aussi le moyen de laisser exprimer cette rage.

Billy lança la lettre de sa mère dans le feu. Elle s’embrasa aussitôt, lançant des crépitements qui résonnèrent dans toute la salle commune. Il était 23h07. Peut-être qu’Angelo l’attendait encore ?

Se décidant, Billy jeta un coup d’œil autour de lui avant de monter quatre à quatre les marches qui menaient à la porte. Il la poussa délicatement, s’assurant que personne ne se trouvait dans les couloirs, et la referma derrière lui. Et puis, il se concentra. Il visualisa dans son esprit la forme de son Animagus et puis, quelques instants plus tard, le sol était bien plus proche qu’auparavant. Il prit une inspiration et s’élança sur ses quatre pattes. Le couloir des cachots était long, surtout quand on avait réduit de taille, mais c’était la seule manière de ne pas se faire repérer par le concierge. Il espérait cependant ne pas avoir à croiser Miss Teigne.

La chance fut de son côté et il plongea dans un des passages secrets que lui avaient enseigné les jumeaux McGregor. Dans le tunnel, il reprit sa forme humaine et continua à petite foulée jusqu’à arriver chez Honeydukes. Divers sortilèges protégeaient la porte mais encore une fois grâce à son don d’Animagus, Billy n’eut aucun mal à trouver un trou dans la réserve pour se glisser à l’extérieur, sur la rue pavée de Pré-au-Lard. Il n’avait pas neigé mais il faisait très froid. Les vitrines étaient gelées et un hululement de hibou se faisait entendre dans le lointain. Toujours sous forme d’Animagus, Billy se déplaça jusqu’à la Tête du Sanglier et reprit forme humaine avant de pousser la porte de l’auberge qui n’était pas fermée. Billy fronça les sourcils, intrigué.

A l’intérieur, tout était sombre. Les chaises avaient été remontées sur les tables et aucun bruit ne se faisait entendre. Pourtant tous les sens de Billy étaient aiguisés. Quelqu’un était ici avec lui. Il fouilla quelques instants dans ses poches avant de se rendre compte qu’il avait oublié sa baguette dans la salle commune. Il ferma les yeux, prenant conscience qu’il n’avait aucune arme pour se défendre s’il se faisait agresser.

@ Victoire

Dernière édition par Billy Prewett le Dim 9 Juil - 11:28, édité 1 fois

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Billy Prewett

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Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
Jeudi 7 février 2002

Tout était en train de se goupiller tranquillement. Ces derniers jours, Angelo avait découvert de nouveaux talents, des sorciers prometteurs qui dans quelques temps seraient prêts à le suivre dans sa quête d’un nouveau monde. Et puis il y avait William. Jeune adolescent perturbé par les tracas d’une vie de famille trop parfaite. Une mère à la dérive, une sœur en transition et une petite amie perdue. Pauvre petit Billinou ! Le jeune Scott suivait de près les échanges entre lui et son frère Anthony. En effet, il avait jugé préférable de laisser son frère se présenter comme son correspondant officiel de prime abord. Au bal des Iceni, il se rendait compte à quel point il avait été imprudent, trop dominé par ses démons. Par Azkaban. Il avait senti que le jeune homme était très hésitant. Trop jeune sans aucun doute pour savoir ce qui était bon pour lui. Anthony s’était alors proposé d’apaiser les tourments de Prewett en lui prêtant une oreille attentive en attendant qu’il se décide.

« Cher William Eden Prewett,

Je me permets de prendre la plume cette fois-ci. Anthony m’a parlé de toi durant votre correspondance et j’ai été peiné de constater tant de drames dans ta vie si prometteuse. Ainsi, cette missive sera courte car je ne souhaite pas t’importuner davantage.

Le 7 février au soir, je serais à la Tête de Sanglier et si par hasard tu souhaitais me rejoindre, je saurais t’attendre jusqu’à 23h.

Si par quelconque empêchement, tu ne seras pas présent, ne cesse pas de nous écrire, à mon frère et à moi-même. Notre famille saura toujours ouvrir ses portes à un sorcier comme toi.

Angelo Arès Logan Scott »


Il avait pris soin de laisser la lettre à Hermès, la chouette de maison, quelques jours plus tôt. Ainsi, il se rendit au lieu de rendez-vous, impatient de faire plus amples connaissances avec son petit protégé. Angelo avait tenu Anthony à distance de cette entrevue, souhaitant un tête à tête privilégié. Il savait déjà tout ce qu’il y avait à savoir, son frère l’avait minutieusement informé des propos contenus dans les lettres du jeune Prewett.

Angelo débarqua alors quelques heures plus tôt dans le bar malfamé de Pré-au-Lard. Il revêtit ses cheveux bleus et des traits tranchants, accentuant ses yeux noirs. Le bar, autrefois malfamé, offrait à présent un espace salubre et presque chaleureux. Angelo souffla d’exaspération à la perte d’un patrimoine de mauvaises fréquentations. Il se rapprocha du comptoir, appela en claquant des doigts le barman barbu. « Veuillez faire sortir tous ces gens et quitter vous aussi les lieux. J’ai besoin de cet endroit pour la soirée. » Le vieille homme ricana grossièrement tout en finissant d’essuyer un verre jauni. « Ça ne marche pas comme ça ici mon petit monsieur ! » Les bavardages alentour se firent plus sonores, comme si les sorciers présents savaient qu’ils n’avaient pas à bouger et intensifièrent alors leurs conversations dérisoires. « Et bien vous allez faire en sorte que ça le soit pour cette fois. » Un sorcier entra à ce moment-là, dissimulé sous un capuchon. Angelo attendait patiemment, accoudé au comptoir que sa requête lui soit accordée. « Vous allez ordonner à tout le monde de quitter cet établissement et vous allez quitter les lieux également. Me suis-je bien fait comprendre ? » La voix chantée de la sorcière s’exprima calmement au barman qui sembla pendant quelques secondes hypnotisé.

Puis le barbu ordonna de sa grosse voix que tout le monde dégage de son bar. Il reposa le verre jauni sur le comptoir alors que tout le monde s’affairait à la sortie. Il quitta, à la suite des autres, la Tête de Sanglier et le silence enveloppa la pièce. « Merci Calliope ». La jeune femme repartit comme elle était entrée, sans un mot de plus. Angelo éteignit ensuite toutes les lumières de la salle d’un petit coup de baguette, s’assit sur une chaise et attendit dans le noir. Il se balança un peu, faisant grincer le vieux bois de la pauvre assise. Il guetta sans un bruit l’arrivée de William, soucieux de savoir s’il allait enfin se décider à s’impliquer davantage. L’heure de rendez-vous était largement dépassée, pourtant le jeune métamorphomage attendit encore patiemment, ce qui ne lui ressemblait pas. Puis il entendit la porte grincer et sut que William venait d’entrer. Il pencha la tête d’un coup sec, changeant son apparence pour ses cheveux blonds et un visage plus angélique. Il sentit le regard du jeune Prewett se tourner dans sa direction lorsque l’os de son cou craqua et il sourit malicieusement. William ne le voyait pas encore, aveuglé par l’obscurité de l’endroit.

« Alors ? Je t’ai manqué William ? » Puis il chuchota un « Lumos » pour éclairer le coin où il s’était établi. « Viens t’asseoir avec moi, j’étais certain que tu finirais par montrer ta frimousse ! » Il désigna la chaise en face de lui avec un sourire arrogant. « Tu es probablement le premier qui me fait attendre… » Il le menaça avec son doigt gentiment avant de lui lancer un clin d’œil et de caler son dos contre son dossier. « Si tu essayes de me draguer William, désolé mon petit père mais t’es pas du tout mon genre ! » Il ricana exagérément en se balançant sur sa chaise grinçante. Le bruit envahissait tout le bar, seul bruit dans cette ambiance tamisée et inquiétante. « Alors comment va ta petite sœur ? » Il cala ses coudes sur la table, suspendant sa chaise sur deux pieds et plongeant l’endroit dans un silence de mort. « Anthony m’a informé de son désagrément. » Angelo afficha une mine soucieuse alors qu’il sondait le visage de son partenaire de comptoir. Malgré ce que certains pouvaient penser, Angelo ne feignait pas son intérêt pour la famille de son petit prodige car d’une certaine façon, la famille c’était sacré, du moins la lignée d’un sorcier.

Si William se confiait à lui, cela démontrerait alors qu’il avait assez confiance en la famille Scott pour l’aider. « J’imagine à quel point tu dois te sentir impuissant face à toutes ces injustices… ». Le demi-dieu reprit ses balancements sur sa chaise, pensif. « J’aimerais que tu saches que je pense vraiment ce que j’ai écrit dans ma lettre. La porte des Scott t’es ouverte si besoin. » Angelo savait que ses relations avec ses parents se détérioraient, mais quel destin prodigieux commençait avec une bonne entente familiale ? Il n’était pas inquiet que cela compromette ses plans, bien au contraire, l’éloignement de William de ses proches lui permettrait de le rapprocher davantage de lui et de ses semblables.


:copyright:Lilith

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"I prepare for the noble war. I'm calm, I know the secret. I know whats coming and I know no one can stop me not even myself."

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Billy Prewett
Contexte
Nous sommes le jeudi 7 février 2002. Le monde de Billy s'écroule petit à petit : il est toujours en conflit avec son père, sa mère vient de retrouver quelqu'un, sa petite soeur s'est faite mordre par un loup-garou et Alex Bennett sort toujours avec son pire ennemi. Billy ne contrôle plus rien et sa discussion avec les Scott le pousse à réagir et à prendre davantage sa vie en main.

Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
Un bruit sec se fit entendre derrière lui et Billy se retourna au même moment qu’une voix doucereuse murmurait derrière lui.

« Alors ? Je t’ai manqué William ? »

Billy mit une main devant lui alors qu’une lumière venait de s’allumer. Il mit quelques secondes pour s’accoutumer à cette lumière soudaine et plissa les yeux avant de voir qu’Angelo Scott était assis sur l’une des chaises du bar. Il se balançait nonchalamment et tenait sa baguette dans une main, là où brillait la lumière.

« B… bonsoir. » balbutia Billy.

Il devait avouer être un peu intimidé. Malgré l’apparence soignée de l’homme, ses cheveux blonds coupés au carré, ses habits propres bien que moins distingués que lors du bal du Nouvel An, il gardait un sourire bien trop angélique accroché au visage pour être rassurant.

« Viens t’asseoir avec moi, j’étais certain que tu finirais par montrer ta frimousse ! » dit-il.

Billy obéit et vint s’asseoir sur la chaise que Mr. Scott désignait face à lui. Il était sans doute un peu nerveux et ne réagit pas tout de suite aux paroles que l’homme prononça à son encontre.

« Tu es probablement le premier qui me fait attendre… » dit-il en pointant un doigt menaçant dans sa direction avant de lui lancer un clin d’œil. « Si tu essayes de me draguer William, désolé mon petit père mais t’es pas du tout mon genre ! »

L’homme se mit à rire de sa propre blague tout en continuant à se balancer sur sa chaise qui ne cessait de grincer. Billy regarda autour d’eux. Il n’y avait personne d’autre qu’eux deux. Où était le propriétaire du bar ? Laissait-il vraiment Angelo disposer de cet endroit comme il le souhaitait ? Cet homme avait-il vraiment une aura aussi importante ? Billy devait reconnaître qu’il craignait autant cet homme qu’il l’admirait.

« Je … suis désolé. » répondit Billy, se mordant l’intérieur de la joue.
« Alors comment va ta petite sœur ? Anthony m’a informé de son désagrément. »

Mr. Scott appuya ses deux coudes sur la table, se souciant réellement de l’état de Billy. Ce dernier déglutit et baissa la tête.

« Mal. Elle est désormais l’une de ces … créatures. Mon père dit que ce n’est pas une fin en soi. Mais … tout de même … »

Billy se pencha à son tour en avant sur la table, jouant avec la bague à son doigt.

« J’imagine à quel point tu dois te sentir impuissant face à toutes ces injustices… » compatit Angelo.
« J’aurai … j’aurai aimé être là pour elle. » confirma Billy.
« J’aimerais que tu saches que je pense vraiment ce que j’ai écrit dans ma lettre. La porte des Scott t’es ouverte si besoin. »

Billy releva les yeux vers Angelo et sentit une bouffée d’espoir en le regardant. A cet instant, il en avait oublié l’ambiance sinistre de l’endroit et les clins d’œil malaisants de l’homme. Il le voyait plutôt comme un grand frère, un homme qui se souciait réellement de ce qu’il pensait, de ce qu’il ressentait. Il se sentait entièrement en confiance, comme lorsque Vicky l’encourageait à pleurer sur son épaule.

« Il y a tellement de choses qui partent à volo en ce moment. » reprit Billy, prêt à se confier entièrement. « Mon père a rejeté ma mère et s’est mis avec un autre homme. Quant à ma mère, elle semble elle aussi partie pour enchaîner les mauvais choix. Elle a trouvé un homme, ou plutôt une épave. »

Billy secoua la tête en revoyant la tête de l’homme, puis celle de son fils.

« Ma petite sœur s’est faite mordre par une créature de la nuit et … moi … dans tout ça, je subis. Je suis incapable de faire quoi que ce soit. »

Il releva la tête vers Angelo, comme essayant de lui faire comprendre ce qu’il ressentait.

« Je suis impuissant. Je ne peux rien faire à part regarder ce désastre devant mes yeux. Je suis un Animagus mais même ça, ça ne me sert à rien. Je suis tellement … »

Il regarda ses mains comme si elles aussi ne lui servaient à rien. Encore plus dans cette détresse alors qu’il s’était rendu compte quelques instants plus tôt qu’il avait oublié de prendre sa baguette.

« J’aimerais … j’aimerais être plus puissant. Plus fort. Plus terrifiant. » dit-il en relevant les yeux. « J’aimerais … être plus comme vous. Je crois … que je serai prêt à n’importe quoi pour vous ressembler. »

Est-ce qu’à cet instant Billy avait conscience de ce dans quoi il s’embarquait ? Avait-il une seule idée ce qui s’annonçait pour lui ? De ce qu’il allait devoir sacrifier, de ce qu’il allait devoir perdre ? Certainement pas. Sinon, il n’aurait jamais prononcé ces mots. Un sorcier plus sage aurait sûrement fait demi-tour. Mais Billy était un adolescent de 17 ans. Et tout ce qui lui importait à cet instant était d’être en mesure de protéger sa famille.

« Pouvez-vous m’aider ? »

@ Victoire

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Billy Prewett

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Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
Jeudi 7 février 2002

Le garçon était intimidé, Angelo le devina par sa démarche penaude jusqu’à sa table. Il n’avait pas sorti sa baguette. Peut-être n’était-il pas aussi effrayé qu’il le pensait. Scott s’empressa de parler des nombreux désagréments que sa famille subissait, tant de drames avaient eu lieu de ce côté-là, il était impossible d’ignorer la perche. « Mal. Elle est désormais l’une de ces … créatures. Mon père dit que ce n’est pas une fin en soi. Mais … tout de même … » Sa petit sœur, loup-garou à présent. Quel gâchis. « J’aurai … j’aurai aimé être là pour elle. » Et ce pauvre William qui se lamentait sur son sort. Il avait vraiment une sale gueule le gosse, il semblait bien plus vieux qu’il ne l’était en vérité. Heureusement qu’Azkaban ne l’avait pas abimé, lui, physiquement.

Il fallait maintenant lui offrir une porte de sortie. Bien que les talents du jeune homme pouvaient être un atout majeur de son côté, il n’était pas indispensable pour autant. « Il y a tellement de choses qui partent à volo en ce moment. Mon père a rejeté ma mère et s’est mis avec un autre homme. Quant à ma mère, elle semble elle aussi partie pour enchaîner les mauvais choix. Elle a trouvé un homme, ou plutôt une épave. » Le garçon était en roue libre, bien trop dépassé par les événements. C’était presque trop facile. « Ma petite sœur s’est faite mordre par une créature de la nuit et … moi … dans tout ça, je subis. Je suis incapable de faire quoi que ce soit. » Il le laissa finir ses lamentations sur sa pauvre petite personne. Croyait-il être le premier à subir des injustices ? S’il n'était pas intéressé par les capacités de Prewett, il lui aurait bien ri au nez. « Réfléchis un peu William, tout ceci n’est pas seulement de l’ordre du hasard. » Il laissa un rictus moqueur se dessinait sur ses lèvres. « Enfin ! Réveille-moi cette caboche ! » Il lui reprocha sans élever la voix. « Tous ces gens autour de ta famille. Qui sont-ils ? Des sorciers lambda ? » Angelo secoua la tête de gauche à droite. « Il s’agit d’un loup-garou, d’un né-moldu et d’un moldu, n’est-ce pas ? » Scott laissa l’idée mijoter quelques secondes avant de reprendre. « S’ils avaient été de simples sorciers, rien de tout cela ne serait arrivé, tu ne crois pas ? ».

Mais encore William reprenait ses plaintes. « Je suis impuissant. Je ne peux rien faire à part regarder ce désastre devant mes yeux. Je suis un Animagus mais même ça, ça ne me sert à rien. Je suis tellement … » Il leva ses mains devant ses yeux comme pour mimer ses dires. Quel comédien ! Il en faisait un peu trop, non ? Quoi que cela ressemblait bien au subterfuges d’Angelo. Les dramas c’était bien son truc à lui aussi mais sur les autres c’était d’un ennui irritant. « Tu ignores tellement de tes capacités William. Être animagus n’est pas rien, cela ne sert pas à rien. » Dit-il en reprenant ses termes. Mais le garçon ne le laissa pas poursuivre davantage. « J’aimerais … j’aimerais être plus puissant. Plus fort. Plus terrifiant. J’aimerais … être plus comme vous. Je crois … que je serai prêt à n’importe quoi pour vous ressembler. » Lui ressembler ? En voilà une idée. Personne ne voulait lui ressembler. Il était bien trop fou aux yeux des autres, bien trop ambitieux, malicieux, manipulateur ou méchant. Personne ne voulait être comme lui. Puis ce petit jeune qui ne connaissait rien à rien, perdu dans bien peu, il lui sortait un discours pareil. Il n’allait donc pas finir de le surprendre. « Pouvez-vous m’aider ? »

Ce n’était plus une perche à ce compte-là mais une déclaration. Angelo commença à se lécher les lèvres avec malice, retenant un sourire. « Je peux t’aider à te servir de ton don à bon escient. » Il pianota de ses doigts sur la table en bois. « Aussi petit qu’une souris, aussi facile tu te faufiles. » Eh oui, quelques talents de poète. « Tu es jeune William, tu as le temps d’apprendre. Je peux t’apprendre. » Il attrapa sa baguette, il sentit le jeune homme se tendre d’un seul coup. Il avait encore bien la crainte. Tant mieux. « Flambios » Il chuchota le sort pour dessiner une souris de flamme juste au-dessus de leur table. Cette dernière se faufila dans chaque petit recoin de la taverne. Lui aussi pouvait illustrer ses propos mais avec plus de classe. « Je connais des personnes qui pourraient t’apprendre à être meilleur, à être plus fort. » Il pensait à son frère ou sa sœur qui ne refuseraient pas de donner quelques cours de magie noire à un disciple d’Angelo. « Pour cela, il faut que tu acceptes mon aide et que tu me fasses confiance pour te guider sur la bonne voie. » Le demi-dieu savait qu’il fallait y aller en douceur et avec des pincettes même si ce n’était pas sa méthode préférée. Encore dans le fleur de l’âge, et attaché à sa vision erronée du bien, un petit lavage de cerveau était nécessaire avant de pouvoir le compter parmi les siens. « Es-tu prêt à faire ce que je te dis, Prewett ? »


:copyright:Lilith

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Billy Prewett
Contexte
Nous sommes le jeudi 7 février 2002. Le monde de Billy s'écroule petit à petit : il est toujours en conflit avec son père, sa mère vient de retrouver quelqu'un, sa petite soeur s'est faite mordre par un loup-garou et Alex Bennett sort toujours avec son pire ennemi. Billy ne contrôle plus rien et sa discussion avec les Scott le pousse à réagir et à prendre davantage sa vie en main.

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Mr. Scott avait raison. D’une certaine façon. Si on y regardait bien, tous les malheurs de Billy étaient réunis en deux catégories : les Moldus et les créatures. Henry Denvers ne faisait pas parti de leur monde. Ce n’était pas qu’il avait un enfant sorcier qu’il pouvait se vanter de connaître les sorciers et leur monde. De même qu’un Né-Moldu avait toujours mis la communauté sorcière en danger en fricotant à moitié avec des sorciers et des moldus. Enfin, les créatures étaient des êtres tellement sournois, tellement à part. Leur malédiction portait bien son nom. C’était tragique ce qui leur arrivait et personne n’avait pensé à y trouver un remède. Même si en Irlande les choses étaient différentes, Billy voyait bien qu’en Angleterre il était compliqué pour une créature obscure de trouver un travail. Ils étaient automatiquement notés sur un registre à leur majorité et beaucoup de sorciers les évitaient comme la peste. Et à juste titre, personne ne souhaitait se faire mordre par un vampire ou être transformé en un loup-garou.

« Je peux t’aider à te servir de ton don à bon escient. » reprit Angelo d’une voix doucereuse.

Billy releva la tête vers lui. Être un Animagus, c’était au départ pour ressembler à Peter Sullivan. C’était plutôt cool et ça en jetait sur les écrans ! mais franchement, devenir une souris ? Ça craignait. Pourtant, Mr. Scott ne le voyait pas ainsi.

« Aussi petit qu’une souris, aussi facile tu te faufiles. »

Billy fronça les sourcils, intrigué. Se faufiler ? Certes, ça lui avait permis comme ce soir de sortir discrètement de Poudlard. Mais pouvait-on vraiment y voir un avantage ?

« Tu es jeune William, tu as le temps d’apprendre. Je peux t’apprendre. »

Les yeux de Billy eurent soudain une lueur d’espoir. Alors, il acceptait ? Il voulait lui enseigner quelques tours ? Angelo attrapa sa baguette et Billy se raidit sur son siège.

« Flambios » lança l’homme d’une voix aussi faible qu’un murmure.

Une souris de flamme se matérialisa sur leur table avant de se faufiler dans les recoins de la taverne. Billy la regardait, le cœur battant d’excitation. Il était curieux de savoir ce qu’Angelo avait en tête. Se faufiler, d’accord. Mais dans quel but ? Pouvait-il vraiment sauver sa famille de cette manière ?

« Je connais des personnes qui pourraient t’apprendre à être meilleur, à être plus fort. Pour cela, il faut que tu acceptes mon aide et que tu me fasses confiance pour te guider sur la bonne voie. » susurra Mr. Scott, le regard appuyé sur Billy. « Es-tu prêt à faire ce que je te dis, Prewett ? »

A nouveau, Billy leva un regard plein d’espoir vers cet homme. Il n’était pas bien grand et ne payait pas de mine. Mais son aura suffisait à intimider Billy et sans doute n’importe quel sorcier censé. Billy hocha alors la tête, d’abord timidement, avant de déclarer à voix haute :

« Je veux être meilleur. Je veux que vous m’aidiez. » dit-il. « Je suis prêt. »

▼△▼△▼△▼△▼△ Samedi 9 février 2002 ▼△▼△▼△▼△▼△

Joey était rentrée chez son père pour le week-end. Cela tombait à pic. Il n’y aurait personne pour lui poser de questions. Fergus était occupé avec Millie tandis que Livia passait la journée à Pré-au-Lard avec des amies. Billy, prudent, s’était dirigé de son côté vers la Tête du Sanglier. Il n’y avait pas beaucoup d’élèves qui se rendaient de ce côté-ci du village. Une cape et un capuchon rabattu sur la tête, personne ne lui posa de questions. Billy se dirigea alors vers le gérant et repoussa à peine son capuchon pour demander :

« Je viens voir Aphrodite et Apollon. » dit-il.

C’était le nom qu’Angelo lui avait dit d’employer. L’homme grogna et lui fit signe de passer derrière lui. Sans discuter, Billy se dirigea derrière le comptoir alors que l’homme lui indiquait la réserve. Une boule dans la gorge, Billy s’agrippait à sa baguette comme à une bouée de sauvetage. Le gérant lui désigna la trappe au sol avant de refermer la porte de la réserve derrière lui. Seul, avec une pauvre ampoule pour éclairer la petite pièce. Billy déglutit et exécuta un sort pour faire se soulever la trappe. Rien ne bougea. Il soupira avant de faire la chose manuellement.

Au fond, il n’y avait que le noir. Billy murmura un « Lumos » et une faible lumière apparut au bout de sa baguette. Il emprunta l’escalier en bois qui grinça légèrement sous son poids et commença à descendre. Il semblait que les ténèbres se faisaient plus profondes au fur et à mesure qu’il progressait. Est-ce que la lumière de sa baguette faiblissait elle aussi ?

« Euh … y’a quelqu’un ? » demanda-t-il.

Soudain, la trappe se referma au-dessus de lui dans un craquement sonore. Il venait d’arriver au pied des escaliers et toujours aucun source de lumière. Du bruit se fit alors entendre sur le côté et Billy tourna aussitôt sa baguette dans cette direction. Un souffle se propagea alors, soulevant les cheveux du Serpentard et éteignant sa baguette.

« Non … » souffla-t-il. « Lum… »
« Brumeas ! »

La baguette de Billy tomba à ses pieds alors qu’une force invisible semblait s’être saisie de lui. Il chercha à se débattre mais quelque chose le retenait. Il fut soulever de terre et à ce moment-là, Billy eut la sensation de perdre un autre de ses sens : après la vue, c’était le toucher. Il allait crier quand un ricanement se fit entendre. Le cœur de Billy battait à tout rompre mais il osa dire :

« Monsieur … Scott ? »

Soudain, une voix féminine parla, intimant à « Anthony » de reposer Billy. Les lumières s’allumèrent alors dans la réserve et Billy ferma les yeux, soudain ébloui. Quand il recouvra la vue, la baguette qu’Anthony tenait dans sa main le reposait au sol. Des nuages de fumée noire qui le retenaient s’évanouir alors qu’un sourire flottait toujours sur les lèvres d’Anthony.

Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone LPQu

« J’suis sûr qu’il s’est presque pissé dessus ! » s’amusa-t-il.

Il tourna la tête vers une personne derrière lui. La voix féminine. Alice Scott. Billy perdit ses mots en revoyant la jeune femme. La première fois qu’il l’avait rencontré, c’était lors de l’anniversaire de Dae-Hyun, il y avait de cela trois mois maintenant. Elle était toujours aussi belle, ses cheveux blonds flottant autour d’elle et son regard si déterminé, comme si elle savait parfaitement ce qu’elle voulait.

« Eh bien, c’est qu’il a aussi perdu sa langue, le petit Billy ! »

Anthony passa un bras autour des épaules de Billy qui grimaça.

« Ce n’était pas drôle … » dit-il en essayant de se dégager de l’emprise du jeune homme.
« Oh ! bien sûr que si. C’était un petit tour de passe-passe pour te mettre l’eau à la bouche. »

Anthony ricana et alla se placer à côté de sa sœur jumelle. La réserve était bien plus grande que ce que Billy avait imaginé. Elle avait sans doute été agrandie à l’aide d’enchantements. Les étagères de nourriture avait été poussées sur un côté et un grand espace leur permettait de s’entraîner. Car oui, Angelo lui avait proposé une initiation dès aujourd’hui. Angelo n’était pas là cependant. Il lui avait dit qu’il reviendrait le voir, mais qu’en attendant il devait se préparer avec son frère et sa sœur. Cela ne l’avait pas vraiment dérangé. Anthony avait été une oreille attentive à ses malheurs même si Billy reconnaissait ne pas adhérer à son humour. Quant à Alice, c’était une sorcière magnifique que Billy désirait ardemment impressionner.

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« Mr. Scott m’a dit que vous m’aideriez à être plus fort. » dit Billy.

Anthony ricana à nouveau et appuya son coude sur l’épaule de sa sœur.

« Mr. Scott … » répéta-t-il en secouant la tête. « Ici tu l’appelleras Arès. D’accord ? Tout comme nous nous appelons Aphrodite et Apollon désormais pour toi. »

Anthony voulait se donner un genre, un air important. Mais Billy tourna la tête vers Alice. C’était avec elle qu’il voulait discuter, qu’il voulait s’entraîner. A quoi au juste ? Il ne savait pas encore, mais il n’allait pas tarder à le découvrir …

▼△▼△▼△▼△▼△ Samedi 16 février 2002 ▼△▼△▼△▼△▼△

Le cœur de Billy battait la chamade alors qu’il descendait les escaliers sous la trappe. Cette fois-ci, Anthony n’avait pas joué de petit numéro à Billy et les lumières étaient toutes allumées. Cette fois-ci d’ailleurs, Angelo Scott était là. Billy marqua un temps d’arrêt en le voyant. Mais il se décida d’avancer quand même. Il avait eu l’intention de dire quelque chose et il devait aller jusqu’au bout de son idée.

Il s’approcha des trois Scott et présenta devant eux une Gazette du Sorcier du mardi 12 février. Billy lut les premières phrases à haute voix :

« Alors que nous pensions que le mouvement des Mangemorts était terminé en même temps que la seconde ère du Seigneur des Ténèbres, il semble qu'ils soient de retour. En effet, le lundi 11 février, dans la soirée, un bar dans l'Allée des Embrumes fut saccagé. Cet acte que nous pouvons qualifier de terroriste fut mené par des sorciers habillés entièrement de noir. Un tém … »

Anthony lui arracha le journal des mains pour lui-même lire la suite. Un sourire aux lèvres il le montra à Angelo.

« Ca rend plutôt pas mal en photo ! » s’amusa-t-il.

Billy le regardait, horrifié, pas certain de bien comprendre.

« Je … C’est que … »

Il peinait à trouver ses mots. En vérité, il n’avait pas besoin qu’Angelo serait là. Il était plus facile de parler à Anthony et Alice. Mais peut-être que cette visite n’était pas innocente.

« Je … j’étais d’accord pour apprendre la magie noire. Malgré mes réticences. Mais … je ne peux m’empêcher de m’interroger. Est-ce que … est-ce que cette attaque a un quelconque lien avec vous ? »

Son cœur battait la chamade, tellement il était horrifié de prononcer cette vérité à voix haute. Sa mère était en plus citée dans l’article. Sa mère était sur place. Sa mère se doutait-elle que Billy avait commencé à prendre des cours sur la magie noire ? Sa mère pouvait-elle imaginer qu’il était en relation avec les responsables de cette tuerie ?

C’était une mauvaise idée de venir ici. Définitivement. Billy marqua un instant d’hésitation. Un de trop. Avant de tourner les talons précipitamment pour regagner la trappe. Mais Angelo fut plus rapide …

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ

Billy Prewett

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Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
Jeudi 7 février 2002

« Je veux être meilleur. Je veux que vous m’aidiez. » dit-il. « Je suis prêt. »

Point de départ d’une collaboration insensée entre un gamin et un sorcier charismatique puissant. Tels étaient les mots qu’avait prononcé William Eden Prewett, animagus à potentiel, on ne pouvait pas lui enlever ça.

Samedi 16 février 2002

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« Comment s’était avec le petit samedi dernier ? Sœurette m’a dit que tu avais été très taquin avec lui… » Angelo voyait déjà son frère rouler des yeux, exaspéré par son ton de reproche alors qu’il fusillait Alice du regard. « Je l’ai un peu charrié seulement, rien qui ne va compromettre tes plans, ne t’inquiète pas ! » Il fit mine d’écarter cette éventualité d’un revers de main. « C’est juste qu’il est… hésitant. Je ne suis pas sûr qu’il soit le potentiel que tu prétends voir en lui. C’est juste un gamin paumé qui ne sait pas encore ce qu’il veut. » Le demi-dieu se rapprocha soudainement de son frère qui eut un mouvement de recul, surpris par sa mouvance soudaine. « Il n’est pas encore prêt mais justement, en hésitant, il laisse à l’autre prendre la décision à sa place. C’est à nous de le décider, à toi et Alice plus précisément ! » Il pointa son doigt sur la poitrine d’un Apollon déjà saoulé par l’affaire. « Il faut lui trouver un but dans cette histoire, un truc à quoi il pourrait se raccrocher, et le maintenir de notre côté. » Anthony sembla réfléchir et sur le point de répondre quand les marches de l’escalier se mirent à craquer sous le poids d’un nouvel arrivant.

William était ponctuel. Tous les regards étaient fixés sur lui mais cela ne le fit pas chanceler d’un fil. « Alors que nous pensions que le mouvement des Mangemorts était terminé en même temps que la seconde ère du Seigneur des Ténèbres, il semble qu'ils soient de retour. En effet, le lundi 11 février, dans la soirée, un bar dans l'Allée des Embrumes fut saccagé. Cet acte que nous pouvons qualifier de terroriste fut mené par des sorciers habillés entièrement de noir. Un tém … » Accoudé au mur, Angelo était pensif. Il se délectait de ce récit, quoi qu’un peu trop sobre à son goût. « Ça rend plutôt pas mal en photo ! » Anthony, quant à lui, appréciait manifestement le style. Le demi-dieu ne daigna même pas baisser les yeux sur l’article que son frère lui présentait, il garda le regard sur William, sonné. « Je … C’est que … » Un sentiment de panique sembla monter en lui, son regard était fuyant. « Je … j’étais d’accord pour apprendre la magie noire. Malgré mes réticences. Mais … je ne peux m’empêcher de m’interroger. Est-ce que … est-ce que cette attaque a un quelconque lien avec vous ? »

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Anthony jeta un regard de sous-entendus à Angelo. Ce dernier s’empressa de briser le silence pesant par un rire tonitruant. « Qu’est-ce que tu vas imaginer là William ! » Il sonda quelques secondes ses yeux de souris apeurés. « Tu penses que je suis à l’origine de … ça ? » Anthony et Alice ne pipèrent mot, ils s’éloignèrent même pour laisser leur frère gérer. « C’est une accusation ? » L’incrédulité de l’idée tourna rapidement à l’indignation. Il osait porter un grief à son encontre ? A son QG où il lui offrait des cours personnalisés ? Le ton moqueur du demi-dieu se fit plus méfiant soudainement, il fronça les sourcils, sur ses gardes. « Je ne comprends pas, pourquoi insinues-tu cela ? » Il se redressa du mur duquel il était appuyé, croisant les mains en attrapant son poignée. « Ne t’ai-je pas invité ici, à côtoyer les personnes qui me sont le plus chères pour T’aider, TOI ? » Il pointa le doigt sur la poitrine du jeune homme. « Et tu m’accuses de ces absurdités… » Puis la colère laissa place à la tristesse. « Je croyais que l’on était fait du même sang… Que l’on se battait pour les mêmes causes, contre ceux qui ont ravagé ta famille. »

Angelo laissa planer un silence de confusion, laissant le doute s’installer chez son invité. Dans le fond, il ne mentait pas. C’était bien Arès le responsable de cet événement. Pas Angelo. Il se rapprocha de son protégé en lui tapotant gentiment le dos, exerçant une pression pour qu’il marche avec lui. « Ecoute, je croyais que l’on s’était compris. » Il parlait plus doucement, la colère était passée, il était temps de s’expliquer plus calmement. « Je veux seulement te donner tous les outils pour te défendre contre les gens comme ça. La prochaine fois qu’un loup-garou, qu’un vampire ou tout autre créature s’en prendra à un membre de ta famille, tu sauras TE défendre et LES protéger. » Scott savait que William n’allait pas se défiler maintenant, il était bien trop vaniteux et ambitieux, il souhaitait être plus talentueux que tout le monde. « Tu voulais me ressembler… C’est ta chance William. » Il marqua un temps de pause et se replaça vers son frère et sa sœur, en face du jeune adolescent. « Mais si tu préfères partir, si tu n’es pas prêt… La porte est ouverte. »


:copyright:Lilith

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"I prepare for the noble war. I'm calm, I know the secret. I know whats coming and I know no one can stop me not even myself."

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Billy Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 9 février 2002. Le monde de Billy s'écroule petit à petit : il est toujours en conflit avec son père, sa mère vient de retrouver quelqu'un, sa petite soeur s'est faite mordre par un loup-garou et Alex Bennett sort toujours avec son pire ennemi. Billy ne contrôle plus rien et sa discussion avec les Scott le pousse à réagir et à prendre davantage sa vie en main.

Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
« Alors c'est vrai ? Arès t'envoie en tant qu'apprenti ? » demanda Alice, intéressée.

Le cœur de Billy fit un bond dans sa poitrine en comprenant qu’elle s’adressait à lui. Et elle semblait sérieusement curieuse de son cas.

« O … oui. » réussit-il à articuler alors que les lèvres de la jolie blonde se fendaient en un sourire.
« Eh bien, pourquoi pas après tout ? Il serait bon pour Apollon et moi-même de nous entraîner un peu… »

Le visage d’Anthony se barra lui aussi d’un sourire, mais comme s’il avait eu une autre idée en tête, une idée bien plus malfaisante que ce que laissait entendre sa sœur. Alice avança alors de quelques pas, se rapprochant de Billy et l’étudiant de haut en bas comme si elle essayait de déterminer s’il n’était pas un produit trop défectueux. Inconsciemment, Billy se redressa et essaya de bomber le torse.

« Et puis... je suis curieuse quant à ce que tu as dans le ventre, mon chou. »

Son visage était désormais plus proche du sien et son clin d’œil charmeur fit rougir Billy. Elle se tourna alors vers Anthony qui avait avancé d’un pas.

« Qu'en penses-tu ? » lui dit-elle.
« Faut voir … »

Anthony semblait plus dubitatif mais soudain, Billy était animé par l’idée de faire ses preuves devant cette jeune femme qui s’intéressait particulièrement à son cas. Il voulait lui faire plaisir. Non, il voulait lui prouver ce qu’il valait. Lui montrer qu’il avait toute sa place ici. Billy carra un peu plus les épaules et dit :

« Je suis prêt à tout essayer. »
« Fabuleux ! » s’enthousiasma Alice en tapant dans ses mains.

Anthony lâcha un rire moqueur et après un coup d’œil complice avec sa sœur il leva sa baguette.

« Une idée de premier sortilège, frangin ? »
« Que penses-tu du sortilège Flamenum, sœurette ? »
« Flamenum... quelle bonne idée ! »

Et aussitôt sa sœur eut confirmée son idée, qu’Apollon fit jaillir de sa baguette un grand éclair de flammes. Billy recula d’un bond en voyant avec quelle rapidité le sortilège avait été exécuté. Les flammes formaient une grande barrière entre Aphrodite et Apollon, et de l’autre côté Billy. Quel était ce sortilège ?

« Le Flamenum est un maléfice qui fait apparaître un éclair de flammes au bout de la baguette du lanceur, comme tu peux le voir. » dit-elle, comme ayant lu dans ses pensées.

La chaleur était forte et Billy avait mis une main devant ses yeux pour ne pas être trop ébloui par la lumière des flammes.

« C'est une bonne introduction à la magie noire, un sortilège offensif qui peut servir de défense si bien pensé... »
« Magie noire ? » tressaillit Billy.

Ce sort … c’était de la magie noire ? Une boule se forma dans sa gorge. Merde, il aurait dû se douter que quelque chose n’allait pas. Un sort aussi facile, aussi simple. Il commença à faire un pas en arrière, mais Anthony, aussi rapide qu’un serpent, projeta un nouvel éclair de flammes dans le dos de Billy, l’empêchant de remonter les escaliers jusqu’à la trappe. Le cœur battant, Billy se tourna vers les Scott. Le mur de flammes qui le séparait d’eux avait disparu et tous deux avançaient vers lui. Alice avait croisé ses bras sur sa poitrine, étonnée.

« Qu’est-ce qui se passe Prewett ? Tu veux déjà partir ? » lança Anthony, sourcils froncés, comme ne comprenant pas la raison.
« Je suis sûre qu'il est juste surpris. » susurra Alice, prenant sa défense.

Billy observait Anthony puis Alice. La famille Scott était une famille puissante de Sang-Pur. Billy ne connaissait rien à l’histoire mais il n’avait pas à être surpris : les Sang-Pur frayaient souvent avec la magie noire. Et sa mère lui avait enseigné que cette forme de magie était le mal incarné.

« Il ne va pas fuir comme un lâche, pas pour si peu, enfin ! Il n'est pas un enfant... » continua Alice avant qu’un nouveau sourire n’apparaisse sur ses lèvres roses. « N'est-ce pas, mon chou ? »

Billy déglutit. Alice semblait être une jeune femme belle et forte. La magie noire ne l’effrayait pas. Elle avait même grandi avec. Elle ne semblait pas pour autant malheureuse. Au contraire, même. Belle, désirable, le regard fier et le sourire heureux, elle semblait s’être épanouie. Une idée se fraya dans son esprit : se pouvait-il que sa mère ne lui ait pas tout dit sur la magie noire ? Toujours un peu méfiant, Billy se tourna toutefois complètement vers les jumeaux.

« Ma mère m’a dit que la magie noire était néfaste pour les sorciers. » argua-t-il, comme pour justifier sa surprise.
« Ta mère est une Auror, c’est ça ? » demanda Anthony. « Les Aurors apprennent la magie noire, tu sais. »

Billy déglutit tandis que sa main faisait rouler sa baguette entre ses doigts. Il ne répondit pas et Anthony poursuivit.

« Ta mère t’a dit que la magie noire était néfaste. Elle t’a menti. La magie noire est néfaste si tu ne sais pas la contrôler. Ta mère l’utilise. Dans son travail, chaque jour. Je l’utilise. Aphrodite l’utilise. »

Anthony marqua une pause avant d’ajouter.

« Arès aussi. »

Billy croisa le regard d’Anthony. Il n’était pas moqueur et hautain. Au contraire, il cherchait plutôt à lui délivrer un enseignement. Pourtant, ce fut vers Alice que Billy se tourna une nouvelle fois pour avoir la confirmation ce que disait son frère.

« La magie noire peut-être néfaste si on l'utilise mal… mais, honnêtement, ça vaut pour toutes choses et toutes magies. » expliqua Alice en hochant la tête.

Billy baissa les yeux sur sa baguette, comme si elle détenait un pouvoir dont il n’avait jusqu’à alors pas soupçonné l’existence.

« Ce que nous savons, par contre, c'est que cette magie est puissante. » poursuivit Alice d’un ton beaucoup plus sérieux qu’à l’ordinaire. « Si on te l'enseigne il est indéniable que tu ressortiras de cette expérience plus grand, plus fort. »

Cette fois-ci, Billy releva la tête et croisa le regard d’Alice. Plus grand, plus fort. C’était les mots qu’Angelo avait utilisés lui aussi. Meilleur en somme pour protéger sa famille.

« La puissance fait peur aux sorciers... mais elle n'est pas toujours mauvaise. Cela dépend des mains qui la tiennent. »

La dernière phrase d’Alice résonnait à ses oreilles comme un mantra. Il ferma les yeux, entendant largement le sang pulser à ses oreilles. C’était comme quelque chose qui murmurait, quelque chose qui l’incitait à lâcher prise, à rejeter ce qu’il savait et à s’ouvrir à de nouveaux horizons.

« Arès a dit que tu avais les mains appropriées pour une telle puissance. » ajouta Anthony, presque sur un ton de défi.

Billy rouvrit les yeux.

« Ok, je suis prêt. » dit-il.

Samedi 16 février 2002

Si Alice ne bougea pas d’un cil, Anthony lança un regard vers Angelo. De toute évidence, ils savaient quelque chose mais tous se ralliaient à un seul individu : Angelo ou Arès, comme on lui avait dit de l’appeler.

« Qu’est-ce que tu vas imaginer là William ! » s’écria le leader. « Tu penses que je suis à l’origine de … ça ? »

La réponse d’Angelo le désarçonna un instant et Billy secoua la tête.

« Je … Je pensais … avec ces trucs de sang impure … »
« C’est une accusation ? » reprit Angelo, le regard incrédule.

Soudain encore plus apeuré d’avoir vexé l’une des seules personnes à le comprendre ces derniers temps, Billy se dépêcha de répliquer.

« NON ! Non, je … » balbutia-t-il.
« Je ne comprends pas, pourquoi insinues-tu cela ? » poursuivit Angelo, se redressant du mur contre lequel il était appuyé.

Billy chercha désespérément de l’aide auprès d’Alice mais celle-ci s’était volontairement mise en retrait avec Anthony.

« Je … j’ai pensé … j’ai … j’ai paniqué … » tenta d’expliquer Billy en faisant un pas en arrière.

Tout d’un coup, tout se mélangeait dans sa tête. La semaine d’avant il avait commencé à apprendre des sortilèges de magie noire, des choses assez basiques selon les jumeaux. Ce qu’il croyait à propos de cette branche de la magie avait été remis en question. Et là, à nouveau, cet article lui embrouillait l’esprit. Pourquoi avait-il pensé ça ? Il se sentait bien bête tout d’un coup face à Angelo qui semblait sincèrement vexé par cette accusation. Il avait été idiot et immature ! Les Scott étaient les personnes les plus proches de lui ces dernières semaines et voilà qu’il les accusait.

« Ne t’ai-je pas invité ici, à côtoyer les personnes qui me sont le plus chères pour T’aider, TOI ? » dit Angelo en pointant un doigt sur la poitrine du Serpentard. « Et tu m’accuses de ces absurdités… »

Le masque de colère se transforma soudain en une profonde tristesse, comme s’il se sentait trahi. Billy déglutit, mal à l’aise.

« Je croyais que l’on était fait du même sang… Que l’on se battait pour les mêmes causes, contre ceux qui ont ravagé ta famille. »

Ceux qui ont ravagé ma famille … Comme il y a une semaine, ces derniers mots tournèrent en boucle dans sa tête et il arrêta de reculer, prenant un temps d’arrêt pour réfléchir à ces paroles. Son père avait été un idiot, en croyant qu’il pouvait chambouler toute sa vie pour un homme comme Chastang. Quant à sa mère, elle était en train de commettre la même erreur avec ce moldu … Et Vicky avait fait les frais d’une inconsidération de la part des sorciers irlandais sur les créatures sombres. Les loups-garous …

Perdu dans ses pensées, il sentit soudain la main d’Angelo se poser dans son dos, le tapotant puis l’incitant à marcher à ses côtés.

« Ecoute, je croyais que l’on s’était compris. Je veux seulement te donner tous les outils pour te défendre contre les gens comme ça. La prochaine fois qu’un loup-garou, qu’un vampire ou tout autre créature s’en prendra à un membre de ta famille, tu sauras TE défendre et LES protéger. »

Le poing de Billy se resserra à cette idée. Oui, c’était le but premier. Il voulait devenir meilleur, plus fort, plus performant. Il ne voulait pas être faible. Il voulait être un véritable sorcier, maîtrisant les branches de la magie même les plus complexes. Il n’écartait pas totalement son rêve d’être acteur, non. Juste … il y avait des priorités plus importantes à régler avant …

« Tu voulais me ressembler… C’est ta chance William. »

La voix d’Angelo était si douce. Sa main lâcha le dos de Billy avant qu’il n’aille se placer entre Anthony et Alice. A les regarder, eux trois, ils semblaient incroyables.

Forts. Unis. Et purs.

« Mais si tu préfères partir, si tu n’es pas prêt… La porte est ouverte. »
« Non ! » s’écria-t-il. « Je veux continuer. »

Il déglutit, ferma les yeux et prit une inspiration.

« J’ai été … aveuglé par la peur. » dit-il en rouvrant les yeux. « J’avais des doutes, mais je n’en ai plus. Je veux continuer à apprendre la magie noire. Et je veux rester avec vous. Je sais qu’avec vous, je peux devenir quelqu’un de puissant. »

Il voulait être certain qu’ils ne douteraient pas de son envie d’être à leurs côtés. Oui, c’était ce qu’il voulait. Il voulait s’allier aux Scott. Ils étaient véritablement sa chance de rendre le monde meilleur. Il n’y avait qu’à voir la manière dont ils étaient soudés entre eux en ce moment-même.

A nouveau, Anthony jeta un regard vers Angelo, comme pour avoir son approbation et fit un pas en avant vers Billy.

« Il faut que tu comprennes une chose. » dit-il d’un ton dur. « Si tu veux devenir puissant, tu ne peux pas être faible. Et pour ne pas être faible, tu vas notamment devoir augmenter ton seuil de douleur. »

Il jeta un regard à sa sœur jumelle et lui fit un hochement de tête, comme pour lui dire qu’il est ok. Alice lança soudain un des sortilèges impardonnables, le sortilège Doloris. Anthony le prit de plein fouet et tomba aussitôt à genoux. Mais aucun son ne sortit de sa gorge. Ses dents étaient serrées et son visage était déformé par la douleur. Mais il semblait résister de toutes ses forces à la douleur. Cela ne dura que quelques secondes et pourtant, Billy crut que cela durait une éternité.

Le sortilège terminé, Anthony tomba à quatre pattes au sol, reprenant visiblement son souffle. Billy se tourna alors vers Alice, en quête de réponse.

« Tu vois, mon chou... » commença-t-elle avec un sourire malicieux alors qu’elle était restée de marbre jusque-là. « … ce qu'un sorcier puissant peut endurer. »

Elle semblait rayonner de fierté face à la force de son frère qui peinait à se remettre debout, son visage agité de tics nerveux.

« Tu veux être puissant, n'est-ce pas ? » lui demanda-t-elle en levant les yeux vers Billy.

Un frisson parcourut son dos. Il allait vraiment le faire, hein ? Anthony le regardait à présent. Son regard était dur, creusé. Billy se souvenait avoir déjà ressenti la douleur de ce sortilège en 3ème année. Il avait eu très peur et surtout très mal. Mais à présent, il était un jeune homme. Et il savait ce qu’il voulait. S’il fallait en passer par là …

« Je veux être puissant. » répondit-il en défiant les Scott.

Il n’en fallut pas plus pour Anthony. D’un geste vif, il avait attrapé sa baguette et lança le sortilège impardonnable. La douleur s’empara de Billy aussitôt. Ce n’était pas seulement concentré à l’endroit où le sortilège l’avait percuté. C’était partout à la fois. Violent. Sans fin. Sans limite. Le cri qui lui échappa n’était même pas humain.

Et soudain, il n’y avait plus rien. Quand il commença à reprendre conscience de la réalité, Billy était allongé sur le sol. Une larme avait roulé sur sa joue et il était essoufflé. Des tâches noires flottaient devant ses yeux et son corps tremblait encore.

« Il ouvre les yeux ! » s’écria la voix d’Alice. « C'est qu'il a de l'endurance ! »

Ses oreilles bourdonnaient encore quand des petits applaudissements se firent entendre et que les talons d’Alice claquèrent sur le sol en pierre pour arriver jusqu’à lui. La forme d’Alice apparut devant ses yeux alors qu’elle s’était penchée vers son corps.

« Je savais que j'avais bien fait de parier sur lui... » dit-elle de sa voix douce.

Ses doigts vinrent caresser les cheveux de Billy. Il déglutit et reformula sa pensée : Alice Scott passait ses doigts dans ses cheveux.

« Montre leur ce que tu vaux, mon chou. »

Les yeux de Billy papillonnèrent à nouveau mais, ragaillardi par ces encouragements, il se força à se redresser. Anthony et Angelo n’avaient pas bougé de leur place, contrairement à Alice qui le regardait toujours avec une certaine affection. Billy se sentit rougir et sa mâchoire tressauta. Était-ce encore un effet du sortilège ou bien l’aura séduisante de la jeune femme ?

« Je peux réessayer. » dit-il, son regard plongé dans celui de la jeune femme, comme attendant un nouveau signe d’encouragement.

Ses yeux s’illuminèrent en entendant ces paroles et la jeune femme se tourna aussitôt vers ses frères.

« Vous l'avez entendu ? Il est prêt à réessayer. » dit-elle, guillerette, come fière des talents de son jeune protégé. « Je vous en prie, messieurs. »

Billy se redressa sur ses jambes, tanguant légèrement, alors qu’il regardait Alice prendre à nouveau place entre Anthony et Angelo. Elle lui adressa alors un clin d’œil, que Billy interpréta comme un « Allez, je crois en toi ». Les poings serrés, la respiration encore courte, il leva la tête vers la baguette d’Anthony puis vers le regard d’Angelo, comme pour vérifier qu’il avait réussi à prouver ce qu’il valait.

Samedi 16 mars 2002

Billy resserra sa main sur la baguette. Le sourire d’Anthony ne lui disait rien qui vaille. Et il avait raison de se méfier. D’un geste adroit, l’homme pointa sa baguette sur Billy et lança :

« Stranguleus epinas ! »

Une liane couverte d’épines jaillit de la baguette du jeune Scott et se dirigea droit vers Billy. Mais ce dernier leva sa baguette et prononça d’un ton clair et assuré :

« Protectae amelis. »

Soudain, devant les pieds de Billy, une barrière d’ombre se leva aussitôt, interrompant la course de la liane qui fut coupée nette par la barrière magique dressée par Billy.

« J’ai réussi … » murmura-t-il.

A travers la barrière d’ombre, il voyait le regard d’Anthony qui tiquait. Evidemment, lui qui adorait s’amuser devait certainement être un peu déçu d’avoir vu son sortilège être interrompu ainsi. Mais sa tête se tourna vers Alice qui souriait de toutes ses dents comme si elle avait enfin obtenu ce qu’elle voulait. Le cœur de Billy battait à tout rompre. Cette forme de magie qu’il pratiquait maintenant depuis un mois lui donnait des palpitations dans tout le corps. C’était simple, il ne s’était jamais senti aussi vivant et aussi fort qu’en prononçant ces sortilèges. Même quand, lors de chaque séance, Anthony et Alice le testaient pour évaluer son rapport au sortilège Doloris, Billy sentait qu’il le faisait pour le bien de quelque chose de plus grand que lui, quelque chose qui le dépassait. Mais il devait le faire, il le savait.

Cela ne faisait qu’un mois que les jumeaux lui enseignaient la magie noire mais au fur et à mesure des séances, Billy se sentait de plus en plus confiant. Pourquoi sa mère l’avait-elle autant mise en garde envers cette branche de magie ? Certes, elle était destructrice. Mais destructrice pour les ennemis. Billy avait là, entre ses mains, les moyens de mettre à l’abri sa famille. Il ne connaissait pas beaucoup de sortilèges encore et n’avait pas encore osé mettre un pied dans la réserve de la bibliothèque – Mme Pince ne lui aurait jamais autorisé – mais il se sentait mieux. Beaucoup mieux.

Il avait tant douté en janvier sur son incapacité à ne pouvoir agir pour sa famille, mais à présent, grâce aux Scott, il se sentait gagné par de nouveaux sentiments, notamment celui de la puissance.

Des bruits de pas se firent entendre derrière lui et il se retourna d’un bond, la barrière magique qu’il avait dressée disparut aussitôt. Là, par les marches de la trappe descendait Arès.

Billy déglutit, les battements de son cœur s’accélérant davantage en voyant cet homme. Il le terrifiait et en même temps, il l’admirait. Il n’avait pas été souvent présent aux séances. A dire vrai, la dernière fois que Billy l’avait vu, c’était le mois dernier quand il l’avait accusé des agissements monstrueux dans ce bar.

Depuis, il y avait eu une nouvelle attaque, à l’UMS, au début du mois. Edmund les avait appelés le soir-même, lui, son père et Vicky. Il avait l’air d’aller bien mais était terrifié. Mais surtout, il était en colère. De la même manière, Billy s’était mis en colère, incapable cependant de comprendre pourquoi. D’une certaine façon, il avait l’impression que le groupe des Blue Dragons n’était peut-être pas si éloigné du bien qu’il ne l’aurait cru au premier abord. Après tout, ils avaient surtout visé des Né-Moldus … Et peut-être qu’ils n’avaient pas tort de vouloir les éloigner de la société sorcière. Pouvait-on vraiment leur faire confiance ? Après tout, ils avaient un pied dans deux mondes et pouvaient menacer terriblement les autres sorciers. Ne représentait-il pas un danger ?

Alice et Anthony l’avaient souvent lancé sur des réflexions comme celles-ci, notamment parce que le professeur Chastang était un Né-Moldu. Pour le bien de Billy, avaient-ils dit, ils avaient fait des recherches sur l’homme et son passé. Fils de deux moldus, l’un alcoolique, l’autre dépressive, son père avait maintes fois failli découvrir le monde des sorciers, notamment quand le frère d’Ethan s’était dressé entre son père et le petit garçon qu’était Ethan à l’époque. L’homme était tellement instable qu’il aurait pu alerter de nombreuses personnes autour de lui et tout aurait pu tomber. Alice était aussi allée observer le mode de vie de Henry Denvers, un moldu qui élevait un adolescent sorcier. Tout son monde était entre des moldus et des sorciers et il ne semblait même pas caché la particularité de son fils face à ses voisins et à sa famille éloignée. N’était-il pas complètement inconscient d’agir ainsi ? Et il souhaitait entraîner la mère de Billy dans ses conneries ? Ethan et Henry ne méritaient-ils pas un petit rappel à l’ordre pour le danger qu’ils faisaient courir aux personnes qui les entouraient ?

Toutes ces réflexions avaient amené Billy à réfléchir sur bien des choses. Il ne cautionnait pas du tout les violences et les meurtres. C’était bien trop extrême et surtout, il y avait des innocents. Si certaines personnes l’auraient mérité car ils avaient commis des erreurs ou bien parce qu’ils refusaient de comprendre, d’autres pouvaient simplement avoir un petit rappel à l’ordre. Bref, ce genre de pensées obsédaient Billy ces dernières semaines et il savait qu’il avait choqué quelques personnes autour de lui, du moins le peu qu’il s’était ouvert à eux. Mais pas les Scott. Les Scott le comprenaient et ils semblaient dire que d’autres personnes partageaient les mêmes idées.

Était-ce pour cela qu’Angelo était là aujourd’hui ? Allait-il acclamer les nouveaux sortilèges appris par Billy ? Ou bien avait-il des nouvelles informations à lui partager ?

@ Victoire

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Billy Prewett

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Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
Samedi 16 février 2002

« Non ! » s’écria-t-il. « Je veux continuer. » Touché ! « J’ai été … aveuglé par la peur. J’avais des doutes, mais je n’en ai plus. Je veux continuer à apprendre la magie noire. Et je veux rester avec vous. Je sais qu’avec vous, je peux devenir quelqu’un de puissant. » Angelo ne put retenir le sourire satisfait qui se dessina sur ses lèvres. Aveuglé par la peur, c’était ce qui les décidait tous. Ils craignaient Angelo et tout ce qu’il pouvait leur faire s’il ne le suivait pas. Une motivation plus que suffisante pour le demi-dieu, en tout cas pour l’instant.

Angelo se recula comme pour prendre la mesure de la situation. Anthony se fit un plaisir de prendre la suite. « Il faut que tu comprennes une chose. Si tu veux devenir puissant, tu ne peux pas être faible. Et pour ne pas être faible, tu vas notamment devoir augmenter ton seuil de douleur. » Son frère et sa sœur se firent un plaisir de faire une démonstration des apprentissages qu’ils avaient fait en compagnie de leur cadet. Angelo s’était mis en retrait, observant la scène d’un point de vue omniscient, il examinait chaque trait de l’adolescent, qui était tantôt curieux, tantôt terrifié. C’était hypnotisant à regarder : un lavage de cerveau sur mesure. « Je veux être puissant. » S’écria le jeune Prewett en ancrant son regard dans chaque membre des Scott et Angelo se concentra sur la scène qui se jouait devant ses yeux.

Anthony se dévoua sans difficulté pour torturer la nouvelle recrue. Cela ne dura que quelques secondes avant que ce dernier ne perde connaissance sur le sol en pierre. « C’est un premier pas : le choix. Le deuxième sera la résistance. » Grommela Angelo alors qu’Alice se penchait au chevet du blessé. « Il ouvre les yeux ! C'est qu'il a de l'endurance ! » Le demi-dieu enfonça les mains dans ses poches, lassé par cet interlude qui prenait trop de temps à son goût. « Je savais que j'avais bien fait de parier sur lui... » Sa sœur avait souvent tendance à faire des manières inutiles, en particulier aux hommes mais là il s’agissait d’un gosse… « Montre leur ce que tu vaux, mon chou. » Allongé au sol, le jeune William reprenait tranquillement ses esprits, dorloté par Alice. « Je peux réessayer. » Murmura-t-il sans quitter une seule du regard la blonde.

Cela donna quelques idées à Angelo, il les observa en silence, remarquant aisément les étoiles dans les yeux de l’adolescent. « Vous l'avez entendu ? Il est prêt à réessayer. Je vous en prie, messieurs. » Anthony n’attendit pas une seconde de plus et leva sa baguette. Angelo se contenta d’adresser un hochement de tête à peine perceptible à son apprenti qui lui renvoya un regard plein de détermination. Les séances prochaines allaient s’avérer laborieuses mais intéressantes.

Samedi 16 mars 2002

Il y avait plusieurs semaines qu’Angelo ne s’était pas présenter à l’un des entrainements de William. Il avait laissé ce soin à Anthony et particulièrement à Alice qu’il avait encouragé à continuer de faire les yeux doux. Angelo savait qu’en tirant sur cette corde, l’arc se tendrait de lui-même. Traduction : Billy le suivrait sans rechigner.

Le demi-dieu descendit les quelques marches d’un pas lourd comme à son habitude. Il aimait annoncer son arrivée par ce biais. William se retourna et sembla déglutir en le voyant. Il faisait souvent cette impression aux jeunes recrues, et cela était bien loin de lui déplaire. « Bonsoir William. » Il se positionna sous la lumière, à seulement quelques centimètres de l’adolescent. « Je m’en veux de ne pas avoir pu assister à tes séances d’apprentissage mais je savais qu’entre les mains expertes d’Anthony et celles plus douces d’Alice, tu serais bien entouré. » Il suggéra d’un geste des obligations dont il ne pouvait se défiler.

Angelo tendit une petite boite au jeune Prewett, désemparé. « Ouvre ! C’est un cadeau pour te récompenser de tous tes efforts. » L’adolescent souleva le couvercle et contempla quelques instants le scrutoscope, une petite toupie verte. « Tu sais ce que c’est ? » Il n’attendit pas de réponse et poursuivit. « Elle se met à siffler et briller lorsqu’un danger approche. Je me suis dit qu’elle pourrait t’être utile à toi et à ta famille pour vous prévenir d’éventuelles menaces. » En vérité, Angelo s’était appliqué à modifier l’objet pour que celui-ci s’actionne seulement à proximité de créatures magiques. Avec ce présent, il prouvait à William sa valeur aux yeux de son maître et l’encourageait sur la bonne voie.

Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone Alice-et-Anthony

« Ce n’est pas le seul cadeau que je t’amène ce soir. » Cette fois-ci il leva les yeux vers son frère. « L’on m’a que tu avais fait beaucoup de progrès depuis la dernière fois que l’on s’est vu. Ainsi, j’ai quelque chose à te confier. » Il marqua une pause, toujours sous le projecteur qui renvoyait sans aucun doute une image à contre-jour pas des plus avantageuses de son visage. « Une mission. » Il se rapprocha d’Alice et lui prit la main pour la guider vers William. « Alice ira avec toi. Du moins pour la première étape. » Il sourit malicieusement. « Deux sorciers doivent se rencontrer sur l’Allée des Embrumes le samedi suivant. Ils ont une dent contre moi et j’ignore pourquoi. » Angelo exagéra son ton. « J’ai besoin de savoir et même si je pourrais me fondre dans la masse pour les écouter, je me suis dit que ce serait une parfaite première mission pour toi. » Il toisa William quelques secondes. « Qu’en dis-tu ? Te sens-tu prêt à tester tes acquis sur le terrain ? »


:copyright:Lilith

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"I prepare for the noble war. I'm calm, I know the secret. I know whats coming and I know no one can stop me not even myself."

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Billy Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 9 février 2002. Le monde de Billy s'écroule petit à petit : il est toujours en conflit avec son père, sa mère vient de retrouver quelqu'un, sa petite soeur s'est faite mordre par un loup-garou et Alex Bennett sort toujours avec son pire ennemi. Billy ne contrôle plus rien et sa discussion avec les Scott le pousse à réagir et à prendre davantage sa vie en main.

Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
« Bonsoir William. » souffla la voix suave d’Angelo qui se positionna sous la lumière du plafonnier, de telle sorte qu’il se trouvait désormais à quelques centimètres de Billy.
« Bonsoir. » répondit-il d’une voix qui se voulait assurée.

Angelo entretenait une sorte de mystère autour de lui. Assez peu présent au final au cours des séances, Billy ne le connaissait pas énormément et cela rendait ses actions encore plus imprévisibles.

« Je m’en veux de ne pas avoir pu assister à tes séances d’apprentissage mais je savais qu’entre les mains expertes d’Anthony et celles plus douces d’Alice, tu serais bien entouré. » poursuivit-il.

Billy jeta un coup d’œil à Anthony et Alice qui semblaient s’être effacés depuis l’arrivée d’Angelo. C’était lui qui menait la danse, les autres se contentaient juste d’obéir.

« J’apprends beaucoup avec eux. »

Cette réponse parut satisfaire le sorcier qui sortit alors une boîte de sa poche avant de la lui tendre.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il en la prenant entre ses mains.
« Ouvre ! C’est un cadeau pour te récompenser de tous tes efforts. »

Son cœur s’accéléra. Un cadeau ? Était-il aussi bon que cela ? Cela le revigora. Oui, il était bon, puisque c’était Angelo lui-même qui validait ses efforts. Il était prometteur et avec l’aide de la magie noire, il pourrait bientôt être un membre à part entière du cercle proche d’Angelo. Depuis quelques temps, cette idée lui trottait dans la tête. Cet homme le fascinait autant qu’il l’effrayait. Mais il savait surtout qu’à son contact, il pourrait accomplir des grandes choses.

Il souleva le couvercle et trouva, sur un mouchoir en soie blanc, une sorte de toupie verte. Un scrutoscope. Billy ne savait pas exactement à quoi cela servait mais il en avait déjà vu dans la salle du professeur Chastang ainsi que dans le bureau de sa mère.

« Tu sais ce que c’est ? » demanda Angelo.

Billy releva la tête vers lui, manifestant sa curiosité.

« Elle se met à siffler et briller lorsqu’un danger approche. » expliqua-t-il avec un regard entendu. « Je me suis dit qu’elle pourrait t’être utile à toi et à ta famille pour vous prévenir d’éventuelles menaces. »

Billy releva des yeux sincèrement étonnés mais aussi reconnaissants envers l’homme. Oui, il prouvait bien sa valeur car Angelo prenait au sérieux son cas. Angelo n’était pas le genre d’hommes à s’intéresser aux plus faibles, du moins il n’en donnait pas l’air. Comme il l’avait sous-entendu, il avait un emploi du temps chargé et tous ceux que Billy avait pu voir autour de lui semblaient être des sorciers exceptionnels. Alors, si Angelo se déplaçait ici, à l’une de ses séances d’entraînement, et s’il lui offrait un présent, c’était pour lui montrer de l’intérêt. Et donc cela signifiait qu’il le voulait auprès de lui.

Cette idée le transcendait de joie. Mieux, il se sentait enivré. Il n’avait pas souvenir d’avoir déjà ressenti ça un jour. Quelqu’un, un adulte, une personne influente, lui faisait confiance à lui. On comptait sur lui. On lui donnait de l’importance. Et on lui soumettait un apprentissage sérieux sur la magie noire. Ca ne signifiait pas rien.

« Merci. Merci beaucoup. » dit-il en rangeant aussitôt le scrutoscope dans sa poche.

Jamais il ne le quitterait. Cet objet serait bien trop précieux.

« Ce n’est pas le seul cadeau que je t’amène ce soir. » reprit cependant Angelo qui jeta un coup d’œil derrière lui.

Billy tourna la tête pour suivre son regard et vit qu’Anthony souriait, comme s’il partageait un secret avec son frère.

« L’on m’a que tu avais fait beaucoup de progrès depuis la dernière fois que l’on s’est vu. »
« Billy est plutôt prometteur. » concéda Anthony en jetant un coup d’œil à sa sœur.

Alice hocha la tête. Un sourire de fierté s’affichait sur son visage alors qu’elle glissait un clin d’œil malicieux à Billy qui se sentit rougir.

« Ainsi, j’ai quelque chose à te confier. »

Billy tourna la tête vers Angelo, s’attendant à recevoir une nouvelle boîte, mais ce dernier ne lui tendit rien. Non, il se rapprocha subtilement d’Alice, comme un serpent tournant autour de sa proie.

« Une mission. » dit-il en prenant la main de sa sœur pour la rapprocher de Billy. « Alice ira avec toi. Du moins pour la première étape. »

Une … une mission ? Happé par les formes séduisantes de la jeune femme, Billy en avait oublié de se concentrer sur les paroles d’Angelo. Il l’envoyait donc pour une première mission ? Jusqu’ici, Billy ne s’était jamais vraiment interrogé sur ce que faisaient les Scott. Ils étudiaient la magie noire depuis toujours, certes, mais dans quel but ? Ils défendaient les valeurs des Blue Dragons et celles des Mangemorts avec plus de retenue. Mais que faisaient-ils concrètement ? Cette idée le fascinait autant qu’elle l’apeurait.

« C’est … c’est quoi la première étape ? » demanda-t-il.

Angelo eut un sourire malicieux.

« Deux sorciers doivent se rencontrer sur l’Allée des Embrumes le samedi suivant. Ils ont une dent contre moi et j’ignore pourquoi. »

L’Allée des Embrumes était un lieu que la mère de Billy lui avait interdit d’aller visiter. C’était un endroit mal famé, réputé pour abriter des objets de magie noire et d’autres sorciers malveillants. Mais le ton qu’employait Angelo en disant cela paraissait véritablement soucieux. Des sorciers avaient une dent contre lui ? La curiosité de Billy était éveillée. Mieux : son désir de soutenir et de lui prouver sa valeur lui disait qu’il devait agir.

« J’ai besoin de savoir, et même si je pourrais me fondre dans la masse pour les écouter, je me suis dit que ce serait une parfaite première mission pour toi. » continua Angelo. « Qu’en dis-tu ? Te sens-tu prêt à tester tes acquis sur le terrain ? »

Billy croisa le regard d’Angelo qui semblait le mettre au défi de refuser. Alice aussi le scrutait, avec un regard plus doux cependant, comme si elle savait combien cela pouvait l’effrayer. Enfin, Anthony, un peu en retrait, le regardait comme s’il savait déjà d’avance qu’il aurait trop peur pour accepter. La bouche sèche, Billy s’avança tout de même d’un pas.

« J’en suis ! » dit-il.

Anthony lâcha un petit rire moqueur, ignoré par son frère et sa sœur. Billy allait lui prouver. Il allait leur prouver à tous. Il arriverait au bout de sa mission.

Samedi 23 mars 2002

Alice l’attendait à la sortie de Pré-au-Lard, là où peu d’élèves étaient susceptibles de se rendre. Ses cheveux blonds toujours élégamment coiffés tombaient dans son dos comme une cascade dorée et ses yeux bleus pétillèrent lorsqu’elle le vit arriver.

« Salut. » tenta-t-il d’un ton qui se voulait détaché et cool.
« Salut mon chou ! » dit-elle, se fendant d’un grand sourire.

La tête rentrée dans les épaules, Billy était nerveux. Il avait dû éluder les questions de Joey lui demandant ce qu’il avait de plus important à faire que d’étudier pour ses ASPIC et avait évité toute l’après-midi Fergus qui l’attendait pour un entraînement au Quidditch.

Ces derniers temps, la présence de Billy auprès de ses amis se faisait de plus en plus rares. Lui qui avait commencé des cours de soutien avec Amaya s’y rendait de moins en moins, entraînant la colère de Joey qui ne comprenait plus son attitude. Sans compter que Billy s’irritait de plus en plus pour peu : un regard de Chastang vers son père, Vi’ qui parlait de ses nouvelles aptitudes de loup-garou comme une bénédiction ou encore les journaux qui se lamentaient sur le sort des moldus qui se faisaient la guerre.

S’il avait été un temps chamboulé par toutes ces remises en perspective, un chemin semblait se dessiner devant lui. Une marche à suivre. Plus claire, plus ordonnée, plus juste. Il n’arrivait pas encore bien à en saisir l’essence, à savoir ce qu’il voulait ou comment l’obtenir. Mais il savait que le premier pas pour y arriver était d’accepter la main tendue d’Alice. Cette dernière vint d’ailleurs lui caresser les cheveux. Une fois elle lui avait confié qu’elle aimait bien toucher les cheveux, encore plus quand ceux-ci étaient longs et soyeux. Ce geste parut redonner de l’assurance à Billy.

« Je suis prêt. » dit-il.
« Et bien allons-y ! »

La jeune femme transplana aussitôt et ils furent happés par un tourbillon de formes et d’odeurs étranges. Lorsque la réalité redevint plus nette, les arbres bourgeonnant de Pré-au-Lard avaient laissé place à de grandes bâtisses grises et insalubres. Les rires des élèves de Poudlard avaient laissé place à des chuchotements sinistres et des cris lointains. Billy prit une inspiration alors qu’une odeur de fumée emplissait ses narines. Ils étaient arrivés sur l’Allée des Embrumes.

Sa mère avait décrit cette allée comme un lieu sinistre et où le désespoir transparaissait auprès de chaque sorcier qui s’y trouvait. Pourtant, les Scott lui avaient indiqué que c’était aussi un endroit stratégique, du moins à n’importe quel sorcier sachant bien s’orienter.

Alors qu’il avait froncé le nez face à l’odeur et qu’il avait plissé les yeux pour essayer de voir à travers le brouillard qui faisait partie intégrante des lieux, Alice commença à marcher d’une démarche droite et assurée. Ses talons claquaient sur le sol pavé d’où des flaques d’une substance non identifiée inondaient les pierre et les rigoles au milieu de la rue.

« Où … va-t-on les trouver ? » demanda-t-il.
« Patience, tu verras bien … »

Alice lui glissa un clin d’œil. Il savait qu’ils devaient trouver deux sorciers et que la mission de Billy était de rapporter les informations essentielles à Angelo. Alice devait l’aider à l’y conduire et Billy faisait le reste. L’exercice ne semblait pas très compliqué de ce point de vue-là. Pourtant, de nombreuses angoisses commençaient à monter en lui maintenant qu’il marchait dans l’Allée des Embrumes. Et si les choses tournaient mal ? S’ils faisaient une mauvaise rencontre ? Et si les sorciers attendaient leur venue ? Si Billy était blessé ? Si Alice était blessée ? Pire … Si …

Depuis qu’ils marchaient dans la rue, ils croisaient de temps à autre des sorciers. La plupart était encapuchonnée de telle sorte qu’on ne voyait pas leurs visages. Mais une voix, un visage fut bien trop familier pour Billy. D’un geste intrépide dont Edmund l’aurait sans doute félicité, Billy poussa Alice dans une ruelle parallèle, sa main dans celle de la blonde et un bras posé sur son bras.

Mais Ethan Chastang ne leur accorda même pas un regard. Il devait avoir l’habitude des comportements étranges ici et continua sa route en parlant avec un autre sorcier de haute-stature. Billy s’était un peu attendu à ce genre de rencontres. Vi’ n’avait eu de cesse de lui chanter à quel point elle était heureuse d’accompagner leur père et Ethan sur le Chemin de Traverse ce week-end pour des emplettes à Londres. Naturellement, Billy avait refusé la proposition, jetant un regard dédaigneux à Ethan lorsque son père et lui l’avaient arrêté dans les couloirs. Cependant, Billy ne pensait pas que le professeur Chastang se promènerait sur l’Allée des Embrumes. Qu’y faisait-il ? Qu’avait-il comme achat à faire ? Et qui était cet homme avec qui il parlait ?

Billy le suivit du regard, un regard qui n’était plus celui d’un enfant apeuré de perdre son papa. Non, le regard d’un jeune homme bien décidé à éloigner la menace de sa famille.

Il se tourna vers Alice et son instinct protecteur s’évanouit pour laisser place à une timidité qu’il avait rarement eu en présence des filles. Les courbes de la jolie blonde se dessinaient près de lui alors qu’il avait encouragé Alice à se cacher contre un mur. Sa main tenait toujours la sienne et ses doigts caressaient distraitement son bras. Se rendant compte de cette proximité, Billy piqua un fard et se racla la gorge.

« C’était … impressionnant ! » dit-elle, un sourire taquin aux lèvres.
« Merci. » dit-il face à son compliment.

Alice lui indiqua qu’ils n’étaient à présent plus très loin du lieu de rendez-vous. Il était temps. Billy prit une inspiration et jeta un coup d’œil dans la rue principale d’où plusieurs sorciers passaient sans prêter attention à eux. Chacun d’entre eux étaient pressés, comme investis d’une mission importante qui ne nécessitait pas de s’arrêter sur qui que ce soit. Tout le monde était suspect ici, Billy ne faisant désormais plus exception.

Il prit une inspiration et attrapa sa baguette. C’était parti. Il murmura l’incantation et soudain, le monde autour de lui s’étira. Le mur du bâtiment contre lequel ils s’étaient cachés était désormais bien plus grand et la jeune femme le dominait elle aussi de toute sa hauteur. Il vit alors son reflet dans une flaque : d’humain, il était passé à présent à une souris au pelage châtain, semblable à sa couleur de cheveux.

La jeune femme se pencha pour le prendre entre ses mains et il grimpa sur son épaule alors qu’elle retournait dans la rue principale. Elle lui gratta doucement derrière les oreilles et il frissonna de plaisir à ce contact. Il était difficile de garder une conscience humaine quand on était un être aussi petit et aussi éloigné de l’être humain. Les choses étaient plus grandes, les lieux plus vastes. Les conversations semblaient lointaines et un instinct de survie menaçait toujours de prendre le dessus.

Ses premières transformations avaient été difficiles. Déjà il lui avait fallu assumer d’être réduit à un animal aussi petit, faible et vulnérable. Joey n’avait pas aidé, cédant rapidement à l’hilarité quand elle l’avait vu. Il faut dire que si Billy avait fait tout ce parcours d’Animagus c’était pour être un lion aussi majestueux que Peter Sullivan. Alors, franchement, une souris, c’était assez ridicule. Mais il avait découvert plus tard qu’être un animal aussi insignifiant et discret pouvait présenter bien des avantages …

Alice s’arrêta près d’un bâtiment au bois sombre. Ils étaient arrivés. Du moins ne pouvait-elle aller plus loin.

Avec de l’aide, Billy descendit de son épaule et commença à avancer sur les rues pavées. Il longeait les murs, évitant avec prudence les passants qui auraient pu l’écrabouiller ou, horrifié par un être aussi répugnant – encore était-il une souris plutôt qu’un rat – ils auraient pu lui jeter un sortilège, mettant fin à sa vie misérable. Heureusement son pelage lui permettait de se fondre sans mal dans cette ambiance lugubre. Il n’eut pas à trottiner trop longtemps sur ses petites pattes. Après avoir longé deux autres bâtiments, il repéra sans mal l’un des sorciers qu’Angelo lui avait désigné. Une cicatrice fort désagréable lui barrait le nez et son regard furetait un peu partout avant de s’engouffrer dans un pub.

Billy déglutit et entra à son tour dans le bar, attendant qu’un client pousse la porte. Heureusement il y avait assez de passage pour qu’il n’ait pas à attendre longtemps. A l’intérieur, des guirlandes multicolores donnaient une ambiance trop joyeuse pour être à sa place ici. Pourtant, il n’y avait qu’à voir la clientèle pur comprendre qu’on se trouvait toujours bien sur l’Allée des Embrumes. Rapidement, Billy dut s’éloigner du passage pour regagner la protection des murs sombres. L’homme s’était déplacé vers le fond du bar où un deuxième homme l’attendait à une table ronde. Il y avait assez peu de lumière et Billy les vit commander rapidement afin d’expédier au plus vite le demi-Troll venu prendre leur commande.

Vite, Billy courut sur ses quatre pattes pour s’approcher au plus près de la table. Il évita de justesse une table qui alla s’écraser contre un mur alors qu’un sorcier faisait tout un esclandre pour une boisson pas assez fraîche. Il évita aussi d’étranges objets au sol et des tâches rouges qu’il préféra ne pas analyser davantage. Son petit cœur battait rapidement, tant par la marche rapide que par l’excitation et la peur. Il ne voulait pas prendre le temps de réfléchir à ce qu’il faisait en ce moment-même, c’est-à-dire une chose illégale en compagnie de gens plus que douteux. Non, il ne voulait pas s’y attarder. Pour une fois, il voulait agir avant de réfléchir.

Il arriva au pied de la chaise du premier homme alors que le demi-Troll était de retour avec leurs boissons.

« Laisse la bouteille, l’ami. » dit le deuxième sorcier.
« Je ne compte pas m’éterniser, Abraxas. »

Billy commença à grimper sur la chaise jusqu’à arriver à l’arrière de l’accoudoir. De là, il entendait bien les discussions et pouvait enfin mettre un visage sur l’homme dénommé Abraxas. Ses yeux étaient bleus, presque globuleux et le peu de cheveux qu’il avait sur la tête était dissimulé sous un chapeau digne du far-west. Mais ce qui était le plus impressionnant était son teint cireux, presque maladif.

« Ce n’est pas pour toi de toute manière. » répliqua-t-il alors que le demi-Troll s’éloignait.

Billy se recula un peu, espérant être suffisamment dissimulé dans l’ombre pour qu’Abraxas ne le voit pas.

« Alors, tu l’as revu ? » demanda le premier homme.

Billy ne pouvait pas le voir, ayant seulement pour vision son dos et parfois un peu son profil. S’il semblait avoir un meilleur teint que son comparse, sa vilaine cicatrice et sa barbe mal rasée démontrait qu’il était sans doute tout aussi peu recommandable qu’Abraxas.

« L’autre jour. Au Lussuria. » répondit Abraxas après s’être longuement rincé le gosier. « Une gonzesse sur ses genoux et un Vélane lui massant les épaules. »

Abraxas cracha comme si cette image le dégoûtait encore.

« J’ai entendu dire qu’ils l’avaient laissé sortir car il avait cédé quelques noms utiles à la Justice Magique. » dit le premier en se penchant en avant.

Abraxas eut un rire particulièrement sonore.

« Ouais, le salopard … Il a toujours réussi à s’en tirer. C’est un Scott après tout. »
« Avec tout ce qu’il avait fait auparavant tout de même … »
« On s’en fout ! Du moins eux s’en foutent ! »

L’homme pointa du doigt le plafond comme s’il parlait d’une entité au-dessus.

« C’est un Scott, son frère est avocat, ils ont de l’argent. Il a purgé sa peine durant quelques années et rideau ! Ces gars-là s’en sortent toujours. Ils sont intouchables. »

Le premier grogna, désapprobateur.

« Purgé sa peine … tu parles … tu te souviens de ce qu’il a fait à Jim ? Il n’a pas pu parler pendant des semaines tellement sa gorge avait été abîmée. »
« Ou des doigts coupés de Corio ? Il avait voulu lui faire une manucure, parait-il … »
« Ils n’ont jamais pu le coincer. On savait tous qui c’était, mais jamais, jamais on n’a réussi à prouver que c’était ce connard qui avait fait ça. »

Il but une gorgée de son verre et frissonna comme si le liquide lui retournait tout l’estomac. Billy s’écarta vivement lorsqu’il se laissa aller contre le dossier de sa chaise. Il manqua de basculer et se rattrapa de justesse à l’un des barreaux.

Son cerveau réfléchissait rapidement à ce qu’il entendait. Les deux hommes parlaient forcément d’Angelo. Sans jamais citer son nom, c’était la mission qu’il avait reçue et ils avaient cité plusieurs fois le nom des Scott. Mais tout ce qu’ils narraient, ces actes de tortures, était-ce vraiment Angelo qui en était le responsable ? Avaient-ils vraiment fait souffrir ces hommes ? Pourquoi ? Dans quel but ? Ce qui se passait à Azkaban était un secret et Billy ne s’y était jamais intéressé auparavant. Mais sans doute que cela devait être une épreuve. Les gens y perdaient leur raison et il fallait être extrêmement fort mentalement pour ne pas perdre de vue la réalité. Angelo s’était-il défendu d’une attaque ? Avait-il cédé à la folie momentanément ?

« C’était lui, ça aussi ? » reprit Abraxas en pointant le nez de son comparse.

L’homme vint se frotter le nez.

« Ouais … l’enflure. Quand j’avais appris pour Jim, j’refusais qu’il s’en tire comme ça. J’avais voulu le coincer, lui faire un peu peur. Mais ce fils de pute avait tout manigancé. Ce mec pense à tout, tout le temps. Si jamais … »

Abraxas se redressa soudainement et se pencha plus en avant sur la table.

« Cette fois-ci, ce sera différent. » dit-il sur un ton de confidence.

Comme rendu parano, ils commencèrent tous deux à jeter des regards autour. Billy retint même sa respiration comme persuadé qu’ils allaient le trouver. Mais les deux hommes reprirent leurs confidences sur un ton plus bas, tellement bas que Billy dut s’avancer à nouveau sur l’accoudoir pour bien saisir chacun de leurs mots.

« Il s’est réinscrit à l’université, c’te idiot. » marmonna Abraxas. « Lundi, à 20h00, il sera chez lui. J’ai envoyé Chuck l’espionner l’autre jour. Ca doit être ses petites habitudes d’ancien prisonnier. »

Les deux hommes échangèrent un regard, comme partageant un secret dont ils refusaient de parler à haute voix. Que se passait-il le lundi soir habituellement à la prison d’Azkaban ?

« On lance le sortilège anti-transplanage, on condamne les autres sorties, et on entre chez lui. »
« Sauf que cette fois-ci, il aura sa baguette. Il était déjà dangereux avant, alors maintenant … »
« Tu te dégonfles maintenant, Dixon ? » s’énerva Abraxas. « Avant, ce crétin utilisait toujours son don de Métamorphe-machin. Là, on connait sa force, on connait son arme secrète. Même s’il a sa baguette, on l’aura. Juste histoire de lui faire payer tout ce qu’il nous a fait subir. »

Dixon hocha lentement la tête, prit une inspiration et se resservit un nouveau verre.

« Une petite remise à niveau, ouais. » grogna-t-il. « Corio sera présent ? »
« Corio, Nate, Pete et Dane. » confirma Abraxas. « ‘Suffit juste d’y aller tous ensemble. Et de ne pas se faire berner par son truc. N’oublie pas le code pour s’identifier … »
« La dernière phrase que Jocelyne nous ait dit à tous les deux … »
« Vous êtes mes derniers enfants … »
« … Jurez de vous protéger jusqu’à ce que la mort vous sépare. »

Le silence retomba entre eux comme une minute de silence solennel pour honorer la mère qu’ils avaient eu autrefois. Ce fut là, dans ce calme soudain, comme on dit, ce calme avant la tempête, que tout dérapa.

Le demi-Troll revint vers eux, sans doute pour leur proposer une nouvelle bouteille – celle qu’ils avaient commandé tout à l’heure était déjà vide à plus de la moitié puisque les deux sorciers n’avaient fait que se resservir sans cesse l’un l’autre entre deux paroles venimeuses – quand il vit Billy. Ou plutôt il vit la souris. L’homme pointa son doigt derrière Dixon qui fronça les sourcils. Abraxas qui avait suivi son regard vit alors Billy.

Alors, l’homme – soit parce qu’il craignait les souris, soit parce qu’il avait cru comprendre la supercherie de voir une souris les épier ainsi sans qu’ils aient de nourriture pour l’attirer – attrapa la bouteille à moitié vide près de lui et la balança droit sur Billy. Ce dernier sauta aussitôt du perchoir où il était tandis que la bouteille venait s’exploser contre le mur, se fracassant avec un grand bruit de verre. Billy roula et se dépêcha de s’écarter tandis que d’épais bouts de verre tombaient à présent sur lui.

Dixon lui-même semblait s’être pris un éclat sur la joue et commença à beugler, n’ayant manifestement pas compris ce qui avait amené Abraxas à effectuer ce geste. Ce dernier pointait sa baguette, à la recherche de la souris, tandis que Dixon l’imitait. Alors que Billy se pensait condamné car il était désormais cerné par les bouts de verre et par Abraxas qui était déterminé à remettre la main sur lui, le bruit fracassant de la bouteille s’écrasant sur le mur parut réveillé la salle. La femme à la table derrière Abraxas poussa un cri face à ce bruit, faisant sursauter un barman qui renversa alors son plateau rempli d’une liqueur rouge sur un groupe de clients déjà bien éméché. Il n’en fallut pas plus pour que tout ce groupe s’anime : l’un empoigna le serveur et lui flanqua son poing dans la figure tandis que l’autre beuglait à qui voulait l’entendre que sa belle chemise avait été tâchée et ne valait plus rien. Le serveur atterrit sur un autre homme qui le repoussa. Et vous l’aurez compris : une bagarre générale éclata.

Ce fut sans doute cela qui sauva Billy. Ce dernier, tentant d’éviter les bouts de verre, longeait à nouveau les murs du bar pour retrouver le chemin de la sortie. Abraxas qui crut le repérer un moment fut alors bousculer par le demi-Troll qui, empoté dans son corps, s’était mangé le coude du client énervé. Billy ne regarda pas un instant derrière lui. Il s’efforça d’éviter les corps des clients qui se bousculaient, se poussaient, se faisaient tomber. Les chaises raclaient le sol, faisant trembler les planches en bois tandis que Billy courrait aussi vite qu’il le pouvait.

Plus près que la porte de sortie, il s’engouffra dans un trou de sortie alors qu’une chaise manquait de lui tomber dessus. A l’intérieur, tout était sombre mais très vite ses yeux s’habituèrent à l’obscurité. Il ne ralentit pas le pas et commença à escaler des poutres en bois, à travers la laine de verre qui avait été à moitié dévorée par d’autres nuisibles. Très vite, il grimpa et se retrouva à l’extérieur, mais sous les toits. Son cœur battait toujours la chamade alors qu’il regardait la rue pavée de l’Allée des Embrumes où des sorciers commençaient à arriver, intrigués par les bruits de violence qui se faisaient entendre à l’intérieur du pub.

Et puis il la vit. Alice. Inquiète pour lui ? Intriguée elle aussi ? Elle s’était approchée avec la foule mais ses yeux scrutaient surtout le sol. Elle cherchait Billy. Ses yeux se levèrent alors, comme guidée par un instinct. Billy commença à bouger, comme le bord du toit le lui permettait, espérant attirer son attention.

Alice se précipita sous la bordure du toit, ses mains en coupe et Billy n’hésita pas. Il sauta. Aussitôt qu’il atterrit dans ses mains, il sentit un hameçon le tirer par son petit estomac de souris alors que la jeune femme transplanait. Secoué, il mit un peu de temps à reprendre pied dans la réalité.

Ils n’étaient plus sur l’Allée des Embrumes mais sur une vaste plaine où le vent soulevait les cheveux blonds d’Alice. Cette dernière avait sorti sa baguette et regardait autour d’elle, comme s’attendant à avoir été suivie. Mais il n’y avait personne. Personne d’autre, rien, à part une calèche en bois qui semblait les attendre.

Lorsqu’elle l’eut reposée à terre, Billy se retransforma aussitôt. Il craignait toujours de perdre un vêtement en route, encore plus en étant face à Alice qu’il voulait toujours impressionner. Mais sa métamorphose fut parfaite. Assis sur le sol, il peinait à reprendre son souffle, comme réalisant véritablement les événements qui venaient d’avoir lieu.

« Eh bien … il y a eu du grabuge … »

Billy leva les yeux vers Alice. Croisant son regard, son visage s’adoucit et elle s’approcha de lui. Sa main passa dans ses cheveux et il apprécia cette caresse après tout ce chaos.

« Tu as l’air tout secoué, chou … » dit-elle. « Que s’est-il passé là-bas ? »

Billy se mordit la langue et poussa un soupir.

« Ce n’était pas censé se passer comme ça. J’étais en train de tout écouter et puis … cet idiot de serveur m’a vu … et là tout s’est passé très vite. »

Il secoua la tête et tourna le visage vers Alice.

« Angelo sera en colère ? »

Alice se mordit les lèvres, comme embarrassée :

« Chou, je peux prévoir et prédire beaucoup de choses... Mais les réactions de mon petit frère n'en font pas parti. »

Billy déglutit, ses mains tremblant légèrement. Pourtant, Alice se redressa et ajouta avec un petit sourire, sa main tendue :

« Avec un peu de chance, le chaos lui plaira. »

Billy leva à nouveau les yeux vers elle. Elle ne perdait jamais son optimisme, et surtout, elle ne semblait jamais perdre confiance en Billy. Il prit alors la main tendue d’Alice et se laissa hisser sur ses jambes. Ils quittèrent l’herbe bien verte de là où ils se trouvaient pour regagner la calèche. On se serait cru retrouver à la fin du XIXème siècle. Aussitôt assis sur la banquette plutôt spacieuse, Alice donna deux coups de baguette sur la fenêtre et la calèche se mit en route. Après avoir roulé un moment, Billy sentit qu’ils quittaient le sol pour s’envoler.

« Où allons-nous ? » balbutia-t-il.
« Chez Anthony. »

Tout ce qu’il avait entendu, les plans des deux sorciers, le passé d’Angelo, leurs visages inquiets et leurs paroles assassines, tout ça lui revenait en mémoire.

« Angelo … tout ce que ces hommes ont dit sur lui … les tortures, la souffrance. Il a vraiment fait ce qu’ils disent qu’il a fait ? »

Il leva les yeux vers Alice. Il savait qu’elle n’avait pas entendu tout ce qu’il s’était passé dans ce bar, mais elle devait bien se douter de quoi il parlait. Son visage s’assombrit légèrement puis elle soupira.

« Tu sais, chou... »

Elle marqua une pause comme pour chercher ses mots, ses yeux regardant l’horizon par la fenêtre.

« Mon frère n'est pas un ange. Il a dû faire certains choix dans sa vie et ils n'étaient pas toujours les plus glorieux. C'est en partie ce qu’implique d’être un Scott. »

Son visage se tourna alors vers le sien.

« Mais n'aie crainte. Tant que je serais là, tu peux avoir confiance. Je m'assure personnellement qu'aucune limite ne soit dépassée sans que cela soit nécessaire. »

Assise face à lui, Billy se rendait compte qu’elle possédait véritablement une beauté surnaturelle. Et il était assis dans cette calèche avec elle. Seul. Avec elle. Il venait de risque sa vie. Il avait enfreint le règlement intérieur de Poudlard. Il avait enfreint même la loi en ne déclarant pas son Animagus ou en espionnant cette conversation. La peur ressentie laissait désormais place à une excitation nouvelle tandis que ses yeux se perdaient sur les lèvres pleines de la jeune femme qui vint poser une main sur son épaule.

« Tu me fais confiance ? » dit-elle, un doux sourire sur les lèvres.

Billy hocha la tête et regarda un instant son bras. Ses doigts parfaitement manucurés. Ses avant-bras élancés. Sa peau nue qui apparaissait par endroits comme une invitation. Alors, guidé par un instinct qu’il ne pensait pas posséder jusque-là, il quitta sa banquette pour aller s'asseoir à côté d'Alice. Et, encouragé par son absence de réaction, il passa une main dans sa nuque. Son cœur battait autant la chamade qu'auparavant tandis que ses yeux se posaient une nouvelle fois sur les lèvres de la jeune femme. Combien de fois n'avait-il pas rêvé de les embrasser ?

Il s’approcha alors en avant, ses yeux se fermant au fur et à mesure qu'il se penchait vers elle. A son tour, la jeune femme s’avança, ses lèvres frôlant désormais les siennes. Un frisson gagna son dos alors qu’il ne pouvait détourner ses yeux d’elle. A présent bien ouverts, leurs regards se croisèrent et puis, alors qu’il se sentait comme hypnotisé par chacun de ses mouvements, alors qu’il ne pouvait bouger, alors que leurs lèvres allaient se sceller, un sourire joueur apparut au coin de ses lèvres. Et puis, ses lèvres s’éloignèrent des siennes pour s’approcher de son oreille.

« Tu es absolument craquant, chou... Mais n'allons pas trop vite en besogne. »

Billy déglutit et la regarda se redresser tandis qu’un rire cristallin s’échapper de sa gorge. Quoi ? Alors, pas de baiser pour cette mission brillamment réussie ? Alice posa une main sur sa joue, son sourire toujours accroché à ses lèvres.

« Je te promets un baiser... Quand tu seras prêt. »

Quand il serait prêt ? Genre quand ? Il n’eut pas le temps de s’interroger davantage que la jeune femme se pencha vers lui pour venir déposer un baiser au coin de ses lèvres. Bon, c’était sans doute tout ce qu’il aurait aujourd’hui ? Et c’était mieux que rien. Il se redressa à son tour et la regarda, ses yeux emplis de convoitise et de désir.

Lentement, ils entamèrent leur descente et les roues de la calèche se posèrent sur le sol. Billy regarda par la fenêtre et découvrit qu’ils étaient arrivés devant un manoir. Un portail noir en fer forgé gardait l’entrée. Une fumée noire en ouvrit les grilles et la calèche put pénétrer à l’intérieur du domaine. Ils traversèrent un jardin avec une fontaine en son centre. Puis, la calèche s’arrêta au bas de marche. Anthony Scott attendait à leur sommet et un sourire se dessinait au coin de ses lèvres, comme à son habitude.

Billy descendit le premier de la calèche et lui serra la main d’un air viril alors qu’il les guidait vers l’intérieur. Il essayait de faire en sorte que son regard ne s’attarde pas sur les objets étranges ou les tableaux fascinants. Ce n’était pas digne du palais royal d’Irlande, ni du château Poudlard, mais cela restait impressionnant. Seulement, il ne risquait pas de faire ce plaisir à Anthony. Alice marchait sur ses talons quand ils arrivèrent dans un petit salon où Angelo était installé, sirotant un cocktail à la couleur étonnante.

En le voyant ainsi, les propos de Dixon et d’Abraxas revinrent dans sa mémoire. « Gorge abîmée … sale état … doigts coupés … » Ces propos l’effrayaient autant qu’ils le fascinaient. Cet homme, assis dans ce fauteuil, avait commis des crimes atroces, dignes d’un véritable psychopathe. Or, tout ce que Billy voyait était un homme qui avait su faire trembler les autres et imposer le respect. Un respect qu’il se devait visiblement de rappeler puisque plusieurs prisonniers voulaient tenter de lui faire payer. Et il était hors de question de les laisser faire.

« J’ai toutes les informations. » dit-il d’une voix qui se voulait assurée.

Il avança d’un pas mais il fut soudain frappé par un sortilège en pleine poitrine. Il bascula à terre, et se roula sur le côté alors que l’Endoloris s’infiltrait par tous ses pores. Il s’efforça de serrer les dents, retenant le cri de douleur ou les larmes qui perlaient à ses yeux. Puis le sortilège cessa. Aussitôt, Anthony se mit au-dessus de lui et le souleva par le col de sa veste.

« Quel est le premier sortilège qu’on t’a enseigné ? »

Billy ouvrit les yeux, une larme roulant sur sa joue, alors que la rage reprenait le dessus. Il tenta de se soustraire à la prise d’Anthony mais celui-ci pointa sa baguette sur sa joue. Il entendit Alice et Angelo dire quelque chose en retrait. Mais Anthony ne relâcha pas sa prise.

« J’veux être certain que ce soit bien lui … »

Evidemment. Avec des hommes qui en voulaient à Angelo, il voulait peut-être se protéger. Pourtant, le regard qu’Anthony lança Angelo sembler parler d’autre chose. D’autres secrets encore plus délicats …

«  Fla… Flamenum. » éructa Billy entre ses dents.

Anthony le regarda un instant dans les yeux, leurs visages très proches l’un de l’autre. Hésitait-il à le croire ? A cet instant, difficile de dire qui était le plus en colère des deux. Le regard d’Anthony avait perdu de sa malice et son visage était aussi dur que la pierre. Quant à Billy, il détestait cette façon qu’on avait de le soupçonner alors qu’il était prêt à tout pour les Scott.

Et puis, aussi soudainement que cet excès de rage était arrivé, un sourire se dessina sur les lèvres d’Anthony. Sa baguette retourna dans sa poche et il tendit la main à Billy pour l’aider à se relever. Celui-ci hésita à la prendre, son corps encore secoué de spasmes au sortilège impardonnable.

« Tu reviens d’une mission importante, Prewett. Et tu es ici chez moi. Je refusais de mettre ma propriété plus en danger. » expliqua Anthony, sa main toujours tendue.

Billy tourna la tête vers Alice qui semblait l’encourager. Puis, il attrapa celle d’Anthony qui le tira vers le haut.

« Tu es revenu en un seul morceau. Félicitations. » dit-il.

Pourtant, dans sa voix, ne transparaissait pas une joie affolante. Il semblait dire ça comme si quelqu’un l’avait obligé. Billy hocha la tête avant de se tourner vers Angelo. C’était lui qu’il voulait voir. A lui qu’il voulait parler. Il s’approcha à nouveau de lui, la démarche mal assurée après le sortilège.

« Dixon et Abraxas. C’est leurs noms. » dit-il. « Ils veulent agir lundi soir, à 20h, ils ont dit. Et ils ne seront pas seuls. Ils ont donné d’autres noms. Corio … Nate, je crois aussi. Ils seront nombreux. Et ils y réfléchissent depuis un moment. Ils veulent mettre un sortilège anti-transplanage et tout pleins d’autres sortilèges. Ils … ils veulent se venger de … de ce qui s’est passé en prison. »

Billy ne savait comment nommer la chose, ni s’il était censé en parler devant Anthony et Alice qui écoutaient attentivement les informations. Pourtant, il espérait qu’Angelo n’écarterait pas la chose. Il voulait en savoir plus. Pourquoi, comment. Quelle était sa motivation ? Comment s’y était-il pris ?

@ Victoire

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Billy Prewett

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Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
Samedi 23 mars 2002

Angelo se balançait sur sa chaise à bascule, un verre rempli d’un alcool douteux à la main. Il patientait aux côtés de son frère et dans sa demeure. Un château plutôt prestigieux et suffisamment grand pour que le jeune Scott puisse allonger ses jambes. Anthony n’était pas aussi patient que lui, il ne cessait de faire les cent pas dans le séjour, à l’affut de la moindre cariole qui pouvait débouler sur le chemin. Il n’arrêtait pas de répéter que William n’était pas prêt, que c’était la plus grosse connerie qu’Angelo ait pu faire depuis sa sortie d’Azkaban. Le métamorphomage se contenta de siroter son verre, un sourire amusé aux lèvres, le laissant tout décharger avant de rétorquer : « Parce que tu crois vraiment que j’ai encore des opposants vivants qui me pourchassent ? » Anthony se retourna vers lui, les sourcils froncés puis un éclair de compréhension passa devant ses yeux et un sourire naquit sur son visage auparavant soucieux.

Même si le jeune Prewett s’annonçait prometteur, il était hors de question qu’il lui confie quoi que ce soit de sérieux avant d’avoir la preuve de sa fidélité. Son don était utile et Angelo voulait le garder sous le coude pour le moment opportun. Ce n’était qu’une mise à l’épreuve, et l’apprenti n’avait pas besoin de connaître les dessous de celle-ci. La porte d’entrée claqua et annonça l’arrivée d’Alice et de la souris. « J’ai toutes les informations. » Déclara William à peine la porte franchi. Il semblait déterminé mais il avait encore un peu de mal à cacher son appréhension. Elle se lisait aisément dans ses yeux qui ne cessaient de papillonner dans toute la pièce. Anthony ne le laissa pas faire un pas de plus lorsqu’il lui lança le sortilège doloris en pleine poitrine. William tomba au sol et ses boucles dorées rebondirent, son air surpris ne resta pas longtemps sur son visage puisque la souffrance prit rapidement le dessus. « Anthony… » Avertit Angelo mais celui-ci ne relâcha pas sa prise sur le jeune sorcier. « J’veux être certain que ce soit bien lui … »

Le benjamin des Scott souffla d’exaspération, ne se privant pas de reprendre une gorgée de son breuvage. « Tu reviens d’une mission importante, Prewett. Et tu es ici chez moi. Je refusais de mettre ma propriété plus en danger. Tu es revenu en un seul morceau. Félicitations. » Lâcha-t-il l’affaire en aidant le jeune à se relever. Ce dernier se tourna vers lui, impatient de déballer ce qu’il avait appris. « Dixon et Abraxas. C’est leurs noms. Ils veulent agir lundi soir, à 20h, ils ont dit. Et ils ne seront pas seuls. Ils ont donné d’autres noms. Corio … Nate, je crois aussi. Ils seront nombreux. Et ils y réfléchissent depuis un moment. Ils veulent mettre un sortilège anti-transplanage et tout pleins d’autres sortilèges. Ils … ils veulent se venger de … de ce qui s’est passé en prison. » Angelo fit mine d’écouter attentivement le compte-rendu de son protégé. Il croisa le regard de sa sœur, en retrait près de la porte. Comme Anthony, elle semblait croire que tout ceci était réel, et il n’allait pas se démener pour lui dire le contraire. Plus de gens y croyaient, plus le tout était crédible.

« De ce qui s’est passé en prison, tu dis ? » Angelo reposa son verre sur la table à côté et se redressa sur sa chaise qui se mit à grincer. Il jeta un coup d’œil à Anthony et Alice par-dessus l’épaule du jeune homme. Ils comprirent immédiatement et quittèrent la pièce. Il sentit immédiatement la tension qui émanait du corps de William, c’était comme un fil qu’on aurait tendu d’un seul coup. Prêt à céder. « Qu’ont-ils dit à ce sujet ? Que s’est-il passé en prison ? » Oui ! Raconte à tonton Scott ce qui s’est passé ! Bien qu’Angelo se plut à inventer certains méfaits, il en restait une part de vérité et il se plaisait toujours à entendre ses aventures par un compteur extérieur et terrifié. « Tu sais William, parfois, on est obligé de faire certaines choses pour le bien des siens… Pour protéger ceux qu’on aime. » Il plongea son regard dans celui du jeune William, prêt à toucher son âme, avec un peu de chance, lui, il en possédait une.

Le métamorphomage reposa son dos contre le dossier de sa chaise à bascule et procéda à quelques balancements en réfléchissant. « J’ai bien conscience que je t’en ai pas mal demandé William. Je ne veux pas que tu ais une mauvaise image de moi après tout ce que tu as pu entendre. » Il fit mine d’être tourmenté. « Ces hommes ne m’en veulent pas seulement à moi et à tout ce que j’ai pu faire mais à ma famille également. A mon nom. » Il se massa doucement les sourcils, comme pris d’une soudaine migraine. « C’est aussi mon devoir de veiller sur les miens Prewett. Même s’il n’en a pas l’air : Anthony a besoin de ma protection…Alice également. » Il laissa cette dernière information faire son petit chemin dans le cerveau de l’adolescent aux hormones en folie. « J’ai besoin de ton aide pour les protéger. » Cette fois-ci, William releva le regard vers son gourou qui se balançait toujours, prêt à tout lui céder en un coup de baguette. Angelo le tenait dans le creux de sa main.

--

Sa sœur revint chercher l’adolescent quelques minutes plus tard pour le reconduire chez lui. Ce dernier savait qu’elle reviendrait le chercher pour sa deuxième mission. Une petite visite de courtoisie chez Abraxas et sa femme, il n’avait pas besoin de trop en savoir. Seule sa présence allait suffire à prouver sa dévotion à la cause. Anthony revint également à ses côtés. « Tu sais ce qu’il te reste à faire. » Son regard appuyé rencontra celui de son frère qui acquiesça, un sourire aux lèvres. Cette mission allait être beaucoup plus mouvementée que la première William ! Prépare-toi !


:copyright:Lilith


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"I prepare for the noble war. I'm calm, I know the secret. I know whats coming and I know no one can stop me not even myself."

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Billy Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 23 mars 2002. Le monde de Billy s'écroule petit à petit : il est toujours en conflit avec son père, sa mère vient de retrouver quelqu'un, sa petite sœur s'est faite mordre par un loup-garou et Alex Bennett sort toujours avec son pire ennemi. Billy ne contrôle plus rien et sa rencontre avec les Scott le pousse à réagir et à prendre davantage sa vie en main.

Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone
/!\ TW : Scènes de torture /!\

« De ce qui s’est passé en prison, tu dis ? »

Angelo reposa son verre et la chaise grinça quand il se redressa dedans. Dans le même temps, Billy sentit qu’Anthony et Alice avaient été gentiment invités à aller traîner ailleurs. Billy fronça les sourcils et déglutit. Cependant, il était bien trop curieux pour demander à être congédié à son tour. Il voulait savoir ce qu’il en était réellement et si … si Angelo était réellement capable de toutes ces choses.

Même si ces hommes projetaient de s’en prendre à lui, ils le craignaient. Lui, Angelo Scott, un simple sorcier en apparence. Pourtant, il était craint. Son nom lui-même inspirait la terreur. Comment s’y était-il pris pour générer ce sentiment chez ses ennemis ?

« Qu’ont-ils dit à ce sujet ? Que s’est-il passé en prison ? »

Billy ouvrit la bouche, surpris. Il lui demandait de lui décrire les sévices qu’il avait commis ? Pourtant, il était forcément au courant. Se plaisait-il à les entendre conter ? Ou était-ce une nouvelle mise à l’épreuve ?

« Euh … ils ont … ils ont parlé d’une manucure, qui avait fini avec des doigts coupés. » commença-t-il, guettant chacune des réactions d’Angelo. « Et d’une gorge tellement abimée que … le prisonnier n’avait pu prononcer un seul mot durant des semaines. »

Un air peiné passa dans les yeux d’Angelo.

« Tu sais William, parfois, on est obligé de faire certaines choses pour le bien des siens… Pour protéger ceux qu’on aime. »
« Je … je comprends. »

Oui, n’était-il pas lui-même prêt à faire certaines choses pour protéger sa famille ? Sa sœur ? Sa mère ?

« J’ai bien conscience que je t’en ai pas mal demandé William. » reprit Angelo, reprenant ses balancements sur sa chaise. « Je ne veux pas que tu ais une mauvaise image de moi après tout ce que tu as pu entendre. »
« Ce n’est pas le cas ! » se dépêcha de dire Billy.
« Ces hommes ne m’en veulent pas seulement à moi et à tout ce que j’ai pu faire mais à ma famille également. A mon nom. »

Billy hocha doucement la tête, signifiant qu’il comprenant les sacrifices que cet homme avait du faire. Il était même allé en prison pour protéger ses proches ! Et si c’était le prix à payer pour éloigner tous les dangers de sa famille, Billy était prêt à le faire aussi.

« C’est aussi mon devoir de veiller sur les miens Prewett. Même s’il n’en a pas l’air : Anthony a besoin de ma protection…Alice également. »

Il était difficile de le croire pour Anthony. Ce sorcier était si arrogant que Billy ne pouvait ressentir de la peine ou même de la complicité à son égard. Mais vu sous un autre angle, son narcissisme pouvait sans doute lui jouer des tours. Angelo était donc là pour le protéger de lui-même ? Et Alice … Tout naturellement, Billy ressentait aussi le besoin de la protéger tout comme de se lier à elle. Il eut un regard derrière lui, par là où la jeune femme avait disparu.

« J’ai besoin de ton aide pour les protéger. »
« Je veux les protéger. » déclara Billy. « Je suis prêt à faire ce qu’il faut pour nous débarrasser de cette menace. »

Ces sorciers n’auraient pas la peau des Scott. Billy s’y opposerait. Quoi qu’il en coûterait.

Lundi 25 mars 2002

Il était 18h. Le soleil était passé derrière la colline, plongeant la ville de Manchester dans la douce obscurité de la nuit. Les lumières avaient été allumées dans la maison d’Abraxas où deux ombres s’activaient à travers la fenêtre donnant sur la cuisine. Alice lui jeta un coup d’œil, comme lui demandant silencieusement s’il était prêt. Billy hocha la tête, sa main agrippée sur sa baguette.

Alice lui avait envoyé un hibou la veille pour lui demander de la rejoindre à 17h30 à Pré-au-Lard. Billy n’avait plus de cours en cette fin de journée mais avait dû esquiver les questions de Joey si pressantes un peu plus tôt dans la journée.

*** FLASH-BACK ***

« Billy ! Hé ! »

Il sursauta, ne s’attendant pas à être arrêté d’un seul coup dans les couloirs.

« Quoi ? » demanda-t-il d’un ton brusque en se retournant vers elle.
« Ben rien. Juste je voulais parler. »

Billy ne s’arrêta pas. Il fallait qu’il trouve un moyen de semer Joséphine sinon elle ne le lâcherait pas. Et si elle ne le lâchait pas, il ne pourrait pas aller réviser les sortilèges appris avec les Scott. Cela faisait un mois qu’il s’entraînait avec eux et il avait noté chacun des sorts de Magie Noire dans un carnet. Ce soir, il pourrait les mettre en application. Il savait que ce n’était pas pareil que de les lancer dans un sous-sol d’une taverne. Là il serait dans le feu de l’action.

« J'ai pas l'temps ! » dit-il d'un geste pressé de la main.
« Pourquoi ? Tu n'as pas cours à cette heure-là ? »

Oh nom d’une gargouille ! Cela faisait quelques semaines qu’il passait moins de temps avec elle, mais il avait oublié combien elle pouvait être collante.

« Tu ne veux pas qu'on aille à la bibliothèque pour réviser ? » insista-t-elle.

Billy soupira avant de se stopper dans le couloir pour lui faire face. S’il ne le faisait pas, il sentait qu’elle serait prête à le suivre jusqu’à l’autre bout du domaine de Poudlard.

« Tu vois quelqu'un ? »
« Non. »

Il marqua une pause et, en voyant son air d’incompréhension, il se sentit obligé de préciser.

« Non, je ne veux pas aller à la bibliothèque, et non, je ne vois personne. »

Ce n’était pas ainsi qu’il allait l’encourager à disparaître. Et il ne pouvait décidément pas lui parler de … de tout ça. Il ne lui avait jamais parlé des Scott jusque-là. Ni de sa rencontre avec eux au bal de la famille royale, ni de sa correspondance, ni des entraînements. Alors lui parler des sorts de magie noire … Il savait que Joey vrillerait. Elle arguerait qu’il avait été lui-même visé par l’un d’entre eux lors de la bataille de Poudlard et lui rappellerait les méfaits des Mangemorts à ce sujet. Elle n’était pas en mesure ce que lui voyait. Il voyait au-delà de tout ça. Il y avait une noble cause derrière ces crimes.

La fin justifiait les moyens. Et il devait trouver un moyen de se débarrasser de Joséphine.

« La vérité, c'est que je n'ai plus de temps à t'accorder. J'ai ... des choses plus importantes à faire. »

Oh … Pourquoi c’était si dur ? Elle avait déjà ce regard blessé, comme si son cœur s’était craquelé en entendant ces mots. Billy serra les poings et détourna les yeux, ne pouvant le supporter. Si seulement elle pouvait comprendre qu’il faisait ça pour les protéger, pour les protéger tous. Bientôt il serait plus fort, plus puissant. Il éloignerait tous les danger d’eux. Jamais il ne permettrait que Joey soit victime d’une créature magique comme Vicky l’avait été. Jamais non plus elle ne serait blessée par un moldu ou quelque chose du genre. Il lui donnerait un monde meilleur. Joey avait déjà été trop blessée par le passé pour que ça continue à l’avenir. Et s’il devait en pâtir, tant pis.

« Désolé ... faut que j'y aille ... »

Il tourna les talons, espérant que le choc clouerait les pieds de sa meilleure amie sur place. Mais ce ne fut évidemment pas le cas.

« Tu te fous de moi ? C'est une blague rassure-moi ? » dit-elle en se plantant devant lui.
« Laisse-moi passer, Joey. » soupira-t-il, le regard toujours fuyant. « Je n'ai pas le temps de t'expliquer pour le moment mais ... peut-être ... un jour ... »

Oui, peut-être qu’un jour, elle comprendrait tout ce qu’il avait fait. Peut-être que … Mais pas maintenant. Il chercha à la dépasser mais Joey posa une main sur son torse pour l’obliger à rester là.

« Tu as des problèmes ? Je peux t'aider tu sais. Ça restera entre nous. »

Son ton s’était adouci. Et voilà qu’elle recommençait ! Elle se sentait toujours obligée de faire ça. D’être gentille, compatissante, compréhensive. Elle avait toujours été la meilleure d’eux deux. Celle qui écoutait l’autre, qui en prenait soin. Pourquoi ne voulait-elle pas lui laisser ce rôle ? Il était prêt lui aussi. Il n’était pas faible. Il pouvait la protéger, il pouvait veiller sur elle. Agacé, son regard devint noir et sa main trembla.

« Tu ne peux pas m'aider ! » cracha-t-il.

La peine d’avant avait laissé place à la colère.

« T'as jamais compris ! Et ... tu ne comprends toujours pas ... »

Non, Joey n’avait jamais pris au sérieux sa colère envers son père, envers sa situation familiale. Elle avait toujours été plus ou moins amusée ou bien à l’encourager d’apprendre à connaître le professeur Chastang. Elle voulait qu’il accepte la situation. Mais Billy ne voulait pas ! Il refusait.

« Mais explique-moi enfin ! »
« NON ! » cria-t-il.

Quelques élèves se retournèrent pour les regarder.

« Maintenant, laisse-moi passer ou ... »
« Ou quoi ? » dit-elle en faisant un pas en arrière toutefois. « Tu vas me provoquer en duel ? »

Elle lâcha un rire auquel Billy ne répondit pas.

« Peut-être. »

Cette fois-ci, le choc la cloua sur place. Billy ne se fit pas prier pour la dépasser en lui donnant un coup d’épaule.

*** FIN DU FLASH-BACK ***

« Allons-y ! » souffla Alice.

Billy lui emboîta le pas alors qu’ils se glissaient dans le jardin d’Abraxas. Le plan était simple : pénétrer à l’intérieur, prendre les baguettes des occupants et les menacer pour que le traquenard qu’ils tendaient à Angelo soit abandonné.

Ils arrivèrent devant la porte d’entrée et chacun d’entre eux se mit de chaque côté. Les cheveux blonds d’Alice flottaient dans l’air frais du soir mais son regard si malicieux avait cédé place à un calme et un sérieux que Billy ne lui connaissait pas encore. Elle avait semble-t-il déjà connu pareille situation. Dans quelle vie ? Billy se le demandait. Mais il n’avait pas le temps d’y réfléchir maintenant, il devait agir.

Après un signe de tête vers Alice, celle-ci fit exploser la porte d’un sortilège. Billy pénétra à l’intérieur, plissant les yeux devant la poussière. Un sortilège se dirigea dans sa direction, dévié par un réflexe d’Alice. Billy savait qu’il devait réagir et vite. Il lança un « Expelliarmus » suivi d’un « Stupéfix ». Les sorts ricochèrent sur un charme du Bouclier formé par Abraxas. La poussière s’était dissipée et Billy voyait son visage au teint cireux. Ses yeux exorbités semblaient sincèrement surpris par cette intrusion. Alice lança une nouvelle salve de sortilège qui fit exploser son bouclier. Billy n’attendit pas plus longtemps et lança le sort qui fit quitter la baguette de l’homme.

« Petrificus Totalus ! » lança Billy.

L’homme tomba raide sur le sol et un frisson parcourut le dos du Serpentard. Il n’avait pas encore usé de sortilèges de magie noire, comme s’il avait tout fait pour les éviter. Or, cela le démangeait de le faire. Il en connaissait quelques-uns qui auraient pu lui être utile dans ces cas-là mais n’avait pas osé. Anthony lui en aurait certainement fait la remarque, mais pas Alice qui se contenta de soulever le corps du malheureux par un sortilège et de le mettre debout contre un mur. Elle se tourna ensuite vers Billy. C’était lui qui dirigeait l’opération et elle attendait après lui. Cette idée le regonfla de fierté et il s’approcha d’Abraxas, baguette tendue dans sa direction.

« On … on vient pour vous menacer ! »

Oh … Pathétique, Prewett, pathétique … Il entendait d’ici Anthony se moquer de lui. Sa main se resserra sur sa baguette alors qu’il tremblait légèrement.

« Je vais inspecter le reste de la maison. » lui indiqua Alice en empruntant l’escalier qui menait à l’étage.

Elle avait raison. Après tout, il y avait un deuxième occupant à trouver. Et puis, peut-être qu’elle sentait sa nervosité et lui permettait d’être seul pour faire ce qu’il avait à faire. Billy prit une nouvelle inspiration et riva son regard dans celui d’Abraxas qui ne pouvait que se contenter de le fixer.

« On est au courant pour votre plan de ce soir. Chez Angelo Scott. » reprit-il. « Vous allez tout abandonner. Votre plan, votre mission, votre vengeance. Vous et vos amis allaient prendre le minimum de vos affaires et partir d’Angleterre. Nous ne voulons plus vous revoir. »

Il essayait de durcir sa voix alors qu’il n’entendait que les battements de son cœur.

« Si vous revenez en Angleterre, nous … »
« Persée … »

A l’entente de son nom de code, la baguette de Billy se détourna aussitôt du corps pétrifié d’Abraxas pour se tourner de l’autre côté de la pièce. Tenue en joue par une femme, Alice l’avait appelé d’une petite voix effrayée. Le visage de Billy devint livide en voyant sa partenaire dans une telle détresse. La femme qui pointait sa baguette sur elle avait un chignon serré, lui donnant un air sévère. Elle devait avoir une cinquantaine d’années, en témoignant quelques rides sur son visage et quelques mèches de cheveux gris. Mais elle ne perdait pas de sa ténacité à défier Billy.

« Relâchez mon mari. » ordonna-t-elle d’une voix blanche.
« Relâchez-la. »

Sa voix tremblait légèrement mais ce n’était rien quant à sa main qui tenait sa baguette. Celle de la femme s’enfonça dans la gorge d’Alice qui fit une grimace de douleur. La colère prit le pas sur la peur. Sa main le démangeait tout comme le flux d’énergie qui affluait vers elle. Il savait ce qu’il avait à faire. Et le regard suppliant d’Alice semblait lui ordonner la même chose. « Pas de pitié ».

« Evanescet terra ! »

Une grande fumée noire émana de la baguette, déstabilisant la femme. Billy sentit ses pieds se faire aspirer sous terre avant de réapparaître à quelques centimètres de l’endroit qu’il souhaitait : juste derrière elles. La femme n’eut pas le temps de réagir que Billy lança un nouveau sortilège :

« Levisuspensus ! »

La femme lâcha sa baguette et porta les mains à sa gorge, comme pour retirer la corde imaginaire qui l’enserrait à cet endroit-là. Elle fut soulevée de terre alors qu’un cri muet s’échappait de ses lèvres. Billy, les yeux rivés sur elle, continua de tenir sa baguette tendue. Il avait l’impression que la colère s’était enfin évacuée de son être. Tout passait dans le flux d’énergie qui alimentait le sortilège de magie noire qu’il effectuait. Il ne ressentait plus rien. Plus aucune peur, plus aucune colère, plus aucune souffrance. Le néant total.

Les yeux de la femme commençaient à s’exorbiter mais Billy ne voyait pas la mort venir. Une main d’Alice sur son épaule le ramena à la réalité et le sortilège s’interrompit. Le corps de la femme retomba lourdement sur le sol comme une poupée de chiffon. Elle ne bougeait plus. Le regard toujours fixé sur elle, Billy n’entendait pas les paroles d’Alice. Elle s’agitait autour de lui. Elle vint prendre le pouls de la femme avant d’annuler le sortilège de pétrification sur Abraxas. Ce dernier se précipita sur le corps de sa femme, son corps tremblant. Alice parlait encore. Le ton de sa voix était tranchant et l’homme acquiesça, saisi d’effroi. A nouveau, elle leva les yeux vers Billy mais ce dernier était incapable d’effectuer le moindre mouvement.

Un bourdonnement sourd l’empêchait d’entendre correctement et un brouillard obscurcissait sa vue. Qu’avait-il fait ? Avait-il tué cette femme ? Il l’avait tué hein ? C’était à cause de lui … Il avait … Oh Merlin … Il avait tué quelqu’un. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait ça ? Cette fois-ci, le frisson qui remonta le long de sa colonne vertébrale jeta un vaste froid sur tout son corps. Il claquait des dents tandis que ses mains étaient agitées de soubresauts incontrôlables.

La main d’Alice se reposa sur son épaule et ses lèvres effleurant sa joue le ramenèrent à la réalité. Billy secoua la tête. La femme était toujours étendue au sol et le corps de son mari était près d’elle. Inconscients. Les lumières de la pièce avaient toutes été éteintes et ils étaient plongés dans l’obscurité la plus totale. Aucun bruit ne résonnait à l’horizon.

« Que … Que s’est-il passé ? » demanda-t-il, conscient que son cerveau s’était déconnecté pendant plusieurs minutes.

Il n’arrivait pas à comprendre le regard d’Alice. Était-elle en colère ? Déçue ? Peinée ? Elle lui expliqua qu’elle avait oublietté les deux sorciers pour qu’ils ne se souviennent pas de leurs visages. Elle avait aussi modifié leurs souvenirs afin qu’à leur réveil, ils prennent le premier bateau pour l’Australie et ne reviennent jamais en Angleterre.

« La … la … femme … elle est … elle est … vivante ? »

Prononcer cette phrase lui demandait un effort surhumain. Mais Alice hocha la tête. Il avait failli la tuer. Mais elle n’était pas morte. Elle n’était pas morte.

« Il faut partir, maintenant. » souffla Alice.

Billy hocha la tête et se laissa faire, transplanant aux côtés de la jolie blonde qui les ramenèrent à Pré-au-Lard. Tout était aussi sombre qu’à Manchester. Billy déglutit, ayant un goût désagréable dans la bouche. Il n’osait même pas regarder Alice. Ni lui demandait si Angelo serait déçu. Pourtant la mission avait été accomplie. Mais Billy avait paniqué sur la fin. Qu’allait en penser Arès ? Sans un regard en arrière, Billy abandonna Alice et se dirigea d’un pas lourd vers le château de Poudlard, hanté par le corps de cette femme pendue dans les airs.

Lundi 1er avril 2002

Les mains de Billy tremblaient. Assis sur son matelas, il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Comment le pouvait-il alors que Ian Wen respirait à quelques mètres de lui, tandis qu’Alex Bennett était retenue captive dans un entrepôt. Quelques heures plus tôt, Sirius Green, un ancien Serpentard, était venu le trouver. Il lui avait rapidement expliqué de quoi il en retournait et l’attention de Billy avait été immédiatement captivé dès lors que le nom d’Alex avait été émis dans la conversation.

Ian et Sirius avaient joué à un jeu dangereux avec un vampire du nom d’Akutenshi Busujima. Ce nom ne lui était pas inconnu puisque le sorcier lui avait été présenté quelques mois plus tôt. Ami de Joséphine, c’était simplement par ce biais que Billy le connaissait. Mais aujourd’hui, il souhaitait faire chanter Ian Wen qui avait visiblement des informations précieuses sur son identité biologique. Et pour cela il avait enlevé sa petite-amie, Alex. Mais Ian refusait de s’en mêler et était près à laisser Akutenshi mettre sa menace à exécution : tuer Alex dès que 12h sonnerait demain.

Billy ne pouvait le permettre. Et visiblement, il était le seul à pouvoir y faire quelque chose. Peut-être aurait-il dû prévenir les autorités ? Le professeur McGonagall ? Sa mère, une Auror ? Mais Sirius avait été clair : si quelqu’un s’en mêlait, ils auraient tous de très gros ennuis. Et Billy était-il prêt à ce que la justice s’intéresse de plus près à son cas, lui qui manipulait une branche de la magie interdite en Grande-Bretagne ?

Non, il allait devoir régler les choses lui-même. Il en était capable. Il en avait les capacités. Mais il n’agirait pas seul.

Sa main trembla sur sa cuisse. Cela faisait une semaine maintenant qu’il n’avait plus utilisé la magie noire. L’entraînement avec les Scott le samedi, il l’avait annulé. Pris de panique quant à ce qu’il avait manqué de faire la dernière fois, il avait voulu prendre du recul. Mais sa colère était toujours plus véhémente. Il s’en prenait à tous ceux qui le contrariaient, et ces temps-ci, ils étaient nombreux. De plus, sa main ne cessait d’être agité de tremblements. Comme s’il était en manque. Ce sentiment de puissance qu’il avait ressenti en manipulant la magie noire, en ayant entre ses mains le choix de la vie ou de la mort d’un être vivant … C’était comme une drogue qu’il voulait à tout prix regoûter.

Il ferma les yeux. Il devait le faire. Pour Alex. Il ne pouvait pas l’abandonner. C’était pour ça qu’il avait fait tout ce qu’il avait fait ces derniers mois. Pour protéger des personnes comme elle. Et le fait que Ian l’abandonne dans un moment aussi crucial était parfait. Elle verrait à quel point il était prêt à tout pour elle. Il la sauverait. Il l’extirperait de la mort. Et elle retomberait dans ses bras, époustouflée par sa puissance.

Il prit une inspiration avant d’ouvrir les yeux. Il était temps de recontacter les Scott.

Samedi 13 avril 2002

Billy fronça les sourcils en voyant Anthony et Alice. D’habitude, ils se planquaient toujours dans le sous-sol de la Tête du Sanglier. Cette fois-ci, ils étaient là, sur la place de Pré-au-Lard, bien en évidence. Anthony avait les mains dans les poches et souriait à toutes les filles qui le regardaient plus de deux secondes. De son côté, Alice avait rejeté élégamment ses cheveux blonds derrière ses épaules et ses yeux pétillaient de malice en regardant son frère faire son numéro de charme. C’était la première fois que Billy remarquait autant la ressemblance des jumeaux entre eux. Ils étaient les deux faces d’une même pièce. Ils se complétaient l’un et l’autre, recourant parfois aux mêmes stratégies et semblant connecter sans parler. Là encore, ils levèrent tous les deux les yeux en même temps quand Billy s’approcha d’eux.

« Que se passe-t-il ? » demanda-t-il.

Il jeta un coup d’œil machinalement autour de lui. Si Joséphine passait dans le coin, ses soupçons seraient encore plus alimentés. Depuis qu’elle l’avait surpris en pleine torture de Ian Wen dix jours plus tôt, tous deux ne s’adressaient quasiment plus la parole. Elle se contentait de garder fermement sa bouche sceller quand il passait devant elle ou de l’observer avec un air soupçonneux à l’autre bout d’une salle. Fergus avait lui aussi pris ses distances depuis leur discussion quelques jours plus tôt. Un tri s’était rapidement effectué dans ses relations autour de lui.

« Détends-toi, vieux. » l’encouragea Anthony en se levant.
« Ce n’est peut-être pas prudent qu’on me voit discuter avec vous deux. » avança Billy.
« Pourquoi ? Nous sommes cousins. »
« Eloignés. »

Billy fronça le nez alors qu’Anthony lissait ses cheveux en arrière.

« Les autres vont s’étonner de voir deux Scott près de Poudlard … »
« Ils ne s’en étonneront pas longtemps … » répondit malicieusement Anthony. « Bientôt, tu comprendras … »

Il adressa un clin d’œil à Billy avant de sourire à sa sœur qui, elle, devait comprendre le sous-entendu.

« On y va, chou ? » demanda-t-elle.
« Où ça ? »
« Visiter la Hollande ! » répondit Anthony d’un ton enjoué.

Billy fronça les sourcils mais ne posa pas plus de questions lorsque les Scott s’éloignèrent dans un endroit plus tranquille pour transplaner.

Quelques heures plus tard …

« Voilà comment j’appelle une bonne façon de s’amuser ! » se réjouit Anthony.

Ils venaient de revenir à Pré-au-Lard. Le jour déclinait à l’horizon et il ne restait plus aucun élève de Poudlard dans les rues. Les habitants du village effectuaient quelques achats de dernière minute avant de retourner chez eux.

« N’est-ce pas ? »

Billy tourna la tête vers Anthony qui insistait. Les dernières heures avaient été remuantes et le poussaient à réfléchir encore plus sur Ethan Chastang et ce qu’il représentait pour son père. Cela était sans doute le but des jumeaux Scott mais Billy avait vraiment besoin d’être seul à présent. Alice dut le comprendre puisqu’elle intima Anthony qu’il était temps de rentrer.

« Ne fais pas pipi au lit cette nuit ! » le salua Anthony avant de s’attirer une rebuffade de sa sœur. « Oh arrête, sœurette, tu m’adores. Tu m’invites à passer une nuit chez toi ? »
« Sûrement pas avec cette attitude. »
« Tu adores mon attitude de vilain petit frère. Allez, Alice, tu … »

Billy n’entendit jamais la suite puisqu’ils transplanèrent tous deux dans un plop. Hagard, Billy resta encore un moment sans bouger avant de se décider à mettre en mouvement ses jambes. Il aurait pu invoquer son balai jusqu’à lui pour se rendre plus rapidement au château mais le long chemin lui permettrait de réfléchir. Les révélations de cet après-midi l’obsédaient encore.

C’était aux Pays-Bas qu’ils avaient découvert ce moldu, un certain Jacques Chastang. Coiffure douteuse, barbe mal entretenue, il n’avait pas terminé une cigarette qu’il en rallumait aussitôt une autre. Son haleine puait l’alcool et bien d’autres choses que Billy n’avait pas souhaité savoir. Il n’avait pas compris au départ pourquoi Anthony et Alice l’avaient traîné dans ce bar hollandais où Jacques, bien trop saoul à 14h de l’après-midi, aimait provoquer le chaos autour de lui. Il insultait quiconque le bousculer un peu et n’hésitait pas à menacer le barman s’il refusait de le servir.

« Sais-tu qui est ce pauvre moldu ? » avait demandé Anthony, crachant le dernier mot avec un certain dégoût. « Laisse-moi donc te présenter le père de ton cher professeur de Défense contre les Forces du Mal : Ethan Chastang. »

Billy y avait regardé en deux fois, n’en revenant pas. Quoi, ce pauvre type avait un lien de parenté avec l’homme que fréquentait son père ? Ils l’avaient suivi jusqu’à lui plus tard, et avaient défoncé sa porte. L’homme ne faisait pas que fumer ou boire. Ils se piquaient occasionnellement. Son appartement comportait plusieurs seringues éparpillées sur la table basse, au milieu de cartons de pizzas et de bières à moitiés vides. Billy avait froncé le nez, dégoûté.

« Cet homme est recherché par les moldus britanniques depuis plus de trente ans pour le meurtre de son fils. » avait alors déclamé Anthony avec un grand sourire sur le visage.

L’homme qui était de toute façon trop saoul pour se défendre, avait craché.

« Ce n’était pas mon fils ! »

En réalité, Jacques Chastang était responsable de la mort de son beau-fils, Timothé Lafont, en 1978. Cela faisait plus de trente ans qu’il était recherché mais encore une fois les moldus se montraient inefficaces en matière de justice. Ethan, bien qu’ébranlé par la mort de son demi-frère, n’avait pas fourni plus de recherches pour retrouver son père et lui donner ce qu’il méritait.

« C’est un faible. » avait poursuivi Anthony. « Il n’y a que les faibles pour ne pas rechercher la justice et la vengeance. Chastang a, à près tout, du sang de moldu. Rien d’étonnant à ce qu’il ne soit pas aussi fort que nous autres. »

Après ces explications, Anthony et Alice avaient proposé de se livrer à un petit jeu.

« Après tout, cet homme mérite son châtiment. Il a tué le frère de ton professeur. Il n’a jamais été puni pour son crime. Il a tué un sorcier. »

Le cœur de Billy battait dans sa poitrine. Pas de peur. Mais d’excitation. Sa baguette s’était pointée sur le corps maigre de l’homme avant qu’il ne lance « Endoloris ! ». L’homme avait hurlé, son corps agité de soubresauts. A nouveau, Billy avait pu sentir sa puissance. Il avait droit de vie et de mort. Ce moldu ne méritait rien d’autre. Puisque la justice moldu ne faisait rien pour les punir, lui le pouvait. Alice avait alors applaudi alors que Jacques avait vomi au sol.

« Micare Violentis ! » lança à son tour Anthony.

Une décharge électrique parcourut le corps de l’homme qui se retourna sur le dos. Ses yeux roulaient dans leurs orbites, comme peinait à saisir la réalité des choses.

« ENDOLORIS ! » cria à nouveau Billy.

Son regard se voila de noir et sa poigne se resserra sur la baguette. Cet homme avait tué un sorcier. Cet homme avait engendré un fils. Le père d’Ethan Chastang. Qui lui disait qu’Ethan n’était pas encore en contact avec cet homme ? Qui lui disait qu’il n’avait pas protégé son père ? Après tout, ils avaient des choses en commun. Peut-être qu’Ethan avait sa part de responsabilités dans la mort de son frère ? Billy cria à nouveau alors que le corps de Jacques Chastang se tordait de douleur sur le sol. Il ne voyait pas le regard d’Anthony et d’Alice se croiser, victorieux. Billy ne voyait que le danger que représentait Chastang. Cet homme allait détruire son père. Il avait déjà détruit sa famille. Et il avait pris son père dans son emprise. Mais il n’aurait pas Vi’, ni Edmund, ni lui.

« Bien joué, Persée ! »

Billy interrompit son sortilège pour croiser le regard fier d’Anthony.

Ils avaient laissé là l’homme. Billy pensait même qu’Anthony lui avait jeté son sortilège favori, le Poisonic strium. Avec un peu de chance, l’homme immobilisé s’étoufferait dans son vomi.

Billy était arrivé devant les portes du château. Sa main se resserra sur sa baguette dans sa cape. Les Scott lui ouvraient les yeux de bien des manières et il était satisfait de connaître la vérité. Il ne serait pas dupe des manigances de ces moldus. Plus maintenant. Plus jamais.

Il ne mangea pas ce soir, retournant à son dortoir où il récupéra le cadeau d’Angelo, le Scrutoscope. Il ne s’en séparerait plus.

Samedi 11 mai 2002

« Regarde-moi ça … » soupira Anthony.

Il était nonchalamment appuyé contre un mur, affichant un air clairement supérieur face à la population face à eux. Ce bar était un bar mixte où Moldu et sorciers se mélangeaient sans crainte. Ils fêtaient une victoire sportive et il y avait grande animation. Certains se bousculaient, vidant la moitié de leur verre sur le tee-shirt de l’autre, sans vraiment s’en rendre compte.

« Tu comprends ce que je veux dire quand je te dis que le monde sorcier sombre dans la décadence … »

Billy appuya son regard.

« C’est trop dangereux … » commenta-t-il.
« Exactement ! Imagine qu’un sorcier trop saoule oublie qu’il est en présence de moldus et qu’il commence à effectuer de la magie. Ça arrive tout le temps ! Pourquoi crois-tu qu’il y a des Oubliator ? Ils sont sans cesse solliciter pour des idioties de ce genre. Mais imagine qu’une personne passe entre les mailles du filet … »
« Les gens le croiraient ? »
« Les moldus sont facilement crédules. Mais aussi très butés. Qui peut prévoir ? »

Anthony haussa les épaules, ne cachant pas son dégoût devant un couple mixte qui s’embrassait.

« Mais voilà le genre de désastre que cela peut donner à court terme … »

Billy suivit son regard et son esprit lui rappela la famille de Chastang. Les moldus étaient trop instables. Peu supportaient l’idée de la magie. Les autres rendaient leur progéniture trop faibles. Il y avait certes des exceptions. Mais cela ne devait en aucun cas devenir la norme. Et il était vrai que depuis la chute du Seigneur des Ténèbres, les sorciers avaient tendance à faire tout le contraire de ses idées.

« Tu ne m’as jamais raconté comment c’était de suivre ses ordres. » dit-il alors qu’ils sortaient à nouveau l’extérieur.

Anthony croisa son regard mais Billy n’eut pas besoin de préciser. Il savait parfaitement de qui il parlait.

« Tu le sais depuis quand ? »
« Seul un idiot ne comprendrait pas qu’Angelo, Alice et toi êtes des anciens Mangemorts. Surtout depuis que vous m’enseignez la magie noire. »
« Et tu n’es pas un idiot, William Prewett … »

Un sourire naquit sur le visage d’Anthony qui lui donna une tape sur l’épaule.

« Il était intransigeant. Distant. Froid. Mais cruellement de Sang-Mêlé. »

Il lança un regard désolé à Billy. Oui, il savait qu’il n’avait pas un sang parfaitement pur. Mais il savait qu’il pourrait faire mieux avec sa descendance. Il comprenait maintenant l’importance des mariages entre sorciers. Il était précieux de conserver la magie.

« Alice et moi faisions un duo d’enfer. » poursuivit Anthony. « Mais il n’était pas toujours aisé d’obéir à certains ordres. Je savais cependant que je pouvais compter sur ma famille pour m’épauler et m’aider à faire ce qui devait être fait. »

Son regard semblait lointain, comme repensant à certaines actions qu’il avait dû réalisées. Billy s’interrogeait de plus en plus sur les Mangemorts et la cause qu’ils servaient. Et il n’y avait pas qu’eux : les Blue Dragons avaient pris la relève.

Billy jeta un coup d’œil à Anthony qui passait une main dans ses cheveux. Leur relation s’était améliorée avec le temps. Billy avait toujours du mal à supporter son arrogance et sa manière de le rabaisser, mais depuis quelques temps, Anthony semblait mieux accepter son potentiel. Il n’avait pas revu Angelo depuis quelques semaines maintenant mais Anthony lui glissait toujours des petites informations sur son frère. Billy se doutait qu’il devait encore faire ses preuves. Sinon, pourquoi serait-il autant en retrait ? Les Scott ne l’avaient jamais abandonné, contrairement à ses anciens amis. Il ne parlait à quasiment plus personne de ses camarades. Sa vie se résumait à sa famille et aux Scott dorénavant.

Quelques semaines plus tôt, Vi’ avait vécu un dur chagrin d’amour. Le loup-garou dont elle s’était amourachée l’avait largué avant d’entraîner quelques jours plus tard Clarissa, sa cousine, à l’hôpital à cause d’un soi-disant lien magique. Cette idée avait énormément agacé Billy qui avait eu besoin de passer ses nerfs sur quelque chose. Ou plutôt sur quelqu’un.

Entre temps, cependant, il avait du encourager Vi’ à trouver l’amour vers un sorcier. Rien n’était perdu pour elle. Elle pouvait être contrôlée avec des potions et des chaînes si nécessaire. Et elle devrait renoncer à avoir une descendance afin de ne pas perpétuer son sang de loup. Mais elle pourrait vivre une vie tout à fait normale avec de l’aide. Cependant, elle n’avait guère apprécié les conseils que Billy lui avait donnés. De son côté, Edmund se faisait discret. Billy était assez surpris qu’il ne soit pas venu fourrer son nez dans leurs affaires tellement c’était maladif pour lui de venir en travers des pattes de son frère. Mais Edmund avait semble-t-il d’autres Fléreurs à fouetter.

Les rapports avec ses parents étaient plus compliqués. S’il ne parlait toujours pas à son père et était entré dans un conflit ouvert avec Chastang, il avait eu une important dispute avec sa mère au sujet de son petit-ami, Henry Denvers. Elle était déjà instable mentalement avec ce qui était arrivée à Victoria, mais là il fallait qu’elle fasse attention à ne pas se mettre plus en danger en fréquentant un moldu. Ce que sa mère n’avait pas du tout apprécié. Billy avait du faire tous les efforts nécessaires pour empêcher sa main de trembler ou son regard de devenir sombre. Sa mère était une Auror et elle aurait tout de suite décelé l’influence de la magie noire. Mais tant qu’il était à Poudlard, il était tranquille. Les choses seraient plus compliquées cet été. Il ne savait pas encore où il irait vivre mais il était hors de question qu’il revienne dormir sous le toit de sa mère.

Quelque chose s’agita dans sa poche. Le Scrutoscope ! Billy croisa le regard d’Anthony qui avait haussé un sourcil.

« Le cadeau d’Angelo … il s’est réveillé … »

Le regard d’Anthony avait brillé.

« Alors une menace n’est pas loin … »

Tous deux s’étaient mis à scruter les alentours. Sortis du bar, il n’y avait pas grand monde. Seul une personne était en réalité passée devant eux quand Billy avait senti le Scrutoscope émettre une vibration dans sa poche. C’était un homme d’une autre stature. Anthony lui fit un signe de tête et Billy ne se fit pas prier pour suivre l’homme. S’il était une menace, il fallait s’en occuper …

L’homme dut sentir qu’il était suivi puisqu’il pivota deux fois de manière brusque. Pourtant il ne transplana pas. Ses pas semblaient le mener pourtant vers une ruelle sombre. Une impasse. Billy et Anthony sortirent leur baguette alors que l’homme se retournait vers eux.

« Messieurs … J’ignore qui vous êtes mais … »

Billy ne sut pas ce qu’il allait dire puisqu’Anthony lui lança son sortilège préféré. L’homme l’évita de justesse. Billy lança à son tour un sortilège que son adversaire dévia. Au fur et à mesure du combat, Billy comprit que le sorcier avait des réflexes bien plus qu’humains : il était une créature magique. Pas un vampire puisque ses pupilles n’étaient pas rouges et que sa vitesse n’était pas celle qu’il lui avait été donné de voir avec Akutenshi ou Seamus. Mais plus un loup-garou.

Enragé par cette découverte, Billy redoubla d’efforts et visa cette fois-ci les jambes de l’homme qui trébucha. Anthony lança le sort pour le clouer au mur derrière lui. De véritables clous s’étaient enfoncés dans ses mains et ses pieds et l’homme lâcha un grognement de douleur.

« Un lycanthrope … » commenta Anthony en dévoilant les griffes qui avaient soudainement poussé au bout des mains de l’homme.

Le corps de Billy trembla de rage. Peut-être était-ce celui qui était responsable de la transformation de Vi’ ? Peut-être était-il responsable d’autres victimes comme sa sœur ?

« Espèce de petites enflures … » éructa l’homme alors que le sang coulait de ses blessures. « Vous serez punis pour vos crimes, vous … »
« Nous ?! Punis ? »

Anthony éclata de rire alors que Billy s’approchait de l’homme. Il l’attrapa par ses cheveux poisseux et lui rejeta la tête en arrière, se cognant contre les parois rugueuses du mur.

« Tu nous parles de crimes alors que le seul criminel que je vois ici, c’est toi. Rien que ta présence ici est un crime. »

Billy relâcha sa tête alors que l’homme hurlait de rage. Il semblait prêt à arracher ses mains clouées au mur et Billy serra la mâchoire. Cet homme était un monstre, prêt à se déchiqueter pour continuer à déverser sa terrible malédiction.

« Vas-y, Persée … » susurra Anthony. « Il le mérite … »

Oh il n’avait plus besoin d’encouragements. Billy leva sa baguette et la pointa sur la tête de l’homme.

« Impero. »

L’homme s’immobilisa soudain. Anthony se mit à rire mais Billy ne l’entendait plus. Le flux d’énergie noire coulait en lui comme une bénédiction et il se délectait de ce goût. Tout était sombre autour de lui. Et il allait détruire cet homme. Soumis à la volonté de Billy, l’homme s’arracha la main droite du clou et se saisit du couteau qu’il portait à la hanche. Le sang avait giclé et l’odeur métallique monta aux narines de Billy qui ne regardait plus que les yeux ambrés du monstre.

« Tue. » prononça-t-il.

Il lui semblait que l’homme essayait de résister. Ou bien était-ce Billy qui manquait de volonté. Pourtant, il ne fut que quelques secondes à l’homme pour se trancher la gorge. A nouveau, le sang gicla, inondant son tee-shirt et barbouillant les visages d’Anthony et Billy tout près. La tête de l’homme retomba mollement sur son torse alors que les battements de son cœur s’étaient arrêtés. Le monstre était mort.

« Il faut partir. » souffla Anthony.

Il ne ferait plus de mal à personne désormais. Billy était allé jusqu’au bout. Il ne ressentait rien. Rien du tout. Plus de colère, plus de tristesse, plus de souffrance. Juste une étrange satisfaction d’avoir accompli ce qu’il devait accomplir. Il l’avait fait. Sans l’aide d’une tierce personne. Il avait éliminé la menace. Il avait sauvé des vies.

« Maintenant. »

Anthony le saisit par le tee-shirt et ils transplanèrent aussitôt. Un rictus s’était formé sur le visage de Billy en regardant le corps sans vie du lycanthrope.

Samedi 18 mai 2002

Billy descendit les marches de la Tête du Sanglier. Mais ni Anthony ni Alice n’étaient présents. Il n’y avait qu’Angelo. Billy s’arrêta un instant avant de reprendre son avancée jusqu’à l’homme.

« Bonjour, Arès. » dit-il, se rappelant l’usage du surnom qu’Anthony mettait un point d’honneur à utiliser.

Le sien était devenu Persée plusieurs mois auparavant. C’était le seul nom de la mythologie grecque qui lui parlait. Il se doutait que s’il s’était confié à Joséphine, elle aurait certainement eu d’autres idées à lui soumettre. Mais s’il s’était confié à Joséphine, jamais il ne se serait retrouvé ici aujourd’hui.

« Anthony t’a dit. »

Il croisa ses bras derrière son dos. Il se tenait droit. Il n’avait pas honte de ce qu'il avait fait. Pourquoi ? C’était ce qu’ils voulaient de lui, non ? C’était son cadeau qui avait permis d’arrêter cette menace, cette monstruosité. Il regarda Angelo se déplacer dans la salle. Qu’attendait-il de lui aujourd’hui ? Le corps de Billy trembla légèrement lorsque l’homme passa à côté de lui.

« Je veux en être. » déclara-t-il.

Il chercha à croiser le regard d’Angelo. Sa bouche était légèrement entrouverte, comme souvenir de son innocence d’autrefois. Mais il n’était plus aussi innocent que lorsqu’il était venu demander l’aide d’Angelo plusieurs mois auparavant. Il était fort. Il le sentait. Et il avait du potentiel.

« Lors de notre première rencontre, tu as dit que j’avais du potentiel. Que nous étions du même sang. »

Billy ferma les yeux, se remémorant le bal royal le 31 décembre dernier. « On est pareil William. » avait murmuré Angelo en posant sa deuxième main sur l’autre épaule de Billy. « On est du même sang. On a du potentiel. On doit utiliser ses dons à bon escient, cousin ! » Il avait alors fait démonstration de ses talents de Métamorphomage. « Je sais que c’est beaucoup de pression. » avait-il repris en encerclant cette fois-ci le visage de Billy avec ses paumes de main. « J’ai été seul de nombreuses années avec juste ce don et je ne savais pas quoi en faire, comment le mettre à profit et en faire un atout. Mais on m’a montré le chemin. »

« Tu m’as montré le chemin. » reprit Billy en ouvrant les yeux. « Je sais où est ma place. Je le comprends à présent. Je sais que mon don peut être utile … pour votre cause. »

Il l’avait compris. Avec le passé de Mangemorts des Scott, leurs talents en magie noire, leurs différentes missions, il avait compris qu’ils n’avaient jamais cessé de prôner les idées des Mangemorts. Cependant aujourd’hui les Mangemorts n’existaient plus et il ne demeurait que le groupe des Blue Dragons. Billy ignorait qui en était le chef mais il était persuadé qu’Angelo pouvait l’y faire entrer. Car après tout, Billy n’était pas devenu aussi fort pour faire ses petites vendettas dans son coin. Il voulait plus. Il voulait agir pour un plus grand nombre. Pour une plus grande cause.

Dimanche 26 mai 2002

Billy prit une inspiration. Il était seul dans les vestiaires. Il entendait à l’extérieur de nombreuses prises de paroles. Il n’y aurait pas que les Scott aujourd’hui. Aujourd’hui, il faisait son entrée dans le monde des Blue Dragons. Sa jambe tremblait alors qu’il attendait qu’on appelle son nom. La porte s’ouvrit soudain. Il s’agissait d’Alice Scott. Même avec son masque, il la reconnaissait sans mal. Elle le retira cependant en s’avançant vers lui. Assis sur son banc de vestiaire, au sein de l’Arène, il la regarda s’approcher de lui, ses hanches dansant au fur et à mesure de ses pas.

« Tu es venu me donner un baiser d’encouragement ? » ironisa-t-il.

Un sourire malicieux et amusé flottait sur ses lèvres.

« Je suis venue t'encourager, en effet. » dit-elle en s’exprimant avec douceur. « J'imagine que tu dois être nerveux. Aujourd'hui est un grand jour pour toi. »

Il plongea son regard dans le sien.

« Ça l’est, oui. » répondit-il.

Après tout, aujourd’hui, il faisait un choix déterminant pour son avenir. Il choisissait enfin la bonne voie pour lui. Il allait enfin prendre part à une cause plus grande que lui. Il ne tremblait pas de peur, mais d’excitation. Et cette femme-là, qui se penchait vers lui, allait très bientôt devenir une véritable partenaire.

« On continuera les missions, toi et moi ? »

Alice rit doucement en passant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

« Evidemment. » dit-elle d’un sourire chaleureux. « Nos petites missions m'amusent bien. »

Un sourire naquit à son tour sur les lèvres de Billy. Son regard essayait de ne pas descendre plus bas que ses lèvres même si autre chose lui faisait de l’œil. Depuis le premier jour de leur rencontre, cette femme possédait une aura tentatrice et Billy brûlait d’y céder.

« Aphrodite et Persée … Un sacré nom d’équipe … » susurra-t-il.

Il se redressa et son nez vint frôler celui de la jeune femme. Elle vint alors coller son front au sien, un sourire espiègle toujours accroché aux lèvres. Puis elle posa ses mains sur ses épaules et ferma les yeux.

« Qui aurait cru qu'on en arriverait là aujourd'hui, toi et moi ? »

Billy hésitait à savoir si elle parlait des Blue Dragons, ou si elle parlait de leur relation. Il préférait se dire qu’il s’agissait plus de la seconde option. Ses mains vinrent serrer sa taille fine et il prit le temps de respirer son doux parfum. Quelque part, au fond de lui, il le compara avec celui d’Alex. L’odeur de la vanille lui manquait. Celui d’Alice n’avait en revanche rien avoir. Il avait ce goût du danger, de l’aventure.

« J’y ai toujours cru, Alice Scott. » dit-il. « Tu dois apprendre à me faire confiance. »

Il croisa son regard lorsqu’elle ouvrit les yeux. Ses mains se resserrèrent sur sa taille lorsque son nom fut appelé à l’extérieur.

« Notre danse sera pour une prochaine fois … » murmura-t-il.

Il prit une grande inspiration et se retira presque à regret du corps chaud de la jeune femme, avant de commencer à marcher droit devant lui. Ses poings étaient serrés et sa tête fièrement dressée. Il ouvrit la porte et essaya de ne pas paraître effrayé. A l’extérieur, une foule masquée s’était rassemblée. Il faisait sombre et des projecteurs éclairaient au loin un carré de boxe. Au milieu se dressait une table avec deux chaises. Un homme était debout, masqué lui aussi. Billy déglutit et continua d’avancer.

Il était trop tard pour faire demi-tour.

@ Victoire

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Billy Prewett

descriptionWho gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone EmptyRe: Who gon' pray for me? Take my pain for me? Save my soul for me? Because I'm alone

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