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shin'ichi & elijah
Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi.

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| Samedi 23 Février 2002 |

J’ai rencontré Artémis il y a de cela une semaine, seulement.

Je cherche toujours une façon de profiter à fond de mon séjour en Angleterre. Je ne sais pas combien de temps ça va durer et, au cas où, j’ai pas envie de rater des occasions. J’ai passé le cap de survie ; maintenant j’ai un endroit où me rendre quand je sens que c’est la merde et ça aide énormément. Je m’attendais clairement pas à être à l'abri si rapidement. Officiellement je suis toujours SDF mais dans les faits croyez que les choses sont bien différentes dernièrement. Je suis passé d’occuper mes journées à chercher à manger et où dormir, à simplement profiter et aller chez Jem si je n’ai rien trouvé en chemin.

Il y a une semaine, donc, j’ai squatté chez un mec.
Promis, j’ai pas couché avec celui-là ; il est juste du genre super sportif et quand je l’ai rencontré j’ai laissé entendre qu’il fallait peut-être que je m’y mette alors il m’a proposé qu’on fasse du sport ensemble. Le gars est super riche alors il a une salle de sport chez lui, quoi. C’est pratique et je ne pouvais clairement pas refuser l’opportunité.

En fait, j’ai jamais été super musclé. Au japon j’étais pas maigrichon surtout que les missions avec mon oncle étaient souvent plutôt physique, mais ça allait pas plus loin. Seulement en arrivant en Angleterre j’admet que j’ai pas tous les jours trouvé de quoi manger à ma faim et, même si je tenais le coup et que j’avais toujours un petit truc à grailler quand même histoire que ce soit supportable, ben j’ai perdu pas mal de poids et de muscle avec ça. Je ne suis pas un gars super centré sur son physique, même pas du tout… Mais il y a des trucs qui me font un peu chier quand même et le physique de brindille en fait partie. J’ai l’impression de porter la tristesse, la pitié et la pauvreté sur le corps et ça ne me plait pas beaucoup. Alors, voilà, j’ai repris le sport et c’est un truc qui me donne le moral. Bon, pas que je sois un gars déprimé de base, ceci dit…

Sinon, ouais, le fait que je squatte chez le mec est lié à Artémis, j’y viens.
Le truc c’est que j’ai discuté avec ledit gars et qu’il a mentionné l’ouverture d’un bar, le 14 février. Un bar à hôtesse en plus, c’est… Original. Entrée gratuite et tout. ‘Fin, voilà, moi j’ai rien à foutre de ma Saint Valentin alors franchement l’idée m’a aguiché. Au pire des cas c’est bof et j’aurais satisfait ma curiosité et au mieux je me découvre un nouveau kiffe.

Du coup j’y suis allé.
Là-bas j’ai rencontré des nouvelles têtes, genre Sara. J’ai aussi revu des gens que j’ai connus avant ça, genre Arès. Et puis entre tout ça j’ai surtout bien kiffé. C’était pas mal ; y avait un coin pour danser, y avait des jeux d’arcade et j’les ai squattés un bon bout de temps. Et puis je me suis fait offrir des boissons par Artémis, la fameuse, accompagnée d’un autre mec qui semblait super proche d’elle et qui l’appelait “Artie-chou” - un certain Shay. Une blonde qui avait l’air à peine plus âgée que moi et qui, elle m’a expliqué, s’avère propriétaire de l’endroit. Ou plutôt directrice, j’ai pas tout compris à ce qu’elle m’a raconté — j’ai beaucoup fait semblant en hochant la tête mais j’avais déjà pas mal bu à ce moment-là et elle parlait vite et l’anglais ça devient compliqué quand j’suis pas concentré et qu’on articule pas , mais j’crois avoir compris que l’endroit lui appartient pas officiellement mais qu’elle l’a fait construire elle. J’comprend pas pourquoi ni comment mais j’ai pas demandé, elle l’a sûrement dit, puis j’m’en cogne.

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. VDCT64i
— sara horiuchi & angelo scott & alice scott & shay sanguandikul —

Je sais que je peux sonner saoulé de Artémis , mais en fait pas du tout. Juste je m’en foutais de son histoire à ce moment-là (et peut-être encore un peu maintenant) mais autrement j’ai bien aimé discuter avec elle. Elle a vite marqué des points parce qu’elle m’offrait des verres mais, en règle générale, elle était sympa. ‘Fin… Sympa d’une façon chelou. Mais, genre, elle a un peu les airs d’une diva adolescente et je ne sais pas si on pourrait réellement être amis mais, avec l’alcool, elle était très cool.

Après, j’ai vite aussi capté que sa gentillesse était intéressée. Encore une fois, je n’étais pas surpris ; la nature de la personne dans toute sa splendeur. ‘Faut croire que c’est une mode chez les gens, en ce moment, de m’interpeller pour me demander de les rejoindre dans leurs bail. Artémis, elle, voulait que je travaille pour elle. Je ne sais pas comment elle a su que j’en suis un, en vrai, mais elle m’a imploré gentiment en avançant qu’un métamorphomage ce serait vraiment une bonne addition à sa “collection”. Ça m’a fait rire puis je crois qu’elle avait un peu trop bu aussi parce qu’elle me complimentait et m’effleurait le bras de ses doigts plus qu’il ne le fallait pour essayer de me convaincre d’accepter sa proposition. Elle me draguait bien comme il faut, quoi. Même son pote Shay, à un moment, lui a glissé qu’elle était “pire que lui” et même si je ne connais pas le spécimen, tout en lui hurlait que c’est un Serial Flirt, comme type de gars.

J’ai pas accepté de devenir un de ses hôtes.
Ce n'est pas mon genre, ce type de job. J’connais des gens a qui ça aurait plu pourtant. D’ailleurs si je n’avais pas eu la flemme de le revoir j’aurais proposé le poste à Akutenshi, là, pour voir. Le mec doit bien kiffer se pavaner, non?

N’empêche que, si j’ai pas accepté sa proposition, ça ne m’a pas empêché de me réveiller chez Artémis le matin suivant.
… Oui, ok, cette fois j’ai couché avec.
Mais d’un côté pourquoi je me priverais? J’étais encore célibataire aux dernières nouvelles et puis Artémis a ça pour elle qu’elle est très jolie et qu’elle sait ce qu’elle fait au pieux. Quoi? Je kiffe pas à chaque fois que je couche avec quelqu’un alors, quand c’est le cas, je peux le souligner.

En tout cas, ce qui est cool, c’est qu’on était sur la même longueur d’onde et qu’elle espérait pas plus de ma part. Du coup, comme y avait pas de gêne, j’ai même mangé avec elle. On a discuté, on s’est un peu marré sur les choses qu’on a pu dire ou faire la nuit d’avant au bar… Et elle m’a proposé à nouveau de revenir bosser mais, cette fois, elle m’a offert autre chose. Elle s’est souvenu que j’ai parlé du fait que j’aimerai refaire de la musique la nuit précédente et elle m’a proposé de me produire, de temps en temps, au 7e Ciel. J’ai dit que j’avais pas de guitare, elle a dit qu’elle allait m’en trouver. J’ai accepté. Encore une fois, ce n'est pas une offre que je vais rater ; ça, en l'occurrence, ça me fait très envie comme plan.

Elle m’a donné rendez-vous un autre jour pour en discuter, j’lui ai souhaité une joyeuse Saint-Valentin pour plaisanter, elle a rit, j’me suis barré. On s’est revus plus tard comme prévu, on a convenu d’une date. Cette date c’est ce soir.

Et nous y somme donc, le présent. Moi sur une scène à une heure du matin, une guitare toute neuve entre les mains, observant la pièce pendant que je joue. C’est pas compliqué, la chanson que j’ai choisie, je l’ai choisie parce que je la connais par cœur. Ma chanson préférée de toujours, un truc que je maîtrise vraiment sur le bout des doigts. C’est que ça fait quelques mois que je n'ai pas joué maintenant, alors je veux célébrer avec cette musique en particulier.


J’avoue que ça me fait quelque chose de chanter et de jouer comme ça devant ces gens. Ça me rappelle le bar où je bossais avec ma mère. Le japon. Ma famille. Une partie de moi joue pour eux, pour ma mère, pour mon oncle, pour mon cousin… Merde, même pour Hikari. Je sais, c’est horriblement niais. Mais je ne m'excuserais pas de l’être quand il s’agit de ma famille.

Forcément, d’avoir choisi une chanson que je maîtrise super bien ça me permet de me concentrer sur le reste. Sur l’ambiance du bar. Tous ces types avec une meuf posée à côté d’eux, ou sur leur genoux. Et ces filles qui collent leur joue contre l’épaule de leur hôte. J’ai peut-être l’air de les mépriser mais il n’en est rien. Je ne vois que de la solitude chez chaque sorcier ou sorcière qui entre ici. Et, au fond, s’ils sont heureux comme ça… Pourquoi les juger?

Pour ma part, je pense me débrouiller assez bien. Je suis même sacrément à l’aise sans que ce soit étrange pour moi ; c’est pas comme si c’était une première et puis j’ai assez confiance en moi pour ne pas avoir le trac, sans quoi j’aurais juste refusé la proposition d’Artémis. Je kiffe même pas mal la tenue qu’une des meufs qui travaille pour la blondasse (surnom affectueux, bien sûr) m’a offerte pour la soirée. J’la trouve pas mal stylée. Si j’avais mon appart’ j’aurais négocié pour la garder.

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. X1WEN3D Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. Vgr9PSs

Finalement, mon heure de gloire prend fin assez rapidement. C’est pas plus mal ; je sais que ça ne sera pas la dernière fois que je joue et le fait que ça ne s’éternise pas rend le moment encore plus agréable. Je range le souvenir de cette soirée dans un coin de ma tête et, après avoir troqué la tenue de scène pour la tenue que je portais en arrivant, je vais me mélanger aux clients, sur un fauteuil, pour souffler un coup. De base, je comptais rester seul ici juste un peu et me barrer mais Artémis me rejoint assez rapidement.

Alors tu ne mentais pas… Tu te débrouilles bien.

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. UED95WM

Artémis pose un verre de Whiskey Pur Feu devant moi et m’offre un sourire.
… Bon, j’imagine que je peux accepter de la compagnie.
Je lui souris en retour et prend le verre entre mes doigts pour montrer que j’accepte le cadeau.

J’ai pas besoin de mentir pour être cool. Merci pour le Whiskey

Artémis pouffe doucement de rire avant de lever le menton et de laisser un sourire suffisant étirer ses lèvres.

Tu as bien mérité une récompense.

J’acquiesce d’un mouvement de tête avant de porter le verre à mes lèvres. C’est à ce moment-là que j’entends une nouvelle mélodie se jouer sur la scène que j’ai quittée plus tôt. Mon regard curieux se dirige vers cette direction et mes yeux se posent alors sur un garçon que je ne pense pas avoir déjà croisé, ni à l’ouverture, ni plus tôt ce soir.

Qui c’est lui?

J’indique l’artiste sur la scène en levant le menton en sa direction. Je n’arrive pas à voir super bien avec les lumières du bar mais je crois que le mec ne doit pas être bien plus âgé que moi. Il a les cheveux colorés même si j’arrive pas à définir de quelle couleur, encore une fois à cause des lumières. Détail en plus; soit il est tatoué au visage, soit il s’est dessiné sur la gueule. J’trouve ça stylé ou marrant, au choix. Peut-être un peu des deux.

Oh le bout de chou, là? Il est pas mal, hein?

Je hausse les épaules en prenant une nouvelle gorgée de mon verre mais le rictus qui s’installe au coin de mes lèvres parle à ma place ; ouais, il est pas mal, c’est vrai.

- C’est vrai que je ne t’ai pas prévenu que tu n’étais pas le seul à passer sur scène, ce soir. Lui et moi avons discuté un peu et j’ai pensé qu’il pourrait tenter sa chance ici. Un peu comme avec toi.
- Un peu comme avec moi?

Je marque une pause mais Artémis et moi savons tous les deux ce que je vais dire ensuite. On a tous les deux le même sourire déjà amusé sur les lèvres.

Tout comme moi?

Artémis prend le temps d’avaler le contenu de son verre et le repose, un sourire espiègle sur le visage.

- On n’a pas couché ensemble si c’est ce que tu demande.
- Dommage.

Elle met un coup à mon épaule en ricanant que je suis “trop bête”. Je ris un peu avec elle. Après tout, c’est vrai, une telle bouille c’est dommage qu’elle n’ai pas pu en croquer un bout. De ce que j’ai compris, Artémis et moi on a la même passion pour les jolies choses, disons.

- Trop jeune?
- Pas spécialement.
- Pas intéressé?
- Je ne lui ai pas proposé.

Je lève les sourcils et prend l’air surpris. Artémis roule des yeux en réponse.

Disons que j’avais déjà un petit japonais tout mignon en vue.

C’est à mon tour de rouler des yeux. Ben voyons, “tout mignon”. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! J’imagine bien qu’ils se soient rencontrés à la soirée d’ouverture du bar aussi et que Shay l’a empêchée de draguer tous les mecs qu’elle croisait. Après c’est une conjecture ; j’en sais pas grand chose et ça ne m’intéresse pas vraiment de savoir comment elle a rencontré l’autre sorcier, sur le moment.

Je vais te laisser, j’ai des choses à faire. Mais, je t’en prie, profite du spectacle. N’hésite pas à rester un peu dans le coin, les artistes ont le droit à boire gratuitement.

Artémis se redresse, prenant son verre vide avec elle. Elle m'adresse un clin d'œil à sa dernière affirmation, sûrement certaine que ça va me convaincre de ne pas partir aussi tôt que je l’avais prévu. Et elle a bien raison d’en être sûre ; je suis bien parti pour la nuit là, si les boissons sont gratuites. Bon, je ne suis pas totalement sérieux ; je n’ai pas pour habitude d’abuser de l’alcool. Ça m'arrive de boire un peu plus lors des occasions particulières, genre à l’ouverture, mais pas tous les deux soirs non plus.

Je décide que je vais au moins rester assez longtemps pour observer le sorcier sur la scène. Après avoir vidé mon verre, je m’affale contre le dossier de mon siège et je laisse mon esprit vagabonder au rythme de la musique qui envahit la pièce. Si je dois affirmer un truc, c’est que ce gars a quelque chose. Un certain talent, une maîtrise de ce qu’il fait. J’aime bien, vraiment, je me surprend même à regretter que ça se termine quand c’est fatalement le cas.

Alors que mon regard suit le sorcier qui quitte la scène, me vient une idée. Je ne suis pas pressé et ce gars est plutôt pas mal dans son genre, alors pourquoi pas essayer de discuter avec? J’imagine que, entre artistes, on peut se soutenir comme ça, non?

Ah, je vous assure, je n’ai aucune idée derrière la tête. Ma seule pensée est la suivante: tenter le coup et voir où ça mène. Et par “le coup”, j’entends discuter, tout simplement. Je suis innocent, votre honneur. Sinon coupable d’oser me présenter aux personnes qui m’inspirent.

C’est lorsque je repère le sorcier dans la pièce que je quitte mon siège pour me diriger vers lui. J’observe qu’il ne semble pas pressé ou rejoindre une personne en particulier avant d’arriver à son niveau.

Salut.

Simple, clair, précis. Une fois son attention attirée, je poursuis.

Je t’ai vu sur scène, t’es doué.

Maintenant que je suis plus proche de lui, son image se précise et s’inscrit plus clairement dans mon esprit. Il a l’air aussi intéressant que sur scène, sinon plus encore.

Suis passé avant toi, en fait. Une victime d’Artémis aussi.

Le ton léger, une plaisanterie bien sûr. Artémis est plutôt cool comme patronne, du moins envers les artistes qu’elle engage pour une soirée. Je ne sais pas trop comment elle est avec les autres alors je ne m’avancerais pas, mais clairement on a connu pire comme piège que de jouer dans son bar.

Shin’ichi Sasaki, en fait.

Je lui tend la main pour qu’il la serre ou qu’il l’ignore si ça lui chante. En parallèle, mon regard curieux s’accentue, visiblement en attente d’une réponse de sa part. De préférence son identité, ce serait le plus logique. Sinon qu’il m’envoie chier, il peut faire ça aussi.

J’t’offre un verre? Je peux, ‘sont gratuits pour nous.

Mes lèvres s’étirent en un sourire entre le chaleureux et le joueur. C’est vrai que c’est super classe d’offrir un verre gratuit à quelqu’un. Je trouvais ça marrant, formulé comme ça. Disons que je lui offre plus la discussion que le verre en soi. Si jamais ça le tente de supporter le fort accent japonais (dont je n’arrive décidément pas à me débarrasser) plus longtemps que ça. Vous allez dire que c’est un détail moindre et j’aurais été d’accord avec vous, si je n’avais pas vraiment rencontré des gens pour qui c’était un grand frein. Comme j’ai connu des gens qui frétillent rien qu’à entendre mon accent. Des deux, je ne saurais pas définir lequel est le plus gênant.

© Laueee



Dernière édition par Shin'ichi Sasaki le Mar 5 Sep - 12:10, édité 2 fois

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— Sing for the laughter & Sing for the tears 

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Samedi 23 Février 2002

20h30. Je souffle en croisant mon regard dans le miroir. Reprends toi mec, t’as déjà fait ça un nombre incalculable de fois. Y a pas de raisons qu’aujourd’hui ça se passe mal. C’est pas si compliqué, tu bouges ton cul jusque sur la scène, en plus tu sais qu’avec les lumières, quand t’es là haut, tu vois rien du tout, comme si t’étais tout seul dans ta chambre. Après tu joues, ça aussi c’est facile, c’est même probablement la partie la plus simple, c’est l’histoire de deux ou trois morceaux après tu peux rentrer au calme à la maison. Tu sais très bien. A chaque fois tu te fais le même coup, à stresser comme un con alors qu’au moment où tu joues le premier accord, t’as plus aucun effort à faire, tout devient naturel. Je ferme les yeux. Je sais. Je sais. Je suis un connard, et c’est le même cirque à chaque fois. Comme si je faisais des mini crises d’amnésie et que j’étais pas capable de me rappeler qu’en effet, j’ai déjà fais tout ça bien plus d’une fois. Ne serait-ce qu’en Argentine quand je bossais dans ce restaurant et qu’on me laissait jouer une fois par semaine. C’était un petit boui-boui avec beaucoup de charme et j’avais beau connaître les lieux, les clients, le déroulé de la soirée, je pouvais pas échapper à cette vague d’anxiété à chaque fois.

Je rouvre les yeux le temps d’allumer le robinet du lavabo, laisse le mince filet d’eau couler une seconde pour vérifier qu’il est bien froid et place mes mains en coupe juste en dessous. L’eau est glaciale quand elle s’écrase sur mon visage, mais ça me sort un peu de la torpeur dans laquelle je m’enfonce tout seul depuis dix minutes, bloqué devant ce miroir. Je secoue la tête, y a un peu d’eau dans mes boucles et ça me goutte dans le cou. Allez maintenant, comme Térésa me l’a apprit, grande inspiration et on se concentre. J’exécute les ordres que je me donne mentalement, suivant méticuleusement la méthode qu’elle s’est appliquée à m’enseigner pendant cinq ans. Il suffit de fermer son esprit, le vider de toute émotions et pensées pour tout bien remettre en ordre, chaque chose à sa place. Reprendre le contrôle. Et le garder surtout.
Au fur et à mesure que je laisse l’Occlumancie prendre le dessus, je sens mon corps se décrisper petit à petit. Les muscles se détendent, l’air passe mieux, je m’apaise. Un de mes colocataire frappe à la porte de la salle de bain. "Y a quelqu’un ?" Deux minutes plus tôt et il aurait gâché toute ma préparation mentale, mais le timing est bon, je suis prêt.

20h54. Jusqu’ici tout va bien, je suis dans les temps, je vais même sûrement être un peu en avance, du coup je peux y aller à pieds, tranquillement, et prendre un peu l’air. Artémis m’a dit que je passerais pas avant 21h45 de toute façon parce qu'il y a un autre mec avant moi. À la base je pouvais arriver dès 20h si je voulais venir voir l’autre gars jouer, mais j’avais une réunion avec le Globe à 18h30, je savais pas combien de temps ça durerait et en plus j’avais envie de me laisser un peu le temps de me poser avant d’y aller, juste au cas où...je me retrouverais dans l’état dans lequel j’étais y a une demi-heure. Du coup pour être sûr, j’ai préféré ne pas m’engager à être présent trop tôt. À raison au final. Heureusement déjà que Darach a accepté de me donner des horaires de journée aujourd’hui, il assurerait le bar lui même ce soir. C’est vraiment exceptionnel. Y a une semaine c’était la Saint-Valentin. Bon ça me concernait pas vraiment en vérité, j'avais rien de prévu mais le truc c’est que y a beaucoup de monde que ça concerne pas au final, et quand les gosses de 1ère année du club sont venus chouiner auprès de moi qu’ils savaient pas quoi faire ce jour là mais qu’ils voulaient pas rester tout seul, j’ai sentis que ça puait la douille. Pour moi essentiellement hein ; ça puait la douille pour moi. Je me suis pas loupé, ils m’ont fait chier jusqu’à ce que j’accepte de les accompagner à l’ouverture d’un bar à hôtesse – sans déconner, j’ai une gueule à foutre les pieds dans ce genre d’endroits moi ? - parce qu’ils étaient trop flippés d’y aller que tous les trois. La plaie. Mais Dae était pas dispo, et je peux pas lui refiler le bébé à chaque fois qu’il y a un truc que j’ai pas envie de faire le pauvre. Surtout que, techniquement, ça rentre même pas dans le cadre de nos attributions. Du coup, je suis quand même un bête de président et je m’y suis collé, je les ai pris par la main jusqu’au fameux bar, comme un babysitter de qualité. Y avait tellement de monde, et ils tenaient tellement pas en place que je les ai vite perdus. Je m’en suis pas plaint, au contraire, j’étais justement en train de me dire que si ils remontraient pas le bout de leur nez dans les vingt prochaines minutes, je considèrerais mon travail accomplie et je pourrais me casser. C’est pas que c’était nul, loin de là, le lieu en lui même est canon avec la grande salle d’arcade, les karaokés, et la belle scène du bar. C’est juste le côté hôtes.ses qu’est pas trop mon délire et comme je savais que j’y remettrais probablement jamais les pieds, je voyais pas plus que ça l’intérêt de rester y traîner.

Enfin c’était ce que je croyais, mais c’était sans compter sur Artémis qui m’est tombée dessus d’un coup. Je sais pas si ça l’a saoulé de voir que quelqu’un ne profitait pas pleinement de sa fête, ou si juste  elle a eu un instinct ou quoi, mais elle m’a interceptée avant que j’ai le temps de mettre un pied dehors. Artémis c’est la gérante de l’établissement, une grande blonde aux yeux bleu, super belle mais carrément pas mon style. Elle a l’air parfaite, je doute qu’elle le soit vraiment, personne ne l’est vraiment, mais je suis sûre que c’est le genre de personne qui fait tout pour donner l’illusion quoi qu’il en coûte. Et j’ai tendance à préférer les gens un peu ravagés, un peu bordéliques dans leur tête ou un peu cassés, un peu plus naturels quoi. Elle, elle me rend un peu nerveux en vrai, comme si au moindre faux pas ou mot de travers elle allait m’arracher la tête avec son grand sourire éclatant et sans abîmer sa manucure. Parfaite mais dans le genre mean girl, bien flippante. Bref du coup quand elle a engagé la discussion je sais pas si elle en avait quelque chose à foutre des réponses que je donnais à ses questions, toujours est-il qu’on a finit par parler musique, et qu’elle m’a proposé de venir jouer ici un soir. Et je me suis dit pourquoi pas ? Déjà parce que c'est difficile de lui dire non franchement, et parce que j'avais pas tellement envie de refuser en fait.

21h13. Voilà pourquoi, une semaine plus tard, je me retrouve à traverser l’Allée des Embrumes et passer pour la seconde fois la porte d’entrée du 7ème Ciel, contre toute attente. Elle a dû prévenir l’agent d’accueil à l’avance parce que quand j’arrive, je donne seulement mon nom qu’on me guide déjà à travers l’établissement pour me montrer les loges. On m’explique rapidement que je peux me changer, me maquiller, me coiffer, et qu’on viendra me chercher quand ce sera mon tour mais qu’en attendant je peux aller profiter de la performance en cours. J’ ai un petit doute du coup maintenant, je m’observe une seconde dans le miroir. Ouais, j’imagine que j’aurais pu m’habiller vraiment classe, genre faire un effort notable mais je peux pas faire grand-chose de plus pour mes cheveux, et il est pas question que je tente de me tartiner la figure avec quoi que ce soit, déjà j’y connais rien et en plus je trouve que j’ai plutôt bonne mine. Mais j’ai pas envie de me changer, je suis à l’aise dans mes vêtements et j’aurais trop peur d’avoir l’air d’un clown si je m’essayais à un autre style . A moins que...je devrais ? Y a peut être un code vestimentaire particulier ici ? C’est pour ça qu’on m’a emmené dans les loges, parce que je suis censé me changer ? Mais Artémis m’aurait sûrement prévenu s’il fallait que je vienne en étant habillé d’une certaine manière pour coller au reste, n’est-ce pas ? Sauf qu’imaginons, elle ait oublié et que je débarque comme un con en jean, tee-shirt ? D’un autre côté, si je débarque en costard et que tout le monde est habillé chill, j’aurais autant l’air con. Mais en vrai, je me dis qu’avec mes tatouages et mes cheveux décolorés, absolument personne ne s’attendrait de moi à ce que je débarque dans un costume de créateur. Pas vrai ? Non ça me ressemble pas, je vais rester comme ça.

C’est aussi pour ça que je voulais pas arriver trop tôt, pour pas avoir trop le temps de me mettre la pression. Je me cale dans un coin, et entreprends de sortir ma guitare de sa housse pour vérifier qu’elle est bien accordée. Ce que je vais probablement refaire deux ou trois fois au cours des trente prochaines minutes. Je sais, je sais, pas besoin de commenter.
Celle-ci c’est une de mes préférées, j’ai pas non plus quinze guitares différentes, ma mère et Adriel me l’ont offerte pour mon 17ème anniversaire. Une Fender américaine. Acoustasonnic. Elle est parfaite, c’est celle que j’ai le plus trimballé partout avec moi. Et ça commence à se voir sur la housse, mais pour l’instant j’ai pas vraiment la thune pour en racheter une nouvelle.
En vrai quand je suis rentré en Angleterre et que j’ai voulu me débrouiller tout seul, j’ai pensé que ce serait galère, mais je m’attendais à cent fois pire. Surtout parce que Darach paye pas trop mal, et qu’en plus il est pas très regardant sur les heures supp, du coup je m’en prive pas. Et puis, comme on dit faut faire son beurre, je me démerde pas trop mal pour me faire un petit billet à gauche à droite quand j’ai l’occasion. Par exemple l’autre jour, y a un groupe de meufs à la fac qui sont venus me voir parce qu’elles voulaient que je les prenne en photo à pleins d’endroits spécifiques du campus pour envoyer un genre d'album de leur vie étudiante à leurs parents. Là non plus, on ne va pas commenter. J’en connaissais aucune, du coup j’ai accepté moyennant un tarif. Bon, rien d’exorbitant, je sais être raisonnable, mais tout de même ce shooting m’a pris la journée entière. Et en plus elles étaient contentes du résultats, donc elles ont même pas rechignés un tout petit peu à me payer. Tout le monde gagne !

Bon ce soir c’est pas payé, mais c’est normal parce que même sans argent on y trouve tous son compte au final. Artémis a du divertissement pour ses clients et moi je peux jouer devant un public et me faire la main. C’est pas si simple de trouver de l’exposition, y a déjà beaucoup de monde dans la musique et encore plus qui arrive, donc faut saisir l’opportunité quand elle se présente.
Toujours est-il, que tant que j’ai mon boulot au Blooddale, je m’inquiète pas trop pour l’aspect financier, mais je fais quand même attention, donc acheter une nouvelle housse pour ma guitare n’est pas encore une priorité absolue. Elle a juste quelques accrocs de toute façon, rien de bien grave.

Je suis en train de gratter distraitement sur les cordes quand un mec entre pour me faire signe que ça va bientôt être mon tour de jouer. Je me lève et le laisse me guider à nouveau jusqu’au bar où se trouve la scène. J’arrive pile au moment où il annonce que c’est la fin de son passage, et quitte les projecteurs sous les applaudissements. Franchement, je suis trop concentré à empêcher une nouvelle vague de stress de me noyer pour vraiment calculer le musicien, à part que sa tenue est sympa et la seconde qui suit je me tiens à sa place.
C’est pénible, tout ce cinéma que je me fais à chaque fois pour en arriver à cet instant précis où je suis face à un public dont je ne distingue pas le visage à cause des projecteurs, mes doigts se mettent à jouer d’eux mêmes, j’entonne les premières notes d’une chanson, et que je me rends que y a presque rien au monde qui est capable de me faire autant kiffer. Évidemment, tout se passe bien. Je chante un premier morceaux, un second, je calcule rien d’autre, bien ancré dans le moment présent. Mes yeux se plissent un peu pour observer les gens qui m’écoutent, tranquillement installés pour boire un coup avec un.e hôte.sse. Je ne peux pas m’empêcher de songer furtivement que j’espère ne jamais me sentir un jour assez seul pour venir dans ce genre d’endroit, et payer pour un peu de compagnie. Mais ça risque pas, j’apprécie tout particulièrement ma propre compagnie, et être un peu solitaire m’a jamais dérangé. Un peu, je suis pas un sauvage non plus. Mais je connais des gens qui supportent pas de se retrouver seul avec eux-même ne serait-ce qu’une seconde, ces mêmes personnes en générale qui ne supportent pas les silence.
Moi je me sens rarement seul, enfin disons que je le subis pas plutôt, du coup je le remarque pas forcément. Par exemple là tout de suite, en vrai, je pourrais facilement me sentir super solo, avec ma guitare devant tout ces gens mais quand je chante, y a du monde qui m’accompagne dans mes pensées. Ma mère pour commencer, qui m’a toujours soutenu dans ma passion même si elle n’était pas ravie que je suive les traces de mon père. Térésa, qui m’a fait cadeau de la guitare de mon père, parce qu’elle aimait l’idée que je reprenne le flambeau. Apolline, mon petit rayon de soleil, qui me demandait sans cesse de jouer pour qu’elle puisse chanter à tue tête une multitude de chant de son invention qui n’avaient ni queue ni tête. Juan Carlos bien entendu, qui est sans aucun doute celui qui m’a transmis son âme musicale. Ça me fait tout un petit monde qui gravite autour de moi et me rassure, m'encourage.

Finalement, je me sens un peu pousser des ailes pendant ma prestation, parce que j’ai l’impression que ça se passe bien. Au point qu’au dernier moment, je décide de changer le dernier morceaux que j’avais prévu de jouer à la base. Notez que ça ne m’arrive que très rarement de changer mes plans de manière impulsive. Mais là, je sais pas, l’ambiance est cool ce soir. Du coup je pose ma guitare et je m’installe derrière le synthétiseur, qui, Merlin merci, est branché.

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. Hgog

Y a un truc à savoir, c’est que j’affectionne énormément les vieilles musiques américaines moldus. Je saurais pas forcément l’expliquer, et en même temps je crois que tout le monde s’en fout, moi le premier, mais c’est une vibe qui m’inspire. En tout cas je me chauffe, et je décide de terminer mon passage sur un piano-voix, un peu plus lent, un peu plus morose. De toute manière il n’y a personne qui passe après moi, du coup ça va bien marquer la fin de soirée. Pour la partie concert tout du moins.



Et 5:28 minutes plus tard, c’est terminé pour moi. Je salue rapidement le public, récupère ma guitare et descends de scène. Sans trop de problèmes, je retrouve mon chemin jusqu’aux loges pour ranger mon instrument dans sa housse de protection, remettre ma veste, dans l’idée de rentrer à la maison. Mais en sortant de la pièce, j’ai un moment d’hésitation. J’ai même pas vu Artémis depuis que je suis arrivé, je peux pas tellement me barrer comme un voleur, il faudrait peut être au moins que je la salue. J’imagine que c’est la chose décente à faire, n’est-il pas ? Je suis pas à cinq minutes près de toute manière.

22h21. Je change de direction et reviens sur mes pas jusqu’au bar où une musique d’ambiance est à présent diffusée par les enceintes de la salle. Mon regard sonde les environs à la recherche de la chevelure blonde de la gérante malheureusement il semblerait qu’elle ne soit pas dans le coin. Rhaa, du coup je fais quoi ? J’ai un peu la flemme de fouiller tout l’établissement juste pour lui dire bonsoir, et en même temps je suppose que si je reste un peu je finirais bien par la croiser… Dans la logique des choses il vaut mieux que je l’attende à un endroit précis plutôt que je me lance dans un jeu du chat et de la souris et que je tourne en rond pendant quinze ans. Faut que je me décide parce que je dois avoir l’air bizarre à rester planté là comme si j’avais perdu ma mère dans le supermarché.

"Salut" Je me retourne, j’avais même pas remarqué qu’un mec s’était approché à ma hauteur. Je me tends très légèrement, je le connais pas j’en suis presque sûr, pourtant il me dit vaguement quelque chose. " Je t’ai vu sur scène, t’es doué " Ah, je l’ai peut être aperçu tout à l’heure alors s’il m’a vu jouer. Il a un accent à couper au couteau, je ne sais pas d’où il vient mais ça ne doit pas faire très longtemps qu’il est là. Le mien est tout léger à côté, j’aurais pu le perdre complètement mais comme ma mère a jamais arrêté de me parler espagnol à la maison… Je hoche la tête brièvement et me force à articuler un petit « merci ». Je suis toujours un peu - euphémisme – mal à l’aise quand un inconnu vient me parler comme ça d’un coup. Je sais jamais trop quoi dire, comment réagir. "Suis passé avant toi, en fait. Une victime d’Artémis aussi." Haussement de sourcils surpris. C’est là que je percute que c’est le mec qui avait une tenue stylé, il s’est juste changé. L’artiste qui m’a précédé, ça fait sens. C’est sûrement pour ça qu’il vient me parler maintenant. J’ai un petit sourire, si c’est ça être une victime de la jeune femme, je pourrais m’y habituer franchement. "J’ai pas vu ton passage mais vu les applaudissements je suppose que ça s’est bien passé ?" je lui demande parce que je lui ai pas adressé plus de deux mots depuis qu’il m’a interpellé, que j’ai l’impression qu’il essaie juste d’être sympa, et que ça me coûte rien de l’être aussi. "Shin’ichi Sasaki, en fait." Il me tend la main et je la lui serre. "Elijah." je réponds simplement au début. "Nuñez" j’ajoute après une légère hésitation, parce que j’ai pas l’habitude de me présenter par mon patronyme complet.

Shin’ichi Sasaki, ça sonne bien japonais ça si je suis pas fou. Je me garde bien de le faire remarquer, parce que si je me trompe je me sentirais bien con dans le genre des connards qui disent « les chinois » pour désigner absolument tout le continent asiatique. Et j’ai pas trop envie d’être ce genre de connard moi même, du coup pour l’instant je me contente de fermer ma gueule. Je veux dire, je le prendrais super mal si on me disait que j’étais mexicain parce que « de toute façon, c’est pareil ». "J’t’offre un verre ? Je peux, ‘sont gratuits pour nous" Ah bon ? Vous voyez, si j’avais vu Artémis plus tôt, je le saurais déjà ça. Je dis pas que j’aurais eu envie de rester ou d’arriver plus tôt même en ayant eu l’info mais ça aurait déjà ouvert un mini débat interne à minima. Je jette un œil autour de nous, la blonde est toujours pas en vue. Je prends une seconde pour consulter avec moi-même, voir si j’ai envie de rentrer me foutre au lit, ou si j’ai l’énergie de sociabiliser un peu ce soir. Sauf que je reste convaincue que c’est le minimum de saluer mon hôte avant de quitter les lieux, et que Shin’ichi a l’air cool alors ça devrait le faire. "Ok, mais la deuxième tournée, c’est pour moi." Je réponds pour faire suite à sa blague, lui emboîtant le pas en direction du bar.

On s’installe sur les grands tabourets disposés tout le long, il n’y a personne d’autre à cet endroit mais le barman a l’air occupé à faire quelque chose et nous fait signe qu’il nous a vu. Je lève les yeux pour regarder la carte affichée au mur, en vérité j’ai pas plus que ça envie de boire du coup je vais sûrement me contenter d’une bière. En plus ça prend pas trois plombes à servir ou à descendre, j’espère que d’ici là Artémis aura pointé son nez. C’est pas que j’ai pas envie de rester discuter avec Shin’ichi. D’ailleurs, maintenant que je vois son visage plus clairement avec l’éclairage du bar, plus vif que le reste de la pièce, je me rends compte qu’il est vraiment pas mal, il a des traits fins, doux. J’ai pas vraiment pris le temps de le détailler jusque là mais ses yeux en amande, ses cheveux lisses, et… "Qu’est-ce que je vous sers ?" Le barman interrompt ma réflexion en nous rejoignant, je sursaute presque, me laissant surprendre une seconde fois. Je lui commande poliment une bière et me tourne vers Shin’ichi en attendant sa réponse. "T’as prévu de revenir jouer ici un d’ces quatre ?" je demande, un peu curieux, une fois que l’homme s’éloigne pour préparer nos verres. Je me dis que, peut être, Artémis a prévu d’embaucher des artistes à résidence, qui viendraient se produire régulièrement. Et puis un mec qui joue dans une tenue pareille, doit forcément bien se débrouiller sur scène -cherchez pas la réflexion ça me paraît juste l'évidence même - du coup je me dis que si l'occasion se présente, ça pourrait être cool de l'entendre jouer. "Comment t’as connu ?"

Je me demande, parce que je me souviens pas l’avoir vu à la soirée d’ouverture la semaine dernière. En même temps, je me souviens pas y avoir vu grand monde parce que j’étais pas super attentif, à part Artémis du coup. Et puis c’est vrai qu’il y avait un paquet de monde et que l’établissement est grand et décomposé en plusieurs salles. Donc en fait les probabilités qu’on se soit croisés sont assez maigres quand on fait le bilan.
(c) crackle bones

       

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shin'ichi & elijah
Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi.

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| Samedi 23 Février 2002 |

Timide.
Enfin ; timide, gêné, discret, introverti. Quelque chose par là. C’est le premier avis que je me fais de l’autre garçon. Je ne suis pas certain qu’il soit vraiment de cette nature tout le temps, qu’il soit particulièrement nerveux ce soir ou si c’est un problème par rapport à moi mais je décide d’aller plus loin que le “salut” de base et mon compliment sur sa performance sur scène, juste pour voir où ça mène. Si vraiment il ne veut pas parler, c’est un grand garçon, il saura me le faire comprendre.

Lorsque je mentionne que je suis passé avant lui, le garçon réagit par la surprise. J’en conclus qu’il ne m’a pas vu comme moi je l’ai fait avec lui. Ça ne me dérange pas, je ne suis pas là pour récolter des éloges et puis j’ai bien apprécié profiter de sa musique alors tout va bien.

"J’ai pas vu ton passage mais vu les applaudissements je suppose que ça s’est bien passé ?"

Confirmation obtenue.
J’ai un sourire en coin des lèvres lorsqu’il me parle de la réaction du public à ma performance plus tôt.

Tu sais, ils sont presque tous bourrés et pas seuls alors ils applaudissent tout et n'importe quoi.

Je ricane légèrement. Bien sûr, par “pas seuls” je parle des hôtes.ses qui les accompagnent. Moi, personnellement, qu’ils applaudissent parce qu’ils ont aimé ma musique ou parce qu’ils sont torchés et heureux d’avoir de la compagne j’avoue que je m’en cogne un peu ; ça fait d’eux un bon public et moi j’ai eut l’occasion de m’amuser un peu. Tout le monde y gagne.

Mais je me suis débrouillé, je crois.

Humble, certes, mais je ne suis pas un faux modeste, je trouve que j’ai géré ce soir et, pour cause, je ne peux pas rater un morceau comme celui que j’ai choisi. Alors autant l’admettre ; je suis fier de ce que j’ai donné ce soir.

Comme on commence à parler pour de vrai, il me semble, je décide de me présenter à mon interlocuteur. Lorsque je n’y pense pas dès le commencement, je peux avoir même plusieurs conversations avec une personne sans qu’on ne connaisse le prénom l’un de l’autre. Si jamais on ne se parle plus après ce soir alors je pourrais oublier l’identité du garçon avec lequel je parle sans problème mais si jamais il s’avère être intéressant à côtoyer, j’ai bien envie que l’on aie un nom à mettre sur nos visages.

"Elijah."

Je hoche la tête alors que le garçon me serre la main.
Elijah.
Elijah.
Elijah.


Je vais tâcher de m’en souvenir, au moins pour ce soir. On verra par la suite ce que j’en ferai.

"Nuñez"

… En revanche je peux déjà affirmer que, ça, je ne vais pas le retenir. Déjà, je ne suis pas sûr d’avoir compris ce qu’il m’a dit alors imaginez moi le prononcer correctement et le retenir. Elijah encore, ça passe. J’ai entendu assez de noms anglophones ces derniers mois pour réussir à maîtriser. C’est un peu la fin de “Micah” avec “L”. Mais l’autre truc là…

Bon, après, on n’a pas souvent besoin de retenir le nom de famille d’une personne, alors c’est pas dramatique. Si Elijah ne se rappelle pas du mien, je ne vais pas lui en tenir rigueur. D’ailleurs, en ce qui me concerne, s’il oublie mon prénom, je ne vais pas non plus me vexer. Il n’y a pas de quoi faire tout un foin de détails si peu importants.

Pour approfondir un peu la discussion, et parce que j’en ai bien envie, j’invite Elijah a venir prendre un verre avec moi. Comme je l’ai dit, nous aurions tort de nous priver de ça alors que c’est gratuit pour nous ce soir. Je ne compte pas revenir ici si ça n’est pas pour finir sur la scène mais, de ce que j’en sais, Artémis gratte un maximum d’argent là où elle peut, alors il n’est pas impossible qu’elle ne soit pas si généreuse les fois prochaines, si fois prochaine il y a.

"Ok, mais la deuxième tournée, c’est pour moi."

Un léger rire amusé m’échappe.

Si t’insiste.

Bien, apparemment je suis tombé sur un garçon avec le sens de l’humour. Ça ne fait que me conforter dans cette envie de discuter un peu plus avec lui. Jusque-là, il est beau, il a de l’humour, il a du talent, il a l’air gentil… Franchement, j’aurais pu tomber sur bien pire.

Elijah et moi nous posons chacun sur un des tabourets en face du bar. Le barman qui s’y agite nous fait signe rapidement histoire de montrer qu’il a capté notre présence mais, comme il a l’air bien occupé, je présume qu’on va devoir patienter un peu. C’est pas dramatique, je ne suis pas pressé ou mal à l’aise avec Elijah à côté de moi.

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. C7pOzyE

Et puis, sans trop y penser, mon regard suit les mouvements vifs du barman qui semble savoir ce qu’il fait. J’aime beaucoup observer les habitués s’occuper des boissons, lorsque le simple fait de servir un verre devient un spectacle. Et un spectacle si naturel, qui plus est. J’aimerai beaucoup savoir faire ça.

Je tombe dans le silence en admirant le boulot du barman devant moi, oubliant temporairement la compagnie qui se trouve à mes côtés. D’un côté, s’il avait parlé, je ne l’aurai pas ignoré mais semble-t-il que, lui aussi, se trouve dans un autre monde. Quand bien même j’ignore lequel… Parce que si je savais ce qu’il avait en tête à ce moment-là, j’aurais sûrement rebondit dessus.

"Qu’est-ce que je vous sers ?"

Elijah se contente d’une bière et moi je lui commande un Rhum Groseille. Le barman acquiesce d’un mouvement de tête et se hâte de se mettre à préparer nos verres.

- T’as prévu de revenir jouer ici un d’ces quatre ?
- Mmh...

Je prends un instant pour y réfléchir levant les yeux au plafond.

Je le trouve joli, d’ailleurs, ce plafond. Il change souvent mais, ce soir, il représente un ciel de nuit d’été parsemé d’étoiles scintillantes. Je retombe, juste un instant, en enfance. Posé sur les genoux de ma mère, fredonnant pendant qu’elle faisait semblant de compter les étoiles pour moi.

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. IRk77cT

Pour ce qui est de la réponse à Elijah, cela dit, je ne m’éloigne pas trop dans mes pensées en ne la lâchant pas de vue. Est-ce que je compte rejouer ici? En soi, c’était pas mal comme expérience. C’était même plutôt cool. Alors je ne vois pas pourquoi je me le refuserais…

Si Artémis demande, alors oui.

Parce que je ne vais pas être celui qui va demander ça à Artémis. Loin d’une question de fierté, j’ai juste du mal à me l'imaginer faire. D’autant plus que Artémis semble être une femme qui sait ce qu’elle veut ; si elle souhaite que je revienne, elle me le fera savoir. Autrement, il y a des chances que c’était le coup d’un soir

Hah.

Toi?

Je tourne la tête vers Elijah, lâchant enfin le ciel étoilé des yeux. Pendant qu’il me répond, le barman nous glisse nos verres et passe à ses autres commandes. Pour ma part, je prends une gorgée de mon verre en écoutant l’autre sorcier parler.

"Comment t’as connu ?"

Il me faut juste un instant pour capter ce qu’il demande exactement. Comment j’ai connu Artémis, ou alors le 7e Ciel… Qu’importe, de toute façon la réponse est la même, en fin de compte.

L’ouverture. Me faisait chier, j’suis venu voir. C’était pas mal.

Je marque une pause pour prendre une nouvelle gorgée de mon verre alors que mon regard se balade un peu partout dans la pièce. Je tends aussi l’oreille pour enfin prendre conscience de la musique qui se joue depuis un moment maintenant. Elle n’était qu’un arrière-plan jusqu’alors mais, d’un coup, je n’entends plus qu’elle. Je ne connais absolument pas mais, d’un côté, c’est ni mon style ni une musique qui semble être écoutée lorsqu’elle ne sert pas d’ambiance dans ce genre d’endroit.


Je ne reste cependant pas longtemps concentré sur la musique qui n’est pas assez intéressante pour me captiver plus longtemps que ça, et je conclus le fil de ma pensée.

Donc, à l’ouverture, je rencontre des gens et Artémis viens me voir, avec son pote, et demande que je travaille ici, parce que je suis métamorphomage.

Nouvelle pause, mais cette fois je recherche un mot. Le terme qu’elle a utilisé pour ce qu’elle voulait me voir faire. Terme qui ne m’est pas bien familier en anglais. Mais je l’ai sur le bout de la langue, et…

Comme… Un hôte? Les gens là, qui collent les clients. C’est ça, le mot, hein?

Oui. Oui, j’en suis même plutôt sûr.

Bref, hors de question. Par contre, la musique, je veux bien.

Je pose mon point final ici. Tout le reste n’est pas forcément nécessaire à raconter. Pas que je n’assume pas mais, vous savez, je ne suis pas souvent du genre à donner trop de détails. Si j’en ai raconté autant, c’est bien parce que j’ai invité Elijah a discuter autour d’un verre, alors il s’agirait pour moi de faire la conversation. Ce serait con de vouloir parler à quelqu’un et de ne prononcer que très peu de mots. Et je ne suis quand même pas con comme ça.

Et toi ?

Comment il a rencontré Artémis, comment il a découvert l’endroit, comment il a fini par venir jouer ici. J’imagine que tout ça est implicite vu que c’est ce que j’ai choisi de raconter jusqu’avant.

Le temps que Elijah parle, je ne le lâche pas des yeux. Je ne calcule plus du tout la maison, ou le ciel étoilé, ou le reste de la pièce.
Au commencement, c’est simplement pour me concentrer que reste accroché à ses lèvres. Et puis ça se fait tout seul, je m’intéresse à ce qu’il raconte et je me rends compte que je me plais plus à le regarder que je le pensais. J’aurais dû m’y attendre ; déjà quand il est passé sur scène je le trouvais pas mal et le feeling s’est intensifié quand je l’ai interpellé plus tôt. Et là, avec les lumières qui dansent et changent, j’ai l’impression de le redécouvrir à chaque fois qu’une nouvelle lumière passe sur son visage.

Là je remarque un détail sur son tatouage. Là je vois la couleur de ses yeux. Là je devine celle de ses cheveux…

Autant dire que je ne m’ennuie pas.

Ça va, on aurait pu tomber pire qu’ici.

Que ce soit à l’ouverture ou pour jouer ce soir, je trouve que, finalement, l’endroit est moins… Chelou que je l’imaginais. J’avoue que, au début, je me faisais l’image d’un truc qui frôle la prositution mais qui l’assume pas officiellement. Au final, même si c’est quand même spé’ que de payer pour que quelqu’un vous tienne compagnie dans un bar, on est loin de mon idée de départ. J’aurais peut-être quand même joué si ça avait été un truc de ce genre, je ne sais pas, mais je serais sûrement pas resté après comme je le fais actuellement.

Y a des trucs cools. Pour boire, pour jouer, pour danser, pour chanter…

Et j’aime tout ça, moi. Danser, jouer aux bornes d’arcade, le karaoké. Finalement, c’est bien mon genre de coin. Si c’était un bar classique, sans les hôtes, et que ça ne coûtait pas si cher, je passerais mes soirées ici.

J’hésite à demander à Artémis si que les boissons c’est gratuit pour nous.

Il me semble bien que la piste de danse est gratuite en règle générale mais le karaoké est gratuit? Je peux tout aussi bien passer ma nuit là-bas tout seul, même.

Après, à y penser, c’est les hôtes.ses qui notent ce que leur client fait pendant la soirée et qui font payer à la fin… Alors, logiquement, pas d’hôte.sse, rien à payer. Mais bon, je n’ai pas envie de prendre des risques dans un endroit qui est protégé par une sorte de mafia Londonienne. C’est Artémis qui me l’a dit le soir de l’ouverture. Elle pourrait avoir bluffé mais au cas-où on va la croire sur parole.

Tu aime, toi, danser et chanter?

Je ne sais pas pourquoi j’ai admis, dans un coin de ma tête, que Elijah kiffait tout autant se défouler comme ça que moi. Peut-être parce que j’ai décidé qu’Elijah était cool et que les gens cools aimaient danser et chanter. J’abuse quand même ; si je rencontre quelqu’un qui n’aime pas ça, je ne vais pas tout de suite conclure qu’il est nul. Par exemple, Draken il n’aimait pas du tout chanter ou danser et pourtant on était super proches et je l’ai toujours trouvé super cool. Y a juste mon cerveau qui crée des liens et des calculs bizarres.

Possible que je profite un peu encore avant de partir, t’façon.

Si jamais Artémis me refuse l’accès au karaoké? Tant pis, j’irais un peu danser et peut-être que je me poserai un peu avant de rentrer.

Alors que je regarde toujours Elijah, quelque chose en moi fait “tilt”. C’est que j’arrête pas de faire mes plans tout seul alors que…

Au cas où, t’es invité s’tu veux. J’peux profiter seul mais j’t’aime bien, alors si t’as envie de rester un peu ce serait cool.

Sincérité pure et dure.
J’irais pas dire que Elijah et moi on est amis, déjà si on se revoit après cette nuit ce serait déjà un bon pas mais je suis sincère quand j’affirme que j’aime bien sa compagnie. Plus on est de fous…

© Laueee


ϟ ϟ ϟ

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. JGuJkdDJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. EgskN8SJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. OSL7iUrJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. F8jvOS0Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. V2kUCez
— Sing for the laughter & Sing for the tears 

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Samedi 23 Février 2002

Tu sais, ils sont presque tous bourrés et pas seuls alors ils applaudissent tout et n'importe quoi.Mais je me suis débrouillé, je crois. C'est pas tellement pour me rassurer, ce qu'il me dit là. Jusqu'ici j'avais le sentiment que tout s'était bien passé durant mon passage, mais s'il avait raison ? Si les gens avaient applaudis sans vraiment capter ce qu'il se passait, sans avoir écouté ? Juste parce qu'ils étaient confortablement installés dans leurs fauteuils, et bien accompagnés par l'alcool et les hôtes.ses. Ce serait un peu décevant pour être tout à fait honnête. Mais s'il avait raison ça voudrait, quoi, que l'on ne m'a pas remarqué ? Ont-ils seulement prêté attention au fait d'avoir des musiciens en live face à eux et non une musique d'ambiance diffusée dans les enceintes de la pièce, comme c'est le cas à présent ? Franchement, je serais dégoûté. A moins que ce ne soit qu'une technique du garçon pour rester humble ? Il y a des gens qui sont gênés par ce genre de compliments. Même si en soit, c'était pas incroyable comme flatterie, je lui ai quand même dit que je l'avais pas vu joué, et clairement mon jugement n'est basé que sur la réaction finale du publique. 

Il balaye tout cela en se présentant, de toute manière comme je l'ai dit, je n'ai pas vu sa prestation alors on ne va pas en débattre pendant mille ans. Du coup, à mon tour, je me présente. Elijah, à l'anglaise. Parce qu'au final c'est comme ça qu'on a toujours prononcé mon prénom depuis aussi loin que je m'en souvienne. Et si c'était différent avant, j'étais trop jeune pour m'en rappeler, par conséquent je considère que ça ne compte pas. Certes, au cours de mon long voyage en Argentine, on le prononçait à l'espagnol mais ça ne m'a pas dérangé. Sincèrement peu m'importe, au final, quand je suis au Royaume-Uni, je le prononce à l'anglaise pour faciliter les choses, minimiser les questions et donc inévitablement, les interactions. 

J'enregistre son prénom, évidemment les consonances ne sont clairement pas anglaises, et je ne suis pas certain à cent pour-cent de leur origine, du coup je ne pousse pas trop la réflexion. Shin'ichi. C'est noté. En revanche son nom de famille est déjà passé à la trappe, surtout qu'il ne m'évoque absolument rien or un tel nom serait mémorable par sa rareté sur ces terres. Sasaki. Non, je ne retiendrais pas, j'en mettrais ma main à couper. 
Le garçon me propose un verre et je le suis jusqu'au bar. De toute manière, j'imagine qu'Artémis est occupée je ne sais où et finira par réapparaître à un moment ou l'autre. Ainsi, il n'est pas nécessaire que je passe ma soirée à tourner en ronde dans l'enceinte de l'établissement à sa recherche. Stratégiquement, j'ai plus de chances de la voir en restant planté au même endroit qu'en essayant de la traquer à travers les dédales du 7ème Ciel. Du coup, même si j'ai fort envie de rentrer chez moi me coucher, j'accepte de boire un verre avec Shin'ichi qui me semble sympathique pour l’instant. 

On se perche naturellement sur les tabourets qui longent le bar et on observe quelques instants de silence le temps que le barman vienne prendre notre commande. Si je me perds un peu dans la contemplation des traits physique de Shin’ichi sans m’en rendre vraiment compte, je remarque en revanche que lui aussi semble un peu ailleurs mais que le silence qui s’est installé entre nous n’est pas gênant, presque naturel. Je m’explique. Comme je l’ai dit avant, rencontrer des gens, discuter, sociabiliser, me demande beaucoup d’efforts et donc d’énergie. Par conséquent il arrive forcément que pendant mes échanges avec autrui, je me réfugie un peu dans ma tête pour prendre une petite pause et souffler un coup. A ce moment là il y a plusieurs choses qui peuvent se passer. Soit je suis face à quelqu’un qui ne supporte pas qu’un blanc s’installe dans la conversation et va tenter de meubler à tout prix, me forçant directement à rester bien ancré dans le moment présent et à prêter attention à ce qu’on me dit. Ce dont je ne suis pas particulièrement fan, de toute évidence. Soit mon interlocuteur va percuter que je suis dans mes pensées et me laisser y vaquer tranquillement le temps que je ressorte de ma bulle, mais un certain malaise va s’installer de son côté et ça va forcément se ressentir. Ce qui n’est pas hyper agréable non plus, mais déjà plus gérable de mon côté à moi. Ou encore, comme c’est le cas en ce moment, je tombe face à quelqu’un comme moi. Qui peut passer un instant en tête avec lui-même même quand il n’est pas seul, et revenir quand il le sent. Enfin, je sais pas si Shin’ichi est comme ça, mais c’est un peu la vibe qui émane de lui là tout de suite. 

Je sors de mes réflexions en même temps que lui, quand le barman arrive finalement à notre hauteur. Notre commande prise, il tourne les talons et commence à s’agiter derrière le bar, je me désintéresse de lui pour me recentrer sur ma compagnie, décidant de relancer la discussion quand j’estime qu’il est temps. Je lui demande si il a l’intention de revenir performer ici. Si Artémis demande, alors oui. Toi ?
Je hausse les épaules, clairement si elle me le propose à nouveau je ne vais pas me faire prier. Cela dit, je ne sais pas exactement à quel genre de public nous avons à faire ici, quel est le profil type de la personne qui vient passer une soirée au bar à hotes.ses. Du coup j’ai du mal à savoir si c’est le genre d’audience qui pourrait apprécier ma musique. Parce que c’était sympa ce soir, même si maintenant j’ai un doute depuis qu’il a souligné que tout le monde était particulièrement conditionné à aimer à peu près tout ce que l’on serait susceptible de leur offrir, mais je n’ai joué que des reprises. Je ne sais pas ce qu’il en est du garçon, mais moi mon objectif à terme c’est quand même de présenter mes propres compositions. Et sincèrement, je suis pas sûre que ça colle vraiment à cet endroit et l’idée qu’Artémis s’en fait ou se projette. Pareil, mais je pense que cette collaboration sera de courte durée, je suis pas sûre que ma musique ait trop sa place ici. C’est pas tellement l’ambiance. Je réponds en m’interrompant une seconde pour remercier le barman qui nous apporte nos verres et repars aussitôt s’occuper des clients suivants. J’enchaîne en lui demandant comment il a connu cet endroit. Enfin, une question de trois mots mais dans ma tête elle est assez compréhensible pour que je n’ai pas besoin de préciser davantage. J’oublie des fois, que personne n’est dans ma tête. Bref, de toute manière il a comprit où je voulais en venir, c’est ce qui compte n’est-ce pas ? 

J’attrape ma bière et commence à la boire en écoutant la réponse de Shin’ichi. L’ouverture. Me faisait chier, j’suis venu voir. C’était pas mal. Ok, clair et concis. Je sais pas trop quoi répondre du coup, parce que j’arrive pas à savoir si ses réponses courtes sont un signe qu’il a pas vraiment envie de parler au final, qu’il se fait chier, ou juste qu’il est pas très à l’aise avec l’anglais. Je veux dire, certes, son accent est très prononcé, mais ça veut pas dire forcément qu’il sait pas parler la langue, et là y a une petite voix dans ma tête qui me souffle que je l’ennuie, et qu’il a envie de se barrer. Pas que j’en ai quelque chose à foutre. Enfin si, ce serait vexant. Mais c’est pas comme si on se connaissait depuis plus de cinq minutes, autant il pourrait disparaître là tout de suite maintenant parce qu’il en a marre, je me sentirais con deux secondes mais je passerais à autre chose à la troisième. Ce serait dommage, il est canon, mais je survivrais je pense. 

Il y a un moment de flottement, durant lequel je bois une gorgée au cas où il serait vraiment en train de se décider à partir ou non, mais au final il reprend la parole de manière plus loquace. Donc, à l’ouverture, je rencontre des gens et Artémis viens me voir, avec son pote, et demande que je travaille ici, parce que je suis métamorphomage. Ça c’est stylé franchement. Je crois que jusqu’ici j’en ai jamais rencontré un depuis Nymphadora Tonks. On était à Poudlard ensemble, elle avait genre trois ans de plus que moi un truc comme ça. On se connaissait pas plus que ça en vrai, mais on était de la même maison alors forcément...Non, je rectifie, elle ne me connaissait probablement même pas de nom. En revanche elle, elle ne passait pas inaperçu, c’était la fille qui passait son temps à amuser la galerie avec son don, elle se transformait en animaux tous le temps. Chez les Pouffsouffle en tout cas, tout le monde savait qui elle était et l’avait déjà vu à l’oeuvre. Je parle au passé parce que j’ai entendu qu’elle était morte pendant la bataille de Poudlard. C’est triste, mais bon rare sont les familles qui en sont sortis indemnes de toute manière. Comme… Un hôte ? Les gens là, qui collent les clients. C’est ça, le mot, hein ? Je hoche la tête en réprimant un sourire amusé. Je voudrais pas qu’il croit que je me fous de sa gueule, c’est juste que sa définition d’hôte comme « les gens qui collent les clients » je trouve ça assez marrant. Bref, hors de question. Par contre, la musique, je veux bien. Et toi ? Je vois, Artémis voulait l’embaucher comme hôte à la base. Honnêtement, ça me choque pas. Déjà parce que j’imagine que c’est bénéfique pour elle d’avoir plusieurs profils à proposer à ses clients. C’est con hein, mais tout le monde a pas les même goûts, les mêmes attirances, du coup si tu leur propose que des blonds aux yeux bleus BCBG, c’est un exemple, bah ça limite fort ta clientèle quand même. J’imagine donc sans mal que quand elle a vu un bel asiatique franchir les portes de son bar, elle a tenté le coup. A la soirée d’ouverture aussi, je faisais du babysitting figure-toi et Artémis m’est tombée dessus au moment où j’essayais de m’éclipser. On a un peu discuté et on a finit par parler musique, et elle m’a proposé de venir jouer un soir. Et c’est ce soir du coup. Bon, c’est une petit blague en vrai je fais pas vraiment du babysitting, voyons ça plutôt comme du tutorat, ou simplement mon devoir de président de club. Même si ça rentre pas tout à fait dans mes attributions, quelque part c’est mon rôle de veiller sur les membres, surtout les plus jeunes, donc bon… Et puis c’était pas si horrible que ça. C’est juste pas trop mon truc. 

Ça va, on aurait pu tomber pire qu’ici commente le brun comme si il venait de lire dans mes pensées. Ça je lui concède volontiers. J’avais pas mal d’à priori à la base quand on m’a parlé de cet endroit compte tenu de sa géolocalisation et du style de l’établissement. Et même si j’y passerais pas tous mes week-ends, faut avouer qu’une fois de temps en temps ne me paraîtrait pas insurmontable. C’est clair, le cadre est pas dégueu, j’acquiesce avec un petit hochement de tête. Enfin, c’est pas trop mon délire les hôtesses, tout ça, mais l’endroit est cool. En plus Artémis est sympa comme patronne, même si elle est flippante, au moins elle nous a chacun laissé une opportunité de jouer sans nous avoir déjà entendu performer auparavant, et en plus elle paye un coup à boire. Je connaissais même pas le concept avant l’ouverture de ce bar, j’ajoute. J’imagine qu’Artémis a rien inventé, mais je crois que c’est le genre de truc un peu tabou, l’endroit qu’on ne se vante pas forcément de fréquenter. Je sais pas si c’est très répandu en Angleterre, j’y ai jamais trop fais gaffe. En Argentine ça existe, mais c’est beaucoup moins classe, beaucoup moins soft, et très mal fréquenté. Disons que le mot le plus exact pour décrire les filles qui travaillent la bas serait prostituées plutôt qu’hôtesses, et mine de rien ça fait toute la différence. Là bas non plus, j’y ai jamais foutu les pieds. Mais forcément que j’étais pas très chaud à la base quand les gosses m’ont parlé du 7ème ciel, je me suis dit que c’était juste un terme pour éviter de choquer le public sensible. Je m’attendais pas à ça, et franchement, la surprise était bonne. Y a des trucs cools. Pour boire, pour jouer, pour danser, pour chanter… C’est vrai que j’ai pas vraiment visité, jusqu’ici j’ai pu admirer seulement le bar et la salle d’arcades mais j’ai entendu dire à la soirée d’ouverture qu’il y avait aussi des salles de karaoké et un genre de boîte. J’hésite à demander à Artémis si que les boissons c’est gratuit pour nous. J’avoue que peut être la big boss se sentirait d’humeur généreuse et nous autoriserais à profiter des services gratuitement, au moins pour ce soir, sans avoir à se coltiner un hôte ou une hôtesse. D’un autre côté, je vois pas tellement pourquoi elle ferait ça. Je veux dire, on a chanté, elle nous offre la consommation, c’est déjà pas mal, comptez pas sur moi pour lui en demander plus. Mais ça me concerne, je sais pas, peut être que Shin’ichi s’en ait fait une pote au cours de cette soirée et qu’il se sent suffisamment légitime pour demander. Tu aimes, toi, danser et chanter ? 

J’ai un petit rire amusé en prenant une nouvelle gorgée de ma boisson. J’aime chanter, mais danser c’est un tout autre sujet. Je déteste pas, mais je t’assure que personne a envie de s’infliger cette vision. Je réponds en ricanant à cette idée. Et toi ? Bon je sais que tu chantes du coup mais tu t’en sors comment sur une piste de danse ? Il est clairement établit qu’on aime tous les deux chanter, c’est pas très dur à deviner compte tenu des circonstances qui nous ont réunies ce soir. Je t’ai même pas demandé, tu joues d’un instrument ? Nan parce que lui du coup il m’a vu jouer, mais moi je sais rien de sa performance, j’ai vu que la fin et j’étais trop dans ma bulle pour vraiment percuter et faire attention à lui. Si, j’ai quand même retenu sa tenue, parce qu’elle était sacrément stylée. En vrai c’est pas très grave, je le vois maintenant et de bien plus près. Et c’est pas pour me déplaire, honnêtement. Y a pleins de manière d’être beau. Pour lui, je dirais en premier lieu que sa nonchalance et son calme apparent lui confère un certain charme, mais si on se base que sur le physique, j’ai envie de dire qu’il est mignon. Je le dirais pas, parce qu’il y a pleins de mecs qui le prendrait mal et se vexerait, et que je le connais pas assez pour savoir s’il en fait partie. Mais pour développer son style de beauté c’est mignon, selon moi, parce qu’il a l’air doux, il a l’air gentil, ses traits sont fins, sa peau est lisse, il est plus petit que moi et que jusqu’ici il m’est quasiment impossible de lui donner un âge avec certitude. Il pourrait me dire qu’il a 18 ans ou qu’il en a 30, franchement aucun ne me choquerait plus que l’autre. 

Possible que je profite un peu encore avant de partir, t’façon. Je vais pas mentir, la perspective de rentrer m’enfermer dans l’intimité rassurante de ma chambre est toujours très attrayante en cet instant, mais je passe un bon moment et je me surprends à songer que je pourrais survivre à rester un peu plus longtemps en sa compagnie. Mais il a raison, je viens de finir ma bière, et j’ai pas nécessairement besoin d’en boire une autre. Je suis pas très sûr, mais sa phrase sonne comme une manière de mettre gentiment un terme à la conversation parce qu’il a envie d’aller jouer, danser, ou que sais-je. Du coup je m’apprête à lui dire au revoir mais il ouvre la bouche avant moi et me coupe dans mon élan. Au cas où, t’es invité s’tu veux. J’peux profiter seul mais j’t’aime bien, alors si t’as envie de rester un peu ce serait cool. Je jette un œil à ma bière vide, puis à ma guitare que j’ai calé contre le bar entre nos tabourets. J’ai toujours pas vu Artémis avec tout ça. J’hésite, j’envisageais pas vraiment qu’il me propose de rester plus longtemps. Mais force m’est bien d’admettre que sa compagnie est plaisante, et en plus c’est moi qui ait parlé d’une deuxième tournée tout à l’heure. Allez pourquoi pas, il paraît que les musiciens sont bons dans ce bar, je finis par déclarer en lui lançant un petit clin d’oeil amusé. C’est con, j’ai pas eu l’occas’ d’en profiter, mais peut être que j’aurais plus de chance au karaoké, je continue. La deuxième tournée là bas ? Je propose en me disant qu’une salle de karaoké je peux gérer encore mieux que le bar, c’est plus tranquille. Je descends du tabouret et sonde la pièce du regard. Il faut qu’on trouve la patronne avant je suppose…, je marmonne avant de me tourner vers les garçon pour savoir ce qu’il pense, d’une part du karaoké, d’une autre de se mettre en quête d’Artémis dès maintenant. 

(c) crackle bones

       

ϟ ϟ ϟ

-Elijah Nuñez-
I hear her voice in the mornin' hour, she calls me. The radio reminds me of my home far away. Drivin' down the road, I get a feeling that I should've been home yesterday. Country roads, take me home, to the place I belong. Argentina, mountain mama, take me home, country road.

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shin'ichi & elijah
Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi.

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| Samedi 23 Février 2002 |

Pareil, mais je pense que cette collaboration sera de courte durée, je suis pas sûre que ma musique ait trop sa place ici. C’est pas tellement l’ambiance.

Elijah a un peu haussé les épaules quand je lui ai retourné la question qu’il venait de me poser, à savoir s’il y avait des chances qu’il revienne ici jouer. Je lève un sourcil, intrigué. Déjà je ne suis pas certain qu’il veuille dire “ma musique” dans le sens “la musique que je joue” ou “la musique que je compose” mais, dans les deux cas, la question qui me vient est la même.

Ah oui ? C’est quoi comme genre, ta musique?

J’imagine qu’il entend quelque chose de différent de ce qu’il a fait ce soir, du coup, parce que ça allait très bien ce soir. Et puis… Pas tellement l’ambiance? J’imagine, ouais, qu’il y a bien des styles de musiques qui n’ont pas leur place ici, de toute évidence, mais je pense qu’un large éventail est tout de même permis étant donné que, dans la salle où on joue, les invités sont juste posés pour boire, discuter et profiter du spectacle. Du coup, je suis un peu curieux. Et, même sans ça, j’aurais demandé c’est quoi son genre de prédilection.

Après ça, on discute de la façon dont nous nous sommes retrouvés ici en premier lieu. Je raconte mon histoire avec un minimum de détails pour qu’Elijah n’aie pas à porter la conversation sur ses pauvres petites épaules et aussi pour montrer que j’aime bien lui parler quand même et je lui retourne, encore une fois, la question. C’est que la réponse m’intéresse.

A la soirée d’ouverture aussi, je faisais du babysitting figure-toi et Artémis m’est tombée dessus au moment où j’essayais de m’éclipser. On a un peu discuté et on a finit par parler musique, et elle m’a proposé de venir jouer un soir. Et c’est ce soir du coup.
Du babysitting ? Ici ?

Bien sûr, ça n’est pas la seule info que je retiens… Mais ça m’a fait un peu rire. J’ai vu des gens plutôt jeunes à l’ouverture, dont Sara par exemple, et j’imagine que c’est normal comme l’endroit était exceptionnellement ouvert à plus de monde qu’il ne le serait à l’avenir, mais le terme “babysitting” m’a donné une image de vrais gosses de presque dix ans se baladant au 7e Ciel avec des hôtesses à leur bras. C’est hilarant.

On dirait que Artémis a bien chassé, à l’ouverture.

Je crois savoir que Elijah et moi ne sommes pas les seuls que Artémis aie accosté à la soirée d’ouverture du 7e Ciel pour se trouver plus de clients ou d’employés, alors elle a bien bossé c’est pour sûr. Et puis, à demi-mots, je fais savoir aussi que, comme elle a assuré, je trouve ses choix brillants. Dont celui d’Elijah, donc. Mais je ne le dis pas clairement. Qu’il comprenne ou non, il sait déjà ce que je pense de sa performance.

C’est clair, le cadre est pas dégueu,

Elijah hoche la tête quand j’affirme que l’endroit n’est pas si terrible, ou plutôt qu’on aurait pu tomber sur pire, pour reprendre mes termes plus exacts.

Enfin, c’est pas trop mon délire les hôtesses, tout ça, mais l’endroit est cool.

Je hoche la tête à mon tour. Ouais, je comprends bien ce qu’il veut dire… Comme je l’ai déjà pensé plus tôt ;

Franchement, sans les hôtesses et moins cher, je viendrais tout le temps.

Je ris un peu.
Encore que le seul problème c’est vraiment le prix. Si je devais supporter la compagnie de quelqu'un en échange à l’accès aux lieux et que le prix était raisonnable pour moi, je pourrais faire le sacrifice. J’suis sûr qu’il y a des gens super cools parmi ceux qui bossent ici en plus. Y a qu’à voir Shay, ce serait pas chiant de le choisir comme hôte et profiter avec lui comme un pote. Mais, voilà, tout est super cher et d’ailleurs j’ai cru comprendre que Shay lui-même coûte la peau du cul, alors je vais pas chercher plus loin que ça.  

Je connaissais même pas le concept avant l’ouverture de ce bar
Ah bon?

J’vais pas cacher que, du coup, j’ignore si le concept est populaire et où, dans le monde, on ne sait pas trop. Pour moi c’était même plutôt évident que c’était connu en Angleterre puisqu’il y en a un et que, vous savez, j’y pense pas trop. C’est comme quand une marque est connue dans votre pays d’enfance, vous allez pas réfléchir en voyageant sur le fait que ce soit peut-être pas connu ailleurs. Vous captez à un moment, comme moi tout de suite, que c’est pas un concept universel, si quelque chose vous y fait penser spécifiquement.

C’est pas mal connu au Japon. Un peu chelou parce que pas totalement légal mais on s’débrouille pour contourner les lois. Caché, mais ça se sait, tu vois.

Je raconte rapidement. J’imagine qu’il n’y a pas particulièrement de loi à ce sujet en Angleterre, du coup, si c’est pas si populaire. Et surtout comme Artémis s’est débrouillée facilement. Mais, d’un côté, son truc il est dans l’Allée des Embrumes et y a trop de trucs chelou à cet endroit alors, vous me direz, y a rien qui me garantit qu’on est dans la légalité pure.
Tant que j’y suis, je cite un peu les trucs que j’aime bien dans les bars à hôtesses et, plus spécifiquement, dans ce bar. Boire, jouer, danser, chanter.. Certains plus que d’autres  mais je suis un garçon qui n’aime pas s’ennuyer alors ce genre d’endroits c’est le Saint Graal pour moi. Comme je l’ai déjà dit, c’est juste cher. Et pour continuer dans ce fils de pensée, j’admet que j’hésite à chercher Artémis pour lui gratter l’accès à plus qu’aux boissons gratos. Qui ne tente rien…

J’aime chanter, mais danser c’est un tout autre sujet. Je déteste pas, mais je t’assure que personne a envie de s’infliger cette vision.

Elijah ricane quand je lui demande s’il aime bien chanter et danser. Moi-même je ris doucement à sa réponse.

J’comprend très bien.

J’aime bien danser. Ça s’arrête là. Par contre j’adore chanter. J’crois que, pour la danse, ce qui me plait c’est surtout la musique, quoi. Le fait de laisser un peu celle-ci m’emporter mais je danse pas beaucoup plus que je bouge un peu en rythme. Et puis je pense pas être super classe quand je me lâche un peu plus alors, franchement, je vois ce que Elijah entends par sa réponse.

Mais maintenant j’ai envie de voir comment tu danses.

Il ne faut pas me promettre un tel spectacle, aussi. Je ne peux qu’imaginer un gars comme Elijah danser ridiculement et, franchement, je crois que je mérite ces barres de rires. Bon, je ne vais jamais forcer Elijah a danser non plus, l’image se suffit en elle, pour l'instant. Mais si l’occasion se présente? Je vous jure que je n’en lâcherais pas une miette.

Bon je sais que tu chantes du coup mais tu t’en sors comment sur une piste de danse ?
Pas mieux que toi, c’est sûr.

Inutile d’élaborer, j’expliquai ça il y a deux paragraphes, je suis sûr que vous n'aurez pas de mal à resituer. En gros, pas une catastrophe mais pas quelque chose de bien pour autant. Je crois qu’il est difficile de juger comment je danse vraiment comme je ne me lâche pas à 100%. J’ai pas particulièrement envie.

Je t’ai même pas demandé, tu joues d’un instrument ?

Ah oui, c’est vrai qu’il a pas vu. Mais même, je n'ai pas ramené tous mes instruments sur scène. Enfin, je dis ça comme si j’en avais 35, d’instruments…

Oui. Guitare. Acoustique et basse.

Mes fiertés. Je ne vais pas m’étaler sur le sujet plus que je ne l’ai déjà fait mais lancez-moi un peu et je raconterais fièrement comment j’ai appris à jouer de la basse seul et comme c’était même en partie un boulot pour moi de jouer de l’acoustique, il n’y a encore pas si longtemps.

Et toi ? Tu joues autre chose ?

Comme moi j’ai pas ramené ma basse sur scène, j’ai vu ce qu’il a fait mais il joue peut-être d’autre chose en plus de ce qu’il a amené ce soir.

Bref, la conversation allant je finis par affirmer que je vais peut-être aller m’amuser un peu avant de rentrer plutôt que de passer le reste de ma nuit au bar ou de partir directement. Ça dépendra de l’autorisation d’Artémis j’imagine. Au passage j’invite aussi Elijah parce que, je l’ai dit, j’l’aime bien et puis c’est plus sympa de profiter à deux de ce genre d’ambiance. J’ai tout le temps de passer du temps seul avec moi-même alors j’suis pas contre profiter que je me sois fait un pote pour la soirée, pour le coup.

Allez pourquoi pas, il paraît que les musiciens sont bons dans ce bar.

Elijah m’adresse un clin d'œil et un rictus aussi amusé que joueur se dessine sur mes lèvres. Ah oui ? On se balance ce genre de compliments furtifs maintenant ? Très bien, je joue aussi alors.

Ouais… Ils sont pas mal du tout. Je sais, j’en ai vu un.

Par “pas mal” j’entend doués et beaux mais je choisis volontairement de ne rien dire bien clairement. “Furtifs”, j’ai dit, les compliments. J’aime bien parler à mi mots, parfois, dans ce genre de contexte. C’est toujours mieux de laisser l’imagination travailler, sinon c’est trop simple. Vous aurez compris, je crois, que j’aime bien compliquer les choses pour m’amuser un peu plus, et ce en de nombreux domaines.

C’est con, j’ai pas eu l’occas’ d’en profiter, mais peut être que j’aurais plus de chance au karaoké,

Et il continue en plus ! Je ris un peu cette fois, il m’a eu.

Tu seras pas déçu.

En gros, j’accepte le karaoké. Sans surprise ; on aime tous les deux bien chanter alors fallait bien que ça nous attire en premier, avant l’arcade ou la discothèque de l’autre salle.

La deuxième tournée là bas ?

Je prends une pause pour faire mine de réfléchir, au moins. Juste pour la forme. Au fond, je sais déjà ce que sera la réponse.

Allez… J’accepte.

Bon, il s’agirait de convaincre Artémis j’imagine. Parce que, je ne sais pas pour Elijah, mais je crois pas avoir les moyens de payer l’accès à l’une des salles de karaoké. Après j’imagine qu’il y a toujours moyen de moyenner.. Du coup je ne me casse pas trop la tête avec ça. Pas avant d’avoir essuyé un non définitif de la patronne.

Il faut qu’on trouve la patronne avant je suppose…

Elijah marmonne et je confirme d’un simple “yup”. Il n’a pas tort sur le fait qu’il faille trouver madame si on veut lui poser la question, déjà. Sauf qu’elle pourrait être partout, de son bureau aux loges et elle pourrait tout aussi bien avoir filé du bar tout court, aussi, c’est pas impossible. Du coup reste plus qu’à espérer très fort…

Je parcours un peu la salle du regard en espérant repérer la crinière blonde de Miss Artémis quelque part, sans trop de succès. A la place, je remarque quand même une bouille que je connais un peu et qui, j’en suis sûr, pourrait nous renseigner.

Viens, j’ai une idée.

Je fais signe à Elijah de m’accompagner alors que je marche vers l’un des fauteuils de la pièce, là où plusieurs invités sont posés avec leur ami.e de la soirée. Parmi eux se trouve une demoiselle qui lève les yeux vers moi quand j’approche.

Hey.

La femme en question a l’air… Riche. De sa robe à ses bijoux en passant par l’aura qu’elle dégage, c’est un peu ça qui me frappe en premier. Après, il est facile de deviner qu’elle a l’argent vu qu’elle est là… Et vu qui l’accompagne.

Parce que c’est pas à elle que je cause, c’est à l’hôte contre lequel elle a réussi à se blottir. D’ailleurs, mon regard est dirigé vers lui et non pas vers elle. Je crois que malgré les lumières de la salle et le monde qu’il croise tous les soirs, il doit me reconnaître. En tout cas, c’est ce que l’expression et le sourire sur son visage me disent.

Shin’ichou ! Je peux t’aider ?

Je roule des yeux, secrètement amusé par le surnom que vient de m’attribuer le thaï. Franchement, entre Shay et Artémis… Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre ! Et pour leur avoir parlé alors qu’ils étaient ensemble, je peux confirmer qu’ils sont terribles quand ils font équipe.

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. D2Dgka9
Shay Sanguandikul


Je remarque que le pot de colle de Shay fronce les sourcils. Normal, elle a payé (et cher) pour avoir le thaï rien qu’à elle alors elle ne doit pas voir l’interruption de sa soirée d’un bon œil. Du coup, pour la rassurer, je lève le doigt en sa direction.

Une seconde, vraiment.

La demoiselle roule des yeux mais enlace la bras de Shay dans les siens et ne commente pas alors je prend ça pour l’autorisation à faire ce que j’ai à faire rapidement.

Je cherche Artémis.

Shay semble un peu réfléchir. Il ne creuse pas éternellement son esprit, cependant, avant que je lise sur son visage qu’il vient de trouver une réponse.

Au niveau de la piste de danse, je crois. La dernière fois que je l’ai vue, elle allait là-bas, en tout cas.

Shay m’offre un sourire et j’acquiesce.

Merci.

Je ne vais pas embêter madame plus longtemps alors je lui adresse un ‘“bonne soirée” avant de tourner les talons. Shay m’interpelle tout de même avant que je ne m’en aille et je lui lance un regard.

En fait, pas mal le spectacle. Vous deux. J’ai bien aimé.

Le sourire chaleureux de Shay s’allonge alors qu’il glisse un mot gentil pour Elijah et moi-même. Je l’aime bien, cet homme. Il a l’air vraiment cool même si j’ai pas trop eu l’occasion de le vérifier depuis la soirée d’ouverture. Mais déjà là il a fait plutôt bonne impression. Du coup je lui sourit sincèrement et je le remercie avant de m’éloigner, invitant Elijah à me suivre vers la piste de danse.

Sur le chemin, j'affirme que Blondie a plutôt intérêt à être là-bas sans quoi je lui tirerais les cheveux quand je la retrouverais. Menace dans le vent étant donné que je ne compte pas réellement la mettre à exécution quand bien même Artémis ne m’apparaîtrait pas de la nuit. C’est plutôt pour exprimer à quel point je place mes espoirs en l’indication de Shay, et pour plaisanter un peu avec Elijah aussi en même temps qu’on fait le tour de ce foutu bar.

Arrivé au niveau de la piste de danse, je dois admettre désespérer un petit instant. Il faut dire que l’endroit est bien rempli et j’hésite à proposer à Elijah qu’on se glisse au karaoké et qu’on prie pour qu’on puisse demander la permission à Artémis à la sortie. Soit après avoir déjà profité. J’avoue que ce n'est pas la meilleure stratégie, surtout vu ce que je sais concernant ceux qui ne paieraient pas leur dû… Mais il y a tellement de monde ! Et puis j’ai la fâcheuse habitude de ne pas trop réfléchir à la conséquence de mes actes quand j’ai envie de profiter du présent, alors j’admet que j’ai du mal à me projeter au moment de sortir quand un mec de la mafia va me secouer pour que je le paie d’une façon ou d’une autre. Et puis au pire qu’est-ce qu’ils feront ? Ils ne pourront pas attaquer ma famille donc le risque c’est moi qui le prend.

Tout de même, je parcours la pièce du regard au cas où un miracle ferait apparaître —

Je l’ai !

… Miracle !
Je désigne Artémis qui est en train de discuter avec le DJ. Elle a les sourcils froncés et semble un peu contrariée alors, le temps d’une seconde, je me demande s’il est judicieux de tenter le coup maintenant… Mais j’oublie vite ce détail. On ne saura jamais sans tenter.

J’espère t’as pas peur de te frotter à des sorciers qui transpirent..

Je ricane un peu à l’attention de Elijah. Parce que, ouais, pour atteindre Artémis il va bien falloir qu’on traverse cette piste et je ne garanti pas qu’on y arrive sans se faire un peu bousculer. En fait, j’suis même sûr que c’est impossible.

Je tend ma main à Elijah un peu machinalement.  

Pour pas te paumer.

Par là je veux dire pour pas que je le paume, moi. Lui j’suis sûr qu’il va s’en sortir. T’façon le cap est clair et pas trop compliqué à garder en visu alors, que Elijah trouve judicieux qu’on garde un contact physique pour pas se noyer dans la foule ou non, je le laisse me suivre à travers les danseurs.

J’interpelle Artémis mais elle ne m’entends pas, trop proche de la source de la musique pour que ma voix porte jusqu’à elle. Du coup j’attends d’être à son niveau pour lui tapoter l’épaule. La blonde se retourne, l'air d’abord énervé , lequel s’adoucit immédiatement lorsqu’elle nous voit, Elijah et moi. Artémis se retourne pour faire un signe au DJ et nous indique de la suivre d’un mouvement de tête. On marche jusqu’à un coin un peu éloigné de la piste et Artémis nous adresse un large sourire.


Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. V1TTvt4


Coucou mes bouts de chou ! Alors, vous faites copain-copain?

Heureusement que je ne suis pas du genre à me vexer facilement parce que Artémis a cette façon de parler aux gens comme des gosses et j’admet que c’est pas super agréable. Après j’ai conscience que c’est juste sa façon d’être et d’ailleurs c’est sûrement ce qui me plaît le moins. Qu’on me parle comme un gosse? Soit, c’est déjà arrivé et ça arrivera encore. Même Jem m’appelle “gamin”. Mais les manières d’Artémis me font doucement tiquer des fois. Ce genre de choses qui me confirment que Artémis ne sera jamais rien pour moi. Rien d’autre que ce qu’elle est déjà, et c’est pas parce qu’on a couché ensemble que je l’apprécie. Ça ne veut pas dire que je la déteste, en fait on est très bien chacun dans notre monde, voilà tout.

On dirait.

J’offre tout de même un sourire à Artémis alors que son regard s’appuie en ma direction parce que je comprends qu’elle pense à notre conversation pendant que Elijah jouait. Sur le fait qu’il est mignon, tout ça. Bref, je crois que son regard est complice et j’admet que je ne suis pas peu fier d’avoir décroché une soirée avec Elijah. J’étais assez confiant dès le début, j’ai pas tendance à m’encombrer de craintes, d’angoisses, de questions… Moi, si je veux un truc, je fonce pour l’avoir. Après ça passe ou ça casse mais j’aurais eu le mérite d’essayer et j’aurais pas de regret. Avec Elijah ce soir ? C’est passé. J’aurais rien gagné à hésiter dans mon coin et à me demander si j’allais pas l’embêter, s’il allait pas me trouver nul ou quoi.

C’est trop mignon.

Artémis met ses mains sur son cœur, comme touchée. Je roule un peu des yeux mais elle arrête vite son cinéma pour se redresser et diriger son attention totalement sur Elijah, cette fois.

D’ailleurs ! J’ai a-do-ré ton passage, tu es vraiment doué ! On en parlait avec Shin’ichi, d’ailleurs, pendant que tu passais. Je ne sais pas s’il te l’a dit. En tout cas, bravo, épatant.

Je souris un peu malgré moi, bras croisés sur mon buste alors qu’elle complimente Elijah. Je ne vais pas jouer aux jaloux, elle m’a déjà bien complimenté pour toute une vie et quand bien même ; Elijah mérite son moment. De toute évidence, je ne peux que le complimenter sur sa performance également alors je laisse Artémis faire.

En tout cas j’espère que vous vous amusez bien tous les deux, vous le méritez !

Artémis se tourne vers moi.

Tu lui as dit que les boissons étaient gratuites, n’est-ce pas?

Je ris un peu en réponse et hoche la tête. Enfin, je ne suis pas du genre à garder la récompense pour moi quand je peux la partager avec un gars plutôt sympa en plus de mignon.  

Bien sûr. D’ailleurs, à ce sujet…

Cette fois, c’est Artémis qui croise les bras et lève un sourcil en ma direction. Le message est clair ; je peux parler. Je crois.

Elijah et moi on parle de rester un peu et on se demande si, dans toute ta générosité, tu peux prêter une salle de karaoké.

J’exagère volontairement le “dans toute ta générosité” en espérant qu’elle soit amusée et que ça lui donne envie de dire oui. C’est une phrase que mon oncle sortait souvent à un pote à lui américain qui est particulièrement… Ben pas du tout généreux, en fait. Du coup je connais bien la chanson.
Attention, je m’attends pas à un fou rire, mais je me vois mal demander comme un soldat en mission non plus. Je crois qu’Artémis et moi avons bien passé le stade des fausses politesses et solennité.

Pendant un instant, j’admet que je suis incapable de prédire ce que la réponse d’Artémis sera. Elle nous regarde, Elijah et moi, tour à tour, les yeux plissés et l’air de profondément réfléchir. Je me demande qui de moi ou de l’argent gagnera la bataille qui est menée dans son esprit et, j’avoue que pensé comme ça, je me dis que les chances que l’argent gagne sont majoritaires. Peut-être même que Artémis réfléchit plutôt à quel angle attaquer pour nous botter le derrière avec le plus d’efficacité plutôt qu’à si oui ou non elle est d’humeur généreuse ce soir.

Et finalement, ses épaules tombent et elle soupire.

Ces artistes, on leur donne la main…

Elle s’interrompt ici mais je ne pense pas qu’elle aie besoin de terminer sa phrase, on a sûrement tous compris comment elle se termine. Artémis rit doucement, l’air aussi amusé que gentiment dépité. Elle roule expressément des yeux.

Bon d’accord. Je n’aimerai pas interrompre votre soirée si brutalement et puis vous ne m’avez pas déçue alors, exceptionnellement, j’accepte.

Un léger poids tombe de mes épaules. Je jette même un regard en direction de Elijah, un sourire aux lèvres et une lueur victorieuse dansant dans mes pupilles. Si Artémis avait dit non j’aurais dit tant pis et je m’en serais remis, mais je suis quand même vachement content qu’elle ait cédé, évidemment.

Par contre !

Je me tourne à nouveau vers Artémis. Ok, l’accord ne va pas sans condition. J’imagine que c’est normal. Comme elle est cool, la moindre des choses est de l’écouter alors je me concentre sur ses paroles. Artémis se penche un peu dans notre direction même, pour être sûre qu’on enregistre bien ce qu’elle va dire. Ça m’arrange, jusque-là j’ai pas eu de mal à déchiffrer ce qu’elle racontait mais je serais capable de rien biter à la partie importante.

Artémis lève l’index au niveau de nos yeux et commence à énumérer.

C’est la première fois et la dernière que je vous accorde ça alors je ne veux pas vous entendre réitérer. (elle lève le majeur pour faire un 2 avec les doigts) Si vous foutez le bordel je vous bouffe, je ne plaisante pas. (elle marque une pause pour bien nous regarder tour à tour dans les yeux et lève l’annulaire pour compter 3, cette fois, sur ses doigts) Vous prenez la salle la moins chère disponible. Je veux bien être gentille mais faut pas pousser votre chance.

Pendant qu’elle énumère ses conditions, Artémis ne nous lâche pas du regard. Quand elle ne plante pas les dagues qui sortent de ses yeux dans le regard de l’un, c’est qu’elle fixe l’autre. Elle a un air plus que sérieux, voire même menaçant. J’aurais presque senti un frisson remonter ma colonne vertébrale si j’avais pas eu affaire à des personnes bien plus flippantes dans ma vie, mais même moi je comprend qu’elle est très sérieuse et qu’elle ne sera pas du tout généreuse si on prend ses ordres à la légère. Du coup je hoche la tête solennellement, cette fois, sans essayer de plaisanter. Je sais être sérieux quand il le faut, j’ai jamais eu trop de problème avec ça. Enfin, j’arrive à être sérieux quand je le veux surtout. Mais, en général, je le veux quand il le faut.

N’empêche que je préfère la Artémis flippante à la Artémis guimauve.

Une fois que j’ai hoché la tête, la blonde plante son regard dans celui d’Elijah pour attendre une confirmation de sa part. Satisfaite, elle retrouve son sourire léger un peu niais et elle se redresse. Elle tapote un peu l’épaule d’Elijah d’une main et ébouriffe mes cheveux de l’autre en s’exclamant.

Très bien, mes bout d’chou ! Allez vous amuser, et pas de bêtise hein !

Malgré son sourire, elle retrouve un regard plus sévère juste lorsqu’elle rappelle qu’on ne fasse “pas de bêtise” mais cet air passe sur son visage comme un éclair, si bien que je me demande si je n’ai pas un peu rêvé rapport au regard appuyé et sombre qu’elle avait en donnant ses ordres à l’instant. Quoi qu’il en soit, je ne me questionne pas plus que ça à ce sujet et je laisse la blonde retourner vers le DJ pour inviter Elijah à retrouver le fameux karaoké qui, je pense, est mérité.

C’est une victoire.

Je souris à l’attention d’Elijah une fois qu’on s’éloigne enfin de la piste de danse et de la musique qui y passe. En comparaison, c’est super calme dans la pièce principale.

Je prends un peu conscience de la façon dont je lève les yeux pour m’adresser à Elijah, d’ailleurs, à ce moment-là. J’ai un peu capté quand je l’ai interpellé mais, je ne sais pas pourquoi, ça m’apparaît encore plus en pleine face maintenant. Est-ce que Elijah est grand ou est-ce que je suis petit ? Je pense que, au mieux, c’est un peu des deux. Mais, je ne me leurre pas, je sais que je suis petit, comme garçon. Déjà au japon j’étais un peu en dessous de la moyenne, l’homme moyen fait au moins 1m70, mais alors en Angleterre? Heureusement que je ne suis pas complexé.
Quant au fait que Elijah soit plus grand que moi? Ça ne me dérange pas particulièrement. Déjà parce que, comme je suis petit, j’ai un peu l’habitude. Ensuite parce que je ne suis pas du genre à m’inquiéter que les gens soient plus grands ou plus petits que moi. Je le remarque, évidemment, mais c’est jamais trop un souci.

Je vais avec Elijah jusqu’au couloir où s'alignent les portes qui mènent aux salles de karaoké. Je me rappelle rapidement de ce que la soirée d’ouverture m’a appris, parce que je me suis directement intéressé au karaoké en arrivant et du coup j’suis allé jeter un coup d'œil ; la pièce la plus éloignée dans le couloir est la moins chère. Du coup j’avance jusqu’à la dernière porte mais je remarque que la petite lumière sur la poignée est rouge et je devine qu’elle doit être déjà prise. Je rebrousse le chemin vers la porte précédente dont la lumière est verte. Je m’arrête un instant pour lire sur la porte :

SALLE 6 : DIVA

Enfin, par “lire” j’entend jeter un coup d'œil parce que j’arrive pas à lire l’anglais, mais alors pas du tout. J’ouvre la porte qui donne sur une pièce belle et bien vide. Pour la seconde moins chère, j’admet que c’est pas mal. Pas mal du tout, même. C’est petit, certes, mais on n’a pas besoin de trop d’espace non plus à deux.

Après ça n’est pas si surprenant ; on parle du bar à Artémis. Même le moins bon doit être tout de même remarquable, je ne la vois pas se contenter de moins que ça.


Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. YsTTQoX


Monsieur~

J’adresse un sourire à Elijah en tenant la porte pour le laisser rentrer. J’ai vérifié et rien ne m’interdis d’être gentleman non plus. Quand bien même ça n’est pas le but derrière le geste, ça c’est juste fait.

Dommage que je n'ai pas retenu son nom de famille, ça aurait donné un truc classe après le “monsieur”.

Une fois Elijah entré, je ferme la porte derrière nous et je vais m’affaler sur le canapé le plus grand des deux, celui qui se trouve juste en face de l’écran. Je vois qu’il y a une sorte de télécommande sur la petite table que je saisis et je devine un peu quel bouton sert à quoi grâce aux petits dessins sur chacun d’entre eux. Je vois qu’il y a de quoi contrôler l’écran, qu’il y a un bouton pour appeler un serveur… Que demande le peuple ! Par contre, en levant les yeux vers l’écran, je remarque que tout est en anglais dessus. J’crois qu’il y a un bouton pour changer la langue mais si je fous tout en japonais c’est Elijah qui va se tirer les cheveux.

Tant pis, à la guerre comme à la guerre. Ce n'est pas la première fois que je fais un karaoké avec tout en anglais, je ne m'inquiète pas.

Ok Elijah, va falloir que tu m'aides.

Je ris un peu en lui tendant la télécommande pour lui laisser le loisir de commencer. A moins qu’il préfère que je me lance en premier auquel cas.. Il n’a qu’à l’exprimer.

Dans tous les cas…

Je lis pas en anglais.

Un nouveau rire de ma part face à l’aspect un peu ridicule du problème. J’suis arrivé jusque-là pour ne rien piger à ce que l’écran affiche, quand même. Mais hey, ça va pas être un problème ! C’est juste pour le menu que j’ai besoin d’assistance sinon je suis sûr que je peux me débrouiller. Après tout j’ai l’habitude de voir les titres de mes chansons préférées écrites en anglais sur l’écran de mon MP3 alors je reconnais quand même ça, quand bien même je suis à chier quand il faut lire autre chose que du japonais.

La musique, c’est international.

© Laueee



Dernière édition par Shin'ichi Sasaki le Mar 5 Sep - 12:40, édité 1 fois

ϟ ϟ ϟ

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. JGuJkdDJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. EgskN8SJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. OSL7iUrJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. F8jvOS0Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. V2kUCez
— Sing for the laughter & Sing for the tears 

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Samedi 23 Février 2002

"Ah oui ? C’est quoi comme genre ta musique ?" Il me pose un peu une colle en vrai. C’est pas que ma musique, et par là j’entends ce que j’écris et compose, a un style particulier. C’est juste que je pense pas que ma personne colle vraiment avec l’ambiance attendue dans un endroit aussi...classe ? Luxueux ? Et si moi je m’y trouve pas à l’aise, bah...ma musique c’est moi aussi. Je sais pas si c’est clair. Disons qu’en tant qu’artiste, c’est le genre d’endroits où je me verrais pas faire autre chose que de la reprise, chanter des trucs connus, parce que les gens ils viennent pas pour me voir en fait, il viennent se détendre, discuter, boire un coup et tout, c’est du lounge quoi, je fais partie de l’ambiance. Et c’est pas que ça m’intéresse pas de me produire devant des gens qu’en ont rien à péter de ma musique à moi, mais c’est pas le but de base quand même. Alors oui, je le fais, avec plaisir même, parce que dans tous les cas chanter et jouer c’est une passion et je suis toujours épanouie quand j’ai l’occasion de le faire devant un public. Et je suis super content qu’Artémis m’ait offert cette opportunité, je le reconnais sans problème. Mais j’ai aussi vraiment hâte du jour où je pourrais jouer mes compositions devant un public qui y sera réceptif.

Je sais pas si je serais capable de mettre mes pensées et mon ressenti suffisamment au clair pour les exprimer correctement sans passer pour un connard auprès de Shin’ichi. Du coup je me contente de hausser les épaules. "Je crois que que ce serait catégorisé comme musique alternative ou de l’indé, moi même je saurais pas trop le classer pour être honnête, j’écris juste comme ça me sort de la tête." J’ai un petit rire nerveux, parce que je me sens un peu con de pas savoir répondre plus précisément à sa question. Quel genre d’artiste ne sait pas définir son art franchement ? Mais j’ai pas menti, je me suis jamais vraiment posé la question en fait, c’est comme je viens de le dire, j’écris et je compose comme ça me vient c’est tout. "Bon j’adore les musiques américaines bien old school comme j’ai chanté c’soir, et j’en ai quelques unes en réserve dans c’délire là mais c’est pas ce que j’écris le plus." je concède tout de même. "Et toi ? Tu composes, tu écris ?" je lui demande curieux. C’est pas donné à tout le monde, y a beaucoup de chanteur qui n’écrivent pas, ou de musiciens qui ne composent pas même si c’est plus rare dans le deuxième cas mais pas inexistant.

Au final on change de sujet, échangeant chacun l’anecdote du pourquoi du comment nous nous retrouvons tous les deux sur scène ce soir. Je m’amuse de constater qu’Artémis n’a pas chaumé pendant la soirée d’ouverture au final. Et j’imagine bien qu’on est pas les deux seuls à s’être fait recruter par la jeune femme. Une vrai businesswomen. Du coup je lui raconte que j’étais là à causes des morveux qu’avaient la trouille de venir ici tout seuls sous prétexte que c’était un bar à hôtesse. Évidemment, ça le surprends que je dise qu’en fait je faisais du babysitting, ça sonnait ironique et du coup amusant dans ma tête mais c’est vrai qu’hors contexte ça peut paraître super chelou. Du coup je développe un peu plus. "Ouais y a des gosses de ma fraternité qui se sentaient pas de venir solo, du coup ils m’ont demandé de les accompagner." Et comme je suis président, j’allais quand même pas les renvoyer chier même si j’en avais fort envie. Enfin, comme je l’ai déjà dit, je vais pas refiler le bébé à Dae à chaque fois qu’on me demande un truc impliquant de sociabiliser un minimum, le pauvre, il en fait déjà beaucoup. "On dirait qu’Artémis a bien chassé à l’ouverture" Je lâche un petit ricanement. "C’est exactement ce que je me disais, elle perd pas le nord." J’acquiesce de bon coeur quand il enchaîne en disant qu’on aurait clairement pu tomber sur pire, mais ajoute quand même que les hôtesses et tout c’est pas trop mon truc. Parce que franchement si je ne jouais pas au président dévoué de temps en temps, j’aurais jamais foutu les pieds ici de moi même. Enfin du coup, j’aurais raté une opportunité donc clairement au final je le regrette pas.

Et visiblement il est d’accord avec moi, mentionne même que c’est aussi trop cher, ce que je ne peux nier, et encore j’ai regardé vite fait mais faut pas être un génie pour savoir que cet établissement est bien au dessus de mes moyens d’étudiant même avec un salaire à temps partiel. Du coup tant qu’on y est je lui avoue que je n’étais pas familier avec le concept. C’est vrai que c’est pas un truc qui se fait vraiment en Angleterre ou en Europe en général il me semble, et en Argentine on appelle ça un prostibulo et c’est vachement moins classe qu’ici. Mais peut être que je suis juste inculte parce que ça semble surprendre mon interlocuteur. Je lui lance un regard interloqué, est ce que je passe à côté d’un truc ? Genre est-ce que ça existe partout depuis le début et je suis le seul débile a jamais avoir capté ? "C’est pas mal connu au Japon." Ah, du coup ça me rassure et en même temps ça me confirme qu’il est probablement bien japonais sans même que j’ai eu à lui poser la question. "Un peu chelou parce que pas totalement légal mais on s’débrouille pour contourner les lois. Caché, mais ça se sait, tu vois." Je hoche la tête. Ouais, même délire qu’en Argentine mais c’est pas des prostituées quoi. Mais d’un autre côté, je sais même pas à quel point le business d’Artémis est légale en vérité, je me suis pas vraiment penché sur la question. C’est vrai qu’à y réfléchir, on est quand même sur l’Allée des Embrumes et c’est pas un coin qu’est tellement réputé pour ses activités les plus honnêtes et légales sur le papier. Enfin en vrai je m’en branle complètement, c’est pas ça qui me dérange le plus. "Je crois pas qu’il y ait beaucoup de trucs comme ça ici, ou alors bien caché et ça se sait pas." Ou alors, encore une fois, j’ai jamais capté.

La conversation est fluide, ce qui est tant mieux parce que si je commence à avoir besoin de réfléchir à quoi dire pour éviter des blancs gênants, en général je me casse parce que sinon ça me stresse de trop. Evidemment on gravite jamais bien loin de sujets comme ce bar ou l’art, du coup on a probablement chacun pleins de choses à dire. On en vient à parler de danse et je lui avoue rapidement que je suis loin d’être doué dans ce domaine. Je m’en fous, je le vis bien, c’est assez rare que je m’y essaie de toute manière. Il me taquine quand même en disant qu’il a envie de me voir danser maintenant que j’ai dit ça, et franchement je comprends j’aurais dit pareil à sa place. "On en reparle dans trois ou quatre bières" je réplique en ricanant avant de me soustraire à son regard en prenant une gorgée de la première. Je rigole mais je ferais moins le malin si il réitère sa demande. Du coup je lui retourne la question en espérant qu’il me dise pas qu’il a fait du ballet toute sa vie parce que j’aurais encore moins envie de danser devant lui. Mais heureusement il a l’air de dire que c’est pas le cas, je lâche l’affaire et dévie un peu la conversation pour revenir sur la musique. Là, je suis plus à l’aise, je l’interroge parce que j’ai pas pu voir sa prestation et du coup je suis curieux de savoir si il joue aussi en plus de chanter. "Oui. Guitare. Accoustique et basse." Je hoche la tête. La guitare je connais bien, je me suis jamais essayé à la basse cela dit maintenant que j’y pense. "Et toi ? Tu joues autre chose ?" Nouveau hochement de tête. Ce soir j’ai ramené que ma guitare, et j’ai fait un peu de piano mais celui là il est pas à moi. "Guitare, Piano, et je fais du violon aussi mais plus pour mes instrumentales qu’autre chose au final." Rien de bien folkorique ou d’hors du commun mais je me suis jamais trop intéressé à plus, tout ça me suffit amplement déjà. Je préfère maîtriser peu de choses mais à fond que pleins de choses à moitié, c’est un partit pris je suppose. Au quotidien je joue surtout de la guitare de toute façon, parce qu’un piano c’est chiant à transporter et un violon c’est chiant pour chanter en même temps, voir impossible.

De fil en aiguille on se décide à rester un peu profiter de la soirée tant qu’on peut consommer gratuitement et je propose qu’on commence par le karaoké, comme ça on remet les comptes à zéro, je suis super curieux de l’entendre chanter en vrai. Le seul bémol c’est qu’on doit d’abord trouver la grande patronne pour obtenir son autorisation d’aller squatter une de ses salles sans payer parce que eprso j’ai pas la thune pour en louer une. Évidemment elle est pas là, ce serait trop simple, je l’ai pas vue de la soirée de toute façon, va falloir qu’on se balade un peu en espérant lui tomber dessus. Je commence à me lever mais Shin’ichi intervient. "Viens, j’ai une idée." Je pose pas plus de question et je lui emboîte le pas vers le fond de la salle. Il fonce d’un pas décidé vers un groupe de jeunes gens que je ne connais même pas de vu, je lui lance un regard nerveux, Artémis est clairement pas parmi eux, alors qu’est ce qu’il me fait là ? Je comprends qu’il les connaît, ou au moins un quand un grand brun s’adresse à lui par sobriquet un peu niais. La jeune femme qui est lovée contre son bras paraît agacée de notre interruption et ne fais pas beaucoup d’efforts pour essayer de le cacher. Du coup j’en déduis sans trop de problème que le mec est un hôte et que la bourgeoise, clairement c’en est une, qui le colle a payé un bon billet pour sa compagnie. Je suis à deux doigts de dire à mon camarade qu’on devrait peut être pas les déranger, mais il enchaîne en annonçant qu’il cherche Artémis. L’autre lui répond sans paraître embêté une seconde, qu’il l’a vu pour la dernière fois au niveau de la piste de danse.

On s’apprête à tourner les talons quand il ajoute qu’il a apprécié nos prestations respectives, je le remercie d’un petit signe de tête et d’un sourire avant de partir à la suite de Shin’ichi vers l’endroit indiqué.
La piste de danse est le genre d’endroit qui me filerait de l’urticaire. Trop de monde, trop de bruit, trop de proximité,  espace vitale bien trop réduit voir inexistant. Le temps que je me perde à évaluer et analyser l’environnement inhospitalier que je m’apprête à traverser malgré tout, le garçon repère la tignasse blonde de la patronne en train de discuter avec le DJ. C’était sûr, elle ne pouvait pas être là, juste derrière la porte, à nous attendre, il fallait qu’elle soit tout à l’autre bout. "J’espère t’as pas peur de te frotter à des sorciers qui transpirent…" il me glisse amusé. Je sais pas si il plaisante ou si ça se lit tant que ça sur ma gueule mais c’est vraiment pas mon activité préférée en toute sincérité. Je prends une grande inspiration, allez c’est pas grande chose, et puis ça peut valoir le coup si on obtient gain de cause.
Il me tend la main, je la considère une micro seconde sans que ça soit gênant, et accepte de la saisir. "Pour pas te paumer." J’ai un petit rire parce que je pense qu’il le dit dans le sens où lui ne veut pas me perdre. Je le remarque vraiment que maintenant mais c’est vrai qu’il est plus petit que moi. Je suis pas un géant, je suis grand sans être immense, je sais même pas quelle est la taille moyenne en Angleterre. Mais pour le coup, lui doit être un peu en dessous. C’est ce que je me dis quand je le vois disparaître dans la masse au devant de moi.

On fend la foule tant bien que mal, je ne passe pas un bon moment, comme personne j’imagine quand il faut traverser un groupe de jeunes adultes qui se déchaîne sur de la musique pop, mais on finit par atteindre plus ou moins notre cible. Maintenant il ne reste plus qu’à plaider notre cause. Je sais pas pourquoi mais dans leur manière d’interagir, que ce soit verbal ou non-verbal, j’ai le sentiment qu’ils se connaissent mieux que moi je la connais. Du coup je me dédouane un peu et je laisse Shin’ichi mener la majeur partie de la conversation.
De toute manière Artémis me fait flipper, j’ai l’impression qu’à tout moment elle me saute à la gorge et me piétine avec ses talons en s’offusquant que j’essaie d’abuser de sa gentillesse. Même son sourire me fait froid dans le dos alors tant qu’à faire je préfère m’abstenir… En plus elle en fait des caisses comme si elle en avait vraiment quelque chose à foutre de nous voir bien nous entendre. Mais je peux pas tellement y échapper parce qu’elle se tourne vers moi pour me parler. "D’ailleurs ! J’ai a-do-ré ton passage, tu es vraiment doué !" Je lui adresse un sourire un peu timide. "Merci... " Elle me coupe, elle avait pas finit en fait. "On en parlait avec Shin’ichi, d’ailleurs, pendant que tu passais. Je sais pas s’il te l’a dit." Je lance un regard au concerné, non il m’a pas dit ça spécifiquement mais il m’a aussi félicité ça revient au même. "En tout cas, bravo, épatant". Je la remercie de nouveau. "Je suis content que ça t’ait plu, vraiment. C’est cool de m’avoir donné ma chance." Si il y a bien une personne que je n’ai pas envie de voir quand elle est déçue c’est bien elle en même temps. D’un côté ça me soulage pas mal du coup.
Elle se retourne vers Shin’ichi et continue de piailler dans tous les sens, une vraie tornade, j’ai l’impression que milles émotions et mimiques défilent sur son visage à chaque secondes. C’est impressionnant, je crois que j’ai jamais croisé quelqu’un de si expressif. Le japonais se décide à reprendre la parole et réorienter le sujet sur ce qui nous amène à sa rencontre. C’est à dire lui gratter une salle de karaoké. Elle doit prendre genre dix secondes à réfléchir mais son regard super flippant me donne l’impression qu’au moins dix minutes ce sont écoulées avant qu’elle ne s’adoucisse et nous donne l’approbation espérée en précisant bien qu’il s’agit d’un évènement exceptionnel. Perso ça me va, je suis pas sûr de remettre les pieds ici un jour alors bon…, et même si je reviens jouer, c’est pas dit que je m’attarderais cinquante ans après mes quinze minutes de gloire. Elle énumère quelques règles à suivre, en vrai tout va de soit, comme je l’ai dit de toute manière je me risquerais pas à mettre la jeune femme en colère. Première et dernière fois, compte sur moi, pas de bordel, on fera gaffe, salle la moins chère possible, aucun soucis je suis pas difficile. "Promis on va faire super gaffe." je lâche quand elle pose son regard insistant sur ma personne pour que je confirme que j’ai bien entendu.

Son visage s’éclaire instantanément et je me demande un instant si elle est pas juste bipolaire en fait. Une fois qu’elle nous fait signe de libérer son air, on ne se fait pas prier. "C’est une victoire." me lance Shin’ichi en souriant. J’acquiesce en lui rendant. "Pendant un moment j’ai vraiment cru qu’elle allait nous renvoyer chier, t'as bien géré ! " j’avoue en prenant la direction indiquée pour les salles de karaoké.
En arrivant dans le fameux couloir où s’alignent une à une les différentes salles, on capte vite que la moins chère est déjà occupée et on se rabat sur la suivante qui porte le nom charmant de « Salle Diva ». Quand on entre, je contemple une salle parfaitement décorée, assez simplement et petite mais je peux pas m’empêcher de me dire que si c’est ça le bas de gamme selon Miss Artémis, je n’ose même pas imaginer à quoi ressemble la sale la plus onéreuse. Et franchement je sais même pas si j’ai envie de le savoir, je sens que je m’y sentirais tellement pas à l’aise et pas non plus à ma place. Le grand luxe, c’est pas trop mon truc. Encore moins après avoir passé autant de temps en Argentine, qui est un pays relativement pauvre dans la globalité. Bref, en tout cas cette salle là est parfaitement convenable à mes yeux. Et puis, je me dis que la gratuité ajoute toujours un petit goût de satisfaction supplémentaire. Je rentre, sous l’impulsion de Shin’ichi qui m’ouvre la porte galamment, m’arrachant un sourire amusé.

Il se dirige vers l’un des canapés et s’empare de la télécommande, je reste debout, observant un peu la déco de la salle pendant qu’il se familiarise avec le matériel. "Ok Elijah, il va falloir que tu m’aides. Je lis pas en anglais." Je me retourne, d’abord surpris, avant de me dire que finalement c’est pas si étonnant que ça. C’est vrai que j’ai remarqué dès le début son fort accent et sa manière de s’exprimer un peu hésitante en anglais. Il parle bien anglais, je le comprends et tout, mais ça s’entend que ce n’est pas sa langue maternelle quoi. Et du coup maintenant que je sais qu’il ne lit pas non plus, je me dis qu’il doit pas être dans le coin depuis bien longtemps. "Ho ouais bien sûr !" je finis par cligner des yeux et me secouer pour prendre la télécommande. "Par contre c’est toi qui commence, moi tu m’as déjà entendu chanter, c'est mon tour de profiter du spectacle." j’ajoute en commençant à faire défiler le menu. Je suis trop curieux, et au moins on sera quitte.
Je trouve rapidement la bibliothèque audio et me retrouve un moment hypnotisé par la quantité de titres disponibles. Je me demande si il y a une musique existante dans le monde qui n’est pas dans le répertoire. "C’est ouf, y a vraiment...tout." je murmure avec de grands yeux. Je dois ressembler à un gosse le jour de noël mais j’en ai rien à foutre, j’adore ce qui se passe. "Qu’est ce que tu veux chanter ? Tu sais déjà ?" Je me dis que je devrais le guider un peu le temps qu’il trouve l’inspiration. "Y a des sons sorciers, moldus, je peux changer le mode pour que ce soit trié par genre musicale, époque, ou même par langue si tu veux… ?" Je me gratte la tête. "Si je te lis les titres à voix haute, tu reconnaîtras ?" Je me retourne vers lui, dans l'attente de sa réponse. "Nan parce que, compte pas sur moi pour te traduire quoi que ce soit en japonais." j'ajoute en plaisantant. 

(c) crackle bones

       

ϟ ϟ ϟ

-Elijah Nuñez-
I hear her voice in the mornin' hour, she calls me. The radio reminds me of my home far away. Drivin' down the road, I get a feeling that I should've been home yesterday. Country roads, take me home, to the place I belong. Argentina, mountain mama, take me home, country road.

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shin'ichi & elijah
Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi.

This is What You Came For


| Samedi 23 Février 2002 |

"Je crois que que ce serait catégorisé comme musique alternative ou de l’indé, moi même je saurais pas trop le classer pour être honnête, j’écris juste comme ça me sort de la tête."

Elijah a un rire un peu nerveux et je hoche la tête. J’ai moi-même un peu de mal à classer les musiques à moins que ce soit une évidence, il m’arrive souvent d’appeler tout ce que je ne reconnais pas trop de “l’indé”.

La réponse de Elijah ne m’explique pas en quoi sa musique ne colle pas au mood du 7e Ciel mais je ne compte pas chercher plus loin. Après tout quelle importance, Elijah sait ce qu’il dit je suppose. Et puis, en fin de compte, ça m’intéresse plus de me renseigner sur son genre de musique que sur le fait qu’il puisse ou non la jouer ici.

"Bon j’adore les musiques américaines bien old school comme j’ai chanté c’soir, et j’en ai quelques unes en réserve dans c’délire là mais c’est pas ce que j’écris le plus."
Old School. Classique.

Le sourire qui étire le coin de mes lèvres montre que je ne dis pas ça de façon négative. J’entends que c’est un classique immanquable, une preuve de bon goût. Non pas que c’est sans personnalité. J’adore le old school. Après, j’adore énormément de styles différents de musiques. Dont pleins que je ne saurais même pas définir, du coup. Et même un tas de trucs en langues étrangères. Bref, pas compliqué de me convaincre niveau musique.

Et donc, tu écris. C’est cool. Stylé.

J’avais cru deviner mais, maintenant j’en ai la confirmation pour vrai. Je trouve ça trop classe. Moi j’adore la musique mais je ne pense pas que je serais capable de créer quelque chose. D’inventer des paroles, de composer une mélodie. Bah, c’est pas dramatique, j’ai pas besoin de ça : y' a déjà assez d’artistes sur Terre pour me retrouver dans leurs styles. Je ne suis pas un artiste et je le vis bien.

"Et toi ? Tu composes, tu écris ?"

Ah bah tiens, vu que j’y pensais…

Du tout, pas un artiste.

Je ris doucement pour montrer que je le prends à la légère. J’imagine qu’on pourrait débattre, maintenant que j’y pense, sur le fait que je sois un artiste ou pas. Parce que plein de personnes pensent que chanter et jouer d’un instrument c’est déjà être un artiste, même si tu reprends des trucs déjà existants ou qu’on te prépare spécifiquement. C’est pas forcément faux, qu’en sais-je; Moi je pense que ça dépend. Mais moi-même je ne me vois pas comme un artiste quoi.

La conversation ne s’attarde pas éternellement sur cela. De façon fluide, on en vient à parler de pleins de trucs et d’autres trucs encore. À un moment, Elijah explique qu’il est venu au 7e Ciel pour la première fois en tant que “babysitter” et l’image me fait assez rire pour que je relève que c’est pas banal.

"Ouais y a des gosses de ma fraternité qui se sentaient pas de venir solo, du coup ils m’ont demandé de les accompagner."

Cette explication n’enlève pas l’image de gamins au bras d’hôtesses qui s’est formée dans ma tête. Je trouve ça tout particulièrement drôle mais je ne la partage pas avec Elijah.

Quel grand cœur.

Je ris doucement. J’ai comme l’intuition que c’était un petit sacrifice pour Elijah que de faire l’effort d’accompagner lesdits “gosses” ici. Mais au final ça valait le coup, non ? Appelez ça le destin, si vous voulez.

On continue à converser un peu, partant sur le sujet des bars à hôtes en général et d’à quel  point ils sont, ou non, populaires. J’explique que c’est assez connu au Japon parce que Elijah, lui, avoue qu’il ne connaissait pas le concept avant l’ouverture du 7e Ciel ici, à Londres.

"Je crois pas qu’il y ait beaucoup de trucs comme ça ici, ou alors bien caché et ça se sait pas."

Je hausse les épaules nonchalamment.

P’têt pas trop légal ?

Je veux dire… On est dans l’Allée des Embrumes. Ça fait pas une éternité que je suis à Londres mais c’est un des trucs que j’ai pigé le plus rapidement : l’Allée des Embrumes c’est le coin craignos. Forcément, j’arrête pas de me retrouver attiré par l’endroit.

Toujours que je m’en fiche un peu, finalement, que ce soit populaire, légal ou non. Peut-être que je m’intéresserais plus si j’étais client de ce genre de bars mais, comme je l’ai déjà fait remarquer, j’ai pas les sous pour quoi qu’il en soit. Alors même s’il poussait un bar à hôtes toutes les deux rues, je ne m’arrêterais pas dessus. Et puis, comme j’ai dis aussi, c’est populaire au Japon alors ça ne titille pas ma curiosité non plus. Du coup, je laisse le sujet de la conversation évoluer presque naturellement pour passer à autre chose.

Elijah et moi on parle de danser et chanter et ce genre de conneries. Quand Elijah précise qu’il ne sait pas danser, j’admet que, maintenant, j’ai bien envie de voir ça. Qui ne serait pas curieux, à ma place ?

"On en reparle dans trois ou quatre bières"

Je ris avec Elijah.

Je note.

Je prends cet air qui veut dire “mec, c’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd”. C’est pas tant une menace, je vais pas en faire ma mission de la soirée non plus, mais si l’occasion se présente, je saurais me rappeler que quelques bières peuvent m’offrir le spectacle.

Après s’être un peu marrés sur le sujet, on parle de musique à nouveau. Pas que ça me dérange ; je ne répéterai jamais assez que j’adore la musique. On pourrait parler que de ça de toute la nuit que ça ne me gaverais sûrement pas. Surtout que Elijah semble aimer la musique autant que moi alors c’est tout de suite plus intéressant. Lui me demande si je joue d’un instrument, je réponds et lui retourne la question. Enfin, je lui demande plutôt s’il joue d’autre chose que ce que j’ai vu ce soir, plutôt.

"Guitare, Piano, et je fais du violon aussi mais plus pour mes instrumentales qu’autre chose au final."

Je siffle un coup, impressionné. Je n’irais pas dire que c’est l’accomplissement du siècle, il n’est pas rare pour un amateur de musique de jouer de plusieurs instruments différents. Ça ne me surprend même pas du tout venant d’un gars qui compose ses propres sons. N’empêche que ça reste stylé.

Tu vas m’apprendre.

Je plaisante, un sourire amusé aux lèvres. Hey, j’aimerai bien faire du piano et du violon ! Mais c’est certainement pas dans ma situation actuelle que je vais apprendre comme un grand. Je ne sais toujours pas où et comment j’ai trouvé les moyens d’apprendre la guitare basse tout seul, vraiment.

Le temps passe et Elijah et moi on commence à parler de l’idée d’aller se faire un karaoké, tant qu’on est dans un bar qui propose ce genre de bail. J’suis bien motivé pour faire les yeux doux à Artémis pour qu’elle accepte de nous passer une salle gratos, mais il faut la retrouver, pour commencer.

Évidemment, j’ai bien vite une idée : celle d’aller questionner Shay que je repère, en plein boulot. Sans poser de questions, Elijah me suit dans mon plan qui se déroule plutôt bien : Shay me répond que Artémis était vers la piste de danse la dernière fois qu’il l’a vue. Sans nous attarder, Elijah et moi on repart déjà dans l’espoir de retrouver la blonde à l’endroit indiqué.

Arrivés au niveau de la piste de danse, il ne me faut pas une éternité pour repérer la tignasse blonde d’Artémis. Pour traverser la foule, je tends la main à Elijah et souligne que je préfère faire ainsi pour être sûr de ne pas le paumer. Au fond, je doute qu’il ne soit pas capable de passer la foule comme un grand, le trajet vers Artémis n’est pas dingue non plus, mais c’est un peu un réflexe. Elijah saisit bientôt ma main avec un petit rire et j’avance avec lui jusqu'à atteindre Artémis.

Je m’occupe de la conversation avec confiance, laissant Elijah souffler un peu. Après tout, je sais comment parler à Artémis, je n’ai pas besoin d’assistance et j’ai l’impression que Elijah ne doit pas particulièrement avoir envie de papoter avec la grande blonde. Autrement il est libre de s’incruster, je dis pas.

De toute manière, Artémis ne loupe pas sa présence. Elle le félicite concernant son passage sur scène et raconte même qu’on en a discuté, elle et moi. Du coup Elijah me regarde et je hausse un peu les épaules parce que je n’ai rien à dire. J’ai déjà dit à Elijah ce que j’avais pensé de son passage. Ok, on en a parlé avec Artémis. Voilà, rien de fou.

"Je suis content que ça t’ait plu, vraiment. C’est cool de m’avoir donné ma chance."

Elijah a l’air timide de dingue face à Artémis et ça me fait doucement rire. ‘Fin, intérieurement parce que, à l’extérieur, cet amusement ne transparaît pas réellement. Je peux comprendre que Artémis soit intimidante, elle a cette aura qui fait un peu peur. Genre, parfois, je me dis qu’elle a dû écraser quelqu’un qui lui a manqué de respect avec ses talons aiguilles au moins une fois dans sa vie. Mais, perso, j’arrive pas à être intimidé par elle, du coup c’est comique de mon point de vue.

Pour ce qui est des remerciements de Elijah, Artémis balaie cela d’un geste de main et affirme qu’elle lui a donné sa chance parce qu’elle avait flairé son talent, comme s’il était évident qu’il passe un jour sur la scène du 7e Ciel. Elle s’arrête là pour les éloges et je la ramène à nouveau à moi pour lui déposer la fatidique requête qui nous a amené à elle, Elijah et moi, en premier lieu.

Et c’est une victoire !

Artémis finit par accepter après avoir pris le temps de réfléchir. Je ne suis pas surpris qu’elle nous impose des règles et des conditions et, du coup, j’écoute au mieux ce qu’elle explique. Son regard lance des éclairs sombres quand elle s’assure qu’on a bien retenu ses conditions avant que son expression ne s'adoucisse à nouveau et qu’elle nous laisse filer.

"Pendant un moment j’ai vraiment cru qu’elle allait nous renvoyer chier, t'as bien géré ! "

Je célèbre notre victoire et Elijah, sûrement soulagé de s’éloigner de la blonde, confirme que j’ai assuré.

Pas si compliqué avec Artémis.

Sûrement “pas si compliqué” parce que je suis moi et que j’ai la relation que j’ai avec Artémis. Toujours est-il que j’ai trouvé que c’était du gâteau alors je ne pense pas avoir tant de mérite. J’ai pas particulièrement eu à lui retourner la tête, à la blonde.

En tout cas, une victoire est une victoire et Elijah et moi on quitte la piste de danse pour nous diriger vers les salles de karaoké. Les fameuses ! Comme Artémis nous l’a imposé, on prend la salle la moins chère parmi celles qui sont libres. J’ouvre la porte et invite Elijah a entrer, jouant le jeu d’un gentleman, ce qui ne manque pas d’amuser mon ami.

Elijah et moi on découvre l’endroit et comment tout fonctionne et je ne tarde pas à interpeller le garçon pour lui demander son aide quant au fait que je ne sache pas lire l’anglais. Elijah a l’air surpris une petite seconde avant d’accepter gentiment de me filer  un coup de main.

"Ho ouais bien sûr !"

Elijah vient choper la télécommande et je le remercie, un sourire un peu amusé aux lèvres. Il y a juste quelque chose de comique dans la situation. Ne me demandez pas quoi, je ne saurais pas le dire.

"Par contre c’est toi qui commence, moi tu m’as déjà entendu chanter, c'est mon tour de profiter du spectacle."

Elijah commence à faire défiler le menu et impose cette condition. L’idée ne me dérange absolument pas alors je ris doucement et je hoche la tête.

D’accord, d’accord. Logique.

Il n’a pas tort : je l’ai déjà entendu chanter, moi. Même si c’est clairement pas pareil : le karaoké c’est pas fait pour bien chanter, de base. J’ai même l’impression que plus tu chante faux, plus tu es gagnant, dans ce genre de bails. Ou alors ça dépend de la musique, des personnes avec qui tu te trouves… ‘Fin, quoi qu’il en soit, passer en premier ne me dérange pas le moins du monde.

"C’est ouf, y a vraiment...tout."

Elijah parcourt les choix musicaux et semble presque hypnotisé par la liste. Moi-même je vois à quel point les choix sont nombreux et je reconnais certains d’entre eux.

Parfait.

Mon sourire s’étire. Au moins on ne risque pas de souffrir du manque de choix de bonnes musiques, ou de musiques qui nous inspirent. Je crois deviner que Elijah est au moins aussi hypé que moi face au large choix qui nous est offert. Du coup, j’pense qu’on va s’éclater.

"Qu’est ce que tu veux chanter ? Tu sais déjà ? Y a des sons sorciers, moldus, je peux changer le mode pour que ce soit trié par genre musicale, époque, ou même par langue si tu veux… ? Si je te lis les titres à voix haute, tu reconnaîtras ? Nan parce que, compte pas sur moi pour te traduire quoi que ce soit en japonais."

Je ris face à l’implication de Elijah dans la mission de m’aider à choisir, et aussi à sa dernière remarque sur le fait qu’il ne pourra rien me traduire en japonais.

Je crois j’ai une idée.

Je répond simplement. En fait, j’en ai repéré une quand il a commencé à faire défiler les choix avec les yeux tout pétillants. Je ne juge pas : j’avais la même lueur dans les yeux.

Je fais remonter un peu la liste à Elijah et l’arrête quand je retrouve le titre que je pensais bien avoir vu passer. Je le désigne avec un sourire.

Ça. Ma mère l’adore.

Dédicace, en quelques sortes. Et puis je trouve que c’est pas mal pour commencer. Pour bien mettre l’ambiance quoi. Je me lève et attrape le micro mis à disposition alors que la musique démarre. Pendant un instant je me demande si le micro est là pour faire style ou s’il fonctionne mais dès que je commence à chanter j’ai ma réponse : il fonctionne vraiment. Et très bien, d’ailleurs.


J’adore vraiment cette musique et, comme je l’ai dit, elle me rappelle ma mère qui l’aime tout autant.

J’ai des souvenirs d’elle dans la cuisine en train de préparer de l’An-mitsu, de bonne humeur, en fredonnant l’air qui passe à la radio. “Girls, they wanna have fun ! Oh girls just wanna have fun !”. Je me retrouve gamin, appuyé au niveau de l’encadrement de la porte, les yeux pétillants de curiosité, les cheveux prenant une teinte dorée de bonheur. Quand elle remarque que je suis là, ma mère me sourit et me tend la main. “Viens Shin’ichi, Viens danser avec moi !”. Elle m’entraîne dans le rythme et continue à chanter, tout à fait faux mais avec enthousiasme ;  “When the working day is done ! Oh, when the working day is done ! Oh girls, girls just wanna have fun !”. Et, moi, j’explose de rire. Il était si rare de voir ma mère si heureuse à cette époque, sa bonne humeur était contagieuse.

L’un de mes plus beaux souvenirs.

Je ne peux pas m’empêcher de sourire en chantant rien qu’à y penser et même certaines mèches de mes cheveux virent au blond tant le souvenir me rend heureux. Tout cela participe à l’énergie que j’y met, au spectacle que j’offre à Elijah sans me prendre au sérieux. Je m’y met à fond comme une vraie petite starlette en concert et je ne peux m'empêcher de rire un peu quand mon regard croise celui de Elijah. Je lui adresse même un clin d'œil à un moment, toujours sans me prendre au sérieux.

Quand la musique se termine, je suis essoufflé et d’humeur lumineuse. Je m’affale sur le canapé, à côté d’Elijah.

Alors ? Tu kiffe ?

Je plaisante à moitié, curieux d’avoir son opinion même si je sais que j’ai plus donné dans le fait de m’amuser que je me suis appliqué à chanter correctement. C’est le but d’un karaoké, après tout, de s’amuser. Je ne pense quand même pas avoir chanté faux alors l’avis de mon public m’intéresse !

Ton tour maintenant.

Je tend le micro à Elijah, un large sourire aux lèvres. Les mèches blondes n’ont toujours pas reprit leur teinte naturelle, chose que j’ignore et dont, d’ailleurs, je me fous royalement.

Impressionne-moi.

Hey, après ce que je viens de donner, j’attends un spectacle de la part d'Elijah. Et un vrai !

© Laueee


ϟ ϟ ϟ

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. JGuJkdDJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. EgskN8SJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. OSL7iUrJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. F8jvOS0Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. V2kUCez
— Sing for the laughter & Sing for the tears 

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I've been so many places in my life and time. I've sung a lot of songs, I've made some bad rhymes. I've acted out my life in stages, with ten thousand people watching. But we're alone now and I'm singing this song to you. Ft. Shin'ichi Sasaki
       

       
Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi.

       
Samedi 23 Février 2002

Shin'ichi et moi prenons vite nos marques dans la salle de karaoké qu'est vraiment pas dégueu. Il s'installe dans le canapé et je suis toujours en train de scanner l'entièreté du décors du regard quand il me demande de l'aider avec le logiciel. Je m'empare de la télécommande et commence à naviguer dans le menu en lui disant qu'il allait être le premier à s'y coller parce que moi, il m'a entendu chanter déjà. Apparemment ça ne lui pose pas de problème, il acquiesce d'un air amusé.
Bon après ça reste un karaoké, personne ne s'attend à une représentation de qualité, ce n'est pas du tout l'objectif. C'est juste pour s'amuser, c'est pas comme si on allait faire les mecs et tout donner. C'est pas comme si on avait une image à garder ou quoi. Là c'est juste du fun, de la détente, y a pas de quoi se prendre au sérieux.
Je me rends vaguement compte que je suis totalement en train de m'extasier devant la bibliothèque musicale qui nous ait proposée et qui me semble infinie. Au fur et à mesure que je déroule j'explique à voix haute à Shin'ichi ce que je vois à l'écran et fais au mieux pour lui faciliter les choses étant donné u'il ne lit pas l'anglais. Merlin merci, il a déjà une idée en tête de ce qu'il veut chanter. Finalement il a reconnu un des titres et me demande de remonter un peu la liste des titres jusqu'à le retrouver. "Ça. Ma mère l’adore." Je sélectionne le titre et m'assoie un peu en retrait pour qu'il puisse s'avancer jusqu'à l'écran. Amusé, je le regarde saisir le micro tandis que la musique se lance.

Tout à l'heure Shin'ichi m'a dit qu'il n'était pas un artiste parce qu'il ne composait pas, mais à la vue du spectacle qui se déroule devant mes yeux, c'est clairement un showman. En plus ça se voit qu'il s'éclate et que ça lui rappelle des bons souvenirs. De sa mère du coup j'imagine. Il a un grand sourire et il sautille dans tous les sens. Je suis taré ou je viens de voir des mèches de ses cheveux se teinter en blond ? What ? Peut être un jeu de lumière.
En même temps comment ne pas se laisser emporter par cette musique, je sais pas pourquoi mais à chaque fois que je l'entends j'ai des images de plages californienne, avec des gros ballons, des parasols et des maillots de bain de toutes les couleurs, des palmiers, des glaces, des gens en décapotable avec les cheveux au vent. Très summer beach, très Spring Break en Floride. C'est joyeux, c'est entêtant, c'est...fun...ok j'ai enfoncé une porte ouverte là mais vous avez compris l'idée quoi. Et puis Shin'ichi s'amuse tellement, sans chercher à s'en cacher une seule seconde, que je suis obligée de m'amuser aussi.

Quand la musique se termine finalement, j'applaudis la prestation et pousse même un petit crie d'acclamation en mettant mes mains en porte voix comme si j'étais à un concert. Il se laisse tomber dans le canapé à côté de moi, à bout de souffle et me lance un "Alors ? Tu kiffe ?" qui me fait marrer un peu. Je hoche la tête, peu surpris qu'il soit aussi doué, même si il s'est pas pris au sérieux le talent ça se masque pas, mais tout de même impressionné. "Tu poses la question, ça veut dire que j'étais mauvais dans mon rôle de la foule en délire ?" je réplique en rigolant. Maintenant qu'il s'est rapproché, je constate que je ne me suis pas trompé tout à l'heure, il a bien des mèches blondes qui, j'en suis quasiment sûr, n'étaient pas là il y a quelques minutes. "Hé mais tu dois être une bête de scène." j'ajoute sincèrement. S'il a un quart de cette énergie quand il joue, c'est sûr et certain. "Ton tour maintenant." réplique Shin'ichi en me tendant le micro. Je le saisis avec un petit sourire. "Yes sir !" je me lève en commençant à taper le nom de la musique que j'ai choisi dans la barre de recherche du logiciel à l'aide de la télécommande. Je sais déjà ce que je veux chanter, je l'ai vu passer tout à l'heure quand on cherchait pour la starlette qui me tient compagnie.

Sail, j'adore cette chanson. L'instru me rend comme un ouf à chaque fois, mais c'est rare que je la chante parce que j'ai réussi à l'arranger au violon et que je peux pas faire les deux. Mais à chanter, je sais pas, je trouve qu'elle a un côté super cathartique en fait, très libérateur. Enfin je sais pas, je la kiffe quoi, je sais pas pourquoi j'essaie de me justifier. Je sais pas si Shin'ichi va connaître mais peu importe, au pire il aura découvert un nouveau son. "Impressionne-moi." Il m'arrache un sourire en coin, et je lui adresse un petit signe de tête. "Jolies mèches au fait, t'essaies de m'copier ou quoi ?" je le taquine en lançant enfin la musique.



Pendant les trente premières secondes je suis peut être un peu plus timide qu'il ne l'a été, mais c'est aussi parce que c'est à peu près le temps qu'il faut pour la rythmique s'installe. Y a pas beaucoup de paroles en vrai, mais ça me suffit à prétendre être une star du rock pendant 4 minutes. Je joue mon rôle à fond, mes bouclettes s'agitent dans tous les sens, j'exagère la gestuelle de manière dramatique, fait semblant de jouer de la batterie en rythme, bref je m'investis quoi. Ça me fait un peu bizarre de chanter sans occuper mes mains, d'habitude je suis toujours en train de jouer d'un instrument en même temps. En tout cas je prends du plaisir, à un moment je suis tellement dans mon truc qu'en croisant le regard de Shin'ichi, je redescends sur terre et j'ai un petit rire presque par automatisme.

La musique se termine, mes 5 minutes de gloire aussi et j'avoue que ça m'a donné un peu chaud tout ça. "Mesdames et messieurs, nous allons à présent procéder à un court entracte, le temps de laisser à vos chanteurs de qualité le loisir de s'hydrater un peu" je dis dans le micro d'une voix de présentateur en attrapant la carte des boissons posée sur une petite table à côté du canapé. Je lance un regard à Shin'ichi, pour voir si il veut boire un truc lui aussi. "Deuxième tournée ?" je propose avec un haussement de sourcil interrogateur. Je lui tends la carte pour qu'il choisisse parce que, je sais pas pourquoi je l'ai prise, je vais rester à la même bière et je préfère pas foutre mon nez dans la carte sinon je vais douter de mon choix, passer l'intégralité du menu en revu, changer dix fois d'avis et pas réussir à me décider alors.... "Je vais reprendre une bière moi." Mais en pinte cette fois, histoire qu'elle dure un peu. C'est que je sais pas combien de temps on va traîner ici alors tant qu'à faire... Pas que je sois un gros buveur, loin de là, mais on va pas se mytho aussi mauvais que puisse être l'alcool faut avouer que ça file toujours un coup de pouce apprécié quand il s'agit d'être à l'aise avec de nouvel personne. Enfin, jusque là je trouve que je suis resté quand même vachement chill avec Shin'ichi, j'ai pas été super timide, ni super nerveux et intimidé. Juste un peu, mais comparé à la grande majorité du temps... En temps normal rien que l'idée de faire un karaoké avec un illustre inconnu m'aurait angoissé mais là non, allez savoir pourquoi. Peut être parce que j'ai utilisé l'Occlumencie pour calmer mes nerfs avant de monter sur scène ?

Bref, on commande à boire et en attendant, je saisis de nouveau la télécommande pour faire défiler la bibliothèque musicale. Un peu amusé de ma petite blague avec le micro, j'avoue je me suis trouvé drôle, je continue sur ma lancée. "Monsieur a t-il décidé ce qu'il souhaitait chanter ensuite, préfère t-il parcourir un peu le catalogue ou se laissera t-il tenter par le joker, la chanson en duo ? Le suspens est à son comble, les spectateurs sont tenus en haleine et vous aurez la réponse dans un instant... juste après une légère coupure pub." Je hausse un sourcil et regarde Shin'ichi pour savoir s'il a choisit ou s'il réfléchit encore. Je sais pas pourquoi ça me fait autant délirer de parler comme le présentateur d'un télé-crochet dans le micro mais ça me prend comme ça alors bon, autant pas se frustrer hein. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres, je veux pas lui mettre la pression, qu'il prenne son temps, je suis juste en train de me taper un délire faut même pas qu'il me calcule en vrai. "Blague à part, j'me demandais, t'as appris tout seul à jouer et à chanter ?" je lui demande un peu plus sérieusement. 

(c) crackle bones

       

ϟ ϟ ϟ

-Elijah Nuñez-
I hear her voice in the mornin' hour, she calls me. The radio reminds me of my home far away. Drivin' down the road, I get a feeling that I should've been home yesterday. Country roads, take me home, to the place I belong. Argentina, mountain mama, take me home, country road.

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shin'ichi & elijah
Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi.

This is What You Came For


| Samedi 23 Février 2002 |

Pendant que je chante, je remarque que Elijah s’éclate aussi. Ça me fait plaisir, c’est l’essentiel. Quand je chante, j’aime bien communiquer une émotion à mon “public”. En l’occurrence, pour le karaoké, c’est la joie que j’aimerai partager. Alors quand je constate que ça fonctionne, je ne peux qu’être ravi. Quand je finis de chanter, même, Elijah applaudit avec enthousiasme et m’acclame. Je me prête au jeu en m’inclinant comme devant une réelle foule en délire. Dans une autre vie, j’aurais pu être une starlette ; mine de rien, c’est drôle ce genre d’ambiance. Ceci dit, je dis bien dans une autre vie parce que je n’ai pas particulièrement envie de devenir une star dans celle-ci. La célébrité c’est pas vraiment mon truc. Je préfère me faire discret, en règle générale.

Elijah se marre gentiment quand je me pose — que je m’affale à côté de lui en lui demandant s’il a kiffé. Il hoche la tête et je sens qu’il le pense quand bien même ma question était sur le ton de la plaisanterie. Je me répète mais, tant qu’il s’amuse, je suis ravi.

"Tu poses la question, ça veut dire que j'étais mauvais dans mon rôle de la foule en délire ?"

Je ris de bon cœur quand Elijah blague avant de secouer la tête.

Tu fais très bien la foule en délire ! Juste, j’aime les compliments.

Je plaisante à mon tour en passant une main dans mes cheveux comme pour me la raconter. Inutile de préciser que, sans me cacher quand on me complimente, je ne suis pas particulièrement à la chasse aux flatteries.

"Hé mais tu dois être une bête de scène."

Elijah commente ensuite et je claque la langue, le sourire aux lèvres. Je ne me prétend pas particulière “bête de scène” comme il le dit mais j’avoue que je me suis donné à fond là, alors je comprends pourquoi il pense cela. Je suis bien plus tranquille quand je gratte à la guitare sur scène.

Juste pour toi.

Je lui adresse un clin d'œil joueur. C’est pas tout à fait faux ; disant que je me donne à fond pour les karaokés et, du coup, aujourd’hui, particulièrement pour Elijah. Après si je m’étais trouvé avec un autre aussi bon délire j’aurais mis autant d’énergie. Du coup Elijah est privilégié sans l’être.

En tout cas, mon tour est passé et j’aimerai bien me poser un peu et respirer. Du coup, je passe le flambeau à Elijah en l’invitant à “monter sur scène” à son tour.

"Yes sir !"

Elijah se lève et choisit très rapidement sa chanson. Il a l’air de savoir ce qu’il veut puisqu’il utilise directement la barre de recherche du logiciel. Pendant qu'il pianote sur le clavier virtuel avec la télécommande, je lui intime de m’impressionner sans douter qu’il en est capable s’il y met du sien. Il m’a déjà impressionné lors de son passage plus tôt, alors…

"Jolies mèches au fait, t'essaies de m'copier ou quoi ?"

Un court instant je cligne des yeux sans trop comprendre avant de me souvenir.

Ah oui, métamorphomagie.

Je roule des yeux en m’exclamant à voix haute. Je me suis bien lâché alors je présume que mes cheveux ont dû faire quelques folies. Mes cheveux ont toujours mieux parlés que moi, émotionnellement. Même si, en vieillissant, ils se colorent moins fréquemment que quand j’étais gosse. Du coup j’oublie, parfois.

J’avoue, j’aime les couleurs dans tes cheveux.

Ses cheveux font l’effet comme s’ils avaient été coupés très courts, décolorés, puis que les repousses naturelles étaient apparues en gardant les pointes décolorées. Je me demande si c’est ce qu’il s’est passé ou si Elijah s’y est pris différemment, mais ça n’est pas une information cruciale alors je laisse mon nouvel “ami” prendre place pour commencer à chanter.

La chanson qu’il choisit est très différente de la mienne. On n’est clairement pas sur la folie de Cyndi Lauper. Je ne connais pas le titre qu’il me partage aujourd’hui mais je l’apprécie très rapidement. Je ne pense pas qu’on puisse vraiment qualifier ça de métal mais il y a de l’indé et du rock dans le style, j’en suis certain. Il faut une voix particulière pour porter cette musique et je trouve que Elijah la manie bien, même en ignorant quelle est la voix du chanteur original. En tout cas, Elijah se donne à fond et ça se sent. C’est vraiment kiffant, comme ambiance.

Je me demande si cette musique est dans mon MP3.

Comme Elijah l’a fait pour moi, je l’acclame haut et fort lorsqu’il termine sa prestation. Sa chanson reposait plus sur la musique que les paroles alors je ne peux que saluer la façon dont il a comblé les moments où il ne chantait pas.

"Mesdames et messieurs, nous allons à présent procéder à un court entracte, le temps de laisser à vos chanteurs de qualité le loisir de s'hydrater un peu"

Je lève un poing en m’exclamant face à la bonne idée que propose Elijah sous le ton de la plaisanterie. En se posant, Elijah chope la carte des boissons et me regarde pour me proposer de choisir avec lui.

"Deuxième tournée ?"

Je prend un instant pour faire mine de réfléchir avant de hausser les épaules nonchalamment, affalé contre le dossier du canapé.

Allez.

J’accepte comme si Elijah m’avait convaincu alors que, bon, j’étais déjà convaincu quand il a parlé de boire. Mine de rien ça donne soif tout ça et puis j’suis jamais contre une tournée gratos. Je sais pas quand sera la prochaine fois qu’on aura le droit à tant de services gratuits, surtout au 7e Ciel, alors autant en profitant à fond, n’est-ce pas ?

"Je vais reprendre une bière moi."
Ouais, pareil.

Déjà j’ai pas une énorme tolérance à l’alcool — je suis petit et japonais, je rappelle — alors on va rester sur du soft. J’suis sûr que ça va déjà suffire à m’émécher et, franchement, j’ai pas envie de me mettre une race non plus. J’ai jamais été tenté par ce genre de bails, même quand j’suis bourré c’est plutôt modéré.

Le serveur que j’ai appelé grâce au bouton prévu à cet effet, un peu avant que Elijah prévienne qu’il prendrait une bière, arrive dans la salle après avoir toqué clairement. C’était rapide ; je me demande s’il y a des serveurs au 7e Ciel qui restent penauds à attendre que quelqu’un appuie sur le bouton. J’en fais pas non plus grand cas ; je laisse Elijah commander sa pinte de bière, je fais de même, et on laisse le serveur tourner les talons pour aller chercher la commande.

"Monsieur a t-il décidé ce qu'il souhaitait chanter ensuite, préfère t-il parcourir un peu le catalogue ou se laissera t-il tenter par le joker, la chanson en duo ? Le suspens est à son comble, les spectateurs sont tenus en haleine et vous aurez la réponse dans un instant... juste après une légère coupure pub."

Je ris alors que Elijah reprend son jeu de présentateur télé. Franchement, ça lui va bien de plaisanter comme ça. Pas qu’il m'ait paru coincé du cul à un moment mais, c’est indéniable, il est plus à l’aise qu’il l’était plus tôt, surtout quand on est allé chercher Artémis, et c’est vraiment cool.

Ah nan, déjà la pub !?

Je me prête au jeu, comme gavé de cette page de publicité imaginaire, même si je parcours la bibliothèque de musiques à nouveau pour choisir la prochaine musique. Malgré moi, je ris légèrement face à ma propre bêtise. Il faut croire que notre connerie est contagieuse, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

"Blague à part, j'me demandais, t'as appris tout seul à jouer et à chanter ?"

Je lève les yeux vers Elijah et interrompt ma recherche temporairement pour lui répondre. Je marque une pause tout de même afin de tourner ma langue dans ma bouche. Explication à venir oblige ; il faut que je réfléchisse avant de parler. Ne sait-on jamais que je bloque sur un mot, j’aurais l’air con. C’est pas si grave, mais si je peux l’éviter c’est encore mieux.

J’ai appris la guitare avec un prof, mais la basse tout seul. Et chanter ? J’ai jamais appris en vrai. Juste… Je chante, comme ça.

Je me suis amélioré avec le temps et puis, un jour, ma mère m’a appris un truc qu’elle a elle-même appris d’un de ses petits amis qui chantait ; chanter avec le ventre et pas les poumons. Mais outre ça ? J’ai jamais “appris”. Comme je viens de le dire, je chante, c’est tout. J’écoute des chansons et j’essaie d’imiter, ça me vient naturellement.

Et toi ? Chanter et jouer ? Comment t’as fais ?

Je lui renvoie la question et le regarde pendant qu’il me répond, parce que je me concentre sur ses paroles. J’arrive à piger l’anglais et j’arrive à reconnaître les titres qui passent sous mes yeux mais pas sûr que je gère les deux à la fois. Soit je ne vais pas écouter ce que dit Elijah, soit je ne vais pas me concentrer sur les titres alors je préfère faire une chose à la fois.

Le temps qu’on discute un peu et même que je me fasse des idées des titres que j’ai envie de faire passer ce soir, notre serveur réapparaît avec nos pintes. Il les pose sur la table et s’incline en nous souhaitant une bonne soirée, après avoir précisé qu’on pouvait l’appeler à tout moment. Pour ma part, je le salue d’un geste de main après l’avoir remercié et l’observe s’en aller à nouveau.

Je saisis ma boisson et la lève à l’attention de Elijah, un sourire aux lèvres.

Santé.

J’attends la réponse du jeune homme avant de prendre une bonne gorgée de ma pinte. J’avais soif, quoi. Une fois cela fait, je me penche sur la liste des chansons pour en choisir une tout en sirotant un peu ma bière.

Trouvé.

J’avais deux idées mais je sais déjà comment je vais m’y prendre. Je pose ma bière sur la table pour sélectionner la première, qui reste dans l’ambiance. Je me vois mal choisir un truc tout doux et calme ; ça ça m’a l’air parfait pour raviver la flamme d’avant “l’entracte”.


Je reprends le micro pour reprendre sur un classique du rock. Inutile de m’étendre sur ma performance ; j’y met bien autant d’énergie que j’en ai mis sur “Girls Just Want to Have Fun”, voire plus vu qu’on est sur une chanson que j’aime encore plus. D’ailleurs puisque, mine de rien, c’est une chanson d’amour, je m’éclate à adresser celle-ci à Elijah, jouant à nouveau un rôle. Parfois, je m’amuse à prétendre tenir une guitare électrique et d’en jouer en bougeant mes cheveux qui gardent leurs mèches dorées.

À la fin de la chanson, je suis à nouveau à bout de souffle alors je retourne à mon cher canapé, riant de bon cœur d’avoir envoyé un baiser à Elijah à la fin de la chanson, pour continuer à jouer le rôle de la rock star amoureuse.

J’ai écrit pour toi, celle-là.

Je plaisante en attrapant ma pinte de bière pour boire un petit coup encore. En chantant, j’ai senti légèrement l’alcool monter, mais alors très légèrement. Assez pour que j’aie à me concentrer à nouveau quand je parle pour ne pas marmonner ou utiliser des mots qui n’existent pas, à mi-chemin entre le japonais et l’anglais.

J’ai une idée, après, mais il faut une pause d’abord.

Je passe le micro à Elijah une nouvelle fois avant de me poser confortablement sur le canapé avec ma boisson. J’attends avec intérêt la suite des évènements, la prochaine performance de Elijah. À nouveau, je suis à fond dans l’ambiance qui s’installe une fois que le jeune homme choisit son morceau ; je ne le lâche pas. Mine de rien, il a le don de m’attraper quand il chante, que je connaisse les musiques qu’il chante ou non. J’aime bien, du coup, soit il me fait découvrir des trucs nouveaux, soit il me fait revivre une émotion qui me plaît déjà de base. Que du positif du coup mais, au fond, c’est ça le karaoké, le vrai.

Et, doutez-vous, il n’y a pas de karaoké pour moi avec des gens vraiment cools sans chansons en groupe. Du coup, quand Elijah termine sa chanson et après l’avoir applaudi avec enthousiasme et sifflé, même, je me lève et lui fait signe de ne pas bouger. Je pose la bière que j’ai vidé le temps qu’il chante et le rejoint en attrapant la télécommande.

Attends, j’ai une idée. Mais c’est une surprise.

Je pianote sur le clavier virtuel, encore une fois, une chanson bien précise en tête. Il me faut un moment pour réussir à m’y retrouver comme je suis un peu alcoolisé mais je finis par me débrouiller tout en interdisant Elijah de regarder l’écran. Je suis certain de mon choix de toute manière, c’est sûr qu’il la connaît celle-ci. Et même s’il ne la connaît pas, elle est facile à maîtriser.

Je laisse son micro à Elijah et saisit le second qui est mis à disposition dans la salle. Il n’y en a pas plus alors j’imagine que ça doit être une autre paire de manches quand on vient nombreux. Quoi que, la pièce est censée être l’une des plus petites alors peut-être que les salles plus chères offrent plus de micro ? Quoi qu’il en soit, nous on a besoin que de deux micros alors c’est parfait.


Je porte le micro à mes lèvres avant que la musique commence parce que, celle-ci, elle démarre directement sur le chant ; j’veux être prêt et donner à fond à la première phrase que je chante pour donner de l'énergie à Elijah aussi. Dès que la musique démarre, évidemment, je le laisse enfin se retourner pour regarder les paroles sur l’écran et m’accompagner dans le chant.

La chanson n’est pas particulièrement un duo de base — quoi qu’il me semble bien y avoir plus d’une voix dans l’originale —, mais je trouve que ça le fait grave pour chanter à deux. J’adore cette musique sous toutes ses coutures, même plus que j’aime “I Was Made For Lovin’ You”, d’ailleurs. C’est en partie pour cela que j’ai choisi celle-ci à faire avec Elijah. J’ai aussi favorisé celle-ci en duo parce qu’elle est plus du genre de la première chanson qu’à choisi mon ami ; du hard rock pur et dur.

J’ai beau être plus fatigué d’avoir déjà chanté deux fois, je ne laisse pas cela me freiner ou transparaître. Je continue à donner tout ce que j’ai et, comme je suis avec Elijah, je passe même un bras par-dessus son épaule à un moment pour l’entraîner avec moi dans ma fausse performance. Y a pas à dire : la musique c’est le meilleur défouloir du monde.

À la fin de la chanson, j’inspire un grand coup et souffle lourdement. Je dois transpirer à bouger comme ça comme un dingue et en plein soir de Février ? Le froid de l’extérieur va me faire tout drôle quand on va sortir.

Kuso ! *

Je m’exclame, hypé. Je crois que je pourrais difficilement être de meilleure humeur ; je suis dans mon élément là et je n’oublie pas que tout m’est offert. Des soirées comme ça ? J’en ai pas souvent. J’en avais plus au Japon quand j’étais ado. Des fois j’allais m’éclater même au lieu d’aller en cours. Ça, ça n’a pas duré une éternité, mais tout de même.

T’es le meilleur partenaire de karaoké, Elijah !

Je donne un coup d’épaule amical à mon très cher “partenaire de karaoké”, comme je viens de l’appeler. Le pire c’est que j’abuse pas ; ça fait longtemps que j’ai pas autant kiffé un karaoké avec quelqu’un. Et c’est dire, parce que je kiffe toujours mes karaokés.

Il est beau, il chante bien, il est drôle… Mais qu’est-ce que ce garçon n’a pas !?

Je fais mine de m’adresser à une audience à mon tour, comme si je louais une star après son show, utilisant mon micro pour appuyer mon propos. J’ai un large sourire aux lèvres, du genre que j’ai plutôt rarement parce que, je le rappelle, en temps normal j’suis pas le mec le plus expressif. Le contexte aide beaucoup ; entre la musique, Elijah et la bière… Clairement toutes les conditions sont réunies. Limite, il ne manquerait plus que ma famille et mes potes pour faire de cette soirée une soirée parfaite. Ça veut pas dire que j’ai besoin de plus pour kiffer la soirée, pas du tout ! Je m’amuse comme un vrai gosse, je demande pas mieux que ce qui m’est offert ce soir.

Comme quoi, j’ai bien fait d’aller parler à Elijah ! C’est ce genre de moments qui font que j’hésite pas quand je veux aborder quelqu’un ou essayer quelque chose. Ce genre de soirées valent bien de me prendre quelques vents ou quelques murs, nan ?

© Laueee



* putain, en japonais

ϟ ϟ ϟ

Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. JGuJkdDJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. EgskN8SJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. OSL7iUrJe ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. F8jvOS0Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi. V2kUCez
— Sing for the laughter & Sing for the tears 

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I've been so many places in my life and time. I've sung a lot of songs, I've made some bad rhymes. I've acted out my life in stages, with ten thousand people watching. But we're alone now and I'm singing this song to you. Ft. Shin'ichi Sasaki
       

       
Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi.

       
Samedi 23 Février 2002

Comme Shin'ichi et moi-même nous octroyons une petite pause le temps de recommander des boissons et qu'il choisisse son prochain morceau, j'en profite pour lui demander comment il a apprit la guitare et le chant. "J’ai appris la guitare avec un prof, mais la basse tout seul. Et chanter ? J’ai jamais appris en vrai. Juste… Je chante, comme ça." Je hoche la tête, il est vachement doué pour quelqu'un qui a pas apprit ou juste "comme ça". Comme quoi c'est bien la preuve que le talent est inné, la musique pour moi c'est un truc que t'as dans la peau ou que tu n'as pas mais il n'y a pas d'entre deux. Tu nés avec le gêne ou sans, point final. "Et toi ? Chanter et jouer ? Comment t’as fais ?" Je prends une seconde pour me remémorer mes premiers pas dans le domaine, j'étais pas bien vieux mais ça m'a sauvé la vie, à l'époque c'est ce qui m'a permis d'apprendre à focaliser mon esprit et gérer mon stress. Mon premier échappatoire à ma vie d'angoissé. "En primaire, on a eu des cours d'éveil à la musique et je suis tombé amoureux, du coup ma mère m'a laissé prendre des cours pour apprendre à jouer et à chanter jusqu'à mon entrée à Poudlard. Mon père était un musicien aussi, j'ai dû hérité ça de lui parce que ma mère chante comme un pied." je lui raconte dans les grandes lignes. C'est vrai que ma mère n'a absolument jamais eu aucune affinité avec la musique d'une manière ou d'une autre. Elle aimait écouter Juan-Carlos jouer et chanter pour elle, pour leurs amis, pour moi mais ça s'arrêtait là. Tina n'est pas de ces personnes qui chantonnent en faisant la vaisselle ou à vivre son quart d'heure de gloire sous la douche. Je ne l'ai jamais vu écouter de la musique ou même la radio.

Avant que l'un d'entre nous n'ait le temps de relancer la conversation, le serveur nous interrompt en frappant à la porte avant d'entrer pour déposer notre commande sur la table basse du petit salon. On le remercie poliment et il ressort sans s'attarder plus longtemps. Je me prends à remarquer que le service a été incroyablement rapide alors que l'établissement est quand même bien plein. Mais peut être qu'il y a un serveur spécialement attitré pour le karaoké et comme toutes les salles ne sont pas prises...
On trinque et on prends chacun une bonne gorgée de nos bières fraîchement servies. Avec tout ça, Shin'ichi a eu le temps de décider ce qu'il allait chanter, que dis-je, performer par la suite. J'observe l'écran alors qu'il se saisit de la télécommande pour taper le titre du morceau en question. Kiss, un classique, indémodable, intemporel, tout ce qu'on aime. Il commence à peine à lancer la chanson que j'ai déjà hâte de ce qui va suivre.

Sans surprise, de nouveau le japonais se prête au jeu avec beaucoup d'énergie et le spectacle est très divertissant. S'agissant d'une chanson d'amour, il s'amuse à agir comme si elle m'était adressée ce qui me fait rire. Je remercie Merlin d'être aussi à l'aise ce soir parce que je suis sûre qu'à n'importe quel autre moment ça m'aurait probablement fait rougir. Faut dire que Shin'ichi est plutôt mignon et vachement charismatique. Quand sa prestation touche à sa fin, je l'acclame avec le même enthousiasme que la première fois et il se laisse tomber sur le canapé, essoufflé d'avoir tant donner. "J’ai écrit pour toi, celle-là." Je ricane amusé et lui adresse un clin d'oeil un peu exagéré avant d'attraper ma bière pour boire un coup. C'est qu'il faut garder la gorge hydratée quand même, il commence à faire chaud dans ce petit espace. "J’ai une idée, après, mais il faut une pause d’abord." Il me tend le micro et je le saisis en me rendant compte que j'étais tellement pris dans le karaoké du garçon que je n'ai même pas réfléchis à ce que je chanterais ensuite. Du coup je tape le premier truc qui me passe par la tête et le sélectionne. C'est moins énervé que toutes celles d'avant mais je reste quand même sur du rock. D'ailleurs c'est l'une de mes préférées d'un de mes groupes préférés.



Encore une fois je donne tout, je m'éclate, j'ai l'impression que Shin'ichi aussi qu'il la connaisse ou non alors c'est tout ce qui compte, pas besoin d'épiloguer davantage. Quand je termine, je fais mine de retourner m'asseoir mais il m'arrête aussitôt et me fait signe de ne pas bouger. "Attends, j’ai une idée. Mais c’est une surprise." Il pianote quelque chose sur le clavier en m'interdisant de me retourner en direction de l'écran pour conserver son petit effet de surprise jusqu'au bout. Qu'est-ce qu'il me prépare ? Je l'observe, intrigué et curieux de savoir ce qui m'attends.
Je comprends mieux quand il se lève pour se poster à mes côtés en se saisissant du deuxième micro mis à disposition. Il a un petit sourire énigmatique aux lèvres, comme satisfait de lui même et j'espère qu'il a choisit quelque chose de cool, ça j'ai pas trop de doute, et surtout que je connais. Imaginez il m'a foutu un truc en japonais juste pour se foutre de ma gueule. Remarque ça serait drôle.

Juste avant que la musique ne démarre il m'autorise à me retourner et découvrir la chanson mystère. Bon Jovi, à nouveau je ne peux qu'adhérer de toute mon âme. J'adore cette musique mais je crois que c'est la première fois de ma vie que je vais la chanter et pas juste le refrain quoi. On s'amuse presque plus de chanter à deux, et je trouve ça trop cool parce que jusqu'ici on a partagé un peu chacun notre univers, même si visiblement niveau rock on est assez d'accord, et là on les mixent carrément. Ça me met dans une euphorie telle que même si je suis fatigué d'enchaîner les deux chansons, je le remarque même pas. En plus on s'entraîne l'un l'autre alors...

"T’es le meilleur partenaire de karaoké, Elijah !" s'exclame Shin'ichi alors que la musique s'achève. Essouflé à mon tour, je lui adresse un grand sourire. "C'est la première fois que je fais un karaoké. Enfin, non, un vrai karaoké genre dans une salle et tout. C'était trop cool !" je souffle trop content. "Il est beau, il chante bien, il est drôle… Mais qu’est-ce que ce garçon n’a pas !?" lance le japonais dans son micro m'arrachant un sourire amusé. Je me redresse et fait mine de rejeter une mèche de cheveux imaginaire en arrière avec arrogance comme pour dire je sais. J'attrape son poignet pour approcher son micro, qu'il ne lâche pas, prend un air sérieux et pause une seconde comme si je réfléchissais à une réponse pendant une interview avant de me pencher. "La richesse." je réponds pince sans rire. "A vous les studios." j'ajoute en me tournant vers une caméra imaginaire et mettant un doigt sur mon oreille comme si j'avais une oreillette, avant de le relâcher et d'éclater de rire.

Je reprends une gorgée de bière, j'ai chaud moi avec toute ses conneries, d'avoir chanté et gigoté dans tous les sens. "Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Tu veux continuer ?" Je m'assois une seconde pour récupérer de l'effort fourni. Sérieux on est mort pour trois chansons de karaoké alors qu'après une vraie performance tout à l'heure on pétait la forme. Tu parles d'artistes. "Bon Jovi m'a achevé." je lance en rigolant.

(c) crackle bones

       

ϟ ϟ ϟ

-Elijah Nuñez-
I hear her voice in the mornin' hour, she calls me. The radio reminds me of my home far away. Drivin' down the road, I get a feeling that I should've been home yesterday. Country roads, take me home, to the place I belong. Argentina, mountain mama, take me home, country road.

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