shin'ichi & elijah
Je ne voyais plus que lui. Et lui, c'est toi.
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| Samedi 23 Février 2002 |
J’ai rencontré Artémis il y a de cela une semaine, seulement.
Je cherche toujours une façon de profiter à fond de mon séjour en Angleterre. Je ne sais pas combien de temps ça va durer et, au cas où, j’ai pas envie de rater des occasions. J’ai passé le cap de survie ; maintenant j’ai un endroit où me rendre quand je sens que c’est la merde et ça aide énormément. Je m’attendais clairement pas à être à l'abri si rapidement. Officiellement je suis toujours SDF mais dans les faits croyez que les choses sont bien différentes dernièrement. Je suis passé d’occuper mes journées à chercher à manger et où dormir, à simplement profiter et aller chez Jem si je n’ai rien trouvé en chemin.
Il y a une semaine, donc, j’ai squatté chez un mec.
Promis, j’ai pas couché avec celui-là ; il est juste du genre super sportif et quand je l’ai rencontré j’ai laissé entendre qu’il fallait peut-être que je m’y mette alors il m’a proposé qu’on fasse du sport ensemble. Le gars est super riche alors il a une salle de sport chez lui, quoi. C’est pratique et je ne pouvais clairement pas refuser l’opportunité.
En fait, j’ai jamais été super musclé. Au japon j’étais pas maigrichon surtout que les missions avec mon oncle étaient souvent plutôt physique, mais ça allait pas plus loin. Seulement en arrivant en Angleterre j’admet que j’ai pas tous les jours trouvé de quoi manger à ma faim et, même si je tenais le coup et que j’avais toujours un petit truc à grailler quand même histoire que ce soit supportable, ben j’ai perdu pas mal de poids et de muscle avec ça. Je ne suis pas un gars super centré sur son physique, même pas du tout… Mais il y a des trucs qui me font un peu chier quand même et le physique de brindille en fait partie. J’ai l’impression de porter la tristesse, la pitié et la pauvreté sur le corps et ça ne me plait pas beaucoup. Alors, voilà, j’ai repris le sport et c’est un truc qui me donne le moral. Bon, pas que je sois un gars déprimé de base, ceci dit…
Sinon, ouais, le fait que je squatte chez le mec est lié à Artémis, j’y viens.
Le truc c’est que j’ai discuté avec ledit gars et qu’il a mentionné l’ouverture d’un bar, le 14 février. Un bar à hôtesse en plus, c’est… Original. Entrée gratuite et tout. ‘Fin, voilà, moi j’ai rien à foutre de ma Saint Valentin alors franchement l’idée m’a aguiché. Au pire des cas c’est bof et j’aurais satisfait ma curiosité et au mieux je me découvre un nouveau kiffe.
Du coup j’y suis allé.
Là-bas j’ai rencontré des nouvelles têtes, genre Sara. J’ai aussi revu des gens que j’ai connus avant ça, genre Arès. Et puis entre tout ça j’ai surtout bien kiffé. C’était pas mal ; y avait un coin pour danser, y avait des jeux d’arcade et j’les ai squattés un bon bout de temps. Et puis je me suis fait offrir des boissons par Artémis, la fameuse, accompagnée d’un autre mec qui semblait super proche d’elle et qui l’appelait “Artie-chou” - un certain Shay. Une blonde qui avait l’air à peine plus âgée que moi et qui, elle m’a expliqué, s’avère propriétaire de l’endroit. Ou plutôt directrice, j’ai pas tout compris à ce qu’elle m’a raconté — j’ai beaucoup fait semblant en hochant la tête mais j’avais déjà pas mal bu à ce moment-là et elle parlait vite et l’anglais ça devient compliqué quand j’suis pas concentré et qu’on articule pas , mais j’crois avoir compris que l’endroit lui appartient pas officiellement mais qu’elle l’a fait construire elle. J’comprend pas pourquoi ni comment mais j’ai pas demandé, elle l’a sûrement dit, puis j’m’en cogne.
— sara horiuchi & angelo scott & alice scott & shay sanguandikul —
Je sais que je peux sonner saoulé de Artémis , mais en fait pas du tout. Juste je m’en foutais de son histoire à ce moment-là (et peut-être encore un peu maintenant) mais autrement j’ai bien aimé discuter avec elle. Elle a vite marqué des points parce qu’elle m’offrait des verres mais, en règle générale, elle était sympa. ‘Fin… Sympa d’une façon chelou. Mais, genre, elle a un peu les airs d’une diva adolescente et je ne sais pas si on pourrait réellement être amis mais, avec l’alcool, elle était très cool.
Après, j’ai vite aussi capté que sa gentillesse était intéressée. Encore une fois, je n’étais pas surpris ; la nature de la personne dans toute sa splendeur. ‘Faut croire que c’est une mode chez les gens, en ce moment, de m’interpeller pour me demander de les rejoindre dans leurs bail. Artémis, elle, voulait que je travaille pour elle. Je ne sais pas comment elle a su que j’en suis un, en vrai, mais elle m’a imploré gentiment en avançant qu’un métamorphomage ce serait vraiment une bonne addition à sa “collection”. Ça m’a fait rire puis je crois qu’elle avait un peu trop bu aussi parce qu’elle me complimentait et m’effleurait le bras de ses doigts plus qu’il ne le fallait pour essayer de me convaincre d’accepter sa proposition. Elle me draguait bien comme il faut, quoi. Même son pote Shay, à un moment, lui a glissé qu’elle était “pire que lui” et même si je ne connais pas le spécimen, tout en lui hurlait que c’est un Serial Flirt, comme type de gars.
J’ai pas accepté de devenir un de ses hôtes.
Ce n'est pas mon genre, ce type de job. J’connais des gens a qui ça aurait plu pourtant. D’ailleurs si je n’avais pas eu la flemme de le revoir j’aurais proposé le poste à Akutenshi, là, pour voir. Le mec doit bien kiffer se pavaner, non?
N’empêche que, si j’ai pas accepté sa proposition, ça ne m’a pas empêché de me réveiller chez Artémis le matin suivant.
… Oui, ok, cette fois j’ai couché avec.
Mais d’un côté pourquoi je me priverais? J’étais encore célibataire aux dernières nouvelles et puis Artémis a ça pour elle qu’elle est très jolie et qu’elle sait ce qu’elle fait au pieux. Quoi? Je kiffe pas à chaque fois que je couche avec quelqu’un alors, quand c’est le cas, je peux le souligner.
En tout cas, ce qui est cool, c’est qu’on était sur la même longueur d’onde et qu’elle espérait pas plus de ma part. Du coup, comme y avait pas de gêne, j’ai même mangé avec elle. On a discuté, on s’est un peu marré sur les choses qu’on a pu dire ou faire la nuit d’avant au bar… Et elle m’a proposé à nouveau de revenir bosser mais, cette fois, elle m’a offert autre chose. Elle s’est souvenu que j’ai parlé du fait que j’aimerai refaire de la musique la nuit précédente et elle m’a proposé de me produire, de temps en temps, au 7e Ciel. J’ai dit que j’avais pas de guitare, elle a dit qu’elle allait m’en trouver. J’ai accepté. Encore une fois, ce n'est pas une offre que je vais rater ; ça, en l'occurrence, ça me fait très envie comme plan.
Elle m’a donné rendez-vous un autre jour pour en discuter, j’lui ai souhaité une joyeuse Saint-Valentin pour plaisanter, elle a rit, j’me suis barré. On s’est revus plus tard comme prévu, on a convenu d’une date. Cette date c’est ce soir.
Et nous y somme donc, le présent. Moi sur une scène à une heure du matin, une guitare toute neuve entre les mains, observant la pièce pendant que je joue. C’est pas compliqué, la chanson que j’ai choisie, je l’ai choisie parce que je la connais par cœur. Ma chanson préférée de toujours, un truc que je maîtrise vraiment sur le bout des doigts. C’est que ça fait quelques mois que je n'ai pas joué maintenant, alors je veux célébrer avec cette musique en particulier.
J’avoue que ça me fait quelque chose de chanter et de jouer comme ça devant ces gens. Ça me rappelle le bar où je bossais avec ma mère. Le japon. Ma famille. Une partie de moi joue pour eux, pour ma mère, pour mon oncle, pour mon cousin… Merde, même pour Hikari. Je sais, c’est horriblement niais. Mais je ne m'excuserais pas de l’être quand il s’agit de ma famille.
Forcément, d’avoir choisi une chanson que je maîtrise super bien ça me permet de me concentrer sur le reste. Sur l’ambiance du bar. Tous ces types avec une meuf posée à côté d’eux, ou sur leur genoux. Et ces filles qui collent leur joue contre l’épaule de leur hôte. J’ai peut-être l’air de les mépriser mais il n’en est rien. Je ne vois que de la solitude chez chaque sorcier ou sorcière qui entre ici. Et, au fond, s’ils sont heureux comme ça… Pourquoi les juger?
Pour ma part, je pense me débrouiller assez bien. Je suis même sacrément à l’aise sans que ce soit étrange pour moi ; c’est pas comme si c’était une première et puis j’ai assez confiance en moi pour ne pas avoir le trac, sans quoi j’aurais juste refusé la proposition d’Artémis. Je kiffe même pas mal la tenue qu’une des meufs qui travaille pour la blondasse (surnom affectueux, bien sûr) m’a offerte pour la soirée. J’la trouve pas mal stylée. Si j’avais mon appart’ j’aurais négocié pour la garder.
Finalement, mon heure de gloire prend fin assez rapidement. C’est pas plus mal ; je sais que ça ne sera pas la dernière fois que je joue et le fait que ça ne s’éternise pas rend le moment encore plus agréable. Je range le souvenir de cette soirée dans un coin de ma tête et, après avoir troqué la tenue de scène pour la tenue que je portais en arrivant, je vais me mélanger aux clients, sur un fauteuil, pour souffler un coup. De base, je comptais rester seul ici juste un peu et me barrer mais Artémis me rejoint assez rapidement.
Alors tu ne mentais pas… Tu te débrouilles bien.
Artémis pose un verre de Whiskey Pur Feu devant moi et m’offre un sourire.
… Bon, j’imagine que je peux accepter de la compagnie.
Je lui souris en retour et prend le verre entre mes doigts pour montrer que j’accepte le cadeau.
J’ai pas besoin de mentir pour être cool. Merci pour le Whiskey
Artémis pouffe doucement de rire avant de lever le menton et de laisser un sourire suffisant étirer ses lèvres.
Tu as bien mérité une récompense.
J’acquiesce d’un mouvement de tête avant de porter le verre à mes lèvres. C’est à ce moment-là que j’entends une nouvelle mélodie se jouer sur la scène que j’ai quittée plus tôt. Mon regard curieux se dirige vers cette direction et mes yeux se posent alors sur un garçon que je ne pense pas avoir déjà croisé, ni à l’ouverture, ni plus tôt ce soir.
Qui c’est lui?
J’indique l’artiste sur la scène en levant le menton en sa direction. Je n’arrive pas à voir super bien avec les lumières du bar mais je crois que le mec ne doit pas être bien plus âgé que moi. Il a les cheveux colorés même si j’arrive pas à définir de quelle couleur, encore une fois à cause des lumières. Détail en plus; soit il est tatoué au visage, soit il s’est dessiné sur la gueule. J’trouve ça stylé ou marrant, au choix. Peut-être un peu des deux.
Oh le bout de chou, là? Il est pas mal, hein?
Je hausse les épaules en prenant une nouvelle gorgée de mon verre mais le rictus qui s’installe au coin de mes lèvres parle à ma place ; ouais, il est pas mal, c’est vrai.
- C’est vrai que je ne t’ai pas prévenu que tu n’étais pas le seul à passer sur scène, ce soir. Lui et moi avons discuté un peu et j’ai pensé qu’il pourrait tenter sa chance ici. Un peu comme avec toi.
- Un peu comme avec moi?
Je marque une pause mais Artémis et moi savons tous les deux ce que je vais dire ensuite. On a tous les deux le même sourire déjà amusé sur les lèvres.
Tout comme moi?
Artémis prend le temps d’avaler le contenu de son verre et le repose, un sourire espiègle sur le visage.
- On n’a pas couché ensemble si c’est ce que tu demande.
- Dommage.
Elle met un coup à mon épaule en ricanant que je suis “trop bête”. Je ris un peu avec elle. Après tout, c’est vrai, une telle bouille c’est dommage qu’elle n’ai pas pu en croquer un bout. De ce que j’ai compris, Artémis et moi on a la même passion pour les jolies choses, disons.
- Trop jeune?
- Pas spécialement.
- Pas intéressé?
- Je ne lui ai pas proposé.
Je lève les sourcils et prend l’air surpris. Artémis roule des yeux en réponse.
Disons que j’avais déjà un petit japonais tout mignon en vue.
C’est à mon tour de rouler des yeux. Ben voyons, “tout mignon”. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! J’imagine bien qu’ils se soient rencontrés à la soirée d’ouverture du bar aussi et que Shay l’a empêchée de draguer tous les mecs qu’elle croisait. Après c’est une conjecture ; j’en sais pas grand chose et ça ne m’intéresse pas vraiment de savoir comment elle a rencontré l’autre sorcier, sur le moment.
Je vais te laisser, j’ai des choses à faire. Mais, je t’en prie, profite du spectacle. N’hésite pas à rester un peu dans le coin, les artistes ont le droit à boire gratuitement.
Artémis se redresse, prenant son verre vide avec elle. Elle m'adresse un clin d'œil à sa dernière affirmation, sûrement certaine que ça va me convaincre de ne pas partir aussi tôt que je l’avais prévu. Et elle a bien raison d’en être sûre ; je suis bien parti pour la nuit là, si les boissons sont gratuites. Bon, je ne suis pas totalement sérieux ; je n’ai pas pour habitude d’abuser de l’alcool. Ça m'arrive de boire un peu plus lors des occasions particulières, genre à l’ouverture, mais pas tous les deux soirs non plus.
Je décide que je vais au moins rester assez longtemps pour observer le sorcier sur la scène. Après avoir vidé mon verre, je m’affale contre le dossier de mon siège et je laisse mon esprit vagabonder au rythme de la musique qui envahit la pièce. Si je dois affirmer un truc, c’est que ce gars a quelque chose. Un certain talent, une maîtrise de ce qu’il fait. J’aime bien, vraiment, je me surprend même à regretter que ça se termine quand c’est fatalement le cas.
Alors que mon regard suit le sorcier qui quitte la scène, me vient une idée. Je ne suis pas pressé et ce gars est plutôt pas mal dans son genre, alors pourquoi pas essayer de discuter avec? J’imagine que, entre artistes, on peut se soutenir comme ça, non?
Ah, je vous assure, je n’ai aucune idée derrière la tête. Ma seule pensée est la suivante: tenter le coup et voir où ça mène. Et par “le coup”, j’entends discuter, tout simplement. Je suis innocent, votre honneur. Sinon coupable d’oser me présenter aux personnes qui m’inspirent.
C’est lorsque je repère le sorcier dans la pièce que je quitte mon siège pour me diriger vers lui. J’observe qu’il ne semble pas pressé ou rejoindre une personne en particulier avant d’arriver à son niveau.
Salut.
Simple, clair, précis. Une fois son attention attirée, je poursuis.
Je t’ai vu sur scène, t’es doué.
Maintenant que je suis plus proche de lui, son image se précise et s’inscrit plus clairement dans mon esprit. Il a l’air aussi intéressant que sur scène, sinon plus encore.
Suis passé avant toi, en fait. Une victime d’Artémis aussi.
Le ton léger, une plaisanterie bien sûr. Artémis est plutôt cool comme patronne, du moins envers les artistes qu’elle engage pour une soirée. Je ne sais pas trop comment elle est avec les autres alors je ne m’avancerais pas, mais clairement on a connu pire comme piège que de jouer dans son bar.
Shin’ichi Sasaki, en fait.
Je lui tend la main pour qu’il la serre ou qu’il l’ignore si ça lui chante. En parallèle, mon regard curieux s’accentue, visiblement en attente d’une réponse de sa part. De préférence son identité, ce serait le plus logique. Sinon qu’il m’envoie chier, il peut faire ça aussi.
J’t’offre un verre? Je peux, ‘sont gratuits pour nous.
Mes lèvres s’étirent en un sourire entre le chaleureux et le joueur. C’est vrai que c’est super classe d’offrir un verre gratuit à quelqu’un. Je trouvais ça marrant, formulé comme ça. Disons que je lui offre plus la discussion que le verre en soi. Si jamais ça le tente de supporter le fort accent japonais (dont je n’arrive décidément pas à me débarrasser) plus longtemps que ça. Vous allez dire que c’est un détail moindre et j’aurais été d’accord avec vous, si je n’avais pas vraiment rencontré des gens pour qui c’était un grand frein. Comme j’ai connu des gens qui frétillent rien qu’à entendre mon accent. Des deux, je ne saurais pas définir lequel est le plus gênant.
Laueee
Dernière édition par Shin'ichi Sasaki le Mar 5 Sep - 12:10, édité 2 fois
— Sing for the laughter & Sing for the tears —