Hier avait été une journée effrayante pour absolument tous les élèves, et le personnel de Poudlard, alors que des Détraqueurs avaient interrompu le repas. J'avais eu tellement peur, hier, que mon cœur s'était emballé, et s'était affaibli dangereusement, avant de s'arrêter totalement quelques temps après à l'infirmerie.
Je suis née avec une maladie cardiaque rare et incurable. En gros, il est beaucoup plus affaibli que mes autres muscles. Comme il bat tout le temps, il est parfois fatigué de battre. Il est parfois même fatigué des différents changements de rythme au cours de la journée : quand je marche, quand un contrôle me stresse, quand je suis simplement assise, quand je monte des escaliers. Je n'ai pas le droit au sport intensif, car mon cœur ne supporterait pas de battre aussi vite, aussi longtemps ; mais j'essaie de lui donner un peu d'endurance en faisant du vélo. Parfois, mon cœur dit juste stop. J'ai mal à la poitrine, dans ce cas-là. C'est une douleur très particulière, très perceptible, et c'est le signe pour moi de me reposer. Et d'aller à l'infirmerie.
En plus de ne pas avoir droit aux sports intensifs, il faut que j'évite les émotions trop fortes. Comme une terreur sans nom dûe à l'arrivée des Détraqueurs. Finalement, avec le recul, c'est normal que mon cœur ait craqué. Il n'a pas supporté. Heureusement que ma grande sœur Zia était là pour me tenir, et que mes frères l'ont protégée de leurs Patronus. Pour que j'aille à l'infirmerie. J'étais inconsciente, et je me suis réveillée plus tard le soir, entourée de ma famille, y compris de mes parents. Et qui n'étaient pas rentrés hier soir. Ils ont tellement eu peur qu'ils ont décidé de rester dormir à Poudlard. Et papa n'était pas allé à l'UMS, aujourd'hui.
Je me demande combien de temps j'ai dormi, cette nuit. Mais ce matin, j'ai été réveillée par des voix familières. « Encore merci, Mr. Parkinson. C'est grâce à vous que notre fille est en vie. Je ne sais pas comment vous exprimer notre gratitude… » Ça, c'était la voix de ma mère. Je la reconnaissais à son accent italien. Mais je ne savais pas à qui elle parlait… Je finis lentement par ouvrir mes yeux, et me redresser dans mon lit pour regarder autour de moi.
Je vis mes deux parents, de face, parler à un homme aux cheveux noirs, de dos. Lui se tenait bien droit, alors, ça ne pouvait pas être mon médecin attitré, celui qui me suivait depuis ma naissance, le docteur Morris-Clever. C'est mon père, le premier, qui me vit me redresser. « Enola chérie, tu es réveillée ? » Mes deux parents se dirigèrent alors vers moi. Mon père se mit aussitôt à côté de moi, alors que ma mère s'assit en face de moi, sur le bord du lit. « Come ti senti, tesoro ?1 » « Sto bene, grazie madre2. » Curieuse, je jetais un oeil à l'homme à qui mes parents parlaient. Il était jeune, et il me semblait déjà l'avoir vu.
« Enola, mi pequeño gato3, je te présente Jared Parkinson. Il est stagiaire à l'infirmerie en ce moment, et il était à l'infirmerie quand ton cœur s'est arrêté. C'est lui qui l'a relancé. » C'est donc pour ça que madre le remerciait de m'avoir sauvé la vie. Je le regardais, encore un peu dans le brouillard. Qu'est-ce qu'on disait à quelqu'un qui venait de nous sauver la vie ? D'habitude, c'était mon médecin, et il était assez avard de remerciements, c'était donc implicite. Mais là ? « Je vous remercie… » Je ne savais pas du tout quoi dire d'autre. Mon père caressa mes cheveux, un peu confus. « Notre fille n'est pas du tout bavarde, vous savez… » Mon père parlait sur un ton presque d'excuse, alors que ma mère lançait, sur un ton plein de fierté : « Pourtant, elle parle 8 langues ! Et elle en apprend déjà une neuvième, n'est-ce pas, tesoro ? » « Sì madre4. »
« Enola, Mr. Parkinson fait beaucoup de recherches médicales. Il s'est proposé pour chercher un nouveau médicament, qui serait plus efficace que ceux que tu prends actuellement, mais pour cela, il devra régulièrement faire des tests et des prélèvements sur toi. Le docteur Morris-Clever est d'accord, mais nous aimerions tout de même avoir ton avis. » C'est aussi pour ça que j'aimais mes parents. J'étais mineure, ils n'étaient pas obligés de me demander mon avis, et ils pourraient pratiquer une forme d'acharnement thérapeutique sur moi, pour essayer de me guérir à tout prix. Mais ils savent que ce n'est pas possible. Ils essaient simplement de me rendre la vie plus douce. Je leur souris, avant d'adresser un autre petit sourire à cet étudiant. « Pourquoi pas, oui. Qui ne tente rien n'a rien… » Et puis, si je pouvais n'avoir qu'un médicament, au lieu de la ribambelle que j'avais déjà… Ma mère m'embrassa alors sur le front. « On te laisse avec Mr. Parkinson, alors. Et n'oublie pas de prendre tes médicaments du matin. » J'hochais la tête, et le temps que mes parents tournent les talons, j'attrapais les nombreux tubes oranges à mon nom placés sur la table de chevet. Mais je ne les ouvris pas et je regardais le jeune homme, avec qui j'étais désormais seule.
1 : Comment tu te sens, mon cœur ? (Italien)
2 : Ça va, merci maman. (Italien)
3 : Mon petit chat (Espagnol)
4 : Oui, maman. (Italien)
I wanna cry and I wanna love
But all my tears have been used up