7e Ciel : Soirée d'Ouverture.
| Jeudi 14 Février 2002 |
Je suis venu parce que je me faisais chier.
J’ai entendu parler de ce fameux bar sans savoir si j’allais vraiment assister à son ouverture. Enfin, c’est surtout le mec avec qui j’ai repris le sport qui m’en a parlé. Un gars qui est assez riche pour avoir une salle de sport chez lui. Il m’a proposé de venir chez lui pour qu’il aie un pote avec qui faire du sport, que ça le motiverait. J’allais certainement pas refuser ; j’ai bien besoin de reprendre un peu. L’expérience “SDF” ça aide pas à garder la forme, croyez-moi.
Et bon, comme j’ai dis, finalement… J’avais rien à foutre ce soir. Entrée gratuite et tout.. J’avais rien à perdre. Au pire je serais ressorti rapidos, mais il fallait que j’essaie comme ma soirée était totalement libre.
Et vous savez quoi? Je ne regrette pas. C’est plutôt pas mal, par là. L’ambiance, la musique, les gens autour… Je me sens plutôt bien. J’en oublie un peu que c’est un bar à hôtesses quand je me surprends à penser qu’il faudrait que je revienne. Bon, tant pis. Autant profiter à fond ce soir, n’est-ce pas?
« Shin’ichi Sasaki. » Ça ne fait pas si longtemps que je suis là que , déjà, quelqu’un me reconnait. Je me suis fait tant d’amis en Angleterre? Je me tourne vers la voix masculine (légèrement familière) qui m’interpelle et… Quelle n’est pas ma surprise quand mon regard croise celui de Arès. Ma surprise ne dure pas… Après tout, il est assez excentrique pour que je l’imagine kiffer cet endroit.
Arès.J’en connais pas plus sur son identité, moi. Et, sincèrement, je m’en branle complètement. Alors que Arès arrive à mon niveau, je me rappelle rapidement notre dernière conversation, au bar. Je le revois tout content et tout agité d’essayer de me rallier à sa cause. Quand j’ai demandé plus de détails, il m’a sorti que la curiosité pouvait tuer et je lui ai répondu que je ne craignais pas la mort. Et c’est vrai, je n’ai pas peur de mourir. Pour ça, il faudrait que je tienne à la vie. Je ne veux pas avoir l’air dark ou quoi-que-ce soit, c’est juste ma façon de voir les choses. Les autres ont le droit de vouloir vivre ou mourir s’ils veulent. Moi je laisse les choses se faire. Advienne que pourra.
« J’ai appris que ce lieu ne proposait pas de services coquins. J’ai apporté avec moi un peu de réconfort. » Je dirige mon regard à l’endroit que m’indique Arès. Je ne suis pas sûr de qui il essaie de me montrer parmi tout le monde mais, à l'instinct, je dirais que c’est la meuf en mini-jupe. Ou le gars torse-nu. Ou les deux, tiens, soyons fou.
Dingue. Tu t’amuse bien, on dirait.Mon “dingue” a sonné un peu comme un “je m’en fous”. C’était pas forcément volontaire, mais je ne vais pas le nier ; je m’en fous.
« Je suis partageur si tu as besoin. »Quelle générosité.Arès s’assit à ma table et j’ai un petit rire malgré tout.
Ça ira. Je ne suis pas en manque.Sous-entendu j’ai pas besoin de payer pour avoir de la compagnie. Surtout pas ce genre de compagnie. Sous-entendu je me débrouille bien. Pas sous-entendu du tout mais très clairement dit :
ça ira, merci. Arès fait bien ce qu’il veut de ses sous et de sa teub, je juge pas. Mais moi je vais devoir refuser l’offre.
« Tu n’as pas dû avoir le temps de passer me voir. Même pas pour faire un autre karaoké ? »Arès fait mine qu’il est triste. Là encore, il m’arrache un rire amusé.
Pauvre chou...Arès fait un signe à une serveuse qui passe pour qu’elle lui serve des boissons. Il peut en profiter, lui. C’est gratos pour lui. Chose que j’ignore, bien sûr. Il faudrait que j’ai l’idée de son lien de parenté avec la gérante de l’endroit pour m’en douter.
Je t’ai mis un lapin, désolé.Pas vraiment désolé. Mais j’admet que j’ai eu du temps libre et que j’y ai juste pas pensé. Ou j’avais la flemme.
Surtout j’avais la flemme.
Mais je suis là, maintenant.J’offre un sourire innocent à mon interlocuteur, un peu joueur. Arès a cette aura qui me donne un peu envie de me marrer un bon coup. C’est pas mauvais du tout, ça donne le moral, même si j’étais pas forcément de mauvaise humeur.
« Quoi de neuf dans la rue ? » Marrante, comme formulation.
J’ai pas de vanne à faire, je trouve juste que c’est amusant.
Rien de dingue, je fais du sport.Je hausse un peu nonchalamment les épaules. En vrai, quand on vit dans la rue, on en voit de toutes les couleurs très régulièrement. Mais rien qui ne vaille particulièrement le coup d’être raconté.
« Tu es bien luxueux ce soir ! » Pendant un instant, je bugue. Je baisse les yeux sur ma tenue pas ouf. Ah bon? Luxueux, moi?
« Mais oui ! »Facepalm de la part d’Arès. Je relève les yeux vers lui, toujours confus.
« L’entrée est gratuite ce soir ! » Oh, ça.Je roule des yeux, amusé par la bêtise de mon interlocuteur. Il en trouve toujours de bien bonnes à sortir, celui-là.
Ouais, je serais pas là, sinon.J’affirme simplement. Enfin, je ne serais peut-être pas là non plus si j’avais été obligé de me prendre une hôtesse. Quoi que… Rien ne m’obligerait à faire quoi que ce soit d’autre que d’être accompagné, en vrai. Donc , ouais, y a que le prix qui gène.
T’as des plans, ce soir?Je me demande juste comme ça s’il est venu sans trop de plans comme moi ou s’il sait exactement comment il va profiter de cette soirée. Venant de Arès, aucune des deux options ne me surprendrait.
A part celui-là.Je désigne la demoiselle en mini-jupe et le gars torse-nu d’un mouvement vague, toujours pas certain que ce soit d’eux qu’il me parlait bien plus tôt. Mais je suis certain qu’il me parlait d’un des deux au moins. Et j’imagine qu’il les a pas ramené pour rien… Ce qu’il fait avec eux le regarde totalement. J’ai comme l’impression qu’on est pas là pour s’envoyer en l’air mais qu’est-ce que j’en sais et surtout qu’est-ce que je m’en fous. J’aurais pu en avoir une idée si je savais lire, par rapport au règlement à l’entrée.