❝ Save The Day ❞
How is it that music can, without words, evoke our laughter, our fears,
our highest aspirations?
our highest aspirations?
| Samedi 9 Novembre 2001 |
J’ai craqué.
Bon, ce n'est pas totalement juste ma faute ! Bon, en fait, si c'est de ma faute. Parce que c’est moi qui aie craqué… Mais j’ai été encouragé ! Et puis, c’est pas si grave de craquer, n’est-ce pas? Surtout quand c’est pour faire de bonnes choses. J’ai repensé à l’idée de faire une fête au début de cette semaine.
Samedi dernier, c'était mon anniversaire. Mon terrible, affreux, désastreux anniversaire. Comme je l’avais prédit et ce malgré le temps passé avec Hitomi pour repousser le moment fatal où je devrais retourner aux Estudines, j’ai bien pleuré en rentrant. Je ne sais même pas j’ai passé combien de temps dans ma chambre, sur mon lit, à sangloter… Mais je sais que, quand j’ai enfin réussi à me calmer, j’avais le visage tout rouge et gonflé et j’avais méchamment mal à la tête. J’ai déchiré les paroles de la chanson que Oscar m’avait inspirée parce que j’ai souvent entendu dire qu’il fallait jeter tous les souvenirs d’une personne quand elle nous quitte, et c’est tout ce que j’avais de Oscar… A part les souvenirs dans ma tête. Mais j’arrive pas vraiment à jeter ça, malheureusement.
J’espérais sincèrement pleurer un bon moment cette nuit-là puis pouvoir passer à autre chose. J’imaginais bien que de revoir Oscar serait difficile, que certains souvenirs feraient mal, certaines chansons, certains détails… Merlin, heureusement qu’on a pas eu une relation assez longue pour que je termine les paroles de cette chanson et que je la montre aux garçons. Vous m’imaginez moi, sur scène, avoir à chanter ça ? J’imagine que Sangwoo aurait affirmé que ça ajoute de l'authenticité, et peut-être que la majorité des fans auraient pensé que c’est de la mise en scène — le reste pourrait penser que je suis juste un gars sensible, et ils n’auraient pas tort. Le problème c’est que, qu’importe ce que les autres auraient pensé, moi j’aurais eu mal. Affreusement mal.
Je disais, j’espérais que je pleure un bon coup puis que, de temps en temps, les larmes montent à nouveau, mais je n’imaginais pas que j’allais pleurer autant. J’ai l’impression de n’avoir fait que ça cette semaine. Enfermé dans ma chambre, silencieusement en cours, la nuit avant de m’endormir les larmes aux yeux… Je déteste être aussi stupidement sensible. J’aimerai être de ces combattants qui pleurent un peu puis qui se relèvent sûrs d’eux et jurent “je ne pleurerai plus jamais pour cette personne!” et puis, voilà, ils ne pleurent plus. Ils sont en colère et ils utilisent cette colère à bon escient, ils en font une force. Moi, je n’arrive pas à en faire autant.
Déjà Dimanche j’étais désespéré. La fin de l’après-midi approchait et je n’avais fait que ça de la journée. Pleurer, me reposer, pleurer, gribouiller des dans sur mon bloc-notes et espérant évacuer comme ça, pleurer, refuser l’invitation de Ha-ru qui a toqué à ma porte pour me proposer de sortir (j’ai dis que j’étais fatigué à cause de la fête la veille. Je crois qu’il ne m’a pas cru, mais il est parti.), puis re-pleurer. Du coup, quand j’ai eu un instant sans pleurer, j'ai envoyé une lettre à mon frère pour lui demander conseil.
La lettre était complexe à rédiger. Il fallait que je sois le plus clair possible sur le problème pour que mon frère puisse m’aider au mieux mais il fallait que rien ne laisse entendre que j’ai eu une relation avec quelqu'un. Parce que si je faisais ça il allait poser des questions, c’est sûr. Et j’aurais dû lui dire que je… Couchais avec un garçon. Ou j’aurais dû lui mentir. Et je n’ai l’envie ni de l’un, ni de l’autre.
Du coup, j’ai fait au mieux. J’ai expliqué que les garçons m’ont organisé une surprise pour mon anniversaire mais que la fête s’est mal passée, que certaines personnes ont eu des soucis et que, à la fin de l’histoire, j’ai perdu un ami. Je peux dire ça parce que, c’est vrai, Oscar Swan était aussi un ami et je doute que l’on soit encore même rien que ça l’un pour l’autre. J’ai expliqué à mon frère que j’étais super triste, inconsolable, et que j’avais bien besoin d’un conseil de grand frère.
Je n’ai pas tardé à recevoir une réponse de la part de HimChan en début de semaine. Comme d’habitude, il a sût trouver les mots. Il a assez compati pour me réconforter et assez plaisanté pour que je n’ai pas l’impression de lire la lettre d’un robot mais bien une lettre de mon grand frère. Et puis, j’avoue qu’il m’a arraché des sourires. Seul lui peut faire ça même quand je me sens misérable. Après m’avoir promis que, quand je rentrerais pour Noël, il s’arrangerait de me faire passer mes meilleures vacances et le meilleur anniversaire en famille pour que je retrouve la forme, il m’a donné quelques conseils. Ceux qui commencent par “Écoute, je ne suis pas le mieux qualifié et je ne suis pas un expert mais, si tu veux mon avis…” et qui finissent par des idées encore meilleures que celles d’un expert. D’après HimChan, donc, il faudrait que je laisse cette amitié de côté un moment. Il m’a promis que si on devait redevenir amis un jour, Oscar et moi, ça viendrait avec du temps mais que, là, je suis bien trop fragile pour y penser. Il avait raison. Il m’a aussi “prescrit”, pour reprendre son mot, de m’amuser un maximum. Il a deviné que j’avais envie de m’enfermer et de m’apitoyer sur mon sort avant tout mais il m’a assuré qu’il fallait que je fasse l’effort de sortir, de voir du monde, de m’amuser…
J’avoue que j’ai pas tout de suite écouté le conseil. Je ne me sentais vraiment pas de le faire. Et puis j’ai reçu une lettre de Hitomi.
C’était trois fois rien ; elle me remerciait pour Samedi. Parce qu’il est vrai que s’il y a bien un truc qui s’est bien déroulé, c’est la fin de la soirée avec Hitomi. Je ne m’attendais tout de même pas à ce qu’elle vienne me remercier — enfin par lettre, du coup. Mais j’ai trouvé ça… Touchant. Et puis sa lettre? Adorable, vraiment. J’ai beaucoup aimé qu’elle me remercie de cette façon.
Et c’est là que j’ai craqué.
J’avais dis que je la laisserai me dire si elle voulait retenter l’expérience d’une fête un jour et que je ne la pressait pas… Mais dans la réponse que je lui ai envoyée, je lui ai proposé à nouveau de venir avec moi s’amuser ce week-end. J’ai répété que je ferais tout pour qu’elle s’amuse et j’ai conclu sur le fait que, moi aussi, j’en avais besoin. J’ai un peu maudit mon caractère pour avoir craqué.
Et puis elle a accepté.
Et dès que Hitomi a accepté, j’ai couru retrouver U-Ram. Je me souviens que j’ai dû courir partout parce qu’il n’étais pas dans sa chambre et que chaque personne qui l’avait aperçu m’envoyait dans un coin différent où il n’était plus. Et puis, enfin, je l’ai aperçu et je lui ai sauté dessus. J’ai compris qu’il s’était inquiété pour moi parce que, même si je l’ai interrompu alors qu’il discutait avec une fille, il n’a pas fait remarqué qu’il était occupé, même pas sur le ton de la plaisanterie. Il a même demandé à la demoiselle de l’excuser et est venu faire un tour avec moi pour discuter.
Bien sûr, U-Ram m’a demandé cinquante fois si j’allais bien, si j’étais sûr, et chaque fois j’ai répondu que “oui oui, ça va, je te le jure”. On a un peu discuté de trucs stupides, il m’a fait rire, ça m’a fait du bien. J’ai pensé au conseil de mon frère, sortir, m’amuser. Je l’ai remercié intérieurement. Puis j’ai raconté à U-Ram que j’avais invité Hitomi a une fête ce weekend mais que, oups, j’avais pas vraiment de fête prévue.
Hitomi… Genre Hitomi Nightshade
Il m’a regardé avec des yeux ronds.
Je crois…? Tu en connais d’autres, de Hitomi, à Poudlard?
Non, pas vraiment.
Il a ri légèrement et j’ai froncé les sourcils.
Pourquoi tu demandes ça comme ça? C’est mal? J’aurais pas dû l’inviter?
Du calme Hyunie, tout va bien.
U-Ram a tapoté mon dos en riant de mon petit moment de panique. Mais c’est vrai aussi… Il avait eu une réaction bizarre et il ne m’a même pas expliqué pourquoi !
J’croyais que, à part Vicky et Luna, tu ne fréquentais aucune fille.
Mais n’importe quoi !
J’ai encore plus froncé les sourcils et j’ai gonflé les joues en levant les yeux vers U-Ram qui se marrait.
J’ai plein d’amies filles, d’abord !
Je te taquine, je te taquine. Merlin, ce que tu es sensible !
Je n’ai rien dit à U-Ram mais j’ai eu un pincement au cœur quand il a dit ça. Lui il me taquinait, encore. Mais il touchait une vérité : je suis trop sensible et, d’ailleurs, je n’ai pas arrêté de me dire ça de toute la semaine.
Alors… Hitomi et toi…?
Je sais que, souvent, U-Ram vanne sur mes relations avec les filles que je fréquente. Surtout parce qu’il sait qu’elles ne sont que des amies et du coup ça l’éclate. C’est un peu sa plaisanterie préférée à U-Ram le “ouh, les amoureux”. Non, il n’est pas très mature… Mais c’est comme ça qu’on l’aime. Ou qu’on le supporte, du moins.
Toujours que, là, j’ai vite compris qu’il ne plaisantais pas. Malgré son large sourire, je savais qu’il demandait sincèrement parce que, en l'occurrence, rien n’indiquait que Hitomi n’était qu’une amie et que le fait de l’inviter à une fête n’était pas un plan de drague de ma part. Quoi qu'il devait quand même se douter que je suis nul en drague alors de là à élaborer un plan…
M’enfin, sa question était sincère. Alors j’ai répondu sincèrement.
On est amis.
Mais si je devais sortir avec une fille, ce serait sûrement Hitomi. Non seulement mes deux autres amies proches ne sont absolument pas envisagées et envisageables (Luna est homosexuelle et Vicky est Vicky. Et les deux sont presque des sœurs), mais j’ai vite compris que, Hitomi et moi, on vivait sur des planètes voisines — sinon sur la même planète.
Mais je n’ai pas dit ça à U-Ram parce qu’il ne l’aurait pas oublié et parce que je n’avais pas la tête à m’imaginer sortir avec quelqu’un, à ce moment-là. Que ce soit une fille ou un garçon.
Bon. Compte sur moi pour la fête.
Après m’avoir un peu taquiné comme s’il ne croyait pas que Hitomi et moi étions seulement amis (son jeu préféré. Ouh, les amoureux), il s’est calmé et il m’a donné sa parole. Je l’ai serré dans mes bras et je l’ai remercié. Il a un peu buggé, et à raison. J’ai un peu abusé sur la réaction. Mais il faut me comprendre… Je suis trop sensible.
Jusqu’à aujourd’hui, j’ai fais un peu mieux que passer mes journées à pleurer. Oh, j’ai pleuré, c’est sûr. Énormément. Mais je n’ai pas fait que ça. Je suis sorti, j’ai traîné avec les garçons, j’ai essayé de me concentrer sur les cours, j’ai même revu Sirius Green pour l’aider comme presque tous les Jeudis depuis, eh bien, qu’il me l’a demandé. C’est que, en début de semaine, j’ai un peu grugé ça aussi. Je n’avais pas particulièrement envie de me mettre à chialer pendant que j’aidais Sirius avec son chant. Quand j’ai recroisé U-Ram, chaque fois, il m’a affirmé qu’il gérait pour la fête sans me donner plus d’infos que l’endroit où le retrouver et à quelle heure. Je sais qu’il aime avoir son petit effet de surprise… Mais, des surprises, je n’en veux plus. J’aimerai qu’on me laisse tranquille avec ça au moins pour ce mois-ci.
J’ai pas réussi à convaincre U-Ram de me donner plus d’infos parce qu’il ne m’a pas pris au sérieux et que je me voyais mal m’énerver pour le lui faire comprendre. Du coup, moi-même, j’ai donné rendez-vous à Hitomi vers la fin de l’après-midi dans un coin du Petrus.
Maintenant, donc.
Je suis arrivé plus tôt que prévu parce que je préfère toujours arriver en avance. Au moins j’ai eu le temps de laisser passer le vent morose qui m’a traversé quand je me suis retrouvé dehors (j’ai pas pleuré!) et, lorsque j'aperçois enfin Hitomi, je suis capable d’afficher un sourire rayonnant qui ne soit pas imposteur.
Hitomi, coucou!
Fidèle à moi-même, je fais de grands gestes pour interpeller mon amie au cas où ma voix portante ne serait pas assez bruyante et claire. HimChan dirait que c’est bien parce que, malgré tout, je ne perds pas de ma superbe. Et il n’aurait pas totalement tort.
Comment tu vas? Tu as l’air en forme !
En tout cas, Hitomi semble plus en forme que l’autre soir… Mais ça, ça n’est pas un challenge. Je l’ai déjà dit mais samedi dernier était catastrophique. Je ne sais pas qui l’a mieux vécu entre Hitomi et moi… Mais n’y pensons pas.
Ça te dérange qu’on passe à ma chambre? J’ai pas eu le temps de me maquiller bien.
Ça va, je suis potable là. Mais, clairement, je ne me suis pas autant préparé que je l’aurais voulu. Surtout parce que j’ai fait mon maquillage ce matin puis j’ai un peu pleuré et du coup j’ai tout foutu en l’air. J’ai eu le temps de refaire quelque chose d’assez bien pour rejoindre Hitomi mais il va falloir ravaler cette façade avant la fête.
Avec l’aval de Hitomi, on passe donc rapidement dans ma chambre. Mon petit 9 carré de confort à moi. Comme souvent, la chambre est plutôt bien rangée. Je n’ai pas vraiment décoré cette dernière, je garde ma créativité pour ma chambre chez mes parents. Ma petite touche personnelle, c’est surtout l’espace avec la coiffeuse , soit mon miroir, mes trousses de maquillage, mes perruques… Ce dont je ne peux pas me passer.
N’hésite pas à t’asseoir sur le lit, je vais essayer d’être rapide.
Je souris en indiquant mon lit d’un mouvement vague puis, rapidement, je me pose face à mon miroir pour refaire mon maquillage. Finalement je n’ai pas à tout enlever pour recommencer à zéro alors disons que je ne prends pas plus d’une demi-heure à m’occuper de mon visage. J’aurais traîné un peu plus si j'avais été seul mais je ne vais pas abuser alors que Hitomi attends. Même si on discute un peu pendant que je me maquille. Je lui pose des questions sur sa journée, sur ses précédentes journées même d'ailleurs, je parle un peu des miennes sans mentionner les moments où j’ai pleuré. Je précise aussi que, si Hitomi le veut, elle a le droit d’emprunter mon maquillage.
Une fois cela terminé, je cache mes cheveux noirs courts sous ma perruque préférée : la blonde qui tombe jusqu’aux épaules. Je trouve mon visage plutôt pas mal aujourd’hui alors j’attache mes cheveux en une queue de cheval stylisée pour le découvrir. J'accessoirise un peu tout ça et, très vite, je suis satisfait du rendu. Des cheveux, au maquillage, aux ongles, à la tenue…
Et voilà !
Je me tourne vers Hitomi, un sourire lumineux aux lèvres.
Comment tu me trouve ?
Juste parce que ça m’amuse, je fais semblant de poser devant Hitomi. Mais je perd vite mon sérieux et j’éclate de rire. Y a pas à dire, l’idée d’aller faire la fête avec Hitomi ça me met de bonne humeur.
Tu as de la chance, d’habitude il me faut au moins une heure et demi avant de commencer à être satisfait !
Je n’abuse même pas, c’est ça le pire.
On devrait y aller maintenant, tout est bon pour toi?
Je m’assure que Hitomi soit belle et bien prête avant qu’on ne file. Je lui rappelle qu’elle a le droit de retoucher ce qu’elle veut si elle le veut tant qu’on est là. Il n’est pas impossible de s’arranger dans la salle de bain de l’endroit où se déroule la fête, en général, mais c’est toujours moins pratique qu’ici.
Dès que c’est bon pour Hitomi, on part pour rejoindre U-Ram où il m’a donné rendez-vous, à savoir aux abords du Blooddale à Druid’s Oak. Moi j’aime pas trop le coin mais, que voulez-vous. Sur le chemin, je préviens Hitomi qu’on rejoint l’ami à moi qui s’est occupé de la fête. Je la préviens aussi sur sa tendance à blaguer et sur le fait qu’il ne faille pas le prendre au sérieux , surtout pas, parce qu’il est trop rarement sérieux pour qu’elle tombe sur un moment où il l’est. Je rajoute aussi qu’il est très gentil, autrement, et qu’il assure, généralement, pour les fêtes. Histoire de pas que la “mettre en garde” contre U-Ram. C’est pas un mauvais type.
Bien sûr, je ne précise pas que c’est lui qui a eu l’idée pour ma fête d’anniversaire. En vrai ce n’est pas de sa faute si elle a mal fini , il a assuré dans ce qu’il pouvait gérer. Mais mieux vaut ne pas en reparler.
Mesdemoiselles.
Très bientôt, une voix familière nous interpelle, Hitomi et moi. En me retournant, je tombe face à U-Ram qui vient d’arriver. Une fois face à moi, il prit un air choqué.
U-Ram Bak
Merlin, mais c’est Dae-Hyun ! Et moi qui croyait avoir repéré une jolie coréenne…
Tais toiiiiii !
Je m’exclame en lui tapant dessus. Sans tenter de lui faire réellement mal, ça va de soi. U-Ram éclate de rire, fier de sa blague. Et, malgré moi, je ris avec lui. Il l’a fait tellement de fois cette plaisanterie et pourtant, chaque fois, ça fait son effet. J’y peux rien, moi, si je suis androgyne ! Puis aujourd’hui il abuse, je ressemble pas tant à une nana que ça…
Hitomi !
U-Ram s’adresse cette fois à la demoiselle qui m’accompagne. Il a un large sourire aux lèvres alors qu’il la regarde un petit instant. Puis son regard se pose sur moi, puis à nouveau sur Hitomi.
Dingue ça. Hitomi Nightshade et Dae-Hyun Gyeon.
Je roule des yeux. Comme U-Ram n’a pas clairement stipulé que nous formions un “beau petit couple”, comme il le pourrait, je ne me défend pas particulièrement. On va dire qu’il voulait dire “Hitomi et Dae-Hyun amis, dingue ça”.
Enchanté. U-Ram Bak.
U-Ram tend la main pour serrer celle de Hitomi. Il ne s’attarde pas trop avant de nous demander de le suivre. Sur le chemin, je suis.. Perplexe. U-Ram parle beaucoup et il rit beaucoup mais je vois bien qu’il n’en fait pas des caisses comme d’habitude. Il ne fait pas semblant de draguer Hitomi, il ne parle pas de Hitomi et moi comme d’un potentiel couple. Tout ça est étrange… J’espère qu’il va bien, mais je pense que, même (surtout) s’il n’est pas en forme, U-Ram préférera que je ne le lui demande pas maintenant. Pas devant Hitomi. Alors je me ravise mais je garde cela dans un coin de ma tête. Pour quand l’occasion se présentera.
C’est là.
On se retrouve devant le portail d’une maison que nous indique U-Ram. Je ne reconnais pas l’endroit mais il ne faut pas longtemps avant que deux silhouettes ne sortent de la maison. Des silhouettes que je reconnais très vite comme celles de Ha-ru et Byung-ho. Ils nous rejoignent devant le portail alors que U-Ram leur fait de grands signes.
Ha-ru Jin & Byung-ho Nam
Dès qu’ils passent le portail, U-Ram saute sur Byung-ho. Il s’agite autour de lui et s’exclame joyeusement, complimentant notre aîné sur sa tenue ce soir. Ce dernier baisse les yeux vers U-Ram, l’air dépité et blasé. Il finit par taper sur l’arrière de la tête de U-Ram pour le calmer, ce qui est efficace.
J’avoue que Ha-ru et Byung-ho sont vraiment beaux ce soir. Enfin, ils le sont tout le temps, mais là ils ont fait un effort en plus et ça se voit. C’est moins surprenant pour Ha-ru que pour Byung-ho mais, l’un comme l’autre, ne sont pas ceux qui passent le plus de temps devant le miroir (même s’ils prennent soin d’eux !), dans le groupe.
Arrêtez de me regarder comme ça !
Bonsoir vous deux.
Alors que U-Ram et Byung-ho font mumuse de leur côté (plus U-Ram que Byung-ho, vous en conviendrez), Ha-ru vient plutôt nous saluer, Hitomi et moi, arborant son habituel sourire chaleureux. Son aura de demi-vélane me frappe immédiatement, comme chaque fois qu’il se tourne vers moi. Et encore… Je me suis un peu habitué depuis le temps. Au début, je fondais sur place quand il me regardait. Mais bon, Ha-ru est un garçon sympathique et très humble, malgré son potentiel. Du coup ça aide à mettre à l’aise, même avec son aura.
Hitomi, c’est ça ? Moi c’est Ha-ru, ravi de faire ta connaissance.
Alors que Ha-ru met les formes pour faire les présentations avec Hitomi, je fronce les sourcils.
Mais vous la connaissez tous, ma parole !
Ha-ru rit doucement de ma réaction.
De loin, pour ma part. U-Ram m’en a parlé.
Il n’a pas besoin d’en dire plus, on se sait. Si U-Ram a parlé de Hitomi les chances sont grandes pour qu’il ait jeté son dévolu sur elle en la croisant un jour. Et puisque je n’ai jamais entendu d’histoires à ce sujet et que U-Ram en a parlé Ha-ru je présume que, dans toute sa sagesse, Ha-ru a réussi à convaincre U-Ram de ne pas aller parler à Hitomi.
Autant dire que Hitomi s’en sort bien.
Moi je ne la connais pas.
Intervient Byung-ho qui doit suivre la conversation malgré le cirque de U-Ram qui s’est retrouvé, Merlin sait comment, suspendu à son cou en geignant, Merlin sait pourquoi. U-Ram a au moins le bon sens de lâcher Byung-ho quand il comprend que des présentations s’imposent.
Ah bah enfin ! Laissez moi faire, je gère !
J’attrape le poignet de Byung-ho et le tire pour le placer devant Hitomi. Il doit bien faire deux/trois têtes de plus qu’elle mais c’est pas nouveau que Byung-ho est un géant. Avec ça et ses muscles j’ai souvent pensé au fait qu’il pourrait me briser avec son petit doigt si l’envie le lui prenait.
Hitomi, Byung-ho. Byung-ho, Hitomi.
Salut.
Pas de “enchanté”, de “ravi de vous connaître”, de sourire, de poignée de main. Byung-ho reste fidèle à lui-même : direct, sérieux, presque froid.
Il fait peur comme ça mais ce grand bonhomme est un nounours en peluche, en vrai. Je te l’assure. Il l’est… Toouuuuut au fond de son cœur.
Pour appuyer mes mots, je pose ma main au niveau du cœur de Byung-ho. Non seulement mon aîné ne nie pas mais il souffle du nez, amusé. Pendant une seconde, le coin de ses lèvres remonte même pour former un rictus, un vrai. Hitomi ne le sait sûrement pas mais elle a, en une soirée, assisté à deux phénomènes rares : Dae-Hyun Gyeon qui se prépare en moins de deux heures et Byung-ho Nam qui sourit. Les étoiles doivent être bien alignées ce soir ! Si je n’avais pas peur de nous porter malchance, je dirais que c’est bon signe pour la soirée.
Bon. Ha-ru et moi on sort donc je vous fais confiance. Si vous foutez le bordel, vous nettoyez. Sinon je nettoie vos bêtises avec vos jolies frimousses, capiche?
Byung-ho sort une clé de sa poche.
Capiche!
U-Ram s’exclame et va pour attraper la clé mais Byung-ho lève le bras pour l’esquiver. U-Ram fait la moue face à sa tentative ratée.
Je ne te fais pas confiance, à toi.
Maiiiiiis…
U-Ram a beau faire la gueule et geindre comme un gosse, étrangement Byung-ho ne change pas d’avis. Le regard de ce dernier se pose sur moi et je devine qu’il attend ma réponse. J’ai un petit sourire, amusé du fait que U-Ram soit plus âgé que moi et que, pourtant, c’est à moi qu’on fait confiance. Au fond on sait tous que U-Ram peut faire preuve d’un bon sens de responsabilité et de maturité quand il le veut, Byung-ho aussi, alors c’est surtout pour le taquine (je le devine) qu’il me confie la clé à moi.
De toute manière, comme c’est Byung-ho dont on parle, je sais que si on fout la merde… Ni moi ni U-Ram ne sommes en sécurité. Qu’importe qui avait été “élu responsable”. Je ne serais pas prêt à parier, même, que Hitomi s’en sortirait impunément.
Je te donne ma parole, tu retrouveras tout en ordre. On fera très attention.
Byung-ho me tend la clé et je la saisit avec le sourire. Plus tranquille, notre aîné met les mains dans les poches et nous salue rapidement, U-Ram, Hitomi et moi.
Passez une bonne soirée.
Son regard s’arrête d’abord sur moi, puis sur U-Ram et enfin sur Hitomi. C’est sa façon de nous saluer individuellement. Il commence ensuite à s’éloigner.
Profitez bien ! Et pas trop de bêtises !
Ha-ru nous offre un sourire bienveillant à chacun avant de rejoindre Byung-ho qui est déjà loin, sûrement, dans son esprit.
J’ignorais que Byung-ho avait une maison…
Je regarde la clé posée sur la paume de ma main. Byung-ho travaille beaucoup à la boutique de ses parents et je sais que ni lui ni eux ne vivent aisément. Je ne l’aurais pas imaginé louer une maison…
C’est un appart. Y a qu’un seul étage à lui.
Je lève le regard vers U-Ram, et plisse les yeux, soudainement pas convaincu que la fête soit une bonne idée. Mon ami doit comprendre ce qui me passe par la tête puisqu’il me rassure aussitôt.
Ca va. Déjà, il est au rez-de-chaussée. Et puis ses voisins du dessus sont en voyage. Il me l’a dit. Tu le connais, il nous aurait jamais laissé organiser une fête chez lui s’il y avait un risque de déranger quelqu’un.
Mes épaules retombent.
Bon, U-Ram a raison. Byung-ho est bien trop soucieux de faire les choses correctement pour mal calculer quelque chose de si évident. Je crois que j’ai juste un peu peur à cause de la fête de samedi dernier… J’ai besoin que cette fête-ci se passe bien. Pour Hitomi et pour moi-même.
Monsieur. Madame.
U-Ram pousse le portail et se décale sur le côté pour nous inviter, Hitomi et moi, à passer. Je tend mon bras à Hitomi pour qu’elle le prenne, amusé de jouer à ce jeu de l’invité prestigieux et de sa femme, dans ma tête. Le ton de U-Ram a eu cet effet sur moi : l’envie de jouer à faire semblant. Je ne comprends pas comment certaines personnes peuvent décider d’arrêter de jouer à ce genre de choses en grandissant. Quoiqu’il y a bien ce genre de roleplay entre couple.
…. Eeeeeet je vais tout de suite m’arrêter là avant d’y penser trop fort et que mes jeux innocents deviennent glauques.
Prête?
Je me penche un peu vers Hitomi pour lui demander, un gentil sourire aux lèvres. Il est important pour moi de m’assurer qu’elle est toujours motivée. Si elle a changé d’avis entre temps, je m’adapterai !
Puisque Hitomi à l’air toujours ok, on passe outre le portail. Au passage, U-Ram me tend sa main, paume vers le ciel, et j’y dépose la clé. Pas besoin de communiquer, on sait tous les deux que je n’ai pas envie d’avoir cette responsabilité. Je pense que Byung-ho s’en doutait aussi, même quand il m’a passé la clé, que U-Ram finirait par les récupérer.
Hitomi, U-Ram et moi entrons dans le bâtiment après que U-Ram aie déverrouillé la porte d’entrée par un sortilège (je me demande s’il est déjà venu ou si Byung-ho lui a donné la formule plus tôt). Je constate que, en effet, il y a une porte directement en face de nous mais qu’il y a aussi des escaliers menant à l’étage supérieur. Déjà à ce niveau, on peut entendre du bruit venant de l’intérieur de l’appartement de Byung-ho.
U-Ram pousse la porte de chez Byung-ho pour l’ouvrir et, encore une fois, il me laisse passer avec Hitomi en premier. Il referme la porte derrière nous mais ne la verrouille pas, il ne s’agirait d’enfermer personne ici.
En entrant, la ressemblance entre cette fête et celle de samedi dernier me frappe violemment. J’ai un instant d’hésitation avant de me reprendre. Non… Ça n'est pas la même fête.
L’endroit à sûrement été agrandi par un sortilège pour être plus ou moins aussi grand que la salle des fêtes de la semaine dernière. Certes, il y a à peu près les mêmes choses qu’il y avait là-bas (musique, une table qui sert de buffet, des gens qui dansent, d’autres qui discutent…), mais c’est un peu les bases d’une fête. Il n’y a pas les mêmes invités, il n’y a pas les décorations d'anniversaire, pas de petite scène, pas de violet partout.
Ça n’est pas la même fête.
Je suis vraiment nunuche. C’est une grande fête parce que, à l’anniversaire justement, Hitomi a dit que c’était sa première grande fête. Alors il faut bien que je lui fasse vivre l’équivalent.. Avec un happy ending.
Alors mademoiselle. Le monde de la fête nous est offert, on peut danser, on peut manger, on peut profiter juste de la musique, on peut rencontrer des gens…
Alors que U-Ram nous abandonne pour aller draguer (il ne le dit pas mais je suis presque sûr que c’est ça), je donne des pistes à Hitomi. Tandis que je parle, je découvre progressivement la fête que nous venons de rejoindre.
Qu’est-ce que tu aimerai faire?
Je tourne la tête vers elle.
Pas de pression , on a tout le temps de tout faire au moins trois fois, et encore !
Allez, Dae-Hyun. Souffle un coup. Porte ton plus beau sourire. Pour que cette soirée soit une réussite, il faut déjà que tu y croies.
당신의 말은깃털과 같습니다
your words are like feathers
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your words are like feathers
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