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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le jeudi 28 février 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Magie sans baguette et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. A présent en 2ème année, elle doit faire un stage pour valider son année.

If he ran away, if he ran away, come back home
« Merci, professeur. Je vous envoie au plus vite tous les documents pour ce stage. Encore merci, au revoir. »

Je refermais la porte du bureau du professeur Blackwood avant d’exécuter une danse sur moi-même. C’était bon ! Je l’avais. Je ferai ce stage avec le professeur Blackwood, qui enseignant l’Histoire de la Magie à Poudlard. Je ne doutais pas tellement de ne pas l’avoir, mais on ne savait jamais, si un autre stage se chevauchait, ou si le professeur Blackwood avait décidé de ne pas s’embarrasser d’une stagiaire. Mais elle avait accepté ! Alors je n’avais plus à me tracasser de tout ça. Il ne me restait plus qu’à récupérer les documents nécessaires auprès des secrétaires de l’UMS et je pourrais tout lui faire parvenir pour sceller cet accord.

Je passais une main sur les murs en pierre tout en marchant en sens inverse. Ce n’était pas désagréable de revenir à Poudlard. Le château avait longtemps fait parti de moi. Mes parents y travaillaient tous deux, mon père en tant que professeur de Magie sans baguette, ma mère en tant que professeur de Métamorphose. J’avais passé du temps ici. Ce château était comme ma maison. Il y avait eu de bons souvenirs, des souvenirs même excellents. D’autres moins …

La cloche retentit et je me rangeais sur un côté pour éviter d’être prise dans le flot des élèves. Est-ce que j’allais apercevoir Chelly ? Notre entente n’avait jamais été au beau fixe. On était sans doute trop différente pour s’entendre parfaitement mais elle restait ma petite sœur. J’agitais la main en reconnaissant certains élèves, quelques-uns discutèrent un instant avec moi avant de repartir vers leur prochain cours. Quelques minutes plus tard, le couloir s’était à nouveau vidé de la plupart des élèves.

Je lissais ma jupe puis mon pull avant de reprendre ma route. Mais, au détour du couloir, une fille venait d’arriver. Elle discutait avec mon cousin, Billy. Je me stoppais avant qu’ils ne me voient tous les deux.

« Salut Clary ! » dit mon cousin avec un sourire. « Que fais-tu là ? »

Mon regard resta un moment appuyé sur le visage de la fille qui l’accompagnait. Livia Dwight. Il m’était impossible d’oublier son visage ni son nom. Pourtant, nous ne nous étions jamais vraiment parlées. Oh si, nous avions échangé quelques banalités, mais rien de bien profond.

« Je … suis venue demander un stage au professeur Blackwood. » répondis-je finalement en reportant mon attention sur Billy. « Vous n’avez pas cours ? »
« Moi, si. Livia ne fait que m’accompagner. »
« Tu ne vas pas être en retard ? »

J’eus un sourire amusé.

« Peu importe ! » dit-il en haussant les épaules avant de nous adresser un signe de main et de rentrer dans la salle de classe sur la gauche.

Je pris une inspiration avant de me tourner vers Livia. Que toutes les deux, dans ce grand couloir. Savait-elle qui j’étais ? Oui, forcément. Billy avait donné mon prénom. Et elle aussi devait se souvenir de moi. Je voulais ouvrir la bouche, je voulais lui parler, je voulais lui poser un tas de questions. Mais rien ne sortait. Je me contentais de la regarder, me demandant si elle briserait la glace pour nous deux.

• ○ • ○ • ○ • Novembre 1998 • ○ • ○ • ○ •

« Clary, je te présente Livia … ma cousine. »

Je regardais Mattéo, ma main toujours serrée dans la sienne, avant de tourner la tête vers la jeune femme qu’il me désignait. La peau mât, les cheveux noirs bouclés, elle n’avait pas grand-chose à voir avec lui. Mais Mattéo m’avait déjà laissé entendre que la famille était un sujet compliqué pour lui alors il ne fallait pas que je pose trop de questions.

« Ravie de te rencontrer Livia ! Ton cousin est … fantastique ! »

Je lui souris, jetant un coup d’œil à Mattéo qui lâcha ma main pour passer un bras sur mes épaules, défiant chaque garçon qui passait trop près de nous.

« Bon, allez, c’est pas tout ! Mais faut qu’on file ! » dit-il en m’entraînant avec lui.
« A bientôt ! » dis-je à Livia avant de glousser, collée contre Mattéo.

Tout était si parfait avec lui. Cela ne faisait qu’une semaine que nous sortions ensemble mais je me sentais tellement bien, surtout après l’année d’enfer que nous avions vécu avec la guerre. Surtout que le visage de Livia m’était familier. C’était celui qui m’avait tenu compagnie l’an dernier durant la soirée de torture organisée par les Carrow. Je jetais un coup d’œil par-dessus mon épaule pour apercevoir une autre fois le visage de Livia mais Mattéo m’attrapa le menton et j’oubliais aussitôt sa cousine et les Carrow.

@ Victoire


Dernière édition par Clary C. McGregor le Lun 29 Juil - 0:54, édité 3 fois

ϟ ϟ ϟ

Clarissa McGregor

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And you are just fading away. It's getting cold, I'm feeling colder. Little talks for the better, top, top, on your shoulder, I felt love but it's over, I grow down. Ft. Clarissa McGregor
     

     
If he ran away, if he ran away, come back home
- Jeudi 28 Février 2002 -

     
Février touche à sa fin et la tension qui plane sur les élèves de dernière année monte encore d'un cran. Je sens le stress commencer à gagner les troupes. C'est compréhensible, il faut réussir à garder la tête hors de l'eau en nageant à toute vitesse vers un avenir incertain, zigzagant entre les examens et les orientations de fin de cursus. J'évolue au milieu de tout ça, comme hermétique à cette anxiété générale, parce que contrairement à eux je n'ai aucune inquiétude concernant la suite des évènements. Comme je l'ai déjà mentionné, j'ai tout le temps du monde pour décider de ce que je veux faire, tout le loisir de changer de carrière autant de fois que je le souhaite et même pourquoi pas, de suivre autant de formation que je le désire. Après tout, je n'ai que l'éternité qui s'étale devant moi.
Ce doit être frustrant pour mes amis que je reste aussi sereine. Ça l'est pour Zia par moment j'ai l'impression, alors j'évite de trop renchérir quand on me fait part de ses inquiétudes sur tout ça, par égard pour la santé mentale de mes camarades. En tout cas de ceux qui ne résistent pas si bien à la pression.

En tant que 7ème année, bien évidemment mon emploi du temps est bien chargé entre les options et le tronc commun. Et encore, je ne fais partie d'aucun club. Ceci étant dit, les professeurs ont tout de même eu la gentillesse de nous laisser un petit répit le jeudi après midi, probablement dans l'idée que nous puissions avancer nos devoirs de début de semaine et être un peu plus tranquille le week-end. Seulement, là encore, être vampire m'avantage bien. Hors de questions de passer ma demi-journée à travailler dans la bibliothèque ou dans la Grande Salle, ou n'importe où d'ailleurs, je profite de mes nuits pour bosser, c'est bien plus calme avec tout le monde qui dort et en plus, ça m'occupe.

Du coup, le jeudi après-midi, c'est sport pour moi. Poudlard est grand, et parmi les sportifs de ce château, la plupart trouve son compte en courant le long du lac, autour du terrain de Quidditch, ou en faisant de l'exercice dans le parc. Mais à ce niveau, ma vitesse supérieure m'handicape un peu, et je préfère me rendre à la Salle sur demande. C'est Ron et Sam McGregor qui m'en avaient révélé le secret, plus si secret que ça d'ailleurs je crois depuis la bataille de Poudlard, quand je suis arrivée la première année. C'est bien pratique, au moins le matériel qu'elle me fournit est adapté à ma force de vampire, et je peux continuer de m'entraîner à la boxe sans avoir besoin d'une dérogation d'Oncle Adrìan pour rentrer à l'Arène. De temps en temps, il m'arrive de rentrer quand même le week-end, quand il y a de gros combats surtout et qu'Adrì a besoin de moi, mais grâce à cette Salle - ou à cause - je m'en abstiens la plupart du temps.

C'est donc au début de mon ascension vers le 7ème étage que je tombe sur Billy au détour d'un couloir. Bien sûr, je m'arrête pour discuter un peu, comme il est à serpentard on ne se croise pas tous le temps non plus alors j'en profite. C'est vrai qu'il traverse des trucs pas facile depuis quelques mois et j'ai envie d'être là pour lui, de prendre de ses nouvelles régulièrement pour m'assurer qu'il va bien, de garder un oeil sur lui quoi. Pas que je puisse faire tellement plus pour l'aider. Au bout d'un moment, il m'explique qu'il faut qu'il ne peut pas s'éterniser, au risque d'être en retard à son cours d'Histoire de la Magie et je décide de l'accompagner jusqu'à sa salle, histoire de terminer la conversation.
La première sonnerie a déjà retentit et les couloirs sont, pour la plupart, déjà bien vides. Aussi, je ne met pas plus d'une seconde à repérer la grande rousse qui se dresse à quelques mètres de nous et qui nous fixe, comme figée. "Salut Clary ! Que fais-tu là ?" Je l'ai tout de suite reconnue même si c'est pas bien difficile avec sa masse de cheveux flamboyants aussi longs que les rideaux de la Salle Commune. Clarissa McGregor, la grande soeur de Ron et Sam. Je ne dirais pas que ça m'embête de tomber sur elle, mais je vais pas me cacher que ce n'est pas un plaisir particulier non plus. J'ai pas rencontré Clarissa dans les meilleurs conditions à la base. Elle est sortie avec le psychopathe qui me servait de cousin, ça annonce la couleur. On s'est recroisées par la suite, en la charmante compagnie des Carrows, et là non plus ce n'était pas l'éclate du siècle. Du coup je reste silencieuse le temps d'arriver à sa hauteur, et je laisse Billy discuter un peu. J'avais oublié qu'ils étaient cousins tous les deux.


Alors qu'elle échange quelques mots avec mon ami, je peux lire clairement dans son regard, que ma présence ici la trouble. Elle ne m'a pas oublié. Probablement que me voir doit lui faire remonter un sacré paquet de souvenirs à elle aussi, et pas des bons. A l'époque où Mattéo a disparut des radars sans un mot, je m'attendais à ce qu'on apprenne quelques jours plus tard, qu'elle aussi avait prit la poudre d'escampette. C'est à quel point elle était folle de mon cousin flippant. Que disent les humains déjà, leur expression débile ? L'amour rend aveugle ? Bah ils sont pas tous complètement stupide, la preuve. Seulement quand je l'ai recroisée à l'école, je me suis rendu compte que Mattéo l'avait probablement abandonnée elle aussi, et sans prendre la peine de dire au revoir. J'ai eu de la peine pour elle, même si je ne comprenais pas comment elle ne pouvait pas voir que mon cousin était un être ignoble, transpirant de cruauté. Je la connaissais pas plus que ça, mais elle m'avait pas l'air de mériter de subir les manigances de Matteo. Enfin, peu importe, c'était il y a longtemps, Matteo doit être bien loin à présent. Loin des yeux, encore plus loin du coeur et qu'il y reste. Ça aussi c'est une expression moldu de base, mais je préfère ma version. J'espère pour elle qu'elle est passé à autre chose depuis.

A nouveau ralentit, Billy nous salue et s'éloigne pour rejoindre sa salle de cours en trottinant. Le regard de la rouquine se tourne vers moi, elle semble tétanisé mais je ne vois pas pour quelle raison elle pourrait avoir peur de moi. "Ça va ?" je lui lance perplexe, ne comprenant pas pourquoi elle était si choquée de me voir. Pour être honnête, j'ai redouté de la croiser après sa rupture quelque peu...brutale...avec mon cousin bizarre. J'aurais pas su gérer ses yeux pleins de chagrins, son regard blessé, sa vulnérabilité. J'aurais jamais su quoi dire pour la réconforter ou la rassurer, et j'aurais probablement finit par faire une boulette. Du coup je me serais énervée  de frustration et serait sûrement partit en râlant que les humains sont trop fragiles. Ce qui est le cas, mais en l'occurence y aurait eu un peu de mauvaise foi de ma part aussi. Bref, je savais que cette conversation n'apporterait rien de bon à personne. Mais aujourd'hui, après tout ce temps, je suppose que les choses sont différentes et qu'il y a moins de risque que je dise un truc de travers et qu'il y ait des conséquences. En théorie elle devrait être passé à autre chose. Merlin, faite qu'elle soit passée à autre chose.


"Du coup ce stage ? Tu l'as eu ?" je demande quand je me rends compte qu'elle ne compte toujours pas engager la conversation. C'est plus de la politesse que de la curiosité sincère. Zia m'a expliqué que les gens aimaient bien qu'on prête attention à eux et qu'on s'intéresse à ce qu'ils disent. Du coup je me dis que ça va peut être lui faire plaisir de parler de ça. "Heu...Clarissa ?" j'appelle sans trop savoir ce qu'il se passe dans sa jolie tête rousse. Ça commence à être gênant, si elle se décide pas à me répondre, je vais juste me casser. Pour une fois que je fais un effort pour être sympa, et elle, elle m'ignore presque.


- Novembre 1998 -


Cette année était de loin la pire que j'ai jamais passé jusqu'ici, et je n'attendais qu'une chose : qu'elle se termine enfin. Fuir le clan avec Oncle Adrìan a été déjà suffisamment éprouvant comme bouleversement dans ma vie, bien que je ne m'en plaigne pas, mais je n'ai pas compris l'intérêt d'échapper aux forces du mal une fois pour les retrouver à Poudlard l'année suivante. Les Carrows, ces enfoirés qui passent le temps en testant leurs nouveaux maléfices sur les créatures du château pour "tester leur résistance. Enfin, c'était pas la joie jusqu'en mai, où la guerre a finalement atteint son apogée, et l'Armée de Dumbledore, triomphée de Voldemort. J'ai suivis tout ça de loin bien sûr, mon oncle ayant eu la présence d'esprit de nous rapatrier à la maison illico, Matteo et moi. C'est dans la Gazette du Sorcier que j'ai découvert que mon clan avait été décimé au cours de l'affrontement, et que le reste des membres ayant survécus avaient fuit, se dispersant dans le reste du monde pour tout reconstruire. J'étais pas triste, faut pas déconner non plus, mais l'idée que 14 ans de ma vie venaient de partir en fumée m'a donné un léger pincement au coeur.


Enfin, tout cela est finit à présent et c'est le principal, en ce qui me concerne, je fais de mon mieux pour m'adapter à ma nouvelle vie, au milieu des humains, mais ce n'est pas une grande réussite pour le moment. Si j'ai eu la chance de tomber sur Ron et Sam, demi-vampires, qui me guident comme ils peuvent, tout m'énerve très facilement. Ici tout est fragile, les os, les meubles, l'égo,... Je dois faire attention à ce que je fais, me restreindre en permanence, tout en prenant soin de ne pas laisser mes pulsions prendre le dessus, et prendre en compte les codes sociaux qui régissent ce monde. Et par dessus tout, je déteste l'école. Je ne sais combien de temps j'ai passé jusqu'ici à supplier mon oncle de laisser tomber cette histoire et de m'autoriser à rester à Londres, avec lui. En vain bien sûr, puisque je suis ici actuellement. "Alors qu'est-ce qu'il te veut l'autre ?" me lance Ron, décidant de se risquer à mon humeur massacrante. Tout m'agaçait déjà suffisamment sans qu'en plus j'ai à me taper mon cousin sur mon temps libre. Mais non, monsieur avait demandé à me voir, il disait que c'était important et que je n'avais pas le choix. Je hausse les épaules. "Probablement me présenter sa nouvelle copine." Je voyais rien d'autre arriver dans sa vie qu'il aurait pu qualifier d' "important". "Tu veux dire ma soeur ?" je lui lance un regard noir. "Ouais enfin, marmite, chaudron, peu importe..." s'empresse t-il de marmonner. "Je vois vraiment pas ce qu'elle peut lui trouver ta soeur." je commente en levant les yeux au ciel. "Moi non plus." réponds Ron en fronçant les sourcils, visiblement pas plus enchanté que moi de cette union.


L'heureux couple apparaît enfin au bout du couloir, je retiens à peine le grand soupire exaspéré qui me vient. "Je préfère pas croiser cet abruti, je me tire, à plus Liv' " lance Ron en attrapant son sac pour s'exécuter et disparaître au plus vite, non sans un petit signe de soutient en partant. Je pince les lèvres, je le comprends, mais quelque part j'aurais préféré qu'il reste avec moi. Juste au cas où. "Clary, je te présente Livia … ma cousine." Je tourne la tête vers la fille. Grande, rousse, elle est jolie je suppose, mais le regard débordant d'amour qu'elle jette à Matteo me ferait vomir. "Salut." je dis platement, sans grande conviction, sans chercher à feindre un entrain ou intérêt particulier pour cette présentation. "Ravie de te rencontrer Livia ! Ton cousin est … fantastique !" Mon regard se pose sur le cousin en question qui sourit à pleines dents. Je sais pas pourquoi mais j'aime pas quand il est heureux, c'est jamais bon signe pour le reste du monde. "Fantastique..." je répète du bout des lèvres, incrédule. "Tu lui as fait boire un filtre d'amour ?" je demande à Matteo, avec un grand sérieux et une pointe de reproche dans la voix, parce que c'est la seule explication logique que mon esprit est en mesure d'accepter. je parcours les bras et le cou dénudés de la jeune en un coup d'œil, à la recherche d'une trace éventuelle de marquage quelconque. "Une rune d'union ?" j'insiste sans vraiment me rendre compte que cela pourrait heurter les sentiments de la jeune femme. Parce qu'elle a l'air...normale, et gentille, et je vois pas ce qu'elle fout à tenir la main de ce psychopathe. J'aurais pu l'accuser d'avoir usé de son charme vampirique mais Clary, en tant que demi-vampire, n'est pas sensible à cela. Alors quoi ? Mon cousin aurait-il réellement changé ? 

(c) crackle bones

       

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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le jeudi 28 février 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Magie sans baguette et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. A présent en 2ème année, elle doit faire un stage pour valider son année.

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La voix de Livia résonna en moi. Comme quand on a plongé dans l’eau et que quelqu’un nous appelle à la surface. Si lointain, si difficile à rejoindre.

« Ça va ? »

Je secouais la tête. Des images de ma première rencontre officielle avec Livia me revenait en mémoire. Les doigts de Mattéo sur ma peau. Son souffle derrière ma nuque.

« Euh … oui oui. Il fait un peu chaud dans ce couloir. » répondis-je en agitant la main devant mon visage.

Faux. J’étais une demi-vampire. Je ne craignais pas autant la chaleur ou le froid que les simples humains.

« Du coup ce stage ? Tu l'as eu ? »

Sa voix résonnait en écho dans le couloir désert de toute autre vie humaine. Je sentais mon cœur s’accélérer comme si j’étais soudain plongée dans une pensine, revivant mes dernières années à Poudlard. Les baisers de Mattéo, ses mots si attentionnées, ses attentions si charmantes.

Novembre 1998

Je pressais mon corps un peu plus contre celui de Mattéo. C’était simple, quand j’étais à ses côtés, je me sentais si fragile, si menue. Je voulais me fondre en lui pour que nous ne fassions plus qu’un. Nous ne sortions ensemble que depuis peu, mais il était devenu tout mon monde en très peu de temps. Il avait une aura magnétique qui faisait que je ne pouvais détourner mes yeux de lui.

« Fantastique... » répéta la cousine de Mattéo, légèrement incrédule. « Tu lui as fait boire un filtre d'amour ? »

Je fronçais les sourcils face au ton acerbe de la jeune femme. Mattéo se crispa lui aussi. Un geste presque indescriptible. Mais il se ressaisit assez vite. Il esquissa un sourire avant de se mettre à rire pour de bon.

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Mattéo Dwight (Timothy Granaderos)

« Une rune d'union ? » insista-t-elle, le rire de Mattéo redoublant.
« Il y a un problème ? » demandais-je.

Je ne comprenais pas ce qu’elle sous-entendait. Pourquoi aurait-il besoin de me faire boire un filtre d’amour ? Etait-ce un jeu entre eux ? De la taquinerie ? Pourtant son langage corporel démontrait le contraire.

« Ma cousine a toujours eu un grand sens de l’humour. » répondit Mattéo, retrouvant son calme. « Ne sois pas jalouse, Livia. Toi aussi, tu finiras par trouver quelqu’un qui t’aime pour ce que tu es. »

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Mattéo plongea son regard dans le mien et je me sentis à nouveau conquise. J’aimais quand il parlait comme ça. Aucun garçon de notre âge n’osait exprimer ses sentiments ainsi. Mattéo savait ce qu’il voulait et il n’hésitait pas à l’affirmer. Je hochais la tête et adressais un signe de main à la jeune femme, tandis que nous nous éloignions. Mattéo ne souhaitait pas faire durer plus longtemps la conversation.

Jeudi 28 février 2002

« Heu...Clarissa ? »
« Oui ? » balbutiais-je.

Je secouais la tête, me forçant à revenir dans le moment présent. Livia me regardait avec un sourcil haussé, comme s’étonnant que je ne lui réponde pas. En même temps, la pauvre devait faire la conversation toute seule. C’était assez mal poli de ma part.

« Je … oui … le stage … » repris-je en lissant mes cheveux roux. « Oui, je l’ai eu. »

Je souris, resserrant ma main sur la bride de mon sac.

« Le professeur Blackwood me prendra bien en stage. Il ne me reste que quelques formalités à remplir avec l’administration de l’UMS, mais c’est dans la poche ! »

Je pris une inspiration. Il fallait que je me reconnecte à l’instant présent. Mattéo n’était plus dans ma vie et … j’imaginais qu’il ne l’était plus non plus dans la vie de Livia. De ce que j’avais compris, Mattéo avait disparu du jour au lendemain de la vie de mon entourage. Il s’était évaporé dans la nature, comme s’il n’avait jamais existé. Pourtant, les cicatrices sur mon bras n’avaient pas disparu avec lui. Elles étaient bien réelles.

« Tu … es en 7ème année c’est ça ? » demandais-je. « Tu penses aller à l’université ensuite ? »

Autrement dit, allions-nous nous retrouver dans quelques mois à parcourir à nouveau les mêmes couloirs ? Livia ne m’avait rien fait à proprement parler mais elle était encore l’une des personnes qui me rappelait sans cesse que Mattéo avait expliqué et qu’il m’avait manipulé. Il m’avait eu.

« Et … ta famille va bien ? »

Ok, c’était certes un peu maladroit. Mais j’ignorais comment poser la question sans être trop indiscrète. J’attrapais mon sac et le serrai contre moi, comme un coussin qui pourrait me protéger des dangers extérieurs. Soudain, j’avais la sensation de redevenir la petite Clarissa qui avait fini par faire un séjour à l’hôpital Sainte-Mangouste après le départ de Mattéo.

« Je veux dire … est-ce que tu as des nouvelles … de lui ? »

Lundi 2 mars 1998

Un froid polaire traversait les couloirs de l’école Poudlard. Les flammes des torches dansaient et menaçaient de s’éteindre. Le couloir était désert et je décidais d’accélérer le pas, mes livres empruntés à la bibliothèque serrés contre moi. J’effectuais ma 5ème année, l’année des BUSE. C’était un passage très important et même si nous étions en guerre, je tenais à réussir mes examens en révisant toujours de manière assidue. Cependant, il était difficile de se concentrer, notamment quand on entendait les cris de souffrance résonnés dans les couloirs du château, ou alors les pleurs des plus jeunes dans la salle commune.

Nous vivions des temps difficiles et j’avais pourtant la chance d’avoir mes parents avec moi à Poudlard. David était alors en 7ème année, les jumeaux en 4ème année et Chelly faisait sa 2ème année. Nous étions tous réunis à Poudlard, tous à se serrer les coudes. Mes cousins étaient là eux aussi. Mais nous vivions tous dans la terreur, à attendre que Harry Potter fasse quelque chose. Personne ne l’avait vu depuis des mois et Vous-Savez-Qui et ses partisans le cherchaient activement. Il était notre seul espoir et je ne voulais pas cesser d’y croire. Car si j’arrêtais de le faire, nous serions perdus à jamais.

Du bruit me fit stopper dans le couloir. Des voix murmurées. J’approchais ma tête d’un détour de couloir. Un 1ère année pleurait. Il revenait visiblement d’une retenue avec les Carrow. Deux 6ème année étaient accroupis pour le consoler. Je déglutis et décidais de faire demi-tour. Je connaissais un autre chemin pour aller jusqu’à la Tour de Serdaigle. Il suffisait de …

« Tenez ! Regardez qui voilà. »

Je blêmis en voyant la silhouette d’Amycus Carrow se dresser devant moi. C’était un homme de haute stature, avec des cheveux tellement gras qu’il était difficile de définir leur couleur. Une partie de son visage avait été brûlée et portait une énorme cicatrice.

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Amycus Carrow (Rory McCann)

« Je … Je retournais à ma salle commune, pr… professeur. » balbutiais-je.
« Oh sûrement pas. »

Alors que j’avais commencé à tourner les talons, je sentis l’homme m’empoigner les cheveux. Je commençais à me débattre mais sa prise se resserra et un hurlement sortit de ma gorge. Mon cœur battait la chamade de peur et la douleur provoquée par ce tirement de cheveux me donna des vertiges. Je lâchais mes livres qui s’étalèrent en un tas sur le sol en pierre. L’homme m’emmena avec lui, à travers un couloir avant de pousser violemment la porte de sa salle de classe d’un coup de pied.

Les tables avaient été empilées dans un coin et les volets avaient été tirés. La salle de Défense contre les Forces du Mal avait bien changé depuis qu’elle était devenue l’Art de la Magie Noire. Les posters avaient été arrachés pour mettre diverses formules de magie noire. Sur un autre pan de mur, il y avait des menottes incrustées dans le mur. C’était là qu’il y avait quelques semaines Carrow avait demandé aux 7èmes années de s’entraîner à lancer le sortilège Doloris sur des 1ère année. David et bien d’autres avaient refusé. Ils avaient du eux-mêmes encaissés le sortilège.

Contre ce mur, il n’y avait pas de 1ère année. Mais une jeune femme. Ses cheveux bruns bouclés étaient emmêlés et ses grands yeux me fixaient, apeurés. Un filet de sang coulait de ses lèvres. Je recommençais alors à me débattre.

« Non ! Non ! Je vous en prie. »

Des larmes pointèrent à mes yeux alors que l’homme n’écoutait pas mes supplications. Il m’attacha aux menottes, à côté de la jeune fille. Je commençais à crier, priant pour qu’un professeur nous entende et vienne à notre secours. Ils n’avaient pas le droit de faire ça. Je n’avais rien fait. J’étais innocente. Je ne devrais pas me trouver là. Et cette fille-là non plus. Nous n’étions que des enfants, des adolescents.

« Continue de t’égosiller, personne ne peut t’entendre. » rit l’homme.

Ce fut à ce moment-là qu’Alecto Carrow apparut. La sort de cet homme était légèrement plus petite que lui et sa voix sifflante me faisait faire des cauchemars. Elle polissait lentement sa baguette et je vis la jeune fille à côté de moi s’agiter, comme si elle avait déjà compris quelque chose.

« Pourquoi … pourquoi vous nous gardez ici ? » demandais-je, mes larmes roulant sur mes joues alors que je tirais sur mes poignées pour espérer en vain me détacher.
« Nous avons parié, mon frère et moi. » répondit Alecto. « Il affirme qu’en tant que vampire ou demi-vampire – peu importe – vous pouvez résister plus longtemps à la douleur. Je n’en crois pas un mot. »

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Alecto Carrow (Gemma Whelan)

Elle haussa les épaules, comme si elle parlait d’un sujet si banal comme une recette de cuisine.

« Je pense que cela dépend de celui qui jette le sortilège. S’il veut véritablement faire ce qu’il demande. Le receveur ne peut que subir. »

Amycus la regarda et à son tour il haussa les épaules. Puis il lui tendit le bras, lui laissant visiblement l’honneur de commencer. A nouveau, je sentis mon cœur battre fort dans ma poitrine. Je jetais un coup d’œil à la jeune fille.

« Comment tu t’appelles ? » demandais-je précipitamment.

J’ignorais pourquoi cette question. J’ignorais pourquoi je voulais le savoir à tout prix. A ce moment-là, j’avais posé la première question qui m’était passée par la tête. Avec le recul, je crois que je voulais surtout donner un aspect plus humain à cet endroit, ce moment. Je voulais mettre un nom sur le visage de la fille qui allait vivre avec moi cette expérience. Je voulais retrouver un semblant normalité. Rien qu’un instant.

S’il te plait. Dis-moi ton nom.

@ Victoire


Dernière édition par Clary C. McGregor le Lun 29 Juil - 0:55, édité 1 fois

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Clarissa McGregor

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And you are just fading away. It's getting cold, I'm feeling colder. Little talks for the better, top, top, on your shoulder, I felt love but it's over, I grow down. Ft. Clarissa McGregor
     

     
If he ran away, if he ran away, come back home
- Jeudi 28 Février 2002 -

     
"Oui ? Je … oui … le stage … Oui, je l’ai eu." Balbutie la rousse en lissant ses longs cheveux roux d'un geste que j'identifie comme de la nervosité. Décidément elle à l'air vraiment à l'ouest et j'ai du mal à croire que cela ne soit dû qu'à ma simple présence. Cet entretien qu'elle vient de passer a t-il était si éprouvant qu'elle n'arrive plus à aligner trois mots ? Je veux dire, je ne lui ai jamais rien fait moi à cette fille, je ne vois pas pour quelle raison elle serait si troublée de se retrouver face à moi. C'est pas comme si j'étais connue pour être aussi cruelle que mon affreux cousin, même pas un peu.

"Le professeur Blackwood me prendra bien en stage. Il ne me reste que quelques formalités à remplir avec l’administration de l’UMS, mais c’est dans la poche !" Elle semble reprendre de l'assurance et retrouver un éloquence convenable au fur et à mesure de ses phrases. Bon, peut être a t-elle seulement été surprise et que ça lui ait passé. Je ne dirais pas qu'elle s'est complètement détendue mais au moins elle arrive à former des phrases cohérente et même à m'adresser un sourire. "Tant mieux, il paraît que c'est une bonne prof." Je commente sans trop savoir quoi dire. Pour ma part, je n'ai jamais eu le plaisir d'être dans sa classe, ayant abandonné l'Histoire de la Magie juste après mes BUSES et tout ce que je savais de ce professeur en dehors de la matière qu'elle enseigne, c'est qu'elle est directrice de Serpentard, tante adorée de ma meilleure amie et accessoirement loup-garou. "Tu … es en 7ème année c’est ça ?" Je hoche la tête pour confirmer. "Ouais, comme Billy." C'est marrant quand on y pense, elle est sorti avec mon cousin et le sien est l'un de mes meilleurs amis depuis quelques années maintenant, tout comme ses frères cadets sont des amis proches. Enfin, c'est pas si drôle dit comme ça mais il se trouve que malgré tout j'ai pas mal de connexion avec cette fille, et depuis longtemps, alors qu'on ne se croise absolument jamais. D'ailleurs, je ne crois pas avoir déjà vraiment discuter avec elle hormis dans une salle de torture ou sous la supervision de Mattéo.
"Tu penses aller à l’université ensuite ?" Je remarque qu'elle n'a pas tout de suite pris pour acquis que je souhaitais aller à la fac en me demandant quel cursus je comptais suivre ensuite et apprécie sa formulation. "Non, pas tout de suite en tout cas." je réponds en secouant la tête, agitant mes boucles brunes sur mes épaules. "Je sais pas trop ce que j'ai envie de faire du coup, pour le moment, je vais bosser un peu à la salle de boxe de mon oncle." je développe un peu tout de même pour ne pas laisser la discussion mourir. Zia m'a dit que ça risquait d'amener un blanc qui mettrait l'autre personne mal à l'aise. "Tu suis quel cursus toi ?" je lui demande tout de même un peu curieuse de savoir ce qu'elle devenait après tout ça.
Par "tout ça" je parle bien sûr du fait d'avoir vécu la guerre à Poudlard en tant que créature comme moi, ce qui, j'imagine à laisse pas mal de monde traumatisé mais surtout de Mattéo. Je suis pas triste qu'il soit partit, mais je compatis au fait qu'il ait à un moment donné fait partie de sa vie, ça, je le souhaite à personne.

"Et … ta famille va bien ?" Je hausse un sourcil perplexe. A la fois parce que je ne sais pas vraiment si on peut qualifier ma famille de famille, celle-ci n'étant composé exclusivement que de mon Oncle Adrìan et de ma personne mais aussi parce que je me demande si ce n'est pas encore une de ces fois où on me pose une question qui n'est pas vraiment celle à laquelle on veut un réponse. C'est pas très clair. Une manière détournée de me demander autre chose quoi. "Tu veux dire, mon Oncle Adrìan ?" je lui demande en plissant légèrement les yeux. Je ne sais même pas ce que Mattéo a pu lui raconter à l'époque sur notre famille, ni si il avait prit la peine de la lui présenter. J'ai eu envie de rajouter que ma famille avait été décimée pendant la guerre et que les rares survivants étaient portées disparus mais probablement héros de plusieurs avis de recherche ou bien se trouvaient devant elle mais la rousse reprends la parole avant que je n'en ai le temps. "Je veux dire … est-ce que tu as des nouvelles … de lui ?"

- 12 Février 1999 -

"T'es malade." Figée dans l'horreur, mes mots n'avaient été qu'un murmure presque imperceptible. Je n'arrivais pas à intégrer ce qui se déroulait devant mes yeux, pire que ça, donc cerveau refusait d'analyser l'ampleur de ce qu'il avait fait. "Il y a quelque chose qui ne va pas chez toi." C'était la seule explication possible : mon cousin avait un problème mental. C'était pas grave, ça pouvait se soigner, mais un être doté de toutes ses capacités psychiques ne pouvaient décemment pas en arriver à un tel de stade de sadisme, de cruauté. Un sociopathe. Ou un psychopathe. Un trouble de la personnalité. Peut être un peu de dépression ? C'était ok, il fallait juste qu'il nous laisse l'aider à aller mieux. "Pourquoi ?" je murmurais en faisant un tour sur moi même pour constater les dégâts.
L'odeur était insoutenable, des relents putrides de chair carbonisée, de sang et de renfermé m'agressaient vivement. On ce serait cru dans un petit laboratoire de torture. Pourtant je savais que nous étions dans les sous-sols de l'Arène, alors comment cette pièce pouvait-elle me semble si peu familière et aussi inhospitalière ?

Les murs en béton capitonné étaient nus mais au centre de la petite pièce avait été installée une sorte de chaise de dentiste mi-inclinée, dans laquelle une jeune fille se tordait de douleur, respirant fébrilement. Je pouvais entendre d'ici le bruit de ses larmes rouler sur ses joues, s'écrasant sur le sol sans qu'elle ne puisse les essuyer puisque chacun de ses poignets avaient été attachés fermement à la chaise. Baissant les yeux, je constatais que ses chevilles avaient connus le même sort et en m'approchant un peu, je me rendais compte qu'il avait poussé le vice à lui enserrer le cou dans un espèce de collier métallique lui aussi relié à la chaise.
Mattéo demeurait silencieux, guettant chacun de mes gestes, réfléchissant probablement à comment il allait sortir de ce pétrin. La fille frémit au contact de mes doigts froids sur sa peau, et grimaça de douleur quand je retournais son bras pour observer la marque.
Je savais exactement ce qu'il faisait ici, je n'avais pas eu besoin de poser la moindre question. Je le savais, parce qu'il avait tenté de faire la même chose sur moi quelques jours auparavant. Mattéo voulait créer une rune d'annihilation du vampirisme, mais ne voulait pas prendre le risque de tester lui même ses créations. A mes yeux, ça en disait déjà long sur la confiance qu'il plaçait en ses propres capacités.
Visiblement, à défaut d'avoir réussit à me transformer en sa petite souris de laboratoire, il s'était trouvé d'autre cobaye qu'il retenait ici contre leur gré.
Reposant délicatement le bras de la demi-vampire en souffrance, je relevais les yeux pour croiser son regard. "Tu vas rentrer chez toi tranquillement, je suis désolée de ce que mon détestable cousin t'a fait subir mais au moment où tu franchiras les portes de l'Arène, tu oublieras tout ce qu'il s'est passé." Probablement très affaiblie, elle n'émet aucune résistance à mon pouvoir de persuasion et hoche la tête docilement. Je défais ses liens rapidement et défie Mattéo du regard d'opposer la moindre réluctance à la laisser partir librement. "Tu me dégoûtes" je lui balance avant de partir à la suite de la fille pour m'assurer qu'elle trouve la sortie en toute sécurité. "Liv' laisse moi t'expliquer."

- Jeudi 28 Février 2002 -

Je ne retiens pas une grimace de dégoût face à la question que vient de me poser Clary ainsi qu'au souvenir que celle-ci fait remonter. "Non et c'est tant mieux. Mattéo a disparut grand bien nous en fasse à tous, il ne reviendra pas Clarissa. Crois moi, il vaut mieux pour tout le monde qu'il reste loin d'ici." je réponds sans cacher l'abjection que je ressens pour ce gars. Face à l'expression de la rouquine, je me radoucis, me rappellent que j'étais censé y aller doucement avec elle. "Je sais qu'il comptait pour toi et j'imagine que tu as dû...souffrir de son départ mais mon cousin n'était pas quelqu'un de bien je peux te l'assurer. Je te connais pas mais y a pas grand monde qui mérite d'avoir quelqu'un comme lui dans sa vie, et je suis quasiment sûre que tu mérite cent fois mieux que lui." J'espère avoir un peu rattrapé le coup, je veux pas non plus la faire culpabiliser d'être tombé dans son piège. Faut dire qu'il avait un certain charisme et qu'il était très beau parleur, il savait captiver les foules et avait cette façon unique de faire sentir les gens spéciaux quand il s'intéressait à eux.

- Lundi 2 Mars 1998 -

Ça faisait déjà une heure que j'étais là, enfermée dans la salle de classe empuantis par les odeurs de sang et de transpiration des professeurs Carrow. Mes mains pendaient mollement, attachées au dessus de ma tête par des menottes de fer incrustées dans le mur et probablement consolidées magiquement pour résister à la force d'une créature magique. La pierre froide du mur m'aidait à rester consciente, me rappelant à chaque instant de ne pas me laisser glisser, par moment, lorsque le sortilège était trop intense, elle m'entaillait la peau. Je voyais parfaitement les visages disgracieux de mes bourreaux malgré la pénombre que causaient les rideaux tirés. Des professeurs. Je n'étais pas là depuis bien longtemps mais je détestais déjà profondément cette école. Quel genre d'endroit autorise les supposés figures d'autorités à agir ainsi ? C'était plutôt violent là où j'ai grandis mais j'avais cru comprendre que le monde sorcier était tout l'opposé.
"Tu fatigues petite ? Ne t'inquiète pas, mon frère est partit te chercher une nouvelle copine pour jouer avec nous." ricana Alecto d'une voix grinçante. Elle avait raison, je fatiguais, mes cheveux étaient déjà trempés de sueur et de sang. Mes blessures avaient beau guérir à une vitesse hallucinante, mon organisme commençait à avoir besoin de force pour continuer de se régénérer. Et si j'encaissais les attaques jusqu'ici, j'allais bientôt commencer à avoir du mal à suivre. D'ailleurs la tête me tournait déjà un peu. Il me fallait du sang, ou je risquais de ne pas survivre aux horribles professeurs pendant encore très longtemps. Ils allaient avoir du mal à me tuer mais je ne doutais pas qu'à force d'acharnement, ils y parviendraient un moment ou l'autre.
La femme continuait de me parler mais je ne réagissais pas, en fait je n'écoutais même pas, comme assommée, mon regard fixait dans le vide, attendant patiemment la prochaine vague de maléfice. Presque las. J'avais toujours eu une grande tolérance à la douleur, mais là, ça atteignait un certain niveau tout de même.

La porte s'ouvrit brusquement, attirant mon attention. Super, tic et tac étaient de nouveaux réunis. Et Alecto n'avait pas menti, son frère avait traîné, littéralement, par les cheveux, une fille à peine plus vieille que moi à l'air terrifié. Je lui lançais un regard emplis de compassion, elle allait passer un sale quart d'heure, probablement encore pire que moi considérant que je voyais bien qu'elle n'était que demi-vampire. "Non ! Non ! Je vous en prie." Elle pouvait toujours se débattre et supplier, mais au fond, elle savait comme moi que c'était vain, Amycus était déjà en train de l'enchaîner à mes côtés. Bienvenue au club la rouquine. L'esprit un peu embrumé, je me fis vaguement la réflexion qu'elle était trop loin pour que l'on puisse se toucher. A moins je savais que je ne risquais pas de perdre le contrôle à un moment et de tenter de l'attraper pour me nourrir. En toute conscience des choses je ne ferais jamais ça, seulement épuisée et désespérée, qui sait ce dont je serais capable. Après tout, c'était encore très récent que je ne me nourrisse plus de sang humain et la transition, bien que sous contrôle, était encore difficile par moment. "Pourquoi … pourquoi vous nous gardez ici ?" Pour cueillir des champifleurs, je lui répondis mentalement avec sarcasme. Je me rabrouais mentalement, je n'allais pas commencer à me moquer de ma seule alliée dans cette pièce. J'essaie juste de me distraire l'esprit pour déconnecter de ma nervosité et de mon appréhension à l'idée de ce qui va suivre. J'entendais qu'elle commençait à pleurer, je sentais sa peur comme si ses émotions avaient une odeur réelle et me demandait si elle percevait cela chez moi également.

Je vis Amycus faire signe à sa soeur de lancer les hostilités mais au même moment, la jeune fille se tournait vers moi et je croisais son regard terrifié. "Comment tu t’appelles ?" Surprise, je lui réponds sans réfléchir. "Livia et toi ?" C'est la dernière chose que je m'attendais à ce qu'elle dise quand je l'ai vu ouvrir la bouche. Mais bon, certes, c'est pas comme si on avait grand chose d'autre à faire là tout de suite. "Te fatigues pas, elles sont ensorcelées" j'ajoute en désignant ses chaînes d'un mouvement de tête. "Prépare toi, ça va pas être une partie de plaisir." je murmure en lançant un regard résigné aux deux professeurs. "Ferme les yeux et pense à ce qui te rend heureuse" je lui conseille parce que rien n'atténuera la douleur physique qu'elle ressentira dans quelques instants et qu'il n'y a pas d'autre secret. Lentement, avec tant de délectation que j'en aurais presque un haut-le-coeur, j'observe Alecto se mettre en position et lever sa baguette, prononçant le premier sort d'une longue série de maléfices. 

(c) crackle bones

       

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Clarissa McGregor
Contexte
Nous sommes le jeudi 28 février 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Magie sans baguette et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. A présent en 2ème année, elle doit faire un stage pour valider son année.

If he ran away, if he ran away, come back home
« Non et c'est tant mieux. » répondit Livia d’une voix glaciale. « Mattéo a disparu grand bien nous en fasse à tous, il ne reviendra pas Clarissa. »

J’ignorais pourquoi je ressentais cette blessure dans mon cœur à ses paroles. J’aurai dû en être heureuse, soulagée. C’était le mieux qu’il pouvait faire. Rester loin de moi, de nous. Il avait causé assez de mal ainsi. Mais une partie de moi refusait toujours de faire une croix sur lui. J’avais beau avoir parlé de lui à mon Psychomage, à mes amis, à ma famille, une partie de moi pensait encore qu’il pouvait être un jour quelqu’un de bien.

« Crois-moi, il vaut mieux pour tout le monde qu'il reste loin d'ici. »
« Oui … c’est mieux … » répétais-je, pensive.

L’expression de la vampire se radoucit.

« Je sais qu'il comptait pour toi et j'imagine que tu as dû...souffrir de son départ mais mon cousin n'était pas quelqu'un de bien je peux te l'assurer. »

Je relevais les yeux vers elle. Quand Mattéo et moi sortions ensemble, il n’existait quasiment personne autour de nous. C’était nous deux contre le monde. Ma famille était passée au second plan, tout comme la sienne. Je ne connaissais pas Livia et elle non plus ne me connaissait pas.

« Je te connais pas mais y a pas grand monde qui mérite d'avoir quelqu'un comme lui dans sa vie, et je suis quasiment sûre que tu mérites cent fois mieux que lui. »

J’esquissais un faible sourire. Cette discussion me perturbait bien plus que je ne l’aurai imaginé.

« Oui, je sais. » répondis-je d’un ton doux. « C’est juste que … je pensais … Il aurait pu revenir et être … différent. »

Je haussais les épaules.

« Je sais que pour mon propre bien, je ne dois plus le revoir. Mais j’espère quand même qu’il trouvera la paix d’une manière ou d’une autre. Et qu’il reprendra contact avec ton oncle et toi pour se faire pardonner. Je suis désolée si j’ai réveillé de mauvais souvenirs. »

Je baissais les yeux sur mes chaussures. En vérité, c’était surtout à moi que cela avait réveillé de très mauvais souvenirs que je tentais au mieux de chasser. Pourtant, il revenait de temps à temps dans mes songes, confus, violents. Je me réveillais en panique, souffrant autant de cette époque douloureuse que de sa perte aujourd’hui. Les Médicomages avaient dit que le temps finirait par effacer son souvenir et atténuerait la douleur. Il me fallait simplement plus de temps.

Lundi 2 mars 1998
/!\ TW : Scène de torture /!\

« Livia et toi ? »

Livia. Livia Dwight. Oui, son nom me disait vaguement quelque chose. Elle était plus jeune que moi mais son arrivée à Poudlard cette année avait animé quelques conversations.

« Cl…Clarissa. » répondis-je en tirant une nouvelle fois sur mes menottes.
« Te fatigues pas, elles sont ensorcelées. »

Un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale alors que je ne pouvais empêcher une nouvelle larme rouler sur ma joue. Je ne voulais pas être ici. Je ne pouvais pas. Je … je ne pouvais plus respirer.

« Prépare-toi, ça va pas être une partie de plaisir. » murmura Livia, le regard rivé sur Alecto. « Ferme les yeux et pense à ce qui te rend heureuse. »
« Nooooon ! » criais-je en même temps qu’Alecto lançait un des sortilèges impardonnables.

Je peinais à retrouver ma respiration tandis que le corps de Livia était parcouru de spasmes et que son cri déchirait la pièce. Je criais en même temps qu’elle, me débattant avec mes chaînes. Je ne voulais pas rester ici, je ne voula…

J’arrachais cette fois-ci un cri de douleur. Amycus avait levé sa baguette sur moi pour m’intimer au calme. Un clou s’était fiché dans mon tee-shirt, effleurant ma peau.

« Tiens-toi tranquille, ou la prochaine fois, je te l’enfonce dans la main. » dit-il d’une voix glaciale en penchant sa tête vers la mienne.

J’étais terrorisée. Livia se débattait toujours, les mains solidement accrochées. Son visage était déformé par la douleur. Depuis combien de temps subissait-elle le sortilège ? Depuis combien de temps ce sourire mauvais était dessiné sur le visage d’Alecto ?

« Arrêtez ! ARRÊTEZ ! » criais-je, couvrant les cris de Livia.

Alecto redressa sa baguette et le sortilège s’arrêta. Pourtant, Livia ne rouvrit pas les yeux immédiatement. Était-elle inconsciente ? Était-elle … Je déglutis mais ma mâchoire tremblait. Ils avaient parlé de vampire. J’étais une demi-vampire ce qui faisait de Livia une vampire. Elle ne pouvait être tuée par un simple sortilège, même impardonnable. Je sentis mon dîner remonter dans mon estomac et je me détournais du corps de Livia.

Alecto et Amycus faisaient le compte de secondes, se délectant de leur pari.

« Je crois que la rouquine réclamait son tour. »
« Dans ce cas … »

Je relevais les yeux pour voir Amycus pencher son visage près du mien. Ses cheveux gras touchaient mon front et son haleine avait des relents qui auraient pu finir de me donner envie de vomir si je n’avais pas retenu ma respiration.

« Je vais être très délicat … » susurra-t-il, près de mon oreille.

Tout mon corps trembla à ce souffle si proche de ma peau et je cherchais à me débattre. Mais le clou était solidement ancré dans le mur. Je cherchais alors à donner un coup de pied à l’homme, espérant lui montrer de quel bois je me chauffais. Je n’étais pas courageuse, mais je ne voulais pas me laisser faire sans me battre. Ce fut pourtant à ce moment-là que mon tee-shirt céda. J’étouffais un cri horrifié en voyant la moitié partir en lambeaux. Là à moitié nue face à mes deux bourreaux, je tremblais davantage. Impossible de ne pas voir non plus le regard lubrique d’Amycus. A cet instant, je compris que dès lors la séance de Doloris terminée, j’aurai sans doute droit à une séance spéciale avec l’homme. N’ayant plus rien à perdre, je m’agitais une nouvelle fois en criant. L’homme rit davantage et son sortilège me frappa en plein mouvement.

Ce fut comme un million d’épines qui s’enfonçait dans ma peau. J’avais la sensation que mon cerveau était compressé, que l’air me manquait dans ma poitrine. Je rêvais de m’arracher les ongles, les cheveux, la peau pour faire cesser cette douleur. Pourtant, j’étais paralysée. Incapable de bouger. Incapable d’esquisser le moindre geste pour me sauver. Tout n’était que sang, souffrance. Je ne voyais plus rien. Je n’entendais plus rien. J’avais perdu la sensation de tout.

Lorsque je repris conscience, ce fut le regard bleu de David que je croisais en premier.

« Clary … » souffla-t-il.

Je n’osais pas bouger. J’avais l’impression que tout mon corps était meurtri. Pourtant, je récupérais petit à petit mes facultés. J’avais été détachée des menottes. Ma joue était collée contre le sol froid de la pièce.

« Lève-toi, Clary … »

Il fallait que j’obéisse. Le regard de David était inquiet. Il regardait tantôt vers moi, tantôt derrière lui. C’est alors que je compris que quelque chose n’allait pas. Je me fis violence pour prendre la main de David et me redresser. Je ne pus contenir un gémissement de douleur lorsque mes membres se mirent en mouvement. Mes yeux étaient encore humides d’avoir pleuré et ma bouche était sèche. David quitta son pull de Poufsouffle et le passa par-dessus ma tête, couvrant ma poitrine.

Les Carrow avaient disparu de la pièce, mais Livia était encore là. Elle aussi avait été libérée de ses chaînes et frottait ses poignets. Son regard croisa le mien. Oh Merlin … Nous avions vraiment vécu ce que nous avions vécu ?

« Il faut partir de là. Les jumeaux ne pourront pas les retenir longtemps … »

Je regardais tour à tour David et Livia pour avoir une explication. Les jumeaux ? Ron et Sam ? Qu’avaient-ils fait ?

@ Victoire


Mattéo Black-Peretti
Contexte
Nous sommes le vendredi 12 février 1999. Mattéo Dwight est élève à Poudlard en 6ème année, dans la maison des Serdaigle. Vampire, il faisait autrefois parti du clan Dwight sous le nom de Malachai Dwight. Mais son père adoptif, Adrian, et sa cousine, Livia, ont quitté le clan de vampire pour entamer une nouvelle vie. Mattéo espère aussi trouver une rune permettant de guérir le vampirisme.

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« T'es malade. » souffla la voix de Livia.

Mattéo resserra sa main sur sa baguette mais ne bougea pas. Il n’avait pas prévu que Livia vienne ici. Voilà pourquoi il préférait mener ses expériences dans son propre laboratoire dans la campagne écossaise, aux alentours de Poudlard. Il était certain de ne pas être dérangé là-bas. Or, cette fois-ci, il n’avait pas eu le choix de rentrer à l’Arène. Dans les sous-sols, Adrian ne s’y rendait que rarement et Mattéo aurait eu le temps de tout nettoyer avant qu’il n’y vienne. Mais voilà … Livia était là.

« Il y a quelque chose qui ne va pas chez toi. » continua-t-elle.

Son regard parcourait les grimoires de runes anciennes que Mattéo avait emprunté à divers endroits, et pas seulement à la réserve de Poudlard. Des fioles de potion bouillaient encore et dans un coin, des réserves de sang précieusement étiquetées. Livia semblait horrifiée par ce qu’elle voyait et le cerveau de Mattéo réfléchissait rapidement à une solution.

« Pourquoi ? »

Sa voix était aussi faible qu’un murmure. Puis ses yeux se posèrent sur le dernier cobaye de Mattéo. Lily avait été forte même si elle n’avait cessé de poser des questions tout le long. Mattéo avait du user du sortilège de mutisme pour s’épargner ses jérémiades. Il aimait travailler dans le silence.

Il pencha la tête sur le côté lorsque Livia s’approcha de Lily, solidement attachée à son siège d’expérience. Devait-il la tuer ? C’était la solution qui lui venait naturellement en tête. Tuer Livia avait toujours été quelque chose qu’il avait envisagé. Elle ne l’avait jamais compris, ne l’avait jamais défendu. Elle était aussi ignoble que ces autres vampires Dwight. Solitaire, froide, distante. Allait-elle lui faire la leçon alors qu’elle faisait sans doute pire ?

Oui, il aurait aimé la tuer. Cela aurait résolu bien des problèmes. Mais il restait un problème majeur : Adrian. Il n’aurait jamais supporté sa perte. S’il n’avait été qu’un oncle pour Livia, il l’avait pourtant élevé autant que Mattéo. Et Adrian était sans doute le seul vampire que Mattéo respectait encore. Non, il allait devoir trouver une autre solution pour que Livia garde le silence. Il allait tenter de lui parler. Sinon … un sortilège Impero ou une rune du secret feraient l’affaire.

« Tu vas rentrer chez toi tranquillement, je suis désolée de ce que mon détestable cousin t'a fait subir mais au moment où tu franchiras les portes de l'Arène, tu oublieras tout ce qu'il s'est passé. » souffla Livia à la vampire.

Elle défit ses liens et Lily se leva de son siège. Son corps tremblait. Mattéo secoua la tête. Non, Livia, tu ne faisais pas les choses dans les règles. Comme ayant lu dans ses pensées, Livia se tourna vers lui, comme le mettant au défi de la contrarier.

« Tu me dégoûtes. »

Et elle tourna les talons. Non ! Il ne fallait surtout pas ! Mattéo s’efforça de ravaler sa colère pour prendre un air peiné.

« Liv' laisse-moi t'expliquer. » dit-il.

Utiliser son surnom. Prendre une voix plaintive. Ses poings s’étaient contractés alors qu’il n’avait toujours pas bougé. Il était un vampire, c’était typiquement humain d’être toujours en mouvement.

« S’il te plait, attends avant de partir. Donne-moi une chance de répondre à ton pourquoi. »

Livia s’était retournée vers lui et Mattéo leva ses yeux rouges suppliants vers elle.

« S’il te plait. » répéta-t-il.

Et comme un geste de paix, il lança sa baguette au loin. Il était prêt à lui parler sans arme. Même si, en tant que vampire, il n’avait pas besoin d’une baguette pour se défendre. Même si, en tant que Mattéo Dwight, il avait toujours une baguette de secours sous son tee-shirt, dans son dos. Cependant, Livia était douée au combat. Elle avait toujours été la meilleure d’eux deux. Elle avait un véritable don. Et Mattéo ne pouvait espérer la battre ainsi. Aussi, il devait se servir de sa meilleure arme : la manipulation.

« Si je … je fais tout ça … Je ne voulais pas blesser cette fille ! » dit-il, butant exprès sur les mots. « Livia, il faut que tu la rappelles pour que je la soigne et lui fasse oublier. »

Sa mâchoire se serra et il déglutit comme ravalant des sanglots.

« Je les traite toujours de la meilleure façon qui soit. Ils ne gardent aucun souvenir de ce qu’ils vivent ici et je les soigne grâce à ça. »

Il se déplaça dans la pièce et souleva une fiole de couleur rouge béton.

« C’est du sang de vampire auquel j’ai isolé les cellules régénératrices. Une gorgée de cette potion leur permet de guérir toutes les blessures physiques. »

Mais cela ne rassurait pas Livia. Au contraire, elle menaça de tourner les talons.

« Attends ! Liv’, tu sais pourquoi je fais tout ça. Tu le sais, c’est ça le pire ! »

A nouveau, il implora la jeune femme du regard. Son visage se contractait, sous la peine, la colère et la tristesse.

« Je … me hais. Je me hais tellement, tu ne peux pas savoir. Je hais celui que je suis. Je … je n’ai jamais voulu tout ça, moi. Toi non plus, tu n’avais rien demandé quand on t’a enlevé en tant que bébé. Mais tu as réussi à t’adapter. Regarde-toi. Tu es magnifique. Une véritable vampire Dwight. »

Son regard rayonnait de fierté et ses lèvres se retroussèrent dans un coin comme un sourire. Puis ses yeux se baissèrent sur le sol.

« Moi … je n’ai jamais ressenti ce que tu ressens. J’ai toujours été laissé pour compte. Je n’ai jamais su me battre comme tu le faisais. On m’a balayé dans la poussière, piétiné. Je n’ai jamais eu de famille. Même Adrian ne disait rien quand les autres me laissaient à moitié mort sur le sol ! Je n’ai jamais demandé à être un Dwight. Ni à être un vampire. »

S’il avait su pleurer, une larme aurait surement roulé sur ses joues. Il tomba à genoux, comme abattu par le chagrin. Ses poings se serraient et se desserraient.

« Je ne veux pas … être un vampire. Je veux être maître de mon destin. Tu comprends, Liv’ ? Toute ma vie, on a décidé les choses à ma place. Mais je refuse de continuer ça. Je veux être humain. Je veux désespérément et terriblement être humain. Liv’, dis-moi que tu comprends. Je t’en prie. Je ne peux plus vivre comme ça. Je ne … »

Ses mots se bloquèrent dans sa gorge. La fatalité d’être un vampire. Ne pas pouvoir exprimer ses émotions comme un véritable humain. Perdre des sensations que seul un humain pouvait ressentir. Combien n’aurait-il pas donné pour pouvoir pleurer un jour ?

« Je sais que je suis tout proche de réussir. Je le sens. Il ne me manque pas grand-chose. » poursuivit-il. « Et je te promets que je fais ce qu’il y a de mieux pour eux. »

Sa main se tendit dans le couloir derrière Livia.

« Je leur donne ce sérum de guérison. J’efface leurs souvenirs. Ils ne ressentent rien. Je te le promets. »

Il se releva, titubant légèrement, avant de faire quelques pas vers Livia.

« Je t’en prie, rappelle-la. Il le faut. »

Il tendit une main vers elle, ce regard à nouveau implorant vers elle.

« S’il te plait. Si le mot famille a bien un sens pour toi, si tu es véritablement ma cousine … aide-moi. Aide-moi à ne plus souffrir. »

Sa main tremblait légèrement et il déglutit. Son regard se plongea dans le sien, se baissant de temps en temps, comme ne voulant pas montrer trop d’émotions. Il avait sa fierté après tout !

@ Victoire

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Clarissa McGregor

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