En essayant de bavarder avec le frère de Spencer, qui partageait certains cours avec lui, j’avais fini par remarquer que Sal n’était pas souvent là. Il faut bien avouer qu’il était difficile pour lui de passer inaperçu. Et puis, peu à peu, j’avais observé qu’il revenait de plus en plus régulièrement en cours. Il n’est pas rare que certains élèves soient absents – après tout nous sommes dans une école de magie où les possibilités de se blesser sont infinies – mais pas sur une aussi longue période. Pas, non plus, sur seulement certaines plages horaires. Tout cela pointait dans une seule direction : Sal devait suivre un traitement médical à Sainte-Mangouste, ou quelque chose d’approchant. Les raisons ne m’intéressaient pas vraiment : je voyais juste une occasion de l’aider. J’ai toujours aimé aider mon prochain, sans me soucier de cacher que cela me faisait sentir bien. Encore une fois, je ne suis pas versée dans l’hypocrisie. Je profitais du fait que Spence était partie en avance pour suivre son cours de Vol – est-ce qu’elle avait eu le temps de finir son petit-déjeuner, ou est-ce que je devrais l’attendre pendant la récréation avec des petits pains ? - pour me glisser vers la table des Serdaigle.
« Sal Denvers ? » J’attendis qu’il se tourne vers moi, avant de lui sourire gentiment. Peut-être allait-il prendre cela pour de la pitié, mais ce n’en était pas. Si je pouvais l’aider, je ne vois pas pourquoi je m’en priverai. « Je ne crois pas que tu saches qui je suis. Je suis Maggie, et il y a quelqu’un dans ta classe qui m’a dit que tu devais rattraper certains cours ? » Ce quelqu’un, j’avais l’intention de lui coller l’étiquette de Lemony si jamais il me posait la question. Ce serait un pieux mensonge, sachant que Lemony était dans l’incapacité de remarquer quoi que ce soit autour de lui. Je me demandais même s’il était conscient qu’un élève portant un masque était présent à ses cours depuis déjà quatre ans et demi. « Je peux t’aider, si tu veux. Faire un peu de soutien scolaire, en somme. » Je m’arrêta, cherchant comment tourner ma phrase de justification : « Je sais que cela peut paraître bizarre de ma part, mais je n’ai pas un intérêt morbide. C’est juste qu’il ne me semble pas juste que tu sois pénalisé par tes absences. Donc, si je peux y remédier… » Je lançais un nouveau sourire au jeune homme. J’avais trouvé le mot que je cherchais. Ce n’est pas la pitié qui m’animait : c’était de la compassion.
Writer of the Mind ☼