Once you're happy, you have so much more to loose Avec Enzo Drymörk ☾ Dimanche 1er septembre 1996
La journée en train avait été longue. J'étais restée seule, dans un compartiment, à regarder le paysage défiler. Je tenais très fort entre mes doits la lettre qui expliquait à Hécate Voisin qu'elle pouvait aller à Poudlard. Pas Belladone Elmas. Hécate Voisin. Mon passé était mort et enterré. Tous les orphelins qui me connaissaient allaient la boucler, parce qu'ils avaient peur de moi, de ce que j'allais pouvoir leur faire faire si ils se décidaient à l'ouvrir. Cest rassurée, avec cette idée en tête, que je suivais le mouvement des premières années. Bateau, discours du professeur avant de nous faire entrer dans la Grande Salle. Je regardais le fameux Choixpeau, dont les orphelins plus vieux nous avaient décrit avant la rentrée, quand j'entendis mon nom. Pas Hécate Voisin, non. Belladone Elmas.
Je me tournais vers celui qui avait osé prononcer ce nom, quand je me figeais. Ce n'était pas quelqu'un de l'orphelinat, non. Mais c'était bien quelqu'un que je connaissais. « Enzo…? » Qu'est-ce qu'il faisait là ? Je l'avais rencontré, bien plus petite, quand lui aussi était en foyer. Mais moldu. A l'époque, je pensais qu'il était comme moi. Puis, il avait disparu. Je ne pensais pas que j'avais réellement raison. « N'utilise pas ce nom ! » Je sifflais entre mes dents, en regardant autour de moi. Je ne voulais pas qu'on l'entende ! J'avais une nouvelle vie à construire, et ce n'est pas lui qui allait tout gâcher. Heureusement, je fus sauvée quand son nom fut appelé. « Drymörk, Lorenzo ! » Il me jeta un dernier regard, avant de s'avancer.
Je ne le quittais pas des yeux quand il s'assit sur le tabouret, avant de se faire poser le Choixpeau sur la tête. « GRYFFONDOR ! » Des applaudissements se levèrent à une table, alors que Enzo semblait un peu… Surpris ? Par le choix de sa maison, par le fait de me croiser ici, ou encore une autre raison ? J'avais le temps d'y penser, mon nom était en fin de liste. « Voisin, Hécate ! » Je me dirigeais à mon tour vers le tabouret, quand le Choixpeau se posa sur ma tête. « Il me semble que ce n'est pas ton vrai nom… » Susurra le chapeau à mes oreilles. Je me retins de répondre, de même hausser les épaules. Je devais avoir l'air le plus passive possible, dans l'attente du nom de ma Maison. « Voyons voir… Oui, je vois… Je pense que tu conviendras très bien à… SERPENTARD ! » Le professeur retira le Choixpeau de ma tête, avant que je ne me dirige vers la table qui applaudissait le plus. Au moins, j'avais pu me tenir loin de Enzo.
☾ Lundi 2 septembre 1996
Je ne savais pas que nous serions réunis avec d'autres Maisons pour les cours. A 9 heures, j'eus Potions avec les Serdaigles, et à 10 heures, cours de vol, avec toutes les Maisons. Il y avait tellement de monde que j'avais réussi à éviter Enzo, mais il réussit à me trouver alors que j'étais planquée dans la bibliothèque. « Il y a une raison pour laquelle tu me suis depuis ce matin ? » Ce nom, encore ce nom maudit qu'il utilisait dans sa bouche. Parfois, je regrettais de l'avoir rencontré, il y a plusieurs années ! Je finis par mettre ma main sur sa bouche, pour l'empêcher de parler. « Arrête avec ce nom ! Il n'existe plus, ok ? Et si te tais, je t'expliquerai pourquoi ! » Peut-être. Je finis par retirer doucement ma main, avant de le regarder, et je me rassis à ma table.
« Pourquoi ça t'intéresses tant, de savoir pourquoi j'ai changé de nom ? » Je croisais les bras, en le regardant avec un air de défi, en me rappelant mon mantra, celui que j'utilisais depuis peu. Éloigne-toi avant de te faire trahir.« Je ne veux plus utiliser le nom de Belladone Elmas. Ça fait écho à un passé que j'essaie de gommer pour construire ma vie correctement. C'est Hécate Voisin, maintenant. » J'espérais vraiment qu'il utiliserait ce nom, désormais. Et au pire, j'étais parfaitement capable de refaire la potion qui avait rendu malade ceux qui avaient osé me titiller sur mon changement d'identité, à Poudlard. « Tu vois, je te l'avais dit, que tu étais comme moi. » Je lui lançais un petit sourire. Cette fois, je faisais écho à notre première rencontre. Comme quoi, j'avais raison. « Il y a un autre Drymörk qui a rejoint Gryffondor. Qui te ressemble beaucoup. Je suppose que c'est ton jumeau ? » Je parlais doucement, en commençant à ouvrir un premier manuel. Je ne voulais surtout pas que la bibliothécaire, qui n'avait pas un air commode, vienne et nous vire sous prétexte qu'on parlait sans travailler. :copyright:️ Justayne
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☾ I inherited the sin, and I become the monster that I was born from ☽
Nous sommes le dimanche 1er septembre 1996. Lorenzo, surnommé Enzo, est en quelques sorte un orphelin. Elevé par un père violent et des demi-frères qui le haïssent, Enzo fait de son mieux pour cacher les blessures qu'il récolte de la maison. A l'école, il a plutôt la réputation d'un garçon drôle mais bagarreur. Aujourd'hui encore en est le parfait exemple ...
Once you're happy, you have so much more to loose
« Qu’est-ce’tu veux ? »
Le garçon, un petit blondinet aux joues rouges, s’écarta aussitôt, ne voulant visiblement pas d’ennui dès son premier jour à Poudlard. Tant mieux. Enzo non plus. Parce que si qui que ce soit lui chercher des noises, on l’accuserait aussitôt et il serait renvoyé chez son père. Et ça, il ne voulait pas. Même s’il devait supporter la présence de Bastian, il y avait des tas d’autres personnes à rencontrer.
Enzo était nerveux. Il détestait la nouveauté. Et ce château, avec ces nouvelles odeurs, ces nouveaux sons, le déstabilisaient. Il était sur la défensive dès que quelqu’un lui parlait ou esquissait un sourire dans sa direction. Visage fermé, il regardait autour de lui avec une impression qu’il allait défoncer tout le monde. Pourtant, au fond de lui, il se sentait chanceux d’être ici. Plus à supporter la présence de son père toujours de mauvaise humeur, plus à supporter les putains de cours de musique dont il n’avait rien à foutre, plus à être enfermé dans ce putain de placard sombre. Et peut-être plus à supporter une chambre près de Bastian.
Il tourna discrètement la tête vers le jeune garçon à ses côtés. Il était difficile de croire qu’ils étaient jumeaux. Ils partageaient toujours les cheveux blonds et le regard clair de leur mère, mais là s’arrêtait leur ressemblance. Bastian tourna la tête vers lui et haussa un sourcil hautain dans sa direction. Enzo émit un bruit entre le grognement et le rire tandis qu’un professeur arrivait vers eux.
Grande, sèche, un chapeau pointu sur la tête et des lunettes sévères sur le nez, Enzo sentait qu’il ne l’aimerait pas beaucoup. Pourtant, à ses premiers mots, elle semblait dégager quelque chose qui imposait le respect. Pas comme Sangwoo.
« … allez être réparti dans les maisons de Poudlard. » entama le professeur de sa voix stricte. « Elles sont au nombre de quatre : Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. »
Quelques élèves se mirent à murmurer, comme ayant compris un double-sens dans les paroles du professeur. Enzo fronça les sourcils et enfonça les mains dans les poches de sa robe de sorcier. Elle était toute neuve et à la dernière mode. Son père avait tenu à qu’Enzo et Bastian fassent sensation en tant que pupilles de Sangwoo Yoon. Même s’il avait déclaré être leur père, Enzo et Bastian ne portaient pas son nom. Ils ne les avaient jamais reconnus dans les règles de l’art, et ils portaient donc le nom de leur mère, Drymörk.
« Allons-y ! » annonça le professeur.
Elle se retourna et d’un geste de la main, elle fit ouvrir les portes en bois. Surpris et un peu émerveillé, Enzo avança avec le flot des élèves à l’intérieur. Un garçon – sans doute un petit intello avec ses lunettes et sa chemise parfaitement repassée – expliquait à quiconque voulait l’écouter qu’il s’agissait de la Grande Salle et que cette pièce comportait un plafond magique qui imitait le ciel de l’extérieur. Enzo leva les yeux pour observer le ciel sombre et nuageux. Des bougies flottaient au-dessus de sa tête et il craignit de recevoir de la cire dessus.
Il regarda alors un peu autour de lui tandis qu’ils avançaient jusqu’à une estrade. Il y avait quatre longues tables desquelles des dizaines d’élèves les regardaient.
Quatre couleurs se distinguaient : le bleu, le vert, le jaune et le rouge. Son père avait engagé un tuteur durant l’été pour leur enseigner tout ce qu’ils devaient savoir sur Poudlard et même si Enzo avait démontré une fâcheuse tendance à ne pas écouter, il avait parfaitement retenu ce qu’il y avait à savoir. Notamment, il était pratiquement sûr que Sebastian finirait à Serpentard avec son caractère de petit con. Tout ce qu’Enzo avait à faire était de viser une des autres maisons. Bon, peut-être pas les Serdaigle car il ne serait de toute évidence pas assez doué pour intégrer les intellos. Mais Gryffondor ou Poufsouffle lui paraissait assez sympa. Au moins, il aurait un dortoir éloigné de celui de son jumeau.
Un sourire commença à se former sur ses lèvres en imaginant toute une année scolaire sans sa famille de merde. Ouais, il allait finir par s’habituer à cet endroit …
Au pied de l’estrade était posé un tabouret sur lequel un chapeau tout chiffonné était posé dessus. Poudlard ne semblait pas rouler sur l’or … Il regarda autour de lui avant de finir par reconnaître Christopher Elton qui s’approcha de lui en croisant son regard. Il connaissait Chris depuis quelques années maintenant et, quand il s’enfuyait dans les rues de Londres, c’était en général pour le rejoindre. Regonflé par la présence de son ami, Enzo se força à se détendre.
« Lorsque j'appellerai votre nom, vous vous assiérez sur ce tabouret et le Choixpeau magique vous répartira dans vos maisons... »
Enzo haussa un sourcil et lâcha un rire. Bastian lui mit aussitôt un coup de coude dans les côtes et Enzo grimaça, en souvenir du bleu que lui avait collé Aaron deux jours plus tôt. Un à un, les élèves commencèrent à s’avancer, appelés un à un par le professeur.
En regardant alors le reste de 1ère année qui était avec lui, Enzo fut soudain frappé par un visage. Une jeune fille se tenait là, le visage mât, les cheveux frisés et un nez sur lequel reposaient diverses tâches de rousseur.
« Bella ? » murmura Enzo.
Bastian tourna la tête vers Enzo puis vers la fille qu’il regardait avant de se reconcentrer sur la répartition. Bastian ne connaissait pas cette fille, mais Enzo, si.
« Belladone, hey ! »
La jeune fille fronça les sourcils avant de trouver la personne qui l’appelait.
« Enzo…? » dit-elle.
Oui, aucun doute, c’était bien elle. Le sourire d’Enzo s’élargit à nouveau. Tout d’un coup, en voyant des visages connus, familiers, il se sentait déjà beaucoup mieux. Il ne serait pas seul dans cette aventure. Belladone Elmas était une fille qu’il avait rencontré il y avait très longtemps, quand il était encore à l’orphelinat. Quand Sangwoo était venu les chercher, lui et Bastian, il s’était éloigné du quartier où il avait connu Belladone et ne l’avait plus revu. Mais là, il ne faisait aucun doute que c’était elle.
« Ouais, c’est moi. Putain, Bella, tu … » « N'utilise pas ce nom ! » siffla-t-elle.
Enzo fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle réagissait ainsi. Mais il n’eut pas le loisir de lui demander que la voix du professeur appela son nom.
« Drymörk, Lorenzo ! »
Enzo jeta un dernier regard vers Belladone, encore étonné par sa réaction, avant d’avancer comme les autres l’avaient fait. A nouveau, la nervosité le gagna. Il détestait ça. Ne pas être dans son élément et être affiché par tout le monde. Il avait l’impression que les gamins de l’orphelinat allaient arriver pour lui lancer des cailloux. Ou bien qu’Aaron et Dorian allaient débarquer pour l’humilier davantage.
Il arriva sur l’estrade et s’assit sur le tabouret. Plus d’une centaine de paire d’yeux était tournée vers lui mais soudain, tout disparut quand le professeur posa le chapeau sur sa tête, s’enfonçant même sur ses yeux. Une voix commença alors à s’insinuer dans sa tête et Enzo tressaillit malgré lui.
« Ah … un téméraire … avec un furieux désir de faire ses preuves. Je vois des prises de risque inconsidérés, mais une furieuse envie de se battre et de vivre. Tu protèges tes amis et ta loyauté pourrait t’envoyer sur la route des Poufsouffle si seulement … non, je vais rester sur mon idée première … »
Enzo déglutit et croisa les doigts derrière son dos alors que le Choixpeau criait avec fierté :
« GRYFFONDOR ! »
Enzo recouvra la vue alors que le professeur retirait le chapeau de sur ses yeux. Une table s’était levée derrière le groupe de 1ère année et applaudissait, pressée visiblement qu’Enzo arrive jusqu’à eux. Soulagé d’un poids, Enzo quitta le tabouret et gagna la table. Un garçon de 3ème année lui donna une tape dans le dos tandis que deux 5ème année lui serraient la main.
« Bienvenue ! » disaient-ils.
Etonnant. Les garçons de l’orphelinat n’étaient pas aussi chaleureux.
« Drymörk, Sebastian ! »
Enzo tourna la tête un peu trop rapidement vers l’estrade où Bastian montait les marches, le dos droit et l’allure parfaite. A nouveau Enzo croisa les doigts, espérant que le garçon serait envoyé à Serpentard. Mais alors …
« GRYFFONDOR ! » « Non … »
Les élèves de Gryffondor se levèrent une nouvelle fois pour acclamer l’arrivée de Sebastian. Mais Enzo restait hagard, le poing de plus en plus serré. Sebastian arriva alors à côté de lui. Enzo en était certain, il arborait son petit sourire empli de fierté. Il avait triché, ce n’était pas possible sinon ? Avait-il trouvé un moyen de corrompre le Choixpeau ? Aaron et Dorian l’avaient-ils aidé ? Sangwoo y était-il pour quelque chose ?
Enzo ne leva jamais la tête vers Bastian. Au contraire, il claqua la table d’un coup sec et fort et se déplaça pour s’enfoncer plus loin dans la table des Gryffondor. Un espace, petit et étroit, restait entre deux 6ème année. Sans poser de questions, Enzo s’y installa, interrompant visiblement des conversations sur un certain Voldemort. Mais Enzo n’y prêta pas attention. Tout ce qu’il vit ensuite c’est Christopher atterrir chez les Serdaigle et Belladone chez les Serpentard.
A nouveau, Enzo était seul avec Bastian.
☼ Lundi 2 septembre 1996 ☼
Enzo avait passé une nuit passablement désagréable. Contrarié par la présence de Bastian dans son dortoir, il n’avait pas pu dormir sur ses deux oreilles. Il ne cessait de se tourner et se retourner, une angoisse montant. Ce n’était pas ses draps habituels, ni l’odeur familière des Yoon. Des bruits étranges résonnaient dans la tour des Gryffondor et des fantômes flottaient par-ci par-là. Même les tableaux parlaient entre eux. Finalement à 2h du matin, Enzo avait pris une couette et était descendu dans la salle commune pour dormir près du feu. Il avait finalement réussi à dormir quelques heures avant que les premières élèves ne descendent pour aller profiter du petit-déjeuner.
De retour dans la Grande Salle, Enzo s’était efforcé de ne pas regarder Bastian, tout frais, tout pimpant, impeccable. Enzo n’avait pas réussi à attacher correctement sa cravate et sa chemise dépassait de son pantalon par endroit. Ses cheveux ne ressemblaient pas à grand-chose mais il s’en foutait pas mal. D’ailleurs, son emploi du temps ne le ravissait guère quand il voyait qu’il commençait par Histoire de la magie avec les Poufsouffle, puis avec cours de vol. Ce deuxième cours était plutôt intéressant et il avait pu revoir Chris et Belladone. Plusieurs fois, il avait essayé d’attirer l’attention de la jeune fille mais celle-ci semblait refuser catégoriquement de lui répondre.
A 11h00, Enzo avait une heure de libre avant le repas. En revanche, Chris partait en cours avec les Poufsouffle. Aussi, peu envieux de rester dans les pattes de son frère, Enzo choisit de suivre discrètement Belladone. Solitaire mais sachant visiblement ce qu’elle faisait, elle se dirigea d’un bon pas vers la bibliothèque. Enzo hésita à rentrer avant de saluer finalement la professeur, une certaine Mme Pince qui le rabroua quant à sa tenue. Après avoir échappé à ses griffes, Enzo trouva Belladone un peu plus loin, sur une table où elle avait commencé à sortir plume et encrier.
« Il y a une raison pour laquelle tu me suis depuis ce matin ? » demanda-t-elle sans même lever la tête, sachant pertinemment qu’il était là, derrière elle, à l’observer.
Choisissant alors de se dévoiler, Enzo s’avança entre les étagères et se posa devant la table de la jeune fille.
« Bah … on était amis avant … » dit-il. « Mais il y a un truc que je ne comprends pas. Hier, le professeur t’a appelé Hécate. Alors que tu m’as dit que tu t’appelais Belladone. »
Il fronça les sourcils.
« Promis, j’arrête de t’emmerder après, mais faut que tu répondes à ma question … Belladone. »
Il sourit, en voyant qu’elle tiquait à chaque fois à l’entente de ce nom.
« Belladone, Belladone, Bell … »
La jeune fille plaqua aussitôt ses mains sur sa bouche, l’intimant de se taire. Elle avait un regard sévère et Enzo se dit qu’il aurait peut-être dû se méfier d’elle. Enfant, elle avait un caractère déjà bien trempé et là, en possession d’une baguette magique, qui sait ce qu’elle était capable de faire ?
« Arrête avec ce nom ! Il n'existe plus, ok ? Et si te tais, je t'expliquerai pourquoi ! » « Ok ok … » dit-il en levant les mains en signe de reddition. « Alors, pourquoi ? »
La Serpentard fronça les sourcils avant de s’asseoir.
« Pourquoi ça t'intéresse tant, de savoir pourquoi j'ai changé de nom ? »
A son tour, Enzo s’installa face à elle.
« Bah … t’es un peu la seule personne que je connaisse ici, à part Chris. Alors, j’imagine que si je veux être encore ami avec toi, il faut que je t’appelle par ton nouveau prénom. Mais avant, je veux savoir pourquoi. » « Je ne veux plus utiliser le nom de Belladone Elmas. Ça fait écho à un passé que j'essaie de gommer pour construire ma vie correctement. C'est Hécate Voisin, maintenant. »
Ce fut cette fois-ci au tour d’Enzo de hausser un sourcil. Pourtant, il ne répondit pas tout de suite. Pour une fois, il ne voulait pas sortir une connerie en parlant trop vite.
« Tu vois, je te l'avais dit, que tu étais comme moi. » dit-elle alors.
Enzo répondit à son sourire également.
« Ouais … » répondit-il seulement.
La première fois qu’il avait fait de la magie, c’était quand son père l’avait enfermé dans ce placard de merde. Il avait vraiment peur du noir et avait réussi à créer une boule de lumière pour le réconforter. Ce n’était pas forcément un souvenir très agréable.
« Il y a un autre Drymörk qui a rejoint Gryffondor. Qui te ressemble beaucoup. Je suppose que c'est ton jumeau ? » « Ouais. » répéta-t-il.
Il attrapa l’une des plumes de la jeune fille et commença à jouer avec entre ses doigts, se souciant peu de faire tomber de l’encre sur la table.
« Un petit merdeux. » dit-il avec un sourire sans joie. « Ecoute, on va faire un truc tous les deux. »
Il pointa la jeune fille de sa plume qu’elle essaya de récupérer avant qu’Enzo ne la lève en l’air pour qu’elle ne puisse pas l’atteindre.
« Je te promets de ne plus jamais prononcer ton autre … nom. En échange, on ne parle jamais de mon connard de frère. »
Il haussa un sourcil avant de redescendre la plume à la hauteur de la jeune fille qui s’en saisit aussitôt. Mais Enzo ne lâcha pas la plume avant d’avoir eu la réponse de la Serpentard.
« Alors, on est à nouveau amis, Hécate ? »
☼ Lundi 6 janvier 1997 ☼
« Je t’en pose moi des questions ? » grogna Enzo.
Arsène commençait sérieusement à le chauffer. Déjà que ça le faisait chier de partager son dortoir avec Bastian, il fallait aussi qu’il y ait ce fouineur de merde. Cela faisait plusieurs mois maintenant qu’ils partageaient la même chambre mais il n’avait jamais cherché à faire davantage connaissance avec Arsène. De toute évidence, ils n’avaient pas vraiment d’atomes crochus alors ça n’servait à rien de forcer les choses. Et Enzo était très bien avec ses amis, à savoir Hécate et Chris. Il n’avait besoin de personne d’autre. Et certainement pas d’un petit merdeux dans le genre de Nightshade qui venait lui demander comment il avait eu ce bleu sur la jambe.
Bastian lâcha un rire hautain, l’air de dire « mon frère s’attire toujours les pires ennuis de la Terre » et quitta le dortoir. Enzo sentit une folle rage monter en lui en le voyant s’éloigner. Il rêvait de le suivre et de le tabasser dans les escaliers menant à la salle commune, rien que pour lui faire passer son petit sourire de merde.
Arsène dit quelque chose et Enzo balança son sac sur son épaule.
« Ferme-la Arsène, je t’aime pas de toute façon. » balança-t-il en quittant le dortoir.
Et c’était reparti. Après le retour de vacances, Enzo enchaînait l’histoire de la magie et le vol. Au moins, ce deuxième cours ne lui attira pas une remarque du prof. Cependant, il se fit davantage remarquer en début d’après-midi, en plein cours de défense contre les forces du mal. Cette matière aurait pu être sympa si le professeur Rogue ne rendait pas ce cours si soporifique. En plus, il ne cessait d’humilier ce pauvre John.
« Et sinon, on peut reprendre le cours ? » balança Enzo, un tic nerveux agitant sa jambe.
Le professeur Rogue qui était entièrement concentré sur John leva les yeux alors vers Enzo et ses yeux se réduisirent en deux fentes. Enzo n’en était même pas intimidé.
« Mr. Drymörk a décidé d’égayer la pièce par sa présence aujourd’hui ? » susurra le professeur. « C’est juste qu’on pourrait peut-être revoir les sortilèges de je-ne-sais-quoi au lieu de comprendre pourquoi John a oublié de rendre son devoir. » dit-il d’un ton détaché. « Où est votre devoir justement Mr. Drymörk ? »
Le professeur Rogue s’était rapproché de lui alors qu’Enzo jouait toujours nerveusement avec sa plume qu’il faisait tourner entre ses doigts.
« Le chien l’a mangé, professeur. »
Quelques Gryffondor pouffèrent de rire derrière lui et Enzo eut lui-même un sourire. En revanche le professeur Rogue n’esquissa même pas un rictus.
« Mr. Drymörk continue de nous prouver qu’il n’a toujours aucun talent pour le travail et la décence. Vous n’êtes peut-être qu’en 1ère année, mais si vous ne voulez pas être catalogué comme un sorcier de seconde zone, vous feriez mieux de vous mettre rapidement au travail, Mr. Drymörk. »
Enzo haussa les épaules. Le professeur Rogue l’étudia un long moment, comme hésitant sur la manière de répondre. Puis il tourna les talons et se dirigea vers son bureau.
« Une heure de retenue, Mr. Drymörk. Cela vous permettra peut-être de restituer votre devoir et de réfléchir sur votre attitude en classe. » « Une heure de retenue ne changera pas grand-chose … » murmura Enzo.
Mais le professeur Rogue avait entendu et se retourna d’un bond.
« Le mois entier en retenue. Et vous me rédigerez un parchemin de 30cms sur pourquoi vous êtes et serez toujours un incapable. »
Quelques Serpentard émirent quelques sifflements, encourageant la véhémence du professeur Rogue qui regardait Enzo à présent avec une lueur de défi. La chose à ne pas faire avec Enzo … Celui-ci se leva soudain de sa table et riva son regard dans celui du professeur Rogue. Aaron et Dorian avaient souvent esquissé ce geste envers d’autres jeunes. Cela semblait être assez méchant et violent alors, c’était plutôt approprié dans ce genre de cas. Enzo n’avait pas encore 12 ans et ne mesurait pas plus de 1m50. Mais là, devant toute la classe, son doigt leva.
Un majeur destiné au professeur Rogue.
☼ Quelques heures plus tard … ☼
Il restait encore une demi-heure avant que le dîner ne soit servi. Enzo était dehors, dans la cour. Il faisait sombre, la nuit était tombée. Mais la neige tombait doucement à petits flocons. Les mains enfoncées dans son uniforme de sorcier, Enzo ouvrait la bouche pour avaler quelques flocons.
Il était seul jusqu’à ce qu’une personne arrive. Hécate.
« J’n’veux pas en parler. » dit-il sans regarder la jeune fille.
Elle était là, dans cette salle de classe, avec lui. Elle avait tout vu de ce qui s’était passé. Il n’y avait juste rien à en dire. Il était énervé de ces vacances de merde et le professeur Rogue avait abusé. C’était tout.
« Tu pourras me laisser copier sur toi pour ce devoir ? » demanda-t-il en tournant finalement la tête vers Hécate.
Once you're happy, you have so much more to loose Avec Enzo Drymörk & Chris Elton☾ Lundi 2 septembre 1996
Enzo était en train d'attraper une de mes plumes, alors que nous étions en train de parler. Je croisais les bras en le regardant, sans rien dire. J'étais pas vraiment surprise de le voir à Poudlard. Après tout, je le savais, qu'on était pareil. Je lui avais même redit. Histoire de lui montrer que bah… Je pouvais ne plus être fâchée, maintenant qu'il arrêtait d'utiliser mon ancien nom. A la place, je décidais de l'interroger sur ce qui me faisait poser question : la présence d'un autre Drymörk dans le collège. Son jumeau, apparemment. « Un petit merdeux. » Ah. Bon. Je levais un sourcil, un peu surprise de cette réaction. Je n'eus même pas le temps de répondre qu'il enchaîna direct : « Ecoute, on va faire un truc tous les deux. » Je fixais ma plume, et une fois qu'il me la tendis, j'approchais ma main. Mais Enzo la leva en l'air. Je fis la moue, avant de reposer mes yeux sur son visage. « Dis-moi à quoi tu penses. »« Je te promets de ne plus jamais prononcer ton autre … nom. En échange, on ne parle jamais de mon connard de frère. » Lui, au moins, il avait eu la chance de grandir avec un frère, et pas tout seul. Il baissa enfin ma plume que je repris, mais il ne la lâcha pas. Je compris qu'il attendait ma réponse, pour me donner satisfaction. « Si tu veux. Ça me semble bien. » Je soupirais en répondant, et je récupérais enfin ma plume. « Alors, on est à nouveau amis, Hécate ? » Un sourire monta sur mes lèvres. Il avait eu envie de m'emmerder, j'avais bien envie de faire pareil. Je me levais de ma chaise, en rangeant mes affaires. « Je sais pas encore. Je te répondrai demain… Si tu te mets à côté de moi en Histoire de la Magie. » Je lui fis un clin d'oeil, avant de le planter là, amusée, mais surtout, le cœur battant. Est-ce que j'avais le droit d'espérer de me faire de vrais amis ?
☾ Lundi 6 janvier 1997
Le professeur Rogue avait beau être le Directeur de ma Maison, je ne le supportais pas du tout. Je n'en avais rien à faire qu'il avantage injustement les Serpentards. Ce qui me gênait, c'était sa manière d'harceler des élèves qui ne faisaient rien pour le mériter, comme aujourd'hui. Les yeux rivés sur mon manuel, j'essayais de ne pas écouter ce qu'il disait. Comment certains pouvaient le voir comme un héros, alors qu'il était injuste ? Des rumeurs qui disaient que c'était un ancien Mangemort circulaient… Ce qui était aussi l'une des raisons pour lesquelles je ne l'appréciais pas. C'est bien simple, cette secte, soit on les admirait, soit on les évitait. Avec des parents comme les miens, j'avais choisi la seconde solution. Pour ne pas faire de vague. Et c'est bien pour ça que je fixais mon manuel. Je ne voulais pas me faire remarquer. Mais ce n'était pas le cas de tout le monde. « Et sinon, on peut reprendre le cours ? » Je relevais brusquement le regard, en reconnaissant la voix d'Enzo. Même ma voisine, Alice Bennett, délaissa son dessin -des dessins étranges- pour regarder la scène.
Enzo et le professeur Rogue semblaient se toiser. Ce dernier n'avait pas du tout apprécier de se faire interrompre, et comptais bien le faire savoir. « Mr. Drymörk a décidé d’égayer la pièce par sa présence aujourd’hui ? » Ne répond pas Enzo, ne répond pas… « C’est juste qu’on pourrait peut-être revoir les sortilèges de je-ne-sais-quoi au lieu de comprendre pourquoi John a oublié de rendre son devoir. » Bon sang, mais quel abruti ! Loin de se laisser intimider, le professeur Rogue s'approcha de son bureau. « Où est votre devoir justement Mr. Drymörk ? » Donne-lui, donne-lui, donne-lui… « Le chien l’a mangé, professeur. » Je levais les yeux au ciel, pendant que quelques Gryffondors se mirent à rire. Arsène Nightshade siffla même, comme pour le féliciter. Ils savent que le professeur Rogue est injuste, pourquoi ils le poussent comme ça ? Un Gryffondor est brave, donc idiot. Dans ce genre de cas, il faut juste fuir ! Comment ils feront, quand les Mangemorts emprisonnés pourront se faire libérer ? Exactement comme ma mère… Mon plan était tracé : fuir. C'est dingue d'être plus mature que certains !
« Mr. Drymörk continue de nous prouver qu’il n’a toujours aucun talent pour le travail et la décence. Vous n’êtes peut-être qu’en 1ère année, mais si vous ne voulez pas être catalogué comme un sorcier de seconde zone, vous feriez mieux de vous mettre rapidement au travail, Mr. Drymörk. » Le professeur était tellement strict, encore plus que le professeur McGonagall. Même si elle, elle savait se faire respecter par tous ses élèves. Je me tournais vers Enzo, en lui mettant un doigt devant ma bouche, comme pour lui intimer de se taire. Je ne savais pas si il m'avait vue, ou si il commençait enfin à utiliser son cerveau, mais il la boucla. Malheureusement, il haussa les épaules, dans l'attitude la plus je-m'en-foutiste au possible. « Une heure de retenue, Mr. Drymörk. Cela vous permettra peut-être de restituer votre devoir et de réfléchir sur votre attitude en classe. »« Une heure de retenue ne changera pas grand-chose … » Promis, la prochaine fois, je me mets à côté de lui pour lui filer des coups de pied sous la table, et qu'il se décide enfin à se taire. « Le mois entier en retenue. Et vous me rédigerez un parchemin de 30cms sur pourquoi vous êtes et serez toujours un incapable. » Pas cool, vraiment pas cool. Encore moins de la part des Serpentards. Je fusillais ceux qui sifflaient, encourageant notre directeur de maison, avant que mon oeil ne soit attiré par… Enzo, encore. Je me tournais vers lui, les yeux grands ouverts. Effarée, sans rien pouvoir faire, je le vis se lever et fixer le professeur. Avant de lui adresser son majeur.
☾ Quelques heures plus tard …
En sortant de cours, la première chose que je fis était de chercher Enzo. Nos derniers cours n'étaient pas ensemble, mais je me doutais bien qu'il ne passait pas une bonne journée. Il était évident pour tout le monde qu'il était tout le temps sur la crise de nerf. Alors, au lieu de profiter de faire mes devoirs avant le repas, je lui avais concocté un petit quelque chose. Je me mis à sa recherche, avant de le retrouver dehors. Seul. Le voir aussi solitaire me donna un petit coup dans le ventre, comme si il était le reflet de moi-même. Sauf que, contrairement à moi, je voulais que quelqu'un puisse lui tendre la main. « J’n’veux pas en parler. » Ouais, je voulais lui tendre la main, même quand il savait faire sa vraie tête de pioche. « Je ne comptais pas en parler. » Je m'approchais en frissonnant, en regrettant de ne pas avoir pris mon manteau. J'avais seulement ma cape sur moi, et vu le mois, le temps, et la quantité de neige, c'était loin d'être nécessaire. « Tu pourras me laisser copier sur toi pour ce devoir ? » Il tourna enfin la tête vers moi, et je lui souris doucement. « Bien sûr. Mais avant, bois ça. » Je lui tendis le petit gobelet fumant. Pas pour longtemps, si il continuait de le regarder avec cet air aussi suspect.
« Je t'ai préparée une tisane contre le stress. C'est à base de pommier sauvage, pour purifier les pensées, avec quelques gouttes d'huile essentielle de persil, et de la poudre d'épeautre, c'est pour ça que ça risque d'être un peu épais. Et pour après manger, je t'ai préparé des gouttes à base d'amande à boire dans un verre d'eau. » Tout ça allait normalement l'aider à calmer son stress, et le rendre moins nerveux. Du moins pour ce soir. Il allait finir par exploser, si personne ne prenait soin de lui ! Après lui avoir donné une minuscule fiole avec les gouttes à base d'amande, je finis par croiser les bras, pour essayer de me réchauffer un minimum. « Je ne te donnerai pas mon devoir si tu ne bois pas ça. Et chaud, c'est meilleur. Fais-moi confiance. » Même si je ne comptais pas lui avouer, les dons de ma mère m'avait été transmis. Par contre, moi, je ne m'en servais pas pour empoisonner les gens, Merlin merci. « Et peut-être que la prochaine fois, on pourra le faire ensemble. Ou tu pourras le faire avec Chris… Pour t'éviter tous ces ennuis… » Je disais sans aucune trace d'animosité, sans aucune trace de jugement. Mais je ne comprenais pas pourquoi il était du genre à se faire remarquer en faisant chier le monde, plutôt que de s'effacer. Non, vraiment, c'était hors de ma portée.
☾ Mardi 1er septembre 1998
Ça faisait bizarre de remonter dans le Poudlard Express, comme si rien ne s'était passé en mai. Pourtant, l'année précédente est encore bien marquée dans les esprits… Sur le quai, j'avais vu pas mal de parents un peu réticents à l'idée de lâcher leurs enfants à l'école, alors que le train était sur le point de partir. Heureusement, je n'avais pas ce problème. Celui que j'avais était de réussir à faire monter ma grosse valise sans demander de l'aide à personne… A force, quand on est du genre solitaire, on est aussi du genre à ne pas demander de service ! Et puis, j'espérais qu'avec tous les parents sur le quai, je trouverai facilement un compartiment vide… Mais je me rendis compte, très vite, que mes espoirs étaient maigres. Il y avait du monde partout. Fais chier ! C'est pour ça que j'abandonnais, et que je me rabattais sur un compartiment occupé. Occupé, mais avec des personnes que je connaissais. « Salut. Ça vous embête si je m'asseois avec vous ? Tous les autres compartiments sont plein. » Enzo et son meilleur ami Chris levèrent les yeux vers moi.
Une fois que j'eus leur autorisation, je fermais la porte derrière moi, avant d'essayer de monter ma valise dans le filet au-dessus de moi. Trop lourde. J'abandonnais, pour la seconde fois depuis que j'étais montée dans ce train. Je me laissais tomber sur la banquette. « Merci encore de m'accueillir. » Il fallait le reconnaître, je connaissais plus Enzo que Chris. Je connaissais ce dernier de vu, parce que nous étions dans la même année, et le meilleur ami de Enzo. Mais à part ça… C'est pour cette raison que je ne demandais pas comment se passait leur été. Je ne voulais pas faire de gaffe. Et puis, je savais que même Enzo serait vague. Même si il ne disait rien, je n'étais pas stupide, et je voyais bien que quelque chose n'allait pas, depuis nos retrouvailles en première année. Il était tout le temps à bout de nerf, énervé. Quand je le pouvais, je lui filais des trucs pour calmer ses nerfs, mais je savais que ça ne marchait que temporairement. Et sur un temps court. En tout cas, je me doutais que quelque chose le rendait toujours aussi furieux, et mes soupçons avaient fini par se porter sur sa famille, vu sa relation avec son frère jumeau.
« Vous savez si Slughorn pourrait me prêter un chaudron, cette année ? Je n'ai pas eu les moyens pour en racheter un. » Je détestais cette posture de mendicité, mais le ministère de la magie m'avait versé moins d'argent, cet été, pour aider à la reconstruction de Poudlard. Ce que je pouvais comprendre, au fond. Mais du coup, entre les nouveaux bouquins, surtout ceux des options, les ingrédients, et les nouvelles robes parce que j'avais grandi, j'étais à sec. Ok, j'exagérais. J'économisais depuis petite ce que je touchais, donc j'avais une réserve, mais cette réserve devait me servir pour quand je sortirai de Poudlard, pour me casser d'ici. Et cette détermination avait été plus que renforcée depuis que j'avais reçu la première lettre de ma mère cet été. Tout ça parce qu'elle était maintenant surveillée par des Aurors, et non plus par des Détraqueurs… :copyright:️ Justayne
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☾ I inherited the sin, and I become the monster that I was born from ☽
There's a scar in the heart of Happyland, and the shadows are where we used to stand. So we sleep and we dream but our dream don't mean a thing. We could run, but we're puppets on a string. And it goes on, I guess we all fucked up. Welcome to Happyland. Ft. Enzo Drymörk&Hécate Voisin
Once you're happy, you have so much more to loose
1er Septembre 1999 - Mardi
Retour à l'école, c'est toujours la même routine, comme si rien n'avait changé. Mais cette année, se retrouver sur la quai de la voie 9 3/4 face au Poudlard Express, à un goût particulier. La tension est palpable autour de moi, je vois les visages de parents inquiets qui essaient de faire bonne figure devant leur progéniture, et les enfants, surtout les plus jeunes, qui partagent leur sentiment de manière beaucoup moins subtile. Certains pleurent. Après l'année qu'on vient de passer, c'est compréhensible. Pour ma part, une légère appréhension me tenaille mais toute réticence s'évapore très vite quand j'aperçois enfin le visage que je cherchais depuis mon arrivée. Enzo est là.
"Bon, j'y vais." j'annonce à mon père. Comme chaque année on vient toujours passer les deux ou trois dernières semaines des vacances dans la maison familiale de Londres, histoire de pouvoir se préparer tranquillement pour la rentrée. C'est mon moment préféré des vacances d'été, celui où je retrouve mon meilleur ami à coup sûr pour faire les quatre cents coups dans les rues londonienne. Bref, tout ça pour dire que du coup mon père à pour habitude de toujours nous accompagner sur le quai pour nous dire au revoir au départ du train. J'ai tenté de l'en dissuader pour cette fois parce que, ça y est, j'ai plus 4 ans, je peux lui dire au revoir à la maison et m'assurer que mon frère monte à bord. Mais non, il était buté comme un niffleur et il a rien voulu entendre. "On se voit à Noël." je lance à mon père rapidement. Il hoche la tête et me tapote l'épaule d'un geste paternel mais tellement maladroit que ça me met juste mal à l'aise. "Pas de bêtises, envoie un hiboux de temps en temps et garde un oeil sur ton frère." Mon regard glisse vers Zach et je me renfrogne. Déjà il a pas besoin que je le surveille l'enfant chérie et en plus tout l'intérêt de Poudlard c'est que j'ai pas à le supporter au quotidien. "Ouais, ouais." je réponds vaguement. "A plus papa." je conclus, mettant un terme à ce moment peu agréable pour rejoindre mon meilleur pote.
"Caroline O'Connor est totalement en train de te mater." je glisse à l'oreille d'Enzo en arrivant derrière lui. Je lui désigne discrètement vers où regarder pour repérer la jolie Serdaigle mais je crois qu'il s'en branle. J'éclate de rire. "Prêt à retrouver tous tes profs préférés ?" je le taquine en le checkant. Oui bon, on va pas se sauter dans les bras non plus, c'est pas comme si on s'était vu tous les jours pendant trois semaines. Voyant que mon père est toujours là, en train de m'observer de loin, ce qui m'agace, je fais un signe de tête à Enzo pour lui indiquer qu'il est temps d'embarquer. Y a pas encore grand monde d'arriver et on a pas de mal à se trouver un compartiment libre où on peut s'étaler librement. Je peux pas m'empêcher de jeter un dernier coup d'oeil par la fenêtre, juste le temps d'apercevoir une tignasse blonde se précipiter au devant de mon petit frère. Ella Lloyd, sa meilleure amie. Quel abruti, il arrive à faire en sorte qu'une fille comme elle s'intéresse à lui, par je ne sais quel miracle, et il trouve le moyen d'en faire sa meilleure amie. Décidément, on se comprendra jamais lui et moi. "Regarde le, ce sale gosse n'y connaît vraiment rien en fille." je marmonne en levant les yeux au ciel avant de me retourner en entendant une voix inconnue qui attire mon attention loin de ma famille.
"Salut." Bon inconnue, oui et non, c'est Hécate qui vient d'apparaître dans l'embrasure de la porte, une pote d'Enzo mais au delà de ça je la connais pas c'est vrai. "Salut" je lui réponds d'un ton neutre. "Ça vous embête si je m'asseois avec vous ? Tous les autres compartiments sont plein." Je hausse les épaules, parce qu'en vrai je m'en fous moi je la connais pas. Si c'est une pote d'Enzo, probablement qu'elle est sympa mais j'ai pas vraiment d'avis sur elle. Fondamentalement ça m'embête pas, mais je sais pas, je préfère laisser mon ami répondre. Au cas où. Il finit par l'inviter à se joindre à nous et je remarque qu'elle à l'air de galérer un peu avec sa valise. J'hésite à me lever pour l'aider à la monter mais elle semble abandonner le projet en cours de route et se laisse tomber sur la banquette alors je me ravise. "Merci encore de m'accueillir." Oui, bon, c'est pas grand chose en vrai, c'est pas le train de nos darons non plus, on allait pas la laisser faire la route dans le couloir quand même. "Vous savez si Slughorn pourrait me prêter un chaudron, cette année ? Je n'ai pas eu les moyens pour en racheter un." Je hausse un sourcil, j'en ai foutrement aucune idée. Et je suis quasiment sûr avant même qu'il ouvre la bouche pour répondre, qu'Enzo non plus n'en a foutrement aucune idée. "J'en ai un en rab si tu veux, j'avais pris un lot de deux pour en filer un à mon frère mais il s'en était déjà racheté." je lui propose. Parce que j'aurais jamais l'utilité de deux chaudrons donc ça m'arrangerais même carrément qu'elle récupère le mien. "J'le filerais à Enzo, il te l'fera passer." j'ajoute en songeant que ce serait la solution la plus simple.
Le signal de départ ne vas plus tarder à être donné à présent, les retardataires sont encore sur le quai. "Vous croyez que Poudlard va ressembler à quoi maintenant que Dumbledore est mort et que McGonagall est directrice ?" je demande à mes deux compagnons de voyage. L'année précédente avait été longue et angoissante. Si la mort de notre ancien directeur est regrettable, je me demande bien ce qui nous attends sous la direction de notre ancienne prof de métamorphose.
Nous sommes le dimanche 1er septembre 1996. Lorenzo, surnommé Enzo, est en quelques sorte un orphelin. Elevé par un père violent et des demi-frères qui le haïssent, Enzo fait de son mieux pour cacher les blessures qu'il récolte de la maison. A l'école, il a plutôt la réputation d'un garçon drôle mais bagarreur. Aujourd'hui encore en est le parfait exemple ...
Once you're happy, you have so much more to loose
Il n’avait pas retrouvé Hécate depuis longtemps mais s’il y avait une chose qu’il aimait avec elle, c’était qu’elle ne le forçait jamais à faire des choses dont il n’avait pas envie. Enzo n’avait jamais eu d’amis comme elle. Et ce soir, il était heureux qu’elle soit sortie à l’extérieur pour le retrouver. Il ne voulait personne d’autre qu’elle à cet instant. Même si elle frissonnait et devait regretter son manteau épais. Espérant réchauffer ses joues roses, il lui fit esquisser un sourire quand il mentionna l’idée de copier sur elle pour le prochain devoir.
« Bien sûr. » répondit-elle. « Mais avant, bois ça. »
Elle lui montra le gobelet fumant qu’elle tenait à la main. Pas fumant bien longtemps d’ailleurs si elle continuait à le laisser à l’air libre comme ça. Enzo pencha la tête sur le côté.
« C’est quoi ? » « Je t'ai préparée une tisane contre le stress. C'est à base de pommier sauvage, pour purifier les pensées, avec quelques gouttes d'huile essentielle de persil, et de la poudre d'épeautre, c'est pour ça que ça risque d'être un peu épais. Et pour après manger, je t'ai préparé des gouttes à base d'amande à boire dans un verre d'eau. »
Enzo ne put se retenir de rire. Elle était sérieuse ? Des plantes pour le calmer ? Il n’était pas stressé, qu’est-ce qu’elle racontait ! Il avait l’impression d’avoir face à elle une grand-mère sorcière avec ses ingrédients bizarres. Pas qu’il savait ce que c’était que d’avoir une grand-mère mais ce qu’il avait lu dans les livres lui faisait penser.
« Tu t’es reconvertie en Herbolomachin ? » se moqua-t-il.
Elle lui tendit le gobelet et une petite fiole – sans doute celle avec les gouttes d’amande – qu’Enzo prit en les regardant d’un air dubitatif. Son sourire amusé n’était pas loin et il regardait tour à tour les potions puis Hécate.
« Je ne boirai pas ça. »
Comme s’attendant à cette réponse, la jeune femme croisa les bras sur sa poitrine.
« Je ne te donnerai pas mon devoir si tu ne bois pas ça. Et chaud, c'est meilleur. Fais-moi confiance. »
Enzo perdit son sourire et fronça les sourcils. Elle était donc sérieuse ? A nouveau, il regarda le liquide chaud dans le gobelet. Depuis quand était-elle aussi douée en potions ? Oh bien sûr, elle excellait dans cette matière. Mais c’était une fille, et une fille c’était toujours douée pour écouter les cours. Mais là, elle avait fait cette potion toute seule. Comme une grande. Comme une adulte.
« Et peut-être que la prochaine fois, on pourra le faire ensemble. » ajouta-t-elle. « Ou tu pourras le faire avec Chris… Pour t'éviter tous ces ennuis… »
Enzo releva les yeux vers elle. Elle n’avait que sa cape pour se couvrir et commençait à frissonner. La neige tombait toujours dans la cour de Poudlard et un léger vent soufflait. Et pourtant, elle restait là, déterminée à le voir avaler cette potion. Elle le faisait pour lui. Il n’y avait pas cette lueur malveillante qui brillait dans les yeux d’Aaron et Dorian quand ils préparaient quelque chose qu’Enzo était obligé d’avaler. Une vague de panique monta en lui, comme à un souvenir désagréable provoqué par cette pensée. Pourtant, il n’eut qu’à recroiser le regard d’Hécate pour se souvenir qu’il était ici, à Poudlard, à l’abri de ses terribles frères et avec une amie qui se souciait bien plus de lui que toutes les personnes qu’il avait pu rencontrer jusqu’à présent.
Après une inspiration, il avala alors le gobelet fumant et fit une légère grimace entre deux gorgées. Ce n’était pas horrible, mais ce n’était pas du jus de citrouille non plus. Il redonna le gobelet à Hécate, appréciant toutefois la chaleur qui se propageait en lui, comme des bras protecteurs venant l’entourer. C’était comme si une bulle apaisante se formait autour de lui.
« Et ça ... » dit-il en désignant la fiole. « Après manger, donc ? »
Hécate hocha la tête.
« On rentre ? » demanda-t-il, bien conscient qu’elle devait vraiment avoir froid.
Ils se mirent à courir vers l’intérieur du château où le dîner allait bientôt commencer. Enzo était à Poudlard. Les vacances étaient terminées. Il devait vraiment profiter d’être ici, loin de sa famille.
Mardi 1er septembre 1998
La troisième année. Enzo était fier d’être encore là, à profiter d’une nouvelle rentrée à Poudlard. Après un été pourri – comme tous les étés qu’il connaissait depuis qu’il était chez Sangwoo – il se languissait de retrouver ses amis. L’année précédente n’avait pas été des plus joyeuses avec l’arrivée des Mangemorts au sein du château. Cependant, étant un Sang-Pur, Enzo avait été plus épargné que ses camarades par les frasques de ces hommes de main. Leur arrivée avait toutefois compromis ses plans car il aurait souhaité rejoindre l’équipe de Quidditch de Gryffondor mais le sport n’avait pas eu la même saveur cette année-là. Mais cette 3ème année, Enzo était certain que ce serait sa chance !
Alors qu’il avait enfin faussé compagnie à Bastian, un de ses camarades le rejoignit. Christopher Elton. Son meilleur ami.
« Caroline O'Connor est totalement en train de te mater. » souffla le Serdaigle à son oreille.
Enzo jeta un coup d’œil vers l’endroit qu’il lui indiquait. La jolie Serdaigle agitait ses cheveux blonds qui avaient pris une jolie teinte avec le soleil de cet été. Enzo haussa les épaules.
« Ouais, elle est plutôt pas mal ! »
Chris éclata de rire.
« Prêt à retrouver tous tes profs préférés ? »
Ils firent un check. Enzo était plutôt content de le retrouver. Chris et lui, c’était une amitié qui datait de bien avant Poudlard maintenant ! Avec Hécate, il avait toujours été un de ceux sur qui Enzo avait pu compter.
« McGo en directrice ? Chourave avec ses plantes hallucinogènes ? Slughorn avec son whisky caché sous son bureau ? » récita-t-il. « Non, merci. »
Chris lui fit un signe de tête pour qu’ils montent dans le train. Il était 10h50 et le train allait bientôt démarrer. Ils montèrent à bord et ne tardèrent pas à trouver un compartiment libre. Parfait ! Enzo et Chris pourront faire des parties de Bavboules et manger tranquillement sans que des cons comme Bastian viennent les faire chier.
« Regarde-le, ce sale gosse n'y connaît vraiment rien en fille. »
Enzo suivit le regard de Chris qui s’était affalé sur la banquette, le regard noir tourné vers la fenêtre. Il regardait son frère, Zach, en 2ème année, enlacer Ella Lloyd, une jolie fille de leur année. Elle était vraiment une belle fille et Enzo n’aurait pas dit non si elle avait voulu s’isoler un moment avec lui.
Le regard un peu béat, il sursauta presque quand une nouvelle voix se fit entendre vers la porte de leur compartiment.
« Salut. » lança Hécate.
Elle avait grandi un peu plus durant cet été mais il n’y avait pas que sa taille qui avait changé, si vous voyez ce que je voulais dire … Enzo se dépêcha de remonter le regard vers son visage.
« Salut ! » répondit machinalement Chris. « Hey Hécate ! » « Ça vous embête si je m'assois avec vous ? Tous les autres compartiments sont pleins. »
Enzo jeta un coup d’œil à Chris qui avait haussé les épaules. Hécate était surtout une amie à Enzo mais peut-être que cette année les choses pourraient changer. Chris avait du mal à s’ouvrir à de nouvelles personnes mais Hécate gagnait à être connue.
« Bien sûr, viens ! » lança d’un ton enjoué Enzo.
Revoir le visage de ses plus proches amis le mettait sincèrement en joie. Et il en avait bien besoin après avoir vu les visages monstrueux des fils à Sangwoo tout l’été.
« Merci encore de m'accueillir. »
Hécate s’affala à son tour sur la banquette après avoir essayé désespérément de monter sa valise dans les filets du haut.
« Vous savez si Slughorn pourrait me prêter un chaudron, cette année ? Je n'ai pas eu les moyens pour en racheter un. » souffla-t-elle.
Malgré sa famille de merde, Enzo n’avait jamais connu les problèmes d’argent qu’Hécate évoquait de temps à autre. Mais cela ne le surprenait guère. Elle aussi était une gamine issue de l’orphelinat et ce n’était pas là-bas qu’elle pouvait avoir beaucoup d’argent. Il se demandait d’ailleurs comment elle faisait pour en gagner un peu. Avait-elle de l’argent de côté de ses parents ? Il ignorait tout de son passé familial, la jeune fille étant très secrète là-dessus.
« J'en ai un en rab si tu veux, j'avais pris un lot de deux pour en filer un à mon frère mais il s'en était déjà racheté. » proposa Chris. « J'le filerais à Enzo, il te l'fera passer. » « Je t’aurai bien proposé de te passer le mien si tu veux. » ajouta Enzo. « Je ne suis pas aussi doué que toi pour les potions alors ça m’aurait servi à rien. »
Il haussa les épaules. Depuis sa 1ère année, son comportement en cours n’avait pas tellement changé. Il adorait les cours de Vol et la Défense contre les Forces du Mal. Mais il s’endormait régulièrement en cours d’Histoire de la Magie et trichait toujours sur ses camarades pour les devoirs d’Astronomie. Cette année, les cours d’option commençaient en plus ! Sangwoo lui avait demandé de choisi deux options au minimum. Enzo avait alors pris la Magie sans Baguette, recevant déjà des cours particuliers dans cette matière depuis deux ans, puis le Vol. Sangwoo s’était clairement opposé à ce deuxième choix, trouvant cela dégradant pour un sorcier de se résumer seulement à ses aptitudes en Vol. Aussi, toujours pour l’enrager davantage, Enzo avait pris l’Etude des Moldus à la place. Cela n’avait pourtant pas paru contrarier Sangwoo. Au contraire, il trouvait que cela l’ouvrait aux autres cultures. Ridicule …
« Vous croyez que Poudlard va ressembler à quoi maintenant que Dumbledore est mort et que McGonagall est directrice ? »
Un coup de sifflet résonna sur le quai, signe du départ imminent du Poudlard Express.
« Chiant à mourir, comme d’hab ! » répondit Enzo avec un sourire en coin. « Heureusement qu’on aura les week-ends et les récréations pour compenser ! »
Il se mit à rire en imaginant tout ce qu’il pourrait faire cette nouvelle année.
« En plus, on va avoir droit d’aller à Pré-au-Lard ! » se réjouit-il.
Sangwoo l’avait prévenu qu’il n’hésiterait pas à retirer son autorisation s’il recevait un seul courrier de retenue mais Enzo ne se faisait pas trop de soucis. Il essayait de demander aux professeurs de ne lui mettre que des punitions sans information à son père. Ça pouvait peut-être fonctionner !
« Vous avez vos autorisations ? » demanda-t-il, un peu inquiet soudain à l’idée que Chris et Hécate ne puissent pas l’accompagner.
Lundi 2 novembre 1998
Enzo soupira. Il avait beau s’entraîner à ce sortilège, rien ne se produisait. Le Sortilège d’Allégresse ne semblait pourtant pas si compliqué. Il relut son manuel qui dessinait le geste à effectuer et la formule.
« Gaudium Viventa ! »
Il tourna son poignet mais à part quelques crépitements bleues, rien ne se produisit. Enzo referma d’un coup sec son manuel et se laissa tomber sur les oreillers de son lit. Il pleuvait non stop depuis des jours et la chambre était faiblement éclairée par les bougies qu’Arsène avait rallumé. Très concentré, sa plume ne cessait de s’agiter sur son parchemin, jetant parfois quelques coups d’œil à Enzo avant de reprendre son écriture activement.
Bras croisés, Enzo l’observait. Arsène et lui n’avaient jamais beaucoup parlé. Même s’ils partageaient le même dortoir et donc quelques cours, ils n’échangeaient que des banalités. Enzo avait eu du mal à lui faire confiance, ou même à lui parler sans animosité. Le fait qu’il y ait Bastian régulièrement entre eux n’aidait pas beaucoup. Mais ce soir, son jumeau était sans doute dans la salle commune à traîner à d’autres occupations, ce qui laissait le dortoir des 3èmes années rien qu’à Arsène et Enzo.
« T’écris quoi ? » demanda-t-il.
Arsène leva les yeux vers lui, peu certain que la question s’adressait à lui. Pourtant, comme Enzo l’avait fait remarquer, il n’y avait personne d’autre qu’eux. Arsène lui répondit.
« C’est un truc d’espionnage ? »
Il fronça les sourcils avant de se redresser, pour mieux comprendre ce qu’Arsène lui expliquait. C’était plutôt intéressant.
« Je peux voir ? »
Il n’était pas un grand lecteur et n’avait même jamais ouvert les livres qu’Hécate lui conseillaient désespérément de lire, mais il voulait bien voir comment Arsène se débrouillait.
Samedi 16 janvier 1999
Enzo arriva en courant au sommet de la colline qui surplombait le village de Pré-au-Lard. Une table de pique-nique était installée même si le banc était gelé. D’un simple sortilège, Chris forma une bulle d’air chaud qui réchauffa les assises.
« Qu’est-ce qu’elle fout là, elle ? » demanda Enzo en voyant une nouvelle tête à leur groupe.
Les rapports entre Chris et Hécate étaient devenus un peu plus évidents au fur et à mesure de ces derniers mois, mais Enzo n’était pas prêt à voir une nouvelle venue.
« Sympa l'accueil ! » marmonna Joséphine Davis avant de se tourner vers Hécate. « Si je dérange je peux vous laisser... »
Mais Hécate secoua vivement la tête et lança un regard d’avertissement à Enzo.
« Je m'appelle Joséph... » « Je sais comment tu t’appelles. » dit-il en claquant sa langue contre son palais.
Joséphine était une amie d’Hécate. Elles partageaient le même dortoir et Enzo avait quelques cours en commun avec elle. Mais pour Enzo qui détestait le changement et la nouveauté, voir une nouvelle tête à leur événement de groupe le perturbait.
« Mouais … ok … » marmonna-t-il à l’adresse d’Hécate, signe qu’il concédait à accepter sa présence.
Il s’installa de mauvaise grâce sur le banc avant de donner un sac à Chris. Il glissa un sourire complice à Hécate qui fit de même.
« Joyeux anniversaire ! » crièrent-ils en chœur.
Enzo jeta un regard intrigué vers Joey qui avait elle aussi un petit paquet cadeau. Visiblement, elle essayait de s’intégrer au groupe mais Enzo s’agitait nerveusement sur son banc, guère à l’aise. Pour s’occuper, il se pencha sous la table et attrapa les cannettes de bière que Chris avait amené. Il en tendit une à Hécate qui la fit passer machinalement à Joey avant de tendre la main pour en avoir une nouvelle. Enzo plissa le nez, mécontent, mais en donna une nouvelle.
« Qu’est-ce que t’as, t’aimes pas ça, Davis ? » dit-il en la voyant froncer le nez. « C'est de la bière ?! »
Elle en but tout de même une gorgée, faisant la grimace. Enzo se mit à rire, moqueur, alors qu’Hécate lui donnait un coup de pied dans la cheville. Il l’ignora, se tournant vers Chris.
« Bon tu ouvres ou tu continues de regarder ? »
Enzo sourit, impatient de voir la réaction de son meilleur ami quand il découvrirait son cadeau : un Rappeltout qui faisait aussi balle déstressante. Si Hécate avait bien fait comprendre à Enzo qu’elle savait qu’il était stressé et en colère, elle ne tarderait pas à comprendre qu’il en allait de même pour Chris. C’était sans doute une des raisons de pourquoi ils s’entendaient si bien.
Once you're happy, you have so much more to loose Avec Enzo Drymörk & Chris Elton☾ Lundi 6 janvier 1997
Parfois, Enzo pouvait être tellement têtu ! A refuser de boire une potion que je lui avais faite, sans aucune raison valable. Un vrai idiot…! Heureusement que le chantage pouvait être utile. Surtout avec lui. Surtout quand ça touchait les devoirs. Je n'avais qu'à le menacer un peu, et hop, comme pour magie (haha), il but la première boisson d'une traite, avant de me montrer l'autre fiole. « Et ça ... Après manger, donc ? » J'hochais la tête en souriant. Merlin merci, il écoutait mes conseils. J'espérais bien qu'il n'oublierait pas. Et au pire, je lui enverrai une note volante après le dîner. « On rentre ? »« Je te suis. » J'étais en train de me geler, alors, j'étais plutôt contente qu'il me le propose enfin. On se mit à courir vers l'école, et on alla directement dans la Grande Salle en s'échangeant des regards complices.
☽ Mardi 1er septembre 1998 ☾
Si il y a bien une chose que je déteste, c'est avouer mes faiblesses, quel que soit leur nature. Là, c'était financier. Certes, j'avais l'excuse d'être une orpheline depuis ma naissance, mais je ne voulais pas donner de billes à qui que ce soit. Pour ne pas prendre une posture défensive et que les garçons me prennent encore plus en pitié, je me répétais mentalement mon mantra : Éloigne-toi avant de te faire trahir. Blesse avant de blesser. Fais peur avant d'avoir peur. Tue avant de tuer. Règle tes comptes avant qu'on ne te trahisse. Tu te débrouilleras très bien toute seule, Hécate. Même si Enzo était un excellent ami et Chris inspirait confiance, je préférais me le répéter. C'était comme une comptine qu'un enfant chantait pour ne pas avoir peur du noir.
« J'en ai un en rab si tu veux, j'avais pris un lot de deux pour en filer un à mon frère mais il s'en était déjà racheté. » Qu'est-ce que je disais quand Chris inspirait confiance ? Il ne semblait pas du tout me juger, bien au contraire. Il me trouva une solution parfaite, sans avoir l'air de me prendre en pitié. Il en avait un en trop. Il ne me faisait pas la charité. « J'le filerais à Enzo, il te l'fera passer. » J'hochais la tête, reconnaissante. « Merci beaucoup. »« Je t’aurai bien proposé de te passer le mien si tu veux. Je ne suis pas aussi doué que toi pour les potions alors ça m’aurait servi à rien. » Cette fois, je jetais un regard carrément dépité à Enzo. « Hors de question. Garde le tien, et je t'aiderai en Potions cette année ! » Il fallait qu'il impressionne Slughorn pour qu'il l'invite dans son espèce de club chelou, qu'il voulait que je rejoigne cette année. Ou au moins, qu'il se souvienne de son prénom pour que je puisse l'inviter, et ne pas y aller toute seule.
Rassurée, je m'enfonçais dans la banquette, en jouant avec le trou de mon jean sur le genou. J'avais troué mon pantalon en promenade, et au lieu de le recoudre grossièrement, je l'avais agrandi pour faire un effet de style. J'étais la reine pour économiser de l'argent et cacher que j'en dépensais le moins possible. « Vous croyez que Poudlard va ressembler à quoi maintenant que Dumbledore est mort et que McGonagall est directrice ? » Je relevais le visage vers Chris. Je ne savais pas quoi répondre, et pourtant, j'avais réfléchi à la question tout l'été. Je m'étais aussi interrogée sur la future politique sur les Mangemorts et ex-Mangemorts, en particulier quand je sus que les prisonniers d'Azkaban allaient obtenir certaines libertés, maintenant que les Détraqueurs étaient partis de la prison.
Heureusement, Enzo prit la parole, ce qui me détourna de mes pensées : « Chiant à mourir, comme d’hab ! Heureusement qu’on aura les week-ends et les récréations pour compenser ! » Une nouvelle fois, ses propos me firent sourire. « Tu crois qu'il est au courant que les weekends seront pas mal réservés aux devoirs de nos nouvelles options ? » Demandais-je à Chris en me tournant vers lui. J'avais bien l'impression que la découverte de ces matières nous prendrait pas mal de temps, un peu comme les cours en première année. Enzo ignora ma remarque et continua : « En plus, on va avoir droit d’aller à Pré-au-Lard ! » Son enthousiasme était vraiment communicatif, et cela me fit sourire. C'est vrai que j'avais très envie de découvrir le village à mon tour. « Vous avez vos autorisations ? » Je laissais Chris répondre en premier, songeuse. Difficile d'avoir des autorisations parentales quand nous étions orphelins… Mais je finis par faire un sourire espiègle. « Disons que je me suis débrouillée. Rusard ne doit pas connaître la signature de la directrice de l'orphelinat… » Je posais un doigt sur mes lèvres, complice, comme pour leur demander de garder le secret. Après tout, je ne voyais pas non plus comment McGonagall pouvait également la connaître. « J'avais trop envie de voir le village, alors, j'ai grugé. Heureusement que moi, je suis une élève sage et que celui qui s'occupe de moi n'ait pas à écrire des lettres d'excuses à l'école ! » Contrairement à Enzo, évidemment.
Je me tournais un instant vers la fenêtre, en pensant au fameux « celui ». L'Etat, évidemment. Je n'avais même jamais vu la personne en charge de mon dossier, mais cela devait être la même qui s'occupait de la plupart des pupilles de l'Etat sorcier… Je jetais un oeil à ma montre. Midi avait été dépassé, et je commençais à avoir sérieusement faim. Heureusement que l'orphelinat offrait les déjeuners pour dans le train…! Je commençais à ouvrir mon panier-repas, et je mordis dans mon sandwich. « Au fait ! Vous rejoignez des clubs, cette année ? Il me semblait que tu voulais rejoindre le Quidditch, Enzo, non ? » J'aimais beaucoup ce sport, du moins, le regarder. Il y avait une certaine union entre tous les sorciers, réunis par l'amour de cette activité. Même si cela aurait été beaucoup mieux sans toutes les rivalités puériles entre Maisons. Je parle évidemment de celles hors du terrain, quand on bouscule l'équipe adverse ou que cela tourne au harcèlement. « Tu nous diras quand sont les sélections de Gryffondor. Qu'on vienne t'encourager ! » On, c'était évidement Chris et moi. Je fis d'ailleurs un clin d'oeil au jeune, dans l'espoir qu'il dise oui. Il avait l'air sympa, et même si toute mon enfance, que je me disais que je me débrouillerais très bien toute seule, cela ne voulait dire que je n'étais pas vouée à la solitude. Je ne comptais que sur moi-même, masi entourée d'amis. Du moins, j'essayais !
☽ Samedi 16 janvier 1999 ☾
« On s'est donné rendez-vous sur cette colline ! » Je désignais à Joey la table de pique-nique où nous attendait Chris. On voulait faire une sortie, avec Enzo, et j'avais proposé à la jeune fille de venir. Nous étions dans la même année, dans la même Maison, et dans le même dortoir depuis la première année avec Alice Bennett, mais cela ne faisait que quelques semaines que nous apprenions vraiment à nous connaître. J'avais décidé d'agrandir mon cercle d'amis depuis la rentrée, et cela commençait par mes camarades de dortoir. Alice était sympa mais était un électron libre, à ne pas tellement s'attacher. En revanche, le courant était super bien passé avec Joey. On n'avait pas besoin de trop parler de nous pour qu'on s'entende bien. Je ne voulais pas parler de l'orphelinat, elle ne parlait pas de sa famille. Elle me parlait plutôt de son ami Billy, qui commençait à s'intéresser aux filles, par exemple. On parlait cours, passions diverses et variées… Et comme elle n'avait rien de prévu ce weekend, je lui avais proposé de venir avec nous à l'anniversaire surprise de Chris.
On se rapprocha enfin du jeune homme, et je lui souris. « Salut ! Enzo est pas encore là ? » Toujours en retard, celui-là, ça ne m'étonnait pas ! Heureusement on n'avait pas à attendre trop longtemps. Je pouvais le voir, au loin, en train de courir comme un dératé pour nous rejoindre. « Ah bah quand même, on a failli t'attendre ! » Je râlais, mais, comme d'habitude, Enzo n'avait cure de mon avis. « Qu’est-ce qu’elle fout là, elle ? »« Sympa l'accueil ! Si je dérange je peux vous laisser... »« Non ! » M'écriais-je, avant de jeter un sale regard à Enzo. « Tu peux rester. Enzo n'est pas seul à décider. » C'est vrai, ça ! Je suis bien contente d'avoir trouvé des amis, mais j'aimerai bien aussi avoir une amie fille, quand même. « Je m'appelle Joséph... »« Je sais comment tu t’appelles. » Je me retins de lever les yeux au ciel, et de lui donner un coup de pied, par la même occasion. Étrangement, ce genre d'envie ne me venait que quand il foutait le bordel en cours et que je voulais le retenir ! Finalement, je commençais à comprendre -un peu- certains professeurs. « Enzo, si tu veux continuer de copier sur mes devoirs, je te conseille d'être sympa ! »« Mouais … ok … » Je le surveillais encore un peu du regard, avant de finalement adresser un petit sourire à Joey. Il ne fallait pas se décourager, Enzo allait bien finir par l'accepter ! De toute façon, si il voulait avoir une bonne moyenne en potion, il n'avait pas le choix.
On s'assit tous finalement autour de la table, la jeune femme à côté de moi et les garçons en face. J'échangeais un regard complice à Enzo, et je sortis mon cadeau en même temps que mon ami, en criant : « Joyeux anniversaire ! » Heureusement, j'avais aussi prévenu Joey, qui avait prévu un petit quelque chose. Enzo me tendit une canette de bière, que je donnais à ma nouvelle amie, avant de tendre la main pour qu'il m'en donne une autre. Chose qu'il fit de mauvaise grâce. « Qu’est-ce que t’as, t’aimes pas ça, Davis ? »« C'est de la bière ?! » Et Enzo qui commençait à rigoler… Quel gamin, celui-là ! Je finis par lui donner le coup de pied que je rêvais de lui donner. Il l'avait mérité ! Il m'ignora pour se tourner vers Chris : « Bon tu ouvres ou tu continues de regarder ? » J'étais impatiente de savoir ce que les gens lui avaient offert. Moi, je m'étais modestement tourné vers un livre sur l'histoire du Quidditch au XIXe et XXe siècle, mes économies ne me permettant pas plus. Un jour, promis, j'aurais de meilleurs moyens, et je pourrais faire de meilleurs cadeaux, comme le nécessaire à balais qui m'avait intriguée, par exemple -jusqu'à ce que je vois le prix.
☽ Jeudi 28 janvier 1999 ☾
Belladone, cela fait plusieurs lettres que je t'écris et auxquelles je n'ai aucune réponse. Tu n'imagines pas la peine que cela me fait, parce que je sais que tu les reçois. J'aimerai bien avoir un signe de ta part, quel qu'il soit. Après tout, je suis ta mère, n'est-ce pas ? C'est moi qui t'ai donné la vie. Certes, je n'ai pas eu la chance de t'élever, mais cela ne signifie pas que je n'ai pas pensé à toi. Au contraire, tu es dans mon cœur chaque jour et…
Interdite, je lis la lettre de ma mère que j'ai reçu au petit-déjeuner. Et, comme à chaque fois que je reçois une lettre de sa part, je m'enfuis le plus discrètement possible de la Grande Salle pour la lire sans me faire repérer. Elle les écrit avec mon vrai prénom ! Y a pas plus flagrant comme signe, ou comme moyen de me faire choper ! Je soupire, avant de continuer de lire la suite. Elle raconte à quel point elle m'aime. Puis, comment Azkaban est devenu plus agréable depuis que les Aurors s'occupent de la sécurité. Pourtant, les rumeurs disent que ça reste un endroit glauque, hanté par tous les sorciers devenus fous à force d'être enfermés. Ou alors, c'est elle la plus grande folle à rester aussi saine d'esprit ? Enfin, elle me donne une nouvelle recette de poison : du baume pour les lèvres aux fruits (le fruit que je voulais) qui empoisonnait la personne qui le portait. Sympa…
En lisant sa signature (Ta mère, Rose Elmas), je songeais que cette histoire de baume me faisait penser au conte de Blanche-Neige quand ma lettre disparut de mes yeux. « Mais…! » En me retournant, je vis qu'Enzo m'avait suivie et m'avait volée ma correspondance. « Enzo, rends-moi ça ! » Il semblait étonné que je reçoive du courrier. Tu m'étonnes, depuis toutes ces années où je me trouve à Poudlard, je n'avais jamais rien reçu ! « Lorenzo Drymörk, c'est privé ! Rends-la moi ! » Je fronçais les sourcils en me rapprochant sur la pointe des pieds pour attraper ma lettre qu'il tenait en l'air. Bon sang, j'allais tellement le frapper !
Je vis son regard commencer à changer au fur et à mesure de sa lecture, le bras en l'air. Bah ouais, c'était tout sauf un petit copain qui m'écrivait en secret ! Plus il lisait, plus sa main baissait. Enzo devait être au moment de la signature quand elle arriva à mon niveau, et j'en profitais pour la récupérer. « C'est bon ? T'es content ? » Mon ton était sec, mais au fond, j'étais paniquée. On n'avait pas reparlé de mon vrai nom depuis qu'on s'était retrouvé à notre Répartition. Je ne savais même pas si il avait fait le lien avec le passé de mes parents, mais au vu de son teint blanc, il avait compris plusieurs choses. Après tout, ma mère avait marqué noir sur blanc que la prison devenait plus agréable avant de me donner une recette de poison ! Même si il ne la connaissait pas, il n'y avait qu'une conclusion à faire.
« Mes deux parents sont Mangemorts, d'accord ? Mon père est quelque part et ma mère en taule depuis ma naissance. » Je fourre la lettre dans ma poche. Je ne voulais pas en parler, mais il semblait vouloir des réponses. « Lui ne voulait pas me connaître. Elle veut me connaître. Mais j'ai grandi en orphelinat, je ne connais que trop bien les dégâts de la guerre. Je ne réponds jamais à ses lettres. » Elle avait d'ailleurs commencé à m'écrire cet été. Bah ouais, les détraqueurs étant partis, ils avaient plus de libertés, comme celles de demander du papier et de l'encre pour envoyer de foutus lettres. « Sauf qu'elle continue, et en plus, elle est persuadée que j'ai un don en poison comme elle, alors, elle estime qu'elle doit faire mon éducation en me donnant de nouvelles recettes. Mais je n'ai rien à faire avec elle, d'accord ? Je refuse de devenir comme elle. » Je finis par lui tourner le dos, en essuyant mes yeux. Je ne voulais pas qu'il me voit pleurer. Déjà, parce que je ne voulais pas qu'il me voit comme quelqu'un de faible, mais également parce que je savais que la découverte de cette lettre était la fin de mon amitié avec Enzo. J'avais ce mantra, Éloigne-toi avant de te faire trahir. Comment il pouvait rester pote avec la fille d'une empoisonneuse qui recevait des recettes de poison, hein ?
« C'est pour ça que j'ai changé de nom. Pour ne pas être associée à elle, pour ne pas avoir de problèmes, pour ne pas être retrouvé par mon père… » Ok, je l'avais cherché en me donnant des noms significatifs. Mais franchement, quitte à se réinventer une identité, autant s'en donner une stylée. Hécate, la Reine des Ombres, la Muse éternelle des sorcières, la Belle Reine des Terres des Ombres, la Sombre Déesse, la Reine de la Sorcellerie vivant le monde du Rêve et de l'Enchantement. Voisin, une célèbre empoisonneuse française du XVIIe siècle. Ouais, je voulais un thème et des noms de personnes fortes. Pour devenir forte à mon tour. Tu te débrouilleras très bien toute seule, Hécate. Je me rappelle mon mantra, mais ça me brise le cœur de me dire que j'allais devoir recommencer. Et puis, si il ne traînait plus avec moi, qu'est-ce qu'il allait dire à Chris et Joey ? Si eux aussi me tournaient le dos ? Peut-être que je pouvais demander à McGonagall de me changer d'école… Beauxbâtons semblait pas mal. Ou Castelobruxo, qui avait l'avantage d'être encore plus loin. « Je peux entendre que tu ne veux plus traîner avec moi, mais dis-moi ce que je dois faire pour que tu gardes le secret. » Je me retournais pour lui faire de nouveau face, après avoir essuyé une dernière fois mes yeux. Règle tes comptes avant qu'on ne te trahisse. Je ne voulais pas forcément "régler mes comptes" avec Enzo, mon ami d'enfance, mais franchement, si cela devait inclure que je lui rédige tous ses devoirs de potions jusqu'à ce que je change d'école et qu'il la boucle, je le ferai. Mais tout, sauf revivre cette bulle de solitude et de rejet que j'avais connue durant mes premières années. Tout, sauf ça. :copyright:️ Justayne
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☾ I inherited the sin, and I become the monster that I was born from ☽
Once you're happy, you have so much more to loose Avec Enzo Drymörk Lundi 2 novembre 1998
L'avantage d'avoir Indiana Nightshade comme cousin était la motivation nécessaire pour faire tous ses devoirs le samedi, être sûr qu'ils soient justes et le laisser approfondir le dimanche pendant que je vais à Azkaban. Ma sœur m'a encore grillée, mais je sais qu'elle ne dira rien à nos parents. Certainement en échange d'un service, comme d'habitude, mais hé, on marche comme ça dans notre famille. Je vais toujours à Azkaban pour aller parler à des prisonniers, en scred. Puis après, je remplis des carnets.
C'est pas exactement ce que je fais, ce soir. Disons que je lis et relis les témoignages pour après les reprendre. J'ai un parchemin de témoignages, et un autre d'écriture. « Gaudium Viventa ! » Je jete un oeil à Lorenzo Drymörk, avec qui je partage mon dortoir. En plus de son jumeau, Sebastien. J'ai bien remarqué que les deux étaient loin de s'entendre. Voir même que ça allait encore plus loin… J'avais bien essayé de lui en parler, en première année, mais il m'avait rabroué. Ok, je garde mes questions pour moi. Je soupire, avant de retourner à mon carnet. De toute façon, il veut pas me parler. On parle peu, que pour dire des trucs du genre "Je peux éteindre la lumière ?" ou "Je mets le réveil plus tôt demain". Ce genre de choses.
De toute façon, je suis bizarre, comme garçon. Je sais que les gens me trouvent chelou, parce que je porte toujours un bonnet (pour cacher mes épis moches, en fait), que je griffonne des trucs, que j'adore parler crime et meurtrier. Les gens comprennent pas que je me passionne de ça, et surtout, que j'assume. Bah, pas très grave. Pourtant, de la part d'un fils d'Auror, ils auraient dû s'en douter ! « T’écris quoi ? » Je continue de griffonner mes petits trucs, avant de réaliser qu'Enzo parlait à moi. Bah ouais Arsène, son frère est dans la salle commune, vous n'êtes que tous les deux…
Je regarde quand même autour de moi quand je lève la tête. Histoire d'être sûr, quoi. Mais ouais, c'est bien à moi qu'il parle. « Euh. Des trucs que j'ai observés. »« C’est un truc d’espionnage ? » Je jette un oeil à mon parchemin. J'ai jamais été du genre à cacher qui j'étais, donc… Let's go, autant assumer, nan ? « Je parle et j'observe les gens, puis après, je m'en sers pour faire des histoires. » Ouais, nan, c'est pas vraiment ça, d'assumer… « Je vais parler à des criminels. Je leur demande de me raconter leurs vies, leurs histoires, pour essayer de comprendre, et je m'en sers pour faire des histoires. » Alors que je parle, je vois Enzo se redresser. Ce qui est curieux. Il a l'air de vouloir en savoir plus. Non, mieux : il avait l'air d'être intéressé. Etonnant ! Mais j'étais ravi, d'un côté. Pour une fois que j'avais quelqu'un d'autre à part mon cousin pour en parler…!
« Je peux voir ? »« Ouais, bien sûr ! » Je virais mes affaires du bureau pour l'inviter à s'avancer. J'étalais toutes mes affaires personnelles : mes notes diverses et variées ; mes brouillons de roman ; et d'autres trucs qui me servaient. « Tu savais que la plupart des criminels étaient en fait, d'une certaine manière, prédestiner à faire ce qu'ils ont fait ? Parce que toute leur vie a été misérable, et ils ne connaissent que le schéma de la violence, qu'ils reproduisent. » Je fis la moue. Bien sûr, cela ne marchait pas pour tout le monde, ce cas de figure-là.. Et les derniers mois nous le prouvaient. « Bien sûr, je ne te parle pas des Mangemorts, qui ne marchent en général qu'à la haine pure. Et encore, je reste persuadé que certains, pas Sang-Pur, les ont rejoint parce qu'ils pensaient qu'ils avaient la solution à leurs problèmes perso. Mais bon, passons… » C'était Camélia Blackwood, la grande-tante d'Indiana, qui m'avait expliqué ça. C'était d'ailleurs ce qu'il s'était passé chez les Moldus, quand ils ont laissé Hitler prendre le pouvoir. Ils avaient tellement de merdes à gérer, et lui avait les solutions tout en donnant des coupables. Parce que c'est plus facile, d'avoir des coupables.
Mais passons. On n'allait pas passer la soirée à parler des Mangemorts, hein ? « Donc là, tu as les différents témoignages de plein de personnes que je suis déjà allé voir à Azkaban, avec des infos psychologiques perso que je cherche de mon côté. » Je lui montrais alors le dit-parchemin, avec des dialogues retranscris, plein d'abréviations pour aller plus vite. Et, avec une encre d'une autre couleur, et plein de flèches, les fameuses infos que je notais au fur et à mesure. « Ici, des extraits du roman que j'essaie d'écrire, en me basant sur les témoignages pour le rendre plus réel. » Il y avait des passages écrits à la main, d'autres à la machine à écrire avec des corrections à la plume. Je passais mon temps à le corriger. « J'ai l'habitude de tout écrire pour garder une trace, être sûr de ne rien oublier… Même si j'ai plutôt une bonne mémoire, que j'entretiens en jouant aux cartes. » Une nouvelle fois, je semble attiser sa curiosité. « J'ai appris à jouer au poker et à plein de jeux de ce genre avec les gardes du corps de la famille de ma mère. Tu veux que je t'apprenne ? C'est très facile. » Bon, c'était très facile pour moi de gagner, parce que je savais compter les cartes et calculer les risques assez vite. Mais je pouvais lui dire plus tard, n'est-ce pas ? J'adorais gagner les paris. D'ailleurs, je ne relevais que ceux que j'étais sûr de réussir ! :copyright:️ Justayne
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My flesh is searchin' for your worst and best, don't ever deny I'm like a stranger, gimme me danger