5 Avril 2002
Cette journée ressemblait à toutes les journées que Frost passait à Poudlard. Il revenait de cours où il n’apprenait pas grand chose puisque ses connaissances les surpassaient de loin, il mangeait dans la grande salle puis il allait dormir, il se réveillait et il recommençait encore et encore. En bref, il tournait en rond. Ces derniers mois lui avaient laissé un goût amer, surtout le passage de la mort d’Akutenshi ressuscité en Vampire. Il n’oublierait jamais l’impression d’impuissance que le départ de son meilleur ami avait laissé, ainsi que l'humiliation de son combat avec Bleddyn. Il se sentait comme une Ferrari limitée à 90 km/h, il aurait pu faire beaucoup mieux si seulement il évoluait dans un environnement qui correspondait à ses capacités. Ambrose était un bon professeur néanmoins, il lui avait transmis tout ce qu’il pouvait lui transmettre et Frost le ressentait de plus en plus.
Cigarette au bord des lèvres, mains dans les poches, le Serpentard déambulait dans le parc, il voulait échapper au brouhaha incessant de la grande salle pendant le dîner. Le temps commençait à se réchauffer, le printemps succédait enfin à l’hiver. Ses pas le guidèrent jusqu’au chemin qui menait à la cabane d’Hagrid où il croisa un groupe de 6ème années, ils ricanaient un peu trop méchamment pour être innocents mais Frost les ignora, ce que ces crétins avaient fait l’indifférait royalement. Alors qu’il s’apprêtait à contourner le jardin du garde chasse dans le but de rejoindre les abords du lac, un reniflement derrière une gigantesque citrouille attira son attention. Il avisa l’énorme légume d’un œil curieux et hésita un moment à feindre de n’avoir rien entendu. Merlin seul sait pourquoi il décida d’aller voir qui se trouvait caché là, toujours est-il qu’il contourna la citrouille et découvrit une blondinette recroquevillée sur elle-même. Le Serpentard tira sur sa cigarette une fois, deux fois, trois fois et finalement, se décida à réagir.
“Ça va ? Demanda-t-il.”
A peine lui avait-il posé la question que le souvenir du groupe de 6ème années lui revint en mémoire. Un classique.
“Laisse moi deviner, c’est ces quatre crétins qui t’ont mise dans cet état ? Poursuivit-il en s’appuyant contre le gros cucurbitacé, bras croisés.”
Il savait ce que le harcèlement pouvait engendrer, notamment parce qu’il y avait fait face au travers d’Orion. Frost se défendait bien, en règle générale il rendait les coups qu’on lui infligeait, son frère en revanche était un garçon sensible que chaque réflexion ébranlait. Il n’était pas particulièrement gentil mais jamais il ne s’en serait pris à quelqu’un gratuitement, juste pour l’humilier et lui faire mal. Cyrus était de ceux qui blessent pour le plaisir de blesser, Frost le détestait suffisamment pour que les personnes dans son genre lui donne envie de commettre un meurtre. Il voyait Orion à travers cette jeune fille effondrée, c’est certainement pour cette raison qu’il consentit à s’asseoir à côté d’elle quelques minutes.
“Pleurer ne résoudra rien, affirma-t-il en posant nonchalamment ses bras sur ses genoux pliés. Si tu veux qu’ils te foutent la paix, il faut que tu te battes. Ce monde est une putain de jungle et pour survivre, tu dois devenir plus forte que tes agresseurs. Tant que tu te soumettras, ils frapperont, ce sont des animaux, ils ne comprennent que la violence.”
La plupart des gens l’auraient probablement plainte, lui auraient fait un gros câlin et auraient séché ses larmes mais Frost n’était pas de ceux-là. C’était un jeune homme pragmatique, il analysait la situation et trouvait une solution au problème.
“Ils n’auront jamais pitié de toi.. Ils s’en contrefoutent… Ajouta-il en soufflant un nuage de fumée dans le vide. Tu as une baguette mais pas que, entraîne toi, je peux t’assurer qu’un bon coup de poing suffit généralement à les mettre au tapis.”
Il n’y a pas plus fragile qu’une brute, malgré les apparences, ce sont souvent de vraies pleurnicheuses. Le souvenir de sa confrontation avec Troy Gnash en cinquième année soutira au serpentard un petit sourire en coin. Il lui avait suffit de l’attraper par le col et de le plaquer contre un mur pour qu’il l’implore de le laisser partir, c’était d’un pitoyable… Hunter faisait partie de ce genre de gars, plus impressionnant que dangereux. Son cousin était une sacrée poule mouillée derrière ses airs d’héritier au sang-pur. Maintenant qu’il y pensait, il correspondait parfaitement à sa famille, cruelle certes, mais lâche. Un nouveau reniflement de la part de la blondinette tira Frost de ses réflexions.
“Pourquoi est-ce qu'ils s’en prennent à toi ?”