Edmund Prewett
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Contexte
Love again
@ Victoire
Nous sommes le dimanche 7 avril 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il est étudiant en 2ème année de Sciences Politiques et brûle d'entrer enfin dans la vie politique. Mais des événements récents ont pas mal chamboulé ses plans et il doit à présent changer d'identité pour mettre en sécurité celle qu'il aime.
Love again
Edmund tentait d’avoir une démarche naturelle mais il devait bien avouer qu’il avait du mal à trouver ce qui allait le mieux à sa nouvelle apparence. Il jeta un coup d’œil dans une vitrine de l’Allée des Embrumes. Il avait indubitablement grandi et ses épaules étaient désormais carrées. Ses cheveux blonds avaient laissé place à quelque chose de plus lisse et de plus élaboré avec une couleur plutôt marron. Ses yeux bleu océan étaient devenus légèrement plus sombres. Des poils avaient poussé sur son menton et ses joues, lui donnant l’apparence d’un homme d’une trentaine d’années.
Edmund roula des épaules et tenta d’avancer de manière un peu moins colossale dans la rue. Il devait se détendre et prendre un air plus détaché. Il rabattit la capuche de sa cape sur sa tête alors qu’il croisait d’autres sorciers.
Il avait mis un mois pour préparer du Polynectar en quantité suffisante et en avait préparé assez pour tenir le mois entier. Mais en plus de recueillir des informations, il allait devoir aussi récupérer de nouveaux ingrédients pour faire un nouveau chaudron de potions. Il gardait deux flasques de secours dans les poches de sa cape et savait qu’il ne devait pas hésiter à en boire à chaque heure pour conserver son apparence actuelle. Il avait aussi travaillé son identité, reprenant le nom d’Alessio Grecco. Seulement, il n’était plus étudiant mais un sorcier arrivant tout juste d’Italie pour s’installer à Londres.
Prenant une inspiration, il poussa la porte du premier bar qu’il vit. Il ne connaissait rien à l’Allée des Embrumes, à part ce que les rumeurs laissaient entendre : un endroit malfamé, des sorciers louches, des créatures terrifiantes et de la magie noire. Tout ce qu’Edmund recherchait pour trouver des informations sur l’homme qui recherchait Olivia.
Cette dernière avait été enfermée une nouvelle fois à double-tour dans son appartement des Estudines. La nuit était tombée et elle dormait à poings fermés quand Edmund avait fini de la border. Il savait qu’il devait rechercher un nouvel appartement. Il n’avait pas le droit de faire dormir qui que ce soit dans sa chambre, encore plus depuis un mois. Et les pauvres sorts défensifs n’étaient guère efficaces ici. Cependant, il devait aussi trouver un travail pour pouvoir se permettre d’avoir un appartement autre que dans les Estudines. Et préparer un argumentaire en béton pour ses parents qui s’étonneraient de le voir partir deux mois avant la fin de l’année scolaire vers un autre appartement. Il allait devoir trouver une solution aussi pour cet été mais … peut-être que d’ici là … le problème serait réglé ?
C’était une douce utopie.
A l’intérieur du bar, la plupart des tables en bois était occupée. Cela ressemblait légèrement à la Tête du Sanglier à Pré-au-Lard, mise à part qu’un groupe de gobelins jouait près d’une table de billard et que diverses cages avec des créatures étranges avaient été entreposées au fond de la salle. Une vente aux enchères avait l’air d’avoir lieu, ponctuée de temps en temps par un homme qui balançait un coup de poing à un autre, histoire d’avoir le dernier mot sur l’enchère.
Essayant de ne pas paraître intimidé, Edmund allait s’installer sur les tabourets du comptoir. La femme, une demi-géante au vu de la taille, s’approcha de lui. Sa voix était grave et elle avait sans doute trop forcée sur le maquillage.
« Hum … un Poudlard fortifié. »
La barman haussa un sourcil mais se retourna pour aller préparer la boisson de quelques coups de baguette. Edmund voulait avoir les idées claires pour mener son interrogatoire, mais prendre un jus de citrouille ici éveillerait vite les soupçons, une Bièraubeurre encore plus.
« Mer … » voulut-il dire, avant de choisir de s’interrompre et de donner les quelques Mornilles réclamées.
Il regarda autour de lui, essayant d’analyser les personnes qui pouvaient être intéressantes pour mener un interrogatoire. Mais la vérité, c’était qu’il ne savait pas par où commencer sans se faire trop repérer. Par chance – si on peut le dire ainsi – la barman s’approcha de lui et posa ses deux coudes sur le comptoir pour se pencher vers lui.
« T’es pas du coin toi ! »
Edmund but une gorgée de sa boisson et s’efforça de ne pas grimacer, espérant se donner un air plus solide qu’il ne l’était en réalité.
« Bien observé. » répondit-il. « J’arrive d’Italie. »
La barman hocha la tête, comme si elle avait tout compris, avant de faire signe à un sorcier un peu plus âgé sur la gauche d’Edmund.
« Hey Tim ! On recrute les sorciers italiens maintenant ! »
Elle éclata de rire bien qu’Edmund n’ait pas compris la subtilité. Il regarda alors le sorcier qui se tourna vers lui pour le détailler de la tête aux pieds. Il devait avoir une cinquantaine d’années mais son visage paraissait bien plus vieux, comme s’il avait vécu milles vies.
Nom de l'acteur : Jerome Flynn
« Italien alors ? » dit-il avec un accent bien prononcé.
Edmund déglutit avant de se souvenir qu’il n’avait fait aucun effort sur l’accent. Pris de panique, il but une nouvelle gorgée de son verre avant de répondre avec une voix éraillée.
« Ouais. De Naples. »
L’homme haussa un sourcil mais ne dit rien à ce sujet.
« J’y étais une fois, quand j’étais plus jeune. » déclara-t-il en jugeant le contenu de son verre vide. « Alors qu’est-ce qui t’amène ici ? »
« Je … suis à la recherche d’une femme. Une Vélane. »
Il se redressa un peu pour se donner un peu d’importance et guetta la réaction du sorcier en face de lui qui continua à regarder son verre.
« Ce n’est pas ce qui manque dans le quartier. » se moqua-t-il. « Pour tirer un coup ? »
« Quoi ? Non ! »
Edmund secoua la tête avant de se ressaisir. Calme-toi. Ne te laisse pas contrôler par tes émotions. Tu dois être froid, calculateur, stratégique. Ne laisse pas l’autre lire en toi. C’est comme quand Billy joue un rôle au théâtre.
« Je recherche une Vélane. » insista-t-il comme s’il voulait faire passer un message.
L’homme le regarda enfin et plissa légèrement les yeux avant de hocher longuement la tête.
« Je vois … Chasseur ? » dit-il.
Edmund s’efforça de ne pas paraître surpris. Chasseur ? De quoi ? Chasseur de Vélane ? Ca existait vraiment ? Face à son mutisme, l’homme rit.
« Je te conseille de pas trop rester dans le coin dans ce cas. On a déjà notre propre chasseur et il déteste la concurrence. »
Il appuya son regard avant de demander à la barman qu’elle lui serve la même chose qu’avant. Le chasseur de Vélane. Il y en avait déjà un sur le territoire. Surement celui qui traquait Angelina et Olivia.
« Où puis-je le trouver ? »
L’homme le regarda comme si Edmund venait de sortir la plus grosse absurdité qui puisse exister. Une nouvelle bagarre dans le fond du bar le fit sursauter et il s’efforça de reporter son attention sur l’homme dont le regard brillait comme s’il venait de comprendre autre chose. Son verre plein, il le reposa devant lui avant de se tourner complètement vers Edmund.
« Ecoute mon gars. Je ne sais trop d’où tu sors et ça ne m’intéresse pas de le savoir. Mais je te conseille de te méfier. Tu as peut-être l’apparence d’un dur, mais … c’est tout ce que tu as. »
Edmund déglutit alors que sa main se resserrait sur son verre.
« Tu es sur l’Allée des Embrumes. » poursuivit l’homme. « Ce qui signifie que tout le monde a ses secrets ici mais surtout qu’ils sont prêts à tout pour les protéger. Ce n’est pas avec ton attitude actuelle que tu tireras quelque chose de quelqu’un. Alors un conseil : endurcis-toi. »
L’homme rejeta soudain sa tête en arrière et vida d’une traite son verre.
« Et laisse ce chasseur hors de ta vie. » ponctua-t-il en reposant brutalement son verre sur le comptoir.
Edmund le regarda. Cet homme n’était de toute évidence pas un sorcier recommandable. Mais il essayait visiblement de le mettre en garde comme il pouvait. Et pour cela, Edmund devait avouer qu’il avait une sacrée chance de tomber sur un mec comme lui.
« Il me faut son adresse. » dit-il.
L’homme soupira, comme déçu d’avoir échoué dans sa mission de mise-en-garde. Cependant, il sortit un bout de parchemin de sa poche et sa baguette. Edmund glissa machinalement sa main vers sa poche, prêt à attraper la sienne. Mais l’homme dirigea la sienne vers sa tempe de laquelle il retira une filament bleu qui vint se coller sur le parchemin. Brillant en lettres bleutées, une adresse avait été inscrite.
« Mémorise-la … »
Il tendit le parchemin à Edmund.
« … car l’écriture n’est pas permanente et s’effacera dans quelques minutes. »
« Merci. »
« Ne dis pas merci, bordel ! » croassa l’homme.
Il regarda autour de lui, comme inquiet que quelqu’un ait pu les entendre avant de reporter son attention sur le bout de parchemin que tenait Edmund entre ses doigts.
« Cette adresse te mènera droit en enfer. Sois bien certain de ce que tu fais. »
Edmund hocha la tête mais ne dit rien. Il termina son fond de verre avant de se lever. Il ne désirait pas rester plus longtemps ici, ayant eu ce qu’il voulait. Il sortit alors du bar et retrouva le calme et l’obscurité de l’Allée des Embrumes. Il jeta alors un nouveau regard sur le parchemin qui indiquait une adresse près de Dorset Street : 13 Miller's Court. Edmund s’efforça de réciter plusieurs fois mentalement l’adresse avant de chiffonner le papier dans une poche de son pantalon.
Il hésitait à présent. Devait-il rentrer et reporter cette expédition à un autre jour ? Après tout, il devait peut-être examiner le terrain avant de s’y rendre à découvert ? Mais le chasseur ne risquait-il pas de changer d’endroit ?
Edmund fut soudain interrompu dans ses pensées par un grand bruit sur sa gauche. Une gerbe de flammes avait soudain surgi au fond de la rue dans cette direction. Fronçant les sourcils mais enivré par l’adrénaline, Edmund sortit sa flasque de Polynectar, en but une gorgée puis se précipita aussitôt dans la direction des cris qui résonnaient à présent. Arrivé au détour du chemin, il vit un spectacle aussi terrifiant qu’extraordinaire. Un dragon. Plus précisément un Magyar à Pointes. Une chaîne en fer avait été attachée à son cou mais semblait s’être brisée plus bas. En semi-liberté, le dragon comptait bien profiter de cet instant pour prendre la fuite. Mais ses ailes semblaient avoir été endommagés, sans doute mutilées par ceux qui l’avaient attrapé pour éviter qu’il s’enfuie par les airs. Cependant le dragon faisait suffisamment de dégâts au sol.
Sa queue fouettait l’air et avait envoyé valser deux sorciers contre un mur de maison. Ses pattes puissantes faisaient trembler le sol à chaque fois qu’il bougeait. Et un bâtiment était déjà en flamme après avoir craché une gerbe de flammes. Deux hommes essayaient de maîtriser le dragon en jetant des sortilèges qui finissaient d’affoler la créature. Et, entre ses pattes, il y avait un corps. En plissant un peu plus les yeux, Edmund comprit que le corps était bien vivant. Une femme semblait chercher une solution rapide pour s’enfuir. Elle risquait à tout moment de se faire écraser mais si elle bougeait, elle attirerait l’attention de l’animal qui ne l’avait pas encore repéré semblait-il. Comment s’était-elle retrouvée là ?
Le dragon cracha une nouvelle gerbe de flammes et Edmund réagit très vite en lançant un Protego autour de lui tandis qu’un arbre déjà sec finissait en cendres. Le dragon s’énervait de plus en plus et les sorciers n’arrivaient pas à le maîtriser.
« Hey ! » cria Edmund pour attirer l’attention de la jeune femme.
Voyant qu’elle l’avait repéré, Edmund se dépêcha de chercher une solution pour l’aider. Mais il était difficile de réfléchir avec autant de sortilèges qui fusaient en tous sens ou avec le dragon qui hurlait sa rage. Alors Edmund fit la chose la plus insensée qui soit. Il fonça droit sur le dragon. Il y avait une chance. Il pouvait peut-être le faire. Occupé par les sorciers qui tentaient de le capturer, le dragon cracha une nouvelle gerbe de flammes vers le groupe de sorciers, permettant à Edmund qui glissa sous le ventre du dragon.
« Ca va ? T’es blessée ? » cria-t-il à la jeune femme en arrivant jusqu’à elle. « Ok, maintenant, à mon signal, tu cours ! »
Sous le ventre du dragon, la patte arrière semblant bien trop proche de s’écraser sur eux, Edmund fit une nouvelle chose stupide. Il lança un sort sur la partie vulnérable du dragon.
« Reducto ! »
La créature hurla et Edmund s’en voulut de faire subir ça au dragon qui avait sans doute bien assez souffert. Mais le dragon s’écarta vivement et Edmund serra le corps de la jeune femme contre lui, roulant sur le côté pour éviter les pattes arrières. Le dragon s’écarta un instant.
« Maintenant ! » cria-t-il.
La jeune femme se redressa alors qu’Edmund relâchait sa prise sur elle et se mettait à courir derrière elle. Ils coururent, laissant le dragon et les autres sorciers derrière eux, avant de s’arrêter un pâté de maison plus loin. Edmund posa une main sur le mur, reprenant son souffle, avant de regarder la jeune femme.
« Tout va bien ? » demanda-t-il, posant une main sur sa joue pour voir son visage.
Même sous les traits d’Alessio, il ne pouvait refouler son envie d’être aussi tactile avec les autres, en particulier avec une jeune femme qu’il venait de sauver d’une mort certaine.
Edmund roula des épaules et tenta d’avancer de manière un peu moins colossale dans la rue. Il devait se détendre et prendre un air plus détaché. Il rabattit la capuche de sa cape sur sa tête alors qu’il croisait d’autres sorciers.
Il avait mis un mois pour préparer du Polynectar en quantité suffisante et en avait préparé assez pour tenir le mois entier. Mais en plus de recueillir des informations, il allait devoir aussi récupérer de nouveaux ingrédients pour faire un nouveau chaudron de potions. Il gardait deux flasques de secours dans les poches de sa cape et savait qu’il ne devait pas hésiter à en boire à chaque heure pour conserver son apparence actuelle. Il avait aussi travaillé son identité, reprenant le nom d’Alessio Grecco. Seulement, il n’était plus étudiant mais un sorcier arrivant tout juste d’Italie pour s’installer à Londres.
Prenant une inspiration, il poussa la porte du premier bar qu’il vit. Il ne connaissait rien à l’Allée des Embrumes, à part ce que les rumeurs laissaient entendre : un endroit malfamé, des sorciers louches, des créatures terrifiantes et de la magie noire. Tout ce qu’Edmund recherchait pour trouver des informations sur l’homme qui recherchait Olivia.
Cette dernière avait été enfermée une nouvelle fois à double-tour dans son appartement des Estudines. La nuit était tombée et elle dormait à poings fermés quand Edmund avait fini de la border. Il savait qu’il devait rechercher un nouvel appartement. Il n’avait pas le droit de faire dormir qui que ce soit dans sa chambre, encore plus depuis un mois. Et les pauvres sorts défensifs n’étaient guère efficaces ici. Cependant, il devait aussi trouver un travail pour pouvoir se permettre d’avoir un appartement autre que dans les Estudines. Et préparer un argumentaire en béton pour ses parents qui s’étonneraient de le voir partir deux mois avant la fin de l’année scolaire vers un autre appartement. Il allait devoir trouver une solution aussi pour cet été mais … peut-être que d’ici là … le problème serait réglé ?
C’était une douce utopie.
A l’intérieur du bar, la plupart des tables en bois était occupée. Cela ressemblait légèrement à la Tête du Sanglier à Pré-au-Lard, mise à part qu’un groupe de gobelins jouait près d’une table de billard et que diverses cages avec des créatures étranges avaient été entreposées au fond de la salle. Une vente aux enchères avait l’air d’avoir lieu, ponctuée de temps en temps par un homme qui balançait un coup de poing à un autre, histoire d’avoir le dernier mot sur l’enchère.
Essayant de ne pas paraître intimidé, Edmund allait s’installer sur les tabourets du comptoir. La femme, une demi-géante au vu de la taille, s’approcha de lui. Sa voix était grave et elle avait sans doute trop forcée sur le maquillage.
« Hum … un Poudlard fortifié. »
La barman haussa un sourcil mais se retourna pour aller préparer la boisson de quelques coups de baguette. Edmund voulait avoir les idées claires pour mener son interrogatoire, mais prendre un jus de citrouille ici éveillerait vite les soupçons, une Bièraubeurre encore plus.
« Mer … » voulut-il dire, avant de choisir de s’interrompre et de donner les quelques Mornilles réclamées.
Il regarda autour de lui, essayant d’analyser les personnes qui pouvaient être intéressantes pour mener un interrogatoire. Mais la vérité, c’était qu’il ne savait pas par où commencer sans se faire trop repérer. Par chance – si on peut le dire ainsi – la barman s’approcha de lui et posa ses deux coudes sur le comptoir pour se pencher vers lui.
« T’es pas du coin toi ! »
Edmund but une gorgée de sa boisson et s’efforça de ne pas grimacer, espérant se donner un air plus solide qu’il ne l’était en réalité.
« Bien observé. » répondit-il. « J’arrive d’Italie. »
La barman hocha la tête, comme si elle avait tout compris, avant de faire signe à un sorcier un peu plus âgé sur la gauche d’Edmund.
« Hey Tim ! On recrute les sorciers italiens maintenant ! »
Elle éclata de rire bien qu’Edmund n’ait pas compris la subtilité. Il regarda alors le sorcier qui se tourna vers lui pour le détailler de la tête aux pieds. Il devait avoir une cinquantaine d’années mais son visage paraissait bien plus vieux, comme s’il avait vécu milles vies.
Nom de l'acteur : Jerome Flynn
« Italien alors ? » dit-il avec un accent bien prononcé.
Edmund déglutit avant de se souvenir qu’il n’avait fait aucun effort sur l’accent. Pris de panique, il but une nouvelle gorgée de son verre avant de répondre avec une voix éraillée.
« Ouais. De Naples. »
L’homme haussa un sourcil mais ne dit rien à ce sujet.
« J’y étais une fois, quand j’étais plus jeune. » déclara-t-il en jugeant le contenu de son verre vide. « Alors qu’est-ce qui t’amène ici ? »
« Je … suis à la recherche d’une femme. Une Vélane. »
Il se redressa un peu pour se donner un peu d’importance et guetta la réaction du sorcier en face de lui qui continua à regarder son verre.
« Ce n’est pas ce qui manque dans le quartier. » se moqua-t-il. « Pour tirer un coup ? »
« Quoi ? Non ! »
Edmund secoua la tête avant de se ressaisir. Calme-toi. Ne te laisse pas contrôler par tes émotions. Tu dois être froid, calculateur, stratégique. Ne laisse pas l’autre lire en toi. C’est comme quand Billy joue un rôle au théâtre.
« Je recherche une Vélane. » insista-t-il comme s’il voulait faire passer un message.
L’homme le regarda enfin et plissa légèrement les yeux avant de hocher longuement la tête.
« Je vois … Chasseur ? » dit-il.
Edmund s’efforça de ne pas paraître surpris. Chasseur ? De quoi ? Chasseur de Vélane ? Ca existait vraiment ? Face à son mutisme, l’homme rit.
« Je te conseille de pas trop rester dans le coin dans ce cas. On a déjà notre propre chasseur et il déteste la concurrence. »
Il appuya son regard avant de demander à la barman qu’elle lui serve la même chose qu’avant. Le chasseur de Vélane. Il y en avait déjà un sur le territoire. Surement celui qui traquait Angelina et Olivia.
« Où puis-je le trouver ? »
L’homme le regarda comme si Edmund venait de sortir la plus grosse absurdité qui puisse exister. Une nouvelle bagarre dans le fond du bar le fit sursauter et il s’efforça de reporter son attention sur l’homme dont le regard brillait comme s’il venait de comprendre autre chose. Son verre plein, il le reposa devant lui avant de se tourner complètement vers Edmund.
« Ecoute mon gars. Je ne sais trop d’où tu sors et ça ne m’intéresse pas de le savoir. Mais je te conseille de te méfier. Tu as peut-être l’apparence d’un dur, mais … c’est tout ce que tu as. »
Edmund déglutit alors que sa main se resserrait sur son verre.
« Tu es sur l’Allée des Embrumes. » poursuivit l’homme. « Ce qui signifie que tout le monde a ses secrets ici mais surtout qu’ils sont prêts à tout pour les protéger. Ce n’est pas avec ton attitude actuelle que tu tireras quelque chose de quelqu’un. Alors un conseil : endurcis-toi. »
L’homme rejeta soudain sa tête en arrière et vida d’une traite son verre.
« Et laisse ce chasseur hors de ta vie. » ponctua-t-il en reposant brutalement son verre sur le comptoir.
Edmund le regarda. Cet homme n’était de toute évidence pas un sorcier recommandable. Mais il essayait visiblement de le mettre en garde comme il pouvait. Et pour cela, Edmund devait avouer qu’il avait une sacrée chance de tomber sur un mec comme lui.
« Il me faut son adresse. » dit-il.
L’homme soupira, comme déçu d’avoir échoué dans sa mission de mise-en-garde. Cependant, il sortit un bout de parchemin de sa poche et sa baguette. Edmund glissa machinalement sa main vers sa poche, prêt à attraper la sienne. Mais l’homme dirigea la sienne vers sa tempe de laquelle il retira une filament bleu qui vint se coller sur le parchemin. Brillant en lettres bleutées, une adresse avait été inscrite.
« Mémorise-la … »
Il tendit le parchemin à Edmund.
« … car l’écriture n’est pas permanente et s’effacera dans quelques minutes. »
« Merci. »
« Ne dis pas merci, bordel ! » croassa l’homme.
Il regarda autour de lui, comme inquiet que quelqu’un ait pu les entendre avant de reporter son attention sur le bout de parchemin que tenait Edmund entre ses doigts.
« Cette adresse te mènera droit en enfer. Sois bien certain de ce que tu fais. »
Edmund hocha la tête mais ne dit rien. Il termina son fond de verre avant de se lever. Il ne désirait pas rester plus longtemps ici, ayant eu ce qu’il voulait. Il sortit alors du bar et retrouva le calme et l’obscurité de l’Allée des Embrumes. Il jeta alors un nouveau regard sur le parchemin qui indiquait une adresse près de Dorset Street : 13 Miller's Court. Edmund s’efforça de réciter plusieurs fois mentalement l’adresse avant de chiffonner le papier dans une poche de son pantalon.
Il hésitait à présent. Devait-il rentrer et reporter cette expédition à un autre jour ? Après tout, il devait peut-être examiner le terrain avant de s’y rendre à découvert ? Mais le chasseur ne risquait-il pas de changer d’endroit ?
Edmund fut soudain interrompu dans ses pensées par un grand bruit sur sa gauche. Une gerbe de flammes avait soudain surgi au fond de la rue dans cette direction. Fronçant les sourcils mais enivré par l’adrénaline, Edmund sortit sa flasque de Polynectar, en but une gorgée puis se précipita aussitôt dans la direction des cris qui résonnaient à présent. Arrivé au détour du chemin, il vit un spectacle aussi terrifiant qu’extraordinaire. Un dragon. Plus précisément un Magyar à Pointes. Une chaîne en fer avait été attachée à son cou mais semblait s’être brisée plus bas. En semi-liberté, le dragon comptait bien profiter de cet instant pour prendre la fuite. Mais ses ailes semblaient avoir été endommagés, sans doute mutilées par ceux qui l’avaient attrapé pour éviter qu’il s’enfuie par les airs. Cependant le dragon faisait suffisamment de dégâts au sol.
Sa queue fouettait l’air et avait envoyé valser deux sorciers contre un mur de maison. Ses pattes puissantes faisaient trembler le sol à chaque fois qu’il bougeait. Et un bâtiment était déjà en flamme après avoir craché une gerbe de flammes. Deux hommes essayaient de maîtriser le dragon en jetant des sortilèges qui finissaient d’affoler la créature. Et, entre ses pattes, il y avait un corps. En plissant un peu plus les yeux, Edmund comprit que le corps était bien vivant. Une femme semblait chercher une solution rapide pour s’enfuir. Elle risquait à tout moment de se faire écraser mais si elle bougeait, elle attirerait l’attention de l’animal qui ne l’avait pas encore repéré semblait-il. Comment s’était-elle retrouvée là ?
Le dragon cracha une nouvelle gerbe de flammes et Edmund réagit très vite en lançant un Protego autour de lui tandis qu’un arbre déjà sec finissait en cendres. Le dragon s’énervait de plus en plus et les sorciers n’arrivaient pas à le maîtriser.
« Hey ! » cria Edmund pour attirer l’attention de la jeune femme.
Voyant qu’elle l’avait repéré, Edmund se dépêcha de chercher une solution pour l’aider. Mais il était difficile de réfléchir avec autant de sortilèges qui fusaient en tous sens ou avec le dragon qui hurlait sa rage. Alors Edmund fit la chose la plus insensée qui soit. Il fonça droit sur le dragon. Il y avait une chance. Il pouvait peut-être le faire. Occupé par les sorciers qui tentaient de le capturer, le dragon cracha une nouvelle gerbe de flammes vers le groupe de sorciers, permettant à Edmund qui glissa sous le ventre du dragon.
« Ca va ? T’es blessée ? » cria-t-il à la jeune femme en arrivant jusqu’à elle. « Ok, maintenant, à mon signal, tu cours ! »
Sous le ventre du dragon, la patte arrière semblant bien trop proche de s’écraser sur eux, Edmund fit une nouvelle chose stupide. Il lança un sort sur la partie vulnérable du dragon.
« Reducto ! »
La créature hurla et Edmund s’en voulut de faire subir ça au dragon qui avait sans doute bien assez souffert. Mais le dragon s’écarta vivement et Edmund serra le corps de la jeune femme contre lui, roulant sur le côté pour éviter les pattes arrières. Le dragon s’écarta un instant.
« Maintenant ! » cria-t-il.
La jeune femme se redressa alors qu’Edmund relâchait sa prise sur elle et se mettait à courir derrière elle. Ils coururent, laissant le dragon et les autres sorciers derrière eux, avant de s’arrêter un pâté de maison plus loin. Edmund posa une main sur le mur, reprenant son souffle, avant de regarder la jeune femme.
« Tout va bien ? » demanda-t-il, posant une main sur sa joue pour voir son visage.
Même sous les traits d’Alessio, il ne pouvait refouler son envie d’être aussi tactile avec les autres, en particulier avec une jeune femme qu’il venait de sauver d’une mort certaine.
@ Victoire
Edmund Prewett