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Edmund Prewett
Contexte
Nous sommes le dimanche 7 avril 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il est étudiant en 2ème année de Sciences Politiques et brûle d'entrer enfin dans la vie politique. Mais des événements récents ont pas mal chamboulé ses plans et il doit à présent changer d'identité pour mettre en sécurité celle qu'il aime.


Love again
Edmund tentait d’avoir une démarche naturelle mais il devait bien avouer qu’il avait du mal à trouver ce qui allait le mieux à sa nouvelle apparence. Il jeta un coup d’œil dans une vitrine de l’Allée des Embrumes. Il avait indubitablement grandi et ses épaules étaient désormais carrées. Ses cheveux blonds avaient laissé place à quelque chose de plus lisse et de plus élaboré avec une couleur plutôt marron. Ses yeux bleu océan étaient devenus légèrement plus sombres. Des poils avaient poussé sur son menton et ses joues, lui donnant l’apparence d’un homme d’une trentaine d’années.

Edmund roula des épaules et tenta d’avancer de manière un peu moins colossale dans la rue. Il devait se détendre et prendre un air plus détaché. Il rabattit la capuche de sa cape sur sa tête alors qu’il croisait d’autres sorciers.

Il avait mis un mois pour préparer du Polynectar en quantité suffisante et en avait préparé assez pour tenir le mois entier. Mais en plus de recueillir des informations, il allait devoir aussi récupérer de nouveaux ingrédients pour faire un nouveau chaudron de potions. Il gardait deux flasques de secours dans les poches de sa cape et savait qu’il ne devait pas hésiter à en boire à chaque heure pour conserver son apparence actuelle. Il avait aussi travaillé son identité, reprenant le nom d’Alessio Grecco. Seulement, il n’était plus étudiant mais un sorcier arrivant tout juste d’Italie pour s’installer à Londres.

Prenant une inspiration, il poussa la porte du premier bar qu’il vit. Il ne connaissait rien à l’Allée des Embrumes, à part ce que les rumeurs laissaient entendre : un endroit malfamé, des sorciers louches, des créatures terrifiantes et de la magie noire. Tout ce qu’Edmund recherchait pour trouver des informations sur l’homme qui recherchait Olivia.

Cette dernière avait été enfermée une nouvelle fois à double-tour dans son appartement des Estudines. La nuit était tombée et elle dormait à poings fermés quand Edmund avait fini de la border. Il savait qu’il devait rechercher un nouvel appartement. Il n’avait pas le droit de faire dormir qui que ce soit dans sa chambre, encore plus depuis un mois. Et les pauvres sorts défensifs n’étaient guère efficaces ici. Cependant, il devait aussi trouver un travail pour pouvoir se permettre d’avoir un appartement autre que dans les Estudines. Et préparer un argumentaire en béton pour ses parents qui s’étonneraient de le voir partir deux mois avant la fin de l’année scolaire vers un autre appartement. Il allait devoir trouver une solution aussi pour cet été mais … peut-être que d’ici là … le problème serait réglé ?

C’était une douce utopie.

A l’intérieur du bar, la plupart des tables en bois était occupée. Cela ressemblait légèrement à la Tête du Sanglier à Pré-au-Lard, mise à part qu’un groupe de gobelins jouait près d’une table de billard et que diverses cages avec des créatures étranges avaient été entreposées au fond de la salle. Une vente aux enchères avait l’air d’avoir lieu, ponctuée de temps en temps par un homme qui balançait un coup de poing à un autre, histoire d’avoir le dernier mot sur l’enchère.

Essayant de ne pas paraître intimidé, Edmund allait s’installer sur les tabourets du comptoir. La femme, une demi-géante au vu de la taille, s’approcha de lui. Sa voix était grave et elle avait sans doute trop forcée sur le maquillage.

« Hum … un Poudlard fortifié. »

La barman haussa un sourcil mais se retourna pour aller préparer la boisson de quelques coups de baguette. Edmund voulait avoir les idées claires pour mener son interrogatoire, mais prendre un jus de citrouille ici éveillerait vite les soupçons, une Bièraubeurre encore plus.

« Mer … » voulut-il dire, avant de choisir de s’interrompre et de donner les quelques Mornilles réclamées.

Il regarda autour de lui, essayant d’analyser les personnes qui pouvaient être intéressantes pour mener un interrogatoire. Mais la vérité, c’était qu’il ne savait pas par où commencer sans se faire trop repérer. Par chance – si on peut le dire ainsi – la barman s’approcha de lui et posa ses deux coudes sur le comptoir pour se pencher vers lui.

« T’es pas du coin toi ! »

Edmund but une gorgée de sa boisson et s’efforça de ne pas grimacer, espérant se donner un air plus solide qu’il ne l’était en réalité.

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« Bien observé. » répondit-il. « J’arrive d’Italie. »

La barman hocha la tête, comme si elle avait tout compris, avant de faire signe à un sorcier un peu plus âgé sur la gauche d’Edmund.

« Hey Tim ! On recrute les sorciers italiens maintenant ! »

Elle éclata de rire bien qu’Edmund n’ait pas compris la subtilité. Il regarda alors le sorcier qui se tourna vers lui pour le détailler de la tête aux pieds. Il devait avoir une cinquantaine d’années mais son visage paraissait bien plus vieux, comme s’il avait vécu milles vies.

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Nom de l'acteur : Jerome Flynn

« Italien alors ? » dit-il avec un accent bien prononcé.

Edmund déglutit avant de se souvenir qu’il n’avait fait aucun effort sur l’accent. Pris de panique, il but une nouvelle gorgée de son verre avant de répondre avec une voix éraillée.

« Ouais. De Naples. »

L’homme haussa un sourcil mais ne dit rien à ce sujet.

« J’y étais une fois, quand j’étais plus jeune. » déclara-t-il en jugeant le contenu de son verre vide. « Alors qu’est-ce qui t’amène ici ? »
« Je … suis à la recherche d’une femme. Une Vélane. »

Il se redressa un peu pour se donner un peu d’importance et guetta la réaction du sorcier en face de lui qui continua à regarder son verre.

« Ce n’est pas ce qui manque dans le quartier. » se moqua-t-il. « Pour tirer un coup ? »
« Quoi ? Non ! »

Edmund secoua la tête avant de se ressaisir. Calme-toi. Ne te laisse pas contrôler par tes émotions. Tu dois être froid, calculateur, stratégique. Ne laisse pas l’autre lire en toi. C’est comme quand Billy joue un rôle au théâtre.

« Je recherche une Vélane. » insista-t-il comme s’il voulait faire passer un message.

L’homme le regarda enfin et plissa légèrement les yeux avant de hocher longuement la tête.

« Je vois … Chasseur ? » dit-il.

Edmund s’efforça de ne pas paraître surpris. Chasseur ? De quoi ? Chasseur de Vélane ? Ca existait vraiment ? Face à son mutisme, l’homme rit.

« Je te conseille de pas trop rester dans le coin dans ce cas. On a déjà notre propre chasseur et il déteste la concurrence. »

Il appuya son regard avant de demander à la barman qu’elle lui serve la même chose qu’avant. Le chasseur de Vélane. Il y en avait déjà un sur le territoire. Surement celui qui traquait Angelina et Olivia.

« Où puis-je le trouver ? »

L’homme le regarda comme si Edmund venait de sortir la plus grosse absurdité qui puisse exister. Une nouvelle bagarre dans le fond du bar le fit sursauter et il s’efforça de reporter son attention sur l’homme dont le regard brillait comme s’il venait de comprendre autre chose. Son verre plein, il le reposa devant lui avant de se tourner complètement vers Edmund.

« Ecoute mon gars. Je ne sais trop d’où tu sors et ça ne m’intéresse pas de le savoir. Mais je te conseille de te méfier. Tu as peut-être l’apparence d’un dur, mais … c’est tout ce que tu as. »

Edmund déglutit alors que sa main se resserrait sur son verre.

« Tu es sur l’Allée des Embrumes. » poursuivit l’homme. « Ce qui signifie que tout le monde a ses secrets ici mais surtout qu’ils sont prêts à tout pour les protéger. Ce n’est pas avec ton attitude actuelle que tu tireras quelque chose de quelqu’un. Alors un conseil : endurcis-toi. »

L’homme rejeta soudain sa tête en arrière et vida d’une traite son verre.

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« Et laisse ce chasseur hors de ta vie. » ponctua-t-il en reposant brutalement son verre sur le comptoir.

Edmund le regarda. Cet homme n’était de toute évidence pas un sorcier recommandable. Mais il essayait visiblement de le mettre en garde comme il pouvait. Et pour cela, Edmund devait avouer qu’il avait une sacrée chance de tomber sur un mec comme lui.

« Il me faut son adresse. » dit-il.

L’homme soupira, comme déçu d’avoir échoué dans sa mission de mise-en-garde. Cependant, il sortit un bout de parchemin de sa poche et sa baguette. Edmund glissa machinalement sa main vers sa poche, prêt à attraper la sienne. Mais l’homme dirigea la sienne vers sa tempe de laquelle il retira une filament bleu qui vint se coller sur le parchemin. Brillant en lettres bleutées, une adresse avait été inscrite.

« Mémorise-la … »

Il tendit le parchemin à Edmund.

« … car l’écriture n’est pas permanente et s’effacera dans quelques minutes. »
« Merci. »
« Ne dis pas merci, bordel ! » croassa l’homme.

Il regarda autour de lui, comme inquiet que quelqu’un ait pu les entendre avant de reporter son attention sur le bout de parchemin que tenait Edmund entre ses doigts.

« Cette adresse te mènera droit en enfer. Sois bien certain de ce que tu fais. »

Edmund hocha la tête mais ne dit rien. Il termina son fond de verre avant de se lever. Il ne désirait pas rester plus longtemps ici, ayant eu ce qu’il voulait. Il sortit alors du bar et retrouva le calme et l’obscurité de l’Allée des Embrumes. Il jeta alors un nouveau regard sur le parchemin qui indiquait une adresse près de Dorset Street : 13 Miller's Court. Edmund s’efforça de réciter plusieurs fois mentalement l’adresse avant de chiffonner le papier dans une poche de son pantalon.

Il hésitait à présent. Devait-il rentrer et reporter cette expédition à un autre jour ? Après tout, il devait peut-être examiner le terrain avant de s’y rendre à découvert ? Mais le chasseur ne risquait-il pas de changer d’endroit ?

Edmund fut soudain interrompu dans ses pensées par un grand bruit sur sa gauche. Une gerbe de flammes avait soudain surgi au fond de la rue dans cette direction. Fronçant les sourcils mais enivré par l’adrénaline, Edmund sortit sa flasque de Polynectar, en but une gorgée puis se précipita aussitôt dans la direction des cris qui résonnaient à présent. Arrivé au détour du chemin, il vit un spectacle aussi terrifiant qu’extraordinaire. Un dragon. Plus précisément un Magyar à Pointes. Une chaîne en fer avait été attachée à son cou mais semblait s’être brisée plus bas. En semi-liberté, le dragon comptait bien profiter de cet instant pour prendre la fuite. Mais ses ailes semblaient avoir été endommagés, sans doute mutilées par ceux qui l’avaient attrapé pour éviter qu’il s’enfuie par les airs. Cependant le dragon faisait suffisamment de dégâts au sol.

Sa queue fouettait l’air et avait envoyé valser deux sorciers contre un mur de maison. Ses pattes puissantes faisaient trembler le sol à chaque fois qu’il bougeait. Et un bâtiment était déjà en flamme après avoir craché une gerbe de flammes. Deux hommes essayaient de maîtriser le dragon en jetant des sortilèges qui finissaient d’affoler la créature. Et, entre ses pattes, il y avait un corps. En plissant un peu plus les yeux, Edmund comprit que le corps était bien vivant. Une femme semblait chercher une solution rapide pour s’enfuir. Elle risquait à tout moment de se faire écraser mais si elle bougeait, elle attirerait l’attention de l’animal qui ne l’avait pas encore repéré semblait-il. Comment s’était-elle retrouvée là ?

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Le dragon cracha une nouvelle gerbe de flammes et Edmund réagit très vite en lançant un Protego autour de lui tandis qu’un arbre déjà sec finissait en cendres. Le dragon s’énervait de plus en plus et les sorciers n’arrivaient pas à le maîtriser.

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« Hey ! » cria Edmund pour attirer l’attention de la jeune femme.

Voyant qu’elle l’avait repéré, Edmund se dépêcha de chercher une solution pour l’aider. Mais il était difficile de réfléchir avec autant de sortilèges qui fusaient en tous sens ou avec le dragon qui hurlait sa rage. Alors Edmund fit la chose la plus insensée qui soit. Il fonça droit sur le dragon. Il y avait une chance. Il pouvait peut-être le faire. Occupé par les sorciers qui tentaient de le capturer, le dragon cracha une nouvelle gerbe de flammes vers le groupe de sorciers, permettant à Edmund qui glissa sous le ventre du dragon.

« Ca va ? T’es blessée ? » cria-t-il à la jeune femme en arrivant jusqu’à elle. « Ok, maintenant, à mon signal, tu cours ! »

Sous le ventre du dragon, la patte arrière semblant bien trop proche de s’écraser sur eux, Edmund fit une nouvelle chose stupide. Il lança un sort sur la partie vulnérable du dragon.

« Reducto ! »

La créature hurla et Edmund s’en voulut de faire subir ça au dragon qui avait sans doute bien assez souffert. Mais le dragon s’écarta vivement et Edmund serra le corps de la jeune femme contre lui, roulant sur le côté pour éviter les pattes arrières. Le dragon s’écarta un instant.

« Maintenant ! » cria-t-il.

La jeune femme se redressa alors qu’Edmund relâchait sa prise sur elle et se mettait à courir derrière elle. Ils coururent, laissant le dragon et les autres sorciers derrière eux, avant de s’arrêter un pâté de maison plus loin. Edmund posa une main sur le mur, reprenant son souffle, avant de regarder la jeune femme.

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« Tout va bien ? » demanda-t-il, posant une main sur sa joue pour voir son visage.

Même sous les traits d’Alessio, il ne pouvait refouler son envie d’être aussi tactile avec les autres, en particulier avec une jeune femme qu’il venait de sauver d’une mort certaine.

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ

Edmund Prewett

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Love again Avec Edmund Prewett (sous les traits d'Alessio Grecco) ☆ Dimanche 7 avril 2002

Ce matin, je me suis réveillée avec une gueule de bois digne d'un lendemain du Nouvel An. Si on oublie le fait que tous mes samedis matins ressemblent à des Nouvels Ans, et que c'était presque, voir carrément devenu une routine, mais bref. La tête tournait, l'estomac était en vrac et la seule chose qui me fit courir hors du lit fut tout l'alcool et les quelques nachos que j'avais ingéré qui remontaient le long de mon estomac pour finir dans les toilettes. Bon… Je me relevais difficilement. Après avoir rincé ma bouche, j'allais à la cuisine, pour récupérer du malibu, que je fis couler dans du jus de citrouille, avant d'avaler mon verre d'un coup. Il fallait bien soigner le mal par le mal, n'est-ce pas ? Pour me récompenser d'avoir cette fois vomi dans mes toilettes, et non pas dans la poubelle comme la dernière fois, je m'accordais même un second verre, avant de grignoter des restes de pizza. Qu'est-ce que j'allais bien faire de mon après-midi ? C'était la question que je me posais, jusqu'à ce que je sente un frisson à l'arrière de mon crâne.

Je reconnaissais très bien cette sensation. C'était mon troisième oeil qui était en train de se réveiller. Je tenais fermement le lavabo, comme pour me raccrocher à quelque chose de réel, et pas ces images qui risquaient de débarquer à tout moment dans ma tête. Non, non, non. J'abrutissais ce don à la con le plus possible, depuis que j'avais vu la disparition de ma sœur sans rien pouvoir faire. Hors de question de continuer de subir des visions qui ne me servent pas. Et apparemment, l'alcool aujourd'hui n'avait pas été suffisant. Sans réfléchir, je fermais les yeux, comme pour essayer de me concentrer sur autre chose. Mais mon troisième oeil profita de ce moment de faiblesse pour se réveiller totalement.

Des images de dragon. Des images d'un dragon m'envahirent. Je pouvais presque sentir son souffle chaud sur mon corps, ses écailles dans mon dos… « PUTAIN1 ! » Je donnais un coup sur le lavabo, pour essayer de me faire mal et de me réveiller de cette espèce de transe. Je détestais quand ça faisait ça. A une époque, qui me semblait bien lointaine, je savais les gérer. Je les acceptais plus naturellement, je les comprenais bien, et surtout, je les prenais en compte. Là, je voulais juste que ça s'arrête. De ne plus subir ce poids-là. Et puisque l'alcool ne marchait pas, il fallait passer à la vitesse supérieure. Je me dépêchais de m'habiller rapidement, puis je pris mon porte-monnaie et je sortis de mon appartement étudiant. Je transplanais immédiatement sur l'Allée des Embrumes. Le lieu qu'il me fallait.

Mes pas se mirent automatiquement à suivre la route. Je savais où j'allais, je savais qui je cherchais. « Annie ! T'avais disparu, dis donc. Où t'étais passée ? » Je m'approchais d'un gars soi-disant nommé Bert. Je n'étais pas sûre que ce soit son vrai nom, mais bon. Qui s'en souciait ? Lui pensait bien que je m'appelais Anne. Il me trouvais mimi, comme une fille, et m'attribuait le surnom d'Annie. J'avais jamais bien compris pourquoi ce vendeur de drogue bourru était aux petits soins avec moi. Mais si ça pouvait m'éviter des problèmes de sécurité… Au moins, je n'avais qu'à faire mes achats, et partir de là. « J'avais des choses à faire. Et j'avais pas besoin de tes services. » « Parce que là, oui…? T'sais Annie, si quelqu'un te fait du mal, tu peux m'le dire. On devrait pas emmerder une perle comme toi. » Je me retenus de rire face à son discours. Une perle, moi ? Alors qu'il voyait mon côté débraillé, mes piercings, mes collants troués ? Si il me voyait en version Isabeau Anne Fontanges la Sang-Pur, là, il pouvait m'appeler une perle. En version Isabeau, pas trop. Encore moins en version Anne la camée, surnommée affectueusement Annie. « T'occupe. La dose habituelle. Et je veux bien que tu partages ta bouteille, ma flasque est vide. » Bert ne rajouta rien, Merlin merci. Il se contenta de chercher dans ses produits ce que je voulais : de la Griffe de Dragon dans un petit sachet. Je le pris, et lui tendit ma flasque, qu'il remplit à moitié. C'était parfait, juste ce qu'il fallait pour la route.

Je remerciais Bert, avant de tourner les talons et de commencer à marcher. Je ne transplanais pas tout de suite, juste le temps d'ouvrir cette flasque et d'en boire un coup… Je sentis l'alcool descendre le long de mon oesophage, me rassurant immédiatement. Comme si j'étais prête à affronter la suite. Je rangeais délicatement ma bouteille dans mon sac, avant de sentir qu'on me bousculait.

Les gens autour de moi criaient, et courraient partout. Une véritable foule en panique commençait à s'avancer partout, voir à courir, sans regarder autour d'eux. Ventre au sol, je n'arrivais même pas à me relever, à me redresser. Je mis mes mains sur ma tête pour me protéger, mais ça n'empêcha pas certains de se prendre les pieds dans mon corps. Ça ne les empêchaient pas de repartir en courant sans même essayer de m'aider. Je sentis le sol trembler, plusieurs fois, au rythme d'une marche. C'est quand je sentis quelque chose frôler mon dos alors que plus personne ne courait sur moi que je parviens à lever la tête et à regarder tout autour.

C'est là que je les vis. Des putains de pattes, énormes. En regardant au-dessus de ma tête, je reconnus les écailles. Le dragon de ma vision. Il y avait un putain de dragon au-dessus de moi, et c'est pour ça que les gens fuyaient ! Je replongeais immédiatement ma tête dans mes bras. Si je bougeais trop, il allait se rendre compte que j'étais là, et allait m'écraser. Alors que si je restais immobile, j'avais peut-être une minuscule chance de m'en sortir. J'avais le cœur au bord des lèvres alors que je sentais la créature bouger tout autour de moi. Je l'entendais cracher du feu, fouetter l'air avec sa queue. Je regardais désespérément autour de moi en essayant de trouver une solution, mais je n'en voyais aucune. Dans tous les cas, j'étais condamnée. « Hey ! » Le cri me fit lever la tête. Je n'étais pas bien sûr qu'on s'adresse à moi, mais…

Si, on s'adressait à moi. Je voyais un homme brun me regarder dans les yeux. C'est moi qu'il appelait. Mon cœur battait tellement vite qu'il risquait à tout moment de sortir de ma cage thoracique. Je fixais l'homme, qui regarda autour de lui, avant de foncer sur le dragon. Mais… Il était fou ? Il atterrit sous le ventre à mes côtés, sous mes yeux interloqués. J'étais déjà coincé, pourquoi il se coinçait lui aussi ? « Ca va ? T’es blessée ? » Je secouais la tête pour lui signifier que non. A part quelques bleus parce qu'on m'avait marché dessus, mais à part ça… « Ok, maintenant, à mon signal, tu cours ! » Je cours ? Comme ça ? Mais on allait se faire écraser ? Qu'est-ce qu'il allait bien faire ?

Le type leva sa baguette et la pointa sur une partie du corps du dragon. « Reducto ! » La créature se mit à hurler de douleur, cachant mon propre cri de surprise. Mais au moins, il commença à se décaler. Alors que je voyais une patte s'approcher de mon corps, je sentis des bras autour de ma taille, et qu'on me faisait rouler sur le sol, comme pour s'enfuir. « Maintenant ! » Je ne me le fis pas dire deux fois. Je me redressais immédiatement, et je me mis à courir, le plus vite possible, en ignorant mes douleurs. J'entendis des bruits de course derrière moi. Des bruits humains. C'est le type qui me suivait. Je finis par tourner dans une rue déserte, pour m'arrêter de courir. Mon estomac était totalement en vrac, et je sentis déjà la bile de l'alcool remonter suite à ces efforts.

Je repris ma respiration contre le mur, à côté de l'inconnu. Lui aussi essayait de retrouver sa respiration. « Merci… Merci beaucoup… De m'avoir sauvée… » J'essayais de parler entre deux respirations sifflantes. Compliqué. « Tout va bien ? » Il me posa la question en posant une main sur mon visage. Mon sang ne fit qu'un tour et je me sentis lui donner un coup en reculant. « Ne me touche pas ! » Je bondis en arrière, avant de sentir le dernier looping de mon estomac. Je lui tournais immédiatement le dos en posant une main contre le mur, et je me penchais vers le sol pour finir de vomir mes tripes. Super, je n'avais même pas eu le temps de digérer l'alcool que j'avais bu pour mon petit déjeuner. Je me redressais, une main sur le ventre. J'avais mal à l'estomac. Et j'avais faim, aussi. Je me disais que si je le remplissais, j'aurai moins mal au ventre.

« Désolée, je déteste que les inconnus me touchent. » J'expliquais rapidement. Autant, d'habitude, je ne donnais pas autant d'explications. Mais là, il m'avait sauvée la vie, je pouvais bien lui dire pourquoi j'avais aussi mal réagi alors que j'étais là grâce à lui ? Mais hors de question de lui dire pourquoi je n'aimais pas les inconnus. Pourquoi ils n'étaient pas dignes de confiance. « Tout va bien… Enfin, je crois. J'ai été piétinée. J'irais à l'hôpital vérifier que tout va bien. » Après avoir manger un bout, parce que mon ventre gargouillait sérieusement. Fallait pas vomir les restants de pizza froids dans la rue, aussi ! Je me tournais vers mon sauveur, avant de fouiller dans mon sac et de lui tendre un mouchoir. « Tu as du sang et de la terre sur le visage. » Expliquais-je. « Tu t'appelles comment ? » J'aimais bien savoir qui je croisais sur l'Allée des Embrumes. Juste au cas où. Peut-être que la personne qui nous avait retiré Aliénor venait de là, aussi. J'étais méfiante, envers tout le monde. Je voulais son prénom, au cas où. Il me demanda le mien en échange. « Anne. » Hors de question de lui donner le vrai. Il aurait le même que tout le monde ici. « Et bien, Alessio… Merci de m'avoir sauvé la vie. » Maintenant, il était temps d'aller manger un bout, comme mon estomac se plaisait à me le rappeler.  

☆☆☆
   
1 : Tous les dialogues entre guillemets de Isabeau en italique sont en français.
:copyright:️ Justayne

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☆ I only see him as a friend, The biggest lie I ever said ☆

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Edmund Prewett
Contexte
Nous sommes le dimanche 7 avril 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il est étudiant en 2ème année de Sciences Politiques et brûle d'entrer enfin dans la vie politique. Mais des événements récents ont pas mal chamboulé ses plans et il doit à présent changer d'identité pour mettre en sécurité celle qu'il aime.

Love again
La jeune femme réagit au quart de tour.

« Ne me touche pas ! » s’écria-t-elle en reculant vivement, comme brûlée par son contact.

Edmund déglutit, son souffle toujours court, tandis qu’il l’observait. Oui, tout le monde n’était pas aussi à l’aise que lui sur la proximité. Il devait faire plus attention, surtout dans l’endroit où il se trouvait actuellement.

« Désolé, je … »

Il commença à fournir des explications quand elle se retourna d’un bond de l’autre côté pour vomir. Refoulant une envie de poser sa main dans son dos, il l’observa anxieusement. A présent qu’ils n’étaient plus menacés par un dragon en fuite, il s’attardait un peu plus sur les détails de son visage. Elle avait des cheveux bruns qui lui tombaient sur les épaules. Son maquillage avait été fait à la va-vite, comme si elle s’était réveillée en retard. A l’observer, elle ne devait pas avoir plus de 25 ans. Peut-être même était-elle encore étudiante ?

Le Edmund en lui voulait lui poser des questions, s’enquérir de son état, savoir s’il pouvait faire autre chose pour l’aider. Mais il se mordit la langue, se retenant au dernier moment de dire ce qu’il ne faudrait pas. Il était Alessio Grecco. C’était un dur. Un mec qui ne se cassait pas le bol pour les autres. Solitaire, pragmatique. Il devait donner le moins d’informations possibles aux autres. Cette fille, il ne la connaissait pas. Qui lui disait qu’elle ne travaillait pas pour le compte d’un sorcier qui viendrait lui faire les poches au détour d’une ruelle ? Qui lui disait qu’elle n’allait pas se relever d’un coup et lui en tourner une pour l’assommer et le dépouiller ?

Il ne devait pas être parano mais il se devait de rester sur ses gardes. Il était sur l’Allée des Embrumes, pas dans un parc d’attraction.

« Désolée, je déteste que les inconnus me touchent. » dit-elle alors en se redressant enfin.

Son teint était encore pâle et il était indéniable qu’elle n’avait pas passé une très bonne journée.

« Je peux comprendre. » répondit-il simplement. « Est-ce que … tu as été blessée ? »
« Tout va bien… Enfin, je crois. J'ai été piétinée. J'irais à l'hôpital vérifier que tout va bien. »

Il hocha la tête. Il aurait pu proposer de l’y conduire mais encore une fois, il devait se montrer prudent. C’était comme dire à un Serdaigle de refréner sa créativité. Ridicule. Mais il devait faire un effort. Il n’était plus seul en jeu. Une personne comptait sur lui désormais.

La jeune femme commença à fouiller dans son sac et Edmund resserra sa prise sur sa baguette. On n’était jamais trop prudent. Mais au final, elle ressortit un mouchoir qu’elle lui tendit aussitôt.

« Euh … un mouchoir ? » demanda-t-il, les sourcils froncés.
« Tu as du sang et de la terre sur le visage. » expliqua-t-elle alors.
« Oh ! »

Il prit le mouchoir et commença à se le passer sur le visage pour retirer le plus gros. A son tour, il sortit de sa poche un bouton de manche qu’il avait tombé tout à l’heure et lança un sort de métamorphose. Un miroir de poche reposait désormais entre ses doigts. Il le leva pour essayer de voir où est-ce qu’il était encore mal en point. Mais sur l’Allée des Embrumes régnait une espèce de brume qui empêchait de bien savoir tout d’abord quelle heure il était, et ensuite d’avoir accès à une bonne luminosité pour mener l’opération qu’il faisait à bien.

« Tu t'appelles comment ? »

Il arrêta un moment d’essuyer la blessure qu’il avait au front. Elle lui demandait son nom. Assez normal après tout. Ils venaient juste de se rencontrer et il était normal que les présentations commencent. Mais sa méfiance était éveillée.

« Alessio. » répondit-il simplement. « Et toi, quel est ton nom ? »

Il tourna le regard vers elle.

« Anne. »

Anne. Ce n’était pas commun par ici. Cela sonnait français, comme les origines de sa grand-mère, issue de la famille Beauregard dans les Pyrénées françaises. Mais le plus étrange était qu’Edmund avait bien lu un I et un F brodé sur le mouchoir. Il décida cependant de ne rien dire. Chacun avait droit à ses secrets.

« Et bien, Alessio… Merci de m'avoir sauvé la vie. »

Anne commença à tourner les talons, visiblement pressée de partir. Après tout, si elle n’était pas une véritable criminelle, Edmund comprenait qu’elle soit envieuse de mettre rapidement de la distance avec lui.

« Attends ! » dit-il.

Il rangea le miroir dans sa poche et lui tendit à nouveau son mouchoir.

« Merci. Mais tu devrais le récupérer. Un mouchoir comme celui-ci, avec des initiales cousues, il vaut mieux ne pas s’en séparer. »

Il lui lança un clin d’œil avant de redevenir sérieux. Il ne voulait pas braquer Anne en disant cela. Au contraire, il venait d’avoir une idée.

« Dis, je … si tu n’es pas pressée, et pas contre un peu de compagnie, j’aimerais t’accompagner manger un morceau. Avec ce que tu viens de rendre, je pense que tu as bien besoin de te mettre quelque chose dans le ventre. »

Il essaya de croiser son regard. Il avait lu un jour que regarder droit dans les yeux prouvait la sincérité des paroles. Et il l’était, actuellement.

« Je viens d’arriver en Angleterre depuis peu et … tu as l’air de bien connaître les lieux. Tu pourrais me servir de guide ? »

Il haussa les épaules.

« On peut aller manger dans un endroit rempli de gens si tu veux, si ça te permet de te sentir plus en sécurité. Tout ce que je veux, c’est quelqu’un qui se repère un peu mieux que moi sur l’Allée des Embrumes. »

Il lui servit un sourire en coin. Il voulait retrouver le bagou qu’il avait en étant Edmund. Mais il savait qu’avec le sang qui suintait encore de sa blessure et ce corps qui n’était pas le sien, il n’avait plus les mêmes attraits que sous son autre apparence. Pourtant, il se disait qu’être guidé par Anne pouvait être un bon moyen. Peut-être pouvait-elle lui en dire plus sur les personnes d’ici ? Peut-être avait-elle des conseils à lui donner ? Tout en étant sous l’identité d’Alessio, il pouvait continuer à glaner des informations.

Il attrapa sa fiole dans la poche de son manteau et la but d’une traite.

« Je ne t’en propose pas. » dit-il. « C’est une potion assez spéciale. »

Il espérait endormir la confiance d’Anne de cette manière puisqu’il fallait qu’il prenne son Polynectar assez régulièrement afin qu’aucune trace d’Edmund n’apparaisse sur le visage d’Alessio. Peut-être qu’elle ne chercherait pas à en savoir plus ? Chacun utilisait la drogue qui lui chantait ici, surement.

« Que dirais-tu du Chaudron Baveur ? »

Il espérait vraiment qu’elle accepte et par chance, c’est ce qu’elle fit. Edmund allait tendre sa main à Anne pour lui proposer de transplaner avant de se raviser. Tout d’abord, elle n’allait certainement pas lui faire confiance pour utiliser ensemble ce moyen de transport. Ensuite, Edmund n’était pas non plus prêt à la laisser transplaner avec lui. Aussi, il lui fit un signe de la tête pour qu’ils commencent à marcher. Mais il devait bien l’avouer : il était vite perdu.

Anne dut s’en apercevoir puisqu’elle prit la tête de la marche. Se passant une main dans les cheveux, il décida de la suivre. Edmund était sur ses gardes. Sa baguette était toujours dans sa main, comme prête à se dresser si un danger apparaissait au détour d’une ruelle. Mais très vite, Anne et lui regagnèrent une luminosité un peu moins glauque. Elle semblait assez bien connaître les lieux et Edmund était de plus en plus curieux de savoir comment une jeune femme comme elle pouvait être habituer à cette Allée. Qu’est-ce qu’elle y faisait ? Elle semblait pourtant assez … assez quoi ?

Il chassa ces pensées ridicules de sa tête alors qu’ils retrouvaient la rue principale du Chemin de Traverse. Anne jeta un coup d’œil vers lui, comme analysant s’il reconnaissait les lieux. Comme pour lui confirmer, il commença à avancer en direction du Chaudron Baveur. Il y avait un peu plus de monde dans ces rues mais Merlin merci, ce n’était pas la folie habituelle de la rentrée. Surtout à cette heure tardive de la soirée. En levant les yeux vers une horloge, celle-ci indiquait 21h30.

« Sympa ça ! » dit-il pour faire la discussion.

Il pointa de sa baguette la main de la jeune femme où plusieurs tatouages avaient été dessinés. Il ne savait pas exactement ce qu’ils représentaient mais c’était pour le moins original. Il y avait tellement de lignes, tellement de symboles. Était-il légitime de demander leur signification ? Pas vraiment, c’était sans doute trop personnel. Mais en même temps, elle ne l’aurait pas affiché sur une partie de peau aussi visible.

Il pensa à son frère, Billy, qui avait toujours flippé devant une aiguille de tatouage. Quant à Edmund, il avait toujours hésité à s’en faire un, réfléchissant trop sur le dessin en lui-même. Penser à sa famille le fit regarder un peu plus autour de lui. Il n’aimait pas l’idée de reconnaître des visages connus. Pourtant, il n’était plus Edmund Prewett et passait donc pour un parfait inconnu. Et puis il y avait cette adresse dans sa poche qui lui intimait de foncer sans réfléchir jusqu’à l’endroit où était ce chasseur.

Ils arrivèrent devant l’auberge et Edmund poussa la porte. Il n’y avait plus qu’une table occupée, les autres étant toutes libres. L’aubergiste les jugea un instant mais Edmund n’y accorda pas plus d’importance et se dirigea vers une table sur le fond pour être plus tranquille. Il y avait toujours du mouvement ici car même si la majorité des tables était inoccupée, des sorciers allaient et venaient entre le rez-de-chaussée et l’étage où se trouvaient les chambres.

« Qu’est-ce que tu veux manger ? » demanda-t-il.

Il donna la commande à l’aubergiste qui arriva vers eux et le laissa repartir avant de se pencher vers Anne.

« Alors euh … tu te rends souvent … là-bas ? »

Il contracta la mâchoire, essayant à nouveau de se donner un air viril bien qu’il ne savait pas vraiment ce qu’il faisait. Il était sans cesse préoccuper par les personnes qui passaient, craignant qu’une attitude ou une parole ne le trahisse. Et puis, il pensait à Olivia, seule dans sa chambre. Sa jambe tressautait légèrement sous la table alors que l’aubergiste leur amenait leur commande.

« Merci. » dit-il en le payant aussitôt, comme envieux que l’homme ne revienne pas les déranger.

Et pourquoi disait-il encore merci ? Il serra le poing sur le verre d’eau qu’il avait demandé. Le fait de ne rien savoir sur la jeune femme en face de lui ne lui plaisait guère. Autant auprès de l’homme au pub de tout à l’heure semblait être un dur et une personne forgée par l’Allée des Embrumes, autant Anne ne paraissait pas une menace potentielle.

« J’arrive d’Italie. » répondit-il.

Il devait servir la même histoire à tous ceux qu’il croisait, ainsi il serait plus facile de s’y retrouver et de moins se faire démasquer.

« De Naples précisément. Et si tu te demandes pourquoi je n’ai pas d’accent, c’est parce que ma mère est anglaise. J’ai été élevée dans les deux langues. »

Hors de question de faire la même erreur que tout à l’heure sur l’accent. Il était même prêt à lui parler en italien pour lui montrer à quel point il était sérieux. L’avantage d’avoir pris cette langue dès sa troisième année à Poudlard.

« Je cherche surtout à te prouver que je ne suis pas un mec louche. Ou en tout cas, que je ne te veux pas de mal. » expliqua-t-il avant de pointer le doigt sur une part de pizzas. « Je peux ? »

Tout ça le rendait nerveux et le fait de manger lui donnerait un peu plus de consistance. Au moins cela lui occuperait les mains et lui permettrait de se concentrer sur autre chose.

« Il faut que je trouve quelqu’un sur l’Allée des Embrumes, tu serais prête à m’aider ? » demanda-t-il. « J’sais pas ce qui t’y fait exactement et je ne veux pas me mêler de ta vie. Juste, j’ai besoin de quelqu’un d’un peu plus … enfin disons que tu as plus l’air d’avoir la tête sur l’épaule que les autres sorciers que j’ai croisés jusqu’à présent là-bas. »

Il n’était pas prêt à faire entièrement confiance à Anne. Non. Mais si elle pouvait l’aider à trouver ce chasseur … et peut-être aurait-elle des conseils sur comment se tenir là-bas ? Après tout, elle semblait assez proche de lui en âge et le fait de faire équipe avec quelqu’un lui plaisait un peu plus. Peut-être avait-il eu tort d’agir seul ? Peut-être aurait-il du se confier à Alec ? A Joey ? Mais ne risquait-il pas de les mettre en danger ? Ici, Anne était déjà en danger en traînant sur l’Allée des Embrumes. Elle savait ce qu’elle risquait. C’était une grande fille qui était libre de refuser si elle le souhaitait.

@ Victoire


Dernière édition par Edmund J. Prewett le Sam 11 Mai - 23:52, édité 1 fois

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Edmund Prewett

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Love again Avec Edmund Prewett (sous les traits d'Alessio Grecco) ☆ Dimanche 7 avril 2002 ☆

Mon estomac me faisait de plus en plus mal. J'avais vomi tout ce que j'avais, j'avais faim, j'avais encore envie de boire mais j'avais la tête qui tournait. J'essayais d'oublier ces désagréments physiques en me changeant les idées, en prêtant par exemple mon mouchoir et en demandant le nom du gars en face de moi. Avant de lui donner le mien. Du moins, de lui donner mon faux nom. Sauf que en fait, la solution était simple pour aller mieux : il fallait que je rentre chez moi, que je m'écroule dans un bain avec une bonne bière, et que je m'endorme pour oublier cette journée pourrie. Je lui dis alors au revoir, et je tournais les talons, pressée de mettre mon programme à exécution. « Attends ! » Je tournais les talons pour regarder Alessio. Qu'est-ce qu'il voulait ? Il me tendit mon mouchoir. Ah oui, c'était pas con de le reprendre. « Merci. Mais tu devrais le récupérer. Un mouchoir comme celui-ci, avec des initiales cousues, il vaut mieux ne pas s’en séparer. » Des initi… Oh. Merde. Il avait beau me lancer un clin d'oeil, je lui jetais un regard noir en le fourrant dans ma poche. En espérant qu'il ne fasse jamais le lien avec mon vrai nom. Mais je pensais pas, il n'avait pas la tête du Sang-Pur ou de l'étudiant en Art.

« Dis, je … si tu n’es pas pressée, et pas contre un peu de compagnie, j’aimerais t’accompagner manger un morceau. Avec ce que tu viens de rendre, je pense que tu as bien besoin de te mettre quelque chose dans le ventre. » J'allais lui balancer qu'il n'allait pas pouvoir compter sur moi -après tout, il connaissait mes réelles initiales !- quand je croisais son regard. Il avait l'air sincère. Mais surtout, quand je repensais à sa manière de me toucher pour vérifier que j'allais bien, j'avais sursauté parce que je n'avais confiance en personne. Pas parce que mon don m'avait prévenue. Au contraire, il ne s'était pas manifesté… Ce troisième oeil ne me permettait pas que de voir l'avenir, il me permettait également de sentir les choses. Les mauvaises ondes, par exemple, et ce gars n'en dégageait aucune. « Pourquoi je t'accompagnerai ? » « Je viens d’arriver en Angleterre depuis peu et … tu as l’air de bien connaître les lieux. Tu pourrais me servir de guide ? » Je haussais un sourcil, pendant que lui haussa ses épaules. Okay…

« C'est presque tentant, mais je ne suis pas les gens que je ne connais pas. Encore plus quand je l'ai rencontré dans l'Allée des Embrumes. » Même si il a sauvé ma vie. J'avais encore un minimum de principes. Mais surtout, je ne voulais pas qu'il m'arrive la même chose qu'à ma grande sœur. Et elle, elle n'avait jamais mis les pieds dans l'Allée des Embrumes. « On peut aller manger dans un endroit rempli de gens si tu veux, si ça te permet de te sentir plus en sécurité. Tout ce que je veux, c’est quelqu’un qui se repère un peu mieux que moi sur l’Allée des Embrumes. » J'hésitais un instant. Il ne dégageait pas de mauvaises ondes, mais il traînait quand même sur l'Allée des Embrumes. Il avait donc des choses louches à faire. Certes, je n'écoutais pas mon don ; mais je lisais les faits. Les faits ne lui donnaient pas raison.

Alessio finit par sortir une fiole de sa poche, et la termina d'un coup. « Je ne t’en propose pas. C’est une potion assez spéciale. » J'haussais un sourcil. De toute façon, je n'en aurai pas demandé. J'avais ma propre bouteille d'alcool dans mon sac. Je finis par soupirer, me laissant tenter pour lui donner une chance. « Où est-ce que tu veux manger ? » Au pire, je pouvais toujours demander, juste pour voir. Comme une sorte de test. Si il me proposait une adresse sombre et méconnue de l'Allée des Embrumes, je transplanais direct. « Que dirais-tu du Chaudron Baveur ? » « Pourquoi pas. » Un lieu donc assez fréquenté, dans un lieu qui ne craint pas trop… Est-ce que c'est fait exprès, ou il essaie d'endormir ma confiance ? Dans ce dernier cas, non, elle ne baisserait pas. Mais j'avais trop faim, alors, quand Alessio me fit un mouvement de tête pour qu'on y aille, je commençait à le suivre.

Sauf que, rapidement, je me rendis compte qu'il ne connaissait pas le chemin. Son pas était hésitant, il regardait tous les croisements avant de s'engager. Je finis alors par passer devant lui, sans rien dire, pour le guider. J'avais tellement souvent déambulé dans ces rues pour trouver Bert que je pouvais me diriger les yeux fermés. Ce qui m'était déjà arrivé, quand je devais de sniffer une bonne dose de Griffe de Dragon, mais passons. Au moins, je savais que si c'était moi qui guidait, nous allions pas nous perdre. La lumière de la nuit en était la preuve : on avait quitté le brouillard ambiant de l'Allée des Embrumes pour nous retrouver sur le Chemin de Traverse. Maintenant que nous étions ici, est-ce qu'il reconnaissait les lieux ? Est-ce que ça pouvait me donner un indice sur qui il était et pourquoi il était là ? En me tournant vers lui, il surprit mon regard, et reprit la tete de la marche, direction le Chaudron Baveur. Bon, au moins, cela m'apprit, en effet, qu'il connaissait bien les lieux. Il était souvent venu ici. Depuis combien de temps, maintenant ?

On continuait de marcher sur le Chemin, qu'il fallait traverser un peu pour arriver au Chaudron Baveur. J'observais la foule, remplie d'adultes et d'étudiants en train de flâner, et de chercher où manger alors que la plupart des magasins avaient fermé. « Sympa ça ! » La voix d'Alessandro me fit sortir de mes pensées. Je me tournais vers lui. Mon regard suivait la direction de sa baguette, pour regarder mes mains tatouées. Il y avait des yeux simples, les différentes phases de la lune, des points, des traits… Un côté très ésotérique prisé par les Moldus. « Merci. » Je ne répondis rien de plus. Hors de question de lui avouer que je m'étais tatouée moi-même. Ça pouvait lui donner des informations sur ma véritable identité ; surtout quand j'étais une des seules, voir la seule étudiante à étudier le tatouage. Non, il connaissait déjà mes initiales. Il ne fallait pas en rajouter.

On arriva enfin dans l'auberge. Je suivis Alessio dans l'établissement, au fond de la salle. Il y avait plusieurs tables de libre, mais il en choisit une au fond. Heureusement. Je ne pensais pas que ma famille traînait ici, mais je ne voulais pas croiser des connaissances de l'UMS qui m'appelleraient par mon vrai prénom. « Qu’est-ce que tu veux manger ? » Je me laissais tomber sur la chaise en face de lui, en répondant presque automatiquement : « De la pizza. » C'était gras, c'était réconfortant, c'était pile ce qu'il me fallait. Alessio passa commande et j'en profitais pour demander un grand verre d'eau. Je ne pouvais pas me permettre d'encore une fois perdre mes moyens, alors que j'étais face à un inconnu. Un inconnu qui m'avait sauvée la vie, certes, mais un inconnu que j'avais rencontré sur l'Allée des Embrumes. « Alors euh … tu te rends souvent … là-bas ? » Je levais les yeux vers lui, surprise de sa question. Pourquoi il voulait savoir ça ? Pourquoi il posait autant de questions sur moi, sur ce que je faisais ? « Quand j'ai besoin d'y aller. » Répondis-je prudemment.

Puis l'aubergiste revint poser notre commande sur la table. Je bus une grande gorgée de mon verre d'eau, avant d'attraper la part de pizza. De la nourriture, enfin. Cette journée avait été longue, et peu nourrissante. « Merci. » Alessio paya pour nous deux, et je le remerciais d'un mouvement de la tête. « J’arrive d’Italie. » Je le regardais, pas vraiment sûre de savoir quoi faire de cette information qui tombait comme un cheveu dans la Bièraubeurre. « De Naples précisément. Et si tu te demandes pourquoi je n’ai pas d’accent, c’est parce que ma mère est anglaise. J’ai été élevée dans les deux langues. » Je terminais de mâcher le bout de fromage dans ma bouche, avant de demander : « Et pourquoi tu me dis ça…? » Ok, il était italien, et ok, il parlait les deux langues. Moi, j'étais bien française, mais je ne lui disais pas. De toute façon, il devait s'en douter en entendant mon accent. Je parlais couramment anglais, mais j'avais grandi et étudié en France. Je ne pouvais pas gommer mon accent comme ça.

« Je cherche surtout à te prouver que je ne suis pas un mec louche. Ou en tout cas, que je ne te veux pas de mal. Je peux ? » Alessio me montra mon assiette. Je hochais la tête, reprenant moi aussi un bout de pizza, presque amusée par ses explications. Elles semblaient bancales tout en tenant la route, c'était très étrange comme sensation. « C'est pas parce que tu ne me veux pas de mal que tu es un mec louche. Ou inversement. » Alessio se servit dans mon assiette. Je reposais ma propre part dans mon assiette. Ma question était privée, et je n'aimais pas trop tenir ma nourriture en même temps. A la place, je repris mon verre « Qu'est-ce que toi, tu fais dans le quartier ? » « Il faut que je trouve quelqu’un sur l’Allée des Embrumes, tu serais prête à m’aider ? » Je manquais de m'étouffer avec l'eau que je buvais. Je tapotais ma poitrine, le temps de tousser et de me remettre de ça, avant de le regarder, choquée. « Pourquoi moi ? » « J’sais pas ce qui t’y fait exactement et je ne veux pas me mêler de ta vie. Juste, j’ai besoin de quelqu’un d’un peu plus … enfin disons que tu as plus l’air d’avoir la tête sur l’épaule que les autres sorciers que j’ai croisés jusqu’à présent là-bas. »

Je commençais à comprendre où il voulait en venir. Il ne semblait pas bien connaître l'Allée des Embrumes, et apparemment, il devait retrouver quelqu'un. Qui ? Je ne savais pas. Alessio ne semblait pas vouloir m'en dire plus. Et puis, est-ce que je le voulais vraiment ? En savoir plus ? Pas sûre. Est-ce que je voulais l'aider ? Encore moins sûre. Mais il ne semblait pas mauvais. Et puis… « Tu m'as sauvée la vie. Je te dois bien ça. » J'avais pas franchement envie, mais bon. J'avais déjà entendu parler, à Beauxbâtons, d'un lien qui se créait entre un sorcier qui sauvait la vie à un autre sorcier. Je ne voulais pas lui être redevable trop longtemps, alors, si il ne me demandait que de le guider sur l'Allée des Embrumes, c'était pas mal… Je pouvais bien m'en sortir, si je faisais attention, et si je restais sur mes gardes. Je repris un morceau de pizza. « Je sais pas qui tu cherches, mais moi, je connais quelqu'un sur l'Allée des Embrumes qui peut te renseigner contre quelques pièces. On peut même y aller dès ce soir. » Je ne sais pas pendant combien de temps il comptait sur moi, mais je ne voulais pas faire traîner ma dette trop longtemps.

Avec son accord, une fois que mon assiette terminée, on sortit du Chaudron Baveur. Je repris la route, comme il semblait ne pas savoir se repérer sur l'Allée des Embrumes, alors, je préférais prendre la tête. Utiliser mes repères. Pendant notre marche, je le regardais, sans trop savoir quoi dire. J'avais des questions à lui poser, comme pourquoi il cherchait quelqu'un sur l'Allée des Embrumes ? Qui était cette personne ? Quel âge avait-il ? Mais je savais que si je posais toutes ces questions, il risquait de me poser les mêmes et je ne voulais pas raconter ma vie. Ou inventer de mensonges. Je commençais à être trop fatiguée pour ça. Heureusement que je ne commençais qu'à 11 heures demain, d'ailleurs… Une fois dans l'Allée, je me tournais pour vérifier que Alessio suivait bien. Il faisait nuit, la brume était de plus en plus conséquente à cause du manque de lumière, ce n'était pas le moment de le perdre.

Je me faufilais dans les rues, sûre de moi, sûre de mon chemin, en évitant les mendiants ou les drogués qui titubaient sous l'effet de leurs substance. Moi aussi, j'étais une droguée. Mais au moins, j'avais un avantage sur eux : j'avais un chez-moi pour planer tranquille, en toute sécurité. « Bert ? » Bert, mon dealer adoré qui me donnait un surnom enfantin. « Annie ! Ça m'rassure de te voir en vie. T'as vu ce dragon surgir d'un coup ? Il a dû s'échapper de Gringotts. Y avait des Aurors partout. » Je lui souris, plutôt flattée de voir qu'il se souciait de moi. Non pas que je ne le savais pas, mais c'était toujours plaisant d'avoir des preuves supplémentaires. « Je vais bien. Alessio m'a sauvée la vie. » Je fis un signe de tête vers l'homme qui m'accompagnait. Bert le regardait d'un air suspicieux. Ok, c'était la première fois qu'il le voyait. Bert connaissait plus ou moins tout le monde, au moins de visage, sans forcément poser de nom. Son regard me prouvait que l'histoire d'Alessio comme quoi il ne venait pas trop ici se confirmait. Il ne faisait pas semblant de ne pas connaître son chemin pour endormir ma méfiance.

« Alessio cherche quelqu'un sur l'Allée des Embrumes. Comme il m'a sauvée d'une mort certaine, je me disais que peut-être tu pouvais l'aider…? » Il sembla hésiter un instant, avant de faire signe à Alessio de s'approcher. Moi, je reculais d'un pas, pour leur laisser un peu d'intimité. J'en profitais pour m'allumer une cigarette à fumer en attendant leur conversation. Même en laissant mes oreilles trainer, je n'entendis que quelques brides, quelques mots. Rien qui ne m'indiquait exactement ce qu'il voulait. Quand Alessio commença à tendre la main pour donner quelques pièces, je sus que la conversation était terminée. « Nan, j'peux pas accepter. T'as sauvé la vie d'Annie, j'peux bien faire ça. Garde ton argent. » J'haussais un sourcil, surprise. Mais Bert était catégorique : il ne voulait pas de l'argent d'Alessio. Je me tournais vers le demi-italien. « Je vais devoir y aller. Je n'oublie pas ma dette. On peut se retrouver dans deux semaines devant le Chaudron Baveur. » Je proposais l'auberge, parce que je savais que sinon, il allait jamais me retrouver sur l'Allée des Embrumes. « 21 heures. Il y aura plus de monde ici, tu auras plus de chances de trouver tes réponses. » Je me tournais vers mon dealer. « Je reviendrai dans deux semaines, du coup. Bye, Bert ! Encore merci pour tout à l'heure. Et pour ce soir. » Je lui fis un signe, et sans en demander mon reste, je transplanais directement à mon appartement.

☆ Dimanche 21 avril 2002 ☆

Il faisait déjà bien nuit quand j'arrivais sur le Chemin de Traverse. Comme il y a deux semaines, les boutiques étaient fermées, sauf celles de restauration. J'avais pensé à dîner avant, en descendant la moitié d'une bouteille de blanc. Juste assez pour assommer mon troisième oeil, mais pas assez pour être torchée et sans défense. J'attendais l'arrivée d'Alessio. Par mesure de précaution, je ne l'avais pas recontacté, alors, j'espérais vraiment qu'il se pointerai. Genre, si à 22 heures, il était pas là, j'irai chez Leomie l'emmerder un peu et picoler avec elle. Ça me faisait bizarre de la revoir dans ma vie. Nous étions amies d'enfance, et on s'était éloignée avec les études. A l'origine, elle était même la correspondante de Aliénor, comme leurs âges correspondaient. Mais depuis… Bref, Leomie n'avait pas lus de nouvelle que moi. Ce qui était normal. Mais Leomie semblait sous-entendre que Aliénor n'avait pas disparue, mais plutôt qu'elle était partie retrouver un prétendant. N'importe quoi ! Comme si c'était son genre de larguer Jordan sans rien dire, ou de me laisser aucune nouvelle.

Pour arrêter de penser à ça, je secouais la tête, avant d'allumer une cigarette. Histoire de m'occuper les mains et l'esprit. Hors de question de repenser à Ali maintenant, pas quand je devais avoir la tête froide, et que je n'avais clairement pas assez bu. Une voix familière me fit relever la tête. « Salut. » Alessio se tenait devant moi, à l'heure, apparemment. Bon, tant mieux. Je me redressais du mur où j'étais appuyée, en lui faisant signe qu'on allait y aller. « Je veux bien te guider, mais je ne sais pas où il faut aller. Tu as des infos, des indices ? » Après tout, c'était lui qui menait son enquête. En changeant de rue, on passa du Chemin de Traverse à l'Allée des Embrumes. Je m'arrêtais d'un coup, en le regardant. « On m'attend, au fait. Juste pour te prévenir. » Le prévenir que ça ne servait à rien de tenter quoi que ce soit. J'avais une sorte de filet de secours. J'étais prudente. Une fois ce détail réglé, je commençais à le guider dans l'Allée.  
:copyright:️ Justayne

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☆ I only see him as a friend, The biggest lie I ever said ☆

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Edmund Prewett
Contexte
Nous sommes le dimanche 7 avril 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il est étudiant en 2ème année de Sciences Politiques et brûle d'entrer enfin dans la vie politique. Mais des événements récents ont pas mal chamboulé ses plans et il doit à présent changer d'identité pour mettre en sécurité celle qu'il aime.

Love again
« Tu m'as sauvée la vie. Je te dois bien ça. » déclara la jeune femme.

Edmund était surpris mais cela était une bonne chose. Il avait un guide !

« Je sais pas qui tu cherches, mais moi, je connais quelqu'un sur l'Allée des Embrumes qui peut te renseigner contre quelques pièces. On peut même y aller dès ce soir. »
« Très bien, j’accepte ! »

Il hocha vivement la tête. Il ne pensait pas que ce serait si rapide mais il était volontiers prêt à faire un maximum de choses ce soir. Il prit une nouvelle gorgée de sa potion alors qu’Anne finissait son assiette. Ils ne traînèrent pas non plus pour sortir du Chaudron Baveur. Une nouvelle fois, c’était Anne qui menait la marche, Edmund se laissant naturellement guidé par elle. Il se demandait qu’elle était cette personne qui pouvait le renseigner. Il espérait surtout ne pas tomber dans un piège. Sa baguette toujours en main, il tentait de mémoriser le chemin qu’ils empruntaient. Sa façon de se diriger sans mal dans ce labyrinthe de ruelles indiquait qu’elle avait l’habitude d’y venir. Ce qui faisait d’elle le guide parfait.

Ils arrivèrent dans une ruelle plus miteuse que les autres. Il y avait plus de personnes réunies ici. La plupart mendiait dans leur direction, à la recherche de quelques Gallions. Certaines étaient couchées à même le sol, ignorant les flaques d’eau ou d’autres substances qu’Edmund refusait d’identifier. La majorité d’entre eux avait les manches relevées, un garrot encore attaché et une seringue près d’eux. Des drogués. Edmund fronça le nez. Il n’avait jamais pénétré dans ce coin-là mais cette misère lui serrait le cœur. Comment se pouvait-il que le Ministère laisse ces pauvres personnes dans une détresse pareille ? L’ignorait-il ?

« Bert ? »

Edmund s’extirpa d’un mendiant qui tentait de lui saisir le bras alors qu’Anne avait reconnu un visage familier. Sans doute son informateur.

« Annie ! Ça m'rassure de te voir en vie. » souffla l’homme d’un ton toutefois un peu bourru. « T'as vu ce dragon surgir d'un coup ? Il a dû s'échapper de Gringotts. Y avait des Aurors partout. »
« Je vais bien. Alessio m'a sauvée la vie. »

Anne se tourna vers lui et Edmund avança d’un pas. L’homme le jugea d’un air méfiant. Tout le monde se conduisait ainsi ici. Edmund choisit de lui adresser un simple hochement de tête pour le saluer.

« Alessio cherche quelqu'un sur l'Allée des Embrumes. Comme il m'a sauvée d'une mort certaine, je me disais que peut-être tu pouvais l'aider…? »

L’homme hésita, comme s’il évaluait ce que lui avait indiqué la jeune femme. Edmund s’interrogeait sur la nature de leur relation. Simplement professionnelle ? Amicale ? Finalement, l’homme fit un nouveau signe pour qu’il approche. Sa baguette serrée dans sa main, il fit ce qu’il demandait alors qu’Anne reculait pour leur laisser un peu d’intimité, du moins autant qu’il était possible dans cette ruelle.

« Je recherche un chasseur de Vélanes. On m’a donné une adresse : 13 Miller's Court. »

L’homme face à lui blêmit instantanément.

« Je ne traite pas avec les chasseurs de créature. » répliqua-t-il.
« Je ne suis pas un chasseur, je … »
« Peu importe. Je ne veux rien avoir à faire avec ces gens-là. »

Ses dents étaient serrées et son regard regardait par-dessus l’épaule d’Edmund comme s’il craignait que le chasseur en question apparaisse.

« Ecoutez, je ne cherche pas à vous mettre dans l’embarras. Mais je dois vraiment trouver cet homme. » insista Edmund. « Pouvez-vous au moins me dire ce que vous savez à son sujet. »
« Ce sorcier est le diable incarné. »

C’était la deuxième fois qu’on faisait mention de l’enfer et de ses habitants en parlant de cet homme. Bert dut remarquer son teint livide puisqu’il hocha la tête.

« Oui. Si tu veux vraiment trouver cet homme, je te conseille fortement d’y réfléchir à deux fois. »
« Je n’ai pas le choix. » asséna Edmund.
« Dans ce cas … »

Bert poussa un long soupir et le silence sembla s’étirer, comme s’il pesait le pour et le contre de dire ce qu’il savait ou non. Une odeur de cigarette flottait dans l’air et en se retournant, Edmund comprit qu’il s’agissait d’Anne qui en avait allumé une en attendant.

« Tout ce que je sais, c’est qu’il est redoutable. Les Vélanes ont tout intérêt à ne jamais croiser sa route, car il n’hésitera pas à les traquer jusqu’au bout du monde pour les tuer … ou pire … »

Edmund fronça les sourcils, se demandant ce qui pouvait bien être pire que la mort.

« Il n’oublie jamais rien. Ne lui donnes jamais ta véritable identité. Et … une dernière chose … j’ai cru comprendre qu’il était parti pendant un moment. »

A nouveau, Bert regarda de gauche à droite avant de se pencher un peu plus vers Edmund. Il pouvait sentir son haleine chargée en alcool et tabac.

« L’adresse que tu as … c’est son quartier général. Rends-toi-y mais sois sur tes gardes. Les choses que cet endroit renferme ne sont pas pour les simples d’esprit … »

Il appuya un long regard entendu avant de se redresser. Le cœur d’Edmund battait la chamade. Quelque part, il savait que cet homme était un véritable monstre. La manière dont Angelina l’avait décrit dans son journal, ou encore la façon dont Olivia l’avait dessiné étaient assez équivoques. Mais encore une fois, un professionnel de l’Allée des Embrumes le mettait en garde. Comment se faisait-il que cet homme dangereux ne soit pas connu des Aurors ? Rien n’était légal dans ce qu’il entreprenait et pourtant, cela semblait faire plusieurs années qu’il opérait sans craindre de menace. Où était-il à présent ? Combien de temps durerait le répit d’Edmund si ce chasseur n’était plus à Londres ?

Edmund jeta un coup d’œil à Bert qui essayait de prendre un air détendu après toutes ces informations. Il fouilla alors dans sa poche, ressortant quelques pièces.

« Tenez. » dit-il.
« Nan, j'peux pas accepter. T'as sauvé la vie d'Annie, j'peux bien faire ça. Garde ton argent. »

Edmund était surpris. Cet homme tenait à Anne. Oui, ils étaient sans doute plus que des relations professionnelles.

« Merci dans ce cas. »

Bert hocha la tête.

« Ton gars est un mec réglo. » dit Edmund en se tournant vers Anne.
« Je vais devoir y aller. »

Edmund acquiesça. Il se faisait tard désormais et il comprenait qu’elle ne souhaitait pas rester dans les parages trop longtemps. Les sorciers qui passaient à côté d’eux n’étaient guère recommandables.

« Je n'oublie pas ma dette. » reprit-elle. « On peut se retrouver dans deux semaines devant le Chaudron Baveur. »
« Ok. »
« 21 heures. Il y aura plus de monde ici, tu auras plus de chances de trouver tes réponses. »
« Ok » répéta-t-il.
« Je reviendrai dans deux semaines, du coup. » reprit Anne envers l’homme. « Bye, Bert ! Encore merci pour tout à l'heure. Et pour ce soir. »

Et dans un plop, elle transplana. Edmund ne traîna pas non plus. Regardant autour de lui, il transplana à son tour. Il arriva à Druid’s Oak. A nouveau, il observa les alentours, veillant à ce que personne ne l’ait suivi. Il savait qu’il devait se montrer prudent. Mais, personne ne l’avait suivi.

Il marcha d’un pas rapide jusqu’aux Estudines. Quelques étudiants traînaient dans le hall du bas mais la plupart dormait à cette heure-ci. Il grimpa les marches d’escalier qui menaient à sa chambre et se dépêcha de défaire les sortilèges pour entrer à l’intérieur. Il faisait sombre dans la petite chambre étudiante. Olivia était là, dans le lit, serrant contre elle une peluche qu’Edmund avait récupéré dans l’appartement d’Angelina. Son cœur se serra en voyant le visage de la jeune fille si détendu. Sa mère lui avait été violemment arrachée et elle avait du changer radicalement d’environnement. Et pourtant, elle était là, à dormir tranquillement.

Merlin, faisait-il ce qu’il fallait pour elle ?

Il quitta ses vêtements un à un et se passa un rapide coup d’eau sur son visage qui reprenait petit à petit son apparence normale. Enfilant un bas de pyjama, il se glissa doucement dans le lit à côté de sa fille.

Sa fille.

Que c’était étrange de dire ça.

Elle se retourna vers lui, comme ayant senti sa présence et vint se cramponner à sa main étendue près d’elle. Et à nouveau, sa respiration se refit profonde, comme si la présence d’Edmund l’apaisait instantanément. De son autre main, Edmund vint repousser ses petites boucles blondes qui tombaient sur son visage.

« Dors, ma petite Liv. Je veille sur toi. » murmura-t-il avant de fermer les yeux, emporté lui aussi par le sommeil.

Dimanche 21 avril 2002

Edmund transplana dans un champ de Druid’s Oak, arrivant sur le Chemin de Traverse. Il poussa un long soupir. Le soleil avait disparu depuis longtemps à l’horizon et la nuit gagnait lentement Londres. En voyant les étoiles apparaître dans le ciel, il pensa à Victoria. Elle devait être rentrée à Poudlard, après cette semaine de vacances de Pâques. La pauvre avait vécu pour la première fois la rupture amoureuse la plus douloureuse qui soit : être larguée. Edmund savait que sa petite sœur avait eu tendance à fréquenter bien des garçons, mais jamais elle ne s’était retrouvée dans cette position. Elle semblait sincèrement attachée à Jared Parkinson. Ce qui n’était pas son cas. Ce n’était pas une surprise pour Edmund. La manière dont il s’était comporté un mois plus tard avec sa cousine, Clary, était assez équivoque. Mais il n’avait rien dit à Vicky avant hier. Il avait tenu sa langue pour Clary mais à présent que Jared avait agi comme le pire des idiots, il avait tenu à mettre les deux filles au courant. Il espérait que Clary contacterait Vicky pour mettre les choses au clair entre elles. Edmund n’aimait pas les savoir en conflit, surtout pour un garçon.

Autrement, ses rapports avec sa famille ne s’étaient pas améliorés durant ces vacances. S’il avait envisagé de parler d’Olivia et de ce chasseur à sa mère à deux reprises, cela avait été vite reléguer au second plan avec les interventions de Billy. Ce dernier se montrait froid, distant, hargneux. Les disputes avaient éclaté plus d’une fois entre Billy et leur mère, en raison de son petit-ami, Henry Denvers. Edmund n’avait pas véritablement d’avis à ce sujet et avait tenté plus d’une fois d’intervenir, s’attirant plus les foudres des deux concernés qu’autre chose. Aussi, il avait décidé de prendre ses distances en rentrant dormir dans sa chambre étudiante, auprès d’Olivia.

C’était une petite fille éveillée. Edmund se plaisait à lui ramener des jeux comme des constructions en bois, des puzzles. Il avait aussi ressorti ses vieilles figurines de joueur de Quidditch pour lesquelles elle semblait se passionner. Elle ne parlait pas encore et cela commençait à inquiéter Edmund. Mais pouvait-il envisager de l’emmener voir un Médicomage alors qu’il la tenait toujours cacher ?

Ce soir, peut-être que les choses bougeraient. S’il était certain que ce chasseur n’était pas dans les parages, peut-être pourrait-il être plus souple avec Olivia ? Peut-être pourraient-ils aller en extérieur plus souvent ? Il avait profité de sa semaine de vacances pour l’emmener se promener dans la campagne de Cornouailles. Mais Edmund était sans cesse sur ses gardes et ils ne restaient jamais bien longtemps en extérieur. Et puis, il y avait ses devoirs de l’UMS ! Il peinait à tenir un rythme studieux. Par chance, il avait pris assez d’avance sur la fin de son programme pour sécher quelques-uns de ses cours. Dès qu’Olivia était endormi, il se posait à son bureau et entamait des révisions intensives. Il avait aussi renfloué son stock de Polynectar, tenant à avoir une assez bonne réserve si l’enquête devait durer plus longtemps que prévu. Rien que pour ce soir, il avait pris trois potions avec lui, planquées dans les poches intérieures de son manteau.

En arrivant près du Chaudron Baveur, il vit qu’Anne l’attendait déjà, une cigarette aux lèvres.

« Tu es là ! » s’exclama-t-il, ne pouvant garder son sourire pour lui.

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« Salut. » répondit la jeune femme.
« Salut. »

Elle l’étudia un instant. Elle avait déjà meilleure mine que la dernière fois qu’il l’avait vu. Sans doute que cette fois-ci elle n’avait pas eu à affronter un dragon échappé dans une ruelle.

« Je veux bien te guider, mais je ne sais pas où il faut aller. » reprit-elle en se redressant du mur contre lequel elle était appuyée. « Tu as des infos, des indices ? »

Elle avait raison. En devenant son guide, Edmund allait devoir lui faire part de quelques informations.

« J’ai une adresse. » répondit-il. « 13 Miller's Court. C’est près de Dorset Street. »

Dorset Street était réputée pour être l’une des rues les plus malfamées de tout Londres, ayant notamment abritée le dernier meurtre de Jack l’Eventreur. Pas étonnant que celle-ci soit reliée à l’Allée des Embrumes. Ce fut sans doute pour cela qu’Anne se dépêcha de préciser.

« On m'attend, au fait. Juste pour te prévenir. »

Oui. Edmund comprenait bien le message. S’il tentait de lui faire du mal, elle serait recherchée. C’était malin. Edmund nota mentalement l’idée dans un coin de sa tête. Dans ce quartier, il fallait semble-t-il à chaque détail.

« Ai-je une tête de kidnappeur ? » se moqua-t-il.

Alors qu’elle s’était arrêtée pour lui transmettre cette information, ils reprirent leur route. L’Allée des Embrumes était toujours aussi sombre et quelques personnes se promenaient. Rectification : elles flânaient, recherchant quelque chose à se mettre sous la dent … Edmund se dépêcha de récupérer sa baguette dans sa poche et la serra dans son poing. En jetant un coup d’œil à Anne, il remarqua qu’elle était tout autant que lui sur ses gardes.

« Ça fait longtemps que tu fréquentes ces rues. »

Ce n’était pas une question, juste une constatation. Elle leva les yeux vers lui et Edmund ne réussit pas à identifier le regard qu’elle lui adressait. Il s’y lisait un mélange de peur, d’appréhension, comme si de lourds démons hantaient son esprit. Pourquoi ? Était-ce cette phrase qui lui rappelait de mauvais souvenirs ? Ou bien était-ce le lieu où ils se rendaient qui l’inquiétait tant ?

« Je n’ose pas imaginer ce que c’est que de grandir ici. » ajouta-t-il. « Tu n’as pas du avoir une enfance facile … »

Il sursauta quand Anne laissa échapper un rire. Quoi ? Il se trompait totalement ? Il fronça les sourcils, s’arrêtant au milieu de la rue.

« Oses-tu te moquer de moi ? » demanda-t-il, avec toutefois un sourire en coin. « Ça va, je ne connais rien de toi. Je ne pouvais pas savoir ! »

Il leva les mains en l’air comme s’il rendait les armes. Ils reprirent leur route. Anne n’était visiblement pas très désireuse de s’attarder trop longtemps dans le coin.

« Je faisais juste remarquer que tu semblais à l’aise dans ces rues. Tu sais quoi faire, quoi dire, où aller. »

Il jeta un nouveau regard vers sa partenaire. En avait-il trop dit ? Remarquait-elle qu’il était observateur ? Cela la mettait-elle mal à l’aise ?

Ce fut au bout d’une vingtaine de minutes plus tard qu’ils arrivèrent devant un bâtiment. Le numéro 13. Edmund prit une nouvelle gorgée de sa potion sous le regard intrigué d’Anne en observant le bâtiment. Cela ressemblait à un endroit abandonné. La porte formait un arc semblable au mouvement gothique et les fenêtres des étages étaient soit cassées ou fissurées. Un vieux store s’échappait par l’un des trous, faisant claquer un son terrifiant dans la rue. Plusieurs panneaux avaient été installés, informant que le bâtiment était sur le point de s’écrouler et avertissant les passants à rester à l’écart.

Ironiquement, Anne l’encouragea à passer devant. Edmund prit une inspiration et franchit le seuil. Aussitôt c’était comme s’il avait franchi un rideau. Un charme de protection anti-moldu. Edmund fronça les sourcils alors que l’intérieur se transformait sous ses yeux. Ce n’était plus un bâtiment délabré mais la pièce où il se trouvait été désormais habitable. Un bureau était installé avec des tapis pour offrir un côté chaleureux à la pièce. Les fenêtres étaient en parfait état. En se retournant, il vit qu’Anne l’avait suivi à l’intérieur, toute aussi surprise que lui par le charme qui s’opérait devant ses yeux. Elle lui demanda ce qu’il espérait trouver à cet endroit.

« Je ne sais pas tellement … » avoua-t-il.

Son regard croisa celui d’Anne. Peut-être devrait-il être un peu plus assuré pour ne pas l’effrayer.

« Forse* un homme. C’est un chasseur de vélanes. »
* Peut-être en italien

Il pouvait bien le lui dire, non ? Maintenant qu’elle était là, avec lui, il valait peut-être mieux qu’elle sache ce qu’il en était. Soudain, des grincements se firent entendre au-dessus de leurs têtes.

« Ce n’était pas le vent … » souffla Edmund. « Sors ta baguette. »

Aussitôt Edmund riva son regard sur la porte en face d’eux. Grande ouverte, elle menait sur un escalier en bois. S’il y avait un intrus – ou le chasseur en lui-même – ce serait par là qu’il arriverait. Edmund leva sa baguette, passant en revue les sortilèges qui pourraient lui être utiles. Protego, pour se protéger lui-même et Anne. Stupéfix pour mettre hors d’état de nuire. Expelliarmus pour le désarmer. Confringo pour provoquer une explosion afin de le distraire.

Soudain, la porte d’entrée se referma brutalement, comme un violent courant d’air. Il vit Anne trembler et hésiter sans doute à transplaner. Mais aussitôt que cette pensée eut effleurée leur cerveau, son corps se retrouva projeter contre le mur, derrière le bureau. Une force inconnue l’avait violemment plaquée contre.

« Anne ! » s’écria Edmund.

Mais alors qu’il s’élançait vers elle, il fut à son tour projeter contre le mur opposé. Impossible d’y résister. C’était comme si des bras invisibles le maintenaient de toutes leurs forces. Ils devaient transplaner. Maintenant ! Mais plus Edmund pensait au moyen d’y parvenir, moins il y arrivait. Son cœur battait la chamade alors que les grincements à l’étage reprirent. Le silence se fit dans la pièce alors que les pas se faisaient désormais entendre dans l’escalier. L’inconnu prenait tout son temps pour descendre les marches, faisant durer le suspense. Edmund rivait son regard tantôt sur l’escalier, tantôt sur Anne, regrettant de l’avoir emmené là-dedans. Mais il était trop tard.

L’homme apparut. Ses yeux rouges frappèrent aussitôt Edmund : un vampire. Cela contrastait avec sa peau légèrement hâlée, même pour une créature de sa nature. Ses cheveux châtains foncés étaient coupés courts et sur ses lèvres s’étiraient un sourire sadique.

« Eh bien … bonsoir. »

Edmund retint un frisson en entendant cette voix. Mattéo. C’était Mattéo. L’ex-petit-ami de Clarissa ! Oui, c’était lui. Les battements de son cœur s’accélèrent alors qu’il ne pouvait rien dire sans se trahir. Il n’était pas sous l’apparence d’Edmund mais de celle d’Alessio, un Italien tout juste arrivé. Son rythme cardiaque dut cependant interpeller Mattéo qui darda son regard rouge sang sur lui. Il s’approcha d’un pas lent vers lui, le jaugeant de la tête aux pieds alors qu’Edmund restait obstinément collé contre le mur.

« Puis-je savoir quelles sont vos intentions en pénétrant sur cette propriété privée ? » demanda-t-il.

Si sa question s’adressait tout autant à Edmund qu’à Anne, il ne le lâchait pas des yeux. Son visage était désormais à moins d’un mètre du sien et étudiait chacun de ses traits précieusement dans sa mémoire. Edmund se rappelait sans mal celui qu’il était à Poudlard : possessif, jaloux, salopard. Aucun garçon de leur année ne pouvait l’encadrer et chacun rêvait de lui donner un coup de poing un jour. Mais il dégageait une aura vampirique qui en dissuadait plus d’un. Et puis il y avait Clary. Elle l’aimait tendrement. Mais du jour au lendemain il avait disparu. Et voilà qu’il réapparaissait. Plus menaçant, plus distant, plus froid, plus âgé aussi aurait-on dit ? Peut-être prenait-il des potions de vieillissement ? Son oncle, Seamus, en avait pris quelques-unes à un moment de sa vie.

« Est-ce vous Nigreos ? » osa demander Edmund.

Le regard de Mattéo brilla d’un éclat curieux avant qu’un nouveau rictus n’étire ses lèvres.

« Alors vous recherchez Nigreos … »

Il ricana avant de se détourner d’Edmund pour aller observer le visage d’Anne. Il pencha la tête sur le côté en la regardant tenter vainement de se libérer. Sans doute essayait-elle à son tour de transplaner.

« Ne vous donnez pas cette peine. Le bâtiment possède plusieurs runes permanentes pour empêcher tout transplanage. »

Il vint se pencher sur le visage d’Anne et caressa de ses doigts froids sa joue.

« Ravissante … » commenta-t-il avant de rire de la hargne de la jeune femme.

Le cœur d’Edmund battait. Il détestait l’idée que Mattéo touche Anne. Cette fille ne méritait pas de croiser la route d’un tel monstre. Aucune fille ne méritait ça.

« Que lui voulez-vous ? » reprit Mattéo en se mettant au centre de la pièce pour regarder tour à tour ses deux intrus.
« Est-ce vous ? » répéta Edmund.
« Hélas non … »

Il étudia à nouveau Edmund et Anne avant de finalement annuler le sortilège qui les retenait liés. Anne voulut se dépêcher de prendre la fuite mais le charme qui avait refermé la porte restait fidèlement en place. Edmund la regarda avant de river son regard sur Mattéo. Il ne comptait pas les laisser partir tant qu’il ne l’aurait pas décidé. Alors autant en apprendre le plus possible sur lui et son mystérieux retour en Angleterre.

« C’est un chasseur de Vélanes. Et j’ai besoin de le retrouver. »

L’idée d’Edmund était de se faire passer pour un gars qui voulait gagner quelques gallions en vendant des noms de créature. Cette idée devait horrifier Anne mais il serait toujours temps de lui expliquer plus tard les véritables raisons. Elle le méritait bien.

Mattéo avait lentement tourné la tête vers Edmund quand il s’était exprimé, les mains derrière le dos, comme s’il se sentait assez en sécurité pour ne pas se mettre en position d’attaque. Edmund quant à lui tenait toujours sa baguette dans sa main, prêt à s’en servir, même s’il se doutait qu’il ne faisait pas le poids.

« Intéressant … » commenta le vampire. « Il se trouve que je suis aussi à sa recherche. »

Son sourire dévoila des dents blanches parfaitement alignés. Comme en protection, Edmund se décala pour se mettre entre Mattéo et Anne, toujours agrippée à la poignée, prête à s’enfuir dès que le charme serait rompu.

« Nos intérêts communs pourraient nous amener à travailler ensemble. Qu’en pensez-vous ? »

Ce n’était pas réellement une proposition. Ils étaient retenus captifs ici et s’ils refusaient, Merlin savait ce qu’il adviendrait d’eux. Edmund jeta un regard vers Anne avant de hocher la tête.

« Parfait … » sourit Mattéo. « J’ai déjà mené mon enquête à l’étage et aucun objet ne permet d’indiquer l’endroit où il est actuellement. Sauf un, peut-être. »

Son regard brilla, comme stimulé par cette découverte.

« Il devait y avoir un miroir à l’étage. Cela se devine avec l’absence de poussière à cet endroit. Quelqu’un l’a pris et je pense avoir découvert un nom qui nous mettrait sur la piste. Retrouvez ce miroir et nous pourrons peut-être en découvrir plus sur ce chasseur Nigreos. »

Edmund déglutit. Retrouver un miroir ? C’était ce qu’il demandait ? Marcher avec lui pour lui ramener un miroir ?

« A quoi nous servira un miroir ? »

Mattéo roula des yeux, comme profondément ennuyé par cette question.

« A l’aide de sortilèges et de runes, un miroir pourra nous montrer ce que faisait Nigreos dans son repaire secret. »

Edmund n’était pas certain de bien comprendre comment Mattéo comptait s’y prendre. Mais visiblement il avait plus d’un tour dans son sac.

Il sursauta lorsqu’Anne prit la parole, s’avançant à la hauteur d’Edmund, demandait pourquoi Mattéo ne s’en occupait pas lui-même. Cela semblait lui plaire qu’une fille s’adresse à lui et dans un nouvel élan de protection, Edmund passa un bras en travers du corps de la jeune femme, ne supportant pas ce regard vicieux qu’avait Mattéo. Il ne parut même pas le remarquer.

« Nous voulons tous les trois retrouver Nigreos. Chacun remplit sa part : moi je m’occupe des sortilèges et des runes, et croyez-moi, cela ne va pas être une partie aisée de trouver ce qu’il faudra pour faire fonctionner ce miroir. Quant à vous, cela ne demande pas bien d’efforts que d’aller récupérer le miroir chez le voleur. »

Il haussa les épaules.

« Comment s’appelle-t-il ? » demanda Edmund.
« Il se fait appeler Loki. »

A nouveau, Mattéo roula des yeux, comme lassé par ces surnoms débiles.

« Alors, on a un accord ? »

Sa main se tendit vers Anne, ignorant Edmund. Pourtant, c’était avec lui qu’il passait un accord. Anne n’avait rien à faire là-dedans. Pourtant, c’était envers elle qu’il se sentait plus enclin à marchander.

« Je dois vous prévenir. En serrant ma main, vous vous engagez à me ramener ce miroir d’ici deux semaines. Je ne suis pas un homme très patient, bien que je me trouve assez magnanime de vous donner un tel délai. Oh et une dernière chose ! Vous n’aurez aucun souvenir de mon visage. Je tiens à me protéger. »

Il posa son autre main sur son cœur, comme faisant acte de bonne foi. Edmund grimaça. Il n’aimait pas les délais. Mais avait-il d’autres choix ?

« Trois semaines. » répondit-il. « Accordez-nous trois semaines et je veux que vous oubliez le visage de ma partenaire. »
« La jolie Anne ? » susurra Mattéo, se souvenant parfaitement du cri d’Edmund. « Admettons, trois semaines. Mais je précise : vous ne serez pas trop de deux pour cette mission. Aussi, j’insiste, la jolie Anne devra être aussi présente pour la restitution de cet objet. Et je m’engage à la laisser totalement libre dès lors qu’elle aura rempli sa part du contrat. »

Il lança un clin d’œil à Anne et Edmund ferma les yeux. Mattéo ne relâchait jamais ses efforts quand il s’agissait de faire du mal à son entourage. Mais pouvait-il encore négocier ? Mattéo leur avait accordé une semaine de plus et s’engageait à ne pas poursuivre Anne après cette mission. Au moins serait-elle libre après cela. Edmund doutait qu’elle ne reveuille jamais être son guide. Il rouvrit les yeux et tourna la tête vers la jeune femme, plongeant son regard dans le sien.

« Très bien. » dit-il finalement.

Il se retourna vers Mattéo et sa main serra la sienne. Sa poigne était dure et il sentit un courant le traverser. C’était comme un voile qui tombait devant ses yeux avant de soudainement disparaître. Anne serra à son tour la main de Mattéo. Et puis, comme si une violente bourrasque de vent les avait repoussés, la porte s’ouvrit et ils furent éjectés à l’extérieur. Edmund tituba avant de tomber à la renverser sur le sol terreux de l’Allée des Embrumes. Anne tomba à son tour près de lui.

Le bâtiment devant lui avait revêtu son état délabré et plus aucun mouvement n’était perceptible à l’intérieur. De plus, Edmund avait beau se souvenir l’identité de la personne qu’ils avaient rencontré, il était incapable de s’en rappeler. Ni de son visage, ni de son nom. Rien ne lui venait. Tout ce qu’il savait c’était qu’il devait revenir ici ramener le miroir. Avec Anne.

Il tourna vivement la tête vers Anne qui se relevait péniblement à côté de lui.

« Est-ce que tu vas bien ? » demanda-t-il précipitamment, lui tendant la main pour l’aider.

A son tour, il se mit debout et la regarda anxieusement. Allait-elle le haïr ? Allait-elle continuer à l’aider ?

« Je suis navré pour tout ça. Je … je ne pensais pas … »

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Erreur, Edmund. Tu savais parfaitement dans quoi tu t’embarquais. Deux personnes l’avaient déjà mises en garde. Et pourtant, il avait fait venir Anne avec lui. Que risquaient-ils s’ils ne remplissaient pas la part de leur contrat ? Avaient-ils scellé un Serment Inviolable ? Mourraient-ils s’ils ne ramenaient pas le miroir dans les temps ? Seraient-ils liés à vie à cet inconnu dont Edmund n’avait aucun souvenir ?

@ Victoire


Dernière édition par Edmund J. Prewett le Dim 4 Aoû - 11:27, édité 2 fois

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Edmund Prewett

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Love again Avec Edmund Prewett (sous les traits d'Alessio Grecco) ☆ Dimanche 21 avril 2002 ☆

J'acceptais d'aider Alessio, après tout, il m'avait sauvée la vie. Mais çe ne voulait pas dire que je n'étais pas sur mes gardes. Je ne faisais pas confiance, vraiment pas. Alors, j'avais sortit quelques subterfuges pour être sûre qu'il ne se mette en tête de me faire du mal, ou je ne sais quoi. Pourtant, ma réflexion semblait le faire rire : « Ai-je une tête de kidnappeur ? » Je me contentais d'hausser les épaules. « Toutes les belles gueules ont des secrets. » C'était la réflexion que je m'étais faite il y a bien longtemps. Depuis la disparition d'Ali, en fait. Je ne pouvais pas expliquer ce sentiment, mais il me collait à la peau depuis que j'essayais de comprendre ce qui était arrivé à ma sœur.

Mais je ne rajoutais rien, et je me contentais de reprendre ma route. Dès que nous passions les premières rues de l'Allée des Embrumes, je ne pus m'empêcher de me mettre sur mes gardes. C'était un automatisme ; dans ce quartier, il fallait savoir se débrouiller. Il fallait savoir regarder partout. Il fallait tout anticiper, tout e temps. Éviter les personnes à terre : on ne pouvait jamais savoir si elle dormait vraiment. Ne jamais s'arrêter quand quelqu'un nous hêlait dans la rue. Avoir toujours une solution de secours, quelque soit la situation ou les paroles échangées dans la rue. « Ça fait longtemps que tu fréquentes ces rues. » La réflexion d'Alessio me sortit de mes pensées. Ça me déconcentrait même carrément sur mes surveillances. Comment il pouvait savoir ça ? Je me tournais vers lui, en le regardant. Il me suivait depuis longtemps ? Il me surveillait ? Impossible, j'aurais dû le sentir depuis longtemps. Mon don ne me trompait jamais… « Et donc ? » Répondis-je prudemment. Où voulait-il en venir ? « Je n’ose pas imaginer ce que c’est que de grandir ici. Tu n’as pas du avoir une enfance facile … » Hein ? Il pensait que j'avais grandi ici ? C'est pour ça qu'il pensait que ça faisait longtemps que je fréquentais ces rues ?

Je ne m'attendais pas à une telle réflexion. Mon enfance n'était pas remplie de rues mal famées et de nourriture trouvée dans les poubelles, mais plutôt de beaux jardins et de champagne. En voyant un tel contraste, je ne pus m'empêcher de rire. Comment réagirait-il si il savait la vérité, hein ? Bien sûr, il ne la connaîtrait jamais. Ça n'empêche pas qu'il se plante totalement ! Surpris, Alessio s'arrêta au milieu de la rue, et j'en profitais pour reprendre mon souffle. « Oses-tu te moquer de moi ? » « Disons que ça me fait rire que tu penses que j'ai pu grandir ici ! » Répondis-je en essuyant une larme, un sourire sur le visage. « Ça va, je ne connais rien de toi. Je ne pouvais pas savoir ! » Alessio leva les mains en l'air, comme pour se rendre, pendant que je haussais les épaules. « Ouais bah habitue-toi, parce que cette situation ne bougera pas. » Il pouvait faire toutes les théories qu'il voulait, je ne réfuterais que celle-là. Parce qu'elle était vraiment trop drôle. Je repensais à tous ces thés échangés avec les bourges en France, ou les shoppings avec ma sœur… Non, même si aujourd'hui, j'avais tendance à traîner dans le caniveau, j'étais issue de la haute. Après ce fou rire, je lui fis signe qu'il fallait qu'on reparte. Ici, il était plutôt mauvais de traîner ici trop longtemps, sans bouger, au même endroit. Une nouvelle fois, un sourire monta sur mes lèvres, et je marmonnais, toujours aussi amusée : « Moi, grandir ici… » « Je faisais juste remarquer que tu semblais à l’aise dans ces rues. Tu sais quoi faire, quoi dire, où aller. » Il se posait beaucoup de questions, non ? Je ne pus m'empêcher de lui jeter un regard en biais, avant de regarder à nouveau devant moi. « Dans ce genre d'endroit, il vaut mieux apprendre vite. »[/color][/b] Une réponse brève, qui ne donnait pas de détail. Avec ma déclaration, il ne pouvait pas savoir si le temps que j'avais passé ici était court ou long. Il savait juste que j'avais appris vite à me débrouiller, à repérer les pièges.

Heureusement, il ne reparla pas de ça, et on continua à chercher l'adresse qu'il avait sur son bout de papier. L'adresse me disait quelque chose, mais je n'avais pas l'emplacement exact en tête. Je tournais en rond quelques minutes, avant de la trouver. Le bâtiment était clairement en mauvais état, si ce n'était abandonné. La peinture était inexistante, et j'évitais les mauvaises herbes qui poussaient un peu partout. Bien que les panneaux nous indiquaient de ne pas pénétrer dans la bâtisse sous risque d'effondrement, j'offris une petite révérence à Alessio : « Les étrangers en premier.1 » L'italien prit une grande inspiration avant de rentrer. Je le suivis, et tout changea sous mes yeux. L'intérieur, que je pensais miteux et poussiéreux, était presque agréable avec ses tapis qui donnaient de la chaleur à la pièce. Pourtant, je ne pus m'empêcher de frissonner. Où avais-je mis les pieds ? Le lieu était protégé d'un sortilège anti-moldu, hors, nous étions déjà dans un quartier sorcier. Celui qui se trouvait ici ne voulait vraiment pas avoir croiser des non-sorciers. Dans une période où un racisme ambiant volait, je ne me trouvais pas à mon aise. « Tu t'attendais à trouver ce genre de choses…? » « Je ne sais pas tellement … » Alessio croisa mon regard. J'haussais un sourcil. Qu'est-ce qu'il cherchait, en venant ici ? Que voulait-il ? Pourquoi était-il aussi surpris ? « Forse un homme. C’est un chasseur de vélanes. » « Un chass… » Interloquée, j'allais répéter ce qu'il venait de me dire, quand des bruits au-dessus de nous se firent entendre.

Sans réfléchir, je regardais le plafond, comme pour découvrir l'origine du bruit. « A ton avis, c'était quoi ? » Chuchotais-je. « Ce n’était pas le vent … Sors ta baguette. » J'hochais la tête, en me félicitant intérieurement de n'avoir bu qu'une moitié de bouteille. Même si je sentais mes sens s'affoler ; et je savais qu c'était dû à mon don. Je sentais le danger venir. Je n'attendis pas pour plonger ma main dans ma poche et récupérer ma baguette magique. Ça ne m'empêchait pas de sursauter et de me retourner quand j'entendis la porte d'entrée se fermer, d'un seul coup. Ça commençait un peu trop à ressembler aux films d'horreur dont raffolait Leomie, et ça ne me plaisait vraiment pas… Franchement, pourquoi est-ce que je restais là ? Je pouvais planter Alessio. Après tout, il ne connaissait pas mon vrai nom. Je n'avais qu'à transplaner, et… « AAAH ! » Au même moment, je sentis comme une force invisible s'emparer de mon corps, pour me projeter contre le mur. Comme pour m'empêcher de partir. « Anne ! » « Gnnn… » J'essayais de gesticuler, mais je me retrouvais immobile. Impossible de partir. Alessio se tourna vers moi pour me rejoindre, mais il n'avait pas besoin de se donner cette peine. Lui aussi se retrouva projeté contre le mur, en face de moi. Je ne pouvais qu'essayer de bouger en le fixant, et prier pour que l'un d'entre nous parvienne à se libérer.

J'arrêtais d'essayer de bouger et de grogner quand, de nouveau, j'entendis du bruit. Mon cœur battait tellement vite qu'il menaçait, à tout moment, de sortir de ma poitrine. Est-ce que ma sœur avait vécu une terreur pareille ? Pour la première fois depuis sa disparition, je me pris à espérer qu'elle ne soit pas en vie, mais qu'elle fut rapidement tuée. Pour qu'elle ne soit pas aussi apeurée que je l'étais maintenant. Je posais mon regard sur l'homme qui venait d'apparaître, et je sentis… Quelque chose. Quelque chose de terrifiant, et d'enivrant à la fois. Comme si j'étais hypnotisée. Hypnotisée et charmée, et pourtant, je me sentais en danger. Je savais que j'étais la proie face à un chasseur qui usait plus de ses charmes que de sa force.

Un vampire. Un putain de vampire. Je me trouvais face à un putain de vampire !

Ce n'était même pas ses yeux rouges qui me permettaient d'être aussi sûre, mais mon instinct. Pour une fois qu'il est utile, celui-là ! Même si c'est un poil en retard. « Eh bien … bonsoir. » Maintenant que je connaissais sa véritable nature, je me fis violence pour ne pas tomber dans le panneau. La terreur que je ressentais était plutôt utile, dans ce cas de figure-là. Le vampire s'approcha d'Alessio, en le regardant de haut en bas. « Puis-je savoir quelles sont vos intentions en pénétrant sur cette propriété privée ? » Bien qu'il soit tourné vers Edmund, je sentis que la question m'était aussi destinée. Pourtant, je ne disais rien. Je me contentais d'observer la scène. « Est-ce vous Nigreos ? » « Alors vous recherchez Nigreos … » Donc ce n'était pas lui… On était venu ici pour rien ? Ou alors, il allait nous apprendre des choses ? Si il nous donnait des infos, il allait vraiment falloir que nous les prenions avec des pincettes. Parce que ce genre de personnes dans ce genre de lieu pouvait très bien donner de fausses indications pour son propre intérêt.

Le vampire s'éloigna d'Alessio pour se rapprocher de moi. Je sentis mon ventre se creuser. Je me sentais sale alors qu'il examinait mon visage avec un regard aussi observateur. Qu'est-ce qu'il me voulait ? De nouveau, j'essayais de me décoller du mur pour transplaner. « Ne vous donnez pas cette peine. Le bâtiment possède plusieurs runes permanentes pour empêcher tout transplanage. » Malheureusement, il disait la vérité… Je le fusillais du regard, et pourtant, ça ne l'empêchait pas de se pencher sur moi. Pour mieux me regarder. Je me sentis encore plus sale. Comme si je n'étais qu'un bout de viande. Je me sentais même objet quand il caressa ma joue. Ses doigts étaient froids. « Ravissante … » J'entendis sa voix, mais son contact semblait réveiller mon troisième oeil. Sans que je ne comprenne pourquoi, j'aperçus des images de ma sœur Aliénor, et j'eus l'intime conviction qu'elle était toujours vivante. Surtout, je sus immédiatement que ce type avait un lien avec elle. Cette image me fit peur, et par habitude, je marmonnais : « Lâchez-moi. » Je n'étais vraiment pas très convaincante, et pourtant, le vampire s'éloigna de moi pour se placer au milieu de la salle. J'en profitais pour reprendre mon souffle, et réfléchir à ce que je venais de ressentir. Est-ce que ce vampire avait vraiment un lien avec ma sœur ?

« Que lui voulez-vous ? » « Est-ce vous ? » Répéta Alessio. « Hélas non … » On se trouvait donc enfermés avec un vampire potentiellement dangereux qui nous empêchait de bouger… Plus pour très longtemps. Il cessa le sort, et quand je me sentis libre de mes mouvements, je me précipita sur la porte pour essayer de l'ouvrir, et de partir. Evidemment, elle ne s'ouvrait pas. Je me remis face aux garçons, en collant mon dos contre ce fichu morceau de bois, prête à partir dès que je le pouvais. « C’est un chasseur de Vélanes. Et j’ai besoin de le retrouver. » C'est vrai que je ne m'étais jamais interrogée sur les raisons qui poussait Alessio à chercher un chasseur de créatures. Et vu son air détaché, je me rendis compte que si il cherchait ce genre de personne… C'est qu'il avait des noms à vendre. Un haut-le-cœur me prit, et une nouvelle fois, j'essayais de baiser la poignée de la porte. Toujours sans succès. « Intéressant … Il se trouve que je suis aussi à sa recherche. » Si ça se trouve, les deux allaient faire équipe… Et finiraient par comprendre que j'étais de trop. Et vu l'état de stress dans lequel j'étais, il ne fallait pas que j'essaie d'utiliser mon don. Je n'étais pas assez sereine pour l'utiliser tout en ayant conscience de ce qu'il y avait autour de moi. « Nos intérêts communs pourraient nous amener à travailler ensemble. Qu’en pensez-vous ? » Tiens, qu'est-ce que je disais ? Alessio me jeta un oeil, comme pour me donner mon avis. Si j'allais mourir, est-ce que je pouvais vraiment en avoir un ? J'haussais les épaules, puis il hocha la tête. Le vampire sourit. « Parfait … »

« J’ai déjà mené mon enquête à l’étage et aucun objet ne permet d’indiquer l’endroit où il est actuellement. Sauf un, peut-être. » Je levais un sourcil, en me demandant où il voulait en venir. « Il devait y avoir un miroir à l’étage. Cela se devine avec l’absence de poussière à cet endroit. Quelqu’un l’a pris et je pense avoir découvert un nom qui nous mettrait sur la piste. Retrouvez ce miroir et nous pourrons peut-être en découvrir plus sur ce chasseur Nigreos. » Un miroir ? Pourquoi il voulait un miroir ? Alessio posa la question pour nous deux à vois haute : « A quoi nous servira un miroir ? » Le vampire semblait très ennuyé par cette question, comme si nous répondre allait lui coûter quelques secondes de son précieux temps. Comme si il avait mieux à faire que de nous accorder son temps. Je déglutis, pas sûre d'être rassurée par cette réaction. « A l’aide de sortilèges et de runes, un miroir pourra nous montrer ce que faisait Nigreos dans son repaire secret. » Non, vraiment, je ne comprenais pas pourquoi il avait besoin de tout cela. Qu'est-ce qu'il voulait, exactement ? J'avais compris qu'Alessio était un sale vendu, mais lui ? Quelles étaient ses réelles motivations ? Surtout si il avait un lien avec ma sœur… Pourtant, Ali n'était pas une Vélane. Je finis par m'avancer, en essayant de ne pas montrer ma peur. « Et pourquoi vous ne vous en occupez pas vous-même ? Un vampire contre un chasseur de créature devrait avoir l'avantage, non ? » Surtout contre un chasseur de Vélanes.

Comme pour me protéger, Alessio passa un bras devant moi. Ce n'est qu'en voyant le regard vicieux du vampire sur moi que je comprenais pourquoi. « Nous voulons tous les trois retrouver Nigreos. Chacun remplit sa part : moi je m’occupe des sortilèges et des runes, et croyez-moi, cela ne va pas être une partie aisée de trouver ce qu’il faudra pour faire fonctionner ce miroir. Quant à vous, cela ne demande pas bien d’efforts que d’aller récupérer le miroir chez le voleur. » Dans quoi encore est-ce que je m'embarquais…? J'avais toujours fait attention à rester du côté des dealers et autres. Ça, je savais les gérer. Mais commencer à partir dans des activités illégales ? Heureusement que les Aurors ne venaient jamais par là. Quelle serait la réaction de mes parents si ils apprenaient que je venais dans ce genre de lieux ? Que j'avais volé un miroir à un type louche pour le filer à un vampire ? « Comment s’appelle-t-il ? » Au moins, Alessio semblait très impliqué… Il le fallait bien. C'était pour lui que nous étions là, après tout. « Il se fait appeler Loki. » Loki ? Qui se faisait appeler Loki ?

Sans que je ne comprenne pourquoi, le vampire se tourna vers moi pour me tendre sa main. « Alors, on a un accord ? » Je la fixais en réfléchissant. J'avais bien compris qu'il voulait sceller notre accord, mais… Si je me concentrais suffisamment, est-ce que je pouvais dégager des infos sur ma sœur ? « Je dois vous prévenir. En serrant ma main, vous vous engagez à me ramener ce miroir d’ici deux semaines. Je ne suis pas un homme très patient, bien que je me trouve assez magnanime de vous donner un tel délai. Oh et une dernière chose ! Vous n’aurez aucun souvenir de mon visage. Je tiens à me protéger. » Hein ? Comment ça, on ne retiendra pas son visage ? Non, non, surtout pas. Au contraire, il fallait que l'on s'en souvienne. J'en avais besoin, maintenant que j'avais un espoir d'avoir des réponses sur la disparition d'Aliénor. « Trois semaines. Accordez-nous trois semaines et je veux que vous oubliez le visage de ma partenaire. » Je me tournais vers Alessio. Pour un vendu, il prenait beaucoup ma défense… « La jolie Anne ? » Comment il connaissait mon surnom…? Je pensais qu'il était Legilimens, jusqu'à ce que je me rappelle du cri d'Alessio quand j'avais été projetée contre le mur. « Admettons, trois semaines. Mais je précise : vous ne serez pas trop de deux pour cette mission. Aussi, j’insiste, la jolie Anne devra être aussi présente pour la restitution de cet objet. Et je m’engage à la laisser totalement libre dès lors qu’elle aura rempli sa part du contrat. » Pourquoi il continuait de m'appeler comme ça…? Pourquoi il tenait absolument à ce que je sois là ? Je retins de faire une grimace quand il me fit un clin d'oeil. Mon côté parano me disait de faire ultra gaffe, mais je sentais bien que même si il était dangereux, il n'avait pas d'obsession pour moi. Seulement pour les femmes en général.

Alessio prit un moment pour réfléchir, avant de finir par me regarder, semblant attendre mon avis. Qu'est-ce que j'en pensais ? Que c'était une mission-suicide. Que je n'avais rien à faire là. J'avais juste promis de faire le guide, pas la complice dans des trucs chelous et illégaux. Et pourtant… Si ça me permettait d'avoir des nouvelles de ma sœur, qui étais-je pour refuser ? En pensant à Ali, j'hochais la tête, pour indiquer au jeune homme que j'acceptais. « Très bien. » Alessio se retourna de nouveau vers le vampire, et lui serra la main. A mon tour, je tendis la main. Rassemblant tout mon courage, je plongeais mes yeux dans les siens. Ça et le contact de ses doigts froids, sans compter ma concentration, me permirent d'essayer d'avoir des visions, des ressentis supplémentaires… Et sans que je ne comprenne pourquoi, mon instinct me confirma qu'il avait un lien plus ou moins direct avec ma sœur. Je ne pus aller plus loin, car au moment où je lâchais sa main, la porte d'entrée se rouvrit dans un coup de vent. Je me retournais, surprise, et je vis Edmund être éjecté, avant que ce ne soit mon tour.

Je tombais lamentablement sur le dos, dans la rue humide, sale et pavée. « Est-ce que tu vas bien ? » Je me redressais alors que Alessio me tendait une main en se relevant. Je la fixais, en réalisant ce que nous venions de vivre. Ce que nous venions d'apprendre. « Tu… » « Je suis navré pour tout ça. Je … je ne pensais pas … » Sans réfléchir, je donnais un coup dans sa main, pour refuser son aide, et je me relevais toute seule, furieuse. « Tu vends des noms de créature ? Sérieusement ? Tu cherches un chasseur pour vendre des noms ?! » Si j'avais su, jamais je ne l'aurai aidé ! Cette scène m'avait terrifiée, mais je n'aurais pas eu de regret si je savais que c'était un type bien. Alors que là… « Y a tellement d'autres moyens pour se faire du fric ! Comme vendre des glaces chez Florian Fortarôme, ou bosser comme serveur à Druid's Oak ! » Ou même dealer, si il voulait vraiment rester sur l'Allée des Embrumes. Mais franchement, qu'il fasse un autre job, qui ne mette pas de personnes en danger ! « Tu n'es vraiment qu'un sale… » Sauf qu'il ne sut jamais de quoi j'allais le traiter.

Alessio m'arrêta d'un seul coup, pour que j'arrête de l'engueuler ici. J'avoue, il avait pas tort, c'était assez dangereux. Je lui lançais un regard noir. « Ne compte pas sur moi pour t'aider dans cette entreprise. » Je savais que j'avais une dette à régler, mais je ne voulais pas la payer en ayant du sang sur les mains. L'italien regarda tout autour de lui, avant de finir par lancer un « Assurdiato. » autour de nous. Je croisais les bras, toujours aussi fâchée, bien qu'il m'assurait qu'il n'était pas celui qu'il disait être. Qu'il était sous couverture. Cette fois, c'est carrément un sourcil que j'haussais. Quoi, il se prenait pour un flic, maintenant ? Pourtant, quand je l'écoutais me dire qu'il ne me voulait pas de mal, qu'il était navré mais qu'il avait encore besoin de mon aide, j'avais bien l'impression qu'il était honnête. Encore plus quand il me dit qu'il devait sauver une personne qu'il aimait. Je ne pus m'empêcher de jeter un oeil à cette bâtisse faussement abandonné. Je ne me souvenais pas du type à l'intérieur, mais tout ce que je me souvenais est qu'il avait un lien avec elle. Avec sa personne, sa disparition ? Je ne savais pas, je n'étais pas sûre. Mais je le sentais. « Donne-moi ta main. » Soupirais-je. Je tendis la mienne, en espérant qu'il fasse ce que je lui disais. De toute façon, c'était la seule manière pour moi de croire ce qu'il me disait.

Heureusement, il ne fit pas trop de manière, et la posa sur la mienne. Je me concentrais, l'espace d'une seconde, sur lui, sur les ondes qu'il dégageait. Comme à notre première rencontre, je ne sentais rien de mauvais. Non, il disait bel et bien la vérité. En levant les yeux vers lui, je me rendis compte qu'il attendait ma réaction, pour savoir si j'allais continuer avec lui ou non. En lâchant sa main, je finis par soupirer : « J'ai toujours une dette à payer, il me semble. » Sous-entendu, je lui faisais confiance. Moi qui faisait tout pour éteindre ce foutu troisième oeil, il m'avait été fort utile, aujourd'hui. « Bien que je me rappelle qu'on doit lui ramener un miroir dans trois semaines, je n'arrive pas à m'imaginer son visage, son physique, sa voix ou même son nom. Je suppose que c'est pareil pour toi. » Dis-je en me tournant vers la maison. Il fallait vraiment qu'on vole un miroir d'un autre type ? Dans quel bordel on était en train de se précipiter ? Pourtant, hormis ma dette, j'avais une bonne raison de continuer. « Je me souviens d'une autre chose. Je me rappelle avoir été convaincue que ce type est liée à une personne qui m'est chère, que je n'ai pas revue depuis longtemps. » Il fallait que je sois honnête. Après tout, il l'avait été avec moi. Honnête, mais sans lui donner trop d'informations sur moi. « Si ce type est la clé pour comprendre ce qui lui est arrivée, il faut qu'on se dépêche de trouver ce foutu miroir. » Envers et contre tout.

☆ Samedi 11 mai 2002 ☆

On avait enfin ce foutu miroir. Ça n'avait pas été une partie de plaisir, et les trois semaines avaient été bien nécessaires pour ce faire. A cause de ces missions, j'avais ralentit sur la drogue et l'alcool, mais je consommais joint sur joint dès que j'avais un moment de répit. J'avais l'impression que mon troisième oeil était en train de s'affoler, comme si quelque chose de gros se préparait. Comme si j'avais besoin de temps, mentalement parlant, pour affronter une nouvelle. Mais quel type de nouvelles ? Dans ma vie privée ? Dans ce truc avec Alessio ? Je n'arrivais pas à savoir. Face à la bâtisse abandonnée, je me rendis bien compte qu'aujourd'hui m'apporterai une partie de la réponse, si ce n'était pas son intégralité. A quoi allais-je devoir m'attendre ? Qu'est-ce que mon troisième oeil essayait de me dire ?

Il ne s'affolait pas plus que ça maintenant que nous étions sur le lieu de rendez-vous, le miroir sous les bras. J'avais envie de supposer que c'était autre chose. Et si c'était bien autre chose, il fallait que je me concentre sur ce que nous étions en train de faire. Pour ce faire, je me tournais vers Alessio. « On y va ? » On reprit notre paquet à deux, avant de s'avancer plus ou moins courageusement vers la porte, que le jeune homme ouvrit. Lâchement, je me tenais derrière lui, à tenir l'autre bout de la glace. Une nouvelle fois, quand on pénétra à l'intérieur, les environs changèrent. Même si l'intérieur était sale, au moins, il ne semblait pas abandonné et était même meublé.

Alessio et moi grimpons les escaliers pour se trouver face au vampire, que je reconnus. Comme si les souvenirs de son physique m'étaient revenus. Il était assis sur une chaise, dans ce qui ressemblait à un bureau. Entre les toiles d'araignées trônait un bureau, jonché de fioles, d'os et d'ingrédients de potions. Dès qu'il nous vit, le vampire se leva et nous applaudit, en comprenant ce que nous étions en train de lui ramener. « Le miroir. » dit Alessio en le posant par terre. A mon tour, je posais mon coin au sol. « Et maintenant ? » « Ravi de vous retrouver. Toujours en vie ! Je sens ... Une nouvelle connexion entre vous, je me trompe ? » Il se mit à rire, comme si nous étions en train de lui donner le meilleur spectacle que des adolescents pouvaient offrir. Je serrais mes poings, sentant une vague de chaleur s'emparer de moi. Contrairement à ce qu'il croyait, ce n'était pas la présence d'Alessio ou l'évolution de notre relation qui causait ça, mais le manque de la drogue que je m'efforçais d'éviter depuis quelques jours. Je voulais être lucide, pour savoir ce qu'il avait à cacher. « Ah, le goût du danger, du risque, ça donne des papillons dans le ventre non ? » Alors qu'il se remit à rire, j'échangeais un regard avec Alessio, avant de lancer : « En échange de ce miroir, vous deviez nous offrir des infos sur ce chasseur de Vélanes. » Chasseur dont j'avais totalement oublié le nom.

Face à notre empressement, le vampire, dont j'ignorais toujours l'identité, roula des yeux. « Vous êtes si pressés... » « Il me semble que c'était aussi important pour vous que pour nous. Alors autant s'y mettre ? » Répondit Alessio. Prenant mon courage à deux mains, je fis glisser le miroir jusqu'à lui. Mon but était de me rapprocher, voir, de l'effleurer, pour améliorer les visions et les ressentis que j'avais sur lui. Avant de m'arrêter. Il ne fallait pas que j'oublie que ce n'était pas ma mission première. « Comment nous pouvons être sûrs que vous nous donnerez nos réponses, après qu'on vous ait donné le miroir ? Vous voyez qu'on l'a. Parlez, dites-nous ce que nous voulons. Et après, on le lâchera. » Le vampire haussa un sourcil, comme surpris de mon courage. Je ne baissais pas les yeux, pour essayer de continuer de l'impressionner. « Sachez que je tiens toujours parole. » Etrangement, je me sentais moins en confiance avec lui qu'avec les promesses d'Alessio…

J'attendis une seconde, le temps qu'il termine sa mise en scène de bon garçon, avant de me tourner vers l'endroit qu'il me désignait du regard. Je vis un rond presque propre contre le mur. Là où se trouvait le miroir, évidemment. Je finis par le reprendre, et le placer à l'endroit désigné. Je retirais le draps, avant de laisser la place au vampire. Il se mit au sol, et commença à dessiner ce que je supposais être des runes. Au moment où il commença à marmonner des trucs, je ne pus m'empêcher de jeter un oeil vers l'Italien qui m'accompagnait. Qu'est-ce que lui pensait de ce bordel ? Moi, malgré le sentiment d'insécurité que le vampire m'inspirait, je ne pouvais m'empêcher d'être impressionnée par le spectacle. Encore plus quand des runes apparurent sur le cadre du miroir. Celui que je décidais de surnommer Dracula se releva et se recula pour être à notre hauteur. « Et maintenant… Il va me falloir le sang d'un être sacrifié. Qui est volontaire ? » J'ouvris de grands yeux, choquée, avant de faire un bond en arrière. Comment ça, un sacrifice ? Ça ne faisait pas parti du marché ! « Je n'ai jamais compris pourquoi personne ne comprenait quand je faisais une blague. » Soupira-t-il.

Je serrais une nouvelle fois mes poings, fâchée contre mi-même de l'avoir cru, et d'avoir montré une image de moi aussi lâche. Il ne fallait pas montrer ce genre de choses, ici. Il fallait que je me rattrape. « Il me faut simplement du sang ... Humain. » Simplement du sang humain ? « Si vous répondez à l'une de mes questions, je vous donne le mien. » Je m'avançais alors que Alessio essaie de m'arrêter. Mais je lui jette un regard pour le prévenir de ne pas m'arrêter. Je lui ais promis que je l'aidais, non ? Il devait aussi me laisser faire ce que j'avais à faire. Je me tournais de nouveau vers notre interlocuteur en ke fixant. Je n'attendais qu'un geste de sa part pour qu'il me montre qu'il accepte ma condition. « Est-ce que vous êtes allé en France en 2000 ? » Tout en parlant, je relevais ma manche pour lui offrir mon bras. J'espérais bien qu'avec son contact, des images ou des réponses me viendraient. Dracula haussa un sourcil. Je l'avais sûrement surpris. « C'est drôle que vous marchandiez ainsi. » J'haussais les épaules, toujours le bras tendu. Il n'était pas le seul à montrer sa bonne foi. Le vampire esquissa un sourcil, et prit son temps pour réfléchir. Plusieurs secondes interminables. « Non. Il ne m'a jamais été donné de visiter ce pays. » Hum. Je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance, alors je me concentrais sur lui quand il attrapa ma main. Je ne ressentais aucune trace de mensonge en lui… Putain ! La seule piste que j'avais semblait ne mener nul part.

Je grimaçais quand je sentis une petite coupure dans ma main. Au lieu de regarder mon sang couler dans une coupole, je fixais ce fichu vampire, pour qu'il ne me saute pas dessus. Ses pupilles se dilatèrent un court instant, mais il semblait garder le contrôle. Au moment où il lâcha ma main, je reculais pour retourner au niveau d'Edmund. Dracula versa mon sang sur le reflet, en murmurant de nouveau des incantations. J'allais regarder Alessio, comme pour le rassurer, mais le flash qui apparut me fit fermer les yeux. Quand je les rouvris, je les reposais sur le reflet. Un homme inconnu était apparu. « Ça a fonctionné. » murmure-t-il, admiratif. Moi aussi, j'étais impressionnée par cette magie inconnue. « C'est ce fameux chasseur de Vélanes ? » Celui dont j'avais oublié le nom. Si je le pouvais, je resterai là à l'observer, mais les battements de mon cœur me rappelèrent pourquoi nous étions là, et surtout, pourquoi nous ne devrions pas rester là. « A votre tour. Vous aviez des infos à nous donner sur ce type. » Dis-je en montrant le reflet du miroir. « Nigreos. » répondit Dracula. Ouais, voilà, lui. Je le fixais, en attendant ses réponses, mais… Je le vis totalement ailleurs.

Non, pas ailleurs. Il avait l'air de vénérer ce type. Il ne quittait pas des yeux le miroir, où se déroulaient plusieurs scènes. Sur celles où il ne se passait rien, le vampire fit un geste de la main, comme pour passer à la suivante. Sur d'autres, Nigreos apparaissait plus précisément. C'était un homme caucasien, avec les cheveux bruns et les yeux bleus.

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Je me demandais bien qui ce type pouvait être, jusqu'à ce je remarque qu'il avait un cahier avec un blason Sang-Pur dessus. Je ne le reconnus pas -je connaissais moins bien les familles anglaises que françaises-, mais j'essayais de le retenir pour le montrer à Alessio plus tard.

Dans une autre scène, nous le vîmes courir aussi vite qu'un vampire. Sa nature se confirma avec ses yeux rouges. Un papier s'envola de sa poche et Dracula fit un mouvement des doigts pour rapprocher la vision de ce qui semblait être un tract, pour une représentation théâtrale. Ce qui me frappa fut l'usage du français dans le tract. Le compte de Monte-Cristo allait, apparemment, se jouer à Lyon, en France. Je ne reconnus aucun des noms ou des visages.

Au même moment, je sentis la main d'Alessio sur mon bras. Je me tournais vers lui, et il me fit un signe de la tête. Comme pour me signifier que nous devions y aller. Je fronçais les sourcils : Dracula n'avait pas répondu à nos questions ! Mais son regard me dissuada d'insister. J'hochais la tête, dans l'espoir de lui faire comprendre que j'allais le suivre.

On commença à tourner les talons. « Dites-moi... Où pensez-vous aller au juste ? » La voix du vampire nous figea d'un seul coup. « On part. On a rempli notre part du contrat. » Contrairement à vous, me retins-je de dire. Sauf que la porte se referma d'un seul coup, magiquement. Comme pour nous enfermer ici. D'un seul coup, mon cœur se mit à accélérer. Non, ce n'était pas censé se passer comme ça… « Une minute ! » Intervient Alessio. « Vous vous étiez engagés à nous laisser libres après tout ça. » Le vampire secoua la tête, semblant ne pas être d'accord avec mon acolyte. « Je me souviens seulement m'être engagée de laisser libre Anne… » Je sentis le regard d'Alessio sur moi. Moi, je n'osais pas bouger. Je n'allais tout de même pas le laisser là, et partir seule ! Mais en même temps je tenais à ma vie… J'étais face à un choix qui ne me plaisait pas. « Dans ce cas, laissez la partir et on règle ça entre nous. » Si Alessio avait été à Beauxbâtons (ce qui était sûrement le cas, en tant qu'Italien), j'étais prête à parier qu'il avait été chez les Bourbons. La famille des courageux. « Ne t' a-t-on pas appris à ne pas couper la parole ? » Son ton me fit frissonner, et je commençais à reculer, instinctivement. Et j'avais eu raison, parce que le vampire se rapprocha de nous. « ... J'ai parlé de Anne. Or, cette personne n'est pas Anne. »

Cette personne n'est pas Anne. Cette personne n'est pas Anne. Cette personne n'est pas Anne.

Sa phrase tournait en boucle dans ma tête, le temps que je réalise ce qu'il voulait dire par là. Mon ventre se creusa alors que je me rendis compte que tout ce que j'avais mis en place depuis des années tombait en miette en à peine quelques minutes. Comment avait-il su ? « Vous… » Je le regardais, affolée, alors que ses propres yeux brillaient d'avidité en me regardant. « Et si mes informations sont exactes, je doute que papa et maman seraient ravis de te savoir loin de chez toi, en proie à un vampire. Avec la tragédie qu'a déjà connu ta famille, tu fais vraiment une méchante fille. » « Si tu sais qui a fait ça, tu ferais mieux de me le dire tout de suite, espèce de… » Folle de rage, j'attrapais ma baguette pour la pointer sur lui, quand Alessio se jeta sur moi. Sûrement pour m'empêcher de me battre. « L CHE-MOI ! » Quand je le vis se placer devant moi, je compris qu'il était en réalité en train de me protéger. Comme si… Il le connaissait mieux que moi.

Presque aussitôt, le vampire lança silencieusement un sort. Bon sang, si il connaissait les sortilèges informulés, on était mal… Je levais ma baguette en l'air : « Bombarda ! » Je voulais faire exploser le plafond mais il retint d'un simple geste de la main les débris, qu'il lança vers nous. Instinctivement, je poussais Alessio pour que les morceaux du plafond tombent sur moi. Je sentis les lambris tomber sur moi, alors que mon propre corps finit au sol. Visage face au plancher, je protégeais ma tête. Les morceaux continuaient de s'effondrer, et je retenais ma respiration pour que la poussière ne finisse pas dans mes poumons. En relevant le visage, je vis Alessio lui aussi au sol. Il était surement tombé quand je l'avais poussé. Le vampire était à côté de lui, à lui donner des coups de pied. Il avait l'air de prendre son pied, ce gros malade ! Coincée sous les débris, j'en pris un à proximité pour le lancer sur le vampire. Je ratais une première fois, alors j'en pris un second pour ré-essayer. Cette fois, ça atterrit contre sa cheville. Bon. Au moins, j'avais réussi à détourner son attention, alors qu'est-ce que j'allais faire, cette fois ? Quand je le vis s'approcher de moi, les yeux rouges et brillants fixant ma main, là où il avait prit mon sang, je sus que c'était terminé pour moi. Il allait boire mon sang jusqu'à la dernière goutte. « Est-ce que… Est-ce que tes informateurs t'ont dit si Ali était en vie ? » Juste ça. Je voulais juste savoir ça, avant de mourir.

Pourtant, je n'eus pas de réponse. Au même moment, le vampire se prit un sortilège de plein fouet, l'empêchant de me répondre. Alessio avait profité de son moment d'inattention pour se relever et l'attaquer, et maintenant, il se précipita sur moi. Il retira à une vitesse record les débris qu'il y avait sur moi, avant de m'aider à me relever à mon tour. L'Italien prit ma main et on se précipita vers la fenêtre. Il me prit même dans ses bras pour qu'on passe à travers, ensemble. Une nouvelle fois, le jeune homme prit tous les risques pour moi. Les risques de coupure, ou de se casser quelque chose en tombant sur le sol tout en me protégeant. Une fois dans la rue, je repris sa main, et je transplanais automatique, avant que le vampire n'ait le temps de nous attraper.

On atterrit dans un endroit peu fréquenté du Chemin de Traverse. Ce qui était un exploit ! On était près de ce que je savais etre l'école primaire. Fermée le samedi, personne ne pouvait nous voir atterrir aussi catastrophée. En revanche, le weekend, la rue était blindée. D'une certaine manière, c'était presque arrangeant pour nous. En gardant la main d'Alessio dans la mienne, je me coulais dans la foule. Avec tout le monde qu'il y avait, je doutais fort que le vampire nous retrouve. J'essayais d'avoir l'air de quelqu'un qui flânait, mais me retrouver devant un étalage de marchandises n'était qu'un prétexte pour regarder si quelqu'un nous suivait. De base, j'étais parano, mais là, je l'étais encore plus. Il savait qui j'étais. Il savait mon passé. Peut-être qu'il savait où était ma sœur. Peut-être même qu'il était lié à sa disparition, même si j'en doutais.

Malgré cette marche saccadée, on parvint rapidement devant le Chaudron Baveur. Je fis un signe à Alessio, et en entrant, je me dirigeais directement vers le bar. Georges, mon barman préféré, se trouvait là. « Hey, ça va Is… » « Ça va. » Le coupais-je avant qu'il n'utilise mon nom en entier. « Est-ce que ma chambre est dispo ? » « Oui, bien sûr. Voilà ta clé. » Le jeune homme fit glisser un petit trousseau vers moi, que je pris directement. Je le remerciais d'un signe de la tête. Clé en main, je me dépêchais de rejoindre la chambre 4, celle qui m'était réservée. Enfin, disons que le propriétaire savait que je la réservais tous les jours du mercredi soir au lundi matin, toutes les semaines. Ça me coûtait quelques gallions, mais plutôt mourir que d'accueillir mes plans culs de fin de soirée chez moi. Non, cette chambre était parfaite, et même si je ne venais pas tous les jours, je savais qu'elle était disponible les jours où j'avais besoin.

Une fois dans la pièce, je ne pus m'empêcher de regarder à travers la fenêtre, plutôt inquiète. Ce que je vis me permit de pousser un soupir de soulagement. « C'est bon, on dirait que personne ne nous a suivit. » Je vérifiais tout de même que les portes et fenêtres étaient bien fermées, avant de me tourner vers Alessio. Il avait finit par se poser sur un fauteuil qui traînait, sûrement fatigué de ce qu'il venait de se passer. Rien ne s'était passé comme prévu, au final. Si ça se trouve, lui aussi avait perdu la seule piste qu'il avait en sa possession pour aider la personne qu'il aimait. « Merci de m'avoir sauvée la vie. J'étais tellement en colère, je ne me rendais pas compte à quel point c'était dangereux. » Avec un sourire contrit, je m'assis en face de lui, sur le lit. C'est vrai, j'avais été en colère. En colère d'avoir été proche de savoir ce qui était arrivé à ma sœur, et de toujours être dans le flou.

En parlant de sœur… je sentis mes épaules se crisper quand je l'entendis me demander ce qu'il s'était passé dans ma famille. Sérieusement ? On ne pouvait pas avoir un peu d'intimité, ici ? Je ne voulais pas parler d'elle. Je ne voulais pas parler d'Ali. Je ne voulais pas parler de moi. Alors, j'utilisais la technique la plus efficace pour faire taire un mec. « On est seuls, tous les deux, dans une chambre, et c'est à ce genre de choses que tu penses ? » Pour lui montrer que j'avais autre chose en tête, je me levais, en m'approchant de lui. Je retirais mon pull, pour finir en débardeur, avant de m'asseoir à califourchon sur lui. « Il faut rester planqué dans cette chambre un moment, alors… Autant faire passer le temps agréablement, non ? » Puis, sans réfléchir, je l'embrassais d'un coup. Et tant pis pour le consentement. Mais c'était le seul moyen pour le faire taire.          

☆☆☆

1 : En français dans le texte.
:copyright:️ Justayne

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☆ I only see him as a friend, The biggest lie I ever said ☆

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Edmund Prewett
Contexte
Nous sommes le dimanche 7 avril 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il est étudiant en 2ème année de Sciences Politiques et brûle d'entrer enfin dans la vie politique. Mais des événements récents ont pas mal chamboulé ses plans et il doit à présent changer d'identité pour mettre en sécurité celle qu'il aime.

Love again
Anne donna un coup dans sa main, rejetant son aide. De toute évidence, même avant d’ouvrir la bouche, il était facile de comprendre qu’elle était furieuse.

« Tu vends des noms de créature ? » cracha-t-elle. « Sérieusement ? Tu cherches un chasseur pour vendre des noms ?! »
« Attends, Anne … »

Il leva ses deux mains en signe d’apaisement. Mais cela n’eut pas l’effet escompté puisque la jeune femme darda son regard furieux sur lui.

« Y a tellement d'autres moyens pour se faire du fric ! Comme vendre des glaces chez Florian Fortarôme, ou bosser comme serveur à Druid's Oak ! »

Edmund jeta un regard derrière lui. Même si les rues paraissaient désertes, il n’était pas serein à l’idée que quelqu’un puisse les entendre, l’inconnu dans cette maison y compris. L’Allée des Embrumes paraissait être un corps à part entière, comme si elle pouvait tout entendre, tout voir.

« Tu n'es vraiment qu'un sale… »
« Stop. »

Il attrapa son bras en plein vol alors qu’elle allait certainement le gifler. Ses réflexes s’étaient développés grâce à son entraînement régulier au tir à l’arc ces dernières années. Essayant de ne pas lui faire de mal, il tenait son bras d’une prise solide, son regard plongé dans celui de la jeune femme.

La tension était palpable alors que son visage s’était rapproché de celui d’Anne. Après ce qu’ils venaient de vivre, il sentait tout son corps crépité d’impatience et d’excitation. Et il sentait que malgré la colère de la jeune femme, c’était la même chose pour elle. Le goût du risque, du danger. L’adrénaline. Et leurs visages si proches …

« Stop. » répéta-t-il. « Nous ne pouvons pas nous permettre de parler ici. Aucun lieu n’est sûr. »

Il jeta un regard à la bâtisse qui paraissait déserte avant de relâcher le bras d’Anne.

« Ne compte pas sur moi pour t'aider dans cette entreprise. » asséna-t-elle, d’une voix plus discrète, mais d’un regard toujours aussi noir.

Est-ce que … allait-elle le laisser ici ?! Edmund fronça les sourcils, jeta un regard autour de lui, avant de lancer un Assurdiato.

« Anne, attends, ce n’est pas ce que tu crois. » dit-il en l’obligeant à le regarder. « Ecoute … je ne suis pas celui que je prétends être ici, ok ? »

A nouveau, il jeta un regard derrière lui et derrière Anne. Même avec un Assurdiato, il sentait que ce sortilège n’était pas aussi efficace que quand il l’utilisait à Poudlard, pour préparer une farce avec ses amis au nez de leur professeur.

« J’ai du prendre une couverture … pour protéger mes proches. Je te promets que tu n’as rien à craindre de moi. Je ne te ferai jamais de mal. »

Il posa ses deux mains sur les épaules de la jeune femme qui avait croisé les bras devant elle.

« Je suis … vraiment navré de t’avoir embarqué là-dedans, mais … j’ai vraiment besoin de ton aide. »

Il se mordit la lèvre. Il savait que c’était mince comme justification pour Anne, surtout quand elle venait de manquer de mourir à ses côtés. Il soupira, concédant à lâcher une faible information.

« J’ai … je protège quelqu’un. Et pour être sûr que cette personne sera en sécurité, je dois retrouver ce chasseur de vélanes. Tu comprends ? Elle … elle n’a que moi. »

Son cœur battait la chamade en pensant à Olivia, seule, chez lui. Cette petite fille qui n’avait pas demandé à venir au monde était menacée de mort depuis sa naissance. Un détraqué qui chassait sa mère et elle par conséquent. Edmund devait découvrir qui était cette personne et pourquoi il faisait cela. Pourquoi traquer Angelina et Olivia ? Pourquoi elles, spécialement ?

Ces paroles parurent apaisées un peu Anne. Il sentit ses épaules se détendre à son contact alors qu’elle jetait un regard distrait à la maison qu’ils venaient de quitter. Soupirant, elle détacha ses bras croisés.

« Donne-moi ta main. »

Edmund regarda sa main tendue, puis son visage, son air déterminé. Il ignorait ce qu’elle voulait faire mais … étrangement, il lui faisait confiance. Sans se poser plus de questions, il posa sa main sur la sienne, chaude et réconfortante. Sa mâchoire se crispa en pensant aux drôles de sensations que ce contact produisait. C’était comme prendre la main de la personne qu’il avait recherché en vain, alors qu’il n’avait jamais recherché qui que ce soit.

Elle ferma les yeux et plusieurs secondes passèrent sans qu’Edmund ne comprenne ce qui se passait dans le crâne d’Anne. Faisait-elle de la magie rituelle ? Pratiquait-elle une religion ? Ou bien avait-elle un don de Légilimencie qui ne se déclenchait que quand elle touchait une personne ? Malgré toutes ses questions, Edmund garda le silence jusqu’à ce qu’elle rouvre les yeux. Il haussa un sourcil, l’interrogeant silencieusement. A nouveau, elle soupira, comme si elle était déçue de revoir sa tête.

« J'ai toujours une dette à payer, il me semble. »

Edmund ne put retenir un sourire.

« Merci. » souffla-t-il.

La jeune femme lâcha sa main et se tourna vers la maison, pensive.

« Bien que je me rappelle qu'on doit lui ramener un miroir dans trois semaines, je n'arrive pas à m'imaginer son visage, son physique, sa voix ou même son nom. Je suppose que c'est pareil pour toi. »
« Il était très doué. C’est tout ce que je peux tirer de ces conclusions. » dit-il à son tour.

Il avait beau forcé dans son esprit, aucune image ne se formait. Limite, il sentait poindre un mal de crâne en essayant de faire ressurgir un souvenir. Pourtant, il revoyait très bien Anne piégée contre le mur, et la peur qu’il avait ressenti en découvrant le visage de l’inconnu. Mais rien à faire. Rien de tangible ne lui revenait.

« Je me souviens d'une autre chose. » ajouta-t-elle. « Je me rappelle avoir été convaincue que ce type est liée à une personne qui m'est chère, que je n'ai pas revue depuis longtemps. »

Edmund fit un pas vers elle, intrigué.

« Si ce type est la clé pour comprendre ce qui lui est arrivée, il faut qu'on se dépêche de trouver ce foutu miroir. »

Son regard déterminé rencontra celui d’Edmund. De toute évidence, elle aussi avait une personne chère à son cœur à protéger.

« Ne perdons pas plus de temps dans ce cas. »

Il tendit sa main vers Anne. Celle-ci étudia un instant sa poignée de main avant de la serrer, scellant leur nouvel accord.

Samedi 11 mai 2002

Edmund poussa un soupir en regardant la bâtisse devant lui avant de sortir l’une de ses fioles de Polynectar pour en boire une grande lampée. Il ne savait pas combien de temps il serait enfermé là-dedans, alors autant ne prendre aucun risque d’être reconnu. Anne ne le regardait plus faire, observant à son tour la maison.

Pendant trois semaines ils avaient voyagé sur l’Allée des Embrumes à la recherche de ce foutu miroir. Leur aventure avec le fameux Loki n’avait pas été de tout repos. Les missions avaient été mouvementés et sa relation avec Anne avait pris une intensité toute nouvelle. Edmund s’était découvert une autre personnalité en revêtant la peau d’Alessio Grecco. Italien plutôt stratégique dans son travail, il devenait sarcastique et charmeur avec Anne. C’était comme une soupape de décompression. Comme si le fait de lancer des sous-entendus séducteurs le ramenait dans un terrain qu’il maîtrisait. Sauf que même avec ses conquêtes il n’avait jamais été ainsi. Non, en devenant Alessio Grecco, il prenait une toute nouvelle identité.

Petit à petit, il s’était fait à ce nouveau corps. Plus massif, plus âgé mais aussi plus musclé, Edmund devenait agile. Rapide comme un voleur, discret comme un assassin. Il était un tout nouveau lui sur l’Allée des Embrumes. Et son duo avec Anne produisait en lui des sensations de plus en plus intenses.

« On y va ? » demanda Anne, le miroir sous le bras.
« Finissons-en. » dit-il en attrapant l’autre côté du meuble.

Edmund/Alessio ouvrit la porte de la maison. Comme la dernière fois, à peine le seuil franchi que l’intérieur se métamorphosa. Des meubles composaient l’endroit, comme une habitation occupée. Néanmoins, il était évident que personne n’était venue vivre ici depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois. Une couche de poussière s’étalait sur les meubles et sur la rambarde de l’escalier en face. Après un regard à sa coéquipière, Alessio grimpa les marches une à une, sur ses gardes, à l’affût du moindre bruit.

A l’étage, l’endroit était encore plus sale qu’en bas. Des établis s’étalaient contre les murs ainsi que plusieurs tables en bois sur lesquelles on découvrait plusieurs fioles de potions, vides et d’autres pleines. Rouges, violettes, vertes, elles étaient de différentes couleurs. Les ingrédients étaient eux aussi variés à côté. Alessio grimaça en voyant un tas d’os posé à côté d’un chaudron.

Puis un mouvement attira son œil. Le vampire était là. En croisant son regard, les souvenirs d’Alessio réaffluèrent aussitôt. Mattéo Dwight. Le vampire qui avait séduit sa cousine, qui s’était joué d’elle avant de l’abandonner lâchement. Le vampire qui avait inquiété bon nombre d’élèves à Poudlard, et qui inquiétait davantage Alessio aujourd’hui. Ses poings se serrèrent à sa vue alors que Mattéo se levait de la chaise sur laquelle il était assise. Son visage s’étira en un sourire joyeux et se mit à applaudir, victorieux. Alessio grogna :

« Le miroir. »

Il posa son coin par terre tandis qu’Anne faisait de même.

« Et maintenant ? » demanda-t-il, impatient de s’enfuir de la vue de Mattéo.
« Ravi de vous retrouver. » susurra le vampire. « Toujours en vie ! »

Il regarda tour à tour Alessio puis Anne, humant l’air comme un animal.

« Je sens ... Une nouvelle connexion entre vous, je me trompe ? »

Son rire glaça le sang d’Alessio qui jeta un coup d’œil à Anne, comme pour s’assurer qu’elle était toujours en sécurité derrière lui. Devant l’hilarité du vampire, il ne savait pas comment réagir.

« Ah, le goût du danger, du risque, ça donne des papillons dans le ventre non ? » poursuivit-il, comme s’il se passionnait pour une série teen drama.
« En échange de ce miroir, vous deviez nous offrir des infos sur ce chasseur de Vélanes. » trancha Anne.

Alessio jeta un coup d’œil dans sa direction, la remerciant silencieusement de son intervention. Néanmoins, le vampire en face d’eux semblait imprévisible et on ne pouvait pas prévoir ses actions à l’avance. Alessio reporta donc toute son attention sur lui, veillant à ce qu’il ne s’en prenne pas à la jeune femme. Au fur et à mesure de leurs aventures en commun, il s’était attaché à elle. A son rire dans des circonstances inappropriées, à son franc-parler tranchant et à son répondant mordant. Anne n’était pas une femme à se laisser faire et tout à fait indépendante. Il aimait sa fougue et sa façon de veiller sur elle-même. Et même s’il la savait capable, cela ne l’empêchait pas de vouloir assurer ses arrières. On n’était jamais trop prudent, surtout avec un ennemi comme ils étaient en train d’affronter. Car Mattéo n’était pas un associé, encore moins un ami.

« Vous êtes si pressés... » marmonna Mattéo.
« Il me semble que c'était aussi important pour vous que pour nous. Alors autant s'y mettre ? » asséna Alessio, appuyant de ce fait la remarque d’Anne.

Il regarda cette dernière s’avancer jusqu’au vampire, le miroir sous le bras. Alessio avait compris que la jeune femme devait se rapprocher de lui pour obtenir les informations qu’elle recherchait. Il ne comprenait pas encore ce qu’elle savait faire, mais elle semblait ressentir des choses que personne dans l’entourage d’Alessio ne savait ressentir. En posant sa paume de main sur la personne ou même en l’effleurant du bout des doigts, elle pouvait comprendre certaines choses.

S’ils sortaient vivants de cette situation, Alessio se promit de lui demander plus de renseignements sur son mystérieux don.

« Comment nous pouvons être sûrs que vous nous donnerez nos réponses, après qu'on vous ait donné le miroir ? » demanda-t-elle. « Vous voyez qu'on l'a. Parlez, dites-nous ce que nous voulons. Et après, on le lâchera. »

Le vampire haussa un sourcil.

« Sachez que je tiens toujours parole. »

Sa main se posa sur son cœur comme sincèrement peiné qu’Anne ait pu remettre en cause sa foi. Alessio déglutit avant de le regarder faire un signe à la jeune femme pour déposer le miroir à son emplacement d’origine : il y avait encore un rond presque propre contre le mur. Elle retira le drap et se recula pour laisser la place au vampire. Celui-ci avait sorti sa baguette et s’accroupit au sol, traçant avec des gestes adroits des symboles runiques. Alessio le regarda faire, patient mais néanmoins réfléchissant à une sortie.

Une fenêtre à sa droite avait un carreau cassé, laissant passer un filet d’air. De l’autre côté, sur sa gauche, les carreaux étaient intacts bien que poussiéreux. Cependant, ils étaient au premier étage et risquaient de se faire très mal s’ils tentaient de s’échapper par là. Non, la seule issue était dans leur dos : la porte par laquelle ils étaient entrés. Alessio ne faisait aucunement confiance au vampire et quelque chose lui disait qu’il en allait de même pour Anne. Au premier signe menaçant, il lui attraperait la main et ils fuiraient aussi vite que leurs jambes le leur permettraient. A condition de détourner l’attention du vampire car avec sa rapidité surnaturelle, il les rattraperait bien trop vite …

Plusieurs minutes passèrent. Mattéo murmurait des choses indéchiffrables, surement des incantations pour éveiller les runes tracées au sol. Il avait fermé les yeux pour se concentrer et tout son visage était crispé sous l’effort. Les épaules d’Alessio étaient tendues, sentant que quelque chose allait bientôt se produire. Il espérait seulement que ce ne serait pas un nouveau piège. Son regard furetait partout dans la pièce, revenant sans cesse sur la nuque d’Anne. Elle avait été obligée de revenir aujourd’hui. Mais après ça, continuerait-elle de lui servir de guide ? Vu le danger qu’elle avait couru, elle considérerait sans doute sa dette comme acquittée. Et elle aurait raison. Toute cette opération était devenue plutôt dangereuse. Comme ayant senti son regard, Anne se tourna vers lui et leurs regards se croisèrent. Ses yeux marron le scrutaient, comme essayant de percer à jour ses pensées. En la regardant ainsi, Alessio se surprenait à avoir envie de garder contact avec elle. Or, il savait qu’en devenant Alessio, il s’était engagé à laisser tout ce pan de côté. Alessio et Edmund n’avaient rien en commun. Et après avoir découvert ce qui pouvait menacer sa fille, Edmund devrait dire au revoir à Alessio.

… Et s’il ne le faisait pas ?

Soudain, le cadre du miroir s’illumina. Alessio plissa les yeux, découvrant des runes d’une lueur bleutée s’allumer sur le bord du miroir. C’était comme si l’objet s’éveillait d’un long sommeil. Mattéo se redressa et se recula jusqu’à eux. Ses yeux étaient bien ouverts et son ton était on-ne-peut-plus-sérieux lorsqu’il demanda :

« Et maintenant… Il va me falloir le sang d'un être sacrifié. Qui est volontaire ? »

Son regard se posa tour à tour sur Alessio, qui avait blêmit, et Anne, qui avait reculé d’un bond en arrière. Alessio savait qu’il y avait un piège à quelque part. Ses poings se serrèrent sur sa baguette.

« Je n'ai jamais compris pourquoi personne ne comprenait quand je faisais une blague. » soupira finalement le vampire.

Quoi ? Les doigts d’Alessio ne se desserrèrent pas de sa baguette. Ce malade le tendait de plus en plus. Il était le même qu’à Poudlard. Insensible, égoïste, manipulateur. En l’entendant parler, Alessio se souvenait de toute la haine qu’il avait eu à son encontre ces mois-ci.

« Il me faut simplement du sang ... Humain. » ajouta-t-il, sa main tendue, comme prêt à recevoir son offrande.
« Pour apaiser votre soif ou pour le sort ? » lança Alessio, venimeux.

Mattéo l’ignora et Anne s’avança vers lui.

« Si vous répondez à l'une de mes questions, je vous donne le mien. »
« Anne … »

Alessio grinçait des dents. Il ne voulait pas qu’elle subisse ça à sa place. Mais comme Alessio l’avait déjà constaté, Isabeau n’était pas une petite fille qu’on protégeait ni qu’on bridait. Elle avait son idée en tête et un seul regard de sa part suffit à faire comprendre à Alessio qu’il devait lui faire confiance. Il hocha la tête à contre-cœur. Lui faire confiance était facile. C’était à ce malade qu’il ne faisait pas confiance.

« Est-ce que vous êtes allé en France en 2000 ? » demanda-t-elle en tendant son bras nu au vampire.

Mattéo haussa un sourcil.

« C'est drôle que vous marchandiez ainsi. » dit-il, essayant sans doute de comprendre ce que cette information lui apporterait.

Mattéo était intelligent. Stratégique et semblant toujours avoir un coup d’avance. Il n’avait pas changé sur ce point-là.

« Non. Il ne m'a jamais été donné de visiter ce pays. » dit-il d’un air sincère.

Il attrapa alors la main d’Anne et Alessio tressaillit. Il détestait le contact qu’elle pouvait avoir avec ce monstre. Il ne disait pas cela parce qu’il était un vampire. Mais parce qu’il n’avait rien à voir avec un homme. D’un geste précis comme s’il faisait ça tous les jours, Mattéo entama la paume de la main d’Anne, réceptionnant le liquide rouge vermillon dans une coupole. Même s’il était un vampire, et même si ses pupilles s’étaient dilatées un court instant, il gardait une parfaite maîtrise de lui-même. Plusieurs fois, Alessio s’était demandé quel âge il pouvait avoir réellement. Impossible qu’il ait été de leur âge, il paraissait avoir vécu des dizaines de vies.

Il relâcha la main d’Anne qui se recula aussitôt pour revenir au niveau d’Alessio. Il chercha son regard, voulant savoir comment elle se sentait. Mais bientôt, l’incantation de Mattéo fit ses preuves. Alors qu’il avait versé le sang d’Anne sur le reflet du miroir et que de nouveaux murmures étaient venus intensifier le scintillement des runes du cadre, un flash lumineux éblouit les trois associés au sein du bureau. Alessio mit une main devant lui mais alors que le scintillement s’était évanoui aussitôt qu’il était apparu. Il mit quelques instants à récupérer la vue, entendant tout d’abord les paroles du vampire.

« Ça a fonctionné. » murmura-t-il.

Sa voix démontrait l’admiration qu’il vouait à ses prouesses en matière de runes. Ou bien était-ce à l’homme qui était apparu dans le reflet du miroir. A la place de voir leurs reflets, celui-ci montrait un homme qui n’était nullement dans la pièce avec eux. De dos, il semblait farfouiller sur les tables en bois qui n’étaient plus poussiéreuses. Les fioles lévitaient de ses mains au chaudron bouillonnant, comme s’il préparait une potion particulièrement complexe.  

« C'est ce fameux chasseur de Vélanes ? » souffla Anne en jetant un coup d’œil à Mattéo qui restait muet de fascination. « A votre tour. Vous aviez des infos à nous donner sur ce type. »
« Nigreos. » précisa le vampire.

Nigreos. Cet homme était Nigreos. Était-ce lui qui traquait Angelina et Olivia ? Cet homme ? Qui était-il ? Quel était son but ? Alessio déglutit et fit un pas vers le miroir pour mieux voir. Mais de dos, l’homme ne lui donnait aucun élément de description physique. Alors, Mattéo agita les mains, accélérant. L’image s’évanouit pour laisser place à d’autres scénettes où Nigreos apparaissait. La plupart du temps de dos, parfois de profil. Puis il s’arrêta à une nouvelle scène.

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Nigreos venait de s’approcher du miroir. Alessio déglutit en découvrant son reflet. Il avait les cheveux bruns, légèrement ondulés au-dessus de son crâne. Ses yeux étaient d’un bleu translucide. Mais ce qui avait inquiété Alessio était le sourire malsain qui déformait son visage. Penché sur un registre, Alessio ne pouvant détacher ses yeux de son visage, s’efforçant de le graver minutieusement dans son esprit.

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Mattéo passa à une scène suivante. Son regard était contemplatif, comme s’il avait découvert des travaux d’un brillant potionniste. Il était admiratif, fasciné. Ses doigts s’accrochaient au cadre du miroir, comme brûlant de traverser le reflet pour rejoindre l’homme. A nouveau, Mattéo s’arrêta plus précisément sur une nouvelle scénette. Nigreos courait partout dans la pièce, le visage contrarié. Des papiers volaient en tous sens alors qu’il donnait des coups de pieds et de main dedans. Soudain, lorsqu’il se retourna vers le miroir, ses yeux n’étaient plus bleus … mais rouges. Un vampire. Une pierre sembla tomber dans l’estomac d’Alessio en comprenant qu’il avait encore une fois affaire à une créature de la nuit, une créature aux capacités bien supérieures de celles d’un simple sorcier comme lui …

Sa main se crispa sur sa baguette alors que le vampire dans le miroir semblait prendre la fuite. Un papier voleta quelques instants dans la pièce. Intrigué, Mattéo fit un mouvement des doigts pour rapprocher la vision. Le papier était un tract d’une représentation théâtrale. Tout le texte était en français. Alessio connaissait quelques mots de cette langue et déchiffra grosso modo que la pièce devait se jouer à Lyon, en France. Des acteurs faisaient la Une mais Alessio n’en connaissait aucun. Mais si ce papier était tombé de la poche de Nigreos, cela devait signifier que quelque chose l’avait interpellé là-dessus. Mais quoi ? Alessio croyait difficilement qu’il puisse être un passionné de comédie dramatique.

Et puis, le reflet du miroir s’éteignit. Il n’y avait plus rien à voir sur Nigreos. Alessio déglutit. Mattéo ne bougeait pas, les doigts toujours crispés sur l’encadrement du miroir, comme choqué par quelque chose qu’il avait dû comprendre. Et Alessio n’avait aucune envie de découvrir plus précisément ce qu’il cherchait. Mieux valait profiter de sa distraction pour partir en douce. Alessio posa doucement sa main sur le bras d’Anne qui fronça les sourcils. Que voulait-elle de plus ? Il valait mieux partir au plus vite. Un signe de tête vers l’escalier derrière eux parut la convaincre, surtout au vu de la façon dont il insistait. Elle hocha finalement la tête et doucement, Alessio commença à reculer vers l’escalier, priant pour que le plancher ne grince pas à leurs pas. Mais il n’en fallut pas autant pour éveiller les sens du vampire.

« Dites-moi... Où pensez-vous aller au juste ? »

Le sang d’Alessio se glaça. La voix de Mattéo avait perdu de sa chaleur, s’il y en avait vraiment eu au départ.

« On part. » déclara courageusement Anne. « On a rempli notre part du contrat. »

Mais la porte claqua soudain derrière eux, faisant vibrer les murs et le plancher. Les runes du miroir s’étaient totalement éteintes désormais et Mattéo venait de se redresser de toute sa hauteur. Sous la forme d’Edmund, il le dépassait sans problème, mais en tant qu’Alessio, les deux faisaient la même taille. Ce qui n’empêchait pas Mattéo de paraître plus grand qu’il ne l’était. C’était comme si des ténèbres s’étaient drapées autour de lui pour engloutir tout ce qui se trouvait dans son champ de vision.

« Une minute ! » dit-il. « Vous vous étiez engagés à nous laisser libres après tout ça. »
« Je me souviens seulement m'être engagée de laisser libre Anne… » susurra la voix grinçante du vampire qui avait secoué la tête de gauche à droite.

Le cœur d’Alessio fit un bond dans sa poitrine. Il n’avait aucune intention de le laisser partir. Depuis le début. Ce fumier … Si Alessio avait pu garder ses souvenirs, il aurait su que Mattéo ne le laisserait pas s’en tirer ainsi.

Il jeta un coup d’œil vers Anne à côté de lui. Au moins, elle pourrait s’en sortir. Elle pourrait survivre. Et … Merlin, aurait-il dû lui parler d’Olivia ?

« Dans ce cas, laissez la partir et on règle ça entre nous. » dit-il d’une voix qui se voulait courageuse.

Durant l’année de terreur à Poudlard, Edmund avait du affronter des Mangemorts. Le mieux était de se faire le plus petit possible et de ne pas attirer l’attention. Mais avec la famille qu’il avait, il y en avait toujours qui s’attirait des ennuis. Et Edmund était un Gryffondor. Celui qui se battait pour ceux qui ne pouvaient pas le faire. Celui qui luttait jusqu’au bout. Celui qui osait dire non à ceux qui voulaient prendre le contrôle. Comme Mattéo.

Alors il se battrait. Il se battrait et il donnerait tout ce qu’il avait. Pour revoir Olivia. Pour la protéger et l’élever.

« Ne t' a-t-on pas appris à ne pas couper la parole ? »

La voix de Mattéo était trainante, comme agacée d’être interrompu par un arrogant et immature gamin.

« ... J'ai parlé de Anne. » poursuivit-il, marchant lentement jusqu’à eux. « Or, cette personne n'est pas Anne. »

Alessio avait commencé à reculer mais regarda de manière angoissée la confrontation entre Mattéo et … Anne. Oui, il savait qu’elle utilisait un faux nom, pour protéger ses arrières. Pouvait-il l’en blâmer alors qu’il allait lui-même jusqu’à modifier son apparence ? Mais de savoir que Mattéo avait sans doute percé à jour ses défenses l’inquiétaient. Anne ne serait plus en sécurité. Et lui ? Et si Mattéo avait découvert qu’il n’était pas Alessio Grecco ? Et s’il avait découvert Olivia ?

« Vous… » cracha Anne, mi-affolée, mi-enragée.
« Et si mes informations sont exactes, je doute que papa et maman seraient ravis de te savoir loin de chez toi, en proie à un vampire. Avec la tragédie qu'a déjà connu ta famille, tu fais vraiment une méchante fille. »
« Si tu sais qui a fait ça, tu ferais mieux de me le dire tout de suite, espèce de… »

Anne ne termina pas sa phrase car elle fonça tête la première sur Mattéo, sa baguette pointée dans sa direction.

« Non ! » cria Alessio en se jetant sur elle.

Mattéo n’attendait que ça. Il le connaissait trop bien. Toujours à provoquer, à chercher la moindre faille pour s’y engouffrer et défier ses ennemis.

« LÂCHE-MOI ! » hurla Anne.

Mais l’assaut était donné. Mattéo ne riait plus lorsqu’il leva sa baguette pour balancer un sort qu’ils esquivèrent de justesse.

« Bombarda ! » lança aussitôt Anne en pointant de sa baguette le plafond qui explosa en débris.

Mais Mattéo était malin et arrêta d’un geste les morceaux de plâtre. A peine une demi-seconde plus tard, il les lançait sur Alessio et Anne. Il n’eut pas le temps de réagir. Pas aussi rapidement qu’Anne qui le poussa sur le côté. Il tomba sur le plancher en poussant un gémissement. Il aurait souhaité s’assurer qu’Anne allait bien mais Mattéo lui tomba dessus. Alessio leva le poignet vers lui mais le pied de Mattéo s’abattit dessus. Il poussa un cri de douleur, persuadé qu’il venait de lui casser l’articulation. Un sourire malsain se dessina sur le visage du vampire qui lança cette fois-ci son pied dans le ventre d’Alessio. Plié en deux au sol, Alessio crut perdre son souffle. Surtout quand Mattéo renouvela l’opération une deuxième, puis une troisième fois. Recevoir des coups de pied dans le ventre était une chose. Recevoir des coups de pied par un vampire en était une autre. Et Mattéo ne ménageait pas sa force.

Mais son attention fut détournée par quelque chose. Ou quelqu’un. Anne. Les larmes aux yeux, Alessio regarda la jeune femme, le visage écorché, sous les lambris du plafond. Mattéo la regarda, ses yeux rouges brillant d’une intensité qui fit froid dans le dos d’Alessio.

« Est-ce que… Est-ce que tes informateurs t'ont dit si Ali était en vie ? » souffla la voix d’Anne.

Alimenté par l’adrénaline, Alessio récupéra avec sa main intacte sa baguette et la pointa vers le sol :

« DEPRIMO ! »

Le plancher se craquela et soudain le sol parut s’effondrer. Mattéo sursauta mais n’eut pas le temps de s’écarter à temps. Son corps fut happé par la descente du plancher au rez-de-chaussée. Luttant contre la douleur des côtes et de son poignet cassé, Alessio se redressa et écarta rapidement les débris qui empêchaient Anne de se relever. Ses gestes étaient précipités, comme s’il savait que Mattéo pouvait revenir à n’importe quel moment, surgissant du trou dans lequel il était tombé.

Sa main attrapa celle d’Anne et sans réfléchir il passa son autre bras autour de sa taille avant de se mettre à courir. Il n’y avait qu’une issue possible. Une seule. Il serra son corps contre celui d’Anne alors qu’il sautait à travers la fenêtre. Le verre explosa sous l’impact et il ferma les yeux. Le cri de Mattéo s’éleva derrière eux. Mais il arrivait trop tard. Alors qu’ils allaient retomber violemment sur le sol, Alessio transplana.

Ils roulèrent sur le sol alors qu’ils émergeaient du transplanage sur une rue du Chemin de Traverse. Protégeant toujours Anne, il finit par la relâcher alors qu’ils roulaient sur les pavés de la rue. Son cœur battait toujours intensément et il se releva presque aussitôt, à la recherche du vampire qui aurait pu s’accrocher à eux pendant le transplanage. Mais rien, Mattéo n’était pas là. Pas encore.

Il se tourna vers Anne qui tenait toujours sa main. Elle aussi était déjà sur ses deux jambes, son regard alerte. La rue était blindée de sorciers et sorcières. Certains les regardaient, intrigués de les voir sales, couverts de poussières et d’égratignures qui saignaient encore. De ce qu’Edmund vit, il les avait fait transplaner près de l’école primaire Zain. Il avait simplement pensé à un endroit où il s’était senti bien, non loin d’ici.

Anne tira sur sa main, l’encourageant à ne pas traîner dans les parages. Après tout, même s’il y avait du monde qui circulait, cela n’empêcherait pas Mattéo de commettre deux meurtres. A cette pensée, Alessio suivit Anne. Tous leurs sens étaient en alerte. Leurs yeux furetaient de tous côtés, leurs oreilles se tournaient au moindre bruit suspect. La douleur dans ses côtes commençait à se faire de plus en plus sentir tout comme son poignet cassé. Il devait l’ignorer jusqu’à ce qu’ils trouvent un endroit pour se poser. Mais où ? Que savait Mattéo au juste à leur sujet ? Visiblement, il avait mené son enquête sur Anne. Ses parents étaient loin d’elle et … il avait mentionné une tragédie qui avait déjà touché leur famille. De quoi avait-il voulu parler ? Était-ce en lien avec le prénom qu’Anne avait prononcé tout à l’heure ? « … si Ali était en vie ? ». La détresse était palpable dans le ton de sa voix. Était-ce de cette personne dont elle avait voulu parler quelques semaines plus tôt quand elle avait accepté de le suivre dans cette aventure ?

Ils arrivèrent devant l’enseigne du Chaudron Baveur et Anne n’hésita pas un instant à s’y engouffrer à l’intérieur. Ils n’avaient échangé aucun mot, aucune phrase entre eux. Tout ce qui importait c’était de fuir et se cacher.

Les pensées d’Alessio ne cessaient d’aller et venir entre ce qu’il avait appris sur Anne et sa précieuse Olivia, seule dans son appartement des Estudines. Il brûlait de la rejoindre, de voir si elle allait bien. Mais s’il s’y rendait immédiatement, ne risquait-il pas de la mettre en danger ? Si Mattéo les traquait toujours, peut-être n’avait-il pas eu le temps de découvrir beaucoup d’informations à son sujet ? Peut-être qu’il devrait attendre. Son ventre se creusait davantage à l’idée de rester loin de sa fille, intensifiant la douleur dans ses côtes.

Un barman leva la tête en reconnaissant Anne.

« Hey, ça va Is… »
« Ça va. » le coupa-t-elle, la voix sèche. « Est-ce que ma chambre est dispo ? »
« Oui, bien sûr. Voilà ta clé. »

L’homme fit glisser un trousseau vers elle. Elle ne tarda pas pour la prendre et guider Alessio à l’étage. Elle avait la chambre 4. Alessio essayait de ne pas alourdir ses pensées en s’interrogeant sur l’utilité d’avoir une chambre ici. Ce n’était pas son lieu de résidence habituel, mais elle avait l’air d’y venir assez souvent pour avoir parlé ainsi au barman.

Ils s’engouffrèrent à l’intérieur et Anne lâcha la main d’Alessio. Il referma la porte derrière eux alors qu’elle se précipitait à la fenêtre pour regarder la rue et sans doute si elle voyait un signe du vampire. Edmund se laissa choir sur le fauteuil à côté du lit, grimaçant à la douleur ressentie dans ses côtes. Mais d’abord le poignet.

« Episkey ! Argh ! »

La douleur était vive, soudaine, mais une bénédiction alors qu’il était remis en place. Il poussa un soupir de satisfaction avant de s’interroger sur la couleur de peau qui changeait. Sa peau bronzée refaisait surface. Merde. Il était en train de redevenir Edmund. Alors qu’Anne parcourait les autres issues, vérifiant qu’elles étaient bien refermées à clé, Alessio but une longue gorgée de Polynectar. Il ne restait que trois fioles ensuite. Il ne pourrait pas s’éterniser longtemps. Trois heures. Voire quatre s’il voulait tenter le destin en partageant la dernière fiole en deux …

« C'est bon, on dirait que personne ne nous a suivi. » murmura Anne, comme s’ils risquaient d’être écoutés.
« Espérons qu’il abandonnera vite les recherches. » grogna-t-il en commençant à tâter ses côtes.

Il tremblait encore sous le coup de l’adrénaline qui s’était propagée dans ses veines. Depuis quelques semaines, il devait avouer qu’il commençait à prendre goût à cette énergie qui circulait en lui dans les moments les plus critiques.

« Merci de m'avoir sauvée la vie. »

Alessio releva la tête vers elle. Il aurait certainement des hématomes sur le corps, mais rien de cassé ou fêlé à priori.

« Tu en as fait autant. » dit-il.
« J'étais tellement en colère, je ne me rendais pas compte à quel point c'était dangereux. »

Il comprenait sa colère. Elle était justifiée.

« Ali, c’est ça ? » demanda-t-il. « Que lui est-il arrivé ? »

Anne avait toujours détesté se confier ou parler d’elle. Elle ne répondait pas ou bien par une pirouette. Cela amusait beaucoup Alessio qui devenait alors sarcastique comme il ne l’avait jamais été auparavant.

Son regard se tourna vers lui. Mais à nouveau, elle ne répondit pas. Assise sur le lit, elle se leva jusqu’à lui.

« On est seuls, tous les deux, dans une chambre, et c'est à ce genre de choses que tu penses ? »

Sa voix était devenue sensuelle et à nouveau, Alessio trembla. Mais ce n’était plus de douleur. L’excitation revenait alors qu’il la regardait retirer son pull. Oh … par la barbe de Merlin … Elle était en débardeur à fine bretelles et Alessio voyait beaucoup plus que la peau qu’elle le laissait voir habituellement. Elle vint s’asseoir à califourchon sur lui et les mains d’Alessio se posèrent naturellement sur ses hanches.

« Dois-je comprendre que tu souhaites passer à une nouvelle activité ? » dit-il, son regard allant et venant de ses yeux à sa poitrine.
« Il faut rester planqué dans cette chambre un moment, alors… Autant faire passer le temps agréablement, non ? »

Ses lèvres se plaquèrent alors sur les siennes alors qu’Alessio se laissait aller à un grognement de plaisir.

Soyons bien clair : cela était bien leur premier baiser. S’il y avait eu des échanges plutôt hot entre eux, des regards qui se cherchaient ou des phrases ambiguës, jamais il n’y avait de caresses ni de baisers. Et encore moins un sexe aussi torride.

Les mains d’Alessio passèrent rapidement sous son débardeur, frôlant son ventre et son nombril avant de remonter à sa poitrine encore emprisonnée dans un soutien-gorge. La jeune femme se cabra en le sentant caresser ses pointes et Alessio en profita pour descendre ses baisers à la base de son cou, arrachant un gémissement à Anne. Il s’écarta alors pour laisser tomber sa veste au sol puis de retirer son tee-shirt. Il grimaça sous l’effort et Anne vint lui donner un coup de main. Leurs bouches se retrouvèrent aussitôt à la recherche l’une de l’autre, comme avides de retrouver toutes les sensations qui émergeaient dans tout leur corps. Leurs gestes étaient précipités comme ayant besoin de compenser quelque chose.

Ils venaient de frôler la mort, avaient combattu un vampire complètement psychopathe et jouaient chacun avec des identités doubles. Tout était réuni pour qu’ils envoient valser tout l’univers autour d’eux pour s’abandonner dans les caresses de l’un et de l’autre.

Anne se releva et Alessio la suivit, son corps réclamant le sien. Elle passa son débardeur par-dessus sa tête et Alessio s’empara à nouveau de son cou, le léchant et le mordillant, se régalant de ses gémissements. L’une de ses mains était posée sur sa hanche, jouant avec l’élastique de son pantalon tandis que l’autre fourrageait dans ses cheveux bruns. Elle sentait si bon le sel marin avec un mélange de cigarette et de fraise.

Arrivée au bord du lit, Anne tomba en arrière, et Alessio la suivit.

« Tu ne comptais pas t’échapper quand même ? » susurra-t-il en mordillant le lobe de son oreille.

Comme répondant à sa provocation, la main d’Anne descendit le long de son ventre pour passer sous la ceinture de son pantalon. Il gronda en la sentant finir d’éveiller son désir.

« Anne … »

Ses doigts vinrent défaire son soutien-gorge, alors qu’il regardait à présent avec avidité cette poitrine qui s’éveillait à son contact. D’abord, il les frôla, dessinant les contours avec ruse et perfidie. Mais Anne s’impatientait. Elle voulait quelque chose de fou, de violent, de précipité. Alessio répondit à son envie. Il voulait tout oublier dans ses bras. Il voulait plonger entièrement dans cet univers qu’elle ouvrait rien que pour lui. Il vint alors caresser d’une main son sein, alors que l’autre s’occupait de déboutonner son propre pantalon.

« J’ignorais que les filles avec des mouchoirs en soie savaient faire ce genre de choses … » susurra-t-il.

C’était comme la renvoyer quelques semaines auparavant, lors de leurs recherches pour Loki. Anne l’avait impressionné plus d’une fois, possédant plus d’un tour dans son sac, et Alessio n’avait pu s’empêcher de lui lancer cette phrase au visage. C’était évidemment dans un tout autre contexte. Mais alors qu’à cet instant, elle se frottait contre lui, finissant d’amplifier son désir pour elle, il trouvait que cette phrase était parfaitement adaptée.

Il finit de se débarrasser de son pantalon et abandonna ses caresses à la poitrine de la jeune femme pour l’aider à retirer à son tour son bas. Il vint embrasser ses jambes, remontant lentement jusqu’à ses cuisses. Son regard était tourné vers elle alors qu’elle l’observait faire, sa main s’accrochant à ses cheveux bruns d’italien. Il ne restait plus qu’une couche pour les libérer l’un à l’autre. Anne se redressa sur le lit et vint enlever elle-même sa culotte, comme une lueur de défi dans le regard. Pensait-il qu’il se déroberait ? A son tour, il la regarda alors qu’il retirait son boxer. Il vit son regard descendre en-dessous de son ventre avant de le regarder à nouveau dans les yeux. Sa main vint attraper son menton alors qu’il lui volait un nouveau baiser. Elle se pencha alors vers la table de nuit pour en sortir une boîte de préservatifs qu’elle lui tendit. Alessio lâcha un rire.

« Ainsi donc, c’est ici que tu amènes toutes tes conquêtes … »

Un sourire en coin, il retira la protection et entreprit de l’installer, son regard finissant de brûler en direction d’Anne. Il adorait son répondant, sa façon de répliquer, sa manière de lui répondre. Il adorait celui qu’il était à son contact. En étant Alessio, il était complètement différent de celui qu’il était en tant qu’Edmund.

Il vint se recoucher par-dessus Anne qui l’attira plus proche d’elle. A nouveau, il goûta à ses lèvres. L’embrasser était différent de tout ce qu’il avait pu goûter jusque-là. Ses lèvres étaient salées comme si elle vivait en bord de mer. Sa peau était si douce. Il s’enfonça doucement en elle, embrassant son gémissement. Il capturait chacun de ses moments de plaisir, l’observant s’abandonner lentement à lui.

Il avait toujours su prendre de bons moments avec chacun de ses partenaires. Mais le goût du danger donnait une nouvelle dimension au sexe. Ses va-et-vient s’accélérèrent et elle s’abandonna avant lui au plaisir, la rejoignant quelques secondes après.

Il roula sur le côté, une main passée négligeant en travers de son ventre, avant que le sommeil ne l’emporte presque aussitôt.

Lorsqu’il s’éveilla, la chambre était plongée dans la pénombre. Edmund papillonna quelques instants des yeux avant de réellement se réveiller en sursaut. Il n’avait pas besoin de miroir pour comprendre qu’il avait oublié de prendre sa potion. Par chance, Anne dormait profondément à côté de lui. Son corps nu était enroulé dans un endroit alors que sa poitrine se levait de manière régulière. Elle ne devait s’être rendue compte de rien, terrassée elle aussi par le sommeil. Edmund quitta doucement le lit qui grinça légèrement. Mais Anne ne se réveilla pas. Il récupéra son boxer avant de contourner le lit et retrouver sa veste. Les fioles étaient toujours là, intactes. Rapidement, il en but une et sentit la potion faire son effet. C’était toujours aussi désagréable mais au fur et à mesure, il s’était habitué à ses effets. Il se sentit rapetissé alors que ses cheveux blonds et bouclés devenaient lisses et bruns.

Il se dirigea vers la fenêtre. De gros nuages passaient au-dessus de Londres, annonçant la pluie pour cette fin de journée. Au vu de la faible luminosité, il devait approcher 19h. La rue du Chemin de Traverse s’était progressivement vidée. Aucune trace de Mattéo.

Alessio tourna la tête vers Anne qui s’était réveillée. Il eut un sourire attendri en la voyant là, nue et si belle. Les égratignures qu’elle avait récoltées lors du combat ne seraient bientôt qu’un vilain souvenir.

« Je dois partir. » souffla-t-il en remontant sur le lit.

Ses doigts vinrent emprisonner le menton de la jeune femme et leurs regards se rencontrèrent. Le désir était toujours là et il serait difficile à faire redescendre à moins de prendre une sacrée douche froide. Mais les prochaines fois qu’ils mèneraient des missions ensemble … Alessio fronça les sourcils.

« Est-ce que je vais te revoir ? » demanda-t-il, son souffle caressant les joues de la jeune femme.

Il relâcha son emprise, comprenant qu’ils allaient devoir éclaircir ce point avant de continuer tous les deux. S’ils devaient continuer …

« Il t’a fait perdre la seule piste que tu avais, c’est ça ? »

Il se massa la nuque, ses souvenirs de leur entrevue réaffluant. En écoutant la réponse d’Anne, il comprit qu’elle avait su analyser bien des choses et malgré tout, rien n’était perdu. Il releva ses yeux gris vers elle.

« Je dois vraiment y aller. Je t’envoie un hibou. »

Ses paroles étaient précipitées mais il se pencha pour capturer une dernière fois les lèvres d’Anne, s’attardant légèrement alors que ses yeux observaient ses lèvres tendues dans sa direction.

« N'rêve pas trop de moi … » lança-t-il, comme incapable de ne pas dire quelque chose de sarcastique.

Il passa son pantalon et son tee-shirt, prenant sa veste sur le bras. Et il transplana avec un dernier regard amusé pour la jeune femme encore étendue dans le lit. Il n’était pas aussi certain cependant de ne pas rêver de cette vision …

Vendredi 17 mai 2002

Alessio regardait autour de lui. Anne et lui avaient décidé de se rendre dans ce nouveau bar de Londres. Hors de question pour le moment de remettre les pieds sur l’Allée des Embrumes tant qu’ils n’auraient pas parlé de la marche à suivre. Hors de question non plus d’aller à Druid’s Oak qui était un lieu trop proche de l’identité d’Edmund. Et ne parlons pas de la chambre d’Anne qui risquait de les reconduire dans les bras l’un de l’autre. A moins que ce n’était que le goût de l’adrénaline qui les avait poussés à retirer tous leurs vêtements.

Pour l’heure, il valait mieux qu’ils aillent dans cet endroit assez humble. C’était un bar moldu et il était assez miteux pour qu’il n’y ait que des poivrots accoudés au bar. Alessio avait demandé au barman de leur laisser la bouteille – du vin blanc qu’Anne avait choisi – afin qu’ils ne soient pas dérangés. Cela n’empêchait pas le barman et les quelques clients de leur jeter des coups d’œil intrigués en pensant qu’ils ne les voyaient pas.

« On devrait pouvoir être tranquille pour parler. Mais au cas où … »

Il sortit sa baguette sous la table et l’agita pour lancer un « Assurdiato » autour de leur table. Il la rangea ensuite dans son sac. Son regard n’osait pas regarder franchement Anne, comme si en croisant son regard marron, le souvenir de leurs ébats viendrait obstruer toute raison.

« Je pensais … qu’il valait mieux qu’on se revoit … avant de décider de ce qu’on ferait. »

Il se mordit la lèvre et remua sur sa chaise.

« Je … j’ai envie de continuer avec toi. Et je ne dis pas ça seulement parce que j'ai adoré cette partie de jambe en l’air avec toi … »

Il laissa Anne lui balancer une de ses remarques piquantes et eut un sourire.

« … Tu sais repérer beaucoup de choses avant que je n’en sois moi-même capable. Tu sais déjouer les pièges, tu as un esprit rationnel et … j’ai plutôt bien aimé ta façon de te battre. »

Son sourire s’élargit au souvenir de la jeune femme, les cheveux bruns volant autour de son visage enragé, pointant sa baguette sur Mattéo.

« Mais je comprendrais si cela fait trop de choses pour toi. Ca a été … plutôt dangereux avec … Mattéo. »

Oui, il connaissait le vampire. Il serra ses mains au-dessus de la table et prit une grande inspiration avant de délivrer ses explications :

« Il m’avait fait oublier son visage comme à toi. Mais quand je l’ai revu samedi, je savais que je le connaissais. Il s’appelle Mattéo Dwight. Du moins, c’est comme ça qu’il se faisait appeler quand je l’ai connu, il y a un peu plus de trois ans. »

Il but une gorgée de son verre de vin.

« C’était déjà un vampire. Et déjà un grand manipulateur et fils de p***. Désolé pour le vocabulaire, mais il n’y a pas d’autres mots pour décrire ce … »

Alessio se massait la nuque, chassant les souvenirs désagréables qui lui revenaient en tête.

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« Il a fait beaucoup de mal autour de lui. » trancha-t-il. « Il était brusquement parti il y a 2 ans maintenant. Je ne l’avais jamais revu depuis. »

Il termina son verre de vin et se laissa resservir par Anne, un sourire désolé sur le visage.

« Il … ce qu’il a dit à propos de toi et de ta famille. Tu dois le prendre au sérieux. Fais attention à toi. »

Il leva les yeux vers elle.

« Mais j’y ai beaucoup réfléchi. Et comme tu m’as aidé, je pense qu’il était juste que je t’aide à ton tour. A retrouver cette Ali. »

Il garda un visage neutre en l’observant. Il était prêt à ne pas poser plus de questions que cela. Après tout, ils avaient chacun leurs secrets et il avait même eu peur de révéler le sien quelques jours auparavant en se réveillant à ses côtés sous l’apparence d’Edmund. Malgré tout, avec les secrets, elle l’avait aidé, soutenu et combattu à ses côtés. Alessio voulait lui rendre la pareille.

« J’ai beau fouillé dans ce que nous a montré Mattéo sur Nigreos, rien, aucun détail ne m’aide à comprendre qui est cet homme et où est-ce qu’il est à présent … »

Sa main joua avec sa bague à l’autre main, perdu dans ses pensées. Le visage de l’homme restait pourtant gravé au fer rouge dans son esprit. Jamais il n’oublierait ses yeux bleus puis rouges. Et surtout ce sourire. Ce sourire malfaisant. Le même qu’avec eu Mattéo à vrai dire avant de lui donner des coups de pied dans les côtes.

« A part ce tract … En France … »

Pensif, il revoyait l’affiche du Comte de Monte-Cristo. Il n’avait pas eu le temps d’effectuer plus de recherches en ce sens. La semaine passée avait été assez mouvementée. Il avait reçu un hibou de sa mère qui manifestait toujours une appréhension croissante quant à l’attitude de Billy très distante et froide. Et puis, Vicky se remettait tout juste de sa rupture avec Jared Parkinson. Quant à Clarissa, elle était rentrée une semaine plus tôt dans sa coloc’ et semblait reprendre enfin du poil de la bête. Restait Olivia avec qui il avait passé un maximum de temps, négligeant certains derniers cours et préférant les révisions.

Il avait pris sa décision : il ne reviendrait pas à l’UMS l’an prochain. Les recherches pour protéger Olivia étaient à nouveau au point mort et il ne voulait plus partir trop loin d’elle. Sans parler qu’il commençait à manquer de Gallions pour offrir des repas décents à sa fille. Non, il devait aller travailler et laisser de côté les études. Il ne pourrait jamais tout compiler.

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ

Edmund Prewett

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Love again Avec Edmund Prewett (sous les traits d'Alessio Grecco) ☆ Samedi 11 mai 2002 ☆

Embrasser Alessio pour l'empêcher de parler. De me poser des questions. Et surtout, pour essayer d'évacuer cette tension. Sexuelle, que je ressentais avec lui depuis plusieurs semaines. Mais aussi, cette tension dangereuse. Celle où nous avons failli mourir. Nous sommes fébriles, encore effrayés, mais en même temps, cette tension nous montre aussi que nous sommes en vie, et qu'il faut en profiter.

-18 :


Une fois que Alessio se retira, il s'endormit assez rapidement. Je n'aimais pas tellement m'endormir aux côtés de quelqu'un que je venais de rencontrer. Enfin, nous avions vécu déjà tellement de choses, que ce n'était plus vraiment un inconnu. Disons que je ne voulais pas être vulnérable. Alors, je le regardais dormir, pendant presque une heure, avant que le sommeil ne m'emporte, lui aussi. J'avais beau lutter, mon corps était épuisé de cette journée. Entre cette bagarre avec le vampire, la nécessité de survie puis ce moment de sexe bestial… Je ne pouvais pas tenir.

Je commençais doucement à me réveiller quand j'entendis du bruit. J'ouvris un oeil et vit le bel Italien debout, près de la fenêtre, à guetter quelque chose. « Qu'est-ce que tu fais ? » Demandais-je d'une voix encore endormie. Alessio se tourna vers moi, et sourit. Il se rapprocha du lit, monta même dessus. « Je dois partir. » C'est pour ça qu'il surveillait ? Parce qu'il voulait être sûr de pouvoir partir ? Quand il attrapa mon menton, je me redressais légèrement pour répondre à son baiser. Le contact de ses lèvres contre les miennes, mais également la vue de son corps encore à moitié nu réveillaient tous les sentiments, tout le désir que j'avais ressentis quelques heures plus tôt. Il y avait un truc chez lui, un truc supplémentaire que je ne pouvais pas expliquer.

« Est-ce que je vais te revoir ? » Sa question me prit au dépourvu, et je me laisser retomber contre les oreillers. « Je ne sais pas. » Avouais-je. « Ce n'est pas contre toi. Mais… Avec ce que l'on vient de vivre, je ne me sens pas prête à retourner sur l'Allée des Embrumes, hormis côté drogués. Et puis… » Je ne terminais pas ma phrase, mais étrangement, Alessio comprit ce à quoi je pensais : « Il t’a fait perdre la seule piste que tu avais, c’est ça ? » J'haussais les épaules, sans être certaine de savoir ce que je pouvais lui dire. Un bout de vérité, peut-être ? « On va dire ça. Il n'est pas responsable, mais je sens qu'il a un lien. Je ne sais pas encore lequel. Il est le seul indice qu'il me reste pour essayer de retrouver le cerveau de l'affaire. » Même si il ne semblait pas être un complice. Mais il avait fait des recherches sur ma famille. Si je me renseignais sur ses liens, ses connaissances, peut-être que j'aurai un début de piste.

Alessio ne répondit rien, bien que je sentais qu'il m'écoutait attentivement. Et pourtant… « Je dois vraiment y aller. Je t’envoie un hibou. » De nouveau, il se pencha vers moi, mais cette fois, je restais paresseusement allongée. Je répondis à son baiser non sans un brin de passion, et mes lèvres restèrent tendues vers lui quand il se redressa. « N'rêve pas trop de moi … » Son commentaire me fit sourire. « Un verre d'alcool et ça ira mieux. » Plaisantais-je. Quoique… J'observais le bel Italien s'habiller et me lancer un dernier regard, avant de transplaner, toujours allongée sous les couvertures. J'attendis alors d'être seule pour rouler vers la commode, prendre une note volante et griffonner ma commande au bar, à remonter dans ma chambre. Ressortir vivante d'une bagarre, du sexe italien… Plus que du bon vin et cette journée pouvait être qualifiée de réussie.

☆ Vendredi 17 mai 2002 ☆

Je suis partie de Cropières assez tôt dans la matinée. Ça commençait à me gonfler de voir Lorenzo Peretti squatter dans le château, à tourner autour de ma sœur. Aliénor… Ça me faisait tellement bizarre de la voir. Elle était là. Je veux dire, elle est revenue, en vie. Changée, mais au moins, elle est là… Aujourd'hui est sa première sortie depuis qu'elle est revenue à la maison. Maman m'a demandée si je voulais venir avec elles pour acheter les meubles de la chambre de Nina, ma nièce; mais quand je sus que Peretti viendrait aussi, j'ai décliné. C'est bon, il me saoulait à me conseiller de me désintoxiquer, de ne pas fumer devant Ali ou Nina… Oh ! Il se prend pour qui ? De toute façon, je le trouvais trop louche. Sa présence était une trop grosse coïncidence, même si je gardais mes idées pour moi. Personne ne me croirait, de toute façon. Mais franchement, un vampire qui traine dans le coin, avec une nièce demi-vampire, et qui accompagne une sortie sous prétexte qu'il n'y a pas d'Aurors ? Non, désolée, j'y crois pas une seule seconde.

Heureusement, j'avais une très bonne raison de partir du château. Alessio m'avait envoyé un hibou pour me donner rendez-vous, et qu'on discute de la suite. Comme quoi, tous les Italiens n'étaient pas relous…! Je lui avais dis que je serai là. C'est pour cette raison que je me trouvais dans ce bar moldu. Je m'étais vaguement demandée pourquoi nous n'étions pas retourner dans ma chambre, au Chaudron Baveur, mais franchement, quand je me rappelais les derniers évènements… Bref. Je commandais un vin blanc, et heureusement pour moi, Alessio demanda à ce qu'on nous laisse la bouteille. Je regardais le serveur partir, avant de me tourner vers l'Italien. « On devrait pouvoir être tranquille pour parler. Mais au cas où … » Je vis son bras bouger, et je me doutais qu'il était en train de jeter un sort, pour que nous puissions parler encore plus tranquillement que prévu.

Pour me donner une certaine consistance, je pris mon verre et pris une première lampée. Assez rapidement. « Je pensais … qu’il valait mieux qu’on se revoit … avant de décider de ce qu’on ferait. » J'hochais la tête, comme pour l'inviter à parler. Je n'étais pas sûre de savoir ce que je voulais. Disons que depuis qu'Ali était revenue à la maison, j'avais du mal à imaginer le futur. Proche ou lointain. Je me contentais d'un vague : « Je t'écoute. » « Je … j’ai envie de continuer avec toi. Et je ne dis pas ça seulement parce que j'ai adoré cette partie de jambe en l’air avec toi … » Je ne pouvais pas cacher que le début m'avait surprise, mais la suite me fit sourire. « Partie de jambe en l'air ? Vous, les Italiens, vous avez une drôle de manière de parler… » Disons que je n'avais vu cette expression qu'à l'écrit, ou alors, prononcé de manière ironique. Jamais de manière sérieuse.

Ma réplique fit sourire Alessio, qui continua sur sa lancée. J'en profitais pour continuer de siroter mon vin. « … Tu sais repérer beaucoup de choses avant que je n’en sois moi-même capable. Tu sais déjouer les pièges, tu as un esprit rationnel et … j’ai plutôt bien aimé ta façon de te battre. » Bien que je me sentais gênée à l'idée d'avoir été aussi peu… Rationnelle face à un vampire, lui semblait ne pas m'en vouloir. « Merci. » « Mais je comprendrais si cela fait trop de choses pour toi. Ca a été … plutôt dangereux avec … Mattéo. » Mattéo ? « Tu le connais ? » Contrairement à la première fois que nous l'avions vu, cette fois, nous nous rappelions clairement de son visage. Mais jamais il n'avait dit son nom. Je ne pensais pas qu'Alessio pouvait le savoir. « Il m’avait fait oublier son visage comme à toi. Mais quand je l’ai revu samedi, je savais que je le connaissais. Il s’appelle Mattéo Dwight. Du moins, c’est comme ça qu’il se faisait appeler quand je l’ai connu, il y a un peu plus de trois ans. » Mattéo Dwight, donc…

Il fallait que je retienne ce nom. Cela pouvait être utile pour moi. « Qu'est-ce que tu sais de lui ? » « C’était déjà un vampire. Et déjà un grand manipulateur et fils de p***. Désolé pour le vocabulaire, mais il n’y a pas d’autres mots pour décrire ce … » Alessio semblait vraiment en colère contre lui. Je le regardais un instant, et pour le mettre à l'heure, je finis moi-même sa phrase, alors qu'il passait une main dans son cou. « Ce fils de pute. Qu'est-ce qu'il a fait pour mériter ce qualificatif ? » « Il a fait beaucoup de mal autour de lui. Il était brusquement parti il y a 2 ans maintenant. Je ne l’avais jamais revu depuis. » Deux ans, donc… Non, ça ne collait pas vraiment en terme de dates. Ali avait disparu pendant 19 mois. Sauf si il l'avait surveillée quelques mois auparavant… Pourtant, quand je l'avais touché, je n'avais rien ressenti de plus que la première impression. Ce n'était pas lui, mais il était relié à ma sœur d'une manière que je ne comprenais pas toujours…

J'étais plongée dans mes pensées pour essayer de comprendre un peu plus mes propres histoires, quand le bel Italien rajouta : « Il … ce qu’il a dit à propos de toi et de ta famille. Tu dois le prendre au sérieux. Fais attention à toi. » Je ne voulais pas répondre à ça. Pas encore. Je vis qu'Alessio avait terminé son verre. J'en profitais donc pour le remplir, et essayer de me donner une excuse de n'avoir rien à dire. Pourtant, il leva les yeux vers moi. Comme désireux de rajouter quelque chose. Ce qu'il ne tarda pas à faire : « Mais j’y ai beaucoup réfléchi. Et comme tu m’as aidé, je pense qu’il était juste que je t’aide à ton tour. A retrouver cette Ali. » Si je m'attendais à ça… Je le regarde, un peu surprise qu'il ait retenu son prénom. Enfin, son surnom. Heureusement que je n'avais utilisé que son surnom, notamment avec les articles sortis sur elle…!

Je basculais mon verre d'un seul coup, avant de me resservir. Une idée pour changer de sujet, vite ! « Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Pour ce chasseur de Vélanes. » Ok, même si, en partie, c'était pour changer de sujet, je voulais tout de même lui montrer que je n'allais pas le laisser. Une partie de moi, au fond, voulait savoir la fin de cette histoire. « J’ai beau fouillé dans ce que nous a montré Mattéo sur Nigreos, rien, aucun détail ne m’aide à comprendre qui est cet homme et où est-ce qu’il est à présent … » Je le vis alors jouer avec sa bague. Je pouvais même voir qu'il était stressée. Pas à cause de sa gestuelle, même si ça jouait. Mais… Je le sentais. Pour changer mes idées, je repris une gorgée de vin, laissant Alessio songeur. « A part ce tract … En France … » « Ce tract…? » Je réfléchissais. Ça me disait quelque chose…

Puis ça me revint. « Oh ! Oui ! La pièce de théâtre ? Je l'ai vue. » Je fis tourner le vin, mal à l'aise, dans mon verre. « A Lyon… Dans l'est de la France. » En me concentrant, je revoyais clairement l'affiche, maintenant. Le Comte de Monte-Cristo, de Dumas. Il allait peut-être falloir que je lise le bouquin… En me reconcentrant sur les images, un autre souvenir me revint. « Moi aussi, j'ai vu quelque chose. Une sorte de blason… » Tout en parlant, je pris mon sac et je commençais à fouiller dedans. J'en sortis une feuille de papier et un crayon, et presque immédiatement, je me mise à griffonner. « Ça ressemble à une famille, mais je ne sais pas laquelle, je ne connais pas bien les familles anglaises… » Tout en parlant, je dessinais ce dont je me souvenais : un crâne, une main armée avec un poignard, des corbeaux -je crois qu'il était trois- et une phrase. « Je n'ai retenu que la moitié de ce que j'imagine être leur devise, il n'y avais que deux mots… Quelque chose pur, ça m'a marquée parce que je me suis dis que ça devait être une famille Sang-Pur… Voilà. » Une fois mon dessin terminé, je tournais la feuille vers Alessio pour qu'il puisse voir ce que j'avais dessiné, avec la devise : ? Pur.

Love again Mi4u

Je laissais Alessio regarder, à loisir, le blason que je venais de dessiner de tête, avant d'oser poser la question : « Tu penses que ce chasseur de Vélanes aurait quelque chose à voir avec cette famille ? Ou le fameux Mattéo ? Je veux dire, si il est intéressé par lui, ce n'est pas pour rien, n'est-ce pas ? » Je m'étais déjà demandée pourquoi ce chasseur ne chassait que des Vélanes. Pourquoi elles en particulier ? Pourquoi pas les créatures en général ? Pourquoi ce vampire était si intéressé par lui ? Il devait y avoir tellement de choses que nous ne savions pas… Et, au fond, je me demandais aussi quel était le rapport avec Alessio. Il devait protéger quelqu'un, sûrement une Vélane. Pas sa petite amie, comme nous avions couché une fois ensemble. Sauf si c'était un enfoiré… Finalement, je n'en savais pas plus sur lui qu'il en savait sur moi.

« Je te propose quelque chose. » De nouveau, tout en parlant, je remplissais nos verres. Je n'étais pas sûre que nous puissions repartir en mission après tout cet alcool ingurgité, mais au moins, nous passions un presque bon moment. « Tu fais des recherches sur cette famille… » Je pointais du doigt le dessin que je venais de faire. Je pouvais même lui laisser, cela ne me dérangeait pas. « … et moi, je fais des recherches sur la pièce de théâtre. Ça ne t'auras pas échappé, je pense, mais je parle très bien français. » Mon accent avait tendance à ressortir, de temps en temps. Ça ne faisait que deux ans que je vivais en Angleterre, contre une vingtaine en France. Même si j'étais plus ou moins bilingue, on pouvait sentir que je n'étais pas native. « En revanche, je risque de mettre un peu de temps. J'ai d'autres choses à faire, en parallèle, jusqu'à cet été. » Notamment, passer mes partiels. Même si j'étais la moitié de l'année dans le brouillard, je ne voulais pas louper mon année.

Et puis, avec mes examens de fin d'année, j'avais d'autres choses à voir, comme… « Au fait, pas besoin de m'aider à chercher Ali. Elle est revenue. » Même moi, je n'étais pas sûre de comprendre le pourquoi du comment. Alors, je ne rajoutais rien, et je me contentais de vider mon verre, d'une seule traite. « Je ne veux pas en parler, je voulais juste… Prévenir ? Que tu n'ais pas à t'en préoccuper. » Il ne manquerait plus qu'il fasse le lien avec les journaux et ma couverture était finie.

☆ Samedi 1er juin 2002 ☆

« Alessio… ! » Comment le sexe avec lui pouvait toujours être aussi bon ? Les examens commençaient la semaine prochaine, et pourtant, nous nous étions retrouvés, aujourd'hui, pour enquêter un peu plus. Il avait des news. Le blason provenait apparemment de la famille Black. Je ne connaissais pas bien cette famille, mais le nom ne m'était pas inconnu. De toute façon, je confondais toutes les familles anglaises, alors… Bref. Après un après-midi à chercher des infos sur cette famille dans un centre d'archives, et s'incruster même dans l'une de leurs maisons pour chercher d'autres infos tenus plus secrètes, nous avions fini la journée dans ma chambre au Chaudron Baveur. Une nouvelle fois, le goût du danger, de l'illégalité nous avait poussé dans les bras l'un de l'autre. Comme la dernière fois, le sexe était brutal, sans chichi. C'était intense, comme un exutoire.

A cheval sur lui, j'eus mon orgasme final la tête en l'air, mes mains sur son torse, avant de me laisser retomber sur le dos, à ses côtés. J'étais en train de réfléchir à la possibilité de me fumer une cigarette au lit -cliché très français mais néanmoins vrai dans mon cas-, quand Alessio commença à me poser quelques questions sur Ali. Comme si il essayait de me soutirer des infos. J'attendis quelques dizaines de secondes, pour voir si il allait arrêter de m'en parler, mais il ne semblait pas comprendre le message muet. Je finis par tourner la tête vers lui. « Tu ne t'arrêtes jamais de parler ? » Bon, ce genre de commentaire ne semblait pas l'atteindre, loin de là. Mais il fallait que je change rapidement de sujet.

Je me couchais sur le côté, pour être face à lui. Mon coude plié dans le lit et ma tête posée dans ma main, je le regardais. « Le prochain spectacle, celui de la pièce, aura lieu le 13 juillet, en l'honneur de la fête nationale qui se tiendra le lendemain. On peut y aller ensemble, pour chercher des infos. Après tout, tu auras besoin de quelqu'un qui parle français, non ? » Et puis, ça me permettait aussi de pouvoir admirer de magnifiques feux d'artifices le lendemain, sur la plage, avec une bonne bouteille. Je n'avais juste pas encore décidé si ce serait en Normandie, ou sur la Côte d'Azur…

☆ Samedi 6 juillet 2002 ☆

Il faisait super chaud aujourd'hui. Je levais la tête pour regarder le ciel bleu, une main devant mon visage pour me cacher les yeux du soleil. J'étais déjà venue en Angleterre la veille, pour trouver la piscine où travaillait Edmund Prewett, le Fondateur que j'avais rencontré. J'avais demandé aux piscines, avant que je n'aille dans l'eau, si elles n'avaient pas un maître-nageur ou un sauveteur de ce nom, mais elles n'ont pas voulu répondre. Ça m'a tellement énervée que j'avais fini par rentrer chez moi, prendre une carte de Southampton et placer un pendule au-dessus. J'avais noté l'adresse, et repris mon courage à deux mains pour y retourner aujourd'hui.

La chaleur était encore plus écrasante aujourd'hui, alors, j'espérais ne pas me tromper de piscine. Ou qu'il travaille aujourd'hui. Histoire que je ne vienne pas pour rien. En payant mon entrée, la secrétaire me proposa foule d'extras. Okay, ça avait l'air d'être une piscine de luxe… Spa, massage, jacuzzis. Si je voulais passer un moment avec mes soeurs, c'est là que je devais aller. Bref. Je pris mon entrée, j'allais mettre mon deux-pièces noires, et après un passage sous la douche, je sortis dehors. Je remarquais une chaise longue de disponible, et je posais immédiatement mes affaires dessus. Hors de question qu'on me vole ma place, mais surtout, hors de question que je reste sans rien…

En regardant autour de moi, j'aperçus un bar en plein air. Je demandais un Sex on the Beach. Bien qu'on me le servit rapidement, j'avais le temps de me sentir idiote. Je venais là pour un gars que je connaissais à peine, avec qui j'avais dansé une fois à la fin d'un bal… Moi, celle qui faisait tout pour qu'on me laisse tranquille et qu'on ne rentre pas dans ma vie privée ! Mais le retour d'Ali semblait avoir changé la donne. Et puis, les quelques minutes que j'avais passées avec Edmund m'avaient rendue.. Curieuse. J'avais l'impression de le connaître. Avec lui, j'avais la sensation que j'aurais pu être quelqu'un d'autres que Isabeau Anne Fontanges. Juste… Isabeau. Juste moi. Avec mon caractère, loin de l'étiquette. Et puis, il était le seul à m'avoir donné envie de le revoir. D'habitude, j'avais tendance à nexter les gens.

Donc ouais, je me sentais idiote de me retrouver ici, pour un garçon que je connaissais à peine alors que je fuyais l'intimité. Pourtant, mon verre à la main, je ne repartais pas. Je me contentais de retourner à ma chaise longue. Ce n'est qu'allongée, la paille entre les dents, que je m'autorisais à regarder les maîtres-nageurs. Ce n'était pas celle qui était sur la chaise, ni celui qui parlait aux filles en maillot… C'était celui qui courait après un gamin dissident. J'en aurais mis ma main à couper. Je l'observais un moment, avant qu'il ne me voit, de l'autre côté de l'eau. Le rouge me monta aux joues, et je me précipitais sur mon sac pour sortir ma crème solaire.

Ridicule ! Moi, rougir ? Quelle bêtises ? Pourtant, ça n'empêchait pas mon cœur de battre la chamade quand je le vis s'approcher de moi. « Salut. Je ne savais pas que tu bossais, aujourd'hui… » Ce qui était vrai, j'étais venue un peu au pif. Je décidais de le tutoyer direct, comme nous avions plus ou moins le même âge, et que nous n'étions pas dans un foutu bal. « Alors… C'est bien de travailler, ici ? » Bien Isabeau, tu ne pouvais pas faire plus nul. Il va falloir que je rattrape ça… Tout en parlant, j'avais ouvert la bouteille de crème solaire, que je mis dans mes mains, pour commencer à tartiner mon corps.

Hop, je commençais sur mes bras. En essayant d'avoir l'air le plus naturelle possible. « Il fait tellement chaud que cela donnait envie de se baigner. » Je passais la crème solaire sur mes jambes. « Il y a beaucoup de jolies filles qui viennent ici ? »[/color][/b] Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie de le draguer. Le taquiner. Réveiller son petit sourire en coin qu'il m'avait adressé au bal, provoquer ce moment où il ne semblait pas sûr de lui quand il m'avait proposée de venir… Est-e qu'il le proposait à toutes les filles, ou bien, ce n'était que moi ? « Tu veux bien me mettre de la crème solaire dans le dos ? » Je lui tendis le tube, avec un air un peu contrit. « Je suis venue toute seule, alors ce ne sera pas pratique… J'ai peur de rater des zones et d'avoir un coup de soleil… » Je draguais comme n'importe quelle midinette sur la plage, mais Edmund évoquait cette insouciance de l'été. Je voulais attraper cette vibe qu'il dégageait, et en profiter. En jouer.

Une fois qu'il prit le tube, je me mise dos à lui, et j'attrapais mes cheveux pour les mettre devant moi. « La piscine a l'air super agréable… Mais de nuit, elle doit être bien plus agréable. Parfaite pour un bain de minuit. » Je tournais lentement la tête pour lui jeter un regard par-dessus mon épaule. Très pub de parfum comme geste, mais franchement, nous n'étions pas à ça près. « Tu dois avoir les clés… Non ? » Franchement, dans une autre vie, rentrer dans une piscine publique de nuit devait être incroyable. Ça rappelait le goût du danger que je pouvais avoir sur l'Allée des Embrumes, avec ma vie en jeu en moins. Et avec un côté plus romantique, aussi. A croire que j'avais envie de me stabiliser depuis quelques semaines…! Avec le recul, je me rendais compte que j'aspirais à retrouver celle que j'étais avant : la petite dernière de la famille un peu hors normes, mais pas moins aimée, avec une vie normale.

Amusée par mes techniques de drague légèrement foireuse, je repris le tube qu'Edmund me tendit et je me remise face à lui. « Merci beaucoup pour le coup de main ! » Je remis une dernière noisette de crème dans mes paumes, juste pour tartiner mes dos de main. Pour protéger mes tatouages du soleil. Edmund le remarqua, et me demanda ce que c'était. Sans réellement comprendre pourquoi, son geste me rappela celui d'Alessio. Sauf que là, je n'avais pas à protéger mon identité. « Des tatouages. Que j'ai dessinés moi-même. Et que j'ai tatoués moi-même. » Au fond, ce n'était pas vraiment un secret, dans ma licence, que je tatouais. J'étais même d'ailleurs l'une des seules à me destiner à devenir tatoueuse. « J'en fais des temporaires aussi, si ça t'intéresse. » Avec Leomie, nous avions même commencé à monter notre petit commerce chez les étudiants. Elle s'occupait de la coiffure, moi des tatouages, avec une option divination. Au moins, ça rapportait un peu de fric. Nous avions même fait passer une annonce dans le journal, aux noms de Mélisse et Tabitha.

Je repris mon verre de cocktail, et j'en bus une gorgée, sans le quitter des yeux. Edmund avait de magnifiques yeux bleux et profonds. Ils brillaient avec la lumière du soleil, et je trouvais ça magnifique. En le regardant, je me rendais compte de ce que je faisais. Je veux dire, j'avais tout de même utilisé un pendule pour être sûre de la piscine où il travaillait… ! Et puis, je ne pouvais pas dire qu'il y avait… quelque chose, parce que après tout, je venais seulement de le rencontrer, mais il y avait quelque chose. De la curiosité, l'envie de voir si tout cela pouvait aller plus loin. Mais pour cela, il fallait que je sache si il y avait des possibilités. « Et alors, tu vas travailler tout l'été ou… Tu as réussi à caler d'autres choses ? » Sous-entendu, est-ce que tu avais du temps libre ? Du temps libre qu'il allait très certainement passer avec sa famille et ses amis, ce qui serait logique, mais est-ce qu'il avait envie de me revoir ?                    
:copyright:️ Justayne

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☆ I only see him as a friend, The biggest lie I ever said ☆

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Edmund Prewett
Contexte
Nous sommes le vendredi 17 mai 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Au départ étudiant en Sciences Politiques, ses plans ont été soudainement bousculés par la révélation de sa paternité et par son devoir de la protéger d'un chasseur de Vélanes, Nigreos. Contraint de prendre une nouvelle identité, celle d'Alessio Grecco, un étudiant italien, Edmund s'est mis à faire équipe avec Anne, une jeune sorcière possédant la même volonté de protéger ses proches.

Love again
« Ce tract…? Oh ! Oui ! La pièce de théâtre ? Je l'ai vue. »

Alessio hocha la tête. Elle était écrite bien évidemment en français et les quelques notions d’Edmund dans cette langue lui avaient permis de traduire le plus gros. Elle devait se jouer dans une ville appelée Lyon.

« A Lyon… Dans l'est de la France. » reprit Anne, comme si elle lisait dans ses pensées.

Visiblement Anne semblait mieux s’y connaître que lui. Après tout, elle avait un nom plutôt à consonance française. Il ne serait donc pas étonnant qu’elle soit originaire de ce pays. Alessio connaissait très peu de choses d’elle et de sa vie en-dehors de l’Allée des Embrumes. Mais c’était le contrat après tout. Chacun avait ses secrets.

« Moi aussi, j'ai vu quelque chose. » reprit Anne en commençant à fouiller dans son sac. « Une sorte de blason… »

Elle sortit de son sac un crayon et une feuille sur laquelle elle commença à griffonner. Intrigué, Alessio croisa les bras sur la table et se pencha en avant pour pouvoir observer ce qui s’y dessinait.

« Ça ressemble à une famille, mais je ne sais pas laquelle, je ne connais pas bien les familles anglaises… » expliqua-t-elle alors qu’un crâne, une main armée d’un poignard et des corbeaux apparaissaient. « Je n'ai retenu que la moitié de ce que j'imagine être leur devise, il n'y avait que deux mots… Quelque chose pur, ça m'a marquée parce que je me suis dit que ça devait être une famille Sang-Pur… »
« Ce ne serait pas étonnant. » grommela Alessio.
« Voilà. »

Anne fit glisser la feuille vers lui et Alessio la prit entre ses mains pour mieux l’étudier. Un blason de Sang-Pur. Alessio n’avait pas assez étudié l’Histoire de la Magie pour l’associer à un nom mais le crâne dessiné lui faisait froid dans le dos. Peut-être qu’en fouillant à la bibliothèque il trouverait le nom ? Et s’il trouvait le nom, il pourrait enfin mettre une identité sur Nigreos. Une vraie identité. Ce serait un début et mieux que rien.

« Tu penses que ce chasseur de Vélanes aurait quelque chose à voir avec cette famille ? »

Alessio releva les yeux vers Anne qui désignait le blason.

« Ou le fameux Mattéo ? »
« Mattéo ? »
« Je veux dire, s’il est intéressé par lui, ce n'est pas pour rien, n'est-ce pas ? »

Alessio poussa un long soupir et reposa la feuille sur la table en bois.

« Sans doute. » nota-t-il. « Il était … fasciné en regardant cet homme. Comme s’il était un modèle ou quelque chose comme ça. »

Peut-être qu’il était son créateur ? Le vampire qui l’avait transformé ? Alessio avait entendu parler d’un lien spécial qui se créait entre le vampire et celui qui l’avait transformé. Cela expliquerait pourquoi Mattéo tenait tant à le retrouver.

« Je pense que le blason est davantage lié à Nigreos. Mais dès qu’on aura trouvé sa véritable identité, on pourra … peut-être interroger des membres de sa famille ? »

Il y avait de fortes chances que des descendants soient toujours dans les parages. Les Sang-Pur adoraient conserver de vieux souvenirs. Alessio grimaça à cette idée. Il avait vraiment une sainte horreur des traditions de ces sorciers. Ce n’était pas tant leurs traditions d’ailleurs, mais plutôt leur façon de considérer le monde et les autres sorciers. Cet air hautain qui ne les quittait jamais, ce jugement dans les yeux. Peu d’entre eux étaient tolérants. Et c’était pour cette raison qu’Alessio ne les portait pas dans son cœur. Et c’était aussi pour l’une de ces raisons qu’il avait souhaité poursuivre en Politiques. Pour changer certaines choses. Pour annihiler le pouvoir que ces familles pouvaient avoir sur le Magenmagot ou le Ministère en lui-même. Et pour donner des droits aux créatures magiques comme sa sœur. Un doux rêve … qui ne resterait pour le moment qu’un rêve.

« Je te propose quelque chose. »

Alessio regarda Anne remplir à nouveau leurs verres.

« Je t’écoute. »

Elle pointa du doigt le blason.

« Tu fais des recherches sur cette famille… et moi, je fais des recherches sur la pièce de théâtre. Ça ne t'aura pas échappé, je pense, mais je parle très bien français. »

Il esquissa un sourire en coin.

« Ta langue a de nombreux talents visiblement … » susurra-t-il.

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Il leva son verre à sa santé avant de boire une gorgée. C’était qu’il commençait à se prendre au goût du vin blanc.

« Ca me va. » répondit-il. « Je pense connaître quelqu’un qui pourra m’aider à trouver cette famille et leurs membres. »

Clarissa. Sa cousine. En plus d’être étudiante en Histoire de la Magie, elle se passionnait pour la généalogie et avait même commencé des recherches sur les McGregor, famille dont on ne savait pas grand-chose. S’il y avait bien une personne qui pouvait l’aider à trouver ce que représentait ce blason, c’était elle. En plus de cela, il pourrait l’avertir du retour de Mattéo. Même s’il ne tenait pas à éveiller de mauvais souvenirs sitôt après son hospitalisation, il devait la mettre en garde. Qui savait ce que Mattéo pouvait réellement chercher en Angleterre ?

« Je te laisse t’occuper donc de la pièce de théâtre ? »

Anne hocha la tête.

« En revanche, je risque de mettre un peu de temps. » précisa-t-elle. « J'ai d'autres choses à faire, en parallèle, jusqu'à cet été. »

Alessio acquiesça.

« Ça ne me pose pas de problème. Je ne devrais pas être plus rapide non plus. »

Il allait devoir mettre les bouchées doubles pour réussir ses partiels. Un peu de repos dans l’enquête ne serait pas de refus. Il pourrait aussi chercher un appartement avant d’être mis dehors par les Estudines. Olivia avait besoin d’un peu plus d’espace. Et il avait besoin de meilleurs sortilèges pour protéger les lieux. Néanmoins, ils pouvaient s’accorder un peu de répit si Nigreos était parti en France.

« Au fait, pas besoin de m'aider à chercher Ali. Elle est revenue. »

Alessio fronça les sourcils.

« Ah oui ? »
« Je ne veux pas en parler, je voulais juste… Prévenir ? Que tu n'ais pas à t'en préoccuper. »

Elle vida d’une traite son verre et Alessio l’observa un instant. Ali était revenue. Alessio ignorait depuis quand elle avait disparu et ce qu’elle représentait exactement pour Anne. Mais elle ne semblait pas friande d’en parler. Est-ce que le retour avait été douloureux ? Dans quel état était-elle revenue ? Tant de questions lui brûlaient les lèvres mais Anne ne voulait pas en parler. Alessio se mordit la lèvre.

« Très bien. »

Il resservit leurs verres, terminant la bouteille avant de faire tinter son verre contre le sien.

« Alors à notre collaboration ! » dit-il. « Aussi longue soit-elle ! »

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Ses yeux brillèrent d’un éclat non contenu. Leur collaboration allait continuer. Cela signifiait qu’ils allaient se revoir. Que leur échange de blagues sarcastiques allait se poursuivre. Et que peut-être … ils retourneraient dans la chambre d’Anne très bientôt …

Samedi 1er juin 2002

Le très bientôt n’avait jamais été aussi vrai. A califourchon sur lui, Anne rejeta sa tête en arrière.

« Alessio… ! »

Son bassin bougeait au rythme du sien alors que ses doigts venaient griffer son torse. Alessio ne pouvait détacher son regard du visage d’Anne qui sentait enfin le plaisir l’atteindre. Il l’atteignit avant elle et la contempla se saisir de cet instant avant de se laisser tomber sur le côté. Alessio reprenait sa respiration en regardant le corps nu de la jeune femme étaler à côté de lui. Combien de fois avaient-ils couché ensemble ? Bien plus qu’Alessio ne l’aurait cru au départ. Leur relation avait pris un tournant qui était loin de lui déplaire.

Si le danger n’avait jamais été aussi intense que cette fois-là avec Mattéo, leur vie la nuit était une multitude de prises de risques. S’installer dans un bar, recueillir des informations, croiser des gens louches, devoir s’échapper in extremis, combattre des créatures ou des sorciers malveillants, se serrer dans un coin étroit pour s’enfuir. Ils ne s’étaient pas retrouvés aussi souvent qu’auparavant, souvent pris par leurs vies personnelles dont chacun taisait encore le secret. Cependant, Alessio avait finalement découvert qui était Anne et les mystérieuses initiales sur son mouchoir en soie.

C’était quelques jours plus tôt. C’était une semaine de révision pour tous les étudiants avant les examens finaux. Edmund était venu réviser au Scitis quand il l’avait vu entrer. Anne. Il s’était approché d’elle, retrouvant une moue moqueuse avant d’entendre le bibliothécaire prononcer son nom. Miss Fontange. Edmund avait froncé les sourcils avant de se planquer derrière une étagère. Qu’est-ce qui lui prenait ? Il n’était pas Alessio ici. Anne ne le reconnaîtrait jamais. Et que pourrait-il dire ? Pouvait-il vraiment faire tomber tous leurs secrets alors qu’Anne ne le désirait sûrement pas ? Alors, poussé par la curiosité, il avait mené ses recherches sur elle. Qui était-elle ? Etudiait-elle à l’UMS ? Avait-elle une famille ? Des amis ?

Il était allé demander l’aide de sa cousine, une nouvelle fois. Clarissa l’avait déjà beaucoup aidé pour le blason trouvé chez Nigreos : celui d’une famille illustre, les Black. Clarissa avait été passionnée en racontant les multiples histoires sordides dont cette famille recelait. Elle avait également promis de mener de nouvelles recherches sur les derniers membres de la famille, bien que celle-ci soit visiblement éteinte. Clarissa avait surtout été ébranlée par le retour de Mattéo. Il avait semblé qu’elle l’avait déjà croisé, en compagnie de Jared, Emily et Thomas. Une rencontre assez déplaisante de toute évidence mais qui avait eu une fin plutôt heureuse puisque Mattéo ne s’était pas attendu à une telle protection rapprochée autour de Clary. Une bonne chose !

Après donc tout cela, Clary avait une nouvelle fois offert son aide à Edmund pour la famille Fontanges. Elle lui avait sorti les derniers articles de la Gazette mentionnant cette famille qui avait été récemment au cœur des actualités : l’une de leurs filles mystérieusement disparu venait d’être retrouvée. Et le prénom avait tout de suite frappé Edmund : Aliénor. Ali.

Les autres filles se nommaient Jeanne et Isabeau. Aucune ne portait le prénom d’Anne. En voyant une photo d’Isabeau, Edmund avait compris que la jeune femme avait simplement utilisé un prénom de couverture. Anne était donc Isabeau Fontanges, fille cadette d’une grande famille sorcière de Sang-Pur. Ils venaient de France, ce qui expliquait son aisance pour cette langue.

Et en observant Anne étendue sur le lit, Alessio hésitait à lui dire ce qu’il savait. Il avait appris sa véritable identité. Il aurait été juste qu’il lui révèle qui il était. Mais ne courrait-il pas le risque de mettre en danger Olivia ? Si Anne faisait l’association Alessio et Edmund, ne risquait-elle pas de le révéler à d’autres personnes ? A Mattéo ?

L’inquiétude d’Alessio lui interdisait de parler. Il ne voyait pas comment amener les choses. Et pourtant, il aurait aimé que la jeune femme l’aide.

« Est-ce qu’Ali va mieux ? » demanda-t-il en écartant une mèche de cheveux de la jeune femme qui tombait sur son nez.

Peu friande de ce genre de gestes – un peu trop tendre – Anne tourna le visage de l’autre côté.

« Ça ne doit pas être évident pour toi, sa disparition et puis son retour. » ajouta-t-il.

Mais Anne gardait le silence, seulement interrompu par leurs souffles encore saccadés. Il espérait pourtant tendre une perche, qu’elle s’en saisisse et qu’il lui avoue qu’il avait vu le nom d’Aliénor dans les journaux. Et de là … bah il improviserait.

« Est-ce que tu sais si elle a subi de mauvais traitements ? »

Il pensa à Mattéo qu’Anne avait soupçonné un temps qu’il soit lié à sa disparition. Il ne l’était pas directement de toute évidence, mais il avait un lien. Lequel ? Mattéo allait-il encore avoir un rôle aussi tragique à jouer dans leurs existences ?

« Tu ne t'arrêtes jamais de parler ? » répliqua Anne, légèrement irritée.
« Jamais. » dit-il avec un sourire lubrique. « Je croyais que tu appréciais les mouvements que ma bouche faisaient justement … »

Il lui lança un clin d’œil que la jeune femme ignora. Elle se tourna sur le côté, face à lui et posa un coude sous elle pour soulever sa tête.

« Le prochain spectacle, celui de la pièce, aura lieu le 13 juillet, en l'honneur de la fête nationale qui se tiendra le lendemain. »

Professionnelle. Anne voulait redevenir professionnelle. Le sexe tous les deux était un loisir bienvenu au milieu de toute cette tension. Mais cela risquait toujours de faire basculer leur collaboration dans un sens qu’elle ne souhaitait pas emprunter. Le sourire d’Alessio disparut et il se passa une main sur le visage pour chasser le sommeil qui le gagnait.

« Ah oui ? » dit-il dans un bâillement.
« On peut y aller ensemble, pour chercher des infos. Après tout, tu auras besoin de quelqu'un qui parle français, non ? »
« Ca se pourrait bien … »

Il esquissa un nouveau sourire dans sa direction, toujours allongé sur le dos.

« En France donc. A Lyon, toujours ? »

La jeune femme acquiesça et Alessio lâcha un soupir. S’il devait se rendre en France ce week-end-là, il allait devoir trouver quelqu’un pour lui garder Olivia. L’été promettait d’être encore laborieux à ce sujet. Sa mère s’attendait à ce qu’il rentre à la maison pour les vacances. Edmund avait donc déjà du commencer à anticiper les questions en informant ses deux parents qu’il recherchait un logement pour enfin prendre totalement son indépendance. Cela n’avait pas paru trop étonné ni Adèle ni Louis du fait qu’Edmund avait toujours été le plus indépendant de leurs trois enfants. Mais avec les événements récents en Angleterre, ou le comportement distant de Billy, sa mère se faisait du souci. Edmund avait donc informé sa mère qu’il passerait aussi souvent que possible. Ce qui promettait un été chargé pour être présent sur tous les fronts, car il était aussi à la recherche d’un emploi saisonnier. Si seulement les Retourneurs de Temps n’avaient pas tous été détruits …

« On en reparlera. » dit-il à Anne. « Mais nous partirons surement sur le week-end. J’en profiterai pour rechercher des traces des Black une fois sur place. »

D’ici là, Clary aurait surement trouvé les derniers descendants de la famille.

« En attendant … »

Son regard descendit sur la poitrine découverte d’Anne et il haussa un sourcil, comme une invitation.

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« Vous comprendrez, miss Anne, que j’ai certaines tensions à évacuer … » susurra-t-il en se redressant. « Et je crois savoir que vous souhaitiez que j’occupe ma bouche à autre chose … »

Il attendit l’accord de la jeune femme avant de se glisser sous les draps, vers un point sensible d’Anne. Ses doigts vinrent faire des ronds sur son ventre, autour de son nombril. Il vint alors embrasser la peau de son bas-ventre, la sentant se cambrer à son contact et il releva la tête vers elle, un sourire fier sur ses lèvres. Ses caresses descendirent une nouvelle fois plus bas, venant épouser la forme de ses cuisses, les écartant légèrement pour y placer son corps. Ses baisers descendirent aussi jusqu’à effleurer son point sensible. Ses doigts vinrent alors jouer avec l’extérieur, faisant exprès de caresser uniquement les lèvres comme pour la titiller.

Mais alors qu’il se prenait à ce jeu, il fronça les sourcils en voyant ses mains changeaient de forme. Elles étaient redevenues plus petites et avaient retrouvé leur bronzage d’origine. Le bronzage naturel d’Edmund. Un sentiment de panique le prit et il se glissa entièrement sous les draps pour rechercher d’urgence sa veste. Tombée au fond du lit, il l’attrapa sous les draps et en sortit rapidement une fiole qu’il vida instantanément. L’instant d’après, sa main avait repris sa grandeur d’Alessio.

La voix d’Anne le ramena à la réalité alors que les battements de son cœur se calmaient doucement. Il reposa la veste par terre et revint sous les draps, tel un requin plongeant sur sa proie.

« Disons que je voulais voir à quel point tu étais impatiente … » dit-il en déposant un baiser au creux de sa cuisse.

Il gloussa lorsque la jeune femme le rabroua avant qu’il ne plonge sa langue à l’endroit qu’Anne lui indiquait d’une main ferme et impatiente dans ses cheveux.

Il s’en était fallu de peu !

Samedi 6 juillet 2002

La chaleur était écrasante en ce début juillet et le ciel dégagé avait fini d’inciter les habitants les plus riches de Southampton à venir profiter de cette piscine privée. Edmund n’en était pas mécontent. Plus il y avait d’entrées, plus la journée payerait bien. Et il avait besoin de cet argent.

Olivia et lui avaient trouvé un appartement à Guildford, une petite ville à mi-chemin entre Southampton et Londres. Leur voisin de pallier, un étudiant portugais, était vite très envahissant. Mais après une semaine à le fréquenter, Edmund avait compris que le jeune homme ne connaissait pas grand monde ici et la compagnie d’Edmund et Olivia étaient bienvenues. Le soir, il venait profiter une bière à Edmund et le matin il proposait à Olivia des œufs au plat qu’il dessinait en forme hilarante.

Au départ, Edmund pensait cacher Olivia à tout le monde mais avec un voisin comme Nicolas qui s’invitait à tout moment du jour ou de la nuit, ce n’était pas évident. Alors il s’était fait une raison. Nigreos était loin et semblait avoir perdu la trace d’Olivia. Alors, pourquoi ne pas relâcher la bride et s’aider de ses ressources ? C’était Nicolas qui s’occupait de la garder cet après-midi. Edmund se surprenait encore de cette décision. Il ne le connaissait que depuis une semaine et était sans doute inconscient. Mais, hey, avait-il vraiment le choix ? Sa nourrice habituelle avait décidé de prendre ses jours de congés en juillet. Et Edmund devait vraiment travailler. S’il perdait ce travail, il ne pourrait pas payer le loyer de ce mois-ci.

Le travail dans cette piscine n’était pas désagréable. Même si les gens riches et bien distingués faisaient lever les yeux au ciel d’Edmund, il devait avouer que ça payait bien. Encore hier, il s’était fait près de 50 Gallions de pourboires, ce qui n’était pas négligeable. Les mauvais côtés étaient parfois le caractère désagréable et hautain de certains riches … ou les enfants.

« Jordan ! Reviens ici ! » cria Edmund.

Mais le petit Jordan, du haut de ses 6 ans, était une vraie plaie. Edmund avait beau lui dire de ne pas courir près de la piscine, il n’en faisait qu’à sa tête. Et ses parents se moquaient bien de ce qu’il faisait tant qu’ils pouvaient profiter du jacuzzi sans être interrompus. Edmund sortit sa baguette.

« Levicorpus ! »

Le corps du petit Jordan quitta soudain terre et alla se poser sur l’une des chaises près du siège en hauteur du maître nageur.

« Je te préviens, Jordan, si je te vois encore courir, tu seras interdit de piscine pour le reste du week-end. »
« M’en fous car papa a dit qu’il me payerait ma glace quand même ! »

Le petit Jordan lui tira la langue avant de s’enfuir aussitôt. Edmund serra les poings et soupira d’agacement. Ce gamin était une vraie plaie. Il espérait qu’Olivia ne lui ressemblerait pas dans deux ans. Il tourna la tête derrière lui pour rechercher les parents qui profitaient toujours du jacuzzi. Des filles gloussèrent en le voyant être embarrassé avec un petit et Edmund retrouva son sourire charmant. Et puis, son regard se posa sur une fille qui le regardait aussi mais qui ne riait pas. Elle avait un maillot noir deux pièces et sirotait un cocktail sur sa chaise longue. Edmund la reconnut aussitôt.

Isabeau. Ou Anne. Ou peu importe. C’était elle.

Que faisait-elle ici ? Evidemment, les Fontanges était une famille de riches. Elle devait avoir l’habitude de se baigner ici. Il n’empêche qu’Edmund ne pouvait s’empêcher de penser à leur rencontre une semaine plus tôt au bal. C’était la première fois qu’il faisait sa rencontre sous cette forme et cela l’avait autant rendu nerveux qu’excité. Ce goût du danger, de l’interdit. Il déglutit en se souvenant de la phrase qu’elle lui avait dit : « Il me tarde des chaleurs anglaises ».

Elle l’avait vu. Il l’avait vu. Il ne lui restait qu’une option. Aller la voir.

Il contourna le bassin, les mains sur les hanches, puis les mains ballantes, ne sachant pas trop quoi en faire en vérité. Il lança un sourire aux filles qui gloussaient encore mais ne s’arrêta pas, allant droit vers Isabeau.

« Les chaleurs anglaises sont bien présentes ! » dit-il en guise de salutation.

La jeune femme s’assit sur sa chaise, un tube de crème solaire à la main.

« Salut. Je ne savais pas que tu bossais, aujourd'hui… » dit-elle.

Sa voix était un peu rapide, comme si elle avait été prise en flagrant délit. Edmund sourit naturellement. Il avait la vision d’Anne sur l’Allée des Embrumes en même temps que celle d’Isabeau au bal la semaine dernière. Ces deux personnes ne semblaient rien avoir en commun. De la même façon qu’Alessio et Edmund.

« Je bosse cet après-midi et demain. » répondit-il.
« Alors… C'est bien de travailler, ici ? »

Edmund croisa les bras devant lui, son regard distrait par les gestes que faisaient la jeune femme pour étaler la crème sur son corps. Un corps qu’il avait déjà parcouru de nombreuses fois avec ses mains … et sa langue.

« Oui. » dit-il d’une voix rauque, s’efforçant de chasser ce souvenir de sa tête pour se concentrer sur le présent. « Oui, et puis, ça paye bien. »

Il passa une main dans ses cheveux. Il ne voulait pas cacher à Isabeau son besoin d’argent. Bizarrement, il ne voulait pas être dans le faux. Si Alessio était un mensonge à lui-même, Edmund devait être le plus vrai possible. Il y tenait.

« Je suis … content que tu sois là. »

Ca aussi, c’était vrai. Il avait envie de la connaître. De savoir comment elle était en Isabeau Fontanges. Ce qu’elle aimait, ce qu’elle faisait.

« Il fait tellement chaud que cela donnait envie de se baigner. » répondit-elle.
« Naturellement … »

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A nouveau, son regard fut happé par les gestes de la jeune femme qui venaient étaler la crème sur ses jambes. Il se racla la gorge et détourna les yeux, faisant mine de surveiller le reste du bassin.

« Il y a beaucoup de jolies filles qui viennent ici ? »

Le regard d’Edmund retomba sur Isabeau. Aucun sourire sur son visage, pourtant, il voyait d’ici son air moqueur. Ses yeux étaient rieurs et elle le regardait par en-dessous, comme si elle essayait d’éveiller quelque chose en lui. Edmund sourit franchement.

« Elles se font assez rares … » dit-il en détaillant son corps comme pour lui faire passer un message.
« Tu veux bien me mettre de la crème solaire dans le dos ? »

Edmund regarda le tube qu’elle lui tendait et il hésita à le prendre.

« Tu … veux mon aide ? »
« Je suis venue toute seule, alors ce ne sera pas pratique… J'ai peur de rater des zones et d'avoir un coup de soleil… »

Il déglutit et prit le tube. Ok. Il pouvait le faire. Il l’avait déjà fait. Combien de personnes avait-il dragué de cette façon ? Et Isabeau semblait accepter ce jeu. Cela lui plaisait, d’une manière différente de ce qu’il avait déjà fait auparavant. Isabeau dégageait quelque chose différent. Un vent frais de France. L’insouciance du premier amour. Une lueur de défi comme celle qu’Anne avait sur l’Allée des Embrumes.

Il s’assit sur une chaise longue à côté, la laissa se tourner dos contre lui et humidifia ses lèvres lorsqu’elle retira ses cheveux pour l’aider. Il prit un peu de crème sur ses mains et les posa sur le dos de la jeune femme. Il avait l’impression de le connaître par cœur. Il n’avait pas pour habitude de coucher plusieurs fois avec la même personne. C’était une personne différente à chaque fois. Il ne voulait aucune attache. Depuis Joey, il n’avait eu aucune relation sérieuse, rien de durable. Mais avec Anne, il avait déjà repoussé cette règle. Et à présent qu’il massait sa peau, il sentait son bas-ventre le chatouiller. Aucune n’avait réussi à réveiller son désir ainsi.

« La piscine a l'air super agréable… »
« Elle l’est. Mon collègue a relevé la température une demi-heure plus tôt : 28°C. » nota-t-il en se concentrant sur sa tâche.
« Mais de nuit, elle doit être bien plus agréable. » ajouta Isabeau. « Parfaite pour un bain de minuit. »

Le regard d’Edmund croisa celui d’Isabeau qui avait tourné la tête dans sa direction. Ses gestes dans son dos s’étaient interrompus alors que la chaleur dans son bas-ventre se manifestait.

« C’est une invitation ? » souffla-t-il.
« Tu dois avoir les clés… Non ? »

Elle était joueuse. Le sourire en coin d’Edmund revint sur son visage alors qu’il reprenait son massage.

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« Ça peut se négocier … »

C’était Franck qui gardait les clés le soir car il attaquait tôt le matin. Mais Edmund pouvait négocier pour les avoir et les lui rendre avant l’ouverture le lendemain. Ce serait risqué, ils devraient se montrer discrets. Edmund pourrait perdre son travail … Mais pour ce regard effronté qu’il voyait sur le visage d’Isabeau, il serait prêt à tout risquer. Oh Merlin, cette femme allait le faire courir à sa perte !

« Et voilà ! » dit-il en retirant ses mains presque à contre-cœur de la peau chaude et douce de la jeune Française.
« Merci beaucoup pour le coup de main ! »

Il lui rendit le tube et la regarda finir d’en étaler sur les tatouages de sa main. Il avait déjà repéré ses tatouages, dès leur première rencontre en réalité. Il avait été fasciné par les différents symboles qui avaient été dessinés avec une précision incroyable. Anne n’avait rien dit de plus à ce sujet qu’un simple « Merci » lors de la remarque d’Alessio là-dessus. Mais en tant qu’Edmund …

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il.
« Des tatouages. Que j'ai dessinés moi-même. Et que j'ai tatoués moi-même. »

Edmund lâcha un sifflement admiratif.

« Tatoué toi-même ? C’est impressionnant ! »
« J'en fais des temporaires aussi, si ça t'intéresse. »

Edmund sourit de plus belle.

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« Carrément ! » avoua-t-il. « Mon frère a toujours grave flippé à propos des aiguilles. Mais je suis carrément chaud ! »

Il croisa son regard alors qu’elle sirotait son cocktail. Pourquoi le regardait-elle comme ça ? Arrivait-elle à sonder son âme ? Elle était très différente d’Anne. Elle avait un air mutin, insouciant. Savait-elle qu’il jouait à un double-jeu ? Attendait-elle qu’il se vende ? Ou bien était-elle vraiment innocente de tout ça ?

« Et alors, tu vas travailler tout l'été ou… Tu as réussi à caler d'autres choses ? »

Edmund fronça les sourcils.

« Encore une fois … est-ce une invitation ? »

Il sourit de plus belle.

« Je ne te cache pas que j’ai un été assez chargé en perspective … »

Après tout, il avait dit qu’il souhaitait être sincère avec Isabeau.

« … mais je peux sans doute me dégager du temps pour certaines personnes. »

Son regard brilla avec intensité en détaillant Isabeau.

« Ne serait-ce pas temps de se jeter à l’eau ? »

Il se releva et tendit la main vers la jeune femme. Il aimait ce genre de phrases à double-sens. Et comme Isabeau aimait le draguer depuis quelques minutes, il était certain qu’elle saisirait l’allusion. Lorsqu’elle prit sa main, Edmund la tira vers lui, sans doute un peu trop fort puisqu’ils tombèrent tous deux dans le bassin derrière.

Edmund éclata de rire en émergeant à la surface et regarda Isabeau faire de même. Elle ne semblait pas ravie au départ de cette chute, ce qui ravissait encore plus le jeune homme.

« EDMUND ! » cria sa collègue en haut de la chaise. « Vous devez vous mouiller avant de rentrer comme ça dans l’eau. »
« Ça va Stella, tout va bien ! » la rassura Edmund.

Stella roula des yeux avant d’être happée par autre chose.

« Tout va bien ? » demanda-t-il quand même vers Isabeau.

Il nagea vers elle et pencha la tête sur le côté. Mais soudain, la jeune femme lui balança de l’eau au visage.

« Oh tu n’aurais pas du faire ça ! » lança-t-il.

Il vint la saisir par la taille et ignora ses supplications amusées avant de la plonger dans l’eau. Il riait encore quand elle l’éclaboussa encore plus en émergeant à la surface.

Ils passèrent un bon moment dans l’eau. Edmund, en tant que maître-nageur, veillait toutefois aux autres vacanciers. Mais il passa un agréable moment avec Isabeau. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas joué comme un grand gamin. Ils remontèrent plus tard hors du bassin et Edmund alla voir Conrad Huong qui travaillait au bar pour offrir un nouveau cocktail à Isabeau.

« Cadeau de la maison. » dit-il avec un clin d’œil, ses cheveux blonds dégoulinant d’eau encore. « Je vais devoir y aller. Tu crois pouvoir survivre sans moi ? Je m’en voudrais que tu fasses un malaise sans que je sois présent pour pratiquer les gestes de premier secours. »

Il posa une main sur son cœur et rit davantage à la réaction d’Isabeau. Son ton redevint sérieux quand il demanda :

« Est-ce que je pourrais t’écrire ? » demanda-t-il, légèrement nerveux. « Après tout … je te dois un bain de minuit, non ? »

Mercredi 10 juillet 2002

Edmund faisait tourner le trousseau de clé entre ses doigts, nonchalamment appuyé contre le portail de l’entrée de secours. Un sourire se dessina sur ses lèvres en voyant Isabeau apparaître dans la pénombre. Sa baguette s’alluma comme pour vérifier l’identité de celui qui l’attendait.

« J’ai presque pensé que tu allais te dégonfler … » dit-il, amusé.

Puis il inséra la clé dans la serrure et un cliquetis se fit entendre. Edmund sortit alors sa baguette :

« Alohomora Franck Cremer ! »

Il lança un clin d’œil à la jeune femme derrière lui lorsqu’un nouveau verrou fut ouvert. Il leva un doigt.

« Il reste un dernier charme à déverrouiller. »

Il poussa le portail et aussitôt eut-il franchi la barrière invisible qu’un vent frais se souleva. Un tourbillon de poussière et de feuilles séchées émergea devant eux alors que se dessinait une silhouette humanoïde. Le visage squelettique, des yeux exorbités, la silhouette tendit son bras décharné avant de se diriger vers eux. Edmund leva aussitôt les bras, le cœur battant.

« C’est Edmund ! Edmund Prewett ! Je viens récupérer des affaires. »

Et aussitôt il sortit son badge devant la créature qui s’arrêta devant eux. Elle scruta à peine le badge qu’Edmund lui montrait, son regard rivé sur Edmund, ignorant Isabeau derrière. Et puis, soudain, la poussière retomba au sol et la créature disparut.

Edmund poussa un soupir et se tourna vers Isabeau.

« Le proprio est assez rigide sur la sécurité. » dit-il en allant refermer le portail derrière eux. « Mais à présent, on devrait être tranquille. Et il est 23h57 ! »

Il pointa un doigt sur la montre à son poignet, un grand sourire lui barrant le visage. Tous deux se dirigèrent vers le bassin où des veilleuses éclairaient le fond. La nuit était encore chaude et Edmund ne doutait pas que l’eau devait être à une température parfaite. Il regarda d’abord Isabeau se déshabiller avant de plonger dans le bassin. Elle exécuta une longueur parfaite dans le bassin avant de venir poser un coude sur le rebord.

« Bien sûr que si, j’arrive ! » balbutia-t-il.

Était-il vraiment resté comme ça sans bouger à la regarder ? Il essuya une éclaboussure de la jeune femme, destinée à le provoquer, avant de retirer son haut et son bas. Puis il plongea, faisant sciemment une bombe juste à côté d’Isabeau.

Il éclata de rire en remontant à la surface avant de secouer ses cheveux bouclés vers elle, tel un chien. Son regard croisa celui d’Isabeau et il avait soudain la sensation de revenir plusieurs mois en arrière, avant Olivia, avant toute cette merde des Blue Dragons, et tous les problèmes familiaux. Il avait la sensation de retomber follement amoureux d’être jeune et d’apprécier le moment présent. Mais avec un truc de plus : il aimait être avec Isabeau.

Isabeau. Ce nom qui lui était interdit de prononcer en tant qu’Alessio mais qui se plaisait à se délecter à cet instant.

Quelques jours plus tôt, elle était venue le trouver dans cette piscine, le draguant sciemment et l’invitant à un bain de minuit. Et Edmund avait tout fait pour ne pas louper cette occasion. Il savait que c’était un jeu dangereux auquel il se livrait. Mais peut-être … comme il n’était pas destiné à rester toute sa vie Alessio … peut-être que de cette façon il pourrait rester en contact avec Isabeau ? Car plus le temps passait, moins il voulait perdre de vue la jeune femme.

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Un sourire en coin se forma avant qu’il n’attrape la taille de la jeune femme pour la pousser dans l’eau. Mais Isabeau semblait avoir retenu sa technique de l’autre jour et, les pieds bien ancrés sur le sol, elle renversa Edmund qui plongea. Surpris, il ne se laissa pas déstabiliser et attrapa les chevilles d’Isabeau sous l’eau, la renversant à son tour.

Tous les deux sous l’eau, Edmund passa au-dessus d’Isabeau qui vint s’agripper à son dos. Edmund la regarda faire un instant avant de les remonter à la surface. Il prit une grande goulée d’air avant de constater que la jeune femme s’agrippait toujours à lui. Ses mains avaient naturellement leur place sur les hanches d’Isabeau. Il savait qu’elle le draguait. Et il savait qu’il adorait ça. Pourquoi résister ?

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Il pencha sa tête vers elle, appelant silencieusement du regard un accord ou un refus. Les jambes de la jeune femme vinrent alors s’enrouler autour de sa taille et Edmund déglutit. Elle savait ce qu’elle voulait et ça lui plaisait encore plus. Il vint alors caler le dos de la jeune femme contre le mur du bassin et ses lèvres plongèrent sur les siennes tandis que ses mains venaient prendre en coupe son visage. Jamais il n’avait embrassé Anne comme cela. C’était toujours bestial, pressé, soudain.

Mais à cet instant, avec Isabeau, c’était doux et passionné en même temps. Tendre et innocent.

Ce n’était pas non plus les mêmes sensations. La mâchoire d’Alessio était plus carrée, plus dessinée que celle d’Edmund. Et il n’y avait pas à dire : c’était quand même mieux d’embrasser avec sa propre bouche.

Il recula doucement, observant le visage d’Isabeau.

« Je me demandais … »

Ses dents mordillèrent sa lèvre inférieure.

« Si tu devais dessiner quelque chose qui représenterait cette soirée, un tatouage par exemple, qu’est-ce que ce serait ? »

Ses yeux bleus plongèrent dans les siens, bruns et chauds. Il la laissa répondre avant de souffler.

« Je n’avais jamais remarqué à quel point la couleur de tes yeux était si intense. »

Il se mordit l’intérieur de la joue instantanément. S’était-il vendu ? Isabeau et Edmund ne s’étaient vus que deux fois avant ça. Normal qu’il n’ait pu le remarquer. La sens avait plus de sens quand on pensait aux nombreuses parties de sexe d’Anne et Alessio. Edmund déglutit avant de foncer pour embrasser une nouvelle fois ses lèvres, espérant interrompre le cours de ses réflexions. Cette soirée était parfaite, et elle devait le rester.

Samedi 13 juillet 2002

« C’est censé durer combien de temps ? » murmura Alessio.

Anne lui jeta un regard équivoque et Alessio se renfrogna dans son siège. Voilà déjà deux heures qu’ils étaient dans ce théâtre et il commençait sérieusement à perdre patience. Ne vous trompez pas : Edmund adorait les pièces de théâtre et celle du comte de Monte-Cristo était un petit bijou. Mais son impatience d’en découvrir plus sur Nigreos l’empêchait de profiter du spectacle. Il avait bien essayé de repérer les acteurs, voir si un visage lui parlait mais aucun ne lui était familier.

Alessio poussa un soupir et plongea la main dans sa veste pour en sortir une nouvelle fiole de Polynectar. Plus qu’une fiole pour la soirée. Il en avait apporté tout un sac qu’il avait planqué dans la chambre qu’il partageait avec Anne. Même si elle ne lui avait jamais posé de questions là-dessus, Alessio avait prétexté une maladie à longue durée qui le forçait à prendre un traitement toutes les heures. Mais son sourcil haussé démontrait bien qu’elle n’était pas dupe. Et même là, alors qu’elle lui jetait un coup d’œil intrigué, il se dépêcha de ranger la fiole vide dans la poche de son manteau avec un long soupir.

Anne et lui étaient arrivés quelques heures auparavant en transplanant. Ils avaient du faire une halte à Calais, dans le nord de la France, avant de pouvoir transplaner à nouveau à Lyon. Ils avaient pris une chambre d’hôtel pour se reposer pour cette nuit et devaient repartir le lendemain, à part s’ils trouvaient des indices. Au maximum, Alessio avait indiqué qu’il pouvait rester jusqu’au lundi après-midi. Mais surtout, il espérait pouvoir se retransformer en Edmund entre temps.

Il jeta un coup d’œil au visage d’Anne qui s’illuminait devant le jeu d’acteur sur scène. Quelques jours plus tôt, il avait goûté à ses baisers dans une piscine privée. Et même si c’était un jeu interdit, il avait envie de poursuivre cette aventure. Il savait que demain, elle voudrait aller voir le feu d’artifice. Alessio prétexterait une course à faire seul. Et Edmund apparaîtrait. Ce serait dangereux, risqué. Elle pourrait griller sa couverture. Elle pourrait tout découvrir. Mais s’il se montrait prudent, il pourrait aussi passer la meilleure soirée de sa vie. Car de toute évidence, il se rendait bien compte qu’il s’attachait de plus en plus à la jeune femme.

Déjà en tant qu’Alessio, leurs multiples aventures l’avaient fait prendre soin d’Anne. Il avait admiré sa patience et son courage. Plus tard, quand ils avaient commencé à coucher ensemble, il avait adoré chaque partie de son corps et la sensation qu’il ressentait après avoir frôlé la mort avec elle. Mais depuis qu’il était Edmund et elle, Isabeau, quelque chose de plus doux, de plus profond aussi s’était installé.

Anne saisit le regard pesant d’Alessio sur elle et il détourna vivement le regard vers la scène.

Encore une heure et demie plus tard, la salle se vidait enfin. Alessio se leva et tendit une main gentleman à Anne pour l’aider à se relever.

« Les coulisses ? » dit-il.

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Après un coup d’œil entendu, ils se dirigèrent vers les couloirs de l’arrière-salle où un gars de la sécurité attendait.

« Bonsoir ! » salua Alessio avant de laisser Isabeau parler.

Elle avait, comme elle l’avait dit, plus d’aisance pour parler en français. Et en demandant des autographes, il y avait moyen d’entrer. Mais le gars refusa, prétextant qu’ils devaient attendre à l’extérieur comme tous les autres. Alessio se mordit la lèvre et donna un coup de coude à Anne pour qu’elle insiste.

Par chance, un jeune homme sortit de derrière. Petit, gringalet, des lunettes carrées sur le nez, il regarda Alessio et Anne sans comprendre.

« Hey mec ! » s’écria soudain Alessio dans un français approximatif. « Comment tu vas ? Dis, tu nous fais entrer ? »

Il désigna le couloir derrière lui et le vigile étudia un instant le sorcier à lunettes puis Alessio. L’homme redressa ses lunettes sur son nez et observa un instant Alessio puis Anne, comme essayant de savoir où il les avait déjà croisés. Alessio passa alors un bras autour de ses épaules et, à l’abri du regard du vigile, tendit une bourse de Gallions.

« Fais nous entrer. »

Puis il relâcha le sorcier et le regarda avec un grand sourire. Par chance – comme je vous l’avais dit – le sorcier leur fit un signe de le suivre et le vigile les laissa passer. La porte se referma derrière eux et Alessio lança un clin d’œil arrogant à Anne. Il donna alors la bourse de Gallions au sorcier.

« Je ne veux pas d’ennuis. » dit-il.

Anne lui répondit. Alessio n’avait plus d’efforts à fournir en français pour le moment. Le sorcier à lunettes s’éloigna tandis que les deux autres marchaient dans le couloir, à la recherche d’un nom qui leur parlerait sur la porte.

« On peut quasiment tout acheter avec de l’argent. » dit-il en se tournant vers Anne. « Peut-être que si tu lui avais montré un peu plus ton décolleté, je n’aurai pas eu besoin de débourser une dizaine de Gallions. »

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Il lança un regard hautain vers Anne avant qu’un sourire moqueur ne se dessine sur ses lèvres.

« Qu’est-ce que vous faites ici ? »

Alessio se retourna vers la voix de femme qui les avait interpellés derrière eux. Elle avait des cheveux bruns ondulés et un nez pointu. Sa peau bronzée lui donnait un air de latina.

« Excusez-nous de vous déranger ! » lança Alessio dans un français à nouveau approximatif.

Mais Anne le coupa, bien désireuse de montrer à Alessio qu’elle était plus douée que lui pour la diplomatie. Alessio l’observa avec un sourire entendu et croisa les bras pour la laisser parler.

« Nigreos ? Ce nom ne me dit rien. »

Il était plus facile de comprendre le français que de le parler, même si la femme avait un accent prononcé napolitain. La femme d’une quarantaine d’années croisa les bras sur sa poitrine et les lorgna d’un air intrigué. Les regards d’Anne et Alessio se croisèrent comme s’ils n’avaient plus besoin de se parler pour se comprendre. Cette femme savait quelque chose mais ne leur faisait pas assez confiance.

« S’il vous plait. » reprit Alessio en anglais cette fois-ci. « C’est important qu’on sache s’il est venu ici. Il … a fait du mal à mes proches. Et j’ai besoin de retrouver sa trace. »

La femme – actrice de Mercédès – fronça les sourcils, n’ayant pas compris. Alessio fit un signe à Anne pour qu’elle veuille bien traduire ses paroles. L’actrice les observa à nouveau avant de leur faire signe d’entrer dans sa loge à côté d’elle.

Alessio déglutit et, avant de la suivre, se pencha à l’oreille d’Anne.

« Essaie de la toucher pour faire ton truc de voyance. » souffla-t-il.

Puis ils entrèrent tous les deux dans la loge, basiquement décorée de photos souvenirs, de guirlandes dorées et de maquillage étalé sur la coiffeuse.

« Il y a quelques semaines, la fille qui jouait Haydée nous a lâché. » déclara-t-elle, les bras croisées. « Elle était pourtant une star dans notre troupe. Tout le monde la trouvait belle, et charmante, et sociable. »

La femme avait l’air passablement ennuyé en disant tout cela, comme si elle jalousait cette popularité.

« Mais un soir, elle est venue me trouver pour me demander de prendre sa doublure afin d’incarner Haydée. J’ai demandé pourquoi elle nous lâchait ainsi alors qu’elle avait tout. »

Son accent napolitain se faisait plus ressentir comme si elle était fatiguée de faire semblant de le dissimuler.

« Il faut savoir que Melania et moi n’étions pas amies. Mais ce soir-là, elle m’a confié qu’un homme lui voulait du mal et qu’elle devait à tout prix partir. »

La femme marqua une pause et baissa la tête sur ses bras croisés.

« Je sais ce que c’est, quand les hommes pensent avoir tout pouvoir sur les femmes. Ils croient pouvoir les posséder, les contrôler, en faire ce qu’ils veulent. Mais nous sommes beaucoup plus fortes que ce qu’ils croient. »

Son regard se riva sur Alessio comme s’il était soudain le responsable de ses malheurs.

« Melania est partie ce soir-là mais elle m’a demandé un service avant cela. Je devais envoyer cet homme sur une fausse piste. Je lui ai demandé comment j’allais reconnaître cet homme. Elle m’a mentionné ses yeux rouges, un sourire faussement enjôleur et des cheveux aussi noirs que la nuit. Et son nom lui allait parfaitement : Nigreos. »

Alessio déglutit alors que l’actrice faisait un pas dans sa direction.

« È necessario distruggere questo uomo.* »
*Il faut à tout prix détruire cet homme en italien

Alessio fronça les sourcils, peu certain d’avoir saisi le mot du milieu. La femme parut remarquer son hésitation et à son tour, fut intriguée. Elle se tourna alors vers Anne et pendant un instant, Alessio eut peur qu’elle ne révèle qu’il n’était pas un véritable italien.

« Je peux vous dire où j’ai envoyé cet homme. Mais je vous jetterai aussitôt un sortilège d’Oubliette afin que vous oubliez mon visage. »

Son regard était dur et sévère.

« Je ne veux plus jamais avoir à faire à un homme comme lui. Plus jamais de ma vie. »

Alessio croisa le regard d’Anne, estimant que la requête était plutôt raisonnable. Il hocha la tête et la femme attendit que sa compagne en fasse de même.

« Il est parti en Sicile. De là, j’ai engagé un homme qui lui indiquera que Melania s’est enfuie au Japon. »
« Merci. » répondit Alessio en français.

La femme le regarda un instant avant de sortir sa baguette et d’inviter Anne à passer la première. Elle effaça ses souvenirs de son visage et l’invita à sortir en première. Alessio fronça les sourcils mais regarda Anne quitter la pièce, un peu hagarde après ce sortilège.

« Tu n’es pas celui que tu prétends être. » dit-elle de but en blanc. « J’espère qu’elle est au courant. »

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Elle désigna la porte où Anne se trouvait de l’autre côté. Alessio ne répondit pas mais son regard se fit aussitôt fuyant.

« La fille. Elle s’appelait Melania, c’est ça ? »

La femme le regarda, l’étudiant comme si elle parvenait à sonder son âme.

« Elle ne m’a jamais révélé son nom de famille. Elle en utilisait un de couverture. »
« A quoi ressemble-t-elle ? »

La femme eut un mouvement de recul.

« Qui cherches-tu réellement ? »
« Je … J’étais sincère quand j’ai dit que cet homme avait fait du mal à mes proches. »

L’actrice était toujours circonspecte.

« Il … a tué la mère de mon enfant. Et veut encore faire du mal à ma fille. Je dois l’en empêcher. »

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C’était la première fois qu’il disait ça à voix haute. La première fois qu’il justifiait ses actes de cette façon. Même avec Anne, il n’avait jamais dit tout ça. Comme lisant dans ses pensées, la femme répondit :

« Tu devrais lui dire tout cela. Elle comprendrait. »

Elle marqua une pause à laquelle Alessio se dit qu’il devrait en effet envisager un jour cette possibilité. Surtout si Isabeau commençait à prendre de l’importance dans sa vie d’Edmund.

« Melania peut prendre différents visages. Elle est intelligente. Mais tu la reconnaîtras à ceci. »

Elle décrocha une photo de son mur sur laquelle une troupe était rassemblée. La femme y était au centre et juste à ses côtés, elle désignait un autre visage. C’était une femme plus jeune, 18 ans peut-être tout au plus. Ses yeux noisette pétillaient de malice et la forme de son nez et de sa bouche lui rappelaient une personne, sans qu’il puisse y mettre le doigt dessus.

« Tu vois ce collier ? »

Les yeux d’Alessio descendirent sur le cou de la jeune femme sur lequel reposait une chaîne en argent avec un pendentif. Ce dernier était orné de rubis avec un médaillon au milieu. Une initiale était présente dessus, à moitié effacée par le temps. Mais Alessio avait compris laquelle était-ce.

« Melania ne s’en sépare jamais. »

Elle lui tendit la photo qu’Alessio plaça aussitôt dans sa poche.

« Bon courage dans ta quête. Mais n’oublie pas de privilégier la vérité aux mensonges. Les mensonges te détruiront, toi et tous tes proches. »

Ses yeux se plissèrent, comme un avertissement, avant qu’Alessio ne hoche la tête. Quelques secondes après, il ressortait de la loge, un peu étourdi sous l’influence du sortilège. Anne était là et posa une main sur son épaule pour l’aider à se stabiliser.

« Elle m’a donné d’autres informations. » répondit-il à l’inquiétude d’Anne sur le temps qu’il avait pris. « Allons ailleurs. »

Tous les deux transplanèrent dans la rue qui passait devant le théâtre et trouvèrent alors un bar. Il était 23h45 mais de nombreux français se promenaient encore. Alessio se laissa tomber sur la chaise et laissa Anne commander pour eux. Puis il se pencha par-dessus la table et ressortit la photo que la femme lui avait donné en lui révélant les dernières informations.

« Melania doit avoir un lien avec Nigreos. Avec les Black, plus largement. Mais lequel ? »

Il se gratta le menton, intrigué alors qu’un serveur leur apporter leurs consommations. Un service rapide !

« Mon informatrice m’a donné le nom des derniers descendants des Black et aucun ne porte le nom de Melania. »

Il sortit de sa poche un parchemin où Clary avait dessiné l’arbre généalogique des Black. Rien n’indiquait la présence d’une fameuse Melania. Et qui était Nigreos là-dedans ? Était-il au moins un Black ou n’était-il lié à cette famille que par une alliance quelconque ? Tout ceci donnait mal au crâne à Alessio qui se sentait revenir au point de départ.

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@ Victoire

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Edmund Prewett

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