One more true Bloody Mary ! Avec Clarissa McGregor Samedi 13 octobre 2001
Monsieur Fowl, je me permets de vous contacter afin de solliciter un emploi dans votre bar, le Blooddale. Je suis une personne sérieuse, autonome et responsable. De plus, étant une sorcière demi-vampire, j'ai eu l'occasion de fréquenter votre établissement et d'apprécier énormément l'ambiance qui y règne. Je me tiens à votre disposition pour tout rendez-vous potentiel et vous prie d'agréer mes sincères salutations. Clarissa McGregor
Voilà la lettre que j'avais reçue plus tôt en journée. Le prénom et le nom me disant quelque chose, ma sœur Mióróis m'avait confirmé qu'il s'agissait de sa meilleure amie de Poudlard, qu'elle avait gardé contact par lettres depuis qu'elle était partie en Amérique. Elle m'avait envoyé quelques photos pour que je puisse la resituer. Et elle m'avait vanté tous ses mérites. A croire que ma sœur voulait plus que Clarissa ait le job que la jeune fille elle-même. Je lui avais alors envoyé une lettre.
Mademoiselle McGregor, votre lettre m'a positivement interpellé. Je suis toujours à la recherche de nouveau personnel. Je vous invite donc à venir me rencontrer le samedi 13 octobre 2001, à 17 heures 30, pour que nous puissions parler de ce travail. Cordialement, Darach Fowl
Le message était pourtant clair, non ? Rendez-vous à 17 heures 30. Et pourtant, j'étais là, dehors dans la rue, à fumer ma cigarette de 18 heures sans aucune rousse à l'horizon. J'allais presque croire qu'elle se fichait de moi, jusqu'à ce que je l'aperçoive enfin. Elle avait beau se présenter à moi, je l'avais déjà reconnu. « Je suis Darach. Vous êtes en retard. » Je finis par tirer une dernière bouffée de ma cigarette, avant de l'écraser dans le cendrier à la fenêtre, que je laissais là pour moi et pour les clients. « Suivez-moi. » Je lui fis un signe de tête, et on rentra dans le bar.
« Votre lettre disait que vous veniez souvent ici. Vous devez bien connaître la carte, je suppose ? » Ou au moins la particularité du bar : toute boisson avait sa version sanglante, y compris les boissons chaudes. Il commençait à y avoir un peu de monde, vu l'heure, et il allait falloir que je prête main forte à mon barman. Mais c'était parfait, ça me permettrait de voir si elle était capable de rester debout et de crapahuter en me suivant. Et peut-être même de la mettre à l'épreuve. « J'ai déjà deux employés. Chen Sanguandikul, qui n'est pas encore là ; et Elijah Nuñez, qui est au bar. Mais le bar prend de plus en plus d'ampleur, et je ne serais pas contre un peu plus d'aide. » Je me dirigeais vers mon barman. Elijah avait signé pour rester derrière le bar, et servir les pilliers du comptoir. De temps en temps, il faisait le service, mais c'était assez rare. Il me tendit un plateau, en m'indiquant que c'était pour la table 8. « Je vous conseille d'enlever votre manteau et de poser votre sac derrière le bar. Quand Elijah est seul, je l'aide à faire le service, alors, vous allez devoir me suivre. » J'attendis que Clarissa posa ses affaires, avant de me faire signe qu'elle était prête. On alla à la table, où je donnais les boissons.
« J'ai fondé ce bar parce que je m'ennuyais durant la rédaction de ma thèse. J'ai toujours besoin de m'occuper. » J'expliquais, en me dirigeant vers une autre table. Je pris la commande, avant de slalomer vers le bar, toujours Clarissa sur mes talons. Elle semblait assez étonnée de la tournure des choses, mais je n'avais jamais fait d'entretien classique. Elijah avait plus ou moins subi la même chose, sauf que lui ne m'avait pas vu faire avant d'être à l'essai. « j'ai terminé de l'écrire. J'étais étudiant en Sciences Politiques Sorcières. J'ai soutenu ma thèse en juin de cette année. Il arrivera donc que je sois en train de rédiger dans mon bureau ou derrière le bar des lettres pour aider les étudiants de ce cursus pendant votre service. Mais il ne faut pas hésiter à m'appeler, quand vous avez besoin d'aide. » Je donnais les noms des boissons nécessaires à Elijah, et pendant qu'il les préparait, je me tournais vers la jeune femme. « Vous m'avez dit que vous étiez sérieuse, autonome, et responsable. Mais est-ce que vous vous sentez prête à servir dans un bar ? Il peut y avoir des clients relous, et il faut être sûr de savoir tenir le rythme. » Bien sûr, je serai là si elle faisait face à des clients chiants. Les soirs où nous faisions la plus grosse recette, comme le jeudi ou el samedi, j'étais toujours là, pour prêter main-forte. Quand Elijah posa le plateau, je le tendis à la jeune femme. « Tenez, allez le porter à la table que nous sommes allés voir. Je vous regarde. » Face à son air hésitant, je lui fis un signe encourageant. Le temps qu'elle le prenne, je demandais à Elijah un true Bloody Mary, avant de regarder la rousse faire.
Elle avait effacé toute trace d'hésitation sur son visage, et avançait d'un pas sûr vers la table. Véritable confiance ou désir de m'impressionner ? Dans les deux cas, j'avais du mal à croire que c'était réellement sa première fois qu'elle faisait ça. Elle donna d'une main experte les boissons, avant de se tourner vers moi. A distance, je lui fis signe de prendre la commande à la table d'à côté. Elle avait servi, elle devait faire la suite, maintenant. J'attrapais le verre qu'Elijah m'avait préparé, et je lui jetais une pièce pour qu'il mette dans la caisse. Oui, paradoxalement, je payais mes propres boissons, pour que les recettes ne soient pas faussées. Quand Clarissa revint, je lui fis signe de donner la commande à Elijah. « Vous vous débrouillez déjà comme un chef. » J'admis volontairement. Elle avait l'air motivée, je ne voulais pas la casser plus que ça alors qu'elle avait l'air efficace ! « Elijah a été engagé comme barman, il réalise assez peu de service. Si je vous engage, vous, vous serez en salle. Quand vous serez seule, il faudra aussi préparer les boissons, mais en général, ce sera sur des horaires moins fréquentés, comme en journée. » Le temps que j'explique ça, Elijah avait de nouveau préparer le plateau, alors, je fis signe à la rousse d'aller faire le service.
Une fois cela fait, je m'installais à une table pour deux, un peu à l'écart, pour que nous puissions parler sereinement. Je lui fis signe de s'installer en face de moi, alors que je tenais encore mon verre à moitié plein. « Vous avez l'air débrouillarde. Voyons. Je vais vous poser des questions, et j'ai besoin que vous soyez entièrement honnête, ok ? » Ce n'était même pas des questions pièges, en plus. « D'abord. Je sais qe vus êtes étudiante. Vous êtes prête à travailler combien d'heures par semaine, et de combien par mois auriez-vous besoin ? » Le bar me rapportait assez pour que je la paye le salaire moyen par heure. Je ne voulais pas être un patron radin, bien au contraire. Et j'avais besoin de son nombre d'heure pour organiser les plannings, et savoir si je devais encore employer du monde ou quoi. Voilà pourquoi j'avais besoin de son honnêteté. Si elle ne voulait travailler que le samedi, fort bien ; j'avais juste besoin de pouvoir embaucher quelqu'un d'autre en semaine. Je pris en note ses réponses. « Ensuite, est-ce que vous aimez manger ? Goûter de nouveaux plats ? Je vous rassure, cette réponse ne changera rien à votre embauche. » Après tout, j'avais déjà Elijah comme goûteur. Mais hé, plus j'en avais, mieux ce serait. Après tout, ma famille n'était toujours rentrée d'Amérique, alors il me fallait d'autres personnes. « Je vous ai dis que j'avais besoin de m'occuper, et, voyez-vous, j'adore cuisiner. On ne sert pas de nourriture ici, mais le bar a quand même une cuisine. Quand je m'ennuie, je cuisine. Je créé des plats, des recettes. Et j'ai besoin de gens pour goûter mes créations. Parce que je me trouve toujours génial, mais il me faut quelqu'un d'honnête pour me dire de quoi ça manque. Vous voyez le genre ? » Et puis, si elle aimait ma cuisiner, je serai ravi de la nourrir les soirs où elle travaille de longues heures. Elle aurait même les dînez gratuits, en plus… ! Mais comme je lui avais dis, si elle répondait non, cela ne changeait rien à son embauche. D'ailleurs, en parlant de ça… « Vous êtes prête à commencer ce soir, Miss McGregor ? Profitons que je sois là pour que je vous montre ce que vous aurez à faire, et que vous vous habituez aux lieux. » Je me levais, pour lui tendre la main, avec un petit sourire. « Félicitations, il s'avère que vous avez un nouveau travail. » Il fallait que je l'écrive à Mióróis, tient. Elle serait ravie de savoir que son amie avait passé cete terrible épreuve. « Appelez-moi Darach, et vous pouvez me tutoyer, hein. Pas de chichi ici. » Il y en avait suffisamment au palais, je n'avais pas envie d'en rajouter…! :copyright:️ Justayne
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Love is just a history that they may prove And when you're gone I'll tell them my religion's you
Nous sommes le samedi 13 octobre 2001. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Magie sans baguette et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. Mais à présent pour sa 2ème année, elle souhaite prendre un job étudiant pour l'aider à financer ses études et son appartement.
One more true Bloody Mary !
« Mademoiselle McGregor, votre lettre m'a positivement interpellé. Je suis toujours à la recherche de nouveau personnel. Je vous invite donc à venir me rencontrer le samedi 13 octobre 2001, à 17 heures 30, pour que nous puissions parler de ce travail. Cordialement, Darach Fowl. »
Par le slip de Merlin, j’étais en retard ! Je n’avais pas vu l’heure passée, toute occupée à trier les photos que le professeur Spencer avait mis de côté pour moi. La généalogie me passionnait et j’avais enfin osé lui demander son aide pour retracer l’arbre généalogique de ma famille. Le côté Prewett était assez facile étant donné que beaucoup de membres étaient encore en vie et tous disposés à me conter leurs souvenirs d’autrefois. Le côté McGregor était celui qui m’intéressait davantage mais aussi le plus compliqué. Le professeur Spencer étant un ami de longue date de mon père, je savais que je pouvais compter sur lui pour m’aider. Il avait ainsi trouvé pour moi une boîte remplie de vieux souvenirs et surtout de vieilles photos. Je peinais encore à associer un nom à ces visages et c’est ainsi que j’avais loupé l’heure.
« Je file ! » annonçais-je à Jordan, ma colocataire.
La jeune femme m’adressa un signe de main, toute concentrée à ses devoirs, alors que j’enfilais un blouson pour sortir. Darach allait me tuer. Non, Mióróis allait me tuer. C’était elle qui m’avait vivement recommandée pour ce poste. Elle et Chen, même si je pense que je devais plus ma chance à Mióróis. Après tout, elle était la petite sœur de mon futur patron … s’il y avait toujours une chance qu’il soit mon futur patron …
A peine sortie de l’appartement, je transplanais à quelques mètres du Blooddale. Il était 18h passé et pourtant, je reconnus sans mal Darach, devant la porte, fumant une cigarette. Ses cheveux bruns et ses yeux cernés n’étaient pas sans rappeler les caractéristiques de ma meilleure amie. Pourtant l’expression sur son visage était loin d’être cordiale. Assez normale, non ?
« Bonsoir … je … m’appelle Clarissa McGregor. Vous … m’attendiez, je crois ... » dis-je en me plantant devant lui, peinant à reprendre mon souffle.
Oh, par Rowena Serdaigle, pour une demi-vampire, ça faisait idiot d’être là à reprendre son souffle.
« Je suis Darach. Vous êtes en retard. » « Je … »
Oui ? Il avait raison, après tout.
« Suivez-moi. » dit-il en écrasant sa cigarette dans un cendrier posé sur la fenêtre.
Bon, au moins, il me laissait encore une chance. Je hochais la tête et entrais avec lui à l’intérieur du bar. J’étais déjà venue ici à plusieurs reprises. C’était un lieu qui m’attirait, notamment pour ses boissons spéciales créatures. Il n’y avait qu’ici aux alentours de l’UMS qu’on trouvait un bar qui servait ce genre de spécialités.
« Votre lettre disait que vous veniez souvent ici. Vous devez bien connaître la carte, je suppose ? » « Les spécialités vampire sont en effet mon rayon. » confirmais-je.
Il fallait que je reprenne confiance en moi, que je calme mon rythme cardiaque et que je retrouve mon assurance habituelle. J’étais douée dans ce domaine et c’était l’heure de briller pour faire oublier mon retard.
« Je sais préparer un Bloody Mary ainsi que le fameux cocktail au O négatif. Pour les autres, je saurai apprendre vite. » « J'ai déjà deux employés. Chen Sanguandikul, qui n'est pas encore là ; et Elijah Nuñez, qui est au bar. Mais le bar prend de plus en plus d'ampleur, et je ne serais pas contre un peu plus d'aide. »
Je hochais la tête en regardant ledit Elijah. Je l’avais déjà vu ici mais je n’avais jamais scellé une plus grande discussion avec lui que comme je l’avais fait avec Chen. Restant concentré, Elijah entassait des verres sur un plateau qu’il remit à Darach, notant qu’ils étaient pour la table 8.
« Je vous conseille d'enlever votre manteau et de poser votre sac derrière le bar. Quand Elijah est seul, je l'aide à faire le service, alors, vous allez devoir me suivre. »
A nouveau, je hochais la tête et obtempérais rapidement pour ne pas le gêner davantage. Je posais mon blouson et mon sac entre deux caisses en bois avant d’y jeter un sort de Désillusion.
« Ça fait longtemps que vous dirigez ce bar ? » demandais-je en le suivant jusqu’à la table indiquée. « J'ai fondé ce bar parce que je m'ennuyais durant la rédaction de ma thèse. J'ai toujours besoin de m'occuper. » « C’est noté. » répondis-je en le suivant à la table suivante.
Je pensais me douter déjà du genre de caractère qu’il avait. Il n’y avait qu’à voir comment l’entretien se déroulait. Je devais avouer que je n’aurai pas pensé commencer d’un pas aussi rapide mais dans un autre sens, cela me plaisait. Je n’avais pas à réfléchir, juste à être dans le feu de l’action.
« Et vous êtes toujours sur la rédaction de votre thèse ? » « J'ai terminé de l'écrire. J'étais étudiant en Sciences Politiques Sorcières. J'ai soutenu ma thèse en juin de cette année. »
Je hochais à nouveau brièvement la tête en écoutant les commandes des clients que Darach s’empressa d’aller rapporter au bar.
« Il arrivera donc que je sois en train de rédiger dans mon bureau ou derrière le bar des lettres pour aider les étudiants de ce cursus pendant votre service. Mais il ne faut pas hésiter à m'appeler, quand vous avez besoin d'aide. » « Je n’hésiterai pas, d’accord. » répétais-je, pour mieux lui montrer que j’enregistrais chacune de ses paroles soigneusement.
Elijah commença à préparer les boissons que Darach venait de lui citer et j’appuyais alors mon coude sur le comptoir.
« Vous m'avez dit que vous étiez sérieuse, autonome, et responsable. » reprit Darach. « Je le suis. » « Mais est-ce que vous vous sentez prête à servir dans un bar ? Il peut y avoir des clients relous, et il faut être sûr de savoir tenir le rythme. » « Les clients relous ne me font pas peur. J’ai trois frères à la maison, j’ai donc un solide entraînement pour gérer ce genre de situations. »
J’ignorais si Darach me croyait ou non, mais une chose était sûre : il voulait du concret. Il me tendit alors le plateau rempli des verres et m’encouragea à faire le service :
« Tenez, allez le porter à la table que nous sommes allés voir. Je vous regarde. »
Je haussais un sourcil, un peu surprise, avant de prendre une inspiration. Ok, c’était plutôt simple. Je pris le plateau avec moi et me dirigeais vers la table que nous avions quitté à l’instant.
« Voici vos boissons. Le chocolat chaud pour monsieur, les deux jus de citrouille pour vous et enfin une Glasgow Ambrée pour madame. »
J’adressais un sourire poli avant de me retourner vers Darach. Est-ce que ce service lui convenait ? Mais alors il pointa du doigt une table dans le fond qui réclamait une commande. Ok, allez Clary, tu pouvais le faire. Je repoussais mes cheveux roux en arrière et me dirigeais vers un groupe que je connaissais bien …
« David … que voulez-vous boire ? »
Mon frère avait posé ses deux bras en arrière sur la banquette, une fille de chaque côté, tandis que trois autres garçons gloussaient en me voyant. Je les ignorais.
« Tu travailles là, toi, maintenant ? » « Je suis en période d’essai. » répondis-je.
David n’insista pas. De toute manière, il avait bien mieux à faire. Je pris leurs commandes, à savoir trois Bièraubeurre nature, une avec un sirop de sang et deux Hydromels aux épices. Je hochais la tête avant de revenir vers Elijah au bar. Il ne m’avait toujours pas adressé un mot mais ne paraissait pas hostile à mon égard. J’allais devoir m’habituer à travailler avec un collègue peu bavard. Mais ce n’était pas le plus difficile que j’avais eu à faire.
« Il me faut deux Hydromels aux épices, trois Bièraubeurre nature et une quatrième avec une pointe de sirop de sang. Je crois que c’est la table 11 dans votre notation. »
Je jetais un coup d’œil vers Darach. J’apprenais vite mais je savais que je ne pouvais pas deviner certaines choses. Pourtant, cela avait paru convaincre le patron.
« Vous vous débrouillez déjà comme un chef. »
Je souris.
« Merci. » « Elijah a été engagé comme barman, il réalise assez peu de service. Si je vous engage, vous, vous serez en salle. Quand vous serez seule, il faudra aussi préparer les boissons, mais en général, ce sera sur des horaires moins fréquentés, comme en journée. » « Très bien, je m’adapterai. »
Je jetais un coup d’œil à Elijah. J’espérais qu’il serait toutefois un peu plus disposé à ouvrir la bouche pour m’expliquer comment préparer certaines boissons. Il déposa d’un coup de baguette les boissons que je lui avais dictées et après validation avec Darach, j’allais les remettre aux clients. David et ses amis étaient en pleine discussion sur le dernier match des Canons de Chudley, les filles s’emportant alors qu’elles n’étaient clairement pas pour la même équipe que les garçons de leur table. Je souris, essayant de glisser subtilement les verres à chacun des propriétaires sans les renverser.
Puis, je cherchais à nouveau le regard de Darach. Ce dernier n’était plus au bar mais s’était assis à une table un peu plus loin, un verre à côté de lui. Ses doigts me firent signe d’approcher. Je rejetais mes cheveux en arrière et posais le plateau sur la table entre nous avant de m’asseoir sur la banquette.
« Vous avez l'air débrouillarde. » observa Darach. « Voyons. Je vais vous poser des questions, et j'ai besoin que vous soyez entièrement honnête, ok ? » « Bien sûr. » répondis-je en croisant les mains devant moi sur la table. « Allez-y. » « D'abord. Je sais que vous êtes étudiante. Vous êtes prête à travailler combien d'heures par semaine, et de combien par mois auriez-vous besoin ? »
Pragmatique. Assez logique de la part d’un patron. J’agitais ma baguette et lançais un Accio en direction de mon sac resté derrière le comptoir. J’annulais le sort de Désillusion et un bout de parchemin vint se poser dans ma main.
« J’avais noté quelques idées d’horaires où je pouvais être disponible. »
Je tendis le bout de parchemin à Darach. J’avais noté le mardi et le jeudi soir de 18h15 à 22h15, puis un samedi sur deux de 11h00 à 15h00 puis de 19h00 à 23h00. Je savais que j’avais moyen de me libérer sur ces créneaux-là et de compiler mon emploi du temps actuel avec mes devoirs et mes autres responsabilités. De plus, j’avais besoin d’argent.
« Je me suis renseignée sur le salaire moyen et il me semble que par mois ça ferait 97 Gallions 10 Mornilles et 20 Noises pour une moyenne de 12h par semaine, soit 48h dans le mois. »
Je souris et le laissais étudier mon parchemin tandis qu’il prenait à son tour des notes. J’espérais ne pas être trop gourmande même si j’avais tenu à me renseigner un maximum. Je ne voulais pas me faire avoir même si je ne pensais pas que c’était le genre des Fowl.
« Ensuite, est-ce que vous aimez manger ? Goûter de nouveaux plats ? »
Je haussais un sourcil, plutôt intriguée par cette question.
« Je vous rassure, cette réponse ne changera rien à votre embauche. » « Je ne comprends pas … » avouais-je avec un demi-sourire. « Je vous ai dit que j'avais besoin de m'occuper, et, voyez-vous, j'adore cuisiner. On ne sert pas de nourriture ici, mais le bar a quand même une cuisine. Quand je m'ennuie, je cuisine. »
Oh. Il cuisinait aussi donc ? J’étais assez impressionnée. Cet homme écrivait une thèse, dirigeait un bar innovant pour les créatures et en plus de ça il faisait des merveilles en cuisine.
« Je crée des plats, des recettes. Et j'ai besoin de gens pour goûter mes créations. Parce que je me trouve toujours génial, mais il me faut quelqu'un d'honnête pour me dire de quoi ça manque. Vous voyez le genre ? »
Je ne pus m’empêcher de retenir un petit rire face à cette franchise sur lui-même. C’était assez rare chez les gens de nos jours mais j’appréciais de plus en plus ce caractère assez original.
« Je vois le genre oui. » répondis-je. « Eh bien, je serai ravie d’être gouteuse dans ce cas ! J’aime la nouveauté et je ne suis pas très difficile en nourriture. Je suis curieuse de savoir ce que vous me réserverez. »
Je ne faisais pas de manière. C’était de la politesse et de la curiosité sincère. Après tout, ce job méritait d’être plus intéressant que je ne l’aurai pensé au premier abord et ça me plaisait de faire quelque chose qui avait du sens. Je sentais que je pouvais vraiment mettre ma main à la pâte ici.
« Vous êtes prête à commencer ce soir, Miss McGregor ? Profitons que je sois là pour que je vous montre ce que vous aurez à faire, et que vous vous habituez aux lieux. »
Je ne pensais pas commencer immédiatement, je devais l’avouer. Mais après tout, je n’avais pas de gros parchemins qui m’attendaient et Jordan n’allait sans doute même pas manger avec le dossier qui l’attendait. Alors, pourquoi pas ?
« Aucun souci, j’ai hâte de me familiariser dans ces lieux ! »
L’homme se leva alors, une main tendue dans ma direction.
« Félicitations, il s'avère que vous avez un nouveau travail. » « C’est vrai ? »
L’homme souriait sans doute autant que moi alors que je serrai vivement sa main.
« J’en suis très heureuse, merci beaucoup, monsieur … » « Appelez-moi Darach, et vous pouvez me tutoyer, hein. Pas de chichi ici. »
Je hochais la tête en laissant retomber ma main contre mon flanc. Soit, allons pour Darach alors !
« Pas de chichi. » répétais-je avec un sourire que je ne pouvais plus dissimuler.
Darach m’expliqua de long en large comment fonctionnaient les plannings des deux autres employés du Blooddale, mais aussi l’arrière-boutique avec les clés de la réserve. Il me donna un tablier et je pus relever mes cheveux avec un élastique que j’avais métamorphosé à partir d’une serviette en papier. Le rush arrivait vite le samedi soir et j’eus le plaisir de voir Chen nous rejoindre. Je le saluais gaiement alors qu’il m’enseignait quelques boissons principales. Mais la majorité du temps, je le passais surtout en salle. Darach me supervisait, parfois m’accompagnait. Il connaissait ses clients et leurs goûts, du moins pour les plus fidèles. Il me donnait aussi des techniques pour aller plus vite, à l’aide de sortilèges et autres stratégies.
Mardi 9 avril 2002
C’était un mardi soir tranquille. J’étais seule ce soir-là, Darach étant en cuisine en train de tester un nouveau plat. Mióróis et moi-même ferions les gouteurs ce soir-là. Sa sœur faisait consciencieusement ses devoirs, assise à une table dans le fond pour ne pas être dérangée. J’ignorais pourquoi elle n’était pas rentrée à l’appartement pour être plus tranquille. A moins qu’il ne s’agissait de Harry qui l’avait mise à la porte pour être tranquillement avec Aria ?
Je souris, mais il se cacha bien vite lorsque j’entendis la porte s’ouvrir. J’interrompis mon nettoyage de comptoir pour voir de qui il s’agissait, mais c’était seulement Franck, de la boutique de vêtements en face, qui venait boire son traditionnel Poudlard fortifié.
« Salut Clarissa ! » « Salut Franck ! » répondis-je d’un ton moins enjoué qu’habituellement.
Mon regard se riva à nouveau sur la porte et je déglutis. Il fallait que j’arrête. Après tout, c’était moi qui avais mis un terme à mon histoire avec Jared. Ca n’avait aucun sens, encore plus quand j’avais appris qu’il fréquentait ma cousine, Victoria. Je ne pouvais pas lui faire ça. Je n’aurai pas du lui faire ça. Je passais les mains sous l’eau froide du bar avant d’aller préparer le verre de Franck. J’avais parfois la sensation que mes mains me brûlaient, c’était pour cela que je les passais sous l’eau froide. Par moment, c’était comme si je détestais toucher quoi que ce soit. Je ne supportais ce contact et … pourtant … à ce moment-là, une seule image s’imposait à mon esprit : mes mains dans celles de Jared. Il n’y avait qu’à cette pensée que j’arrivais à me tranquilliser.
« Mince ! » pestais-je en voyant que je manquais de faire déborder le verre.
J’agitais ma baguette préparant le breuvage nécessaire plus consciencieusement avant de le faire léviter jusqu’à la table de Franck qui me remercia d’un pouce en l’air. Et voilà, le calme était revenu. Je pris deux verres auquel j’ajoutais du sirop de sang, y versais de l’eau froide et l’amenais jusqu’à la table de Mióróis.
« Tu travailles sur quoi ? » demandais-je.
Je me penchais par-dessus son épaule pour regarder le manuel qu’elle étudiait. Toutes les distractions étaient bonnes à prendre pour ne pas penser à Jared et au vide qu’il créait dans ma poitrine. Mais alors que j’avais posé les verres sur la table, je sentis ma tête me tourner.
« Oh … »
Mióróis réagit plus vite que moi et m’attrapa le bras pour me tirer sur la banquette avant que je ne m’effondre par terre.
« Je … oui ça va … » bredouillais-je.
Mon cœur s’était accéléré d’un seul coup, et j’avais tourné de l’œil, comme si le monde inversait sa gravité. Maintenant que j’étais assise, je sentais les effets se dissiper.
« Ça va » insistais-je. « J’ai juste … »
Ce fut à ce moment-là que deux assiettes lévitèrent devant nous. Darach suivait juste derrière, saluant Franck avant de s’approcher de nous. Je posais ma tête contre ma main, me concentrant sur la délicieuse odeur qui s’échappait des plats que le frère de Mióróis avait présenté pour nous.
Mióróis avait décalé ses affaires tandis que Darach nous expliquait déjà avec empressement ce dont il s’agissait. Je l’écoutais distraitement, me forçant à revenir à une respiration normale. Je ne me fis pas non plus prier pour planter la fourchette que Darach nous tendait pour y goûter dedans. J’avais juste besoin de manger un peu. C’était juste un petit coup de mou. En fin de journée, rien de plus normal ?
« Mióróis … » commençais-je alors qu’elle venait de couper son frère pour lui demander de me libérer. « Ça va je te dis. Il me reste deux heures à faire, et il n’y a personne ce soir. »
Je ne voulais pas de traitement de faveur ni quoi que ce soit de ce genre. En plus, Darach n’était pas un mauvais patron et il n’hésiterait pas à me faire rentrer chez moi si les choses n’allaient pas. Mais tout allait très bien.
« Ton plat est … délicieux. » dis-je à Darach pour le convaincre de changer de sujet. « Assez original sur les épices que tu proposes, mais je pense que ça plaira aux loups-garous. »
Le regard de Mióróis restait appuyé sur moi. Depuis le week-end au chalet, j’avais évité toute discussion sur Jared. Je ne voulais pas en parler. Déjà j’avais trop honte d’être la fille qui encourageait un mec à tromper sa copine, qui plus est ma cousine. Mais aussi, j’aurai voulu garder Jared dans cette bulle secrète que je m’étais forgée. Je crois qu’au fond de moi j’avais peur qu’un de mes amis fasse le parallèle avec Mattéo. Tous l’avaient connu. Mióróis un peu moins, juste à travers mes lettres et celles de nos amis. Mais j’avais moi-même fait des comparaisons entre Mattéo et Jared. Alors pourquoi pas eux ? Et vu la manière dont ça se terminait, je savais qu’ils avaient peur pour moi.
Mióróis était venue, traversant l’océan Atlantique pour venir s’assurer que j’allais bien après mon séjour à l’hôpital en mars 2000. Elle m’avait vu. Elle avait vu dans quel était je me trouvais. Elle avait parlé avec Harry, Alec, John, Jordan. Tous avaient pu lui dire dans quel état Mattéo m’avait laissé après son départ. Et dans son regard, aujourd’hui, je pouvais y lire l’inquiétude qu’une telle chose se reproduise avec Jared. Et ça je n’en voulais pas. Jared n’était pas Mattéo. Même s’il m’avait fait du mal.
One more true Bloody Mary ! Avec Clarissa McGregor Mardi 9 avril 2002
Mióróis était concentrée sur ses devoirs, au fond du bar de son frère. Elle avait l'habitude de traîner là, elle avait appris, vivant à la cour, à ne pas entendre perpétuellement les bruits autour d'elle. De toute façon, un peu de bruit de fond n'était rien, sachant qu'elle n'allait pas tarder à goûter les plats de son frère Darach. Pourtant, il n'y avait que la voix de sa meilleure amie qui pouvait la faire sortir de ses révisions. « Tu travailles sur quoi ? » Mióróis leva la tête de ses livres et de son parchemin, avant de sourire à Clary. « Je finis ma dissert d'Ethnomusicologie sorcière & moldue. C'est à rendre pour la semaine prochaine. » D'un geste de la main, elle désigna les différents paragraphes pour que Clary puisse les lire, après que cette dernière ait posé les boissons. Sauf que la demi-vampire rousse sembla avoir un début de malaise, car elle failli tomber. « Oh … »
Mióróis agit rapidement en se relevant et en rattrapant son amie. « Ça va ?! » Elle aida Clary en l'installant sur la banquette, à sa place, plutôt inquiète pour elle. « Je … oui ça va … » Pourtant, la jeune Irlandaise entendait son cœur battre à cent à l'heure. « Tu n'as pas l'air d'aller bien. » Souligna Mióróis. « Ça va. J’ai juste … » Mais Clary s'interrompit en voyant les deux assiettes volantes approcher.
J'adore cuisiner. Vraiment, ça occupe, ça détend, ça libère l'esprit, j'adore les bruits de la soupe qui mijotent et mon odorat vampirique est ravi de l'utilisation de mes épices. Non, vraiment, je ne pouvais pas trouver de meilleurs passe-temps. Heureusement que j'avais embauché des serveurs prêts à goûter à tous mes plats quand ma sœur n'était pas là pour remplir ce rôle ! Ce soir, c'était encore mieux : Mióróis était là, Clary aussi… Et j'avais invité les deux à dîner. J'avais cette idée de recette en tête depuis ce matin, alors, avant d'aller au marché sur le Chemin de Traverse, j'avais envoyé un hibou à Clary pour lui demander de ne pas dîner avant son service et de me faire confiance, comme d'habitude.
Une fois le plat servi, je fis voler les deux assiettes. J'étais ravi e voir que Clary prenait déjà sa pause avec Mióróis. Je pouvais prendre la relève pendant qu'elle mangeait. « Chaud devant ! » En me voyant arriver, Mióróis se hâta de débarrasser la table de ses révisions, et je m'approchais, une main dans le dos, prêt à servir mon speech. « Je me suis inspirée des boulettes de boeuf à la tomate, mais je les ai fourrées d'épices orientales, pour relever un peu le goût, comme le paprika, le cumin, la… »« Darach. » Me coupa Mióróis. « Il faut que Clary rentre chez elle, elle a failli s'évanouir. » Elle avait failli s'évanouir ? « Mióróis … » Je fronçais les sourcils en m'asseyant en face d'elle. Pourquoi elle ne m'avait pas dit qu'elle était malade ? Elle le savait, qu'elle pouvait me prévenir quand ça n'allait pas.
« Il n'y pas de Mióróis qui tienne, tu as trébuché…! »« Ça va je te dis. Il me reste deux heures à faire, et il n’y a personne ce soir. » C'est vrai que le bar était plutôt vide. Ça ne me dérangeait pas, il rapportait plutôt bien en général, je n'étais pas spécialement inquiet. Non, je l'étais plus pour ma serveuse. Intrigué, je poussais l'assiette vers elle. « Goûte. »« Darach… ! » Je ne tenais pas à la rendre plus malade qu'autre chose, mais si elle l'était, sa main tremblerait quand elle attrapera la fourchette. « Ton plat est … délicieux. » Et voilà, sa main tremblait. « Assez original sur les épices que tu proposes, mais je pense que ça plaira aux loups-garous. » Tant mieux, je savais que je réussirais mon plat. Pourtant, ça ne m'empêcha pas de reprendre l'assiette de Clary.
« Tu rentres chez toi, ce soir. Pas la peine de finir ton service. » Mióróis, qui ne quittait pas Clary des yeux, finit par me regarder, surprise. Agréablement surprise. « Je vais emballer vos assiettes, comme ça, vous pourrez les manger dans votre colocation. » J'attrapais aussi l'assiette de Mióróis, pour préparer les plats à emporter. Pourtant, Clary essaya de me convaincre qu'elle pouvait rester. « Clary, tu es aussi pâle que ma mère morte, alors… Tu rentres chez toi te reposer. Et si ça va pas mieux, tu vas voir un Médicomage. » Evidemment, ma mère était bien envie. Elle était une vampire, donc, techniquement, elle était morte, mais bien en vie. C'était pour cette raison que je me permettais ce genre de plaisanteries douteuses qui ne faisaient rire que moi. « Tu l'as dit toi-même, il n'y a personne ce soir, je peux prendre ta relève au lieu de faire les comptes ou le rangement de la cuisine. » Sans attendre un peu plus, je repris les assiettes pour retourner en cuisine. Elle ne va pas me dire ce qu'elle a à faire, non mais oh !
Dans la cuisine, je transvasais le contenu des assiettes dans deux boites distinctes -au cas où la maladie de Clary était contagieuse-, et dans cette de Mióróis, je rajoutais même un peu de viande qu'il restait. Histoire qu'elles aient de quoi manger en plus demain midi sans s'embêter. Puis je retournais en salle, où je trouvais Clary en train d'essayer de convaincre Mióróis de me laisser la faire travailler. « Laisse tomber, elle ne changera pas d'avis. Et moi non plus ; je ne veux pas que Mióróis demande aux dieux de me maudire. » Je fis glisser les boîtes vers elles avec un clin d'oeil, avant de reprendre le carnet de notes de Clary, pour partir à la rencontre des clients. Avant de me retourner. « Au fait, c'est moi le boss ici, hein ! Si le boss te dit de rentrer te reposer, tu l'écoutes ! » Je suis quand même super sympa comme patron, il faut se le dire. Clary devrait en profiter au lieu de faire du zèle !
Samedi 25 mai 2002
Je finissais de descendre magiquement tous les tabourets alors que 14 heures approchaient. Les bars en Irlande se fermaient vers 1 ou 2 heures du matin, même si un jeu était installé entre le patron et les clients : quelques minutes avant la fermeture, les clients se précipitent pour acheter des consommations, une à deux par personne pour reculer la fermeture. Bien que les bars en Angleterre ferment entre 3 heures et 4 heures du matin le samedi soir, ce même petit jeu s'était installé au Blooddale, essentiellement parce que mes habitués connaissaient mes origines, quand eux-même n'étaient pas Irlandais. C'est pour cette raison que j'attendais de pied ferme Chen et Elijah. Pour m'aider pour ces soirées en général bondées.
Quand la porte s'ouvrit, je me retournais, prêt à accueillir mes employés, quand… « Ah non, non, non. Je ne t'ai pas dis de revenir bosser ! » Face à moi se trouvait ma troisième employée, Clary. Elle avait eu besoin de plusieurs jours de congé maladie. Je ne savais pas exactement ce qui lui était arrivé, Mióróis m'avait seulement dit qu'elle avait frôlé la mort. « Tu reviens travailler en juillet. Comme ça, tu as le temps de rattraper tes cours et de bien réviser tes partiels comme il faut. Ne t'inquiète pas pour ta place, tu la gardes, tout comme ton salaire. » Je ne sais pas si elle avait remarqué qu'elle touchait le même salaire malgré ses absences. Peut-être qu'elle n'avait pas encore eu le temps de passer à Gringotts. « Il n'y a pas de mais qui tienne. Ici, le Blooddale tient à ses employés. Il faut donc les chouchouter. » En parlant de chouchouter…
Je me dirigeais vers le bar, en faisant signe à Clary de venir s'asseoir. « Il me semble que tu ne bois pas en dehors des soirées ? » Je connaissais ses deux boissons préférées : le Bloody Mary, ma spécialité, et l'Irn-Bru, une boisson gazeuse irlandaise sans alcool. Vu l'heure, je savais qu'elle partirait sur la seconde. Je fis couler l'Irn-Bru dans un grand verre, tout en lui jetant un oeil. « Alors… Comment tu vas ? J'étais en Irlande durant Beltaine, mais je n'ai pas voulu te voir. Tu aurais peut-être aimé voir d'autres personnes que ton patron pendant ta convalescence, non ? » Tout en parlant, je pris une bouteille de sang O négatif, avant d'en verser un bon quart dans le verre de Clary et de lui tendre. Je me préparais la même boisson, pour boire un coup avec elle. « Ou alors, tu n'as peut-être pas envie de parler de ça… » Magiquement, je fis ouvrir la caisse de loin, pour lancer deux pièces dedans. Mes employés savaient que je payais toujours mes propres boissons, pour ne pas fausser les comptes quand je les tenais. :copyright:️ Justayne
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Love is just a history that they may prove And when you're gone I'll tell them my religion's you
Nous sommes le mardi 9 avril 2002. Clarissa Constance McGregor est la fille de deux professeurs de Poudlard : Victoire Prewett, professeur de Métamorphose, et Seamus McGregor, professeur de Magie sans baguette et vampire. Elève studieuse, Clary a choisi de poursuivre ses études à l'Université de Magie Supérieure dans le Cursus d'Histoire et Géographie Sorcière. Mais à présent pour sa 2ème année, elle a pris un job étudiant pour l'aider à financer ses études et son appartement.
One more true Bloody Mary !
Darach reprit aussitôt mon assiette.
« Tu rentres chez toi, ce soir. Pas la peine de finir ton service. »
Je penchais la tête sur le côté, gênée par cet élan de compassion.
« Je vais emballer vos assiettes, comme ça, vous pourrez les manger dans votre colocation. » « Attends, Darach, je peux … je peux continuer. Vraiment. » insistais-je.
Je ne voulais pas que lui aussi se mette à me considérer comme une pauvre petite chose vulnérable qu’il fallait protéger. Je voulais continuer mon service. Le faire convenablement. J’en étais capable. Je pouvais le faire.
« Clary, tu es aussi pâle que ma mère morte, alors… Tu rentres chez toi te reposer. » déclara Darach d’un ton ferme. « Et si ça va pas mieux, tu vas voir un Médicomage. » « Ca va aller. » assurais-je. « C’est juste un coup de fatigue, un Médicomage n’y changera rien. »
Je balayais la proposition d’un geste de la main. Pourtant Darach restait campé sur ses positions.
« Tu l'as dit toi-même, il n'y a personne ce soir, je peux prendre ta relève au lieu de faire les comptes ou le rangement de la cuisine. »
Et sans me laisser plus de place à la discussion, il se dirigea en cuisine pour préparer nos plats. Je poussais un soupir. Je me sentais encore plus mal à l’aise de faire une telle scène devant mon patron. Mais peut-être avait-il raison ? Peut-être devais-je rentrer plus tôt, manger et aller dormir. Demain, tout irait mieux.
Pourtant, mon esprit têtu tenait à aller jusqu’au bout de ma tâche. Ce n’était pas la mort deux heures de plus. Avec aussi peu de clients, je pouvais m’occuper de compter la caisse et l’aider à nettoyer le bar pendant qu’il s’occupait de la cuisine. Ce n’était jamais évident de tout faire tout seul et on n’était jamais de trop à deux le soir.
« Mióróis, s’il te plait, dis à ton frère que je peux faire le service. » insistais-je. « C’est juste un vertige car j’avais besoin de manger quelque chose. Mais je me sens capable de continuer. » « Laisse tomber, elle ne changera pas d'avis. »
Darach venait de revenir avec nos deux boîtes.
« Et moi non plus ; je ne veux pas que Mióróis demande aux dieux de me maudire. »
Et pour m’empêcher de contester une nouvelle fois, il prit mon carnet de notes et commença à s’éloigner avec.
« Au fait, c'est moi le boss ici, hein ! Si le boss te dit de rentrer te reposer, tu l'écoutes ! »
Je poussais un soupir, mi-amusé, mi-résigné, avant de regarder Miorois.
« Allez, on rentre ? » dit-elle.
J’appréciais que malgré ça, elle formulait encore cette intention sous forme de question. Je souris et me levais.
« Je vais chercher mes affaires et j’arrive. »
En faisant quelques pas, je sentais à nouveau le coup de pas bien persister. Peut-être que Darach avait raison … J’attirais mon manteau et mon sac d’un coup de baguette et passais devant mon patron.
« Merci. » soufflais-je. « A jeudi ! »
Samedi 25 mai 2002
Il était bientôt 14h et le Blooddale allait ouvrir. Je m’étais préparée pour aller travailler aujourd’hui même si Darach ne m’attendait pas. Après tout ce qui nous était arrivé, à Jared et à moi, j’avais besoin de réorganiser ma vie pour retomber sur quelque chose de connu. J’avais besoin de retrouver mes habitudes à l’UMS, de retrouver mes habitudes de révisions, de retrouver mes habitudes de travail.
Je poussais la porte du bar et vis que Darach agitait sa baguette pour descendre les tabourets des tables. Je lui adressais un sourire quand nos regards se croisèrent. Mais avant que je n’ai pu parler, je le vis agiter les bras dans ma direction.
« Ah non, non, non. Je ne t'ai pas dit de revenir bosser ! » « Je sais que tu ne m’obliges à rien. C’est moi qui aimerais revenir plus tôt que prévu. » expliquais-je en faisant glisser la bandoulière de mon sac à terre.
Darach secoua la tête.
« Tu reviens travailler en juillet. » déclara-t-il d’un ton ferme. « Comme ça, tu as le temps de rattraper tes cours et de bien réviser tes partiels comme il faut. » « C’est très prévenant de ta part, mais je veux conserver mon job ici. »
Une employée en congé maladie sur la période la plus importante de l’année n’était pas un modèle de réussite. J’avais toujours tenu à faire bonne impression auprès de mes professeurs. Mon premier employeur n’y couperait pas, même s’il s’agissait du frère de ma meilleure amie.
Darach s’était montré très compréhensif jusque-là. Mais il avait besoin d’employés qui tenaient la route et je ne voulais pas avoir de traitement de faveur.
« Ne t'inquiète pas pour ta place, tu la gardes, tout comme ton salaire. »
Je soupirais devant tant de générosité. J’étais têtue, mais Darach l’était certainement encore plus que moi. Je touchais vraiment le même salaire ? Je sentis mes joues s’empourprer, gênée de parler de Gallions. Pourtant, cette idée me rassura. Une chose en moins à penser.
« Mais … »
Tu vas avoir besoin d’aide ces prochains week-ends, aurais-je voulu dire. Mais Darach me coupait déjà dans mon élan.
« Il n'y a pas de mais qui tienne. Ici, le Blooddale tient à ses employés. Il faut donc les chouchouter. »
Je souris avant de rire légèrement.
« Tu es soit le patron qui se soucie le moins de sa rentabilité, soit le patron le plus généreux et compréhensif que je connais. »
Les deux pouvaient d’ailleurs se compiler. Pourtant, je ne pensais pas le moins du monde que Darach était du genre à ne pas se soucier de la comptabilité. Il faisait du chiffre, même si je ne travaillais pas. Chen et Elijah devaient certainement mettre les bouchées double et Darach devait s’activer aussi. Mais le Blooddale fonctionnait parfaitement bien. Que je sois là ou pas n’y changerait certainement rien. Personne n’était irremplaçable.
Darach me fit signe de venir m’asseoir au comptoir et je posais mon sac sur un tabouret avant de m’asseoir sur celui d’à côté.
« Il me semble que tu ne bois pas en dehors des soirées ? »
Je secouais la tête et souris en le voyant me préparer l’une de mes boissons préférées, l’Irn-Bru, une boisson gazeuse écossaise.
« Tu es le meilleur. » soupirais-je en suivant ses gestes précautionneux. « Alors… Comment tu vas ? »
Je le regardais verser une bonne dose de sang O négatif à l’intérieur et sentis mes papilles s’extasier rien qu’à la vue.
« Ça va … mieux. »
Je ne savais pas tellement de quoi Darach était au courant. Il était peut-être le frère de Mióróis mais je connaissais assez la jeune femme pour savoir qu’elle ne racontait pas toutes les histoires de ses amis à sa famille.
« J'étais en Irlande durant Beltaine, mais je n'ai pas voulu te voir. » dit-il en repoussant ses cheveux noir sombre de son visage alors qu’il venait de se préparer le même verre que le mien. « Tu aurais peut-être aimé voir d'autres personnes que ton patron pendant ta convalescence, non ? »
Je fis une grimace amusée.
« Ou alors, tu n'as peut-être pas envie de parler de ça… »
D’un coup de baguette, il ajouta deux Mornilles pour payer nos boissons à la caisse. Ses gestes si familiers et l’odeur du bâtiment me réconfortaient. Le Blooddale avait été l’une des premières enseignes où je m’étais sentie chez moi à mon arrivée à l’UMS. Ce lieu était important et m’aidait à m’ancrer dans la réalité.
« Ça ne me dérange pas. » répondis-je en venant faire tinter mon verre contre le sien.
Je bus une longue gorgée, me réjouissant de chacune des sensations que cette boisson provoquait en moi.
« N’importe quel visage ami m’aurait fait plaisir, mais il valait mieux que tu profites des fêtes irlandaises. »
Je souris en souvenir au grand feu qui brûlait dans les jardins royaux. C’était là que j’avais échangé mon premier baiser avec Jared. A ce souvenir, je sentais mon épiderme frémir. Est-ce que Jared savait que je pensais à lui en cet instant ? Je rougis presque aussitôt et décidais de parler pour cacher mon embarras.
« Les choses se sont arrangées, c’est gentil de demander. Je reprends chaque jour des forces mais avec les examens qui approchent, j’ai peur de passer à côté des sujets. »
Les examens commençaient dès lundi et j’avais un nœud dans la gorge depuis une semaine à cette idée. Comme deux ans auparavant, j’avais pris de sérieux retards dans mes révisions et je craignais que mes résultats en pâtissent. Je triturais une serviette en papier à cette pensée.
« Je pense profiter du mois de juin, après les examens pour finir de me reposer avant de reprendre le travail et les révisions dès juillet. »
Je lui glissais un sourire en repoussant mes cheveux roux derrière les épaules.
« Vous allez vous en sortir quand même ? » demandais-je avec une pointe d’appréhension. « Je peux essayer de voir parmi mes proches si quelqu’un peut me remplacer jusqu’à fin juin ? »
Si je ne pouvais pas venir travailler, peut-être pouvais-je aider de par cette façon ?
Je terminais mon verre en écoutant Darach parler. Il m’expliquait à présent l’un des derniers plats qu’il avait concoctés pour mettre à la carte cet été.
« Il faudra que tu me fasses goûter. »
A cet instant, la porte du bar s’ouvrit et un groupe de jeunes entra en riant. L’un d’eux adressa un signe de main à Darach avant de se diriger vers une table.
« Bon, je crois que le coup de feu est donné. » dis-je. « Merci pour le verre. Et … pour le reste. »
Je lui adressais un sourire reconnaissant alors que je reprenais mon sac. Chen arrivait à son tour et je le serrai rapidement dans mes bras avant de le laisser prendre son service. Le Blooddale s’en sortirait. Darach était né pour diriger cet endroit. Tout irait bien. En attendant, j’allais devoir continuer à prendre soin de moi.