Jeremiah Davis
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Contexte
Baby, I'm dancing in the dark with you between my arms
@ Victoire
Nous sommes le jeudi 4 juillet 2002. James Davis est un sorcier de 42 ans. Ancien membre de l'Ordre du Phénix et ancien Auror, il est devenu un homme colérique, violent et paranoïaque depuis que sa femme l'a quitté à la fin des années 1980. Après avoir cumulé de nombreuses erreurs, il essaie depuis quelques mois de se remettre sur le droit chemin.
Baby, I'm dancing in the dark with you between my arms
James était particulièrement de bonne humeur. Le soleil brillait haut dans le ciel et la chaleur avait envahi les rues de Londres. L’Allée des Embrumes échappait à tout cela car, malgré la luminosité qu’apportait le soleil, une brume malveillante persistait toujours. Mais ce jour-là, cette ambiance n’atteignait pas James qui se dirigeait d’un air guilleret vers la boutique des Barjow & Scott. Il salua d’un signe de tête amical Calvin qui venait de quitter l’enseigne, sans doute pour d’autres affaires. L’homme et lui avaient scellé une amitié bien étrange mais pas moins solide. Bien différente de celle qu’il entretenait avec Andrew, James appréciait toutefois les conversations qu’il avait avec Calvin. Encore plus depuis que Karoline n’était plus entre eux.
Il poussa la porte de la boutique et riva aussitôt son regard sur Karoline qui s’activait dans la boutique. Un petit calepin la suivait en lévitation, notant tout ce qu’elle disait. Elle leva les yeux vers James à son arrivée avant de se reconcentrer aussitôt sur sa tâche, l’ignorant délibérément. Un sourire apparut sur les lèvres de James.
« J’étais sûre de te trouver en train de diriger cette entreprise. »
Il ne doutait pas que Karoline était celle qui tirait les ficelles. Derrière son père, son frère ou Calvin, la jeune femme faisait un travail remarquable. Pourtant gâché. Les hommes ne semblaient même pas appréciés son travail à sa juste valeur. Heureusement qu’elle conservait son poste au Ministère.
L’air farouche de la jeune femme ne le déstabilisa pas et il vint se poster à côté d’elle, un air innocent sur le visage, les mains derrière le dos.
« Je me demandais où est-ce que je devais venir te récupérer demain soir. »
Après tout, ils avaient convenu de l’horaire mais pas du lieu. Karoline semblait passablement irritée, guère décidée à l’excuser de son silence durant tous ces mois.
« Je te rappelle que tu t’es engagée à m’offrir une soirée … » susurra-t-il. « Et je me disais que tu n’avais pas dû profiter d’un agréable dîner en si bonne compagnie depuis longtemps. Calvin ou Andrew avaient sans doute bien des intérêts ailleurs pour profiter de ce qu’ils avaient sous leurs yeux … »
Il pencha la tête sur le côté, se parant d’un air tout à fait angélique qui ne lui ressemblait guère. Non, ni Calvin, ni même Andrew n’avaient su offrir ce que la jeune femme méritait. Son sourire s’élargit quand elle céda, le menaçant toutefois de quelques directives supplémentaires. James hocha la tête, obéissant, ne pouvant toutefois s’empêcher de sourire davantage.
« On se voit demain, Karoline. » dit-il avant de se détourner pour quitter la boutique.
Il était 20h quand il sonna chez les Barjow. Evidemment, ce fut le stupide Mike Barjow qui ouvrit la porte. Ses boucles blondes tombaient devant ses yeux et son air idiot ne l’avait pas quitté. Il regarda d’un air dubitatif James. Il ne l’avait sans doute jamais vu vêtu ainsi. Pour l’occasion, James s’était paré d’un costume assez semblable à celui qu’il portait pour le bal des Fondateurs une semaine plus tôt, sans pour autant faire l’affront à Karoline de porter le même. Celui-ci était bleu marine avec une cravate dans les mêmes tons. Il s’était rasé, laissant une barbe de quelques jours plus élaborés que celle qu’il avait eu l’habitude d’afficher ces dernières années.
Il allait s’obliger à adresser la parole au pauvre Troll qui tenait la porte quand la voix de Karoline résonna en haut de l’escalier. James s’avança à l’intérieur alors que Mike s’était reculé pour voir sa sœur descendre. La bouche de James s’entrouvrit en la voyant descendre les marches. Elle ne portait pas du tout la même toilette qu’au bal des Fondateurs ni à aucune autre réception à laquelle il avait assisté en sa compagnie. Elle était …
« Sublime. » souffla-t-il alors qu’elle le rejoignait au bas des marches.
Il attrapa sa main et lui servit un baise-main, sans jamais quitter ses yeux. Il devait faire de son mieux pour ignorer Mike qui levait les yeux à côté d’eux.
« Y allons-nous ? »
Il fit signe à Karoline de le précéder en sortant et adressa un regard hautain à Mike avant de quitter aussitôt la demeure des Barjow. Un petit cri de surprise s’échappa des lèvres de Karoline.
« Ai-je oublié de mentionner que nous ne voyagerons pas de manière conventionnelle ? »
Un sourire se dessina sur les lèvres de James alors qu’il ouvrait la porte d’une calèche. La monture était totalement invisible pour la plupart des sorciers. Aux yeux de James, il voyait sans mal les deux Sombrals qui tiraient la voiture. En tant qu’Auror, il avait eu l’occasion de voir bien des fois la mort en face. Mais celle qui resterait la plus marquante à ses yeux était celle de sa mère. Il était resté avec elle jusqu’à la fin. N’ayant pu le faire pour son père et s’étant toujours senti coupable pour cela, il avait tenu à être présent lorsque Leta s’était éteinte un matin de février, il y avait de cela 13 ans.
Karoline monta à l’intérieur et James la suivit aussitôt. L’intérieur était assez simple et les bancs confortables. James s’installa face à elle, ne pouvant détacher son regard d’elle. Déstabilisée par son regard ou par le silence qui régnait alors que la calèche s’était élancée dans les airs, Karoline lui demanda où ils se rendaient. James jeta un coup d’œil par la fenêtre. Le soleil avait entamé sa descente mais continuait de briller. Nous étions dans les jours les plus longs de l’année.
« J’étais invité à une réception. » confia-t-il en sortant un billet qu’il tendit à Karoline. « J’hésitais fortement à y aller. Vois-tu, je n’étais pas en très bons termes avec cet hôte. Mais avec toi à mes côtés, je me suis dit que j’avais peut-être une chance d’être pardonné. »
Ses paroles à double-sens résonnèrent un instant dans l’habitacle avant que Karoline ne fasse remarquer que les noms d’Alexander et Joséphine Davis étaient seulement mentionnés sur l’invitation. Le sourire de James s’élargit tandis qu’il haussait les épaules.
« Eh bien … cela promet d’être divertissant. »
Au regard de Karoline, il comprit rapidement que cela n’aidait pas à la mettre à l’aise. Il repensa aux paroles d’Andrew qui l’avaient encouragé à être le plus honnête possible avec la jeune femme. C’était ce qu’elle voulait le plus au fond d’elle et si James voulait véritablement être digne d’elle, il se devait de faire des efforts. Il prit une inspiration avant de reprendre le carton d’invitation.
« Alexander est mon fils aîné. » dit-il alors. « Joséphine et lui sont issus de mon mariage avec une sorcière du nom d’Anna. »
Il guetta une réaction de Karoline. Sa voix était empreinte de chagrin et encore teintée de colère, comme une menace.
« Cela a fait 15 ans la semaine dernière qu’elle n’est plus dans ma vie. »
15 années … Tant d’années de perdu depuis lors. Les yeux dans le vague, il tourna la tête vers la fenêtre, envahis par ses pensées. Joséphine était si petite quand sa mère était partie. Et que dire d’Alexander ! Tous deux n’avaient pas seulement marqué d’une mère mais aussi d’un père. Après des mois à rechercher sa femme, il avait plongé lentement dans la dépression, chassant tous ceux qui auraient pu l’aider. Peut-être que ce soir il aurait une nouvelle chance.
Ils atterrirent guère de temps après. La calèche se posa dans un vaste jardin. Ils n’étaient pas les premiers aux sons des conversations animés. James sortit le premier et tendit la main à Karoline pour l’aider à poser pied à terre. Puis il regarda autour de lui. L’herbe était verte dans le jardin de Joshua et Roza Bennett. De longues tables nappés de blanc avaient été posés au centre du jardin, invitant les convives à se servir comme ils le souhaitaient de divers petits plats préparés. Le buffet était debout même si quelque chose avait été installé ça et là. Il devait y avoir une cinquantaine de personnes. James se demandait si ses enfants étaient venus pour l’événement. Quand il leur avait posé la question, ils n’étaient pas encore décidés.
Un petit groupe était rassemblé sur la terrasse. Des éclats de rire résonnaient. James reconnut sans mal Josh et Louis qui se tenaient les côtes après une blague sans doute bien hilarante. Minho arriva à son tour, sa femme à ses côtés. Cette dernière repéra James, au fond du jardin et en informa aussitôt les trois amis qui rivèrent leurs regards sur lui.
« Nous pouvons aussi aller dîner ailleurs. » proposa James dont la bouche s’était soudain asséchée.
Il croisa le regard de Karoline et comprit qu’elle n’était pas prête à le laisser se défiler ainsi. Surpris, il la vit passer son bras sous le sien et commençait à avancer. James prit une profonde inspiration et la suivit. Elle se dirigeait vers la terrasse où Josh s’était avancé, campé tout naturellement de Louis et Minho.
« Tu n’étais pas invité. » commença Josh, piquant.
« Je suis ravi de te voir, moi aussi. »
Un sourire en coin apparut sur le visage de James avant de disparaître devant l’air sévère de Josh. Louis apparaissait plus réservé en arrière tandis que Minho avait croisé les bras. Il n’était pas présent lors de leur dernière dispute en novembre dernier, mais James ne doutait pas que les autres avaient dû lui faire un rapport détaillé de chacune de ses paroles.
« Laissez-moi vous présenter ma charmante cavalière, Karoline Barjow. » dit-il en se décalant légèrement pour laisser la jeune femme s’exprimer.
Son cœur se regonfla de fierté en la voyant si à l’aise. Elle était … époustouflante. Pourquoi faisait-elle tout cela ? Pourquoi n’avait-elle pas ordonné à remonter dans la calèche pour partir lors de ce traquenard ? Non. Elle semblait naturellement prendre place ici. Les hommes parurent même se radoucir en la saluant.
« James … » soupira Josh.
L’ancien Auror leva la main.
« Je sais. Tu ne veux pas de grabuge. Je ne suis pas venu pour cela. » dit-il. « Je … je suis sincèrement heureux pour la promotion que tu as eu. »
Après tout, c’était pour cela que Josh avait réuni la plupart de ses proches ici ? Si on y regardait bien, on voyait bien plusieurs têtes Bennett dans le coin et des collègues de travail de Josh.
« Et … je voulais te remercier, vous remercier, d’avoir pris le soin d’inviter encore mes enfants à vos réceptions. »
Sa mâchoire se crispa. Il n’aimait guère faire cela, pas très à l’aise pour exprimer des regrets ou des remerciements. Pourtant, il savait qu’il devait faire un effort s’il espérait que ses amis d’enfance lui pardonnent. Et avec Karoline qui lui tenait le bras, il se sentait regonflé d’un nouveau courage.
« Je sais que je n’ai pas été … »
Sa voix se bloqua avant de reprendre.
« Quoi qu’il en soit, je suis navré pour le comportement que j’ai eu à votre égard. Mais je tenais à ce que vous sachiez que votre soutien, même à distance, a toujours compté pour moi. Et j’espère pouvoir un jour me racheter auprès de vous. »
Il baissa les yeux, comprenant que Josh n’avait sans doute pas envie de régler ce genre d’histoire au cours d’une soirée comme celle-ci. Il s’apprêtait à faire demi-tour quand Josh posa une main sur son épaule.
« James … »
La voix de Josh se bloqua à son tour. Josh avait toujours été un garçon secret. S’il aimait faire les quatre cents coups à Poudlard, allant titiller Rusard ou s’élancer à balai du haut de la tour d’astronomie, il n’avait jamais été doué pour exprimer ce qu’il ressentait. Pourtant, il était sans doute celui qui avait le plus grand cœur d’entre eux. Celui qui avait toujours eu tendance à les ressouder ensemble, à mettre de côté les différends et à leur rappeler les bons moments était …
« Ravi que tu sois venu, James. » reprit Louis.
« J’espère que tu n’es pas venu les mains vides ! » souffla Minho avec un rire non dissimulé.
James sourit alors que Josh lui donnait une tape amicale sur l’épaule.
« Va te servir et profite de la soirée. » dit-il. « On reparlera de tout ça plus tard. Et ravi de te connaître Karoline. »
Josh n’était pas du genre à s’embarrasser d’un vouvoiement inutile. A leurs yeux, si Karoline était au bras de James, elle faisait déjà partie de la bande. Il croisa le regard de la jeune femme et lui fit signe de le suivre. Il n’avait pas envie de plonger dans la vaste foule des Bennett et des amis d’enfance dans l’immédiat. Après tout, c’était une soirée qu’il voulait profiter avec Karoline. Alors il déroba une bouteille de champagne et deux flûtes discrètement avant de s’éloigner au bras de Karoline.
Tous deux se dirigèrent alors derrière la maison où quelques enfants couraient. Un banc au fond du jardin serait parfait. James se dirigea vers celui-ci, toujours au bras de Karoline qui commentait ce qu’elle avait pu observer. James comprenait qu’elle prenait très à cœur ce qu’elle avait pu étudier de leurs relations. Et cela ne l’irritait pas. Au contraire, il la laissait parler, souriant de temps en temps.
« Et toi ? » demanda-t-il brusquement. « Comment étais-tu lorsque tu étais élève à Poudlard ? »
Karoline fronça les sourcils alors qu’il sortait un nouveau carton de sa poche.
« Il me semble que la Karoline de 5ème année avait bien des rêves. Et un petit sourire effronté sur cette photo-là. »
Comprenant de quoi il s’agissait, Karoline tenta de reprendre la photo que James commença à agiter hors de sa portée, un grand sourire aux lèvres.
« Oh allez Karoline, tu étais plutôt mignonne à 15 ans. »
Il rit davantage lorsqu’elle réussit à récupérer la photo. La jolie blonde avait été prise en photos avec d’autres de ses camarades.
« Je serai curieux de retrouver de petits bijoux comme cette photo, rien que pour connaître tes aspirations dans la vie à cet âge-là. »
Il la laissa regarder la photo, replongeant sans doute dans de lointains souvenirs.
« J’ai envie de mieux te connaître, Karoline. »
Il poussa la porte de la boutique et riva aussitôt son regard sur Karoline qui s’activait dans la boutique. Un petit calepin la suivait en lévitation, notant tout ce qu’elle disait. Elle leva les yeux vers James à son arrivée avant de se reconcentrer aussitôt sur sa tâche, l’ignorant délibérément. Un sourire apparut sur les lèvres de James.
« J’étais sûre de te trouver en train de diriger cette entreprise. »
Il ne doutait pas que Karoline était celle qui tirait les ficelles. Derrière son père, son frère ou Calvin, la jeune femme faisait un travail remarquable. Pourtant gâché. Les hommes ne semblaient même pas appréciés son travail à sa juste valeur. Heureusement qu’elle conservait son poste au Ministère.
L’air farouche de la jeune femme ne le déstabilisa pas et il vint se poster à côté d’elle, un air innocent sur le visage, les mains derrière le dos.
« Je me demandais où est-ce que je devais venir te récupérer demain soir. »
Après tout, ils avaient convenu de l’horaire mais pas du lieu. Karoline semblait passablement irritée, guère décidée à l’excuser de son silence durant tous ces mois.
« Je te rappelle que tu t’es engagée à m’offrir une soirée … » susurra-t-il. « Et je me disais que tu n’avais pas dû profiter d’un agréable dîner en si bonne compagnie depuis longtemps. Calvin ou Andrew avaient sans doute bien des intérêts ailleurs pour profiter de ce qu’ils avaient sous leurs yeux … »
Il pencha la tête sur le côté, se parant d’un air tout à fait angélique qui ne lui ressemblait guère. Non, ni Calvin, ni même Andrew n’avaient su offrir ce que la jeune femme méritait. Son sourire s’élargit quand elle céda, le menaçant toutefois de quelques directives supplémentaires. James hocha la tête, obéissant, ne pouvant toutefois s’empêcher de sourire davantage.
« On se voit demain, Karoline. » dit-il avant de se détourner pour quitter la boutique.
Vendredi 5 juillet 2002
Il était 20h quand il sonna chez les Barjow. Evidemment, ce fut le stupide Mike Barjow qui ouvrit la porte. Ses boucles blondes tombaient devant ses yeux et son air idiot ne l’avait pas quitté. Il regarda d’un air dubitatif James. Il ne l’avait sans doute jamais vu vêtu ainsi. Pour l’occasion, James s’était paré d’un costume assez semblable à celui qu’il portait pour le bal des Fondateurs une semaine plus tôt, sans pour autant faire l’affront à Karoline de porter le même. Celui-ci était bleu marine avec une cravate dans les mêmes tons. Il s’était rasé, laissant une barbe de quelques jours plus élaborés que celle qu’il avait eu l’habitude d’afficher ces dernières années.
Il allait s’obliger à adresser la parole au pauvre Troll qui tenait la porte quand la voix de Karoline résonna en haut de l’escalier. James s’avança à l’intérieur alors que Mike s’était reculé pour voir sa sœur descendre. La bouche de James s’entrouvrit en la voyant descendre les marches. Elle ne portait pas du tout la même toilette qu’au bal des Fondateurs ni à aucune autre réception à laquelle il avait assisté en sa compagnie. Elle était …
« Sublime. » souffla-t-il alors qu’elle le rejoignait au bas des marches.
Il attrapa sa main et lui servit un baise-main, sans jamais quitter ses yeux. Il devait faire de son mieux pour ignorer Mike qui levait les yeux à côté d’eux.
« Y allons-nous ? »
Il fit signe à Karoline de le précéder en sortant et adressa un regard hautain à Mike avant de quitter aussitôt la demeure des Barjow. Un petit cri de surprise s’échappa des lèvres de Karoline.
« Ai-je oublié de mentionner que nous ne voyagerons pas de manière conventionnelle ? »
Un sourire se dessina sur les lèvres de James alors qu’il ouvrait la porte d’une calèche. La monture était totalement invisible pour la plupart des sorciers. Aux yeux de James, il voyait sans mal les deux Sombrals qui tiraient la voiture. En tant qu’Auror, il avait eu l’occasion de voir bien des fois la mort en face. Mais celle qui resterait la plus marquante à ses yeux était celle de sa mère. Il était resté avec elle jusqu’à la fin. N’ayant pu le faire pour son père et s’étant toujours senti coupable pour cela, il avait tenu à être présent lorsque Leta s’était éteinte un matin de février, il y avait de cela 13 ans.
Karoline monta à l’intérieur et James la suivit aussitôt. L’intérieur était assez simple et les bancs confortables. James s’installa face à elle, ne pouvant détacher son regard d’elle. Déstabilisée par son regard ou par le silence qui régnait alors que la calèche s’était élancée dans les airs, Karoline lui demanda où ils se rendaient. James jeta un coup d’œil par la fenêtre. Le soleil avait entamé sa descente mais continuait de briller. Nous étions dans les jours les plus longs de l’année.
« J’étais invité à une réception. » confia-t-il en sortant un billet qu’il tendit à Karoline. « J’hésitais fortement à y aller. Vois-tu, je n’étais pas en très bons termes avec cet hôte. Mais avec toi à mes côtés, je me suis dit que j’avais peut-être une chance d’être pardonné. »
Ses paroles à double-sens résonnèrent un instant dans l’habitacle avant que Karoline ne fasse remarquer que les noms d’Alexander et Joséphine Davis étaient seulement mentionnés sur l’invitation. Le sourire de James s’élargit tandis qu’il haussait les épaules.
« Eh bien … cela promet d’être divertissant. »
Au regard de Karoline, il comprit rapidement que cela n’aidait pas à la mettre à l’aise. Il repensa aux paroles d’Andrew qui l’avaient encouragé à être le plus honnête possible avec la jeune femme. C’était ce qu’elle voulait le plus au fond d’elle et si James voulait véritablement être digne d’elle, il se devait de faire des efforts. Il prit une inspiration avant de reprendre le carton d’invitation.
« Alexander est mon fils aîné. » dit-il alors. « Joséphine et lui sont issus de mon mariage avec une sorcière du nom d’Anna. »
Il guetta une réaction de Karoline. Sa voix était empreinte de chagrin et encore teintée de colère, comme une menace.
« Cela a fait 15 ans la semaine dernière qu’elle n’est plus dans ma vie. »
15 années … Tant d’années de perdu depuis lors. Les yeux dans le vague, il tourna la tête vers la fenêtre, envahis par ses pensées. Joséphine était si petite quand sa mère était partie. Et que dire d’Alexander ! Tous deux n’avaient pas seulement marqué d’une mère mais aussi d’un père. Après des mois à rechercher sa femme, il avait plongé lentement dans la dépression, chassant tous ceux qui auraient pu l’aider. Peut-être que ce soir il aurait une nouvelle chance.
Ils atterrirent guère de temps après. La calèche se posa dans un vaste jardin. Ils n’étaient pas les premiers aux sons des conversations animés. James sortit le premier et tendit la main à Karoline pour l’aider à poser pied à terre. Puis il regarda autour de lui. L’herbe était verte dans le jardin de Joshua et Roza Bennett. De longues tables nappés de blanc avaient été posés au centre du jardin, invitant les convives à se servir comme ils le souhaitaient de divers petits plats préparés. Le buffet était debout même si quelque chose avait été installé ça et là. Il devait y avoir une cinquantaine de personnes. James se demandait si ses enfants étaient venus pour l’événement. Quand il leur avait posé la question, ils n’étaient pas encore décidés.
Un petit groupe était rassemblé sur la terrasse. Des éclats de rire résonnaient. James reconnut sans mal Josh et Louis qui se tenaient les côtes après une blague sans doute bien hilarante. Minho arriva à son tour, sa femme à ses côtés. Cette dernière repéra James, au fond du jardin et en informa aussitôt les trois amis qui rivèrent leurs regards sur lui.
« Nous pouvons aussi aller dîner ailleurs. » proposa James dont la bouche s’était soudain asséchée.
Il croisa le regard de Karoline et comprit qu’elle n’était pas prête à le laisser se défiler ainsi. Surpris, il la vit passer son bras sous le sien et commençait à avancer. James prit une profonde inspiration et la suivit. Elle se dirigeait vers la terrasse où Josh s’était avancé, campé tout naturellement de Louis et Minho.
« Tu n’étais pas invité. » commença Josh, piquant.
« Je suis ravi de te voir, moi aussi. »
Un sourire en coin apparut sur le visage de James avant de disparaître devant l’air sévère de Josh. Louis apparaissait plus réservé en arrière tandis que Minho avait croisé les bras. Il n’était pas présent lors de leur dernière dispute en novembre dernier, mais James ne doutait pas que les autres avaient dû lui faire un rapport détaillé de chacune de ses paroles.
« Laissez-moi vous présenter ma charmante cavalière, Karoline Barjow. » dit-il en se décalant légèrement pour laisser la jeune femme s’exprimer.
Son cœur se regonfla de fierté en la voyant si à l’aise. Elle était … époustouflante. Pourquoi faisait-elle tout cela ? Pourquoi n’avait-elle pas ordonné à remonter dans la calèche pour partir lors de ce traquenard ? Non. Elle semblait naturellement prendre place ici. Les hommes parurent même se radoucir en la saluant.
« James … » soupira Josh.
L’ancien Auror leva la main.
« Je sais. Tu ne veux pas de grabuge. Je ne suis pas venu pour cela. » dit-il. « Je … je suis sincèrement heureux pour la promotion que tu as eu. »
Après tout, c’était pour cela que Josh avait réuni la plupart de ses proches ici ? Si on y regardait bien, on voyait bien plusieurs têtes Bennett dans le coin et des collègues de travail de Josh.
« Et … je voulais te remercier, vous remercier, d’avoir pris le soin d’inviter encore mes enfants à vos réceptions. »
Sa mâchoire se crispa. Il n’aimait guère faire cela, pas très à l’aise pour exprimer des regrets ou des remerciements. Pourtant, il savait qu’il devait faire un effort s’il espérait que ses amis d’enfance lui pardonnent. Et avec Karoline qui lui tenait le bras, il se sentait regonflé d’un nouveau courage.
« Je sais que je n’ai pas été … »
Sa voix se bloqua avant de reprendre.
« Quoi qu’il en soit, je suis navré pour le comportement que j’ai eu à votre égard. Mais je tenais à ce que vous sachiez que votre soutien, même à distance, a toujours compté pour moi. Et j’espère pouvoir un jour me racheter auprès de vous. »
Il baissa les yeux, comprenant que Josh n’avait sans doute pas envie de régler ce genre d’histoire au cours d’une soirée comme celle-ci. Il s’apprêtait à faire demi-tour quand Josh posa une main sur son épaule.
« James … »
La voix de Josh se bloqua à son tour. Josh avait toujours été un garçon secret. S’il aimait faire les quatre cents coups à Poudlard, allant titiller Rusard ou s’élancer à balai du haut de la tour d’astronomie, il n’avait jamais été doué pour exprimer ce qu’il ressentait. Pourtant, il était sans doute celui qui avait le plus grand cœur d’entre eux. Celui qui avait toujours eu tendance à les ressouder ensemble, à mettre de côté les différends et à leur rappeler les bons moments était …
« Ravi que tu sois venu, James. » reprit Louis.
« J’espère que tu n’es pas venu les mains vides ! » souffla Minho avec un rire non dissimulé.
James sourit alors que Josh lui donnait une tape amicale sur l’épaule.
« Va te servir et profite de la soirée. » dit-il. « On reparlera de tout ça plus tard. Et ravi de te connaître Karoline. »
Josh n’était pas du genre à s’embarrasser d’un vouvoiement inutile. A leurs yeux, si Karoline était au bras de James, elle faisait déjà partie de la bande. Il croisa le regard de la jeune femme et lui fit signe de le suivre. Il n’avait pas envie de plonger dans la vaste foule des Bennett et des amis d’enfance dans l’immédiat. Après tout, c’était une soirée qu’il voulait profiter avec Karoline. Alors il déroba une bouteille de champagne et deux flûtes discrètement avant de s’éloigner au bras de Karoline.
Tous deux se dirigèrent alors derrière la maison où quelques enfants couraient. Un banc au fond du jardin serait parfait. James se dirigea vers celui-ci, toujours au bras de Karoline qui commentait ce qu’elle avait pu observer. James comprenait qu’elle prenait très à cœur ce qu’elle avait pu étudier de leurs relations. Et cela ne l’irritait pas. Au contraire, il la laissait parler, souriant de temps en temps.
« Et toi ? » demanda-t-il brusquement. « Comment étais-tu lorsque tu étais élève à Poudlard ? »
Karoline fronça les sourcils alors qu’il sortait un nouveau carton de sa poche.
« Il me semble que la Karoline de 5ème année avait bien des rêves. Et un petit sourire effronté sur cette photo-là. »
Comprenant de quoi il s’agissait, Karoline tenta de reprendre la photo que James commença à agiter hors de sa portée, un grand sourire aux lèvres.
« Oh allez Karoline, tu étais plutôt mignonne à 15 ans. »
Il rit davantage lorsqu’elle réussit à récupérer la photo. La jolie blonde avait été prise en photos avec d’autres de ses camarades.
« Je serai curieux de retrouver de petits bijoux comme cette photo, rien que pour connaître tes aspirations dans la vie à cet âge-là. »
Il la laissa regarder la photo, replongeant sans doute dans de lointains souvenirs.
« J’ai envie de mieux te connaître, Karoline. »
@ Victoire
James Davis