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Mattéo Black-Peretti
Contexte
Nous sommes le mercredi 15 mai 2002. Mattéo Black-Peretti est fraîchement revenu en Angleterre, bien décidé à retrouver ses origines. Il habite à Southampton et commence un internat en Psychomagie après avoir validé sa Licence en candidat libre. Vampire, il cache pour l'heure encore sa véritable nature.

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Mattéo releva la tête et croisa son reflet dans le miroir des vestiaires. Ses yeux rouges étaient cachés par des lentilles de contact noires. Son teint blafard avait pris quelques couleurs à l’aide de quelques sortilèges, dissimulant légèrement ses tâches de rousseur. Ses cheveux châtains foncés étaient le seul élément physique auquel il n’avait pas touché. En arrivant en Angleterre, Mattéo avait tenu à redémarrer une nouvelle vie et cela passait par une nouvelle identité : Mattéo Orion Black-Peretti. Armé de ces noms et prénoms, il se sentait plus confiant que jamais, déterminé à percer le secret de ses origines. Et cela allait commencer aujourd’hui.

Après avoir boutonné sa blouse, il ramassa le dossier qu’on lui avait confié la veille au soir. Aliénor Fontanges. Jeune sorcière française, elle avait mystérieusement disparu un soir d’octobre 2000 avant de se présenter voilà quelques jours à l’hôpital Sainte-Mangouste. Mattéo avait dû étudier son dossier de long en large toute la nuit et il fallait l’avouer, ce n’était pas une mince affaire. En tant que Sang-Pur, elle avait longtemps été la priorité de la police sorcière française qui avait alors envisagé un enlèvement puis un meurtre. Pourtant l’absence de corps ou d’indices rendait totalement flou l’enquête. Et puis, voilà qu’elle réapparaissait ce lundi dans un hôpital sorcier britannique avec sa fille sous le bras.

Avec les calculs que Mattéo avait entrepris, sa fille devait être née en avril 2001, ce qui signifiait qu’Aliénor était déjà enceinte lors de son enlèvement. Ou bien qu’elle était tombée enceinte de son ravisseur, à coup sûr un vampire, puisque sa fille s’était révélée être une demi-vampire.

Oui, cette histoire était complexe. Mattéo avait été plutôt heureux d’être mis sur ce dossier, même s’il avait dû forcer le destin pour qu’un jeune étudiant se charge d’une victime au cas aussi compliqué. En étudiant le dossier, Mattéo avait découvert le nom des proches d’Aliénor, mais aussi des sorciers et sorcières ayant travaillé aux recherches. L’un d’eux l’avait immédiatement frappé : Lorenzo Peretti. En tant que sorcier italien, ce nom n’était pas très rare dans le pays. Pourtant, il s’agissait d’une piste pour Mattéo. Un Italien venu travailler en Angleterre, ça pouvait peut-être avoir un lien avec son histoire. Et s’il travaillait avec Aliénor, il pourrait certainement en apprendre plus sur elle et son bienfaiteur. Ainsi, il saurait s’il devrait creuser davantage ou bien s’il faudrait qu’il recherche une nouvelle piste.

La porte du vestiaire s’ouvrit et trois internes en chirurgie entrèrent en riant. L’un se vantait de l’opération à laquelle il avait pu assister avec l’un des Médicomages les plus renommés de l’hôpital, tandis que les deux autres se moquaient de son manque de sang-froid lorsqu’hémorragie il y avait eu. Mattéo leva les yeux au ciel et attrapa le dossier pour sortir. Cependant l’un d’eux l’arrêta.

« Hey, attends ! je t’ai vu l’autre jour mais on ne s’est pas présenté. »

Le jeune homme qui l’avait arrêté était fin et ne semblait pas quoi faire de ses longs bras. Ses cheveux bouclaient sur le sommet de son crâne et ses tout petits yeux le rendaient vicieux.

« Tyler Cremer ! » se présenta-t-il en tendant sa main. « Tu fais ton internat dans quelle branche ? »

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Tyler Cremer

La sorcière qui l’accompagnait, une rouquine aux grands yeux chocolat, lâcha un rire.

« Il n’est qu’en psychomagie … »

Le troisième pouffa lui aussi de rire. Il était bien connu que la branche de la Médicomagie incitait toujours à la compétition. Et les internes en chirurgie se prenaient toujours pour les rois du monde, comme si les autres branches étaient bien ridicules à côté de ce que les autres faisaient. Mattéo les détailla chacun d’entre eux, prenant le temps d’enregistrer leurs visages dans sa mémoire. Tyler tendait toujours sa main vers lui, un sourire amusé sur les lèvres.

A son tour, Mattéo laissa apparaître un large sourire sur ses lèvres, comme s’il se joignait à l’hilarité générale.

« Mattéo Black. » répondit-il en désignant son badge sur la poitrine où il avait volontairement retiré le nom de Peretti.

Il serra la main de Tyler. La pression qu’il exerça sur la main fut un peu plus forte que celle qu’il s’était habitué à présenter aux simples humains. Mais Tyler méritait bien un peu de compétition. L’intéressé grimaça et retira vivement sa main, comme électrocuté. La fille avait en revanche poussé un gémissement plaintif à l’entente de ce nom.

« C’est vrai, je ne suis qu’en psychomagie. Faire mu-muse avec ma baguette n’est pas franchement la voie que je voulais explorer mais je comprends que certains ne soient cantonnés qu’à cette branche. Il faut sans doute avoir une autre ouverture d’esprit pour entreprendre d’explorer le cerveau humain. »

Son sourire ne quittait pas ses lèvres alors qu’il regardait tour à tour chacun des trois internes. Le troisième, un homme d’une trentaine d’années aux épaules carrées, crispa la mâchoire.

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Alexander Bennington

« Ou bien avoir raté son concours d’entrée en chirurgie. » argua-t-il. « Ils ne prennent que les meilleurs. »
« Si ça te plait de le croire. Néanmoins, je me permets d’en douter pour un sorcier capable de tourner de l’œil en pleine opération. »

L’homme déglutit et commença à s’approcher de Mattéo qui ne bougea pourtant pas d’un poil. Il avait l’habitude de ce genre de démonstration de force. Les vampires de son clan ressemblaient beaucoup à ce genre de profil et un simple humain était loin de l’effrayer.

« Fais pas trop le malin, Black. »

Il cracha ce nom, son nez à quelques centimètres de celui de Mattéo qui haussa un sourcil arrogant.

« Alex … » gémit la jeune femme.

Son regard avait changé du tout au tout en prenant conscience du nom de Mattéo. Il était heureux de cette réaction. Les Black avaient su faire trembler le Royaume-Uni quelques générations auparavant. Ce nom avait disparu avec la mort de Sirius Black en 1996 mais à présent que Mattéo était de retour, il tenait bien à faire renaître la splendeur de ce nom.

A ce moment-là, la porte du vestiaire s’ouvrit à nouveau. Mattéo n’eut même pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’un résident venait de pénétrer ici. Tyler et la fille s’étaient reculés, comme pris en faute.

« Alexander Bennington, qu’êtes-vous en train de faire ? » tonna une voix de femme.

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L’intéressé déglutit et tourna la tête vers sa supérieure avant de reculer.

« On se présentait au nouveau. » dit-il en désignant Mattéo.

La femme tourna la tête vers Mattéo avant de lancer un long regard vers son interne. Mattéo choisit ce moment-là pour décider de s’éclipser.

« Ravi de ces présentations. » claironna-t-il. « Je dois cependant vous laisser. Un dossier urgent nécessite mon intervention. »

Il tapota le dossier papier, comme pour signifier que lui travaillait sur du concret, tandis qu’eux attendaient en vain qu’un Médicomage les choisisse pour une opération. Pauvres petits … Alex lui lança un regard noir mais ne bougea pas. Mattéo se dirigea vers la porte, saluant d’un air aimable la résidente, avant de quitter le vestiaire.

Encore une rencontre intéressante … Mattéo n’avait jamais été bien doué pour se faire des amis. Mais en avait-il vraiment l’utilité de toute façon ? Être ami avec un impulsif Alex ou un crétin dans la trempe de Tyler ne présentait dans l’immédiat aucun avantage. En revanche, la rouquine avait su éveiller son intérêt. Elle semblait connaître son nom et l’influence qu’il représentait. Quant à sa chevelure, elle n’était pas sans lui rappeler une personne qu’il avait aimé … Il ne pouvait cependant penser à elle pour le moment. Alors qu’il marchait dans les couloirs de l’hôpital, il reprit le dossier d’Aliénor. Ils avaient tous les deux rendez-vous à 11h00 ce matin-là, soit dans deux minutes. Aussi, Mattéo commença à presser le pas, prenant soin à marcher à allure humaine. Il saluait de manière charmante les supérieurs qu’il croisait, tenant à garder une bonne réputation au sein de ceux qui pourraient avoir une influence sur son avenir.

Il arriva alors devant la chambre où avait dormi Aliénor et sa fille depuis deux nuits déjà. La main sur la poignée, il se stoppa aussitôt et tendit l’oreille. Il ne tenait pas à rencontrer Peretti dans l’immédiat et de ce qu’il avait compris, c’était un homme qui prenait très à cœur la santé de celle qu’il avait recherché durant des mois. Aussi se pouvait-il qu’il soit dans la chambre avec Aliénor. Cependant, les Médicomages avaient insisté pour faire toute une batterie d’examens entre hier et aujourd’hui afin qu’Aliénor puisse quitter au plus vite l’hôpital. Mais cette sortie ne serait accordée qu’avec l’aval d’un Psychomage. En l’occurrence celui de Mattéo, une fois qu’il en aurait fait rapport auprès de son tuteur de stage.

Deux battements de cœur se faisaient entendre. Deux souffles réguliers aussi. Aucun vampire. Aucun autre humain. Mattéo actionna la poignée et pénétra à l’intérieur. Le soleil du mois de mai dardait ses rayons sur la chambre à travers la fenêtre. Une jeune femme blonde était assise sur son lit médical, berçant doucement un bébé dans ses bras. A l’arrivée de Mattéo, elle releva la tête, alerte. Son teint était très pâle, comme n’ayant pas pris le soleil depuis très longtemps. De lourds cernes creusaient ses yeux autrefois surement très beaux. Ses cheveux blonds étaient ternes. Si elle paraissait presque apaisée avec son bébé près d’elle, ses épaules se tendirent immédiatement à la vue de Mattéo.

« Bonjour, miss Fontanges. » dit-il d’une voix polie, se positionnant devant son lit, les bras croisés derrière le dos. « Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? »

Ne jamais dire les phrases banales « ça va ? » « comment allez-vous ? ». C’était trop cliché et les personnes y répondaient souvent machinalement. En revanche, quand on leur demandait de mettre des sentiments, des sensations dans une réponse, cela leur demandait une seconde de réflexion.

« Je suis le docteur Black, interne en Psychomagie. » se présenta-t-il. « J’aurai souhaité m’entretenir un moment avec vous. Voulez-vous qu’on aille dans mon bureau ? Qu’on reste dans votre chambre ? »

Il cligna plusieurs fois des yeux, se rappelant des gestes simplement humains qu’il avait été forcé d’adopter. Il y avait longtemps, Adrian Dwight avait commencé à lui enseigner les TOC que les humains avaient l’habitude de faire. Mais tout le reste, il l’avait appris en observant Clarissa ou encore lors de son expédition en Amérique.

« Tout me convient. » répondit-il en venant attraper un fauteuil de la chambre dans lequel il s’installa.

Il posa alors le dossier d’Aliénor sur une petite tablette, bien en évidence, et étudia un instant le regard de la jeune femme sur celui-ci.

« Les Médicomages m’ont informé que vous vous apprêtiez à rentrer chez vous. Comment vous sentez-vous à cette idée ? »

Il la laissa répondre, prenant soin de ne pas l’interrompre. Il laissa volontairement quelques secondes après la fin de sa phrase, comme s’il lui laissait l’occasion d’ajouter encore quelque chose.

« Revoir vos parents et vos sœurs a du être éprouvant pour vous. Que ressentez-vous à leur sujet ? Leur faites-vous confiance ? »

Il était intriguant de savoir ce qu’Aliénor avait vécu durant tous ces mois où personne n’avait trouvé de trace d’elle. Elle s’était simplement volatilisée. Rien ne laissait croire à aucune piste. Cela avait été une affaire hors norme. Et pourtant, une seule chose faisait sens dans l’esprit de Mattéo : un vampire. Seul un vampire pouvait être capable de faire ça. Elevé dans le clan Dwight, Mattéo avait vu de quoi ses congénères étaient capables. Être fort, discret. Ne pas dormir. Réfléchir énormément. Penser à tout. Entendre tout. Sentir tout. Bien sûr, il fallait déjà des compétences innées pour véritablement être capable d’organiser un enlèvement aussi parfait. Mais avec les qualités d'un vampire, c'était possible. La question était : que s’était-il passé durant tous ces mois ? Comment Aliénor s’était-elle échappée ? Et pourquoi était-elle réapparue maintenant ?

« Votre fille a l’air d’être un véritable soutien pour vous. » nota-t-il en désignant du menton le bébé. « Elle s’appelle Nina, c’est cela ? D’où lui vient son prénom ? »

Il écouta avec attention la réponse de la jeune femme, conscient qu’il allait devoir prendre quelques notes.

« Me permettez-vous de prendre en note vos réponses ? » dit-il en attrapant une plume et un parchemin vierge du dossier. « Il s’agit simplement pour vous de mieux m’y retrouver dans votre histoire afin que je puisse au mieux vous aider. Nous allons être amené à nous voir un petit moment pour que votre retour en société se passe au mieux, pour vous et votre fille. »

Il laissa un sourire apparaître sur ses lèvres, un sourire doux et charmant, le genre qui faisait craquer à chaque fois Clarissa.

« Pouvons-nous aborder le sujet de ces derniers mois ? » demanda-t-il d’un ton prudent. « Pouvez-vous me raconter ce qui vous est arrivé ce soir d’octobre 2000 et ce que vous avez ressenti. »

A nouveau, il offrit un sourire encourageant à la jeune femme afin qu’elle se laisse aller à se confier. Ce qui ne semblait pas pour autant gagner …

Lundi 10 juin 2002

Mattéo souriait face aux notes qu’il avait reçues ce matin-même. Il validait sa Licence et poussait dès lors commençait une 4ème année en septembre à l’université. Tout se passait comme il le voulait. Sa main vint serrer l’étoffe sur ses épaules.

« J’espère que tu es fière de moi, mamma*. »
*maman en italien

Ses doigts vinrent s’enrouler autour de la cape qui avait autrefois appartenu à sa mère. Cependant, cet instant d’intimité fut interrompu par deux coups à la porte. Le sourire de Mattéo disparut instantanément et il rangea rapidement la lettre dans son enveloppe, laquelle fut glissée dans un des tiroirs de son bureau. Il partageait la pièce avec son tuteur de stage mais avait eu droit à son propre bureau pour ranger ses dossiers. Le docteur Jensen, son référent, ne travaillait pas les lundis et mercredis, journée que Mattéo devait effectuer en solo.

« Entrez. »

Une tête rouquine passa la tête dans l’entrebâillement de la porte. Si son cœur battait encore, il aurait certainement effectué un saut périlleux dans sa poitrine en imaginant que Clarissa était venue le trouver. Mais ce n’était que Chloé, l’interne en chirurgie.

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Chloé Crabbe

« Tu as un moment ? » chantonna-t-elle.

Mattéo lui fit un signe de main pour qu’elle rentre. Après leur première rencontre, Chloé était revenue le trouver. Comme il l’avait remarqué, elle s’était beaucoup intéressée à son nom de famille, se demandant de quelle branche il provenait. Mattéo n’avait pu que lui confier une partie de la vérité : il ignorait encore qui était son père mais il allait bientôt le découvrir. Depuis la découverte qu’Edmund Prewett avait fait pour lui, la liste de candidats s’était restreinte à quelques noms.

Orion Black, le père de Sirius et Regulus, avait 36 ans en 1965, date de naissance de Mattéo. Les tromperies étaient monnaie courante dans le milieu, aussi n’écartait-il pas la possibilité qu’Orion soit son père, bien que Walburga était visiblement renommée pour sa cruauté et sa rigueur qui aurait dissuadé tout mari de lui causer du tort, notamment en pondant un enfant avec une autre. Le frère de celle-ci, Alphard, était un homme dont Mattéo n’avait su recueillir bien d’éléments, tellement il était perçu comme le mouton noir de la famille. A sa mort en 1979, il avait légué toute sa fortune à Sirius Black. Il y avait peu de chance d’être son descendant car alors, il aurait cédé son héritage à son fils, non ? Restait le troisième frère, Cygnus, qui avait 30 ans lors de la naissance de Mattéo. Il avait pu apercevoir plusieurs de ses portraits dans de vieilles archives et se trouvait une ressemblance avec l’homme. Père de trois filles, il était étonnant qu’il n’ait pas reconnu Mattéo à sa naissance, seul garçon de sa portée, même s’il était d’une autre femme. Or, aucune trace n’indiquait qu’il avait eu un garçon, même disparu.

Si on écartait les jeunes hommes, il fallait ensuite remonter à une génération plus haut où on trouvait Pollux Black avec ses 55 ans ou Marius Black à 52 ans. Mattéo avait totalement exclus Phineas Black, bien trop vieux pour être cette silhouette qu’il avait vu dans le miroir.

« Tu as l’air songeur … »

Chloé l’interrompit une nouvelle fois, venant écarter sa chaise du bureau pour s’installer sur ses genoux. Elle était devenue bien plus gentille et serviable depuis qu’elle savait qu’il avait un lien avec les Black. Elle-même portait le nom de Crabbe, une des dernières familles de Sang-Pur. Pour elle, épouser un Black devait signifier beaucoup. Elle ignorait cependant que Mattéo n’avait aucune intention de se marier, surtout avec une pâle copie de son véritable amour.

Ne répondant pas à sa remarque, il vint s’emparer de sa bouche. Les bras de Chloe vinrent se resserrer autour de son cou alors qu’elle tentait de presser son corps contre le sien. Il ne ressentait guère de chose, là, entre ses bras. C’était davantage mécanique que du véritable désir. Non, il préférait imaginer là qu’il venait presser ses lèvres contre celle de Clary. Qu’il venait fourrager dans sa longue chevelure rousse. Que ses formes parfaites venaient épouser les siennes.

D’un geste rapide, il se releva et vint poser la jeune femme sur le bureau, bousculant plusieurs dossiers qui tombèrent au sol. Ses baisers s’accentuèrent alors qu’il venait appuyer son corps contre les cuisses de Chloé afin qu’elle le laisse passer. Penser à Clarissa était ce qui l’aidait le mieux. Il la voulait. Il la désirait. Il n’y avait qu’elle qui comptait. Lorsqu’elle envahissait ses pensées, il en oubliait presque de limiter ses mouvements rapides et brusques. Peu de personnes savait qu’il était un vampire. Il n’avait pu le cacher entièrement mais avait su présenter les choses de façon à ce que les autres taisent son secret. Être une créature de la nuit n’était jamais très bien perçue au Royaume-Uni …

Il avait entrepris de déboutonner le pantalon de Chloé quand on toqua à nouveau à la porte. Un grondement monta de la poitrine de Mattéo tandis que la jeune femme gloussait. En croisant son regard, il se rendit compte que la magie était rompue. Elle n’avait pas ce regard noisette que Clarissa possédait, ni ses tâches de rousseur qui le faisaient craquer à coup sûr. Avec un soupir, il s’écarta d’elle et s’empressa de remettre ses habits en ordre avant d’aller ouvrir.

« Monsieur. »

C’était Thomas, le secrétaire du cabinet du docteur Jensen. Au vu de l’odeur qu’il dégageait et de sa tête difforme, Mattéo était convaincu qu’il avait du sang de gobelin. Sa petite taille ne trompait pas, ainsi que ses lunettes en demi-lune perchaient sur son nez pointu. Toutefois, malgré ce physique ingrat, il faisait son travail de manière convenable.

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Thomas (Toby Jones)

« Thomas. Que se passe-t-il ? »
« Votre rendez-vous est arrivé, monsieur. »

Mattéo plissa les yeux avant de comprendre. Aliénor Fontanges !

« Êtes-vous certain ? »

Après tout, Aliénor l’avait planté tellement de fois qu’il était assez peu probable qu’elle soit véritablement ici. Depuis quelques temps, elle évitait soigneusement leurs entretiens, comme si elle sentait qu’au prochain rendez-vous, elle risquait de faire tomber ses remparts. C’était sur cela que Mattéo comptait de toute manière. Il avait essayé tant bien que mal de la faire parler de son enlèvement et de ces derniers mois, sans grand succès. La jeune femme préférait toujours la fuite. Littéralement, pour le coup.

« Oui, elle s’est installée dans la salle d’attente depuis une quinzaine de minutes déjà. »
« Oh. »

Mattéo jeta un coup d’œil à la pendule derrière Thomas. Elle était arrivée avec cinq minutes d’avance et Mattéo avait dix minutes de retard.

« Merci Thomas. Offrez-lui quelque chose à boire et dites-lui que je suis à elle dans une minute. Expliquez-lui que mon précédent rendez-vous a pris plus de temps que prévu et que je m’en excuse. »

Thomas hocha la tête et retourna voir Aliénor dans la salle d’attente. Mattéo referma la porte alors que Chloé gloussait une nouvelle fois en finissant de rattacher son chemisier. Mattéo ne se rappelait même pas l’avoir déshabillé à ce niveau-là. C’était dire combien Clarissa occupait toutes ses pensées.

« Ton précédent rendez-vous peut-il revenir ce soir ? »

Immobile, Mattéo la regarda. Il savait qu’il devait garder une attitude charmante. Chloé satisfaisait bien certains besoins, mais en plus de cela, elle avait un pied dans le monde très fermé des Sang-Purs. Il allait encore avoir besoin d’elle. Et bizarrement, il sentait que Chloé était le genre de filles susceptible de se vexer à la moindre contrariété. Un sourire se plaqua sur ses lèvres alors qu’il s’approchait d’elle.

« Pas ce soir, trésor. » dit-il en posant ses deux mains sur ses bras. « J’ai des dossiers urgents à traiter. Mais pourquoi je ne te rejoindrai pas demain soir chez toi ? »

Ce serait l’occasion d’explorer certaines de ses affaires pendant qu’elle dormirait. Cela parut plaire à Chloé qui s’illumina d’un grand sourire. Elle l’embrassa et sortit après un dernier au-revoir. Mattéo poussa un long soupir lorsque la porte fut refermée et se dépêcha de ranger. Les sortilèges ménagers n’étaient guère sa spécialité, aussi devait-il tout faire à la main.

Les pots de crayon remis en place et les dossiers également, il se passa une main dans les cheveux face au miroir, reposa la cape de sa mère sur le porte-manteau et enfila sa blouse de Psychomage avant de sortir du bureau. Aliénor était là, assise sur cette chaise de la salle d’attente. Depuis leur tout premier entretien, elle avait repris quelques couleurs et son regard était moins hanté. Néanmoins, des démons persistaient toujours en elle et l’agitation de sa main témoignait encore du long chemin qui lui restait à parcourir.

« Miss Fontanges ? »

Aliénor releva la tête vers lui et il lui fit alors signe de le suivre. Ils marchèrent en silence jusqu’à son bureau, quelques portes plus loin et Mattéo la laissa entrer en première avant de refermer la porte.

« Installez-vous … où vous le souhaitez. »

Il désigna la chaise devant son bureau ou le petit canapé parfois plus accueillant pour certains patients. Lorsqu’elle eut fait son choix, il s’installa de façon à être en face d’elle.

« Thomas vous a-t-il offrir à boire ? Voulez-vous autre chose à nouveau ? »

Ses yeux étudièrent le visage d’Aliénor et il laissa quelques secondes en suspens avant de reprendre.

« Alors, Aliénor, qu’est-ce qui vous a décidé à venir aujourd’hui ? »

Un léger sourire amusé flotta sur ses lèvres avant d’explorer le dossier d’Aliénor sous ses yeux.

« Vous avez annulé nos trois derniers rendez-vous. En vérité, je pensais même que vous ne viendriez pas à celui-là. Mais vous voilà. Et j’en suis heureux. J’ai l’impression que vous avez envie de parler. Que vous avez envie d’un changement. »

Il prenait le temps de prononcer ses paroles, comme étudiant les réactions de la jeune femme à chacun de ces mots.

« Et vous, Aliénor, comment vous sentez-vous à présent que vous êtes ici ? »

Pour éviter l’immobilité du vampire, Mattéo se réinstalla un peu mieux dans son fauteuil, lui laissant le temps de reprendre avant d’ajouter :

« Qu’attendez-vous de moi, au juste ? »

Il voulait que l’aide vienne d’elle. Il pouvait l’aider et elle pouvait l’aider, à sa façon. Mais c’était à elle de l’exprimer. Cela ne pouvait fonctionner que si elle en faisait la demande. Si cela venait d’elle, elle serait ainsi plus à même d’accepter ce qu’il lui dirait. Son rôle ensuite serait de la rassurer et de la guider au mieux. De lui donner des conseils, de l’amener à réfléchir sur certaines périodes de sa vie, de libérer sa parole … jusqu’à ce qu’elle lui en dise plus sur ce Peretti qui gravitait toujours autant dans sa vie. Qui était-il ? Pour elle … et pour Mattéo ?

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ

Mattéo Black-Peretti

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I try to keep this pain inside but I will never be alright Avec Mattéo Black-Peretti 🙚 Mercredi 15 mai 2002

Depuis deux jours, je n'étais pas sûre de savoir ce que je ressentais. J'étais très confuse, assez perdue… Je ne savais pas ce que je pouvais ressentir. Du soulagement de ne plus être enfermée ? Du mal-être à l'idée que ce soit Lorenzo derrière tout ça ? Tout était flou. J'avais beau porter des vêtements à moi, issus de ma penderie personnelle et ramenés par ma mère, je n'avais pas encore l'impression d'être sortie de là. Quand je quitterai l'hôpital, que se passera-t-il ? Lorenzo voudrait rester. Comment justifiera-t-il ça auprès de ma mère ? Et moi, comment je répondrais à ses questions ?

Elle n'était pas la seule à me poser des questions. Les Médicomages aussi… Mais pour le moment, j'étais tellement concentrée sur ma petite fille. Installée dans mes bras, elle se laissait bercer en me fixant de ses grands yeux bleus. Elle était tellement mignonne… Et à chaque fois que je la portais dans mes bras, j'étais reconnaissante qu'elle soit toujours en vie. Elle était comme ma bouée de sauvetage. Grâce à elle, je pouvais me sentir détendue. Je me raccrochais à elle comme je me raccrochais à la vie. De toute façon, c'était depuis sa naissance que tout envie de mourir avait disparu. Déjà même pendant ma grossesse, elle commençait à disparaître. Comment je pouvais laisser mon trésor de fille toute seule ?

Je relevais subitement la tête, détachant mon regard des yeux de Nina, pour qu'il tombe sur un inconnu. Il avait beau porter une blouse blanche typique des Médicomages, je ne le connaissais pas. Je me tendis légèrement, me demandant ce qu'il me voulait. « Bonjour, miss Fontanges. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? » Encore des questions. Toujours plus de questions. Je voulais tellement qu'on cesse de m'en poser, pour que j'arrête de réfléchir… Tout était trop dur, on me demandait trop de choses. Et pourquoi envoyaient-ils encore un nouveau Médicomage ? Ils n'avaient pas tout ce qu'il leur fallait, déjà ? « Qui êtes-vous ? » « Je suis le docteur Black, interne en Psychomagie. » Oh par Merlin oui. J'avais totalement oublié cette histoire… Voilà pourquoi j'étais seule dans la chambre. Je n'avais pas vraiment écouté les dernières paroles de ma mère quand elle m'avait dit qu'elle devait me laisser, me contentant de répondre avec un « Hum-hum. » Quand j'avais réalisé que Lorenzo aussi était sorti, je m'étais demandée pourquoi.

Parce que je devais voir un Médicomage. Un nouveau rendez-vous médical. Inconsciemment, je serrais Nina un peu plus fort contre moi. « J’aurai souhaité m’entretenir un moment avec vous. Voulez-vous qu’on aille dans mon bureau ? Qu’on reste dans votre chambre ? » Une décision à prendre. Je devais prendre une décision. Par Merlin, depuis combien de temps je n'avais pas pris de décision moi-même ? Depuis plusieurs mois, je dirais. Les plus importantes avaient marqué ma vie au fer rouge. Essayer de me suicider deux fois, garder ma fille… Mais au final, les conséquences m'avaient échappées. Punitions, séquestrations, mais également le plus beau jour de ma vie, bien qu'il soit teinté de nombreuses angoisses et de peurs. J'avais arrêté d'en prendre parce que… Parce que c'était plus simple. Pourquoi je devais en reprendre ? Pourquoi ne pouvait-il pas choisir pour moi ? « Je… » Je me mordis la lèvre inférieure, ne sachant pas quoi répondre. Si nous restions ici, les questions allaient reprendre directement. Mais si nous allions dans son bureau, on risquait de nous voir… Lorenzo risquait de nous voir. Et vu comment il avait parlé à Jordan, vu comment il s'est occupé du Médicomage qui m'avait faite accoucher… « Je préfère rester ici, enfin, si ça vous va… » Répondis-je précipitamment. « Tout me convient. » Je soupirais de soulagement. Je n'avais pas fais d'erreur…

Le Psychomage attrapa un fauteuil et s'assit dedans, avant de poser un dossier sur la tablette devant moi. Je baissais les yeux et lu mon nom et prénom. Le blason de Sainte-Mangouste m'indiquait que c'était mon dossier médical, et non mon dossier policier. Je savais que physiquement, tout allait bien. Qu'avaient-ils pu marquer d'autre ? « Les Médicomages m’ont informé que vous vous apprêtiez à rentrer chez vous. Comment vous sentez-vous à cette idée ? » Revoilà les questions. Tout comme les décisions, je faisais tout pour les éviter. J'avais appris à me laisser porter au rythme de Lorenzo, et à ses règles. J'étais incapable de lui répondre, alors que mentalement, je faisais tout pour éviter de penser à moi. Je pensais toujours à ma fille. Ma bouée de sauvetage. Ma raison de vivre. « Je ne sais pas… » « Revoir vos parents et vos sœurs a du être éprouvant pour vous. Que ressentez-vous à leur sujet ? Leur faites-vous confiance ? » Est-ce que je leur faisais confiance ? Bien sûr que oui. je savais qu'ils avaient souffert de cette situation, j'avais bien vu les photos que Lorenzo m'avait ramenées. « Je n'ai pas encore revu mes soeurs… Ce soir, normalement. » Si je sortais de là.

« J'étais surtout… Soulagée, de les voir. En fait… J'avais juste peur qu'ils… Qu'ils n'acceptent pas mon enfant, mais… Ça s'est très bien passé… » Je serrais Nina un peu plus contre moi, alors qu'elle jouait avec mes cheveux. C'était compliqué d'expliquer ce que je ressentais, de poser des mots dessus. Je me rendais bien compte que je n'étais pas celle que j'étais il y a deux ans. Cette expérience m'avait marquée, et je ne savais plus qui j'étais. J'avais essayé de toute enfouir pendant ces mois de détention. J'avais du mal à m'ouvrir, alors, je me raccrochais aux faits, et ce que je savais. Je me doutais que mes parents et mon ex pensaient que Nina était issue d'un viol, j'avais peur qu'il voit en elle le protrait  de mon kidnappeur. Mais ils l'avaient adoptée. Ils l'avaient aimée, tout de suite, et cela m'avait rassurée. « Votre fille a l’air d’être un véritable soutien pour vous. Elle s’appelle Nina, c’est cela ? D’où lui vient son prénom ? » J'eus un sourire timide en la regardant un instant. « Mon parfum. C'est Nina Ricci. Je le porte depuis des années, depuis que je suis ado. Alors, quand je l'ai vue dans mes bras… Je ne sais pas, ça me semblait être comme une évidence. » Je n'avais pas voulu lui donner de prénom tant que je ne savais pas si Lorenzo voulait la garder ou non. Mais quand je sus qu'il allait l'épargner, son prénom était sorti naturellement de mes lèvres. Comme si j'avais toujours su comment je voulais l'appeler.

Le docteur Black écoutait mes paroles attentivement, avant de prendre une plume et un parchemin. « Me permettez-vous de prendre en note vos réponses ? » « Pourquoi ? » M'affolais-je. Est-ce que je disais des choses qui allaient remettre en cause ma sortie ? Pire, est-ce que j'avais dis des choses qui avait mis Lorenzo en porte-à-faux ? « Il s’agit simplement pour vous de mieux m’y retrouver dans votre histoire afin que je puisse au mieux vous aider. Nous allons être amené à nous voir un petit moment pour que votre retour en société se passe au mieux, pour vous et votre fille. » Oh. Oh. Je me sentais tellement bête, d'un seul coup… Je me mordis la lèvre inférieure, rapidement, avant d'hocher la tête. « Oui, bien sûr… Allez-y. » Bien sûr que j'allais devoir le revoir, qu'est-ce que je pensais ? Les Médicomages n'allaient pas me lâcher comme ça, même après ma sortie.

Mon nouveau psychomage m'adressa un sourire. Sûrement pour me mettre à l'aise, ou quelque chose comme ça ? Je lui en rendais un timide, avant de détourner légèrement le regard. Son sourire… Je ne savais pas pourquoi, mais il me disait quelque chose. Il me semblait familier, comme si je l'avais déjà croisé. Mais c'était impossible. Il semblait jeune, peut-être encore étudiant, et je n'avais jamais fréquenté les couloirs de la Médicomagie à l'UMS, et je n'avais consulté de Psychomage. « Pouvons-nous aborder le sujet de ces derniers mois ? » Non, pitié, non… « Pouvez-vous me raconter ce qui vous est arrivé ce soir d’octobre 2000 et ce que vous avez ressenti. » Non, non, non. Je ne voulais pas, parce que j'avais trop peur. J'avais peur d'aborder les mauvais sujets, de donner des pistes sur celui qui m'avait kidnappée, alors que j'avais promis à Lorenzo que je garderai le secret…

Mon cœur se remit à battre la chamade et je me sentis me renfermer. Comment je pouvais me sortir de là ? « A quoi cela va me servir pour sortir d'ici ? C'est arrivé. Je ne peux rien y changer. » J'allais vivre avec cette expérience toute ma vie. Avec ses conséquences aussi. Je détournais légèrement le regard, en n'écoutant que d'une oreille ses explications. Ce n'était pas… Bien, d'en parler. Je ne pouvais pas. Il fallait que je trouve une combine, et vite ! « Ce soir-là… J'étais allée dans mon bar étudiant favori. Pas pour faire la fête, mais pour noyer mon chagrin dans l'alcool. » J'entendis la plume se mettre à griffonner sur le parchemin au moment où je commençais à parler. Je n'aimais pas savoir que mes paroles, que chacun de mes mots soient décortiqués. Je voulais simplement rentrer chez moi, me rouler en boule sous ma couette et tout oublier. Sûrement avec une bouteille de vin blanc.

« Mon copain de l'époque, Jordan… Il m'a trompée. Encore une fois. Je ne compte même plus le nombre de dernières chances que je lui avais laissées, et… » Parler de Jordan semblait être le moyen parfait de ne pas parler de Lorenzo. D'instaurer d'autres noms qu'il pourrait évoquer avec moi. « Je me sentais trahie, parce que ce n'était pas la première fois, et pourtant, à chaque fois il me jurait de ne pas recommencer, et… » Et il recommençait. A une époque, je l'avais aimé, sincèrement. Je pensais même que j'aurai fini ma vie avec lui. Au début de notre relation, il m'avait fait rire, il m'avait charmée. Sur la fin, j'avais l'impression de ne pas compter. De ne plus être assez bien. Bien que nos engueulades soient spectaculaires -mon sang français me permettait de toujours hausser la voix-, je n'avais jamais eu le courage de le plaquer. Jusqu'à hier, même si c'était pour éviter que Lorenzo ne le tue. « Alors je buvais, et buvais, parce que j'étais en colère et triste. Et… » Et quoi, Aliénor ? C'est là que tu allais avouer qu'on t'avait offert un verre, que tu avais discuté avec un charmant Italien qui bossait au Ministère, avant de danser avec lui, de l'embrasser et de te laisser emmener chez lui ? C'est là que tu allais avouer que tu avais couché avec ce bel inconnu, que bien que tu te sois protégée, tu allais tomber enceinte ? Qu'après le sexe, tu te laissais toujours caresser, parce que tu te sentais comme une reine sur un piedestal, jusqu'à ce qu'il te morde pour boire ton sang ? Qu'après ça, je m'étais enfuie, sauf qu'il m'avait retrouvée, droguée et emmené dans une Villa que je ne connaissais pas pour me garder presque deux ans ?

A l'évocation de ces souvenirs, je sentis des larmes mouiller mes yeux et mon ventre se creuser. Si je n'étais pas partie en le traitant de malade, rien de tout cela ne serait arriver. Peut-être que j'aurai continuer de le voir, comme une personne normale. Parce que, le connaissant, il ne m'aurait pas laissé continuer ma route. Il aurait continuer de me draguer pour que je tombe dans ses bras, et j'aurai craqué. J'aurai peut-être été heureuse. Je n'avais même pas 25 ans que j'avais l'impression d'être au fond du trou.

J'arrêtais de caresser les cheveux de ma fille pour m'essuyer les yeux. « Pardon, je ne voulais pas craquer… » Il me donna gentiment des mouchoirs, et j'en profitais pour tamponner mes yeux. Du coin de l'oeil, je vis que Nina s'était endormie dans mes bras. Tant mieux, elle n'avait pas à entendre tout cela. Moi qui faisait tout pour qu'elle garde son père. « Je ne me souviens pas de la suite. » Il fallait que je protège son père, il le fallait. Et puis, je ne voulais plus en parler. C'était le passé. Je voulais me concentrer sur le futur. Alors, j'ignorais toutes ses questions suivantes pour demander ce qui me taraudais : « Le Médicomage m'a prescrit des anxiolytiques. C'est quoi, les effets secondaires de ce trucs ? Des risques d'endormissement quand je les prends ? » Lorenzo allait rester dans le coin, et je savais qu'il était un grand adepte des somnifères pour pouvoir boire mon sang. Si je les prenais, qu'est-ce qui l'empêcherait de continuer de me boire sans me prévenir, hein ? Ou pire, me ramener à la Villa ? « Je fais suffisamment de cauchemards, je ne veux pas en rajouter… » Marmonnais-je, en essayant de trouver l'explication la plus logique. Qu'est-ce qu'on est censé répondre, quand on me demande pourquoi je ne veux pas suivre de traitement ? Et qu'est-ce que je suis censée répondre, quand il me demande à quoi ressemblent mes cauchemars ? J'ai bien trop peur de lui donner la moindre information préoccupante… « On a bientôt fini ? Mes parents vont finir par m'attendre… » Je sais, ils attendront l'aval du Médicomage, et du Psychomage. Mais je n'en pouvais plus d'être dans cette pièce, à devoir répondre à des questions. Je préférais être au prochain rendez-vous, au moins, j'aurai eu le temps d'imaginer des réponses.

🙚 Lundi 10 juin 2002

Bien que je n'avais aucune envie de me trouver là, c'est d'un pas presque courageux que je pénétrais dans l'hôpital Sainte-Mangouste. Endroit où je n'avais pas mis les pieds depuis ma sortie d'hôpital, mi-mai. Mes doigts se resserraient sur les poignées du couffin où se tenait ma fille endormie, quand une voix m'interpella : « Aliénor ! » Je me retournais pour voir Thyra, l'amie de Lorenzo, qui se dirigeait vers moi, son éternel grand sourire sur son visage, et une blouse blanche sur les épaules. « J'espère que je ne t'ai pas trop fait attendre ! » « Non… Je viens d'arriver. » Je lui adressais un sourire timide, avant de me laisser entraîner dans les couloirs de l'hôpital.

C'est la vampire qui m'avait convaincue de retourner voir mon Psychomage. Notre première rencontre s'était faite autour d'un repas et d'une partie de billard, mais surtout pour qu'elle examine Nina. Elle ne parlait pas, alors qu'elle devrait, et refusait d'être dans les bras de quelqu'un d'autre que moi ou Lorenzo. J'étais tellement inquiète que ce dernier m'avait proposé de rencontrer son amie Médicomage, pour que je puisse raconter la vérité sans qu'il ne soit inquiété. Elle en avait profité pour parler de moi, de mes ressentis, et m'avait donc conseillé de retourner voir le docteur Black. Bien qu'elle ne le connaissait pas, Thyra était persuadée que parler pouvait me faire du bien, même si je ne parlais pas des évènements des derniers mois. J'avais tellement de questions qui bousculaient dans ma tête, que je me rendais bien compte que j'avais besoin d'aide pour démêler tout ça. C'est donc pour cela que j'allais à mon rendez-vous.

Ils avaient tous été fixés avec plusieurs mois d'avance, mais je n'étais allée à aucun. J'avais tellement peur de me retrouver bousculée face aux questions… Et puis, j'avais peur de la réaction de Lorenzo. Je ne lui en avais pas parlé, et Thyra s'était proposée de garder Nina, le temps de mon rendez-vous. En attendant, elle me guidait dans les couloirs en bavardant joyeusement, sûrement pour essayer de me détendre avant. « Bon, je dois retourner à la morgue. Je récupère ça… » Elle prit le sac de mes mains. « … et ça. » Puis, elle attrapa le couffin où ma fille dormait toujours, en m'adressant un clin d'oeil. Je me dépêchais d'expliquer : « J'ai mis dans le sac des couches, des biberons d'avance, des jouets, des livres, un pull à moi et une veste de Lorenzo, au cas où elle se réveille… » Je me sentis rougir légèrement. La veste, je la tenais de notre premier et unique rendez-vous à Paris. Il avait déposé la veste sur mes épaules pour que je n'attrape pas froid, et ne l'avait jamais récupérée. Elle avait encore son odeur et son parfum dessus, alors, je me suis dis qu'elle serait un bon remplacement provisoire de ses bras, comme mon pull. « Mon frère est passé me donner des bouteilles de sang, achetées dans un bar pour créatures, pour mon repas. J'en ai mis de côté, si jamais Nina a plus faim de sang que de lait. » Je sentis le soulagement m'envahir. Je n'avais jamais acheté de sang, et j'espérais n'avoir jamais à le faire, sachant que c'était toujours Lorenzo qui s'en occupait. « Aller, Ali chérie. Courage. Tu es forte, ne l'oublie pas ! » Thyra posa un baiser sur ma joue, avant de faire demi-tour, me laissant seule dans le bâtiment de Psychomagie.

Je pris une profonde inspiration, comme pour essayer de me donner du courage, avant de toquer à la porte du bureau de mon Psychomage. Un homme petit, avec une tête légèrement différente de la notre, ouvrit la porte. « Oui ? Que puis-je faire pour vous ? » « Je… je suis Aliénor Fontanges, j'ai rendez-vous avec le docteur Black… » Alors que mon cœur tambourinait dans ma poitrine, l'homme me fixait de haut en bas, comme doutant de ma parole. Ou alors… Non, il avait un air surpris. En tout cas, il finit par se détourner de la porte, pour me laisser passer. « Installez-vous dans la salle d'attente, le docteur Black ne va pas tarder. » J'hochais la tête, avant de m'asseoir dans l'une des chaises. Je ne pris même pas la peine de prendre un magazine. Je me contentais de poser mon menton dans ma main droite, ma main gauche posée sur l'accoudoir avec mes doigts qui galopaient sur place, prête à me perdre dans mes pensées.

Est-ce que j'avais eu raison de me trouver là ? Est-ce que je faisais la bonne chose ? Est-ce que j'avais pris la bonne décision ? Comment allait prendre Lorenzo, quand je lui avouerai que j'avais revu mon Psychomage sans lui dire ? Certes, Thyra m'avait convaincue, mais j'y étais allée de moi-même. Est-ce qu'il serait d'accord ? Après tout, il ne m'a pas donné son autorisation. Si il avait refusé, que fera-t-il pour me punir ? Bien qu'il m'ait promis qu'il ne me ramènera jamais dans la Villa, est-ce qu'il tiendra cette promesse ? Si je lui expliquais que c'était pour démêler les noeuds de ma tête, ceux de mon cœur et pour comprendre mes sentiments, l'acceptera-t-il ? C'était si facile pour moi de lire ses sentiments dans ses yeux ; en revanche, comprendre ce qu'il se passait dans sa tête l'était beaucoup moins…

« Miss Fontanges ? Le docteur Black s'excuse de son retard. Son précédent rendez-vous lui a pris plus de temps que prévu, mais il arrivera dans une minute. » Je regardais l'homme, que je supposais être un secrétaire ou un assistant, avant de regarder l'heure. Cela faisait déjà une quinzaine de minutes que je me trouvais là. « Merci. » « Souhaitez-vous boire quelque chose, en attendant ? » J'ouvris la bouche, avant de secouer la tête. Non, je ne voulais rien. En fait, je voulais retrouver Nina, et un environment familier. Je voulais des réponses à mes questions. Je jetais un oeil à la bague de laurier à mon annulaire gauche. La bague offerte par Lorenzo, que je ne pouvais pas enlever, et qui lui servait à toujours savoir où je me trouvais. Savait-il que je me trouvais à l'hôpital, en ce moment ? Est-ce qu'il viendrait me chercher, pour savoir ce qu'il en était ? Serait-il en colère ? Je préférais détourner mon regard de ma main, laissant mes doigts galoper à nouveau. Et Nina ? Comment allait-elle ? S'était-elle réveillée ? Pleurait-elle, actuellement ?

« Miss Fontanges ? » Une nouvelle fois, on m'appela. Je levais précipitamment la tête pour apercevoir le docteur Black. Ce dernier me fit un signe pour que je le suive. Je me levais doucement, pour essayer de calmer les tremblements de mes mains, et les battements de mon cœur. Après avoir déambulé dans un couloir rempli de portes, il finit par en ouvrir une, et me fit signe de de rentrer dans la pièce. J'observais tout autour de moi. Il y avait deux bureaux. Je soupçonnais déjà qu'il était étudiant, soupçon qui se confirmait alors que je ne voyais aucun diplôme à son nom. Je supposais alors que le second bureau appartenait à son tuteur absent. « Installez-vous … où vous le souhaitez. » Comment ça, où je le souhaitais ? Il n'y avait pas un protocole à suivre ? Ma gorge se serra quand il désigna une chaise devant l'un des bureaux, sûrement le sien, ou le canapé. Je devais choisir ? Pourquoi ? Est-ce qu'il y avait un bon ou un mauvais choix ? Après une hésitation certaine, je finis par m'installer sur le canapé, qui me rappelait celui du bureau de Lorenzo. Celui où j'étais quand il m'avait rassurée sur Nina, agenouillé devant moi.

Le docteur Black s'installa en face de moi, en me demandant : « Thomas vous a-t-il offrir à boire ? Voulez-vous autre chose à nouveau ? » Je posais mes mains sur mes genoux, les bras tendus, dans la continuité de la tension corporelle que je ressentais. « Oui, mais je n'ai besoin de rien… Merci d'avoir proposé. » Je sentis son regard me sonder et mon cœur accéléra encore un peu plus. Est-ce que un jour, je retrouverai un rythme cardiaque normal ? « Alors, Aliénor, qu’est-ce qui vous a décidé à venir aujourd’hui ? » Excellente question. Un sourire timide monta sur mes lèvres, alors que je répondais sur un ton que j'espérais assuré : « Nous avions rendez-vous… » Ma réponse semblait l'amuser, et il jeta un oeil à mon dossier. « Vous avez annulé nos trois derniers rendez-vous. » Ce dont j'avais bien conscience. Et j'avais également conscience, par mon éducation, que c'était d'une extrême impolitesse, mais je n'avais pas le courage de lui mentir et d'inventer des excuses. Mais je n'avais pas le courage de lui avouer la vérité non plus.

« En vérité, je pensais même que vous ne viendriez pas à celui-là. Mais vous voilà. Et j’en suis heureux. J’ai l’impression que vous avez envie de parler. Que vous avez envie d’un changement. » J'hésite, un instant. Si je veux aller mieux, il faut que je sois honnête. Mais je sais que je ne peux pas tout dire. Je peux faire un tri… « C'est la Médicomage-légiste, Thyra Thorvaldsen, qui m'a convaincue de revenir ici. Elle a examiné ma fille, et m'a assurée que c'était le mieux pour moi de revenir ici. » Ce qui était plutôt vrai, au final. J'essayais de me détendre. Je ne m'en sortais pas trop mal, il fallait que je continue comme ça. « Et vous, Aliénor, comment vous sentez-vous à présent que vous êtes ici ? » « Je ne sais pas. » Avouais-je. Ce qui était vrai. Je me sentais angoissée, mais je l'étais tout le temps. Je me sentais soulagée, parce que j'avais l'impression de ne pas faire trop d'erreurs. Et en même temps, j'avais peur que cette visite soit une erreur monumentale.

Le docteur se réinstalla correctement dans son fauteuil, avant de me demander : « Qu’attendez-vous de moi, au juste ? » Je commençais à tortiller mes mains, sans trop savoir comment formuler ce qu'il se tramait dans ma tête. « Mon cerveau est un vrai sac de noeuds. » Avouais-je. « J'ai l'impression d'être décalée de tout le monde, et je ne sais pas comment m'en sortir. C'est comme si nous étions le 13 octobre 2000, je m'endors, et nous sommes le 13 mai 2002. Je retrouve ma famille, un petit ami, et je dois avancer alors qu'il y a un trou de 19 mois qu'on me demande de combler. » Sans même réfléchir, je commençais à tripoter cet anneau de laurier à mon annulaire gauche. Cette bague qui ne me quittait jamais, que je le veuille ou non. Moi seule savais que c'était le symbole du lien qui nous unissait, avec Lorenzo. Un lien indéfinissable, même pour lui. Parce que nous n'étions pas sur la même longueur d'onde.

« En plus de devoir combler ce trou, on me demande de redevenir la Aliénor Fontanges d'il y a deux ans. Mais je ne suis plus cette personne. Seule ma sœur Isabeau semble le comprendre, parce que elle-même a beaucoup changé. Elle n'est plus la petite sœur que j'ai connue. » Je n'ai jamais abordé ce changement avec elle, comme elle n'avait jamais abordé la question de ma disparition. Comme un accord tacite entre nous. Nous essayons de nous tourner vers l'avenir, ensemble. Mais, elle comme moi semblions attachées au passé par des liens invisibles. Elle semblait être avec l'alcool, car je la voyais boire de plus en plus. Moi, c'était avec cet anneau avec lequel je jouais. « Est-ce que je peux prendre un exemple ? Je… Je n'ai pas l'impression d'être très claire. » Cette question était à elle toute seule un exemple. Je n'étais plus aussi sûre de moi, et surtout, je demandais la permission. Comme si j'avais besoin de son accord pour le faire. Il y a deux ans, je ne l'aurai même pas fait. J'aurai embrayé directement, sans même prendre le temps de lui demander si il comprenait, parce que je voulais en venir au point crucial.

Mais mon Psychomage ne m'avait pas rencontrée il y a deux ans, donc, je voulais donner un exemple concret. Quand il me donna l'autorisation, je me plongeais dans mes souvenirs, pour essayer d'être la plus précise possible, sans donner de détails compromettants. « Mon ex, Jordan. Il voulait tout reprendre comme avant, en me jurant qu'il ferait des efforts et ne serait plus comme avant. Il me disait que ma disparition lui avait fait comprendre que j'étais la femme de sa vie. Cette disparition a eu un impact mais il voulait reprendre comme avant. » Quand le docteur Black me demanda si mes sentiments étaient réciproques, je ne pus m'empêcher de froncer le nez, comme une sorte de grimace. « Non, Jordan n'est pas l'homme de ma vie. Je l'ai cru, à une époque, en me laissant me faire tromper et en lui accordant des dizaines de dernières chances. Sauf que j'ai changé, et c'est ça qu'il ne comprend pas. C'est ça qui pose problème. Personne ne se rend compte que j'ai changé. Je n'ai plus les mêmes sentiments, pas les mêmes visions des personnes. Je l'ai largué, de toute façon, parce qu'une barrière m'empêchait de retourner avec lui. » Et cette barrière s'appelait Lorenzo. Sauf que quand je lâchais ces mots, je me mordis les lèvres inférieures. Evidemment, il voulait en savoir plus. Chose que je ne pouvais pas lui en vouloir. J'avais parlé trop vite, et il fallait que je trouve rapidement une réponse plausible. Vite ! « … Disons que c'est la nature de mes sentiments, cette barrière. Je ne ressens plus la même chose, c'est compliqué de retrouver le même passé. Et puis, avec ce que j'ai vécu, je ne pouvais plus lui faire confiance… » Une grosse partie était vraie, mais surtout, je ne pouvais pas le laisser dans mon entourage, dans mon sillage, alors que je savais que Lorenzo n'attendait qu'une chose, celle de le tuer de ses mains. Il n'attendait qu'un faux pas pour l'envoyer dans la tombe.

Je laissais le docteur Black rédiger rapidement mes paroles, méditant sur mes paroles. Je n'avais pas l'habitude de parler autant, mais disons que je me sentais en sécurité, ici. Libre de pouvoir enfin poser des mots sur ce que je ressentais. Mais en ressassant ce que je venais de dire, je me rendais compte que j'avais de nouveau parlé de ma captivité. Cela donnerait un prétexte à mon Psychomage pour me reparler du sujet, et je ne le voulais surtout pas. Il fallait que je rebondisse sur un sujet autre, avant qu'il ne reprenne la parole. Réfléchis, Ali, réfléchis. Une autre raison pour laquelle tu es venue ici ! « Et puis… il y a un autre homme… » Incapable de soutenir son regard, je baissais les yeux sur mes genoux. Ma main triturait de plus en plus l'anneau de laurier, alors, pour calmer mes gestes nerveux, je me forçais à les poser sagement sur mes genoux. « Je l'ai rencontré à l'hôpital. Désormais, il est toujours prêt de moi. Je sais qu'il nourrit des sentiments amoureux à mon égard. Il veut être là, le plus possible, juste pour moi. Il ne me demande pas de réponses, mais… » Mais quoi ? Qu'est-ce que je pouvais dire ? Je mourrais d'envie de parler de Lorenzo, de tout ce qu'il me faisait ressentir, mais comment pouvais-je décrire des détails que je me devais de cacher ?

Quand mon interlocuteur me demanda son nom, je secouais négativement la tête. « Pardon, mais je ne veux pas prononcer son nom… Est-ce que je peux l'appeler Apollon ? Je sais qu'il admire particulièrement ce dieu. » J'attendis que le docteur Black donne son aval. Je profitais également du répit que m'offrait sa prise de notes pour chercher mes mots. « Bien qu'il ne me force à rien, son empressement me fait un peu… Peur. Je sais ce qu'il veut, mais je ne sais pas si je peux lui donner. Mais en même temps, depuis plusieurs jours, voir plusieurs semaines, c'est mon soutien le plus important. Je sais que je peux tout lui dire, tout lui confier… Et mes sentiments à son égard sont confus… Je ne sais pas quoi faire, cela m'effraie, mais en même temps, je me sens en sécurité à ses côtés. » Je ne m'étais pas rendue compte, mais pendant que je parlais, des larmes se mirent à couler sur mes joues. Des larmes de frustration, de questions sans réponses perpétuelles, des larmes de fatigue aussi. Car, depuis que j'avais arrêté de prendre la Potion de Sommeil sans Rêves prescrits par l'hôpital, je dormais beaucoup moins bien. Une boîte de mouchoirs en lévitation apparut devant moi, et je redressais la tête. Je remerciais d'un sourire timide le docteur Black, avant de prendre un mouchoir et d'essuyer mes joues. Avant de reprendre mon récit. « Je suis perdue sur tout, sur tout le monde. » Conclus-je, en osant affronter un peu plus son visage. Pas ses yeux directement, mais au moins, je regardais dans sa direction. « C'est pour cela que je parlais de sac de noeuds… C'est après avoir expliqué ça à Thyra qu'elle m'a conseillée de retourner vous voir. Pour… Démêler tout ça. » Et j'espérais bien ressortir de là avec quelques réponses. Sinon, à quoi cela servait de revenir ?
:copyright:️ Justayne

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~ I feel you holding me ~

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Mattéo Black-Peretti
Contexte
Nous sommes le mercredi 15 mai 2002. Mattéo Black-Peretti est fraîchement revenu en Angleterre, bien décidé à retrouver ses origines. Il habite à Southampton et commence un internat en Psychomagie après avoir validé sa Licence en candidat libre. Vampire, il cache pour l'heure encore sa véritable nature.

I try to keep this pain inside but I will never be alright
Le cœur d’Aliénor semblait prêt à exploser. Il accélérait, ralentissait, faisait des bonds dans sa poitrine. Tout autour d’elle la troublait. Un bruit, un mouvement trop brusque, un mot en particulier. Mattéo avait la sensation de marcher sur des œufs de Serpencendre. Ce qui n’était au final pas inhabituel dans un cas comme celui de la jeune Française. Avoir vécu ce qu’elle avait dû endurer ces derniers mots et revenir ici devait lui semblait irréel. Mattéo devait simplement se montrer détendu et patient. La première séance serait surement peu fructueuse mais il devait tester. Voir où étaient ses limites. Les premières entrevues étaient ainsi. On devait tâtonner, apprendre à communiquer, apprendre à se connaître. Ce n’était guère évident, et pourtant c’était la partie que Mattéo adorait le plus. Analyser, observer, découvrir de nouvelles façons que les humains avaient d’agir.

« A quoi cela va me servir pour sortir d'ici ? C'est arrivé. Je ne peux rien y changer. » répliqua Aliénor.

Mattéo l’observa un instant. Les cheveux de sa fille qu’elle entortillait autour de son doigt, son regard fuyant, ses mains qui tremblaient, sa jambe qui changeait toujours de position.

« Vous ne pouvez rien changer à ce qui est arrivé, c’est vrai, répondit-il. En revanche, vous pouvez changer votre vision des choses. »

Il essaya de capter son regard, en vain.

« Vous n’enlèverez jamais la violence ni la cruauté de ce qui vous est arrivé. Mais en parler vous aidera à l’accepter comme une partie de vous. »

Il pencha la tête sur le côté. Il savait pertinemment que ce qu’il disait pour le moment ne faisait pas sens dans l’esprit d’Aliénor. Elle était encore trop fragile, tout ceci était trop frais pour elle. Les paroles de Mattéo devaient couler sur elle sans qu’elle n’y accorde la moindre importance. Mais il devait essayer. Si l’un de ces mots, si l’une de ses paroles la marquait, c’était un minuscule espoir pour qu’elle accepte la thérapie.

« Commençons par ce soir d’octobre. Dites-moi ce qui vous passe par la tête en souvenir de ce soir-là. »

Son ton était doucereux, charmant et enveloppant. Il savait mettre de la chaleur dans sa voix. Il savait employer les bons mots qui pouvaient finir de convaincre une personne.

Sur un pincement de lèvres, Aliénor accéda alors à sa requête.

« Ce soir-là… J'étais allée dans mon bar étudiant favori. Pas pour faire la fête, mais pour noyer mon chagrin dans l'alcool. »

Mattéo hocha la tête, pour l’encourager à poursuivre, tandis qu’il commençait à prendre des notes sur son parchemin. Certains de ses comparses utilisaient des plumes ensorcelées, mais elles étaient tellement peu fiables dans la restitution des propos que Mattéo préférait écrire lui-même sur son carnet.

« Mon copain de l'époque, Jordan… Il m'a trompée. Encore une fois. Je ne compte même plus le nombre de dernières chances que je lui avais laissées, et… Je me sentais trahie, parce que ce n'était pas la première fois, et pourtant, à chaque fois il me jurait de ne pas recommencer, et… Alors je buvais, et buvais, parce que j'étais en colère et triste. Et… »

Mattéo releva la tête vers la jeune femme. Même si elle avait marqué plusieurs hésitations déjà, celle-ci était plus longue que les autres. Son regard s’était voilé et des larmes dont elle n’avait sans doute même pas conscience roulé sur ses joues. Elle était hantée par les souvenirs que Mattéo lui avait forcé à revivre. En un instant, elle était de retour là-bas, dans cet endroit où elle avait disparu durant des mois.

Les pensées de Mattéo se faisaient de plus en plus curieuses. S’il avait été Légilimens, il n’aurait sans doute pas su résister à l’idée d’entrer dans son esprit pour savoir ce qu’elle voyait. De toute évidence, la façon dont elle était possédée par ces images, elle ne se serait rendue compte d’aucune intrusion. Les rouages du cerveau étaient fascinants et, la tête penchée sur le côté, Mattéo s’imaginait extraire les souvenirs particulièrement douloureux dans sa pensine. Ce n’était pas la première fois qu’il s’imaginait créer une rune pour annihiler la douleur et la souffrance. Pourquoi garder de tels souvenirs ? Pourquoi garder de telles sensations ? Pour certaines personnes, cela devenait un moteur. Sans la douleur, ils ne pouvaient avancer et n’avaient aucune raison de vivre. Pour d’autres, cela devenait tellement lourd à porter qu’ils préféraient mettre fin à leurs jours.

« Pardon, je ne voulais pas craquer… »

La voix d’Aliénor le sortit de ses pensées. Elle avait cessé de caresser les cheveux de Nina pour s’essuyer les yeux. Mattéo agita sa baguette pour faire léviter une boîte de mouchoirs dans sa direction.

« C’est normal de craquer. Ne vous en blâmez pas. Vous avez le droit de ressentir ce que vous ressentez. »

Le regard d’Aliénor se dirigea vers Nina comme si la seule raison pour laquelle elle s’abstenait de « craquer » était elle. Mais le nourrisson dormait paisiblement dans les bras de sa mère comme s’il avait toujours eu l’habitude de la peur ou de la tristesse.

« Vous parliez de votre colère et de votre tristesse, rappela Mattéo. Que s’est-il passé après ?[/b][/color]
- Je ne me souviens pas de la suite. » déclara-t-elle abruptement.

Son regard avait changé de nuances comme si elle venait de prendre une décision en regardant seulement sa fille. Mattéo qui s’était penché en avant, avide de la suite de son histoire, se cala à nouveau dans son siège, dubitatif. Quoi qu’il arrive, Aliénor ferait tout pour protéger sa fille, même si cela signifiait qu’elle doive s’oublier elle-même.

« Êtes-vous certaine de ne pas vous en souvenir ? demanda-t-il d’une voix calme. Ou bien est-ce vous qui refusez que ces souvenirs refassent surface ? »

La jeune femme garda le silence.

« C’est normal d’en être effrayé. Vous pouvez me le dire. Tout ce que j’attends de vous, c’est de l’honnêteté. Est-ce cela qui vous effraie ? De revivre ce soir-là ? Ou bien …
- Le Médicomage m'a prescrit des anxiolytiques. » le coupa Aliénor.

Mattéo referma lentement la bouche. Il n’aimait pas être coupé dans son élan. Il n’aimait pas qu’on ne l’écoute pas. Cela le contrariait toujours. Cependant, il s’agissait là d’Aliénor, l’une de ses patientes. Il se devait d’être plus conciliant. Il ferma les yeux, prenant le temps d’inspirer grandement avant de rouvrir les yeux.

« Oui, je l’ai lu dans votre dossier, répondit-il en fixant son regard dans celui de la Française.
- C'est quoi, les effets secondaires de ce truc ? Des risques d'endormissement quand je les prends ? »

Mattéo redressa le menton. Etonnant que le Médicomage ne l’ait pas informé lui-même des détails de la prise de ces médicaments. Mais sans doute était-ce l’un de la trempe d’Alex, l’interne qu’il avait croisé un peu plus tôt. Un petit connard arrogant qui ne prenait pas le temps de faire preuve d’humanité envers ses patients.

« Ces risques vous inquiètent-ils ? demanda-t-il.
- Je fais suffisamment de cauchemars, je ne veux pas en rajouter… »

Mattéo prit un instant pour prendre en note sa réponse.

« Les anxiolytiques ne produisent pas le même effet chez tous les patients. Pour certains, ils les font somnoler, pour d’autres cela va être un court moment d’euphorie. Ce ne sera l’affaire que de quelques heures voire de quelques jours le temps que votre organisme accepte le traitement et l’assimile avec votre cerveau. A court terme, vous pouvez aussi avoir des nausées ou des vertiges. Si ceux-ci durent trop longtemps, n’hésitez pas à recontacter votre Médicomage qui réajustera le dosage. »

Le temps qu’il parlait, il analysait les réactions d’Aliénor. Son regard toujours fuyant, sa tentative de distraction. Elle essayait de gagner du temps, de le diriger dans une autre direction en espérant qu’il oublie ou qu’il se laisse tomber dans cette brèche. Aussi, aussitôt que sa voix retomba, elle reprit la parole pour ne laisser aucun temps mort :

« On a bientôt fini ? Mes parents vont finir par m'attendre… »

Un sourire se dessina sur les lèvres de Mattéo. Elle était pressée d’en finir. Il baissa les yeux sur ses notes. Il avait relevé les cauchemars qu’elle avait mentionné, ou son trouble de suivre un traitement. Le fait qu’elle cherche à orienter les réponses démontrait qu’elle n’était pas non plus prête à suivre une thérapie psy.

« On a fini. » dit-il en reposant sa plume.

Il n’allait pas la chambouler davantage. Il avait suffisamment de matière à analyser pour leur prochaine séance et rien ne l’avait laissé croire qu’elle ne pouvait survivre à quelques jours hors d’un hôpital. Il quitta son fauteuil et vit qu’Aliénor se dépêchait de faire de même, comme ne voulant lui laisser aucune opportunité de prendre le dessus sur elle. Un conditionnement intéressant …

« Je vais signer votre autorisation de sortie. Vous allez pouvoir souffler un peu auprès de vos parents et de vos sœurs qui seront certainement tous ravis de vous retrouver. »

Il sourit et fit un signe de tête vers l’enfant dans ses bras.

« Portez-vous bien toutes les deux. Et … j’espère vous voir à notre prochaine séance. Je vais donner tous les détails à votre Médicomage référent pour le planning de nos entretiens. »

Il attendit deux clignements des yeux avant de tourner les talons. Il ne pourrait rien espérer de mieux de la part de la jeune femme pour le moment et mieux valait ne pas insister. Il sortit de la pièce et jeta un œil à la pendule. La séance avait duré 30 minutes ce qui était sans doute une prouesse pour Aliénor de rester aussi longtemps avec un inconnu à se livrer sur ses pires souvenirs.

Lundi 10 juin 2002

Mattéo nota mentalement le nom de Thyra Thorvaldsen. Il la connaissait déjà vaguement. Difficile de ne pas avoir entendu parler d’elle, même si elle venait d’arriver que depuis quelques semaines. Médicomage-légiste, Mattéo et elle ne se croisaient quasiment jamais au sein de l’hôpital. Pourtant son odeur de vampire flottait dans l’air partout où elle passait et il savait qu’elle aussi l’avait identifié comme tel.

Dès lors qu’il avait pris le parti de cacher sa nature, il savait qu’il s’exposait à ce genre de risques. Mais ce n’était pas comme si cela pouvait lui en coûter.

Il avait choisi de cacher sa nature au sein de son travail et dans la vie de tous les jours par souci de commodité. Être une créature était toujours assez mal perçue au Royaume-Uni. Il valait mieux être discret à ce sujet. Mais Mattéo n’avait pas choisi de se cacher entièrement. Sinon, il aurait également dissimulé son odeur, car, autrement, toute créature pouvait savoir qui il était. Mais, ce n’était pas entièrement anodin …

« Mon cerveau est un vrai sac de nœuds » avoua la jeune femme.

Assise sur le canapé, ses doigts se tortillaient sur ses genoux. Installé en face d’elle dans un fauteuil moelleux, Mattéo tenait sa plume d’une main et son journal de notes dans l’autre. Patient, il ne répondit rien, la laissant tranquillement s’exprimer.

« J'ai l'impression d'être décalée de tout le monde, et je ne sais pas comment m'en sortir, poursuivit-elle. C'est comme si nous étions le 13 octobre 2000, je m'endors, et nous sommes le 13 mai 2002. Je retrouve ma famille, un petit ami, et je dois avancer alors qu'il y a un trou de 19 mois qu'on me demande de combler. »

Son regard était perdu dans le vague en confiant ses pensées immédiates. Elle n’était pas hantée comme lors de la première séance où les larmes avaient commencé à couler sur ses joues. Le recul avait commencé à s’installer, un mois après sa délivrance. Il était indéniable qu’elle avait fait certains progrès de son côté même si le plus gros de son traumatisme était toujours très présent.

Le regard de Mattéo s’attarda sur ses autres gestes corporels dont l’un qui l’intrigua : ses doigts s’étaient arrêtés sur l’anneau qu’elle portait au doigt. Comme une bague de fiançailles. Comme une alliance. Était-ce devenu plus sérieux entre elle et son petit-ami ? L’anneau était en forme de couronne de laurier. Le laurier. Une plante que Mattéo utilisait pour certaines potions afin de soulager la douleur en particulier. Une plante qui tirait ses origines d’un pays bien connu. Une plante italienne.

Rien n’indiquait dans son dossier que Jordan était italien. En revanche, il y avait bien une personne dans son entourage qui revêtait cette nationalité. Et c’était une personne qui intéressait tout particulièrement Mattéo.

Conscient que son esprit analytique l’avait sans doute rendu parfaitement immobile durant de nombreuses secondes, Mattéo s’obligea à remuer sur son fauteuil et à cligner plus que nécessaire des yeux. Il savait qu’il tenait quelque chose, mais il allait devoir se montrer une nouvelle fois stratégique pour obtenir ce qu’il voulait.

« En plus de devoir combler ce trou, on me demande de redevenir la Aliénor Fontanges d'il y a deux ans, continuait sa patiente, toujours plongée dans son subconscient. Mais je ne suis plus cette personne. Seule ma sœur Isabeau semble le comprendre, parce que elle-même a beaucoup changé. Elle n'est plus la petite sœur que j'ai connue.
- Que voulez-vous dire par le fait qu’on vous demande de redevenir celle que vous étiez autrefois ?
- Est-ce que je peux prendre un exemple ? Je… Je n'ai pas l'impression d'être très claire.
- Je vous en prie, dit-il avec un geste de la main.
- Mon ex, Jordan. »

Ex. Jordan était son ex. Cela confirmait bien qu’elle n’aurait jamais porté un cadeau offert par lui. M. Peretti restait son second choix. A moins qu’il ne doive compter d’autres personnes dans son entourage ?

« Il voulait tout reprendre comme avant, en me jurant qu'il ferait des efforts et ne serait plus comme avant. Il me disait que ma disparition lui avait fait comprendre que j'étais la femme de sa vie. Cette disparition a eu un impact mais il voulait reprendre comme avant. »

Mattéo s’efforça de reprendre le fil de la conversation.

« Et vous ? Quels sont vos sentiments à son sujet ?
- Non, Jordan n'est pas l'homme de ma vie, dit-elle en fronçant le nez de dégoût. Je l'ai cru, à une époque, en me laissant me faire tromper et en lui accordant des dizaines de dernières chances. »

Mattéo hocha la tête. Ils n’avaient pas eu beaucoup de séances, Aliénor passant son temps à le fuir, mais le peu qu’il avait retenu de celles-ci était que Jordan était un coureur de jupons et qu’Aliénor n’avait jamais été heureuse avec lui.

« Sauf que j'ai changé, et c'est ça qu'il ne comprend pas, reprit-elle d’une voix déterminée qui étonna Mattéo. C'est ça qui pose problème. Personne ne se rend compte que j'ai changé. Je n'ai plus les mêmes sentiments, pas les mêmes visions des personnes. Je l'ai largué, de toute façon, parce qu'une barrière m'empêchait de retourner avec lui. »

Aussitôt, elle se mordit les lèvres comme regrettant d’avoir prononcé cette dernière phrase. Le regard de Mattéo se plissa.

« Une barrière ? Quelle barrière au juste ? demanda-t-il.
- … Disons que c'est la nature de mes sentiments, cette barrière. Je ne ressens plus la même chose, c'est compliqué de retrouver le même passé. Et puis, avec ce que j'ai vécu, je ne pouvais plus lui faire confiance… »

Mattéo redressa le menton, sceptique mais n’ajouta rien. Encore une fois, Aliénor se retenait d’avouer certaines choses. Il y avait quelque chose au fond d’elle qu’elle refusait d’exprimer. Elle n’était sans doute pas encore prête à l’avouer. Il eut un sourire. Ce n’était rien de grave. Chaque chose en son temps.

Il prit rapidement en notes ses dernières paroles, entourant plusieurs fois Jordan qu’elle avait désormais classé dans la catégorie de ses ex. Il fallait qu’il l’interroge sur cet anneau de laurier mais pour le moment rien ne lui permettait. Ou bien ce serait d’une façon pas très naturelle et ça, Mattéo refusait de se dévoiler. Non, il pourrait certainement rebondir sur sa dernière phrase qui mentionnait sa captivité. Il pourrait de ce fait lui demander si cet anneau auquel elle se raccrochait tant faisait parti de son passé, de ses années de captivité ou de son présent. Mais avant qu’il n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche, Aliénor reprit la parole, comme pressée de dire ce qu’elle avait sur le cœur.

« Et puis… il y a un autre homme…
- Un autre homme ? » dit-il avec un intérêt soudain.

A nouveau, son tic l’avait repris : ses doigts s’agitaient autour de son anneau comme s’il était le seul auquel elle pouvait se raccrocher dans cette pièce. Il avait forcément une importance particulière pour elle. Et peut-être qu’elle était d’elle-même en train d’évoquer le lien entre l’anneau et Peretti.

« Je l'ai rencontré à l'hôpital, répondit-elle en s’efforçant d’étaler à plat ses mains sur ses genoux. Désormais, il est toujours prêt de moi. Je sais qu'il nourrit des sentiments amoureux à mon égard. Il veut être là, le plus possible, juste pour moi. Il ne me demande pas de réponses, mais… »

Elle s’interrompit. A nouveau, il y avait cette barrière qu’elle se refusait de franchir. Plusieurs fois elle était sur le point de parler de cette chose mais elle se retenait toujours au dernier moment. Elle avait une folle détermination et il en fallait énormément pour survivre à ce qu’elle avait du endurer.

« Cet homme a-t-il un nom ? demanda-t-il en penchant la tête sur le côté.
- Pardon, mais je ne veux pas prononcer son nom… Est-ce que je peux l'appeler Apollon ? Je sais qu'il admire particulièrement ce dieu. »

Son regard brilla. Apollon ? Le lien entre l’anneau de laurier et ce dieu grec était évident. Apollon était celui qui lui avait offert cet anneau de laurier. Il était aussi celui à qui se raccrocher Aliénor aujourd’hui. Peretti était important dans sa vie. Peut-être qu’il pourrait bientôt le rencontrer ? Peut-être qu’il pourrait avoir une séance avec lui ? Peut-être que … S’il avait été encore humain, il aurait senti son cœur s’accélérer dans sa poitrine. Nom d’un bézoard, il n’avait jamais été aussi proche d’un Peretti que cette fois-ci !

« … Bien sûr » répondit-il en s’efforçant de revenir au moment présent.

Il agita la main d’un air vague en prenant ses notes, voulant dissimuler son trouble.

« Bien qu'il ne me force à rien, son empressement me fait un peu… Peur. Je sais ce qu'il veut, mais je ne sais pas si je peux lui donner. Mais en même temps, depuis plusieurs jours, voir plusieurs semaines, c'est mon soutien le plus important. Je sais que je peux tout lui dire, tout lui confier… »

Peretti avait une influence particulière sur sa vie. Cet homme semblait savoir ce qu’il voulait. Mais pouvait-on demander à une femme qui avait vécu un tel traumatisme d’être avec elle ? Et en même temps, quand on rencontrait son âme-sœur il était difficile d’y résister. Cela était particulièrement vrai pour les vampires qui vivaient les émotions avec beaucoup plus d’intensité.

Clarissa n’était pas son âme-sœur mais c’était tout comme. S’il n’avait jamais ressenti le lien particulier qu’il avait lu dans les livres, Clarissa produisait des sensations, des émotions dont il n’avait jamais eu conscience avant de la rencontrer. Clarissa. Même son prénom avait une saveur particulière quand il le prononçait dans sa tête.

« Et mes sentiments à son égard sont confus… Je ne sais pas quoi faire, cela m'effraie, mais en même temps, je me sens en sécurité à ses côtés. »

Mattéo releva la tête vers Aliénor qui avait commencé à pleurer. De toute évidence, une barrière avait cédé en parlant de cet Apollon. Petit à petit, elle faisait des progrès. Mattéo sourit et fit léviter vers elle une boite de mouchoirs.

« Je suis perdue sur tout, sur tout le monde, avoua-t-elle. C'est pour cela que je parlais de sac de nœuds… C'est après avoir expliqué ça à Thyra qu'elle m'a conseillée de retourner vous voir. Pour… Démêler tout ça. »

Mattéo hocha la tête alors qu’un sourire aimable s’affichait sur son visage.

« Je peux déjà vous dire une chose : je trouve ça admirable de votre part d’être revenue ici et de m’avoir confié tout cela. Vous pouvez être fière de vous car j’ai la sensation que cela n’a pas du être évident de vous livrer ainsi sur votre situation. »

Il jeta un instant un œil sur ses notes, retenant mentalement les points importants qu’il voulait reprendre avec elle et surtout le lien qu’il pourrait faire pour obtenir les informations qu’il voudrait. Quoi qu’il en coûte, à la fin de cette séance, il aurait lui aussi progressé dans ses recherches.

« Je vais reprendre si vous le voulez bien ce que vous m’avez dit. Je vais le reformuler et si vous sentez qu’à un moment je dévie de ce que vous pensez, vous m’arrêtez. Vous êtes d’accord ? »

Après avoir obtenu son accord, il se pencha en avant, les mains jointes et les coudes appuyés sur ses genoux.

« Vous vous sentez coincée dans un entre-deux : d’un côté, vous avez votre vie d’avant avec votre ex, Jordan, qui souhaite reprendre là où vous vous en êtes arrêtés. De l’autre côté, vous avez Apollon qui vous charme, qui vous plait. Cet homme qui vous écoute et vous comprend mieux que personne. Vous avez conscience de ses sentiments à votre égard mais son amour pour vous vous effraie. »

Il déglutit dans un geste à nouveau typiquement humain avant de reprendre.

« Dites-moi si je me trompe, mais j’ai l’impression que parce que cet homme vous apporte un soutien vous vous sentez obligé de lui donner ce qu’il veut, ce qu’il désire. Non ? »

Il eut un sourire amusé bien qu’il s’efforçait à ne pas le laisser paraître trop large pour ne pas la vexer. Il voulait la mettre à l’aise et pourquoi pas apporter un peu de légèreté à leur entretien en faisant un peu d’humour, bien que cela n’ait jamais été son fort. Ce qui le faisait rire n’amusait jamais bien les autres en général.

« Je suis navré si mes mots vont vous paraître rudes, et vous avez d’ailleurs le droit de me dire que cela vous blesse ou heurte vos autres sentiments, mais je vais essayer de vous expliquer les choses : chaque individu dans le monde a des sentiments et des émotions qui lui appartiennent. On peut ressentir de la tristesse, de la joie, de la colère envers une personne. Mais cela nous appartient, cela nous est propre. C’est notre interprétation. »

Il plissa les yeux.

« Ce que je veux dire, c’est qu’Apollon a fini par nourrir des sentiments amoureux pour vous. Vous n’êtes responsable de rien. Et vous ne lui devez rien. C’est lui – dans son libre-conscient – qui a choisi de vous aider, qui a choisi de vous écouter, qui a choisi de vous soutenir. En aucun cas vous lui devez quelque chose. Il a pris sa décision en étant à vos côtés. Cela ne signifie pas que vous devez le remercier en lui donnant ce qu’il veut. L’amour … est un sentiment qui doit être partagé. Si Apollon nourrit des sentiments amoureux, vous devez vous poser la question de savoir si c’est le cas pour vous aussi. Mais en aucun cas, vous ne devez vous obliger à l’aimer parce qu’il vous aime et vous aide au quotidien. »

Il pencha la tête sur le côté.

« Vous comprenez ? »

Il se doutait que cette notion serait sans doute un peu flou pour la jeune femme et cela finissait de lui confirmer que ce qu’elle avait subi durant ces derniers mots lui avait fait perdre le peu de contrôle qu’elle avait sur son corps et son esprit. Il tenta alors une approche.

« Durant ces derniers mois, avez-vous pu disposer de votre libre-arbitre ? Avez-vous pu exprimer un « non » ? Avez-vous pu imposer votre volonté et faire preuve de jugement ? »

Il essayait de marquer des pauses entre chacune de ses phrases, les laissant pénétrer dans son esprit et surtout lui permettant de répondre entre chaque si elle se sentait de le faire.

« Quant aux sentiments que vous pourriez avoir pour Apollon ... il faut que vous preniez le temps de vous interroger vous-même. Je peux vous donner quelques questions que vous pourrez méditer entre cette séance et la prochaine. »

Il redressa le menton pour savoir ce qu’elle en pensait.

« Quand vous serez en sa présence ou bien quand vous serez dans un moment tranquille, demandez-vous si vous aimez être en sa compagnie. Demandez-vous si quand il est absent, est-ce qu’il vous manque. Quelles émotions ressentez-vous à ses côtés ? Êtes-vous entièrement vous-même avec lui ? Avez-vous l’impression de vous laisser aller quand il est présent ? Lui faites-vous confiance ? Toutes ces questions concernent davantage vos pensées et vos émotions. Mais il y a aussi votre corps qui peut s’exprimer. La chaleur dans votre ventre. Les picotements dans les doigts quand vous le touchez. L’attirance physique. Tout ceci, toutes ces questions peuvent vous aider à comprendre ce que vous ressentez. »

Au fur et à mesure qu’il avait parlé, sa plume avait pris en note les questions qu’elle avait listées sur un bout de parchemin. Ce dernier lévita jusqu’à Aliénor qui le réceptionna dans ses mains.

« Ce seront vos devoirs pour notre prochaine séance, le mercredi 19 juin. »

Il se leva. L’heure était passée rapidement. Pour une fois, Aliénor avait sans doute parlé bien plus que lui et c’était d’énormes progrès quand on la comparait à la première séance. Même s’il y avait encore des choses qu’elle retenait, il était indéniable qu’ils avançaient.

« Est-ce cet homme qui vous a offert ce bijou ? demanda-t-il avec un sourire anodin en désignant l’anneau de laurier. Le laurier a une signification particulière. Vous a-t-il dit laquelle ? »

Il était curieux de savoir ce que Peretti avait servi comme explications là-dessus.

Mercredi 19 juin 2002

Un grand éclat de rire résonna entre les murs de la pièce. Le visage dans ses mains, Mattéo n’avait même pas besoin de redresser la tête pour savoir qui c’était.

« La ferme, Cass’ ! Ca n’a pas fonctionné ? » demanda la voix douce d’Arachneus.

Mattéo ne répondit pas. Assis sur un tabouret de bois, il avait refait mentalement chacune des étapes qu’il avait amené à cet échec. Il pensait sincèrement tenir quelque chose. Arach avait trouvé un vieux grimoire chez les Malefoy qu’il avait dérobé. Maître-espion et doué pour la dissimulation, Arach n’avait attiré aucun œil sur lui. Le grimoire en question recensait de vieilles runes avec diverses annotations. Mattéo avait passé toute la nuit à les compiler à d’autres savoirs, mais la rune qu’il avait créée avait failli par annihiler toute la magie des lieux. Mattéo avait réussi à arrêter ses effets à temps avant qu’elle ne commence à pomper ses pouvoirs. De rage, il avait entièrement détruit son laboratoire. Des fioles brisées avaient roulé par terre et des potions avaient étalé leurs liquides bleus et violet au sol. La table en avait pris un sacré coup aussi, à moitié cassée en deux. Le feu de la cheminée avait fini par s’éteindre, plongeant la pièce dans la pénombre la plus totale. Quand la rage était passée et que l’éclat de la lune avait illuminé la pièce, Mattéo s’était installé sur un des tabourets encore intacts, et avait commencé à réfléchir sur ce qu’il avait loupé.

Depuis plusieurs mois, il avait l’impression de stagner totalement. Entre ses recherches sur son père, le déménagement en Angleterre, les retrouvailles avec Clarissa ou encore son inscription à l’UMS, ses recherches pour guérir le vampirisme avait pris un sacré retard.

Les rires de Cassius résonnaient dans la pièce, finissant d’animer les nerfs déjà sensibles de Mattéo.

« Je peux savoir ce qui t’amuse autant ? » dit-il entre ses dents serrées.

Il releva la tête vers les jumeaux Malefoy. Le dos bien droit, Arachneus observait la scène. Ses cheveux bruns le différenciaient de son frère. A côté, Cassius, les cheveux blonds caractéristiques de cette famille de Sang-Pur, ne pouvait faire cesser son hilarité. Mattéo dévoila les dents.

« Oh … Désolé, vieux, mais … franchement … tout détruire, juste parce que ça n’a pas fonctionné ? »

Il posa une main sur ses côtes en regardant la pièce.

« Tu ne pouvais pas faire plus théâtral. »

Mattéo gronda mais ce fut son seul avertissement. Il bondit de son tabouret et sauta sur Cassius qui réagit seulement en attrapant sa gorge. Les bras de Mattéo se resserrèrent sur son corps, plus petit que le sien, mais Cassius avait toujours été un meilleur combattant que lui. En même temps, il n’était jamais difficile pour les autres vampires de battre Mattéo. En quelques secondes, Mattéo fut plaqué contre le mur, le bois craquant derrière lui sous la force de l’impact, le sourire de Cassius près de son visage.

« Lâ…che… moi, gronda Mattéo.
- Tu es toujours aussi incapable de contrôler tes pulsions. Comment arrives-tu à être psychomage et à dire aux autres de maîtriser leurs émotions alors que tu en es toi-même incapable ?
- Lâche-le, Malefoy. »

Cassius sursauta et regarda vivement derrière son épaule où Logan Croupton venait d’émerger. Il avait de longs cheveux blonds lui tombant jusqu’à la taille. De haute stature, on aurait pu le prendre pour un elfe avec ses traits aussi harmonieux. Seul son bandeau noir qui témoignait de son œil en moins rappelait qu’il n’était qu’un simple sorcier. Cassius avait beau être un vampire, donc physiquement plus fort, il craignait l’intelligence et la stratégie redoutable de Logan. Il relâcha Mattéo qui s’écarta vivement du petit groupe. Arachneus contemplait toujours les dégâts.

« On va t’aider à tout remettre en ordre, dit-il en ramassant le grimoire qu’il avait dérobé. Et tu trouveras un autre moyen. »

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Arachneus Malefoy (Tom Glynn-Carney)

Il posa une main sur l’épaule de Mattéo avec un regard entendu. Son tempérament calme aidait Mattéo à se calmer. Mais il était aussi impitoyable et froid que son jumeau.

Depuis quelques semaines, Mattéo voyageait avec ce petit groupe. Les jumeaux Malefoy étaient autrefois du clan Dwight mais avaient suivi Adrian lors de sa séparation d’avec le clan. Ils faisaient parti de ceux qui avait persécuté Mattéo durant toutes ces années. Mais en entendant son nouveau nom prestigieux, ils avaient décidé de s’associer à lui. Il fallait croire que les idées novatrices que Mattéo amenait leur plaisait. Cassius était plus sceptique, en témoignait son éclat de rire devant son échec. Mais il aimait le chaos et le désordre. Mais plus que tout, il recherchait l’amour de compagnons autour de lui. Quant à Arachneus, il aspirait à une nouvelle génération de Sang-Pur plus puissant et plus fort. Leurs intérêts convergeaient.

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Logan Croupton (Ewan Mitchell)

De son côté, Logan Croupton revenait d’Amérique, comme Mattéo. Ils avaient été dans le même groupe de chasseurs de créature. S’il n’était qu’un simple sorcier, il avait l’avantage de descendre de deux Sang-Purs – Erskine Croupton et Adyson Avery – et surtout, il possédait un dragon puissant. Il était un excellent duelliste avec une baguette et son unique œil semblait pouvoir anticiper tous les mouvements de ses assaillants. Il était redoutable.

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Erskine Croupton (Richard Harmon) & Adyson Avery (Zoey Deutch)

« Je n’ai pas le temps, répondit Mattéo. J’ai un rendez-vous avec une patiente. »

Il appuya son regard en direction de Cassius qui éclata de rire à nouveau.

« La jeune Fontanges ? le coupa Logan, son unique œil se rivant sur Mattéo.
- Précisément. Je pense qu’elle pourra me donner de nouvelles informations sur Peretti.
- J’ai fait quelques recherches également, ajouta Arachneus. Et tu vas être surpris : Thyra Thorvaldsen, ta collègue vampire. Je l’ai vu parler avec Peretti l’autre jour. »

Les mains dans les poches, Arach regarda tour à tour le petit groupe.

« Ils étaient très discrets et sont immédiatement rentrés à l’intérieur d’un bâtiment comme s’ils ne voulaient pas qu’on les voit particulièrement ensemble, dit-il. Tu n’as pas dit que c’était cette Thorvaldsen qui avait convaincu ta patiente à revenir te voir ? »

Mattéo hocha la tête.

« On pourrait aller lui rendre une petite visite …, susurra Cassius, se réjouissant déjà à l’idée de goûter à la peau d’une autre vampire.
- Non, trancha Mattéo. C’est l’une de mes collègues. Je m’en occuperai. »

Il jeta un regard lourd de sens à Cassius qui soupira, ennuyé de ne pouvoir s’amuser.

« Trouve-moi un cobaye pour ce soir. » ajouta Mattéo.

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Cassius Malefoy (Tom Glynn-Carney)

Le sourire de Cassius revint sur son visage et son regard brilla.

« Un vampire ?
- Plutôt un loup-garou. Je pense que je vais retester la puissance de la rune de cette nuit. »

Un silence tomba. Chacun regardait les dégâts autour d’eux, méditant sans doute sur ce qu’ils avaient à faire. Quand soudain une voix douce émergea derrière Logan.

« La Reine des Iceni … »

Tous tournèrent la tête pour voir Helaena émerger de la pièce d’à côté. Dans sa robe blanche, ses cheveux blonds tombant dans son dos, on aurait dit un fantôme. A sa vue, le regard de Logan s’adoucit et il se dirigea vers elle.

« De quoi parles-tu, Helaena ?
- Boadicea …, dit-elle avant de désigner de son doigt frêle Mattéo. … elle réunira les âme-sœurs. Ton âme-sœur. »

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Helaena (Phia Saban)

Mattéo fronça les sourcils. Depuis l’attaque de Sainte-Mangouste, cette sorcière vivait avec eux, protégée de Logan. Mais personne ne comprenait ce qu’elle disait.

« Et tu ne préférerais pas aller te reposer un peu ? » proposa Cassius, à deux doigts d’éclater de rire.

Logan lui jeta un regard noir avant d’emmener la jeune femme ailleurs. Arachneus se tourna vers Mattéo.

« Je vais continuer mes recherches sur elle. Elle doit bien venir de quelque part. »

Mattéo hocha la tête et poussa un soupir.

« Je vais vous laisser. Une jeune personne doit m’attendre. »

Quelques instants plus tard …

« Miss Fontanges ? Y allons-nous ? » demanda-t-il à la jeune femme assise dans la salle d’attente.

Son regard se riva un instant sur Thyra Thorvaldsen à ses côtés. C’était comme si elle savait qu’ils avaient parlé d’elle pour se trouver là l’instant d’après. Il la salua poliment de la tête avant d’emboîter le pas à Aliénor. Avant de venir ici pour ses séances de Psychomagie du jour, il avait du se reconcentrer pour évacuer toute la tension de la nuit. Il n’était plus dans son laboratoire, il n’était plus dans l’échec. Il était au travail, à l’hôpital, et il devait se concentrer sur ses patients. Cassius se trompait. Il savait compartimenter les choses. Il savait faire la différence entre lui et les autres. Certes, il n’avait jamais su appliquer pour lui-même les phrases qu’il disait à ses patients. Mais Cassius n’était pas le mieux placé pour balancer ce genre de choses. Mattéo pourrait lui dire bien des choses sur sa psychologie qui le ferait bondir de sa chaise et effacerait son petit sourire narquois.

Il fit pénétrer Aliénor à l’intérieur de son cabinet et referma la porte derrière elle. Comme la semaine d’avant, il la laissa prendre place là où elle voulait tandis qu’il reprenait ses notes et s’installait face à elle.

« Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? Et comment se porte Nina ? »

Parler d’elle et parler de son bébé la mettrait surement à l’aise. Il sourit en écoutant ses réponses.

« Je suis heureux de l’entendre, répondit-il. Bien, par quoi voulez-vous commencer ? »

Une nouvelle fois, il voulait lui laisser la direction de la séance. Lui montrer que c’était elle qui contrôlait. Elle était libre d’être elle durant ses séances, jusqu’à ce qu’elle se sente aussi à l’aise d’en faire autant chez elle.

« Lors de notre dernière séance, je vous avais donné des devoirs. Nous pouvons aborder ce sujet. Ou bien peut-être voulez-vous me parler d’autre chose avant ? »

Il fit un geste de la main, comme l’invitant une nouvelle fois à s’approprier des lieux. Il nota mentalement qu’elle portait toujours son anneau de laurier.

@ Victoire

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Mattéo Black-Peretti

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