Just want to let this story die and i’ll be alright Samedi 10 août 2002
Je n’arrêtais pas de retourner la scène dans ma tête, essayant de la tourner en ridicule mais sans grand succès. Je ne pouvais pas être dégoutée ou repoussée, je l’avais fait par envie. Par besoin. Existait-il un syndrome pour cela ? Etais-je malade ? Je frappais à la porte des Prewett, prête à supplier Billy de m’écouter. Je le détestais toujours et sans doute me détestait-il encore plus mais je priais pour qu’il lui reste un peu d’égard pour moi. Il pouvait bien s’asseoir dans un coin, me laisser vider mon sac et me dégager ensuite. Je ne voulais plus être toute seule face à cette situation, je n’avais plus personne à qui me confier. Allez ouvre cette porte William Eden Prewett !
« Edmund ? » La tête blonde de l’ainé de la famille me coupa le souffle quelques secondes. Il était bien la dernière personne, à qui je pensais, qui ouvrirait la porte. Et pourtant il habitait encore ici lui aussi. « Salut. » Que pouvais-je dire d’autre ? A qui allais-je décharger ma frustration maintenant ? « Est-ce que Billy est là ? » Je devinais son regard interrogateur, presque jugeant sur ma tête folle et mal coiffée. Evidemment, l’ex Serpentard n’était pas là… « Ok. Tant pis. Merci. » Je commençais à tourner les talons pour faire demi-tour, mais Edmund héla mon nom. Il m’invita à entrer et je n’eus pas la présence d’esprit de refuser. Billy n’allait peut-être pas tarder à rentrer.
La maison était vide, aucun bruit ne venait troubler le silence oppressant qui s’était installé depuis quelques minutes déjà. Je m’assis sur le sofa dans la pièce principale, attendant qu’Edmund me rejoigne. « Tu travailles cet été ? » A dire vrai, depuis qu’il avait quitté Poudlard et depuis notre relation, Edmund et moi n’avions pas vraiment eu l’occasion de nous reparler, du moins en tête à tête. Des banalités, des politesses et de l’amitié en souvenir de notre enfance passée ensemble mais pour le reste… Ce n’était pas à lui que j’allais raconter ma vie et surtout pas ce qui s’était passé entre Andrew et moi deux jours auparavant. « Je fais du bénévolat à l’hôpital depuis mi-juillet, disons que ça occupe mes journées. »
Je me levais pour faire quelques pas, agité par ce qui me taraudait, combien de temps encore avant que je ne puisse me libérer de ce qui s'était passé ? Je passais devant les photos de familles disposées sur le buffet. Il y en avait une où Alec et moi apparaissions, j’avais un bras autour des épaules de Billy et on semblait rigoler d’une blague débile que l’un de nous avait fait plus tôt. Est-ce qu’un jour les choses redeviendraient comme avant ? J’avais l’impression que nous avions dépassé un point de non-retour. Comme si nous étions soudainement devenus des adultes, en un seul battement de cil. Et comme souvent à ce moment-là, les gens s’éloignent et prennent des chemins de vie différents, Billy m’avait laissé sur le bord de la route. Sa route. « Tu as parlé à ton frère récemment ? » Ben oui évidemment Joey ! Je tordais nerveusement mes doigts entre eux. « Je veux dire… tu ne le trouves pas différent ? » :copyright:️ Justayne
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«J'en ai tellement marre d'entendre que le seul objectif d'une femme est de trouver l'amour. Mais je me sens tellement seule.» Jo March.
Nous sommes le samedi 10 août 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il est étudiant en 2ème année de Sciences Politiques et brûle d'entrer enfin dans la vie politique. Mais des événements récents ont pas mal chamboulé ses plans et il doit à présent changer d'identité pour mettre en sécurité celle qu'il aime.
Just want to let this story die and i'll be alright
Quelques coups à la porte résonnèrent dans la maison.
« Ne fais pas de bruits, je vais ouvrir. » indiqua Edmund à Liv.
Il passa devant la chambre de Vicky. Sa jeune sœur était partie ce matin, invitée quelques jours en vacances chez des amis. Leur mère était partie travailler au Ministère tandis que Billy … eh bien, Billy restait très distant. Edmund ne se souvenait pas qu’il ait dormi dans cette maison cet été-là. Leur mère étant souvent en déplacement, elle n’avait pas pu s’en rendre véritablement compte. Plusieurs fois, Edmund avait été tenté de lui parler du comportement étrange de son cadet mais les choses avaient faites qu’ils ne s’étaient jamais retrouvés tous ensemble calmement pour en parler.
Edmund non plus ne dormait pas à la maison. Victoria avait commencé à poser pas mal de questions et plusieurs fois Edmund avait été tenté de lui avouer la vérité. Toute la vérité … Il s’était passé tellement de choses en six mois à peine. La mort d’Angelina, l’arrivée d’Olivia, sa rencontre avec Isabeau, la traque de Nigreos, sa décision de ne pas poursuivre ses études, et dernièrement, sa rupture nette et brutale avec la jeune française. Les choses ne s’étaient pas véritablement passées comme il l’aurait souhaité. De toute évidence, rien ne s’était passé comme il l’aurait souhaité. Tout avait déraillé depuis cet attentat à l’UMS. A partir de là, Edmund n’avait plus rien contrôlé.
Il savait que cet été il devrait faire mieux. Il devait pouvoir compter sur sa famille pour l’aider à protéger Olivia et pour s’en sortir. Il avait arrêté ses études et c’était pour le mieux. Depuis le début de l’été, il était devenu maître-nageur dans une piscine de Southampton, la ville où il résidait avec ses parents. Il avait dû trouver quelqu’un pour lui garder Olivia en journée, dans le petit appartement qu’il avait déniché peu après la fin de l’année scolaire. Au moins, Olivia avait un vrai lit à elle désormais.
Aujourd’hui, il l’avait emmené avec lui dans cette maison qui était celle de son enfance. Il n’y avait personne, donc aucun risque que quelqu’un les surprenne. Et puis, ça lui permettait de reprendre quelques affaires et de montrer à sa fille les souvenirs d’enfant qu’il avait. Il grimpa même au grenier pour ressortir de vieux jouets qui fit rapidement son bonheur. Installée sur le lit d’Edmund, la jeune fille était toute concentrée sur une construction en bois.
Les coups à la porte s’impatientèrent. Edmund accéléra le pas et descendit les escaliers.
« Edmund ? » « Joséphine … »
Le choc, la surprise puis un franc sourire sur ses lèvres. La sœur d’Alec était là, sur ce pallier de porte. Il y avait longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Depuis le bal des fondateurs en faites. Mais, le moins qu’on pouvait dire, c’était qu’elle n’avait pas du tout la même allure. Ses cheveux semblaient se faire la malle dans un chignon mal attaché et son visage exprimait une certaine frustration qui était sans doute en rapport avec le fait qu’Edmund n’était pas celui qu’elle s’attendait à voir.
« Salut. Est-ce que Billy est là ? » demanda-t-elle.
Edmund ouvrit la bouche mais il ne savait pas quoi répondre. Non, il n’était pas là mais où était-il ? C’était la question qui le hantait entre d’autres problèmes. Billy était insaisissable depuis quelques temps.
« Non, désolé. » dit-il, les lèvres pincées. « Ok. Tant pis. Merci. »
La jeune femme tourna les talons.
« Euh … attends ! Joey ! Attends ! »
Il sortit sur le pallier alors qu’elle se retournait vers lui. Il était évident que son cerveau bouillonnait. Son regard était préoccupé, fuyant. Ses mains tressautaient, agitées de soubresauts. Et son allure général démontrait qu’elle avait du se vêtir en vitesse. Que s’était-il passé pour la mettre dans cet état ?
« Tu … veux entrer une minute ? »
Après tout, ils étaient amis eux aussi. Même si leurs rapports avaient été emplis d’une certaine gêne depuis qu’ils étaient secrètement sortis ensemble, Edmund avait toujours beaucoup d’affection pour elle. Heureusement, elle ne refusa pas et Edmund se décala pour la laisser entrer. Il jeta un coup d’œil en haut des escaliers mais Olivia devait toujours être concentrée sur son jeu car il n’entendait plus un bruit à l’étage. Joséphine se décala dans le salon sur la gauche avant de se laisser tomber sur le canapé.
« Ça n’a pas l’air d’être la grande forme … » commença-t-il.
Il vint prendre place sur le canapé à côté d’elle.
« Tu travailles cet été ? » demanda-t-elle.
Il hocha la tête.
« Ils m’ont pris comme maître-nageur à la piscine du coin. » indiqua-t-il.
Il sortit le sifflet de sous son tee-shirt qu’il gardait en permanence autour du cou avant de siffler un coup dedans. Un sourire éclatant arriva aussitôt sur son visage, en souvenir des fois où ils étaient allés, enfants, patauger dans cette piscine.
« Toi aussi, je crois ? » « Je fais du bénévolat à l’hôpital depuis mi-juillet, disons que ça occupe mes journées. »
Edmund écarquilla les yeux.
« Oh, c’est génial ! Joséphine Davis, toujours au service des autres ! »
Son sourire redoubla d’éclat alors qu’il la regardait se lever pour aller observer les cadres photos posés sur le buffet derrière le canapé. Son regard semblait hanter par les souvenirs d’enfant qu’ils avaient étalés ici. A son tour, Edmund se leva, se mordillant la lèvre, les mains dans les poches. En vérité, il ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Joséphine recherchait Billy, et non Edmund. Elle voulait se confier à son meilleur ami, et non à son ex-petit-ami. Edmund se questionnait tout de même : il pensait que leur relation s’était dégradée. Il n’y avait qu’à se rappeler la manière dont Billy l’avait largué au bal des Fondateurs.
« Tu as parlé à ton frère récemment ? »
Ses doigts caressaient le cadre d’une photo d’elle et Billy. Ils riaient comme les deux imbéciles heureux qu’ils avaient longtemps été.
« Je veux dire… tu ne le trouves pas différent ? »
Son regard noir croisa celui, bleu, d’Edmund.
« Billy est étrange depuis quelques temps, oui. »
Les mains toujours enfoncés dans ses poches, il haussa les épaules.
« A dire vrai, je n’ai pas eu le temps de plus m’interroger là-dessus. » avoua-t-il. « Mais, Billy m’inquiète. »
Il avait oublié à quel point c’était facile de parler avec Joey. Ils avaient toujours eu Billy en commun, elle était la seule à le connaître parfaitement. Et pourtant, c’était lui qui les avait séparés. Edmund s’était toujours demandé : et si Billy avait été au courant pour eux deux, leur relation aurait-elle perduré ?
« Je ne crois pas qu’il soit rentré un soir à la maison pour dormir. Il passe toutes ces journées Merlin sait où. Et … »
Il hésita à poursuivre mais une phrase de Joséphine l’encouragea à dire ce qu’il avait ressenti.
« Le soir du bal … Il y avait quelque chose … de sombre en lui. Je ne saurai pas le décrire. Mais quand il m’a regardé … tu vas sans doute trouver ça étrange, mais je n’ai pas eu l’impression de voir mon frère. »
Il déglutit, se souvenant de la sensation qu’il avait ressenti en croisant son regard.
Alors qu’il regardait [Alex] rire aux éclats, son regard fut attiré ailleurs par celui de Billy qu’ils venaient de dépasser. Edmund aurait juré que ses pupilles étaient encore plus noirs qu’à l’accoutumée, et sa main tressautait fortement. Edmund le regarda, une vague d’appréhension l’enserrant soudainement à la poitrine avant de se détourner pour gagner l’extérieur.
Cela n’avait été qu’un court instant, mais cette sensation, Edmund s’en rappellerait jusqu’à la fin de sa vie. En entendant la voix de Joséphine, Edmund s’efforça à se reconnecter au présent.
« Tu veux de la citronnade ? » proposa-t-il. « Reste ici, je vais te chercher ça. »
Il lui lança un clin d’œil et posa une main sur son épaule avant de se diriger vers la cuisine. Sa mère avait fait de la citronnade fraiche la veille au soir. Edmund en raffolait, surtout l’été où la chaleur était bien présente. Il attrapa deux verres au-dessus de lui et les remplit aussitôt de jus de citron. Peut-être qu’à deux, avec Joséphine, ils pourraient trouver une solution pour parler à Billy et trouver ce qui n’allait pas. Peut-être qu’à deux, ils trouveraient des solutions à leurs problèmes. Après tout, ils avaient toujours …
Edmund déglutit devant la scène qu’il voyait. En revenant au salon, il entendit Joséphine parler. Mais elle ne parlait pas seule. Olivia était là et lui tendait une figurine de dragons qu’Edmund avait sorti plus tôt du grenier. Il blêmit aussitôt et posa les deux verres sur le buffet.
« Liv … que fais-tu ici ? » demanda-t-il, la voix plus dure qu’à l’ordinaire.
La jeune fille le regarda, pinça les lèvres dans un geste bien familier d’Edmund, et s’enfuit en remontant les escaliers à toute allure. Elle n’avait toujours pas prononcé un seul mot. Le regard de Joséphine se posa sur lui alors que celui d’Edmund se faisait fuyant.
« Je … tiens, ton verre. » dit-il.
Sa main tremblait en lui tendant son verre et ses yeux ne regardaient que le sol. Son cœur battait à toute allure dans sa cage thoracique. Il n’avait pas prévu ça. A la base, personne ne devait entrer dans cette maison. Personne ne devait voir Olivia. Personne. Mais Joséphine l’avait vu. Elle l’avait vu, hein ? Ce n’était pas une hallucination ? Que devait-il faire ? L’oublietter ? Mais non, mais tu étais malade, Edmund Prewett !
La main de Joséphine se posa soudain sur sa joue et il revint à la réalité.
« Joey … » murmura-t-il.
Mais il savait qu’il ne pouvait plus faire machine arrière. Joséphine avait vu Olivia. Et un tas de questions se bousculait à présent. Il leva les yeux vers elle.
« Et si on allait ailleurs pour discuter ? » proposa-t-il.
Etonnamment Joséphine ne rechigna pas. Si elle était venue la tête encombrée de problèmes, elle semblait plutôt heureuse d’avoir autre chose à penser. Ou bien se souciait-elle encore assez d’Edmund pour avoir envie de l’écouter. Edmund monta à l’étage récupérer ses affaires et demanda à Olivia de le suivre. Elle avait pris un petit cartable sur ses épaules où elle y avait rangé toutes les figurines que son père lui avait donné. Ensemble ils redescendirent au rez-de-chaussée. Il était étrange que Joséphine ne pose pas davantage de questions, comme si elle avait compris qu’Edmund lui dirait tout, mais pas dans cet endroit. Tous trois sortirent à l’extérieur, et aussitôt la propriété passée, Edmund les fit transplaner.
Ils arrivèrent à Guildford, petite ville située à mi-chemin entre Southampton, là où vivait sa mère, et Londres, où il rechercherait du travail à nouveau en septembre. Guildford n’était pas un endroit désagréable où vivre. Il y avait des tas de bâtiments anciens, de boutiques en tous genres et de petits restaurants. Les vendredis et samedis soirs, des tas d’étudiants venaient fêter leur jeunesse tandis que les journées en week-end étaient souvent l’occasion pour les familles de se promener dans les parcs et le vieux château médiéval.
Edmund avait réussi à négocier un appartement avec un loyer pas trop élevé. Il vivait au même palier qu’un étudiant portugais de l’UMS, Nico Solace.
« Oh ce n’est que toi, Eddie ! » commenta-t-il en sortant sur le pallier, un accent prononcé.
Il jouait avec un cure-dents coincé dans sa bouche en observant les deux filles qui accompagnaient Edmund.
« Ola Senhora*1 ! » dit-il à l’adresse de Joséphine. « Comment va la pequena*2 ? » *1 : Bonjour Madame *2 : petite
Il vint caresser la tête blonde d’Olivia.
« Bien, merci Nico. » répondit Edmund en ouvrant la porte de son appartement. « On se voit plus tard ! » « Sem problemas ! Até logo*3 ! » *3 : Aucun problème ! A plus tard !
Et le jeune homme rentra chez lui en même temps qu’Edmund refermait la porte derrière eux. L’appartement n’était pas bien grand. Sur la gauche, on trouvait un clic-clac sans télévision, mais avec des cartons encore pleins de bouquins. Sur la droite, une petite cuisine était enfoncée avec le minimum requis. Une porte donnée sur la salle de bain et les toilettes, tandis qu’une autre porte à côté donnait sur la chambre d’Edmund et d’Olivia. Chacun avait un lit une place pour pouvoir rentrer à deux et ajouter une armoire. C’était assez précaire, mais c’était le minimum qu’il pouvait fournir avec son maigre salaire.
Olivia partit jouer aussitôt dans sa chambre alors qu’Edmund invitait Joséphine à prendre place sur le canapé. Embêté, Edmund posa ses fesses sur un carton, face à la jeune femme, avant de se masser la nuque.
« Je ne sais pas par quoi commencer … » avoua-t-il.
Joséphine posa une main sur son genou et Edmund l’écouta. Oui, il devait essayer. Il prit une inspiration et commença alors à se livrer. Il lui raconta l’attentat à l’UMS le 1er mars. La mort d’Angelina – une Vélane qu’il avait fréquenté lors de l’été 1997 et qui était venu le trouver ce jour-là en réclamant son aide - et l’adresse qu’elle lui avait laissée. Le lendemain, avec son correspondant italien, ils étaient allés voir à l’adresse et avaient trouvé un journal. Angelina était poursuivie par un chasseur de vélane, elle et sa fille. Ils avaient alors trouvé la gamine planquée dans une armoire. Elle ne parlait pas mais avait dessiné l’homme qui les pourchassait. Edmund avait compris qu’il était le père d’Olivia mais qu’il avait la responsabilité de la cacher de cet homme. Il avait alors fait en sorte de traquer l’homme chasseur de vélanes. Une sorcière l’y avait aidé. Ils avaient parcouru de long en large l’Allée des Embrumes, accompli diverses missions mettant sa vie en danger chaque soir et ils avaient découvert que Nigreos n’était plus en Angleterre. Peut-être pensait-il qu’Olivia était décédée ? Mais en tout cas, Edmund ne savait pas s’il pouvait courir le risque de parler d’elle à quelqu’un d’autre ou même à sa famille. Il avait dû abandonner ses études pour travailler et se payer un appartement. Il devait aussi payer quelqu’un pour garder Olivia en journée, utilisant toujours des faux noms pour la protéger. Et sans cesse, il doutait de ce rôle de père qui lui était tombé dessus sans qu’il n’y comprenne quoi que ce soit. Mais il avait fait au mieux pour elle, toujours pour elle.
Au cours de son explication, Edmund avait passé plusieurs fois ses doigts dans ses cheveux blonds, sa jambe tressautant lorsque la nervosité le gagnait. Olivia était venue s’asseoir sur ses genoux et jouait avec ses figurines de dragons en jetant de temps en temps des coups d’œil curieux à Joséphine.
« Elle a eu 4 ans en avril. » termina-t-il en caressant les cheveux blonds de la jeune fille, les mêmes que les siens. « Je suis … largué. De toute ma vie, j’ai toujours su quoi faire. Engueuler mon frère, faire rire ma sœur, travailler dur à l’école, améliorer mes réflexes en m’inscrivant à des cours de tir à l’arc. Mais depuis que je suis devenu père, tout se mélange. »
Olivia tourna la tête vers lui et Edmund sourit, venant embrasser sa joue.
« Mais c’est ma fille. Et je sais que je dois la protéger. Même si c’est compliqué. »
Il leva les yeux vers Joséphine qui l’avait religieusement écouté.
« Personne n’est au courant pour elle. Personne. Tu … es la première. »
Just want to let this story die and i’ll be alright Samedi 10 août 2002
Manifestement j’avais oublié l’enthousiasme exacerbé d’Edmund. Un rien le mettait en joie, comme si rien ne pouvait vraiment l’ébranler. C’était rafraichissant d’être au contact de quelqu’un d’aussi optimiste. Surtout après le tournant à 180 degrés que ma vie venait de prendre en l’espace d’une soirée. Pour Billy aussi, sa vie avait basculé mais encore fallait-il comprendre pourquoi. « Billy est étrange depuis quelques temps, oui. » Avoir cette confirmation me rassura un peu même si Edmund n’était peut-être pas le plus à même de remarquer ça. Ils s’étaient longtemps fait la guerre tous les deux et sans doute se la faisaient-ils encore.
« A dire vrai, je n’ai pas eu le temps de plus m’interroger là-dessus. Mais, Billy m’inquiète. » Edmund réfléchit. « Je ne crois pas qu’il soit rentré un soir à la maison pour dormir. Il passe toutes ces journées Merlin sait où. Et … » Il sembla hésiter. « Et ? Dis-moi ce que tu sais, peut-être que ça peut nous aider à reconstruire le puzzle. » Encouragé, il poursuivit. « Le soir du bal … Il y avait quelque chose … de sombre en lui. Je ne saurai pas le décrire. Mais quand il m’a regardé … tu vas sans doute trouver ça étrange, mais je n’ai pas eu l’impression de voir mon frère. » A ce point ? Peut-être n’avais-je pas été assez attentive, trop distraite par mes histoires… Était-ce vraiment plus grave que ce que je prévoyais ? Edmund sembla pensif. Trop. « Tôt ou tard il refera surface, assez pour qu’on réussisse à s’en mêler et lui faire cracher le morceau. » C’était ce que j’espérais désespérément du moins.
« Tu veux de la citronnade ? Reste ici, je vais te chercher ça. » Je n’eus pas le temps d’acquiescer qu’il s’éloignait déjà, esquissant un geste affectueux sur mon épaule. Une chaleur familière envahit mon ventre le temps de quelques secondes avant qu’elle ne se dissipe. Nostalgie quand tu nous tiens. Je me remis à déambuler dans le salon, cherchant la clé pour résoudre Billy sans doute. « Tu veux voir ma figurine ? » Je me retournais d’un seul coup car ce n’était pas la voix d’Edmund mais … d’une gamine. « Euh… Oui montre-moi cette figurine. » Hésitais-je un peu. La petite blondinette descendit la dernière marche de l’escalier pour me rejoindre et me tendre son jouet. Ses yeux bleus étaient… si familiers. « Comment elle s’appelle ? » Demandais-je en parlant de la miniature. « Liv … que fais-tu ici ? » La dénommée Liv sursauta et moi avec elle avant de s’enfuir à l’étage sans un mot de plus. Je me tournais vers Edmund, essayant de comprendre la scène qui venait de se jouer sous mes yeux. Mais ce dernier ignora mes regards, et afficha une mine que je ne lui connaissais pas. Presque froide. « Je … tiens, ton verre. » Je me saisis du verre sans en goûter le contenu, attendant qu’il reprenne la parole parce que ce n’était pas à moi de le faire. Qui était cette petite fille ? Pourquoi l’avait-il congédié ainsi ? Et surtout pourquoi quand je la regardais, je voyais le regard de mon ex ?
Les yeux rivés au sol, il attendit. Je tendis une main pour la poser sur sa joue, pour l’encourager ou pour le réconforter. « Joey … Et si on allait ailleurs pour discuter ? » Sans réfléchir, je le suivis, lui et la petite Liv jusqu’à ce que l’on transplane. Et sans réfléchir me convenait très bien pour le moment. Je savais que je pouvais lui faire une confiance aveugle. Aussi, je le suivis sans hésiter dans l’appartement où il me mena dans une ville que je ne connaissais pas. Un jeune homme nous surprit. « Ola Senhora*1 ! » dit-il en me saluant je supposais. Je hochais la tête pour lui répondre, pas très tentée pour allonger cette conversation. Puis il se tourna vers la petite fille, que j’avais presque oublié. « Comment va la pequena*2 ? » Manifestement ce n’était pas la première fois qu’il l’emmenait ici. Pendant quelques secondes, je retins ma respiration, consciente que je m’apprêtais à découvrir la vie secrète d’Edmund et je n’étais plus sûre d’être prête pour ça. Et si cette discussion était bien plus sérieuse que je ne voulais vraiment le croire ?
L’appartement était étroit mais pas trop mal agencé. C’était là que semblait vivre Liv puisqu’elle n’hésita à rejoindre une pièce que je ne vis pas. Edmund m’invita à m’asseoir sur le sofa, prenant place en face, le visage bien plus fatigué qu’à notre départ. « Je ne sais pas par quoi commencer … » Dit-il alors. Je posais une main sur son genou pour l’aider. « Commence par ce que tu veux. » Alors il me raconta tout. J’en restais bouche bée, incapable de sortir un son. Je ne savais pas ce qui me choquais le plus : toute cette histoire de chasseur de vélane, qu’Olivia soit sa fille ou que toute sa vie n’était à présent qu’un mensonge puisqu’il ne continuait plus ses études et le cachait à sa famille. Mes problèmes me semblaient bien vains à présent et ce n’était pas pour me rassurer pourtant. Comment avait-il pu se retrouver dans une telle situation ? Sans que personne ne le voit qui plus est. La blondinette les rejoignit sur la fin du récit d’Edmund, les yeux aussi enjôleurs que ceux de son père. Elle se blottit contre lui et cette vision me noua la gorge quelques secondes.
J’étais bien incapable de parler et Edmund sembla le deviner car ce fut lui qui brisa le silence le premier. « Elle a eu 4 ans en avril. Je suis … largué. De toute ma vie, j’ai toujours su quoi faire. Engueuler mon frère, faire rire ma sœur, travailler dur à l’école, améliorer mes réflexes en m’inscrivant à des cours de tir à l’arc. Mais depuis que je suis devenu père, tout se mélange. » Edmund est père. Par Merlin ! « Mais c’est ma fille. Et je sais que je dois la protéger. Même si c’est compliqué. » Je ravalais mes jugements, qui étais-je pour le juger ? Moi aussi je me retrouvais dans une situation bien délicate et même s’il s’agissait de mes choix, une partie n’avait pu être décidé par ma tête seule. « Personne n’est au courant pour elle. Personne. Tu … es la première. » Je pris une inspiration mesurée, ne pouvant plus détacher mes yeux de la petite Olivia. « Elle te ressemble beaucoup. Ses yeux… » Je n’eus pas besoin de terminer car je savais qu’il m’avait compris. Son regard m’avait charmé plus d’une fois et je me surprenais à repenser à tous ces moments volés à Poudlard où je ne voulais plus qu’il me quitte des yeux. C’était presque hier il me semblait et pourtant il avait eu le temps de faire un enfant et moi de m’enticher de quelqu’un d’inaccessible.
Sans que je ne m’en rende compte d’abord, des larmes coulèrent sur mes joues. Je le compris en croisant le regard de mon ami, surpris de me voir pleurer. « Je suis désolée, ça fait beaucoup… » Je passais une main sous mes yeux avant de me reprendre en m’éclaircissant la gorge. Son histoire me touchait ajoutée à ce qui m’arrivait, je n’avais pas su encaisser le coup. « Je suis ravie de te rencontrer Olivia. Je m’appelle Joséphine, tu peux m’appeler Joey. » Le visage de la petite fille s’éclaira lorsque je m’adressais à elle. Cette dernière avait-elle seulement des amis ? Vivait-elle aussi recluse du monde et de sa famille qu’Edmund semblait m’ avoir expliqué ? « Si j’avais su que tu… » Existais. « Tiens c’est pour toi. » Elle sortit sa baguette et tendis la main pour attraper celle d’Olivia et faire apparaître un petit canard en caoutchouc dans sa paume. « Ce n’est pas aussi cool qu’une figurine de dragon mais il flotte. » Cela sembla ravir la petite fille qui repartit comme elle était venue, dans sa chambre je supposais. « De quelle aide as-tu besoin ? » Même s’il s’était probablement trouvé au pied du mur lorsque sa fille se révéla à moi et m’avoua alors toute l’histoire, je ne pouvais pas le laisser dans cette situation sans lui proposer un coup de pouce. Mais là encore je doutais de mes capacités à aider.
Finalement, en le regardant encore, je sentis l’éclat de son regard baisser. Tout ce qui lui était arrivé l’avait changé en la personne qu’il était aujourd’hui et je ne m’étais pas préparée à voir ça. Pas aujourd’hui. Pas après l’erreur que je venais de commettre ou du moins j’essayais encore de m’en convaincre. « Tu es bien plus courageux que moi. » Je secouais la tête, essayant de chasser les scènes qui se rejouaient dans mon esprit. « Tu fais tout pour protéger une autre vie que la tienne et moi je ne suis même pas capable de gérer la mienne. » Edmund insista pour que je lui en dise davantage mais ce n’était pas à lui que je voulais me confesser. C’était à Billy. Mais il n’était pas disponible pour moi et pour l’instant seul son frère l’était. Son regard envoutant me fit céder mes dernières retenues. « J’ai embrassé Andrew Scott, alias l’avocat le plus renommée, le meilleur ami de mon père soit un homme de vingt ans de plus que moi je suppose. Et ce qui me fait le plus mal dans tout ça, c’est qu’il m’ait repoussé. » :copyright:️ Justayne
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«J'en ai tellement marre d'entendre que le seul objectif d'une femme est de trouver l'amour. Mais je me sens tellement seule.» Jo March.
Nous sommes le samedi 10 août 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il est étudiant en 2ème année de Sciences Politiques et brûle d'entrer enfin dans la vie politique. Mais des événements récents ont pas mal chamboulé ses plans et il doit à présent changer d'identité pour mettre en sécurité celle qu'il aime.
Just want to let this story die and i'll be alright
Joséphine n’avait prononcé aucun mot, ne voulant pas l’interrompre. Joséphine avait toujours su écouter. De ses yeux curieux, de sa personnalité patiente et conciliante, de son visage éclairé, elle invitait à la confidence et Edmund n’avait pas compris qu’il avait tant rêvé de soulager ses épaules de ce poids qu’à l’instant où il avait commencé à parler à la jeune femme. Même ses premiers mots après tout ça le surprirent.
« Elle te ressemble beaucoup. Ses yeux… »
Elle avait plongé ses yeux dans ceux d’Olivia avant de les river dans ceux d’Edmund. Oui, elle avait les yeux bleus, exactement les mêmes que les siens. Elle avait une génétique qui l’invitait à avoir une telle couleur d’yeux. Sa mère aussi avait les yeux clairs, mais d’un bleu-gris orageux. Ceux d’Edmund étaient de la couleur de l’océan, comme la promesse d’un été entre les vagues de l’océan Atlantique.
Soudain, les yeux marron de Joséphine se remplirent de larmes. Les mains d’Edmund posées autour de la taille d’Olivia se crispèrent, pensant avoir mal fait quelque chose.
« Joey, je … est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? » s’inquiéta-t-il en voyant une larme puis une autre rouler sur ses joues. « Je suis désolée, ça fait beaucoup… » confia-t-elle.
Elle se dépêcha d’essuyer ses larmes alors qu’Edmund lui offrait un sourire compatissant. Oui, il comprenait. Il venait après tout de lâcher une bombe. Parfois, il regrettait d’avoir gardé durant tous ces mois le secret de l’existence d’Olivia. Parfois, il se disait qu’il aurait du aussitôt courir chez ses parents pour les supplier de l’aider. Parfois, il pensait qu’il aurait du faire plus confiance à son frère et à sa sœur pour avoir leurs conseils. Mais Edmund avait fait le choix de garder ce secret et il devait à présent en assumer les conséquences. Même auprès de Joséphine.
« Non, c’est moi qui suis désolé. » dit-il. « Je n’avais pas pris conscience jusqu’à maintenant de tout ça. Ca fait beaucoup à digérer. Et je comprends ta réaction. »
Il déglutit, nerveux, alors que la jeune femme s’éclaircissait la gorge. Un sourire revint sur son visage alors qu’elle se tournait vers Olivia.
« Je suis ravie de te rencontrer Olivia. Je m’appelle Joséphine, tu peux m’appeler Joey. »
Stupéfait, Edmund regarda Olivia se ragaillardir à l’idée que la nouvelle venue s’adresse à elle. Elle s’agita sur ses genoux et rendit son sourire à Joey.
« Si j’avais su que tu… » poursuivit Joey dont la voix se coupa. « Tiens c’est pour toi. »
Elle sortit sa baguette et tendit sa main vers Olivia. Intriguée, la jeune fille tourna la tête vers Edmund avant de tendre sa main vers Joséphine après qu’il ait acquiescé. Joséphine agita alors sa baguette et apparut alors une sorte de canard en caoutchouc dans les mains d’Olivia. Celle-ci poussa une exclamation de surprise. C’était dans ces moments-là qu’Edmund se disait qu’Olivia n’était pas muette. Des bruits de sa gorge s’échappaient. Elle savait parler. Elle pouvait parler. Mais quelque chose la bloquait.
« Ce n’est pas aussi cool qu’une figurine de dragon mais il flotte. » ajouta Joséphine.
Edmund détacha ses mains d’Olivia qui sauta de ses genoux pour courir dans sa chambre afin de tester son nouveau jouet.
« C’est gentil. » dit-il en se massant la nuque. « Je ne sais jamais quoi … lui offrir pour ne pas qu’elle s’ennuie. »
Par-dessus toutes les questions qu’Edmund se posait, il se demandait toujours s’il faisait bien les choses pour elle. Les personnes qui la gardaient disaient qu’elle était une fille discrète, s’occupant avec tout et n’importe quoi. Elle pouvait rester des heures à observer une pendule compter les secondes, tout comme découper des lettres dans la Gazette du Sorcier. Tantôt elle dessinait, tantôt elle s’imaginait des histoires avec des figurines en tous genres. Cet été, il avait pu passer plus facilement à la maison pour récupérer des vieux jouets leur ayant appartenu, à lui, Billy et Vicky. Au moins, jouait-elle avec de vrais jouets maintenant. Mais qu’en était-il de son éveil ? Aurait-il du lui offrir des jouets plus sophistiqués pour l’encourager à développer son cerveau ? Faisait-il bien les choses ? C’était la question qui revenait sans cesse.
« De quelle aide as-tu besoin ? »
Edmund tourna la tête vers Joséphine. Son air grave et sérieux le désarçonna. Il oubliait à quel point la volonté de la Serpentard était sans faille quand elle prenait une décision. Et en l’occurrence, elle avait pris la décision d’être là pour lui et Olivia. Si le carton sous ses fesses n’était pas aussi solide, il aurait pu en tomber à la renverse.
« Tu ne me dois rien, Jo. » dit-il. « Cette responsabilité est la mienne et je suis le seul à pouvoir faire quelque chose. »
C’était assez fataliste. Il se racla la gorge.
« Tu m’aides déjà beaucoup en étant là aujourd’hui. »
Son ton s’était adouci même si ses yeux semblaient toujours aussi sombres, comme une tempête se préparant en plein océan.
« Tu es bien plus courageux que moi. » commenta Joséphine.
Edmund haussa un sourcil.
« Que veux-tu dire ? » « Tu fais tout pour protéger une autre vie que la tienne et moi je ne suis même pas capable de gérer la mienne. »
Joséphine avait l’air toujours autant bouleversé, et pas seulement à cause de la révélation de l’existence d’Olivia. Se souvenant de pourquoi elle était venue à la base chez les Prewett, Edmund reprit :
« Tu cherchais Billy tout à l’heure. » nota-t-il. « Je me doute que tu pensais vraiment le trouver pour … confier ce qu’il te pèse, j’imagine ? Mais, Billy n’est pas là. »
Il marqua une pause.
« Moi, je le suis. »
Il pencha la tête sur le côté, essayant de capter son regard.
« Que se passe-t-il, Jo ? »
Les yeux marrons de Joséphine croisèrent les siens. Durant un instant, il se sentit revenir quelques années auparavant, quand rien d’autre ne comptait que leur regard l’un dans l’autre. Quand le monde s’effaçait pour leur laisser partager un baiser. Quand leurs problèmes s’évanouissaient dès lors qu’elle caressait ses cheveux et qu’il passait une main autour de sa taille. Cette drôle de sensation s’évanouit pourtant aussitôt qu’elle prononça les premiers mots.
« J’ai embrassé Andrew Scott, alias l’avocat le plus renommée, le meilleur ami de mon père soit un homme de vingt ans de plus que moi je suppose. » lâcha-t-elle. « Et ce qui me fait le plus mal dans tout ça, c’est qu’il m’ait repoussé. »
Edmund écarquilla les yeux.
« Tu as quoi ? »
En croisant son regard, il comprit qu’elle n’avait aucune intention de rire. Tout cela la désespérait au plus haut point. Edmund réfléchit. Il avait rencontré Andrew Scott au conseil des Fondateurs en mars. C’était un sorcier qu’il admirait beaucoup. Il avait une influence impressionnante sur les sorciers du Ministère et dégageait une aura et un charisme propre aux Scott, de ce qu’Edmund avait entendu.
Mais Edmund avait surtout eu l’occasion de le connaître davantage au cours de cet été, lorsque l’homme avait accompagné les Davis à leurs rencontres annuelles entre les quatre amis d’enfance, James, Josh, Minho et Louis. Andrew Scott était le meilleur ami de James Davis, même s’il avait plus souvent été proche de Joséphine. Edmund n’avait d’ailleurs pas compris quel lien étrange les unissait. Jusqu’à aujourd’hui.
« Je … je n’avais pas compris que cet homme te plaisait. »
C’était une simple remarque. Il était vrai que Joséphine avait mis le doigt sur des faits importants, à savoir que l’homme était bien plus âgé qu’elle, et qu’il avait un lien particulier avec son père lui-même. Edmund connaissait assez son oncle, James, pour savoir qu’il ne verrait sans doute pas cette association d’un bon œil. Mais à voir le regard désemparé que Joséphine affichait, cette relation comptait bien plus que l’avis de son père dessus.
« T’a-t-il expliqué son geste ? » demanda-t-il.
Après tout, peut-être avait-il ses raisons ? Andrew Scott était un homme réfléchi et calculateur. Rien ne le surprenait, ou alors très rarement.
Il se mordit la lèvre, peu certain de savoir comment réconforter Joséphine. D’une étrange façon, cela lui rappelait sa relation avec Isabeau.
« Si ça peut te rassurer, j’ai tout gâché avec une fille. »
Il lâcha un rire sans joie avant de se lever de son carton. Les mains dans les poches, il jeta un regard par la fenêtre.
« Je lui ai menti de la pire façon qui soit, et je ne te parle même pas d’Olivia. Olivia n’a rien à voir là-dedans. C’est moi et moi seul qui ai tout gâché. J’ai … Je ne m’étais jamais autant attaché à quelqu’un. Jamais autant que … »
Il tourna la tête vers Joséphine, ne terminant pas sa phrase à voix haute. Mais le regard qui lui lançait était équivoque. Il s’appuya alors le dos contre la fenêtre pour se tourner vers elle.
« Mais bon, ça n’a plus d’importance car elle ne veut plus jamais me revoir. Et je la comprends. »
Le silence retomba. Seuls les pas d’Olivia qui couraient et jouaient dans la chambre résonnaient. Chacun d’eux repensait à leur amour perdu, et à l’amertume d’avoir tout gâché.
Finalement, Edmund soupira et se redressa.
« Bon, on ne va pas rester là à se morfondre. »
Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il n’était pas aussi éclatant que les autres fois, mais c’était un début. Il tendit la main à Joséphine toujours assise sur le clic-clac.
« Ca te dit que je te fasse visiter Guildford ? »
D’un signe de tête, il désigna la ville qu’on voyait à travers la fenêtre.
Quelques heures plus tard
La ville était très touristique, ce qui faisait que la marée de mondes permettait à Edmund et Olivia de se noyer dans la masse. En plus de cela, Nicolas Solace les avait accompagné. Joséphine et Edmund s’étaient assis sur un banc du centre-ville, alors que Nico avait emmené Olivia acheter une glace dans la boutique en face d’eux.
« Je ne le connais que depuis un mois, mais il est vite devenu très important pour Olivia. » expliquait Edmund à Joséphine. « Nicolas … c’était le voisin qui s’incrustait tout le temps chez nous. »
Il éclata de rire à ce souvenir.
« J’en avais clairement marre. Il prenait de la place, il s’incrustait toujours au pire moment. Je n’étais même pas arrivé à lui cacher l’existence d’Olivia. Et puis un soir … j’étais crevé. Et je n’avais rien trouvé à manger pour Olivia. Je revenais tard et je ne lui ramenais qu’un pauvre sandwich au thon. »
Il se passa une main sur le visage, comme soupirant encore du désastre qu’avait été cette soirée.
« Mais quand je suis rentré ce soir, Nico était là. Il avait préparé tout un festin pour Olivia et elle dormait tranquillement dans la chambre. J’étais rentré tard sans rien pour la nourrir qu’un minable sandwich. Et lui, il était là. Il avait préparé à manger et il avait couché Olivia. Je crois que je n’ai jamais autant béni la présence de quelqu’un que cette fois-là. »
Il sourit.
« Je crois qu’il s’ennuie de sa famille. Il ne peut pas rentrer souvent chez lui, au Portugal. Mais là-bas, il avait tout une famille. Il s’occupait souvent des plus jeunes, que ce soit ses petits frères ou ses nièces. Alors, je crois que le fait d’avoir Olivia ici lui permet de se rappeler son chez-lui. Et Olivia l’adore, alors ! »
Il tourna la tête vers Joséphine, un bras appuyé sur le dossier du banc. Elle avait relevé ses cheveux blonds avec une pince à cheveux. Même si c’était la fin de la journée, l’air était encore lourd. Le soleil avait brillé haut et fort.
Ils avaient passé plusieurs heures à visiter la ville. Les bâtiments anciens avaient vivement intéressé Joséphine et ils avaient mangé tous les quatre dans un restaurant chinois où Nico n’avait cessé de comparer les spécialités portugaises avec celles servies. Puis Olivia avait voulu montrer à Joséphine le parc où elle jouait souvent. C’était un parc vert où il y avait un espace de jeux pour les enfants, mais aussi des fontaines pour se rafraîchir. Avec la chaleur de l’après-midi, ils avaient été bien contents de trouver où se rafraîchir à l’abri des arbres et une bataille d’eau.
Puis, ils étaient revenus dans le centre-ville où Olivia réclamait son quatre heure. Nico qui ne ratait pas une occasion lui aussi de manger des choses sucrées avait proposé d’emmener Olivia chez le glacier qu’il avait repéré au début de l’été. Cela permettait à Edmund et Joséphine de se poser aussi tous les deux.
« Qu’est-ce que tu as décidé ? Pour Andrew, je veux dire. » demanda-t-il. « Est-ce que tu vas retourner le voir ou … laisser tomber ? »
Il l’écouta, essayant de garder une expression neutre. La vérité, c’était qu’il n’avait rien contre Andrew. Comme il l’avait déjà dit, c’était un homme qu’il appréciait beaucoup. Mais son cerveau avait du mal à accepter l’idée que Joséphine s’intéresse à un autre homme. L’occasion ne s’était jamais présentée. Elle avait toujours été si préoccupée par Billy, Alec ou James qu’il n’y avait jamais eu l’espace pour un autre homme dans sa vie. Mais elle avait changé. Et elle attendait désormais autre chose de la vie. Ce n’était pas évident pour Edmund d’accepter que la fille qu’il avait aimé durant des années puisse vouloir être avec un autre homme.
Il fut surpris quand elle lui retourna la question.
« Je … je ne peux pas le dire. » dit-il. « Je ne sais pas. J’ai toujours gardé le secret. Leur annoncer maintenant, ce serait … »
Une trahison ? Il baissa la tête, écoutant les arguments de Joséphine. Et quelque part, au fond de lui, il savait qu’elle avait raison. Il était temps d’arrêter de vivre dans le mensonge. Il avait déjà tout gâché avec Isabeau. Devait-il en être de même pour sa famille ?
« Laisse-moi le temps de réfléchir, ok ? Je … je vais y réfléchir. Laisse-moi quelques semaines encore. »
Il sursauta face à l’aplomb de la jeune femme avant de lâcher un petit rire.
« Ok, quelques jours, d’accord ? Mais j’aurai une condition : il faudra que tu m’accompagnes. »
Il plongea son regard dans celui de Joséphine.
« Je n’arriverai pas à faire ça sans toi. »
Ses doigts posés sur le dossier du banc vinrent jouer avec le nœud qui nouait son tee-shirt sur l’épaule. Ils effleurèrent sa peau et un frisson le parcourut, son cœur battant attendant l’accord de son amie.
Mercredi 14 août 2002
« Ok, vas-y monte. »
Joséphine fronça les sourcils. Edmund avait pourtant le dos appuyé contre le mur de la maison des Prewett et était prêt à faire la courte échelle à Jo pour qu’elle grimpe sur le toit où sa fenêtre était restée entre-ouverte.
« Je l’ai déjà fait des dizaines de fois, et avec la barrière anti-transplanage de ma mère, on n’a pas d’autres choix. » lui fit-il remarquer.
Sa mère était Auror et les protections magiques, ça la connaissait. La maison en était blindée à tel point qu’elle avait même mis une alerte quand l’un de ses enfants tentait de faire le mur. Heureusement, quand Edmund avait été en âge d’utiliser la magie en-dehors de Poudlard, il avait appris à la désactiver.
« Olivia va te montrer l’exemple. »
La jeune fille était déjà impatiente. Elle grimpa dans les bras de son père qui la fit basculer sur le toit. Un peu alertée qu’une gamine puisse le faire, Joséphine la suivit aussitôt et Edmund l’aida à grimper en envoyant une impulsion dans son pied. Il prit à son tour son élan avant de sauter pour s’accrocher au bord du toit. Joséphine l’aida à grimper et tous trois se dirigèrent vers la fenêtre de la chambre d’Edmund.
A l’intérieur, il referma la fenêtre tandis que Joséphine s’était dépêchée d’aller fermer la porte. Les voix se faisaient entendre à l’étage en-dessous. Toute la famille était réunie. Comme il l’avait dit à Joséphine, c’était le moment le plus propice pour faire ce genre d’annonces. Aujourd’hui, Louis et Adèle étaient officiellement divorcés et ils s’étaient donc réunis dans la maison après être passé au tribunal ce matin tôt. De son côté Victoria était rentrée la veille de ses quelques jours de vacances. Quant à Billy, il était difficile de dire s’il serait présent. Edmund lui avait toutefois envoyé un hibou, bien qu’il soit resté sans réponse.
« Ok … »
Edmund prit une inspiration en regardant les deux filles dans sa chambre.
« Olivia, tu vas rester ici. Je reviendrai te chercher quand … quand ce sera bon ».
Il croisa le regard de Joséphine. Son cœur battait la chamade. On y était. Le moment où il allait lâcher la bombe à ses parents. Comment allaient-ils réagir ? Seraient-ils furieux de le voir gâcher son avenir ? Le jugeraient-ils de ne pas s’être protégé quand il le fallait ? Edmund allait-il rajouter des problèmes aux leurs ?
Mais Joséphine avait raison. Il était temps d’arrêter de faire semblant. Même si ses parents n’acceptaient pas sa récente paternité, il ne se cacherait plus. Il était le père d’Olivia, qu’ils le veuillent ou non.
Olivia s’installa sur le lit d’Edmund et commença à feuilleter un vieil album de contes des enfants Prewett.
« Allons-y. » souffla-t-il à Joséphine.
Il passa devant, ouvrit la porte et s’engouffra dans le couloir. La porte de la chambre de Billy était fermée. Edmund hésita à toquer.
« Eddie ?! Tu es là ! »
Victoria venait de sortir de sa chambre et sauta au cou de son frère. Edmund sourit et la reposa au sol.
« Tes vacances se sont bien passées ? » « Génial ! regarde un peu mon bronzage. »
Elle releva les manches de son tee-shirt où sa peau avait un peu bruni. Elle parut remarquer la présence de Joséphine, et le fait qu’elle venait de sortir de sa chambre.
« Salut Joey … »
Son regard alternait entre Joséphine et Edmund, comme si elle hésitait à poursuivre ou non.
« On descend ? Il faut que je vous parle de quelque chose, aux parents et à toi. »
Il passa un bras par-dessus les épaules de sa sœur pour la faire avancer dans les escaliers où elle passa la première en sautillant. Edmund jeta un regard à Joséphine et la remercia une nouvelle fois silencieusement. Tous deux descendirent les escaliers.
Dans la salle à manger à droite, Adèle et Louis parlaient sérieusement. Pourtant, ils semblaient assez détendus, comme si le fait que le divorce ait été prononcé les soulageait enfin. Ce n’était guère une surprise. Son père n’avait jamais été aussi heureux qu’avec Ethan. Et de son côté, Adèle se plaisait à redécouvrir les prémices d’un amour naissant avec Henry. Ils avaient su retrouver quelqu’un qui leur correspondait mieux, chacun de leurs côtés, et avaient une relation d’adultes tout à fait poser.
« Tiens, Edmund, tu es là ? » s’étonna sa mère en le voyant arriver derrière Vicky. « Salut Joséphine. Je ne vous avais pas entendu tous les deux. »
Elle sourit, et regarda Louis avec un air entendu. Edmund fronça les sourcils, peu certain de comprendre ce qu’elle sous-entendait.
« Vous voulez un peu d’eau chaude ? » demanda-t-elle. « Pourquoi pas. » répondit Edmund.
Vicky, Joey et lui s’installèrent à table tandis que la bouilloire lévitait jusqu’aux tasses qui vinrent se poser devant eux. Quelques sachets d’épices reposaient dans un plat avec des mini-infuseurs. Edmund se servit, réfléchissant sur comment amener le sujet sur la table. Heureusement, Joséphine savait faire la discussion.
« Ca y est, c’est officiel ! » confirma Adèle en réponse à la question de Joey. « Depuis ce matin, je m’appelle à nouveau Adèle Bennett. » « Tu aurais pu garder mon nom, ça ne m’aurait pas dérangé. »
Le regard de Louis était un peu penaud.
« Je sais. » répondit Adèle avec un doux sourire. « Alors, Joséphine, que nous vaut ta visite ce matin ? »
Les cheveux bruns de sa mère s’agitèrent en se tournant tour à tour vers Edmund et Joséphine. Et cela le frappa. Ses parents étaient-ils en train d’imaginer qu’ils allaient annoncer qu’ils étaient en couple ? Il se racla précipitamment la gorge.
« En faites, elle est venue en soutien pour moi. » dit-il.
Louis haussa un sourcil.
« En soutien ? » répéta-t-il. « Il a dit qu’il avait quelque chose à nous dire. » fit remarquer Vicky en tournant des yeux ronds de sens envers ses parents.
De ce qu’Edmund avait pu observer cet été, la relation entre Victoria et leur mère était toujours assez tendue. Mais en présence de Louis, les choses semblaient toujours un peu plus apaisées. Comme si leur père dégageait cette aura apaisante qui dissipait toutes les tensions.
« Oui, c’est … assez important pour que j’ai voulu attendre que vous soyez tous là pour en parler. » commença-t-il.
Les regards de sa famille étaient tous rivés sur lui, attendant la suite. Son regard passa par-dessus la table vers Joséphine, assise face à lui. Toujours en soutien, elle ajouta une phrase, comme l’aidant à préparer le terrain. Edmund hocha la tête.
« Déjà, je suis désolé de vous l’avoir caché aussi longtemps. J’imagine que cela risque de vous contrarier et que vous auriez aimé être au courant bien avant, mais je … il m’était difficile de faire autrement. Et à ce moment-là, j’ai cru que c’était la seule façon de faire. » « Mais de quoi parles-tu ? »
Edmund leva les yeux vers son père qui avait froncé les sourcils.
« Que veux-tu dire par "aussi longtemps" ? » demanda à son tour sa mère d’une voix plus apaisée.
Edmund les regarda tour à tour, le cœur battant.
« Eh bien … en faites c’est … » « Je peux savoir ce que cette gamine faisait dans ma chambre ? »
La voix de Billy avait résonné dans l’escalier. Edmund tourna la tête vers lui. Billy venait d’arriver en bas de l’escalier, tenant par la main Olivia, ses yeux bleus agrandis par la surprise et l’appréhension.
*** Point de vue de Billy ***
* avec les cheveux courts
William ouvrit les yeux dès qu’il entendit le bruit dans sa chambre. Il ne dormait plus que sur une oreille depuis des mois de toute évidence. Et comme chaque matin, il ne gardait aucun souvenir de ses rêves. C’était comme s’il ne rêvait plus. Plus de cauchemars – ce qui était une bénédiction – mais pas de rêves non plus.
Il se redressa doucement dans son lit avant de voir que quelque chose fouillait dans sa malle de vieilles affaires. C’était une gosse. Elle ne devait pas avoir plus de 5 ans. Des cheveux blonds bouclaient dans son cou et c’était tout ce qu’il pouvait voir d’elle comme elle lui tournait le dos.
« Hey ! »
La gamine sursauta et tourna lentement la tête vers lui. Ses yeux bleus s’agrandirent de surprise en le voyant réveillé. Mais elle ne s’enfuit pas. Elle ne s’enfuit pas non plus quand il se leva pour aller jusqu’à elle. Pourtant, William n’avait pas une tête très avenante.
Il était rentré tard de mission cette nuit-là, s’écroulant dans son lit à plus de 4h du matin. Edmund lui avait demandé s’il serait à la maison ce jour-là. Il avait apparemment une annonce à faire à la famille et tenait à ce qu’il soit là. William avait hésité à venir mais son instinct lui avait dicté qu’il était important qu’il soit présent. Il ne savait pas quoi, mais quelque chose lui disait que cette annonce pourrait avoir un impact.
« T’es qui toi ? » demanda-t-il à la gamine.
La bouche agrandit en forme de O, elle le regardait sans répondre, les mains toujours dans la malle, à la recherche visiblement de vieux jouets. La porte de sa chambre était entrouverte et des voix se faisaient entendre en bas. William soupira et retourna jusqu’à un fauteuil où il avait négligemment posé sa cape et ses bottes. Il les enfila, gardant à l’œil la gamine qui l’observait. Ce regard scrutateur lui rappelait trop lorsqu’Edmund le fliquait quand ils étaient plus jeunes. Il secoua la tête et termina de nouer ses bottes.
« Allez, viens. On va voir qui t’a amené. »
Il se posta devant elle et lui tendit la main. La gamine hésita un instant avant de nouer ses doigts aux siens. Mais elle ne parlait pas. Su-per. William soupira et tous deux sortirent de la chambre, en direction des escaliers où la voix d’Adèle résonnait. Edmund répondit en bégayant. Il était temps de sauver la mise au frérot visiblement …
*** Point de vue d’Edmund ***
Ce n’était pas censé se passer ainsi. Olivia n’était pas censée arriver aussi vite alors qu’Edmund n’avait encore quasiment rien dit à ses parents. Mais en vérité, Edmund était tout aussi surpris par l’apparence de Billy. Il portait des vêtements sombres, et une cape noire reposait encore sur ses épaules comme s’il revenait de voyage. Contrairement à Vicky, son teint n’avait aucune couleur et apparaissait même cireux. Des cernes violettes entouraient ses yeux dont la pupille noire était légèrement dilatée. Mais le plus frappant était ses cheveux désormais courts. Rasés sur le sommet de sa tête, ses longs cheveux châtains clairs avaient disparu pour laisser place à un tout nouveau William Prewett. S’il tenait Olivia par la main, sa baguette se trouvait dans l’autre, prête à être employée.
Alerte, Edmund se leva en même temps que Victoria qui contourna la tête pour sauter dans les bras de Billy.
« Tu es enfin rentrée ! » soupira-t-elle.
Billy ne broncha pas. Il ne fit aucun geste pour étreindre sa sœur. Son regard était toujours fixé sur leur père. Le regard de celui-ci était fuyant, comme s’il ne savait comment réagir. Ce fut finalement Adèle qui prit la parole.
« William, tu … »
Elle s’était levée, ses mains se crispant devant elle. De toute évidence, elle était aussi ébranlée que les autres par l’apparence de Billy.
« Qui est cet enfant ? » demanda-t-elle finalement.
Edmund déglutit et frissonna. Ce fut Joséphine qui répondit à la question. Edmund croisa son regard et soupira.
« Quoi ? » s’écria Adèle dont la voix monta dans les aigues. « Elle dit vrai. Je … j’ai essayé de vous le dire. Mais Joséphine a raison. Olivia est ma fille. »
Il regarda la jeune fille et s’accroupit pour lui faire signe d’approcher. Billy lâcha sa main sans résistance. Victoria s’était calée à côté de lui, les yeux agrandis par la surprise.
« Elle a longtemps été en danger et j’ai fait de mon mieux pour la protéger, en la cachant. A tous. Y compris à vous. » continua Edmund qui s’était relevée en portant sa fille.
Leurs deux têtes blondes l’une contre l’autre ne laissaient aucun doute sur leur parenté évidente. Adèle avait étouffé une exclamation de surprise, une main devant la bouche, tandis que Louis restait assis, le regard toujours fuyant, comme peinant à aligner toutes les informations qu’il recevait.
« Je ne vous demande rien. Je me débrouille. » se dépêcha d’ajouter Edmund. « Du moins, j’essaie. J’ai arrêté mes études. Et vous le savez déjà, je travaille à la piscine cet été. Je dois aller à de nouveaux entretiens à la fin du mois pour la suite. Je vais me débrouiller pour trouver l’argent et pour prendre soin de Liv. »
Il tourna la tête vers sa fille, ne supportant plus le regard inquiet de sa mère sur lui. Comme à son habitude, Olivia gardait le silence et observait chacun des occupants de la pièce avec un intérêt grandissant. C’était sans doute la première fois qu’elle voyait autant de nouveaux visages en plusieurs mois.
« Quel âge a-t-elle ? »
Edmund tourna la tête vers la voix douce de sa sœur qui s’était approchée d’eux.
« Elle a eu 4 ans en avril. » répondit-il.
Le sourire de Vicky s’élargit.
« Elle a les mêmes yeux que toi, papa. »
Elle tendit la main vers la jeune fille qui la lui prit, la serrant doucement avec un sourire attendri. Louis avait levé la tête à sa mention et déglutit. Il sembla vouloir dire quelque chose mais se leva. Il s’avança jusqu’à Edmund, le regarda, toujours comme s’il cherchait ses mots, avant de se pencher et de le prendre dans ses bras. Edmund émit un hoquet de surprise mais rendit comme il put l’étreinte de son père. Olivia commença alors à jouer avec les cheveux de Louis et celui-ci se recula en souriant. Il attrapa sa petite main et y déposa un baiser.
« Bienvenue dans la famille, miss Olivia. » dit-il.
Le cœur d’Edmund se gonfla de fierté à ces mots et de joie en voyant le regard que son père posait sur la jeune fille. Derrière, Adèle lâcha un sanglot avant de contourner la tête pour s’approcher d’eux. Louis prit Olivia dans ses bras tandis qu’Edmund prenait sa mère dans ses bras.
« Ca va aller, maman. » dit-il contre son oreille.
Adèle ne répondit pas et Edmund n’ajouta rien de plus. Il comprenait que ça faisait beaucoup de choses pour sa mère. Sans doute s’inquiétait-elle pour lui, pour Olivia. Sans doute se posait-elle un millier de questions sans savoir par où commencer. Sans doute était-elle aussi un peu ravie d’être mamie. Merlin, Adèle venait de devenir grand-mère !
Edmund et Adèle se reculèrent un peu pour observer Olivia qui détaillait toujours les cheveux blonds de son père, Victoria près d’eux, un sourire étincelant sur son visage.
« Qu’est-ce qu’elle est ? » gronda soudain la voix de Billy.
Edmund l’aurait presque oublié. Billy était resté exactement au même endroit où il était au départ. Sa main droite se crispait toujours sur sa baguette.
« Qu’est-ce qui te prend Billy ? » demanda Adèle.
Mais Billy ne la regardait pas. Ses yeux noirs restaient rivés sur le dos d’Olivia. Par réflexe, Edmund se positionna devant sa fille et affronta son frère du regard. Ce regard sombre qu’il avait déjà eu au bal.
« Elle est ta nièce, Bil… » « William. » le coupa son frère. « Et ce n’est pas ce que je t’ai demandé. »
Sa voix était grave. Aucun tremblement, aucune hésitation. Elle était implacable. Il désigna du menton Olivia.
« Elle n’est pas sorcière. » « Elle est sorcière. » le contredit Edmund. « Pas entièrement. »
Edmund fronça les sourcils.
« Sa mère était une vélane, mais … » « Donc tu t’es accouplé avec une créature pour nous ramener une demi-sorcière dans la famille. » « William ! » s’écria sa mère, choquée.
Louis et Vicky avaient eux aussi tourné la tête vers Billy, alertés par ses propos. Joey était toujours dans un coin de la pièce. On l’aurait presque oublié après cette réunion de famille. Mais elle se tenait là, toute aussi choquée que le reste des Prewett.
« Cette gamine est une demi-vélane. » continua Billy. « Vous êtes tous envoûtés par elle, par son pouvoir qui vous fait croire qu'elle est la meilleure chose qui soit arrivée dans nos vies. Et vous l’acceptez dans la famille sans rien dire à ce sujet. » « Parce qu’il n’y a rien à dire. » répondit Louis d’une voix soudain grave.
Il reposa Olivia et la fit passer vers Adèle qui était le plus en arrière de la pièce. C’était comme si tout le monde ici savait que la menace qui émanait de la présence de Billy. L’air s’était soudain chargé en électricité et la cape noire de Billy flottait derrière lui comme réveillée par la magie qui courait dans chacun des membres du jeune homme.
« Avec toi, il n’y a jamais rien eu à dire. » répliqua Billy.
Edmund déglutit mais laissa son père s’avancer devant lui. De toute évidence, il y avait un an que cet affrontement couvait. Le premier entre Billy et son père depuis le coup de poing un an plus tôt après l’annonce de la mise en couple d’Ethan et Louis.
« Quand tu as décidé de briser cette famille, il fallait déjà qu’on ferme notre gueule. » continua-t-il. « C’était comme ça, on n’avait rien à dire. Tu avais pris ta décision de partir et fallait qu’on l’accepte sans broncher. » « Ca ne s’est jamais passé ainsi, Billy, tu … » « Arrête de m’appeler comme ça ! » s’écria le jeune homme. « Et si, ça s’est passé exactement ainsi ! Tu nous as quitté. Tu nous as abandonné. Pour te mettre avec un putain de Sang-de-Bourbe. Et maman : maman n’a rien trouvé de mieux que de nous ramener un putain de moldu. Mais bordel, qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ? »
Son regard alternait entre Adèle et Louis.
« Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi, Will ? »
La petite voix de Vicky s’était élevée, usant sciemment un nouveau surnom. Billy riva son regard sur elle mais l’intensité de colère ne faiblit pas un instant.
« Et c’est toi qui me demandes ça ? Toi qui acceptes ta morsure comme si c’était un cadeau de Merlin lui-même. » « Je n’ai pas le choix ! » répliqua Vicky. « C’est ce que je suis à présent. Une sorcière et un loup-ga… » « Je le refuse ! »
Une gerbe de magie éclata de la baguette de Billy et par réflexe, Louis et Adèle sortirent leurs baguettes. Olivia avait disparu dans les jupes de Victoria alors qu’Adèle rejoignait Louis en première ligne.
« Pose cette baguette, William. » ordonna sa mère, ses réflexes d’Auror prenant le dessus. « Sinon quoi, maman ? Tu vas me tuer ? »
Il pencha la tête sur le côté alors qu’un sourire malfaisant se former sur son visage. A quel point les choses avaient-elles dérapé ? A quel moment ? Quand est-ce qu’Edmund avait perdu le fil de l’évolution de son frère ? Que s’était-il passé ? Qu’avait-il raté ? Depuis aussi longtemps qu’il se souvenait, il avait toujours tenu à veiller sur sa fratrie, secondant ses parents dans ce rôle. C’était un rôle qu’il avait toujours aimé et qu’il avait accepté avec plaisir. Mais cette année, tout lui avait échappé. Et Billy était l’une d’entre elles.
« Vous êtes bien plus perdus que je ne le pensais. Je pensais pouvoir sauver. Je pensais pouvoir nous débarrasser de la vermine moldu que vous vouliez ramener chez nous. »
Son regard lançait des éclairs envers son père.
« Mais ensuite Victoria a été mordue et a commencé à adorer ce qu’elle était. Cela ressemblait à un véritable bonheur comme si c’était la meilleure chose qui lui était arrivée. » « Mais c’est le cas, Will, tu … »
Le regard de Billy la dissuada de continuer. Les yeux de Vicky étaient rougies par les larmes qui étaient montées. En même temps, la scène à laquelle nous assistions était terrible. Edmund aurait-il pensé un jour se retrouver dans cette situation ? Ses parents menaçant de leurs baguettes l’un de leurs fils qui crachaient des propos racistes ?
« Et maintenant, ça ! »
Billy pointa du doigt Olivia.
« Une demi-Vélane, comme s’il ne manquait que ça pour parfaire le tableau de famille. »
Il agrandit les bras avant de faire mine d’applaudir. Ce fut à ce moment-là que Joey intervint. Billy la foudroya elle aussi du regard.
« Dis-moi, Joséphine Davis, la sainte des saintes. J’aimerais savoir une chose. »
Il s’avança lentement vers Joey et Louis blêmit, se reprochant sans doute de ne pas avoir été du bon côté de la table pour protéger la fille de son amie.
« Billy … »
Mais Billy ignora l’avertissement de son père.
« Tu as accompagné Edmund aujourd’hui pour l’aider à annoncer tout ce déballage. C’est étrange qu’il se soit confié à toi, non ? »
Il écouta la réponse de la jeune femme avec un désintérêt évident.
« Dis la vérité. Ça fait combien de temps vous deux ? »
Ses yeux étaient plongés dans ceux de sa meilleure amie comme pensant trouver la réponse ici plutôt que dans ses paroles.
« N’essaie pas de me mentir, Joséphine Davis. Il y a des années, tu m’as fait la promesse de ne jamais sortir avec mon frère. Mais aujourd’hui, je n’ai aucun doute sur le fait que tu m’as trahi. Alors dis-moi quand. Quand as-tu brisé ta promesse ? »
Il grogna à la réponse de Joséphine. Edmund regardait son père pointer Billy toujours de sa baguette comme s’il sentait clairement à présent la menace qu’il représentait. Edmund fronça les sourcils cependant : où était passée sa mère ?
« Si seulement tu avais au moins pu rendre un plus grand service à mon frère en étant la mère de cette créature … »
Just want to let this story die and i’ll be alright Samedi 10 août 2002
« Tu m’aides déjà beaucoup en étant là aujourd’hui. » Vraiment ? J’avais seulement l’impression d’être un boulet qui était venu réclamer de l’attention auprès de son ex-meilleur ami et qui s’était retrouvé à découvrir le secret de son ex qui n’avait d’autre choix que de tout lui avouer. Mais même tout ça n’avait pas réussi à me distraire de ce qui s’était passé la veille. De sa façon de me repousser, et de m’expliquer qu’il était beaucoup plus mûr que moi. Il attendait la bonne personne et ce n’était pas moi. Je détestais être bouleversée de la sorte pour un garçon. Cela ne me ressemblait pas ou en tout cas ce n’était pas le type de fille auquel je voulais m’apparenter. Mais Andrew n’était pas un garçon, c’était un homme et moi j’étais seulement une fille.
Edmund sentit que je m’étais perdue dans mes pensées et insista pour que je lui dise ce qui m’avait amené chez eux pour retrouver Billy. N’y tenant plus, je déballais tout. Je retenais tout ça depuis trop d’heures déjà. « Tu as quoi ? » J’évitais un peu son regard, un peu embarrassée. Après tout, il restait mon ex. « Je … je n’avais pas compris que cet homme te plaisait. » Et moi donc… « Je n’ai pas décidé d’avoir ces sentiments. » Et j’étais bien emmerdée aujourd’hui avec. « T’a-t-il expliqué son geste ? » Je secouais la tête, chassant les images de la veille. « Il ne s’intéresse pas aux filles comme moi et il a bien raison. » Edmund était mal à l’aise et je ne pouvais pas l’en blâmer. Que pouvait-il me dire ? Il n’y avait rien à dire. « Si ça peut te rassurer, j’ai tout gâché avec une fille. » Bonne idée ! Changeons de sujet ! « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Il se leva et s’éloigna. « Je lui ai menti de la pire façon qui soit, et je ne te parle même pas d’Olivia. Olivia n’a rien à voir là-dedans. C’est moi et moi seul qui ai tout gâché. J’ai … Je ne m’étais jamais autant attaché à quelqu’un. Jamais autant que … » Nos regards se croisèrent et je compris. Il parlait de nous. Si tu savais combien de temps j’ai pleuré notre histoire. Et je savais déjà que je pleurerai Andrew de la même façon même s’ils étaient si différents.
Edmund haussa les épaules. « Mais bon, ça n’a plus d’importance car elle ne veut plus jamais me revoir. Et je la comprends. » Je soupirais. Ça ne m’aidait pas vraiment tout ça. « Bon, on ne va pas rester là à se morfondre. » J’appuyais mon dos contre le dossier du sofa, bien décidée à me morfondre là pour ma part. « Et que proposes-tu ? » Demandais-je, un sourire naissant sur mes lèvres malgré tout. Edmund était un soleil, il avait toujours été ainsi, toujours très rayonnant et être en sa compagnie n’était jamais synonyme de déprime. Aussi énervant que cela pouvait être quelques fois, il déteignait sur les gens qui l’entourait et il le savait. « Ça te dit que je te fasse visiter Guildford ? » Je me levais presque énergétiquement. « Au point où on en est, ce n’est pas une petite ville qui va nous impressionner mais bon … C’est parti ! »
Nous partîmes alors déambuler dans les ruelles, Edmund, Olivia, moi et… ce type espagnol ou portugais, je ne savais plus. Une fois qu’il se fut éloigné, emmenant la fillette avec lui, je me tournais vers mon ami pour lui poser la question. « D’ailleurs, c’est qui ce gars ? » On s’était assis sur un banc, au milieu d’une rue avec pas mal de passage. « Je ne le connais que depuis un mois, mais il est vite devenu très important pour Olivia. Nicolas … c’était le voisin qui s’incrustait tout le temps chez nous. » J’attendis qu’il poursuive, surveillant d’un œil Olivia avec le dénommé Nicolas. « J’en avais clairement marre. Il prenait de la place, il s’incrustait toujours au pire moment. Je n’étais même pas arrivé à lui cacher l’existence d’Olivia. Et puis un soir … j’étais crevé. Et je n’avais rien trouvé à manger pour Olivia. Je revenais tard et je ne lui ramenais qu’un pauvre sandwich au thon. Mais quand je suis rentré ce soir, Nico était là. Il avait préparé tout un festin pour Olivia et elle dormait tranquillement dans la chambre. J’étais rentré tard sans rien pour la nourrir qu’un minable sandwich. Et lui, il était là. Il avait préparé à manger et il avait couché Olivia. Je crois que je n’ai jamais autant béni la présence de quelqu’un que cette fois-là. » Bon, ce n’était pas un pédophile. C’était déjà ça. Edmund semblait avoir été dépassé par les événements. En même temps, quel ado ne le serait pas ? Faire assez d’argent pour ramener quelque chose de décent à manger. Nicolas avait dû lui apparaître comme un sauveur et en effet de ce point de vue, il m’apparaissait bien plus sympathique.
Ce souvenir l’amusait à présent, il en souriait. « Je crois qu’il s’ennuie de sa famille. Il ne peut pas rentrer souvent chez lui, au Portugal. Mais là-bas, il avait tout une famille. Il s’occupait souvent des plus jeunes, que ce soit ses petits frères ou ses nièces. Alors, je crois que le fait d’avoir Olivia ici lui permet de se rappeler son chez-lui. Et Olivia l’adore, alors ! » Je hochais la tête. Je me demandais si elle lui parlait à ce portugais. La fillette n’avait pas été très bavarde ses dernières heures et je m’étais posée quelques questions. Même timide, les enfants sortaient toujours quelques monosyllabes, non ? Cependant depuis qu’elle avait fait irruption dans le salon, elle était restée muette. Mais avant que je ne lui pose la question, Edmund changea de sujet. « Qu’est-ce que tu as décidé ? Pour Andrew, je veux dire. » Revenant sur ce que j’avais réussi à oublier depuis plusieurs minutes. « Est-ce que tu vas retourner le voir ou … laisser tomber ? » Parce que j’avais vraiment le choix ? « J’ai fait ça sans réfléchir aux conséquences et à tout ce que ça impliquait. Mon père ne comprendrait pas. » Je secouais la tête, tentant encore de m’en convaincre. « Il ne veut pas de moi de toute façon. Je dois me faire une raison. » Je haussais les épaules, tentant de garder un air indifférent sur la situation. A l’intérieur, je sentais mon cœur battre douloureusement.
Je me tournais vers lui après un moment de silence à regarder Nicolas essayait de lécher la glace de la blondinette. « Et toi qu’est-ce que tu vas faire pour Olivia ? » Il sembla surpris par ma question. « Il va bien falloir que tu le dises à tes parents tôt ou tard. » Son angoisse était palpable. « Je … je ne peux pas le dire. Je ne sais pas. J’ai toujours gardé le secret. Leur annoncer maintenant, ce serait … » Il marqua une pause, essayant de se figurer l’idée sans doute. « Ne pas leur annoncer du tout serait pire, tu ne crois pas ? » Edmund baissa la tête, tiraillée par cette décision. « Ils adoreraient Olivia et elle les adorerait aussi. Vous ne seriez plus obligés de vous cacher et ta fille aurait plus de personnes sur qui compter. » En effet, à plusieurs reprises il avait déploré la solitude de la fillette. « Laisse-moi le temps de réfléchir, ok ? Je … je vais y réfléchir. Laisse-moi quelques semaines encore. » Je lui donnais un coup d’épaule. « Quelques semaines ! Certainement pas Edmund ! » Il sourit enfin avant de concéder. « Ok, quelques jours, d’accord ? Mais j’aurai une condition : il faudra que tu m’accompagnes. » J’appuyais mon dos contre le dossier du banc. « Je n’arriverai pas à faire ça sans toi. » Je soufflais exagérément, sentant son doigt effleurait mon épaule. Un frisson me traversa le corps et je me redressais d’un seul coup. « Pour être certaine que tu le fasses. Ok. » Je lui souris en retour.
Mercredi 14 août 2002
Edmund s’appuya contre le mur juste en dessous de la fenêtre de sa chambre. Je le dévisageais, incrédule. « Ok, vas-y monte. » Quoi ? « Je ne suis pas sûre que ce soit très sécurisé. » Il balaya mon commentaire d’un revers de main. « Je l’ai déjà fait des dizaines de fois, et avec la barrière anti-transplanage de ma mère, on n’a pas d’autres choix. » Ah oui… Maman aurore toujours au taquet ! « Olivia va te montrer l’exemple. » Oui vas-y ridiculise-moi devant une gosse ! Je suivis le mouvement en me hissant à mon tour. Je me précipitais pour fermer la porte de la chambre, réduisant les voix d’Adèle et Louis au rez-de-chaussée. J’espérais que Billy serait là même si Edmund semblait moins sûr. Peut-être aurais-je l’occasion de parler un peu avec lui, après la tempête de la révélation de l’existence d’Olivia bien sûr. « Olivia, tu vas rester ici. Je reviendrai te chercher quand … quand ce sera bon ». Je donnais une petite tape sur l’épaule de la jeune fille en lui souriant pour la rassurer. La pauvre, elle devait être terrifiée à l’idée d’être rejetée. Comprenait-elle assez la situation pour envisager cela ? Je n’en savais rien à vrai dire. « Tu es prêt ? Ça va aller, ok ? » Tentais-je de l’encourager. « Allons-y. » Et nous sortîmes dans le couloir.
Victoria nous surprit alors que je venais tout juste de fermer la porte derrière moi. « Salut Joey … » Je lui adressais un sourire maladroit. Je n’étais pas très à l’aise de cacher Olivia à toute la famille Prewett, je n’aurais d’ailleurs sans doute pas tenu ma langue aussi longtemps qu’Edmund. « Hey Vicky ! » La, désormais, jeune femme glissa son regard entre nous deux, intriguée. Après tout, qu’est-ce que je foutais avec l’ainé de la famille, j’étais plus souvent associée au cadet, quand il me parlait encore…« On descend ? Il faut que je vous parle de quelque chose, aux parents et à toi. » Edmund ne perdit pas son courage et nous descendîmes dans le séjour. « Tiens, Edmund, tu es là ? Salut Joséphine. Je ne vous avais pas entendu tous les deux. » S’exclama Adèle en nous voyant approcher. « Bonjour Adèle, vous allez bien ? » Je remarquais Louis dans un coin et le saluais également.
Le divorce ne devait-il pas être prononcé ces jours-ci ? « Alors où en êtes-vous du divorce ? » Demandais-je pour faire la conversation en me servant un sachet de thé. « Ça y est, c’est officiel ! Depuis ce matin, je m’appelle à nouveau Adèle Bennett. » Je fis mine d’applaudir, ils devaient être soulagés, depuis le temps que cela trainait. Ils avaient toujours été ouvert à la conversation sur ce sujet, et je pense que c’était ce qui avait rendu cette séparation si facile. « Félicitations alors ! » Rajoutais-je en attendant que mon thé infuse. « Alors, Joséphine, que nous vaut ta visite ce matin ? » J’avais espéré gagner un peu de temps pour qu’Edmund se détende mais cela ne dura pas bien longtemps. « En faites, elle est venue en soutien pour moi. » M’interrompit ce dernier alors que j’allais répondre. « Oui, c’est … assez important pour que j’ai voulu attendre que vous soyez tous là pour en parler. » Poursuivit-il et je fis de mon mieux pour me faire plus petite, déplorant l’absence de Billy.
Edmund continua sur sa lancée, laissant un peu trop l’interlude s’éternisait. Je sentais que sa mère était tendue, inquiète de ce qu’il allait lâcher et je ne pouvais que contempler sa réaction, prête à y voir la surprise et l’angoisse comme ce fut le cas pour moi. « Je peux savoir ce que cette gamine faisait dans ma chambre ? » Tout le monde se retourna en entendant la voix de Billy. Une voix plus rocailleuse qu’ordinaire, venait-il seulement de se lever ? Son apparence confirmait mes conjectures. Il était pâle et cerné. Les cheveux en bataille, il semblait ne pas avoir dormi depuis plusieurs jours. Il ne daigna même pas poser les yeux sur moi. En même temps, il n’étreignit pas sa sœur. Que pouvais-je donc attendre ? « Qui est cet enfant ? » Demanda Adèle, alerte. Je remarquais enfin Olivia, la main dans celle de son oncle. C’était bien là le seul élément attendrissant de la scène. Edmund demeura silencieux alors que la tension augmentait dans la pièce. N’y tenant plus, je me lançais : « C’est Olivia, votre petite-fille. »
La bombe était lâchée. Sauve qui peut ! Heureusement, Edmund ne se dégonfla pas et compléta mon annonce. « Elle dit vrai. Je … j’ai essayé de vous le dire. Mais Joséphine a raison. Olivia est ma fille. » Comme je me l’étais imaginé, il n’y eut pas de cris mais de nombreuses questions de la part des parents et de Vicky. Je restais en retrait, contemplant la scène d’un œil extérieur, Edmund avait prit sa fille dans ses bras et tout le monde s’extasiait de leurs similitudes. Tout le monde sauf Billy. Il regardait la scène d’un œil noir. Je voulus me lever pour l’approcher mais il avait déjà décidé d’intervenir avant que je ne bouge. « Qu’est-ce qu’elle est ? » Demanda-t-il d’un ton sec, ne supportant plus que l’on l’appelle Billy. « Elle n’est pas sorcière. » Edmund sur ses gardes rétorqua : « Elle est sorcière. » Mais « William » n’avait pas dit son dernier mot. « Pas entièrement. » Que cherchait-il à dire ? « Donc tu t’es accouplé avec une créature pour nous ramener une demi-sorcière dans la famille. » Accouplé ? Qui disait ça ? Louis et Adèle s’indignèrent et prirent la défense de leur petite-fille. Mais Billy n’avait pas fini.
« Cette gamine est une demi-vélane. Vous êtes tous envoûtés par elle, par son pouvoir qui vous fait croire qu'elle est la meilleure chose qui soit arrivée dans nos vies. Et vous l’acceptez dans la famille sans rien dire à ce sujet. » Je me levais de ma chaise discrètement, tâtant ma baguette de la main pour l’attraper le moment venu. Sa colère ne redescendait pas. Mais contre qui en avait-il vraiment ? Olivia n’était qu’une enfant. Il était comme possédé, cherchant l’altercation avec son père qui n’en démordait pas. « Arrête de m’appeler comme ça ! » S’écria-t-il complètement hors de lui. « Et si, ça s’est passé exactement ainsi ! Tu nous as quitté. Tu nous as abandonné. Pour te mettre avec un putain de Sang-de-Bourbe. Et maman : maman n’a rien trouvé de mieux que de nous ramener un putain de moldu. Mais bordel, qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ? » Je n’osais pas intervenir, il s’agissait d’une dispute familiale et je n’avais pas mot dire. Manifestement, Billy n’avait pas digéré le divorce de ses parents, pire il dénigrait leurs nouveaux partenaires comme le ferait un mangemort. En haïssant leur race. Vicky osa les défendre et ce fut à son tour de s’en prendre plein la tronche. Il était devenu fou ! « Je le refuse ! »
Il sortit sa baguette et sa mère en fit de même. « Pose cette baguette, William. » Par précaution je sortis la mienne, tout en m’assurant que Vicky et Olivia était hors de sa portée. « Sinon quoi, maman ? Tu vas me tuer ? » N’était-ce pas plutôt lui qui allait nous tuer avec son regard de meurtrier psychopathe. Que lui arrivait-il nom d’un scroutt ! « Vous êtes bien plus perdus que je ne le pensais. Je pensais pouvoir sauver. Je pensais pouvoir nous débarrasser de la vermine moldu que vous vouliez ramener chez nous. Mais ensuite Victoria a été mordue et a commencé à adorer ce qu’elle était. Cela ressemblait à un véritable bonheur comme si c’était la meilleure chose qui lui était arrivée. » J’avais l’impression de lire l’un de ces slogans écrits par les Blue Dragons sur les lieux des attentats. Adèle n’en croyait pas ses oreilles et Vicky tentait encore de plaider sa cause. « Une demi-Vélane, comme s’il ne manquait que ça pour parfaire le tableau de famille. » Il ne baissait toujours pas sa baguette. La tension était à son comble.
« Je pense qu’on a compris ta pensée. Tu peux ranger ta baguette maintenant. » Son regard noir se posa sur moi, comme découvrant ma présence dans la pièce. A présent, ça allait être ma fête… « Dis-moi, Joséphine Davis, la sainte des saintes. J’aimerais savoir une chose. » Je tiquais au surnom qu’il me donna, la baguette toujours prête. « Tu as accompagné Edmund aujourd’hui pour l’aider à annoncer tout ce déballage. C’est étrange qu’il se soit confié à toi, non ? » Non Billy, il était hors de question de rentrer dans ton petit jeu ! « Edmund a toujours été mon ami, il pourra toujours compter sur moi. » Soudain, il s’énerva, possédé. « Dis la vérité. Ça fait combien de temps vous deux ? » Oh Billy… Tu as plusieurs années de retard. Je secouais la tête, le visage aussi fermé que possible, je n’allais pas le laisser m’atteindre. C’était ce qu’il cherchait. « Tu te trompes. Il n’y a rien entre ton frère et moi. Maintenant pose ta… » Mais il m’interrompit, plus têtu que jamais. « N’essaie pas de me mentir, Joséphine Davis. Il y a des années, tu m’as fait la promesse de ne jamais sortir avec mon frère. Mais aujourd’hui, je n’ai aucun doute sur le fait que tu m’as trahi. Alors dis-moi quand. Quand as-tu brisé ta promesse ? »
Ce n’était plus de la haine mais de la folie à ce compte-là ! Je restais muette, incapable d’aligner deux mots, cette situation me dépassait. Qui était ce Billy ? « Si seulement tu avais au moins pu rendre un plus grand service à mon frère en étant la mère de cette créature … » Il bougea légèrement sa baguette et je crus pendant quelques nano-secondes que mon compte était bon. Il allait m’achever en un sort. Mais Adèle avait pris une longueur d’avance en le stupéfixant par derrière. J’eus un hoquet de surprise en voyant mon ami tomber en avant. Son père le rattrapa de justesse. « Billy et moi allons avoir une conversation. » Déclara la mère des deux garçons.
Samedi 17 aout 2002
Après cette altercation, j’étais rentrée chez moi la tête en vrac. Il s’agissait d’une affaire familiale et je ne voulais pas déranger. En soi, l’annonce d’Edmund avait plutôt été bien prise par l’ensemble de la famille. Ni sa mère, ni son père n’avait rejeté la petite Olivia. Je pouvais même dire que Vicky était aux anges d’avoir une nièce. Quant à Billy, son problème n’était pas l’entrée de la blondinette dans la famille Prewett mais un mal-être beaucoup plus profond. Il reniait l’ensemble de sa famille et des créatures vraisemblablement. Il n’était plus le même, comme endoctriné dans une nouvelle vision de la vie. Une vision extrêmement sombre. Avant de quitter leur maison, j’avais interpellé Louis pour lui parler du livre de magie noire que j’avais trouvé en possession de son fils. Je lui avais alors parlé de notre duel, et de tous les comportements étranges dont j’avais été témoin. Je me sentais plus légère d’avoir vidé mon sac mais encore coupable d’avoir gardé ça pour moi. Je comprenais maintenant que si j’avais parlé plus tôt, quelqu’un aurait pu intervenir et éviter que cela ne dégénère davantage. Comme cette journée-là. Néanmoins, j’avais préféré garder pour moi l’état de Ian Wen lors de la découverte du grimoire. Le jeune homme s’étant remis et ayant oublié toute la scène, je ne voulais pas que Billy soit plus dans le pétrin qu’il ne l’était déjà. Il m’en voulait déjà suffisamment. Louis m’avait écouté avec patience mais je sentais bien qu’il était déçu. D’une part par son fils mais surtout par moi. Ou bien était-il seulement inquiet ?
J’avais alors passé trois jours à me repasser cette journée dans la tête. Puis la soirée avec Andrew. Je venais probablement de passer le pire été de mon existence, surplombant même celui ayant suivi la guerre contre Voldemort. Finalement sans Billy, sans Andrew, je n’avais plus vraiment grand monde à visiter ni avec qui passer du temps. Et même si Papa rentrait pour les repas, il repartait assez vite au travail, ainsi la maison resta silencieuse plusieurs jours jusqu’à ce que quelqu’un se présente à la porte. Je me précipitais dans les escaliers et les descendais quatre à quatre, persuadée qu’il s’agissait d’Andrew. « Salut Jo ! » La voix d’Edmund me ramena à la réalité lorsque j’ouvris la porte. « Hey ! » Le jeune homme entra, tout souriant comme à son habitude. « Olivia n’est pas avec toi ? » Il m’expliqua qu’elle était chez ses parents, Vicky prenait soin d’elle, en même temps ils avaient du temps à rattraper. « Je suis contente que ton père, ta mère et Vicky aient si bien accepté la petite. » Nous étions encore dans l’entrée. « Comment va Billy ? » Sur ce point, il se tendit.
Je finis par l’inviter au salon pour que l’on s’assoit. Que faire de plus ? Maintenant que ses parents étaient au courant, ils allaient bien réussir à le ramener à la raison, non ? « Il me manque. » Soufflais-je. L’ainé des Prewett se leva soudainement, une idée folle lui était venue. « Partir ? » Edmund acquiesça. « Ce ne serait que fuir nos problèmes. » Déclarais-je, défaitiste. Mais il me parla de la mer, d’Olivia et de nous deux. C’était tentant. J’adorais la mer. « Ce serait déraisonnable. Tout cet argent pour quatre jours… » Mais il continua d’avancer ses arguments, nous irions en France, chez de la famille, le logis et la nourriture nous seraient offert. « Et tu veux partir avec moi ? » M’étonnais-je. Il venait tout juste de retrouver sa famille et ils passaient une terrible épreuve.
L’idée était tentante assurément. Je voulais penser à autre chose, arrêter de ruminer. Mais une part de moi voulait rester. Peut-être qu’Andrew se déciderait à venir frapper à ma porte. Peut-être que Billy allait revenir à la raison, il aurait alors besoin de moi. Je ne pouvais m’absenter et les laisser seuls face à eux-mêmes. Pourtant…, j’avais bien passé plusieurs journées à les attendre et ils n’étaient pas venus. Peut-être avaient-ils besoin d’espace ? Dans le fond, ce n’était que quatre jours. Le monde n’allait pas se refaire d’ici là. « Je vais faire ma valise. » Et je courus à l’étage sous les acclamations d’Edmund, plus vite nous serions partis, moins de temps aurai-je pour changer d’avis.