Victoria Prewett
ϟ ϟ ϟ
Contexte
Because I don't wanna live without you
@ Victoire
Nous sommes le samedi 6 avril 2002. Victoria, ou Vicky comme elle aime être surnommée, est la fille cadette de Louis Prewett et Adèle Bennett. Après un été mouvementé où ses parents ont annoncé leur séparation et où son père a fait son coming-out, Vicky est à présent une sorcière étudiant en 5ème année à Poudlard. Mais récemment son destin a été bouleversé par sa transformation en loup-garou fin janvier 2002.
Because I don't wanna live without you
Je trépignais d’impatience devant la porte des Trois Balais, point de rendez-vous avec Bleddyn. Mais je n’étais pas la seule : Shanna était dans le même état que moi, si ce n’était pire.
Ce soir, nous avions toutes deux obtenu des autorisations spéciales pour quitter le château. Grâce à Oscar et Bleddyn, nous allions pouvoir découvrir les joies d’être étudiante, et surtout de faire parti des Pendragons. C’était ainsi que les garçons l’avaient vendu à la directrice de Poudlard et à mon père, professeur d’Etude des Moldus. Ils avaient invoqué l’idée que nous étions toutes deux vivement intéressées pour rejoindre le club à notre entrée à l’UMS et que cette cérémonie était l’occasion parfaite de nous faire découvrir comment tout cela se passait. Nous allions apprendre et nous renseigner sur nos futurs cursus.
Ce n’était que du vent ! Enfin en tout cas pour moi. Je comptais surtout goûter aux plaisirs de la vie étudiante.
Je regrettais cependant que mon meilleur ami ne soit pas là pour le partager avec moi : Dae-Hyun Gyeon était porté disparu depuis plusieurs jours désormais et son absence me tiraillait. Allait-il bien ? Était-il toujours vivant ? Personne ne savait dire ce qu’il lui était arrivé. Depuis mardi, la Gazette du Sorcier diffusait un avis de recherche chaque jour. Peut-être que ce soir je pourrais découvrir des informations sur lui ? Sur l’endroit où il était ? Je pouvais après tout mener mon enquête en plongeant au cœur des fréquentations de mon ami.
« Le voilà ! » m’exclamais-je
Un plop avait résonné à côté de nous et l’allure charismatique du prince irlandais apparut devant nous. Je souris de plus belle. Nous nous étions retrouvés deux jours plus tôt pour célébrer un événement important pour Jared Parkinson. Devenu duc, c’était une cérémonie très importante et j’avais été fière d’y participer. Nous n’étions pas tout le temps sur la même longueur d’ondes mais j’essayais d’apprendre de mes erreurs pour que ça fonctionne entre nous. Après tout, ma louve se sentait en confiance avec lui et je lui avais accordé une chose précieuse. J’aimais Jared et notre passion m’avait complètement renversé. Je savais que Bleddyn en avait été surpris en nous découvrant ensemble. Mais pour ma part, je trouvais ça encore plus génial car Bleddyn était un ami proche de Jared. Et j’aimais beaucoup ce qui s’était développé entre moi et le prince. Je ne savais pas si on pouvait parler d’amitié entre nous mais en voyant le sourire qu’il m’adressait ce soir, j’avais envie de croire que c’était quelque chose dans ce genre.
« Nous sommes prêtes ! » répondis-je en tendant mon bras sous celui de Bleddyn.
Shanna s’accrocha à son tour à lui et on transplana aussitôt.
Le bruit des voix fut la première chose à me surprendre en arrivant là-bas. Si la plupart chuchotait, je comprenais facilement que plusieurs dizaines d’étudiants étaient réunis dans cette clairière. Comme à Pré-au-Lard, la nuit était tombée ici aussi et un grand feu illuminait le banquet devant nous. De grandes tables en bois avaient été installées autour desquelles des étudiants s’étaient assis. S’il y avait de quoi boire, je découvrais avec émerveillement la décoration des tables sur le thème du printemps. Plusieurs bouquets de fleurs avaient été disposés ainsi que des fruits plus décoratifs que mangeables.
« Lors de cette célébration, nous trouvons un endroit proche de la nature. » reprit une voix forte.
Je tournais la tête dans sa direction et vis qu’un étudiant se dressait devant le feu, un verre entre ses mains, faisant certainement un discours devant la flopée de Pendragons. Il s’agissait d’Oscar Swan. Je donnais un coup de coude à Shanna. Quelques semaines plus tôt, j’avais appris qu’elle était tombée amoureuse de cet étudiant. Et en tant que meilleure amie, je la soutenais coûte que coûte dans cette entreprise.
« Nous nous devons aussi de décorer le lieu avec des fleurs et des branches toutes nouvelles. Mais surtout, nous profitons tous ensemble d’un banquet festif. »
Il leva son verre à l’assemblée qui se mit à pousser un cri de guerre. Je sursautais et reculais d’un pas, mon dos rencontrant le corps de Bleddyn, encore derrière moi. Je souris, désolée avant de me reconcentrer sur les paroles du président des Pendragon.
« Nous, les Pendragon, sommes réputés pour notre courage. Les jaloux diront la témérité et l’inconsidération pour la prise de risques et de danger. Mais nous sommes aussi partageurs et généreux. C’est pourquoi chacun d’entre nous ramène un ou plusieurs invités afin de faire découvrir nos traditions. Imbostara nous invite à nous ouvrir aux autres, à profiter de la vie et à regarder vers l’avenir. Certes, nous avons perdu notre quartier général. Oui, ma plus proche collaboratrice, Clemence Castellane, doit actuellement purger une peine de prison. Mais ne perdons pas espoir. Car notre QG est en pleine reconstruction. Et Clemence a été acquittée deux jours plus tôt et reviendra prochainement vers nous. »
Les étudiants semblaient galvaniser par ce discours. Leurs mains tapaient contre le bois des tables, faisant résonner comme des tambours dans cette clairière.
« LES PENDRAGON RENAÎTRONT DE LEURS CENDRES ! » cria Oscar par-dessus les cris.
Les Pendragon s’étaient levés de leurs tables et, verres levés, avaient aussitôt repris les paroles de leur président, comme une fierté. Les tambours finissaient de donner des airs de guerrier à ce discours à présent terminé. Les mets étaient apparus comme par magie sur les tables et certains se régalaient déjà.
« Ouah, c’était impressionnant ! » confiais-je à Bleddyn tandis qu’Oscar approchait, son regard rivé sur celui de Shanna.
« Ravi que tu sois venue. » dit-il avant de se tourner vers Bleddyn. « Merci de l’avoir amené. Les donations ont été généreuses. Je pense qu’on devrait pouvoir payer une partie de nos dépenses dans la reconstruction du QG. »
Un sourire fier se lisait sur ses lèvres avant qu’il ne tende son bras vers Shanna devant lui. Elle le prit sans hésiter et je les regardais s’éloigner, un sourire montant jusqu’à mes oreilles. Go Shanna, Go !
Je tournais la tête vers Bleddyn.
« C’est gentil de m’avoir amené ici. C’est … incroyable ! » confiais-je, mes yeux brillant d’admiration. « Mais je comprendrais si tu veux rejoindre tes amis. »
Je fis un geste dans la direction d’un groupe d’étudiants qui faisaient signe à Bleddyn de venir les voir. Cependant, à ma grande surprise, Bleddyn déclina l’invitation. Je souris de plus belle et commençais à marcher à ses côtés.
« D’accord, alors … c’est quoi Imbostara au juste ? » demandais-je. « Je crois avoir compris que c’était le symbole du printemps, du renouveau, c’est ça ? »
Je plissais les yeux, réfléchissant à tout ce que j’avais pu analyser de la cérémonie et du discours d’Oscar. J’écoutais alors avec attention les explications de Bleddyn là-dessus, ne pouvant cacher mon sourire ravi face à ces traditions.
« Je ne sais pas si je choisirai les Pendragon une fois à l’UMS. » déclarais-je, mettant mes mains derrière le dos. « Je veux dire, j’adore vos traditions et les valeurs que vous prônez. Mais je crois que j’aimerais bien découvrir les autres clubs avant de faire mon choix. »
Je souris.
« Ca a été facile pour toi de choisir les Pendragon ? » demandais-je, curieuse.
Mais Bleddyn fut interrompu dans sa réponse par un étudiant venu lui serrer la main. Je patientais quelques secondes mais alors que je sentais que la conversation commençait à s’éterniser, je fis un signe au prince pour lui dire que je partais en exploration. Je devais sans doute avoir hérité des gênes de papa pour mon goût de l’aventure. Ce n’était guère une surprise puisque le Choixpeau avait hésité à me répartir à Gryffondor ou à Poufsouffle. J’avais fait le choix du deuxième car je voulais rester avec Shanna Green.
Je passais devant le grand feu, m’enivrant de sa chaleur. Pour ce soir, je m’étais vêtue simplement d’un jean et d’un haut à bretelles. J’avais emporté une cape chaude dans mon sac en bandoulière mais je ne comptais pas la mettre.
Une voix m’interpella et mon visage s’éclaira en le reconnaissant.
« ALEC ! » criais-je en sautant dans ses bras.
J’avais oublié qu’Alexander Davis faisait parti de ce club et le voir était une vraie surprise. Une agréable surprise. Je reculais pour le laisser respirer et observer son visage.
« Je suis trop contente de te voir ! » lançais-je, un sourire éclatant sur mon visage. « C’est Bleddyn Iceni qui m’a amené avec Shanna. Afin que je découvre les traditions d’un club … »
J’avais mis ma main devant ma bouche, comme si la directrice de Poudlard pouvait m’entendre. Je ris aussitôt.
« Tu vas bien ? Oh … j’ai une question à te poser ! »
Je me frappais le front du plat de ma main, comme si j’avais failli oublier.
« J’ai appris la disparition d’un de mes amis, Dae-Hyun. Est-ce que … est-ce que tu en sais plus ? J’aimerais aider pour le retrouver mais je ne sais que ce que les journaux racontent. C’est-à-dire pas grand-chose et n’importe quoi. »
Tout le monde savait que la Gazette du Sorcier était friande de potins. Je soupirais lorsqu’Alec répondit par la négative mais m’indiqua un groupe de garçons qui pouvait peut-être me renseigner.
« Merci ! » dis-je en l’embrassant sur la joue.
Je me dirigeais aussitôt vers le groupe de trois étudiants. L’un avait une crête verte sur la tête, le deuxième tanguait d’un pied sur l’autre, un verre encore plein dans les mains et le troisième riait d’un rire gras en désignant quelque chose que je ne voyais pas.
« Salut ! »
Les trois se tournèrent vers moi et détaillèrent d’abord mon haut léger avant de lever les yeux vers mon visage. Je déglutis mais ne me dégonflais pas.
« Euh … un ami m’a dit que vous pourriez me renseigner sur Dae-Hyun. C’est un ami à moi et … »
Je m’interrompis lorsque le troisième passa un bras sur mon épaule. Je sentis aussitôt l’odeur de transpiration et d’alcool envahir mes narines de loup-garou. Mes poils se hérissèrent d’eux-mêmes alors que je n’avais pas initié un tel contact.
« Et que comptes-tu nous offrir en échange de tels renseignements ? » me demanda-t-il.
Son œil louchait à présent dans le décolleté de mon tee-shirt et je me dégageais en lui filant un coup dans les côtes. Il poussa une exclamation de surprise alors que les deux autres éclataient de rire. Je reculais. C’est à ce moment-là que pour la deuxième fois de la soirée, mon dos rencontra le torse de Bleddyn. Je tournais la tête vers lui, craignant qu’un quatrième idiot se soit joint aux premiers mais soupirais de soulagement en le reconnaissant. D’à peine quelques mots, il fit partir les garçons et je me tournais vers lui.
« Tu sais, je maîtrisais la situation. » répliquais-je en croisant les bras devant moi.
Même si je ne m’attendais pas à ce genre de réactions. Est-ce que les garçons étaient tous obnubilés par la poitrine des filles, ou bien ? Je soupirais.
« Je cherche des informations. » confiais-je. « Mon ami, Dae, a disparu. Et … je veux savoir ce qu’il lui est arrivé. »
Je haussais les épaules, un regard désolé pour lui, comme si je regrettais de ne pas l’avoir mis dans la confidence. Il fallait dire que depuis quelques temps, je confiais de plus en plus de choses à Bleddyn, négligeant mon journal intime qui avait longtemps joué ce rôle. Mais il était facile de parler avec Bleddyn. Il était à l’écoute, bienveillant et toujours de précieux conseils. J’aimais sa sagesse et d’autres fois sa fougue. Il me tempérait quand j’avais besoin de me calmer, ou me motivait quand je m’apprêtais à baisser les bras.
Je m’étais levée tôt ce matin pour retrouver Bleddyn. Il y avait longtemps que je ne l’avais pas vu. En faites, depuis ma rupture avec Jared le 20 avril, je n’avais pas revu Bleddyn ni véritablement échangé avec lui. Il fallait dire qu’il y avait eu les vacances de Pâques. Et puis, samedi dernier, j’avais séché le club de duels pour me rendre chez les Green afin de passer la Pleine Lune avec eux, comme promis. Mais quelques jours plus tôt, Clarissa, ma cousine, avait eu des ennuis de santé. Ses parents, Vic et Seamus, avaient annulé leurs cours pour toute la fin de semaine et papa m’avait seulement confié que ma cousine avait été confiée aux bons soins des Médicomages de la cour royale irlandaise. Pourquoi ? Que s’était-il passé exactement ? Je n'y comprenais rien. Mais quelqu’un pouvait me renseigner.
Assise depuis une demi-heure dans la Grande Salle, j’attendais l’arrivée du prince. Mon pied tressautait et je me rongeais les ongles en jetant sans arrêt des regards vers l’entrée de la Grande Salle. Si je désirais savoir comment Clary allait, mon esprit ne cessait de vagabonder vers d’autres sujets préoccupants. Comme la fin de ma relation avec Jared. Ou bien la dernière discussion avec ma mère …
« Bon, qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda ma mère, appuyée contre le plan de travail.
Même si elle était tournée vers moi, son regard fuyait le mien. M’avait-elle déjà regardé dans les yeux depuis ma transformation ? Cette pensée finit de me serrer le cœur et je lâchais mon bol dans l’évier avec fracas.
« Rien. »
« Comment ça rien ? Et mets ton bol dans le lave-vaisselle ! » gronda-t-elle.
« T’en mêle pas ! »
Je la sentais vibrer de colère à côté de moi. C’était simple : à chaque discussion qu’on initiait toutes les deux, la colère montait instantanément. Je sentais qu’à chaque mot qu’elle assénait, d’autres qu’elle rêvait de prononcer refusaient de sortir.
« Comment ne pas m’en mêler ?! Tu ne fais que pleurer depuis hier ! »
« Je te dis que ça ne te regarde pas ! Je fais ce que je veux ! »
« Je ne crois pas, non ! Tu es dans ma maison et tu es … ma … »
Je la sentis hésiter et une boule se bloqua dans ma gorge alors que je le regardais droit dans les yeux.
« Ta fille ? » répétais-je. « Ou ça aussi c’est trop difficile à admettre ? »
Elle soupira.
« Qu’est-ce que tu vas raconter encore là ? »
« La vérité ! Tu refuses de me regarder ou de me parler depuis que je suis un loup-garou. Alors admets-le que tu ne me considères plus comme ta fille et que je te fais honte ! »
Son regard se riva dans le mien, choqué mais toujours avec un air sombre. Je savais que j’avais visé juste. Je savais, même si ça me faisait mal au cœur de l’admettre à voix haute, que c’était ce qu’elle pensait au fond. Je sentis un sanglot remonter dans ma gorge alors que j’avais enfin réussi à me calmer depuis quelques heures.
« Tu t’écartes complètement du sujet. » répliqua-t-elle, bredouillant légèrement. « C’est … à cause de ce garçon, c’est ça ? Vous avez rompu ? »
Je la foudroyais du regard.
« Tu as perdu le droit de te préoccuper de ma vie amoureuse dès que tu as choisi de me laisser me débrouiller avec ma lycanthropie. »
« Je n’ai pas … ! »
« Oh bordel, mais fermez-la ! »
Je sursautais en voyant Billy entrer. Mes aptitudes de loup-garou étaient tellement toutes concentrées sur ma dispute avec ma mère que j’avais négligé d’écouter autour de moi. Vêtu simplement de son bas de pyjama, Billy entra dans la cuisine et alluma aussitôt une cigarette.
« C’est quoi ça ? » balbutia ma mère en le voyant faire.
Billy expira la fumée.
« Une cigarette, aux dernières nouvelles. »
« Depuis quand est-ce que tu fumes ? »
Je croisais les bras devant ma poitrine, fulminant encore de colère envers ma mère.
« J’en ai marre, je me casse ! » déclarais-je.
« VICTORIA DOMINIQUE PREWETT ! Reviens ici tout de suite ! Nous n'avons pas terminé cette d... » hurla ma mère.
« Putain mais laisse-la tranquille ! » soupira Billy. « Tu ne lui parles quasiment plus depuis des mois et tu voudrais qu’elle te parle de ses peines de cœur. Tu crois pas qu’il y a un problème ? »
« N’oublie pas que je suis ta mère, William. Et non l’une de tes potes. Change de ton avec moi et éteins moi cette cigarette avant de tous nous asphyxier. »
« Moi je ne l’ai pas oublié. » répondit-il, ignorant ses autres revendications. « En revanche, toi, je crois que tu négliges un peu trop tes obligations depuis que tu fréquentes ton moldu. »
Il cracha ce mot comme si c’était une insulte. Mais je n’écoutais déjà plus. J’avais tourné les talons pour remonter dans ma chambre. Il fallait que je tienne bon. Plus qu’une heure avant de grimper dans le Poudlard Express et de retrouver ma meilleure amie.
« Bleddyn ! »
Je quittais mon banc et sautais directement jusqu’à Bleddyn. Ses traits étaient tirés et des cernes ternissaient son visage. Il semblait sérieusement préoccupé et son regard était hanté par une souffrance que je ne comprenais pas encore.
« Bleddyn … » repris-je d’un ton plus doux en posant naturellement une main sur son bras. « Je … »
En le voyant ainsi, j’en oubliais ma requête. L’état de Clarissa, ma rupture avec Jared, mes soucis familiaux. En le voyant ainsi, je sentais l’un de mes rocs s’effriter. Je déglutis et tentais un sourire un peu éteint.
« Je suis contente de voir. »
J’imaginais que je ne devais pas être dans un meilleur état que lui. Je dormais à peine, préoccupée par tout le reste. Mes cheveux avaient perdu de leur éclat et j’étais … tout le temps en colère. Et quand je n’étais pas en colère, je me cachais dans un coin du château pour pleurer. Certains m’avaient même surnommé la copine de Mimi Geignarde. Ce qui me remettait en colère.
Être un loup-garou avec cette myriade de sentiments n’arrangeait rien. Ma magie était instable et j’avais été incapable de produire un seul bon sortilège en cours pratique. Mes ongles que je rongeais nerveusement tous les jours repoussaient de toute manière à une allure hallucinante. Et plusieurs fois par jour, mes yeux prenaient une teinte ambrée comme je risquais d’enclencher une transformation hors pleine lune. Je risquais seulement. Je ne savais pas faire, et il me faudrait certainement des années avant de maîtriser cette faculté.
« Est-ce que … on peut parler un moment ? » demandais-je.
Je fis signe de me suivre sur le banc sur lequel j’étais assise un peu plus tôt. Le cours de duels ne commençait pas avant vingt bonnes minutes et j’aiderais au plus vite Bleddyn à tout mettre en place. Le professeur Chastang risquait lui aussi d’arriver très bientôt. Aussi, je décidais de ne pas perdre de temps.
« Je … j’ai appris que ma cousine était soignée dans votre palais. Elle s’appelle Clarissa McGregor. Est-ce que … elle va bien ? »
Je me souvenais de notre dernière discussion une semaine plus tôt. Une discussion d’abord houleuse. Après ce que m’avait avoué Edmund, je pensais que Clary et Jared s’étaient moqués de moi en me trompant. Mais Clary était tombée des nues autant que moi. Après nous être calmés et avoir pleuré toutes les deux, elle m’avait raconté sa version des faits. Et je l’avais cru. Je l’avais cru sans hésiter. Elle était de ma famille.
« Quelque chose te préoccupe. » notais-je en croisant le regard du prince. « Que se passe-t-il ? »
Je posais une main sur la sienne. Elle était chaude, comme toutes celles des loups-garous que je côtoyais.
« Tu peux m’en parler. Je sais écouter. Et … je sais que tu as l’habitude de tout garder pour toi. Alors, même si ce n’est pas avec moi, il faut que tu parles à quelqu’un. »
Ce soir, nous avions toutes deux obtenu des autorisations spéciales pour quitter le château. Grâce à Oscar et Bleddyn, nous allions pouvoir découvrir les joies d’être étudiante, et surtout de faire parti des Pendragons. C’était ainsi que les garçons l’avaient vendu à la directrice de Poudlard et à mon père, professeur d’Etude des Moldus. Ils avaient invoqué l’idée que nous étions toutes deux vivement intéressées pour rejoindre le club à notre entrée à l’UMS et que cette cérémonie était l’occasion parfaite de nous faire découvrir comment tout cela se passait. Nous allions apprendre et nous renseigner sur nos futurs cursus.
Ce n’était que du vent ! Enfin en tout cas pour moi. Je comptais surtout goûter aux plaisirs de la vie étudiante.
Je regrettais cependant que mon meilleur ami ne soit pas là pour le partager avec moi : Dae-Hyun Gyeon était porté disparu depuis plusieurs jours désormais et son absence me tiraillait. Allait-il bien ? Était-il toujours vivant ? Personne ne savait dire ce qu’il lui était arrivé. Depuis mardi, la Gazette du Sorcier diffusait un avis de recherche chaque jour. Peut-être que ce soir je pourrais découvrir des informations sur lui ? Sur l’endroit où il était ? Je pouvais après tout mener mon enquête en plongeant au cœur des fréquentations de mon ami.
« Le voilà ! » m’exclamais-je
Un plop avait résonné à côté de nous et l’allure charismatique du prince irlandais apparut devant nous. Je souris de plus belle. Nous nous étions retrouvés deux jours plus tôt pour célébrer un événement important pour Jared Parkinson. Devenu duc, c’était une cérémonie très importante et j’avais été fière d’y participer. Nous n’étions pas tout le temps sur la même longueur d’ondes mais j’essayais d’apprendre de mes erreurs pour que ça fonctionne entre nous. Après tout, ma louve se sentait en confiance avec lui et je lui avais accordé une chose précieuse. J’aimais Jared et notre passion m’avait complètement renversé. Je savais que Bleddyn en avait été surpris en nous découvrant ensemble. Mais pour ma part, je trouvais ça encore plus génial car Bleddyn était un ami proche de Jared. Et j’aimais beaucoup ce qui s’était développé entre moi et le prince. Je ne savais pas si on pouvait parler d’amitié entre nous mais en voyant le sourire qu’il m’adressait ce soir, j’avais envie de croire que c’était quelque chose dans ce genre.
« Nous sommes prêtes ! » répondis-je en tendant mon bras sous celui de Bleddyn.
Shanna s’accrocha à son tour à lui et on transplana aussitôt.
Le bruit des voix fut la première chose à me surprendre en arrivant là-bas. Si la plupart chuchotait, je comprenais facilement que plusieurs dizaines d’étudiants étaient réunis dans cette clairière. Comme à Pré-au-Lard, la nuit était tombée ici aussi et un grand feu illuminait le banquet devant nous. De grandes tables en bois avaient été installées autour desquelles des étudiants s’étaient assis. S’il y avait de quoi boire, je découvrais avec émerveillement la décoration des tables sur le thème du printemps. Plusieurs bouquets de fleurs avaient été disposés ainsi que des fruits plus décoratifs que mangeables.
« Lors de cette célébration, nous trouvons un endroit proche de la nature. » reprit une voix forte.
Je tournais la tête dans sa direction et vis qu’un étudiant se dressait devant le feu, un verre entre ses mains, faisant certainement un discours devant la flopée de Pendragons. Il s’agissait d’Oscar Swan. Je donnais un coup de coude à Shanna. Quelques semaines plus tôt, j’avais appris qu’elle était tombée amoureuse de cet étudiant. Et en tant que meilleure amie, je la soutenais coûte que coûte dans cette entreprise.
« Nous nous devons aussi de décorer le lieu avec des fleurs et des branches toutes nouvelles. Mais surtout, nous profitons tous ensemble d’un banquet festif. »
Il leva son verre à l’assemblée qui se mit à pousser un cri de guerre. Je sursautais et reculais d’un pas, mon dos rencontrant le corps de Bleddyn, encore derrière moi. Je souris, désolée avant de me reconcentrer sur les paroles du président des Pendragon.
« Nous, les Pendragon, sommes réputés pour notre courage. Les jaloux diront la témérité et l’inconsidération pour la prise de risques et de danger. Mais nous sommes aussi partageurs et généreux. C’est pourquoi chacun d’entre nous ramène un ou plusieurs invités afin de faire découvrir nos traditions. Imbostara nous invite à nous ouvrir aux autres, à profiter de la vie et à regarder vers l’avenir. Certes, nous avons perdu notre quartier général. Oui, ma plus proche collaboratrice, Clemence Castellane, doit actuellement purger une peine de prison. Mais ne perdons pas espoir. Car notre QG est en pleine reconstruction. Et Clemence a été acquittée deux jours plus tôt et reviendra prochainement vers nous. »
Les étudiants semblaient galvaniser par ce discours. Leurs mains tapaient contre le bois des tables, faisant résonner comme des tambours dans cette clairière.
« LES PENDRAGON RENAÎTRONT DE LEURS CENDRES ! » cria Oscar par-dessus les cris.
Les Pendragon s’étaient levés de leurs tables et, verres levés, avaient aussitôt repris les paroles de leur président, comme une fierté. Les tambours finissaient de donner des airs de guerrier à ce discours à présent terminé. Les mets étaient apparus comme par magie sur les tables et certains se régalaient déjà.
« Ouah, c’était impressionnant ! » confiais-je à Bleddyn tandis qu’Oscar approchait, son regard rivé sur celui de Shanna.
« Ravi que tu sois venue. » dit-il avant de se tourner vers Bleddyn. « Merci de l’avoir amené. Les donations ont été généreuses. Je pense qu’on devrait pouvoir payer une partie de nos dépenses dans la reconstruction du QG. »
Un sourire fier se lisait sur ses lèvres avant qu’il ne tende son bras vers Shanna devant lui. Elle le prit sans hésiter et je les regardais s’éloigner, un sourire montant jusqu’à mes oreilles. Go Shanna, Go !
Je tournais la tête vers Bleddyn.
« C’est gentil de m’avoir amené ici. C’est … incroyable ! » confiais-je, mes yeux brillant d’admiration. « Mais je comprendrais si tu veux rejoindre tes amis. »
Je fis un geste dans la direction d’un groupe d’étudiants qui faisaient signe à Bleddyn de venir les voir. Cependant, à ma grande surprise, Bleddyn déclina l’invitation. Je souris de plus belle et commençais à marcher à ses côtés.
« D’accord, alors … c’est quoi Imbostara au juste ? » demandais-je. « Je crois avoir compris que c’était le symbole du printemps, du renouveau, c’est ça ? »
Je plissais les yeux, réfléchissant à tout ce que j’avais pu analyser de la cérémonie et du discours d’Oscar. J’écoutais alors avec attention les explications de Bleddyn là-dessus, ne pouvant cacher mon sourire ravi face à ces traditions.
« Je ne sais pas si je choisirai les Pendragon une fois à l’UMS. » déclarais-je, mettant mes mains derrière le dos. « Je veux dire, j’adore vos traditions et les valeurs que vous prônez. Mais je crois que j’aimerais bien découvrir les autres clubs avant de faire mon choix. »
Je souris.
« Ca a été facile pour toi de choisir les Pendragon ? » demandais-je, curieuse.
Mais Bleddyn fut interrompu dans sa réponse par un étudiant venu lui serrer la main. Je patientais quelques secondes mais alors que je sentais que la conversation commençait à s’éterniser, je fis un signe au prince pour lui dire que je partais en exploration. Je devais sans doute avoir hérité des gênes de papa pour mon goût de l’aventure. Ce n’était guère une surprise puisque le Choixpeau avait hésité à me répartir à Gryffondor ou à Poufsouffle. J’avais fait le choix du deuxième car je voulais rester avec Shanna Green.
Je passais devant le grand feu, m’enivrant de sa chaleur. Pour ce soir, je m’étais vêtue simplement d’un jean et d’un haut à bretelles. J’avais emporté une cape chaude dans mon sac en bandoulière mais je ne comptais pas la mettre.
Une voix m’interpella et mon visage s’éclaira en le reconnaissant.
« ALEC ! » criais-je en sautant dans ses bras.
J’avais oublié qu’Alexander Davis faisait parti de ce club et le voir était une vraie surprise. Une agréable surprise. Je reculais pour le laisser respirer et observer son visage.
« Je suis trop contente de te voir ! » lançais-je, un sourire éclatant sur mon visage. « C’est Bleddyn Iceni qui m’a amené avec Shanna. Afin que je découvre les traditions d’un club … »
J’avais mis ma main devant ma bouche, comme si la directrice de Poudlard pouvait m’entendre. Je ris aussitôt.
« Tu vas bien ? Oh … j’ai une question à te poser ! »
Je me frappais le front du plat de ma main, comme si j’avais failli oublier.
« J’ai appris la disparition d’un de mes amis, Dae-Hyun. Est-ce que … est-ce que tu en sais plus ? J’aimerais aider pour le retrouver mais je ne sais que ce que les journaux racontent. C’est-à-dire pas grand-chose et n’importe quoi. »
Tout le monde savait que la Gazette du Sorcier était friande de potins. Je soupirais lorsqu’Alec répondit par la négative mais m’indiqua un groupe de garçons qui pouvait peut-être me renseigner.
« Merci ! » dis-je en l’embrassant sur la joue.
Je me dirigeais aussitôt vers le groupe de trois étudiants. L’un avait une crête verte sur la tête, le deuxième tanguait d’un pied sur l’autre, un verre encore plein dans les mains et le troisième riait d’un rire gras en désignant quelque chose que je ne voyais pas.
« Salut ! »
Les trois se tournèrent vers moi et détaillèrent d’abord mon haut léger avant de lever les yeux vers mon visage. Je déglutis mais ne me dégonflais pas.
« Euh … un ami m’a dit que vous pourriez me renseigner sur Dae-Hyun. C’est un ami à moi et … »
Je m’interrompis lorsque le troisième passa un bras sur mon épaule. Je sentis aussitôt l’odeur de transpiration et d’alcool envahir mes narines de loup-garou. Mes poils se hérissèrent d’eux-mêmes alors que je n’avais pas initié un tel contact.
« Et que comptes-tu nous offrir en échange de tels renseignements ? » me demanda-t-il.
Son œil louchait à présent dans le décolleté de mon tee-shirt et je me dégageais en lui filant un coup dans les côtes. Il poussa une exclamation de surprise alors que les deux autres éclataient de rire. Je reculais. C’est à ce moment-là que pour la deuxième fois de la soirée, mon dos rencontra le torse de Bleddyn. Je tournais la tête vers lui, craignant qu’un quatrième idiot se soit joint aux premiers mais soupirais de soulagement en le reconnaissant. D’à peine quelques mots, il fit partir les garçons et je me tournais vers lui.
« Tu sais, je maîtrisais la situation. » répliquais-je en croisant les bras devant moi.
Même si je ne m’attendais pas à ce genre de réactions. Est-ce que les garçons étaient tous obnubilés par la poitrine des filles, ou bien ? Je soupirais.
« Je cherche des informations. » confiais-je. « Mon ami, Dae, a disparu. Et … je veux savoir ce qu’il lui est arrivé. »
Je haussais les épaules, un regard désolé pour lui, comme si je regrettais de ne pas l’avoir mis dans la confidence. Il fallait dire que depuis quelques temps, je confiais de plus en plus de choses à Bleddyn, négligeant mon journal intime qui avait longtemps joué ce rôle. Mais il était facile de parler avec Bleddyn. Il était à l’écoute, bienveillant et toujours de précieux conseils. J’aimais sa sagesse et d’autres fois sa fougue. Il me tempérait quand j’avais besoin de me calmer, ou me motivait quand je m’apprêtais à baisser les bras.
Samedi 4 mai 2002
Je m’étais levée tôt ce matin pour retrouver Bleddyn. Il y avait longtemps que je ne l’avais pas vu. En faites, depuis ma rupture avec Jared le 20 avril, je n’avais pas revu Bleddyn ni véritablement échangé avec lui. Il fallait dire qu’il y avait eu les vacances de Pâques. Et puis, samedi dernier, j’avais séché le club de duels pour me rendre chez les Green afin de passer la Pleine Lune avec eux, comme promis. Mais quelques jours plus tôt, Clarissa, ma cousine, avait eu des ennuis de santé. Ses parents, Vic et Seamus, avaient annulé leurs cours pour toute la fin de semaine et papa m’avait seulement confié que ma cousine avait été confiée aux bons soins des Médicomages de la cour royale irlandaise. Pourquoi ? Que s’était-il passé exactement ? Je n'y comprenais rien. Mais quelqu’un pouvait me renseigner.
Assise depuis une demi-heure dans la Grande Salle, j’attendais l’arrivée du prince. Mon pied tressautait et je me rongeais les ongles en jetant sans arrêt des regards vers l’entrée de la Grande Salle. Si je désirais savoir comment Clary allait, mon esprit ne cessait de vagabonder vers d’autres sujets préoccupants. Comme la fin de ma relation avec Jared. Ou bien la dernière discussion avec ma mère …
FLASH-BACK DIMANCHE 21 AVRIL
« Bon, qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda ma mère, appuyée contre le plan de travail.
Même si elle était tournée vers moi, son regard fuyait le mien. M’avait-elle déjà regardé dans les yeux depuis ma transformation ? Cette pensée finit de me serrer le cœur et je lâchais mon bol dans l’évier avec fracas.
« Rien. »
« Comment ça rien ? Et mets ton bol dans le lave-vaisselle ! » gronda-t-elle.
« T’en mêle pas ! »
Je la sentais vibrer de colère à côté de moi. C’était simple : à chaque discussion qu’on initiait toutes les deux, la colère montait instantanément. Je sentais qu’à chaque mot qu’elle assénait, d’autres qu’elle rêvait de prononcer refusaient de sortir.
« Comment ne pas m’en mêler ?! Tu ne fais que pleurer depuis hier ! »
« Je te dis que ça ne te regarde pas ! Je fais ce que je veux ! »
« Je ne crois pas, non ! Tu es dans ma maison et tu es … ma … »
Je la sentis hésiter et une boule se bloqua dans ma gorge alors que je le regardais droit dans les yeux.
« Ta fille ? » répétais-je. « Ou ça aussi c’est trop difficile à admettre ? »
Elle soupira.
« Qu’est-ce que tu vas raconter encore là ? »
« La vérité ! Tu refuses de me regarder ou de me parler depuis que je suis un loup-garou. Alors admets-le que tu ne me considères plus comme ta fille et que je te fais honte ! »
Son regard se riva dans le mien, choqué mais toujours avec un air sombre. Je savais que j’avais visé juste. Je savais, même si ça me faisait mal au cœur de l’admettre à voix haute, que c’était ce qu’elle pensait au fond. Je sentis un sanglot remonter dans ma gorge alors que j’avais enfin réussi à me calmer depuis quelques heures.
« Tu t’écartes complètement du sujet. » répliqua-t-elle, bredouillant légèrement. « C’est … à cause de ce garçon, c’est ça ? Vous avez rompu ? »
Je la foudroyais du regard.
« Tu as perdu le droit de te préoccuper de ma vie amoureuse dès que tu as choisi de me laisser me débrouiller avec ma lycanthropie. »
« Je n’ai pas … ! »
« Oh bordel, mais fermez-la ! »
Je sursautais en voyant Billy entrer. Mes aptitudes de loup-garou étaient tellement toutes concentrées sur ma dispute avec ma mère que j’avais négligé d’écouter autour de moi. Vêtu simplement de son bas de pyjama, Billy entra dans la cuisine et alluma aussitôt une cigarette.
« C’est quoi ça ? » balbutia ma mère en le voyant faire.
Billy expira la fumée.
« Une cigarette, aux dernières nouvelles. »
« Depuis quand est-ce que tu fumes ? »
Je croisais les bras devant ma poitrine, fulminant encore de colère envers ma mère.
« J’en ai marre, je me casse ! » déclarais-je.
« VICTORIA DOMINIQUE PREWETT ! Reviens ici tout de suite ! Nous n'avons pas terminé cette d... » hurla ma mère.
« Putain mais laisse-la tranquille ! » soupira Billy. « Tu ne lui parles quasiment plus depuis des mois et tu voudrais qu’elle te parle de ses peines de cœur. Tu crois pas qu’il y a un problème ? »
« N’oublie pas que je suis ta mère, William. Et non l’une de tes potes. Change de ton avec moi et éteins moi cette cigarette avant de tous nous asphyxier. »
« Moi je ne l’ai pas oublié. » répondit-il, ignorant ses autres revendications. « En revanche, toi, je crois que tu négliges un peu trop tes obligations depuis que tu fréquentes ton moldu. »
Il cracha ce mot comme si c’était une insulte. Mais je n’écoutais déjà plus. J’avais tourné les talons pour remonter dans ma chambre. Il fallait que je tienne bon. Plus qu’une heure avant de grimper dans le Poudlard Express et de retrouver ma meilleure amie.
FIN DU FLASH-BACK
« Bleddyn ! »
Je quittais mon banc et sautais directement jusqu’à Bleddyn. Ses traits étaient tirés et des cernes ternissaient son visage. Il semblait sérieusement préoccupé et son regard était hanté par une souffrance que je ne comprenais pas encore.
« Bleddyn … » repris-je d’un ton plus doux en posant naturellement une main sur son bras. « Je … »
En le voyant ainsi, j’en oubliais ma requête. L’état de Clarissa, ma rupture avec Jared, mes soucis familiaux. En le voyant ainsi, je sentais l’un de mes rocs s’effriter. Je déglutis et tentais un sourire un peu éteint.
« Je suis contente de voir. »
J’imaginais que je ne devais pas être dans un meilleur état que lui. Je dormais à peine, préoccupée par tout le reste. Mes cheveux avaient perdu de leur éclat et j’étais … tout le temps en colère. Et quand je n’étais pas en colère, je me cachais dans un coin du château pour pleurer. Certains m’avaient même surnommé la copine de Mimi Geignarde. Ce qui me remettait en colère.
Être un loup-garou avec cette myriade de sentiments n’arrangeait rien. Ma magie était instable et j’avais été incapable de produire un seul bon sortilège en cours pratique. Mes ongles que je rongeais nerveusement tous les jours repoussaient de toute manière à une allure hallucinante. Et plusieurs fois par jour, mes yeux prenaient une teinte ambrée comme je risquais d’enclencher une transformation hors pleine lune. Je risquais seulement. Je ne savais pas faire, et il me faudrait certainement des années avant de maîtriser cette faculté.
« Est-ce que … on peut parler un moment ? » demandais-je.
Je fis signe de me suivre sur le banc sur lequel j’étais assise un peu plus tôt. Le cours de duels ne commençait pas avant vingt bonnes minutes et j’aiderais au plus vite Bleddyn à tout mettre en place. Le professeur Chastang risquait lui aussi d’arriver très bientôt. Aussi, je décidais de ne pas perdre de temps.
« Je … j’ai appris que ma cousine était soignée dans votre palais. Elle s’appelle Clarissa McGregor. Est-ce que … elle va bien ? »
Je me souvenais de notre dernière discussion une semaine plus tôt. Une discussion d’abord houleuse. Après ce que m’avait avoué Edmund, je pensais que Clary et Jared s’étaient moqués de moi en me trompant. Mais Clary était tombée des nues autant que moi. Après nous être calmés et avoir pleuré toutes les deux, elle m’avait raconté sa version des faits. Et je l’avais cru. Je l’avais cru sans hésiter. Elle était de ma famille.
« Quelque chose te préoccupe. » notais-je en croisant le regard du prince. « Que se passe-t-il ? »
Je posais une main sur la sienne. Elle était chaude, comme toutes celles des loups-garous que je côtoyais.
« Tu peux m’en parler. Je sais écouter. Et … je sais que tu as l’habitude de tout garder pour toi. Alors, même si ce n’est pas avec moi, il faut que tu parles à quelqu’un. »
@ Victoire
Vicky Prewett