Crimes for partners, partners in crimeLundi 4 mars 2002« C’est encore un coup de Maléfice & Sortilèges, tu penses ? » Sans autre préambule, ni aucune introduction, j’étalais la nouvelle édition de la Gazette du Sorcier sur la table des Gryffondor. Un des coins du journal trempa dans un bol de lait laissé là par mégarde – ce n’était pas ma faute, il fallait mieux surveiller ses affaires ! – et le dos collait aux tartines beaucoup trop nombreuses qu’Arseni engloutissait le matin. Sérieusement, où mettait-il toute cette nourriture, alors qu’il était fin comme un cadavre mal nourri ? « Je dis que c’est sûrement les Dragon Blue qui ont mis en circulation le jeu – les Blue Dragon, désolée. » Rectifiais-je en lisant à l’envers l’en-tête du premier article de la Gazette. « C’est un nom bizarre, aussi, comment ils peuvent penser qu’on va s’en souvenir ? Au moins, les Mangemort… » Je m’arrêta dans ma tirade en captant le regard belliqueux d’un Gryffondor qui s’était sûrement levé du mauvais pied gauche ce matin. Qu’est-ce que j’y pouvais, moi, si le nom des Mangemort convoquait tout un univers de terreur, alors que les Blue Dragon me faisait juste penser à un mignon petit dragon violet bleuté et orange dans des jeux vidéos ? « C’est bien un mouv’ de psychopathe, nan ? Et comme ils ont vu que ça ne marchait pas… trop… » Je grimaçais. J’étais mal placée pour dire que le jeu n’était pas au moins un peu dangereux. Ma cheville s’en souvenait encore ! Mais, que je sache, il n’avait pas fait autant de morts que cet attentat à l’Université Magique. « Bref, comme le jeu ne faisait pas assez de dégâts, ils se sont dit qu’ils allaient faire les choses par eux-mêmes. Nan ? Tu en penses quoi ? » Arriverait-il à reprendre son souffle entre deux engloutissements de tartine ? Seul le temps pourra me le dire.

« Qu’est-ce que c’est, un Feüdeymoné ? » Je balançais mes jambes, assise de trois-quart sur le banc aux côtés d’Arseni. En lisant par-dessus son épaule – chose détestable, mais que j’adorais faire avec lui pour l’embêter – ce mot m’avait sauté aux yeux. Je savais très qu’il y avait une chance sur trois que je ne l’avais pas prononcé correctement, alors je montrais du doigt la ligne. Au moins, moi, je n’allais pas mettre des tâches de chocolat partout sur le journal que j’avais piqué sur une table – il fallait toujours surveiller ses affaires, n’est-ce pas ? C’était le deuxième exemple que j’avais en très peu de temps. J’aimais bien quand l’Univers me donnait raison ainsi. La tête reposant sur l’épaule d’Arseni, je continuais à lire avant de sursauter et de lui tapoter trèèèès gentillement et trèèèèès délicatement le dos. « Nightshade ! Ils parlent de ta famille, nan ? » Les Nightshade étaient une espèce assez prolifique dans les couloirs de Poudlard et, de ce que j’avais compris, ils étaient tous frères et sœurs ou cousins. J’arrachais le journal, manquant de donner un coup dans le nez d’Arseni. « … les Lloyd, les Nightshade, les Prewett, et les Scott. Ces familles siégeaient au conseil municipal, tout en la protégeant … Porra ! Ta famille, c’est comme un super maire, alors ? » Je parlais bien de sa famille, et pas de lui-même. Quelque chose me disait que ce n’était pas le genre d’Arseni de siéger à un conseil municipal – quoi que cela veuille dire, d’ailleurs. « Il y a une fille qui s’appelle Prewett dans ma classe… » Fis-je remarquer, bien que je ne la connaisse pas plus que cela. « Bon, t’as toujours pas finis de manger ? » Je claquais le journal roulé sur la tête d’Arseni, impatiente. Nous avions tout les deux cours dès neuf heures – et oui, j’avais retenu son emploi du temps avec une facilité déconcertante, et parfois je me disais même que je le connaissais mieux que le mien – et ce n’était pas en restant à table des heures que nous allions mettre la main sur des indices pouvant nous mettre sur la piste du Maître du Jeu, ni découvrir si oui ou non, ce psychopathe avait un lieu avec les Blue Dragons !
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