Nous sommes le vendredi 18 juin 1993. Un soir dans la salle commune des Serpentard, Billy Prewett se remémore quelques souvenirs qu'il a en commun avec Joey Davis. Et autant dire qu'au départ ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde ...
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9 ans ! Billy venait d’avoir 9 ans ! Et pour l’occasion, il avait demandé à avoir un gros gâteau à la vanille ainsi que l’Eclair de Feu ! Joey boudait dans son coin car elle n’aimait pas le gâteau à la vanille. Mais Billy s’en moquait car c’était son gâteau. En plus, papa et maman rentraient ce soir tous les deux à la maison pour fêter l’anniversaire de leur fils. Ca c’était cool. De toute façon, Joey, elle boudait toujours pour rien.
« Tu pourrais faire un effort … » Les voix des adultes résonnaient dans la pièce d’à côté. Ils étaient chez James Davis aujourd’hui. James était tout le temps triste depuis quelques temps et il regardait même plus quand Billy, Edmund et Alec faisaient des pièces de théâtre. Josh Bennett et Minho Huong étaient venus pour l’occasion mais depuis que James avait fait tomber le couteau de la table, les adultes étaient tous partis discuter dans la cuisine. De toute façon, Billy s’en fichait car son morceau de gâteau était bon. « T’en veux un peu plus ? » demanda-t-il à Vi’ qui triturait son Boursouflet en peluche. La jeune fille hocha la tête et Billy se pencha par-dessus la table pour attraper le couteau. « Ne touche pas à ça ! » le prévint Edmund, son frère, avec un regard menaçant. « On ne doit pas toucher le couteau tant que les adultes ne sont pas là. » Alec, à côté, hocha vivement la tête, un morceau de gâteau encore accroché à un coin de sa bouche.
Vicky Prewett
Billy grogna. « Oui mais Vi’ veut encore du gâteau et les adultes font que parler ! En plus, je n’ai même pas eu mon Eclair de Feu. » « Tu l’auras quand papa et maman seront là. » A nouveau, Billy se renfrogna sur sa chaise et croisa les bras. Il détestait attendre. En plus, les adultes n’arrêtaient pas de parler et même que Minho avait haussé la voix. C’est alors que Joey se leva de son coin et s’approcha du gâteau. « Hey ! » s’exclama Billy. Mais la jeune fille commença à découper un nouveau bout de gâteau et le donna à Vi’. « On a dit qu’on avait pas le droit ! » Quelle peste celle-là ! Pourquoi elle se sentait toujours obligée de faire mieux que les autres ?! Pourquoi elle, elle aurait le droit de couper le gâteau et pas lui ? Et pourquoi Edmund n’disait rien ?
Edmund Prewett & Alec Davis
« C’est pas que ta maman est partie que t’as le droit de faire ce que tu veux ! » lança Billy, contrarié. Aussitôt que ces mots furent sortis, il regretta. « Billy ! » s’exclama Edmund, choqué. Alec, lui, se leva de table et lui donna une claque sur la tête. Mais Billy regardait anxieusement Joey. Il ne l’aimait pas de toute façon, mais peut-être qu’il n’avait pas à être aussi méchant ?
Il y a des souvenirs qui marquent, des moments, des minutes qu’on n’oublie pas. Ce sont des instants précis, détaillés à la loupe qui fendent les pensées et s’accrochent au cœur à jamais. D’aussi loin que je me souvienne, Billy avait fait parti de la plupart de ces souvenirs qui demeurent. Les premiers n’étaient pas des plus agréables mais ils faisaient partis de mon histoire. De notre histoire.
Nous étions en juin 1993, j’avais 8 ans, Alec en avait 11. La famille de Billy venait souvent à la maison, surtout depuis que maman était partie sans donner de nouvelles. Voilà six années qu’elle avait quitté le foyer, c’était assez irréel pour moi, comme si ça ne s’était jamais passé ou du moins pas à moi directement. Je vivais cette absence par l’intermédiaire de mon père qui n’était plus que l’ombre de lui-même et mon frère, qui commençait à avoir des épisodes anxieux. L’anniversaire de Billy était un peu l’attraction de la journée, un moyen de sortir un peu de la monotonie de la vie dans laquelle James nous avait fait plonger.
Il souffla ses bougies en une seule fois, l’air victorieux. Il ne manquait jamais une occasion de se vanter, de se montrer. C’était Billy. James finit par s’éclipser avec les parents Prewett, je ne pus m’empêcher de tendre l’oreille, d’écouter les lamentations de mon père et les mots de réconfort des parents de Billy. Ils étaient inquiets, et imploraient à James de se ressaisir. Se ressaisir comment ? Je l’avais toujours connu ainsi, toujours cette mine amorphe, cet air absent déambulant dans notre grande maison. Il ne nous adressait que rarement la parole, à Alec et moi, il était occupé, il avait d’autres choses à faire. Il avait toujours l’air triste, je m’en voulais tellement qu’il le soit, il fallait alors que les choses soient plus faciles pour lui, moins chargées de contraintes. Ainsi alors, il aurait plus de temps pour lui, et peut-être pour nous.
« Oui mais Vi’ veut encore du gâteau et les adultes font que parler ! En plus, je n’ai même pas eu mon Eclair de Feu. » « Tu l’auras quand papa et maman seront là. »
Je reportais mon attention sur mon frère et nos amis, je n’avais pas voulu manger de gâteau, je n’aimais pas la vanille et Billy adorait ce parfum, c’était son anniversaire soit mais je n’aimais vraiment pas ce goût. Ça le ravissait finalement, et moi ça me mettait davantage en colère. J’avais croisé les bras dans mon coin, les regardant mastiquer leur morceau de gâteau. Mais Vicky en voulait plus, et il était hors de question de déranger les adultes, alors je devais prendre les choses en main. Pour Papa. J’attrapais le couteau tant redouté et coupais une part pas très égale pour Victoria. Je lui servis dans son assiette sous le regard meurtrier de son frère. Alec et Josh demeurèrent pétrifiés suite à ce geste.
« On a dit qu’on avait pas le droit ! C’est pas que ta maman est partie que t’as le droit de faire ce que tu veux ! »
Je lui lançais un regard assassin, tout en lui tirant la langue alors que mon frère s’occupait déjà de lui taper la tête, un peu trop gentiment à mon goût.
-Moi au moins je n’ai pas peur de me servir d’un couteau ! Lançais-je à son encontre en me rasseyant à ma place et en croisant les bras.
Billy était présomptueux, il se croyait le centre du monde et je le détestais pour ça, ses parents avaient tendance à lui donner trop d’attention. Ça me rendait jalouse mais ça je ne me l’étais jamais vraiment avoué.
-De toute façon, ta maman et ton papa ne t’ont pas acheté ton éclair de feu, ils pensent que tu es trop petit et ils ont raison ! Lançais-je pour l’énerver.
Ça avait du bon d’écouter aux portes pour ces croustillantes informations. Mais avant que Billy puisse réagir d’avantage les adultes revinrent à ce moment-là alors que nous nous échangions des regards de confrontation. Papa avait le regard vide, et je savais qu’il n’avait rien remarqué quant au changement de place du couteau.
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17 juillet 1996
C’était le premier été après la première année de Billy à Poudlard, il était tout excité, il avait tout vu, tout fait et il adorait cette supériorité. Alec était rentré à l’école magique il y avait deux ans et il n’en avait pas fait tout un cinéma !
Ils étaient venus passer l’après-midi à la maison, il pleuvait à saut et nous étions coincés à l’intérieur de la maison. J’avais hâte de pouvoir faire ma rentrée à Poudlard moi aussi, Alec ne rentrait qu’aux vacances de Noël et pour celles d’été. Je m’ennuyais terriblement à la maison avec Papa qui n’était jamais là et puis les corvées n’étaient que pour moi, ce qui rendait le quotidien assez pénible.
-Enlève tes chaussures William ! Aboyais-je à son encontre dès qu’il franchit le seuil de la maison, les chaussures pleines de boue dû à l’humidité extérieure.
Il détestait qu’on l’appelle par son nom en entier et moi je détestais devoir nettoyer l’entrée plusieurs fois par jour.
-Qui veut du thé ?
Billy avait enlevé ses chaussures non sans rechigner, lui et Alec m’avait rejoint à la cuisine alors que je sortais la théière d’un coup de baguette afin de faire bouillir l’eau. C’était toujours de rigueur lorsque nous avions des invités, Papa me demandait toujours de préparer du thé. Et j'aimais ce rôle d'hôtesse de maison, ça me faisait paraître plus mâture mais surtout j'aimais faire plaisir à mon père.
Vicky et Josh n’étaient pas venus, la jeune fille était malade apparemment, Louis et Adèle n’avaient pas voulu qu’elle sorte avec le temps qu’il faisait, quant à Josh, ben, il avait sans doute mieux à faire.
-Tu penses que je serai répartie dans quelle maison Alec quand j’arriverais à Poudlard ? Demandais-je tout excitée d’aller étudier là-bas en septembre. Je voyais déjà la mine moqueuse de Billy et sa prochaine remarque se faire un chemin entre ses lèvres. Arrogant de Serpentard !
Nous sommes le vendredi 18 juin 1993. Un soir dans la salle commune des Serpentard, Billy Prewett se remémore quelques souvenirs qu'il a en commun avec Joey Davis. Et autant dire qu'au départ ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde ...
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« Moi au moins je n’ai pas peur de me servir d’un couteau ! » lança la jeune fille après lui avoir tiré la langue. Billy ? Peur ? Il allait lui montrer. Lui aussi pouvait tenir le couteau entre ses mains. Il pouvait même faire du jonglage avec un couteau. Et sans blesser qui que ce soit ! Après tout, il était plus grand qu’elle donc il savait mieux qu’elle. « De toute façon, ta maman et ton papa ne t’ont pas acheté ton éclair de feu, ils pensent que tu es trop petit et ils ont raison ! » Billy serra les poings. « D’abord, j’suis pas petit ! et ensuite, t’en sais rien du tout ! » C’était vrai, quoi ?! Qu’est-ce qu’elle en savait de mieux que lui ? Elle n’était pas un adulte, elle ne pouvait pas savoir.
Billy voulut argumenter davantage, ignorant les regards d’avertissement que lui lançait Edmund, mais ce fut à ce moment-là que les adultes revinrent dans la pièce. Papa et maman ne devaient arriver que dans une grosse heure encore, pris par leurs travails respectifs. Mais Edmund vint ébouriffer les cheveux de Billy alors qu’il fusillait toujours du regard Joey et cela parut le détendre. Les adultes étaient à nouveau là et Minho avait promis de leur enseigner à tous comment faire du skate. Alors les sautes d’humeur de Joey laissaient bien Billy indifféremment désormais !
Mercredi 17 juillet 1996
Poudlard, c’était génial ! Il y avait tellement de choses à découvrir et tellement de magie partout ! Les escaliers qui bougeaient dans tous les sens, les fantômes qui hantaient la Grande Salle et les couloirs, la mystérieuse Salle sur Demande où Harry Potter et ses amis avaient monté une armée. Le seul hic de cette année était cette méchante professeur, Ombrage. Billy ne l’avait pas beaucoup aimé, surtout quand il avait du aller en retenue avec elle et que les mots « Je ne dois pas faire l’idiot en classe » étaient restés plusieurs semaines imprimés sur sa main. Mais Billy ne s’était pas plaint, à part auprès de ses camarades. Après tout, Harry Potter non plus ne s’était pas plaint. Ce ne serait qu’un signe de faiblesse de se plaindre. Billy était courageux, même s’il avait rejoint la maison des Serpentard !
Le Choixpeau n’avait pas eu trop de doute quand il l’avait réparti. Billy avait juste demandé au Choixpeau à ne pas atterrir chez les Serdaigle ou les Poufsouffle. Il n’aimait pas ces maisons. Elle n’avait aucun intérêt pour lui : il n’était ni intelligent, ni créatif, ni travailleur, ni gentil. Non, lui il était courageux, malin, fort et ambitieux ! Et le Choixpeau avait choisi de le mettre à Serpentard. Ca avait assez surpris la famille Prewett qui passait depuis des années chez les Gryffondor. Mais ils avaient assez bien pris la nouvelle et puis, Billy aimait beaucoup l’ambiance de la salle commune. Il avait su se trouver rapidement une place même si les plus grands parlaient énormément de Mangemorts et de Sang-Pur. Personne n’avait trop ennuyé Billy avec ce sujet. Après tout, il portait le nom des Prewett qui, même s’ils étaient des traitres à leur sang pour avoir fricoter avec des Moldus, avaient conservé un sang plutôt pur jusque-là. Et puis, ses cousins, Samuel et Ronald veillaient sur lui du coin de l’œil.
Billy était vite devenu populaire. Il s’attirait pas mal d’ennuis mais il était une personne loyale et entière pour ses amis. Il animait les cours avec ses blagues et remarques intempestives. Papa et maman lui avaient envoyé quelques hiboux d’avertissement alors Billy avait essayé de faire attention à ses notes. Et il avait plutôt bien réussi ses examens de première année ! Alors c’était plutôt une bonne première année. Surtout que le professeur Ombrage ne reviendrait pas à Poudlard l’an prochain.
« Enlève tes chaussures William ! » La voix de Joey résonnait comme un aboiement aux oreilles de Billy. Nom d’un Hippogriffe, elle était toujours aussi pénible celle-là. « Enlève tes chaussures William ! » dit-il en imitant la voix de Joey, non sans faire quelques grimaces. Il retira toutefois ses chaussures à côté d’Alec qui s’appliquait à le faire correctement. Billy était allé passer l’après-midi chez les Davis. Edmund n’avait pas voulu suivre, disant avoir autre chose à faire. Et Vi’ était malade, alors elle était restée au chaud. Billy aimait bien s’amuser avec Alec même s’il avait plus facilement une connexion avec Edmund. De son côté, Joey jouait les maîtresses de maison en leur faisant bouillir de l’eau pour le thé.
« Tu penses que je serai répartie dans quelle maison Alec quand j’arriverais à Poudlard ? » La jeune fille s’était appuyée sur l’ilot central de la cuisine où les trois petits sorciers s’étaient réunis. James n’était pas là. Il était sans doute au travail. Il y avait un mois, un sorcier du nom de Sirius Black était mort et les journaux avaient parlé en boucle du retour de Voldemort. Billy ne comprenait pas encore ce que cela signifiait mais les adultes étaient tous très inquiets, James y compris. « Pourquoi pas chez les Bouffondors ? » se moqua Billy en attrapant un cookie sous une cloche. Sans doute Joey qui les avait préparés ? Au moins, elle avait le mérite de bien cuisiner. Alec lui donna un coup d’épaule avant de se tourner vers sa sœur avec un sourire attendri : « Gryffondor te correspondrait bien sœurette. »
Alec Davis
Billy leva les yeux au ciel en grignotant un côté de son gâteau. « Elle est trop mesquine pour ça. » balança-t-il, ne rendant pas les armes immédiatement. « Ou trop ‘peace and love’ et terminer chez les Poufsouffle. » Billy se mit à rire, cherchant manifestement à provoquer une réaction de la part de Joey. La vérité, il se demandait bien dans quelle maison elle se retrouverait. De tous ses amis d’enfance, personne n’était allé chez les Serpentard : Alex et Alec avaient atterri à Gryffondor, Edmund était chez les Serdaigle, et David à Poufsouffle. Oui, il n’y avait que les jumeaux qui avaient ouvert la voie vers Serpentard. Et Joey, où irait-elle ?
Mardi 17 décembre 1996
Billy jeta furieusement son sac sur l’un des fauteuils de la salle commune avant de se laisser tomber lourdement sur le canapé devant le feu vert qui brûlait dans la cheminée. Joey Davis qui était assise là fut secouée par la secousse que provoqua Billy en s’asseyant ainsi.
Joey avait finalement atterri à Serpentard. Comme Alice Bennett, sa cousine. Billy se sentait bien moins seul même si les temps étaient sombres. Beaucoup de disparitions avaient lieu dans le monde des sorciers et Billy s’inquiétait énormément pour sa mère, Auror. Certains Serpentard s’isolaient dans des coins de la salle commune pour chuchoter et montrer tour à tour leurs avant-bras, comme si ceux-ci pouvaient afficher un code secret. Billy était curieux, attiré par cette noirceur même si son père le rabrouait assez souvent de se mettre en sureté et de ne pas s’attirer d’ennuis.
Mais Billy restait le même en cours : le rigolo de service. Celui qui se mettait au fond de la salle, se balançait sur sa chaise et lançait des clins d’œil aux filles. Il y avait Alex Bennett, il voulait l’impressionner. Depuis qu’il l’avait vu avec le Choixpeau sur sa tête, l’an dernier, quelque chose avait changé. Avant c’était juste la fille adoptive de Josh, que Billy ne voyait pas très souvent. Mais à présent, elle était cette jolie fille de Gryffondor que Billy cherchait toujours à impressionner. Son dernier coup avait notamment été de mettre un bézoard de trop dans la potion de Ian Wen. Il détestait ce gars et il l’avait bien cherché. Depuis le début de leur 2ème année, ils ne faisaient que s’attirer des ennuis l’un à l’autre. Mais le professeur Slughorn n’avait pas trop apprécié et avait mis en retenue Billy. Il était 22h15 quand il était revenu dans sa salle commune après avoir astiqué plusieurs dizaines de Trophées.
« Pff, quel connard ce Slughorn ! » dit-il, plus pour lui-même que pour Joey. Il n’y avait plus beaucoup de monde à cette heure-ci dans la salle commune. Pourtant, Joey était toujours là. Billy arrivait un peu mieux à la supporter. Peut-être était-ce le fait de la voir tous les jours chez les Serpentard qui la rendait plus supportable ? Et puis, elle n’était pas chez elle et ne cherchait donc pas toujours à impressionner Billy parce qu’elle savait faire tel et tel truc. « Et ce crétin de Wen n’a rien eu lui ! » soupira-t-il. « J’te jure, j’crois que je serai capable de le provoquer en duels ! » Il imaginait parfaitement battre ce crétin comme sa mère lui avait enseigné. Elle était douée sa mère, elle savait de quoi elle parlait niveau sortilège.
Billy tourna la tête vers Joey. Elle pensait quoi, elle, de ce Ian ? Certes, il avait une année de plus qu’elle, mais elle devait bien avoir vu son attitude dans la salle commune. Il ne restait qu’avec les plus grands, et notamment avec Sirius Green et parfois même Drago Malefoy et sa bande. Il se pensait toujours supérieur aux autres et surtout à Billy. Il ne perdait rien pour attendre !
Je ressentais un certain soulagement lorsqu’Alec rentrait à la maison les étés. La maison était rendue plus vivante alors. Je languissais surtout de rentrer à Poudlard, mais je craignais la répartition dans l’une des quatre maisons. Mon frère était à Gryffondor, Billy à Serpentard, Josh à Serdaigle et même si je n’avais pas de proche à Poufsouffle, cette alternative ne me déplaisait pas. Mais quelles qualités me correspondaient davantage ? Etais-je loyale ? Ambitieuse ? Téméraire ? Ou appliquée ?
« Pourquoi pas chez les Bouffondors ? » Je lançais un regard noir à Billy. « Je ne comprends pas pourquoi ils t’ont envoyé à Serpentard, je ne vois pas ce qui a de malin chez toi ! » Et toc ! Bien que je ne supportasse pas le jeune homme, je ne pouvais m’empêcher d’admirer sa répartition dans la maison du Serpent, les qualités prônées m’attiraient beaucoup même si je craignais ne pas les posséder. Gryffondor me plaisait beaucoup aussi, de un parce que Alec y était et ça me rassurait, de deux, parce que le courage était une qualité très noble. Serdaigle m’attirait le moins, sans doute à cause de la présence de Josh. Poufsouffle était pas mal non plus, mais cette maison avait pour réputation d’être faible et je savais que Billy se moquerait de moi toute ma vie si j’étais répartie dans celle-ci. Il ne me restait plus qu’à croiser les doigts pour être de la famille des lions ou des serpents.
« Gryffondor te correspondrait bien sœurette. » Je lançais un clin d’œil à mon frère qui était toujours adorable avec moi. Il était rare que nous nous disputions tous les deux. C’était assez inédit comme relation pour un frère et une sœur. Avec la fratrie des Prewett comme modèle, je nous sentais chanceux, je savais que je pouvais compter sur Alec quoi qu’il arrive. « Elle est trop mesquine pour ça. Ou trop ‘peace and love’ et terminer chez les Poufsouffle. » Voilà je l’avais dit ! « Les Poufsouffle ont des qualités qui ne te correspondent pas, c’est tout ! La gentillesse et l’humilité par exemple ! » Je bus une gorgée de mon thé, le regard mesquin. « Moi je serais une Gryffondor ou une Serpentard, c’est certain ! » Je sentis déjà Billy prêt à me contredire. « On pari ? » Je lui tendis une main qui se voulait sûre alors que lui était dubitatif. J’ignorais dans quelle maison j’allais tomber, ce qui m’importait c’était d’avoir raison et de me montrer sûre de moi. Je voulais seulement défier Billy et lui prouver que j’avais autant d’ambitions que lui. Ce fut notre tout premier pari, sans enjeu soit, mais le premier d’une longue série !
Mardi 17 décembre 1996
Cela faisait presque quatre mois que j’avais fait ma rentrée à Poudlard. J’étais enfin partie de la maison, et j’étais réunie avec Alec. Enfin presque. Le Choixpeau m’avait réparti à Serpentard. J’étais vraiment heureuse même si je n’arrêtais pas de penser qu’il souhaitait aussi me répartir à Poufsouffle. Et si je n’étais pas digne de cette maison ? Et si j’avais trop insisté auprès du Choixpeau et qu’il avait cédé par simple flemme de m’orienter vers ma véritable maison ? Ces pensées hantaient mon esprit depuis septembre. Et si je n’étais pas à ma place dans cette salle commune aux murs de pierre brute ?
Mes pensées furent bien vite interrompues par l’arrivée de Billy, je me redressais sur le fauteuil en cuire pour terminer la lettre que j’avais commencé à écrire pour mon père. Bizarrement entre Billy et moi, c’était devenu plus fluide. Nous n’étions pas les meilleurs amis du monde, nous continuions de nous envoyer des piques certes mais il y avait un truc en plus. Ce qui n’avait pas changé néanmoins c’était son caractère râleur. « Pff, quel connard ce Slughorn ! » Toujours une dent contre quelqu’un.
Billy était le seul que je connaissais dans la maison, le seul qui me raccrochait à mon enfance. C’était plus facile de trainer avec lui qu’avec les autres élèves que je ne connaissais pas bien. Et il m’avait laissé faire. Bon, nous ne trainions pas vraiment ensemble mais nous avions des conversations banales que nous n’avions jamais auparavant et puis nous nous retrouvions dans la même salle commune. Finalement sa présence permanente était moins agaçante que ses visites ponctuelles à la maison et j’ignorais encore pourquoi c’était moins prise de tête.
« Et ce crétin de Wen n’a rien eu lui ! J’te jure, j’crois que je serai capable de le provoquer en duels ! » C’était qui Wen ? « Si tu le provoques en duel, tu risques d’avoir des ennuis ! » Le naturel toujours présent quoi que je fasse. « Et c’est qui ce Wen d’abord et qu’est-ce qu’il t’a fait pour que tu le détestes autant ? » Comme si Billy avait besoin d’une raison pour haïr un individu. J’essayais en même temps de reprendre l’écriture de ma missive. Papa ne m’avait répondu qu’une seule fois depuis septembre où je lui avais révélé ma répartition. Je ne lui manquais donc pas ? Néanmoins il m’avait offert ma chouette Minerve pour correspondre avec lui, c’était déjà ça. « Tu crois que le Choixpeau peut se tromper ? » Et voilà que cette histoire de répartition me reprenait la tête.
Billy tourna un regard interrogateur vers moi. Après tout c’était bien la première fois que je lui demandais son avis. Ou bien était-ce le ton inquiet de ma voix qui l’avait interpellé ? Même si je doutais sur le sérieux de sa réponse, je poursuivis la mine soucieuse. « Je n’ai pas les qualités pour être une Serpentard. »
Jeudi 20 mai 1997
« Ok on tient les paris ! Je te mets au défi de faire manger ce berlingot de fièvre à Ian Wen ! » Billy voulait jouer au malin ? Soit. Qu’il réussisse ou pas, dans les deux cas j’étais gagnante !
Ma première année touchait à sa fin, dans un mois et demi je rentrerais à Londres chez Papa. J’avais passé une année formidable ! Tout avait été si magique. C’était le cas de le dire. Malgré mes craintes du début, mes doutes quant à ma répartition à Serpentard, tout était rentré dans l’ordre. Je me sentais bien chez les Serpents, j’avais l’impression que tout était possible. Je n’allais pas finir ma vie chez Papa à déprimer, la vie c’était plus que ça, c’était plus vivant comme à Poudlard. Les cours n’étaient pas toujours simples mais je me débrouillais, c’était pas mal pour une première année !
Billy avait toujours une dent contre ce Wen et pour je ne sais quelle raison, le fait de le critiquer ensemble nous avait rapprocher un peu. C’était là que cette histoire de paris avait commencé à entrer en jeu. « Je l’ai acheté à la boutique des Weasley, j’ai passé 2 gallions pour obtenir une boite à flemme alors te loupe pas ! » Lui lançais-je alors qu’il partait déjà en mission dans les couloirs du château, je le suivais discrètement, je ne voulais surtout pas perdre une miette de ce moment.
Soit c’était enfantin, puéril et stupide mais ces mois à Poudlard m’avait remise d’aplomb. Ce n’était rien de bien méchant et puis ce Wen n’était pas le sorcier le plus gentil du pays. Il fallait seulement que je ne laisse pas cette histoire arriver aux oreilles de mon frère sinon il me ferait sans doute la morale !
Nous sommes le mercredi 17 juillet 1996. Un soir dans la salle commune des Serpentard, Billy Prewett se remémore quelques souvenirs qu'il a en commun avec Joey Davis. Et autant dire qu'au départ ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde ...
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La provocation de Billy fonctionna aussitôt sur Joey qui le fusilla du regard avant de lui répondre d’un ton tranchant :
« Les Poufsouffle ont des qualités qui ne te correspondent pas, c’est tout ! La gentillesse et l’humilité par exemple ! »
L’humi … quoi ? Billy haussa un sourcil, faisant à moitié une grimace alors qu’elle buvait nonchalamment une gorgée de son thé. Alec, lui, riait soit par la phrase de sa sœur, soit par la tête de Billy.
« Moi je serais une Gryffondor ou une Serpentard, c’est certain ! » ajouta Joey d’un air convaincu.
Ce fut cette fois-ci au tour de Billy de ricaner alors qu’il continuait de grignoter son cookie bien entamé désormais.
« On pari ? »
La main de Joey se tendit vers Billy qui l’observa un instant, surpris. Elle avait du toupet, cette petite ! Du haut de ses 11 ans, elle tenait une maison à elle toute seule, et venait de tenir à Billy, lui donnant un défi.
« Parfait. » dit-il en lui serrant la main, s’efforçant de retrouver un sourire sûr de lui. « Tu n’as pas l’étoffe ni d’une Gryffondor, ni d’une Serpentard, j’en suis convaincu. »
Ni Joey ni Billy ne regardaient Alec. Pourtant, ce dernier les observait, se disant surement que ce pari allait changer la donne entre Billy et Joey : soit ils se détesteraient pour toujours, soit ils deviendraient les meilleurs amis du monde. Et Alec ne savait pas si bien penser …
Mardi 17 décembre 1996
« Si tu le provoques en duel, tu risques d’avoir des ennuis ! » fut la première réplique de Joey.
Billy tourna la tête vers elle, d’un air las. Fallait-il toujours qu’elle le rabroue et qu’elle se joue pour la petite maman ? Mince, elle avait un an de moins que lui et pourtant elle prenait toujours ce petit air supérieur. Oui, Billy savait qu’elle avait gagné haut-la-main ce pari entre eux. Mauvais joueur, il n’avait pu s’empêcher de lui dire qu’elle avait certainement soudoyé le Choixpeau pour la mettre à Serpentard. « Avoue, tu lui as promis de le rapiécer ou de lui offrir une nouvelle teinture. » avait-il dit, déclenchant l’hilarité de ses amis à côté de lui. Mais, au final, Joey avait ri avec eux et s’était rapidement fait une place parmi les vipères.
« Et c’est qui ce Wen d’abord et qu’est-ce qu’il t’a fait pour que tu le détestes autant ? » ajouta-t-elle toutefois.
Salle commune des Serpentard
Billy soupira bruyamment et rejeta sa tête en arrière sur le canapé. Le plafond de la salle commune était une suite de bas-relief avec tout en haut une fenêtre en rond donnant sur les eaux profondes du lac noir. La nuit étant tombée, l’eau était sombre et de faibles lumières vertes allumaient la salle commune.
« Ian Wen. C’est un crétin. » déclara-t-il d’un ton toujours aussi las, sentant la fatigue commençait à lui peser. « Tu sais … c’est ce type … il a des traits asiatiques, un air toujours supérieur sur le visage, des cheveux noirs et cette fâcheuse tendance à parler à tort et à travers. »
Il se passa une main sur le visage. Encore, en 1ère année, ça passait. Billy se disait même qu’avec un peu d’effort il aurait pu finir par l’apprécier. Mais là, en 2ème année, Ian avait carrément pris la grosse tête, et traînait toujours avec des idiots comme Sirius Green. Billy les avait déjà surpris tous les deux à embêter plusieurs 1ère année qui n’avaient rien demandé à personne. Et puis, ils faisaient trop les malins à dire qu’ils étaient amis avec Theodore Nott et Blaise Zabini. Comme si ça leur ouvrait des droits …
« Tu crois que le Choixpeau peut se tromper ? »
Billy fronça les sourcils et roula sa tête vers Joey. Ses doigts trituraient une lettre qu’elle avait commencé à écrire visiblement, sans grand succès pour arriver à la continuer. Elle qui apparaissait toujours si confiante, si à l’aise, avait soudain comme des trémolos dans la voix. Qu’est-ce qui lui prenait ?
« Pourquoi tu dis ça ? »
Joey se mordit la lèvre, comme hésitant à répondre. Elle ne le regardait même pas et gardait ses yeux rivés sur la lettre. A qui écrivait-elle ?
« Je n’ai pas les qualités pour être une Serpentard. » déclara-t-elle de but en blanc.
A nouveau, Billy la regarda sans comprendre. Pourquoi disait-elle ça ? Et quel rapport avec Ian Wen ? Elle ne l’aidait pas beaucoup là. Il lui parlait d’un sujet très sérieux. Ian Wen était un crétin fini et il avait sérieusement besoin de l’avis de Joey et elle, elle remettait en cause sa répartition chez les Serpentard.
« Je t’avais dit de ne pas soudoyer le Choixpeau ! » avança-t-il, comme agacé.
Mais Joey ne réagit pas. Elle n’esquissa même pas un sourire et Billy s’inquiéta. Merde, il était allé trop loin ? Alec allait lui tomber dessus c’était ça ? Il soupira bruyamment et se redressa alors avant de passer un bras autour des épaules de Joey. Il exerça une petite pression dans son cou, la faisant sursauter. Billy sourit et la bouscula à nouveau. Les deux Serpentard commencèrent à se chamailler sur le canapé jusqu’à ce que l’encrier de Joey se renverse sur le sol. Les chamailleries cessèrent aussitôt alors que la 1ère année s’empressait de ramasser et de nettoyer, comme si elle était chez elle.
« Hey, petite maligne … » dit-il en se posant à genou sur le sol, là où la tâche d’encre avait noirci le tapis. « C’est pas chez toi ici. T’es pas obligé de toujours tout nettoyer et de rendre les choses parfaitement parfaites. »
Il sortit sa baguette et encouragea Joey à faire de même.
« Mais … je suis certain que tu connais le sortilège pour effacer une tâche trop récalcitrante. » dit-il, un sourire en coin.
Comme si elle n’y avait pas pensé plus tôt, Joey s’affaira et la tâche disparut d’un coup de baguette. Billy sourit et l’applaudit.
« Serpentard ou non … tu es en tout cas la plus intelligente sorcière que je connaisse en Sortilèges. »
Son regard croisa celui de Joey, alors qu’il était toujours à genoux sur le sol. C’était sans doute la première fois qu’il faisait un compliment à la jeune fille. Et, comme si c’était trop bizarre, il se redressa aussitôt.
« Bon, je vais aller dormir. » dit-il en arrachant un bâillement. « A demain ? »
Il regarda Joey comme s’il n’était pas très certain qu’elle veuille encore traîner avec lui le lendemain. Après tout, il lui avait vidé son encrier et s’était encore un peu moqué d’elle. Mais, en vrai, Billy avait l’impression de découvrir une toute autre Joséphine Davis cette année-là.
Jeudi 20 mai 1997
Les examens de la fin de 2ème année approchaient et angoissaient pas mal les sorciers les plus assidus de l’année de Billy. Fergus Lloyd lui-même s’appliquait à réviser chaque soir ses cours d’Histoire de la Magie, soit le cours le plus barbant qui puisse exister sur cette Terre. Alex Bennett, elle, passait la majorité de son temps à la bibliothèque avec Milicent Martin à étudier les Sortilèges et Métamorphoses. Très peu, pour Billy. Lui ne voyait pas l’intérêt de se mettre la pression pour ça. Tout le monde s’inquiétait pour quelque chose autour de lui et en vrai, cette année n’avait pas été aussi amusante que la première. Les Serpentard, dans la salle commune, parlaient énormément des Mangemorts, et encore la semaine dernière, Pansy Parkinson et Daphné Greengrass l’avaient approché pour lui demander s’il fricotait toujours avec des Sang-de-Bourbe.
Aussi, Joey et Billy passaient de moins en moins de temps dans la salle commune, évitant les questions de ce genre et les discussions les plus malaisantes. Joey et Billy ? Oui, au fur et à mesure de l’année, Joey et Billy avaient commencé à traîner ensemble durant les heures où ils n’avaient pas cours. Au départ, ils se retrouvaient dans la salle commune. Puis, parfois dans le parc. Oh ce n’était pas tous les jours. Mais de temps en temps. Et il devait avouer qu’elle était bien drôle parfois ! Oui, Joséphine Davis pouvait avoir de l’humour.
« Ok on tient les paris ! »
Billy tourna la tête vers elle. La jeune fille avait beau avoir un an de moins que lui, elle faisait la même taille que lui et Billy espérait vraiment qu’elle n’allait pas le dépasser. Quel ridicule ce serait, alors que lui ne grandissait pas !
« Je te mets au défi de faire manger ce berlingot de fièvre à Ian Wen ! »
Joey lui présenta un petit bonbon rond jaune strié de noir. Il était 17h et Billy avait terminé ses cours pour la journée. Il semblait en être de même pour Joey qui tenait encore ses livres serrés contre elle. Billy tourna entre ses doigts le petit bonbon.
« Où est-ce que tu as eu ça ? » demanda-t-il, levant un sourcil interrogateur. « Je l’ai acheté à la boutique des Weasley, j’ai passé 2 Gallions pour obtenir une boite à flemme alors te loupe pas ! »
Billy siffla d’admiration. Les frères Weasley étaient encore élèves à Poudlard l’an dernier et ils avaient fait exploser pleins de feux d’artifices dans la salle d’examen d’Ombrage. Ils n’avaient même pas eu leurs ASPIC et avaient pourtant ouvert leur propre boutique sur le Chemin de Traverse. Une vraie mine d’or.
« T’inquiètes … j’ai un plan … »
Il glissa un clin d’œil à la jeune fille mais ne lui en dit pas plus. Au pas de course, il se dirigea vers les cuisines, Joey sur ses talons. Il était ravi qu’elle l’aide à humilier Ian. A force d’en parler à longueur de journées, Joey avait surement bien été forcée de le détester lui aussi. Elle était sans doute sa meilleure confidente pour se plaindre de Ian. Fergus, lui, essayait toujours de lui trouver des circonstances atténuantes ce qui avait le don d’agacer Billy.
Arrivé devant le tableau d’une coupe remplie de fruits en tous genres, Billy commença à chatouiller la poire. Il jeta un coup d’œil à Joey derrière lui.
« C’est les jumeaux McGregor qui m’ont montré l’endroit, l’an dernier. » expliqua-t-il.
La poire se mit alors à glousser et une poignée de la même couleur se matérialisa sous leurs yeux. Billy poussa la porte et une pièce, semblable en proportion à la Grande Salle, remplie d’elfes de maison laissa échapper une douce odeur de pâtisserie. Billy fit signe à Joey de le suivre alors qu’un elfe de maison l’accostait.
« Sortez de cette cuisine, jeunes gens ! Nous préparons activement le dîner et nous n’avons pas besoin d’être embêté ou retardé. »
Billy blêmit, ne souhaitant pas se mettre les elfes de maison à dos. Pourtant, il essaya de reprendre son bagou habituel et désigna une pile de ramequins contenant de la mousse au chocolat.
« Juste une petite faim. S’il vous plait. »
L’elfe de maison soupira et claqua des doigts. Aussitôt, deux ramequins se matérialisèrent dans les mains de Billy et Joey qui faillit tomber l’un de ses livres. L’elfe de maison y avait aussi ajouté une cuillère et un petit sablé.
« Allez, oust ! »
Billy ne se fit pas prier et ressortit aussitôt de la cuisine, regagnant le rez-de-chaussée jusqu’aux couloirs menant aux cachots.
« Dépêche-toi de la manger. » recommanda-t-il à Joey.
De son côté, il mit son berlingot de fièvre au cœur de la mousse au chocolat et jeta un sortilège pour le casser et l’émietter en poudre, afin qu’il soit dissimulé dans le chocolat. Un sourire aux lèvres, il se tourna vers son amie :
« Tu vas voir … je suis sûr qu’on va trouver … » « Tiens, tiens, William Prewett … »
Billy tourna la tête vers le bout du couloir où quatre Serpentard approchaient vers eux d’un pas déterminé. Il reconnut sans mal Ian Wen et Sirius Green, comme il le prévoyait. Mais il n’imaginait pas que Drago Malefoy et Theodore Nott seraient sur leurs talons. Immédiatement, il se stoppa et mit un bras en travers de la route de Joey, comme sentant que les choses pouvaient dégénérer.
« … et sa petite-amie ? » compléta Drago, avec un rire.
Ian, le premier à avoir parlé, lui sourit et lança aussitôt un sortilège sur Billy qui le fit s’entraver dans ses pieds. Il tomba tête la première et s’assomma le front.
« Aie ! » dit-il.
Joey avait du vouloir voler à sa rescousse mais Theodore, alors en 6ème année, lui déroba sa baguette et jaugea son ramequin vide.
« Ca vole dans les cuisines, Prewett ? » dit-il. « Fais voir ! »
Drago se saisit immédiatement de la mousse au chocolat de Billy, intacte.
« Rends-moi ça ! » s’écria Billy alors que Sirius le faisait taire d’un coup de pied dans le ventre.
Le Serpentard de 2ème année recula et se cala, assis, contre le mur, grimaçant sous la douleur. Il jeta un regard vers Joey mais Theodore la tenait en joue de sa baguette, la jaugeant comme s’il se demandait si elle représentait une menace ou non.
Theodore Nott
« Pas mauvais … » dit Drago après avoir gouté une cuillère.
Drago Malefoy
Il passa le ramequin à Ian qui se dépêcha d’en avaler trois cuillères de suite.
« Locomotor Wibbly ! » lança Sirius à Billy qui essayait de se relever.
Sirius Green
Un sourire mauvais se forma sur ses lèvres et Billy se retint de lui lancer un juron. Il voulait attendre. Mais Sirius et Theodore refusèrent la mousse au chocolat et Drago et Ian finirent le ramequin avant de le jeter aux pieds de Billy.
« Bon, Prewett … il n’est vraiment pas trop tard pour rejoindre les rangs, tu sais … »
Drago s’était accroupi face à Billy et observait son visage, comme s’il espérait y lire quelque chose en rapport avec les Mangemorts.
« Certes, tu n’es pas un Sang-Pur, mais ton père en est un. Et ta mère descend de la lignée des Gaunt. Tu pourrais être utile à notre cause. »
Le Serpentard de 6ème année commençait à tirer sur son col de chemise, comme si celui-ci le serrait. Il souffla et se redressa, avant de regarder Ian qui avait pris la parole :
« Bordel, c’est moi ou il fait chaud ? J’ai vraiment chaud. Et … Aïe ! »
Ian Wen
Ian porta immédiatement la main à son derrière, comme si quelque chose l’avait piqué. Une grimace déformait les traits de son visage alors qu’il devenait rouge. Drago porta une main à son front et grimaça lui aussi.
« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Theodore. « Je sais pas … j’ai chaud moi aussi. » répondit Drago.
Ian ne cessait de parler et de souffler bruyamment comme s’il allait mourir d’un instant à l’autre. Sirius leva les yeux au ciel, pourtant soucieux de l’état de son ami qu’il tenait par le bras. Billy ne put résister à sourire en voyant le berlingot de fièvre faire effet.
« Toi ! » s’écria Drago en jetant un sortilège qui entailla la joue de Billy.
Mais un haut-le-cœur commença à prendre Drago qui, quelques secondes plus tard, se mit à courir dans le couloir, surement à la recherche d’un toilette. Ian, quant à lui se grattait sans gène les fesses et manifestait son inquiétude.
« Faut que j’aille à l’infirmerie ! » dit-il, Sirius sur ses talons.
Theodore regarda d’un air mauvais Joey et Billy.
« Vous ne payez rien pour attendre, tous les deux … » dit-il de sa voix sombre.
Mais il lança la baguette de Joey sur le sol avant de suivre Drago du côté où il était parti. Billy, toujours un sourire aux lèvres, malgré la menace de Theodore, se tourna vers Joey. Il était encore affalé contre le mur, ses jambes en coton à cause du sortilège de Sirius et du sang s’écoulant sur sa joue.
« Ian Wen. C’est un crétin. Tu sais … c’est ce type … il a des traits asiatiques, un air toujours supérieur sur le visage, des cheveux noirs et cette fâcheuse tendance à parler à tort et à travers. » Me répliqua Billy d’un ton méprisant et je me doutais que c’était l’image de ce garçon, qu’il avait à l’esprit, à qui il destinait cette intonation. J’acquiesçais alors, pas très certaine d’arriver à coller cette description subjective à un élève du château. « Tu me le montreras. » Je soupirais à moitié. « J’espère que ce n’est pas le beau garçon qui m’a ouvert la porte tout à l’heure… » Car d’une certaine façon, si Billy le haïssait, ou du moins portait ce regard négatif, peut-être que je me fourvoyais complètement.
J’avais du mal à reprendre le fil de ma lettre. Comment je pouvais expliquer ma répartition à Serpentard, sachant que je n’étais même pas sûre que ce choix fût judicieux. « Pourquoi tu dis ça ? » Je sentis Billy se tendre, comme pris au dépourvu. « Je t’avais dit de ne pas soudoyer le Choixpeau ! » Je n’en attendais pas moins de lui. J’eus presque envie de rire mais même un sourire ne put se dessiner sur mon visage et mes sourcils se froncèrent instinctivement. Mais ce fut la suite qui me surprit et me sortit de ma transe qui jusque-là m’avait évité de pleurer. Il passa son bras derrière mes épaules et cette proximité me mit mal à l’aise tout d’abord, je lui envoyais donc une tape qui, sans surprise, me fut rendue. Et ce fut presque comme avant, à la maison, alors que Billy commença à “se battre“ avec moi. Sa main passa dans mon cou je ne pus contenir le réflexe de ma jambe qui envoya valser l’encrier.
Je m’écartais immédiatement de mon adversaire pour me précipiter à terre et nettoyer la tâche qui imprégnait déjà le tapis de la salle commune. « Hey, petite maligne … C’est pas chez toi ici. T’es pas obligé de toujours tout nettoyer et de rendre les choses parfaitement parfaites. » Souffla Billy, abaissé à ma hauteur. Les mots restèrent coincés dans ma gorge. Il lui semblait si facile de lire en moi. « Mais … je suis certain que tu connais le sortilège pour effacer une tâche trop récalcitrante. » Je lui rendis son sourire. S’il y avait bien une chose que je connaissais c’était ce type de sortilèges contrairement au jeune homme qui semblait bien embêté pour faire partir la tâche. Je ne me fis pas prier davantage et sortis ma baguette pour lancer le sort adéquat.
« Serpentard ou non … tu es en tout cas la plus intelligente sorcière que je connaisse en Sortilèges. » Je me remis debout, assimilant ce compliment. Je me sentais pourtant gênée, le pensait-il vraiment ? Ou était-il embarrassé par ma presque fuite de larmes de tout à l’heure ? « Et toi le plus doué pour remonter le moral. » Lui dis-je en le regardant quelques secondes dans les yeux. « Bon, je vais aller dormir. A demain ? » Je rangeais ma lettre, plus aussi empressée de la finir pour monter me coucher également. « A demain… Crétin ! » Il me fallait remettre les compteurs à zéro et repartir sur une relation qui nous était familière. Dans ma tête je me promis que ce débordement n’arriverait plus jamais. C’était trop bizarre. Et pourtant si juste. Jeudi 20 mai 1997
C’était assez étrange tout ça. Ces moments passés ensemble sans se forcer, sans être obligé. J’avais l’habitude de côtoyer Billy car il était le fils d’amis de mon père, parce que j’appréciais sa sœur et son frère. Mais lui. C’était nouveau. Et ce n’était pas dérangeant. « T’inquiètes … j’ai un plan … » Me répliqua-t-il, sûr de lui comme toujours. « C’est les jumeaux McGregor qui m’ont montré l’endroit, l’an dernier. » Je le suivis dans ce passage mystérieux qui menait aux cuisines, malgré les réprobations des elfes de maison. « Nous ne faisons que passer désolée » Tentais-je de tempérer mais Billy avait autre chose en tête et osa demander pour une douceur qui nous fut, à ma plus grande surprise, accordée. J’en tombais presque mon livre alors que mon dessert préféré se matérialisa dans ma main libre.
Une fois sortis, je n’eus pas le temps de demander quelle était la suite du plan que Billy m’encouragea à ingérer le contenu de la coupelle. « Dépêche-toi de la manger. » Je ne me fis pas prier et engloutis en quelques bouchées grossières ma mousse au chocolat. Délicieuse d’ailleurs. Mais j’eus à peine avaler que…« Tiens, tiens, William Prewett … et sa petite-amie ? » Euh non. « Je ne suis pas sa petite… » Commençais-je à répliquer, offensée. Mais les fidèles de Draco rappliquèrent et n'eurent de yeux que pour mon ami Prewett. Le fameux Ian Wen fut le premier à lancer les hostilités. Billy trébucha et sans attendre davantage je lâchais mes livres pour saisir ma baguette pour le défendre. Néanmoins, le plus grand ne me laissa pas la brandir qu’il me l’arracha des mains en me bousculant.
Je n’étais pas de taille à affronter des sixièmes années, mais je ne me gênais pas pour leur lancer un regard noir, en particulier à celui qui pointer ma propre baguette sur moi. Et malgré les nombreux coups que se prit Billy, le plan semblait marcher comme sur des roulettes. Parce que c’était ça son plan, non ? Draco, qui avait remarqué la mousse au chocolat, se servit sans gêne et à mon plus grand bonheur, Ian en avala trois cuillerées. Je ravalais mon sourire, attendant avec impatience que le berlingot fasse effet. « Bon, Prewett … il n’est vraiment pas trop tard pour rejoindre les rangs, tu sais … Certes, tu n’es pas un Sang-Pur, mais ton père en est un. Et ta mère descend de la lignée des Gaunt. Tu pourrais être utile à notre cause. » Je déglutis bruyamment et Theodore ne manqua pas de réitérer sa menace en rapprochant la baguette de mon visage. Billy, les rejoindre ? Beurk.
Puis enfin, le berlingot commença à faire effet. Je savais que Billy se délectait du spectacle tout comme moi, à regarder Draco se tortillait de douleur mais surtout Ian Wen se gratter grossièrement le derrière. Quand étais-je devenue si sadique ? Je secouais la tête, chassant mes dernières pensées de remords, ils le méritaient bien ! « Qu’est-ce qui se passe ? » Demanda Theodore. J’abaissais ma baguette de mon visage et il ne manifesta aucune résistance. « Je crains qu’ils n’aient mangé trop de… mousse. » J’affichais un petit sourire en coin, alors que les deux contaminés couraient déjà pour trouver une toilette. Leurs menaces de vengeance ne m’inquiétèrent pas outre mesure, il me restait quelques berlingots en réserve pour leur passer tout envie d’essayer. « J’ai gagné le pari, hein ? » A peine avaient-ils tournés au couloir que Billy réclamait ses acclamations. « Ouai ouai c’est bon ! La prochaine fois essaie de faire ça proprement. » Je désignais le sang sur sa joue. « N’empêche, quel gâchis ! C’était une délicieuse mousse au chocolat ! » Cette fois-ci je pris le temps de m’essuyer la bouche, et en effet, il restait du chocolat sur mon menton.
Je ramassais mes livres et ma baguette. « On devrait se préparer à se protéger, ils ne vont pas tarder à vouloir répliquer. » Je réfléchis un instant, aidé mon ami à se relever. « Enfin, nous avons 24 heures devant nous, je crois que c’était ce qu’il y avait écrit sur la boîte. » Jeudi 3 juillet 1997
C’était fait. Je venais d’achever ma première année à Poudlard et je me sentais tellement reconnaissante pour ces mois passés au château. Tout était parfait. Enfin presque. Ces derniers jours de terribles événements s'étaient déroulé à Poudlard. Le Professeur Dumbledore avait été tué dans l'enceinte du château. J'ignorais comment, j'ignorais véritablement pourquoi. Mais à présent l'ombre du Seigneur des Ténèbres semblait plané au dessus de l'établissement. Une tension régnait dans les couloirs, je la sentais sans vraiment m'en préoccuper. Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Étions-nous vraiment en danger ? Ainsi, la fin d'année se déroula dans un silence relatif au deuil. Les funérailles eurent lieu le matin même et je ne pus retenir une larme de couler le long de ma joue. C'était la fin d'une ère et le début de quelque chose de terrible.
Pourtant je ne pouvais m'empêcher de me sentir dans mon élément. A Poudlard, une nouvelle vie s’offrait à moi, avec tellement de perspectives. En étant loin de la maison, loin de cette atmosphère sombre et triste, je me sentais mieux. Et malgré les événements récents au château et à l'ascension d'un mage noir, la vie était beaucoup plus facile à l'école magique. Je pouvais faire tellement et rêver à un avenir rien qu’à moi. J’en étais convaincue. J’accomplirais de grandes choses, sans aucun doute ! Et même si je rentrais à la maison, je savais que cet été serait différent de tous ceux auparavant car je repartirais à Poudlard en septembre, et l’année suivante également. Mais plus que tout, j’étais ravie de rentrer pour retrouver mon père. Il m’avait manqué et j’espérais qu’il se dirait la même chose en nous voyant Alec et moi.
Nous étions à la gare, attendant le train. Tout le monde était morose, les funérailles étaient terminées et une ambiance lourde pesait sur le quai. Je ne manquais pas de dire au revoir à Hagrid, encore secoué par les événements, et partis à la recherche de mon frère pour le trajet, il avait insisté pour être sûr qu’on rentre bien ensemble. « Hey ! » Je fis volte-face sur le quai encore bondé d’élèves et me retrouvais nez-à-nez avec Billy. « Ah salut ! Je cherche Alec, tu ne l’aurais pas vu ? » Je remontais mon sac sur mon épaule, tenant ma valise d’une main et Minerve ma chouette de l’autre, essayant de ne pas me faire bousculer par les autres. Billy chercha du regard, tout comme moi Alec mais en vain, il y avait beaucoup trop de monde sur le quai. Il proposa alors que l’on monte à bord, mon frère nous retrouverait par la suite dans l’une des cabines. J’acquiesçais et le suivis sans plus de cérémonie. « On peut s’installer là ! Il n’y a personne. » Je rangeais mes bagages au-dessus des sièges pour ensuite m’affaler dessus. Billy suivit mon exemple et on attendit quelques secondes en silence, ou du moins avec les jacassements de Minerve en fond.
« Ah ! Vous voilà ! On passe la nuit chez les Davis ce soir, Papa et maman ne peuvent pas venir nous récupérer à la gare directement. C’est James qui va venir pour nous quatre. » C’était Josh. Il déboula dans la cabine en déblatérant tout son petit discours. « Ah… D’accord. » Personne ne m’avait prévenu moi. J’espérais seulement que Papa aura prévu quelque chose à dîner. « Tu n’as pas croisé Alec ? » Je tentais mais Josh secoua négativement la tête avant de s’asseoir à côté de moi, juste en face de son frère. Je guettais distraitement l’arrivée d’Alec par les portes vitrées de la cabine mais à la place, ce fut Ian Wen qui passa devant en nous jetant un regard noir. Manifestement il n’avait pas oublié notre farce du berlingot et bizarrement il n’avait toujours pas préparé sa vengeance. Mais Draco restait absent au bataillon. Tout comme Severus Rogue, notre professeur de Défenses contre les forces du mal. Tout le monde semblait penser que la rentrée suivante serait très différente et je n'avais pas de mal à les croire malgré cette impatience d'y retourner qui ne me quittait pas.
Nous sommes le jeudi 20 mai 1997. Billy Prewett est le deuxième fils de Louis et Adèle Prewett et est dans sa deuxième année à Poudlard. Cette année, Joey l'a rejoint à Poudlard et plus particulièrement dans la maison des Serpentard. Une sorte d'entente semble être née entre eux, notamment grâce aux paris qui rythment leurs aventures.
Go back to memories
Joey leva les yeux au ciel, comme doucement agacée de l’arrogance de Billy face à sa victoire.
« Ouai ouai c’est bon ! » dit-elle. « La prochaine fois essaie de faire ça proprement. »
Elle pointa du doigt sa joue. Billy passa sa main dessus et l’observa un instant. Sa première blessure de guerre ! Il avait affronté des grands de sa maison et il s’en était plutôt bien tiré.
« N’empêche, quel gâchis ! C’était une délicieuse mousse au chocolat ! » se lamenta Joey en s’essuyant la bouche, comme si elle se délectait encore du goût sur ses lèvres. « Tu en referas une cet été, hein ? » lança Billy, essayant vainement d’attraper sa baguette qui avait roulé dans le couloir.
Il avait toujours adoré se moquer de Joséphine et de ces petites manies de maman à la maison. Mais il fallait bien l’avouer : sa cuisine était délicieusement bonne.
« On devrait se préparer à se protéger, ils ne vont pas tarder à vouloir répliquer. »
Joey annula le sort de jambes en coton de Billy et, soulagé, le garçon attrapa sa baguette et se releva grâce à l’aide de son amie.
« Les jumeaux McGregor nous donneront bien un coup de main s’il faut. » assura Billy.
Ron et Sam faisaient toujours tous leurs coups à deux, mais si leur cousin réclamait de l’aide, ils viendraient bien lui porter secours, n’est-ce pas ? Au pire, Billy pouvait aussi compter sur Fergus et Chris, deux de ses plus proches amis.
« Enfin, nous avons 24 heures devant nous, je crois que c’était ce qu’il y avait écrit sur la boîte. »
Billy éclata de rire en revoyant Ian et Drago s’enfuir à toutes jambes.
« Franchement, ces berlingots de fièvre étaient une bonne idée. Bien joué, Davis ! » dit-il en entamant un check avec la jeune fille.
C’était peut-être le début de quelque chose ?
Jeudi 3 juillet 1997
Billy, les épaules voutées, adressa un dernier signe de main à Alex sur le quai de la gare de Pré-au-Lard. La jeune fille lui sourit avant de passer un bras autour de Casey et de monter dans le train à son tour.
Les derniers jours avaient été éprouvants et Billy avait fait encore de nombreux cauchemars. Il revoyait encore le sang dans les couloirs, les cris glaçants, le corps du directeur dans la cour pavée et la peur dans les yeux d’Alex. Il s’était souvent réveillé en pleurs dans son lit. Il savait qu’il n’était pas le seul. Fergus aussi avait un sommeil agité et avait du rester bien une journée à l’infirmerie pour se remettre du maléfice. « A la vie, à la mort », c’était ce qu’ils s’étaient dits.
Ce matin avait eu lieu les funérailles du directeur. C’était étrange de vivre ça. C’était les premières pour Billy. Il venait d’avoir 13 ans et cette cérémonie lui avait énormément retourné l’estomac. Il y avait eu beaucoup de personnes importantes, des étrangers que Billy ne connaissait pas. Il était resté auprès de son père et de Edmund tout au long de la cérémonie, s’accrochant désespérément au bras de son héros. Louis Prewett l’avait serré dans ses bras, lui frottant le dos, parlant avec lui pour le rassurer et lui expliquer ce qu’il se passait.
Louis avait été blessé pendant la bataille, mais ce n’était rien comparé à d’autres professeurs. Le professeur de Défense contre les Forces du Mal s’était notamment jeté au travers d’un sortilège qui aurait pu toucher mortellement Louis. Le professeur Chastang avait été évacué au plus vite à l’hôpital Sainte-Mangouste où ses jours n’étaient plus en danger désormais. Mais il lui faudrait encore quelques semaines pour se remettre complètement de ce sortilège.
Le lendemain de l’attaque, Louis avait contacté Adèle et Vicky à travers la cheminée du directeur et Edmund et Billy étaient venus eux aussi rassurer leur mère et leur petite sœur. Dans quelques heures, ils seraient bientôt tous réunis et cette pensée rassurait Billy. Sa famille, son cocon.
Cherchant un visage familier après le départ d’Alex, Billy aperçut alors Joey un peu plus loin. Elle semblait un peu encombrée avec ses bagages, aussi menue était-elle. Billy n’était pas grand lui non plus mais n’avait pas autant de bagage que son amie. Il fit rouler sa valise jusqu’à la jeune fille qui cherchait de tous côtés quelqu’un.
« Hey ! » dit Billy en posant une main sur son épaule.
Comme toutes les filles de son âge, Joey le dépassait. Cependant, c’était moins impressionnant qu’Alex puisque Joey avait quelques mois de moins que lui. Toutefois, la jeune fille dut baisser les yeux pour le regarder. Billy essayait de faire comme si ça ne le touchait pas mais il avait vraiment hâte de grandir. C’était pénible d’être le plus petit de sa classe, surtout quand Fergus était une véritable perche à côté de lui.
« Ah salut ! » répondit Joey. « Je cherche Alec, tu ne l’aurais pas vu ? »
Billy chercha à son tour sur le quai de la gare. Tous les élèves se pressaient pour monter dans le train, sous le regard des adultes du château et des habitants de Pré-au-Lard. Se disaient-ils que c’était peut-être la dernière fois qu’ils verraient ces élèves ? Avec la mort de Dumbledore, tout était devenu bien incertain. Billy avait bien essayé de regarder Harry Potter et ses amis mais il était difficile de voir ce qu’ils prévoyaient.
« Je ne le vois pas. » dit Billy. « On va trouver une cabine, et il nous rejoindra à ce moment-là ? »
A force de traîner ici, ils risquaient de devoir partager leurs cabines et Billy n’avait aucune envie de se retrouver en compagnie de Ian, de Sirius ou d’autres Serpentard. Joey ne répondit pas mais lui emboîta le pas. Billy et elle visitèrent plusieurs wagons avant de trouver enfin une cabine de libre.
« On peut s’installer là ! Il n’y a personne. »
Billy acquiesça et tous deux s’entraidèrent pour monter leurs bagages encombrants au-dessus des sièges. Du haut de leur 12 et 13 ans, ils n’étaient pas assez grands et risquèrent par deux fois de se faire tomber une valise sur leurs pieds. Mais à l’aide de quelques sortilèges, les bagages étaient enfin callés. Il ne restait que Minerve, la chouette de Joey qui ne cessait de jacasser, comme agitée par ce départ.
Joey s’installa sur la banquette et Billy fit de même en face d’elle. Il regardait par la fenêtre où le quai s’était petit à petit désempli. De là où il était, il voyait le château. Des nuages pointaient à l’horizon, comme si un orage se préparait. En plissant les yeux, Billy semblait encore voir la Marque des Ténèbres flotter dans le ciel et il déglutit, soudain mal à l’aise, comme s’il revivait un cauchemar.
Il s’enfonçait dans son siège quand Edmund fit soudainement irruption dans leur cabine.
« Ah ! Vous voilà ! » s’écria-t-il. « On passe la nuit chez les Davis ce soir, Papa et maman ne peuvent pas venir nous récupérer à la gare directement. » « Quoi ?! » lança Billy. « C’est James qui va venir pour nous quatre. » « Ah… D’accord. » répondit Joey, visiblement dubitative. « Mais … pourquoi ?! »
Billy ne pouvait cacher sa déception.
« Parce que c’est comme ça. » le coupa Edmund sèchement.
Billy, furieux, lui balança un coup de poing dans l’épaule alors que Eddie lui donnait un coup de pied.
« Arrête un peu de jouer les bébés. » « Mais papa avait promis qu’on serait tous réunis ce soir ! » « Les choses ont changé. Maman a été appelée pour son travail et papa doit encore aider le professeur McGonagall pour des papiers. »
C’était la façon dont Eddie mettait fin à la discussion avec un regard sévère.
« Tu n’as pas croisé Alec ? » intervint Joey.
Edmund posa son regard sur elle avant de secouer la tête.
« Non, désolé. » dit-il en s’asseyant à côté d’elle. « Je le cherchais aussi, je pensais qu’il était avec vous. »
Edmund et Joey ne quittèrent pas la porte vitrée de la cabine des yeux, attendant visiblement l’arrivée d’Alexander Davis. Mais Billy était parti pour bouder. Le menton dans une main il regarda obstinément par la fenêtre jusqu’à le train se mette en branle. Il vit le garde-chasse, Hagrid, agiter la main pour saluer les élèves et un frisson parcourut le dos de Billy alors que les larmes lui montaient aux yeux. Il les essuya rapidement, essayant d’ignorer que ce soir il ne dormirait pas auprès de sa mère.
Une heure passa avant que Eddie ne se décide d’aller chercher Alec par lui-même. Billy le regarda partir avant de croiser le regard de Joey. En la voyant ainsi, il ne s’était pas aperçu à quel point elle était inquiète elle aussi. Billy déglutit, mal à l’aise. Il ne savait pas rassurer les autres, malgré ce que Joey lui avait dit cette autre fois en décembre. D’habitude, c’était les autres qui le rassuraient lui. Mais Joey ne cessait de se tortiller les mains et elle n’avait pas tourné une page de son bouquin depuis une demi-heure, comme relisant toujours et toujours le même paragraphe.
« Euh … Joey ? »
La jeune fille releva la tête vers lui et Billy déglutit à nouveau.
« Euh … ça te dit une partie de Bavboules ? »
Son père lui avait toujours dit que s’il n’avait pas le moral, les Bavboules savaient toujours tout résoudre. Billy monta sur la banquette pour attraper les boules dans son sac et les présenta à Joey, avec fierté.
« Je les ai gagnées face à Fergus. Il en a des tas ! On joue ? »
Un sourire s’afficha naturellement sur ses lèvres, comme si la perspective d’avoir pensé à son père sous ce jour l’avait aidé à voir les choses autrement. Joey et Billy commencèrent à jouer, bientôt rejoints par Edmund et Alec qui étaient finalement réapparus.
Les discussions étaient soudain bien plus animées et petit à petit, l’ambiance morose quitta la cabine pour laisser place à des rires et des discussions plus légères. Edmund se massait la nuque, parlant visiblement d’une fille, Penelope, qui lui avait adressé une lettre d’amour. Billy rit sous cape, croisant le regard de Joey, elle aussi amusée.
Il était 19h40 quand le train s’arrêta à la gare de King’s Cross.
« On est arrivé ! » s’écria Billy en courant à la fenêtre pour chercher James Davis.
Edmund et Alec aidèrent les plus jeunes à prendre leurs valises et tous quatre descendirent du train. Il y avait de nombreuses familles pour accueillir les enfants et beaucoup d’effusions de larmes, comme si certains parents avaient cru ne jamais revoir leurs enfants. Un pincement serra le cœur de Billy en pensant à sa propre mère.
« BILLY !! EDDIE !! »
Billy tourna la tête sur la gauche d’où une petite voix de fillette avait résonné. Edmund s’élança au devant et attrapa Vicky au vol dans ses bras. Vicky riait en serrant son frère aîné dans ses bras. Un homme arrivait derrière elle. La barbe mal rasée, les cheveux bouclés sur le dessus du crane, et une lèvre fendue, il affichait pourtant un sourire en voyant les enfants.
« Salut James ! » lança Eddie en reposant Vicky pour serrer la main de James.
Vicky s’approcha de Billy et le prit aussitôt dans ses bras. Billy se dérida un peu et lui rendit son étreinte, rassuré de voir que sa petite sœur serait ce soir avec lui.
« Vous allez bien, tous ? »
James regarda tour à tour les enfants, s’attardant néanmoins un instant sur Alec qui avait le regard fuyant. Billy lança un regard vers Joey pour guetter sa réaction en voyant son père.
« Comment va ma petite libellule ? »
James sourit plus franchement, conscient que le surnom gênait toujours Joey.
« On rentre ? Vous êtes prêts ? » demanda-t-il. « On va passer prendre des pizzas dans le kiosque du coin avant de transplaner à Bristol. » « OUAIS !! » s’écria Billy. « Des pizzas ! »
Il lança un coup de coude à Joey pour voir si elle était aussi contente que lui. Finalement, cette soirée ne serait pas si pourrie que ça.
Lundi 1er septembre 1997
« On pourrait s’inscrire au club de Duels ? » proposa Billy.
Joey leva le nez de son bouquin et Billy poussa un soupir, croyant qu’elle faisant encore exprès de l’ignorer.
L’été était fini et les élèves avaient repris le chemin de Poudlard. Du moins, la plupart. Certains parents avaient refusé de remettre leurs enfants au château. Il fallait dire que l’été avait été fortement mouvementé. Le Ministre de la Magie avait été tué il y avait un mois et les Mangemorts étaient désormais au pouvoir. Sa mère, Adèle, n’avait pas été souvent à la maison, malgré les protestations de Louis lui recommandant de se mettre à l’abri. Bien souvent, la fratrie Prewett avait été envoyé chez les Davis ou chez les McGregor. Les temps étaient incertains et tous les adultes étaient inquiets.
De son côté, les cauchemars de Billy avaient fini par se tasser. Il fallait dire qu’il avait eu d’autres choses à penser : il avait enfin gagné quelques centimètres cet été et il avait fallu lui racheter toute une garde-robe. Son corps s’était allongé et ses formes étaient désormais un peu mieux proportionnées même si le Médicomage qu’il était bien parti pour grandir encore cette année et l’été prochain. Billy était fier de lui et, bien décidé à mettre en évidence sa nouvelle apparence, Billy avait proposé à Joey de rejoindre un club de Poudlard.
« Pitié, pas la chorale. C’est tout ce que je demande. » dit-il. « Pourquoi pas la chorale ? » chantonna Vicky, à côté de lui, qui balançait les jambes sur sa banquette.
La jeune fille entamait sa 1ère année et ne tenait pas en place. Elle voulait sans cesse aller se promener dans le Poudlard Express pour découvrir au plus vite ses camarades de classe. Mais les parents avaient demandé à Edmund et Billy de veiller sur leur petite sœur tout au long de l’année et Edmund avait décrété qu’elle aurait tout le temps de nouer des liens avec ses camarades de classe pendant le trajet en barque. Vicky avait longtemps boudé avant de s’intéresser à tout ce que disaient Joey et Billy.
« Parce que ! » répliqua Billy, agacé. « Je n’ai pas envie de porter un collier hawaïen et de me déhancher sur scène. C’est pas … un truc cool. Le duel, c’est mieux ! »
Il insistait avec son regard sur Joey pour qu’elle acquiesce enfin. Mais soudain, le train eut quelques soubresauts.
« Oh ! Qu’est-ce qu’il se passe ? » s’écria Edmund qui se redressait après être tombé sur Alec.
Le train s’arrêta dans un long sifflement.
« Des Détraqueurs ? »
Edmund regarda avec anxiété Alec. Ils avaient raconté que lors de leur premier trajet en train, des Détraqueurs étaient montés à bord du Poudlard Express à la recherche du détenu Sirius Black. Cela avait été une expérience très angoissante pour eux.
Tout d’un coup, plusieurs élèves passèrent devant leur cabine, comme fuyant quelque chose. Des cris résonnaient et des voix fortes qui donnaient des ordres.
« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda la petite voix de Vicky.
Billy attrapa sa main dans la sienne, poussé par un élan de chevalerie bien que lui-même commençait à trembler. Son regard croisa celui de Joey avant de se tourner vers Edmund.
« Sortez vos baguettes. » intima Alec.
Tous obéirent alors que des pas se rapprochaient. Un homme apparut dans l’encadrement de leur cabine et l’ouvrit d’un sortilège. Alec et Edmund pointèrent aussitôt leurs baguettes sur lui. Ils n’étaient qu’en 5ème année mais ils étaient prêts à défendre les plus jeunes. L’homme grogna, visiblement guère de bonne humeur.
« Assis les gamins. Présentez-moi vos cartes d’identité et vite ! »
Le cœur de Billy tambourinait dans sa poitrine alors que Edmund et Alec hésitaient visiblement à savoir quoi faire de leurs baguettes pointées.
Billy sursauta alors que Vicky enfouissait son visage contre lui, tremblante. Contrôle d’identité ? Pourquoi ? Que cherchaient-ils ? D’autres hommes passèrent derrière lui. Les mêmes mots résonnaient dans le wagon. Cherchaient-ils Harry Potter ? Personne ne l’avait vu sur le quai de la gare et pour cause, il était recherché dans tout le pays. Alors qui ? Quoi ? Dans quel but ?
Mon regard balaya le paysage, pensif. J’avais l’impression que ce train n’avait aucune conscience de ce qui s’était passé à Poudlard. Comme si tout ceci n’avait aucune importance. Et que je faisais partie de cette indifférence. Nous étions en route pour rentrer chez nous, à nous éloigner de ce danger alors que le professeur Dumbledore avait été tué. La tension était bien présente entre les wagons mais surtout accompagnée par une immense tristesse. J’avais beau avoir seulement onze ans, j’étais bien capable de ressentir cette énergie anxiogène qui nous enveloppait. Je voulais rentrer pour retrouver une certaine sécurité auprès de mon frère Alec en particulier et j’espérais aussi un retour en septembre plus calme.
« Quoi ?! » S’exclama Billy à l’annonce de Josh. Je le sentis désarçonné par cette nouvelle, il n’allait pas rentrer chez lui et retrouver ses parents. Aurors de surcroît. De quoi se sentir plus en sécurité. « Arrête un peu de jouer les bébés. » Josh réprimandait déjà son frère face à sa mine boudeuse. « Mais papa avait promis qu’on serait tous réunis ce soir ! » Louis avait été présent aux funérailles pour son métier mais lui aussi ne semblait pas aussi parfait que je le croyais. Il ne tenait pas toujours ses promesses, comme Papa. « Les choses ont changé. Maman a été appelée pour son travail et papa doit encore aider le professeur McGonagall pour des papiers. » Billy se recroquevilla sur sa banquette, les yeux fixés au dehors alors que je questionnais son grand frère au sujet d’Alec. « Non, désolé. Je le cherchais aussi, je pensais qu’il était avec vous. » Je soupirais fortement, impatiente de retrouver mon frère et quelque part un peu inquiète. Comment ne pas l’être après tout ce qui venait de se passer ?
Face à mon appréhension vis-à-vis de mon frère, Josh partit à sa recherche alors que le train prenait plus d’allure. « Euh … Joey ? Euh … ça te dit une partie de Bavboules ? » Je lâchais mon livre que je peinais à poursuivre. « Je les ai gagnées face à Fergus. Il en a des tas ! On joue ? » J’acquiesçais de la tête, pas totalement convaincue, quoi que, une distraction était la bienvenue. Beaucoup d’élèves de Poudlard proclamait les Bavboules trop ringards, pour ma part, encore en première année, je restais admirative de celles que Billy mit sous mon nez. « Tu as celle aux couleurs de Serpentard ! » Billy traça un cercle avec sa baguette pour nous permettre de commencer le jeu. Je m’emparais de la blanche et d’une autre transparente avant de lancer la première pour expulser celles de mon adversaire. Au fur et à mesure du jeu, j’oubliais un peu que Josh était parti à la recherche d’Alec et tout ce qui s’était passé ces derniers jours à Poudlard. Un liquide vert gicla sur Billy et je ne pus retenir un éclat de rire alors que sa mine boudeuse d’un peu plus tôt disparaissait progressivement.
Josh et Alec nous rejoignirent enfin, pile au moment où ce fut à mon tour de recevoir une giclée rose sur le visage. Mon frère ne manqua pas de se moquer de moi et je fis de même lorsque Josh parla de ses mésaventures amoureuses. Je lançais un regard choqué à mon voisin d’en face qui ne pouvait retenir ses gloussements. Josh ? Victime d’une lettre d’amour ? Les deux informations n’arrivaient pas à se connecter dans mon esprit, je rejoignis les rires de Billy alors que son frère tentait de survivre à son malaise. Puis nous arrivâmes enfin en gare. Je me saisis de Minerve alors qu’Alec s’occupait de ma valise. Vicky sauta au cou de ses frères et je me retins de faire de même avec mon père. « Comment va ma petite libellule ? » Je lui souris, mal à l’aise. J’étais heureuse de le retrouver mais peinée de le découvrir dans cet état, si mal soigné et comme sorti d’une bagarre. Néanmoins, je tentais de ne pas y prêter attention et calais ma tête contre son torse alors qu’il caressait mes cheveux. « On rentre ? Vous êtes prêts ? On va passer prendre des pizzas dans le kiosque du coin avant de transplaner à Bristol. » Mon sourire s’agrandit à cette proposition et Billy ne put cacher plus longtemps son enthousiasme. « Pizza royale pour moi ! » Je m’exclamais, me tournant vers Alec, qui ne semblait guère prendre part à notre excitation. Pourquoi ? Bien qu’inquiète au sujet de Papa, le voir d’aussi bonne humeur, prévoyant quant au dîner, j’occultais tout le reste très facilement. Pour l’instant.
Lundi 1er septembre 1997
L’été avait été mouvementé. Alastor Maugrey, Auror reconnu, avait été tué fin juillet puis le ministre de la Magie. Papa avait passé davantage de temps à la maison qu’ordinaire, préoccupé par toutes ces nouvelles, tout comme Alec. Je ne mesurais pas totalement l’ampleur de ce que cela signifiait pour nous, pour le monde sorcier. Billy, Josh et Vicky passèrent plusieurs jours à la maison et j’étais alors bien occupée à seconder mon père pour la préparation des repas.
Je craignais également qu’on ne puisse retourner à Poudlard en septembre. Malgré le danger, je ne pouvais concevoir une année entière à la maison, dans cette atmosphère sombre et lugubre que mon père avait instaurée dans les murs. Selon les rumeurs, Harry Potter ne retournerait pas au château non plus. « Papa. Alec et moi on va retourner à Poudlard en septembre, hein ? » Je le sentis dubitatif, il était tard le soir et je ne voulais pas allée dormir avant d’être rassuré à ce sujet. Il acquiesça simplement, pensif. Mais ce fut suffisant pour moi, j'avais à présent l’esprit plus tranquille.
Le matin du premier septembre, Papa nous laissa sur le quai et je ne manquais pas de l’enlacer avant d’embarquer à bord du Poudlard Express. « On pourrait s’inscrire au club de Duels ? » Billy s’emballait déjà sur les options à notre portée. « Je sais pas… Je n’ai pas eu de très bonnes notes en sortilèges l’année dernière, ça va faire baisser ma moyenne… » Je calais ma tête contre mon dossier, réfléchissant aux autres options et si elles pourraient nous convenir à tous les deux. Il avait insisté pour qu’on ait un cours en commun et je n’étais pas celle qui avait décliné l’offre. Nous nous entendions beaucoup mieux et il m’arrivait de me demander pourquoi nous avions passé tant d’années à nous détester pour finir par chercher désespéramment à trouver une option commune. « Pitié, pas la chorale. C’est tout ce que je demande. » Une voix fluette interrompit notre échange. « Pourquoi pas la chorale ? » Je pouffais de rire. « As-tu déjà entendu chanter ton frère Vicky, c’est pas le Professeur Flitwick qui le laisserait chanter en solo ! » Voyant son regard dubitatif, je précisais. « Le Professeur de Sortilèges, il dirige aussi la chorale de l’école. » Billy en rajouta une couche, visiblement traumatisé par cette éventualité. « Parce que ! Je n’ai pas envie de porter un collier hawaïen et de me déhancher sur scène. C’est pas … un truc cool. Le duel, c’est mieux ! »
Je sentis le regard de mon ami sur moi, appuyé comme pour me convaincre par la pensée. Après tout quoi de mieux qu’un peu d’exercice pour s’améliorer… ? Le train freina brusquement. Je retins la cage de Minerve de tomber sur Billy et sa sœur. Je collais mon visage à la vitre du train, essayant d’apercevoir ce qui avait bien pu nous stopper si brusquement. « Des Détraqueurs ? » Je scrutais le visage livide de Josh et un frisson parcourut l’ensemble de mon corps. Était-ce vraiment eux ? Sans m’en rendre compte, je me mis à trembler, mes dents claquant presque. J’avais trop souvent entendu des histoires sur ces créatures et leurs effets sur les autres sorciers. Il était certain que je n’avais aucune hâte d’en croiser un à mon tour. « Qu’est-ce qui se passe ? » Personne n’avait la voix assez assuré pour lui répondre et j’agrippais le rebord de la fenêtre lorsqu’ Alec s’exclama : « Sortez vos baguettes. »
Je me mis à chercher désespérément ma baguette, tout à fait consciente que je ne pourrais rien faire contre les détraqueurs, ne sachant pas exécuter un patronus. Puis la porte coulissa violemment, grinçant sur le rail. « Assis les gamins. Présentez-moi vos cartes d’identité et vite ! » Aucun de nous n’osa bouger, encore ébranlé par l’absence des détraqueurs. « CONTRÔLE D’IDENTITE ! DEPECHEZ-VOUS » Je sursautais derechef, attrapant mes papiers pour les tendre à l’homme renfrogné qui me les arracha presque des mains. « Vous cherchez Harry Potter ? » Il me jeta un regard dédaigneux et je sentis celui d’Alec m’intimait de me taire. « Il n’est pas à bord de ce train, vous perdez votre temps. » Rétorqua Josh. L’homme ne daigna pas répondre et nous rendit nos papiers sans manières. « Vous savez où il est ? » Son ton tranchant ne le quittait pas. Chacun de nous secoua la tête et seul Alec répondit oralement. Il quitta la cabine comme il était venu, sans ménagement et rapidement.
Je sentis que nous reprenions tous notre souffle. « Il va revenir à Poudlard vous croyez ? » Je murmurais, par peur d’être entendu par les hommes qui venait de quitter le train, ce dernier se remettait déjà en marche. Billy haussa les épaules en me regardant, tenant toujours Vicky contre lui. Josh et Alec demeurèrent pensifs sans m’accorder la moindre importance. Je ne comprenais pas tous les enjeux de cette guerre, j’ignorais jusqu’à quel point Harry Potter était important, je l’avais très peu croisé dans les couloirs l’année dernière mais l’ambiance dans la cabine s’était davantage assombrit. Même le château se révéla plus lugubre qu’en septembre dernier, une ombre de danger semblait planer au-dessus. Mardi 25 novembre 1997
Dans un mois c’était Noël. Une fête qui avait toujours eu le don de me réjouir, mais cette année tout était bien différent. Les couloirs étaient si déserts, par crainte de croiser l’un des Carrow, et aucune décoration ne laissait présager la fête imminente. « Tu crois que tout va redevenir comme avant bientôt ? » Je marchais aux côtés de Billy, je l’avais prié de m’accompagner jusqu’à la bibliothèque à la pause matinale. Notre allure trahissait notre inquiétude à demeurer dans ses couloirs, seuls, sans un bruit pour rassurer le résonnement de nos pieds sur le sol en pierre. « Ils écoutaient les noms des morts dans la salle commune. » Je marquais une pause, pas certaine de vouloir énoncer ce que je craignais à voix haute. « J’ai peur d’entendre le nom de Papa, ou celui de tes parents. » Depuis plusieurs jours, les victimes s’empilaient à travers le grésillement de la radio, des sorciers jugés impures. Malgré tout, nous faisions attention à ce que les Serpentard tels que Pansy Parkinson ne soient pas dans les parages, certains soutenaient ce massacre insensé, tout comme notre nouveau directeur, Severus Rogue. Il m’avait toujours filé les jetons celui-là, et maintenant encore plus à la tête de l’établissement. Le Professeur Dumbledore manquait énormément.
Des pas précipités se firent entendre au croisement du prochain couloir. Billy et moi ralentîmes sans concertation. La voix d’Amycus Carrow se démarqua de celles des plus jeunes. Le sorcier à la carrure imposante déboula juste devant nous, trainant un jeune élève par sa baguette. « Alors la retenue te plait ? » En ouvrant la bouche, chacun de ses traits se déforma, déjà tordus ils apparurent davantage de travers. « Un problème vous deux ? » Sans hésitation aucune, mais pas moins tremblante, je me saisis de ma baguette et la pointait en direction du Professeur de magie noire. « Il est temps que l’option duel nous serve ! » Bien souvent nous avions vu l’armée de Dumbledore se mettre en travers des sévices des Carrow, cette fois-ci personne n’était là. Il n’y avait que nous pour agir.
Samedi 2 mai 1998
Le sol semblait trembler sous mes pieds alors que tout le monde s’affolait dans la grande salle. Harry Potter venait de faire son entrée. Ou plutôt son retour dans l’enceinte du château. La tension était à son paroxysme. Nous avions été réveillés au beau milieu de la nuit, des bruits sourds se faisaient entendre à l’extérieur, et je ne pouvais pas être plus terrifiée. L’enchantement que j’avais pu avoir en revenant à Poudlard s’était bien vite envolé. Tout semblait avoir perdu de sa couleur, la gouvernance de Severus Rogue était de fer, quant aux Carrow il ne loupait pas une occasion de sévir. Je sentais encore le sortilège doloris sur ma peau, il était dit que c’était celui qu’il préférait. Comment oublier la sensation de cette douleur ? “La souffrance permet de murir.“ Qui avait dit cela ? J’avais l’impression d’avoir passé plusieurs années en seulement huit mois, comme si plus rien à présent ne pouvait m’ébranler ou presque. Mais l’espoir persistait et je pouvais compter sur Alec et Billy pour me protéger, je gardais mon père informé de tout incident, en essayant malgré tout de le garder à bonne distance de la réalité. Je ne voulais pas rentrer à la maison. Je ne voulais pas laisser Billy, je ne voulais pas abandonner. Et puis Vicky, sa première année était tellement gâchée, loin de tout l’émerveillement que Poudlard constituait traditionnellement. Il était hors de question que je quitte le château, j’avais malgré tout trop peur de ne jamais le revoir.
Tous les élèves de toutes les maisons étaient présents dans la Grande salle et je me pressais contre Billy pour me rassurer. Harry Potter était présent et discutait avec les autres professeurs et membres de l’Ordre du Phénix pour mener à bien sa tâche. Le combat allait avoir lieu ce soir ? Ici ? Plusieurs frissons me parcoururent le dos alors que la voix de Voldemort se fit entendre dans tout le château. Mêmes les cris des plus jeunes filles ne réussirent à couvrir les mots glaçants du mage noir. Je crus entendre le hurlement de Vicky, je me mis à chercher dans tous les sens mais tout le monde était si affolé que je ne pus concentrer mon regard quelque part. « Livrez-moi Harry Potter » Cette phrase résonnait encore tout autour de moi. Puis le Professeur McGonagall insista pour faire conduire les plus jeunes dans les plus hautes tours, et les Serpentard aux cachots puisque Pansy semblait décider à continuer de ternir la réputation de notre maison. Je voulus protester mais le choix ne nous était pas laissé. Je me sentis bousculée puis entassée comme une criminelle à côté des autres. Le silence se fit assourdissant, j’attrapais la main de Billy, encore présent près de moi. Puis, alerte, je devinais le bruit des sorts essayant de forcer les protections de Poudlard. Était-ce la fin de l’école ? « On doit sortir d’ici. » Mon regard plongea dans celui de mon ami et je savais qu’il avait compris le besoin que je sous-entendais.
Nous sommes le lundi 1er septembre 1997. Billy Prewett fait son entrée en 3ème année à Poudlard sous le régime de terreur imposé par Severus Rogue et, au-dessus, le Seigneur des Ténèbres lui-même. Les Prewett et les Davis sont réunis dans une cabine du Poudlard Express quand un contrôle d'identité a lieu ....
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Billy regarda Joey se redresser pour attraper les papiers dans la poche avant de sa valise. Edmund, un regard toujours méfiant rivé sur l’homme, se leva à son tour pour faire de même. Les parents leur avaient dit de garder toujours leurs papiers sur soi ou à portée. « Les temps sont dangereux et on ne sait pas sur qui vous pouvez tomber. » avait dit maman. « Vous n’avez rien à cacher alors présentez-les dès qu’on vous le demande. » avait ajouté James, le regard dur et sombre.
« Vous cherchez Harry Potter ? » lança Joey.
L’homme qui étudiait sa carte d’identité et celle d’Alec leva les yeux vers elle. Billy donna un coup de pied à sa meilleure amie alors qu’Alec lui lançait aussi un regard significatif.
« Il n’est pas à bord de ce train, vous perdez votre temps. » ajouta Edmund.
Billy déglutit, craignant que la conversation ne tourne mal. Eddie n’avait jamais été bien malin et voulait toujours faire le courageux. Sauf que là, il n’y avait aucune fille à impressionner et Vi’ continuait de se presser contre son épaule.
« Vous savez où il est ? » demanda l’homme.
Billy secoua la tête en même temps que Joey.
« Non. » répondit Alec. « Ce n’est pas notre ami. » précisa Billy, osant prendre la parole.
Edmund tourna brusquement la tête vers son frère mais ne dit rien. De son côté, Billy gardait son regard rivé sur l’homme qui l’étudia un instant avant de rendre les papiers à Edmund. L’homme avait une cicatrice au bas du cou et son regard semblait montrer qu’il n’avait peur de rien ni de personne. C’était effrayant de voir un homme aussi sûr de ses convictions. Effrayant et … excitant. Il croyait tellement en ses principes qu’il ne doutait pas qu’il faisait fausse route. Peut-être que pour lui, c’était le juste retour des choses ?
L’homme quitta alors la cabine sans parole et lorsque la porte se referma, Billy poussa un long soupir, chassant de sa tête ses dernières pensées.
« Il va revenir à Poudlard vous croyez ? » murmura Joey.
Billy haussa les épaules alors que Vicky s’écartait doucement, le train se remettant lui aussi en marche.
« Pourquoi tu as dit ça ? Pourquoi tu as dit qu’Harry Potter n’était pas notre ami ? » demanda Edmund.
Billy croisa son regard et redressa le menton, comme un signe de défi.
« Il fallait bien que quelqu’un dans ce wagon soit malin. »
Eddie ouvrit la bouche pour répondre mais il fut interrompu par Alec qui s’était empressé de lancer un nouveau sujet. Billy regarda encore un instant son frère avant de tourner la tête vers Vi’, un sourire, vers Joey, le regard grave, puis vers la fenêtre. Ils arriveraient bientôt à Poudlard. Mais l’ambiance risquait bien d’être différente de celle des autres années …
Mardi 25 novembre 1997
Billy avait eu raison. L’ambiance n’était pas du tout la même que celle d’autrefois. Avec le professeur Rogue en directeur, les choses se passaient autrement. Il y avait également du nouveau dans l’équipe professorale avec l’arrivée du frère et de la sœur Carrow. Billy avait rapidement à les craindre, en même temps que les autres élèves. Leurs cours étaient d’une sévérité implacable et le professeur Amycus Carrow avait décidé de renommer le cours de Défense contre les Forces du Mal en L’art de la magie noire. De son côté, Alecto Carrow enseignait l’Etude des Moldus en l’absence du professeur Burbage. Papa, qui enseignait lui aussi cette matière, était alors devenu l’assistant de la Mangemort. Les cours étaient devenus très difficiles et Billy évitait de croiser le regard de son père durant l’heure, car il savait que c’était une occasion de l’humilier.
La première année de Vi’ était une catastrophe. Cette phrase ne cessait de tourner en boucle dans sa tête. Sa petite sœur n’avait pas la joie de connaitre une véritable rentrée à Poudlard avec l’habituel discours du professeur Dumbledore, ni avec les joyeusetés qui composaient l’année. Ca le tuait et ça le tuait de se dire qu’elle pouvait risquer d’être blessée. La dernière rumeur racontait qu’Amycus s’entraînait à lancer le sortilège Doloris sur les 1ère année et Billy avait été fou à cette idée.
« Tu crois que tout va redevenir comme avant bientôt ? »
La voix de Joey le sortit brusquement de ses pensées noires. Tous deux marchaient d’un pas rapide dans les couloirs du château car Joey souhaitait se rendre à la bibliothèque et il n’était jamais prudent de traîner trop longtemps ici. Leurs pas résonnaient sur les pierres et aucun rire, aucune discussion ne se faisaient entendre. Rien qu’un silence lourd et pesant.
« Je ne sais pas … » avoua-t-il.
Tout le monde espérait qu’un signe de Harry Potter se fasse sentir. Les espoirs de toute une communauté sorcière reposait sur les épaules d’un sorcier de 17 ans. Billy, lui, ne voulait pas trop y penser. Harry se ferait certainement tuer comme le plus grand sorcier du monde avant lui, Albus Dumbledore. Il n’y aurait sans doute pas beaucoup d’espoir. Peut-être valait-il mieux se ranger du côté des Mangemorts ? Après tout, Billy et Joey étaient des Sang-Mêlés, ils avaient peut-être une chance.
« Ils écoutaient les noms des morts dans la salle commune. » dit Joey, resserrant ses livres contre elle, comme une protection. « J’ai peur d’entendre le nom de Papa, ou celui de tes parents. »
Billy fronça les sourcils et regarda Joey. Elle venait d’avoir 13 ans, soit le même âge que Billy. Ils n’avaient que 13 ans et chaque jour ils se demandaient s’ils allaient perdre ou non leurs parents. C’était quelque chose de terrible à vivre. Il voulut dire quelque chose mais des bruits de voix se firent entendre au détour d’un couloir. Billy ralentit le pas, posant une main sur l’épaule de Joey pour l’intimer de faire de même. Mais soudain, Amycus Carrow surgit devant eux. Au bout de sa baguette, un élève de 1ère année se débattait, traîné sur les sols, du sang frais encore sur son front.
« Alors la retenue te plait ? » demanda Amycus avec un rictus mauvais. « Un problème vous deux ? »
Le professeur regarda minutieusement Joey puis Billy, comme réfléchissant à ce qu’il pourrait leur faire subir. Ils étaient encore jeunes et suffisamment impressionnables. Billy lui-même se demandait bien ce qu’il pouvait dire ou faire. Mais Joey avait déjà toute trouvé la solution. D’une main tremblante, elle attrapa sa baguette et la pointa sur le professeur, le regard déterminé.
« Il est temps que l’option duel nous serve ! » dit-elle. « Joey, non ! » s’écria Billy.
Visiblement, Amycus Carrow n’attendait que cela. Il annula son sortilège qui retenait le 1ère année et pointa sa baguette sur Joey. Elle réagit un instant trop tard et sa baguette vola en même temps qu’il lui lançait un sort de magie noire :
« Cauchemardis incarcerem ! »
Billy ignorait la portée de ce sortilège mais un instant plus tard, Joey était tombée à la renverse, les yeux grands ouverts, comme si elle était entourée d’une vision terrifiante. Billy tomba à genoux à côté d’elle.
« JOEY ! » cria-t-il.
Mais c’était comme si elle ne l’entendait pas. Le rire du professeur résonna derrière lui.
« Tu veux goûter aussi, jeune Prewett ? Ton père ne trouverait sans doute rien à redire … »
Amycus Carrow
Billy leva les yeux vers l’homme qui se délectait du spectacle. Comment pouvait-on prendre plaisir à voir des gens souffrir ? Pire, ils n’étaient que des enfants. Le cri de Joey le fit réagir. Il se saisit d’un bond de sa baguette mais Amycus l’envoya valser d’un coup de pied dans le menton. Billy se mordit la langue et fut projeté au sol. Il cracha le sang qui était arrivé dans sa bouche et ses mains tremblèrent sur le sol alors qu’il se redressait. Mais lorsqu’il tourna la tête vers le professeur, sa baguette était pointée juste devant ses yeux. Son cœur battait la chamade et il frissonna. Il s’était éloigné de Joey et la regardait, impuissant, se débattre avec une force invisible. Il n’était même pas à côté d’elle pour l’aider ou la soutenir. Et il allait surement subir le même sort. Il ferma les yeux, ses bras tremblant toujours alors que le rire d’Amycus résonnait à nouveau.
Au moins, le petit avait pu s’enfuir, pensa Billy. Au moins …
« Dolo … »
Billy ouvrit un œil. Pourquoi Amycus s’était-il interrompu ? L’homme venait d’être soudain projeté contre le mur par un sortilège envoyé par derrière. Billy ouvrit cette fois-ci les deux yeux et vit qu’Edmund accourait vers lui, Alec Davis et David McGregor sur ses talons. Un fantôme était aussi avec eux … Le Moine Gras ?
« Ca va ? » demanda Edmund en tendant une main vers Billy.
Le Serpentard regarda son frère comme s’il le découvrait pour la première fois. Son frère l’avait sauvé. Il avait envoyé valser un professeur qui se retrouvait à présent à moitié sonné contre le mur en pierre. Le Moine Gras siffla et soudain Peeves surgit, envoyant sur Amycus Carrow tout un tas de vaisselles piquées dans les cuisines.
Billy attrapa la main tendue d’Edmund, et se redressa avec son aide. Il avait toujours un goût métallique dans la bouche mais en tournant la tête vers Joey, il vit que son frère et David étaient à ses côtés, ayant visiblement annulé le sortilège et la rassurant.
« Il ne faut pas traîner ici … » dit Edmund.
Amycus Carrow avait disparu, Peeves et le Moine Gras également. Mais d’autres ne tarderaient pas à venir. Billy hocha la tête et s’approcha de Joey. Elle venait de se redresser et, en la voyant ainsi, Billy n’hésita pas pour la prendre dans ses bras.
« Tu as été très courageuse. Désolé de ne pas avoir pu t’aider. » souffla-t-il dans ses cheveux.
Alec était toujours là à lui frotter le dos, soucieux de son état.
« Allons-y ! » leur indiqua David, le plus âgé d’entre eux, prenant la tête de l’expédition.
David McGregor
Il était temps de se mettre à l’abri. Ils avaient eu assez d’émotions pour la journée.
Samedi 2 mai 1998
Billy tenait à peine sur ses jambes, pourtant soutenu par la présence de Joey à ses côtés. Ils avaient été réveillés en plein milieu de la nuit pour entendre un discours assommant du directeur, le professeur Rogue, dans la Grande Salle. Mais la surprise ne s’était pas arrêtée là puisque Harry Potter s’était pointé. Harry Potter en chair et en os. Le professeur McGonagall avait combattu vaillamment le professeur Rogue et les Carrow avaient disparu du château. Ca avait été tellement une sensation enivrante.
Après tous ces derniers mois, Billy avait presque les larmes qui lui seraient montées aux yeux. Pourtant, ils étaient parfaitement secs. Les souffrances endurées cette année avaient été terribles pour chacun des élèves présents au château. Billy et Joey en avaient autant fait les frais que les autres. Billy caressait chaque soir la cicatrice qu’il portait désormais à l’épaule, des mots que lui avait gravés Alecto Carrow après que son père avait tenté de lui porter secours durant son cours.
« Traître au sang »
Et si ce n’était que des blessures visibles. Il y en avait tant d’autres. Mais Harry Potter était là. L’espoir auquel il n’avait pas souhaité se raccrocher était pourtant bel et bien là, devant eux, avec les membres de l’Ordre du Phénix. Ils étaient là, prêts à livrer bataille. Billy regarda Vi’ avec les autres Poufsouffles. Shanna Green était à ses côtés, accrochées l’une à l’autre. Edmund était un peu plus loin, près d’Alec, sa baguette sortie.
Et puis, soudain, alors que l’espoir semblait avoir regagné le cœur de chacun, un frisson parcourut le dos de Billy avant même d’entendre la voix susurrante du Seigneur des Ténèbres.
« Livrez-moi Harry Potter » disait-il.
C’était une voix amplifiée, qui résonnait dans chaque couloir du château. Il n’était pas là. Mais cela n’empêchait certains de crier. Les traumatismes étaient là, et le poing de Billy se serra alors qu’une grimace déformait les traits de son visage. Il ne voulait pas que cette voix lui fasse quelque chose. Il ne voulait pas. Pourtant, il était terrorisé. Il sentit que Fergus Lloyd, lui aussi à ses côtés, se cachait son visage de ses mains. Fergus était un Sang-Pur mais lui non plus n’avait pas été épargné.
Quand la voix se fut tue, ce fut le silence. Tout le monde se regardait, comme hésitant sur ce qu’ils devaient faire. Et puis, la voix d’une Serpentard de 7ème année s’éleva.
« Qu’est-ce que vous attendez ? Que quelqu’un l’attrape ! » dit-elle en pointant Harry Potter.
Aussitôt, l’armée de Dumbledore se plaça devant lui, David McGregor et Oscar Swan notamment. Billy tourna la tête vers Joey comme essayant de comprendre ce qui se passait dans sa tête. Devaient-ils livrer Harry Potter ? Etait-ce la chose à faire ? Pourtant, Harry venait de revenir au château. Et Rogue et les Carrow étaient partis. Ils les avaient fait fuir. Ils avaient réussi ça. Y avait-il un espoir pour qu’ils y arrivent même sans Dumbledore ?
Cependant, le choix fut vite décidé pour les Serpentard. Grâce à l’intervention de Pansy, les Serpentard furent envoyés dans les cachots, là où ils pourraient empêcher de grossir les rangs des Mangemorts.
« Hey ! » cria Billy, en même temps que Fergus et d’autres.
Tous les Serpentard n’auraient pas du être logés à la même enseigne. Mais ils furent rapidement encouragés à quitter la Grande Salle et bousculés entre eux, il sentit Joey attraper sa main, pour être certaine de ne pas le perdre. Sur la pointe des pieds, Billy essayait d’apercevoir le visage de Victoria ou celui d’Alex. Alex Bennett n’allait quand même pas se battre, si ? Elle était une Gryffondor mais elle n’était certainement pas obligée. Et sa petite sœur … Billy eut juste le temps de croiser le regard d’Edmund qui lui fit un signe de tête, comme pour lui montrer qu’il avait compris.
Le cœur de Billy tambourinait dans sa poitrine au fur et à mesure qu’ils avançaient dans les couloirs menant aux cachots
« On doit sortir d’ici. »
Billy tourna la tête vers Joey, sérieuse et déterminée. Malgré les souffrances qu’elle avait endurées, elle était toujours déterminée à se battre.
« Définitivement, je crois bien que tu aurais mérité ta place à Gryffondor … » dit-il.
Mais un sourire se nicha sur ses lèvres. Oui, lui aussi avait la même idée. Il regardait de chaque côté, essayant de trouver une issue. Rusard ouvrait la marche mais deux sorciers de l’Ordre du Phénix refermaient le groupe. Personne sur les côtés. Mais où s’échapper ?
« Une idée pour fuir ? »
Fergus Lloyd
Fergus venait d’arriver vers eux, chuchotant à l’oreille de Billy, Joey entre eux. Billy voulut lui répondre, mais ce fut à ce moment-là qu’une tête blonde familière apparut.
Millicent Martin
« Millie ? » s’écria Fergus.
La jeune fille plaqua immédiatement ses mains sur la bouche de Fergus et le groupe continua d’avancer avec le reste des Serpentard. Milicent Martin était une Gryffondor de l’année de Fergus et Billy. Elle était surtout la meilleure amie d’Alex Bennett et était née avec le don de Métamorphomage. Ses cheveux changèrent d’ailleurs aussitôt de couleur, de crainte d’être repérée.
« Qu’est-ce que tu fous là ? » lui demanda Billy à voix basse. « Vous voulez sortir de là, non ? Alors je suis venue vous chercher ! »
Le regard de Billy s’éclaira de fierté alors que Fergus riait.
« Comment ? On va se faire repérer si on tente de partir … » risqua Billy. « Sauf si on a le bon sortilège … » répliqua Millie avec un sourire malicieux. « Talpa ! »
Soudain, les mains de Billy semblèrent disparaître. Billy sursauta mais s’efforça de garder la main de Joey dans la sienne pour ne pas la perdre dans la foule des élèves.
« Un sortilège de Désillusion ! Mais bien sûr ! »
Fergus se lança aussitôt le sortilège alors que Millie entreprenait de faire la même chose pour Joey. Bientôt, tous les quatre avaient disparu, s’attirant alors quelques chuchotements curieux des autres Serpentard.
« Allez vite, on file ! »
Billy sentit la main de Millie se presser dans la sienne alors qu’ils quittaient rapidement la foule. Aussitôt ils se collèrent contre le mur pour laisser passer la foule des Serpentard et les deux sorciers de l’Ordre du Phénix derrière.
« Vous êtes libres maintenant ! » souffla Millie en lâchant la main de Billy. « Ne vous faites pas tuer. »
Et, alors qu’elle allait partir, Billy la rappela aussitôt.
« Attends ! Est-ce que … enfin … je … bref, faites attention. Toi et … Alex. »
Il y eut un silence. Puis Millie répondit.
« T’inquiètes pas mon pote ! On veille l’une sur l’autre. »
Et puis à nouveau le silence. Millie était partie. Soudain, un gloussement résonna derrière lui. Fergus et Joey avaient jeté le contre-sort pour annuler l’effet du sortilège de Désillusion sur eux et avaient un sourire jusqu’aux oreilles.
« Quoi ?! »
Billy annula à son tour le sortilège, l’air agacé.
« "Faites attention, toi et Alex". » répéta Fergus en lui donnant une voix ridicule. « C’était … mignon ! T’en penses quoi Joey ? »
Billy leva les yeux au ciel.
« Oh arrêtez de faire les cons sinon je vous jure que … »
Mais Billy ne termina pas sa phrase. Une explosion avait retenti juste au-dessus d’eux. La bataille avait commencé. Les trois Serpentard se regardèrent et d’un même élan, ils se mirent à courir en sens inverse pour regagner le rez-de-chaussée. Billy fut bousculé par un élève de Gryffondor qui dressait encore des sortilèges de protection en tous sens. Plusieurs 7ème années criaient aux autres de se mettre à l’abri puisque le charme de protection qui entourait Poudlard avait été percé par les Mangemorts. Les professeurs passaient à vive-allure, leurs baguettes en main, prêts à se battre.
« Papa ! » appela Billy en voyant son père. « Billy ! Joey ! » s’écria Louis. « Que faites-vous là ? » « On va se battre ! » répliqua Billy en regardant Joey, en quête de soutien. « Quoi ? Non, hors de question, il faut … »
Louis Prewett
Une nouvelle explosion retentit et Louis s’empressa de jeter un sort au-dessus de leurs têtes pour les protéger.
« Où est Vi’ ? » demanda Billy, criant presque pour couvrir le brouahah. « Edmund est allé la mettre à l’abri dans la salle commune. Mais toi aussi, tu dois partir. Joey et toi, montez vous enfermer dans mon bureau. »
Une autre explosion résonna et cette fois-ci, Louis se tourna pour prêter main forte au professeur Flitwick. Billy se retourna vers Joey et Fergus mais …
« Où est Fergus ? »
Le Serpentard avait disparu. Où était-il passé ? Où était-il allé ? Le cœur de Billy continuait d’accélérer. Une odeur de poussière flottait dans l’air et le bruit de sortilèges se faisait entendre. La bataille n’était pas encore entrée dans le château mais elle ne tarderait pas à arriver jusqu’à eux. Billy et Joey devaient agir et vite.
Les deux Serpentard étaient ingénieux entre eux. Bien décidés à faire de leur mieux pour aider, ils montèrent à l’étage où, à l’abri, ils s’occupaient de viser dans le dos des Mangemorts, couvrant ainsi les arrières de quelques membres de l’Ordre du Phénix. A chaque victoire, les deux amis se frappaient dans les mains. Prenaient-ils vraiment conscience que c’était réel ? Que des personnes pouvaient mourir ? Que des personnes mourraient ? Billy était enivré par l’idée d’être utile et de combattre. Il participait. Il allait avoir 14 ans et il était l’un des plus jeunes sorciers à combattre. Il était très fier.
Mais ce qui devait arriver arriva. Un sort atteint mortellement Colin Crivey, un Gryffondor de 6ème année avant que Billy n’ait pu l’aider.
« Non ! » s’écria Billy en se redressant derrière leur cachette.
Le Mangemort, un masque sur le visage, leva les yeux vers lui. Il lança un sortilège dans sa direction mais Joey l’intercepta à temps. A son tour, Billy balança un sort mais le Mangemort le fit dévier. Joey attaqua à son tour et désarma le Mangemort. Billy aurait voulu sourire et l’applaudir. Mais il en était soudain incapable.
Il regardait dans la direction d’où était venu le sortilège. Un Mangemort, qui avait dû observer la bataille à côté, s’était soudain armé d’un puissant sortilège qui avait touché Billy en pleine poitrine. Le Serpentard tomba à la renverse. Quelque chose l’enserrait à la poitrine, comprimant ses poumons. Il peinait à retrouver son souffle et son cœur s’emballait.
« Joey … Jo … j'ai peur ... » disait-il, la panique le gagnant.
Les choses commençaient à devenir floues autour de lui. Les bruits de la bataille étaient assourdis et il ne voyait même plus le visage de Joey. Tremblant, il ferma les yeux et s’évanouit.
Dimanche 3 mai 1998
Billy papillonna longtemps des yeux. Le truc c’était qu’il n’arrivait pas à se réveiller correctement. Il entendait des voix. Des bruits. Des bip-bip. Des sortilèges. De la chaleur. Et puis, à nouveau les ténèbres.
Lundi 4 mai 1998
« … devrait déjà être réveillé, non ? » « Parfois, cela prend du temps. »
Billy avait reconnu la voix de sa mère. C’était elle ! Maman, je suis là. Je t’entends !
« Ne vous inquiétez pas, Madame Prewett. Nous prenons soin de lui. »
Non maman ! Ne pars pas ! je suis là ! Je suis réveillé !
Mardi 5 mai 1998
Le bruit des machines est assourdissant. Ce sont des machines hein ? Ce bip-bip qui ne cesse de résonner aux oreilles de Billy. Il voulait éloigner ce bruit de lui.
« Billy ? »
Cette voix. Victoria ? Billy papillonna des yeux. Et … il voyait ! Il voyait vraiment.
« Billy, tu es réveillé ! » « Doucement, Victoria. » « Papa … »
La voix de Billy était rocailleuse. Il toussa d’ailleurs un peu après ce premier mot.
« On est là. » dit la voix de sa mère sur sa droite.
Adèle Bennett
Il semblait voir flou par moment mais il reconnaissait les visages. Sa mère et Edmund étaient là, à sa droite. Le visage de Vi’ était penché sur lui, son père avait une main posée sur son épaule pour la retenir.
« Tout va bien. » continua Adèle. « Tu es à l’hôpital. » « Mmh … » « T’as vraiment une sale gueule ! » « Edmund ! » le rabroua Adèle. « Bah quoi ?! Je pense qu’il voulait le savoir. » « Je voulais le savoir, oui … Ne laissez personne d’autre entrer. » murmura Billy.
Il n’arrivait pas à parler beaucoup et ces quelques mots lui donnaient l’impression que sa gorge était en feu.
« Ne t’inquiètes pas. » lui dit Adèle en s’asseyant sur le lit. « Tu vas prendre le temps de te rétablir. »
Une caresse de sa mère sur son front et Billy replongea dans le sommeil.
Vendredi 8 mai 1998
Billy était assis sur les oreillers quand les rayons du soleil percèrent enfin à travers sa fenêtre de chambre d’hôpital. Sa poitrine le faisait toujours souffrir et il ne pouvait beaucoup bouger sans provoquer une vive douleur. Le Médicomage avait dit qu’il avait eu de la chance que le sortilège n’ait pas atteint le cœur. Pour autant, Billy n’était pas sorti d’affaire. Il allait certainement devoir rester encore deux ou trois semaines à Sainte-Mangouste pour prendre le temps de se rétablir et surtout voir si la Magie Noire n’avait pas envahi d’autres parties de son corps. En attendant, il passait la majorité du temps à dormir. Il n’avait même pas véritablement goût à la nourriture.
La bataille s’était terminée et Harry Potter avait gagné. Le Seigneur des Ténèbres avait été tué et les Mangemorts étaient désormais traqués dans tout le pays. Louis passait chaque jour le voir avec Edmund. Adèle, elle, était repartie en chasse des Mangemorts, dès mercredi. Quant à Vi’, elle avait été envoyée chez leurs cousins, les McGregor. Mais la vérité, c’était que Billy ne savait pas ce qu’il en était pour ceux de Poudlard. Alex allait-elle bien ? Et Joey ? Son père lui avait dit qu’elle avait veillé sur lui jusqu’à ce qu’il soit transporté à Sainte-Mangouste. Donc elle n’était normalement pas blessée. Mais le fait de ne pas l’avoir encore vu l’angoissait.
Mais aujourd’hui, elle devait venir. Elle allait venir le voir et lui changer les idées. Enfin, il espérait. Il en avait plus qu’assez des émissions nazes de la télévision, et sa vue par la fenêtre n’était pas des plus grandioses. Ne pouvait-il pas y avoir une autre distraction ?
Ma baguette tremblait. C’était une mauvaise idée. Pourquoi je faisais ça ? Ces premiers mois à Poudlard m’auraient-ils endommagé le cerveau ? Peut-être. J’étais une pauvre petite deuxième année et j’étais persuadée de tout savoir, d’avoir suffisamment appris avec le club de duel pour défendre un autre élève et me défendre par la même occasion. Mise à part le sort de désarmement Expelliarmus, nous n’avions pas appris d’autres sorts… Et ça je m’en rendis seulement compte lorsque le sort d’Amycus me toucha en pleine poitrine. Je me sentis expulsée plusieurs mètres en arrière, gardant en mémoire le regard sadique de mon agresseur et le cri de Billy. Je me cognais la tête, déjà emmenée par un tourbillon noire de cauchemars.
Chaque seconde était terrifiante, pire que la précédente si facilement. Tout le monde mourrait et souffrait atrocement. Cette douleur je la ressentais si vivement que je devinais qu’elle était bien réelle. Je la ressentais sur chacun de mes os, prête à me les broyer à la seconde. Les visages volaient devant mes yeux, des connaissances et d’autres que je connaissais mieux. Il y avait Papa puis Alec, parfois maman, son visage était figé comme sur la dernière photo que j’avais d’elle. La douleur, les visages et puis les hurlements. C’était assourdissant. L’un des cris semblait être le mien mais je me sentais incapable de bouger le moindre orteil alors ouvrir la bouche pour hurler, c’était impossible. Je n’arrivais à concentrer mon esprit sur une scène, tout était désolation et catastrophe. Ils hurlaient tous, ils souffraient de quelque chose d’inconnu et d’invisible mais ils souffraient vraiment. J’avais envie de les sauver de cela mais là encore je demeurais ridiculement immobile. C’était comme s’il n’y avait rien qui pouvait mettre fin à cette douleur généralisée et le temps semblait s’étirer à l’infini.
« Joey ! Joey, ne t’inquiète pas tout va bien. » J’ouvrais les yeux avec une impression d’avoir retenu ma respiration trop longtemps. La voix d’Edmund était tantôt assourdissante et rassurante. Il était penché au-dessus de moi, avec David McGregor à sa droite. Je me redressais rapidement, inquiétée par les cris qui hantaient encore ma mémoire. Et Carrow ? Je le cherchais des yeux, prête à échapper à ses sorts mais je n’entendis pas sa voix ni ne vit son visage déformé par la haine. Alec se précipita sur moi, me prenant dans ses bras et caressant mon dos pour me rassurer. Ma respiration ne semblait pas vouloir ralentir mais avec sa voix posée et ses gestes, je finis par reprendre contenance bien que fébrile par tout ce qui venait d’arriver. « Tu as été très courageuse. Désolé de ne pas avoir pu t’aider. » Billy prit la suite d’Alec en m’enlaçant. Il se recula pour voir mon visage et je me contentais seulement de remuer la tête de gauche à droite, encore à côté de mes pompes. Je n’avais pas été courageuse mais complètement stupide et j’avais mis en danger les autres. On m’aida à me relever, il fallait partir avant que la situation n’empire. Alec prit mon bras pour m’aider à me déplacer et je sentis encore la main de Billy dans mon dos pour m’accompagner. Ma tête me faisait mal et quelque chose de mouillé semblait prêt à couler au niveau de mon arcade sourcilière mais le plus terrifiant c’était la voix de mon père qui me criait de l’aider, ses cris résonnaient toujours à mes oreilles alors que nous prenions la fuite.
Samedi 2 mai 1998
La tension était palpable. Tout le monde se bousculait. Pourtant, nous ne pouvions pas nous laisser enfermés dans les cachots comme de vulgaires traitres et complices. La peur au ventre, se planquer semblait pourtant être l'idée la plus censée pour se protéger de la guerre qui se préparait mais je n’arrêtais pas de penser à Alec, à mes autres camarades d’école et puis ce n’était pas bien, non ? On devait trouver une échappatoire, être utile malgré la peur qui nous tiraillait. « Définitivement, je crois bien que tu aurais mérité ta place à Gryffondor … ». Si seulement il pouvait lire tout ce qui se passait dans ma tête. Je n’étais ni téméraire ni forte d’esprit, je voulais juste sauver ma peau et celles de mes proches tout en essayant d’avoir la conscience tranquille. « Une idée pour fuir ? » Fergus chuchota à notre encontre. Si nous l’avions trouvé, cela ferait bien longtemps que nous aurions faussé compagnie à nos compères reptiliens… « Vous voulez sortir de là, non ? Alors je suis venue vous chercher ! » Je retins un cri à l’apparition de Millicent devant nous. Elle était de la même année que Billy et Fergus, je ne la connaissais que peu comme ce dernier. Entre les deux garçons, j’étais de la même taille mais pas plus confiante, néanmoins je suivis le petit groupe, enveloppé par le sort de Désillusion lancée par la Gryffondor. Je ne lâchais pas la main de Billy, tentant de ne pas trop m’affoler quant à la disparition de chacun de mes membres dû au sortilège. Je fermais les yeux et me laissais guider par les deux garçons de chaque côté, je retins même ma respiration jusqu’à ce que le cortège des Serpentard soit totalement passé.
« Vous êtes libres maintenant ! Ne vous faites pas tuer. » Je soufflais un « merci » en secouant mes mains, espérant retrouvant toutes mes facultés matérielles. Ce fut Fergus qui annula le sort pour nous deux. Je regardais aux alentours, incertaine quant à la direction à prendre, j’étais d’ailleurs prête à entrainer Billy à ma suite mais celui-ci était encore occupé. C’était quoi ça ? De la drague ? Le Serpentard se retourna enfin, mon regard croisa celui de Fergus et je ne pus retenir un sourire sur mon visage. « "Faites attention, toi et Alex". Imita mon complice avec une voix haut perché « C’était … mignon ! T’en penses quoi Joey ? » Cette facette de mon ami m’étonnait encore, il se souciait des autres, et plus particulièrement de Alex Bennett ces temps-ci. Même la guerre n’avait pas réussi à faire oublier les amourettes d’école. « On ferait mieux de bouger ! » Au même instant, une explosion retentit. Ma main s’appuya contre le mur, paniqué à l’idée que tout s’effondre, mon cœur battait à cent à l’heure. Nous nous mîmes à courir, il n’était plus question de discuter. « Billy ! Joey ! » s’écria Louis. « Que faites-vous là ? » Billy venait de reconnaître son père, baguette en main, prêt à intervenir. Un soulagement me traversa lorsque je le vis. Enfin un adulte pour nous dire quoi faire ! « On va se battre ! » Et c’était moi la supposé Gryffondor… « On veut aider… » Ma voix était beaucoup moins assurée que tout à l’heure, tout était si concret à présent. « Quoi ? Non, hors de question, il faut … » Les explosions n’arrêtaient plus.
Je me tenais derrière Billy, le tenant par la cape, prête à l’écarter si besoin d’un danger imminent. La présence de Louis me rassurait un peu mais je compris rapidement que nous n’allions pas rester avec lui. Mes yeux cherchaient dans toutes les directions, tout ce que je souhaitais c’était apercevoir Alec et m’enfuir avec lui, aussi lâche que cela sonnait. Et Papa, était-il en sécurité ? S’inquiétait-il pour nous ? Je n’entendis pas toutes les instructions de Louis et suivis seulement Billy, ayant totalement occulté la présence de Fergus contrairement à mon ami. Il se précipita vers les étages et je compris sa stratégie. Nous nous postâmes dans les escaliers, lançant les peu de sortilèges que nous avions appris sur les ravisseurs, ayant à présent pénétrer dans le château.
C’était l’adrénaline pure qui coulait dans mes veines. Je me sentais invincible et je savais que c’était aussi le cas pour Billy. C’était le parfait compromis pour ne pas se mettre en danger et être utile à notre niveau. Je lançais des Everte Statum sans relâche, expulsant les mangemorts trois mètres plus loin, seulement de quoi permettre une avance à un sorcier de l’Ordre du Phénix. Quelques Locomotor Mortis pour se marrer mais principalement des Stupéfix. Il y avait des élèves de Pouldard, des 6èmes et 7èmes années en majorité, j’essayais de ne pas trop y penser, de ne pas fixer mon regard sur l’un deux par peur de le voir s’écrouler. Pour l’instant je ne reconnaissais personne ou me le refusais. Tant qu’Alec ou Edmund n’étaient pas présents, tout allait bien se passer. « Non ! » Billy se redressa, les yeux rivés sur quelqu’un et c’était comme si la scène se jouait au ralenti. « Billy ! » Un mangemort tenta un sort et je réussis par je ne savais quel miracle à l’intercepter, je le désarmais même. L’adrénaline replongea dans mes veines, et la joie s’empara de tout mon corps plusieurs secondes. Les secondes de trop.
« Joey … Jo … j'ai peur ... » Il était à terre, je l’avais retenu de dévaler les escaliers. Que venait-il de se passer ? J’avais tout sous contrôle, il allait bien quelques secondes plus tôt, j’avais même réussi à mettre hors d’état de nuire un mangemort. Je lui pris la main très fort, lâchant ma baguette par la même occasion. « Ça va aller Billy, je suis avec toi, tu vas t’en sortir. » J’agitais la tête dans tous les sens, cherchant de l’aide. « Ne t’inquiète pas ». Il avait perdu connaissance mais je ne cessais de répéter ses mots. J’en avais besoin. « Joey ! » Edmund dévalait les escaliers à notre rencontre. « Je ne comprends pas… Je n’ai pas vu l’autre mangemort…. Et » Les larmes dévalaient toutes seules sur mes joues, accompagnées à présent de sanglots qui m’empêchaient de parler. Edmund ne me répondit pas et plongea au chevet de son frère. « Il faut l’évacuer. » Ma gorge était nouée et je poussais des gémissements assourdissants. « Je vous sors d’ici ! Allez ! On y va ! » Edmund n’attendit pas que je réagisse et m’empoigna le bras pour m’entrainer à sa suite. Je peinais à retrouver mon souffle, j’avais l’impression de voir le visage d’Amycus Carrow partout, mes cauchemars refaisaient surface comme tant de fois durant mes nuits au château ces derniers mois. Ma vue était totalement brouillée et je me sentais sur le point de m’évanouir mais je savais qu’il ne fallait pas. L’adrénaline me tenait encore un peu. Mais pas assez pour me convaincre que nous étions invincibles. Nous ne l’étions pas. Billy ne l’était pas. Des sorciers mourraient chaque seconde en ce moment et cette idée accentua mes sanglots assourdissants.
Lundi 4 mai 1998
Mes yeux étaient secs d’avoir trop pleuré ces derniers jours. Billy avait été envoyé à Sainte-Mangouste comme tant d’autres élèves et sorciers. On m’avait dit de ne pas trop m’inquiéter, qu’il serait vite rétabli. J’étais alors rentrée à la maison avec Alec qui n’avait, par chance, pas été blessé. Papa m’avait pris dans ses bras, soulagé. Même mon frère avait eu droit à cet élan d’affection et bien qu’il se fût laissé faire, il ne sembla pas très à l’aise.
Le lundi, j’avais prié mon père de m’emmener à l’hôpital, espérant que mon ami serait conscient et apte à parler. « Adèle ! » Je trouvais sa mère dans le couloir, juste devant sa chambre. « Comment il va ? » Je la sentais bien déboussolé, en même temps comment ne pas l’être ? Son plus jeune fils avait été touché d’un sort de magie noire durant une guerre qui avait eu lieu dans son école. « Les médicomages disent qu’il ne va pas tarder à se réveiller. » Je lui pris la main et elle m’adressa ce regard. Celui d’une mère inquiète. Un regard qui me toucha profondément, à juste titre puisque je n’avais jamais eu la chance de le voir. « Je suis vraiment désolée… Je n’ai pas vu l’autre mangemort et Billy… » Elle m’interrompit en secouant négativement la tête et en me tirant vers elle pour m’enlacer. « Tu n’as rien à te reprocher Joséphine. Vous n’êtes que des enfants, vous n’êtes pas responsables de tout ça. » J’acceptais son étreinte, réfléchissant à sa dernière phrase. Nous n’étions plus des enfants. Pas après tout ce qui s’était passé.
Je ne pouvais pas voir Billy, seule la famille était autorisée et pour l’instant, il n’était pas en mesure de réclamer des visites. Alors je pris mon mal en patience et rentrais à la maison où Papa se montra plus présent, à mon plus grand plaisir contrairement à Alec.
Vendredi 8 mai 1998
J’avais encore des cauchemars, la plupart mettait en scène Amycus Carrow, ou bien le mangemort qui avait blessé Billy et dans le pire des cas, Amycus qui blessait Billy et moi-même. J’avais du mal à me rendre compte de tout ce qui s’était passé cette année à Poudlard, tout semblait sorti tout droit d’un livre d’épouvante, l’un de ses livres moldus par exemple que j’avais commencé à lire depuis quelques jours. L’année avait été écourtée et nous étions à présent en vacances. C’était alors un été comme les autres, Alec, Papa et moi à la maison. Billy était toujours à Sainte-Mangouste mais il était bien réveillé et je pouvais enfin lui rendre une petite visite.
C’était étrange de pénétrer dans cette pièce silencieuse. Plus de mille ans semblait avoir passé depuis la dernière fois que je l’avais vu. Les cheveux pas très ordonnés et un sourire pas aussi bien assuré qu’en temps normal. « Salut. » Rien de bien théâtrale. Nous étions toujours nous. J’avais l’impression d’avoir pris dix ans et lui d’avoir rajeuni, il avait maigri. « Edmund ne mentait pas. T’as vraiment une sale tête. » Je me rapprochais de son lit, y grimpais dessus pour m’asseoir au niveau de ses pieds. « Je t’ai ramené des chocos-grenouilles, je ne sais pas si c’est autorisé mais je compte sur toi pour ne rien dire. » Je lui adressais un clin d’œil, prête à reprendre mon rôle de jeune fille de treize ans. Mais Billy voulait tout savoir et remuer ce que nous avions vécus, comment tout le monde allait et je compris rapidement à qui il faisait référence. « J’ai entendu dire qu’Alex Bennett allait bien. D’ailleurs la plupart des gens que je connaissais ou qui m’était proche sont en vie, on a beaucoup de chance je crois. » Mon ton ne s’accordait pas très bien avec cette notion, comme si je n’étais pas bien sûr que ce soit le terme approprié. Ma voix était morne et je savais que j’avais des cernes sous les yeux. Moi aussi certainement, j’avais une sale tête.
L’atmosphère sembla un peu plus pesante d’un seul coup. « Je suis désolée Billy… » Je me mis à ramper sur le lit pour le prendre dans mes bras, les larmes aux yeux. Encore. Je n’arrêtais pas de pleurer pour un rien depuis la guerre. C’était comme une boule dans ma gorge qui refusait de monter ou de descendre. Heureusement pour moi, il sembla comprendre le signal et m’entoura de ses bras sans faire d’histoire, sans se moquer. Nous avions vécu quelque chose que seuls nous pouvions comprendre. Cela restait un partage terrible et nous n’avions pas besoin de mot pour comprendre l’autre. J’avais l’impression d’avoir failli à une promesse que je n’avais pas faite. « C’est moi qui aie insisté pour que l’on s’échappe des rangs des Serpentard. Si nous étions allés dans les cachots, tu ne serais pas ici aujourd’hui. »
Samedi 19 septembre 1998
Poudlard était redevenu ce qu’il était. Ou presque. Chaque pierre du château avait été remis à sa place, chaque débris avait été nettoyé mais malgré tout il trainait dans l’air un sentiment de deuil qui persistait. Billy était rétabli, assez pour redevenir le crétin qu’il était. J’avais même l’impression que ça avait empiré depuis son voyage en Amérique avec sa mère cet été. Il n’arrêtait pas de me bassiner les oreilles avec Alex Bennett ou tout autre personne constituait d’un vagin. Il semblait abruti, il n’y avait pas d’autres mots. Après tout, c’était un garçon. Et puisqu’il était bien trop intéressé par ça, je me retrouvais à trainer davantage avec Hécate, de la même année que moi et des filles en général.
« Alors… Alex Bennett ? » Je me tournais vers Billy, nous étions samedi et j’avais abandonné Hécate à la Bibliothèque pour rejoindre mon ami au terrain de Quidditch. « Tu peux me le dire, j’irais pas le répéter, juré ! » Je levais ma main droite en signe de serment, zigzaguant entre les escaliers des gradins.
Samedi 5 décembre 1998
Un bal d’hiver. C’était le sujet de tous les élèves depuis l’annonce de la directrice de Poudlard, le Professeur McGonagall. Je ne pouvais pas traverser un couloir sans qu’un garçon invite une fille à la soirée, il y avait des gloussements et des bégaiements de toute part. C’était assez grisant. Étant en troisième année, je ne pouvais pas y aller, à moins d’être inviter par un garçon plus âgé. Règle stupide ! C’était un bal organisé pour ramener un peu de gaieté entre les murs du château après la guerre et cette dernière tout le monde l’avait vécu, même les plus jeunes. Néanmoins, je me consolais bien vite en me rappelant quel atout je possédais de mon côté. Oui. Je comptais sur Billy pour m’y emmener. Après tout, cette guerre nous l’avions faite ensemble, c’était notre récompense à tous les deux, non ?
« Comment ça tu ne PEUX PAS y aller avec moi ? » Ma voix s’éleva un peu alors que je confrontais cet idiot de Prewett. Quelqu’un d’autre l’avait invité ? Lui ? J’essayais de montrer que son petit discours ne m’atteignait pas, que ce bal n’avait pas la moindre importance finalement mais j’étais déçue. J’avais l’amère impression que Billy cherchait de plus en plus à s’éloigner de moi malgré l’énorme rapprochement qui s’était effectué entre nous ces deux dernières années. Alors tout ça pour rien…
Nous sommes le vendredi 8 mai 1998. La guerre est terminée et les cris de joie et le soulagement se font entendre dans tout le monde sorcier. Billy, lui, blessé par un sortilège de magie noire à la poitrine, doit cependant fêter la victoire à l'hôpital Sainte-Mangouste. Heureusement, Joey est venue pour le distraire.
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Deux petits coups résonnèrent contre la porte avant que quelqu’un n’entre sans avoir reçu de réponse. Ce ne pouvait être qu’une personne.
« Salut. » dit Joey, comme s’ils s’étaient quittés la veille.
Billy eut un sourire. Il n’aurait su l’expliquer mais ce semblant de normalité lui réchauffa le cœur. La jeune adolescente portait une jupe et un simple tee-shirt. Une légère coupure se voyait encore sur son front mais était pratiquement guérie, et des cernes ornaient le dessous de ses yeux. Ses cheveux avaient été négligemment attachés en chignon, comme si elle se souciait peu de l’apparence qu’elle pouvait avoir. Après tout, c’était Joey. Joey n’était pas le genre de filles à passer dix ans devant un miroir pour se pomponner, encore moins si elle devait rendre visite à son meilleur ami. Joey était la fille la plus naturelle que Billy connaissait, et celle qui lui rappelait le plus la maison et les moments insouciants passés en famille.
« Salut. » répondit-il en se décalant légèrement dans son lit tandis qu’elle grimpait pour s’asseoir à ses pieds. « Edmund ne mentait pas. T’as vraiment une sale tête. » « Connasse … » marmonna-t-il, non sans un sourire en coin.
Connaissant son frère, Billy se doutait qu’il avait dû chanter sur tous les toits la mine affreuse qu’il avait. Bon, peut-être pas à tout le monde car maman avait dû l’en empêcher. Mais il était presque certain que les Davis et les Bennett étaient entièrement au courant de son état. Peut-être même les Huong en Amérique !
« Je t’ai ramené des chocos-grenouilles, je ne sais pas si c’est autorisé mais je compte sur toi pour ne rien dire. »
Joey lui présenta un paquet de ladite friandise et Billy le prit dans ses mains. Pourtant, il n’était pas tenté d’en manger un. Il n’était pas sûr de pouvoir avaler quoi que ce soit dans l’immédiat. Pas tant qu’il n’en saurait pas plus.
« J’espérais que … » commença-t-il, triturant le carton de la boîte entre ses mains. « J’espérais que tu pourrais me raconter un peu ce qui s’est passé. »
Il releva timidement la tête vers sa meilleure amie, la tête légèrement penchée sur le côté, comme s’il faisait une requête difficile. Peut-être qu’elle l’était ? Il ignorait comment Joey avait vécu la fin de la bataille. Et le fait que la plupart des personnes autour de lui évitait d’en parler l’inquiétait d’autant plus.
« Maman et papa n’ont su me raconter que la surface, ce qui se dit dans les journaux. Est-ce que … nos amis vont bien ? » « J’ai entendu dire qu’Alex Bennett allait bien. » répondit Joey avec un instant d’hésitation. « D’ailleurs la plupart des gens que je connaissais ou qui m’était proche sont en vie, on a beaucoup de chance je crois. »
Ce fut comme si les restes du sortilège de Magie Noire venaient d’être levés d’un coup. Alex allait bien. C’était une Gryffondor, une tête brûlée. Elle avait sans doute foncé dans le tas. Mais elle allait bien. Elle était en vie.
« Ok ! Cool. Parfait. » répondit-il.
La poitrine de Billy se regonfla d’espoir. Les choses n’étaient sans doute pas si horribles que ça. Pourtant, en levant les yeux vers Joey, il fut étonné de la voir si inquiète. C’était comme si l’adolescente de 13 ans avait laissé place à une personne plus âgée. Billy fronça les sourcils.
« Joey ? » « Je suis désolée Billy… »
La jeune fille se mit à ramper sur le lit pour arriver jusqu’à lui et l’enserrer dans ses bras. Billy eut un hoquet de surprise en la sentant se cramponner à lui. Elle avait eu les larmes aux yeux en s’approchant et la manière dont elle s’accrochait à lui semblait transparaître toute l’inquiétude qu’elle avait vainement tenté de cacher depuis longtemps. Bien longtemps.
« Joey, tout va bien … » murmura-t-il en la serrant à son tour dans ses bras.
Dans d’autres circonstances, il aurait sans doute taquiné sa meilleure amie de son élan d’émotions. Elle qui ne montrait jamais rien, la voilà qui pleurait dans les bras de son ami d’enfance. Mais, Billy n’avait aucune envie de rire. Non, il comprenait exactement ce que ressentait Joey. Même s’il n’avait pas assisté à la fin de la bataille, il pouvait sentir en cet instant toute l’inquiétude qu’avait eu la jeune fille à son égard.
« C’est moi qui aie insisté pour que l’on s’échappe des rangs des Serpentard. Si nous étions allés dans les cachots, tu ne serais pas ici aujourd’hui. » « C’est faux. » dit-il.
Il se recula un peu et dégagea les cheveux blonds de la jeune femme qui lui entouraient le visage. Ses yeux étaient toujours humides et elle renifla péniblement comme peinant à le croire.
« Si tu n’avais pas insisté, je l’aurai certainement fait aussi. » dit-il. « Et puis, regarde, Millicent était déjà sur place pour nous aider. »
Il plongea son regard dans celui de la Serpentard, l’air le plus sérieux qu’il n’avait jamais eu jusqu’ici.
« D’une manière ou d’une autre, on serait sorti. D’une manière ou d’une autre, on aurait combattu. D’une manière ou d’une autre, j’aurai échappé à la protection de notre cachette. Parce que je suis stupidement insouciant et que tu es stupidement téméraire, Joséphine Davis. »
Il eut un sourire avant de replacer une dernière mèche de cheveux derrière son oreille.
« Tu es ma meilleure amie et je ne pouvais rêver meilleure partenaire pour faire preuve d’héroïsme. Nous sommes peut-être les moins malins des Serpentard, mais nous sommes loyaux l’un envers l’autre, et envers notre famille. Nous chercherons toujours à nous protéger et à protéger ceux qui nous entourent. Peu importe les risques. »
Billy avait la sensation de n’avoir jamais parlé autant. Lui non plus n’avait sans doute pas eu souvent l’occasion d’exprimer ses sentiments, surtout à propos de cette guerre. Ils avaient tous vécu une année terrible, remplie de sévices et de trahison. Ils s’étaient méfiés les uns et des autres. Ils avaient lutté chaque jour. Mais ils étaient en vie. En bonne santé. Et fiers d’eux.
Avec un dernier sourire, Billy relâcha son étreinte autour de Joey qui essuyait ses yeux. Il détourna le regard pour ne pas qu’elle soit gênée et sortit un paquet de chocogrenouilles.
« Tiens, attrape ! » dit-il en lui lançant un sachet.
Il ouvrit la sienne et regarda la grenouille en chocolat s’agiter dans ses mains. Elle sauta de ses mains jusqu’au lit et s’immobilisa aussitôt. Les grenouilles ne pouvaient faire qu’un seul grand saut avant de redevenir simplement des grenouilles en chocolat.
« Regarde un peu ! J’ai Mangouste Bonham ! » dit-il en montrant la carte représentant le fondateur de l’hôpital où il se trouvait.
Il sourit en regardant celle que Joey avait eu et tous deux dégustèrent leurs grenouilles en chocolat, narrant tout ce qu’ils pourraient faire, à présent que la guerre était finie. Il était temps de redevenir de simples adolescents.
Samedi 19 septembre 1998
L’année commençait bien. Elle commençait même très bien. Il fallait dire que l’été avait été juste parfait. Les Prewett avaient fait un voyage en Amérique et avaient visité pleins de choses intéressantes. Mais ce que Billy avait préféré, c’était quand ils avaient assisté à un tournage du dernier film de Peter Sullivan. Avant, c’était un acteur assez banal pour Billy. Mais en le voyant là, dans ce film, il avait eu une révélation. Cet homme incarnait un charisme de dingue. Ce n’était pas seulement le travail des caméras. Même en dehors, même sur le plateau de tournage, avec ses partenaires, ses agents, ses collègues, cet homme était incroyable. Toutes les filles le trouvaient si « hot » comme elles ne cessaient de dire en agitant la main sur leurs visages. Les hommes enviaient sa manière de s’habiller ou de se coiffer. Mais surtout, tous s’accordaient à dire que son don d’Animagus était la plus belle chose qu’ils n’aient jamais vu. Peter Sullivan était si fluide dans son changement d’apparence et quand il rugissait sous sa forme de lion, chacun ressentait des frissons jusqu’au plus profond de son être. En tout cas, c’était ce que Billy avait ressenti.
Aussi, durant la seconde partie de son été, Billy avait passé son temps à réfléchir à comment il pourrait ressembler à un type comme Peter Sullivan. Il fallait déjà qu’il gagne un peu plus de centimètres et de muscles. Aussi, s’étaient-ils employés à s’entraîner chaque jour, notamment au Quidditch. Peter Sullivan avait été un très bon gardien dans ses années d’école et Billy devait absolument intégrer l’équipe pour lui ressembler.
Rentrés depuis trois semaines, Billy avait poursuivi son entraînement au Quidditch. Les sélections étaient prévues pour le lendemain et Billy espérait bien tout déchirer. Aujourd’hui, Joey était là pour l’accompagner. Ils ne s’étaient pas beaucoup vus ces dernières semaines. Billy avait été occupé à mettre en place l’autre partie de son plan : gagner en popularité, notamment auprès des filles. Si Fergus était là pour le soutenir dans ses réussites comme dans ses échecs (surtout ses échecs), Joey avait plusieurs fois levé les yeux au ciel avant de simplement s’éloigner quand ils « faisaient ce genre de trucs » comme elle disait. Mais Joey restait toujours sa meilleure amie et il était heureux de la voir l’accompagner aujourd’hui.
« Alors… » commença la jeune fille de 3ème année. « Alex Bennett ? » « Quoi Alex ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Il avait enfilé un jogging et un débardeur blanc. Il paraissait que les filles adoraient voir les muscles des garçons en action. Bon, il ne faisait pas énormément chaud dehors mais ça pouvait valoir le coup ! Son balai sous le bras, il accélérait le pas pour arriver jusqu’aux gradins où Joey devait s’installer pour lui garder ses affaires pendant qu’il s’entraînait.
« Tu peux me le dire, j’irais pas le répéter, juré ! »
Billy pouffa de rire en la voyant lever la main droite pour faire le serment.
« Tu dis vraiment n’importe quoi. T’es sûr qu’on ne t’a pas ramolli le cerveau, toi, l’an dernier ? » dit-il avec un sourire.
Pourtant, en disant ça, il ne put s’empêcher de penser à la fois où Joey et lui avaient voulu défendre le 1ère année face à Amycus Carrow. Joey avait vécu un terrible moment sous le sortilège de magie noire. Il déglutit et se força à se reconcentrer sur la question de base.
« Je ne sais pas ce que Fergus t’a raconté mais toi et lui vous faites des idées. » dit-il en laissant tomber son sac au pied de Joey qui s’était installée. « Alex est juste une amie. Ce serait … trop bizarre qu’il y ait autre chose. Et puis de toute façon, je crois que Livia Dwight en pince pour moi. »
Il sourit d’un air un peu niais. Livia était une Gryffondor de son année à qui il n’avait pas encore bien parlé. Elle n’était arrivée à Poudlard que l’an dernier et avec sa nature de vampire, elle avait dû se faire encore plus discrète que jamais. Mais aujourd’hui, Billy sentait que quelque chose de cool pouvait se produire avec elle.
« Ou peut-être Dorcas Meadow. » dit-il en haussant les épaules. « Bref, j’ai d’autres filles et Alex ne m’intéresse pas. »
Il serra le manche de son balai et regarda la terrain de Quidditch qui s’étendait en contre-bas.
« J’ai la flemme de redescendre … » souffla-t-il.
Il monta alors sur l’un des bancs des gradins et enfourcha son balai, malgré les indications de Joey de lui intimer de décoller du sol.
« Tu sais, Joey, parfois, il faut savoir prendre des risques dans la vie. Parfois, ça peut plaire à des filles. » dit-il d’un ton très solennel.
Puis il tapa des pieds et décolla. Cela aurait pu bien fonctionner. Ses pieds quittèrent le sol des gradins et il commença à avancer en direction du vide. Mais sans doute avait-il trop pris confiance ou avait-il mal réglé son balai. Bref, le manche fit soudain une embardée à droite et Billy poussa un cri de surprise. Il se cramponna à son balai et essaya de suivre le mouvement alors que l’objet ne semblait pas réaliser très bien à quelle altitude il se trouvait. Il fit un tour du terrain de Quidditch, fonça quelques fois dans les hautes tours des gradins, Billy se cognant l’épaule plusieurs fois de suite. Il manqua de tomber deux fois aussi à force des virages serrés que son balai prenait quand la direction ne semblait plus lui plaire. Billy mit un moment avant de faire entendre raison à son balai qui retrouva enfin une stabilité dans les airs.
« Ça y est ! » cria-t-il en regardant Joey, déjà armée de sa baguette au cas où il aurait besoin d’aide. « T’as vu, Joey ! Je te l’avais dit. Faut prendre des risques ! »
Il éclata de rire avant de faire un looping sur son balai, fier de lui et de sa connerie. Puis il se rapprocha à nouveau des gradins où était Joey, ignorant son levage des yeux au ciel.
« Joey … » commença-t-il.
Il avait soudain pris une voix de conspirationniste mais hésitait à poursuivre, comme peu certain que Joséphine accepterait de l’aider. Mais il devait essayer. Elle était la seule en qui il avait entièrement confiance à ce sujet.
« Tu sais, cet acteur … »
Joey le coupa. Oui, elle savait pour cet acteur. Quiconque connaissait un minimum Billy n’entendait parler que de Peter Sullivan depuis deux mois.
Peter Sullivan (Patrick Swayze)
« Ouais, lui. Eh bien, c’est un Animagus. Le lion en lequel il se métamorphose est … ouah ! » souffla-t-il, revivant encore l’instant. « Et McGonagall aussi, c’est un Animagus. Alors, je me disais que ça n’avait pas l’air trop compliqué à faire, tu vois ? »
Il se mordit la lèvre. Il y avait bien réfléchi. Il n’était pas un élève très doué. Pas autant qu’Edmund en tout cas. Edmund avait toujours été très sérieux dans ses études et prenait son avenir au sérieux. Pas comme Billy. Du moins pas jusque-là. Avant ça, il avait loupé pas mal d’examens mais avait toujours la moyenne pour passer en classe supérieure. Là, il savait qu’il devait se ressaisir s’il voulait partir à l’UMS dans le cursus du cinéma. C’était encore loin devant lui, il n’était qu’en 4ème année. Mais il avait du retard et devait absolument se ressaisir. Fergus s’était déjà proposé de le faire réviser. Mais pour le reste …
« En faites, j’aimerais moi aussi le tenter. Être un Animagus je veux dire. »
Il guetta avec un peu d’anxiété la réaction de Joey, ses jambes et son balai flottant toujours dans les airs à un mètre de la 3ème année.
« Je sais bien que mon Animagus ne sera certainement pas un lion, comme le sien. Mais j’aimerais essayer. »
Il haussa les épaules.
« Il y a un manuel à la bibliothèque qui explique ce type de métamorphose. J’y serai bien allé mais … Mme Pince m’a dans le collimateur je crois. »
Il baissa les yeux d’un air coupable. En même temps, faire exploser des Bombabouses près d’une exposition de livres originaux n’était surement pas l’idée du siècle.
« Tu voudrais bien aller emprunter ce livre pour moi ? Et … me donner un coup de main ? T’es meilleure que moi en métamorphose et … j’ai pas envie que les autres le sachent si je rate ça. »
Il avait baissé un peu la voix sur ces dernières paroles. Ouais, il n’était pas un modèle de réussite c’était évident. Mais il voulait essayer de gagner en popularité. Il voulait être aimé des autres et montrer qu’il échouait à être Animagus aurait été vraiment naze. Joey était sa meilleure amie, elle pouvait le comprendre et l’aider.
Samedi 5 décembre 1998
« Comment ça tu ne PEUX PAS y aller avec moi ? » « Chuuuuut ! » souffla Billy en lui étonnant de baisser d’un ton.
Il allait vraiment falloir qu’on lui explique comment pour la deuxième fois de la semaine on avait réussi à le traîner à la bibliothèque. Mme Pince leur jeta un regard sévère derrière ses lunettes avant de retourner à son classement. Billy tourna alors les yeux vers Joey mais le regard était sans doute le même. Elle était même un peu effrayante.
« Ecoute, je suis désolé Joey. » commença-t-il, ses mains s’agitant en tous sens. « Je pensais aussi qu’on aurait pu y aller ensemble. Mais tu comprends … Rhea Angelos m’a invité. J’pouvais pas dire non … »
Il plaida d’une petite voix coupable avant de hausser les épaules. Grâce à Fergus, il allait y aller avec une fille. Bon, évidemment que Joey était une fille ! Billy n’était pas aveugle. Mais ce n’était pas une fille qu’il pouvait embrasser. Ce n’était pas Joey qui allait l’aider à prendre de l’avance sur Ian. Oh elle était toujours partante pour faire une crasse à Ian, ce n’était pas le problème. Disons que Ian et Billy étaient passés à un niveau supérieur et maintenant les filles étaient entrées en jeu.
« Ecoute, si tu veux, j’peux demander à Fergus de t’inviter. Ou bien Judas Arcangeli. Il est super sympa, Judas ! »
Bon, les tentatives de Billy pour vendre l’un de ses camarades étaient assez désastreuses. Mais Fergus et elle avaient commencé à bien s’entendre. Deux ou trois, Billy, Fergus et Joey étaient restés à veiller tard dans la salle commune près du feu alors que Joey racontait les dernières sorties au cinéma moldu. Fergus adorait tout ce qui avait trait à ce monde-là et Joey venait enfin de trouver un public pour parler de sa passion pour ses acteurs et films préférés. Ouais, Fergus et elle s’entendaient relativement bien même s’ils ne passeraient certainement pas du temps que tous les deux, sans Billy.
Fergus Lloyd (Heath Ledger)
Joey faisait mine de s’intéresser à son travail éparpillé sur la table, disant que de toute façon ce bal stupide ne l’intéressait pas. Billy fit la grimace avant de lâcher un rire.
« Ouais, de toute façon, ça va être naze je sens. » dit-il en levant les yeux au ciel. « Tu louperas rien, je te promets. »
Il regarda Joey écrire sur son parchemin et déglutit. Ouais, c’était sans doute le mieux qu’elle ne vienne pas. Après tout, Joey n’était qu’une 3ème année un peu gamine sur les bords … Elle n’aurait pas compris les tentatives de Billy d’obtenir un baiser de Rhea ou d’une toute autre fille. Elle aurait certainement tout gâché. Ouais, valait mieux qu’elle reste en retrait pour ce soir-là.
Mardi 22 décembre 1998
Billy entra dans la Grande Salle, Rhea Angelos a son bras. Elle était très sexy avec sa robe rouge décolleté et ses cheveux roux pailletés. Billy bomba le torse en passant devant Ian Wen et sa cavalière qui les regardèrent d’un air mauvais. Puis ils s’assirent à une table où Fergus et Millie les attendaient déjà. Alex et lui avaient travaillé un bon moment pour que ces deux-là s’invitent l’un l’autre au bal mais les voilà réunis. Fergus avait un sourire jusqu’aux lèvres alors que Millie racontait une anecdote sur un week-end à Pré-au-Lard.
« Je vais nous chercher à boire. » dit-il en caressant rapidement le bras de Rhea.
Rhea Angelos (Ellie Bamber) en robe rouge
Il s’éloigna vers un buffet tenu par le professeur Flitwick et …
« Oh, William, tu es magnifique dans ce costume ! » « Professeur … » marmonna-t-il. « Oh, tu peux m’appeler Vic ce soir, je ne t’en voudrais pas. »
Victoire McGregor (Cara Buono)
Billy sourit avant de faire mine de partir plus loin. Il aimait beaucoup sa tante Victoire. Mais déjà que c’était gênant que son père soit professeur (Merlin merci il était rentré à la maison pour les vacances de Noël), Victoire McGregor pouvait être un vrai pot de colle quand elle s’y mettait. Et ce soir-là, Billy n’avait aucune envie que sa famille ne vienne se mêler de ses histoires d’adolescent.
« Tu as pris une photo pour envoyer à ta mère au moins ? » demanda Vic en le suivant, la table du buffet les séparant. « Euh … non … » avoua-t-il. « Oh, ne bouge pas alors ! On va faire ça de suite, il faut juste que … » « Non ! » souffla-t-il, les joues rouges. « S’il te plait, Vic. J’ai … pas envie … »
Vic le regarda d’un air implorant.
« Oh mais … »
Billy la vit, la main toujours dans son sac, s’immobiliser. Elle grimaça et Billy fronça les sourcils. Elle semblait déçue mais sa grimace était autre chose. Billy baissa la tête. Sa tante avait été aussi victime d’un vilain maléfice durant la guerre. Son épaule ne semblait s’être jamais complètement remise.
« Bon ok … » marmonna-t-il. « Mais en dehors de la Grande Salle. Je ne veux pas faire ça devant tout le monde. »
Vic sourit, son regard s’illuminant.
« Parfait ! Va chercher ta cavalière et je vais chercher Edmund. Adèle sera trop heureuse de vous voir. »
Billy roula des yeux, prit quatre verres au hasard et fit demi-tour. Il aperçut Clary, sa cousine, danser avec son récent petit-ami, Mattéo. Plus loin, les jumeaux McGregor ricanaient en lorgnant une bassine de jus de citrouille près du professeur Flitwick. Alexander Davis était assis un peu plus loin, seul, attendant sans doute Edmund ou bien sa cavalière.
Il rejoignit la table où il avait laissé Rhea et après avoir posé les verres et lui avoir expliqué la situation, la jeune femme attrapa sa main et se laissa guider jusqu’aux portes de la Grande Salle.
« C’est une trop bonne idée cette photo ! J’espère juste que mes cheveux tombent toujours comme je le voulais et que … »
Billy ne l’écoutait pas beaucoup, bien peu concerné par tout ce blabla sur la coiffure. Ils sortirent de la Grande Salle où Vic, qui tenait son appareil photo prêt à mitrailler, avait été rejoint par Seamus, son mari. Les bras croisés, il regardait avec amusement Edmund qui tentait d’aplatir ses cheveux. Sa cavalière gloussait légèrement avant de lui intimer de se remettre droit pour la photo. Sa cavalière qui était …
« JOEY ? » s’écria Billy.
La jeune fille sursauta mais riva son regard droit dans le sien, comme un défi.
« Qu’est-ce que … » « Hey Billy ! J’aurai du te dire que j’avais invité Joey. » commença Edmund en se frottant les mains, un peu mal à l’aise.
Edmund Prewett (Gavin Casalegno)
Billy releva les yeux vers son frère et fronça les sourcils.
« Pourquoi t’as invité Joey ? » souffla-t-il.
Il était furieux. Il ne savait pas trop pourquoi. Peut-être parce que son frère n’avait pas été honnête avec lui quand il avait dit qu’il avait trouvé la meilleure cavalière qui soit ? Ou peut-être parce que sa meilleure amie avait feint de ne pas être plus intéressée par le bal que ça ? Ou encore parce que Billy regrettait sans doute de n’avoir pas eu le courage d’inviter Joey avant que Rhea ne l’invite lui ? Joey portait une robe très jolie et ses cheveux avaient été élégamment coiffés. Elle n’était plus la gamine de tout juste 14 ans qu’il avait rejeté quelques semaines auparavant.
« Bah … »
Edmund regarda tour à tour Joey puis Billy avant de lâcher.
« … vu que tu n’as pas été capable de le faire. »
Furieux, Billy s’avança aussitôt vers Edmund pour le bousculer. Mais Seamus était bien plus rapide que les deux garçons et se mit en travers d’eux.
« Stop. »
Seamus McGregor
Le regard de Seamus était sévère et Billy serra davantage le poing. Quel connard ce Edmund ! Billy le détestait. Et il détestait Joey. Pourquoi lui avait-elle fait ça ? Elle savait bien qu’il ne s’entendait pas particulièrement avec son frère. Alors pourquoi y était-elle allée avec lui ? Et puis en croisant son regard, il comprit.
« Une vraie Serpentard, hein Joey ? » dit-il par-dessus l’épaule de Seamus.
Avait-il dit un jour qu’elle aurait pu être à Gryffondor ? Il s’était bien trompé.
« Allez, les garçons … » intima Vic, mal à l’aise. « C’est une soirée où tout le monde va s’amuser. » « Ouais … » marmonna Billy.
Comme ayant senti le signal, Rhea vint se cramponner à son bras et posa sa joue contre son épaule. Il se força à se détendre. Après tout, si Edmund et Joey voulaient faire ce qu’ils voulaient, qu’ils le fassent ! Il passa un bras autour de la taille de Rhea alors que Seamus s’écartait pour les laisser poser.
« Rapprochez-vous un peu s’il vous plait … » souffla Vic.
Billy leva les yeux vers Edmund qui le regarda pour lui intimer de faire un effort. A nouveau, Rhea eut la présence d’esprit de passer de l’autre côté, afin de séparer les deux frères qui allaient finir par s’étriper.
« Souriez ! »
Le flash apparut et Billy s’empressa aussitôt de se décaler avec Rhea à ses côtés. La photo ne devait pas être bien glorieuse avec Edmund et Billy qui s’affrontaient du regard sur la photo. Mais Vic était ravie en la regardant sortir de son polaroid et Joey s’empressa d’aller la voir.
« J’en enverrai une copie à James si tu veux. Il sera très content de te voir t’amuser un peu. »
Vic donna un coup de hanche à la jeune fille et Billy se mordit la lèvre en détournant le regard. Seamus s’approcha alors de lui et se pencha vers son oreille.
« Evite de faire des vagues ce soir. » le prévint-il. « Tout le monde a envie de s’amuser et de se détendre ce soir. »
Il fit un signe de tête en direction de Vic, comme pour lui faire comprendre qu’elle n’avait certainement pas envie de venir séparer Edmund et Billy en pleine dispute ce soir. Billy soupira mais ne répondit pas à Seamus. Il s’éloigna rapidement avec Rhea.
Billy s’efforça de profiter de la soirée. Rhea lui facilitait bien les choses jusqu’à ce qu’Alex Bennett s’invite elle aussi contre toute-attente. Billy devait bien l’avouer, la soirée n’était pas une véritable réussite. Appuyé contre une porte de la Grande Salle, il regardait Rhea se déhancher un peu plus loin avec des amis. Ian passa devant lui et lâcha un rire en le voyant.
« Eh bien, Prewett ? Ta cavalière t’a lâché ? »
Ian Wen (Sonwei Long)
Il esquissa une fausse mine désolée alors que sa cavalière se pressait contre lui.
« Faut dire que ce n’est pas difficile de trouver mieux ailleurs … » « Ta gueule, Wen ! » siffla Billy.
Ian se mit à rire et le dépassa, bras dessus-bras dessous avec sa cavalière alors qu’ils partaient surement finir la soirée dans la salle commune. Mais Ian Wen ne serait pas Ian Wen s’il ne se retournait pas une dernière fois …
« Je crois que … même ta meilleure amie a préféré ton frère à toi, non ? »
Billy releva un regard furieux vers Ian qui partait en riant. Billy ignorait si le destin avait décidé de s’acharner contre lui mais ce fut à ce moment-là que Joséphine apparut devant lui. Rentrait-elle dans son dortoir ? Ou était-elle venue voir Billy ? En tout cas, Edmund n’était plus collé à elle mais cela n’empêcha pas Billy d’être toujours aussi furieux.
« Alors ? Tu t’es bien amusé ? »
Il n’y avait aucun ton sympathique dans ces mots-ci. Les mains dans les poches, il foudroyait Joey du regard.
« T’as eu ta vengeance ? T’es fière de toi, j’imagine ? »
Voyant que Joséphine ne rentrait pas comme il l’aurait voulu dans son jeu, Billy se redressa soudainement de la porte contre laquelle il était appuyé et fit un pas vers Joey.
« Le problème, Joey, c’est que tu as déclaré que ça ne te dérangeait pas finalement de ne pas y aller. Tu m’as menti ! Et en plus de ça t’y es allé avec la pire personne sur cette Terre ! Edmund quoi ?! »
Il s’écarta de la Grande Salle, ne voulant pas que les personnes présentes à l’intérieur ne les entendent. Mais leurs voix résonnaient désormais dans tout le hall du château.
« T’es vraiment une sale hypocrite ! C’est quoi ? Il a eu pitié de toi en faites ? De toute façon, je ne vois pas pour quel autre motif un garçon t’aurait invité. »
Billy sut qu’il était allé trop loin en voyant le regard de Joey. Il regretta certainement aussitôt ses mots mais n’eut pas le loisir de rectifier ce qu’il venait de dire qu’Edmund avait surgi de nulle part. Il le poussa des deux mains et Billy tomba à la renverse.
« T’es vraiment con quand tu t’y mets ! » fulmina Edmund au-dessus de lui.
Billy, étendu au sol, regardait son frère et Joey et quelque chose se tordit dans son estomac. Un sentiment de trahison. Joey, sa meilleure amie. Celle avec qui il s’était longtemps chamaillé quand ils étaient petits. Celle avec qui il avait partagé des fous rires dans la salle commune. Celle qui avait veillé sur lui quand il avait été blessé durant la Bataille de Poudlard. Celle qui avait été sa meilleure partenaire pour contrer Ian Wen et sa bande. Celle qui le soutenait depuis trois mots dans sa métamorphose en tant qu’Animagus.
En les regardant tous les deux, Billy sentait son cœur s’accélérer. Il se redressa et regarda une autre fois Edmund et Joey. Quelques secondes passèrent pendant lesquelles ils s’affrontèrent du regard avant que Billy ne lâche.
« Faites ce que vous voulez. Je ne veux plus vous parler de toute manière. »
Et, sans hésiter, il tourna les talons. Pourtant, il aurait aimé qu’ils le retiennent. Il aurait aimé qu’Edmund pose une main sur son épaule, que Joey ne prononce rien qu’un seul mot. Mais rien. Rien de tout ça ne se produisit. Et Billy s’enfonça dans les couloirs menant aux cachots.
Dimanche 11 juillet 1999
L’été est bien là ! Billy attrapa sa planche de surf et bouscula les fils de Minho alors qu’ils faisaient la course jusqu’à la plage. Cet été, Billy était de retour en Amérique. Minho Huong avaient invité ses meilleurs amis et leurs enfants à passer tout un été dans sa maison de vacances. C’était juste incroyable. L’endroit était un vrai petit coin de paradis. La maison était assez grande pour que chacun ait une chambre bien à lui. Il y avait une grande piscine avec une grande terrasse, un coin pour faire des grillades et des discussions tard le soir. La plage n’était qu’à quelques minutes à pied en passant par un petit chemin en sable. La maison avait même une sorte de petit ponton sur lesquels se posaient pour discuter le matin au petit-déjeuner.
La famille Prewett était arrivée la veille avec les Davis. Quant à Josh Bennett, ils n’arrivaient que la semaine prochaine, Roza n’ayant pas pu se libérer plus tôt. Adèle serait également forcée de repartir dans deux semaines et pendant tout un mois, ce ne seraient que les papas et les enfants. Billy en était convaincu : cet été serait parfait !
« Dégagez !!! » cria-t-il en se jetant tête la première dans l’eau salée. « Bordel elle est froide ! »
L’eau dégoulinait sur ses cheveux alors qu’il revenait à la surface pour regarder Joey et Vi’ se poser sur la plage avec leurs serviettes. Joey et Billy ne s’étaient pas vraiment reparlés depuis leur dispute au bal d’hiver. Billy avait continué de s’entraîner seul à sa métamorphose en Animagus même si, sans Joey, c’était devenu compliqué. Sa meilleure amie lui manquait, il devait l’avouer. Mais il était trop orgueilleux pour faire le premier pas.
Avec Edmund, les choses avaient été différentes. Edmund était son frère. Ils passaient leur temps à se disputer pour tout et rien. Ce dernier arriva et éclaboussa aussitôt Billy en riant.
« Tu plaisantes ! Cette eau est parfaite ! » chantonna-t-il en criant à Alec de se dépêcher.
Les fils de Minho étaient déjà à l’eau et Billy monta sur sa planche, bien décidé à s’entraîner. A Southampton, même s’ils étaient près de l’eau, la température n’était pas la même qu’en Caroline du Nord. Ici, tout est lumineux et chaud. Les garçons jouèrent un moment dans l’eau avant que Joey et Vi’ ne se décident à rentrer doucement dans l’eau. Edmund attrapa alors Vi’ qui hurla avant d’être jetée dans l’eau.
« Billy, attrape Joey ! » cria Edmund. « Elle tente de s’échapper ! »
Le regard de Billy croisa celui de Joey mais Conrad, le fils aîné de Minho, fut plus rapide et enserra la taille de Joey qui se débattit comme elle put avant d’être jetée elle aussi dans l’eau salée. Il était 15h00 et ils avaient ce bout de plage pour eux tous seuls. Les vacances d’été commençaient bien !
Oui il allait bien. Maintenant. Je repensais à la bataille, à toutes les décisions rapides que nous avions prises. Il en allait de ma responsabilité, j’avais accepté de prendre ces risques mais je n’avais pas pris en compte ceux qu’encouraient Billy. Pas assez. « C’est faux. » Je tentais de contester mais il ne me laissa pas poursuivre. « Si tu n’avais pas insisté, je l’aurai certainement fait aussi. » dit-il. « Et puis, regarde, Millicent était déjà sur place pour nous aider. » Je reniflais davantage en baissant la tête vers le lit mais il l’attrapa entre ses deux mains pour dégager les cheveux qui se collaient à mes joues humides.
« D’une manière ou d’une autre, on serait sorti. D’une manière ou d’une autre, on aurait combattu. D’une manière ou d’une autre, j’aurai échappé à la protection de notre cachette. Parce que je suis stupidement insouciant et que tu es stupidement téméraire, Joséphine Davis. » Je n’étais téméraire. Je ne me rappelais déjà plus ce qui m’avait poussé à faire tout ce que j’avais fait cette nuit-là. Tout s’était passé si vite. Quelques larmes coulèrent le long de mes joues en silence. Mes reniflements s’étaient arrêtés, mes yeux humides étaient plongés dans ceux de Billy. « Tu es ma meilleure amie et je ne pouvais rêver meilleure partenaire pour faire preuve d’héroïsme. Nous sommes peut-être les moins malins des Serpentard, mais nous sommes loyaux l’un envers l’autre, et envers notre famille. Nous chercherons toujours à nous protéger et à protéger ceux qui nous entourent. Peu importe les risques. »
Je hochais doucement la tête, essayant d’assimiler ses mots. Je ne cherchais pas à être convaincu, c’était peine perdu. Mais nous allions à présent et je voulais seulement ne plus y penser. Billy ne m’avait parlé ainsi, encore moins eu un geste affectif comme celui de remettre mes cheveux derrière mes oreilles. Je ne m’étais pas offusquée, bien au contraire, les choses semblaient naturelles. Nécessaires. Mon cœur tapait très fort contre ma cage thoracique, comme pour me signifier que ce serait l’un des moments d’amitié les plus pures que je vivrai. « Tiens, attrape ! » Il me lança un paquet de chocogrenouilles, je n’attendis pas pour l’ouvrir et contempler ma grenouille et son bond impressionnant. Puis celle de Billy avant qu’elles ne redeviennent du chocolat. J’attrapais la mienne et croquais dedans. « Regarde un peu ! J’ai Mangouste Bonham ! » D’un seul coup, je me sentis revigorée et pleine d’énergie, enjouée par nos sucreries. « J’ai eu … Salazar Serpentard, encore ! » Je ne doutais plus vraiment d’avoir été envoyé dans la bonne maison, pas après cette quinzième carte que je pouvais ajouter à ma collection du fondateur de la maison du serpent.
Je restais un peu à rire avec Billy, nous ne reparlâmes pas de la bataille ni de mes larmes. Il n’y avait que nous. Je le quittais juste avant la fin des visites, je croisais Adèle qui m’adressa un sourire et je le lui rendis. Les choses allaient rentrer dans l’ordre à présent. C’était certain. Samedi 19 septembre 1998
« Tu dis vraiment n’importe quoi. T’es sûr qu’on ne t’a pas ramolli le cerveau, toi, l’an dernier ? » Le rire ne vint pas pour aucun de nous. Un silence de quelques secondes plana, en souvenir de l’année dernière. Il était encore trop tôt pour faire des blagues à ce sujet. J'ignorais sa remarque et le laissais poursuivre. « Je ne sais pas ce que Fergus t’a raconté mais toi et lui vous faites des idées. » Depuis le début de l’année, Fergus et moi nous étions davantage rapprochés. Je lui parlais souvent de films moldus et il prenait le temps de les regarder pour m’en donner un retour. C’était agréable de de pouvoir partager cela avec quelqu’un. Mais nous ne partagions pas que cela. Nous moquer de Billy aussi. « Pour une fois, Fergus n’est pas dans le coup. Je me disais que tu voulais peut-être que ça reste entre nous. » Oui j’étais avare de potins. « Alex est juste une amie. Ce serait … trop bizarre qu’il y ait autre chose. Et puis de toute façon, je crois que Livia Dwight en pince pour moi. Ou peut-être Dorcas Meadow. Bref, j’ai d’autres filles et Alex ne m’intéresse pas. » Je levais les yeux au ciel. Billy Prewett s’était transformé en bourreau des cœurs. Beurk ! De plus, il ne semblait pas se soucier de quelle fille se serait, tant que c’était une fille. Je m’apprêtais à le raisonner mais déjà il préparait un autre coup. « J’ai la flemme de redescendre … »
Sans y réfléchir à deux fois il s’élança sur son balai debout sur un banc des gradins. « Billy ! Tu vas tomber et te blesser ! Arrête ! » « Tu sais, Joey, parfois, il faut savoir prendre des risques dans la vie. Parfois, ça peut plaire à des filles. » Le Billy qui voulait en mettre plein la vue ne l’écouta pas et se lança dans sa cascade. Je tentais de le suivre d’abord en descendant maladroitement les bancs en marchant mais m’arrêtait, me saisissant de ma baguette pour amortir la chute imminente. Tout juste entré dans l’équipe, le Serpentard n’avait pas grande autorité sur son balai qui ne se gêna pas pour le faire se cogner à plusieurs obstacles. Finalement, l’adolescent se stabilisa dans les airs et ne se cacha pour crier sa victoire. « Ça y est ! T’as vu, Joey ! Je te l’avais dit. Faut prendre des risques ! » Mon cul oui ! Ce n’était pas prendre des risques mais faire des idioties pour se rendre intéressant ! Il fallait que je m’y habitue, c’était le nouveau Billy.
Planant toujours un peu sur son balai, le jeune homme retrouva une attitude plus discrète, quoique toujours aussi peu habillé. N’avait-il pas froid ? « Joey … Tu sais, cet acteur … » « Tu n’as pas épuisé le sujet depuis cet été ? » Exagérément je poussais une plainte très sonore qui résonna dans les gradins. « Ouais, lui. Eh bien, c’est un Animagus. Le lion en lequel il se métamorphose est … ouah ! Et McGonagall aussi, c’est un Animagus. Alors, je me disais que ça n’avait pas l’air trop compliqué à faire, tu vois ? » Je fronçais les sourcils, pas certaine de ce qu’il sous-entendait. « En faites, j’aimerais moi aussi le tenter. Être un Animagus je veux dire. » Mais… Je laissais le Serpentard poursuivre, dubitative. « Je sais bien que mon Animagus ne sera certainement pas un lion, comme le sien. Mais j’aimerais essayer. » Je fis une moue. « C’est beaucoup de pratique Billy et ça peut prendre plusieurs années… » Connaissant le caractère rigoureux du spécimen… Mais il resta buté, c’était Peter Sullivan alors il n’y avait pas à discuter.
« Il y a un manuel à la bibliothèque qui explique ce type de métamorphose. J’y serai bien allé mais … Mme Pince m’a dans le collimateur je crois. » Je flairais sa demande en levant les yeux au ciel avant qu’il ne me pose la question. « Tu voudrais bien aller emprunter ce livre pour moi ? Et … me donner un coup de main ? T’es meilleure que moi en métamorphose et … j’ai pas envie que les autres le sachent si je rate ça. » Je soupirais. Je ne voulais pas le décourager mais il ne semblait pas se rendre compte dans quoi il allait s’embarquer. Je n’étais même pas sûre de pouvoir l’aider. Mais… « Me fais pas ces yeux-là ! Bien sûr que je vais aller chercher ton bouquin et que je vais t’aider. » Mon ton n’était pas enjoué, enfin bon c’était toujours mieux que les filles. Si cela pouvait devenir notre sujet de conversation principal.
Samedi 5 décembre 1998
Le regard de Madame Pince sembla nous transpercer alors que j’essayais d’écouter les excuses de Billy. « Ecoute, je suis désolé Joey. Je pensais aussi qu’on aurait pu y aller ensemble. Mais tu comprends … Rhea Angelos m’a invité. J’pouvais pas dire non … » Je me retins de le contredire comme si, pour la première fois de ma vie, j’avais tourné sept fois ma langue dans ma bouche. Il semblait peiné et en même temps déjà tellement emballé par ce rencard. Par cette fille. Il ne tenait pas en place, totalement contrôlé par ses hormones. « Ecoute, si tu veux, j’peux demander à Fergus de t’inviter. Ou bien Judas Arcangeli. Il est super sympa, Judas ! » Ah parce que maintenant il allait me refiler aux copains comme une marchandise ? Hors de question de passer pour la pauvre fille sans cavalier, la petite troisième année. « Non. Ecoute, laisse tomber. » Je repris mes feuilles de cours, essayant de reprendre le fil de mon travail, retenant ma colère pour une raison que j’ignorais.
« Je ne veux plus y aller finalement, il n’y aura rien de bien intéressant. » Moi qui avais planifié ce bal depuis la rentrée… « Ouais, de toute façon, ça va être naze je sens. Tu louperas rien, je te promets. » Les yeux rivés sur son travail, je laissais Billy s’éloigner sans plus de cérémonie et il ne sembla pas davantage s’inquiéter à mon sujet. Il avait sa soirée en tête, la fille de son choix, il n’avait pas besoin de moi. Après tout, si c’était pour le regarder flirter à droite et à gauche pendant le bal, finalement ce n’était peut-être pas plus mal.
Contrariée, je lâchais ma plume, peinant à me convaincre complètement. Je pouvais toujours demander à Fergus, on s’entendait bien. Assez pour être sa cavalière ? Je m’avachis contre le dossier de ma chaise, soupirant un peu trop fort au goût de Madame Pince qui me fit les gros yeux. « Salut Joey ! » Je tournais la tête à gauche. « Salut Edmund. » Mon enthousiasme n’était pas au même point que le sien. « Tu en fais une tête, qu’est-ce qui t’arrive ? » Il s’assit en face de moi, se penchant au-dessus de la table pour chuchoter. « Ton frère m’exaspère, c’est tout. » Il afficha un rictus, guère étonné. « Je me demandais d’ailleurs, tu vas avec Billy au bal de Noël ? » Il le faisait exprès de mettre le doigt sur ce qui n’allait pas ? « Non. Il y va avec une autre fille. » Je tentais de ne pas afficher une mine trop déçue. « Tu voudrais qu’on y aille ensemble ? » Mes yeux se relevèrent d’un seul coup pour trouver les siens, surprise. Il posait sa question en toute nonchalance, comme si ce n’était pas l’événement du mois. « Tu veux m’inviter au bal ? Tu n’as pas déjà une cavalière ? » Je le sentis se moquer gentiment de mon ton étonné. « Oui. Si ça te tente. » Il ne répondit pas à la dernière question mais je fis mine de ne pas l’avoir remarqué. « D’accord. » Je ne fis aucune éloge et lui non plus. Edmund partit comme il était arrivé, sans cérémonie. J’allais finalement au bal… Mardi 22 décembre 1998
Edmund m’avait attendu devant le dortoir, j’avais fait quelques jalouses puisque j’étais l’une des seules troisième année à aller au bal de Noël. Je portais une magnifique robe bleu nuit asymétrique au niveau des épaules. Je me sentais jolie et mon cavalier participa à cet esprit de fête en me faisant rire. Mon sourire ne retomba que lorsque j’aperçus Billy, avec à son bras la plus belle fille que je n’avais jamais vue. Rhéa était éblouissante dans sa robe rouge et mon meilleur ami tentait de lui faire honneur en bombant le torse. Je les fixais de loin, assise à une table en compagnie d’Edmund qui discutait avec toute la tablée. J’en voulais à Billy et il m’était difficile de le cacher.
« JOEY ? Qu’est-ce que … » Il avait enfin daigné se rendre compte de ma présence. Je ne pris pas la peine de fournir de justifications et me contentais de sourire pour la photo. « Hey Billy ! J’aurai du te dire que j’avais invité Joey. » Parce qu’il lui devait quelque chose ? Je n’étais pas sa propriété ! « Pourquoi t’as invité Joey ? » Edmund chercha mon regard pour savoir quoi dire mais mes yeux restaient fixés sur mon meilleur ami, le fusillant. « Bah … vu que tu n’as pas été capable de le faire. » C’était comme si on avait lâché une furie. Billy tenta de se jeter sur son frère sans retenue mais heureusement Seamus fit barrage. « Une vraie Serpentard, hein Joey ? » Je ne m’abaissais pas à répondre quoi que ce soit, attrapais le bras de mon cavalier pour le tirer dans la salle.
Où avais-je appris à avoir autant de self-control ? Je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais à décharger ma colère sur Billy, comme si je lui devais quelque chose. Il l’a mérité bien sa soirée avec la fille de ses rêves, après les trois mois que nous avions passé à tenter d’enclencher le processus de transformation en animagus. Cela n’avait pas été facile, surtout lorsque je lus que la première étape était de garder une feuille de mandragore dans la bouche un mois entier. J’avais envie d’être conciliante à son sujet, c’était un garçon, il n’avait pas toujours tous ses neurones de connectés. Je n’avais rien dit et je savais déjà que ça ne durerait pas.
Il commençait à se faire tard, j’avais pris du bon temps en compagnie d’Edmund, découvrant une autre facette de sa personnalité, loin des jugements et moqueries de Billy. Mais la soirée n’avait pas été à la hauteur de mes espérances pour autant. « Alors ? Tu t’es bien amusé ? » Je passais devant le Serpentard, prête à me faire raccompagner par son frère qui disait bonne nuit à ses amis un peu plus loin. « T’as eu ta vengeance ? T’es fière de toi, j’imagine ? » L’eau débordait enfin du vase. « Il ne s’agissait pas de vengeance Billy. C’est quoi ton problème ? » Il se redressa, la haine dans les yeux. « Le problème, Joey, c’est que tu as déclaré que ça ne te dérangeait pas finalement de ne pas y aller. Tu m’as menti ! Et en plus de ça t’y es allé avec la pire personne sur cette Terre ! Edmund quoi ?! » Il pouvait s’en prendre à moi mais certainement pas au seul qui s’était soucié de moi dans cette histoire. « Ne parle pas de lui comme ça ! » La haine se fit plus grande et je me souvenais seulement de ce regard lorsqu’il voyait Ian Wen, je n’aurais jamais pensé pouvoir être la cible de celui-ci. « T’es vraiment une sale hypocrite ! C’est quoi ? Il a eu pitié de toi en faites ? De toute façon, je ne vois pas pour quel autre motif un garçon t’aurait invité. » Des larmes se pressèrent au bord de mes yeux sans que je n’aie eu le temps de reprendre une respiration.
J’en restais bouché bée. Edmund arriva sur les entrefaites, bousculant son frère pour la défendre. Le pensait-il vraiment ? Qu’aucun garçon ne voudrait m’inviter ? Je me sentais soudainement ridicule dans ma robe, comparée à toutes les autres plus âgées que moi, plus fines, plus élancées. Faisait-il référence à cela ? « Faites ce que vous voulez. Je ne veux plus vous parler de toute manière. » Et il partit sans se retourner. « Écoute pas ce qu’il raconte, il est encore immature. » Je savais qu’Edmund tentait de me réconforter mais cela n’empêcha mes larmes de couler le long de mes joues. Il se sentit gêné mais passa ses pouces sous mes yeux pour stopper le flot. Puis il se rapprocha et tenta maladroitement de m’embrasser. Je me dérobais. « Je suis crevée, je vais me coucher. » Je montais les marches, pressé de fuir cette situation improbable. « Merci pour cette soirée, bonne nuit. ». Il valait mieux que j’oublie tout ça.
Dimanche 11 juillet 1999
Enfin les vacances d’été ! Le soleil chauffait ma peau et détendait chacun de mes muscles aisément. J’adorais cette saison. Je rentrais dans l’eau doucement mais c’était sans compter les garçons qui m’éclaboussait en se jetant dans tous les sens. « Billy, attrape Joey ! » cria Edmund. « Elle tente de s’échapper ! » Nos regards se croisèrent quelques secondes, il était encore bien étrange d’être proche de Billy après ce qu’il m’avait balancé à la figure en décembre. Mes réflexions se stoppèrent immédiatement lorsque Conrad se jeta sur moi pour me faire couler. La fraicheur de l’eau me donna plein de frissons. Je revins à la surface en prenant une grande inspiration.
Il n’avait même pas daigné s’excuser. Ces mots tournaient en boucle dans ma tête et quelques fois j’étais persuadée qu’il avait dit vrai. Que pouvait-il en avoir à faire de moi maintenant ? Il sortait avec Lumen Zabini et enchainait les filles. L’amitié fille-garçon n’était peut-être plus possible passée un certain âge … Quant à Edmund, il avait adopté la même stratégie que la mienne : faire l’autruche. Il en valait mieux ainsi, je ne voulais pas avoir à faire la gueule à deux personnes en même temps, surtout de la famille Prewett avec qui j’étais partie en vacances. Je me mis à nager en direction du grand frère et lui sautais dessus pour le faire couler. Nos corps rentrèrent en contact et nos rires se mélangèrent. Des frissons me parcoururent la peau et cette fois-ci je savais que ce n’était pas à cause de l’eau.
Samedi 17 juillet 1999
Victoire nous avait autorisé à rejoindre la fête au feu de camp sur la plage. Il y avait beaucoup d’adolescent mais aussi de jeunes adultes et je me sentais un peu petite. J’avais pris une boisson non alcoolisé comme la fille sage que j’étais, je savais que plein de mineurs ne s’était pas gênés pour se servir. Je balayais mon regard sur le sable, rencontrant de beaux yeux verts qui me fixaient. Il s’agissait d’un jeune homme brun, à la peau chocolatée qui m’adressa un sourire. Il semblait bien plus âgé mais ce n’était pas là ma préoccupation principale, ma peau me picotait tant son regard me convoitait. « Joey. » Billy se plaça devant mon champ de vision et mon regard perdit de vue le beau jeune gomme. « Quoi ? » Mon ton était agacé. Ce n'était pas comme s’il ne l’avait pas mérité. Je le sentis hésité puis se rétracter. Néanmoins, il s’assit à mon côté et seule la musique nous enveloppait. Je cherchais du nouveau du regard mon crush de la soirée mais il avait disparu.
« Comment se passe ton entrainement d’animagus ? » Il fallait bien qu’un de nous engage une conversation sinon la soirée allait être bien longue. Bon… Je languissais également de savoir ce qu’il en était à ce sujet. « Rassure-moi, tu en es à l’étape où tu attends l’orage ? » Dans le grimoire que j’avais emprunté à la bibliothèque en début d’année, il stipulait une dizaine d’étapes pour arriver à la première métamorphose de son animagus. Une étape loupée et il fallait tout reprendre. D’abord la feuille de mandragore, puis la fiole avec le cheveu, et pleins d’autres contraintes que je n’avais pas retenu par cœur. Plutôt fastidieux. « J’ai lu que la première métamorphose pouvait être très douloureuse, comparable à celle d’un lycanthrope. Tu es sûr de vouloir poursuivre ça ? » Il m’était encore difficile de lui pardonner mais je ne pouvais pas effacer des années d’amitié et ne plus du tout me soucier de lui. Malheureusement je pensais.
Nous sommes le samedi 17 juillet 1999. C'est l'été ! Le fameux été 1999 cher au coeur de ces amis d'enfance. Billy en garde un très bon souvenir. C'était la première fois qu'il retournait en Amérique depuis la prise de conscience de son rêve. Il a noué de nouveaux liens avec les fils de Minho, Conrad et Jeremiah. Il est sorti avec Lumen Zabini. Mais surtout, cet été-là lui a permis de renouer le contact avec sa meilleure amie Joey.
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Billy passa un bras sur les épaules de Lumen alors qu’elle relevait le défi lancé par Conrad, qui était d’avaler cul-sec son verre de vodka. Billy fit une grimace en même temps que Lumen qui leva fièrement son verre en l’air.
« A ton tour, Huong ! » lança-t-elle avec un sourire amusé.
Ils étaient un petit groupe dans ce coin de la plage. Bien sûr, d’autres jeunes faisaient la fête sur cette plage et un feu de camp avait été allumé à l’occasion. Mais Billy et Lumen s’étaient mis à l’écart pour faire un jeu d’action/vérité, avec Conrad, Edmund, Alec et Jeremiah. Des filles s’étaient également joints à eux et ils s’amusaient bien. Le truc c’était que la plage était pleine de Moldus – No-Maj’ comme ils disaient en Amérique – et il fallait donc veiller à ne pas utiliser de magie ni de mots qui différaient de leur langage.
Joey était venue elle aussi et était sans doute assise un peu plus loin avec Alex. En vérité, Billy s’était un peu tenu éloigné de Joey cette semaine. Mais à présent que les Bennett étaient arrivés ce matin, cela serait sans doute plus facile. Du moins, c’était ce que Billy avait imaginé avant qu’Edmund ne lui tombe dessus un peu plus tôt dans la soirée. Il semblait être l’un des seuls à avoir remarqué la froideur des échanges entre Billy et Joey et avait l’air de croire que cet été était l’occasion de régler leurs différends. Cela ne lui avait guère plus que d’une part Edmund se mêle de ses affaires, et d’autre part qu’il doive faire le premier pas vers Joey. Après tout, elle était toute aussi fautive que lui, non ?
Il commença à la chercher par-dessus le feu de camp. Assise sur le sable, son regard était perdu dans le vague. Elle regardait tour à tour les jeunes autour d’elle sans véritablement se fixer. Pas le genre de soirée rêvée. Billy grogna et détacha finalement son bras de Lumen avant de commencer à se redresser.
« Où vas-tu ? » demanda Lumen en attrapant aussitôt son bras pour le tirer vers elle. « Je … juste parler avec Joey. Elle est toute seule. »
Il haussa les épaules et se détacha de l’emprise de Lumen qui fronça les sourcils en le regardant s’éloigner. Les mains enfoncées dans les poches, il s’approcha de l’endroit où Joséphine était assise. Peu à l’aise, il prit cependant la parole.
« Joey. » commença-t-il.
La jeune femme leva les yeux vers lui. Ses cheveux blonds étaient détachés et elle portait un débardeur court qui révélait bien trop de peau à son goût. Cependant, Billy pouvait également constater que Joséphine devenait une femme. Et cela le perturbait encore plus que leur dispute.
« Quoi ? » répliqua-t-elle d’un ton agacé.
La mâchoire de Billy se crispa et il s’apprêtait presque à faire demi-tour, prêt à rendre les armes. Quand elle prenait ce ton, elle lui rappelait trop la petite Joey qu’il détestait et avec qui il n’aurait jamais pensé être ami. Même à 9 ans, elle était déjà d’une autorité incroyable. Avec le recul, aujourd’hui, il savait que c’était parce qu’elle avait du grandir trop vite et qu’elle avait fatalement pris la place de la petite maman dans son foyer. C’était sans doute pour cela que Billy aurait été tenté de repartir se réfugier dans les bras de Lumen. Mais il ne devait pas.
Il poussa un soupir et se laissa tomber à côté de Joey. A côté du feu, un mec avait amené une guitare et jouait un morceau pop. Quelques filles se déhanchaient et un garçon faisait tourner une bouteille. Les moldus n’étaient pas si différents d’eux même si leur vie devait être bien monotone sans la magie. Edmund aurait déjà fait exploser des feux d’artifice par exemple.
« Comment se passe ton entrainement d’animagus ? »
Billy tourna la tête vers Joey. Elle avait repris la parole d’elle-même. Il y avait peut-être un espoir !
« Euuuh … » répondit-il en se grattant la tête.
Comment dire ? Tout seul, il devait avouer qu’il n’était pas très performant. Et sans doute pas très consciencieux. La feuille de mandragore lui filait bien du fil à retordre.
« Rassure-moi, tu en es à l’étape où tu attends l’orage ? »
Il esquissa un sourire nerveux.
« Ouais … enfin, disons plutôt … un peu avant. »
Il n’osait même pas tourner la tête vers Joey. Est-ce qu’elle allait se mettre en colère ? Il n’avait vraiment pas envie de ça. Est-ce qu’elle était en mode petite maman ? Ou est-ce qu’elle allait dire que de toute manière elle s’en moquait ? Mais sa réaction le surprit totalement.
« J’ai lu que la première métamorphose pouvait être très douloureuse, comparable à celle d’un lycanthrope. » dit-il d’un ton prudent. « Tu es sûr de vouloir poursuivre ça ? »
Cette fois-ci, Billy tourna la tête vers Joey. Elle avait parlé d’une si petite voix. Il ne savait pas si c’était parce qu’elle avait peur qu’un Moldu les entende, ou si au contraire elle était presque timide d’avouer ceci. Mais Billy l’avait bien compris : elle s’inquiétait pour lui. Malgré ce qu’il lui avait dit, malgré tous ces mois à s’éviter, elle pensait encore au duo qu’ils formaient. Ses battements de son cœur s’accélèrent dans sa poitrine quand cette vérité le frappa et il se tourna d’un bond vers Joey.
« Joey, je suis désolé. » explosa-t-il. « J’ai été un con et j’aurai jamais dû te dire qu’aucun garçon ne voudrait de toi, c’est vrai que j’aurai dû t’inviter au bal et que je n’aurai pas du mal réagir quand Edmund t’a invité mais j’étais tellement jaloux, Rhea était top mais en vérité je crois que j’aurai préféré venir avec toi et Edmund, bah, c’était bien ce qu’il avait fait et je n’aurai pas du vous en mettre plein la tronche mais après j’ai pas su comment … »
Joey le coupa dans son élan. Heureusement. Billy avait à peine repris son souffle depuis le début de ses excuses explosives. Les mots lui étaient aussitôt venus, tout ce qu’il retenait depuis des mois et qu’il aurait du dire bien plus tôt. Il avait joué la carte de la fierté au lieu de revenir vers son amie. Au final, il s’était bien ennuyé et cela avait été difficile de la voir s’amuser avec d’autres et pas avec lui.
« J’ai tellement de choses à te raconter. » dit-il avec un sourire gêné. « Tu me pardonnes alors ? »
Il tendit son poing fermé à Joey, espérant qu’elle le checkerait.
Lundi 02 août 1999
Cela faisait deux semaines qu’Adèle, la mère de Billy, était retournée en Angleterre. De leurs côtés, Mary et Roza s’étaient lancées dans un road-trip à travers les Etats-Unis et ils avaient reçu encore ce matin une carte postale. Elles étaient dans le Texas.
« Elles auraient pu nous envoyer une spécialité de là-bas. » ronchonna Jeremiah, le regard fixé sur la carte postale accrochée au frigo.
Quelques clichés de la maison de vacances des Huong :
Billy lui donna une tape dans l’épaule avant de le contourner pour rejoindre Conrad et Edmund près de la cuisine. Tous deux étaient ce soir les assistants de Joey. Elle se plaisait à les diriger ou à leur enseigner comment couper des carottes en bâtonnets. De leurs côtés, Edmund et Conrad, un torchon sur leurs épaules, prenaient leur travail très à cœur et s’amusaient à prendre des voix de cuisiniers célèbres.
Dans le salon, les papas se disputaient pour savoir comment fonctionnait le chaîne hi-fi. En tant que né-moldu, Minho était celui le plus disposé à la faire fonctionner, mais avec Josh et Louis qui ne cessaient de toucher à tous les boutons, l’entreprise n’était pas gagnée. James dans un coin lisait la notice d’utilisation sans rien y piger de plus. Sur le canapé, c’était atelier maquillage. Du haut de ses 13 ans, Vi’ donnait des cours de maquillage à Lily et Jilliana. Alex les regardait avec amusement, intervenant de temps en temps pour rééquilibrer un trait d’eye-liner ou de rouge à lèvres. Quant à Alexander, il était encore à l’étage en train de prendre sa douche.
Ce soir, c’était karaoké et Lumen devait venir. Conrad et Edmund n’avaient eu de cesse de le charrier toute la journée en disant à quel point cela sonnait officiel.
« Vos gueules ! » balança-t-il à Edmund qui transportait deux bols de guacamole et qui venait de murmurer le petit surnom que Lumen lui donnait.
Conrad et Edmund explosèrent de rire avant de revenir aussitôt vers Joey pour savoir ce qu’il restait à faire. Soudain, la musique explosa dans le salon.
« Eh bien voilà ! » s’enthousiasma Louis. « Trop fort mon Loulou ! » chantonna Josh en faisant une accolade à son ami.
Minho s’était mis à chanter en même temps que la voix de Bonnie Tyler tandis que James se pressait de brancher les micros. Agacé, Billy quitta la maison et sortit sur le perron. L’eau de la piscine était si claire que Billy y aurait bien sauté dedans pour se rafraîchir les idées. Lumen était déjà en retard d’une demi-heure et il savait que ça ne sentait pas bon.
Bon, il était vrai qu’ils s’étaient disputés quelques heures auparavant. Lumen disait de lui qu’il était trop perso et qu’ils faisaient toujours des trucs qu’il lui plaisait à lui. Ils faisaient pleins de sorties et étaient allés visiter un musée sur Peter Sullivan. Ils étaient allés aussi dans un magasin du cinéma d’Hollywood. Et puis Billy était allé se faire couper les cheveux à nouveau aussi. Et un soir ils avaient parlé tard de sa conversation avec Joey.
Bref, c’était des bons moments. Mais visiblement, Lumen ne les voyait pas de cette œil-là et réclamait de passer du temps avec lui mais dans des endroits qu’elle aurait choisis. Billy ne voyait pas ce que cela changerait pour leur couple et surtout, il n’avait franchement pas envie de l’accompagner faire les magasins à New-York. Bref, leur dispute s’était donc vite terminée dans cette impasse. Mais Billy avait espéré qu’elle viendrait ce soir. Il devait cependant se rendre à l’évidence : Lumen ne viendrait pas.
Une voix le fit sursauter dans son dos. C’était Joey qui était sortie par la baie vitrée pour le rejoindre. Le vent soufflait légèrement et agitait ses cheveux blonds. Elle n’avait rien à envier à Rhea. Joey avait elle aussi des formes désormais et Billy avait rapidement constaté que quelques garçons la regardaient d’une façon qui le surprenait sans cesse.
« Ouais, je voulais voir si elle arrivait. » dit-il en s’asseyant près de la piscine éclairée, les pieds dans l’eau. « Mais je crois qu’elle ne viendra pas. »
Il haussa les épaules avant de sourire franchement.
« Je lui achèterai des fleurs demain et ça ira mieux après. »
Il regarda du coin de l’œil Joey s’installer à son tour. Comment avait-il fait pour ne pas la voir changer autant en si peu de temps ? Elle surprit son regard et Billy détourna rapidement les yeux.
« Rien. » mentit-il. « Dis, tu crois qu’il y a moyen que nos pères nous laissent chanter une chanson un peu moderne ? »
Il esquissa un sourire avant de la bousculer de l’épaule.
« On pourrait se faire le duo "Don’t Go Breaking My Heart" ? » proposa-t-il. « Ou une de tes chansons Disney si tu y tiens … »
Il grommela la dernière phrase, peu envieux de chanter un dessin-animé. Mais afin de se rapprocher de Joey, il était prêt à faire pas mal de choses ces derniers temps. Ils avaient également reparlé de la transformation en animagus de Billy et ils avaient proposé de reprendre ensemble le tout à la rentrée de septembre, se laissant l’été.
« En tout cas, hors de question que je joue ton Antonio Banderas dans ta chanson. »
Quand Billy et Joey se parlaient encore, Fergus et elle avaient pas mal parlé de cinéma moldu et notamment d’un fameux Antonio Banderas qui avait joué une nouvelle version de Zorro. Joey l’adorait et rêvait d’avoir les cheveux aussi longs que sa partenaire à l’écran, Catherine Zeta-Jones. Billy ne le trouvait de toute manière pas à la hauteur de Peter Sullivan comme acteur.
« A L’EAAAAAAAAAAAAAAAU ! »
Billy sursauta trop tard quand Edmund et Conrad déboulèrent derrière eux et les poussèrent dans la piscine. Billy remonta aussitôt à la surface et croisa le regard de Joey qui s’apprêtait déjà à disputer les garçons. Mais Edmund et Conrad sautèrent à leur tour dans la piscine en riant. Billy leva les yeux au ciel et envoya de l’eau sur son frère qui lui sauta dessus pour le faire couler.
« Je suis certain que je t’ai sauvé d’une discussion passablement ennuyeuse … » dit Edmund à Joey, un air contrit sur le visage.
Billy remonta à nouveau à la surface et poussa son frère. A ce moment, Minho passa la tête par la fenêtre pour les appeler.
« Allez les gars ! revenez à l’intérieur, James vous attend pour inaugurer le karaoké. » « Hors de question que je vous chante ABBA ! » résonna la voix de James à l’intérieur. « Oh bon sang, faut pas qu’on loupe ça de ton père, Joey ! » s’amusa Edmund en regagnant l’échelle.
Il adressa un long regard à Joey avant de se mettre à nager de l’autre côté.
« Joey. »
Billy attrapa le bras de la jeune femme. Conrad et Edmund s’étaient éloignés et désormais, Billy et Joey flottaient dans l’eau. Une goutte d’eau tombait entre ses yeux et ses cheveux blonds avaient foncé au contact de l’eau.
« Fais-moi une promesse s’il te plait. » dit-il, le cœur battant. « Quoi qu’il arrive, promets-moi que tu ne sortiras jamais avec mon frère. »
« Euuuh … » ça n’augurait rien de bon. Connaissant Billy, il avait peut-être lâcher l’affaire finalement. « Ouais … enfin, disons plutôt … un peu avant. » C’était comme si, il semblait. Mes yeux cherchaient encore le beau jeune homme de tout à l’heure, ne regardant absolument pas Billy. Je ne me sentais pas de continuer le rapprochement, pas s’il ne m’aidait pas. « Joey, je suis désolé. » explosa-t-il. « J’ai été un con et j’aurai jamais dû te dire qu’aucun garçon ne voudrait de toi, c’est vrai que j’aurai dû t’inviter au bal et que je n’aurai pas du mal réagir quand Edmund t’a invité mais j’étais tellement jaloux, Rhea était top mais en vérité je crois que j’aurai préféré venir avec toi et Edmund, bah, c’était bien ce qu’il avait fait et je n’aurai pas du vous en mettre plein la tronche mais après j’ai pas su comment … » Il était temps. « C’est bon j’ai compris. » L’arrêtais-je en me tournant enfin vers lui.
J’avais peut-être fait une montagne de tout ça. J’avais tendance à être rancunière mais il avait bien mérité que je lui fasse la gueule quelques temps. Mais maintenant, le temps devenait long et je ne savais plus vraiment quoi faire d’autre à part lui en vouloir. Tout ça était devenu lassant. « Merci pour tes excuses. Je n’aurais pas dû aller au bal sans te le dire, avec Edmund en plus. Je suis désolée aussi. » L’espace d’un instant, lorsque ses yeux rencontrèrent les miens, nous étions redevenus ces gamins qui n’avaient besoin que d’un pardon pour repartir jouer. J’aimais lorsque les choses redevenaient simples comme avant. « J’ai tellement de choses à te raconter. » dit-il avec un sourire gêné. « Tu me pardonnes alors ? » Je haussais les épaules, taquine. « Je vais voir… Et puis, l’été risque d’être long si tu me harcèles pour te pardonner. » Je joignis mon poing au sien avec un sourire malicieux. Lundi 02 août 1999
Nous n’avions pas arrêté de la journée, entre la cuisine et la musique, chacun avait de quoi faire. C’était une ambiance festive qui régnait, familiale et rassurante. Même Papa retrouvait une attitude frivole durant ces jours au soleil. C’était tellement agréable de redevenir une famille, même si ce n’était que pour un temps.
Quant à Billy, les choses étaient plus ou moins redevenus comme avant. Même si Lumen faisait à présent parti de l’équation. Je n’étais pas tout à fait fan de son personnage mais elle était sa copine alors je faisais le dos rond. Mais ce soir, elle n’était pas par les pieds… « Billy ? Tu ne viens pas profiter du karaoké ? » Je m’approchais de lui, et m’assis à ses côtés au bord de la piscine, les pieds dans l’eau. « Ouais, je voulais voir si elle arrivait. Mais je crois qu’elle ne viendra pas. » Il fit mine de ne pas s’en soucier mais je savais que ça le tracassait. « Je lui achèterai des fleurs demain et ça ira mieux après. » Je levais les yeux au ciel. « Mais oui bien sûr. » Répondis-je sur un ton sarcastique.
Son regard se fit plus insistant. Je me tournais vers lui et il détourna rapidement les yeux. « Qu’est-ce qu’il y a ? » J’inspectais mon buste sans savoir quoi chercher. « Rien. Dis, tu crois qu’il y a moyen que nos pères nous laissent chanter une chanson un peu moderne ? » Je tournais la tête vers les concerné qu’on pouvait voir s’agiter derrière la baie vitrée. « Ce n’est pas gagné ! » Me moquais-je. « On devrait leur montrer de quoi on est capable ! Qui sait ? ça pourra peut-être t’aider à reconquérir Lumen… » Pas que je le souhaitais vraiment mais j’avais bien vu la mine triste de Billy un peu plus tôt. « On pourrait se faire le duo "Don’t Go Breaking My Heart" ? » proposa-t-il. « Ou une de tes chansons Disney si tu y tiens … » J’ouvris de grands yeux. « Vraiment ? Oulala ! Tu es malade ? » Je ne le laissais pas réagir et sautais sur l’occasion. « On pourrait même faire …» Il m’interrompit, réduisant à néant tous mes espoirs. « En tout cas, hors de question que je joue ton Antonio Banderas dans ta chanson. » Je soufflais d’exaspération en l’éclaboussant d’une main.
« A L’EAAAAAAAAAAAAAAAU ! » Je tournais rapidement la tête pour apercevoir Edmund se précipiter vers nous avant de sauter. Je fus entrainée dans la mêlée et coulais à plusieurs reprises. Je me vengeais à éclaboussant les responsables. « Je suis certain que je t’ai sauvé d’une discussion passablement ennuyeuse … » Me souffla l’ainée des Prewett. « J’aurais préféré la continuer et rester au sec ! » Rétorquais-je faussement contrariée. « Allez les gars ! revenez à l’intérieur, James vous attend pour inaugurer le karaoké. » Je tenais de m’extirper avec peine de l’eau mais Edmund s’amusait à me tirer aussi sec dans l’eau. « Hors de question que je vous chante ABBA ! » résonna la voix de James à l’intérieur. « Oh bon sang, faut pas qu’on loupe ça de ton père, Joey ! » Je m’apprêtais à le suivre pour ne rien rater mais Billy m’interpella juste avant que je ne nage en direction du bord. « Joey. » Heureusement, l’air n’était pas encore trop frais. « Fais-moi une promesse s’il te plait. » Je haussais un sourcil, amusé. Était-ce encore en lien avec le karaoké ? Non Billy avait l’air bien trop solennel. « Quoi qu’il arrive, promets-moi que tu ne sortiras jamais avec mon frère. »
Quoi ? On parlait d’Edmund là ? Mais comment savait-il que… « Qu’est-ce que tu racontes ? Pourquoi voudrais-tu qu’il se passe quelque chose entre ton frère et moi ? » Je m’extirpais de l’eau à la suite de Billy. Je m’essorais les cheveux alors qu’il insistait pour que je lui promette. « Je le promets » Concédais-je sur un ton qui se voulait désinvolte. La conversation s’arrêta là, Billy ne justifia pas sa question et se précipita à l’intérieur en m’encourageant à le suivre. Je n’eus pas le temps de broncher ou d’y réfléchir davantage, Papa chantait ABBA avec toute son âme et tout le monde l’acclamait. Edmund à mon côté, le cerveau à mille à l’heure, je me penchais à son oreille pour lui murmurer : « Il ne s’est rien passé le soir du bal, ok ? » Je lui lançais un regard déterminé même si dans ma tête, je ne savais pas trop pourquoi je faisais ça, aujourd’hui, ça n’avait pas d’importance pour moi de faire cette promesse. Demain, je ne savais pas. Mardi 12 octobre 1999
Le retour au château se fit routinier. J’étais soulagée que Billy et moi nous nous soyons réconciliés. Les journées étaient beaucoup moins longues et pesantes même si je passais tout autant de temps avec Hécate et d’autres personnes de mon année. Billy faisait de même et tournait de plus en plus autour d’Alex Bennett. Puis lorsque nous étions tous les deux, le projet animagus reprenait. Cet apprenti Peter Sullivan n’avait pas même dépassé la première étape en mon absence ! « Je te l’ai déjà dit ! Tu dois la garder dans ta bouche pendant un mois sinon on ne pourra pas passer à la suite ! » C’était la troisième fois que je piquais une feuille de mandragore à Madame Pomfresh pour Billy. « Je n’ai pas dit que c’était facile mais nom d’un Scroutt, fais un effort ! Pense à Peter Sullivan ! »
« Chut ! » C’était Madame Pince qui nous reprenait pour la millième fois depuis que nous étions arrivés à la bibliothèque, il y avait à peine dix minutes. « J’ai trouvé ce livre qui donne quelques conseils pour accomplir chaque étape, je pense qu’il peut t’être utile de lire la page 22 pour garder cette fichue feuille dans la bouche. » Je feuilletais un second ouvrage. « Dans celui-là, j’ai trouvé un sortilège pour déclencher un orage autour d’une zone restreinte, je pense que ça devrait suffire pour la suite. Mais il faut encore que je m’entraine… » Poudlard prépare-toi à vivre quelques orages !
Edmund passa à ce moment-là devant notre table sans nous jeter un regard. Depuis cet été et l’avertissement que je lui avais lancé, il semblait m’éviter. « Tout va bien dans ta famille en ce moment ? » Je levais les yeux vers Billy, encore absorbé par le livre que je lui avais mis sous le nez. « Edmund est étrange, tu ne trouves pas ? » Je ne voulais pas faire apparaitre des soupçons chez mon ami mais peut-être que je me faisais des idées, ce silence n’avait certainement rien avoir avec moi et ce non-baiser que nous avions presque échangés en fin d’année. Ou la promesse que j’avais faite à mon ami allait s’avérer bien plus difficile à tenir que prévue.
Nous sommes le lundi 2 août 1999. C'est l'été ! Le fameux été 1999 cher au coeur de ces amis d'enfance. Billy en garde un très bon souvenir. C'était la première fois qu'il retournait en Amérique depuis la prise de conscience de son rêve. Il a noué de nouveaux liens avec les fils de Minho, Conrad et Jeremiah. Il est sorti avec Lumen Zabini. Mais surtout, cet été-là lui a permis de renouer le contact avec sa meilleure amie Joey.
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« Qu’est-ce que tu racontes ? Pourquoi voudrais-tu qu’il se passe quelque chose entre ton frère et moi ? »
Billy se sentit rougir. Oui, il avait conscience que cela sortait de nulle part. Mais depuis qu’il les avait vu ensemble au bal d’hiver, il ne pouvait s’enlever cette idée de la tête. Edmund avait été très gentil d’inviter Joey, sachant qu’elle voulait absolument y aller. C’était dans sa nature de faire des gestes comme celui-ci. Mais Billy ne pouvait refouler le sentiment qu’il avait en lui. Pourquoi Joey avait-elle accepté ? Était-ce lui ou Edmund regardait un peu trop Joey de manière insistante ? Comme il l’avait constaté – peut-être tardivement – Joey commençait à avoir de jolies formes et très bientôt elle aurait 15 ans. Elle devenait une jeune femme et Billy était presque sûr qu’Edmund s’en était rendu compte bien avant lui.
Billy grimpa par l’échelle et essora son tee-shirt.
« Promets-le-moi, c’est tout. » dit-il.
Il leva les yeux vers Joey qui portait un soutien-gorge sous son tee-shirt désormais transparent. Il se dépêcha de remonter le regard vers son visage alors qu’elle roulait des yeux, comme ne comprenant pas pourquoi il insistait autant.
« Je le promets » dit-elle.
Billy sentit un poids quitter ses épaules à cette promesse. Il savait que Joey était sa meilleure amie et qu’elle ne ferait jamais rien contre lui. Il ne savait pas d’où lui venait cette conviction profonde mais il n’avait aucune envie que Joey devienne un jour la petite-amie d’Edmund. De toute manière, ses histoires ne duraient jamais longtemps et il ferait souffrir Joey. Mais surtout, Billy craignait que Joey ne soit l’exception qui ferait qu’Edmund aurait envie de se poser en couple avec. Et ça, il le refusait. Edmund n’aurait pas Joey. Non, Joey était sa meilleure amie. La sienne. Et il en était hors de question qu’il la partage avec son frère.
Soulagé par cette nouvelle, Billy hocha la tête et se dépêcha de retourner à l’intérieur où James avait finalement un micro dans la main tandis que « Dancing Queen » passait en fond. Josh et Minho étaient assis sur le canapé et tapaient leurs mains entre elles pour encourager Louis qui donnait des coups de coude à James pour l’intimer de chanter avec lui. Conrad et Jeremiah fouillaient le répertoire de chansons un peu plus loin pour choisir la leur, tandis que Vi’ tirait le bras d’Alec afin qu’il fasse une chanson avec lui. Jilliana, sur les genoux de son père, somnolait légèrement. De leur côté, Lily et Alex attendaient impatiemment la fin de la chanson pour entonner la leur.
Billy s’installa à côté de Minho qui passa un bras autour de l’épaule de son filleul.
« Après le passage des filles, je te réquisitionne pour en faire une ! » souffla-t-il à son oreille.
Billy sourit. Il n’avait pas de rapports privilégiés avec son parrain, c’était un oncle comme James et Josh. Mais il aimait cette attention. Il jeta un coup d’œil vers Joey qui s’était dirigée vers Edmund. Penchée à son oreille, elle devait certainement lui proposer un duo. Son cœur se serra mais il s’efforça de chasser ses mauvaises pensées de son esprit. Demain, les choses iraient mieux. Il irait s’excuser auprès de Lumen puis Joey et lui iraient à l’océan. Et tout irait bien.
Edmund souriait en regardant Louis convaincre finalement James de chanter avec lui. C’était impressionnant de regarder les quatre amis d’enfance se reconnecter et partager à nouveau les mêmes délires. En regardant ses amis d’enfance dans la pièce, Edmund se demandait si dans quelques décennies ils se retrouveraient dans une maison comme celle-ci pour faire un karaoké. Mais cela semblait difficile à imaginer …
Au cours de l’année passée, il s’était déjà pas mal éloigné d’Alec. Chacun avait eu une vie bien occupée. Edmund, le premier, avait été nommé préfet de Gryffondor en septembre dernier et avait dû se concentrer davantage sur ses études. Les ASPIC approchaient et il souhaitait tout donner pour avoir un excellent dossier et entrer à l’UMS. Il s’était même mis au sport avec le tir à l’arc et quelques exercices de musculation. Bref, il avait été bien occupé et s’était petit à petit éloigné d’Alec qui lui non plus n’avait pas fait d’effort pour maintenir une certaine relation. Oh ils riaient toujours ensemble à l’occasion et partageaient de toute manière le même dortoir à Poudlard. Mais leur cercle d’amis avait … évolué.
Du côté des Bennett, Edmund était moins proche des filles de la famille bien qu’il faisait régulièrement du sport avec Alex. Les Huong étant en Amérique, Edmund était peu certain que le lien soit conservé, même s’il avait un incroyable feeling avec Conrad. Ne restait que Joey.
Il la regarda entrer dans le salon, juste après Billy. Ses vêtements étaient encore mouillés après que Conrad et lui les aient poussés dans l’eau. Edmund souriait en coin alors que ses cheveux à lui aussi goûtaient un peu. Les bras croisés, il sentit Joey se rapprocher de lui. Joey était le genre de filles avec qui il était si simple de déconner. Elle avait un talent incroyable pour savoir tenir une maison et une autorité naturelle pour distribuer les ordres. Elle était maligne et avait toujours les bons plans pour préparer une vengeance. Edmund l’admirait beaucoup et pouvoir la taquiner un peu l’amusait.
Il ne savait pas ce qu’il ressentait pour elle. C’était une amie, non ? Même s’il l’avait tenté de l’embrasser après le bal d’hiver et qu’elle avait détourné le visage au dernier moment. Son cœur s’emballa quand il sentit le souffle de la jeune femme près de son oreille.
« Il ne s’est rien passé le soir du bal, ok ? »
Edmund fronça les sourcils et quelque chose se bloqua dans sa gorge. Il tourna la tête vers Joey qui le regardait de manière déterminée. Pourquoi remettait-elle ça sur le tapis ? Et pourquoi lui disait-elle ça ? La jeune femme détourna la tête alors que Billy l’interpellait.
« Joey ! Minho veut faire les chœurs sur Elton John, ça te va ? »
Le regard d’Edmund croisa celui de son frère mais il ne sut pas comment l’interpréter. Mais en voyant Joey rejoindre Billy sur le canapé, une sensation amère envahit sa bouche comme s’il se sentait trahi. C’était plutôt idiot car Joey avait toujours été la meilleure amie de Billy. Et il était simplement un ami pour elle. Alors pourquoi la phrase de Joey le travaillait autant ?
Un peu plus tard …
Il était tard quand ils montèrent se coucher les uns après les autres. Edmund regarda Billy refermer la porte de sa chambre. Il partageait la sienne avec Jeremiah, tandis qu’Edmund dormait avec Conrad et Alexander. Ces deux derniers n’étant pas encore là, discutant avec Josh et Louis d’un souvenir de Poudlard, Edmund attendait sur le pas de sa porte Joey.
Vicky, Lily et Jilliana avaient déjà fermé la porte de leur chambre depuis un moment et Josh avait jeté un sortilège d’insonorisation pour ne pas qu’elles soient dérangées. La chambre d’Alexandra et Joey était juste en face de la sienne. Aussi, quand Joey sortit de la salle de bain, il l’attrapa par le bras et la tira dans la chambre, sans prononcer aucune parole. Il attendit d’avoir refermé la porte pour cela.
« Tu m’expliques ? »
Son visage habituellement si jovial apparaissait plus soucieux avec un pli d’inquiétude sur le front et ses grands yeux bleus semblaient chercher une réponse sur le visage surpris de Joey.
« Pourquoi … je … »
Merde, ce n’était pas dans ses habitudes de bredouiller comme ça. Mais cette conversation lui tenait à cœur.
« On n’a jamais reparlé de ce qui s’était passé au bal d’hiver. Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi ce soir ? » « Je voulais juste briser la glace... » dit-elle, inquiète. « Et puis... »
Elle hésitait, ses dents mordillant légèrement sa lèvre.
« Quoi ? » insista Edmund. « Billy sait ce qu'il s'est passé. » « Et alors ? »
Edmund voulut poursuivre mais à peine les mots franchis, il comprit qu’il avait parlé sans réfléchir encore une fois. Il n’était pas du genre à attendre et à préparer soigneusement une réponse. Mais à présent qu’il voyait le pli tout aussi soucieux sur le front de Joey, il pensait avoir compris.
« Il ne veut pas … que ça aille plus loin, c’est ça ? » raisonna-t-il.
Joey poussa un long soupir et Edmund sentit ses épaules s’affaisser à cette idée.
« Ecoute, je ne sais pas ce que sait ton frère, ni ce qu'il croit savoir. Mais je lui ai fait une promesse. »
Edmund sentit une nouvelle fois son cœur s’emballer. Il aurait aimé embrasser Joey là, sur place. Poser ses lèvres sur les siennes et … lui montrer que cela valait le coup ? Mais était-il sincèrement prêt ? Il n’avait jamais eu de relations sérieuses et cela ne l’avait jamais intéressé. Alors pourquoi un tel attachement envers Joey ?
« C'est mon meilleur ami. » ajouta la jeune femme.
Edmund se passa la langue sur les lèvres avant de baisser les yeux. Il devait arrêter ses conneries. Joey ne voyait pas les choses du même œil que lui de toute évidence et qui était-il pour obliger la jeune femme à trahir son meilleur ami, même si ce dernier était son idiot de frère ?
« Ok. » dit-il en hochant la tête.
Il frotta ses mains entre elles et jeta un coup d’œil vers la porte derrière lui. Du bruit se faisait entendre, signe que Conrad et Alec n’allaient pas tarder à arriver.
« Donc … on fait comme si … ce n’était jamais arrivé, c’est ça ? »
Il n’osait plus regarder la jeune femme, comme s’il craignait qu’en croisant ce regard, il ne rompe aussitôt cette promesse et l’embrasse aussitôt. Pourtant, il vit Joey faire un bref hochement de tête, comme lui donnant le signal.
« Ok. » répéta-t-il en allant actionner la poignée de la porte. « Edmund... » murmura-t-elle.
Edmund leva les yeux vers elle alors qu’elle s’était approchée d’un élan rapide vers lui. Elle lui crocheta le bras et posa alors ses mains sur ses joues chaudes.
« Qu’est-ce que … »
Mais Joey écrasa alors ses lèvres sur les siennes. Edmund ferma aussitôt les yeux, ressentant une soudaine bouffée de désir. Il passa sa main sur le bras de la jeune femme et voulut l’attirer davantage contre lui, mais la jeune femme se déroba à ce moment-là.
« Pardon » souffla-t-elle contre ses lèvres avant d'actionner la poignée pour s'enfuir.
La porte s’ouvrit et Joey partit aussitôt dans sa chambre. Edmund regarda encore un long moment la porte de sa chambre, le cœur battant. Puis il porta lentement ses doigts à ses lèvres. C’était un baiser bref … mais intense.
Elle l’avait embrassé. Mais elle ne voulait pas trahir Billy. Et c’était tout ce qu’aurait Edmund … Il se força à ravaler son sourire avant que ses compagnons de chambrée n’arrivent. Mais c’était simple : il était heureux.
Nous sommes le mardi 12 octobre 1999. Billy a désormais fait son entrée en 5ème année. C'est l'année des BUSE mais c'est aussi l'année où il devient préfet de Serpentard. Voulant prendre son rôle au sérieux pour défier son frère, Billy redouble d'effort pour assurer aussi bien dans ses fonctions de référent qu'en tant qu'élève. Il peine toutefois à tout concilier tellement son esprit est distrait par les jolies courbes d'Alex Bennett ...
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Avec ses nouvelles responsabilités, Billy peinait à trouver du temps pour lui. L’année des BUSE était sacrément compliquée, bien plus qu’il ne l’aurait imaginé. Et maintenant qu’il avait compris qu’il avait intérêt d’avoir un bon dossier s’il voulait poursuivre des études dans le cinéma, il était prêt à travailler plus sérieusement qu’auparavant. Mais ses obligations de préfet l’occupaient pas mal de soirs et le reste du temps … le reste du temps, il pensait beaucoup à Alex.
En faites, ça s’était fait progressivement. Mais il devait bien avouer que quelque chose avait changé dans son esprit. Il ne voyait plus Alex comme la petite fille qui aimait les orchidées et qui gloussaient avec ses copines. Non, Alex était devenue elle aussi une jeune femme. Elle s’était mise au sport et prenait soin de ses cheveux. Ses yeux étaient toujours aussi pétillants et son sourire … Merlin, son sourire n’était plus seulement mignon mais aussi renversant.
Billy savait qu’il y avait toujours eu quelque chose de spécial entre Alex et lui. Même s’il pensait que c’était simplement une forte amitié, renforcé par le fait que leurs pères étaient amis de longue date. Mais non, il se rendait compte petit à petit qu’Alex envahissait chacune de ses pensées et, pour la première fois, il n’avait pas envie d’être égoïste avec une fille.
« Je te l’ai déjà dit ! »
Le livre que Joey posa sur la table fit sursauter Billy autant que ses réprimandes.
« Tu dois la garder dans ta bouche pendant un mois sinon on ne pourra pas passer à la suite ! »
Billy passa une main sur son visage. Comme ils se l’étaient promis, Joey et lui avaient repris l’entraînement pour que Billy devienne un Animagus. Cela demandait pas mal d’efforts et avec tout le reste qui lui prenait la tête, il avait bien du mal à se concentrer.
« Ouais, bah va garder une feuille de mandragore pendant 30 jours dans ta bouche … » grommela-t-il.
Comme à chaque fois, Billy était bien de mauvaise foi. C’était lui qui voulait devenir un Animagus. Et même quand il pensait tout abandonner, il se souvenait du talent de Peter Sullivan et d’à quel point cela l’avait aidé pour sa carrière.
« Je n’ai pas dit que c’était facile mais nom d’un Scroutt, fais un effort ! » souffla Joey, au bord de l’agacement. « Pense à Peter Sullivan ! » « Chut ! »
Billy courba le dos en entendant la voix grinçante de la bibliothécaire. Cela faisait trop de fois qu’elle les reprenait et elle allait finir par arriver. Billy ne l’expliquait toujours pas : cette femme lui filait les jetons.
« Baisse d’un ton ! » souffla-t-il à Joey en la tirant par le bras pour la forcer à s’asseoir. « Je vais faire un effort, ok. »
Joey s’installa sur la chaise en face de lui et lui présenta un nouveau manuel qu’elle avait retiré à l’instant d’une autre étagère. Billy devait bien avouer qu’il avait de la chance que Joey soit là pour l’encourager et le discipliner, sinon, il y aurait longtemps qu’il aurait jeté l’éponge. Il n’y avait qu’à voir le peu d’avancée qu’il avait fait sans elle ces derniers mois …
« J’ai trouvé ce livre qui donne quelques conseils pour accomplir chaque étape, je pense qu’il peut t’être utile de lire la page 22 pour garder cette fichue feuille dans la bouche. »
Billy fit glisser le manuel jusqu’à lui et fit la grimace en voyant à quel point tout était écrit petit. Hum … peu sûr qu’il le lise mais il essaierait. La feuille de mandragore navigua dans sa bouche et il s’efforça de ne pas y penser tandis que Joey lui présentait un autre ouvrage.
« Dans celui-là, j’ai trouvé un sortilège pour déclencher un orage autour d’une zone restreinte, je pense que ça devrait suffire pour la suite. Mais il faut encore que je m’entraine… »
Billy hocha la tête. Il avait lu que les prochaines étapes impliquaient un orage mais avec la période qui arrivait, ils se dirigeaient plutôt vers l’hiver, c’était donc pour cela que Joey voulait s’entraîner au sortilège.
« Et pour les autres ingrédients ? » dit-il. « Le truc de la rosée … on va trouver ça où ? et ça … la chrysalide d'un Sphinx tête-de-mort … bordel, ça se trouve où ? Sur l’allée des embrumes ? »
Il faudrait peut-être qu’il demande autour de lui un peu d’aide. Certains ingrédients seraient plus compliqués que prévu à trouver sans parler de ce clair de lune qui impliquait de recommencer à zéro le processus.
« Tout va bien dans ta famille en ce moment ? » « Hein ? »
Billy leva les yeux du bouquin. Joey avait les yeux rivés sur un point derrière lui. Billy se retourna et vit qu’Edmund était en train d’emprunter une pile de livres à Mme Pince.
« Edmund est étrange, tu ne trouves pas ? »
Billy haussa les épaules.
« Non. » répondit-il avant de jeter un nouveau coup d’œil vers Edmund.
Edmund était juste … Edmund. Il empruntait des tonnes de livres comme l’intello de service qu’il était. Il assurait parfaitement bien son rôle de préfet et bûchait chaque fois qu’il le pouvait ses cours. Rien d’anormal.
Il se retourna vers Joey qui caressait distraitement ses lèvres en le regardant. Billy fronça les sourcils, une drôle d’appréhension lui enserrant la poitrine avant de retourner la tête vers Edmund qui cherchait à présent un endroit où s’installer. Il se maudit intérieurement avant de lever la main vers son frère pour lui faire signe d’approcher. Edmund le regarda, fronça les sourcils, sans doute surpris, avant de s’approcher. Rapidement un sourire jovial revint sur son visage en se mettant à leur hauteur tandis que Billy avait précipitamment refermé les manuels sur les Animagus.
« Alors donc tu tiens ta promesse … » se moqua-t-il en regardant Billy. « Billy a promis à maman qu’il ferait tout pour faire honneur au blason de préfet. »
Edmund avait tourné la tête vers Joey pour lui fournir une explication, bien que son regard ne s’attarda pas longtemps sur le visage de la jeune femme.
« Et je tiendrai ma promesse. Tu verras. » sourit Billy avec ce fameux air hautain qu’il réservait habituellement à Ian Wen.
Edmund le regarda, un sourire en coin. Un silence s’installa avant qu’Edmund ne prenne une grande inspiration.
« Bon, je vais aller étudier plus loin … » « Tu peux t'asseoir. » l’interrompit Billy. « C’est pour ça qu’on voulait que tu viennes. N’est-ce pas, Joey ? »
Billy jeta un regard vers Joey pour mieux comprendre. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait une drôle de sensation, à moins qu’il ne se fasse des idées ? Cependant, il allait falloir qu’ils rangent rapidement les manuels qu’ils avaient trouvés, car Billy ne voulait pas que qui ce soit sache pour son entraînement d’Animagus. Si jamais il échouait, Edmund n’en raterait pas une pour se moquer de lui …
Samedi 15 janvier 2000
« Tu vois qu’on a bien fait d’y aller ! » lança Billy en sortant de la salle sombre.
Il était vrai que ce n’était pas très sérieux pour un 5ème année tout juste préfet de sortir en douce de Poudlard, mais Fergus lui devait bien ça après toutes les fois où Billy l’avait surpris à bécoter Millie après le couvre-feu.
Il devait s’occuper de couvrir Joey et Billy pendant qu’ils allaient voir Princesse Mononoké au cinéma d’Edimbourgh. Ils avaient dû emprunter le Magicobus pour s’y rendre et Joey avait pas mal stressé de se faire prendre. Elle craignait presque plus que Billy se fasse ramasser son insigne que de se prendre des heures de retenue mais Billy lui avait assuré que tout se passerait bien. La preuve, elle en ressortait avec des étoiles pleins les yeux après avoir vu ce dessin-animé.
« C’était plutôt sanglant ! » commenta-t-il. « Et je pense que San et Ashitaka auraient dû finir ensemble. »
Voilà l’avis qu’en avait Billy. Mais ce que Joey avait pu analyser était tout de suite bien plus complet. Elle ne pouvait que s’extasier de la bande-originale du film ou encore des causes défendues par ce film. Billy l’écoutait d’une oreille distraite en ramassant la neige entre ses mains. Il avait neigé toute la nuit dernière et à Poudlard, les élèves devaient s’amuser à faire des bonhommes de neige. Alors qu’elle avait le dos tourné, Billy se prépara à tirer et la boule atterrit pile sur le nez de Joey qui s’était tournée vers lui pour lui poser une question.
Billy ouvrit la bouche, surpris, avant d’éclater de rire.
« Alors, miss Joey, est-elle froide cette neige ? » se moqua-t-il en formant déjà une autre boule entre ses doigts.
Comme à son habitude, Billy avait du mal à s’investir totalement dans une tâche, même celle le concernant en premier lieu. « Et pour les autres ingrédients ? » dit-il. « Le truc de la rosée … on va trouver ça où ? et ça … la chrysalide d'un Sphinx tête-de-mort … bordel, ça se trouve où ? Sur l’allée des embrumes ? » Comme si je détenais toutes les réponses. « Un sphinx tête de mort n’est pas difficile à trouver… à attraper sans doute. Si on doit aller sur l’allée des embrumes, autant faire une liste pour ne pas avoir à y retourner une deuxième fois. » Ce n’était franchement pas l’allée la plus plaisante, surtout pour des étudiants…
Edmund se rapprocha de notre table à la suite des signes de son frère. « Alors donc tu tiens ta promesse … » dit-il à l’intention de Billy. « Billy a promis à maman qu’il ferait tout pour faire honneur au blason de préfet. » Il se tourna enfin vers moi pour m’expliquer. Rares étaient les fois où son regard croisait le mien, il était plus doué pour le fuir. C’était depuis cet été et notre discussion, ma promesse et le baiser. Je me rendis seulement compte, à l’instant, que je touchais mes lèvres. Je cessais immédiatement mon geste en jetant un regard affolé vers Billy, qui ne remarqua rien heureusement. « Et je tiendrai ma promesse. Tu verras. » Je levais les yeux au ciel, Billy préfet, c’était le plus gros mensonge de l’univers ! « Bon, je vais aller étudier plus loin … » Non reste ! Avais-je envie de répondre mais je savais que ce n’était pas une bonne idée. J’avais plutôt intérêt à l’oublier et à me concentrer sur mes études et mes amitiés. « Tu peux t'asseoir. C’est pour ça qu’on voulait que tu viennes. N’est-ce pas, Joey ? »
Je levais un sourcil interrogateur à l’adresse de Billy. Depuis quand invitait-il Edmund à sa table ? Un fantôme l’avait-il piqué ? J’attrapais quelques livres pour faire de la place au nouveau venu. « Oui bien sur tu peux rester. Sur quoi tu travailles ? » Je désignais ces manuscrits du doigt. Billy s’empara des quelques manuels que l’on avait sorti et quitta la table pour aller les ranger. Il ne voulait certainement pas que son frère devine ses projets. Néanmoins, je ne m’étais pas préparé à rester seule avec Edmund. « Alors, tu as beaucoup de travail j’imagine pour ta dernière année… ? » Ma question sonnait assez maladroite et confuse. C’était comme si nous n’avions pas vraiment grandi ensemble, comme si j’avais une personne totalement inconnue assise à côté de moi. « Désolée, c’est vraiment bizarre en ce moment, je veux dire entre nous. Depuis… tu sais. » Je chuchotais, pour Madame Pince qui ne nous quittait pas du regard mais aussi pour Billy qui n’allait pas tarder à revenir. « Je ne sais pas ce qui m’a pris cette fois-là, je sens que j’ai vraiment tout compliquer et j’en suis désolée. » Je guettais l’arrivée de mon ami, anxieuse. « Tu crois qu’on pourrait essayer d’agir comme avant tous les deux ? » Malgré ce qu’il disait, Edmund savait que notre relation avait été loin d’être cordiale ces dernières semaines, il m’adressait à peine un regard depuis.
Samedi 15 janvier 2000
« Tu vois qu’on a bien fait d’y aller ! » On avait surtout bien fait de demander à Fergus de nous couvrir ! Mais je ne pouvais cesser de penser au film que l’on venait de voir, j’avais encore des étoiles plein les yeux. « C’était plutôt sanglant ! Et je pense que San et Ashitaka auraient dû finir ensemble. » Billy semblait aussi enthousiaste que moi. « Ce n’était pas le sujet principal du film, il s’agissait avant tout de protection de la nature. » Je poussais la neige du pied alors que l’on marchait jusqu’à l’arrêt du magicobus. « J’ai adoré la musique surtout, pas t… ? » Le froid me frappa littéralement en plein visage. « Alors, miss Joey, est-elle froide cette neige ? » Ni d’une ni deux, je me mis à couvert derrière un arbre et formais une boule de neige entre mes doigts gelés. J’armais le bras et la lançais en direction de mon meilleur ami. Il ne tarda pas à me rendre la pareille.
Malgré ma cachette, j’avais de la neige dans les cheveux et un peu dans le cou, ce qui était loin d’être agréable. Cela ne m’empêchait pas de rire aux éclats lorsque je touchais Billy à la tête. « Alors, ça te remet les idées en place ? » Mes doigts presque figés par le froid cherchaient encore à former une boule pour contre-attaquer mon adversaire. Je me redressais avec hâte et sans viser je lançais mon missile qui atterrit sur le torse d’Edmund. Edmund ? « Qu’est-ce que tu fais là ? » La bataille se stoppa alors que Billy était aussi surpris que moi par la présence de son frère.
Manifestement on allait être escorté jusqu’au château par l’ainé des Prewett. Pas que ça me déplaisait. D’ailleurs, j’avais de plus en plus de mal à réfréner mes regards à son égard. Depuis notre conversation à la bibliothèque, il nous était plus facile d’interagir l’un avec l’autre. Un peu trop quelques fois, à l’abri des yeux de Billy. Je me permettais certains contacts que je n’aurais jamais osé auparavant, et il me les rendait aisément. Nos regards se faisaient plus malicieux et dévoreur à l’encontre de l’autre. C’était comme si je ne pouvais pas vraiment m’en empêcher même si j’avais promis à Billy. Après tout, je ne franchissais aucune ligne, il s’agissait seulement de drague superflue. Et puis je n’avais pas envie d’arrêter.
Billy n’attendit pas son reste et monta quatre à quatre les marches pour rejoindre son dortoir lorsque nous arrivâmes à la salle commune des Serpentard. Je restais plantée là quelques secondes, cherchant quoi dire à Edmund. Qu’y avait-il à dire après tout ? Je me rapprochais de lui rapidement et entourais son cou de mes mains pour me tenir à quelques centimètres de ses lèvres. Ce fut lui qui termina le chemin et nous nous embrassâmes comme jamais je n’avais imaginé embrasser quelqu’un. C’était passionné, interdit et libérateur. Samedi 29 janvier 2000
J’avais simplement l’impression de n’avoir rien d’autre en tête. Entre les cours, la maison, Billy et Edmund, je tentais difficilement de joindre les deux bouts. Cela faisait plusieurs jours que nous nous retrouvions en cachette à différents endroits du château. Je détestais ce sentiment qui montait dans mon ventre lorsque je me retrouvais face à mon meilleur ami mais mon cœur battait la chamade à chaque fois que j’embrassais son frère. J’avais fait une promesse et je l’avais brisé. Du moins, en secret. Le pire qui pouvait arriver était que Billy le découvre mais heureusement il était bien trop concentré sur son objectif animagus qu’il ne remarquait mes joues rougies, ou mes lèvres gonflées après une session de baisers avec Edmund.
Cette fois-ci, c’était moi qui avais laissé un petit mot au Gryffondor pour qu’il me rejoigne au septième étage, la salle sur demande nous ouvrait régulièrement ses portes pour nos affaires. Edmund arriva en deuxième et je n’attendis pas pour jeter à son cou et l’embrasser. Je repris mon souffle après quelques secondes pour chuchoter, même si nous étions seuls : « Je ne peux pas rester longtemps, Billy m’attend. » En effet, j’avais promis à mon meilleur ami que je provoquerais un orage aujourd’hui pour faire avancer son projet animagus.
Edmund regarda Billy s’éloigner entre les étagères pour ranger rapidement les manuels qui s’étaient étalés sur leur table quelques minutes plus tôt.
« Alors, tu as beaucoup de travail j’imagine pour ta dernière année… ? »
Edmund tourna à nouveau la tête vers Joey. Depuis qu’ils s’étaient embrassés cet été en Amérique, ils ne s’étaient pas vraiment reparlés. Du moins, juste les règles de politesse de base quand ils étaient avec d’autres personnes. Mais jamais ils ne s’étaient retrouvés rien que tous les deux comme lors de cette soirée dans la chambre.
« Pas mal, oui. » répondit Edmund. « Il faut que je mette les bouchées doubles sur les options car je sais que c’est ça qui m’aidera à valider correctement mes ASPIC. »
Il avait pris trois options : l’Arithmancie, l’étude des moldus et les soins aux créatures magiques. Il avait énormément galéré à tout concilier dans son emploi du temps en 5ème année avec les BUSE, mais au final depuis qu’il avait pu abandonner deux matières l’année suivante, les potions et l’astronomie, il s’en sortait beaucoup mieux. Pourtant la quantité de travail ne diminuait pas et il s’astreignait à un programme assez drastique pour garder un niveau élevé dans ses notes.
« Désolée, c’est vraiment bizarre en ce moment, je veux dire entre nous. Depuis… tu sais. »
Le regard de Joey croisa le sien et il se mordit aussitôt la lèvre. Elle posait enfin les mots sur leur situation, même si elle le faisait à voix basse comme si qui que ce soit risquait de les entendre. Pourtant, Billy s’était enfoncé plus loin entre les étagères et personne ne les regardait. Peut-être était-ce le moment de poser les choses ? Edmund s’assit aussitôt, prenant la place de Billy et se penchant sur la table.
« C’est assez bizarre, oui. Je ne sais pas comment agir avec toi, ni ce que je dois dire ou faire. »
Ce baiser, il l’avait apprécié. Mieux, il l’avait aimé. Désiré. Rêvé. Joey lui avait dit qu’elle ne trahirait pas la promesse faite à Billy, alors c’était comme un amour interdit. Mais si aujourd’hui elle en reparlait, c’était peut-être qu’elle avait changé d’avis ? Edmund ne voulait pas faire de peine à son frère mais il n’avait pas à se mettre en travers de leur relation. Joey fréquentait qui elle voulait et il en allait de même pour Billy.
« Je ne sais pas ce qui m’a pris cette fois-là, je sens que j’ai vraiment tout compliquer et j’en suis désolée. »
Edmund déglutit et posa aussitôt sa main sur celle de la jeune femme.
« Tu n’as rien compliqué du tout, au contraire. »
Il essaya d’appuyer ses paroles, espérant lui faire passer un message.
« Tu crois qu’on pourrait essayer d’agir comme avant tous les deux ? » « Tu crois qu’on pourrait essayer de reprendre là où s’en est arrêté ? » ironisa-t-il.
Cela n’était visiblement pas la chose à dire. Les joues de Joey s’empourprèrent immédiatement et elle se leva, ayant comme une soudaine envie d’aller reposer un autre de ses manuels.
« Merde … » souffla Edmund en se levant à son tour.
Il jeta un regard en arrière, s’assurant que Billy n’était pas dans les parages. Cet idiot faisait certainement tout pour retarder le moment de travailler. Il faisait des efforts, mon cul !
« Joey … »
Edmund vint caler son épaule contre une étagère alors qu’elle rangeait son livre sans un regard pour lui.
« Joey, attends, laisse-moi m’expliquer. »
Il vint attraper sa main encore suspendue sur la tranche du livre. Elle était douce et chaude. Edmund déglutit à cette sensation alors qu’il cherchait encore à capter le regard de la jeune femme.
« J’ai … j’ai du mal à t’oublier. Ton baiser, tes mots. J’ai … j’ai adoré la sensation de tes lèvres contre les miennes, je … »
Immédiatement, Joey plaqua une main sur sa bouche pour l’intimer de se taire. Or, personne ne semblait se soucier d’eux. Ils étaient seuls dans ce coin de la bibliothèque. Un large sourire étira les lèvres d’Edmund qui vint retirer doucement sa main.
« On peut redevenir comme avant, si c’est ce que tu souhaites. » dit-il, d’un ton plus conciliant. « Mais je ne peux pas te garantir que je passerai facilement à autre chose, Joséphine Davis. »
A nouveau, leurs regards se croisèrent. Ses grands yeux verts le scrutaient. Elle avait beau être en 4ème année et n’avoir pas encore 15 ans, Edmund la trouvait bien plus belle que toutes les filles qu’il avait pu désirer jusqu’à maintenant. Il remit doucement une mèche de ses cheveux en place alors qu’il gardait toujours sa main dans la sienne, serrée contre son cœur. Pouvait-elle sentir ses battements de cœur ? Réalisait-elle le sourire qui ornait son visage comme s’il n’avait jamais été plus heureux ?
« Vous savez où se range ce manuel de … »
A l’entente de la voix de Billy, Edmund s’écarta vivement de Joey, lâchant sa main et s’intéressant profondément à un manuel expliquant la reproduction des Mandragores. Joey s’était elle aussi éloignée et Billy arriva en les regardant tour à tour d’un air curieux.
« … métamorphose. J’interromps quelque chose ou bien ? »
Joséphine s’empressa de lui répondre, changeant admirablement de sujet. Edmund la regarda s’éloigner entre les rayons pour remettre le livre de Billy en place.
« Tu t’intéresses à la botanique maintenant ? »
Edmund suivit le regard de Billy qui s’était porté sur le livre qu’il tenait entre les mains.
« Bien plus que toi de toute évidence. » ironisa Edmund avant de reposer le manuel et de retourner vers leur table.
Il prit place à côté de Joey qui était revenue elle aussi et Billy revint face à Joey. Son regard était de toute manière dubitatif mais, ne trouvant rien d’autre à ajouter, il changea de sujet. Edmund sortit ses lunettes de sa poche puis un parchemin pour rédiger le devoir du professeur Blackwood. Il aurait peut-être du partir et laisser les deux amis continuer ce qu’ils avaient commencé. Mais n’aurait-ce pas été louche pour Billy qu’Edmund parte aussi rapidement ? Non, il valait mieux qu’il reste.
Et de toute façon, il aimait trop effleurer légèrement la cheville de Joey sous la table avec son pied.
Samedi 15 janvier 2000
« Alors, ça te remet les idées en place ? » se moqua Joey en balançant une boule de neige qui atterrit en pleine tête de Billy.
Edmund sourit en les voyant faire, jouant comme des gosses dans la neige tombée sur Edimbourgh. Ces idiots se défiaient de tout règlement à Poudlard et s’étaient échappés en douce pour aller voir un film au cinéma. De Billy, cela ne surprenait guère Edmund. De Joey, en revanche … Mais il fallait avouer que depuis quelques semaines, Joey le surprenait de plus en plus.
« Sal… » commença-t-il avant de recevoir une nouvelle boule de neige lancée par Joey.
Billy et Joey arrêtèrent aussitôt leurs éclats de rire et le regardèrent, surpris.
« Qu’est-ce que tu fais là ? »
Edmund dégagea la neige qui avait atterri sur son torse, un sourire en coin.
« Je suis venu vous ramener évidemment. » dit-il. « Le professeur Blackwood te cherche, crétin. »
Il désigna Billy de la tête qui fronça les sourcils. Il reposa la neige au sol et rentra les mains dans la poche de sa veste, l’air intrigué.
« Pourquoi ? J’ai rien fait ! » « Pour ton entretien trimestriel, ton truc d’orientation avec la directrice de maison. » expliqua Edmund. « T’avais complètement oublié, pas vrai ? »
Billy vit rouge mais ne répondit rien. Visiblement, oui, ce détail lui était complètement sorti de la tête. Cet entretien avait lieu au cours de chaque trimestre de la 5ème et 7ème année, afin que chaque élève finalise ses vœux pour l’année suivante. Cela se déroulait avec le directeur ou la directrice de sa maison.
« C’est Fergus qui m’a dit où vous étiez. » compléta Edmund. « Il nous reste un quart d’heure avant qu’elle ne considère que tu es vraiment en retard et qu’elle commence à te chercher dans le château. »
Billy soupira enfin.
« Et merde … »
Edmund n’ajouta rien mais son regard se tourna vers Joséphine. Cette dernière le regardait comme si elle essayait d’analyser s’il y avait une autre raison à sa présence. Il y en avait une. Il voulait la voir. Chaque jour, il cherchait un moyen de la croiser dans les couloirs, un mot à échanger, ou un toucher. Leurs mains se frôlaient dans les couloirs, leurs regards à distance se cherchaient toujours et leurs phrases semblaient être toujours remplies d’un double-sens caché. Edmund savait que Joey devait réfréner ses envies pour Billy et d’un côté, il l’admirait d’être fidèle à sa promesse. Mais elle le désirait, elle en avait envie. Pourquoi se privait-elle ? Edmund se moquait bien de ce que Billy pouvait en penser. Cet idiot arrivait même à entraîner sa meilleure amie dans ce genre de conneries. Alors qu’il était censé être préfet et montrer l’exemple !
« On y va ? » dit-il en tendant ses deux mains.
Billy ne semblait pas se soucier de ce qui se passait entre son frère et sa meilleure amie et attrapa machinalement la main d’Edmund. Ce dernier pressa doucement ses doigts contre ceux de Joey et ils transplanèrent aussitôt. Leur atterrissage se fit à l’extérieur du village de Pré-au-Lard, là où il pouvait transplaner tranquillement. Aussitôt, Billy commença à presser le pas, marchant devant Edmund et Joey. Il demanda à la jeune femme ce qu’elle avait pensé du film et écouta avec attention ses discours grandiloquents sur la protection de la nature. Elle complimenta à plusieurs reprises les compositions musicales et détailla avec précision chacun des personnages du film, évoquant leurs défauts comme leurs qualités ainsi que leur rôle – essentiel selon elle – dans l’histoire.
Edmund parlait très peu, l’écoutant seulement alors qu’elle s’extasiait devant ce qu’elle avait découvert. Arrivés au château, puis à la salle commune des Serpentard, Billy rejoignit l’intérieur où le professeur Blackwood devait l’y attendre en tapant du pied.
« Je ne serai pas surpris s’il se faisait retirer son blason de préfet avant la … »
Mais il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. La jeune femme s’était approchée de lui, de la même manière que ce soir-là en été. D’un geste rapide et empressé, ses mains s’enroulèrent autour de son cou. Mais elle eut un instant de surprise, comme hésitant à franchir l’espace manquant entre leurs lèvres. Avait-elle besoin d’une nouvelle preuve qu’il tenait à elle ? Elle n’avait pas à le signifier deux fois : Edmund pencha la tête vers la jeune femme, écrasant ses lèvres sur les siennes.
C’était aussi bien que la première fois. Son cœur battait fort dans sa poitrine alors que ses mains profitaient de pouvoir rapprocher le corps de la jeune femme contre lui. Ses lèvres caressaient doucement les siennes avant d’approfondir le baiser et d’initier une danse avec sa langue. Ce baiser, il en avait tendrement rêvé depuis des mois. Et ils étaient là, à s’embrasser passionnément devant la salle commune des Serpentard, enivrés par l’interdit et le risque que qui que ce soit les surprenne. Ou pire que Billy revienne sur ses pas et les découvre.
Edmund relâcha doucement son étreinte et colla son front contre celui de Joséphine. Elle était déjà grande pour son âge, si bien qu’ils faisaient sans mal la même taille.
« J’étais sûr que tu ne résisterais pas longtemps à mon charme naturel … » souffla-t-il avec un sourire ironique.
La jeune femme esquissa un mouvement pour le bousculer qu’Edmund esquiva sans mal.
« On se voit plus tard … » dit-il avec un clin d’œil en la libérant doucement de ses bras.
Il la regarda se glisser derrière la porte de sa salle commune alors qu’un sourire incontrôlé flottait encore sur ses lèvres. Oui, Joséphine Davis, nous deux, ce n’était que le début …
Samedi 29 janvier 2000
Déjà deux semaines que Joey et Edmund se voyaient secrètement ensemble dans plusieurs parties du château. A chaque fois, c’était rapide, fugace, passionné. Ils s’embrassaient quelques minutes, se pressant plus forts l’un contre l’autre comme s’ils allaient être brusquement séparés et jamais plus en présence de l’un et de l’autre. Edmund aimait ce goût de l’interdit, cela finissait de donner du piment à leur relation. Mais il aimait ce qu’il découvrait au contact de Joey. Elle était son amie d’enfance, il avait grandi avec elle. Mais il y avait déjà un peu plus d’un an qu’il avait constaté à quel point son corps avait pris de jolies formes. Ce qu’elle disait, ce qu’elle faisait, il aimait tout. Elle était si passionnée, si intelligente, si maligne. Jamais Edmund ne s’était autant attaché à quelqu’un. Avait-il peur de tout gâcher avec elle ? Craignait-il de se lasser et de lui faire du mal ? C’était une pensée qu’il repoussait dans son esprit car il ne pouvait pas en être ainsi. Cela durerait le temps qu’il faudrait mais jamais il ne la blesserait.
Edmund plia le mot qu’il avait reçu du hibou de Joey et se dirigea à pas rapide jusqu’à la salle sur demande. Il regarda autour de lui, vérifiant que personne ne prêtait attention à lui et passa plusieurs fois dans le couloir jusqu’à ce que la porte se manifeste. Son cœur battait la chamade mais son bas-ventre était excité par la montée du désir. Il se glissa entre les portes avant que Joey ne lui saute dessus pour l’embrasser. Il accueillait avec joie cet empressement et pressa son corps contre le sien, la calant contre le mur alors qu’il embrassait avec davantage de force et de passion ses lèvres puis son menton et ses joues.
« Je ne peux pas rester longtemps, Billy m’attend. » souffla-t-elle.
Edmund grogna.
« Evitons de parler de lui, s’te plait. »
Il sourit en la regardant avant de l’embrasser fugacement.
« J’y peux rien si parler de mon frère fait d’un seul coup décliner mon désir. »
Il pencha la tête sur le côté, une moue triste sur le visage pour la faire sourire. Oui, Joey était la meilleure amie de Billy et oui elle serait toujours présente pour le défendre. Mais franchement, la méritait-il vraiment ? Il n’était même pas admiratif du travail qu’elle menait en parallèle pour lui. Elle l’aidait pour ses devoirs, elle l’écoutait chouiner à longueur de journée et elle l’extirpait même de ses conneries quand il menaçait de se faire prendre. Et par-dessus tout ça, elle avait toute sa vie à s’occuper.
« Joey … Ce crétin ne te mérite pas. » continua Edmund en embrassant son menton, ses doigts jouant avec ses cheveux blonds. « Billy est un égoïste et tu ne peux rien attendre de lui en amitié. Il finira toujours par décevoir les gens autour de lui car il ne pense qu’à lui-même. »
Cette phrase fut sans doute celle de trop. Edmund fronça les sourcils quand la jeune femme commença à manifester son agacement et se recula doucement.
« Ok … ok … je ne dirai plus rien sur ton crétin de meilleur ami. » dit-il en levant les mains en l’air. « Mais ça reste un crétin. Et ça reste mon frère. Donc je crois que je le connais mieux que toi. »
Non ? Elle n’était pas d’accord ? Cette discussion allait mal finir … Pourquoi ne se contentaient-ils pas de juste s’embrasser et de ne pas parler ?
Lundi 31 janvier 2000
Edmund et Joséphine venaient sans doute de vivre leur première véritable dispute. Ayant tous deux de forts caractères, les choses n’allaient certainement pas se régler aussi facilement, surtout quand on voyait qu’ils ne s’étaient pas adressés un seul mot depuis cette fameuse dispute. Ils se croisaient dans les couloirs, le regard fier, le menton redressé, évitant tout contact visuel ou tactile entre eux. Mais cette situation commençait à peser sur Edmund. Il avait regardé Joey rire avec Billy à leur table des Serpentard et presque flirter avec Fergus. Bon, oui Edmund savait que Fergus avait son couple avec la Gryffondor – Edmund avait oublié son nom – mais ça n’empêchait pas qu’Edmund n’appréciait pas quand Fergus passait un bras autour des épaules de Joey.
Et au lieu d’agir comme un gros con et d’aller régler ses comptes avec Fergus, Edmund estimait qu’il était plus logique qu’il aille peut-être initier un premier contact. Après tout, tout ça était ridicule, non ? Ils n’allaient pas se faire la tête à cause d’une mésentente sur Billy, ce serait franchement débile. Et si Joey attendait une nouvelle preuve de l’attachement d’Edmund à son égard, il allait lui en donner.
Il lui envoya un hibou, lui demandant de le rejoindre au sommet de la tour d’Astronomie. Il avait déjà fréquenté ses lieux. Le lundi soir, il n’y avait pas de cours de prévu mais surtout, c’était la tour la plus haute du château. Il y avait une vie imprenable sur le domaine de Poudlard. Il était sûr que cela plairait à Joséphine, surtout qu’il avait scellé un accord avec l’un des elfes de maison pour qu’il leur amène de quoi faire un pique-nique. Il avait préparé également des couvertures dans un coin car l’air qui traversait la tour n’était pas vivifiant.
Joséphine apparut enfin, avec quelques minutes de retard, comme si elle le faisait exprès pour provoquer Edmund. Une véritable tête de mule. En la regardant arriver, droite et toujours son menton redressé, le caractère fier d’Edmund se réveilla. Il en était hors de question de lui présenter ses excuses. Il avait fait le premier pas en l’invitant ici. C’était à elle de faire un pas dans sa direction.
« Hum … » commença-t-il. « Je crois que nous sommes partis sur le mauvais chemin l’autre fois … »
Il attendit une réaction de Joséphine qui restait toujours aussi déterminée. Il devait y avoir bien trois bons mètres entre eux, comme si c’était la distance règlementaire pour ne pas se sauter à la gorge.
« Parfait. » répondit-il d’un air satisfait, voyant qu’elle avait l’air elle aussi de s’être remise en question.
Mais attendez, elle lui parlait d’excuse là ?!
« Mes excuses ? » s’exclama-t-il avec un rire sans joie. « Je n’ai pas l’intention de m’excuser. Non, ce que je voulais dire … »
Ah mais en plus elle le coupait ? Elle était sérieuse ? Edmund se mordit la lèvre, sentant l’agacement remonter. Nom d’une chouette ! elle était vraiment bornée quand elle s’y mettait. Elle faisait ça aussi avec Billy ?! Ou c’était un traitement spécial réservé pour lui ?
« Très bien. » répliqua-t-il, en roulant des yeux. « Très bien je me tais … »
Il se dirigea de l’autre côté de la tour, s’asseyant lourdement sur l’une des marches qui menait aux divers télescopes.
« Je me tais, si tu te tais ! »
Elle marchait ?
« Bien. » répondit-il. « Bien. » « Bien »
Oh par le slip de Merlin, pourquoi était-elle toujours aussi agaçante ?! Il tourna la tête de l’autre côté. Rien ne se passait comme prévu. Elle était agaçante, autoritaire, têtue, susceptible. Il serra ses genoux contre lui, commençant à sentir l’air frais de l’extérieur. Elle aussi, visiblement, puisqu’elle initia la conversation sur ce qui allait lui manquer.
« Quoi ? Ton entêtement incessant ? »
Ah. Elle voulait parler sérieusement. Elle s’était accoudée à la barrière de la tour d’astronomie, regardant en contrebas comme une princesse qui attendait son prince avec son noble destrier.
« Non. » répondit-il. « Poudlard est bientôt derrière moi. Je vais pouvoir évoluer. Faire davantage ce que j’aime. Abandonner ce château qui me rappelle trop l’enfance et … la guerre. »
Il croisa son regard lorsqu’elle se tourna vers lui.
« Ils ont beau essayer de reconstruire ce château, pour moi, la Grande Salle marquera à tout jamais l’endroit où certains de mes amis ont perdu la vie. Ou ce coin de couloir où Fred Weasley a poussé son dernier soupir. Ou l’endroit où les Carrow t’ont torturé … »
Il leva les yeux vers Joséphine. Cette fois-là, Amycus Carrow avait coincé Billy et Joey. Heureusement, Edmund était passé par là avec Alec et David. Mais jamais il n’oublierait la terreur dans les yeux de chaque élève. La terreur dans les yeux de Joséphine prise par ce sortilège de magie noire.
« J’ai quelque chose pour toi. » dit-il en sortant un sachet de sa poche.
Il se leva alors que Joséphine s’était rapprochée de lui. Un collier reposait à l’intérieur du sachet. Le pendentif était une pierre verte où un arbre avec de multiples racines avaient été dessiné en son centre.
« C’était censé être un cadeau après … qu’on se soit réconcilié. Mais je ne sais pas si ça t’intéresse toujours. »
Il haussa les épaules bien qu’un sourire en coin se formait en voyant son intérêt. Alors, pouvait-il espérer une réconciliation ?
« Évitons de parler de lui, s’te plait. » Je me reculais pour lui lancer un regard. « J’y peux rien si parler de mon frère fait d’un seul coup décliner mon désir. » Cette fois-ci c’était moi qui poussais un grognement. Je l’attrapais par le col de son uniforme pour ramener ses lèvres sur les miennes. Une boule de désir grandissait en moi, c’était quelque chose de nouveau, de plaisant et je n’avais pas envie que cela cesse. Edmund continua ses baisers sur tout mon visage et je me laissais aller contre lui, soupirant d’aise. « Joey … Ce crétin ne te mérite pas. Billy est un égoïste et tu ne peux rien attendre de lui en amitié. Il finira toujours par décevoir les gens autour de lui car il ne pense qu’à lui-même. » Quoi… ?
Je m’extirpais doucement de son étreinte pour le regarder dans les yeux. « Ce crétin tu dis ? » Je me mis à rire d’incompréhension. « Billy n’est pas plus égoïste qu’un autre, qu’est-ce que tu racontes ? Je pense qu’il essaie seulement de me garder auprès de lui. N’importe quel frère ne voudrait pas partager. » Mes sourcils s’arquèrent au-dessus de mes yeux alors qu’Edmund tentait déjà de faire machine arrière. « Ok … ok … je ne dirai plus rien sur ton crétin de meilleur ami. » dit-il en levant les mains en l’air. « Mais ça reste un crétin. Et ça reste mon frère. Donc je crois que je le connais mieux que toi. » Était-ce une compétition à présent ? « Ah ben si tu le connais mieux que moi ! » Je m’écartais de lui en imitant son attitude condescendante, en levant les mains en l’air. A quoi jouait-il ? A m’énerver ? Parce que si c’était le cas, c’était réussi, je n’avais plus du tout envie de le bécoter. Je culpabilisais davantage d’ailleurs, je pensais à Billy et à la promesse que je lui avais faite. Sur ce coup-là, j’étais la pire égoïste qui pouvait être. « Ecoute, laisse tomber, je dois y aller. » Et je pris la porte sans me retourner. Avait-il dit tout cela pour me blesser ? Allait-il tout révéler à son frère ? A quoi est-ce que je jouais ? Avec le feu sans aucun doute. Lundi 31 janvier 2000
Je reçus le hibou d’Edmund avec soulagement. Il avait enfin décidé de s’excuser. Je ne pouvais nier qu’il m’avait manqué et malgré moi, la culpabilité que j’avais ressenti c’était terré en dessous. Je me rendis à la Tour d’astronomie en prenant un peu de retard, il avait bien mérité d’attendre un peu. Je me plantais devant lui, les bras croisés, prête à en découdre mais il n’ouvrit pas la bouche. Qu’attendait-il ? « Hum… Je crois que nous sommes partis sur le mauvais chemin l’autre fois … » C’était le moins que l’on puisse dire. N’aurait-il pas mieux valu qu’on se taise et qu’on s’embrasse seulement ? « Je le crois aussi. » Il acquiesça, satisfait. « Parfait. »
Oui et ? C’était le moment où il me présentait ses excuses. « Je suis prête à accepter tes excuses. » Je lui fis un geste de la main pour qu’il se mette en selle. « Mes excuses ? Je n’ai pas l’intention de m’excuser. Non, ce que je voulais dire … » Ce fut la goutte de trop, comme si j’avais été une cocotte-minute tout ce temps, prête à siffler. « Ah parce que tu attendais des excuses de MA part ? » Je me mis à rire jaune. « Vas-y tais-toi ! Je ne veux plus rien entendre ! » Il insultait Billy, il me forçait à me ranger de son côté, il me rappelait et c’était à moi de présenter des excuses ? Mais quel goujat ! « Très bien. Très bien je me tais … »
Je le fixais en silence, abasourdie par ses propos. « Tu t’attendais à des excuses de ma part sérieusement ? » C’était la meilleure, il n’avait donc aucune morale ? « Je me tais, si tu te tais ! » Je pris la mouche. « Très bien ! » « Bien. » « Bien. » « Bien » Je soufflais assez fort pour mettre fin à cette guéguerre. Je m’assis à côté de lui, en passant une main dans mes cheveux. Cette conversation ne menait à rien.
Un frisson me traversa tout le corps, quelle idée de se rejoindre ici ? Avec tous ces courants d’air ! Pourtant j’adorais cette tour. Cette tour et tout le château. Bon moyen de changer de sujet et de briser la glace tiens ! « Dès fois, je me dis que tout ça va me manquait. » Il tourna la tête vers moi. « Quoi ? Ton entêtement incessant ? » Je le fusillais du regard avant de me lever pour admirer la vue. « Je veux dire, toutes ces années que l’on a passé ici, ce château c’est notre seconde maison. Rien ne va te manquait ici l’année prochaine ? » Je balayais du regard l’ensemble du château avec un air nostalgique alors qu’il me restait bien plus de temps qu’Edmund ici.
« Non. » répondit-il. « Poudlard est bientôt derrière moi. Je vais pouvoir évoluer. Faire davantage ce que j’aime. Abandonner ce château qui me rappelle trop l’enfance et … la guerre. » La guerre…Il y avait bien longtemps que je n’y avais pas songé. Un frisson me parcourut l’échine alors que des souvenirs de ce temps révolu refaisaient surface. « Ils ont beau essayer de reconstruire ce château, pour moi, la Grande Salle marquera à tout jamais l’endroit où certains de mes amis ont perdu la vie. Ou ce coin de couloir où Fred Weasley a poussé son dernier soupir. Ou l’endroit où les Carrow t’ont torturé … » Je fermais les yeux à cette pensée, comme si mon corps se concentrait pour refouler tout ce que j’avais pu ressentir ce jour-là. Peur. Douleur. Rien d’agréable en soi.
« J’ai quelque chose pour toi. » Dit-il soudainement alors qu’un silence plein de mauvais souvenirs avait empli l’atmosphère. Je me retournais vers lui, les sourcils levés. Un magnifique pendentif reposé au creux de la main d’Edmund. Un arbre était représenté au centre d’une pierre vert sapin, comme une émeraude. Mes doigts effleurèrent le bijou sans oser m’en saisir. En quel honneur avais-je droit à un si beau présent ? « C’était censé être un cadeau après … qu’on se soit réconcilié. Mais je ne sais pas si ça t’intéresse toujours. » Il fit mine de se détourner et je ne pus réprimer un sourire en coin. Je le détestais ce crétin ! Et en même temps ses lèvres pulpeuses m’appelaient. Si l’addiction de ma vie ressemblait à ça, j’étais prête à finir en enfer sans hésiter. « C’est une façon de m’acheter si je comprends bien ? » Malgré mon ton dur, mon sourire me trahissait. « Ça m’intéresse toujours : le pendentif et toi. » Je me rapprochais de lui, mes lèvres effleuraient les siennes sensuellement. « Ne parlons plus de Billy. Embrasse-moi seulement. » Chuchotais-je. Et c’est ce qu’il fit. Samedi 6 mars 2000
Cela faisait un peu plus d’un mois qu’Edmund et moi sortions ensemble, en toute discrétion bien évidemment. La culpabilité me rongeait moins qu’avant, c’était plus un sentiment avec lequel j’avais appris à vivre. Dans le fond, je ne faisais rien de bien méchant, ma vie privée ne regardait pas Billy et il n’avait aucun droit dessus. J’essayais de ne pas trop y penser, il y avait ma vie avec mon meilleur ami et l’autre avec son frère. Nous parlions davantage de nos hobbies même si nos sessions baisers continuaient en parallèle. Ils nous arrivaient de réussir à passer une après-midi entière ensemble, à Pré-au-Lard ou dans une pièce du château. Néanmoins, il était parfois délicat de se cacher et de Billy et des autres. Il ne fallait surtout pas que des rumeurs lui reviennent aux oreilles. Pour l’instant, nous arrivions à demeurer prudent pour ne pas élever les soupçons. Mais pour combien de temps ? Je n’avais pas pris le temps à penser sur le long terme. Je n’en avais pas envie. C’était trop compliqué de songer à des mois entiers de mensonges et en même temps à des mois sans baisers d’Edmund. Je devenais folle.
« Bon alors, tu récites l’incantation scrupuleusement j’espère ! » Je m’assis sur l’un des fauteuils de la salle commune, bien qu’il pleuve aujourd’hui, il n’y avait que peu de monde ici. « Je crois bien que je n’aurais pas à provoquer un orage, regarde ! » Je lui tendis la gazette, des éclairs avaient grillé l’horloge d’un petit village un peu plus à l’est de Poudlard et apparemment l’orage se décalait dans notre direction. Avec un peu chance, ça allait concorder. Billy devait encore réciter le sortilège jusqu’à l’arrivée de celui-ci pour poursuivre sa mission de devenir animagus. Je soupirais d’aise dans le fauteuil rembourré, je repensais aux baisers d’Edmund et un sourire s’étira sur mon visage. En ce moment, je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser et ça, malgré la présence de mon meilleur ami qui me dévisageait d’une drôle de tête. Avait-il remarqué mes lèvres gonflés ? Ou ma façon de rêvasser ? Je n’étais même plus à jour de ses flirts…
Nous sommes le samedi 29 janvier 2000.Edmund Prewett effectue sa 7ème et dernière année à Poudlard. S'il est un élève très sérieux dans ses études, portant fièrement son blason de préfet de Gryffondor, il est aussi très frivole dans ses relations amoureuses. Pourtant, depuis janvier, il vit une histoire interdite et secrète avec Joséphine Davis, la meilleure amie de son frère.
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« Ah ben si tu le connais mieux que moi ! » dit-elle en s’écartant de lui.
Elle leva les mains en l’air, haussant les sourcils d’un air parfaitement hautain, digne d’une Serpentard ! Edmund se mordit la lèvre pour ne pas dire tout haut ce qu’il venait de penser. Il aimait le goût du risque mais quelque part il savait qu’il risquait d’aller trop loin. Pourtant, il n’était pas prêt à lâcher le morceau sur Billy.
« Ce n’est pas une compétition, Joséphine. C’est juste que … Billy c’est Billy. C’est mon frère et je le vois h24. Donc par conséquent, je passe plus de temps avec lui et je vois l’envers du décor et … » « Ecoute, laisse tomber » le coupa-t-elle. « Je dois y aller. »
Edmund leva les yeux au ciel et fit un pas vers elle.
« Joey, attends … »
Mais la jeune femme avait visiblement décidé d’être butée jusqu’au bout. Elle ouvrit la porte et se glissa à l’extérieur sans un regard pour Edmund. Il soupira et se laissa retomber contre le mur. Bon sang, ce qu’elle était têtue ! Il se passa la main dans les cheveux, attendant quelques secondes avant de sortir à son tour. Inutile de faire des excuses, elle reviendrait rapidement vers lui quand elle réalisera qu’il avait raison.
Lundi 31 janvier 2000
Il voyait à ses yeux que le bijou lui faisait envie et c’était trop amusant de lui faire croire qu’il pouvait se détourner d’elle.
« C’est une façon de m’acheter si je comprends bien ? » lança-t-elle de ce même ton qu’elle employait ces derniers jours avec lui.
Pourtant, quand il tourna la tête vers elle, elle aussi avait ce fameux sourire en coin. Celui d’Edmund s’élargit.
« Je n’ai jamais acheté qui que ce soit. Je suis du genre à penser que je fais des cadeaux parce que je veux faire plaisir à mes proches et pas parce que j’attends quoi que ce soit en retour. Et en l’occurrence, je tiens à te faire plaisir. »
Son ton se fit plus doux, presque comme un murmure.
« Alors, ça t’intéresse ? » dit-il en levant à nouveau le collier vers elle. « Ça m’intéresse toujours : le pendentif et toi. »
Le cœur d’Edmund fit un bond dans sa poitrine à cette déclaration. Alors c’était vrai ? Elle le voulait toujours ? Malgré cette dispute, malgré leurs désaccords évidents ? Elle le désirait ? Bientôt, il n’eut plus à se poser ces questions. La jeune femme était tel un serpent de tentation. Elle se donna une impulsion pour quitter la barrière de la tour, et se rapprocha d’Edmund. La tête légèrement inclinée en arrière, ses lèvres ne firent qu’effleurer les siennes et Edmund se sentit envahi soudain par un désir incontrôlable.
« Ne parlons plus de Billy. » chuchota-t-elle. « Embrasse-moi seulement. »
Il n’en fallut pas plus pour Edmund qui vint se saisir des lèvres de la jeune femme. C’était sans doute violent, brusque et fiévreux. Mais c’était toute l’intensité de son désir pour elle qui se manifestait. L’une de ses mains entoura sa taille, la rapprochant de lui, alors que l’autre se posait sur sa joue, pour appuyer ses lèvres contre les siennes.
Ils étaient jeunes et fous amoureux l’un de l’autre. Qu’y avait-il de mal à ça ?
Nous sommes le samedi 4 mars 2000. Billy est désormais en 5ème année à Poudlard. C'est l'année des BUSE mais c'est aussi l'année où il est devenu préfet de Serpentard. Voulant prendre son rôle au sérieux pour défier son frère, Billy redouble d'effort pour assurer aussi bien dans ses fonctions de référent qu'en tant qu'élève. Il peine toutefois à tout concilier tellement son esprit est distrait par les jolies courbes d'Alex Bennett ...
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Billy tressaillait d’impatience. La pluie ne cessait de tomber depuis ce matin sur Poudlard et Joey et lui attendaient l’apparition du premier éclair pour se précipiter dans la grotte. Ils avaient dû rendre un service à un camarade pour trouver cet endroit au cœur de la Forêt Interdite. Joséphine détestait ça et Billy n’avait pas non plus été très brillant pour affronter les Acromentules qui avaient croisé leurs chemins, pourtant, il faudrait qu’ils y retournent ce soir.
Ils semblaient toucher au but de leur entraînement et Billy sentait qu’il n’aurait jamais pu arriver jusque-là sans l’aide de sa meilleure amie. Après avoir gardé la feuille de mandragore un mois dans sa bouche, il avait du la placer dans une petite fiole en cristal, à laquelle il avait ajouté une mèche de ses cheveux, une cuillère en argent contenant une goutte de rosée et une chrysalide d’un Sphinx tête-de-mort. La petite fiole, exposée quelques heures au clair de lune, avait été ensuite placée dans un endroit sombre et calme, comme l’ordonnait la marche à suivre. La grotte était donc l’endroit idéale pour ce genre d’expérience.
Tout ce que Billy avait à faire jusqu’à ce que l’orage se manifeste était de réciter une incantation en direction de son cœur matin et soir. La marche à suivre indiquait qu’il aurait dû commencer à ressentir un deuxième battement de cœur mais il n’avait encore rien ressenti de cela. Barf, c’était peut-être normal.
« Bon alors, tu récites l’incantation scrupuleusement j’espère ! »
Les doigts de Joséphine tambourinaient sur le fauteuil de la salle commune où ils s’étaient installés. Un groupe de 2ème année s’étaient réunis pour une bataille de Bavboules tandis que les 6èmes et 7èmes années formaient des groupes de travail au fond de la salle. Mais la plupart des Serpentard semblaient être dispersés aux quatre coins du château.
« Evidemment ! » dit-il, faisant mine d’être touché en plein cœur par ce manque de confiance.
Bon, il avait peut-être oublié de le faire une ou deux fois un matin, mais bon, ça ne devrait pas gêner plus que cela. Il s’y était pas mal tenu malgré tout !
« Je crois bien que je n’aurais pas à provoquer un orage, regarde ! » s’écria Joséphine en pointant son doigt sur une Une de Gazette du Sorcier.
L’article mentionnait que la foudre s’était abattue sur une horloge non loin de Poudlard cette nuit-même.
« Parfait ! » se réjouit-il. « Tu as récupéré la cape de ton frère ? »
Alec avait reçu une cape d’invisibilité pour son anniversaire et Joséphine lui avait demandé de lui emprunter. Bien sûr, elle n’avait rien dit de ce pourquoi elle allait servir et par chance, Alec n’était pas du genre à poser beaucoup de questions de toute manière.
« Joséphine ? »
Il tourna la tête dans la direction de la jeune femme qui n’avait pas répondu à sa question. C’était quoi ce petit sourire rêveur qu’elle avait sur les lèvres ?
« C’est la perspective de revoir ta charmante Acromentule qui te met en joie comme ça ? » se moqua-t-il.
Joey réagit au quart de tour et le foudroya du regard. Il savait que malgré tout la jeune femme s’était entraînée à divers sortilèges pour repousser les araignées de leur chemin. Elle en avait fait des cauchemars pendant des jours.
« Bon, allez, dis-moi comment il s’appelle. »
Joey le regarda, interloquée.
« Le mec dont t’es amoureuse ! » dit-il en levant les yeux au ciel face à l’évidence. « Ça fait des semaines que tu es comme ça : rêveuse, distraite, les joues rouges. C’est qui ? »
Il lâcha un rire amusé alors qu’il se penchait en avant pour regarder Joey. Le cas de figure ne s’était encore jamais présenté : Joey, amoureuse. Sincèrement amoureuse. Parce que des crushs, elle en avait eu même si Billy n’était sans doute pas au courant de tous. Mais un véritable petit-ami, au sein de Poudlard, ce serait une nouveauté ! Elle avait eu 15 ans après tout et c’était assez logique qu’elle trouve quelqu’un.
« N’me dis pas que c’est Fergus ?! » se moqua-t-il. « J’sais que t’es une grande fille, mais je préfère te prévenir : il n’a pas encore fait une croix sur Milicent. »
Fergus et Millie avaient rompu en décembre dernier après presque un an de relation. Même s’ils ne se parlaient quasiment plus aujourd’hui, il était évident qu’ils ressentaient toujours quelque chose l’un pour l’autre. Tôt ou tard, ils finiraient par se remettre ensemble. Et Billy ne voulait pas que Joey en pâtisse.
Soudain un puissant grondement se fit entendre à l’extérieur, suivi par un éclair qui éclaira le plafond de la salle commune, là où le lac de Poudlard se découvrait. Même par-delà les eaux sombres, l’éclair était visible.
« Oh ! Sauvée par le gong, miss Davis. » se moqua-t-il. « Prête ? »
Quelques instants plus tard …
Armés de leurs baguettes, ils avaient trotté jusqu’à la grotte au cœur de la Forêt Interdite. Il pleuvait à grosses gouttes et le tonnerre n’était pas très loin même s’il s’éloignait progressivement à présent. Par chance, Billy et Joey n’avaient pas eu à affronter d’Acromentules mais ils avaient du esquiver une meute de chiens noirs et immobiliser des Grapcornes près de la rivière qui longeait le sentier. Entrer dans la Forêt Interdite n’était pas de tout repos mais ils étaient si près du but !
« Elle est là ! » lança Billy en pointant du doigt une petite cavité devant eux.
Il s’y élança alors que Joey relisait les instructions du manuel qu’ils avaient emporté avec eux. Tout fier, Billy retrouva sans mal la fiole de cristal et revint la montrer à Joey, dans la petite clairière devant la grotte.
« Rouge sang ? » répéta-t-il. « Hum … oui ça me parait correct. »
Il examina plusieurs fois la fiole entre ses doigts avant que Joey ne la lui prenne pour vérifier elle aussi. Elle était méticuleuse et prête à voir si tous leurs efforts allaient payer. Billy patienta tranquillement, la laissant diriger la suite des opérations. La suite était assez simple. Elle relut les instructions mais Billy savait déjà ce qu’il avait à faire.
« Ok … alors allons-y ! » dit-il en reprenant la fiole.
Il jeta un regard mi-anxieux, mi-excité vers Joey et lui intima de reculer. S’il se transformait en lion comme il l’espérait, il aurait besoin d’espace ! Joey tenta un trait d’humour, suggérant qu’ils auraient dû se mettre près de la rivière s’il se transformait en une énorme baleine. Billy la foudroya du regard mais retrouva vite son sérieux.
Ok, c’était le moment dont il avait tant rêvé. Il prit une grande inspiration, expira puis pointa sa baguette sur son cœur.
« Amato Animo Animato Animagus ! »
Et sans hésiter plus longtemps, il décapsula la fiole et avala son contenu d’une traite. Celle-ci avait un goût assez désagréable et Billy grimaça comme s’il venait de goûter à de la bile de Trolls. Mais il se força à rester stoïque et à attendre que la potion fasse effet. Il sentit les battements de son cœur s’accélérer.
« Je crois que ça commence … » balbutia-t-il à l’adresse de Joey.
Chacun de ses membres tremblaient et il se sentait gagné par l’excitation. C’était le moment douloureux mais surtout le moment de révélation ! Toute sa peau et ses vêtements allaient fusionner avec sa nouvelle apparence. S’il vous plait, faites que ce soit un lion, un tigre, un loup. Quelque chose d’impressionnant quoi !
Billy ferma les yeux et se laissa totalement faire, prêt à rendre les armes face à la magie. Il attendit, attendit …
« J’ai changé ? » dit-il en ouvrant un œil.
Mais Joey était toujours à la même hauteur. Sourcils froncés, elle s’avança vers lui et commença à le tâter à plusieurs endroits, comme s’il fallait appuyer sur un bouton pour déclencher le processus. Billy tenta d’échapper à ses mains baladeuses :
« Roh ça va ! Regarde dans ton stupide manuel si on n’a pas oublié quelque chose ! »
Ce fut au tour de la jeune femme de le foudroyer du regard même si elle réouvrit le manuel. Billy regarda la fiole vide qu’il tenait dans ses mains. Allait-il falloir tout recommencer ? Il écoutait distraitement Joey qui récitait chacune des étapes à voix haute, Billy acquiesçant à chaque fois que quelque chose lui parlait. Cependant, il tiqua légèrement lorsqu’elle mentionna l’incantation à répéter matin et soir.
« Hum … eh bien, il se peut que j’ai oublié une fois … ou peut-être deux … Mais pas trois fois c’est sûr ! » s’exclama-t-il avec joie.
Il ne vit pas le coup de livre s’abattre sur sa tête.
« Aïe ! » s’écria-t-il.
Mais ce ne fut rien comparé à l’avalanche de reproches qui s’abattit sur lui.
Nous sommes le dimanche 14 mai 2000.Edmund Prewett effectue sa 7ème et dernière année à Poudlard. S'il est un élève très sérieux dans ses études, portant fièrement son blason de préfet de Gryffondor, il est aussi très frivole dans ses relations amoureuses. Pourtant, depuis janvier, il vit une histoire interdite et secrète avec Joséphine Davis, la meilleure amie de son frère.
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Joey s’était calée contre lui, les bras d’Edmund reposant sur son corps, leurs têtes proches l’une de l’autre, alors qu’ils regardaient le village de Pré-au-Lard en contrebas. Il faisait beau ce jour-ci et tous deux avaient profité de la douce chaleur du mois de mai pour profiter d’une après-midi dans les bras l’un de l’autre. Cela faisait plusieurs mois qu’ils sortaient secrètement ensemble et tous deux avaient dû multiplier les idées pour se cacher de Billy et de tout le monde. Edmund avait pu faire découvrir à Joséphine de nombreux endroits qu’elle ne connaissait pas encore. Le domaine de Poudlard était vaste pour qui avait des jambes et une âme d’aventurier !
Au-delà de Pré-au-Lard s’étendaient d’autres petits villages sorciers et moldus. La campagne écossaise recelait de nombreuses surprises et ce petit coin où ils étaient actuellement assis était l’un de leurs préférés.
« Ok, alors quelle est la définition d’un Sortilège de Transfert ? » demanda Edmund avec le manuel de Métamorphose devant lui.
Les examens seraient là d’ici deux semaines. Si Joey n’avait pas beaucoup d’enjeu en étant en 4ème année, Edmund devait cependant valider ses ASPIC. Et pour entrer dans le cursus de la politique, il se devait de n’avoir aucune note négative. Le mieux aurait été de ne récolter que des Efforts Exceptionnels et des Optimals. Mais il était loin d’y arriver. L’Histoire de la Magie et la Métamorphose étaient ce qui lui faisait le plus défaut. Il avait ainsi donc pris la majorité de ses cours cet après-midi dans ces deux matières pour les réviser ardument. Entre quelques sessions de baisers, Joey était une bonne partenaire de révisions.
« Bonne réponse ! » dit-il. « Tu me dois un baiser ! »
Il se mit à rire, malicieusement, car il aimait changer les règles.
« Non, non ! » répondit-il à Joey. « Tu me donnes un baiser quand tu as la bonne réponse, je te donne un baiser quand tu as la mauvaise réponse ! »
Il haussa les épaules alors qu’elle se tournait vers lui.
« Eh oui, ce sont les règles du jeu ! »
Joséphine lui lança une touffe d’herbe au visage et Edmund rit davantage. D’un geste habile, il la fit rouler dans l’herbe et passa au-dessus d’elle.
« Miss Davis, ceci est trop peu sérieux venant de vous ! » dit-il en imitant la voix du professeur Blackwood, sa directrice de maison.
Il rit à nouveau avant de se pencher pour l’embrasser. Jamais il ne pourrait se lasser de cette sensation. Embrasser Joey, c’était comme avoir trouvé sa maison. Il se sentait bien avec elle. C’était tellement naturel. Les choses étaient à leur place. Il …
« Joey ? »
Edmund interrompit son baiser et se redressa pour libérer Joséphine qu’il menaçait d’écraser. Au-dessus d’eux, Fergus Lloyd les observait avec des yeux grands comme des soucoupes.
« Edmund ?! » « Salut mon pote ! » lança-t-il, essayant de se donner un air détaché.
Il se releva et alla serrer la main de Fergus, espérant le distraire de ce qu’il venait de voir. Mais le regard de Fergus alternait toujours entre Edmund et Joey, comme n’en revenant pas. En même temps, quiconque connaissait un minimum Billy savait qu’il ne portait pas son frère aîné dans son cœur. Alors de voir sa meilleure amie lui rouler des pelles dans la campagne écossaise devait être un spectacle assez ahurissant !
« Ouais … Faudrait que tu gardes ça pour toi. S’il te plait. »
Edmund se massa la nuque et haussa les épaules, l’air de dire qu’il ne pouvait pas contrôler ses sentiments. Et c’était le cas. Il essaya d’attraper la main de Joséphine qui, tendue, s’était reculée de deux bons pas.
« Ça fait … combien de temps vous deux ? » demanda Fergus avant de secouer vivement la tête. « Non, écoutez, j’ai pas envie de savoir. J’en ai déjà trop vu ! »
Et alors, détournant vivement le regard, il fit demi-tour, par le chemin qu’il semblait avoir emprunté. Edmund tourna la tête vers Joséphine, guettant quelle serait sa réaction. Pour lui, il n’y avait rien de grave, rien d’alarmant. C’était même plutôt drôle d’être surpris ainsi. C’était le goût de l’interdit, non ?
Malgré son air outré, je n’étais pas tout à fait certaine de la rigueur de Billy. Après tout c’était loin d’être sa qualité principale… Néanmoins, il s’agissait de quelque chose qui lui tenait à cœur, et pour ça il pouvait lui arriver d’être sérieux. L’incantation : c’était acquis ! Maintenant l’orage. « Parfait ! » se réjouit-il en regardant le journal que je lui tendais. A présent, nous n’avions plus à nous soucier de cela, je pouvais tranquillement aller papillonner dans les bras d’Edmund sans me démener pour réussir un sortilège amenant l’orage. « Joséphine ? » Je tournais la tête d’un seul coup vers le Serpentard. Qu’avait-il dit ? « C’est la perspective de revoir ta charmante Acromentule qui te met en joie comme ça ? » Manifestement mon petit sourire intérieur avait décidé de se dévoiler sur mon visage également. « Ne me parle pas de ces ignobles créatures ! » Rien que d’y songer, j’en avais des frissons sur le tout le corps !
Bon, allez, dis-moi comment il s’appelle. » Je lui tournais des gros yeux. « Le mec dont t’es amoureuse ! Ça fait des semaines que tu es comme ça : rêveuse, distraite, les joues rouges. C’est qui ? » Je n’étais pas aussi discrète que je l’escomptais. « N’importe quoi ! Je songe surtout beaucoup trop souvent aux Acromentules qui me grimpent dessus ! » Préférais-je dévier la conversation. « N’me dis pas que c’est Fergus ?! J’sais que t’es une grande fille, mais je préfère te prévenir : il n’a pas encore fait une croix sur Milicent. » Je me mis à rire. « Non mais ça ne va pas ! Je ne suis pas intéressée par Fergus ! » Billy ne me lâchait pas du regard et il fallait que je le persuade que je n’étais amoureuse de personne. Un coup de foudre retentit. Littéralement oui. « Oh ! Sauvée par le gong, miss Davis. Prête ? » Je soupirais de soulagement discrètement. « Plus que prête ! » Je sortis ma baguette, me récitant mentalement les derniers sortilèges que j’avais appris contre ces viles créatures à huit pattes.
Nous nous mîmes en route et par chance aucune araignée géante ne nous barra la route. « Elle est là ! » La grotte que nous avions méticuleusement choisie se présentait devant nous avec sa voûte bien circulaire. Billy se saisit de la fiole avec empressement alors que je feuilletais le manuel que nous avions lu des centaines de fois. « Dès l’apparition du premier éclair dans le ciel, rendez-vous sur-le-champ à l'endroit où vous avez caché votre fiole de cristal. Si vous avez respecté scrupuleusement les étapes ci-dessus, vous y trouverez une potion rouge sang. » Répétais-je à voix haute. « Rouge sang ? Hum … oui ça me parait correct. » J’examinais à mon tour la fiole. « Oui ça a l’air de concorder… » Je replongeais mon nez dans le livre pour relire l’étape suivante. « Rendez-vous aussitôt dans un endroit sûr et suffisamment grand où vous pourrez procéder à votre transformation à l'abri du danger et des regards. Placez l'extrémité de votre baguette magique sur votre cœur et prononcez l'incantation Amato Animo Animato Animagus, puis avalez la potion d’un trait... » Billy ne me laissa pas poursuivre. « Ok … alors allons-y ! »
Je me reculais pour créer l’endroit sûr qui était décrit dans le manuel. « Peut-être qu’on devrait se rapprocher d’un lac, au cas où tu te transformerais en baleine, qui sait ? » Dis-je mi-sérieuse, mi-sarcastique. Après tout, n’étions-nous jamais assez prudents ! Mon meilleur ami préféra ignorer mon conseil et s’empressa de réciter l’incantation à voix haute. Je le sentais impatient, ses mains étaient fébriles et son timbre se fit plus aigu. « Je crois que ça commence … » Je ne le quittais pas du regard, guettant le moindre changement et craignant que les choses ne tournent mal. Je n’étais pas une spécialiste des animagus et certainement pas de cette technique forcée. « Rappelle-toi si tu ressens de la douleur, c’est normal. » Mais Billy ne se sembla pas souffrir. Il resta parfaitement immobile. « J’ai changé ? » Comment dire… Il avait toujours la même dégaine. Pas plus proche d’un animal qu’ordinaire. Je me rapprochais de lui pour tâter ses épaules, cherchant des traces de fourrure. « Roh ça va ! Regarde dans ton stupide manuel si on n’a pas oublié quelque chose ! »
Je le fusillais du regard. J’avais minutieusement suivi toutes les étapes moi ! « D’abord la feuille de mandragore… » Je me mis à réciter chaque étape. « …Si vous répétez consciencieusement l'incantation matins et soirs comme indiqué plus haut, vous finirez par percevoir un second battement de cœur… » Je levais les yeux vers Billy pour vérifier qu’il suivait bien toujours. Il affichait une grimace. « Qu’est-ce que t’as fait ? » Parce que ça ne pouvait être que lui. Je stoppais ma lecture pour le regarder. « Hum … eh bien, il se peut que j’ai oublié une fois … ou peut-être deux … Mais pas trois fois c’est sûr ! » s’exclama-t-il avec joie. J’abattis le manuel sur sa grosse tête vide. « Tu te fous de moi ! » M’écriais-je, énervée. « Aïe ! » Il avait le culot de me reprocher d’avoir fait quelque chose de mal alors que c’était lui ! « Billy ! Sérieusement ! L’étape de la feuille de mandragore nous a pris des plombs ! Et toi tu rates tout avec une stupide incantation à répéter ! » C’était le pompon !
Je commençais à faire demi-tour, déterminée à rentrer au château, nous n’avions plus rien à faire là et je ne voulais tenter aucune créature de nous tenir compagnie. « C’est toi qui voulais devenir animagus ! Mais il y a des règles à respecter ! Si tu ne le fais pas rigoureusement, on n’y arrivera jamais ! » J’étais furieuse ! L’orage était arrivé à point nommé ! Tout aurait pu bien se goupiller mais non ! Billy n’en avait rien à faire de tous les efforts que j’avais fourni ! « T’es chiant sérieux ! » Je m’étais arrêté pour le confronter. « Il est hors de question que je reparte pour un tour si tu n’es pas capable de respecter trois petites consignes ! » Je lui donnai le manuel en mettant assez de force pour lui donner un coup dans le ventre. « Sinon trouve-toi quelqu’un d’autre ! J’ai assez donné ! ». Vrai.
Dimanche 14 mai 2000
Les rayons du soleil s’infiltraient par ma peau, créant un effet de chaleur réconfortant. Appuyée contre Edmund et ses bras nus, je me sentais enveloppée par un confort que je n’aurais jamais pensé connaître d’une telle façon. « Ok, alors quelle est la définition d’un Sortilège de Transfert ? » Il avait pris quelques manuels pour réviser ses ASPICS, avec une vue sur Pré-au-Lard, quoi demander de mieux ? « Il s’agit d’un sort de métamorphose qui permet d’inverser deux objets. » Répondis-je en me lovant un peu plus contre lui. « Bonne réponse ! Tu me dois un baiser ! » Il rapprocha son visage du mien avec un sourire malicieux. « Non, ce ne sont pas les règles ! Déjà c’est moi qui devrais te poser les questions et le baiser c’est pour les mauvaises réponses, histoire de se donner du courage ! » Je tentais d’échapper à sa prise sans retenir mes gloussements. « Non, non ! Tu me donnes un baiser quand tu as la bonne réponse, je te donne un baiser quand tu as la mauvaise réponse ! Eh oui, ce sont les règles du jeu ! »
Je tentais d’échapper à sa prise en lui lançant quelques herbes au visage. Puérilité quand tu nous tiens ! « Miss Davis, ceci est trop peu sérieux venant de vous ! » Edmund se prêta lui aussi au jeu et me renversa dans l’herbe avant de se pencher pour m’embrasser, ce que j’acceptais avec joie. Je me sentais tellement bien avec lui, si seulement nous n’avions pas à mentir à Billy, cela faisait déjà plusieurs mois… Il serait peut-être temps d’ailleurs d’avoir une conversation… « Joey ? Edmund ?! » Je repoussais le blond à la hâte, affolée par cette nouvelle voix sortie de nulle part. Fergus. « Salut mon pote ! » Edmund se leva à la hâte pour lui serrer la main et agir nonchalamment mais il était bien trop tard, les yeux de Fergus en savait déjà trop. Je restais assise là, bouchée bée, interdite. Quelle justification donnée à l’ami de Billy ? Mais que faisait-il là d’abord ? Et pourquoi avait-il fallu que ce soit lui qui nous surprenne ? « Ouais … Faudrait que tu gardes ça pour toi. S’il te plait. » Je me relevais sans un mot, gardant mes distances, Fergus savait que tout cela ne plairait pas à Billy mais surtout, il devait avoir du mal à croire que j’avais pu lui faire ça. N’était-ce pas ce qu’il pensait ? Que je le trahissais ? « Ça fait … combien de temps vous deux ? Non, écoutez, j’ai pas envie de savoir. J’en ai déjà trop vu ! » Il secoua vivement la tête avant de rebrousser chemin et rejoindre le village.
Je fis un pas en avant, tentée de le rattraper et de conclure un serment inviolable pour qu’il ne dise rien mais après quelques nanosecondes de réflexion, je fus obligée d’admettre que c’était sans doute un peu excessif. Néanmoins, nous avions un problème, Fergus n’allait pas garder ce secret pour nous et je ne lui demanderais jamais ça. « Merde. » Fut le premier mot qui franchit mes lèvres. Edmund semblait embêté comme s’il avait renversé de la peinture sur un vêtement blanc immaculé, un sourire penaud était scotché à ses lèvres. Je ne ressentais pas les choses de la même façon. La conséquence n’était pas une vilaine tache mais la fin d’une amitié. « Fergus ne gardera jamais ça pour lui, Billy est son ami, il ne lui mentira pas. » Commençais à cogiter à voix haute. « Moi non plus, je ne devrais pas lui mentir… » La culpabilité commençait à s’emparer de nouveau de moi. Je faisais les cent pas, essayant de trouver un compromis alors qu’Edmund semblait tout prendre à la légère. « Évidemment que ça ne te touche pas de la même façon, Billy est ton frère et même si vous vous détestez, il restera pour toujours ton frère et il n’aura pas d’autre choix que de te pardonner. Moi c’est différent… Et puis je lui avais promis. » Pourquoi j’avais fait cette promesse débile déjà ?
Je replaçais mes cheveux derrière les oreilles et soufflais un bon coup. L’angoisse m’avait prise au ventre et je me sentais suffoquer. « Écoute je vais aller parler à Fergus, voir s’il peut tenir sa langue le temps que je trouve quoi faire. » Oui parce que je me doutais que c’était à moi de faire quelque chose, j’étais bien ici la seule à me faire du soucis. Je ramassais mes affaires à la hâte alors qu’Edmund tentait de me retenir. « Il faut que je règle ça. Billy est mon ami et ça compte pour moi. » Lui avouais-je en le regardant dans les yeux. Je déposais un baiser sur sa joue avant de m’éloigner. Dimanche 22 mai 2000
Fergus avait accepté de ne rien dire. Pour l’instant. Il attendait que je crache le morceau à Billy de mon propre chef. Chose que j’avais du mal à envisager pour le moment. Billy travaillait à garder de nouveau la feuille de mandragore dans sa bouche, chose non aisée et puis il semblait avoir la tête ailleurs. Notre relation se portait bien, plus que bien, et je ne voulais pas risquer de tout gâcher et qu’un froid s’installe entre nous comme la dernière fois. Peut-être que cette fois-ci, le froid durerait plus qu’un hiver. Pour toujours sans doute. C’était une trahison. Je l’avais trahi, j’avais trahi ma promesse. Mais si, pour une fois, nous avions grandi et si, Billy me pardonnait et acceptait l’idée ? Etais-je prête à tout risquer pour une conjecture ? Mais surtout étais-je prête à tout risquer pour ma relation avec Edmund ?
Cette fois encore la salle sur demande nous accueilli, Edmund et moi. Nos baisers de salutations furent moins passionnés, comme si, eux aussi, avaient compris que quelque chose se tramait, quelque chose qui pouvait les compromettre. Ou étais-je la seule à le ressentir ? « Comment vas-tu ? » Tout sonnait étrange à présent que le poteau rose avait été découvert. Et si cela persistait lorsque je l’aurais dit à Billy ? Ma relation avec Edmund était-elle suffisante ? « Je sais pas quoi faire pour Billy… » Je me doutais que mettre ce sujet de conversation sur le tapis lui tapait sur le système. Mais c’était important pour moi d’en parler, tout se décidait à partir de là. « Je veux dire… Nous deux c’est… » Trop récent ? Sérieux ? Je ne connaissais pas moi-même la fin de ma phrase. « Tu m’aimes ? » Mon regard s’ancra dans le sien, attendant une réponse sérieuse. Mais je sentis bien l’embarras d’Edmund, c’était bien trop tôt pour ces choses-là et puis… Allions-nous vraiment y arriver un jour ? « Oublie ça ! » Me rattrapais-je embarrassée.
Je baissais la tête en m’écartant. « Tu pars à l’université en septembre et moi je reste ici. Et… Je sais pas où ça nous mène en fait ! » Déclarais-je finalement, désemparée. « J’adore ce que l’on vit mais… est-ce que sur le long terme ça sera pareil ? » Dis-le ! « Je n’ai pas envie de perdre Billy, surtout si nous deux ce n’est pas sérieux. Et je sais qu’on est jeune alors je sais que ça ne l’est pas et je ne veux pas t’imposer ça. » Je marquais une pause, essayant de déchiffrer l’expression du jeune homme en face de moi. « L’année prochaine je me retrouverais seule ici avec Billy et… il s’agit de mon meilleur ami. » Un petit sourire désolé s’afficha sur mes lèvres. J’avais dit ce que j’avais sur le cœur, j’avais énoncé à voix haute la décision que j’avais prise malgré moi depuis un moment. Je n’avais pas envie de prendre cette décision. Je le sentais. C’était la fin.
Nous sommes le samedi 4 mars 2000. Billy est désormais en 5ème année à Poudlard. C'est l'année des BUSE mais c'est aussi l'année où il est devenu préfet de Serpentard. Voulant prendre son rôle au sérieux pour défier son frère, Billy redouble d'effort pour assurer aussi bien dans ses fonctions de référent qu'en tant qu'élève. Il peine toutefois à tout concilier tellement son esprit est distrait par les jolies courbes d'Alex Bennett ...
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« Tu te fous de moi ! » s’écria Joey, soudain hors d’elle.
Billy leva la main pour échapper à un nouveau coup de livres, soudain bien plus effrayé par la colère de Joey. Les Acromentules et la meute de chiens noirs n’étaient rien en comparaison à une Joséphine Davis cédant à la colère. Billy était bien en peine de voir qu’il ne trouvait nulle endroit autour de lui pour se cacher.
« Billy ! Sérieusement ! L’étape de la feuille de mandragore nous a pris des plombs ! Et toi tu rates tout avec une stupide incantation à répéter ! »
Ses yeux s’étaient exorbités et ses cheveux blonds s’agitaient autour d’elles, comme les cheveux de la créature mythologique grecque qu’elle lui avait déjà parlé. Mais alors qu’il pensait qu’elle allait lui balancer un nouveau coup de livre sur le crâne, elle se détourna de lui et commença à faire demi-tour. Billy hésita un instant, mais il n’était guère envieux de rester plus longtemps dans cette clairière. Les cris de Joey avaient sans doute alerté d’autres créatures toutes aussi effrayantes et Billy n’était pas impatient de les rencontrer. Alors, gardant une bonne marge de sécurité derrière Joey, il se mit à trotter à sa suite.
« J’ai juste oublié … » couina-t-il. « C’est toi qui voulais devenir Animagus ! » « Je sais … » souffla-t-il. « Mais il y a des règles à respecter ! » « Je sais. » « Si tu ne le fais pas rigoureusement, on n’y arrivera jamais ! » « Je sais ! »
Joey s’arrêta soudain pour se tourner vers lui. Billy s’interrompit aussitôt et leva les mains devant lui comme pour l’encourager à tempérer ses accès de colère. Joey était d’une patience d’ange avec son père, son frère, et même avec Billy. Mais sa patience n’était pas illimitée, et quand elle arrivait à bout, sa colère était semblable à une tempête. N’importe qui aurait tremblé face à elle. Limite, elle lui rappelait Mme Pince, aka le plus grand cauchemar de Billy. Seulement, jamais il ne l’aurait avoué à voix haute, au risque d’attirer encore plus la colère de la Serpentard.
« T’es chiant sérieux ! » « Je sais … » soupira-t-il avec un sourire désolé. « Mais tu vas m’aider, hein ? »
Il déglutit, un peu angoissé.
« Joey … Sans toi, je n’étais jamais arrivé aussi loin. Tu arrives à me discipliner et je sais que c’est vraiment avec toi que je pourrais réussir. »
Il la regarda, un peu inquiet. Autour d’eux, la forêt semblait retenir son souffle. On n’entendait même plus les pas des créatures magiques, ni le bruit des gouttes tombant sur les feuilles des plus hauts arbres.
« S’il te plait … »
Il joignit ses deux mains en prière, tentant un regard suppliant. Joséphine poussa finalement un soupir.
« Il est hors de question que je reparte pour un tour si tu n’es pas capable de respecter trois petites consignes ! » « Oui, bien sûr, je t’écouterai ! » se dépêcha-t-il.
Autant acquiescer à tout avant qu’elle ne change d’avis. Elle lui rendit alors le manuel, mettant assez de force dans son geste pour lui donner un coup dans le ventre. Il se retint de gémir et réceptionna le livre avec un sourire forcé.
Il se mit au garde-à-vous mais cela n’amusa pas Joey qui reprit sa marche en direction du château. Bon, il fallait juste que sa colère retombe. Ça irait mieux dans quelques heures … ou dans quelques jours … Il allait devoir avoir une volonté de fer pour refaire la première étape avec la feuille de mandragore, ou Joey ne lui pardonnerait jamais. Il se mordit la lèvre et se mit à suivre son amie gardant toujours une distance de sécurité avec la jeune femme.
Nous sommes le dimanche 14 mai 2000.Edmund Prewett effectue sa 7ème et dernière année à Poudlard. S'il est un élève très sérieux dans ses études, portant fièrement son blason de préfet de Gryffondor, il est aussi très frivole dans ses relations amoureuses. Pourtant, depuis janvier, il vit une histoire interdite et secrète avec Joséphine Davis, la meilleure amie de son frère.
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« Merde. » souffla Joey.
Elle semblait tétanisée, comme se réveillant d’un mauvais rêve. Edmund espérait que ce mauvais rêve portait plus sur l’interruption de Fergus, que sur le fait de s’être roulés ensemble dans l’herbe.
« Jo’ … ça va aller. » souffla-t-il. « Fergus ne dira rien, t’as bien vu, il … » « Fergus ne gardera jamais ça pour lui, Billy est son ami, il ne lui mentira pas. » le coupa-t-elle. « Moi non plus, je ne devrais pas lui mentir… »
Edmund retint un soupir et pencha la tête sur le côté. Et voilà que ça la reprenait. Depuis qu’ils avaient commencé à sortir ensemble, elle faisait une obsession sur l’idée de mentir à Billy. Certes, ce n’était pas bien et Edmund ne trouvait pas sa position des plus confortables non plus. Mais ce n’était pas un si gros mensonge, si ? Peut-être qu’il était temps que ça se sache d’ailleurs ? Billy comprendrait bien que quand deux personnes s’adoraient, ils se retrouvaient forcément dans ce genre de relations. Et c’était vrai, Edmund adorait être avec Joséphine. Billy ne pourrait-il pas le comprendre et l’accepter ?
« Ecoute, ce n’est pas bien grave. » commença-t-il à expliquer. « Peut-être que c’est ainsi que les choses devaient se passer après tout. » « Évidemment que ça ne te touche pas de la même façon, Billy est ton frère et même si vous vous détestez, il restera pour toujours ton frère et il n’aura pas d’autre choix que de te pardonner. »
A nouveau, Edmund pencha la tête sur le côté. Certes, Billy et lui ne s’appréciaient pas des masses mais n’exagérait-elle pas un peu les choses ?
« Moi c’est différent… » continua-t-elle. « Et puis je lui avais promis. » « Joséphine … tu n’es pas une mauvaise amie. »
Il fit un pas vers elle, voulant prendre dans ses bras. Il sentait bien qu’elle était totalement en train de céder à l’angoisse. Et il aurait voulu la serrer contre lui et lui assurer que tout s’arrangerait. Mais quand elle plaçait une mèche de ses cheveux derrière son oreille comme elle venait de le faire, cela signifiait qu’elle avait pris une décision.
« Écoute je vais aller parler à Fergus, voir s’il peut tenir sa langue le temps que je trouve quoi faire. »
Elle se pencha pour ramasser ses affaires éparpillées.
« Jo’, tu devrais te poser deux minutes, et qu’on y réfléchisse ensemble. Ecoute-moi quand je te dis que ce n’est peut-être pas une mauvaise chose ce qui est arrivé. » « Il faut que je règle ça. » dit-elle, continuant à ramasser ses affaires. « Billy est mon ami et ça compte pour moi. »
Leurs regards se croisèrent et Edmund déglutit. Quelque chose au fond de lui lui donnait un mauvais pressentiment quant à tout ça. Mais il ne pouvait agir contre sa volonté. Aussi, la laissa-t-il lui donner un baiser sur la joue alors qu’elle redescendait la petite colline, dans la direction qu’avait emprunté Fergus quelques instants plus tôt.
Dimanche 22 mai 2000
Une semaine s’était écoulée depuis que Fergus les avait surpris, Joséphine et lui. Ils n’avaient échangé que quelques baisers rapides au détour de couloirs mais n’avaient pas eu l’occasion d’avoir un moment pour parler tous les deux. Edmund n’était pas du genre à se faire du soucis mais plus le temps passait, plus il avait du mal à penser à ses ASPIC. Son esprit était de plus en plus préoccupé par Joséphine et son front plissé, témoignant de son angoisse. La vérité, c’était qu’il s’était attaché bien plus qu’il ne l’aurait cru à la jeune femme. Il savait qu’avec elle c’était différent. Il savait qu’avec elle, pour la première fois, il avait eu une véritable relation, sérieuse, continue et exclusive. Jamais il n’avait connu ça auparavant. Mais était-il prêt à accepter que cela continue ? Jusque-là il ne s’était pas posé de questions sur là où cela les mènerait. Mais à présent que Joséphine paniquait que Billy l’apprenne, et que ces histoires détournaient Edmund de ses révisions, il s’interrogeait de plus en plus.
Il était un peu plus de 11h du matin lorsqu’Edmund se glissa dans la salle sur demande. Il jeta un regard derrière lui avant de refermer la porte et d’embrasser Joséphine. Ils avaient connu des baisers plus passionnés encore, et même s’il était heureux de la voir, il savait qu’ils auraient à parler. C’était le premier moment tranquille qu’ils avaient tous les deux.
« Comment vas-tu ? »
Edmund replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille, son autre bras entourant toujours sa taille. Il aurait aimé la garder comme ça, auprès de lui, pour toujours.
« Fatigué. » avoua-t-il.
Il veillait tard les soirs pour réviser. Il se joignait aux groupes d’études dans la salle commune ou à la bibliothèque, et le soir, il s’endormait, ses lunettes encore sur le nez, bien souvent tordues à son réveil. Il avait négligé ses entraînements au tir à l’arc bien qu’il savait que cela était auparavant une soupape pour décompresser. Mais il peinait à tout faire rentrer dans son emploi du temps organisé pour les révisions uniquement. Le seul loisir qu’il s’accordait désormais se tenait entre ses bras.
« Et toi ? Comment tu te sens ? » « Je sais pas quoi faire pour Billy… »
Il baissa la tête et ses cheveux bouclés vinrent frôler le front de Joséphine. Il essayait de ne pas paraître agacé bien que parler de son frère n’était pas son sujet favori. Mais il savait qu’elle avait raison. Il fallait qu’ils en parlent. Seulement, il aurait aimé que cela n’arrive pas aussi tôt.
« Je veux dire… Nous deux c’est… »
Il releva la tête, croisant son regard, essayant de comprendre là où elle voulait en venir. Remettait-elle soudain leur relation en question ?
« Tu m’aimes ? »
Il devait avouer qu’il ne s’attendait pas vraiment à cette question. Il resta interdit un instant, ne sachant que répondre. Il ne s’était jamais réellement posé pour y réfléchir. Il savait qu’il adorait leurs petits moments ensemble, il savait qu’il aimait rire avec elle et il voulait que cela dure encore. Mais était-il amoureux ? L’avait-il déjà été ? Il dut mettre trop de temps pour répondre. Le visage de Joséphine s’empourpra.
« Oublie ça ! » dit-elle en s’écartant de ses bras. « Jo’, attends … Tu … tu me prends au dépourvu, c’est tout. Mais si j’y réfléchis, peut-être que … »
Il déglutit. Il ne voulait pas perdre Joséphine, mais il ne voulait pas non plus lui mentir. Il s’approcha d’elle, mais elle s’obstinait toujours à rester loin de lui, comme si elle craignait qu’en le touchant, elle n’ait plus les idées claires.
« Tu pars à l’université en septembre et moi je reste ici. Et… Je sais pas où ça nous mène en fait ! » « Je … je ne sais pas non plus. » avoua-t-il. « J’adore ce que l’on vit mais… est-ce que sur le long terme ça sera pareil ? »
Edmund détourna les yeux avant de hausser les épaules. Cette conversation l’effrayait de plus en plus. Et il détestait ça.
« Je … n’y ai pas réfléchi. »
Un silence s’installa et leurs regards se croisèrent à nouveau. Edmund comprenait que Joséphine essayait de se montrer aussi sincère que lui à ce sujet. Et cela lui redonna un peu plus confiance. Le final de cette conversation était effrayant mais ils étaient assez matures pour essayer de faire les choses au mieux.
« Je n’ai pas envie de perdre Billy, surtout si nous deux ce n’est pas sérieux. » dit-elle enfin. « Et je sais qu’on est jeune alors je sais que ça ne l’est pas et je ne veux pas t’imposer ça. »
Edmund hocha doucement la tête.
« L’année prochaine je me retrouverais seule ici avec Billy et… il s’agit de mon meilleur ami. »
Elle afficha un sourire penaud. Elle ne voulait pas être blessante mais … elle disait clairement ce qu’elle avait sur le cœur. Sa décision était prise : elle ne dirait jamais rien à Billy sur eux deux. Elle n’en avait jamais eu l’intention. C’était soit Billy, soit Edmund. Et si elle avait joué des mois avec le feu en oscillant entre les deux, à présent, elle préférait garder Billy. C’était Billy. Ce serait toujours Billy.
Edmund se mordit la lèvre. Etrangement, il n’était pas en colère. Il n’était même pas jaloux. N’avait-il pas espéré que cela se terminerait ainsi ? Il n’avait jamais été sérieux dans ses relations et il avait toujours désiré ne jamais blesser Joséphine. Au final, cette manière de rompre n’était-il pas mieux pour eux deux ? Il pourrait se reconcentrer sur ses ASPIC. Elle pourrait retrouver Billy dans le poids de ce secret. Tout irait pour le mieux, non ?
« C’est ton meilleur ami. » affirma-t-il. « Tu as raison. Je … »
Il prit une profonde inspiration avant de s’avancer pour prendre les mains de Joséphine dans les siennes.
« J’ai adoré tous ces moments passés avec toi. Je suis sincère. Je … je ne peux pas te dire les mots que tu attends. Je suis désolé. Mais, je t’adore. Et … j’aurai aimé que ça fonctionne. Vraiment. »
Il tenta un sourire avant de prendre Joséphine dans ses bras. C’était un câlin comme ils avaient souvent échangé ces dernières années. Un câlin d’amitié. Un câlin tendre mais enlevant tout romantisme. Pourtant, en sentant l’odeur de son shampoing, en sentant son nez frôler son cou, en tenant son corps contre le sien, il avait envie d’envoyer valser toutes ces dernières phrases et de l’embrasser. Juste l’embrasser, s’enfuir avec elle et de voir où tout ça les mènerait.
Mais Joséphine n’avait pas son caractère. Elle avait les pieds sur Terre et voulait quelque chose d’écrit, de concret. Elle voulait des mots posés sur leurs sentiments, elle voulait des sécurités, des perspectives d’avenir. Autant de choses qu’Edmund n’était pas en mesure de lui donner.
Nous sommes le samedi 12 août 2000. Billy va bientôt passer en 6ème année à Poudlard. Il a obtenu ses BUSE en juin et sa relation avec Alex Bennett a pris une nouvelle tournure au cours de l'été ...
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« Je vais nous chercher des boissons ! »
Billy embrassa Alex sur la joue avant de fendre la foule en direction du bar. Le pas léger, il se laissait enivrer par l’atmosphère. La musique résonnait dans ses oreilles et dans chaque partie de son corps. Le sol vibrait sous ses pas à chaque pas des milliers de spectateurs. Le jeu de lumières éblouissait par intermittence le visage de la foule. Une odeur de bière, de sueur mais aussi de pluie flottaient dans les airs. L’orage n’était pas loin mais personne ne semblait s’en soucier, bien trop occupés à chanter en cœur avec le groupe sur scène.
Billy arriva au bar et cria par-dessus les voix du public pour se faire entendre du serveur. Son pied battait la cadence et ses doigts pianotaient sur la planche en bois. Son regard se dirigea naturellement vers Alex qui se déhanchait un peu plus loin. Merlin, qu’elle était belle ! Un sourire niais flottait sur ses lèvres quand le visage de Joey entra dans son champ de vision. Il la bouscula du coude lorsqu’elle se moqua de lui.
Ils étaient un petit groupe à être venus à ce concert. Billy avait invité Alex, qui avait bien sûr invité Millie, Rhea et Casey. Joey était elle aussi venue avec des amis à elle. Seul Fergus avait failli décliner l’invitation. Joey et Billy lui avaient promis (en échange de sa venue au concert ce soir) de l’emmener un soir prochain dans un cinéma en plein air. Joey et Fergus s’étaient découverts le point commun d’aimer le cinéma moldu au plus grand désespoir de Billy qui écoutait leurs échanges de répliques cultes les soirs devant le feu de la salle commune. Mais depuis que Fergus avait rompu avec Millie en décembre dernier, ses discours étaient moins enflammés et moins passionnés. Leur groupe d’amis en avait également pâti alors que chacun semblait rester sur leurs positions. Néanmoins, depuis qu’Alex et Billy s’étaient à leur tour rapprochés, ils avaient été forcés de cohabiter à nouveau. Et ils arrivaient plutôt bien à se tolérer.
« Je te demande si Enzo est ton petit-ami ? » dit-il à Joey en désignant de la tête le garçon qui avait passé un bras autour de Christopher Elton et un autre autour d’Hécate Voisin. « Il m’a renversé de la Bièraubeurre sur le pied ».
D’un air maussade, Billy leva les yeux au ciel. Il n’aimait pas trop Enzo Drymörk. Peut-être était-ce le fait qu’il était trop téméraire, trop sûr de lui, trop tout ? Ou bien parce qu’il avait pensé pendant un instant qu’Alex était intéressée par lui ? Peu importait, Billy ne portait pas le garçon dans son cœur.
La musique changea et les yeux de Billy s’illuminèrent. Il adorait cette chanson ! Son regard croisa celui de Joey et un sourire malicieux s’afficha sur son visage. Joey réagit aussitôt négativement.
« Joey. » la coupa Billy. « Monte sur mes épaules. »
Son ton était très sérieux. Il était prêt à porter Joey sur ses épaules pour que le groupe les voit s’enflammer sur cette chanson. C’était la musique parfaite pour ça ! Il était certain d’avoir assez de forces pour revenir au centre du groupe avec Joey sur ses épaules.
« Promis, je ne te ferai pas tomber. »
Il joignit ses deux mains en prière alors que le serveur amenait leurs boissons. Toutes colorées, il les posa sur le bord.
« On les récupère dans un instant. » lui indiqua Billy.
Le serveur soupira mais les fit redescendre du comptoir pour les garder en réserve en-dessous. Il semblait avoir compris qu’un moment décisif du concert se jouait.
« Joey, allez ! Ne fais pas ta mauviette ! »
Et pensant avoir touché un point sensible, il se pencha pour qu’elle grimpe. Il n’y avait qu’à voir déjà Hécate qui était montée sur les épaules d’Enzo ! Millie était en train de faire de même avec Chris tandis que Fergus essayait de convaincre Alex.
Toutes les demi-secondes mon cerveau me criait de faire machine arrière, de ravaler ma fierté et toute la prudence que je possédais. Pourquoi Billy ne pourrait-il pas me pardonner ? N’avait-il pas lui aussi fait des erreurs ? En quoi cela faisait-il de moi quelqu’un d’impardonnable ? J’avais trahi ma promesse par … amour ? C’était cela, non ? « Jo’, attends … Tu … tu me prends au dépourvu, c’est tout. Mais si j’y réfléchis, peut-être que … » Je lui intimais de se taire en m’éloignant de ses bras. Je n’étais pas pour qu’il me confesse des sentiments qu’il ne ressentait pas.
Je savais que mon plus gros défaut était la franchise, il s’agissait de ma plus grande qualité pour d’autres. Je ne pouvais pas cacher mes réflexions, ni mes sentiments. S’il y avait doute, je le disais. Edmund était de ceux qui accueillaient mes pensées avec soulagement. Il ne témoigna à aucun moment de la colère ou un désir de me faire taire. Je pouvais tout lui dire sans rien craindre de ses réactions, même si d’un certain côté j’aurais aimé qu’il me persuade de tout arrêter. « Je … n’y ai pas réfléchi. » Bien sûr qu’il n’y avait pas songé. Nous étions adolescents.
Plus les mots franchissaient mes lèvres, plus nos corps se faisaient distants. Les yeux d’Edmund étaient fuyants, pas prêt à entendre la conclusion de cet échange. L’étais-je également ? Mais à quoi cela servait-il de tourner autour du pot ? Il l’avait compris. « C’est ton meilleur ami. » affirma-t-il. « Tu as raison. Je … » Cette fois-ci il rétablit le contact et me prit les mains. « J’ai adoré tous ces moments passés avec toi. Je suis sincère. Je … je ne peux pas te dire les mots que tu attends. Je suis désolé. Mais, je t’adore. Et … j’aurai aimé que ça fonctionne. Vraiment. » Oh non ne t’excuses pas, eussé-je envie de lui dire mais mes mots restèrent coincés dans ma gorge, s’ils sortaient, je prenais le risque de pleurer et ça c’était la dernière chose que je voulais. Il n’y avait pas plus pathétique. Il était si compréhensif.
J’acceptais son étreinte en tremblant un peu. C’était la dernière fois que nous nous retrouvions ainsi. J’essayais de ne pas penser à ce qu’aurait pu être la suite de notre histoire, cela ne servait à rien. Je m’écartais pour lui donner un dernier baiser mais me retint à la dernière seconde. Était-ce approprié ? Ne remuais-je pas le couteau dans la plaie ? Mes lèvres se déposèrent sur sa joue avant de me reculer. « J’aurai aimé que ça fonctionne aussi… Merci. » Je quittais la salle sans me retourner, tentant de retenir le flot de larmes que je retenais, au moins jusqu’à mon dortoir.
Samedi 12 août 2000
Je n’entendais pas ce que me criait Hécate mais j’acquiesçais quand-même. Le tempo de la batterie résonnait dans mes oreilles et on n’entendait davantage les gens crier les paroles de la chansons qu’autre chose. Mon cœur tambourinait en même temps que le batteur abattait ses bâtons sur sa batterie. Nous n’étions plus qu’un seul et même corps vibrant au rythme de la musique. C’était enivrant. Comme Hécate, je levais les bras et tentais de chanter les paroles que je connaissais. Plus réservés mais pas moins investis, Enzo et Chris se balançaient en mesure.
« Je vais chercher des verres, je reviens. » Criais-je à mon amie avant de fendre la foule pour rejoindre le bar. C’était également une bonne excuse pour prendre un peu l’air, le flot de personnes était moins compact que là où nous nous trouvions. Je trouvais Billy, nous avions été un peu séparés par un groupe de jeune devant la scène, contemplant avec un sourire béat Alex Bennett, son crush du moment. « Tu as de la bave là ! Allez avoue-le, tu veux sortir avec elle ! » Dis-je en désignant son menton. « Je te demande si Enzo est ton petit-ami ? » Ahah très drôle Prewett ! Je lui servis un sourire mesquin. « Il m’a renversé de la Bièraubeurre sur le pied » Je lui donnais un coup d’épaule avant de me moquer. Enzo n’était certainement pas mon petit ami et je ne désirais pas qu’il le soit. Lui non plus sans aucun doute. Et voilà que je me remettais à penser à Edmund… Dire que Billy n’en savait rien. Je m’étais promise de ne rien lui dire, même trois mois après…
« Monte sur mes épaules. » Quoi ? Puis je reconnus la musique et comprit. « Tu n’as pas assez de muscles pour ça Billy ! » Mais il ignora mon argument. « Promis, je ne te ferai pas tomber. » Ah parce que je devais seulement me contenter d’une promesse ? C’était une chanson incroyable mais au point de risquer sa vie… Peut-être pas non. « Joey, allez ! Ne fais pas ta mauviette ! » Moi ? Mauviette ? Il n’allait pas me le dire deux fois. Il se baissa pour passer sa tête entre mes jambes, en tout bien tout honneur, et me souleva en titubant d’abord puis il réussit à se stabiliser et à marcher jusqu’à Alex. Pour ma part, j’avais déjà commencé à crier les paroles de la chanson.
Mardi 17 octobre 2000
« Regarde-le je te dis ! » M’intima Fergus. « Il vaut vraiment le coup, je te jure tu ne le regretteras pas. » Je levais les yeux au ciel, exaspérée par son insistance. « Ouai ouai, écoute je verrai… » Cette fois-ci il arrêta de marcher et se posta devant moi. « Faisons un pari, si le film te plait tu devras regarder le prochain même s’il s’agit d’une comédie romantique. En revanche si tu n’aimes pas, tu décideras du prochain film d’horreur que je devrais voir. » Cela semblait être plutôt honnête comme marché, Fergus connaissait mon aversion pour les longs métrages sentimentaux, du moins depuis quelques mois. Ma rupture avec Edmund m’avait rendu un temps morose et plus seule que je n’aurais jamais pensé l’être, même si avant lui, cette solitude ne me pesait pas autant. Et le pire, c’était que je n’avais pu en parler à personne. Même pas à Fergus, un accord officieux avait été conclu entre nous, nous n’en parlerions plus.
Nous nous serrâmes la main pour sceller notre pari, je dégageais mes cheveux d'une main, je les avais teint en noir cet été. Une folie de l'instant. Billy choisit ce moment pour arriver, à la croisée d’un couloir du château. « Où est Alex ? » Attaquais-je déjà. Après tout il était toujours collé à elle… Bien que la Gryffondor fût plus intéressante que ses précédentes conquêtes, j’enviais la facilité qu’avait Billy de trouver quelqu’un, surtout que moi je m’en étais privée. Pour lui. « Projection ce soir. Tu en es ? » Quelques fois, à la tombée de la nuit, nous organisions des séances cinéma dans la salle commune des Serpentards. Quelques fois des élèves des autres maisons se joignaient à nous, encore fallait-il déjoué la surveillance des Préfets-en-chef ! Ou les avoir sous notre coupe. Billy n’était pas venu à la dernière projection, même s’il s’agissait du dernier film de Peter Sullivan, il avait privilégié une sortie avec Alex. Allait-il se dérober une fois encore ?
Nous sommes le mardi 17 octobre 2000. Billy est désormais en 6ème année à Poudlard. Préfet de Serpentard et Batteur dans l'équipe de Quidditch, Billy vit clairement sa meilleure vie depuis qu'il sort avec Alex Bennett. Tous deux forment un couple très populaire au sein de leur classe.
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Billy regarda Alex s’éloigner dans le couloir, un sourire carnassier aux lèvres. Cette fille était avec lui. Cette fille l’avait choisi. Oui, c’était fait. Alex et Billy sortaient ensemble depuis deux mois et … c’était un véritable bonheur. Jamais il ne s’était senti aussi complet qu’à cet instant. C’était comme si les pièces du puzzle s’étaient toutes parfaitement imbriquées les unes entre elles. Alexandra Bennett, une fille extraordinaire !
Cette année était la sienne. Billy l’avait prédit. Déjà, pour commencer, il était l’heureux petit-ami d’une magnifique jeune femme. Il avait aussi obtenu son entrée dans l’équipe de Quidditch des Serpentard après deux ans d’effort, au poste de Batteur. Il était toujours préfet de Serpentard, et cette année, Edmund n’était pas là pour le chaperonner. Il avait du quitter le club de duels au plus grand désespoir de Joey pour ne pas avoir trop de choses à faire. Il était vrai qu’il peinait à tout concilier. Alex, ses devoirs de préfets, ses nouveaux entraînements de Quidditch, ses devoirs – parce qu’il les faisait bien de temps en temps. Au final, c’était ses amitiés qui en pâtissaient.
« Vous êtes là ! »
Au détour d’un couloir, il venait de tomber sur Fergus et Joey qui scellaient un de leurs méfaits, les mains liées.
« Ne me dites pas que vous venez de faire un Serment Inviolable ?! »
Fergus et Joey étaient redoutables quand ils se lançaient dans des paris, et au vu de leurs regards de défi, un des deux allait finir par pleurer.
« Où est Alex ? » lança Joey.
Billy leva les yeux au ciel.
« Dans mon lit. Tu veux aller vérifier ? »
Il lui lança un regard hypocrite et tous trois repartirent en direction des cachots, vers leur salle commune. Encore une heure avant le dîner. Peut-être que Billy pourrait avancer son devoir d’Etude des Moldus avec eux. Il jeta un coup d'oeil à Joséphine. Cet été, elle avait décidé de faire une folie capillaire en se les colorant en noir. Elle avait un look assez redoutable ainsi. Billy avait lu dans un magazine de sa sœur que lorsqu'une fille changeait de coupe de cheveux, c'était en général lié à une déception amoureuse. Ces magazines racontaient n'importe quoi ... Après tout, Joey ne s'était jamais intéressée à un seul garçon. N'est-ce pas ?
« Pourquoi ? » demanda-t-il, comprenant que Joey avait sans doute eu une idée en tête. « Projection ce soir. Tu en es ? »
Fergus guettait à son tour la réponse de Billy. Depuis quelques temps, Joséphine et Fergus organisaient des séances cinéma dans la salle commune des Serpentard. Une initiative validée par les préfets de Serpentard, à savoir Billy et une fille de 7ème année. Les préfets-en-chef étaient en revanche plus frileux et leur faisaient la chasse. Il fallait redoubler de ruse pour se cacher d’eux. Mais les Serpentard n’en manquaient pas !
« Je sais pas … » avoua-t-il avec une grimace. « Tu vois, je te l’avais dit ! » balança Fergus à Joey. « Monsieur est trop occupé à bécoter sa … » « Oh ta gueule ! »
Billy le bouscula de l’épaule, déclenchant l’hilarité de Fergus. Après tout, ce dernier avait été dans le même cas un an plus tôt avec Millie. Même s’ils n’étaient plus en froid, ils n’étaient pas redevenus amis pour autant. Au moins ils se toléraient, ce qui était déjà beaucoup.
« Qui me dit que vous ne vous bécotez pas, vous aussi ? »
Billy désigna tour à tour Fergus et Joey et les dépassa, marchant en arrière pour les regarder. Fergus fut le premier à éclater de rire avant de se rapprocher de Joséphine. Il passa un bras autour de son cou et tenta de l’embrasser.
« Mais oui, Joey et moi ! »
Son hilarité redoubla quand la Serpentard le repoussa. Billy leva les yeux au ciel. Fergus revint à la charge en sautant sur ses épaules.
« Monsieur le préfet, votre présence est requise auprès de vos amis, ce soir ! »
Il descendit de ses épaules et le poussa contre un mur pour le stopper.
« Amène Alex. » proposa-t-il. « Tu peux même lui dire d’amener Millie si ça lui chante. Je resterai bien à l’opposé avec Joey. Mais viens. Ça fait longtemps. »
Sa tête aurait été presque plaintive. Plaqué contre le mur froid du château, Billy regarda tour à tour Fergus et Joey. C’était vrai qu’il y avait longtemps qu’il n’avait pas pensé un moment avec eux. Avec juste ses amis. Billy leva les yeux au ciel et soupira.
« Ok, je viendrai. Je vais dire à Alex que je dois remplir des obligations de préfet. Un truc dans le genre. »
Billy regarda Fergus esquisser un geste de victoire sans discrétion.
« Mais à une condition ! Joey, tu me laisses copier sur ton devoir d’étude des moldus ? »
Vendredi 22 décembre 2000
« Il faut faire ça maintenant. Avant Noël. »
Billy essayait de convaincre Joey en la traînant par la main dans les couloirs du château. Il était environ minuit. Rusard avait fini de faire ses tournées, les préfets-en-chef également. Mais ils devaient se montrer discrets. Même si Billy était préfet, cela ne lui permettait pas de se promener, lui et sa meilleure amie, dans les couloirs la nuit.
« J’ai envie de connaître ma forme d’Animagus. Et puis tu m’as dit que tu maîtrisais le sort d’orage. »
Il jeta un regard équivoque avant d’ouvrir la porte qui menait à la tour d’Astronomie. Les escaliers semblaient monter à l’infini. Il entendit Joey soupirer derrière lui. Il fallait dire que demain, ils se levaient tôt pour rejoindre le Poudlard Express à Pré-au-Lard et rentrer chez eux pour les vacances de Noël. C’était le dernier soir qui le leur permettait. Alors Billy s’élança en premier, tenant toujours le bras de Joey, comme pour être certain qu’elle ne se défilerait pas. Mais Joey ne se défila pas. Elle était là, après tout ?
Etape 1 : Conservez une feuille de mandragore dans la bouche pendant un mois entier (entre deux pleines lunes). Cette feuille ne doit en aucun cas être avalée ou retirée de la bouche. Si la feuille est extraite de la bouche, le processus doit être repris à zéro. La pleine lune venue, retirez la feuille et placez-la, baignée de salive, dans une petite fiole en cristal exposée au clair de lune (si le ciel est nuageux cette nuit-là, il vous faudra trouver une nouvelle feuille de mandragore et renouveler l'expérience). Ajoutez à la fiole l’un de vos cheveux ainsi qu'une cuillère en argent de rosée recueillie en un lieu qui n'a été ni exposé au soleil ni foulé par l'homme pendant sept jours entiers. Enfin, ajoutez la chrysalide d'un Sphinx tête-de-mort au mélange.
Après que Billy ait tenu tout le mois de mai avec la feuille de mandragore dans la bouche, ils avaient du acheter les autres ingrédients sur le Chemin de Traverse et l’Allée des Embrumes en juin. Ils avaient ensuite décidé de placer cette fois-ci la fiole dans la tour d’Astronomie. La tour était utilisée uniquement par les cours d’Astronomie et même alors, tous les endroits n’étaient pas utilisés. Ils avaient donc trouvé une petite cavité au bas d’un mur. Il y avait peu de passage et celui-ci était à l’abri de la lumière. L’endroit parfait.
Etape 2 : Placez la fiole en cristal dans un endroit sombre et calme. Veillez à ne pas le regarder ni le déranger de quelque manière que ce soit jusqu'au prochain orage. L'arrivée de l'orage peut prendre plusieurs semaines, plusieurs mois, voire plusieurs années. Tout au long de cette période, votre fiole de cristal devra rester au calme et être tenue éloignée des rayons du soleil. Une exposition au soleil provoquera les pires mutations possibles. En attendant, suivez les instructions suivantes au lever et au coucher du soleil. Placez l'extrémité de votre baguette magique sur votre cœur et prononcez l'incantation suivante : Amato Animo Animato Animagus.
Cette fois-ci consciencieusement, Billy avait répété matin et soir l’incantation. La fiole était restée à Poudlard tout l’été et tout l’automne sans qu’un orage n’éclate. Billy était devenu nerveux mais Joey avait insisté pour qu’il répète les gestes qu’il fallait. Elle s’était aussi exercée à faire apparaître un orage, peu certaine du résultat toutefois. Mais ce soir, Billy voulait mettre fin au supplice. C’était maintenant ou jamais. Il s’était assez entraîné pour ça. Et à présent que ses cheveux atteignaient ses épaules et que sa moustache apparaissait, il espérait que le lion dont il prendrait la forme aurait une crinière majestueuse.
Nota Bene : Si vous répétez consciencieusement l'incantation matins et soirs comme indiqué plus haut, vous finirez par percevoir un second battement de cœur lorsque vous pointerez votre baguette sur votre poitrine. Ce battement pourra être plus ou moins intense que le premier. Ne changez rien. Continuez à répéter l'incantation aux heures dites, et ce, quoiqu'il advienne.
« Ok, vas-y ! » dit-il en regardant Joey.
La tour d’astronomie était ouverte aux quatre vents. L’air de l’hiver était très froid et piquait leurs yeux encore ensommeillés.
« Tu peux le faire ! » disait-il en signe d’encouragement à la jeune femme qui avait pointé le ciel de sa baguette.
Il avait raison d’y croire. Joey était une sorcière redoutable. Déterminée, il savait que quand elle avait décidé quelque chose, elle allait jusqu’au bout de son idée. Elle était capable d’user de ce sortilège. Et cela ne manqua pas. Après deux coups envoyés dans les nuages, le tonnerre gronda. Une brise se leva, plus chaude.
Etape 3 : Dès l’apparition du premier éclair dans le ciel, rendez-vous sur-le-champ à l'endroit où vous avez caché votre fiole de cristal. Si vous avez respecté scrupuleusement les étapes ci-dessus, vous y trouverez une potion rouge sang.
L’éclair jaillit dans le ciel, éclairant les visages surpris de Joey et Billy qui se regardèrent. Précipitamment, il alla trouver la cavité où il avait placé la fiole quelques mois plus tôt. Il la présenta alors fièrement à Joey. Rouge sang.
« C’est parti ? »
Etape 4 : Placez l'extrémité de votre baguette magique sur votre cœur et prononcez l'incantation Amato Animo Animato Animagus, puis avalez la potion d’un trait.
Billy prit une grande inspiration et pointa sa baguette sur son cœur. Sa main tremblait légèrement.
« Amato ! Animo ! Animato Animagus ! »
Son regard croisa celui de Joey qui sursauta. Billy ne savait pas ce qu’elle avait vu mais sentit à ce moment-là un deuxième battement de cœur lui répondre. Le même qu’il avait commencé à entendre quelques semaines plus tôt. Alors, il but aussitôt la potion.
Billy lâcha la fiole en pointant alors une main à son cœur. Son deuxième cœur avait cette impression de battre soudain plus fort, martelant sa cage thoracique, menaçant d’en sortir.
ATTENTION : Si tout s'est passé comme prévu, vous éprouverez alors une vive douleur et votre rythme cardiaque sera deux fois plus rapide et intense. La forme de la créature que vous êtes sur le point d'incarner se dessinera dans votre esprit. Ne tremblez pas. Il est maintenant trop tard pour échapper à la transformation que vous avez désirée. La première transformation est généralement douloureuse et effrayante. Vos vêtements et tout ce que vous portez (bijoux, lunettes) fusionnent avec votre peau pour se transformer en fourrure, écailles ou épines. Gardez votre calme, sous peine de voir votre instinct animal prendre le dessus et de faire quelque chose de stupide (comme tenter de bondir au travers d'une fenêtre ou foncer tête baissée dans un mur, par exemple).
« Joey … »
Billy tomba à genoux et sentit sa vue se brouiller. Oh bordel … Tout s’effaça autour de lui. La brise chaude qu’il avait sentie plus tôt vint l’envelopper alors que le tonnerre continuait de gronder au-dessus de lui. Sa nuque était chaude, brulante même. Il ne voyait plus rien et ses oreilles bourdonnaient. Mais en plus de ça, chaque membre, chaque muscle, chaque os le faisait souffrir. Il lâcha un cri, ayant l’impression de revivre le sort de magie noire que le Mangemort lui avait lancé autrefois lors de la bataille de Poudlard. Mais sa poitrine ne l’enserrait pas comme cette fois-là. Au contraire, elle voulait s’élargir, sortir de là, exploser.
« Jo … »
Ses mains tombèrent à plat par terre alors que le monde paraissait se renverser autour de lui. Les pierres du sol se rapprochèrent dangereusement alors qu’il entendait la voix de Joséphine lui parler de manière forte et lointaine en même temps. Et puis, les choses se calmèrent. Sa vue se rétablit doucement et il respirait toujours profondément, voulant être bien sûr que la douleur s’était apaisée. Alors il regarda ses mains. Ou plutôt ses pattes. De … toutes petites pattes … grises …
Billy bascula en arrière et poussa un cri en voyant une Joséphine Davis géante au-dessus de lui. Pourquoi était-elle immense ? Pourquoi … Attendez … était-ce lui qui avait rapetissé ? Les battements de son cœur s’accélérèrent à nouveau. Il était incapable de parler sous cette forme, ne poussant que des gémissements plaintifs. Par la barbe de Merlin, en quoi s’était-il transformé ?
Etape 5 : Pour revenir à votre forme humaine, formez une image mentale aussi précise que possible de votre corps humain. Cela devrait suffire à déclencher la transformation, mais ne paniquez pas si celle-ci n'intervient pas immédiatement. Avec le temps, vous parviendrez à passer de votre forme humaine à votre forme animale à volonté, et ce, en visualisant simplement la créature en question. Les Animagi les plus aguerris peuvent se transformer sans l’aide de leur baguette magique.
« Ne me dites pas que vous venez de faire un Serment Inviolable ?! » Billy nous surpris en déboulant d’un couloir. Il semblait plus heureux que jamais avec d’éternels yeux rieurs. Je fis mine de guetter la présence de la responsable de son enthousiasme en le charriant. « Dans mon lit. Tu veux aller vérifier ? » Je soupirais en mimant un air dégoûté. « Il y a des choses que je ne veux pas savoir. » Et même si j’aurais dû me réjouir pour lui, je ne pus cacher ma déception lorsqu’il déclina notre soirée film. « Tu vois, je te l’avais dit ! Monsieur est trop occupé à bécoter sa … » Rétorqua Fergus en se moquant mais Billy ne le laissa pas finir. « Oh ta gueule ! » Je bousculais doucement le brun pour le taquiner. « Qui me dit que vous ne vous bécotez pas, vous aussi ? » J’éclatais de rire. Fergus et moi ? Celui-ci se rapprocha alors, passant un bras autour de mes épaules. « Mais oui, Joey et moi ! » Il rapprocha dangereusement ses lèvres des miennes et je le repoussais violemment. « Dégage ! » Dis-je en le menaçant du regard pour qu’il ne recommence pas.
Mais encore une fois, Billy se défilait. « Monsieur le préfet, votre présence est requise auprès de vos amis, ce soir ! » Insista Fergus. « Amène Alex. Tu peux même lui dire d’amener Millie si ça lui chante. Je resterai bien à l’opposé avec Joey. Mais viens. Ça fait longtemps. » Je souris à son dévouement, prêt à se sacrifier pour son ami. « Ok, je viendrai. Je vais dire à Alex que je dois remplir des obligations de préfet. Un truc dans le genre. » Vraiment ? Ça marchait ? Enfin mise à part le petit mensonge… Et pourquoi pas lui dire qu’il avait des obligations d’ami à honorer ? « Mais à une condition ! Joey, tu me laisses copier sur ton devoir d’étude des moldus ? » Dit-il en se tournant vers elle. « Comme si tu ne le faisais pas déjà sans me donner de contrepartie. » Soupirais-je en levant les yeux au ciel. Vendredi 22 décembre 2000
« Ça ne peut pas attendre ? » Marmonnais-je alors que Billy me sortait du lit. « Il faut faire ça maintenant. Avant Noël. » Et pourquoi donc ? Nous avions tellement travaillé sur cette histoire d’animagus que je craignais que cela n’aboutisse jamais. Comme la dernière fois. « J’ai envie de connaître ma forme d’Animagus. Et puis tu m’as dit que tu maîtrisais le sort d’orage. » Certes. Enfin maitriser était un bien grand mot mais je me gardais de le dire. Nous rejoignîmes la tour d’astronomie sans encombre, même si la montée des marches faillit me décourageait. Billy était impatient, il ne tenait pas en place et se collait à mon bras, déterminé à ne pas me lâcher.
Il ne manquait plus que l’orage. « Ok, vas-y ! » M’encouragea Billy alors que je sortais ma baguette, un bras au-dessus du vide. Je n’avais pas envie de tout faire foirer maintenant. Le froid m’incita à me dépêcher ainsi que les encouragements de Billy. « Tu peux le faire ! » Je jetais le sort une première fois sur le ciel dégagé mais rien ne se produisit. Mais le froid, lui, ne se résorba pas. Je tentais une deuxième fois, la main plus sûre et le tonnerre gronda. Jusqu’à ce que le premier éclair fasse son apparition, éclairant nos visages surpris. Billy brandit fièrement la fiole rouge sang. « C’est parti ? » Je hochais la tête, un peu en retrait pour l’observer. « Amato ! Animo ! Animato Animagus ! » Commença-t-il à réciter, le regard impatient. Ajouté au tonnerre, la scène qui se jouait sous mes yeux ressemblait presque à de la magie noire. Un éclair fendit à nouveau le ciel et Billy sembla disparaître l’espace d’une seconde. Je fis un pas en arrière. Qu’est-ce qu’on était en train de faire ?
Le Serpentard tomba à genoux en poussant un cri. « Joey … » Appela-t-il. Était-ce un appel à l’aide ? « Ça va aller Billy, ça fonctionne je crois. Rappelle-toi, ça risque de faire mal juste le temps de la transformation. » Je voulais me rapprocher et le touchais pour le conforter mais j’avais peur de briser le charme. Son corps se tordait dans tous les sens, on aurait dit un loup-garou à la pleine lune, comme décrit dans les manuels. Je tenais toujours ma baguette, prête à réagir, à le libérer ou à me défendre. Allait-il véritablement se métamorphoser en lion comme il l’espérait tant ? Pourtant, ses bras et ses jambes semblaient rétrécir. Puis le reste suivit et pendant quelques secondes je crus qu’il avait disparu. « Merde Billy ! Putain ! » Cette fois-ci je me mis à genou à ses côtés. La panique commençait à me submerger, tous mes membres se mirent à trembler et ce n’était pas à cause du froid.
Le tonnerre s’éloigna assez pour que le silence s’abatte sur moi et … une souris. Je restais bouché bée quelques secondes. Le sort avait-il loupé ? L’animal se mit à couiner et à se dandiner et je repris assez mes esprits pour l’entourer de mes mains. « Billy ? » La souris leva son museau vers moi et je compris qu’elle m’entendait. « Billy tu es une souris. » Déclarais-je d’abord, abasourdie. « Une souris. » Puis je me mis à rire. « Oh par Merlin ! Pardon… » Les battements de mon cœur s’accélèrent, mon souffle se rarifia et mes tensions se relâchèrent enfin. Je n’arrivais plus à m’arrêter. Du moins jusqu’à ce que les couinements reprennent. « Oui oh eh ! » Je repris mon souffle et pris la souris dans mes mains pour la mettre à la hauteur de mon visage. « Excuse-moi mais c’est surprenant. » Un autre rire s’échappa sans que je ne puisse le retenir. « Je m’attendais à un lion, un tigre ou même… à une baleine mais pas à ça. » Je soupirais face à son agitation. « Laisse-moi le temps de m’en remettre. J’ai cru que t’allais mourir. »
Et maintenant ? « Ok. Calme-toi, tu vas retrouver ta forme. » Tentais-je de le tranquilliser alors qu’il grimpa sur mon épaule. Je tentais de me souvenir ce que le livre disait à ce sujet. « Pour revenir à votre forme humaine, formez une image mentale aussi précise que possible de votre corps humain. C’est ça que tu dois essayer de faire. » Je reposais la souris au sol en tentant de la caresser du bout du doigt. Son pelage marron était tout doux. Il fallait que je me retienne de lui préciser. ---Une heure plus tard
Billy n’arrivait toujours pas à retrouver son apparence humaine et je commençais à envisager sérieusement de fouiller dans mes manuels pour l’aider. En dernier recours… je réveillerais un professeur. Mais nous n’en étions pas encore là. Nous avions migré dans les escaliers de la Tour, le froid avait eu raison de moi et je n’avais pu supporter une minute de plus dans ce courant d’air hivernal. Vivement que je rentre chez moi pour Noël ! « Allez Billy, tu vas y arriver. » Continuais-je de l’encourager alors qu’il faisait des rondes sur une marche en pierre. « Je reste avec toi jusqu’à ce que tu y arrives. On a encore toute la nuit. » Même si j’espérais que ça ne prendrait pas tout ce temps.
Je jetais un regard vers le bas de l’escalier, espérant que personne n’ait l’idée de nous y surprendre. « Aie ! » Billy était allongé en travers sur deux marches. « Billy ! » Je ne l’avais pas vu se transformer. « Est-ce que ça va ? Tu es blessée ? » M’empressais-je de lui demander. Mais il n’était pas question de blessure physique, le Serpentard était touché dans son égo et il manifesta de l’espace pour digérer tout ça. Je voulus le faire marrer en faisant remarquer qu’il avait réussi à retrouver ses vêtements mais son regard noir m’en dissuada. « On en reparlera demain. Allons-nous coucher. »
Lundi 8 janvier 2001
« Tu vas arrêter de bouder quand ? » Les vacances de Noel étaient terminées et nous étions de retour à Poudlard. J’avais espéré que ce laps de temps allait permettre à Billy de digérer sa forme d’animagus. Mais apparemment non. « Ok ce n’est pas le lion que tu espérais mais… » Nous étions de retour à la Tour d’Astronomie, histoire d’éviter les oreilles indiscrètes. « Il y a un conte moldu qui met en scène un lion et une souris. La morale c’est : On a souvent besoin d'un plus petit que soi. » Après tout, pourquoi ne pas tirer avantage de cette apparence. « Pense à tout ce que tu pourrais faire sous cette forme… » Je me mis à réfléchir discrètement. « Espionner sans qu’on te voie par exemple.» J’espérais que ce ne serait pas les vestiaires des filles… Je me penchais un peu par la balustrade pour admirer la neige en contre-bas. « Juste évite la cuisine et la chatte de Rusard. » Cette fois-ci je réussis à lui tirer un petit rire. « Bon on retente quand ? »
Nous sommes le vendredi 22 décembre 2000. Billy est désormais en 6ème année à Poudlard. Préfet de Serpentard et Batteur dans l'équipe de Quidditch, Billy vit clairement sa meilleure vie depuis qu'il sort avec Alex Bennett. Tous deux forment un couple très populaire au sein de leur classe.
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« Billy ? »
La voix de Joséphine était plus forte qu’à l’accoutumée. Son visage aux proportions étonnantes s’approchait de lui et ses mains donnaient l’impression d’être prêtes à l’écraser. Billy poussa un nouveau gémissement.
« Billy tu es une souris. »
Le petit cœur dans sa poitrine battit plus fort en entendant ces mots. Une souris ? Non, ce n’était pas possible. Non. Il recula et perdit l’équilibre. Il n’avait pas l’habitude de marcher sur quatre pattes.
« Non ! Non ! » cria-t-il mais tout ce qu’il réussit à produire fut de nouveaux couinements.
Pourquoi une souris ? Une souris ce n’était … rien. C’était insignifiant. Rondouillet. Nuisible. Inutile. Insignifiant. Ça ne représentait rien de ce qu’il était.
Le sort avait forcément dû louper. Ils avaient dû rater quelque chose. Ils avaient dû oublier un ingrédient ou …
« Une souris. »
Billy leva le museau vers Joey qui avait répété ces mots avant de soudain éclater de rire.
« Oh par Merlin ! Pardon… » dit-elle, incapable de s’arrêter alors que ses épaules étaient agitées de soubresauts.
Non, mais … elle plaisantait ? Elle était en train de se moquer de lui ? Saisie par une hilarité incontrôlable, son corps se tordait dans tous les sens tandis que des larmes coulaient de ses yeux, comme soulagée.
« Arrête ça Joey ! Je suis une souris ! » cria Billy, pour espérer toujours se faire plus entendre. « Oui oh eh ! »
Elle essuya une larme sur sa joue et se força à se calmer, une main sur un point de côté. Billy grimpa sur l’une de ses paumes ouvertes et poussa un petit gémissement en se voyant quitter le sol. Par la barbe de Merlin, était-il vraiment en train de faire ce qu’il était en train de faire ? Il fallait à tout prix qu’il regagne sa forme originelle pour rétablir ce qui n’avait pas collé.
« Excuse-moi mais c’est surprenant. » dit-elle avec un autre rire plus léger. « Je m’attendais à un lion, un tigre ou même… à une baleine mais pas à ça. »
Non mais qu’est-ce qu’elle croyait ?! Lui aussi ! Non, non, il y avait forcément erreur ! Billy ne pouvait pas se transformer en souris. Ce serait clairement la honte. Ian Wen en parlerait pendant des semaines, voire des mois. Il deviendrait la risée des 6èmes années. Alex ne cesserait de se moquer de lui avec Joey. Non, il ne pouvait pas rester comme ça.
« Laisse-moi le temps de m’en remettre. J’ai cru que t’allais mourir. »
Mourir ? Billy redressa une oreille. Oui, la sensation qu’il avait connue était assez effrayante. Vu de l’extérieur, cela devait l’être encore plus sans doute. Mais ça l’était sans doute tout autant à la perspective de rester coincé comme ça.
« Il faut que tu m’aides Joey ! Je ne peux pas rester comme ça, il faut … » couina-t-il. « Ok. Calme-toi, tu vas retrouver ta forme. »
C’était assez drôle de voir que même si elle ne devait rien comprendre à ses couinements, elle réussissait globalement à savoir ce qu’il attendait d’elle. Elle reprit le manuel et Billy grimpa sur son épaule. Hey, c’était assez simple en faites ? Ses pattes s’accrochaient sans mal aux vêtements de la jeune femme et lui permettaient de se déplacer avec agilité et rapidité. Mais il valait mieux ne pas trop s’y attarder car il était hors de question qu’il garde cette forme.
« Pour revenir à votre forme humaine, formez une image mentale aussi précise que possible de votre corps humain. » récita-t-elle. « C’est ça que tu dois essayer de faire. »
Elle reposa le livre puis Billy au sol. Son doigt caressa alors doucement son dos. Il réprima le soupir d’aise que cela lui procurait. Ce serait trop bizarre. Il secoua le museau, essayant de réciter dans sa tête les paroles de Joey. Revenir à sa forme humaine devrait être un jeu d’enfant après ce qu’il avait vécu, non ?
Une heure plus tard
Peut-être pas autant qu’il l’aurait cru.
Il avait beau penser à son lui humain rien ne se produisait. Par-dessus tout ça, n’étant pas très patient, il s’agaçait bon nombre de fois, couinant plusieurs fois de suite avant d’entendre les encouragements de Joséphine. La pauvre avait commencé à avoir les doigts bleus en restant dans le courant d’air de la Tour d’Astronomie et tous deux avaient migré dans les escaliers. Le froid était saisissant mais Billy ne le craignait pas autant que s’il avait été humain. Ou s’il avait été Joséphine.
Il poussa un nouveau soupir en voyant les lèvres bleues de Joey et ses petites pattes grises.
« Allez Billy, tu vas y arriver. » dit-elle.
Sa voix était beaucoup moins forte mais elle ne lâchait rien.
« Je reste avec toi jusqu’à ce que tu y arrives. On a encore toute la nuit. »
Que ferait-il sans sa Joey sincèrement ? Même quand il avait échoué une bande de fois à être un Animagus, elle était restée. Même quand elle l’avait frappé avec son bouquin, elle était revenue vers lui. Même quand il s’est montré injuste avec elle, elle lui avait pardonné. Et même cette nuit où il paniquait de rester coincé ainsi pour toujours, elle était près de lui.
Sans y faire attention, une image mentale se forma dans son esprit. Celle de Billy et Joey dans leurs meilleurs moments. Leurs fous rires incontrôlables, leurs disputes mémorables, leurs soutiens l’un envers l’autre.
« Aïe ! »
Et cette fois-ci ce n’était plus des couinements.
« Billy ! »
Joey se précipita sur lui alors qu’il était couché en travers de deux marches, sur le flanc. Un regard vers son corps le rassura en voyant que ses vêtements l’avaient accompagné. Et il soupira. Il était redevenu humain.
« Est-ce que ça va ? Tu es blessé ? » « Ca va. » répondit-il un peu sèchement.
Il regretta presque aussitôt de se conduire ainsi alors qu’une seconde avant il pensait à tout ce que Joséphine représentait pour lui. Mais c’était plus fort que lui. La découverte de son Animagus effaçait tout le reste et le rendait amère.
« On doit avoir rater un truc. » dit-il en s’asseyant et s’appuyant contre le mur froid de l’escalier.
Il avait l’impression d’avoir encore plus de courbatures qu’après un entraînement de Quidditch. Ses poings se contractaient, saisis par le froid mordant, et il se sentait encore plus vulnérable à présent qu’il était humain.
« Ce n’est pas possible autrement. N’est-ce pas ? »
Il leva les yeux vers Joey. Son visage était confus, comme si elle hésitait sur l’idée de détendre l’atmosphère en lançant une blague, ou se mettre en colère devant son attitude grognon. Finalement, elle poussa un soupir.
« On en reparlera demain. Allons-nous coucher. »
Billy la regarda se redresser. Elle avait les membres raides d’être restée longtemps dans la même position et son regard sombre semblait révéler qu’elle était lassée. Billy ne répondit rien mais se leva à son tour avant de lui emboîter le pas. Ce n’était clairement pas une grande réussite …
Lundi 8 janvier 2001
Billy se laissa tomber contre le mur froid de la Tour d’Astronomie. Joey et lui avaient fini leur première journée de rentrée à Poudlard. Après des vacances de Noël assez étranges – son père et sa mère s’étaient montrés assez distants l’un envers l’autre, presque gênés dans l’échange des cadeaux – Joey et lui étaient de retour à Poudlard. Mais en revenant sur ces lieux, la mauvaise humeur de Billy était revenue aussitôt. Il n’avait parlé à personne de sa forme d’Animagus. C’était trop la honte. Edmund l’aurait soulé là-dessus jusqu’à sa mort. Déjà qu’il s’était disputé une bande de fois avec lui sur sa nouvelle coupe de cheveux. Quant à Ian et les autres Serpentard, Billy était pratiquement sûr qu’ils s’en seraient donnés à cœur joie.
« Tu vas arrêter de bouder quand ? »
La voix de Joséphine le tira de sa rêverie maussade. Il émit un grognement. Au-dehors le paysage d’Ecosse avait revêtu un long manteau blanc, donnant une impression figée aux alentours. Des 4ème année avaient commencé à esquisser quelques pas sur le lac gelé en contrebas, insouciant du calmar géant. Le soleil ne parvenait pas à passer par-delà les nuages blancs mais pourtant épais.
« Ok ce n’est pas le lion que tu espérais mais… » reprit Joey. « Non, mais … une souris quoi ! »
Il serra les dents.
« Peut-être pas un lion mais un truc un peu plus … cool. Une souris … qui veux-tu que j’impressionne comme ça ? »
Joey pinça les lèvres.
« Il y a un conte moldu qui met en scène un lion et une souris. La morale c’est : On a souvent besoin d'un plus petit que soi. »
Billy tourna un regard circonspect mais néanmoins curieux vers sa meilleure amie.
« Ah ouais ? » répondit-il, sceptique. « Pense à tout ce que tu pourrais faire sous cette forme… » « Me faire écraser ? »
Joey lui lança un regard noir.
« Espionner sans qu’on te voie par exemple. »
Billy haussa les épaules. Mais Joey l’ignora. Penchée sur la balustrade, elle semblait avoir repéré des visages connus. Il fallait dire que depuis quelques mois maintenant, elle passait aussi pas mal de temps avec sa bande de 5ème année, composé d’Hécate Voisin, Enzo Drymörk et Christopher Elton. Peut-être se disait-elle qu’elle devrait abandonner Billy à sa bouderie et aller les rejoindre ? Billy soupira.
« Ouais. » admit-il. « Juste évite la cuisine et la chatte de Rusard. »
Son regard croisa celui de Joey et il lâcha un rire, malgré lui.
« Bon on retente quand ? » lança-t-elle, une lueur de défi dans le regard alors qu’elle s’appuyait contre la balustrade.
Il ouvrit la bouche, un sourire en coin.
« Je ne sais pas … tu n’as pas peur que je reste encore bloqué ? »
Cette sensation avait été assez effrayante. Mais en même temps, il pensait avoir compris « le truc ». Il lui suffisait de retenter pour voir si c’était la bonne. Et puis, plus il s’entraînerait, puis il serait capable de passer d’une forme à une autre, non ?
« Ca fait chier … » soupira-t-il.
Il se cogna la tête contre le mur derrière lui et poussa un nouveau gémissement plaintif. Oui, il n’était pas un lion. Il ne le sera jamais. Il avait bien regardé dans le manuel ce qu’il avait loupé et la vérité s’était affichée bien clairement : rien. Il n’avait rien loupé. La souris était sa forme d’Animagus. C’était ainsi.
« Peut-être que j’aurai plus de chance avec mon Patronus ? »
Il sourit à nouveau quand Joey se moqua de lui.
« Ok, on va retenter. Je ne veux pas me retransformer en Animagus et ne plus savoir comment revenir. »
Et si dans son sommeil la souris se manifestait ? Il serait bien embêté pour rejoindre Joey et lui faire comprendre ce qu’il lui arrivait.
« On pourrait s’entraîner deux soirs par semaine ? »
Ou pas. Il avait oublié ses devoirs de préfet que Joséphine venait de lui rappeler. Et elle aussi avait d’autres obligations. Il se mordit la joue.
« Bon, disons un soir par semaine ? Le jeudi ? »
Jeudi 26 avril 2001
La voix de Joséphine se fit entendre et les épaules de Billy se détendirent. Il avait séché les cours toute la journée, planqué dans la Tour d’Astronomie. C’était leurs rendez-vous hebdomadaires à Joey et lui. Et disons que c’était le seul refuge qu’il avait trouvé après ce qu’il avait fait.
Dimanche soir, ils étaient revenus de leurs vacances de Pâques. Une semaine seulement pour rentrer dans leurs familles. Mais une semaine qui avait changé beaucoup de choses. Ils étaient partis en France visiter sa tante et son oncle, Dominique et Alex. Et tout avait bousculé au cours d’une soirée. Quelques jours plus tard, Vi’ l’obligeait à tout révéler à Alex Bennett et leur couple avait explosé. A leur retour à Poudlard, toute l’école était au courant de la tromperie de Billy et il n’avait plus eu qu’à affronter les conséquences de ses actes. Si les Gryffondor n’en rataient pas une pour l’humilier, jetant tantôt des Bombabouses sur Billy du haut d’un escalier, ou glissant une pastille de marécage au fond de son sac, les autres maisons étaient tout aussi remontées. Les Serdaigle et les Poufsouffle se contentaient de regards sévères ou de murmures curieux. Et les Serpentard … les plus idiots le félicitaient d’avoir largué une misérable métisse, tandis que d’autres se réjouissaient de la perte de popularité de Billy et de l’occasion de pouvoir séduire Alex.
Au final, Billy en avait eu assez et avait préféré se cacher dans un endroit du château ce jour-ci. Il savait qu’il méritait tout ça même si Fergus était plutôt d’avis que chacun devait se mêler de ses affaires. Après tout, cela ne concernait qu’Alex et Billy. Personne d’autre.
« Je ne pense pas avoir manqué à grand monde … » répondit-il.
Joséphine referma la porte de la Tour derrière elle. Elle était l’une des seules à lui parler encore, même si elle le considérait aussi comme un crétin. Lui ne savait pas trop où il en était. Oui, il aimait Alex. Il l’avait idéalisé, rêvé des tas de fois. Et au bout de quelques mois de relation, il fallait croire qu’il s’était lassé. Cette fille était passée par là et … il avait merdé, oui. Mais était-ce une raison pour mettre fin à une relation ? Il avait fait une connerie, il s’était excusé. Alex et lui pouvaient peut-être surmonter ça ? Ou bien peut-être étaient-ils trop jeunes pour ces conneries ? Peut-être devaient-ils profiter de leur jeunesse et aviser plus tard ?
Billy se passa une main dans les cheveux qui atteignaient ses épaules. Pendant les vacances, il était allé les coiffer à la Peter Sullivan, lui donnant un faux air d’années 80 avec sa coupe mulet et sa moustache.
« L’avantage c’est que j’ai pu m’entraîner ! »
Il sourit avant de se redresser. En un clin d’œil, son corps se déforma pour prendre l’apparence d’une souris qui tourna plusieurs fois en rond avant de reprendre forme humaine. Il perdit l’équilibre à ce moment-là, se rendant compte qu’il avait oublié une chaussure dans l’exercice.
« Bon, ce sera bientôt parfait ! » dit-il.
En l’espace de quelques mois, avec des exercices hebdomadaires et l’acharnement de Joey, il avait réussi à passer rapidement d’une forme à une autre sans rester bloqué des heures durant. Il pinça les lèvres en voyant le pli soucieux sur le front de Joey et s’approcha d’elle.
« Ça ne va pas ? » demanda-t-il.
Il n’avait pas réalisé que si la jeune femme était venue ici avec une heure d’avance sur leur rendez-vous, c’était peut-être parce qu’elle voulait échapper à quelque chose. Elle tenait dans sa main une enveloppe déchirée.
« C’est une lettre de ton père ? »
Il s’approcha de la rambarde et posa ses deux coudes dessus. Il n’avait jamais été bien doué pour écouter ni pour réconforter. C’était plutôt le contraire qui s’effectuait d’ailleurs. Mais avec les journées de merde qu’il passait et comme Joey était l’une des seules à lui tenir encore en compagnie, il voulait au moins lui rendre la pareille. Après tout, elle était sa meilleure amie. Et il en connaissait un rayon sur les déboires professionnels de son père.