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Lundi 8 janvier 2001

Billy se dérida finalement pour rire avec moi. J’avais bien compris que cette histoire d’animagus lui avait mis un coup. Il en avait tellement rêvé et la réalité ne s’était pas montrée à la hauteur. « Je ne sais pas … tu n’as pas peur que je reste encore bloqué ? » Me dit-il alors que je lui demandais s’il voulait retenter l’expérience. « Non tu n’es pas resté bloqué puisque tu es revenu à toi. Au contraire, plus tu t’exerceras, moins de temps cela prendra. » Du moins, je l’espérais. « Ça fait chier … » Je me penchais un peu plus pour guetter si ce n’était pas la voix d’Hécate que je venais d’entendre. « De toute façon, je ne te laisserais pas bloqué en tant que souris. Dans le pire des cas, on ira voir un professeur. » Tentais-je de me conforter également. Nous passerions pour des idiots et des inconscients mais il n’y aurait pas mort d’homme. « Peut-être que j’aurai plus de chance avec mon Patronus ? » Je me mis à rire. « J’ai entendu dire qu’un élève de sixième année avait eu un scarabée. » Plus facile de rire des autres. Il y avait toujours pire, n’est-ce pas ?

Plus déterminé, Billy s’exclama : « Ok, on va retenter. Je ne veux pas me retransformer en Animagus et ne plus savoir comment revenir. » C’était une bonne motivation. « On pourrait s’entraîner deux soirs par semaine ? » Je me tournais vers lui. « J’ai pas mal de devoirs cette année et toi aussi avec tes obligations de préfet, on ne pourra pas s’avancer autant. » Il acquiesça. « Bon, disons un soir par semaine ? Le jeudi ? » Parfait. « Allez la souris verte, on va être en retard au banquet ! »

Jeudi 26 avril 2001

Les vacances de Pâques avait presque été tranquilles. Comme à son habitude, Papa n’avait pas été très présent, prétextant des réunions de boulot ou des heures supplémentaires. Je ne m’étais pas formalisée, après tout c’était loin d’être la première fois. Mais il y avait eu ce parchemin laissé négligemment sur la table basse du salon. Je rangeais un peu et en poussant le tas de feuille, mon regard accrocha celui-ci. L’écriture y était négligée, sale, et les mots employés étaient loin d’être poétiques. Ce n’était pas une lettre de courtoisie, juste des ordres crachés sur un bout de papier. James avait un temps limité pour accomplir cette course, il devait récupérer de la « poudre de fée » et tout ramener sur son lieu de travail. Dans l’allée des embrumes. Je déglutis. Sa boutique était dans sur le chemin de traverse, c’était ce qu’il m’avait dit. C’était étrange. Je finis mon ménage et m’enfuis de la pièce en essayant de ne plus y penser. Les jours suivants, je n’avais pas osé l’interroger et avec ses allers et venues en coup de vent, je n’avais pas trouvé le temps.

Le jour suivant je retournais à Poudlard en essayant de ne pas me faire trop de films. Il pouvait s’agir de n’importe quoi, hors contexte. Peut-être était-ce une plaisanterie d’un de ses collègues ou un code que je ne compris pas. Je tentais de ne pas me formaliser sur ça non plus. Je lui avais envoyé une lettre pour lui assurer de mon arrivée et il m’avait répondu assez rapidement. Je lui avais demandé ce qu’il avait prévu dans les jours qui suivaient mais il ne m’avait répondu que vaguement. Un nœud se forma dans mon ventre, comme un pressentiment qu’il ne me disait pas tout. A dire vrai, je ne m’étais pas bien intéressé à la vie professionnelle de mon père, il partait le matin et rentrait parfois tard le soir. Il travaillait et c’était l’essentiel. Il était commerçant sur le chemin de traverse, c’était tout ce qu’il avait bien voulu me dire.

Malgré mon appréhension, je rejoignis Billy à la Tour d’Astronomie. C’était notre rendez-vous hebdomadaire pour qu’il s’entraine à prendre sa forme d’animagus et inversement avec plus de facilité et de rapidité. « Je ne t’ai pas vu de la journée. » Déclarais-je en arrivant. « Je ne pense pas avoir manqué à grand monde … » Me rétorqua le Serpentard, morose. En effet, depuis sa rupture avec Alex, certains n’avaient pas été très tendre avec lui. Mais comment ne pas le blâmer ? N’était-ce pas de sa faute après tout ? Néanmoins, cela concernait Alex et lui seul, pourquoi donc tout ce grabuge ? Ils étaient considérés populaires voilà tout. Eurk ! « L’avantage c’est que j’ai pu m’entraîner ! » Je l’observais alors se métamorphoser en la petite sourire brune qu’il avait enfin accepté, sans trop râler du moins. Il redevint par la suite lui-même mais avec une chaussure en moins. J’eus envie de rire mais rien ne sortit de moi. J’étais encore anxieuse par rapport à mon père et je ne pouvais plus arrêter d’y penser. La lettre à la main, je la froissais légèrement en serrant le poing. « Bon, ce sera bientôt parfait ! » Billy sembla noter mon inconfort et se rapprocha pour me demander : « Ça ne va pas ? »

Je haussais les épaules, pas sûre de savoir quoi répondre à ça. A la place je lui tendis la lettre de mon père. « Papa m’a envoyé un hibou. » Billy la déplia, essayant de lire les mots froissés. « Tu sais, je ne suis jamais allée sur le lieu de travail de mon père. Je ne sais même pas le nom de la boutique. » Déclarais-je, démunie. Le Serpentard me renvoya un regard d’incompréhension. Sa lettre n’était pas moins détaillée qu’ordinaire et pourtant, cette fois-ci, j’y accordais de l’importance. « J’ai trouvé un mot à la maison, quelque chose qui disait qu’il devait ramener de la poudre de fée. » Commençais-je à dire à Billy qui m’écoutait avec plus d’intérêts que je ne l’aurais cru. Après tout, il n’était pas au meilleur de sa forme en ce moment. Je me penchais sur les remparts de pierre pour regarder en contre-bas. « Et puis aussi, il parle de la boutique où mon père travaille, elle serait sur l’allée des embrumes mais ce n’est pas possible. » Contrais-je dans le déni. Je croisais le regard du Serpentard. « Il ne peut pas m’avoir menti. » Dis-je en essayant de m’en convaincre mais je savais déjà que je me voilais la face. « Il faut que je m’en assure. »

Samedi 28 avril 2001


Notre excursion avait été planifiée depuis deux jours. Le soleil avait dépassé son zénith depuis quelques heures, nous étions en fin d’après-midi sur le chemin de traverse. En week-end, il y avait beaucoup plus de sorciers, surtout des élèves, parfois avec leurs parents pour réapprovisionner leur stock de fournitures. Billy avait bien accepté de m’accompagner, d’autant plus que cela le distrayait des rumeurs à son sujet et sur son couple avec Alex. « Je crois qu’il m’a dit qu’il était juste en face de la boutique de l’apothicaire. » Arrivée à celle-ci, je traversais en quelques enjambées la route pour me retrouver face une enseigne de robes d’occasion. Ce n’était pas vraiment ce que j’imaginais. « Ça doit être ça. » Dis-je, peu convaincue. Devions-nous entrer ? J’hésitais soudainement, Papa m’avait expliqué une fois que ses patrons étaient très sévères et qu’ils n’accepteraient pas que je lui rendre visite en plein travail. Mais n’était-ce là aussi qu’un mensonge ? « Je ne sais pas quoi faire. » Déclarais-je en me tournant vers Billy en espérant qu’il aurait une idée brillante. Là encore je me voilais la face. Même si le Serpentard n’était pas le plus idiot, il n’était pas de ceux qui arrivait à pondre des idées censées. Il n’y avait qu’à savoir son obsession pour les animagus… D’ailleurs, ne pouvait-il pas se faufiler aussi discrètement qu’une souris ? Mes yeux s’agrandirent à cette pensée, comme traversée par un éclair de génie.