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Le bal des Fondateurs

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RPG Officiel
Le bal des Fondateurs
Samedi 29 juin 2002

Molly Weasley était dans sa cuisine à faire la vaisselle quand elle alluma la radio. Elle savait que le bal organisé par le Conseil des Fondateurs serait commenté en direct, et elle était curieuse de savoir ce qui allait se passer.

« - Ici Sorcellerie-Info, toutes les infos sorcières en direct ! Glenda, comment allez-vous ?
- Très bien Jeremiah, merci, et vous ?
- Très bien, très bien. Alors, Glenda. Quelles infos sorcières juteuses avons-nous en direct ?
- Comme vous devez le savoir, c'est aujourd'hui que se tient le premier bal organisé par le Conseil des Fondateurs ! Ça se passe dans le manoir du maire Lloyd, qui a accepté de prêter sa demeure pour cet évènement.
- Quelle générosité !
- Encore plus quand vous saurez qu'il a donné l'équivalent de 150 Gallions en guise de dons pour la reconstruction de l'hôpital Sainte-Mangouste après les attentats des Blue Dragon !
- Quel homme ! Le maire est donc le représentant de l'une des familles fondatrices. Il y en a trois autres, vous savez qui ?
- Bien sûr, Jeremiah ! Il n'y a que vous qui ne le sachez pas. J'ai même en exclusivité les partenaires de chacun pour ce bal ! Pour les Nightshade, nous avons en représentant le chef des Aurors, Shay Nighthsade, accompagné de sa femme Irina. Il y a aussi Esteban Nightshade, son neveu, accompagné de sa petite amie Lyra Mulligan. Esteban vient d'ailleurs d'être diplômé de ses ASPIC, et major de toute son année, les quatre Maisons comprises, s'il vous plaît !
- Sa famille doit être très fière de lui ! Qui d'autres avons-nous ?
- Les Prewett sont représentés par un étudiant du nom de Edmund. Il vient tout juste de terminer sa deuxième année de sciences politiques.
- Peut-être tenons-nous là notre futur Ministre de la Magie ! Qui l'accompagne ?
- Une étudiante de Poudlard, elle aussi diplômée de ses ASPIC, nommée Alex Bennett. Enfin, chez les Scott, nous avons Alice, accompagné de Shay Sanguandikul, un Sang-Pur qui travaille pour elle. Et nous avons Andrew Scott, l'éternel célibataire qui sera cette fois accompagné ! Et par Karoline Barjow !
- L'ex de son frère ? Aïe, coup dur pour Calvin ! Miss Barjow doit avoir un genre de gars ! Maintenant que les présentations des Fondateurs sont faites, sachez que le conseil a réservé le groupe Bizarr' Sisters pour la soirée ! En première partie se trouvera une scène ouverte pour les étudiants qui souhaitent offrir une performance !
- Ce bal réserve donc énormément de surprises ! Pour tous les sorciers qui nous écoutent et qui n'ont pas pu aller au bal, nous resterons évidemment en direct pour tout vous raconter ! D'ailleurs, ça y est, la piste de danse est ouverte… »


En effet, le silence commença à se faire alors que les Fondateurs Wayde Lloyd, Esteban et Shay Nightshade, Edmund Prewett et Alice et Andrew Scott se lancèrent sur la piste pour ouvrir le bal. Tous les sorciers présents les regardaient, certains envieux, d'autres impatients de retrouver le buffet et leurs conversations…


ϟ ϟ ϟ

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La bal des Fondateurs Samedi 29 juin 2002 « Heureusement que j'ai donné des cours à Esteban, hein ? » Glissais-je à Billy, alors que les Fondateurs se lançaient sur la piste de danse pour ouvrir le bal. Mon frère faisant parti de ces Fondateurs, lui aussi était sur la piste. Tous les collégiens de Poudlard étaient rentrés hier par le train ; ma mère avait donc passé la matinée à nous traîner dans des magasins de fringues, pour trouver un costume à Esteban et une robe pour moi. Malgré mon style normalement méga coloré, je ne voulais pas voler la vedette à Esteban, et j'avais trouvé une robe noire. Pas super classique, mais hé, fallait pas déconner ! Je laissais mes cheveux boucler -jamais je ne compte les lisser, pas comme Esteban-, je m'assortis de quelques bijoux, bref, j'essayais de faire mon max avant d'apprendre à mon frère et sa copine à danser devant tout le monde. L'entraînement eu lieu dans le salon en poussant les meubles sous le regard amusé de ma petite sœur, qui ria franchement un bon moment avec notre père devant les pas de mon jumeau. Heureusement, on sauva les meubles. Pas ceux du salon ; les pas de Esteban. Et avant de filer au bal, on se prépara -sérieusement-, j'aidais Lyra à se maquiller, au on fila au manoir Lloyd.

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Aussi surprenant que cela puisse paraître, j'avais un cavalier. Moi qui pendant 4 bonnes années avait repoussé les avances des mecs (dès que ma puberté commença, en fait), je me retrouvais bien emmerdée quand je me rendis compte que je voulais aller au bal, et que je n'avais personne. Ok, je n'avais pas non plus envie d'inviter quelqu'un. Je n'avais pas envie qu'il se fasse des idées. Je savais que je pouvais être assez populaire auprès de la gente masculine. J'étais pas dégueu, je le savais, et je plaisantais avec plein de gens en soirée. Mais flemme de laisser un mec s'entraver entre moi et mes rêves ! Je considérais donc très sérieusement à inviter un de mes cousins -Jacy ou Isha, au choix !- quand mon sauveur arriva. Certes, je ne pensais jamais qualifier Billy Prewett comme ça, et pourtant ! Un lundi, alors qu'on sortait tous les deux du cours de sortilèges, la tête pleine de révisions pour les ASPIC, il m'arrêta dans le couloir pour m'inviter au bal. En tant qu'amis. Lui-même n'avait personne et avait bien envie d'y aller. Franchement, Billy étant l'une des personnes dont j'avais le moins de chance de tomber amoureuse, et comme il était un bon ami de mon frère, je ne pouvais qu'accepter.

Il m'avait rejoint au manoir, et le temps que le bal commence, on avait pas mal papoté des examens, des futurs études. Je savais qu'il avait toujours eu un côté sympa, malgré sa tromperie avec Alex Bennett. Mais bon, elle-même venait avec un Fondateur, alors, franchement, y avait prescription ! De toute façon, n'ayant moi-même aucune histoire de cœur, ce n'est pas un sujet qu'on aborda. On se contentait de parler de nos résultats et de la dernière soirée qui avait été organisée à Pré-au-Lar pour les septièmes années. Evidemment, nous y étions allés avec Esteban, et j'avais dansé toute la soirée et toute la nuit. Il fallait bien décompresser de ces dernières semaines, hein ?

Je regardais les Fondateurs danser. Je regardais si mon frère suivait mes conseils -même si il marchait sur les pieds de Lyra- et Andrew Scott pendant que Billy se tendait à la vue de son frère. « Il m'a sauvée la vie, tu sais ? A l'attentat de l'UMS. J'y étais pour une audition. On s'est caché dans une salle. » Je n'avais pas encore recroisé Edmund, depuis ce jour-là. Peut-être qu'il fallait que j'aille le voir, pour le remercier une nouvelle fois ? Mais vu le regard noir de mon cavalier sur son frangin, je me dis que c'était une mauvaise idée. « Fais pas cette tête, va. Tu as bien sauvé ma soirée ! » Je plaisantais, pour essayer de le dérider un peu. Il avait détourné les yeux de son frère pour regarder la foule. Curieuse, je cherchais des visages familiers.

A la fin de la danse, la foule commença à se disperser. Ne voulant pas obliger Billy à danser, je ne lui proposais même pas. Si ça se trouve, il détesterait ça. Alors, à la place, on discutait de la décoration du manoir. Être un Lloyd payait plutôt bien…! Je regardais un tableau quand j'entendis qu'on m'appelait. En me retournant, je vis Anthony Scott qui me regardait, son éternel petit sourire en coin. Merde alors, tous les Scott étaient présents ou quoi ? Il ne manquait plus que Angelo soit là ! Ses exploits à l'hôpital n'étaient pas passés inaperçus. Quand je pense que ma petite sœur avait pu y être…! Je croisais sérieusement les doigts pour qu'il soit sympa, et ne fasse pas péter les lieux dont je lui avais parlé : le Lussuria et l'école primaire. Là où ma famille bossait. Sauf que je ne comptais pas trop sur lui. Quoiqu'en dise Judas, Angelo Scott était tout sauf gentil.  « Bonsoir, professeur. Je vous présente Billy Prewett, nous étions de la même année. » Billy n'avait pas fait runes, alors, je ne pensais pas qu'ils se connaissaient. En parlant de runes… « J'ai obtenu mes ASPIC, oui, avec un optimal en runes. Je compte vous renvoyer le manuel que vous m'avez prêté la semaine prochaine. Encore merci pour l'emprunt. » Franchement, au début, ce prof m'avait presque filé les jetons. Je veux dire, c'était un Scott ! Qui en plus m'avait demandée plein d'infos sur la rencontre avec ses frères. C'est plutôt louche, non ? Je regardais mon ancien professeur de runes quand une illumination me vint. « Apollon. » Je n'avais pas besoin de préciser de quoi je parlais. Il savait très bien.  

Tant pis si mon cavalier ne comprenait rien, j'avais absolument besoin de savoir. Ma curiosité reprenait le dessus. « Votre prénom de dieu. C'est Apollon, n'est-ce pas ? » Je lui avais demandé, après le premier cours qu'il nous avait donné, son prénom de dieu. Il avait refusé de répondre, tout en qualifiant mon esprit de vif. Mais hé, comment je suis censée deviner un deuxième prénom, moi ? Mais apparemment, j'avais bel et bien un esprit vif, parce que j'avais des arguments imparables. Ok, deux, que je m'empressais d'expliquer : « Je sais que vous avez une sœur jumelle, Alice Scott. Je l'ai lu dans le bottin mondain que j'ai emprunté à ma grande-tante. » Merci tante Camélia d'être Sang-Pur, et de continuer à se tenir au courant de la haute société avec ce genre de livres débiles. C'est comme ça que j'avais appris l'arbre généalogique des Scott. « Je sais que tous vos noms commencent ou par A, ou par C. Achille, Arès.. Apollon et Artémis. Les deux sont jumeaux, et ça commencent par un A. Alors je suppose que vous êtes Apollon, et votre sœur Artémis. » Il avait la même tête maintenant que quand j'avais laissé ma curiosité prendre le dessus en salle des profs. Content. Je ne voyais pas pourquoi il était aussi content, mais bon. Les Scott étaient bizarres, je ne comptais pas chercher plus loin, et au moins, ça avait le mérite de flatter mon ego.                            

Anthony Scott finit par faire signe à une jeune femme, de loin. Sa cavalière, je supposais…? Il nous salua, avant de partir. Billy s'éloigna aussi, le temps d'aller chercher des boissons. J'avais bien fait d'accepter son invitation. Je l'avais toujours trouvé sympa, parfois lourd à toujours parler de Quidditch, mais franchement, qui étais-je pour le blâmer alors que je partais tous les lundis soir pour aller danser et que je passais mon temps à faire des étirements pour rester souple, hein ? « Bonsoir, miss Nightshade. » Je sursautais, et je me retournais pour me retrouver face à Andrew Scott et sa cavalière. Merde, tous les Scott allaient venir me voir ce soir ou ça se passait comment ? « Bonsoir mademoiselle ! Karoline Barjow, enchantée. » Je souris à sa cavalière. Je ne me rappelais pas l'avoir vu dans le manuel Sang-Pur de ma tante, elle ne devait pas être une Scott. De toute façon, elle ne pouvait pas être une Scott : elle avait l'air beaucoup plus sympa qu'eux. « Bonsoir, Maître Scott. Bonsoir, je suis Zia Nightshade. La sœur jumelle de Esteban Nightshade. Et la nièce de Shay Nightshade. » Par Merlin, à croire que toute ma famille faisait partie du Conseil des Fondateurs.

« Comment allez-vous, depuis l'attentat de l'Université ? Votre frère m'a dit que vous y étiez. » Ah, ça m'étonnait de Esteban, ça. Peut-être qu'il s'était servi de moi pour avancer ses arguments au conseil des Fondateurs, qui sait ? « Ça va. Merci. » J'haussais les épaules, pendant qu'il hochait doucement la tête. « C'est grâce à lui que les étudiants de Poudlard tel que vous ont pu avoir des séances de psychomage. » « Oui, c'est ce qu'il m'a dit. Merci. » Ça avait beau être l'idée de Esteban, je le remerciais quand même. Je suis une fille polie, moi ! Mais je ne pus m'empêcher de repenser à al joie de mon frère quand il m'annonça qu'il avait réussit à convaincre les Fondateurs à mettre en place des séances de psy. Je savais qu'il avait en parti fait ça pour moi, alors, je ne lui avais pas dis que je n'y étais pas allée. Depuis que Jared m'avait montré comment retirer le traumatisme en conservant mes souvenirs, je n'avais pas ressenti le besoin d'aller en parler à quelqu'un. « Bon, très bien. Je vous souhaite une excellente soirée, Miss Nightshade. » « A vous aussi. » « Et si jamais le psychomage n'est pas ce qui vous convient, n'hésitez pas aussi à me solliciter au Ministère, je me fais un plaisir d'aider les victimes, gratuitement il va s'en dire. Je suis Oubliator. » J'étais assez surprise de cette proposition. Il y avait vraiment des gens qui oubliaient volontairement leurs souvenirs ? Puis, quand je me remémorais les scènes à l'UMS, je me dis que oui. Je pouvais comprendre ceux qui voulaient oublie. Ce n'était pas mon cas, alors, je ne répondis rien. Je me contentais de sourire à l'avocat, à sa cavalière, avant de chercher du regard le mien, de cavalier.    
:copyright:️ Justayne

ϟ ϟ ϟ


J’ai fait un rêve fou, cette nuit. Une fille se transformait en cygne. Seul l’amour pouvait rompre le sortilège mais son prince en aimait une autre… et elle se tuait.

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Edmund Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 29 juin 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il vient de terminer sa 2ème année en Sciences Politiques à l'UMS mais a décidé d'arrêter ses études. Il a désormais de nouvelles responsabilités en tant que père d'une petite fille de quatre ans qu'il cache pourtant toujours aux yeux de son entourage.


Le bal des Fondateurs
La décision n’avait pas été facile à prendre, mais Edmund était convaincu qu’il ne pouvait plus faire autrement : sa vie étudiante était désormais terminée. S’il avait réussi à passer les examens et à obtenir des notes plutôt pas dégueulasses, il ne se voyait pas continuer à mener un rythme aussi effréné en septembre. Depuis qu’Olivia était arrivée, sa vie avait radicalement changé. Il ne pouvait plus prétendre être un étudiant lambda, à sortir tard le soir, ou à bûcher tranquillement toute une journée. Il avait des obligations qui l’astreignaient à un tout autre rythme. Et même si Olivia ne parlait toujours pas, et qu’elle avait quatre ans, elle restait une petite fille désireuse d’être occupée.

Dès qu’il n’était pas avec elle, il s’inquiétait pour elle, se demandait ce qu’elle faisait, si elle réclamait sa présence, si elle n’était pas en danger. Non, il ne pouvait plus se permettre d’être étudiant.

Edmund n’avait donc pas déposé de dossier d’inscription pour l’an prochain. Il ne l’avait pas encore annoncé à ses parents. Mais comment faire ? Il leur cachait depuis des mois l’existence d’Olivia, pour sa propre sécurité. La nouvelle serait dure à encaisser, il le savait. Mais il savait aussi que ses parents l’aimaient et qu’ils accepteraient tout malgré tout. De plus, Edmund avait déjà candidaté pour trouver un job au plus vite. Il avait vraiment besoin de rentrées d’argent pour pouvoir nourrir sa fille et payer le logement. Les choses étaient en train de changer.

En revanche, si une chose n’avait pas bougé, c’était bien sa détermination à rester fidèle au conseil des Fondateurs. Quitte à abandonner les études et son rêve de devenir politicien, il n’était pas prêt à renoncer à se battre contre la magie noire et les ténèbres qui menaçaient d’envahir une nouvelle fois le Royaume-Uni. Et aujourd’hui, il participait à une toute nouvelle forme de lutte : le bal des Fondateurs.

Ils en avaient longtemps débattu lors de divers conseils pour savoir comment et quand l’organiser. Les Scott étaient des habitués à ce genre de réceptions, tout comme les Lloyd qui avaient cédé leur manoir pour cette soirée. Edmund, quant à lui, paraissait un peu moins naturel dans ce costume serré et ces chaussures qui lui faisaient mal aux pieds. Pourtant, il savait qu’il devait faire grande impression. Une bonne partie de la presse était là pour épier chacun de ses faits et gestes. Et puis il y avait Alex, sa cavalière pour cette soirée.

Alex Bennett, l’ex-petite-amie de son frère. Certains auraient pu croire qu’il s’agissait d’un nouveau coup bas envers son cadet : en 1998, il avait invité Joey Davis, la meilleure amie de Billy, au bal d’hiver à Poudlard. Et ce soir, il allait à ce bal accompagné de son amour de jeunesse. Mais cela allait bien au-delà de ça … Edmund ne connaissait aucune fille de son entourage capable d’endosser un tel rôle. Oui, il avait des vagues connaissances, des filles qu’il rencontrait aux soirées et avec qui il flirtait sans vraiment que cela ne débouche plus loin. Mais de filles à qui il était réellement attaché, aucune.

Aucune ? Vraiment ? Oui, son esprit avait un temps envisagé d’inviter cette fille rencontrée sur l’Allée des Embrumes. Mais comment faire alors qu’elle ne le connaissait qu’en temps qu’Alessio Grecco, jeune italien barraqué et intrépide, alors qu’il n’était qu’Edmund Prewett, étudiant gringalet qui peinait à joindre les deux bouts pour élever sa fille. Non, cette fille était un autre côté de sa vie et il n’avait pas le droit de tout mélanger. Ca n’aurait pas été honnête, n’est-ce pas ?

Bref, ne restait qu’une seule fille qu’il connaissait vraiment bien : Alex Bennett. Elle avait toujours fait plus ou moins parti de son cercle restreint d’amis, puisqu’ils se connaissaient depuis l’enfance. Ils avaient même fait du footing ensemble même si avec la rupture de Billy, ils s’étaient quelque peu éloignés.

Lorsqu’il était allé trouver la jeune femme, il l’a trouvé plus triste, plus renfermée. Visiblement, son passé avec Billy n’était pas encore au passé. Le jeune homme lui en faisait voir et de toute manière, elle n’était pas la seule à avoir constaté à quel point il avait changé ces derniers mois. Irritable, colérique, virulent, il ne cessait de repousser quiconque s’approcher de lui. Même ses rapports avec Joey s’étaient compliqués alors qu’elle avait toujours été la seule à savoir le comprendre. Edmund peinait à comprendre ce qu’il lui arrivait et il s’en serait naturellement mêlé s’il n’avait pas eu bien des soucis à gérer de son côté. Son rôle d’aîné était passé progressivement au second plan tandis qu’Olivia occupait de plus en plus une place centrale dans sa vie.

Bref, il avait donc trouvé naturel d’inviter Alex à un bal. Elle avait sérieusement besoin de se changer les idées, de se faire belle, de briller sous les projecteurs pour retrouver un peu le moral. Quant à Edmund, il lui avait avoué franchement qu’il avait besoin d’une cavalière pour cette soirée, et il ne voyait personne d’autre de mieux qu’elle pour assurer ce rôle.

« Prête ? » souffla Edmund.

Le silence s’était soudainement fait dans la vaste salle. Pourtant, il y avait un monde incroyable. Si Edmund avait été plus timide, il en aurait certainement rougi. Mais il commençait à avoir l’habitude de s’exprimer ou de se montrer en public, et danser avec une fille comme Alex n’était pas grand-chose.

La musique commença et Edmund riva son regard sur les pas d’Andrew face à lui. Il était accompagné par une belle jeune femme blonde aux allures aussi charismatiques qu’une Scott. Edmund imita donc les pas d’Andrew. Il avait répété plusieurs fois cet après-midi en sa compagnie, appréciant sa patience et sa façon d’enseigner.

Edmund leva le bras et fit tourner Alex qui se laissa tomber en arrière. Edmund la rattrapa d’un geste adroit avant de la redresser et de poser une main sur sa taille pour coller son corps derrière elle. Puis il allongea le bras pour la faire s’éloigner d’elle alors qu’elle commençait à tourner de lui, leurs mains toujours liées. Alex était vraiment une belle femme. Elle avait à présent terminé ses études à Poudlard et allait entrer dans la vraie vie. Elle devait sans doute en être toute excitée. Ou bien totalement perdue.

La première danse se termina alors qu’Edmund avait effectué les bons gestes. Son cœur était regonflé à bloc à cette perspective et il sentit une petite tape d’Andrew sur son épaule alors qu’il s’éloignait en compagnie de sa cavalière. La musique reprenait et de nouveaux danseurs arrivaient.

« Elles te font mal aux pieds ? » demanda-t-il à Alex en la voyant se tortiller dans ses chaussures. « Les miennes aussi. »

Il sourit, contrit, avant de la voir tourner la tête. Visiblement, elle avait déjà repéré Billy. Il était près du buffet en compagnie de Zia Nightshade et d’un homme qu’Edmund n’était pas certain de connaître. Il aurait aimé aller saluer Zia, savoir comment elle allait, mais en voyant le regard triste d’Alex, Edmund pensa immédiatement à autre chose :

« Ça te dit qu’on prenne de quoi boire et manger et qu’on s’isole quelques instants ? »

Il lui lança un clin d’œil, espérant la faire rire en retrouvant son entrain d’autrefois, quand il cherchait toujours à échapper aux conversations des adultes pour aller s’isoler plus loin. Avec Conrad Huong, ils faisaient tout le temps ce genre de choses, prévoyant une quantité astronomique de ravitaillements avant d’aller faire la fête un peu plus loin.

« T’inquiètes pas pour ça. » dit-il alors qu’elle évoquait ses obligations en tant que Fondateur. « Ils peuvent se passer de moi durant un moment. On reviendra plus tard, et je te promets que je te ferai danser comme jamais pour honorer cette magnifique robe. »

Certains auraient pu dire qu’Edmund draguait ouvertement Alex. Mais c’était simplement sa façon d’agir par habitude. Alex le savait pour l’avoir toujours côtoyé et vu ainsi. Il pensait toujours à la phrase qu’il fallait pour redonner le sourire aux autres et rendre justice à leur beauté. De plus, il détestait voir cet air triste sur le visage d’Alex et l’éloigner un temps de Billy ne serait pas une mauvaise idée.

Tous deux se dirigèrent donc vers le buffet et après avoir débattu sur lequel des petits fours était le meilleur, ils prirent chacun une coupe de champagne et un plateau rempli de sandwichs aux jambons-beurre, leurs préférés élus à l’unanimité. Alex pouffait encore de rire alors qu’il lui racontait comment il s’était ridiculisé lors d’un de ses derniers cours avec son professeur d’espagnol. Il avait simplement oublié de mettre l’accent sur le n de « año » donnant comme traduction anus, plutôt qu’année.

Alors qu’il la regardait rire aux éclats, son regard fut attiré ailleurs par celui de Billy qu’ils venaient de dépasser. Edmund aurait juré que ses pupilles étaient encore plus noirs qu’à l’accoutumée, et sa main tressautait fortement. Edmund le regarda, une vague d’appréhension l’enserrant soudainement à la poitrine avant de se détourner pour gagner l’extérieur.

Le manoir des Lloyd était un véritable joyau d’ornements précieux. Ils s’installèrent sur un balcon digne d’un conte de fées alors qu’au loin les jardins s’étendaient à perte de vue avec une fontaine qui coulait doucement en-dessous d’eux.

« C’est bon de te voir rire ainsi ! » dit Edmund, un sourire sincère aux lèvres.

Ses paroles eurent toutefois l’effet escompté inverse. Alex cessa de rire et son regard se perdit à l’horizon, triste et perdu. Edmund posa sa coupe sur la rambarde en pierre et s’accroupit devant Alex, assise sur son banc.

« Alex … » souffla-t-il doucement. « Et si tu me racontais ce qu’il t’arrive ? »

L’une de ses mains se posa sur son genou, venant doucement serrer sa main, comme une pression exprimant son soutien.

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ

Edmund Prewett

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Billy Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 29 juin 2002. Billy Prewett vient de terminer sa 7ème et dernière année à Poudlard. Mais le jeune homme a du mal à penser à l'avenir dans les études ou encore même dans le cinéma. L'utilisation de la magie noire prend de plus en plus d'importance dans sa vie ainsi que son rôle dans les affaires des Scott et des Blue Dragons ...

Le bal des Fondateurs
L’année était terminée. Rectification : ses années à Poudlard étaient enfin terminées.

Billy aurait du ressentir une immense joie à cette perspective. Voilà des mois qu’il attendait ça, de pouvoir quitter le château et tout ce qu’il représentait. De ne plus avoir son père en tant que professeur (ni même son beau-p… ce connard de Chastang). De pouvoir enfin vivre sa vie. D’aller à l’UMS et d’apprendre le métier d’acteur.

Son rêve se réalisait enfin. Mais rien. Billy ne ressentait rien. Rien qu’un grand vide dans sa poitrine.

Contre toute-attente, il avait obtenu ses ASPIC. S’il avait pris quelques cours avec Amaya Kitagawa de février à avril, il avait complètement négligé ses révisions sur la fin. Ce qui l’avait certainement sauvé était sans doute ses compétences en magie qui s’étaient nettement améliorées. Avec l’apprentissage de la magie noire, ses sortilèges redoublaient de puissance. C’était simple quand il lançait un sort, il ne réfléchissait plus comme il avait l’habitude de le faire autrefois. Il n’y avait plus aucune hésitation. Le sort fusait automatiquement de sa baguette. Il avait gagné en force et en témérité.

C’était sans doute pour cela que Fergus et Joey s’étaient éloignés. Ils étaient jaloux. Jaloux de ce qu’il devenait. De toute manière, il n’avait pas besoin d’eux. Ils le ralentissaient, le ramenaient en arrière alors qu’il voulait se tirer vers le haut. Terminé Poudlard, terminé les gamineries, terminé les histoires d’amour qui ne fonctionnaient pas. Billy Prewett devenait quelqu’un d’autre.

« Heureusement que j'ai donné des cours à Esteban, hein ? »

Billy tourna la tête vers Zia avant de voir qu’elle lui désignait son frère. Ouais, cet idiot de Nightshade s’en sortait pas trop mal. Le visage d’Edmund apparut alors dans son champ de vision et sa main se crispa sur son verre. Edmund Prewett. Le frère que tout le monde adorait tellement il était drôle, joyeux, sérieux dans ses études. Il faisait la fierté de ses parents, Edmund. Et en plus de cela, il allait hériter de la belle. Après tout, il était à son bras ce soir ?! Alex Bennett rayonnait auprès de lui. Son air triste l’avait quitté pour se concentrer sur les pas d’Edmund et sourire quand il souriait.

« Il m'a sauvée la vie, tu sais ? »

A nouveau, Billy tourna la tête vers Zia qui avait encore parlé. Elle n’était pas une fille désagréable, loin de là. Elle était même assez fun dans son genre. Comme son frère, après tout. Mais là, ce soir, Billy trouvait qu’elle parlait beaucoup trop …

« A l'attentat de l'UMS. J'y étais pour une audition. On s'est caché dans une salle. »
« Ravi de le savoir. » grinça-t-il en vidant le contenu de son verre. « Edmund Prewett, le héros … »
« Fais pas cette tête, va. » le rabroua-t-elle. « Tu as bien sauvé ma soirée ! »

Ou le contraire ? Après tout, Billy cherchait une cavalière. Zia Nightshade avait été l’heureuse candidate. Autrement, il aurait proposé à Joey de l’accompagner, ou même à Alice. Mais la première ne lui parlait quasiment plus, tandis que la deuxième lui avait annoncé qu’elle avait déjà son propre cavalier. Alice Scott aimait le faire tourner en bourrique …

Bref, Billy avait donc eu l’illumination d’inviter Zia Nightshade lors d’un lundi de juin. Elle était plutôt pas dégueulasse, fun, et populaire. Être à son bras ne pouvait que lui apporter du prestige. Après tout, elle était une Nightshade, l’une des descendantes des Fondateurs, elle aussi. Et de toute manière, Billy avait bien senti qu’elle voulait y aller elle aussi. Alors, c’était tout fait : au moins, Billy n’aurait pas à se prendre la tête de savoir s’il devait agir comme un couple avec elle ou non. Zia était là pour s’amuser et rien d’autre. Et c’était parfaitement le genre d’arrangements qui convenait à Billy ces temps-ci.

« Alors c’est moi ton sauveur ! » argua-t-il avec un demi-sourire avant de passer un bras sur ses épaules comme un petit-ami trop protecteur.

En faites, cela l’aidait surtout à contrôler ses tremblements. Bien trop de choses s’étaient passées dernièrement dans sa vie et notamment, son utilisation de la magie noire s’était intensifiée. Il en rêvait même la nuit, comme une drogue qu’on refuserait de lui donner trop souvent. Pourtant, il en avait besoin. Il avait besoin de ce genre de contrôle, de plus en plus. Sa main se resserra sur le bras de Zia alors que la première danse se terminait. De nouveaux danseurs émergeaient pour la suivante tandis que d’autres se retiraient.

Zia recommença à parler, commentant la décoration des lieux. Billy leva les yeux, observant les ornements fastueux de la salle.

« Les Lloyd ont visiblement de quoi faire envier n’importe quelle famille … » dit-il.

Les Scott étaient riches eux aussi, mais certainement pas autant que les Lloyd.

« Zia Nightshade ! Vous êtes donc venus ! »

Billy tressaillit à cette voix avant de se retourner. Anthony Scott s’approchait d’eux, son regard pourtant rivé sur la personne de Zia. Billy s’efforça d’être de marbre en le regardant s’avancer. Anthony était l’un des Scott les plus imprévisibles qu’il connaissait. Ce n’était pas la même chose qu’Angelo. Tous deux avaient des réactions assez différentes. Si Anthony pouvait passer de la colère à la joie en une minute, Angelo était plus progressif, plus doux dans ses paroles. Jamais il ne s’était emporté face à Billy. A moins qu’il ne cachait bien son jeu ?

« Bonsoir, professeur. Je vous présente Billy Prewett, nous étions de la même année. »

Le regard d’Anthony se posa alors sur Billy, son regard brillant. Billy devait jouer le jeu, il le savait. Son bras quitta l’épaule de Zia alors qu’il venait serrer la main d’Anthony qui eut un sourire en coin, comme si cette poignée de mains signifiait plus que cela pour lui.

« Enchanté. » dit-il.
« De même. » répondit Billy.

Son regard s’attarda encore quelques secondes sur Billy avant de relâcher sa main pour se concentrer sur Zia. De toute manière, Anthony aimait le jeu mais la partie à laquelle il voulait se livrer ce soir concernait davantage Zia que Billy. De quoi lui laisser un peu de répit pour cette soirée …

« Comment se sont passés vos examens ? J’ai cru avoir vu votre diplôme d’ASPIC passer en salle des professeurs pour signature … »
« J'ai obtenu mes ASPIC, oui, avec un optimal en runes. Je compte vous renvoyer le manuel que vous m'avez prêté la semaine prochaine. Encore merci pour l'emprunt. »

Anthony eut un sourire poli et Billy détourna les yeux de leur discussion, perdant le fil. Il cherchait Edmund du regard et le retrouva sans mal au milieu de la foule. Il n’était qu’à quelques mètres de lui, son bras soutenant celui d’Alex qui riait aux éclats, une main sous un plateau de sandwichs qu’ils avaient du dérober. Cette scène produisit une drôle de sensations en lui, comme une pierre au fond de son estomac, quelque chose qu’il aurait mal digéré, ou qu’il avait du mal à intégrer. Cette scène lui rappelait bien trop un passé dont il ne souhaitait plus se remémorer.

Son regard croisa celui de son frère. Le défiait-il ? Que voulait-il dire en le regardant ainsi ? Qu’il la rendrait plus heureuse qu’il ne l’avait jamais fait ? C’était ça ? Sa main commença à tressauter, comme réclamant d’utiliser la magie pour effacer ce sourire qui flottait sur le visage d’Edmund. Mais ce dernier, comme ayant perçu la menace, détourna le regard. Un drôle de sentiment lui enserra la poitrine et il commença à faire un pas en avant. Il avait tout ignoré autour de lui. Rien ne comptait plus qu’Edmund et sa façon de faire rire Alex. Mais il fut brutalement de retour dans la réalité quand Anthony posa une main sur son épaule.

« Tout va bien, jeune homme ? »

Billy croisa le regard d’Anthony. Soudain, il eut l’impression de prendre conscience de l’endroit où il se trouvait, comme s’il l’avait oublié. Il tourna la tête vers Zia qui avait froncé les sourcils en le voyant avancer en plein milieu de leur conversation. A nouveau, il riva son regard dans celui d’Anthony qui pencha légèrement la tête sur le côté. Billy fronça les sourcils en sentant un bourdonnement dans son oreille. Et puis alors, la sensation oppressante disparut et il se sentit revenir naturellement à la réalité.

« Je … oui … tout va bien. » répondit-il en reprenant place à côté de Zia alors qu’Anthony lâchait son épaule.

Ce dernier ne le regardait plus mais fit un signe de tête à une jeune femme au loin. Il se pencha alors pour prendre la main de Zia sur laquelle il apposa un baiser avant de se retirer.

« Je vais nous chercher à boire. » déclara brusquement Billy.

Puis, semblant se souvenir que Zia allait certainement le trouver louche à prendre la fuite ainsi, il se pencha à son oreille :

« Réserve-moi une danse pour quand je reviens. »

Il se recula pour laisser apparaître un sourire en coin qui ressemblait bien trop à celui qu’Anthony Scott avait l’habitude de donner. C’était sans doute à force de passer trop de temps avec lui …

Il ne se dirigea pas immédiatement vers le buffet, souhaitant s’éloigner un temps de la foule pour marcher dans les couloirs du vaste manoir des Lloyd. Ce devait être étrange de grandir entre ses murs, entouré de tant de richesse et … d’impersonnalité ? Le regard de Billy qui scrutait chaque tableau s’arrêta un instant devant l’un d’entre eux. A l’occasion du bal des Fondateurs, les arbres généalogiques de chacun des membres avaient été dessinés. Celui des Prewett s’étendait juste au-dessus de lui. On y voyait le visage de Billy, triste et éteint, coincé entre celui d’Edmund goguenard et d’une Victoria souriant de toute son innocence. Plus loin, sur la gauche, on voyait les portraits des Scott, dont celui d’Alice, Angelo et Anthony Scott. Des cousins éloignés pour les Prewett.

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Edmund avait du faire de sacrées recherches pour dresser cet arbre, sans doute aidées par Clarissa, leur cousine, aussi présente sur l’arbre.

Une voix se fit entendre derrière lui et les lèvres de Billy s’écartèrent en un sourire joueur. Le premier depuis le début de la soirée.

« On pourrait presque parler d’inceste s’il se passait réellement quelque chose entre nous … » dit-il en désignant de la tête leurs deux portraits.

Pourtant, cette idée ne le choquait pas. Au contraire, cela l’amusait. Ils n’étaient pas de véritables cousins après tout. Cela remontait à des générations entre eux. Et de toute manière, Alice Scott avait cet aura tentatrice à laquelle Billy avait bien du mal à échapper.

« Tu es donc venu accompagner … » dit-il en rivant son regard sur elle.

Oui, de toute manière, elle ne lui avait jamais caché. Pourtant, il avait cru un moment qu’elle disait ça juste pour le maintenir éloigné. Pour jouer. C’était ce qu’ils faisaient depuis quelques temps tous les deux. Ils jouaient, se cherchaient, flirtaient puis s’éloignaient.

« Elle s’appelle Zia. » répondit-il. « D’ailleurs … »

Il s’approcha d’Alice. Il avait encore gagné quelques centimètres ces derniers mois. A présent, il arrivait sans mal à la même taille qu’Alice, voir à la dépasser. Il se pencha alors à son oreille, ses lèvres effleurant doucement son lobe.

« … je crois que je vais aller l’inviter à danser. »

Il se recula. Son regard brillait d’excitation à cette proximité. Mais lui aussi pouvait jouer. Et il savait jouer comme personne depuis qu’Alice l’avait initié là-dedans. Il fit alors demi-tour et quitta le couloir. Il attrapa deux verres sur le buffet avant de repérer Zia un peu plus loin. Déterminé, il attrapa sa main et lui remit un verre, ignorant les personnes avec qui elle s’entretenait.

« Finis ton verre, et profites-en bien, car je compte bien te faire danser une bonne partie de la soirée. »

Après tout, si Alice voulait jouer à ça, il pouvait aussi y aller à fond. Et avec une beauté comme Zia, ça l’amuserait davantage !

« Allez, promis, je ne te parlerais pas de Quidditch pendant qu’on danse. » insista-t-il, un sourire au coin des lèvres.

Il lui donna un coup de bassin avant de boire une grande gorgée de son verre, comme s’humidifiant la gorge avant d’aller danser.

@ Victoire

ϟ ϟ ϟ

William Prewett

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| Samedi 29 Juin 2002 |

« Prête ? »

Si vous m’aviez raconté que j’aurais accepté une invitation à un bal de Edmund Prewett, avant aujourd'hui, j’aurais bien ri.

Eddie et moi avons toujours été plus ou moins proches et on s’est toujours bien entendu mais, à mes yeux, il a toujours été une sorte de grand frère. De cousin, si j’ose dire. L’idée que je puisse me rendre quelque part au bras d'Eddie est devenue encore plus impensable lorsque je suis sortie avec Billy et, même avant ça, l’ambiance ambiguë qui flottait entre lui et moi rendait le concept de quelque plausible rapprochement que ce soit entre Eddie et moi presque ridicule. Puis Billy et moi avons rompu et, fatalement, Eddie et moi on s’est éloignés. Beaucoup moins que je me suis éloignée de Billy et de Vicky, mais tout de même.

Tout cela pour dire que d’avoir accepté d’être la cavalière de Eddie au bal aujourd’hui aurait été imprévisible. Ceci dit, beaucoup de choses relativement “imprévisibles” me sont tombées dessus ces derniers mois alors, finalement, accompagner Edmund Prewett à un bal n’est pas si choquant. Quand bien même j’avais prévu de me reposer, j’ai assez rapidement accepté lorsqu’il a affirmé qu’il avait besoin d’une cavalière… Finalement, n’avais-je pas besoin de souffler ? De profiter d’un moment cool avec quelqu’un qui n’était ni Ian Wen, ni Billy Prewett ? Et puis je savais très bien que l’invitation ne voulait rien dire de sérieux. Edmund et moi allions nous amuser comme les deux amis que nous étions et aucun de nous deux n'espérerions obtenir plus de l’autre. Le plan parfait. Exactement ce qu’il me fallait.

À la question de Edmund, je hoche doucement la tête. Ça, pour être prête, je le suis. Physiquement, du moins. J’ai soigneusement choisi mon accoutrement pour l’occasion. J’ai demandé des conseils à Chelly McGregor pour le maquillage et, comme toujours, elle m’a épatée. Je me suis ensuite débrouillée pour mes cheveux ; rien de dingue mais ça m’a vite semblé faire l’affaire.

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C’est surtout le choix de ma robe qui a été un challenge. Généralement, je choisis des robes plutôt étroites pour ce genre d'événements, elles épousent à merveille ma silhouette très fine et mes formes habituellement discrètes. Seulement, ce pari serait risqué pour ce soir. Les “formes” que j’ai gagnées sont encore relativement subtiles (cela ne fait que très récemment trois mois que je m’arrondis) mais j’ai préféré opter pour une robe un minimum ample, ne sait-on jamais que quelqu’un aie l'œil. J’ai bien fini, en faisant le tour des magasins avec Casey Murphy, par trouver la robe. Très jolie, assez ample pour cacher l’essentiel mais pas trop non plus. D’un vert qui s’accorde plutôt bien avec mon teint, qui plus est.

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Le fait d’accompagner Edmund Prewett implique une chose, une seule d’assez pénible : il fait partie du groupe organisateur de ce bal. Un membre de sa famille aurait été l’un des fondateurs de Druid’s Oak et Eddie ferait, de ce fait, partie du groupe qui rassemble les représentants des familles de ces fondateurs. Soit, pour moi, une nouvelle soirée où je me retrouve au bras d’un garçon qui a de l’importance,et que l’on regarde. Qu’importe, vous me direz, Ian Wen m’a habituée à cela. Et puis je peux bien supporter de danser avec lui et les autres Fondateurs.

Parmi les personnes qui se rassemblent pour ouvrir le bal, je reconnais certains visages. Andrew et Alice Scott pour commencer, évidemment, mais également Esteban Nightshade et sa cavalière, Lyra Mulligan. Je les trouve trop mignons, tous les deux. À un instant, mon regard croise celui de Stevie et je lui offre un sourire ainsi qu’un clin d'œil complice. Stevie et moi nous sommes beaucoup rapprochés depuis ce jour où je l’ai défié à la course. Il est, aujourd’hui, l’un de mes amis les plus précieux, et ce quand bien même il ne fait pas partie de mon groupe habituel de potes. Justement, ça fait du bien d’avoir quelqu’un à qui parler en dehors de ce fameux groupe. Et, par là, j’entends quelqu’un de mon âge. Mes parents et Della ne comptent pas. Mes petites sœurs non plus, je le crains.  

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La musique s’élève dans la salle après un court silence et la danse débute. Je suis les pas de Edmund qui, lui-même, semble se calquer sur les autres. J’admet ne pas faire très attention au monde qui nous entoure, je suis très pensive même pendant que l’on danse. Malgré tout, je suis le rythme et ne me laisse surprendre que lorsque Edmund me fait tourner et tomber en arrière, attrapant ma taille. Un instant, je m’inquiète à l’idée qu’il puisse me trouver lourde mais je n’en fait pas grand cas : j’ai conscience que je m’inquiète pour rien. Quand nos corps se retrouvent pressés l’un contre l’autre, je n’ai également que ça en tête : faites qu’il ne remarque rien. C’est stupide, je le sais, mais c’est plus fort que moi d’y penser malgré tout.

Bienheureusement, cette première danse prend fin sans accrocs et on peut s’éloigner un peu du centre de l’attention et de la pièce.

« Elles te font mal aux pieds ? Les miennes aussi. »

Je ris nerveusement, n’ayant même pas remarqué à quel point j’étais peu à l’aise dans ces chaussures après avoir dansé. J’aurais dû ramener une paire de chaussures plates de secours, j’oublie trop souvent ! D’autant plus que j’ai conscience que mes pieds ont gonflé...

Tout va bien, on s’y habitue.

Je plaisante plutôt nerveusement, détournant le regard avec un brin de timidité. C’est alors que mes yeux tombent sur l’un des garçons que je ne voulais absolument pas croiser ici ce soir : Billy Prewett. Je n’ai pas encore vu Ian Wen, je me demande même s’il est là — quand bien même son absence serait étrange — mais la présence d’un de ces deux-là est suffisante pour assombrir mon humeur. Surtout celle de Billy, en fait. Pour ce qui est de Ian, je le déteste. C’est aussi simple que cela. Alors que Billy… Enfin, c’est compliqué. Trop compliqué pour que je sois capable de le gérer aujourd’hui. Surtout qu’il me semble accompagné…

« Ça te dit qu’on prenne de quoi boire et manger et qu’on s’isole quelques instants ? »
Pardon ?

Tirée de mes pensées moroses, il faut un moment aux paroles d’Eddie pour monter et m’atteindre. Un bref silence suffit avant que je percute et que je réponde d’un sourire doux quoique porteur d’une très subtile amertume.

Tu sais quoi ? C’est une très bonne idée.

Eddie m’adresse un clin d'œil qui me détend un peu. Quelle meilleure idée que de s’éloigner de Billy et du risque de croiser Wen. Finalement, je ne regrette pas du tout d’avoir accompagné Edmund. Mine de rien, il me connaît assez bien et il est bien placé pour gérer la mélancolie qui me colle aux basques dernièrement. Depuis mon enlèvement, en fait…

Mais… Tu n’es pas censé rester ? Comme tu fais partie des gens importants de cette soirée…

Ian Wen refusait catégoriquement de quitter son poste lors de ce genre de soirée. J’avais beau le supplier d’aller faire un tour, juste là-dehors, le temps de souffler ou d’encaisser une remarque désagréable émise à mon égard, il ne faiblissait pas. Je trouvais ça insupportable mais je me rappelais que, à ses yeux, ces soirées étaient très importantes. Je pensais que Edmund tiendrait à se montrer présent ce soir sûrement de la même manière.

« T’inquiètes pas pour ça. Ils peuvent se passer de moi durant un moment. On reviendra plus tard, et je te promets que je te ferai danser comme jamais pour honorer cette magnifique robe. »

J’avoue être ravie du commentaire sur ma robe. Forcément, j’ai eu beaucoup de mal à la trouver ! Un sourire soulagé et sincèrement content décore mes lèvres alors que je hoche la tête.

Très bien. Ça sonne comme un très charmant programme.

Je ris même doucement en prenant un grand air, visant volontairement à me détendre et à alléger mon cœur. Eddie et moi nous rendons au buffet et, après un débat plutôt engagé visant à élire le plus bon des petits fours offerts, nous attrapons un plateau rempli de sandwichs jambon-beurre (notre grand vainqueur) et une coupe chacun. Edmund prend du champagne mais, moi, je prends le soin de choisir du jus de citrouille. Je n’ai pas encore prit de décision claire à ce sujet mais je tiens à faire les choses correctement tout de même.

Edmund fait un parfait cavalier, encore une fois : il me raconte des anecdotes tordantes pour me redonner le moral. Et c’est très efficace ! Je me retrouve finalement à rire aux éclats à ses côtés, oubliant temporairement mes soucis tandis que nous marchons vers l’extérieur.

Nous nous installons finalement sur un balcon très joliment décoré, digne du manoir des Lloyd, avec une jolie vue sur le jardin, bercés par le son de l’eau s’écoulant dans une fontaine juste en-dessous de l’endroit où nous nous trouvons.
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« C’est bon de te voir rire ainsi ! »

Étrangement, les paroles de Edmund me ramènent à la réalité. Sûrement parce que je me souviens très soudainement des raisons pour lesquelles je n’ai pas ri ces derniers temps. Mon sourire s’efface pour laisser place à une moue cafardeuse alors que je laisse mon regard se perdre dans le paysage qui m’est offert.

Les dernières fois que je me suis retrouvée avec un garçon à profiter du calme, des rires et de la vue…

« Alex … »

Je pose les yeux, un peu surprise, sur Edmund qui vient s’agenouiller devant moi après avoir posé sa coupe de champagne.

« Et si tu me racontais ce qu’il t’arrive ? »

Il serre ma main dans la sienne avec douceur comme pour achever de me convaincre que je peux me confier à lui. Je me mords les lèvres, très hésitante.

Je ne sais pas, Edmund… C’est si compliqué…

Quelque chose me dit que je peux lui faire confiance. Et puis, le plus dur était de parler la première fois, quand j’ai tout raconté à Esteban Nightshade. J’aurais juste à refaire pareil… Plus ou moins. Hélas, j’ignore où commencer. Je ne sais pas quoi dire. Je ne crois pas avoir envie de tout dire, en fait.

Je ne veux pas parler de mon enlèvement…
Ça m’angoisse et puis, si je commence à en parler, il faudra sûrement que j’avoue connaître le garçon qui m’a enlevée et j’ai trop peur que Akutenshi Busujima me retombe dessus si j’ose parler pour oser l’accuser. Il faudrait aussi que j’explique que Ian Wen m’a abandonnée, que c’est la vraie raison de notre rupture et non pas le fait que l’on “vienne de mondes trop différents” comme je l’ai prétendu jusque-là. Il faudrait aussi que je raconte que Billy m’a sauvée et que, depuis, mes sentiments à son égard sont plus conflictuels que jamais.

Un lourd soupir m’échappe. Il y’a bien quelque chose que je peux dire sans avoir à rentrer dans tout ce bazar. Je grimace un peu à l’idée d’en parler parce que je me sens stupide d’avoir permit qu’une telle chose se produise, surtout après tous les conseils de Della, mais je crois que j’ai sincèrement besoin de parler. Jusque-là il n’y a que Stevie qui soit au courant et il ne peut pas vraiment m’aider. Peut-être que Edmund, puisque plus âgé, aura des conseils à me donner ? Je ne sais pas. Je n’en sais rien. Mais, malgré tout, je me lance.

Un peu avant notre rupture, j’ai… accepté de coucher avec Ian.

J’admet en premier lieu. J’ai déjà honte de cela parce que je n’en avais pas plus envie que ça. Ian avait été particulièrement adorable ce soir-là et, je ne sais pas, quand il m’a fait des avances allant en ce sens, je me suis dit qu’il le méritait. Je me souviens très clairement de ça : il le méritait. C’est exactement ce que je me suis dit. Et puis je pensais à Billy, ce soir-là, et… Le timing a fait que. Dire qu’à si peu de temps près j’aurais pu éviter d’offrir ma première fois à un illustre lâche.

C’était une terrible idée, bien sûr.

J’admet en détournant le regard, très honteuse. Je cherche, en même temps, la bonne façon de poursuivre ce récit et d’en venir au fait. Puisque c’est ce que je cherche à faire. Pourtant je ne trouve pas la bonne façon de le faire. Un silence pesant s’installe durant lequel je cherche mes mots, j’ouvre parfois la bouche avant de la refermer sans n’avoir émis aucun son. Je décide, en fin de compte, d’être très directe. Qu’importe pour ce qui est d’y mettre la forme : il faut que je crève l'abcès.

Je suis enceinte.

Un nouveau silence s’installe, aussi lourd que le précédent. J’ose lancer un regard à Edmund comme pour mesurer sa réaction. Je cherche à deviner ce qu’il pense… S’il me trouve idiote, s’il est dégoûté, s’il a pitié, s’il est perdu… S’il est comme moi, quoi. Et puis, puisqu’il faut bien dire quelque chose, je parle à nouveau.

... De Ian.

Je trouve que ce détail à son importance. Je ne veux pas que l’on pense possible que j’aie trompé Ian Wen alors qu’on sortait ensemble. Je ne me pardonnerais jamais de tomber aussi bas.

Ça fait trois mois… Et je ne sais toujours pas ce que je vais faire.

C’est horriblement frustrant. Rien n’occupe mes pensées autant que cela, que toutes les solutions qui me sont offertes… Et je n’arrive pas à faire un choix. C’est le pire moment pour être incapable de me décider, et pourtant.

Je n’en ai parlé qu’à un ami. Je n’arrive pas à trouver la façon d’aborder la chose avec ma famille…

Je sais qu’ils me soutiendraient. Je sais que papa et maman seraient compréhensifs et que Della saurait sûrement m’accompagner au mieux pour être passée par une grossesse involontaire… Mais je n’arrive pas à trouver les mots. Je bloque lorsque j’essaie, même à l’écrit.

... Est-ce que tu penses que je suis idiote d’avoir laissé cela se produire ?

Après un nouveau silence de ma part, je plonge enfin mon regard dans celui de Edmund Prewett. Mon regard est implorant, suppliant. J’ai besoin d’être réconfortée. Je n’arrête pas de me blâmer et je m’en veux atrocement d’avoir été si irresponsable, je n’arrive pas à me pardonner… Alors j’ai besoin que quelqu’un le fasse pour moi. J’espère que Eddie peut être ce quelqu’un. Et s’il confirme que je suis idiote ? Alors, au moins, j’aurais la confirmation que j’ai sincèrement merdé.
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Dernière édition par Alex Bennett le Dim 17 Mar - 15:58, édité 1 fois

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What doesn't kill you makes you stronger !!

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Le bal des Fondateurs

Material Girl



| Samedi 29 Juin 2002 |

S’il y a bien une qualité que je loue chez Shay, c’est qu’il est capable de s’adapter. J’adore sa personnalité, vraiment, mais je ne pourrais l’emmener nulle part s’il ne savait pas se tenir lors de grandes et nobles occasions. Par exemple, s’il n’avait aucune manière, je n’aurais pas pu l’inviter au bal organisé par les Fondateurs. Avec qui aurais-je pu m’y rendre, sinon ? En ce moment, tous les hommes de mon entourage m’exaspèrent… Outre mes frères. Ça ou alors je ne les considère pas dignes de m’accompagner.

Lorsque j’ai invité Shay, un large sourire s’est dessiné sur ses lèvres et il a accepté avec enthousiasme. Il ne lui a pas fallu longtemps pour trouver moyen d’en rire en soulignant que, sûrement, certaines rumeurs se soulèveraient quant à la nature de notre relation. Inutile de préciser que ça l’idée ne me dérange pas — j’y avais déjà pensé — et Shay m’a fait comprendre que ça le ferait rire plus qu’autre chose.  

C’est donc au bras de mon meilleur ami que je me présente ce soir, un large sourire dessiné sur mes lèvres délicatement maquillées. J’imagine qu’il est inutile de préciser que je suis apprêtée avec perfection pour ce soir. Je n’ai laissé aucun détail au hasard depuis mes cheveux à ma robe en passant par mon maquillage, les bijoux qui viendront sublimer ma tenue et mes escarpins.

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Pour vous permettre de mesurer à quel point j’ai été pointilleuse pour ce soir, j’ai même contrôlé la tenue de Shay. J’ai un peu fait la tête parce qu’il a refusé de boutonner complètement sa chemise, soi-disant qu’il ne serait pas d’humeur à porter un costume de ce genre, mais il m’a laissé choisir le reste. J’ai opté pour une tenue d’un rouge bordeaux pour aller avec le vert sapin de ma propre robe. Je dois admettre que Shay n’a pas été difficile à convaincre et pour cause, il est très souvent bien habillé même lors des journées les plus banales. Je savais que je n’aurais pas trop de travail en l’invitant.

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En faisant mon entrée dans la salle de bal, accrochée au bras de Shay, je laisse mes yeux découvrir le manoir Lloyd ainsi que le visage des invités. Je m’intéresse tout particulièrement aux Fondateurs et aux personnes qui les accompagnent, c’est là que se trouvent les meilleurs potins. Je repère le gamin Nightshade accompagné d’une fillette blonde. Je me demande si c’est sa petite amie, j’ai du mal à imaginer ce garçon en couple. Edmund Prewett est présent, lui aussi, avec une jolie métisse à son bras. Là aussi, je me questionne sur leur relation mais je trouve qu’ils sont mignons tous les deux. Je grimace simplement légèrement en constatant que la jeune femme a choisi une robe verte elle aussi. Heureusement, la nuance de vert est très distincte de la mienne et la coupe de la robe est drastiquement dissemblante à la mienne. J’aurais pu chercher à changer de tenue si nos robes avaient été trop similaires.  

Tiens, ne serait-ce pas le bel Andrew Scott ? Accompagné d’une mignonne petite blonde, en plus de ça !

Shay me murmure discrètement, un sourire installé au coin de ses lèvres. Je suis son regard pour trouver mon grand frère, curieuse quant à la personne qu’il a bien pu inviter. Mes yeux s’écarquillent quand je reconnais, sans mal du tout, l’une des rares — sinon la seule — jolie femme qui aie réussi à faire de moi son amie.  

C’est Karoline Barjow !

Je m’exclame à voix basse, m’assurant que personne d’autre que Shay m’entende. Mon ami marque une pause, surpris, détaillant Karo plus sérieusement avant de se tourner à nouveau vers moi.

La Karoline Barjow ? Ta pétasse ?

Je hoche vivement la tête. C’est bel et bien souvent de la sorte que j’appelle mon amie, très affectueusement. Shay cligne des yeux, l’air hébété.

L’ex du beau Calvin Scott ?

À nouveau, je hoche la tête.

Elle-même.

Personne ne doit avoir loupé cette information. Déjà, Karo et Calvin formaient un couple plutôt populaire, alors je ne vous raconte pas l’effet qu’a produit leur rupture quand la Gazette l’a rendue publique et officielle. J’admet ne pas avoir pris le temps d’en parler sérieusement ni à Karo ni à Calvin, d’ailleurs. Je me dis que si l’un des deux a besoin de discuter, ils savent où me trouver. En attendant, j’ai peur de devoir choisir un camp si je m’en mêle de trop près. Évidemment je choisirais Calvin mais ça me déplairait de devoir abandonner l’une de mes rares amies pour avoir été trop curieuse.

Tu peux arrêter de baver sur mes frères ?

Je réprimande gentiment Shay. On vient d’arriver et il n’a pas manqué de qualifier Andrew et Calvin de “beaux” avec son petit air de chasseur, déjà. Je n’ai aucun souci avec le fait qu’il bave sur des hommes, je le fais tout autant, mais c’est un peu plus déstabilisant lorsqu’il s’agit de mes frères.

Pardon, je ferais attention.

Shay lève les mains pour montrer qu’il capitule. Le sourire suffisant sur son visage me laisse penser qu’il n’en fera rien mais je ne suis pas venue avec lui pour lui tirer les oreilles. Au pire, la prochaine fois qu’il se met à regarder un de mes frères avec insistance, je ferai mine d’avoir rien vu et rien entendu.

... Tu penses qu’elle a trompé Calvin avec Andrew ?

Shay regarde à nouveau Karo et Andrew avec un air pensif. Je devine qu’il a juste réfléchi à voix haute sans réfléchir mais je fronce les sourcils et lui donne un coup à l’épaule pour le ramener à moi.

Rien ne dit que cette rumeur est vraie !

La Gazette ne s’est pas contentée d’annoncer la rupture de Karoline et Calvin… Elle a aussi laissé entendre qu’il était fort possible que Karo ait trompé mon frère. D’habitude, je mords facilement à ce genre d’histoires mais là il s’agit de quelque chose d’assez grave. Si c’est vrai alors je serais folle de rage contre Karoline. Hélas, je le répète, je n’ai pas envie de la perdre. Du coup, je préfère me dire que ce n’est qu’une rumeur stupide et infondée. Karoline ne ferait pas ça tout de même… N’est-ce pas ? Encore moins avec Andrew !

Pardon, tu as raison. C’est sûrement des conneries.

Shay s’excuse sincèrement en voyant la moue renfrognée sur mon visage. Il n’est pas stupide, il sait reconnaître lorsque l’on s’attaque à un sujet sérieux et lorsqu’il peut me taquiner sans pitié.

Après ce bref écart, c’est presque un soulagement pour moi lorsque la première danse débute. Je peux me concentrer sur le fait d’être ravissante comme je sais si bien le faire et je peux profiter de danser avec mon meilleur ami sans me casser la tête. J’avoue que, souvent, mon regard se pose sur Karoline et Andrew, simplement parce que je suis intriguée malgré tout.

Lorsque l’on exécute notre dernier pas de danse, Shay se penche un peu vers moi pour me demander s’il veut que l’on aille saluer mon frère et sa cavalière ou non. Je secoue la tête et affirme que l’on fera ça plus tard parce que je n’ai pas vraiment envie d’avoir à leur demander par quel jeu du destin ils ont fini ensemble aujourd’hui, et je propose plutôt d’aller boire un verre à mon cavalier à moi. J’ignore s’il se doute que je vais sûrement éviter Andrew et Karoline au possible ou s’il me croit quand je lui dis qu’on parlera plus tard mais il accepte le verre sans problème.  Un ami en or, vous dis-je.

Ami en or que je perds fatalement en un temps record.

Alors que l’on discute et que l’on plaisante, une coupe de champagne à la main, je remarque que le regard de Shay est rivé dans une direction bien précise. Il me faut un moment comme je salue de nombreuses personnes entre deux rires avec lui mais, lorsque je remarque, je suis à nouveau son regard espérant ne pas tomber sur une horreur. Fausse alerte, il ne s’agit que d’un invité.

Il te plait ?

Je mets un coup d’épaule amical à Shay et celui-ci baisse le regard vers moi, un sourire rêveur aux lèvres.

Un peu. Mais c’est pas important, je peux rester à le dévorer des yeux de loin avec ma meilleure amie pour la vie !

Il bat des cils et prend l’air niais sur la fin de sa phrase. Je roule des yeux et soupire, amusée.

Vas-y.

Je l’invite à aller discuter avec le charmant inconnu comme je sais qu’il en meure d’envie. Le sourire de Shay s’élargit et me confirme qu’il n'attend que ça.

T’es sûre, Artie-chou ? Après tout, je suis ton cavalier.

Il s’enquit une fois encore pour être certain, sûrement, que je ne lui fasse pas la moue pour être parti sans se soucier plus que ça de me laisser seule derrière lui.

Allez, pas de ça avec moi ! On sait tous les deux que si tu restes tu ne vas pas arrêter d’en parler. Et puis, je me débrouille très bien seule. Peut-être même que je trouverais un beau-gosse avec qui faire passer le temps, moi aussi.

J’adresse un clin d'œil complice à Shay dont le visage s’illumine. Il vient me serrer dans ses bras, décollant légèrement mes pieds du sol dans son enthousiasme incontrôlé. Quand il me lâche, il embrasse ma joue en couinant comme une jeune fille.

Merci Artie-chou ! Je t’adore !

Je roule à nouveau les yeux et rit très doucement. Vu comme il est excité, mieux vaut qu’il aille s’amuser un peu. Shay est comme un enfant ; il devient intenable si on ne le laisse pas se défouler quand il en a besoin.

File. Et que je ne t’attrape pas à flirter avec un de mes frères !

Je connais mon ami. Il serait capable de se rabattre sur Andrew si jamais son flirt avec le mystérieux inconnu ratait. Bien sûr, il n’obtiendrait rien de mon grand frère mais je n’ai tout de même pas envie de le voir tenter le coup. De ce que je sais, il a déjà essayé avec Anthony dans le passé, même s’il ne m’a jamais raconté tout en détail. C’est bien assez.

Shay hoche la tête vivement avant de me lâcher. Je le regarde s’éloigner avec une tendresse affectueuse avant de me redresser. Il s’agit maintenant de trouver une façon de m’occuper. L’idée d’aller voir Andrew et Karoline m’effleure brièvement, mais je ne suis clairement pas prête à cela.

Mon regard se pose très hasardeusement sur quelqu’un que je connais : Billy Prewett. J’aurais pu venir accompagnée de ce garçon… Mais cela ne m’a pas semblé judicieux. J’avoue prendre plaisir à venir accompagné d’un autre homme et de continuer à mesurer l’attirance que Billy éprouve à mon égard sans pouvoir tout à fait m’atteindre.

Passionné par ton héritage, Prewett ?  

Je chantonne en me glissant plus près de Billy. Je remarque qu’il est comme attrapé par le grand arbre généalogique qui se trouve devant ses yeux. Je n’y ai pas vraiment accordé attention depuis mon arrivée ici mais il est vrai qu’il est intéressant.

« On pourrait presque parler d’inceste s’il se passait réellement quelque chose entre nous … »

Hm.
Effectivement, je constate que nous nous trouvons tous les deux sur cet arbre et cela signifie sûrement quelque chose mais j’admet ignorer qu’en dire de pertinent.

En voilà, un terme fâcheux…  

Je soupire doucement en portant ma coupe de champagne à mes lèvres. À dire vrai, je peux entendre à nouveau la voix de James Davis qui me nargue : “Après tout, chez les Scott, je ne serai pas étonné qu’il y ait à un moment ou à un autre de l’inceste ou une vulgarité pareille pour garder un sang aussi pur…”. Je suis sûre qu’il ne manquerait pas l’occasion de me rappeler cela s’il apprenait que je m’amusais à faire tourner la tête de Billy Prewett et qu’il voyait cet arbre. Quand bien même Billy et moi ne sommes pas étroitement liés par le sang.

« Tu es donc venu accompagner … »

J’oublie au mieux cet idiot de James Davis alors que Billy pose son regard sur moi. Un sourire joueur décore mes lèvres et je répond d’un hochement de tête.

Hélas, oui.  

Mon regard balaie très rapidement la salle de fête en espérant retrouver Shay mais je ne le vois pas. Il faut dire que je ne m’attarde pas non plus, j’imagine qu’il doit s’amuser s’il n’est pas revenu. Et puis, maintenant, je suis avec Billy… Je saurais m’occuper en attendant le retour de mon cavalier.

Shay est allé saluer une connaissance.  

Je précise, prenant soin d’appeler mon cavalier par son prénom pour souligner le fait que l’on soit proche. Billy n’a clairement pas besoin de savoir que nous sommes simplement amis, et encore moins que Shay est homosexuel. Le jeu ne serait pas aussi délicieux s’il connaissait ce genre de détails.

Et toi alors ? Tu as amené une copine ?  

Encore une fois, le terme “copine” est soigneusement choisi. Cela montre que je considère qu’il ne peut pas avoir invité une femme qui arrive à mon niveau. Juste une “amie”. Pire, une “copine”, terme un peu plus puéril.

« Elle s’appelle Zia. D’ailleurs … »

Ma curiosité est piquée lorsque Billy se rapproche de moi et se penche légèrement pour venir me murmurer au creux de l’oreille. Je remarque, au passage, qu’il me dépasse un peu à présent. C’est un détail qui joue en sa faveur, j’ai tendance à préférer les hommes qui me dominent physiquement.

« … je crois que je vais aller l’inviter à danser. »

Billy recule et me laisse sans voix. Un instant, ma surprise s’imprime sur mon visage. L’instant est court mais assez long pour que Billy puisse le remarquer et je m’en veux pour ça. J’aurais dû feindre l’indifférence mais j’admet que Billy m’a prise par surprise et, alors, je n’ai pas pu contrôler ma réaction. J’ouvre les lèvres pour parler mais aucun son ne me parvient et, très fier de son coup, Billy tourne les talons pour aller danser avec la dénommée Zia. Mon regard le suit jusqu’à ce qu’il rejoigne sa cavalière et, alors, je fronce les sourcils. Il est hors de question qu’il me batte à ce jeu-là !

Je vide ma coupe d’une traite et vais m’en servir une nouvelle en faisant travailler mes méninges. Il faut que je reprenne le dessus, d’une manière ou d’une autre, et très vite. J’observe Zia et Billy entamer une danse tout en essayant de trouver quelque chose. J’ai plusieurs idées mais je me dois de les mesurer pour trouver celle qui ne me ferait pas passer pour une fille trop désespérée, ni trop désintéressée sans quoi Billy m’échappera sûrement à nouveau.

Je suis en train de réfléchir lorsque mon cher frère jumeau, Anthony, trouve marrant de venir me taquiner et m’interrompt, de ce fait, dans la construction de mon plan. Il semble avoir observé, depuis sa place, la discussion entre Billy et moi et me charrie à ce sujet. Je boude un peu et cela me frustre secrètement davantage.

C’est là que je décide de faire quelque chose de concret. Alors qu’une danse se termine, je juge que j’ai assez laissé mon frère me titiller et je choisi de saisir l’opportunité. Qu’importe ce que je vais faire, en fin de compte, l’important est que j’agisse. Et je décide d’agir maintenant.  Je plante Anthony et marche d’un pas décidé vers Billy et sa cavalière après avoir conseillé mon frère d’observer avec attention comment je m’apprête à faire tourner la table. Tant pis pour le plan ; j’irais au talent. Après tout, je suis douée pour ce qui est de séduire, je ne devrais pas avoir trop de mal à improviser. Je vais tout miser sur l’audace.

Salut !  

Un sourire très lumineux décore mes lèvres alors que j’arrive au niveau des deux jeunes sorciers. J’adresse tout particulièrement cette salutation à Zia. Le premier pas consiste à éloigner Billy de cette fille, aussi je m’applique à faire les choses correctement.

Zia, c’est cela ? Alice Scott, enchantée.

Je me présente chaleureusement bien que j’espère que cela n’aie pas été nécessaire à ce que la jeune femme me reconnaisse.

J’espère que vous passez une bonne soirée !

Il est normal que je m’intéresse à cela, dans les apparences. Après tout, je fais partie des personnes grâce à qui ce bal à lieu. Il n’est pas inimaginable que je me soucie du bien-être des invités.

Est-ce que ça te dérangerait que je t’emprunte ton cavalier ?

Je demande à Zia avec un grand sourire bienveillant. Je tourne ensuite mon regard vers Billy, lui accordant le plus attendrissant des regards de biche que j’aie en magasin.

Pour une danse… Une seule.

Je bats un peu des cils, pressant mon corps contre le bras de Billy. J’ai déjà remarqué que cette technique a été efficace dans le passé, je ne vois pas pourquoi m’en priver. J’ignore si ça a aidé mais, en tout cas, ma requête est finalement acceptée et c’est avec enthousiasme que j’attrape le bras de Billy pour l’emmener avec moi, après avoir promis à Zia que je lui rend son cavalier très vite. Mon but n’est pas qu’il passe le reste du bal à mes côtés mais, au moins, que je regagne le peu de terrain que je viens de perdre vis-à-vis de notre jeu.

Alors qu'un nouvel air musical se lance, je viens glisser mes bras autour du cou de Billy et presser mon corps contre le sien. Cette proximité me plait, je peux sentir son parfum d’homme et je me sens confortablement installée dans ses bras. Comme en sécurité. C’est exactement la sensation que je recherche lorsque je me rapproche d’un homme…

Tu es parti si rapidement à l’instant… Tu ne m’aime plus ?

Je montre à Billy une moue presque timide, innocente et vulnérable. J’aime jouer de mon air de chaton fragile pour montrer aux hommes qu’ils sont grands et que je ne suis qu’une petite femme à côté d’eux. La plupart du temps, cela réveille leurs instincts et ils sont plus protecteurs et possessifs. Ceci dit, j’ai conscience que je n’ai pas que ce jeu-là en poche et qu’il faut que je donne plus si je vais regagner Billy le temps d’une danse.

Pourtant, je tenais à te parler un peu…

Je prétend être venue l’aborder, tout à l’heure, avec un but autre que de le rendre jaloux de mon cavalier. Même si Billy a conscience, d’une certaine façon, de mon jeu, mon air plus vulnérable à l’instant devrait lui faire baisser un peu les gardes. Du moins, je l’espère. Le meilleur serait qu’il oublie, un instant, que je suis intelligente. Je dois être une fille dépendante de lui, ou lui renvoyer cette image, du moins.

Tu es très bien habillé… Et puis, j’ai remarqué que tu as grandi… Et que tu t’es musclé…

Je glisse une de mes mains sur son bras et mord ma lèvre inférieure, comme en admiration à peine contenue face au nouveau Billy que le bout de mes doigts découvrent. Ma main s’arrête finalement en se posant sur son torse et je lève les yeux pour baigner mon regard dans le sien. Je laisse un petit instant de calme s’installer, pour que la connexion se crée, avant de me pencher et de venir susurrer, tout près de son oreille.

Ça me plaît énormément…

Je laisse mon souffle caresser le lobe de son oreille avant d’éloigner mes lèvres pour lui sourire avec douceur et chaleur, plongeant un regard de sirène dans ses yeux. Un sourire rusé se pose sur mes lèvres et je passe la main qui est encore autour de son cou dans ses cheveux, collant davantage ma poitrine contre son torse en me faisant.

Ta copine a beaucoup de chance.

J’affirme comme une confession, utilisant cette fois le mot “copine” dans un sens très différent. Comme pour sous-entendre les penser en couple, Zia et lui, alors qu’il n’en est rien. Je suis certaine qu’il n’y a rien entre eux et c’est précisément pour cette raison que j’emploi ce terme. Espérant l’entendre admettre, de lui-même, qu’il n’y a rien entre cette fille et lui. Ce serait un début de victoire, en soi…

Je n’ajoute rien. Du moins pas de suite, pas avant qu’il s’exprime à nouveau. Mais je laisse parler tout ce qui n’a pas de voix : mon corps, mes yeux, l’expression sur mon visage. Je prend cet air qui laisse penser que je suis envoûtée par Billy et qu’il lui suffirait d’un mot pour m’avoir toute à lui ce soir. Je n’ai pas encore décidé de ce que je serais prête à faire s’il cédait mais, qui sait, peut-être sera-t-il chanceux aujourd’hui…? Si tant est qu’il sait saisir sa chance. De toute manière, s’il me jette à nouveau avec désintérêt, il peut faire une croix sur l’opportunité de se rapprocher de moi dans le futur. J’aime beaucoup jouer avec Billy mais je suis comme qui dirait une mauvaise perdante. Quand un jeu de séduction commence à frapper mon ego, je préfère lâcher le morceau. Surtout dans le cas où je ne suis pas amoureuse.
KoalaVolant

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♡ — curvy hips, red lips, and a dangerous pair of eyes...

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Anthony Scott
Contexte
Nous sommes le samedi 29 juin 2002. Anthony est issu de la célèbre famille de sorciers au sang-pur, les Scott. Jumeau d'Alice, cadet d'Andrew et Calvin, et aîné d'Angelo, Anthony est professeur de runes à Poudlard depuis mai. L'année scolaire est terminée et Anthony compte bien profiter de sa soirée des Fondateurs.

Le bal des Fondateurs
« … pas encore recroisé Edmund, depuis ce jour-là. Peut-être qu'il fallait que j'aille le voir, pour le remercier … » « … pas encore annoncé à ses parents. Mais comment faire ? Il leur cachait depuis des mois l’existence d’Olivia … » « … Ouais, cet idiot de Nightshade s’en sortait pas trop mal … » « … Esteban Nightshade et sa cavalière, Lyra Mulligan. Je les trouve trop mignons, tous les ... »

Les soirées de ce genre étaient un lieu qu’Anthony appréciait tout particulièrement. Toute sorte de pensées effleurait naturellement les esprits en ébullition et peu de sorciers prenaient le soin de protéger leurs esprits. Anthony prenait un malin plaisir d’aller d’un esprit à un autre, n’effleurant que la surface pour saisir les pensées qui passaient actuellement, avant de changer de personne afin de ne pas éveiller trop longtemps les soupçons. De toute manière, il n’y avait rien de bien croustillant à se mettre sous les dents actuellement.

« La Gazette ne s’est pas contentée d’annoncer la rupture de Karoline et Calvin… Elle a aussi laissé entendre qu’il était fort possible que Karo ait trompé mon frère. »

Ça, c’était Alice. Hum … oui tout le monde avait remarqué que Karoline Barjow était au bras d’Andrew, leur aîné. Cette idée amusait beaucoup Anthony qui ne pouvait s’empêcher de vouloir savoir si les rumeurs étaient vraies. Malheureusement, Andrew bloquait aussitôt son esprit face aux intrusions de son cadet, ne cessant de lui dire d’arrêter de jouer avec ce don si puéril dans son utilisation. Hum … quel rabat-joie ce Andrew !

Malgré tout, il serait amusant que tout ceci soit vrai car cela signifierait d’autant plus que la jeune sorcière resterait dans la famille. Après tout, elle avait tout de la trempe des Scott et méritait plus qu’une autre de porter leur nom. Anthony l’estimait beaucoup. Elle avait toujours eu beaucoup de caractère et n’était certainement pas fait pour rester éternellement aux côtés de Calvin, c’était certain.

Les membres des Fondateurs s’avancèrent alors au centre pour démarrer les premiers pas de danse sur la nouvelle musique lancée. Anthony prit le verre que Thyra Thorvaldsen lui tendait. Ce soir, la jeune et désirable sorcière était une nouvelle fois à son bras. S’il n’y prêtait pas attention, la Gazette risquait vite de s’enflammer en considérant qu’ils étaient ensemble. Mais après tout, n’était-ce pas ce qu’il attendait ? Il adorait ce genre d’anecdotes et si alors le journal quotidien des sorciers venait flatter son égo, cela lui convenait. Thyra était tout ce qu’il y avait de plus respectable et le fait de lui prêter une liaison avec elle lui convenait tout à fait.

Il but une gorgée de son verre en regardant les jolies courbes de Karoline se frotter contre Andrew. Un rire moqueur lui échappa en imaginant son aîné se dérider de la sorte avec une femme de la trempe de la fille Barjow. Thyra lui demanda aussitôt l’origine de son hilarité.

« Ces couples sont assez mal assortis … » dit-il en haussant les épaules. « Regarde ce gamin Prewett avec cette métisse. Il gâche son sang pourtant presque pur avec une nouvelle sang-de-bourbe ou que sais-je … »

Thyra haussa un sourcil.

« Tu as un problème avec la couleur de peau ? Ou la pureté du sang ? »

Le visage d’Anthony se tourna vers la jeune femme. Elle semblait sérieusement troublée. Après tout ce n’était pas la première fois qu’elle avait ce genre de réactions. Il n’y avait qu’à voir comment elle avait réagi à la dernière réception commune. Même si Anthony avait découvert qu’elle faisait partie de son monde, ceux des Sang-Pur, elle ne semblait pas partagée les valeurs des Scott ou de la plupart des familles anglaises et respectables.

« Ou pire, les deux ? » termina-t-elle.

Le regard d’Anthony s’adoucit, comme refréné face au jugement qui apparaissait dans les yeux de Thyra.

« Disons que je trouve simplement qu’il s’agit du gâchis. » dit-il. « Il pourrait avoir beaucoup mieux. »

Il afficha une moue désapprobatrice. Thyra tapota alors doucement son bras :

« Anthony chéri, ne te fis pas à ce que tu vois. Tu pourrais être surpris un jour. »

Anthony reporta son attention sur les corps d’Edmund et de sa cavalière. Puis d’Andrew et Karoline. Nightshade et sa partenaire. Alice et Shay. Des couples mal assortis et qui ne mèneraient à rien. Mais il ne voulait pas contrarier davantage Thyra et n’ajouta rien.

La première danse se termina et Anthony applaudit poliment en même temps que la majorité des convives. Ce soir, les portemonnaies seraient agités. Anthony avait lui-même déposé une petite somme d’argent. Rien de trop dérisoire. Après tout, il s’agissait d’aider à la reconstruction de l’hôpital Sainte-Mangouste alors qu’il avait lui-même participé à sa destruction. Ce serait assez hypocrite, non ? Enfin … il fallait bien veiller à conserver les apparences.

Thyra quitta son bras, prétextant avoir reconnu quelqu’un, et s’éloigna, ses talons claquant sur le sol. La musique avait changé, un groupe d’étudiants de l’UMS semblait avoir pris le parti d’animer le début de soirée avant que les véritables artistes n’entrent en jeu.

Le regard d’Anthony repéra alors une tête qui lui était familière. N’ayant rien d’autre à faire et sa curiosité piquée à vif, il décida de l’interpeller :

« Zia Nightshade ! Vous êtes donc venus ! »

La jeune femme se retourna, ses cheveux frisés encadrant son visage précieusement maquillé. Sa robe était jolie bien que trop simpliste. Mais on ne pouvait en demander beaucoup aux Nightshade.

« Bonsoir, professeur. » répondit la jeune femme, un sourire poli aux lèvres. « Je vous présente Billy Prewett, nous étions de la même année. »

Son regard se porta alors sur Billy Prewett, son cavalier. Il était égal à lui-même, ses cheveux affreusement longs et négligés lui tombant dans le cou tandis qu’une moustache trônait désormais sur son visage encore si jeune. Pourtant depuis les mois d’entraînement ensemble, ses yeux s’étaient assombris, comme ayant perdu de leur éclat. C’était ce qu’il se produisait dès lors qu’on touchait à la magie noire et qu’on n’en avait guère l’habitude.

Anthony ne cessait de douter de ses capacités pourtant il devait avouer que le don d’Animagus de Billy avait su faire des prouesses. Et le jeune homme n’hésitait pas à le surprendre.

« Enchanté. » dit-il en serrant une poignée de mains à Billy.
« De même. »

Parfait … Il jouait même le jeu. Il apprenait vite. Peut-être qu’ils pourraient en tirer quelque chose finalement ? Anthony devait certainement faire plus confiance à Angelo sur ce genre de choses.

« Comment se sont passés vos examens ? » demanda-t-il alors en reportant son attention sur Zia. « J’ai cru avoir vu votre diplôme d’ASPIC passer en salle des professeurs pour signature … »
« J'ai obtenu mes ASPIC, oui, avec un optimal en runes. Je compte vous renvoyer le manuel que vous m'avez prêté la semaine prochaine. Encore merci pour l'emprunt. »

Anthony eut un sourire poli. Un esprit brillant ! Elle aussi pourrait avoir l’étoffe d’une Blue Dragons si Angelo donnait son aval. Anthony avait du mal à comprendre ce qui le retenait. Après tout, ce ne serait pas le premier ni le dernier esprit qu’ils devraient corrompre.

« Ce n’est pas pressant. Mais au lieu de me le renvoyer, vous pourriez tout aussi bien venir pour le thé dans ma demeure. » suggéra-t-il. « J’ai d’autres ouvrages qui seraient susceptibles de vous intéresser. Ma bibliothèque a été largement étoffée par mon arrière-grand-mère et par ses sœurs. Je suis certain que vous pourriez y trouver votre bonheur et, certainement les apprécier davantage que moi. »

Il eut un petit rire. Et après tout, ne serait-ce pas amusant d’y inviter par la même occasion Angelo ? D’un côté, il était susceptible d’attirer sa colère. D’un autre, cela pourrait peut-être être l’occasion pour Angelo d’expliquer ce lien étrange qui l’unissait à cette Nightshade. Anthony pouvait même organiser un repas, comme Andrew l’avait fait avec Davis et Angelo quelques mois auparavant ! Ce serait si amusant …

« Ca pourrait être intéressant, mais je ne pense pas continuer l'étude des runes l'année prochaine. Mais je vous remercie de votre sollicitude. »

Anthony s’efforça de dissimuler sa déception. Tant pis, il trouverait une autre occasion d’organiser ce qu’il avait imaginé.

« Apollon. » déclara soudainement Zia.

Anthony fronça d’abord les sourcils avant de pencher légèrement la tête sur le côté, comme un lion étudiant minutieusement sa proie.

« Votre prénom de dieu. C'est Apollon, n'est-ce pas ? »

Il ouvrit la bouche, guère surpris pourtant par sa déduction incroyable. Après tout, avait-il douté qu’elle le découvrirait ? Quelques semaines auparavant, elle lui avait demandé quel était son deuxième prénom et il avait refusé de lui donner. Et pourtant, là, elle faisait preuve d’une déduction remarquable.

« Fascinant. » dit-il, la tête toujours penchée sur le côté. « Et comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ? »

Cette question sembla lui plaire alors que son visage s’éclairait face à cette nouvelle.

« Je sais que vous avez une sœur jumelle, Alice Scott. Je l'ai lu dans le bottin mondain que j'ai emprunté à ma grande-tante. »

Il hocha doucement la tête. Impossible de nier.

« Je sais que tous vos noms commencent ou par A, ou par C. Achille, Arès, Apollon et Artémis. Les deux sont jumeaux, et ça commencent par un A. Alors je suppose que vous êtes Apollon, et votre sœur Artémis. »

Un sourire naquit naturellement sur ses lèvres, encore une fois. Elle était douée, c’était indéniable. Elle savait mener des recherches, et en tirer des conclusions tout à fait pertinentes.

« Vous avez un talent inestimable pour déduire certaines choses qui paraissent pourtant hors de votre portée. Vous me surprenez. Et j’admire cette qualité, car peu de gens ont le don de me surprendre. » avoua-t-il en buvant une longue gorgée, appréciant l’idée de faire durer le suspense. « Vous avez raison. Apollon est bien mon deuxième prénom. »

Il continua d’observer le sourire de contentement que le visage de la jeune femme exprimait, comme s’en délectant. Dommage qu’elle ne soit qu’une Sang-Mêlée … Dommage, oui.

« Votre frère a l’air d’apprécier sa soirée. » dit-il en changeant de sujet. « Etant major de sa promo, je pense qu’il a bien mérité une soirée comme celle-ci. J’ai grande hâte de savoir ce que son avenir lui réservera. Tout comme le vôtre. »

A nouveau, son regard sembla briller d’un éclat dont les Scott avaient le secret. Un regard qui en disait long, comme s’il connaissait un secret si chargé qu’il pourrait détruire tout le Royaume-Uni.

Zia jeta un coup d’œil à son frère et sourit doucement.

« C'est vrai que je suis curieuse de l'avenir, mais j'ai tout de même hâte de commencer l'UMS. J'adore apprendre, et les études universitaires vont beaucoup plus loin que les cours de Poudlard. »

Alors que la jeune femme répondait avec enthousiasme à ses paroles, surement regonflée à bloc, Anthony jeta un coup d’œil à Billy Prewett qui avait gardé le silence depuis quelques instants déjà. Ce qu’il y vit le troubla. Ses pupilles s’étaient nettement assombries et sa main tremblait, comme prise d’un furieux manque de quelque chose. Quelque chose de puissant.

Il fallait qu’il se contrôle sinon il risquait d’attirer l’attention sur lui, et pas dans le bon sens. Mais Billy ne le regardait pas. Ni lui, ni Zia. Souvent, il avança d’un pas, comme décidé à lancer un Avada Kedavra sur quelqu’un dans le dos d’Anthony. Il fallait réagir et vite. Anthony posa aussitôt sa main sur son épaule, l’obligeant à se stopper dans son élan. Cela eut comme l’effet d’une claque pour Billy qui leva aussitôt ses pupilles sombres vers Anthony.

« Tout va bien, jeune homme ? »

Anthony avait pris le soin de détacher chacune de ses syllabes, comme insistant lourdement sur le sens de sa question. Son regard s’était peut-être rivé sur Anthony mais il ne semblait même pas prendre conscience de l’endroit où il se trouvait. Il regarda alors Zia avant de reporter son attention à nouveau sur Anthony. Il n’hésita pas alors plus longtemps. Sa main toujours sur son épaule, Anthony chercha à se glisser dans son esprit. Celui-ci était si embrouillé qu’il n’était pas aisé de s’y presser. Pourtant, Anthony avait juste à démêler un peu tout ce brouillard qui obstruait les pensées raisonnées du jeune homme. Anthony pencha légèrement la tête sur le côté, comme se concentrant sous l’effort.

Les traits du visage de Billy parurent enfin se détendre alors que son regard retrouvait une couleur plus normale, habituelle disons.

« Je … oui … tout va bien. » répondit-il.

Anthony relâcha son épaule, alors que quelque chose cherchait à attirer son attention en arrière-plan. Plus que quelque chose, il s’agissait de Thyra. Un sourire apparut naturellement sur ses lèvres.

« Je dois vous laisser, mais j’ai été ravi de vous saluer. J’espère que vous aurez le temps de m’accorder une danse plus tard dans la soirée. » dit-il en se penchant pour déposer un baiser sur la main de Zia.

Il était un parfait gentleman avec des manières exemplaires. Il contourna alors Billy et Zia pour se diriger vers Thyra qui avait visiblement trouvé des petits fours exquis. Elle en déposa un dans la main d’Anthony avant de demander, un sourire amusé accroché aux lèvres :

« Qui c’était ? »

Anthony eut à son tour un sourire en coin :

« Pourquoi, tu es jalouse ? »

La jeune femme roula des yeux avant de lui demander qui il draguait. Il avala son petit four et prit son temps pour l’avaler avant de répondre :

« Draguer, non. Elle n’a aucun intérêt pour moi dans ce sens-là. » dit-il, très sérieux. « Mais elle pourrait être utile dans d’autres domaines. »

Il haussa les épaules, énigmatique.

« Voulez-vous danser, miss Thorvaldsen ? »

Il fit une courbette exemplaire devant la jeune femme qui accepta sa main avant de l’emmener jusqu’au centre où une nouvelle musique avait commencé. Il était doué pour ce genre d’environnement. Satisfaire sa partenaire, aller d’un invité à un autre, goûter les mets ou les vins les plus exquis. C’était ce qu’il avait toujours adoré faire. Et ainsi, une main posée sur la taille de Thyra, l’autre dans sa main, il pouvait admirer la foule rassemblée pour cette soirée. Il voyait Karoline et Andrew parler à Zia Nightshade, tandis que son cavalier avait semble-t-il disparu. Un peu plus loin, Shay discutait avec animation avec un autre homme. Il y avait des adultes mais aussi de nombreux élèves de Poudlard. L’une d’entre elles retint son attention quelques instants.

Joséphine Davis. La meilleure amie de Billy Prewett. Anthony la connaissait véritablement depuis qu’il était devenu professeur de Runes début mai. Il avait vu l’influence qu’elle pouvait avoir sur Billy et ça n’avait clairement pas été bon pour leurs affaires. Anthony avait été obligé de s’en mêler. Joséphine était une femme de caractère … bien loin de son cher papa. Elle semblait perdue dans cet environnement. Pourtant, son regard croisa celui d’Anthony. Un instant, juste un instant. Un sourire étira les lèvres étroites de l’ancien Mangemort qui adressa un signe de tête à la jeune femme. Celle-ci se détourna de lui, ayant visiblement repéré un visage ami parmi les convives.

Cela ne faisait rien, il aurait tout le temps de la revoir plus tard. La danse se termina et Thyra prit à nouveau congé de lui, prétextant avoir un besoin urgent. Etonné, il la regarda s’éclipser, se demandant bien ce qu’il pouvait y avoir de sous-entendus là-dedans. Son regard se porta alors sur Alice. Son air pincé et ses grands yeux ouverts, elle semblait avoir repéré un homme pour sa soirée. Cependant, Anthony fut vite déçu quand il suivit son regard et s’aperçut qu’il s’agissait de Billy Prewett.

Il poussa un soupir désespéré avant de s’approcher de sa jumelle.

« L’irrésistible et séductrice Alice Scott aurait-elle du mal à faire tomber l’impotent William Prewett ? » se moqua-t-il en la regardant darder son regard sur le jeune homme.

Il était parti à son tour sur la piste de danse, tenant dans ses bras sa chère cavalière Zia.

« Oh allons donc, ma chère sœur … je t’ai connu bien plus carnassière que ça. »

Il passa un bras autour de ses épaules, comme le frangin lourd qu’il aimait être pour elle. Ils avaient toujours eu ce lien si particulier entre eux, affectueux certes, mais très compétiteur. Il aimait la regarder user de ce don de séduction dont seule elle avait le secret. Elle était impitoyable avec ses proies et quelque part, cela le réjouissait de voir que Billy allait bientôt en faire les frais.

« N’oublie pas cependant de ne pas t’attacher, petite sœur. »

Son regard se posa sur le visage de sa jumelle. Il ne supporterait pas qu’un autre homme lui brise le cœur. Il avait assez ramassé les pots cassés, que ce soit avec Davis ou encore avec ce Swan.

C’est alors que son visage s’anima enfin. Un plan avait émergé sous son épaisse chevelure blonde. Un plan ou quelque chose qui y ressemblait. Amusé encore une fois, Anthony la regarda s’avancer jusqu’à Zia et Billy. Elle était élégante, la démarche assurée, sa robe verte la rendant fort désirable aux yeux des hommes. Alice Scott était sa sœur, et Anthony était très fier de la fascination qu’elle exerçait sur les hommes qui croisaient son chemin. Y compris Billy.

Tous deux partirent sur la piste de danse et Anthony attrapa un verre pour se délecter du spectacle. Oh que oui elle était douée. Il n’avait qu’à effleurer les pensées de Billy en surface pour sentir à quel point il faisait de son mieux pour contrôler son désir pour elle.

Une voix pourtant le sortit de ses pensées, ou plutôt de celles de Billy. Il tourna la tête pour découvrir un visage qu’il n’avait pas vu de quelques temps. Pourtant son visage ne manqua pas de s’éclairer.

« Loki ! » se réjouit-il en venant attraper un deuxième verre derrière lui et qu’il remit aussitôt à l’homme face à lui. « J’ignorais que tu étais ici, ce soir ! »

Cette soirée avait vraiment tout pour lui plaire cette fois-ci. Loki était un homme qu’il avait rencontré il y avait de cela presque trois ans maintenant. Il avait un caractère assez unique dans son genre mais le courant était immédiatement bien passé entre eux. Depuis, ils s’étaient revus en de rares occasions, mais toujours pour partager un verre et discuter allègrement des dernières actualités.

« Es-tu venu accompagner ? » demanda-t-il en faisant tinter son verre contre le sien.

Une autre voix le fit tourner la tête. Thyra venait à son tour de les rejoindre, mais le plus surprenant était qu’elle connaissait elle aussi Loki. Le regard d’Anthony brilla, s’étonnant de cette nouvelle connexion. Il les regarda tour à tour, les laissant échanger les banalités des salutations avant de demander :

« Vous … vous vous connaissez ? Quel heureux hasard ! » ricana-t-il. « Thyra, tu bois quelque chose ? »

Il se pencha à nouveau derrière et tendit une flute à sa partenaire avant de poser une main naturellement au bas du dos de la jeune femme. C’était comme ça qu’il agissait avec toutes ses partenaires. Un geste qui signifiait pour lui qu’il était là, bien présent, et qu’il n’en négligerait pas sa partenaire au cours de cette soirée.

@ Victoire

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Anthony Scott

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Le bal des FondateursSamedi 29 juin 2002 Le silence dans la salle de réception des Llyod se fit, et je m'avançais au milieu de la piste de danse, ma cavalière à mon bras, accompagné des autres Fondateurs. Ce bal, organisé depuis maintenant plus d'un mois, tombait parfaitement bien avec les évènements du moment. L'hôpital Sainte-Mangouste avait bien besoin d'aide financière pour parvenir à se sortir de la misère laissé par cet abominable attentat. Les Blue Dragon semblaient monter en puissance et en cruauté, et c'était notre devoir de les arrêter. Beaucoup de cyniques nous diraient que nous avions mieux à faire qu'organiser un bal, et d'une certaine manière, ils n'avaient pas tort. Mais l'argent ne tombait pas du ciel, et il en fallait pour mener cette guerre.

C'est pour cela que ce bal était nécessaire. Il fallait remplir les coffres, mais également montrer que les Fondateurs ne craignaient pas les terroristes. Le conseil ouvrit donc le bal, et je souris à ma cavalière pendant cette première danse. Karoline Barjow, l'ex-fiancée de mon frère. J'avais entendu Sorcellerie-Infos parler d'elle en tant que ma cavalière, et j'espérais qu'elle n'avait pas entendu les propos totalement indélicats qu'ils avaient pu tenir sur elle. J'étais personnellement ravie qu'elle m'accompagne. Nous étions amis depuis quelques temps, et notre amitié s'était renforcée au moment de mon anniversaire. D'une bien étrange manière, certes, mais les coups durs, son chagrin et ma solitude nous avaient rapprochés. Je n'étais du tout amoureux d'elle, mais je tenais sincèrement à elle. De toute façon, je soupçonnais que la jeune femme entretenait une relation ambigue avec James, vu sa réaction quand il nous surprit ensemble.

A la fin de la première danse, je m'inclinais devant elle, comme pour la remercier. C'était les manières Sang-Pur qui voulaient ça, mais je la remerciais, sincèrement. D'avoir accepté de m'accompagner. D'accepter d'être à la vue de tous, alors qu'elle était plus connue en tant que l'ex de Calvin Scott, et non pas en tant que Karoline Barjow. « Une autre danse te tente ? » Maintenant que d'autres danseurs nous rejoignaient, cela était l'occasion pour moi de me fondre plus dans la masse, et d'observer un peu plus les personnes qui étaient venues. Observer la foule, sans en avoir l'air. On s'éloigna simplement du centre de la piste de danse. J'en profitais pour poser brièvement une main sur l'épaule d'Edmund Prewett, pour le féliciter. Je lui avais appris à danser cet après-midi, et il s'en était sorti à merveille.

Je remis ma main autour de la taille de Karoline pour qu'on entame notre seconde danse, ce qui me permettait de regarder autour de moi. « Je ne savais pas que mon frère venait ce soir-là… » En sentant la main de ma cavalière se crisper dans la mienne, je détournais mon regard de la foule pour lui sourire. « Je ne parle pas de Calvin, mais d'Anthony. » Bon, ce n'était pas très étonnant : mon frère aimait les bals, il aimait bavarder, il aimait parader… L'occasion était trop belle pour ne pas en profiter, selon lui. Il bavardait avec… Mais oui, c'était Zia Nightshade, la sœur jumelle de mon collègue Esteban. Je l'avais rencontrée en février, durant un dîner navrant avec James et Angelo. Pourquoi parlait-elle avec mon frère ? « Cela te va si je vais saluer une connaissance tombée entre les griffes diaboliques de ma famille ? » Karoline savait très bien ce que je pensais de ma fratrie, et heureusement, elle accepta.

Je me dirigeais vers la jeune femme, désormais seule. « Bonsoir, miss Nightshade. » Elle sursauta, et se tourna vers nous. Elle… ne semblait pas ravie de me voir. Heureusement, l'air jovial de Karoline brisa la glace. « Bonsoir mademoiselle ! Karoline Barjow, enchantée. » « Bonsoir, Maître Scott. Bonsoir, je suis Zia Nightshade. La sœur jumelle de Esteban Nightshade. Et la nièce de Shay Nightshade. » Au vu de son nom de famille, bien sûr qu'elle devait justifier de ses liens avec les Fondateurs. De toute façon, Karoline devait déjà avoir travaillé avec Shay. En tant que chef des Aurors, il avait dû travailler au moins une fois avec tout le monde dans le Ministère de la Magie. Mais qu'elle parle d'Esteban me permit de rebondir. « Comment allez-vous, depuis l'attentat de l'Université ? Votre frère m'a dit que vous y étiez. » « Ça va. Merci. »

Elle haussa les épaules. Très polie, elle savait par moment cacher son ressenti, une fois la surprise passée. Mais surtout, son regard avait l'air de me sonder, comme si elle essayait de comprendre quelque chose. La raison pour laquelle j'étais venue lui parler, peut-être ? « C'est grâce à lui que les étudiants de Poudlard tel que vous ont pu avoir des séances de psychomage. » « Oui, c'est ce qu'il m'a dit. Merci. » Trop polie, même. Ça ne pouvait pas être une étiquette Sang-Pur, je voyais bien que ce n'était pas le type d'éducation qu'elle avait reçue. Non, elle essayait de mettre une certaine distance entre nous. Pour se protéger, peut-être ? Mais n'avait-elle pas compris que ce n'était pas de moi dont il fallait se protéger ? « Bon, très bien. Je vous souhaite une excellente soirée, Miss Nightshade. » « A vous aussi. » Ce n'était pas la peine d'insister, si elle ne voulait pas bavarder. Je ne voulais pas la mettre mal à l'aise plus qu'il ne fallait. Et puis, j'avais eu la confirmation qu'elle allait bien. « Et si jamais le psychomage n'est pas ce qui vous convient, n'hésitez pas aussi à me solliciter au Ministère, je me fais un plaisir d'aider les victimes, gratuitement il va s'en dire. Je suis Oubliator. » Elle posa un regard surpris sur nous, avant de nous sourire. C'est là que je la saluais de la tête, avant d'entraîner Karoline vers le buffet.

« C'est une élève de Poudlard. Ou plutôt une ancienne, si elle a eu ses ASPIC. » Répondis-je face à son air interrogateur. C'était d'ailleurs peut-être de là qu'elle connaissait Anthony. J'avais évoqué avec lui le sujet du dîner, mais j'espérais ne pas avoir réveillé son intérêt. Connaissant mon frère, mes espoirs étaient vains. Alors, je priais que cet intérêt disparaisse maintenant qu'elle parte à l'UMS, en désirant que mon autre frère, le plus jeune, quitte l'Université. « Que dirais-tu de boire quelque chose ? » J'entraînais ma cavalière vers le buffet, en attrapant deux coupes de champagne. Je lui en tendis une, avant de trinquer avec elle. « A toi, et que tu puisses aller mieux. » On passait de plus en plus de temps ensemble, mais je la savais inquiète. Même là, ses sourires sont forcés. Je la connaissais, je le savais. Elle venait de plus en plus chez moi, elle utilisait de plus en plus ma chambre d'amis. Elle ne voulait pas rester seule, elle avait besoin de soutien et de sécurité. J'étais ravi qu'elle sache qu'elle puisse compter sur moi, mais j'espérais tout de même qu'elle aille mieux un jour.

Après avoir trinqué et bu une gorgée avec elle, je vis dans la foule deux visages connus. James, et sa fille Joséphine. Karoline suivit mon regard, et son visage se ferma automatiquement. « Au vu de ton air, je suppose que vous n'avez pas parlé depuis mon anniversaire… » La relation n'était donc pas qu'ambigu du côté de James, mais aussi de mon amie. Cela se voyait. Elle ne pouvait plus avoir peur de la réaction de Calvin, alors qu'ils n'étaient plus ensemble. Non, elle lui en voulait personnellement. « Relève la tête, Karoline, prend ton air le plus digne et le plus indépendant. Nous allons les saluer. » Je lui souris. « Après tout, j'ai promis à sa fille de continuer mes efforts pour qu'on renoue. » Je tendis alors mon bras à ma cavalière pour qu'elle s'y accroche. Elle releva le menton, et effaça toute trace de tristesse dans ses yeux. Et, d'un pas sûr, nous nous dirigions vers les Davis.

« James, Joséphine, bonsoir. » Contrairement à elle, j'avais revu James après mon anniversaire. A tout hasard, bien sûr. J'étais dans l'Allée des Embrumes pour affaires, quand je l'aida à se sortir d'une situation délicate. La même soirée, il me sauva des mêmes personnes qui lui avaient chercher des Noises. Nous avions terminé la journée chez lui, à boire un verre, et commencé à mettre les choses à plat. « James, je ne te présente plus ma cavalière. Joséphine, voici Karoline Barjow… » … la femme dont je t'avais déjà parlée. Je me retins de dire cela, et à la place, je repris une gorgée de champagne, avant de me tourner vers mon vieil ami. « Comment te sens-tu, depuis la dernière Gazette ? » Tyler Winston, l'assassin de son père, était sorti de prison. De plus, il semblait avoir reprit ses esprits, alors que James avait réclamé le baiser du Détraqueur pour lui. Je me doutais qu'il n'avait pas accueilli ces nouvelles avec toute la joie du monde.

« Karoline, je vois que ta coupe est vide ? Donne-la moi, je vais aller te la remplir. » Sans lui laisser le choix, je repris galamment sa coupe, avant de me tourner vers Joséphine. « Je vois que tu n'as rien à boire, veux-tu m'accompagner chercher quelque chose ? » Je lui lançais un regard quelque peu… Insistant, dans l'espoir qu'elle comprenne où je veuille en venir et qu'elle me suive dans mon plan. Heureusement, elle accepta de me suivre. Je fis un mouvement de tête à Karoline et James, avant de les laisser, et d'accompagner Joséphine au buffet. « Que veux-tu boire ? » Je savais qu'elle était majeure, mais je ne savais pas si elle buvait de l'alcool. Heureusement qu'il y avait de tout… Je la laissais observer les boissons quand mon regard fut attiré par quelque chose, et je vis… Moi. Littéralement. Je fronçais les sourcils en me voyant avec la jeune Zia Nightshade. Cela ne pouvait qu'être Angelo. Autant je pouvais contrer la Legilimancie d'Anthony, autant je ne pouvais rien faire contre le don de Métamorphomage de mon plus jeune frère. « Je reviens dans un instant. N'hésite pas à te servir, je te rejoins tout de suite. » J'essayais de lui offrir un sourire rassurant, avant de me diriger vers la jeune Zia et… Moi.

Quand elle me vit me rapprocher, je vis son teint blêmir. Elle semblait avoir compris, mais ça ne m'empêcha de poser une main sur l'épaule de mon frère pour arrêter leur danse. « Angelo, arrête ton petit jeu et reprend ta véritable apparence. Immédiatement. » J'étais en colère contre lui. Il ne semblait rien apprendre. Le monde entier était son terrain de jeu, les personnes autour de lui étaient des camarades involontaires. Il jouait avec eux comme avec des marionnettes au gré de son envie. Je ne comprenais pas pourquoi il avait tenu à m'impliquer, et impliquer cette jeune fille, mais il fallait que ça s'arrête. « Ne joue pas à ça, à ce genre d'évènement. Montre ton intérêt pour la cause que nous soutenons. Ou… » Je posais un regard inquisiteur sur lui. Mais même ça, cela n'arrêta pas son sourire en coin insolent. « … ou je finirai par croire que tu n'en as rien à faire. Ce qui serait très suspect. » Le bar dans l'Allée des Embrumes, l'Université, l'hôpital… Et jamais mon frère ne semblait avoir montré le moindre remord. Je me tournais vers miss Nightshade. « Tout va bien, vous n'avez pas besoin d'aide ? » Elle n'avait certainement pas demandé à être dans cette situation, et peut-être qu'elle avait besoin de quelq… « Non, je vous remercie. » Oh. Je cachais ma surprise. Elle devait être à Gryffondor, pour afficher un tel courage. « … Bien. » Je lui fis un signe de tête, avant de jeter un regard entendu à mon frère. Pour lui signifier de prendre garde à ne pas recommencer. Mais il semblait n'en avoir rien faire.

Quand je tournais les talons, une phrase de Miss Nightshade monta à mes oreilles : « C'est le deuxième frère dont tu prends l'apparence pour m'emmerder, et il va vraiment falloir que tu m'expliques pourquoi. » Le deuxième… Qui pouvait être le premier ? Calvin ? Non, elle n'avait aucune connection avec lui. Anthony, peut-être ? Après tout, il était professeur à Poudlard. Je le cherchais du regard. Il dansait avec une Sang-Pur brune. Il fallait vraiment que je chercher à dénouer cette histoire, mais pour le moment… On m'attendait. Je me dépêchais de retourner au buffet, pour retrouver Joséphine. « Je te pris de m'excuser pour l'attente. » Je me resservis une coupe de champagne avant de lui sourire. Je ne savais pas ce qu'elle avait vu ou entendu, mais je ne voulais pas l'inquiéter. « Alors, comment s'est déroulée cette fin d'année ? » Elle m'avait confié en février qu'elle avait un peu de mal en potion, et ses lettres s'étaient raréfiées durant la période de révisions. « Est-ce que tu souhaiterai danser, pendant que ton père et Karoline discutent ? »
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I do whatever it takes
Cause I love the adrenaline in my veins

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Bal des FondateursRP groupe officiel⚸ Samedi 29 juin 2002 ⚸

Dès que j'ai entendu parlé de ce bal, j'ai pensé à y aller. Puis je me suis dit que c'était une idée farfelue, voir même assez stupide. Moi dans un bal ? Je ne sais même pas danser, je n'ai aucune jolie tenue, il paraît qu'il faut avoir de jolies robes pour ces événements. Toutes les photos que j'ai pu voir d'un bal ou d'une réception, les femmes sont incroyablement belles, dans des tissus incroyables. Elles ont des bijoux, de belles chaussures. Je n'ai rien de tout cela. Je ne sais même pas marcher avec ce genre de talon. Je n'ai aucune étoffe pour me présenter à un bal.

Et pourtant m'y voilà. Je regarde avec des yeux d'enfant les lieux. Tout est somptueux, horriblement gigantesque, grandiose. Je tourne ma tête vers Chen, un sourire radieux sur mes lèvres. Chen m'a invité au bal. Mon premier. Il a même fait l'effort de se mettre en costume. Chen il est simple, il n'en fait jamais trop pour ses vêtements, et j'adore les lui piquer même, ils sont confortables. Mais ce que j'adore plus que ça, c'est de porter cette belle robe, je suis faite pour porter des belles robes. C'est ce qu'il m'a dit. On est allé en choisir une, et je l'ai prise bleu comme la nuit, oui, comme la nuit ! Moi. Et j'en suis très fière. J'apprends petit à petit. Bon il est vrai que celle-ci brille, c'est comme si elle était couverte d'étoiles, c'est pour cela que je l'ai choisi. Je ne suis pas à l'aise sur les talons, mais je tiens le bras de Chen, alors je trouve mon équilibre. Il a essayé de me faire danser à l'appartement, mais on a enfin trouvé quelque chose pour laquelle je n'étais pas du tout douée, en tout cas, pas en quelques jours. Je n'ai jamais dansé de toute ma vie, je n'en avais aucune occasion. J'espère ne pas être ridicule ce soir. J'ai voulu laissé mes cheveux détaché, mais j'ai pris soin d'eux, je me suis fait aussi un maquillage, j'ai pris exemple dans une revue Sorcière Esthétic que Chen m'a ramené.

Je viens embrasser Chen sur la joue pour le remercier. Depuis quelques temps, avec Chen on s'embrasse même sur la bouche et pas seulement, c'est assez étrange. Notre relation a évolué, je ne savais pas que l'on pouvait être comme ça l'un pour l'autre, que je pouvais faire ce genre de chose avec lui. Des choses plutôt agréables. Je découvre de nouvelles sensations avec lui, et je n'ai pas peur. Je dirai même que c'est plaisant. Chen ça se voit qu'il a de l'expérience avec tout ça, mais je ne dis rien, il est vraiment adorable et patient avec moi, je ne m'y connais pas, je n'ai pas vraiment lu grand chose sur tout cela, je devrai peut-être demander des livres ? Est-ce que ça existe ? Je profite donc du moment, surtout que grâce à tout ça, je ne dors plus jamais seule maintenant. Tout à changer depuis que je dormais dans le froid de la cave. Réel.

Je suis tout de même très impressionnée et intimidée par tout ce monde, ces bruits, ces lumières, par tous ces sorcières et sorciers qui dansent, boivent et mangent. Il y a des rires, des sourires par dizaines, il y a des conversations sérieuses, très plus passionnées que d'autres. Je ne sais pas vraiment reconnaitre les disputes. Il y a des couples, des amis, des collègues, des affaires qui se décident, c'est tout un monde, tout une société, et cela fait maintenant plus de 20 ans que je n'ai jamais été dans cette société. J'ai tout à apprendre, et ici c'est un bon exercice. Chen est là pour me guider de toute façon, il m'apprend comment être, il est à l'écoute, il ne se moque jamais de moi et de ma naïveté, je crois que c'est comme cela qu'on dit.

J'ai toujours l'impression que cela se voit sur mon visage, que je suis la fille des deux mages noirs les plus cruels de ces cinq dernières décennies. C'est mon premier bain de foule depuis que je suis sortie pour la première fois de chez Chen, pour m'acheter ma baguette. Je ne me sens pas très à l'aise, alors je serre le bras de Chen, mais je continue de sourire, tout est merveilleux, je n'avais jamais vu une aussi grande résidence, le plafond est haut, les lustres sont immenses, je veux un lustre comme cela, qui m'éclaire toujours dans la pénombre. Chen serait d'accord ? Je lui demanderai, quand j'aurai l'argent de mes parents bien sûr, j'imagine que ça coute cher. Et puis il y a toutes ces odeurs, celles des petits fours, des boissons, des parfums. Je n'en connais pas la moitié, je ne suis pas habituée, j'ai été privée de beaucoup de choses, même si Chen a fait de son mieux pour diversifier mes repas, mes boissons quand il le pouvait. Tout se mélange en moi, c'est des milliers d'informations pour mon cerveau, mon cerveau qui n'a connu que l'odeur d'humidité et de renfermement de la cave, puis celle de l'appartement de Chen. Des odeurs limitées, familières pour me rassurer.

Il me tarde de commencer des études, cela sera pour la rentrée de septembre, pour que j'ai le temps de m'habituer à « l'extérieur », que je me familiarise avec le monde, les gens, les coutumes et pratiques. Je dois réguler ma magie, ne pas montrer combien j'ai de connaissance et de pouvoir. Je dois paraître normale, lambda et non pas l'héritière du sorcier noirs le plus dangereux de tous les temps. Dans cette réception il y a forcément des victimes de mon père, leur parent, leur enfant, leur ami ou proche. Réel.

Nous regardons un peu la foule, et Chen me fait la remarque d'un homme dans un coin de la réception. Je le regarde. « Oh Célène ! Téma, là-bas y a un mec thaï ! » Il pointe le concerné du doigt « Dingue, on se ressemble grave ! » Je le regarde attentivement, et plus je le regarde, plus je trouve que Chen a raison, ils se ressemblent beaucoup, c'est assez troublant pour tout dire. «  C'est vrai ! Il pourrait être ton père ! » Vraiment. Est-ce que ça pourrait être lui ? Son père l'a abandonné, que ferait-il là ? A Londres, dans une soirée mondaine, à rire, s'amuser ? Il ne pourrait pas faire ça à Chen. « Ouais... Il lui ressemble, ouais. Mais... Ben ça peut pas être lui ! Le mec a les yeux rouges ! Et mon daron, il avait pas les yeux rouges.» Je ne vois pas si bien que cela d'ici, mais c'est vrai, il a sans doute raison, je ne l'ai jamais connu, ou du moins, je n'avais pas l'âge pour me souvenir de lui. Chen sait mieux que moi. Je regarde Chen, un peu pensif et mon regard est attiré par autre chose, je vois quelqu'un passer avec des énormes cocktails sur un plateau en argent. « J'en veux un comme ça Chen ! Est-ce que je peux ?»

Comme il me dit oui, j'ose lâcher son bras pour aller vers le serveur et en récupérer un. Je fais un effort pour marcher avec les talons correctement, c'est la première fois que je les porte à « l'extérieur », j'ai essayé un peu à l'appartement, mais il faut encore un peu de pratique, d'ailleurs, alors que j'arrive près du serveur, ma cheville se tord légèrement, assez pour que je me penche un peu trop sur le côté et que mon épaule rencontre le bras d'une femme.

Je me sens honteuse. « Veuillez m'excuser, mes chaussures sont neuves.» Je n'ai pas l'air de l'avoir trop déstabilisé, je veux dire, elle est restée droite, et d'ailleurs j'ai un peu mal à l'épaule, j'espère que ce n'est pas le cas pour elle, je n'ai vraiment pas fait exprès. Nos regards se croisent, c'est une belle femme brune, de la même taille que moi, elle a l'air d'avoir beaucoup d'assurance, elle est accompagnée de son copain certainement, il est aussi beau qu'elle. Je finis par la quitter des yeux avant d'aller vers le plateau et de prendre deux cocktails. Quand je fais le chemin inverse pour revenir vers Chen, je regarde à nouveau la fille, elle me regarde toujours, alors je baisse les yeux, elle doit m'en vouloir, je suis vraiment trop maladroite. Mon cœur s'emballe, et si elle m'avait reconnu ? Et si elle savait ? J'avale ma salive et me concentre sur mes pas, pour ne pas tomber à nouveau. Je reviens vers Chen.

« Tu es sûr que je peux être ici ?»

Je le regarde avec des yeux suppliant.

« Je ne sais pas bien me comporter. Tous ces gens sont fait pour être ici, ils sont tous très à l'aise. Et moi je ne sais pas marcher avec des talons, j'ai bousculé une femme.»

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Célène Jedusor Black


«Il y a des présages partout
Faisons comme si nous n'avions pas peur»

KoalaVolant

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feat. Céléno Jedusor-Black et les invités du balLe bal des Fondateurs
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| Samedi 29 Juin 2002 |

Inviter Célène au bal, ça a été une évidence pour moi. Je n’aurais manqué cette occas’ pour rien au monde ! Déjà, un bal c’est une sorte de grande fête en plus classe et moi j’adore les fêtes. Puis mes deux parents sont de Sang-Pur alors j’y ai ma place, mine de rien. Et puis, en ce qui concerne Célène, il fallait qu’elle soit ma cavalière. Après tout, on sort ensemble depuis plusieurs mois maintenant ! ‘Fin, ça c’est bien ce qu’il me semble.

Techniquement je ne lui ai pas demandé clairement d’être ma petite amie mais ça me paraît logique. Autrement on ferait pas ce qu’on fait ensemble ces derniers temps. Pour moi c’est tellement logique que ça ne me vient même pas à l’esprit qu’on puisse être “sex friends” ou quoi. Y’a du concret derrière tout ça. J’éprouve une vraie affection envers elle et c’est réciproque. C’est pas que de l’amitié doublée d’attirance physique. Certains pourront dire que c’est parce qu’on a grandi ensemble et très proches et que je confonds mais j’suis sûr que non. J’ai grandi avec ma mère et j’ai été très proche d’elle pourtant je ne ressens pas ces choses envers elle. Pas que le fait de me taper ma mère soit une option, soyons bien d’accord…

J’ai pensé au fait que ça pourrait être mal vu que je m’affiche fièrement avec ma sœur adoptive à mon bras mais, honnêtement, ça ne m’a pas longtemps traîné dans l’esprit. Déjà, personne au bal ne saurait que Célène et moi avons ce genre de relation et puis, même si ça avait été le cas, je n'aurais pas fait grand cas de ce fait. Le cœur a ses raisons que la raison ignore et si le mien a choisi Célène je n’y peux rien. Je l’ai déjà dit mais c’est pas que de l’attirance physique, il y a quelque chose de plus profond et j’arrive pas à faire style de rien. J’essaie même pas parce que je me connais : j’écoute toujours mon cœur. Célène et moi on partage pas le même ADN, peut-être que mon subconscient ne l’oublie pas et a fait de Célène, à mes yeux, une femme comme une autre qui ne serait pas de ma famille.

‘Fin, inutile de me casser la tête. Ce soir il s’agit de profiter. Célène et moi c’est sûr qu’on sort plus maintenant, depuis sa première sortie, mais l’occasion de l’emmener en date ne me lasse jamais. Je considère ce soir comme l’un d’eux, en quelque sorte. On arrive un peu en retard, je le devine parce que j’entends des gens parler d’une danse qui a ouvert le bal quand Célène et moi on arrive. Mais c’est pas très grave : mieux vaut arriver tard que jamais ! J’avoue que c’est de ma faute si on a pris plus de temps que prévu ; quand j’ai vu Célène dans sa tenue et toute maquillée, j’ai pas pu m’empêcher de l’attirer à moi pour l’embrasser. Je suis pas allé très loin dans le délire mais j’ai pas pu retenir mes mains un peu baladeuses et j’ai mis assez de passion dans mon baiser pour que, lorsque je la lâche, on soit un tout petit peu débraillés tous les deux. Du coup, on a dû s’arranger rapidement et on a pu se mettre en route. Si c’était une simple fête et pas un bal, je garanti pas que j’aurais pas changé de plan de dernière minute histoire de garder Célène que pour moi toute la soirée.

En tout cas, quand on arrive enfin, Célène et moi on est comme des gosses. Je suis tout enthousiaste et je devine dans son regard qu’elle est émerveillée. Je trouve que, parmi les femmes du bal, Célène a parfaitement sa place. Cet univers n’est pas le sien — et j’en suis plutôt content — mais elle réussit à se fondre dans le décor. Elle est si jolie ! Pour ma part, j’ai fait l’effort de bien m’habiller également et de me coiffer avec soin. J’ai choisi un costume rose clair, l’un de mes préférés parmi ceux que je possède tout simplement parce qu’il est de ceux que mon père a laissé en s’en allant. Longtemps, son odeur s’est accrochée au tissu mais, aujourd’hui, elle a disparu. Enfin, pour ce qui est de mes cheveux, j’ai essayé de m’arranger pour qu’ils ne fassent pas trop décoiffés et négligés sans non plus mettre une tonne de laque, j’aime pas trop ça. J’ai également ajouté des mèches blanches parce que j’ai trouvé ça quand même franchement stylé. En matière de bijoux, je me suis contenté d’une boucle d’oreille et d’un collier en chaîne argentée.

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Je me dis que, finalement, Célène a l’air plus à sa place ici que moi, physiquement. Sa robe couleur nuit est plus discrète et elle est apprêtée avec soin. Qu’importe qu’elle aie du mal avec les talons, elle ne fait pas du tout tâche. Et puis, elle ne s’accroche que plus fermement à mon bras comme ça alors, moi, ça me convient parfaitement.

Alors qu’on progresse dans la salle de bal, aussi impressionné l’un que l’autre, mon regard balaie la foule et tombe sur deux hommes qui discutent. J’ai assez dragué de mecs en soirée pour deviner, par leur langage corporel et les expressions sur leurs visages, qu’il y’a un jeu de séduction qui se joue là-dessous. Je me demande s’ils viennent de se rencontrer où s’ils sont venus ici en date, un peu comme Célène et moi. Le mariage gay a été légalisé encore très récemment dans le monde sorcier alors ça me fait toujours sourire de voir des couples homosexuels qui s’affichent sans crainte, surtout dans ce genre de soirée.

D’abord, c’est donc ça qui attire mon regard. Le fait que deux hommes se fassent la cour librement au sein d’un bal assez prestigieux. Puis je fais plus attention aux hommes en question et quelque chose me saute aux yeux ; l’un d’entre eux fait très asiatique. J’irais même plus loin et je mettrais ma main à couper qu’il a au moins des origines de Thaïlande. Dingue ! On ne rencontre pas tous les jours des thaïlandais à Londres ! Quel hasard ! Ça me touche si bien que je ne peux m’empêcher de le faire remarquer à Célène.

Oh Célène ! Téma, là-bas y a un mec thaï !

Je sautille un peu sur place en pointant le concerné du doigt. Maman m’aurait repris, elle m’aurait rappelé que ça n’est pas beau de pointer les autres doigts. “Lorsque tu pointes quelqu’un d’un doigt, trois autres pointent vers toi”, qu’elle dit. Mais je crois que ça, ça veut plutôt dire qu’il ne faut pas souligner les défauts des gens ou un truc du style. Je crois que je m’emmêle les baguettes.

Dingue, on se ressemble grave !

J’ajoute au sujet de l’autre asiatique parce que c’est surtout ça qui m’a fait penser qu’il doit être thaïlandais. Il me ressemble trop. Ou, plutôt, je lui ressemble, puisqu’il doit être plus âgé que moi. Et j’ai le droit de dire qu’on se ressemble grave parce que j’suis asiat’ aussi alors c’est pas raciste. Puis on se ressemble mais je ne nous confondrai pas devant un miroir non plus.

«  C'est vrai ! Il pourrait être ton père ! »

Je mentirais si j’affirmais que l’idée ne m’a pas traversé l’esprit… Mais non. Ça ne peut pas être lui. C’est impossible. Pour la simple raison que je refuse d’accepter qu’il soit possible que mon père nous aie abandonné comme ça et que, finalement, il soit à Londres et qu’il s’éclate comme si de rien n’était. Ça briserait l’image élogieuse que j’essaie de garder de lui en me convaincant qu’il est parti pour une bonne raison. Ça voudrait dire que mon père est un enfoiré et je n’ai pas envie de penser ça. Vous n’avez pas idée d’à quel point m’accrocher à l’idée qu’il nous aie abandonné, maman et moi, pour une bonne raison qui nous échappe, est important. Je pourrais affreusement mal vivre d’apprendre que mon père n’est qu’un connard, en fin de compte.

Ouais... Il lui ressemble, ouais. Mais...

Ça peut pas être lui. Ça peut pas être lui. Je me le répète, pourtant incapable de trouver une justification à donner à Célène autre que “c’est pas possible, c’est tout.”. Je suis presque soulagé lorsque mes yeux captent un détail qui m’a échappé jusque-là. L’homme en question a les yeux rouges… Mon père n’a pas les yeux rouges ! Pas dans mes souvenirs, pas comme le décrit maman, pas sur les photos que je garde de lui. Il a les yeux d’un noir profond. Noirs, pas rouges !

Ben ça peut pas être lui ! Le mec a les yeux rouges ! Et mon daron, il avait pas les yeux rouges.

Je suis presque fier d’avoir trouvé quelque chose pour confirmer que cet homme ne peut pas être mon père. C’est stupide, je sais, on pourrait suggérer que l’homme porte des lentilles ou un truc du style mais je ne m’arrête pas sur ça : j’ai ma preuve qu’il n’est pas mon père, qu’importe ce qu’elle vaut, et je vais m’en contenter.

« J'en veux un comme ça Chen ! Est-ce que je peux ?»

Heureusement, Célène ne s’attarde pas là-dessus non plus et nous ramène sur un autre sujet. Elle semble réclamer une boisson et je ris doucement en la voyant me demander la permission de la sorte. C’est une grande fille après tout, je ne suis personne pour lui refuser une boisson, mais c’est trop mignon qu’elle demande et qu’elle compte sur moi comme ça alors je me contente de lui donner mon “autorisation”, un sourire aux lèvres.

Va-y. Prend moi un verre aussi, ok ?

Célène me lâche le bras pour aller chercher son verre, l’air plutôt confiante. J’aime autant qu’elle se colle à moi que les moments où elle se détache pour faire les choses d’elle-même. Célène, elle est comme un oiseau qui apprend à voler, on aime bien l’avoir au creux de ses mains mais on est heureux quand il parvient à battre des ailes. Longtemps, j’ai eu un peu peur qu’un jour elle s’envole et qu'elle ne revienne plus à moi mais aujourd’hui on sort ensemble alors, même si elle devient indépendante, on pourra continuer à vivre tous les deux.

Le temps que Célène revienne, je continue à observer le décor et les invités. Je reconnais Esteban Nightshade parmi eux, entre autres, et ça me fait sourire. Il est accompagné d’une jolie blonde, sûrement sa meuf. J’suis vraiment content pour lui !

Après ça, je l’avoue, mon regard se pose longuement sur cet homme qui ressemble à mon père. Je ne suis pas sûr de chercher plus de détails qui prouveraient qu’il n’est pas lui ou de chercher un détail, au contraire, qui me prouverait que je l’ai retrouvé. Parce que, mine de rien, j’aimerai le retrouver. Peut-être pas en train de s’amuser comme si maman et moi n’avions jamais existé mais… Tout de même.

« Tu es sûr que je peux être ici ?»

Heureusement, Célène ne disparaît pas indéfiniment, elle. Elle revient avec moins d’assurance que lors de son départ et vient s’accrocher à nouveau à moi, le regard inquiet. Je me demande si quelque chose s’est passé ou si elle est en train de trop réfléchir, comme ça lui arrive.

Évidemment. Pourquoi tu ne pourrais pas ?

J’ai quelques idées des choses qui pourraient lui faire penser cela, à force je connais un peu son esprit quand même, mais je demande tout de même pour lui permettre de s’exprimer et de m’expliquer ce qui la tracasse. Je ne pourrais que mieux la rassurer, comme ça.

« Je ne sais pas bien me comporter. Tous ces gens sont fait pour être ici, ils sont tous très à l'aise. Et moi je ne sais pas marcher avec des talons, j'ai bousculé une femme.»
Célène…

Je me tourne pour lui faire complètement face et vient glisser une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Je comprends le fait qu’elle craint de ne pas être à sa place ici dans une moindre mesure, comme elle me l’explique. J’ai jamais vraiment l’impression d’être à ma place parmi les gens de Sang-Pur et les nobles alors que j’en suis un. Mais moi, contrairement à Célène, je m’en fiche.

Tu es parfaitement légitime d’être ici. T’es magnifique, à couper le souffle, plus belle que toutes les autres, ici. On est tous un peu serrés ici, c’est pas si grave de bousculer une personne ! Et, sincèrement, tu sais mieux te comporter que moi, même. Puis, je vais te confier un secret…

J’adresse un sourire complice à Célène, celui-là qui veut dire “attention je vais sortir une connerie”, avant de me pencher pour venir lui murmurer à l’oreille.

... Je ne sais pas non plus marcher avec des talons.

Je ris doucement malgré moi alors que je me redresse.

Allez. On s’en fiche des autres ! Je t’ai invitée parce que j’ai envie d’être ici, ce soir, avec toi. Alors tu n’as qu’à te concentrer sur le fait de profiter de la soirée avec moi ! De toute manière, les gens s’en fichent de nous, ils sont tous en train de profiter de leur soirée aussi.

Je pose mes mains sur les joues de Célène et affiche un sourire très chaleureux. Finalement, les autres, on s’en fout, non ? Puis c’est vrai, ils ne doivent pas nous accorder beaucoup d’importance. Pourquoi leur en donner, à eux ?

Viens, on va se prendre à grailler et on va se cacher ensemble, si tu veux. On a qu’à aller dans le jardin !

Je ne suis pas sûr que ce soit autorisé mais j’m’en fiche. Comme je l’ai dit, personne ne fait attention à nous alors personne ne nous arrêtera ! On restera cachés derrières les buissons… Le plan parfait, non ?

Et on revient quand t’as envie, d’accord ? Allez, ça va être fun !

Et puis je pourrais l’embrasser, encore. Comme j’en ai envie. Parce que je peux ici aussi mais avec un minimum de retenue tout de même. Allez, je promet que je ferais attention à ne pas nous décoiffer, cette fois !
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Dernière édition par Chen Sanguandikul le Dim 30 Juin - 17:53, édité 1 fois

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Le bal des FondateursSamedi 29 juin 2002
« Comme vous devez le savoir, c'est aujourd'hui que se tient le premier bal organisé par le Conseil des Fondateurs ! Ça se passe dans le manoir du maire Lloyd, qui a accepté de prêter sa demeure pour cet évènement. »
Non Angelo ne le savait pas. Tellement d’événements s’étaient passés ces derniers mois. Il semblait avoir loupé toutes les informations concernant ces Fondateurs. Ou du moins en avait vaguement entendu parler. Il avait bien envisagé de se pointer lorsque l’appel avait été lancé, il aurait pris la forme d’Andrew et se serait amusé à salir son nom et sa réputation d’avocat respectable. Malheureusement, il avait eu bien d’autres chats à fouetter et l’occasion lui était passée sous le nez. Mais à présent, qu’est-ce qui le retenait de se pointer à ce bal de charité à cause de l’attentat qu’il avait lui-même perpétré ? Absolument rien. Enfin peut-être un costume plus raffiné que ceux qu’il possédait. Andrew était un tantinet tatillon avec ses costards…

Il réajusta sa cravate avant de s’élancer dans le manoir des Lloyd. Quel charmant endroit ! Angelo pensait sérieusement à investir dans une demeure comme celle-ci, bien que chez Anthony ce n’était pas si mal. Il salua plusieurs personnes en serrant les fesses pour imiter l’air coincé de son frère ainé. Tout le monde lui souriait et sans doute souriait-il trop lui aussi. Andrew avait toujours la tête de quelqu’un qui n’avait pas réussi à aller à la selle. Ses attitudes étaient si éloignées des siennes qu’il avait bien du mal à rentrer dans le personnage. Sans parler parfaitement coiffés, aucun poil ne s’échappait sur ses tempes. Qu’est-ce qu’il pouvait être ennuyeux ! Même ses connaissances l’étaient, elles ne faisaient que le saluer poliment sans s’attarder davantage. Si Angelo avait conservé son apparence, peu de sourire lui aurait été adressé !

Une coupe à la main, il évitait son cher frère pour ne pas se faire prendre. C’était une distraction amusante, un petit jeu pour occuper la soirée. Malheureusement, il n’avait pas su trouver une cavalière digne de Karoline Barjow. Anthony aurait sans doute refusé le rôle, la perruque aurait été de trop. Il observait les têtes, tous ces sorciers riches qui se pavanaient avec leur belle toilette. Ils profitaient du bal pour dépenser leur argent dans un hôpital qui soignait des créatures dangereuses et impures. Un frisson de dégoût lui parcourut l’échine et il se dandina sur place l’espace d’un instant. « Alors, Maitre Scott, vous ne m’invitez pas à danser ? » Il baissa la tête pour se retrouver nez à nez avec une vieille à la voix criarde. Qu’est-ce qu’elle voulait celle-là ? Et c’était qui d’abord ? Une cliente pue du bec à ce cher Andrew ? Le pauvre, il n’était pas gâté… Cela expliquait assurément sa mine renfrognée et sa vie sexuelle si pauvre. Ou bien une folle qui s’inventait une vie. Tour à fait plausible. « Mais je me ferais une joie, Madame. » Il lui tendit un bras pour la guider sur la piste de danse alors qu’elle posa l’une de ses mains sur son épaule et l’autre dans sa main gauche, l’air toute guillerette. La danse se poursuivit et il ne s’en sortit pas si mal. Sans doute moins élégamment que son ainé mais plus vigoureux. Il passa une main sur les fesses de la vieille qui lui fit les gros yeux. C’était la fin de la danse. « En espérant vous revoir très bientôt. Mes salutations. » Et il s’éloigna sans demander son reste.

Puis il aperçut Anthony, et Alice un peu plus loin. La famille était presque au complet. Si bien sûr on éliminait Calvin, ce qui ne serait pas une grosse perte, et notre sœur disparue Ayana. Son regard fut attiré par une robe noire accompagnée d’une chevelure bouclée. Zia Nightshade. Elle dansait avec… William Prewett ? Eurk ! N’avait-elle pas de plus hauts standards ? Animagus ok mais ça ne faisait pas tout. Surtout avec cette tignasse blonde qu’il avait sur la tête. Alice entra en jeu à ce moment-là, comme si elle avait lu dans mon esprit, elle s’empara de William et laissa Zia sur la piste, livrée à elle-même. Sa sœur avait toujours eu des goûts plus que douteux pour les hommes, il n’y avait qu’à regarder son cavalier de ce soir pour en avoir la confirmation. Quant à William, elle les prenait au berceau. Angelo se faufila sur la piste et toucha comme un gentlemen le bras de la jeune femme en lui faisant un signe pour l’inviter à danser. « Miss Nightshade, me feriez-vous l’honneur ? » Elle accepta sans difficulté et se laissa guider par le corps d’Andrew.

Les premières notes flottèrent alors que les deux partenaires demeurèrent silencieux. C’était assez étrange, cette façon qu’elle avait de serrer poliment sa main, de lui sourire avec gratitude. C’en était presque plaisant, qu’il voulut se retenir d’ouvrir la bouche pour se trahir. « William Prewett est un bon cavalier ? » Il ne tint pas sa résolution longtemps. Après tout, il était assez curieux de ce choix, et quelque chose le poussait à vouloir obtenir des réponses. « Vous êtes absolument resplendissante ce soir. » Son sourire en coin apparut sur le visage d’habitude si sérieux d’Andrew et il sentit que la jeune femme l’avait presque démasqué. Malheureusement, ils furent interrompus bien trop tôt. « Angelo, arrête ton petit jeu et reprend ta véritable apparence. Immédiatement. » Le rabat-joie avait décidé de rappliquer. « Ne joue pas à ça, à ce genre d'évènement. Montre ton intérêt pour la cause que nous soutenons. Ou… » Angelo leva un sourcil, il reprit son apparence, les yeux plongeaient dans ceux de son frère, contrarié. Il attendit que son ainé finisse sa phrase en laissant un sourire en coin s’installait sur ses lèvres. « … ou je finirai par croire que tu n'en as rien à faire. Ce qui serait très suspect. »

Il y avait bien longtemps que le regard dur d’Andrew ne l’impressionnait plus. Encore moins ses aprioris. « Je suis venu soutenir la cause frère. Je me disais seulement que ta présence sur la piste de danse auprès des jeunes victimes telles que Zia serait fort apprécié par l’audience. Plutôt que faire tapisserie avec… » Il laissa sa phrase en suspens en regardant par-dessus son épaule. N’était-ce pas la fifille de James ? Andrew comprit et ne releva pas, il préféra se tourner vers sa cavalière. « Tout va bien, vous n'avez pas besoin d'aide ? » « Non, je vous remercie. » « … Bien. » La jeune femme avait un air farouche, et comme à son habitude elle n’était pas du genre à se défiler et à demander soutien. Andrew s’éloigna enfin et il se retrouva de nouveau en tête à tête avec Zia. « C'est le deuxième frère dont tu prends l'apparence pour m'emmerder, et il va vraiment falloir que tu m'expliques pourquoi. » C’était certainement plus fun de prendre l’apparence d’Anthony et de faire cours sur les runes dont il n’avait absolument aucune compétence. Il fallait bien s’amuser un peu ! « Ne me dit pas que tu n’es pas enchanté de me découvrit à la place de mes frères ? » Il reposa sa main sur la hanche de la jeune femme pour continuer la danse même si elle ne semblait pas partante. « Tous les regards sont braqués sur nous » Lui rappela-t-il et elle se radoucit en suivant ses pas.

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Angelo la fit tournoyer avant de l’enserrer de nouveau dans ses bras. Leurs mains se rejoignirent et ils tournèrent ensemble, leurs regards accrochaient l’un à l’autre. Zia semblait à présent totalement entrée dans la danse, ne se souciant plus avec qui elle la partageait. Même Angelo paraissait avoir oublié l’objectif de sa venue. Cette musique était envoutante, elle occultait tous les danseurs autour et les bruits de bavardage. Il n’y avait plus qu’eux, un costume foncé et une robe noire qui tournoyaient ensemble. Leurs bras se tendirent et Zia s’enroula à l’intérieur pour venir reposer son dos contre le torse du demi-dieu. Cela lui coupa le souffle quelques secondes avant qu’elle ne se replace en face de lui, il la souleva même en enserrant de ses mains sa taille alors qu’elle s’élevait en posant les siennes sur les épaules de son cavalier. La musique s’arrêta d’un seul coup et Angelo s’en retrouva désorienté. Néanmoins, il ne lâcha pas la main de sa cavalière à qui il déposa un baiser sur le dos, sans quitter son regard un seul instant. Puis le bruit revint les entourer et briser la bulle qui s’était créée le temps d’une chanson.

« Ton cavalier officiel semble s’être volatilisé. Puis-je t’offrir un verre ? » Il n’y avait pas de blague après ça, ni un regard lubrique. C’était assez étonnant de se comporter presque normalement. Plus il s’éloignait de ses années à Azkaban, plus il semblait se fondre dans la masse. Le demi-dieu rejoignit le bar où Andrew siégeait encore, avec la jeune adolescente. Tout d’un coup, tous ses sens se détraquèrent à la vue de son frère et il en oublia pratiquement Zia qui l’attendait sur un côté de la piste de danse. Il attrapa la main de … Quel était son nom déjà ? Peu importe. La fifille de James il pouvait l’appeler ou le plan sexe d’Andrew aussi. « Mi lady. » Il lui baisa le dos de la main en la contemplant des pieds à la tête. « Presque aussi belle que cette chère Karoline Barjow ! N'est-ce pas Andrew...» Il jeta un regard vers son frère pour le narguer.
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"I prepare for the noble war. I'm calm, I know the secret. I know whats coming and I know no one can stop me not even myself."

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Le bal des FondateursSamedi 29 juin 2002
La tremblote me prit lorsque nous franchîmes, Papa et moi, la grande porte du manoir des Lloyd. Il y avait énormément de monde. Des robes à volants et des nœuds cravates de tous côtés. J’avais réussi à dénicher une vieille robe blanche de maman. Mon père n’avait pas vraiment approuvé, contrariée que j’eusse gardé quelques affaires de son ex-épouse mais la robe me semblait plus appropriée pour l’occasion que celles que j’avais dans ma penderie. Je craignais de ne passer pour une mariée, aussi j’avais ajouté un nœud noir dans mes cheveux coiffés en demi-queue de cheval. Et à présent je tenais serré le bras de mon père qui avait revêtu un costume sobre.

Robe de Joséphine :


C’était étonnant d’être ici, à un bal où des familles riches se réunissaient pour collecter des fonds à la suite de l’attentat de l’hôpital. Pas que la cause n’était pas honorable mais cette histoire de familles fondatrices me laissait perplexe. Encore plus lorsque Papa me suggéra d’y aller. Et cela malgré la libération de Tyler Winston, l’assassin de mon grand-père. Il avait lu la nouvelle dans la gazette, avec un silence douloureux. « James, Joséphine, bonsoir. » Je n’avais pas vu Andrew se diriger vers nous, mon sourire s’agrandit à sa présence. Il était élégant dans son costume, comme la majorité du temps. Néanmoins, il était celui qui le portait avec le plus d’élégance. « James, je ne te présente plus ma cavalière. Joséphine, voici Karoline Barjow… » Mes yeux découvrirent avec surprise la présence de la jeune femme à ses côtés. Je n’avais pas remarqué sa présence jusqu’alors, pourtant il était difficile ne pas la voir, elle était resplendissante. Une chevelure dorée et un sourire enjôleur, comme sur la photo qui trônait dans le salon d’Andrew. « Bonsoir, ravie de vous rencontrer. Votre robe est absolument ravissante ! » Ne pus-je m’empêcher d’ajouter. Après tout, elle méritait tous les compliments, comme je l’avais pensé la première fois que je l’avais vu sur la photo, c’était sans doute la plus belle femme que je n’avais jamais vue. Cela s’expliquait sûrement par le fait qu’elle était au bras d’Andrew, tous les deux formaient un couple charismatique.

« Comment te sens-tu, depuis la dernière Gazette ? » Le cours de mes pensées s’arrêta à la question de l’avocat. Ses relations avec mon père avaient évolué ces dernières semaines. Papa acceptait enfin d’avoir une discussion cordiale avec Andrew. Ce n’était pas l’amour fou mais c’était un début, un changement que j’étais bien heureuse de constater. « Karoline, je vois que ta coupe est vide ? Donne-la moi, je vais aller te la remplir. Je vois que tu n'as rien à boire, veux-tu m'accompagner chercher quelque chose ? » J’acquiesçais en comprenant son ton pressant. Il voulait laisser mon père et Karoline en tête à tête. Pour quelle raison ? Je l’ignorais mais Andrew était prêt à passer ce temps avec moi en échange, et ça, ça me convenait très bien. « Que veux-tu boire ? » Je n’avais jamais été une grande fan d’alcool, mais si je prenais un boisson sans, j’allais passer pour la petite adolescente qui avait accompagnait son père. Et ça, ça me dérangeait. « Une vod… » « Je reviens dans un instant. N'hésite pas à te servir, je te rejoins tout de suite. » Ok… Je le suivis du regard, pourquoi allait-il parler à Zia ? Et pourquoi n’était-elle pas avec Billy ? Non il s’agissait…D’un deuxième Andrew. Normal. « Finalement, une coupe de champagne sera plus raisonnable. » Murmurais-je à moi-même.

J’avais essayé de ne pas trop penser à la présence de mon meilleur ami ici. Enfin, mon ex-meilleur ami, aussi puérile que cela pouvait sonner. Néanmoins, c’était la stricte vérité. Billy m’avait tourné le dos, il était devenu distant et virulent et j’en ignorais la cause. « Je te pris de m'excuser pour l'attente. » Andrew me sortit de mes pensées. Je m’apprêtais à lui poser des questions au sujet de son clone mais il ne me laissa pas reprendre ma respiration. « Alors, comment s'est déroulée cette fin d'année ? » Je me tournais en direction de la piste de danse pour observer les personnes présentes. « Plutôt intense mais j’ai de quoi passer dans la classe supérieure alors ça pourrait être pire. » Dis-je sur ton sarcastique. Son regard me brûla la tempe et je m’empressais d’ajouter. « Je n’ai pas très envie de parler de mes études ce soir. » Je levais mon verre dans sa direction et but une gorgée pour ravaler ma déception. Ce n’était pas que Billy, ni mon travail acharné en potions, non quelque chose se creusait en moi, une émotion dont je n’arrivais pas à mettre de nom dessus. Mon regard balaya la salle et j’aperçus de nouveau Papa et la cavalière d’Andrew. L’émotion se manifesta de plus belle. « Est-ce que tu souhaiterais danser, pendant que ton père et Karoline discutent ? » Peut-être avait-il suivi mon regard, ou simplement voulait-il me trouver une occupation pendant que les adultes discutaient. J’ignorais d’où me venait cette colère, je n’avais aucune envie de la déverser sur Andrew, c’était totalement injustifiée et débile. « Mi lady. » Je sursautais alors qu’un sorcier m’avait attrapé la main. Il rapprocha ses lèvres de celle-ci et je retins un son de dégout de sortir de ma bouche. Mais qui était encore ce fou ? « Presque aussi belle que cette chère Karoline Barjow ! N’est-ce pas Andrew…» Pardon ?

Mes yeux croisèrent ceux de l’inconnu et quelque chose me revint. N’était-ce pas là le frère d’Andrew ? J’avais aperçu sa photo quelque part, et malgré son regard fou, il y avait quelque chose qui me rappelait l’ami de mon père. Je retirais ma main de sa prise en comprenant à qui j’avais à faire. Angelo Scott. Alias celui qu’il fallait à tout prix éviter d’après Andrew. A peine deux secondes que j’avais fait sa rencontre que déjà je comprenais pourquoi. « Je suis Joséphine Davis. » Manifestement, il ne connaissait pas mon nom et se permettait de me comparer à la cavalière de son frère ainé. Comme si j’avais besoin de ça !

« Ma cavalière m’attend mais je suis tout disposé pour une danse. » Angelo se saisit de mon bras pour m’attirer sur la piste de danse. Je repensais à la phrase de celui-ci et à l’implication d’Andrew. Etais-je moins jolie que Karoline, était-ce un plan qu’il avait mis en place pour m’éloigner ? Non, cela ne ressemblait absolument pas à Andrew et pourtant mon esprit ne pouvait pas arrêter d’y penser. Pourquoi ce regard complice ? J’essayais d’extirper mon bras de la prise d’Angelo, la tête complètement en vrac.
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«J'en ai tellement marre d'entendre que le seul objectif d'une femme est de trouver l'amour. Mais je me sens tellement seule.» Jo March.

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Le bal des fondateurs

Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre. -- Marc Aurèle



... J'aimerais te revoir, je n’ai pas énormément de temps libre ce trimestre mais je compte me rendre au bal des fondateurs ce week-end. Voudrais-tu m’y accompagner ? Fais moi part de ta réponse dans les plus brefs délais.
Cordialement.

Sierra Fern.


Frost replie le parchemin distraitement et le range dans le tiroir de son bureau. Sierra Fern… il n’a pas parlé à cette fille depuis 6 ans et voilà qu'elle l’invite à un bal. Leur relation date d’une autre époque, d’une autre vie, qu'est-ce qu’ils pourraient bien avoir à se dire ? Ce n’est pas comme si ils étaient les meilleurs amis du monde, Sierra lui tapait sur le système la majorité du temps et ils passaient le reste à se battre ou à s'insulter. Alors pourquoi reprendre contact avec lui ? Étant donné le caractère opportuniste de la jeune fille, il doute fortement que sa proposition soit désintéressée. Néanmoins, après sa récente émancipation, Frost serait idiot de passer à côté d'une telle opportunité. Il avait prévu de se rendre à ce bal avec son oncle de toute façon, dans le but de redorer l’image de sa famille, que ce soit seul ou accompagné de Sierra, ça ne changera pas grand chose au final. Par conséquent, après une courte délibération, le jeune homme entreprend de lui répondre, sous le regard attentif de Corvus. Le Scottish Fold miaule et devant le désintérêt de son maître, réitère sa plainte un peu plus fort.

Quoi ?

-Meooooow…

-Oui je sais, je ne devrais pas accepter mais nous avons besoin d’alliés et aussi désagréable que soit cette idée, l'allégeance des Ferns nous serait utile… déclare Frost en se laissant lourdement tomber contre le dossier de son fauteuil.

-Meow…

-Si tu veux continuer à vivre dans le luxe et l'opulence, accepte les contreparties…

Corvus râle une dernière fois avant de sauter sur le sol et disparaître sous le lit. Le cadet des Rosiers soupir, cette soirée s'annonce éprouvante. Peut-être que Akutenshi accepterait de l’y accompagner, après tout lui aussi cherche à bâtir son propre empire. Le lycéen termine l’écriture de sa lettre en vitesse et la confie à Éros, son nouvel hibou, anciennement celui de Badger. L’oiseau, autrefois négligé, arbore désormais un plumage ébène impeccable. Frost l’observe s'éloigner dans le ciel le regard vide. Malgré tous ses efforts, il reste l’enfant d’Alabaster Rosier et à ce titre, gagner la confiance d’autres sorciers sera extrêmement difficile…


29 Juin 2002

Oh vraiment ?

Ambrose ricane en avisant le costume hors de prix que porte son neveu. Il ne comprendra jamais ce désir d'être toujours impeccable, montrer qu’on a des gallions fait partie du jeu c’est certain mais lui ne pourrait pas s’abaisser à s’habiller comme un pingouin. Heureusement que Frost s’en occupe à sa place. Le jeune homme hausse les épaules en boutonnant ses manchettes, ce que son oncle pense de sa tenue l’indiffère prodigieusement. Il jette un coup d'oeil à ses cheveux dans le miroir accroché au mur du salon, il réajuste le col de sa veste et avale la dernière gorgée de son verre de whisky posée sur la table basse.

La mode est un langage qui se crée dans des vêtements pour interpréter la réalité, cite le brun. Ça vient d'un moldu… Je ne sais plus lequel exactement… Toujours est-il que dans ce monde, l’apparence est indispensable, si je veux fédérer des familles de sang-pur, je dois montrer que j’ai l'étoffe de représenter les Rosiers.

-Je te laisse le plaisir de manipuler tout ce beau monde, ça me colle la migraine rien que d'y penser…

Malgré sa désapprobation, Ambrose a tout de même fait l’effort de mettre une chemise et un pantalon noir.

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Son charisme naturel rend le tout suffisamment élégant pour ne pas jurer avec l’image que son neveu tente de refléter. Bâtir une nouvelle branche de la famille Rosier serait impossible sans un minimum de classe. Frost repose son verre vide et jette un coup d'œil à sa montre.

Toujours aussi ponctuelle… grince-t-il.

-Si je me souviens bien, cette fille est une vraie peste non ? Pourquoi tu l’as invitée à t’accompagner ? Demande le fermier.

-Je ne l’ai pas invitée, c’est elle qui m’a proposé qu’on y aille ensemble, sa famille a du fric et de l’influence, ce serait idiot de passer à coté d’une opportunité pareille !

Ambrose fronce les sourcils, les arguments du jeune homme ne le convainquent pas mais il s’abstient de faire un commentaire. Corvus apparaît de nul part et s’assoit sur le bar à côté du quarantenaire. Fidèle à son amour pour les animaux, il attrape le scottish fold et le gratouille derrière les oreilles. D’abord réticent, celui-ci finit par abdiquer et s'étale sur ses genoux en ronronnant.

Tu devrais lui mettre un collier…

-À Sierra ou au chat ? Taquine Frost.”

Le fermier secoue la tête en ricanant, à vrai dire, la remarque est assez justifiée.

On frappe à la porte. Le plus jeune des deux hommes ouvre à la jolie blonde sur le palier et prend une seconde pour détailler sa tenue.

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S’il ne la connaissait pas aussi bien, il aurait pu la trouver attirante.

Tu es en retard… Accuse-t-il.

-Je ne suis jamais en retard, ce sont les autres qui sont en avance, ronronne son invitée en entrant dans l'appartement. Bonsoir Ambrose, ça fait longtemps… Tu n’as pas changé d’un poil, toujours paumé au fin fond de la campagne avec tes boursoufs et tes veracrasses ?

-Toi non plus à ce que je vois, grince le susnommé. Ta sympathie me va droit au coeur. Tu t'es trouvé une intégrité depuis tout ce temps ?

Frost ricane à son tour. La répartie de son oncle est délicieuse. Sierra lui adresse son sourire le plus enjôleur. Elle aime les gens qui ne se laissent pas faire.

Toi en revanche, tu n’es plus aussi gringalet que dans mon souvenir, tu as fini par te mettre au sport ? Enchérit la jeune femme une main posée sur le biceps de son cavalier.

-Ne te fatigue pas, je me fout de ce que tu penses de moi, déclare-t-il. Par contre, j’aimerais comprendre, pourquoi cette soudaine envie d’écumer les soirées mondaines avec moi ?

-Pour le plaisir ? Tente la jolie blonde dans une moue charmeuse.”

Sans succès. Elle lève les yeux au ciel, ce mec est sacrément coriace.

Très bien ! Je t'en parlerais toute à l’heure… En tête à tête… Précise-t-elle.”

Frost hésite une seconde, il pourrait la planter avant la soirée et garder sa tranquillité d’esprit, mais la curiosité l’emporte sur le reste.

Alors allons-y, avant que je ne change d’avis…


♔♔♔

Le bal est époustouflant, en même temps qu'est-ce qu’on pourrait attendre d'autre du conseil des fondateurs ? Le cadet des Rosiers ne connait aucun membre personnellement, il doit ses connaissances les concernant à ses recherches méticuleuses. De là où il se trouve, il aperçoit Edmund Prewett, accompagné d’une jolie jeune femme. À l’autre bout de la pièce, il remarque Alice Scott, très élégante tout comme son frère Andrew à quelques pas de là. N’oublions pas les Nightshades, particulièrement Shay, chef des Aurors, Esteban n’étant pas un total inconnu puisqu’il partage quelques cours avec lui. Ils n’ont jamais pris le temps de se parler, peut-être parce que jusqu’ici Frost exécrait les rapports humains, notamment avec ses camarades de classe. Pour finir, se distingue Wayde Lloyd en pleine discussion avec quelques grandes figures de la société sorcière Anglaise. L’ambiance est moins guindée que ce à quoi Ambrose s’attendait, ceci dit, il n’a pas mis les pieds à un bal depuis son adolescence et à cette époque, il ne participait qu’à ceux organisés par sa famille. On ne peut pas dire que les Rosiers savaient s’amuser.

Sierra s’accroche au bras de son cavalier, fière comme un paon dans sa longue robe en tulle blanche. Frost tolère son contact sans pour autant le lui rendre, si elle veut son bras soit mais elle devra se contenter de ça. Ce semblant d’intimité lui fait brusquement penser à Livia. Malgré les mois écoulés depuis leur “séparation”, son souvenir le blesse toujours autant. Après la soirée mouvementée passée avec Akutenshi au 7e ciel, il s’est finalement rendu à l’évidence : cette relation n’était pas juste une relation de sex Friends, en tous cas pas pour lui. Pourvu qu’elle ne soit pas présente ce soir avec son Don Juan, il doit se concentrer sur son objectif et l’avoir dans son champ de vision risquerait de le distraire. Akutenshi arrivera probablement dans une heure, d’ici là ce serait bien qu’il se présente. Frost saisit une coupe de champagne sur le plateau du premier serveur qu’il croise.

Ça en fait du monde… Constate Sierra en piquant le verre de son cavalier. Tu crois qu’ils ont investi combien de Gallions dans cette soirée ?

-Sûrement autant qu'il en a fallu pour construire le manoir, répond le jeune homme en récupérant sa boisson. Qu'est-ce que ça peut te faire ? Tu fais les comptes maintenant ? Ta famille pourrait construire un nouveau Londres à elle toute seule.

-C’est vrai… Mais mes parents sont trop radins pour ça…

Et c'est peu dire. Quoiqu’ils investissent quand on les caresse dans le sens du poil, c’est d’ailleurs ce qui intéresse le jeune Rosier dans le fait de renouer avec leur fille. Après l’ouverture du bal, Ambrose s'éloigne, il est plus sociable que son neveu et contrairement à lui, il a déjà son cercle de connaissances. Sierra analyse Frost, son attitude, sa posture, son regard, il est évident qu’il n’est pas à l’aise.

Tu n’as pas tant changé que ça en réalité… Constate-t-elle.

-Qu’est-ce que tu veux dire ?

-Tu as toujours été incapable de te mêler aux autres, tu te fais passer pour un mec inaccessible pour cacher que tu n’as pas la moindre idée de la manière dont on noue des liens avec les gens… Précise-t-elle.

-C'est quoi ces conneries ? Siffle le jeune homme touché dans sa fierté.

-Ça va relax, ton secret est bien gardé, je vais même t’aider un peu… Minaude la jolie blonde en attrapant son poignet.”

Sans lui demander son avis, Sierra tire son partenaire en direction d’Esteban Nightshade. Au moins il y a un minimum de logique à ce qu’il aille lui parler, ils ont le même âge et étudient dans la même école. Pourtant Frost trouve la situation terriblement déplacée, comment aborder quelqu'un qu’on croise presque tous les jours et à qui on a jamais adressé la parole ? Sierra ne paraît pas troublée par cette idée. Elle patiente une seconde que le fondateur termine sa conversation et lui adresse un sourire chaleureux.

Bonjour, Esteban Nightshade c'est bien ça ? Je me présente, Sierra Fern, ma famille est à la tête des magasins “Étoffes de Sorciers”, la filiale Française de prêt à porter, je tenais à venir vous saluer, ce bal est absolument époustouflant… Déclare-t-elle pleine d’enthousiasme.”

Frost prend une profonde inspiration, Esteban lui paraît être un mec sympa, pas trop prise de tête.

Oh et voici Frost Rosier, vous vous connaissez il me semble ? Poursuit la jeune femme.”

Bon, c’est à lui. Le susnommé se fait violence pour avoir l’air abordable. Peut-être que s’il avait eu des parents aimants et démonstratifs il n’en serait pas là.

On est ensemble en cours de potion, enchérit-il en lui tendant une main amicale. Je suis désolé de ne pas avoir pris le temps de me présenter avant aujourd'hui, j’ai eu une mauvaise période, c’était compliqué pour moi de m’investir socialement. C’est un plaisir de te rencontrer.

Eh bah. Si Ambrose avait été là, il en serait probablement tombé à la renverse. Jamais Frost Rosier n’avait été si poli, il en aurait presque eu l’air… gentil. Sierra hausse les sourcils, même elle est impressionnée.

C’est une sacrée responsabilité, j’admire ton courage. Ça doit demander beaucoup d’investissement de faire partie du conseil des fondateurs ?

La jolie blonde envisage une seconde qu’un autre sorcier ait pris la place de son cavalier. Il s’en sort si bien qu’elle n’a même pas besoin de participer à la conversation. Frost de son côté se sent vulnérable. Être un petit con arrogant le protégeait des autres, de leur jugement notamment et faire preuve de gentillesse lui donne le sentiment d'être fragile. C’est tellement plus facile de s’attaquer aux gens plutôt que de les laisser entrer dans sa vie. Et si Esteban le trouvait ridicule ? S’il lui riait au nez ou pire, s’il voyait clair en lui ? Sierra capte probablement sa détresse puisqu’elle saisit sa main discrètement et la serre afin de lui communiquer son soutien. C’est étrange… Son contact ne le rebute pas, il se surprend même à reprendre une respiration normale. Pourvu qu'aucun legilimens n’ait eu la bonne idée de participer à ce bal…


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Le bal des FondateursSamedi 29 juin 2002C’était quand même incroyable, tout ce que les Fondateurs avaient réussit à mettre en place pour ce bal. Enfin, j’étais censé faire parti des Fondateurs, même si je n’arrivais pas vraiment encore à le croire. Ni à trouver ma place, entre ma mère et mon oncle, et toutes ces personnes qui étaient vraiment très… adultes. Je venais à peine de terminer mes études à Poudlard, je ne savais pas encore dans quelle filière me diriger l’année prochaine ! Je devais bien reconnaître que fréquenter cette sorte de société secrète était vraiment… trippant. C’était quelque chose, d’être au coeur de l’action ! Mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir mal, parfois. Vide, comme s’il me manquait un je-ne-sais-quoi. Alors qu’en réfléchissant, je savais bien que j’avais tout pour être heureux : niveau étude, tout allait bien, niveau famille et amitié aussi, et au niveau amour, c’était la perfection – si on oubliait le père de Lyra. Mais, il y avait toujours ce mais dans mon esprit. Quelque chose clochait, quelque chose n’allait pas. Et je savais que même mes parents s’en étaient rendu compte. Sinon, pourquoi me parler d’aller voir un psy à Sainte-Mangouste ? Même s’ils ont mis en avant mes interrogations sur ma vie étudiante, et professionnel, je ne suis pas dupe. Je sais bien que je ne suis pas le plus intelligent de la famille, mais tout de même ! Je demanda en caressant distraitement son bras à Lyra d’aller nous chercher des boissons. Au fond, je pensais surtout que j’avais besoin d’être seul, mais dès que je la vis s’éloigner, je me rendais bien compte que tout cela n’avait pas de sens. Si je ne pouvais même plus me fier à mes propres pensées et mes ressentis, qu’allais-je bien pouvoir devenir ? Je rendis un sourire plutôt distrait à une jeune femme, en me demandant si j’étais censé la connaître. Cela expliquerait sans doute son regard un peu trop insistant, et totalement déstabilisant.

« Bonjour, Esteban Nightshade c'est bien ça ? » Je hocha la tête. Qu’est-ce que je pouvais bien faire d’autre ? « Je me présente, Sierra Fern, ma famille est à la tête des magasins “Étoffes de Sorciers”, la filiale Française de prêt à porter, je tenais à venir vous saluer, ce bal est absolument époustouflant… » Il y avait… trop d’information, cette jeune femme – Sierra – parlait comme si elle était poursuivie par un Cognard. Et d’ailleurs, pourquoi m’avait-elle choisi comme interlocuteur ? Mes parents étaient tout les deux des professeurs, l’on était bien loin du monde des magasins de vêtements… « Oh et voici Frost Rosier, vous vous connaissez il me semble ? » Un peu confus par ce changement de sujet, mon regard se porta sur Frost. Bien sûr que je le connaissais, nous avions fait toute notre scolarité ensemble ! Pas dans la même Maison, bien sûr, mais j’avais eu assez de cours en commun avec lui au fil des ans pour me souvenir de son prénom. Je hocha une seconde fois la tête. Après, il y a connaître et connaître… Pour être honnête, je ne savais pas grand-chose de Frost. Nous ne naviguions pas dans les mêmes groupes d’amis, si l’on pouvait dire ça comme ça. « On est ensemble en cours de potion. » « Ouais, bien sûr. » « Je suis désolé de ne pas avoir pris le temps de me présenter avant aujourd'hui, j’ai eu une mauvaise période, c’était compliqué pour moi de m’investir socialement. C’est un plaisir de te rencontrer. » Je haussais un sourcil, dubitatif. S’investir socialement… Et puis, cela me revint d’un coup : Frost était issu d’une famille de Sang-Pure. Non pas que j’avais des à priori sur celles-ci – mes tantes et mon oncle sont de Sang-Pur ! - mais je croyais me souvenir que les Rosier étaient assez traditionalistes. En tout cas, beaucoup plus que les Blackwood… « Il n’y a aucun problème, vraiment. » Et je le pensais, sincèrement. On ne pouvait pas être ami avec tout le monde, après tout, n’est-ce pas ? « C’est une sacrée responsabilité, j’admire ton courage. Ça doit demander beaucoup d’investissement de faire partie du conseil des fondateurs ? » Je haussa les épaules. « En vrai, je n’y ai pas vraiment réfléchi plus que ça. » Et j’étais totalement honnête : je n’avais jamais été du genre à réfléchir avant d’agir. « Mon père ne voulait pas s’investir, mon oncle ne peut pas vu son métier… Et je suis l’aîné. » Indiana aurait sûrement adoré être un Fondateur, pour pouvoir s’en vanter. Mais Zia ? Je doutais que tout ce qui tournait autour de la politique intéresse ma jumelle. Enola et Arsène étaient encore trop jeunes, et même pas majeure. Et Hitomi… elle aurait manqué de tact, ce qui est la meilleure arme en politique. Et puis, ma mère m'avait demandé... Donc oui, il n’y avait que moi pour prendre la relève. « Au fond, c’est assez drôle d’être au coeur du conseil comme ça. Enfin, pas drôle, pas vraiment, mais… intéressant. Très instructif, en fait. Je n’aurais jamais pensé que la politique, l’économie ou la justice soient aussi séduisant. » Pour être honnête, je les aurais classé dans les sujets barbants. Comme quoi, il n’y avait que les idiots qui ne changeaient pas d’avis ! « Alors, vous deux, vous êtes ensembles ? Tu vas venir faire tes études sup’ en Angleterre, Sierra ? » Pour être aux côtés de son petit-ami, sans doute ? Ou son – Merlin – fiancé, peut-être. Les Sang-Purs vraiment traditionalistes se mariaient très tôt, n’est-ce pas ?
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This is the sound of my love for you

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Le bal des Fondateurs Samedi 29 juin 2002 En ouvrant ma penderie ce matin, je me rendais compte à quel point j'avais deux vies différentes. La première, la plus récente, la secrète, celle où je mettais des tonnes de bijoux, des vêtements sombres, du maquillage marqué, où je buvais, je me droguais, je me baladais sur le Chemin de Traverse ; l'autre, celle dans laquelle j'étais née, où j'avais de jolies robes, des bijoux discrets, où je savais attraper une soucoupe avec la tasse de thé remplie sans regarder mes gestes, et j'étais censée trouver un bon parti pour mon futur. Bon, mes parents en avaient un peu rien à faire de mon parti vu les études que j'avais choisies ; mais il n'empêchait pas qu'ils tenaient à ce que je continue à apparaître dans la première, de manière correcte, évidemment, pour que leur réputation ne se ternisse pas. C'est pour cette raison que je regardais la partie claire de mon armoire, où se trouvaient mes belles et inconfortables toilettes. Je finis par me décider pour une robe trapèze longue et rouge avec des manches bouffies. Je coiffais mes cheveux pour qu'ils aient l'air plus court, je retirais mes piercings, un maquillage léger et j'étais prête à jouer à Isabeau Fontanges, la parfaite petite dernière de notre famille Sang-Pur.

Le bal des Fondateurs Fucc

Je partis au manoir Lloyd avec mes parents et ma sœur aînée Jeanne. J'avais à la main un joli éventail noir. Je savais que Leomie viendrait au bal, et je lui en avais également envoyé un. Quand on était commencé à entrer dans la pré-adolescence, on avait mit au point un langage avec les éventails pour se parler sans nos voix, et surtout, quand nous étions à l'autre bout de la salle. J'espérais qu'elle comprenne ce à quoi je faisais allusion, et qu'elle pense à le prendre. Je la cherchais donc du regard. Elle se situait à plusieurs mètres, en compagnie de ses parents, avec un chien dans ses bras. « Tiens, voilà les Kim-Winslow. » Fit ma mère. « Ça fait longtemps que nous ne les avons pas vus. Allons les les saluer. » En même temps, avec la disparition d'Aliénor, ma famille s'était pas mal renfermée sur elle-même pendant quelques mois… Avant de reprendre le cours de nos vies, quand nous nous étions résignés.

On s'approcha de la famille de Leomie. Avec mon éventail, je lui fis signe que j'étais contente qu'elle avait amené le sien. Même si elle était coincée, elle se rappelait comment s'amuser un minimum ! Nos familles échangèrent quelques politesses quand on se retrouva face à eux. « Monsieur Kim-Winslow, Madame Kim-Winslow, Leomie, bonjour. Je suis ravie de vous revoir. » Je leur adressa un sourire poli. Rapidement, ils commencèrent à échanger sur le commerce de la parfumerie, et sur le nouveau travail de Jeanne. J'en profitais pour faire signe à Leomie de venir à moi. « Nous nous absentons un instant, le temps d'aller chercher des rafraîchissements. » Mon père me fit un signe de la tête pour me dire qu'il avait entendu, et nous nous dirigions vers le buffet.

Directement, je ne pus m'empêcher de lui désigner l'animal qu'elle tenait entre les bras. « Tu t'es remise de la mort de ton chien, tu en as pris un autre ? » Je savais Leomie fan de poméraniens, et elle avait eu le cœur brisé quand le sien était décédé, au point d'être incapable d'en adopter un autre. Apparemment, elle avait changé d'avis… Leomie changea habilement de sujet en me demandant où se trouvait ma seconde sœur. « Ali n'a pas voulu venir, alors, elle est restée à la maison avec son ambassadeur italien… » Je fis la moue. Je n'appréciais pas Lorenzo Peretti. Je trouvais qu'il cachait quelque chose. J'étais même intimement convaincue qu'il était le père de Nina, mais qu'il ne pouvait pas le reconnaître. Si il ne pouvait pas le reconnaître, c'est qu'il était plus impliqué dans la disparition de ma sœur qu'il ne voulait le reconnaître. Et comme Aliénor ne disait rien, je me doutais que ces derniers mois n'avaient pas été très… gentleman. Bref, je ne l'aimais pas, et j'étais toujours très méfiante envers lui.

« Et donc, ce chien ? » Je trouvais curieuse que Leomie ne veuille pas en parler, elle qui adore cette race. Normalement, elle serait intarissable dessus, non ? Je jetais un oeil dessus, alors que mon amie passait sa main dans son pelage. « On dirait  que tu le caresses comme si c'était un mec. » Je plaisantais, parce que je voulais essayer de la bousculer un peu dans son étiquette de fille parfaite -on n'était qu'entre nous pour le moment !- quand je la vis encore plus mal à l'aise. Pas mal à l'aise à cause de moi, non, mal à l'aise comme si elle me cachait un truc. « Tu as quelque chose à me dire, peut-être ? » Je lui jette un regard, avant de comprendre que oui, elle avait quelque chose à me dire. Cette soirée ne serait pas totalement une perte de temps…! « Oh par Merlin ! Attends-moi, je vais nous chercher à boire, et tu me racontes tout. » Impossible d'écouter une histoire sans boisson !

Et puis, il fallait être honnête, j'avais franchement besoin de boire. Pour ne pas perdre mes moyens, j'avais limité la Griffe de Dragon hier et aujourd'hui, tout comme l'alcool. Mais je commençais à ressentir un certain manque. Je n'étais pas très concentrée, et mes mains tremblaient légèrement depuis le début de la soirée. Heureusement, le fait de tenir un éventail me permettait de le cacher, mais je ne voulais pas attendre avant de prendre ma boisson. Je me dirigeais vers le buffet, pour prendre un white lady, l'un de mes cocktails préférés. Je le bus une première fois d'une traite, avant d'en reprendre un. Je pris également le verre de Leomie, et je me retournais pour aller vers elle.

Sauf que derrière moi se tenait l'un des fondateurs. Edmund Prewett. « Bonsoir. » Nos regards s'étant croisés, impossible de l'ignorer. Je lui offris mon sourire le plus élégant, digne d'une vraie Sang-Pur. « Edmund Prewett, n'est-ce pas ? Enchantée, je suis Isabeau Fontanges. » Il parut surpris que je connaisse son nom, alors que nous n'avions jamais parlé avant, que nous ne nous étions même jamais croisés. Pourtant, l'explication me sembla logique : « Tous les étudiants connaissent Edmund Prewett, l'un des plus jeunes Fondateurs, qui étudie encore à l'Université. Félicitations pour la soirée, c'est magnifique. » Apparemment, l'éducation Sang-Pur avait la vie dure. Je ne pus m'empêcher de lui faire remarquer une chose que je n'avais encore moi-même pas constaté, comme je venais d'arriver. Je venais d'arriver, mais j'avais tout de même déjà deux verres à la main. « Le second est pour une amie, mais… Mais elle peut attendre. » Je posais la coupe de Leomie sur la table, en gardant le mien. Mes parents étaient assez larges d'esprit, mais si ils avaient appris que j'avais laissé passer l'occasion de nouer un lien avec un Fondateur de mon âge, j'en entendrais parler pendant des mois.

« Vous êtes en étude de Politique sorcière, c'est bien cela ? J'imagine que vous souhaitez devenir Ministre de la Magie ? Le conseil des Fondateurs ne pourra être qu'une aide pour vous. » Si ça se trouve, il était super ambitieux pour alterner ses études et ce conseil qui devait prendre énormément de temps. Si ça se trouve, il se préparait pour plus tard. Si ça se trouve, c'était un mec comme lui dont rêvait Leomie. D'ailleurs, je la voyais, de loin et dans le dos d'Edmund Prewett, à me faire des signes avec son éventail. Elle aussi m'encourageait à lui parler. Je suis sûre qu'elle pense que c'est un bon parti. Je pris une gorgée de mon cocktail pour cacher mon sourire, et qu'il ne pense pas que je me moque de lui. « Quant à moi, je suis en Art Visuel sorcier. Disons que je me cherche encore pas mal, professionnellement parlant. » Non, je savais que je voulais devenir tatoueuse. D'ailleurs, c'est moi qui avait fait mes tatouages sur mes mains, et j'avais déjà tatoué des personnes. Disons que ce n'était pas encore quelque chose que j'avouais à voix haute.                        
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☆ I only see him as a friend, The biggest lie I ever said ☆

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Unbreak the broken, unsay these spoken words, find hope in the hopeless, pull me out the train wreck. Unburn the ashes, unchain the reactions now, not ready to die, not yet, pull me out the train wreck. Ft. David McGregor - One Shot
       

       
Le bal des Fondateurs

       
2 9 Juin 2002 - Samedi

"Clém ?" La voix de David me parvient à travers la porte de ma chambre, douce, rassurante, précédée de trois petits coups légers contre le battant. "J'arrive." je souffle d'une voix tremblante. Je relève les yeux dans mon miroir et croise mon regard. Une larme coule sur ma joue et je m'empresse de l'essuyer avant qu'elle n'abîme mon maquillage. Je cille un instant. C'est bien moi, les mêmes yeux clairs, les mêmes longs cheveux blonds, le même visage de poupée. Pourtant je ne me reconnais pas, je ne supporte pas cette vision, j'ai l'impression de contempler un être gris, triste, sombre. Une autre larme. Je prends une grande inspiration et m'ordonne de me calmer. Tout va bien, tout ira bien.

75 jours que je suis sortie d'Azkaban, mais j'ai comme l'impression qu'une partie de moi y restera à jamais, seule et terrifiée. Tout s'est déroulé tellement rapidement depuis le 21 mars jusqu'au jour de ma condamnation que j'ai à peine eu le temps de réaliser ce qui était en train de m'arriver. D'abord la drogue, ensuite le meurtre. Les accusations étaient lourdes et je ne les ai pas démenties, j'ai eu la chance de pouvoir raconter ma version des faits le jour du procès, version appuyée par le témoignage de Benji qui bien sûr était présent, mais aussi celui, à ma grande surprise, de Noun Wordsworth qui avait assisté à la scène. Ça bien sûr, je l'ignorais. Qui m'a dénoncé, et pourquoi, ça j'ai ma petite idée mais, sincèrement, je n'en ai pas fait grand cas. De toute manière, tout était vrai. C'était difficilement réfutable, il ne me restait plus qu'à assumer.
Mon père était dévasté mais, étonnamment, il n'a pas parut plus surpris que cela. Comme si, au fond, il savait déjà par je ne sais quel moyen ce qu'il s'était passé avec Anthony ce soir là. Benji a angoissé durant toute la durée du procès, il a beaucoup pleuré, lui et moi n'avons jamais été aussi proche que pendant ce court laps de temps.
Et puis la sentence est tombée. Merlin soit loué, j'ai été représentée par le meilleur avocat possible. Je suis intimement persuadée que, d'une manière ou d'une autre, Andrew Scott m'a sauvé la vie et que c'est entièrement grâce à lui, et non à la clémence des juges, que je dois de ne pas passer le reste de ma vie enfermée à Azkaban. Mieux encore, Andrew m'a obtenu un abandon des charges pour le meurtre d'Anthony, une peine symbolique de 11 jours de prison pour usage de stupéfiants et une prise en charge obligatoire par un psychomage pendant un minimum d'un an. Sur le coup, ça m'a parut risible, je veux dire, j'ai tué mon frère, qu'on m'envoie chez le psy pour ça, pas parce qu'il m'arrive de me terminer à la poudre de fée. Bon tout est lié bien évidemment, mais quand même.

Enfin, je vais pas m'éterniser sur Azkaban, c'était horrible, terrifiant, et j'en cauchemarderais encore pendant longtemps mais le retour à la maison est tout aussi désagréable. Les regards, les chuchotements, la pitié, la compassion des uns, la peur ou la colère des autres. On m'appelle tantôt héroïque, tantôt psychotique ou meurtrière. Le silence qui m'entoure quand j'entre dans une pièce et que tout les regards se braquent sur moi avant de se détourner, mal à l'aise et d'entamer des commentaires à voix basse. Et puis il y a eu les journalistes, les reporters, avides d'un commentaire de ma part ou carrément d'une interview. Et enfin mes amis, et mes connaissances, tous intrigué par l'histoire, voulant prendre de mes nouvelles ou passer me voir, certains bienveillants d'autres simplement animés d'une curiosité morbide. Du coup j'ai arrêté bien vite de m'infliger ça. Ça a été simple, radical. L'UMS s'est montrée compréhensive et a accepté que je termine mon année en distanciel, mon stage au Ministère s'est heureusement terminé juste avant le 21 mars, je ne sors plus de chez moi sauf pour me rendre à mes rendez-vous à Sainte-Mangouste ou aller chez mon père. Plus grand monde ne vient chez moi non plus, pour la première fois depuis que j'ai cet appartement, la porte est fermée bien plus souvent qu'elle n'est ouverte. Seuls David, Newt et Aïa ont forcés le passage pour pas que je me laisse crever toute seule sur mon canapé.

"Clém ?" insiste David en frappant de nouveau, j'ouvre la porte au même moment et lui adresse un sourire faible. "Je suis prête." je lui dis dans un souffle. Il me lance un regard remplis d'excuse. Il est peiné de me voir comme ça, il me l'a déjà dit, et je le lis en permanence dans ses yeux. C'est son idée d'aller au bal, j'ai pas trop suivis l'histoire des fondateurs pour être honnête mais je sais que ça craint pour le village de Druid's Oak et qu'ils sont probablement la solution à ce problème. Mais comme je vais plus à la fac, ni au club des Pendragons, je suis pas plus au courant que ça.
Toujours est-il que David a pensé que ce serait une bonne idée de m'y traîner pour que je puisse constater de mes propres yeux que plus personne ne parle de cette histoire, que tout le monde est passé à autre chose, et que je peux reprendre une vie normale parmi mes camarades. J'ai essayé de lui faire comprendre que ce n'était pas vraiment le problème, ça en fait partie sans aucun doute, mais je suis épuisée mentalement et mes batteries sociales sont à plat, j'ai pas les capacités psychologiques, ni la force d'affronter le regard, la curiosité, et les questions des gens. Même un simple "ça va ?" me serait pénible.
Mais comme il a insisté, qu'il semblait persuadé que c'était le moment parfait pour réapparaître en société, je cite "c'est pas un évènement Sang-Pur, seulement de la charité, tout le monde sera focus sur Druid's Oak pas sur le fait que tu sortes de taule", j'ai pas eu le coeur de refuser. Il essaie juste de me remonter le morale, de m'aider, à sa manière. 
Du coup je prend sur moi, et je jure que ça coûte à chacune des cellules de mon corps, mais j'attrape son bras et je le laisse nous faire transplaner jusqu'au lieu choisis pour les festivités.

Quelques minutes plus tard, on s'apprête à franchir les portes d'entrées grandes ouvertes du manoir du maire Lloyd et je me sens flancher. David resserre sa prise autour de mon bras comme pour me soutenir et me montrer qu'il est là, avec moi, et que tout va bien se passer. Je prends une profonde inspiration, avance d'un pas, hésite et recule en secouant la tête. "Je peux pas." je décrète sur le seuil de la porte. "David, je te jure que je peux pas." Il se décale légèrement pour masquer l'intérieur de la salle et ses invités. "Hé, non, regarde t'es arrivée jusque là et tout va bien." Il attrape mes mains tremblantes et les serres dans le siennes. Par dessus son épaule j'aperçois Alex Bennett et je me dis qu'Ian doit pas être loin et que je n'ai pas du tout envie de le croiser. J'ai pas tellement de raison valable, mais si croiser qui que ce soit m'angoisse, croiser un Sang-Pur est ma plus grande hantise. Mes yeux bougent et se posent sur Andrew qui danse avec une grande blonde et des flash du procès me reviennent. Un nouveau visage entre dans mon champ de vision et je reconnais vaguement un élève de Poudlard, Frost Rosier, un pote d'Aku. Est-ce qu'Aku est là ? Lui aussi est bien bas sur la liste des gens que j'ai la force d'affronter ce soir.
Ma respiration s'accélère, j'ai du mal à déglutir, mon sang se met à battre fort dans mes tempes et mes oreilles, faisant un bruit assourdissant. Les larmes montent. "David, je peux pas." je répète vraiment très sérieuse en reportant mon attention sur lui. Il hésite une seconde, mais ne pouvant pas rester ignorant à ma détresse, finit par hocher la tête. "Ok ok, on rentre, respire, calme toi Clém, on peut pas transplaner si t'es dans cet état." cède le blond en reprenant une voix apaisante pour m'aider à calmer mes émotions.

Gentiment, il m'entraîne sur le côté de la maison et m'oblige à respirer plus doucement. L'air doux du crépuscule estivale m'apaise et je finis par être prête à rentrer à la maison. Clairement, je suis pas prête de refouler un pied à une soirée, quelle qu'elle soit.

(c) crackle bones

       

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-Clémence Castellane-
J'suis un zombie, j'ai l'âme en cendres, j'sais même pas où je vais je me suis perdu dans un cauchemar. Et y a des morceaux de vie dans mes larmes, quand j'en laisse sortir c'est des bouts de moi qui partent, merde. J'attends tous les jours que le soleil se lève, des mois dans la nuit et y a rien qui l'arrête.

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La bal des Fondateurs Samedi 29 juin 2002 Je regardais Andrew Scott et sa cavalière partir, un peu dubitative par cette conversation. Qu'est-ce qu'il me voulait, exactement ? J'avais cette désagréable impression qu'il pensait à quelque chose en particulier, mais sais savoir quoi. Je n'eus juste pas le temp de plus y penser quand je sentis qu'on me prit la main. Je me retournais vivement pour voir Billy, avec deux verres. Il m'en donna un, avec un air très sûr de lui. « Finis ton verre, et profites-en bien, car je compte bien te faire danser une bonne partie de la soirée. » Je ne pus m'empêcher de sentir discrètement ce que Billy m'avait servi. De l'alcool. Super. Je n'en buvais absolument jamais, essentiellement pour des raisons sportives. Mais depuis cette fameuse soirée en avril avec Angelo… Disons que mon audace, ou ma stupidité, m'avait habituée au goût de l'alcool.

Je décidais donc de ne pas râler devant un geste aussi gentleman, et je lui souris, amusée. « Tu sais que tu n'es pas obligé d'emmener une danseuse sur une piste de danse ? » Je veux dire, je juge physiquement, mais Billy ne ressemble pas au gars prêt à s'engager pour une danse de couple en plein bal. Je ne veux pas le forcer, je veux juste qu'on passe une bonne soirée. « Allez, promis, je ne te parlerais pas de Quidditch pendant qu’on danse. » Je ne pus m'empêcher de rire. C'est vrai que j'avais tendance à râler quand les joueurs de Quidditch ne faisaient que parler de leur sport. C'est comme si je parlais tout le temps de danse ! Ce qui, franchement, n'arrive pas si souvent. Je parle de cours et de devoirs, aussi. Des gossips amoureux de ma famille et de mes amies. De fringues et de manucures colorées. Du médaillon inca que Esteban avait donné aux Fondateurs, au lieu de me le donner à moi ! « Tu m'as promis de danser une bonne partie de la soirée, je peux bien te permettre de parler de Quidditch pendant… Hum… Une dizaine de minutes, aller. Comme ça, tu me diras comment mon petit frère s'en sort durant les entraînements… » Billy me donna un coup de bassin. Je lui jetais un regard amusé, et je fis comme lui : je bus mon verre d'une traite. J'essayais de cacher ma grimace, puis je posais mon verre vide sur une table avant de le suivre.

Je pris la main de mon cavalier, qui posa son autre main sur ma taille. Rapidement, on se mit à tourner au milieu des autres danseurs, en discutant. Je plaisantais sur ses qualités presque piètres de danseur. Il me parle de comment mon frère avait énooormément de mal à accepter la défaite durant les entraînements -sans blague-, et quand je sus qu'Alice Bennett était sa cousine, je lui racontais qu'Indiana avait passé toute sa fin d'année à l'aider à réviser pour qu'elle ne redouble pas, alors qu'ils avaient rompu leur couple quelques semaines plus tôt. Il me posa quelques questions sur mes derniers cours de runes, comment ça se passait avec le nouveau prof, quand une femme blonde s'approchait de nous. « Salut ! » Avec Billy, on s'arrêta de danser pour la regarder. Elle me disait un truc, mais incapable de remettre le doigt dessus… « Zia, c’est cela ? Alice Scott, enchantée. » Par Merlin, encore une Scott ? Je les attire comme des Botrucs sur des oeufs de Doxys, ou quoi ? Je lâchais la main et l'épaule de mon cavalier pour me tenir face à elle ; mais ce dernier me garda près de lui. Franchement, je me serai posée des questions si je n'étais pas en train de réaliser que je rencontrais encore un membre de cette maudite famille. « Je suis moi aussi enchantée. » Et puis, comment elle me connaissait ? Ok, mon frère était un Fondateur, mais je n'avais jamais approché les réunions. Ok, son jumeau était mon prof, mais franchement, je me doutais qu'ele en avait rien à faire de ses élèves. Ok, mon prénom était atypique, mais quand même ! Je n'étais même pas Sang-Pur, seulement le côté maternel de ma mère, et ils ne sont même pas anglais ! C'est en Italie que ma fratrie et moi-même sommes un peu plus connues. Mais ici, en Angleterre ?

« J’espère que vous passez une bonne soirée ! » Je lançais un regard à Billy. Je comprenais rien de ce qu'il se passait ici, mais tant pis. Tout faire pour qu'elle nous lâche. « Oui, merci beaucoup. Merci pour ce que vous faites pour l'hôpital. » Ma petite sœur, avec sa maladie cardiaque, y allait régulièrement. Heureusement qu'elle n'y était pas le jour de l'attentat… Peut-être que j'aurai dû le rajouter dans la listes des lieux à ne pas attaquer que j'avais donnée à Angelo. En plus du Lussuria et de l'école primaire. « Est-ce que ça te dérangerait que je t’emprunte ton cavalier ? Pour une danse… Une seule. » Ok, je rectifiais : tout faire pour qu'elle me lâche. Si il fallait sacrifier Billy, pas de souci ! Surtout pour une danse, franchement. Il allait pas se plaindre, il allait danser avec une femme magnifique. Moi, j'en avais ma claque des Scott ! « Si le dit-cavalier est d'accord, je ne vais pas l'en empêcher… » Je regardais Billy. Nous n'étions pas en couple, il avait toute liberté. Il finit par se faire entraîner par Alice, qui me promit qu'elle me le rendrait très vite. Oui, c'est gentil. Mais si il pouvait revenir tout seul, sans toi…

J'allais quitter la piste de danse pour laisser de la place, quand je sentis qu'on me toucha le bras. Fugacement, comme pour attirer mon attention. Je me retrouvais, pour faire face à… Andrew Scott. Encore lui ? Je me débarrassais d'une Scott pour en avoir un autre ? « Miss Nightshade, me feriez-vous l’honneur ? » Il avait perdu sa cavalière ou quoi ? Mais il fallait que je me rappelle que c'était un Fondateur. L'un de ceux qui bossait avec mon frère. Esteban qui ne faisait que me dire à quel point la politique c'était génial. Il fallait donc que je commence à mettre de l'eau dans mon vin, pour lui. Pour ses relations. Finalement, avoir un côté Sang-Pur était utile quand son jumeau se lançait dans ce genre de carrière… « Avec plaisir. » Je le laissais me guider jusqu'à la piste de danse. De nouveau, automatiquement, je pris la main de mon cavalier, avant de poser l'autre sur son épaule. A peine plus grand que Billy, mais suffisamment pour qu'une danseuse le remarque. Un peu gênée par cette situation, je me concentrais sur mes pas, en lui affichant, de temps en temps, des sourires polis. Presque gentils. Oui, parce que ça m'arrive d'être gentille ! Mais surtout, au fond, quand je repensais à ce foutu dîner, il n'avait pas été si désagréable. Presque protecteur. Je me posais juste encore quelques questions sur sa relation avec Joséphine Davis. Et malgré ma curiosité légendaire, je n'allais pas aller la voir pour lui demander hé, c'est vrai que tu te tapes le démon blanc ?. Je ne lui avais jamais parlée, on n'était même pas dans la même Maison ou la même année, c'était limite. Alors, je rongeais mon frein, et je décidais de laisser le bénéfice du doute au démon blanc. « William Prewett est un bon cavalier ? » Je relevais la tête pour le regarder dans les yeux, intriguée. Comment un avocat de renom pouvait connaître Billy Prewett ? Finalement, lui aussi avait l'air de pas mal connaître les Scott. Il fallait que je l'interroge sur ça, quand je le retrouverai. « Pas mal, malgré une fâcheuse tendance à marcher sur les pieds. » Heureusement que je préférais en rire, et que il n'avait pas abîmé mes chaussures.

« Vous êtes absolument resplendissante ce soir. » C'était pas bizarre qu'un vieux presque inconnu me complimente sur ma tenue ? « Merci beaucoup. » Je ne pouvais pas m'empêcher de l'observer, presque dubitative. Je ne comprenais pas ce qu'il cherchait à obtenir, ou savoir de moi. Genre, c'est pas moi la Fondatrice ici. Je ne suis rien, au fond, pour lui, en terme économique ou social. En l'observant, je le vis avoir un rictus, que je ne l'avais encore jamais vu avoir. Alors certes, au dîner, il n'avait absolument aucune raison de sourire. Mais même dans cette soirée, jamais il n'avait eu le moindre rictus, toujours un sourire poli et confiant. En fait, j'avais même déjà vu cet air quelque part, mais chez une autre personne… Mes doutes se confirmèrent quand un second Andrew Scott apparut à mes côtés. « Angelo, arrête ton petit jeu et reprend ta véritable apparence. Immédiatement. » Oh, par Merlin, j'avais raison. Je ne dansais pas du tout avec Andrew Scott, mais avec Angelo, qui avait prit l'apparence de son frère. Je sentis tout mon corps se tendre. Après tout, je me trouvais dans ses bras, presque collée à lui…! « Ne joue pas à ça, à ce genre d'évènement. Montre ton intérêt pour la cause que nous soutenons. Ou… » Franchement, l'espèce de bataille de regard entre les deux frères ne m'aidait pas à me détendre. « … ou je finirai par croire que tu n'en as rien à faire. Ce qui serait très suspect. »

« Je suis venu soutenir la cause frère. Je me disais seulement que ta présence sur la piste de danse auprès des jeunes victimes telles que Zia serait fort apprécié par l’audience. Plutôt que faire tapisserie avec… » Je suivis le regard d'Angelo, pour voir, de loin, Joséphine Davis. Euh, pardon ? Qu'est-ce qu'il faisait avec elle, alors qu'il avait déjà une cavalière ? Est-ce que la pauvre Joey le savait ? Est-ce qu'elle avait besoin que quelqu'un vienne l'aider ? Ou, si ça se trouvait, elle appréciait la compagnie des Scott, elle. Dans ce cas-là, il fallait quand même que j'aille la voir pour qu'elle m'explique comment elle faisait. « Tout va bien, vous n'avez pas besoin d'aide ? » Je fus surprise de voir qu'il se tournais vers moi. Remarque, ça ne m'étonnait pas. Si ça se trouve, il avait un peu le syndrôme du sauveur. Mais j'avais quelques questions à poser à Angelo. Pour changer, tiens. En tout cas, je n'avais pas besoin qu'on m'éloigne de lui alors que je tenais à avoir mes réponses. « Non, je vous remercie. » Il hésita un instant, avant de se résigner. « … Bien. » Il nous fit un signe de tête, avant de s'éloigner.

Je me tournais immédiatement vers Angelo. Mes yeux lançaient des éclaires. « C'est le deuxième frère dont tu prends l'apparence pour m'emmerder, et il va vraiment falloir que tu m'expliques pourquoi. » La première fois était à un cours de runes, où il avait prit l'apparence de son frère Anthony. Il avait raconté n'importe quoi. J'avais rapidement compris, et heureusement, je fus la seule. « Ne me dit pas que tu n’es pas enchanté de me découvrit à la place de mes frères ? » Super. Comme d'habitude, il ne semblait pas prêt à vouloir répondre à mes questions. J'aurai peut-être dû accepter l'aide de son frère, tiens. Il fallait que j'apprenne à laisser tomber, et arrêter d'essayer de le comprendre. Pour respecter cette résolution prit pour la cinquième, ou sixième fois (j'avais clairement perdu le compte), je commençais à tourner les talons pour m'éloigner de lui. Mais Angelo posa sa main sur ma hanche, pour m'empêcher de partir. Je ressentis un frisson, et j'espérais qu'il ne l'avait pas vu. « Quoi ? » « Tous les regards sont braqués sur nous » Je jetais un regard autour de moi. Il était vrai que pas mal de personnes nous regardaient. Je ne voyais pas ma famille, et heureusement. Je n'allais pas créer un scandale en refusant de danser avec un Scott. Mais j'espérais bien que mon oncle ne nous verrait pas.

Angelo dut sentir que je n'allais pas partir parce qu'il me fit tourner sur moi-même avant de me serrer dans ses bras. J'attrapais sa main, mon autre bras sur son épaule, me tenant au haut de son dos, et je me plongeais dans son regard. Sérieux, pour une fois. Profond. J'avais déjà remarqué, dès notre première rencontre, à quel point il était beau. Une nouvelle fois, cela se confirma. Il avait quelque chose qui m'hypnotisait. Et même au-delà du physique. C'était dans son être, dans son aura. Dans sa folie, aussi. Parce que je savais très bien qu'il avait un côté psychopathe, j'avais vu tellement d'exemples. Et je savais que c'était l'une des raisons pour lesquelles je dansais avec lui. Après tout, j'en avais rien à faire du regard des gens. Une part de moi voulait danser avec lui. Et je sentais bien que je profitais de ce moment à fond. Je me laissais porter par la musique, par la danse. Je faisais ça aussi naturellement que respirer. Je m'enroulais dans ses bras pour poser un instant mon dos contre son torse. Un pas que je connaissais depuis des années, mais jamais il ne m'avait fait autant d'effet qu'aujourd'hui. Idem pour quand il posa ses mains sur ma taille alors que je lui faisais de nouveau face. C'était naturel, dans les danses de couple, de les poser là pour certains pas. Jamais je n'avais été troublée par la proximité de ce contact, sauf aujourd'hui. Je posais doucement mes mains sur mes épaules le temps de m'élever légèrement dans les airs, jusqu'à ce qu'il me repose à terre. On reprit notre danse pendant quelques secondes, quand la musique s'arrêta d'un coup. Mes yeux plongés dans les siens, je sortis doucement d'une sorte de fièvre artistique. D'une fièvre corporelle, presque. Je le regardais toujours quand il posa un baiser sur le dos de ma main qu'il garda dans la sienne. J'espérais qu'il n'entendait pas à quel point mon cœur battait vite. Je n'avais pas remarqué que mon rythme cardiaque avait augmenté, jusqu'à présent.

« Ton cavalier officiel semble s’être volatilisé. Puis-je t’offrir un verre ? » Je regardais autour de moi. C'est vrai que Billy n'avait pas réapparu. Bah, ce n'était pas très grave. Je n'allais pas lui en tenir rigueur pour ça. Je me demandais justement si tout allait bien de son côté. «  Volontiers. » Inutile de demander sans alcool, je savais très bien qu'il y avait une chance sur mille pour qu'il m'écoute. Je sortis de la piste de danse alors qu'il se dirigea vers le buffet. J'avais accepté son invitation parce que, étrangement, il avait l'air presque normal en me posant sa question. Pas de ton moqueur, ni de sous-entendus graveleux. Il fallait que je saisisse cette chance au vol. Pour quoi, au juste ? Je ne savais pas encore, mais j'allais finir par trouver. En sortant de la piste de danse, je me tournais, pour le regarder de loin.

Je l'observais, curieuse, s'approcher de son frère et de Joey. Il leur parla un peu, avant d'entraîner la jeune fille vers la piste de danse. J'haussais un sourcil. Et mon verre allait venir tout seul comme par magie ?! Mon second sourcil se leva sous l'étonnement quand je vis Andrew prendre la défense de Joey. Finalement, Angelo revint vers moi. Je ne pus m'empêcher de lui jeter un regard mi-amusé, mi-moqueur. « Tu m'as vite remplacée, à ce que je vois… Et tu t'es pris une nouvelle fois la tête avec ton frère, à ce que je vois. » Je regardais Andrew emmener Joey sur la piste de danse. Je ne comprenais pas cette relation. Plus que de la rivalité, il y avait de la colère. De la haine. « Ce soir, j'aurais dansé avec toi, j'ai rencontré Andrew, Anthony, Alice… Il ne me manque plus que Calvin. Il est comment ? » J'avais fini par connaître par cœur le nom de toute la fratrie grâce au fameux bottin mondain et Sang-Pur de ma grande-tante Camélia. Mis à jour tous les ans, il m'avait aussi apprit qu'Angelo avait une sœur, Ayana, mystérieusement disparu depuis quelques années. Peu soucieuse de le mettre en rogne, j'évitais soigneusement son nom. Après tout, je ne savais pas ce qu'il pensait d'elle. « Il faut bien que je décide quel Scott je préfère. Les jumeaux sont en bonne place, grâce aux livres de runes que ton frère m'a prêtés. Et c'est facile de se débarrasser d'Alice, je n'ai qu'à lui prêter mon cavalier. » Cavalier toujours porté disparu, par ailleurs. Cavalier apparemment connu d'Alice, mais aussi d'Angelo. « Comment tu connais Billy, au fait ? Lui aussi est collégien. Et je suppose que tu n'as pas brûlé le bureau de son père à lui. » Même si il était professeur, c'était à Poudlard, pas à l'UMS comme le mien. Les bras croisés, je me tournais vers lui, en l'écoutant me parler de leurs liens familiaux. Oh. Des cousins éloignés. Oh. Je n'aurais jamais parié dessus. Je ne connaissais pas tous les arbres généalogiques, mais c'était alors vrai de dire que toutes les familles sorcières anglaises était plus ou moins reliées aux familles Sang-Pur ? Peut-être que j'aurai plus d'informations à retirer à mon cavalier officiel… Surtout si je lui parlais de Quidditch ou autre bêtises de ce genre avant, non ?

« C'est vrai que tu me trouves "absolument resplendissante ce soir" ? » Au moment même où cette question franchit mes lèvres, je regrettais de l'avoir posée. Pourquoi, mais pourquoi j'avais fait ça ? Tant pis Zia, c'était demandé, il fallait assumer jusqu'au bout. J'essayais de cacher la honte que je ressentis en comprenant à quel point sa réponse m'intéressait vraiment, et je plantais courageusement mes yeux dans les siens.
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J’ai fait un rêve fou, cette nuit. Une fille se transformait en cygne. Seul l’amour pouvait rompre le sortilège mais son prince en aimait une autre… et elle se tuait.

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Le bal des FondateursSamedi 29 juin 2002 Je n'avais pas pu échapper au ton sarcastique de Joséphine quand je lui demandais pour sa fin d'année. Ton qu'elle n'avait pas juste avant. Serait-ce parce que je m'étais éloigné un instant ? Que pensait-elle de moi ? Avais-je fait quelque chose de mal ? Je commençais à ressentir une pointe d'inquiétude me poindre. Je m'étais toujours donné comme devoir d'essayer de l'aider ; au mieux, de la distraire quand nous étions ensemble. Encore plus maintenant que nous étions au bal des Fondateurs, dont je faisais parti. Il fallait que je me rattrape, et pour cela, je lui proposais d'aller danser. Après tout, elle n'était plus avec son cavalier officiel. Mais elle n'eus pas le temps de répondre qu'une voix familière nous coupa. « Mi lady. » Oh, par Merlin… Mais que faisait-il encore là ? S'était-il lassé de Zia ? Tant mieux pour elle, mais pourquoi fallait-il qu'il jette son dévolu sur Joséphine ?

Mes yeux lançaient des éclairs alors qu'il déposa un baiser sur la main de Joséphine. De quel droit osait-il la toucher comme ça ? Et la regarder comme ça ? « Presque aussi belle que cette chère Karoline Barjow ! N'est-ce pas Andrew… » Pardon ? Pourquoi était-je encore étonné de l'attitude d'Angelo, lui qui aimait tant le chaos ? « Angelo, nous te demandons nullement ton avis sur cette question. » Grondais-je. Joséphine retira sa main, et je la sentis se tendre. Je lui avais déjà évoqué mon frère, surtout pour lui dire de ne pas le fréquenter. Réalisait-elle que c'était lui qu'elle avait en face ? « Je suis Joséphine Davis. » Je la regardais du coin de l'oeil, m'assurant de… De quoi, au juste ? Cette situation me mettait très inconfortable. « Ma cavalière m’attend mais je suis tout disposé pour une danse. » Je les suivais du regard, choqué. Tétanisé, l'espace d'une seconde, à réaliser ce qu'il se passait.

Il y avait trop de choses qui se passaient dans mon esprit, tellement que j'étais incapable de faire le tri pour comprendre réellement ce qu'il se passait. Je ressentais de la colère envers mon frère, un sentiment de protection envers Joséphin. Je ne devais pas être étonné de ce dernier, étant donné les raisons pour lesquelles je m'étais rapproché d'elle ces derniers semaines ; pour lui rendre une famille et la vie qu'elle méritait. Mais ce sentiment de protection devenait de plus en plus fort, au point qu'il m'effrayait, par moment. Sauf que je ne pouvais pas m'en détacher. Ce qui me sortit également de ma catatonie fut de voir Joséphine tirer légèrement son bras pour se dégager de la prise de Angelo. Je me mis devant eux, avant qu'il n'ait le temps de l'entraîner sur la piste de danse.

« Il me semble, mon frère, que Joséphine ne t'ai pas donné son consentement pour aller danser avec toi. » J'avais attrapé le bras d'Angelo, celui qui tenait la main de Joséphine, pour l'empêcher d'aller plus loin. « Il me semble également que tu avais dis que ta cavalière t'attendait, non ? Ne la fais pas attendre et va la rejoindre. » Il finit par lâcher, heureusement, la main de Joséphine, en j'en profitais pour la rapprocher doucement de moi. Comme pour la protéger. Comme pour lui signifier que je ne comptais pas la laisser seule. « J'avais déjà promis une danse à Joséphine. N'oublie pas de donner une contribution pour l'hôpital, pour essayer de redorer ton image. » Presque immédiatement, je tournais les talons, la jeune femme à ma suite, vers la piste de danse.

Une fois que nous avions mis quelques mètres entre mon frère et nous, je me tournais vers elle. Un pli soucieux barrait mon front. « Je suis… Sincèrement désolé. Comme tu peux le voir, il est ingérable. La danse était le seul prétexte que j'ai trouvé, mais bien évidemment, tu es en droit de refuser… » Je ne comptais pas la forcer. Ce n'était absolument pas mon genre, moi qui condamnait, au contraire, ce genre d'attitude. Pourtant, elle ne bougea pas. Elle resta en face de moi, comme une invitation. Alors, lentement, j'attrapais sa main, je posais l'autre au milieu de son dos, et une fois qu'elle posa la sienne sur mon épaule, je commençais à la faire danser, au milieu des autres couples. « N'écoute pas ce qu'a dit Angelo. Tu n'es pas moins belle que Karoline. » Je voulais vraiment qu'elle sache ma pensée sur ça. Je ne savais pas pourquoi j'avais besoin de lui préciser, mais je ne voulais pas garder la vérité pour moi. « Tu es et tu as toujours été magnifique. Cette robe te va vraiment très bien. » Cette robe ne correspondait pas à la dernière mode, mais elle était simple, et efficace. Joséphine semblait avoir quelques années de plus avec cette tenue, avec cette coiffure. Mais surtout, avec son regard, également. Elle avait dû grandir tellement vite que cela se ressentait dans ses yeux, dans son attitude. Quand je la regardais, j'avais du mal à croire que j'avais une adolescente de 16 ou 17 ans devant moi. J'étais même parfois obligé de me le rappeler…
:copyright:️ Justayne

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I do whatever it takes
Cause I love the adrenaline in my veins

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Le bal des FondateursRP de groupeSamedi 29 juin 2002

J'ai pris soin d'être parfaite pour ce soir. J'ai mis des jours à choisir ma tenue, ma robe, mes chaussures, mes bijoux, mes gants. Je suis passée aussi chez la coiffeuse et ai opté pour un maquillage simple et naturel. Tout en délicatesse, sans trop en faire. Attirer l'attention, mais de manière classe et raffinée.

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J'ai été ravie d'avoir été invité par Andrew, je pensais que ce genre de bal ne me serait plus ouvert, mais il savait combien j'aimais ces événement mondains et pouvoir défiler en robe de luxe. Il a souhaité que je l'accompagne, je lui ai sauté dans les bras quand il me l'a proposé. Voilà plus de trois mois que je ne suis plus avec Calvin, que je lui ai rendu sa bague. Nous avions eu quelques semaines de répits avant que la Gazette s’empare de la nouvelle et ne publie en avril notre rupture. Le titre avait été totalement humiliant à l'époque : Calvin Scott : A nouveau célibataire ! Comme si moi je n'étais rien, ils ont d'ailleurs souligné mon sang-mêlé comme une tare, histoire de me rabaisser un peu plus. Comme si j'avais redonné une seconde chance à Calvin « le sang-pur » de trouver son idéal. J'ai refusé de témoigner pour la Gazette et Calvin aussi. Ils ont aussi laissé entendre que Calvin avait été vu avec un homme. Un petit fouineur a osé parler au journal, disant que notre couple battait de l'aile depuis un moment et que me sentant délaissée, je l'avais trompé. Si Andrew n'avait pas été là, j'ignore comment j'aurai vécu la lecture de cet article. Il a su me renarcissiser et m'épauler comme il se doit, pour que j'accuse le coup et rebondisse. Je pense que c'est aussi pour cela qu'il a voulu que je l'accompagne au bal, que je me montre fière, droite et sûre de moi. Que rien ne peut m'écraser.

Mais en réalité depuis 3 mois, je vis très mal mon célibat. Je pleure presque tous les soirs, et je sais qu'Andrew doit parfois m'entendre à travers les murs de sa chambre d'ami, mais il est bien trop gentleman pour me le faire remarquer. Il m'ouvre toujours la porte de chez lui, nous n'avons plus recouché ensemble depuis le mois de mars, comme je l'avais prédit. Notre amitié est solide à présent. Et son soutien est tout ce que j'ai actuellement. Mon frère gère tant bien que mal cette nouvelle, il m'a dit qu'il savait que Calvin me ferait du mal tôt ou tard, il ne voulait pas que je m'approche des Scott, aussi il ne voit pas d'un bon œil que je sois trop avec Andrew, mais j'ai finis par le rassurer, disant qu'il n'y avait rien entre nous, qu'Andrew ne faisait que me soutenir, qu'il pouvait me comprendre, vu qu'il est le frère de Calvin. Mike me propose aussi sa chambre, mais je suis bien trop fière pour que mon grand frère m'entende pleurer. Il a passé des années à me consoler après la mère de notre mère. Je ne veux pas lui imposer cela. Pas que je souhaite l'imposer à Andrew, mais je sais que je ne le dérange pas, nous avons tous les deux des boulots très prenant, et je fais beaucoup d'heures supplémentaires pour retarder l'heure de mon coucher. Parfois Andrew me raccompagne quand il passe au Ministère pour une affaire et que nos emplois du temps coïncides, il n'y a que là que je me sens en sécurité. Je me sens vulnérable dans les rues, est-ce que des fous pourraient vouloir encore me kidnapper pour voir si Calvin ferait quelque chose ? Si c'est vraiment la fin de notre couple comme l'a écrit la Gazette ?

Parfois je pense à demander à un collègue de m'oubliéter, pour oublier mon enlèvement en janvier, pour oublier les sentiments que j'ai eu pour Calvin, pour oublier James. On ne s'est pas recroisé depuis qu'il est venu menacé mon frère et moi à la boutique. Il n'a rien demandé, aucun ingrédient, aucun grimoire de la boutique. J'ignore si tout est réglé ou s'il manigance quelque chose en douce. Ne pas avoir de nouvelles m'inquiète et me rassure en même temps. J'ai peur de m'avouer qu'il me manque... comment peut-on être en manque de quelqu'un comme lui ? Alors qu'il ne s'est jamais rien passé ouvertement ?

Quoi qu'il en soit, me voilà ici, dans ce bal des fondateurs. Grandiose. La salle de réception des Llyod est comme je m'y attendais, je l'ai déjà foulé à d'autres occasions, mais celle-ci est vraiment particulière. Mon oreille est attirée par Sorcellerie-Info que l'on entend dans l'air. J'ai un sourire éclatant quand j'entends que l'on parle d'Alice et d'Andrew comme membre des Fondateurs, mais mon sourire vacille et se fait forcé quand j'entends la suite.

« - Et nous avons Andrew Scott, l'éternel célibataire qui sera cette fois accompagné ! Et par Karoline Barjow !
- L'ex de son frère ? Aïe, coup dur pour Calvin ! Miss Barjow doit avoir un genre de gars !… »


J'essaye de ne pas montrer que je suis touchée par ces mots. Blessée. Mes lèvres tremblent pour rester souriante. Allez Karoline, ne te laisse pas humilier, fait comme si ne rien était. Reste droite, fière, comme te l'a dit Andrew. La bave du gnome n'atteint pas le pelage du phénix. Je suis là, pour la première danse d'ouverture du bal, au bras d'un charmant ami, je dois lui faire honneur.

Une fois de plus Andrew ne fait aucune remarque et m'offre la première danse avec plaisir et envie, il n'a aucunement honte d'être à mes côtés. Lui aussi est très courageux d'être à mon bras, déjà vis à vis de son frère et vis à vis des rumeurs. Par chance, mon infidélité avec lui n'a pas fuité dans les journaux. James n'est pas allé jusque là. Alors je laisse entrapercevoir mes dents blanches et me montre belle, sûre de moi, je ne veux pas lui faire honte, qu'il regrette son invitation. Je connais les pas de cette danse par cœur, je suis à l'aise, bien que je cache une certaine anxiété, comme si la bague que j'avais au doigt me donnait plus de crédit, plus de légitimité que maintenant. Je déteste me sentir ainsi.

« Une autre danse te tente ? »
«  Avec plaisir, s'il te plaît ! »

Les autres invités nous rejoignent sur la piste, je ne me sens plus aussi observée et étudiée. Je me laisse totalement guider par Andrew, il est ici aussi en affaire, en observation, c'est son rôle de Fondateur, cette fête c'est aussi la sienne. Je me montre comme une parfaite cavalière, je sais comment me comporter, comment réagir, interagir, j'ai appris cela auprès de Calvin, auprès des sangs-purs que j'ai toujours côtoyé. Je saluts poliment les gens qu'il croise, à qui il parle.

Alors qu'Andrew se positionne à nouveau pour la seconde danse il regarde autour de nous. « Je ne savais pas que mon frère venait ce soir-là… » Je me raidi instantanément et me crispe dans sa main. Mon cœur s'emballe. Calvin ici ? C'est une blague ? Évidemment que je ne peux pas être « passé à autre chose » depuis seulement 3 mois. « Je ne parle pas de Calvin, mais d'Anthony. » Oh je vois, je me détends à nouveau dans ses bras. J'essaye en tournant de regarder à mon tour Anthony et sa cavalière.

« Cela te va si je vais saluer une connaissance tombée entre les griffes diaboliques de ma famille ? »
«  Évidemment, allons y ! »

On arrive devant la jeune femme, une collégienne je pense. Ce qui me renvoi à mes années Poudlard.

« Bonsoir, miss Nightshade. »
« Bonsoir mademoiselle ! Karoline Barjow, enchantée. »
« Bonsoir, Maître Scott. Bonsoir, je suis Zia Nightshade. La sœur jumelle de Esteban Nightshade. Et la nièce de Shay Nightshade. »

C'est donc la nièce de Shay ? Je connais très bien son oncle, j'ai travaillé avec lui au Ministère sur certaines missions, surtout depuis les Blues Dragons et le Jeu. D'ailleurs, je ne préfère pas penser au Jeu, quand je sais qu'Andrew a défendu son créateur, je lui en veux toujours. Mais passons... Cet Arthur est maintenant en résidence.

« Comment allez-vous, depuis l'attentat de l'Université ? Votre frère m'a dit que vous y étiez. »
« Ça va. Merci. »

Je suis surprise, elle était à l'attentat ? J'ai reçus quelques étudiants, pour les Oubliéter. C'était trop dur pour eux. Me dire que cette pauvre fille a subit cet affreux événement me serre le cœur. Pour autant, elle reste distante sur ses émotions, on dirait qu'elle a... encaissé le traumatisme, c'est certainement un mécanisme de protection, nous dire que tout va bien, alors que ce n'est pas le cas. Après chacun réagit plus ou moins différemment à ce genre de violence. Moi-même depuis mon enlèvement, je cache un peu ce que je ressens, la peur qui me tenaille à chaque instant, je joue un jeu, donne le change.

« C'est grâce à lui que les étudiants de Poudlard tel que vous ont pu avoir des séances de psychomage. »
« Oui, c'est ce qu'il m'a dit. Merci. »
« Bon, très bien. Je vous souhaite une excellente soirée, Miss Nightshade. »
« A vous aussi. »

Je ne peux m'empêcher d'intervenir, même si elle ne souhaite pas s'attarder sur le sujet ici, je le comprends. Je ne le voudrai pas moi-même.

« Et si jamais le psychomage n'est pas ce qui vous convient, n'hésitez pas aussi à me solliciter au Ministère, je me fais un plaisir d'aider les victimes, gratuitement il va s'en dire. Je suis Oubliator. »

J'essaye de lire dans son regard une envie, un signe, mais je n'y vois rien. Elle sourit puis s'en va plus loin. Mon cœur se serre un peu plus et je me retourne vers Andrew pour l'interroger silencieusement du regard.

« C'est une élève de Poudlard. Ou plutôt une ancienne, si elle a eu ses ASPIC. »
« Tous ces pauvres étudiants qui ont vécu ce drame. J'y pense souvent, j'en reçois encore pour les aider. J'aimerai pouvoir faire plus. »
« Que dirais-tu de boire quelque chose ? »
« Avec plaisir ! J'ai affreusement soif avec toutes ces émotions. »

Il sait de quoi je parle, moi ici au bal. Avec tous ces regards posés sur moi, jugeant pour certains. Même si Andrew poliment me dirait que je me fait des idées pour me rassurer et me protéger des autres.

« A toi, et que tu puisses aller mieux. »
« Je te remercie, je le souhaite aussi. Et que tes futures affaires soient gagnées haut la main !»

Ne reparle pas d'Arthur et du jeu Karoline, ne gâche pas ce moment. Il SAIT ce que tu penses, tu le lui as déjà dit, et votre amitié est toujours aussi forte. Résilience et pardon. Je lève mon verre et bois plusieurs gorgées, espérant que le liquide bulleux fasse effet rapidement et m'apaise un peu. Je vois Andrew être attiré par quelqu'un dans la foule, j'ai tellement peur de croiser Calvin que je regarde dans sa direction. Je me crispe à nouveau. James. Mon cœur s'emballe, surtout que je le vois aux côtés d'une jeune femme, une très jeune femme. Je me souviens qu'il avait déjà fait des remarques sur mon âge, sur le sien, et là, que vois-je ? Une fille encore plus jeune que moi à son bras ! Quel enfoiré ! Quel menteur ! Mon visage se ferme, vexée, déçue. Puis je me rappelle où je suis et j'essaye de détendre mes traits, mais cela ne trompe pas mon cavalier.

« Au vu de ton air, je suppose que vous n'avez pas parlé depuis mon anniversaire… »

Je tourne mon visage vers Andrew. Je n'ai pas parlé à mon ami de sa visite à la boutique, quelques jours après ma séparation avec Calvin. James est arrivé plus menaçant que jamais, voulant se venger de mon frère, me menaçant de sa baguette, prêt à me tuer. Je n'en ai parlé à personne. J'ai même enjolivé la scène auprès de mon frère, car si Mike avait appris qu'il m'avait menacé de mort moi aussi, je suis sûr qu'il serait aller à la confrontation juste pour ça.

« Relève la tête, Karoline, prend ton air le plus digne et le plus indépendant. Nous allons les saluer. »
« Quoi ? Non, Andrew ce n'est pas une bonne idée, crois-moi, je...»
« Après tout, j'ai promis à sa fille de continuer mes efforts pour qu'on renoue. »
« A sa... fille ?»

Quoi ? James a une fille ? Je n'ai pas le temps d'avoir une réponse, je n'ai pas le temps à me préparer émotionnellement que Andrew nous conduit déjà à eux après que je lui donne mon bras par automatisme. Fichue bienséance et éducation. Cette fille est sa fille ? Sa progéniture ? Il a une enfant ?

« James, Joséphine, bonsoir. »

Joséphine est sa fille et non sa cavalière ? Je ne connais vraiment rien de lui, tout me surprend le concernant.

« James, je ne te présente plus ma cavalière. Joséphine, voici Karoline Barjow… »

Je trouve juste la force nécessaire pour les saluer convenablement. Mais je suis toujours en état de sidération.

« Joséphine, James, enchantée.»

Tu parles ! Pas du tout. Je suis sous le choc. Je ne connais rien de cet homme. D'abord j'apprends qu'il s'appelle James et non Jem, puis qu'il a été un ancien Auror, et maintenant j'apprends qu'il a une fille. Il doit donc y avoir une Madame James... Je pose un regard noir sur lui. Impossible de lui sourire. Comment a-t-il pu être si... prévenant avec moi, presque charmeur les fois où il n'a pas essayé de me tuer et me menacer... alors qu'il a femme et enfant.

« Comment te sens-tu, depuis la dernière Gazette ? »

Quoi encore ? J'essaye de me souvenir des dernières informations du journal. Quel lien avec lui ? Je réfléchis et me remémore les articles. Le nouvel attentat des Blues Dragons ? Le premier a être arrêté, ce Thomas Scott-Rosier ? Les deux Mangemorts libérés ? Non vraiment je ne vois aucun lien. A-t-il perdu quelqu'un dans l'attentat à Saint Mangouste ? Y était-il ? Est-il blessé ? Je cherche sur lui des traces d'une blessure et je m'en veux d'avoir ce genre d'inquiétude pour lui. Il ne mérite pas mon inquiétude.

« Karoline, je vois que ta coupe est vide ? Donne-la moi, je vais aller te la remplir. »

Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'Andrew prend déjà mon verre dans ses mains. Il ne va pas faire ça ! Il ne va pas me faire ça !?

« Je vois que tu n'as rien à boire, veux-tu m'accompagner chercher quelque chose ? »

Il le fait ! Il me laisse seul avec James. Je vais le... grrrrr, Andrew Achille Lucian Scott, vous allez me le payer ! Je me retourne vers l'ancien Auror. Il m'offre son bras pour une danse qui commence. Pour les apparences, pour le protocole, pour ne pas faire d'histoire ou attirer l'attention j'accepte à contre cœur. Je suis bien décidé à ne pas lui parler, mais c'est mal me connaître, je ne peux pas m'empêcher d'être acrimonieuse avec lui.

« Alors comme cela tu as une fille ? Il y a d'autre chose que je dois apprendre sur toi James ?»

J’appuie bien sur les deux syllabes de son prénom.

« Oh et pas besoin de me dire que tu as été un Auror, je l'ai aussi appris, mais pas par toi. Et donc, que fais-tu ici ? »

J'ai l'impression que je l'amuse à moitié, mais moi je n'ai pas envie de rire, j'ai envie de lui faire la gueule.

« Tu n'es pas repassé, tu n'es jamais revenu chercher ce que je te devais pour avoir épargné mon frère. Est-ce si difficile d'envoyer un hibou ? De venir me voir à la boutique ou au Ministère ? Est-ce si laborieux de s'entretenir avec moi ? Ma compagnie est-elle aussi ennuyante que tu t'es épargné ma visite, ou l'écriture d'un simple mot ? N’importe quoi ?»

Je sens son corps se faire plus pressant contre le mien, ses mains plus douces mais à la fois plus fermes sur ma taille, dans ma main. Comme si... comme si son corps parlait pour lui. Mais que veux-tu me dire James ? Je ne comprends pas, je ne te comprends pas. Ce que je perçois par contre, c'est les sensations que je ressens quand il fait cela. Je frissonne dans tout mon être, je me sens à ma place alors que je suis en colère contre lui. Je suis déçue par son comportement, je voudrai qu'il parte et en même temps qu'il ne me lâche plus jamais. Je sens un millier de papillon dans mon ventre, je ressens un bien être, je me sens en sécurité. Il est mon antagoniste comme il est mon besoin vital. James me rend dingue et il n'en a même pas idée.

Il finit par me dire qu'il a réfléchit et qu'il veut bien quelque chose de la boutique. Je suis surprise et le regard sans sourciller. Il avoue que ce qu'il veut, c'est moi. Mon cœur ratte un battement, pas sûre d'avoir compris.

« Je te demande pardon ?»

Il répète sa demande. Il veut un dîner, une soirée avec moi. Il rigole n'est-ce pas ? Merlin que cette chanson est longue, qui est l'organisateur ?

« Je ne crois pas non. Hors de question, et puis quoi encore ?»

Il visse son regard au mien, suppliant, presque charmeur et il me rappelle innocemment que c'est moi qui est posé ces conditions. Qu'il a fait preuve de preuve de gentillesse, de compassion, et de pitié pour mon frère et moi. Que j'ai promis pour que mon frère reste en vie. Je me sens prise en otage, coincée au pied du mur. J'ouvre et referme ma bouche.

« Bien, comme tu voudras. Disons Vendredi à 20h.»

La chanson se termine et je me défais de son étreinte. Bien qu'il réalise un baise main. Je ne suis pas insensible mais je fais tout pour rester de marbre. Je n'arrive pas à croire sa demande. Je n'arrive pas à croire que je vais avoir un rendez-vous avec lui, dans les règles de l'art. Pourquoi maintenant ? Je ne comprends définitivement pas cet homme. Il y a quelque mois, son regard avait du dégoût de me voir avec Andrew, maintenant ses yeux pétillent que je lui réserve une soirée.

« Bonne soirée James. A vendredi.»

Je le quitte sans me retourner jusqu'au bar où je retrouve une jeune femme que je n'avais encore jamais vu. Une magnifique brune, aux yeux noisettes.

« J'adore votre robe, elle est sublime, où l'avez-vous acheté ? Ce n'est pas anglais n'est-ce pas ? Enchantée, moi c'est Karoline Barjow.»

Elle me dit s'appelait Thyra.

:copyright:️ Justayne

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"Il avait suffi de peu : de l'attention, une main tendue
et un peu d'amour. Parfois, dans la vie,
on a besoin de trois fois rien pour être sauvé"

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Le bal des FondateursSamedi 29 juin 2002
Au plus grand regret d’Angelo, la jeune Joséphine ne semblait pas sensible à ses charmes. Méfiante, Andrew avait dû la mettre en garde. « Angelo, nous te demandons nullement ton avis sur cette question. » Oh vraiment ? Comme s’il attendait la permission de son ainé pour s’exprimer sur ses préférences en matière de femme. La jeune femme retira son bras de la prise du sorcier sous le regard brulant de l’avocat qui n’hésita pas à se placer entre eux pour les séparer. « Il me semble, mon frère, que Joséphine ne t'ai pas donné son consentement pour aller danser avec toi. » Le jeune Scott leva les yeux au ciel, il ne cessait jamais donc ses leçon de moral ? « Il me semble également que tu avais dis que ta cavalière t'attendait, non ? Ne la fais pas attendre et va la rejoindre. » Manifestement, il avait fait son choix, plutôt protéger Joséphine que Zia. Egoïste ! « Je sentais ta cavalière abandonnée. Tu ne la fais même pas danser, gentlemen pourtant que tu es. » Andrew se mit davantage en bouclier autour de la fille de James. « J'avais déjà promis une danse à Joséphine. N'oublie pas de donner une contribution pour l'hôpital, pour essayer de redorer ton image. » D’un œil soucieux, Angelo les observa s’éloigner sur la piste de danse. « Compte sur moi ! » Rétorqua-t-il seulement à l’adresse de son frère.

Angelo finit par tourner les talons, non sans le verre promis à Zia. « Tu m'as vite remplacée, à ce que je vois… Et tu t'es pris une nouvelle fois la tête avec ton frère, à ce que je vois. » Il lui tendit le breuvage, pour une fois sans alcool. Après ce qui était arrivé au Lussuria, il ne voulait pas risquer d’être aperçu en compagnie d’une étudiante bourrée. « Tu es jalouse ? Déjà ? » Il haussa les épaules, l’air innocent. « Je ne voulais pas me prendre la tête avec lui, je voulais le pousser à danser avec sa cavalière. Regarde comme ils sont heureux maintenant ! Je suis un entremetteur de premier choix ! » Il lui adressa un clin d’œil en lui tendant son bras pour les écarter de la piste de danse. « Ce soir, j'aurais dansé avec toi, j'ai rencontré Andrew, Anthony, Alice… Il ne me manque plus que Calvin. Il est comment ? » Sa famille continuait de la fasciner sans relâche. Il n’y avait rien d’étonnant là-dedans, les Scott était légendaire. « Chiant, coincé, ronchon, peu charismatique et sans doute le plus éloigné en caractère de tous les Scott. » Rétorqua-t-il sans hésitation. « Tu n’as pas rencontré Ayana non plus. Pas que tu perdes quelque chose. De toute façon elle a pris la fuite il y a bien longtemps maintenant ! » Angelo n’avait pas songé à sa sœur depuis plusieurs années, il doutait qu’elle ait accompli quoi que ce soit pour faire honneur à sa famille.

Zia continuait d’être songeuse, s’accommodant à sa présence étonnamment facilement. « Il faut bien que je décide quel Scott je préfère. Les jumeaux sont en bonne place, grâce aux livres de runes que ton frère m'a prêtés. Et c'est facile de se débarrasser d'Alice, je n'ai qu'à lui prêter mon cavalier. » Ah Ah ! Angelo mima un rire. « Comment ne puis-je pas être ton préféré ? » Plaisanta-t-il. « Non en fait, comment Andrew ne peut-il pas être celui que tu préfères ? C’est le favori de tout le monde ! » Ronchonna-t-il comme un enfant, quoique bien contrarié par cette vérité. Mais c’était bien la vérité, il n’y avait que son ainé qui avait suivi un chemin vertueux, admiré de tous, il était soi-disant le plus réussi des Scott. Comment un homme avec un ballet dans le cul pouvait provoquer d’aussi hautes louanges ? Une grosse faute de goût de la part de sorciers au sang souillé sans aucun doute !

Angelo prit le verre des mains de Zia pour y boire une gorgée, leur danse enflammée lui avait donné soif. Beurk ! Il réprima une grimace lorsqu’il se souvint que ce n’était pas de l’alcool. « Comment tu connais Billy, au fait ? Lui aussi est collégien. Et je suppose que tu n'as pas brûlé le bureau de son père à lui. » Billy ? Oh ! William. Quel sobriquet ridicule les gens lui donnaient ! « Un cousin éloigné. Très éloigné ! Mais je ne le connais pas vraiment. » Pas besoin de s’étaler sur le sujet, de un : cela n’avait rien d’intéressant, de deux : pourquoi parlions-nous de lui ? « C'est vrai que tu me trouves "absolument resplendissante ce soir" ? » Souffla-t-elle après un instant. Ses joues se teintèrent en rouge presque immédiatement. Angelo dû ravaler sa bile pour ne pas rire. S’il la vexait maintenant, elle ne lui tiendrait plus compagnie pour le reste de la soirée. A vue d’œil, il n’y avait personne de bien intéressant avec qui conversait ce soir… « Pourquoi ? Tu voudrais que je te trouve resplendissante ? » Risqua-t-il, son sourire en coin habituel. « Le baiser que je t’ai donné l’autre fois ne t’a pas convaincu, tu en veux un deuxième ? » En rentrant du Lussuria en avril dernier, Zia était bien éméchée et il n’eut pas besoin d’attendre longtemps avant qu’elle ne se jette sur lui. Du moins… Ses yeux ronds comme des soucoupes laissaient présager qu’elle ne se souvenait de rien de ce genre. Manifestement l’alcool lui avait fait oublier le meilleur !

Angelo la saisit par le poignée pour la guider dans un couloir sombre du palais juste à côté de la salle de bal. Il plaqua son dos contre l’un des murs et se rapprocha lentement de son oreille. « Tu veux te souvenir quel effet ça faisait ? » Le demi-dieu passa sa langue sur ses lèvres pour les humidifier. « Un baiser vaut mieux que tous les livres de runes, peut-être qu’avec ça j’aurais toutes mes chances de passer en tête dans ton classement ? » Sussura-t-il, toujours collé à son oreille. Il pouvait entendre les battements de son coeur s'emballer ou était-ce les siens ?
:copyright:️ Justayne

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"I prepare for the noble war. I'm calm, I know the secret. I know whats coming and I know no one can stop me not even myself."

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Le bal des FondateursSamedi 29 juin 2002
Je devinais assez vite les intentions d’Angelo : mettre dans l’embarras son grand frère. Il ne s’agissait pas de moi, ni de Karoline, mais seulement d’une histoire de famille. Et Andrew voulait prendre soin de la mienne… Quel paradoxe ! Ou le faisait-il par procuration ? « Ma cavalière m’attend mais je suis tout disposé pour une danse. » Je tentais de libérer mon bras de son emprise. Je n’avais aucune envie de partager une danse avec lui, déjà que je n’étais pas emballée pour le faire avec Andrew. « Il me semble, mon frère, que Joséphine ne t'ai pas donné son consentement pour aller danser avec toi. » Ce dernier s’était soudain avancé pour faire rempart entre son frère et moi. Je me calais bien derrière lui pour éviter toute interaction avec Angelo, je n’étais pas en mesure de faire face à la folie de ce gars. Une fois encore, tout ceci n’était pas à propos de moi mais d’eux-seuls. Néanmoins, la phrase de comparaison d’Angelo concernant Karoline et moi-même me trottait toujours dans la tête.

« J'avais déjà promis une danse à Joséphine. N'oublie pas de donner une contribution pour l'hôpital, pour essayer de redorer ton image. » Cela sembla suffire pour éloigner le malotru, Andrew me tendit son bras et je m’y accrochais comme à une bouée de sauvetage pour le suivre sur la piste de danse. Ce n’était pas ce qui était prévu mais je compris que c’était notre seule échappatoire. Et puis, l’idée de me retrouver proche de l’ainé des Scott, comme lorsqu’il avait rempart de son corps pour me protéger de son frère, me tentait bien. C’était un sentiment tout nouveau, une bulle de confort s’était créée en moi et je n’avais plus envie de la laisser partir à présent. « Je suis… Sincèrement désolé. Comme tu peux le voir, il est ingérable. La danse était le seul prétexte que j'ai trouvé, mais bien évidemment, tu es en droit de refuser… » Je secouais la tête de gauche à droite, acceptant sa main et sa proximité pour que nous nous mettions à danser. C’était une balade très calme, nous nous balancions seulement en rythme.

« N'écoute pas ce qu'a dit Angelo. Tu n'es pas moins belle que Karoline. » Son regard était plongé dans le mien, j’avais l’impression qu’il pouvait aisément lire en moi. Il avait senti que la remarque de son frère m’avait touché. Ma gorge était sèche et je ne savais pas quoi lui répondre, j’étais assez déstabilisée par tout ça, le bal, la danse, Angelo et tout simplement par lui. « Tu es et tu as toujours été magnifique. Cette robe te va vraiment très bien. » Je me sentis rougir et préférais détourner le regard. J’étais presque furax contre lui tout à l’heure et maintenant j’avais envie de me plier à ses quatre volontés. Deux compliments. Seulement deux compliments Joséphine ! « Merci. Cette robe appartenait à ma mère. » Soudainement, je me souvenais que nous étions en train de danser et que je devais faire attention à ne pas lui marcher sur les pieds. Je baissais les yeux pour m’en assurer, et c’est à ce moment-là que je commençais à faire n’importe quoi. « Excuse-moi, je ne sais pas du tout danser. » Heureusement qu’il y avait quelques bals à Poudlard pour s’exercer. Quoi que, s’exercer avec des garçons n’était pas la même chose que le faire avec Andrew. L’enjeu en était bien plus élevé.

Je tentais comme je pouvais de ne pas guider mes membres avec ma tête et de laisser mon corps gérer. Plus facile à dire qu’à faire. Quelques fois encore je tanguais maladroitement ou baissais la tête pour surveiller mes pieds et compter mes pas. « Karoline est vraiment très belle. Il semblerait qu’elle connaisse mon père vu que tu les as laissés entre eux un peu plus tôt. D’où se connaissent-ils ? » Je cherchais du regard les deux concernés sans arriver à les trouver. Je ne pouvais qu’admettre la grâce de la cavalière d’Andrew, j’avais besoin de lui dire aussi, je n’avais pas envie qu’il m’associe à quelqu’un d’envieux ou en faveur d’une quelconque rivalité féminine. Je n’étais pas au même échelon que celle-ci, voilà tout. « Cela me rappelle la première fois où l’on s’est rencontré. Au bal de la famille Iceni, j’avais mal aux pieds ce soir-là ! » Un petit rire s’échappa de ma bouche et je me sentis bien détendue qu’à mon arrivée. Finalement : la danse avait du bon ! Ou plutôt la danse avec Andrew.

C’était agréable de penser ne penser qu’à une seule chose. Plutôt que de ruminer sur Billy, encore et encore. Je ne le voyais pas dans la foule, où avait-il bien pu se fourrer encore ? Et d’ailleurs, c’était bien Zia Nightshade sa cavalière, cette dernière était aux prises d’Angelo ! Mais Andrew ne pouvait pas le sauver de tout le monde, en tout cas elle semblait bien le prendre, elle ne cherchait pas à le fuir. Curieux. Néanmoins, cela ne me disait pas où était l’autre Serpentard à qui je ne parlais pratiquement plus depuis le mois de mars…

-Flashback Mars 2002-


« Billy ! Hé ! » Tentais-je de l'interpeller à la sortie de mon cours. Depuis plusieurs jours, il semblait ailleurs, comme déconnecté du présent. Il m'avait à peine adressé la parole, même pour dire une connerie. Il semblait pressé, d’une marche rapide il traversait les couloirs de Poudlard. « Quoi ? » demanda-t-il d’un ton brusque en se retournant vers moi. « Ben rien. Juste je voulais parler. » Tentais-je de le suivre au pas de course parce que ce dernier n’était pas décidé à s’arrêter. « J'ai pas l'temps !» dit-il d'un geste pressé de la main. « Pourquoi ? Tu n'as pas cours à cette heure-là ? Tu ne veux pas qu'on aille à la bibliothèque pour réviser ? » Quelque chose le préoccupait ? Ou bien était-ce un rendez-vous avec une fille. « Tu vois quelqu'un ? »

Billy soupira et se stoppa dans le couloir pour me faire face. « Non. Non, je ne veux pas aller à la bibliothèque, et non, je ne vois personne. » Il hésita quelques secondes avant de poursuivre, le regard fuyant. « La vérité, c'est que je n'ai plus de temps à t'accorder. J'ai ... des choses plus importantes à faire. » Pardon ? Que venait-il de dire ? Je restais bouche bée quelques secondes, attendant une chute à sa blague mais rien ne vint. « Désolé ... faut que j'y aille ... » Il reprit sa course mais je le rattrapais bien vite, sortie de ma transe. «Tu te fous de moi ? C'est une blague rassure-moi ?» Mon ton était un mélange entre la colère et l'amusement. Billy évitait toujours mon regard et poussa un nouveau soupir. « Laisse-moi passer, Joey. Je n'ai pas le temps de t'expliquer pour le moment mais ... peut-être ... un jour ... » Cette fois-ci je le stoppais de ma main sur son torse. Ses yeux fuyants ne me disaient rien qui vaille. «Tu as des problèmes ? Je peux t'aider tu sais. Ça restera entre nous.» Mon ton s'était adouci, il n'était pas dans son état normal.

Soudainement le regard de Billy devint noir et croisa le mien. « Tu ne peux pas m'aider ! » Cracha-t-il. « T'as jamais compris ! Et ... tu ne comprends toujours pas ... » Son regard changea du tout au tout. Ce n'était plus de l'embarras mais de l'agacement. De la colère. Colère de quoi ? Envers qui ? « Mais explique-moi enfin ! » Rétorquais-je, commençant moi-même à m'agacer. « NON ! » Cria-t-il, quelques élèves du couloir se retournèrent pour les regarder. « Maintenant, laisse-moi passer ou ... » Je fis un pas en arrière. «Ou quoi ? Tu vas me provoquer en duel ?» Commençais-je à rire jaune. Billy ne rit pas. « Peut-être. » Il me dépassa en me donnant un coup d’épaule. Cette fois-ci je ne le suivis pas.

-Fin Flashback-

Une autre mélodie se lança et nous étions toujours en train de danser, Andrew et moi. Je m’étais perdue dans mes pensées un moment, cela n’avait pas semblé déranger l’avocat heureusement. « Je me fais du soucis pour Billy. » C’était sorti tout seul, j’avais besoin de me confier à quelqu’un et qui de mieux placé qu’Andrew pour m’écouter. Il avait une oreille attentive et était donneur de bons conseils. Je ne risquais rien à lui avouer mes pensées et mes tourments, je le savais depuis un moment déjà. Avant je me confiais à Billy justement mais ce temps semblait révolu et je ne comprenais pas pourquoi. « Il ne me parle plus vraiment depuis quelques mois. Il m’a dit qu’il avait des choses plus importantes et intéressantes à faire que de trainer avec moi et j’ignore ce que je lui ai fait pour qu’il réagisse ainsi. » Mes yeux s’embuèrent légèrement de larmes alors que je tentais de ne pas en laisser couler une seule. Je préférais garder mon regard droit, au niveau de l’épaule d’Andrew pour ne pas avoir à le regarder, ses yeux avaient un effet particulier lorsque je les croisais et je savais que je me serais mise à pleurer, ce que je préférais éviter à cet événement très médiatisé...
:copyright:️ Justayne

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«J'en ai tellement marre d'entendre que le seul objectif d'une femme est de trouver l'amour. Mais je me sens tellement seule.» Jo March.

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Le bal des FondateursJeudi 27 juin 2002« Je suis obligée d’annuler pour samedi. » Je croisa les bras, mettant au défi Chan-yeol de me contredire. Nous nous voyions, certes, en secret pour ma part, certes, mais cela ne voulait rien dire. Tout au plus, je m’obligeais à honorer les rendez-vous avec lui par amitié pour son frère, ainsi que pour préserver ma réputation. Il ne saura pas dit que Leomie Kim-Winslow ne savait pas tenir sa parole ! « Il y a un bal de charité chez les Scott – ce qui est assez barbant, tout ce qui tourne autour de la charité… » Au moins, je n’avais pas à faire semblant avec le jeune homme. L’on pourrait croire qu’une future Médicomage se devait avoir le coeur sur la main et adorer aider son prochain, mais ce n’était pas mon cas. C’était déjà assez barbant de devoir faire semblant devant les autres, il était hors de question que je le fasse avec Chan-yeol ! « Je dois y aller avec mes parents. Je ne pense pas pouvoir constituer de réseaux lors de cette soirée, mais on ne sait jamais… Enfin, tu comprends bien que tu ne peux pas venir en… en étant toi ! » Je le dévisagea de bas en haut, avant de m’asseoir sur mon lit. Enfin, il comprenait bien ce que je voulais dire, n’est-ce pas ? Je l’invitais déjà à passer certains après-midi chez moi (lorsqu’aucun membres de ma famille n’était là), c’était déjà bien…

Samedi 29 juin 2002

Cette soirée promettait d’être l’un des plus gros évènements de ce trimestre – voire de ce semestre, si je pouvais me permettre. Et ce, pour plusieurs raisons. La première était que de nombreuses personnes influentes allaient être présentes, et que je devais me montrer sous mon meilleur jour. Pour ce faire, j’avais retrouvé ma couleur naturelle, un noir ébène des plus classiques mais qui serait du meilleur goût couplé à ma robe noire et mon maquillage si léger que personne ne pouvait vraiment le voir. Et puis, cette soirée était aussi très importante puisque c’était la première fois que Chan-yeol m’accompagnait… Sous sa forme d’Animagus, évidemment ! Il n’y avait aucune chance qu’il soit convié à un évènement aussi select. Je l’avais accueillie déjà apprêtée et maquillée – il n’y avait pas moyen que je l’introduise chez moi alors que je n’étais pas changée ! Et la seule consigne que je lui avais donné avant de le prendre dans mes bras avait été qu’il devait impérativement se la fermer. Je n’aimais pas briser mon image parfaitement polie, mais quand je n’étais qu’avec lui, je pouvais bien me le permettre. À qui l’aurait-il raconté, de toute façon ? Je pris l’éventail qu’Isabeau m’avait fait parvenir par hiboux, avant de suivre mes parents. Ils ne firent même pas de remarques sur le petit chien que je tenais dans mes bras. Il y avait de toute façon de très fortes chances qu’ils ne l’aient pas remarqué, ce qui arrangeait bien mes affaires.

La fête battait son plein. Comme d’habitude, ma famille avait sût arrivé au meilleur moment : celui où l’on nous remarquerait à coup sûr. Eileen était venue de son côté, mais Faith et Willow nous accompagnaient. Et c’est avec surprise que je vis s’avancer vers nous les Fontanges. L’air pincé de ma mère ne leur avait sûrement pas échappé, mais ils vinrent tout de même nous saluer. Je ne pouvais que leur être reconnaissante : au moins avais-je une excuse toute trouvée pour rejoindre Isabeau. Je serra Chan-yeol dans mes bras, en passant distraitement mes doigts dans sa fourrure pour calmer les battements de mon coeur. « Monsieur Kim-Winslow, Madame Kim-Winslow, Leomie, bonjour. Je suis ravie de vous revoir. » « Madame Fontanges, votre robe est ravissante ! Il faudra m’en donner la référence. » Tout comme mon amie, je fis à tout le monde le plus beau de mes sourires innocent, avant de me rapprocher d’elle à son signal. Nous y étions tellement habituées petites que personnes ne remarqua rien de notre manège. « Nous nous absentons un instant, le temps d'aller chercher des rafraîchissements. » J’attendis d’avoir fait au moins dix pas en silence avant de lancer un regard ironique à la jeune femme. « Ton père te laisse aller toute seule jusqu’au buffet, est-ce qu’il pense que tu trouveras un bon parti ainsi ? » Comme si c’était la priorité d’Isabeau… nous étions bien différentes, elle et moi, mais j’avais tout de même appris à apprécier ses… particularités depuis que je l’avais de nouveau dans ma vie.

« Tu t'es remise de la mort de ton chien, tu en as pris un autre ? » Je me figea, la toisant du regard le plus noir que je possédais dans mes malles. « Je n’ai aucune envie d’en parler. » Je pinçais les lèvres, en redoutant déjà le moment où Chan-yeol retrouverait sa forme humaine. Se souviendra-t-il de cet échange, ou bien son esprit était trop embrumé lorsqu’il était sous ses traits canins ? « Mais où est Aliénor ? Ce bal aurait pût être la première introduction de sa fille dans notre monde… ? » Une enfant aux origines troubles, certes, mais qui devrait tout de même être présenté à nous autres en temps voulu, n’est-ce pas ? C’était un peu scandaleux, mais nous n’étions plus au dix-neuvième siècle non plus ! Cette enfant pouvait très bien avoir une vie tout à fait acceptable si elle ne revendiquait pas une place chez les Fontanges comme petite-fille légitime. Elle serait plus… une pupille, n’était-ce pas idéale comme solution ? « Ali n'a pas voulu venir, alors, elle est restée à la maison avec son ambassadeur italien… » Je ne comprenais pas pourquoi Isabeau avait une telle réaction épidermique. Lorenzo Peretti avait tout pour plaire – surtout avec son statut et ses relations. « Si l’on m’avait dit qu’il suffisait de fuguer pour trouver un aussi bon prétendant, j’aurais sans doute tenter l’aventure… » Je laissa échapper un petit soupir, moi qui ne plaisantait qu’à moitié. Parfois, je regrettais l’époque où nos parents choisissaient pour nous nos maris. Cette tâche me semblait tellement fastidieuse quand je portais mon regard sur les jeunes hommes qui gravitaient autour de moi : il n’y en avait pas un pour relever le niveau de l’autre ! « Et donc, ce chien ? » Je sursauta si fort que mes doigts serrèrent un peu trop fort la fourrure de Chan-yeol. « C’est un chien. Il n’y a rien d’autre à dire. » Dire que je pensais que cela suffirait à faire taire Isabeau, c’était bien mal la connaître…  « On dirait  que tu le caresses comme si c'était un mec. » « PARDON ? » Je toussota, en essayant de reprendre ma respiration. Comment pouvait-elle dire de telles choses sans sourciller ? « Je ne caresses pas de mec, tu le sais très bien ! » « Tu as quelque chose à me dire, peut-être ? » Je serra un peu plus fort Chan-yeol contre moi. Une part de moi avait très envie de lui dire. Après tout, Isabeau était ma seule amie et, si je ne lui disais pas, à qui d’autre pourrais-je le faire ? Sans compter sur le fait qu’elle ne me jugera jamais, elle qui fait bien pire ! « Oh par Merlin ! Attends-moi, je vais nous chercher à boire, et tu me racontes tout. » Je roula des yeux. « Toi et ton alcool… ! » Mais je la laissa s’éloigner, pensant au fait que ce serait sans doute plus facile pour moi si nous buvions lors de mes révélations.

Mais les secondes s’égrainèrent, devenant des minutes. Je porta mon regard assez loin, jusqu’à ce que je repères enfin Isabeau… qui discutait avec un jeune homme. Edmund Prewett. Je souris en passant une main distraite entre les oreilles de Chan-yeol. « Plutôt bon choix… De bonne famille, et il a l’air totalement innocent et inoffensif. Contrairement à toi. » Je le souleva pour le regarder dans les yeux. Il avait l’air tellement chou sous cette forme que j’en oubliais presque son parfum de danger quand il me défendait ou qu’il me faisait sortir de mes gonds. « Si tu étais plus présentable, peut-être que je t’aurais laisser m’accompagner comme cavalier, et pas comme mon petit chien. » Mais nous savions tout deux que ça n’aurait jamais été possible. Car, si un jour Chan-yeol ressemblait à Edmund Prewett, alors je n’aurais plus grand-chose à faire avec lui, n’est-ce pas ? Le fréquenter n’aurait pas le même attrait… « Comme j’ai pitié de toi, je vais t’amener ailleurs. Ou tu pourras te dégourdir les pattes. » Je lui fis un petit bisou sur son adorable petit nez de poméranien, avant de prendre une flûte de champagne et de me diriger vers une pièce vide. Je fis plusieurs essais avant d’en trouver une d’ouverte, et je lâcha Chan-yeol dedans. « Est-ce que nous ne sommes pas mieux, ici ? » Peut-être aurais-je dût lui apporter une balle, pour éviter qu’il ne s’ennuie trop… ?
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Le bal des Fondateurs






| Samedi 29 Juin 2002 |

Quand Leo m’a annoncé, jeudi dernier, qu’on ne se verrait pas aujourd’hui… J’avoue que j’ai tiré la gueule.

Je ne peux pas voir Leo tout le temps et lorsque je peux c’est sous ses conditions un peu chiantes. Mais j’la kiffe, cette meuf, alors j’suis prêt à plier pour qu’elle aie pas à se faire du mouron pour sa réputation ou quoi.

Des fois c’est vexant qu’elle veuille pas être vue avec moi. Franchement, mon ego prend un gros coup quand elle me le rappelle… Mais j’ai pas vraiment envie de la perdre alors j’fais mine que c’est rien. Du coup, ma jalousie est plus aiguisée qu’elle ne l’a jamais été dans mes anciennes relations où je pouvais clamer haut et fort que ma moitié m’appartenait à moi, mais j’imagine qu’il faut que je me bouffe mes nerfs pour ça aussi. Un jour, ça risque d’exploser… Mais on n’y est pas encore.

Bref, ça pour dire que, déjà, c’est chaud en temps normal de se capter tranquillement alors là j’étais pas vraiment prêt à abandonner la chance de l’avoir rien que pour moi pour un bal de charité claqué au sol. Même elle, elle a admis que c’était “barbant” — que j’ai traduit par “chiant à en crever” — alors franchement c’est relou de devoir annuler pour ça. Si au moins elle allait faire un truc kiffant ou quoi j’aurais pigé un minimum mais là c’est l’univers qui se fout de ma gueule.

J’avais pas envie de lâcher le morceau mais j’ai rien dit, j’ai juste grogné, jusqu’à ce que Leomie précise un détail :

« Je dois y aller avec mes parents. Je ne pense pas pouvoir constituer de réseaux lors de cette soirée, mais on ne sait jamais… Enfin, tu comprends bien que tu ne peux pas venir en… en étant toi ! »

En étant moi avait-elle dit.
J’avais laissé passer l’envie de râler et de demander ce qui était si mauvais en “moi”, surtout parce que Leo aurait sûrement assez de caractère pour me dresser une liste et que j’avais envie de tout sauf de ça… ‘Fin, bon. Une fois que ça c’était passé, j’ai commencé à grommeler que j’aurais bien aimé, du coup, ne pas “être moi”.
Non mais regardez ce que cette femme me fait penser ! Moi ! Vouloir être quelqu’un d’autre ! La dinguerie !

Après avoir marmonné dans ma barbe j’ai commencé à faire travailler mon cerveau et, très vite, un truc m’est revenu :

Je peux ne pas être moi.

J’ai un don d’Animagus, faut encore que ça me serve, non !?

J’ai tenté le coup parce que j’avais rien à perdre ; j’ai demandé à Leo si elle accepterait que je l’accompagne sous ma forme animale. J’ai pas lâché mon idée et aie argumenté comme il le fallait. J’ai promis d’être sage, de fermer ma gueule devant les gens, de me tenir tranquille, de ne pas m’éloigner, etc… ‘Fin, j’ai fait la promesse d’être le plus sage des chiens à cette soirée et j’ai fini par l’avoir.

Évidemment, j’avais, à ce moment-là, l’idée qu’on puisse se retrouver seuls à un moment et que je puisse profiter de sa présence comme il se doit mais je n’ai rien dit à Leo, ça pourrait jouer contre moi.

Autant dire que j’suis plutôt fier de ma victoire, du coup je compte vraiment honorer ma parole. De toute manière, il vaut mieux pour moi d’être sage comme je l'ai promis si je ne veux pas me mettre Leo à dos et si je veux que, si cette situation se présente à nouveau, elle me fasse confiance à nouveau. Du coup je me tiens tranquille même si, bordel, je suis en présence de la famille de Leomie ! Ses parents, ses sœurs… J’ai envie de reprendre ma forme, de profiter de l’occasion pour me présenter à eux et espérant qu’ils m’apprécient et que, du coup, Leo et moi on puisse se fréquenter normalement… Mais je sais que ça ne va sûrement pas se passer aussi facilement. J’suis pas naïf. Du coup je garde sagement ma forme canine et je me love confortablement dans les bras de Leomie. Y’a au moins ça de cool.

À peine arrivés, je remarque qu’une famille s’avance vers les Kim-Winslow. Ladite famille vient saluer celle de Leomie et je les observe d’un œil méfiant. Quoi ? J’aime pas les gens. Encore moins les riches et les nobles avec leur balais au cul. Mais promesse tenue : je ferme ma gueule.

Alors que les salutations vont de bon train, je profite des caresses de ma Leo. Je peux sentir son coeur battre la chamade et je me demande si elle est nerveuse. Du coup, je me blottis bien contre elle, espérant la réconforter par ma présence.

En tout cas, Leomie ne reste pas longtemps avec le groupe ; elle s’éloigne un peu avec une fille de l’autre famille. Sûrement son amie, du coup. Les deux filles commencent à discuter et je n’écoute que très distraitement ce qui se raconte. J’avoue que les piaillements de femmes riches ne m’intéressent que passivement.

« Tu t'es remise de la mort de ton chien, tu en as pris un autre ? »

Bien sûr, la conversation est plus intéressante quand on parle de moi. Je lève la tête pour regarder Leomie et remarque qu’elle n’a pas l’air contente du tout. Elle fusille son amie du regard, même.

« Je n’ai aucune envie d’en parler. »

Et son amie abandonne le sujet ici. J’imagine qu’elle fait bien, connaissant Leo. Elles parlent d’une autre fille et de la fille de cette fille et, un instant, je me dis que la conversation n’est plus à sauver. Elles deviennent à nouveau chiantes, quoi.

« Ali n'a pas voulu venir, alors, elle est restée à la maison avec son ambassadeur italien… »
« Si l’on m’avait dit qu’il suffisait de fuguer pour trouver un aussi bon prétendant, j’aurais sans doute tenter l’aventure… »

J'émet un couinement sourd malgré moi en entendant ça. Ok, j’suis pas censé être moi mais Leomie a quand même conscience qu’elle m’a dans les bras ! Elle pourrait attendre que je sois pas là pour parler de trouver un “aussi bon prétendant” que celui d’une pouffiasse que je connais même pas. Je me retiens fortement de grogner ou d’objecter en bonne et due forme sous mon apparence réelle, mais c’est bien parce que je ne suis pas du genre à trahir mes promesses — vraiment pas.

Quand je vous dis que ma jalousie est aigüe avec Leo… J’m’en fiche qu’elle dise ça pour la forme ou quoi. J’ai pas envie d’entendre ça. J’veux pas penser qu’elle puisse me remplacer si un beau-gosse à la bouille d’ange plein aux as se ramène. J’vaux quand même pas si peu, putain.

« Et donc, ce chien ? »

J’émet un glapissement de surprise alors que Leo tire sur ma fourrure en sursautant. Malgré ça, j’suis d’accord : parlons plutôt du chien. Parlons de moi.

« C’est un chien. Il n’y a rien d’autre à dire. »

Encore une fois, je me retiens de faire un scandale. Y’a pas à dire, Leo a bien de la chance d’être elle. Je prends beaucoup sur moi pour elle ; je ne fais ça pour personne d’autre. À part peut-être pour Dae-Hyun parce que c’est un garçon fragile mais lui, au moins, il assume totalement d’être mon ami. S’il pouvait le crier au monde entier même, il le ferait. J’en demande pas autant à Leomie mais j’ai vraiment l’impression de rien valoir, là. J’kiffe pas du tout.

« On dirait  que tu le caresses comme si c'était un mec. » « PARDON ? »

Bien sorti ça.
Je me cale plus confortablement, à nouveau, dans les bras de Leomie. J’suis assez fier que ça se voie que Leo ne me garde pas contre elle comme n’importe quel chien. Finalement, peut-être qu’elle est pas si reloue, sa pote. Même si je ne vois pas trop comment on peut “caresser un chien comme si c’était un mec”. ‘Fin, j’ai quelques idées mais on va dire que j’suis crade alors j’me tais.

« Je ne caresses pas de mec, tu le sais très bien ! »

Elle est drôle celle-là.

« Tu as quelque chose à me dire, peut-être ? Oh par Merlin ! Attends-moi, je vais nous chercher à boire, et tu me racontes tout. »
« Toi et ton alcool… ! »

Eh bah. L’autre meuf part pile quand ça devient intéressant. Tant pis, elle a assuré qu’elle allait revenir alors je verrais bien ce que Leomie va trouver à dire à ce moment-là. Je promets que je le lui ferait savoir si ce qu’elle dit ne me plaît pas. ‘Fin elle est pas obligée d’avouer notre relation, je sais que c’est délicat, mais elle a pas non plus besoin de me descendre. Et je dis ça parce que je sais qu’elle en est capable.

N’empêche que le temps passe et la pote à Leo ne réapparaît pas. Ça ne me dérange pas trop. Je regarde Leomie balayer la pièce du regard, sûrement à la recherche de l’autre fille, plutôt calme jusqu’à ce que Leo ne se mette à sourire distraitement et ne laisse échapper un nouveau commentaire déplaisant.

« Plutôt bon choix… De bonne famille, et il a l’air totalement innocent et inoffensif. Contrairement à toi. »

Je grogne légèrement quand je comprends qu’elle parle d’un garçon. Je m’en fiche de qui : j’ai dis que je voulais pas l’entendre parler des mecs comme ça. Et puis, comme si c’était pas suffisant, elle ajoute “contrairement à toi” ! Ça me casse les couilles sévèrement.

Je fais un peu la tête et baisse les oreilles alors que Leo me soulève un peu pour mieux me regarder. Je me demande à quoi elle pense… Sûrement à tous mes défauts. J’ai l’impression qu’elle fait souvent ça.

Pas comme si ça me touchait, hein… Je sais c’que j’vaux. C’est juste relou.

« Si tu étais plus présentable, peut-être que je t’aurais laisser m’accompagner comme cavalier, et pas comme mon petit chien. »

J’aboie un coup, assez calmement pour ne pas attirer l’attention de la foule. J’ai l’impression qu’elle se fout de ma gueule, un peu. On sait tous les deux que Leo ne m’aurait pas laissé l’accompagner comme cavalier si j’étais bien habillé : je suis toujours bien habillé. Ce qui joue, c’est mon sang. C’est un des pires trucs… Mon sang a toujours été un problème. Avant c’était parce que mon père a été un violeur et maintenant parce que j’suis pas de sang pur. Ça me rend dingue, j’pourrais sérieusement câbler.

« Comme j’ai pitié de toi, je vais t’amener ailleurs. Ou tu pourras te dégourdir les pattes. »

Ma joie se manifeste instantanément alors que Leo embrasse mon museau. Mes oreilles se redressent et je remue la queue avec enthousiasme. Tout n’est pas oublié mais quand elle dit “tu pourras te dégourdir les pattes” j’entends “on va se retrouver tout seuls”, alors j’suis plutôt content. Si, si, je suis sûr que c’est ce qu’elle sous-entend.

Leomie chope une flûte de champagne et m’emmène “me dégourdir les pattes” comme elle l’a si bien dit. On se retrouve dans une pièce vide après que Leomie ait tenté d’en ouvrir plusieurs. Une fois seuls, Leo me pose au sol.

« Est-ce que nous ne sommes pas mieux, ici ? »

J’aboie un coup pour approuver. Je tourne un peu dans la pièce avant de décider que j’ai assez joué ce rôle. Je reprendrais cette forme en temps et en heure mais, pour le moment, je crois avoir mérité de souffler.

Une fois à nouveau homme, je m’étire un peu. Je suis soigneusement coiffé, habillé et même maquillé. J’ai soigné mon apparence avant de rejoindre Leomie même si je savais que j’allais passer la majorité du temps en loulou de Poméranie. Je suis toujours prévoyant et je vous rappelle que, de base, j’avais en tête de me retrouver en tête à tête avec Leo ce soir.

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Comme je tourne mon dos à Leomie à ce moment-là, je me retourne pour mieux la regarder. Je laisse mes yeux la détailler de la tête au pied et garde une expression neutre avant de faire quelques pas vers elle.

T’es super belle, ce soir.

Je lui glisse avec une voix étonnamment douce et surtout grave, comme mon ton est posé. Je n’ai pas eu le temps de le lui dire tout à l’heure, quand je suis venu chez elle, parce qu’elle m’a directement ordonné de me tenir tranquille et tout ça et après j’ai dû me transformer.

Les cheveux noirs, ça te va bien…

Je passe une main dans ses cheveux en prenant soin de ne pas la décoiffer. Je regarde ses mèches ébènes un instant avant de planter mes yeux dans les siens.

... Même si je te préfère avec les cheveux rouges.

C’est plus elle, les cheveux rouges. Je sais qu’elle a gardé ses cheveux noirs ce soir pour la forme. Mais, quoi qu’il en soit, elle est canon. Je l’ai dit et je le pense : ça lui va bien. Et c’est évident, je ne fréquente pas n’importe qui. Surtout pas les personnes qui ne font aucun effort pour s’arranger.

N’empêche que, canon ou pas, j’ai pas oublié que Leo regardait d’autres garçons ce soir et que ça m’a déplu. Du coup, assez soudainement, je viens coller le dos de Leomie au mur, appuyant un de mes coudes contre ce dernier, à côté du visage de Leo, et attrapant sa taille de l’autre main. J’approche mon visage du sien pour caresser ses lèvres de mon souffle, le visage grave.

Alors… Comme ça, tu cherches un prétendant ? Tu as trouvé des garçons craquants, ce soir ? T’as bien admiré les invités ?

Je grogne légèrement mais quiconque me connaît comprendrait que Leomie ne risque rien, que je ne suis pas en colère contre elle. Comme je l’ai déjà dit, c’est la jalousie qui prend le dessus, voilà tout.

J’ai promis d’être sage ce soir alors je me tiendrais tranquille mais je te jure que si l’un d’entre eux t’approche d’un peu trop près ou ne fais que poser son regard trop longtemps sur toi…

Je me penche un peu plus pour conclure ma phrase au creux de l’oreille de Leomie.

... Je le retrouverais et j’arrangerais son joli petit visage.

Je me redresse à nouveau légèrement pour planter un regard très franc et grave dans celui de Leomie. Est-ce que je le ferais réellement ? Est-ce que c’est une simple tentative de lui faire comprendre que je n’apprécierais pas du tout qu’elle oublie qu’elle est à moi ? Ça pourrait très bien être l’un ou l’autre. J’ai envie de dire… Si elle veut s’en assurer, elle n’a qu’à tenter le diable.

Je ne supporte pas d’imaginer un de ces petits cons bourgeois poser ses mains sur toi, Leomie. Ça me rend dingue.

Je caresse doucement sa joue de mon pouce.

Personne n’aura le droit de toucher à Leomie.
Pas tant que je suis là.
KoalaVolant

ϟ ϟ ϟ

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I'm sorry... Did I roll my eyes out loud ?

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Edmund Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 29 juin 2002. Edmund Prewett est le fils aîné de Louis Prewett et Adèle Bennett, et le frère de Billy et Vicky Prewett. Il vient de terminer sa 2ème année en Sciences Politiques à l'UMS mais a décidé d'arrêter ses études. Il a désormais de nouvelles responsabilités en tant que père d'une petite fille de quatre ans qu'il cache pourtant toujours aux yeux de son entourage.

Le bal des Fondateurs
« Je ne sais pas, Edmund… C’est si compliqué… » confia-t-elle.

Alex n’était pas le genre de filles à céder facilement aux larmes ou à la peine. Elle était souriante, combative même. Elle n’était pas une Gryffondor pour rien. Malgré les épreuves qu’elle avait endurées au cours de sa vie, elle en était toujours ressortie plus forte. Certes elle avait une famille adoptive qu’elle aimait et qui la soutenait quoi qu’il arrive. Mais le fait de retrouver sa mère biologique et sa demi-sœur avaient été des épreuves chargées en émotion. Mais Alex ne s’était pas laissée abattre. Au contraire, elle avait relevé la tête, s’était endurcie. C’était une fille qu’Edmund admirait beaucoup.

Alors, la voir ainsi – effacée, triste, abattue – cela avait quelque chose d’inquiétant.

« Je sais que tu peux y arriver. » assura-t-il en exerçant une légère pression sur sa main. « Commence par ce à quoi tu penses là, tout de suite. »

Il tenta un sourire confiant et haussa les sourcils, l’encourageant à parler.

« Un peu avant notre rupture, j’ai… accepté de coucher avec Ian. » commença-t-elle. « C’était une terrible idée, bien sûr. »

Edmund n’était pas du genre à cacher les émotions qui traversaient son visage comme savaient si bien le faire d’autres. Lui exprimait ouvertement ce qu’il ressentait, ce qu’il pensait. Il vivait à fond, il agissait avant tout.

Aussi, quand elle commença à lui parler de Ian, Edmund fronça les sourcils. Ian, le crétin que Billy haïssait depuis des années ? Par pure solidarité fraternelle, Edmund le haïssait tout autant. Mais il ne voulait pas qu’Alex sente qu’il la jugeait, alors il s’efforça de hausser un sourcil quand elle ajouta la phrase suivante. Une terrible idée ? Pourquoi cela ? Lui avait-il fait du mal ? Avait-il … propagé des rumeurs ou que sais-je ?

Le silence s’installa mais Edmund ne le brisa pas. Alex semblait chercher ses mots et son souffle était irrégulier, comme si elle refoulait tant bien que mal les émotions que racontait tout ça provoquait. Les autres autour d’eux avaient disparu. Il n’y avait de toute manière pas beaucoup de sorciers ou sorcières sur ce balcon. La plupart profitait du bal à l’intérieur et des festivités. Plus tard dans la soirée, quand certains seraient bien enivrés ou que les esprits se seraient trop échauffés, ils viendraient ici profiter de la fraîcheur de la soirée.

« Je suis enceinte. »

En … quoi ? La mâchoire d’Edmund trembla légèrement, comme un tic nerveux. Et automatiquement son cerveau pensa à Olivia. Il ferma les yeux et serra plus fort la main d’Alex. Elle était enceinte.

« Enceinte ? » répéta-t-il, d’une voix qui tremblait légèrement.
« ... De Ian. » confirma-t-elle.

La voilà la terrible idée. Edmund rouvrit les yeux et lorsqu’il croisa le regard d’Alex, celle-ci semblait appeler à l’aide. Craignait-elle qu’elle le juge, lui ? Merlin, si elle savait …

Edmund se redressa et vint s’installer sur le banc, passant un bras autour des épaules de la jeune femme. Elle frissonnait légèrement. Surement pas à cause du froid mais qu’importe. Il la tint serrer contre lui jusqu’à ce qu’elle continue de parler. Une centaine de questions se bousculait dans sa tête mais il ne voulait pas l’empêcher de finir de se confier.

Ça fait trois mois… Et je ne sais toujours pas ce que je vais faire. » avoua-t-elle. « Je n’en ai parlé qu’à un ami. Je n’arrive pas à trouver la façon d’aborder la chose avec ma famille… »

Sa main vint frotter doucement son bras, son menton posé sur sa tête. La pauvre devait être complètement perdue. Enceinte à 18 ans … Elle venait juste de terminer ses études à Poudlard, elle n’avait surement pas envie de tomber dans les couches-culottes à cet âge-là. Elle voulait profiter. Elle devait profiter. La vie avait tant à offrir avant de devenir parent ! Et surtout quand on imaginait qu’elle était enceinte d’un crétin comme Ian Wen. Alex méritait mieux que d’être accrochée toute sa vie à un boulet.

A moins que tout ceci signifiait qu’elle voulait garder le bébé ? Elle disait ne pas savoir ce qu’elle voulait faire. Mais si au fond d’elle, elle voulait le garder et craignait le jugement d’autrui ? Edmund ne serait certainement pas de ceux-là. Non … si elle décidait de garder le bébé … Merlin, il ne la laisserait pas gâcher sa vie comme …

Il ravala la bile qui menaçait de monter et poussa un long soupir.

« ... Est-ce que tu penses que je suis idiote d’avoir laissé cela se produire ? »

La jeune femme se dégagea légèrement de son étreinte pour croiser son regard. Elle était inquiète. Croyait-elle vraiment qu’il allait lui balancer à la figure qu’elle avait fait la pire erreur de sa vie ? Edmund sourit, attendri, et repoussa une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille.

« Alexandra Bennett … est-ce que je pense que tu as été idiote d’avoir accordé ta confiance au garçon que tu aimais ? »

Il pencha la tête sur le côté.

« Jamais je ne penserai ça. Même si je ne suis sans doute pas le garçon qui sache ce que c’est d’aimer quelqu’un, je sais ce que c’est que de profiter de sa vie et de sa jeunesse. »

Il eut un sourire amusé. Edmund était réputé pour ne jamais s’attacher à qui que ce soit. Il passait d’une fille ou d’un garçon à un autre sans aucune attache. Il faisait toujours attention que son ou sa partenaire soit d’accord avec l’idée et il profitait, tout simplement. Il ne s’était jamais pris la tête là-dessus.

Avec Joséphine, ça avait été évidemment différent. Pas mieux, pas moins bien non plus. Juste différent.

« Alex, tu es jeune et tu as le droit de coucher avec qui tu veux. Et certes, il y a des conséquences. »

Son regard descendit sur son ventre avant de remonter à son visage puis de lui caresser la joue.

« Tu trouveras une solution. Tu n’es pas seule. Comme tu l’as dit, il y a ta famille. Tes parents, tes sœurs, je ne crois pas qu’ils te jugeront. Della et Charlie non plus. »

Il caressa sa joue, essuyant une larme qui risquait de couler et de gâcher son beau maquillage. Il hésitait à poursuivre, lui promettant que si elle gardait l’enfant, il serait là pour elle. Et surtout, il hésitait à lui confier qu’il était lui-même passer par là quelques mois auparavant. Sauf que lui n’avait pas eu le choix. Il était père et qu’il le veuille ou non, il devait assumer cette responsabilité.

« Tu ne dois pas rester coincée dans cette impasse. Parles-en avec Ian, trouvez une solution ensemble. Et s’il n’est pas capable d’assumer ce que vous avez fait, alors, n’oublie pas qu’on est là, nous. »

Il sourit. Leur famille. Les Prewett, les Bennett, les Davis et les Huong. Ils étaient une grande famille. Certes, pas unis par les liens du sang, mais par quelque chose de bien plus grand et de bien plus précieux.

« Et si on rentrait maintenant ? Au cas où tu l’aurais oublié, tu es resplendissante dans cette robe et je tiens à ce que tout le monde voit à quel point tu es une femme de 18 ans magnifique et incroyable. »

Il se releva du banc et lui tendit la main, lui faisant un signe de tête pour qu’ils se dirigent à l’intérieur. Alex lui prit la main et ils regagnèrent l’intérieur. Les danses allaient bon train et les couples allaient et venaient. Les discussions résonnaient dans le vaste hall et les chandeliers au plafond finissaient de parer les robes et les costumes de magnifiques couleurs.

Edmund qui portait le plateau de sandwich conseilla à Alex de se nourrir. Espérant même la faire rire – telle était sa mission de ce soir – il en rentrait quatre dans sa bouche pour l’intimer à manger. Ils burent leurs coupes de champagne – du moins Edmund but la sienne et celle d’Alex pour ne pas qu’elle consomme de l’alcool.

« Je vais aller te chercher un jus de citrouille ? » proposa-t-il. « Installe-toi là et … »

Il lui désigna une chaise avant qu’un rictus n’apparaisse sur son visage.

« … si jamais un garçon décide de t’enlever, je ne t’en voudrais pas. »

Il lui lança un clin d’œil avant de s’éloigner. C’était une manière de l’encourager à s’amuser. Elle pouvait profiter de la soirée. Il voulait lui montrer qu’il lui restait tant de choses à faire sans être parent. Oublier Billy dans les bras d’un autre – bon pas un crétin comme Ian – mais des aventures de quelques soirs ou même d’un seul soir. Ou se concentrer sur elle uniquement et privilégier ses études. Voyager aussi ? Elle avait tant de possibilités.

Edmund avait un sourire aux lèvres en imaginant tout ça alors qu’il s’approchait du buffet. Une femme était devant lui et semblait désireuse d’échapper à l’ambiance de cette soirée. Elle récupéra un verre qu’elle vida d’une traite et en saisit un deuxième. Elle hésita dans le choix du deuxième verre avant d’en prendre un au hasard et se retournait d’un bond. Edmund aurait pu rire de ces manières de faire si le visage de la jeune femme ne lui avait pas été familier.

« Bonsoir. »

La voix d’Isabeau était moins rauque qu’à l’habitude. Edmund avait découvert un jour son véritable prénom lors d'une journée à l'UMS. Anne s'appelait en réalité Isabeau et n'était donc qu'un nom de couverture pour l'Allée des Embrumes. Sa robe rouge élégante était bien éloignée aussi de ses pantalons et ses vestes en cuir. Ses cheveux avaient été coiffés et elle s’était maquillée. Elle était … très différente de celle qu’Edmund avait droit sur l’Allée des Embrumes. Quelque chose s’agita dans son ventre et il posa machinalement une main dessus comme pour intimer de se calmer.

Elle ne pouvait pas le reconnaître. Elle ne le connaissait pas. Elle connaissait seulement Alessio, le bel Italien qu’elle avait embrassé. A cette pensée, Edmund déglutit, ne parvenant pas à parler. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Était-ce le fait de jouer un double-rôle qui le rendait si nerveux ?

« Edmund Prewett, n'est-ce pas ? » insista-t-elle. « Enchantée, je suis Isabeau Fontanges. »

Ah. Elle le connaissait ?

« Je … bonsoir … on … se connait ? » demanda-t-il, essayant de retrouver un sourire naturel.
« Tous les étudiants connaissent Edmund Prewett, l'un des plus jeunes Fondateurs, qui étudie encore à l'Université. »
« Ah ! » réussit-il à articuler en essayant de rire.
« Félicitations pour la soirée, c'est magnifique. »

Il croisa son regard. Pourtant, il paraissait si fade. Oui, elle était bien différente de d’habitude. Fausse, elle paraissait fausse. Sa remarque sur la soirée n’était même pas sincère. Edmund se doutait qu’elle avait du faire un effort pour ne pas consommer de drogue pour cette soirée. Elle aussi menait une double vie en quelques sortes. Mais ses deux verres à la main semblaient lui faire comprendre que ce rôle lui pesait.

« Merci. » reprit-il d’une voix plus assurée. « Je vois que vous êtes particulièrement conquises par nos boissons. »

Il désigna les deux verres, un sourire moqueur au coin des lèvres.

« Le second est pour une amie. » dit-elle.
« Oh, dans ce cas, je ne vous retiens pas. »

Il se décala sur le côté, s’étonnant d’employer le vouvoiement à son égard. C’était surprenant de voir à quel point il compartimentait ainsi ses deux vies : l’une où il connaissait intimement Isabeau, l’autre où il utilisait le vouvoiement pour mettre de la distance avec elle.

« Mais… Mais elle peut attendre. »

Edmund ne put s’empêcher de sourire de plus belle en la voyant poser le verre sur la table. Qui était cette amie avec qui elle était venue ? Edmund était curieux, très curieux de savoir quelle était sa vie en-dehors de l’Allée des Embrumes. Elle devait être riche pour porter une robe aussi élégante. Ses manières étaient aussi étudiées, comme en témoignait le mouchoir qu’elle lui avait présenté la première fois de leur rencontre.

« Vous êtes en étude de Politique sorcière, c'est bien cela ? » demanda-t-elle, encore une fois par pure politesse. « J'imagine que vous souhaitez devenir Ministre de la Magie ? Le conseil des Fondateurs ne pourra être qu'une aide pour vous. »

Quand cesserait-elle cette mascarade ? Il posa les deux coupes de champagne vides et mit de côté deux cocktails sans alcool, pour Alex et lui.

« Ministre de la Magie, peut-être pas encore ! » rit-il. « Mais je souhaite en effet travailler au Ministère et j’espère trouver de ce fait un petit poste d’assistant très prochainement. »

Faux. Pouvait-il vraiment encore espérer cela avec Olivia ? Il se détestait de penser ainsi mais c’était la vérité. Il interrompait ses études, ce n’était pas pour travailler au Ministère. S’il faisait cela, il ne serait jamais chez lui avant 20h et il devrait travailler tous les jours. Ce n’était même pas envisageable avec une enfant de 4 ans. Non, il devrait se contenter pour le moment d’un travail de serveur ou quelque chose dans ce goût-là pour des horaires plus flexibles.

« Enfin, on ne sait pas de quoi l’avenir est fait. » se reprit-il. « Alors pour le moment, je profite que les Fondateurs veuillent encore de moi, et on verra où cela me mène. »

Il tourna la tête vers Isabeau et lui sourit. En la regardant ainsi, il se surprenait encore à la trouver belle. Même avec tout ce maquillage, sans ses piercings et ses tatouages dissimulés, elle était belle. C’était sans doute parce qu’il savait de quoi elle était capable autrement, car si elle ne la connaissait pas en-dehors, il doutait de s’intéresser à elle.

« Et vous-même ? » demanda-t-il en la regardant porter à ses lèvres son cocktail.
« Quant à moi, je suis en Art Visuel sorcier. Disons que je me cherche encore pas mal, professionnellement parlant. »

Oui, il avait compris cela au cours de leurs dernières entrevues. Il sourit et hocha doucement la tête.

« Je … ma cavalière m’attend. » dit-il. « Mais … voudriez-vous m’accorder une danse plus tard dans la soirée ? »

Il pencha la tête sur le côté et sourit lorsqu’elle accepta. Après un dernier regard, il emporta ses deux verres jusqu’à Alex, toujours assise.

« Un cocktail sans alcool pour miss Bennett ! » dit-il en s’inclinant, pris au jeu par son costume et le bal.

Il trinqua avec la jeune femme et but une gorgée de son cocktail. Mais son regard cherchait déjà Isabeau. Elle s’était rapprochée d’une autre personne dont l’identité lui échappait totalement. Un peu plus loin sur la piste de danse, Billy dansait avec Alice Scott. Etonnant … Joey dansait elle aussi avec un Scott, Andrew. Elle était belle, dans sa robe blanche. C’était une beauté différente de celle d’Isabeau. Très différente. Joey lui rappelait son enfance et l’insouciance qui les avait accompagnés. Isabeau, c’était le goût de l’aventure, du risque. Une vie remplie de promesses d’action et de passion.

Edmund tourna la tête vers Alex qui l’avait interpellé, désignant James Davis avec une femme. Il lâcha un rire.

« Faut croire qu’oncle James se déride enfin ! » se moqua-t-il.

James était l’oncle taciturne qui, torturé, avait rompu petit à petit ses liens avec les Prewett et les Bennett.

« J’aimerais qu’on reparte dans cette maison, en Amérique. » dit-il soudain vers Alex. « Je sais que c’est impossible, on a tous des vies bien trop différentes. Mais tu vois … cette maison chez les Huong, c’était un moment vraiment privilégié qu’on a eu. Tu ne crois pas ? »

Avec Olivia, il ne pouvait envisager de partir sur un autre continent. Non, ce ne serait qu’un rêve pour le moment … Son regard s’attarda sur les couples qui dansaient serrées les uns contre les autres. Le chef d’orchestre avait visiblement lancé l’idée d’échanger les cavaliers de leurs cavalières. Ce qui faisait que Billy s’était retrouvé à danser avec Joey … Oh Merlin, pourvu que tout se passe bien. Pourvu qu’ils se réconcilient … Pourvu que … Attendez, il venait vraiment de la larguer là, en plein milieu d’une danse ?!

Il avançait d’un pas tellement décidé qu’Edmund eut du mal à le stopper dans son élan. Une main sur son épaule, il pencha la tête vers Billy.

« Qu’est-ce que tu fous ? » lança-t-il à voix basse, conscient que les personnes autour les regardaient. « Qu’est-ce qui t’as pris ? Pourquoi tu … »

Mais Billy repoussa violemment son bras et, surpris, Edmund manqua de perdre l’équilibre. Il sentit aussitôt Alex se rapprocher de lui. Pour le soutenir ? Pour s’interposer ? Edmund lui interdisait de faire une telle chose et mit aussitôt un bras devant elle pour … pour quoi ? Pour la protéger ? De qui ? De Billy ? Cette pensée l’effraya bien plus qu’il ne l’aurait pensé.

« Tu sais quoi, Eddie ? » lança Billy d’un ton hargneux. « Tu devrais aller réconforter Joséphine. Après tout, tu as l’habitude de prendre mes restes. Une de plus ne devrait pas te déranger. »

Edmund avait beau se dresser, Billy le dépassait sans problème. Son regard se dirigea sur Alex et Edmund se mordit la langue pour ne pas réagir. Trop de personnes les regardait. Il ne pouvait pas gâcher le bal des Fondateurs en se battant avec son frère. Pourtant Merlin savait à quel point il rêvait de lui mettre une bonne raclée ! Billy s’était toujours conduit en con, mais pas à ce point-là. Ces derniers mois, ça dépassait l’entendement !

Billy, fier, se contenta alors de donner un coup d’épaule à Edmund, avant de s’éloigner dans les couloirs de la vaste demeure des Lloyd. L’air parut revenir dans la pièce et les personnes autour d’eux recommencèrent à discuter. Edmund se tourna vers Alex et la prit par les épaules.

« Ça va ? » demanda-t-il.

Il jeta un regard en arrière pour voir comment s’en sortait Joséphine. Il faudrait qu’il aille lui parler avant la fin de la soirée, voir comment elle allait et la rassurait sur la personne qu’elle était. A l’heure qu’il était, Edmund était persuadé qu’elle se flagellait déjà. Mais à cet instant, elle ne devait pas tellement en avoir l’occasion, toute occupée à danser avec un autre membre de la fratrie des Scott. Anthony si sa mémoire était bonne …

@ Victoire


Dernière édition par Edmund J. Prewett le Ven 9 Aoû - 14:13, édité 3 fois

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Edmund Prewett

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Billy Prewett
Contexte
Nous sommes le samedi 29 juin 2002. Billy Prewett vient de terminer sa 7ème et dernière année à Poudlard. Mais le jeune homme a du mal à penser à l'avenir dans les études ou encore même dans le cinéma. L'utilisation de la magie noire prend de plus en plus d'importance dans sa vie ainsi que son rôle dans les affaires des Scott et des Blue Dragons ...

Le bal des Fondateurs
Zia éclata de rire.

« Tu m'as promis de danser une bonne partie de la soirée, je peux bien te permettre de parler de Quidditch pendant… Hum… Une dizaine de minutes, aller. Comme ça, tu me diras comment mon petit frère s'en sort durant les entraînements… »
« Affreusement, si tu veux tout savoir ! »

Son humeur joueuse était de retour. Il fallait dire que désormais son cerveau ne se concentrait plus que sur une chose à la fois et à cet instant, c’était passer du bon temps avec Zia pour espérer rendre jalouse Alice.

Billy ne savait pas trop danser là-dessus. Aussi, au lieu de diriger la danse, il se laissa un peu plus guider par Zia, réduisant la proximité entre eux et riant à ce qu’elle lui disait. Il avait un assez bon angle de vue sur Alice qui avait rejoint son jumeau, Anthony. Lui avait encore son sourire goguenard aux lèvres, un bras autour des épaules de la jeune femme qui ne lâchait pas Billy du regard. Parfait.

Zia, elle, commentait ses piètres qualités de danseur. Il ne pouvait le nier et riait de bon cœur avec elle. Le tout pour qu’Alice voit qu’il s’amusait ! Leur discussion était animée, passant tantôt d’Esteban, à Alice Bennett, puis jusqu’à Indiana qui avait apparemment rompu il y a quelques semaines. Billy s’était tellement peu intéressé à la vie des autres à Poudlard qu’il ignorait véritablement tout de ces dernières nouvelles.

A son tour, Billy essaya de s’intéresser à Zia, lui posant des questions sur ses cours, mais surtout sur ceux d’Anthony Scott. Bien qu’il était présent pour chacun de ses cours de magie noire, Anthony n’était pas très bon pédagogue et ne cessait de se moquer ouvertement de lui. Alors enseigner à Poudlard, les Runes qui plus est, Billy peinait à le concevoir. Pourtant, Zia semblait plutôt convaincue. Elle n’avait pas eu à le supporter plusieurs mois, cela y faisait sans doute aussi.

La musique s’arrêta et il y eut un instant de battement avant qu’une mélodie ne recommence à jouer.

« Salut ! »  

Billy fut à moitié surpris de voir apparaître la belle blonde à côté de lui. Son regard était tourné vers Zia à laquelle elle s’appliquait à se montrer sous son meilleur jour. Elle était l’une des membres des Fondateurs après tout.

« Zia, c’est cela ? Alice Scott, enchantée. »

Alors donc elle tentait une approche comme celle-ci ? Billy s’efforça de dissimuler son sourire, resserrant sa prise sur la hanche de Zia alors qu’elle se tournait vers elle.

« Je suis moi aussi enchantée. » répondit sa cavalière.
« J’espère que vous passez une bonne soirée ! »

Zia tourna la tête vers Billy, lui lançant un long regard, comme n’étant pas certaine de ce qui se passait.

« Oui, merci beaucoup. » répondit-elle avec hésitation. « Merci pour ce que vous faites pour l'hôpital. »
« Est-ce que ça te dérangerait que je t’emprunte ton cavalier ? »

Billy releva finalement les yeux vers Alice, haussant un sourcil condescendant, l’air de dire « mais j’étais bien avec ma cavalière ». La jeune femme était pourtant très douée à ce jeu-là. Elle se tourna vers lui, comme sincèrement curieuse de découvrir ses talents de danseur. Billy ne put retenir cette fois-ci un sourire et baissa la tête pour essayer de le dissimuler.

« Pour une danse… Une seule. » ajouta-t-elle en venant coller son corps contre le bras de Billy.

Ce dernier releva la tête, son visage à quelques centimètres de celui d’Alice qui papillonnait des yeux. Elle était douée.

« Si le dit-cavalier est d'accord, je ne vais pas l'en empêcher… »

Billy lâcha à contre-cœur le regard d’Alice pour se tourner vers Zia, la libérant de son étreinte.

« Pourquoi pas ! »

Il vint alors embrasser le front de Zia, sentant le sang d’Alice bouillir derrière lui alors qu’elle le tirait légèrement par le bras.

« Ne fais pas trop de folies sans moi ! » dit-il avec un clin d’œil moqueur alors qu’elle se dépêchait de partir.

Etrange … L’aura des Scott l’effrayait-elle ? Billy se retourna vers Alice qui jubilait de sa victoire. Elle passa ses bras autour de son cou et son corps vint se presser contre le sien. Billy reprit une inspiration comme si cette proximité lui faisait bien plus d’effet qu’il ne voulait l’admettre.

« Tu es parti si rapidement à l’instant… Tu ne m’aimes plus ? » susurra-t-elle d’une voix innocente.

Billy essaya de remonter ses yeux vers le visage d’Alice, bien que le décolleté plongeant de sa robe lui donnait de toutes autres idées.

« Je me dois … d’honorer ma cavalière. » répondit-il en essayant de reprendre un air assuré.
« Pourtant, je tenais à te parler un peu… »
« Ah oui ? »

Il fit tourner la jeune femme, essayant de suivre le mouvement des autres cavaliers. Il ne voulait pas perdre la face devant Alice Scott, même s’il était loin d’être un bon danseur. Aussi, se dépêcha-t-il de retrouver des mouvements qu’il était plus à même de maîtriser.

« Tu es très bien habillé… Et puis, j’ai remarqué que tu as grandi… Et que tu t’es musclé… »

La main de la jeune femme vint tâter son bras, le souffle coupé en laissant ses mains parcourir son corps. Celle-ci glissa sur son torse et Billy sentit ses battements de cœur s’emballer. Sa bouche s’assécha rapidement et ses yeux avaient du mal à décrocher des lèvres qu’elle mordillait.

« Je tiens à être le plus en forme possible … » dit-il d’une voix manquant à nouveau d’assurance.

Cette femme était le diable incarné ! Il se sentait totalement défaillir en sa présence et en même temps, il brûlait de reprendre le contrôle. Loin de lui laisser un instant de répit, elle se rapprocha à nouveau de lui, ses lèvres collées à son oreille.

« Ça me plaît énormément… »

OH-BOR-DEL. Il ferma les yeux, essayant de contenir ce que cette voix et ces mots produisaient chez lui.

« Alice … » souffla-t-il.

Il rouvrit les yeux alors qu’un sourire rusé apparaissait sur les lèvres de la jeune Scott. Oh, elle était maligne, c’était indéniable. L’une de ses mains qui était autour de son cou vint fourrager dans ses cheveux et Billy ne put se retenir de lorgner une nouvelle fois sur sa poitrine qui venait se coller contre lui. A son tour, il pencha la tête, sa tempe collée à celle d’Alice, respirant son parfum.

« Ta copine a beaucoup de chance. » murmura-t-elle.

Il lâcha un rire.

« Ma cavalière, tu veux dire ? »

Il fit tourner Alice sur elle-même, profitant que son corps s’éloigne de lui pour reprendre ses esprits. Pourtant, elle n’était pas décidée à lui laisser un instant de répit. Tout son corps s’exprimait sans qu’elle ait besoin de mettre des mots. Et celui de Billy peinait à se maîtriser.

« Alice … » souffla-t-il en la ramenant près de lui. « Tu sais très bien la vérité … »

La jeune femme le regarda sans comprendre. Faisait-elle semblant ou non ? Ce regard la rendait une nouvelle fois craquante.

« Il n’y a que toi qui as véritablement une chance avec moi ce soir. »

Il s’arrêta de danser alors que tous les autres couples continuaient de valser. Sa main sur la taille de la jeune femme descendit légèrement sur ses hanches et plus bas alors que son regard lorgnait sur ses lèvres.

« Alice, je … »

Mais une voix l’interrompit avant qu’il n’ait pu terminer sa phrase. C’était celle du chef d’orchestre qui avait décidé de pimenter un peu la soirée : en plein milieu de cette valse, il invitait les cavaliers à échanger de cavalière avec la plus proche d’eux.

Billy regarda à regret Alice s’éloigner alors qu’elle semblait s’amuser de la situation. Hum, elle voulait encore jouer ? Ça lui convenait. Il allait la rendre jalouse avec sa prochaine cavalière. Il allait …

« Joséphine ?! »

Sa main avait pris la sienne naturellement. Le sourire qui apparaissait sur le visage de la Serpentard disparut instantanément. Billy tourna la tête sur le côté et vit qu’Andrew Scott devait être son cavalier d’avant. Il les regardait intensément, comme s’il s’apprêtait à voler au secours de la jeune femme.

Ils restèrent un instant à se regarder, leurs mains scellées comme la promesse d’une danse. Billy déglutit. Ils se donnaient en spectacle en restant là comme des statues. Machinalement, Billy posa une main sur la taille de son ancienne meilleure amie et commença à bouger doucement. Le silence était pesant alors que la plupart des autres couples trouvait amusant d’avoir été ainsi échangé. Cela favorisait sans doute les rencontres. Mais ce type de mélange ne plaisait guère à Billy.

« Alors ? » commença-t-il.

Rapidement imité par Joséphine qui était visiblement toute aussi gênée que lui par leur silence. Il se racla la gorge. Ses yeux ne pouvaient se poser sur le visage de Joséphine. Alors il regardait partout ailleurs. Edmund était un peu plus loin avec Alex. Anthony faisait la discussion à deux personnes que Billy ne reconnaissait pas. James était là lui aussi, appuyé contre une table.

« Ton père est ton cavalier ? » s’étonna-t-il.

Il grinça des dents et déglutit.

« Tu n’as donc toujours pas baisser les bras avec lui … »

Il secoua la tête et baissa enfin les yeux sur le visage de Joséphine. Elle, baisser les bras ? Qu’est-ce qu’il croyait ?

●~○~●~○~●~○~FLASH-BACK – ATTENTION SCENE DE TORTURE ●~○~●~○~●~○~ !

Mercredi 3 avril 2002

Ce n’était pas la première fois que Billy se retrouvait seul avec Ian Wen. Pourtant, la dernière fois semblait remonter à une éternité. Et les circonstances étaient alors toute autre. Même si une haine farouche les avait toujours opposés, rien n’était comparable à celle de cet instant.

« Que veux-tu que je te dise ? » balança Ian.

L’une de ses mains était appuyée contre l’une des armures du couloir, comme s’il cherchait du réconfort. Même s’il faisait le malin encore avec sa hargne, il devait sentir que quelque chose avait changé chez son adversaire. Si Billy avait été une créature, il aurait certainement remarqué la goutte de sueur qui perlait sur son front, ou que ses yeux étaient plus exorbités qu’à l’accoutumée. Mais tout ce que Billy ressentait en cet instant, c’était la peur de Ian.

« J’suis content qu’elle s’en soit tirée, voilà ! »

Ian écarta les bras, comme vaincu, en faisant un pas en arrière. Billy avançait toujours lentement vers lui, sa baguette bien en main. A cette heure-ci, les couloirs menant aux cachots étaient déserts. Il y avait peu de passage, la plupart étant en cours ou profitant à l’extérieur de la chaleur du mois d’avril. Mais Billy n’en avait que faire : hier il était allé libérer Alex Bennett de l’emprise d’Akutenshi. Et Ian, son petit-ami, n’en avait même pas été capable. Alex était détruite, lassée, accablée. Et ça, Ian ne le remarquait même pas.

Billy lança un premier sortilège, un d’intimidation, qui ricocha sur l’armure. La main de Ian s’écarta vivement.

« Putain, mais qu’est-ce qui te prend, Prewett ? »

Ian sortit timidement sa baguette et la pointa sur Billy. Ces dernières semaines, il avait gagné en rapidité d’exécution de sortilèges. La baguette de Ian vola dans le couloir avant qu’il n’ait pu prononcer un seul mot. La main de Billy tremblait alors qu’il s’avançait toujours vers lui. Il était en colère. Envahi par la rage. Il n’y avait que ce sentiment qui faisait sens dans son cerveau en cet instant. Et les Scott lui avaient enseigné comment en tirer profit.

« Profondis tenebrium ! »

Ian eut beau mettre ses mains en avant, il ne put échapper au sortilège de magie noire. Alice lui avait décrit les effets quelques jours plus tôt. C’était comme tomber dans un puit sans fond, emprisonné dans l’obscurité la plus totale, perdant tous ses sens. Billy regarda Ian se débattre sur le sol alors qu’il hurlait. Il jeta un coup d’œil en arrière avant d’interrompre le sortilège. Cet idiot allait ameuter du monde.

Il sortit un carnet de sa poche. Il y avait noté chacun des sortilèges que les Scott lui avaient enseignés. Joey aurait pu en être fière dans d’autres circonstances : jamais il ne s’était autant appliqué à prendre des notes. Il y notait la formule, le mouvement à effectuer et les effets escomptés. Il lâcha son carnet dans le couloir, ayant trouvé ce qu’il souhaitait avant de venir se positionner au-dessus de Ian.

Une larme avait roulé sur la joue du 7ème année. Billy aurait dû se réjouir d’avoir défait ainsi son ennemi de toujours. Jamais il n’avait eu autant le dessus sur lui. Et ça y était. Enfin.

Pourtant, Billy ne ressentait rien. Aucun soulagement. Aucune joie. Aucune victoire. Ses yeux scrutèrent le corps étendu de Ian secoué de soubresauts incontrôlables. Quand soudain …

« Stranguleus epinas ! »

Une liane sortit de la baguette de Billy. Elle était semblable à celle qu’aimait utiliser Anthony. Guidée par la baguette du Serpentard, elle vint s’enrouler autour des poignets et des chevilles de Ian qui poussa un cri de douleur. La liane était piquée d’épines, tranchantes comme du verre. Ian se mit à s’agiter alors que la liane le soulevait de terre. Son cri transperça une nouvelle fois le couloir.

« FERME-LA ! » hurla-t-il.

Bon sang, c’était quoi le sortilège pour créer une bulle de silence ? C’est alors qu’une voix résonna derrière lui. Billy se retourna d’un bond et la liane disparut en même temps. Le corps de Ian retomba lourdement sur le sol. Du sang s’écoulait de ses poignets et de ses chevilles, là où les épines s’étaient enfoncées dans sa chair.

C’était Joséphine. Elle venait de se baisser pour ramasser le carnet de Billy qui, interdit, la regardait faire, sa main crispée sur sa baguette.

« C'est de la magie noire... Billy qu'est-ce que tu fais avec ça ? »

Sa main se mit à trembler. Il n’avait pas prévu ça. Il n’avait pas prévu que qui que ce soit vienne. Encore moins Joséphine. Il ferma les yeux, essayant de maîtriser les tremblements de sa main. Ian poussa une respiration rauque. Rapidement, Billy rouvrit les yeux et avança d’un pas lourd vers la Serpentard.

« Rends-moi ça. »

Sa voix était dure, ferme, bien loin de celle qu’il utilisait autrement en présence de ses amis. Ses amis … avait-il des amis ?

« Certainement pas. » riposta-t-elle en glissant le carnet dans son dos.

Billy lui lança un regard noir alors qu’elle avait sorti sa baguette et qu’elle la pointait sur lui. Allait-elle vraiment oser s’en servir sur lui ?

« Joséphine … » dit-il d’un ton menaçant. « Je te conseille de baisser ta baguette et de me rendre ce carnet. »

Comme il avançait plus tôt vers Ian à pas de loup, il recommença avec Joséphine. Seulement cette dernière était sans doute une bien plus grande adversaire que ne l’avait été le pauvre idiot qui poussait des gémissements à leurs pieds.

« Je sais que tu as la fâcheuse tendance de te mêler de ce qui ne te regarde pas. Mais pour une fois, je crois qu’il vaudrait mieux pour toi que tu reposes ce carnet là où tu l’as trouvé, que tu fasses demi-tour et que tu oublies ce que tu viens de voir. »

Ses pas avançaient toujours lentement vers la jeune femme, sa baguette prête à être utilisée si nécessaire. Joséphine secoua négativement la tête.

« J'ai bien peur que ça ne se passe pas comme ça Billy. Pas cette fois-ci. »
« Rends-le-moi. Maintenant. » répéta-t-il.
« Tu es bien trop dangereux avec ça. Laisse-moi t’en débarrasser, ça sera pour le mieux. Et va t'en d'ici, je m'occuperai de Ian. »

Billy ne put s’empêcher de lâcher un rire. Elle était sérieuse ?

« Tu ne comprends donc pas ? » dit-il. « Au contraire, il n’y a que ça qui m’aide vraiment. »

Il tendit la main vers le carnet comme s’il pouvait arriver à l’invoquer jusqu’à lui rien qu’en en parlant.

« Je ne suis pas dangereux, je suis puissant. C’est le mieux qui pouvait m’arriver. »

Ce fut à son tour de rire.

« Tu n'es pas puissant Billy, tu n'es pas Peter Sullivan, redescend sur Terre, tu veux ! »

Ian gémissait toujours au sol. Billy n’eut pas besoin de se retourner pour l’entendre se rouler sur le côté, espérant peut-être arriver à se traîner jusqu’à l’infirmerie pendant qu’ils étaient occupés. Pauvre con.

« Tu vas beaucoup trop loin là. »

Elle tenta de se rapprocher du blessé mais Billy lui barra la route, peu décidé à lui laisser du terrain.

« Rends-moi ce carnet et tu pourras t’occuper de lui. »

Il haussa un sourcil. Allez Joséphine, toi la grande samaritaine. Toi qui aimais les causes perdues. Fais le bon choix, pensa-t-il. Il tendit la main vers elle mais en voyant qu’elle ne réagissait pas, la rage monta d’un seul coup en lui.

« RENDS-LE MOI ! »

Il ne voulait pas utiliser un nouveau sortilège, pourtant sa baguette semblait le réclamer. Elle crépitait d’étranges gerbes violettes et noires et Billy dut poser son autre main sur son poignet pour se calmer. Ses pupilles semblaient devenir entièrement noires par moment.

« Tiens ! S'il n'y a que ça pour te combler. »

Elle lança le carnet au loin dans le couloir, comme pressée de mettre de la distance entre eux deux. Billy se précipita sur lui, comme un drogué réceptionnant sa dernière dose.

« Ne t'avise plus de menacer un élève de cette école » le prévint Joséphine, agenouillée devant Ian. « … sinon j'irais tout de suite te dénoncer au Professeur McGonagall. »

Billy la regarda. Ses cheveux blonds tombaient devant son visage, si bien qu’il ne pouvait voir ses émotions. Serait-il en mesure de les comprendre ? Il rangea le carnet dans la poche de sa cape. Au moins, elle ne le dénoncerait pas. Il la regarda commencer à utiliser des sortilèges au hasard.

« Vulnera Sanentur. » dit-il. « C’était le sortilège qu’avait utilisé ma mère quand Edmund et Alec étaient tombés sur la tête et qu’ils avaient une grosse entaille sur le front. »

Un souvenir. Il y avait si longtemps … Il revoyait pourtant nettement la scène. Edmund et Alec voulant faire les malins et manquant pourtant de peu de finir à Sainte-Mangouste. Heureusement, sa main était Auror et connaissait les premiers sortilèges de Magie Blanche à utiliser. Billy tenait la main de Joey qui tremblait de la tête aux pieds à l’idée que son frère ait une cicatrice. C’était une toute autre époque.

Il ferma les yeux, submergé soudain par une vague d’émotions dont il ne voulait pas avoir à gérer. Son visage s’était soudain radouci, comme si toute la peine et la rage qui composaient sa vie avaient disparu. Il ne restait plus que l’ancien Billy, désireux de ressembler à Peter Sullivan et à faire les quatre cents coups avec ses amis d’enfance.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, Joséphine l’observait. Effrayé par ce qu’elle avait su provoquer en lui, il se mit à reculer avant de courir en sens inverse, voulant mettre rapidement de la distance entre ce souvenir et lui.

●~○~●~○~●~○~FIN DU FLASH-BACK ●~○~●~○~●~○~

La réponse de Joséphine le fit à nouveau grincer des dents et il poussa un long soupir ennuyé. Alice avait visiblement réussi à se sortir de son cavalier. Elle buvait une flûte de champagne un peu plus loin et son regard croisa celui de Billy.

A nouveau, le désir remonta en lui. Ses lèvres pulpeuses, ses yeux innocents, ses longs cheveux blonds, son corps …

Billy secoua la tête avant de se rappeler qu’il était accroché à Joséphine. Essayait-elle vraiment encore de le raisonner ? Il lui lança un regard noir avant de décrocher ses mains d’elle.

« Ton père est autant une cause perdue que je le suis, Joséphine. Il est temps de te réveiller et de vivre pour toi. Oublie-nous. »

Et, sans un mot, il la laissa là. Quelques couples se retournèrent pour les regarder. Pour un bal 0aussi pompeux, il était assez dégradant qu’un cavalier abandonne sa partenaire au beau milieu d’une danse. Mais Billy s’en moquait. De toute manière, il voyait déjà du coin de l’œil Anthony prendre la main de Joséphine, un sourire aimable accroché aux lèvres.

Billy se dirigeait droit vers Alice qui s’était éclipsée dans un couloir, non sans un regard vers Billy pour qu’il la suive. C’était évident. Mais il fut soudain stoppé dans son élan par la poigne d’Edmund. Comme lors d’un précédent bal, celui chez les Iceni, Edmund l’avait stoppé par l’épaule et le regardait de cet air condescendant qu’il avait si souvent à son encontre.

« Qu’est-ce que tu fous ? Qu’est-ce qui t’as pris ? Pourquoi tu … »

D’un geste violent, Billy repoussa sa poigne et Edmund manqua de trébucher devant la force qu’il avait de toute évidence sous-estimé.

« Tu sais quoi, Eddie ? »

Billy se planta bien droit face à son frère qui redressa aussitôt le menton. Pourtant, Billy le dépassait sans problème.

« Tu devrais aller réconforter Joséphine. Après tout, tu as l’habitude de prendre mes restes. Une de plus ne devrait pas te déranger. »

Il lança un long regard vers Alex qui s’était rapprochée d’Edmund en voyant le mouvement violent de Billy. Souffrance ? Tristesse ? Rage ? Jalousie ? C’était difficile de savoir ce que signifiait ce regard. Alex avait été son grand amour durant des années. Il avait sincèrement merdé avec elle et elle n’avait jamais pu lui pardonner. Il s’était accroché désespérément à elle mais elle n’avait jamais montré la moindre attention vers lui. Rien. C’était terminé. Il était temps de tourner la page.

En regardant à nouveau Edmund, il comprit que ce dernier ne répondrait pas. Le peu de personnes qui les regardait devait dissuader Edmund d’agir. Alors Billy le contourna, non sans lui donner un coup d’épaule, avant d’emprunter le couloir où Alice Scott s’était glissée. Elle buvait sa coupe de champagne tout en regardant les tableaux. Il n’y avait personne d’autre qu’eux ici. Toutes ces dernières émotions n’étaient rien à comparer de la montée du désir qu’il continuait de sentir pour la jeune femme.

Il savait qu’elle l’avait entendu quand il approcha d’elle. Ce fut pour cela qu’elle ne sursauta pas quand il arriva derrière elle. Son bras enserra la taille d’Alice et ses lèvres se rapprochèrent de son oreille.

« J’hésite sur la forme que ton Animagus pourrait prendre si tu en avais un : une anguille pour ton don de te sortir des affaires sans encombre, ou bien une sirène pour ta façon de m’envoûter. »

Ses lèvres effleurèrent son cou et son souffle vint déposer un baiser au creux de son cou alors qu’elle rejetait la tête en arrière.

« Tu me rends dingue, Alice Scott … »

Sa poigne se fit plus ferme sur sa taille. Il la désirait, plus que tout. A présent qu’il avait fait une croix sur Alex, qu’il avait dit à Joséphine de l’abandonner, qu’il avait ridiculisé son frère, il acceptait de plonger tout droit en enfer. Et pourvu que cette descente le mène tout droit sur les pas des Scott …

@ Victoire


Dernière édition par Billy E. Prewett le Sam 27 Juil - 23:51, édité 2 fois

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William Prewett

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