31 Décembre 2001
Le nouvel an. En théorie fêter le passage à la nouvelle année ne me fait ni chaud ni froid. C'est surtout un bon prétexte de plus pour faire la fête ce qu'il m'était de plus en plus rare de refuser. Le mot clé étant
"en théorie", parce que cette année, pris d'une impulsion nouvelle, mon père avait déclaré qu'on le fêterait en famille. Il a dû finalement remarquer que notre petite famille s'est brisée et cherche à recoller les morceaux avant qu'il ne soit trop tard. Une très belle pensée, noble, bien qu'idyllique. Il se trompe, pour une fois dans sa vie, il fait fausse route à penser que nous ramener à la maison, Benji et moi, suffira à régler le problème. Parce que le point d'impact de la fissure, c'est ma mère. Et que tant qu'il ne se décidera pas à la faire suivre médicalement par un psychomage, à minima, tout va continuer à se casser la gueule. Il est dans le déni, il a bien vu comment ça s'est passé à noël.
Au final, un échappatoire m'a été fournie sans que je ne m'y attende, avant que je ne me trouve une excuse pour m'esquiver. Un bal, au palais des Iceni. Rien que ça, la famille royale d'Irlande conviait tous le pays à célébrer le nouvel an à leur côté au palais. Louve et Bleddyn Iceni, la princesse héritière et son frère cadet, étaient entrés à l'UMS un an plus tôt mais je n'avais pas eu l'occasion de côtoyer l'un ou l'autre. Bien sûr ce n'était pas anodin, la fratrie princière ayant rejoins les bancs de l'université se mêlant sciemment au monde réel, peuplé de Sang-Pur, Créatures, Né-moldu. Cela avait attisé la curiosité de tout le pays.
Pour ma part, je ne m'y étais pas particulièrement intéressé. Il est évident qu'être en bons termes avec des sorciers de telle filiation pouvait s'avérer un atout de taille conséquente. En revanche, étoffer au mieux mon carnet d'adresse était à présent bien loin dans ma liste de priorités et je n'avais pas tenté de me rapprocher de l'un ou de l'autre, même pas un peu.
Fort heureusement pour moi, mon père ne l'a pas entendu de cette manière quand la nouvelle du bal s'est répandue. Que voulez-vous, il ne travaille pas au département de la Coopération Internationale par hasard, la politique, le relationnel, c'est son élément, aucun doute n'est permis. Et si mon petit frère, qui se destine à une grande carrière sportive, n'a pas d'intérêt particulier à se pointer à ce genre d'évènement regroupant toute la mondanité possible, en ma position de future avocate, il était selon lui hors de questions que je ne loupe cette opportunité. Bien sûr j'ai sauté sur l'occasion de couper court à la perspective d'une nouvelle réunion familiale, bien qu'en vérité, je n'aurais pas probablement pas assisté à la réception sans une autre raison. J'ai cru pendant une seconde que mon père souhaiterait venir également, mais il a dû considérer que je serais une digne représentante du nom Castellane et qu'il n'avait pas besoin de faire le déplacement à mes côtés.
Le plus attrayant à l'idée de passer la soirée au palais royal, c'était que la soirée n'était pas exclusivement réservée à la haute société que forment la race Sang-Pur, certains artistes de renom ainsi que les hauts dirigeants de ce monde. Je ne peux dire que tout le monde était convié, cela manquerait d'exactitude et j'aime être précise dans mes propos. Non, en réalité seules les familles de Sang-Purs européennes avaient réellement reçu une invitation officielle, signée de la main du roi en personne. En tout cas, c'est ce que le parchemin laissait croire. Cependant ce soir là, le palais serait ouvert à tous, roturiers, créatures, âmes égarées, il leur suffisait simplement d'avoir remplis un parchemin d'inscription au préalable. Cela rends soudainement la soirée infiniment plus attrayante à mes yeux.
C'est par ailleurs un choix intéressant, et une prise de position qui n'est pas anodine. Le message est clair : tout le monde est le bienvenue. Je me demande si ce bal à un quelconque objectif politique de recrutement ou de ralliement.
"Tu es prêt ?" je demande à Akutenshi, avachi sur mon canapé, en sortant de ma chambre. Je suis à peine surprise de voir qu'il est déjà là. La plupart de mes potes profitent de l'intimité qu'offre mon appartement pour venir squatter, fumer, boire, consommer, décuver en toute tranquillité. Et à force, ils ne prennent même plus la peine de me prévenir de leur venue, ni de frapper avant d'entrer. Ce n'est donc pas un sentiment qui m'est étranger de trouver quelqu'un dans mon salon sans que je n'ai connaissance de leur présence entre mes murs. Visiblement, Aku a rapidement pris le plis.
"Tu veux boire un truc avant de partir ?" je propose quand même, c'est la moindre des choses quand on a un invité.
J'aime bien Aku. Il est pas prise de tête, franchement sa compagnie est appréciable, il est pas collant, il est pas du genre à poser un million de questions, ni à parler pour ne rien dire. On traîne pas énormément ensemble, depuis notre rencontre à La Tête de Sanglier, mais ça nous arrive de plus en plus, principalement en soirées d'ailleurs. Disons qu'on s'est trouvé un intérêt commun pour la Poudre de fée, ça s'arrête là à vrai dire. On s'entend bien, on rigole bien, c'est un partenaire assez plaisant pour ce genre d'activités. Il arrive qu'une petite remarque un peu borderline ne soit lancée, mais c'est généralement mis sur le compte de la drogue.
Il faut avouer que cela m'a un peu surpris quand il m'a proposé qu'on se rende au bal ensemble.J'en ai pas fait grand cas parce qu'après réflexion, ça m'a parut assez logique en fait. Il s'est déjà plus ou moins familiarisé avec les us et coutumes établis par les Sang-Purs et comme il est encore nouveau dans ce milieu, j'imagine qu'il ne doit pas encore y connaître grand monde. De ceux dont il m'a parlé, ou vaguement évoqué, la majorité sont des hommes. Le choix est donc réduit puisqu'il serait de mauvais goût aux yeux de nos semblables, de se pointer avec un parti issu d'un sang impur quel qu'il soit. Peut-être ne voulait-il pas prendre ce risque ? Je n'en sais rien, on a pas plus élaboré, mais c'est ce que j'ai supposé.
"Ou autre chose ?" j'ajoute amusée en sachant qu'il capterait l'allusion. Parce qu'une fois partie ce serait trop tard, à moins qu'il ne veuille prendre le risque lui même, pour ma part il était hors de questions que je me pointe au palais avec de la Poudre de Fée dans mon sac, ni même de la valériane à vrai dire. Ce n'était clairement pas le genre d'endroit, ni le moment, de se faire attraper en possession de ses substances et j'imaginais sans mal qu'il y aurait tout de même un contrôle de sécurité à l'arrivée et que des gardes grouilleraient dans tous les sens.
Je parcours la pièce du regard à la recherche de mes clés. J'étais pourtant sûre de les avoir laissés dans une petite coupelle sur la table basse.
"Luan ?" j'appelle à la recherche de la boule de poil en question qui doit sûrement se planquer dans un coin du salon.
"Luan" je répète en repérant son petit bec dépasser derrière une lampe.
"Luan, rends moi mes clés petit monstre." je lance en m'approchant du Niffleur qui a échoué à se camoufler suffisamment pour échapper à mon radar.
Luan, qui signifie Lumière, a été le dernier présent que m'a fait ma mère avant de tomber en dépression. Plutôt ironique à mon sens que j'ai choisis de le nommer ainsi à l'époque. De nature, les niffleurs ne sont pas fait pour être des animaux de compagnie, ni pour vivre dans une maison, encore moins dans mon appartement. Mais celui, c'était particulier. Sa mère l'avait rejeté à la naissance à cause d'une malformation physique au niveau de la patte qui l'empêchait de pouvoir creuser correctement. Un défaut de fabrication que la nature, régit par la loi du plus fort, ne pardonnerait pas. Alors ce petit niffleur, qui tenait dans une main à l'époque, avait été confié à un centre de soin pour créatures magiques et proposé à l'adoption une fois sevré. Il avait tout juste 4 mois quand je l'ai accueillie. Depuis, Luan a reprit du poil de la bête pour ainsi dire, son besoin naturel de creuser des terriers ne s'est jamais développé, et s'il apprécie de se balader en plein air, il est très heureux même en appartement. Ses instincts de voleurs eux, en revanche, ce sont développés bien comme il faut.
Je ne suis pas fâchée quand je m'approche du petit animal qui me regarde d'un air penaud. Il sait très bien ce que je veux et il ne tarde pas à sortir le fameux porte clés de sa cachette pour me les remettre. Concrètement, j'en déduis qu'il a compris que j'allais m'absenter et que l'idée ne lui plaît pas tant que ça. Je lui caresse la tête pour lui dire au revoir, me lave les mains au cas où un poil s'y serait accroché et me tourne vers Akutenshi.
"On y va ?" je lui demande une fois que nous sommes, à priori, tous les deux prêts à partir.
Quand nous pénétrons dans les lieux de la fête, j'avoue être impressionnée par l'univers qui nous est proposé ce soir. Vert et rouge sont les couleurs dominantes de la palette apparemment, un grand nombre de convives sont déjà présents et les serveurs sont occupés à les faire patienter en attendant le début officielle de la célébration, accompagnés d'un orchestre qui entonne un air probablement typique du pays.
L'un d'entre eux s'approche de nous et nous offre une coupe de champagne que j'accepte avec un grand sourire.
"Tu connais les Iceni toi ?" je demande à Aku en ajustant ma robe. Il est évident que j'ai fais un effort particulier pour cette soirée. Je met toujours un point d'honneur à être bien habillée, maquillée, coiffée, mais là c'est encore différent. On ne débarque pas à un bal princier dans un accoutrement banale. En prévision de cet évènement, j'étais allé chez une grande couturière, une ancienne amie de ma mère, me faire faire une robe sur mesure digne de ce nom. Une robe blanche, écrue si l'on est pointilleux, agrémentée d'un corset se terminant par une jupe fluide fendue à mi-cuisse. Un vêtement peu commun, original, avec un côté féérique qui me semblait convenir à merveille en l'occurence. En revanche je restais sur ma position d'un maquillage léger, étant blonde aux yeux verts, cela pouvait vite devenir trop chargé. Quant à mes cheveux, de même, j'étais restée simple mais élégante avec une demi-queue de cheval, laissant mes cheveux dorés tomber en cascade sur mes épaules.
Bon, il faut dire que j'ai un avantage de taille : je suis belle naturellement, sans mentir, et je le sais. Je n'ai jamais besoin d'en faire trop et je peux me glisser dans à peu près n'importe quoi sans que ça ne fasse tâche. Je ne suis pas parfaite mais j'ai au moins ça pour moi.
"C'est la première fois que je met les pieds dans un palais." je commente en regardant autour de moi. C'est particulier, différent de Beauxbâtons et de Poudlard qui certes sont des châteaux mais la dimension scolaire qui les anime à tendance à occulter ce détail.
"Je pourrais m'y faire" j'ajoute amusée en prenant une gorgée de champagne.
"Sans les gardes, et définitivement pas cette musique."Je regarde autour de moi, sans surprise, beaucoup de visages familiers se succèdent. Amis de ma famille, camarades de l'UMS, anciens de Poudlards, quelques connaissances des Pendragons ou de Oak's Lodge, et beaucoup de Sang-Purs appartenant à l'une de ses précédentes catégories. Je croise Andrew Scott, mon maître de stage que je salue poliment, toujours aussi heureuse d'avoir été choisie. J'aperçois Ian Wen se pavanant au bras de sa petite-amie, Alex Bennett qui, il faut le dire, est resplendissante. Je ne sais pas si Akutenshi l'a déjà repéré mais dans tous les cas, je suis sûre que nous croiserons son chemin à un moment ou l'autre au cours de la soirée. Mon regard glisse sur Jared Parkinson, un ancien Serpentard un peu plus jeune que moi, que j'ai dû croiser une ou deux fois à l'occasion, pour finalement se poser sur ce cher Arthur Blackwood qui, j'en ai l'impression, est trop bien accompagné pour la personne détestable qu'il est. Je regarde sa cavalière un instant, je ne la connais que de nom parce qu'elle est réputée pour avoir des idées bien trempés et un gros caractère, Louise si je ne m'abuse. Je me demande vraiment ce qu'une féministe comme elle peut bien trouver en la
- je le répète - détestable personne d'Arthur.
Mon attention est détournée par l'annonce de l'arrivée imminente du couple royal alors que la musique cesse et qu'un silence religieux emplit la salle. Je peux lire sur les visages qui m'entourent une certaine fascination et une pointe de curiosité. En levant les yeux, je remarque Louve, Bleddyn et Accalia, les princes et princesses du royaume d'Irlande qui observe la scène sereinement depuis un balcon surplombant l'assemblée.
Comme tout le monde, j'applaudis alors que le Roi et la Reine apparaissent enfin.
"Bonsoir à tous. Tout d'abord je vous remercie de votre présence ici, qui a permit la grandiosité de ce bal. Je voulais également transmettre toute ma compassion aux élèves et personnel de Poudlard, qui ont vécu, il y a quelques jours, un évènement traumatisant. Je voulais que vous sachiez que la couronne irlandaise sera toujours présente pour vous aider."J'ai un petit sourire. Cela répond donc à la question que je me posais plus ou moins. C'est un peu une provocation à l'égard du Gouvernement Britannique, laissant entendre d'une part qu'ils étaient d'une tolérance sans limite avec cette invitation sans condition aucune, exposant clairement leur position sur la question de races, d'une autre qu'ils étaient en mesure de venir en aide au peuple anglo-saxon si jamais ce même gouvernement n'en était pas capable.
C'est une déclaration intéressante de la part du pays des irlandais. Je me demande ironiquement où était donc passée cette précieuse aide lors de la longue guerre contre le Seigneur des Ténèbres. Il paraissait que c'était Louve Iceni en personne qui avait arrêté le tristement célèbre loup-garou Greyback, mais à part cela, à part quelques soldats envoyés au front, leur armée était restée particulièrement en retrait tout le long des hostilités. Certes, j'ai plus ou moins fait pareil, mais peut-on vraiment le reprocher de la même façon à une adolescente ? Peu importe, c'est du passé, peut être que le roi a trouvé davantage d'envie, ou d'intérêt, à s'impliquer dans la conversation politique européenne ces derniers temps.
"Que l'esprit de Dana veille sur votre sécurité, et sur vos coeurs. je vous remercie encore une fois."Néanmoins, il semble tout à fait charmant ce roi d'Irlande. Je l'observe présenter son bras à la Reine pour l'inviter à danser. Les regards échangés sont touchant, nul doute qu'il s'agit là d'un mariage d'amour. Je les observe, un peu nostalgique, en songeant à mes parents autrefois si heureux et amoureux eux aussi. J'ai de la peine pour leur couple à présent. Au bout d'un moment, le prince et sa cavalière les rejoignirent également, incitant beaucoup d'autres paires à suivre le mouvement.
Je me tourne vers Akutenshi.
"Je ne te propose pas de danser, j'ai déjà vu ce que ça donnait." je le taquine avec un grand sourire. Aku n'est clairement pas un danseur. Mais la dévotion qu'il met dans cette discipline quand il est défoncé et qu'il se laisse aller est louable et m'amuse beaucoup, je ne m'en lasserais pas.
Comme prise d'une intuition soudaine, mon regard se retrouve légèrement attiré par la scène qui se déroule quelques mètre derrière mon cavalier. Arthur et Louise, de nouveau dans mon champs de vision, me ramenant à juger l'étrangeté de ce couple. Ah, j'avoue que je suis un peu curieuse, aussi quand l'affreux personnage entreprend de s'éloigner de la jeune femme, je ne résiste pas à l'envie d'aller discuter un peu avec elle.
"Tu m'excuses une seconde ?" je lance à Aku en m'éloignant sans prendre la peine de vérifier si il m'emboîte le pas ou non. Je sais qu'Akutenshi et l'horrible Arthur se connaissent, une histoire de poser pour des peintures, cela m'étonnerait donc qu'il ait déjà rencontré Louise dans ce contexte.
Je m'approche de ma camarade, désormais seule, avec un grand sourire.
"Ta robe est magnifique." je lui lance, attirant son attention.
"Louise, c'est bien ça ?" je demande avec toute la bienveillance dont je suis capable. Je détaille discrètement la demoiselle. Elle a une posture remarquable, de joli boucles châtains et les yeux clairs. Elle n'est pas de Sang-Pur, ça c'est une évidence, sinon je l'aurais déjà croisé auparavant en dehors de Poudlard. Non pas que je me souvienne vraiment avoir déjà vu ce visage au château, mais c'est tout de même assez probable.
"Tu es venue avec Arthur Blackwood ?" je demande innocemment.
"Tu passes une bonne soirée ?"J'ai dis ça de manière à ce qu'elle puisse interpréter librement si les deux questions sont liées ou non, et répondre en conséquence.
Je m'apprête à me présenter mais la voix exécrable d'Arthur m'interrompt. Dommage, j'aurais aimé avoir un peu plus de temps pour discuter avec sa copine.
"Clémence, bonsoir." lance le garçon avec un regard qui se veut sûrement menaçant. Je fais l'effort du siècle pour ne pas lever ostensiblement les yeux au ciel et lui offrir un grand sourire bien hypocrite à la place. Au moins les présentations sont faites maintenant.
"Arthur, ça faisait longtemps." Pas assez à mon goût mais tout de même. Je lance un regard à Louise alors qu'il lui tend une coupe de champagne fraîchement servie.
"Je ne savais pas que vous vous connaissiez toutes les deux. De quoi pouvez-vous bien parler ?" Je prends une gorgée de champagne à mon tour. Il sait très bien que l'on ne se connaît ni d'Adam, ni d'Eve, elle et moi. Pourtant ça semble l'inquiéter dans une certaine mesure puisqu'il le mentionne l'air de rien, quant à savoir de quoi nous parlions, se sentirait-il menacé d'une manière ou d'une autre ? J'ai presqu'envie de lui dire clairement qu'il ne faut pas être paranoïaque comme ça. Mais je me retiens, je ne tiens pas particulièrement à le provoquer là tout de suite.
"Justement on ne se connaît pas, on faisait connaissance, c'est à ça que ça sert une fête, non ?" je réponds sans me départir de mon sourire.
"Tu es en charmante compagnie Arthur, j'espère que tu la traites aussi bien qu'elle le mérite". Oups. J'ai pas pu retenir cette petite pique, elle m'a échappée sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.
"Je disais à Louise que sa robe est ravissante, tu ne trouves pas ?" je continue innocemment en me demandant si complimenter sa cavalière allait lui demander un effort surhumain ou non.
"Fais attention à ce que tu racontes, Clémence. D'autres pourraient bien colporter tous tes petits secrets, datant de mai 1998..." Je soutiens son regard. Je ne sais pas si mon être serait capable de le haïr davantage à cet instant précis. J'ai un moment de doute. Il n'y a qu'un seul secret qui me relie à cette date. Un seul. Et aucun témoin pour m'incriminer. Par quels moyens tordus ce psychopathe aurait pu prendre connaissance des évènements ayant eu lieu à la bataille de Poudlard impliquant ma fratrie au complet ?
"Ne perds pas ton temps Arthur, je saluais simplement ton amie." Et surtout ne
me fais pas perdre mon temps. Je serre les dents, j'aimerais pouvoir répliquer de manière plus virulente, malheureusement sa dernière remarque, ou plutôt menace si l'on se veut exact, me dissuade d'éclater mon verre sur sa jolie gueule. Il y a une chance qu'il bluffe. Ce ne serait pas un pari très risqué de supposer que j'ai potentiellement des choses à me reprocher dans cette temporalité. après tout je suis de Sang-Pur, j'étais à Serpentard, mon frère était ouvertement un Mangemort. D'un oeil extérieur mal informé j'aurais très bien pu avoir ma place au sein des partisans du Seigneur des Ténèbres. Mais quelque chose dans son regard me pousse à croire qu'il sait quelque chose qu'il ne me plairait pas de voir étaler au grand jour.
"Je ne te savais pas amateur de ragots." je commente, crispée en prenant une nouvelle gorgée de champagne.
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